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255 Le regroupement de la gestion forestière dans la basse Vallée de la Drôme Retours d’expérience après 2 ans d’animation à Grâne et à Mirmande par Jean PREVOST Face au morcellement de la forêt privée méditerranéenne et au regain d’intérêt pour cette forêt, le regroupement en Association syndi- cale libre de gestion forestière (ASGF) a tendance à se développer. Ayant monté une association de ce type dans la Drôme, dans un contexte particulier, nous allons essayer ici de décrire nos choix et de porter à connaissance notre démarche. C’est un exemple parmi d’autres : il n’a pas vocation à servir de modèle, mais de base de réflexion. Contexte Le domaine forestier de la basse vallée de la Drôme constitue un exemple assez classique du contexte méditerranéen. La commune de Grâne, située dans cette vallée, à proximité de la plaine du Rhône, pos- sède un taux de boisement de 56 %. Cette forêt de la série mésomédi- terranéenne du chêne pubescent, concerne à 86 % des propriétaires privés. Son intérêt économique demeure modeste au regard des enjeux paysagers, patrimoniaux ou de protection face aux risques naturels d’incendie ou d’érosion des sols. Le morcellement de la forêt privée et le peu d’intérêt de certains propriétaires pour leur forêt sont des freins au développement de la gestion forestière. Le regroupe- ment des propriétaires au sein d’une Association syndicale de gestion forestière peut être une solution pour le développement d’une filière forêt-bois locale. Cet article nous décrit une démarche expérimentée dans la Drôme : un exemple parmi d’autres qui peut susciter ou faire avancer d’autres projets... forêt méditerranéenne t. XXXIII, n° 3, septembre 2012

Le regroupement de la gestion forestière dans la basse Vallée de la … · 2016. 5. 12. · Elle donne des connaissances générales sur les forêts locales, permet de répondre

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Le regroupementde la gestion forestière dansla basse Vallée de la DrômeRetours d’expérience après 2 ans

d’animation à Grâne et à Mirmande

par Jean PREVOST

Face au morcellement de la forêt privée méditerranéenne et auregain d’intérêt pour cette forêt, le regroupement en Association syndi-cale libre de gestion forestière (ASGF) a tendance à se développer.Ayant monté une association de ce type dans la Drôme, dans uncontexte particulier, nous allons essayer ici de décrire nos choix et deporter à connaissance notre démarche. C’est un exemple parmid’autres : il n’a pas vocation à servir de modèle, mais de base deréflexion.

Contexte

Le domaine forestier de la basse vallée de la Drôme constitue unexemple assez classique du contexte méditerranéen. La commune deGrâne, située dans cette vallée, à proximité de la plaine du Rhône, pos-sède un taux de boisement de 56 %. Cette forêt de la série mésomédi-terranéenne du chêne pubescent, concerne à 86 % des propriétairesprivés. Son intérêt économique demeure modeste au regard des enjeuxpaysagers, patrimoniaux ou de protection face aux risques naturelsd’incendie ou d’érosion des sols.

Le morcellement de la forêt privéeet le peu d’intérêt de certains

propriétaires pour leur forêt sontdes freins au développement de la

gestion forestière. Le regroupe-ment des propriétaires au seind’une Association syndicale degestion forestière peut être unesolution pour le développement

d’une filière forêt-bois locale.Cet article nous décrit une

démarche expérimentée dans laDrôme : un exemple parmi

d’autres qui peut susciter ou faireavancer d’autres projets...

forêt méditerranéenne t. XXXIII, n° 3, septembre 2012

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Notre méthodeétape par étapeL’accroche : le point de départd’une associationde regroupementDe l’intérêt des propriétaires et des élus

locaux (municipalité) dépend leur adhésionet leur engagement dans ce type dedémarche. Ainsi, il est nécessaire de biensaisir les attentes de ces acteurs, de trouverun point d’accroche.Concernant les élus, il est assez facile de

les rencontrer et de comprendre leursattentes.En revanche, en ce qui concerne les pro-

priétaires forestiers, leur grand nombre (plusde 1000 sur les deux communes concernées)

a nécessité le recours à un questionnaire.S’agissant du premier contact, il convientd’apporter un soin particulier à son élabora-tion. Nombre de propriétaires n’ont pasconscience de ce que peut leur apporter leurpatrimoine forestier, lorsqu’ils ont connais-sance même de l’existence de ce patri-moine… Ils n’ont jamais eu d’interlocuteursdans ce domaine et souvent ne connaissentpas le Centre régional de la propriété fores-tière (CRPF). Nous avons donc accompagnéle questionnaire d’une plaquette explicative.Il faut noter le rôle important joué par lesélus municipaux, sensibilisés à la probléma-tique et interlocuteurs habituels de ces pro-priétaires, ce qui permet de les mettre enconfiance vis-à-vis de la démarche et duCRPF.L’analyse du contexte et du questionnaire

fait ressortir une préoccupation patrimonialeimpliquant une gestion douce : les proprié-taires ne voulaient plus de coupes rases (2coupes de 10 ha avaient échauffé les esprits).Des demandes paraissant secondaires apriori se sont avérées très importantes et àprendre en compte : délimitation des par-celles, accès à la culture forestière…

Une longue phase d’initiationet de vulgarisationCette première étape a duré 6 mois. Il

s’agissait de donner aux propriétaires tousles éléments pour choisir ou non d’adhérer àune forme de regroupement et, plus généra-lement, de les motiver à la gestion forestière.Le questionnaire qui a initié cette démarchea été suivi de trois réunions publiques :– la première présente la forêt, ses enjeux.

Elle donne des connaissances générales surles forêts locales, permet de répondre auxnombreuses questions et rassure, le ques-tionnaire ayant pu générer beaucoup d’in-quiétude (va-t-on tout raser, exproprier… ?) ;– la seconde, sur le terrain, montre concrè-

tement le plus que peut procurer le fait de seregrouper et apporte les bases de la gestionforestière. Elle a pour but de motiver les pro-priétaires et leur montrer en quoi une ges-tion peut être intéressante pour eux, notam-ment en terme d’amélioration dupatrimoine ;– la troisième présente le regroupement,

ses formes, son déroulement dans le temps.Il permet d’aborder le vif du sujet avec unnoyau de propriétaires motivés.

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Analyse ducontexte

Préparation duregroupement

Montage duregroupement

Réalisation de lagestion groupée

Analysedu milieuet de lafilièrebois

Questionnaire pour cernerles enjeux, accompagné

d’une lettre et d’uneplaquette explicative

Lettre avec coupon-réponsepour constituer le groupe de travail

et la liste des propriétairesprobablement adhérents

Créationde la structure de

regroupement avecle groupe de travail :

– réflexion sur le typede structure, ses

limites et ses pouvoirs– rédaction des statuts– campagne d’adhé-

sions

Rédactiondu PSG groupé :

– appel d’offre– rédaction avec visitede chaque propriétéavec le propriétaire– approbation de

chaque adhérent de lapartie qui le concerne

Réalisationdu PSG groupé :

– appel d’offre– suivi annuel descoupes et travaux

Premier courrierd’information du projet

Réunion publiquede présentation

Réunion publique surla gestion sylvicole

Réunion publiquefinale sur le

regroupement

Fig. 1 :Schéma de mise en place

du regroupementpar phase

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Cette phase est laborieuse. Elle demandeune bonne connaissance du territoire et peutnécessiter une étude préalable. Mais elle estessentielle : de cela dépend en grande partiele succès de l’opération.Cependant, trois réunions dans un court

délai peuvent épuiser les volontés. Alorsqu’une partie des propriétaires a compris ladémarche et veut que tout soit bouclé le len-demain de la première réunion ; une autrene se décide pas, est craintive et attend devoir. La première perd de la motivation avecle temps, la seconde (majoritaire) a, elle,besoin de temps. Pour une mobilisation fortedes propriétaires, nous avons donc besoin de6 à 8 mois. De ce point de vue, il paraît possi-ble de fusionner la première et la deuxièmeréunion publique, avec l’inconvénient toute-fois de donner énormément d’informationsen peu de temps (et donc plus ou moins assi-milables). La meilleure solution serait sansdoute d’étaler les trois réunions.

Créer la structure associativeElle passe par la mise en place d’un groupe

de travail, constitué des propriétaires lesplus impliqués. Ils ont été ciblés grâce à unbulletin-réponse les distinguant de ceux quiveulent juste rester informés et de ceux quine sont pas intéressés par la démarche. C’estce groupe de travail qui choisira le type d’as-sociation (généralement l’ASGF), établira lesstatuts sous les conseils et l’aide techniquede l’animateur et constituera le bureau.Ainsi, à l’issue de l’assemblée généraleconstitutive, les propriétaires ont défini uneassociation qu’ils ont décidé, construite, avecun fonctionnement qu’ils ont choisi.Cette phase de rédaction des statuts et

d’organisation peut s’étendre sur 6 mois, àraison d’une réunion par mois, ce qui peuts’avérer épuisant pour les propriétaires ;mais l’objectif ici est que les propriétairess’approprient la démarche pour éviter uneassociation « imposée » et garantir son fonc-tionnement dans le temps, ainsi que sa ges-tion par ses membres et non par l’animateur.À ce stade, l’association présente un

bureau et est officialisée, mais non encoreopérationnelle. Elle doit encore se doterd’adhérents.

La « campagne » d’adhésionElle consiste à informer de la création de

l’association et à convaincre chaque proprié-

taire potentiellement intéressé des avan-tages de l’association créée.Pour ce faire, le courrier et le téléphone

restent les meilleurs outils et ont été utilisésdans le cas de Grâne. Il faut faire la liste detoutes les personnes qui ont dit être intéres-sées à un moment ou à un autre par ladémarche, leur téléphoner. Cette technique,longue mais efficace, débouche souvent surdes visites-conseil sur le terrain. Elles mon-trent au propriétaire, dans la pratique, enquoi le regroupement peut lui être utile. Lepropriétaire a souvent besoin de ce contactpersonnalisé. C’est l’occasion de lui indiquerl’ensemble de ses parcelles réellement boi-sées pour l’aider à remplir son bulletind’adhésion.Un courrier pour informer de la création

de l’association et pour inviter à l’adhésion,permet d’atteindre tous les propriétaires etdonc d’informer des adhérents potentiels àune étape plus avancée de la démarche. Ilpermet éventuellement de convaincre lesprudents.Des permanences ont également été orga-

nisées en mairie, mais ont assez mal fonc-tionné, probablement parce qu’elles étaientloin du terrain et moins personnalisées.De même, une ultime réunion publique

s’est avérée inutile et le contact pris avec lesvoisins des parcelles adhérentes a eu un effettrès limité.Il est important de laisser aux proprié-

taires le temps de la décision. Celui-ci peutêtre long comme dans le cas de Grâne où uneultime relance peut en revanche s’avérerutile.À la date de l’assemblée générale (AG),

nous avions ainsi obtenu un ensemble jugésatisfaisant de 30 adhérents (pour une sur-face de 200 ha).Néanmoins, la surface et le nombre

d’adhérents ont largement augmenté aprèsla date limite d’adhésion de l’ultime relance(après l’AG).Suite aux explications apportées par l’AG,

les membres de l’association ont fait adhérerl’ensemble de leurs parcelles (contrequelques-unes auparavant, par prudence).Ceci a davantage contribué à l’augmentationfinale de la surface, que les nouvelles adhé-sions.Nous avons ainsi atteint, à ce jour, 600 ha

pour 46 propriétaires.Cette étape a, en définitive, duré plus de 6

mois sur Grâne et Mirmande.

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Mise en placedu fonctionnement pratiquede l’associationL’assemblée générale de l’association a

permis de formaliser son fonctionnement etde former le bureau définitif (élu par l’en-semble des adhérents). Il est important debien définir en amont l’ordre du jour de cetteAG : la première année de vie de l’ASGF vaêtre dense, il n’y a qu’une AG par an et beau-coup de choses doivent y être approuvées.L’AG a aussi été l’occasion de bien rappelerle fonctionnement de l’association et soncalendrier prévisionnel.L’association a aussi laissé la possibilité

aux propriétaires de faire délimiter leursparcelles lors de la rédaction du Plan simplede gestion (PSG). Il a donc fallu récolter,pour chacun d’entre eux, la liste des par-celles qu’ils voulaient délimiter.Une fois toutes ces informations récoltées,

l’ASGF a rédigé un appel d’offre pour la réa-lisation du PSG. Sans qu’elle y soit régle-mentairement contrainte, elle a souhaitéprocéder ainsi afin d’avoir le meilleur prixpour la meilleure qualité. À ce jour, nous ensommes à ce stade : l’ASGF a lancé l’appeld’offre et le dépouillera prochainement.Les prochaines étapes à prévoir sont la

rédaction du PSG et l’identification du régis-seur (appel d’offre). L’association sera alorsen état de fonctionner. Chaque année seferont, en principe, les coupes et travaux pré-vus au PSG.

Pourquoi une ASGF ?

L’objectif ici n’est pas de juger différentsoutils de regroupement, mais d’expliquer cequi nous a orientés dans le cas présent versune Association syndicale libre de gestionforestière (ASGF).Le Groupement forestier (GF) ne pouvait

être mis en place sur ce territoire pour lesraisons suivantes :– les propriétaires, même s’ils ne gèrent

pas leur forêt, ont un grand attachement àleur patrimoine et à la terre et ne veulentpas entendre parler de perte de propriété ;– on constate que certains GF ont des

effets inverses de ceux attendus. Créés il y a30 ans, leur but premier était la gestion degrandes surfaces. Une fois la plantationfaite, ils sont tombés en désuétude et la ges-

tion est devenue difficile car on ne connaîtplus aujourd’hui les porteurs de parts : lessuccessions n’ont souvent pas été faites parles notaires, l’association n’a plus ses docu-ments, etc.Les associations loi 1901 ne semblent pas

assez solides pour un objectif de gestion(elles ne permettent pas d’établir de contratspour le compte de leurs adhérents…).Les Associations syndicales autorisées

(ASA), sont davantage adaptées à certainsdomaines (desserte, gestion de l’eau, etc.) età certains territoires. Elles sont néanmoinstrop lourdes aujourd’hui pour constituer desassociations autonomes. Nombre d’entreelles ont fermé ou sont en dormance.L’ASGF est une forme particulière

d’Association syndicale libre (ASL), qui ne sedifférencie de cette dernière que par sonobjet (faire de la gestion forestière) et par lefait qu’elle peut difficilement être transfor-mée en ASA. Elle est idéale pour notredémarche dans la mesure où elle offre unegrande souplesse de fonctionnement pours’adapter à la volonté des propriétaires et àleur projet. Elle permet aussi d’œuvrer pourle compte de ses associés dans le but de faci-liter le lien entre des prestataires et les nom-breux adhérents.Les avantages et inconvénients des formes

de regroupement sont décrits en détail dansle mémoire de R. SABATIER (2001).

Objectif autonomie

La création d’une ASGF présente un objec-tif un peu ambigu : on consacre beaucoup demoyens en termes de temps et d’investisse-ment personnel au début, pour en en investirmoins ensuite. Cependant, cette créationpermet de pérenniser certains aspects de laforesterie et de pouvoir aller ensuite plusloin avec un interlocuteur unique et identi-fié.Comme signalé précédemment, il est

important que ce type d’association ait uneautonomie suffisante et ne repose pas,comme auparavant, sur le travail du techni-cien CRPF.L’association doit en premier lieu se doter

d’un bureau en état de fonctionner : unecoordination et une répartition des tâchesdoivent être mises en place avant l’appeld’offre pour le PSG. Un calendrier annueldes tâches (AG, cotisation…) doit être établi

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et les rôles de chacun doivent être fixés (quirécolte les adhésions, qui encaisse leschèques…). Le technicien doit s’assurer del’effectivité de cette condition indispensable.Par ailleurs, fort de l’expérience de l’ASGF

du Bas-Dauphiné (Nord-Drôme), l’appel à unprofessionnel de la gestion forestière est,sans aucun doute, indispensable. Il devrarédiger le plan de gestion. Il s’assurera ausside la régie pour mettre en application ceplan de gestion. Ainsi est assurée une miseen application par contrat de ce PSG groupé.L’aspect sylviculture est donc assuré par cedernier point. En ce qui concerne la multi-fonctionnalité, elle fait davantage l’objet deprojets au coup par coup, et l’autonomie del’association paraît plus difficile dans cesconditions. Il n’existe pas de solution toutefaite à ce jour.

De la sylvicultureà la multifonctionnalité

La raison pour laquelle nous avons pris leproblème sous l’angle de la sylviculture et dela production est qu’il s’agit de l’un desaspects les plus faciles à traiter rapidementet sur lequel l’association peut vite être auto-nome. Les premières coupes et travaux per-mettront aussi aux propriétaires de sentirrapidement l’aspect concret des choses. Enforêt, la sylviculture est le domaine qui a leplus de conséquences sur les autres champs(paysage, accueil, DFCI…). La poursuite decette action doit cependant amener une ani-mation sur ces autres domaines. Ici se pour-suit le rôle du technicien pour conseiller etanimer sur ces autres points auprès de l’as-sociation, souvent demandeuse de cettediversification.L’association permettra en outre une ges-

tion à plus large échelle de ces problèmes,avec un interlocuteur identifié et motivé. Lamise en place de ce type de projet sera doncplus simple.

Répondre aux attentes de tous

C’est le point le plus délicat, mais aussicelui qui fait l’intérêt de cette démarche.Cette association répond à un certain nom-bre de besoins des différents acteurs, et sur-tout à de nouveaux besoins du Val de Drôme.

Rompre avec le régimede la coupe rasesur des surfaces importantesIl ne s’agit pas de débattre sur les pra-

tiques sylvicoles, de défendre un type decoupe en particulier, mais plutôt de répondreaux attentes des propriétaires, sans quoi onne peut prétendre vouloir exploiter.Le propriétaire grânois ou mirmandais est

aujourd’hui attaché majoritairement à lavaleur patrimoniale de son bien (capitalfinancier, paysage, bien familial, promenade,chasse…) bien plus qu’au revenu direct de laforêt et à la valeur du bois. En conséquence,les exploitants, de bois bûche essentielle-ment, augmentent énormément leur tempsde prospection (dans un territoire privé àplus de 80%). Ils n’ont donc d’autre choix quela coupe rase pour maintenir une rentabilitéminimum sur des chantiers souvent difficiles(peu de desserte, pas de limites de par-celles…). De ce fait, la majorité du boisbûche consommé localement est importé del’extérieur de la région.L’association ouvre davantage de possibili-

tés de gestion au propriétaire en rendantpossible (rentable) la coupe partielle. Leregroupement offre aux exploitants deschantiers identifiés, des parcelles limitées,un volume plus important et une vision d’ex-ploitation sur plusieurs années. Les coupespartielles sont ainsi rentables, même si levolume est réparti sur une plus grande sur-face : pas de prospection nécessaire, ni dedélimitation des parcelles, pas non plus dediscussion avec une multitude de proprié-

Photo 1 :La démarche a nécessitéplusieurs réunions d’in-formations auprès despropriétaires forestiers.Photo C. Barbe

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taires. La mobilisation à l’échelle du massifest également accrue, car cela permet descoupes chez des propriétaires qui n’auraientpas accepté une coupe rase. On amène plusde surface en gestion et donc plus de volumeau final.

Améliorer la visibilitésur la filièreAujourd’hui, les études de ressources sont

basées sur le bois physiquement accessibleen forêt, faisant fi du vouloir du propriétaireà exploiter. Cette démarche permet, sur lesterritoires où une ASGF est en état de fonc-tionner, de donner de manière fiable lesvolumes qui seront sortis sur les 15 pro-chaines années. C’est l’élément manquantpour accorder du crédit aux études de res-sources.Cela permet aussi de contractualiser avec

des exploitants, de sécuriser un approvision-nement et un débouché local. Cela permet desécuriser la filière sur le territoire et d’y fixerses acteurs.

Répondre aux enjeuxdu territoireDans le Val de Drôme, entre 5 et 10 % de

l’accroissement est prélevé, avec une domi-

nante de chêne pubescent dans les peuple-ments. Tout est loin d’être rentable et acces-sible, mais le principal facteur sur lequelnous pouvons en partie agir est d’amener lespropriétaires à gérer leurs forêts. Le terri-toire importe une majorité du bois bûche del’extérieur. Fort de ce constat, le fait de faireentrer des propriétaires dans un processusde gestion ne peut que profiter au territoire.Le fait de sécuriser l’approvisionnementlocal rend non seulement le territoire plusautonome, mais il lui garantit aussi unevaleur ajoutée sur ce produit profitable auterritoire (transformation, emplois…).La forêt n’est pas le premier enjeu du ter-

ritoire, mais elle l’est indirectement : sonéconomie fonctionne en grande partie sur letourisme vert et l’agriculture. La prise encompte de l’aspect paysager (coupes par-tielles) permise par le regroupement, ainsique les surfaces suffisantes qu’il apporte ausylvopastoralisme, sont des atouts pour leterritoire, son économie et l’attractivité deson cadre de vie.

Améliorer son patrimoineEn très grande majorité, les propriétaires

ont, sur l’aspect économique, deux souhaits :ne pas perdre d’argent et améliorer la valeurde leur patrimoine (au sens économique etesthétique). Ils n’accordent pas d’importanceau revenu de la forêt. Les coupes partielles

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Bilan de la démarche à Grâne et quelques caractéristiques de l’ASGF de la Pierre Sanglante

Carte des parcelles adhérentes à l’ASGF de la Pierre Sanglante

Répartition du type de propriété au proratadu nombre de propriétaires

Répartition du type de propriété au proratade la surface

Surface : 600 ha Nombre de propriétaires : 46 Nombre de parcelles : 393

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rentables, proposées par la démarche et per-mettant d’améliorer leur patrimoine, leurconviennent en général très bien. Reste à lesconvaincre d’assurer les faibles dépenses(cotisation, prix du PSG) préalables à la réa-lisation concrète des actions prévues, et sur-tout à les rassurer sur le fait qu’ils resterontpropriétaires.Pour cela, on leur propose de s’associer et

de rédiger un PSG groupé en conservant lapropriété. Il est ici nécessaire d’expliquercomment se passe la rédaction du PSG et samise en application pour mieux comprendrela solution que nous avons trouvée pourregrouper la gestion tout en conservantentièrement le droit de propriété (solutionqui est loin d’être idéale et la seule possible).Pour rédiger le PSG, le prestataire rencon-

tre chaque propriétaire, visite ses parcelles,si possible avec lui. Le propriétaire exprimeses souhaits et le gestionnaire lui proposedes solutions techniques. Le rôle de proprié-taire et celui de gestionnaire sont donc bienséparés. Le propriétaire reste seul décision-naire. Il n’y a donc pas de gestion globale dumassif, mais le fait de regrouper des chan-tiers est suffisant pour bénéficier de tous lesavantages que nous avons énoncés précé-demment. Par ailleurs, le choix desméthodes de gestion en coupe partielle de cespeuplements de chêne méditerranéen sontrestreintes : en pied à pied ou par bouquet.Les nuances d’un propriétaire à l’autre sontdonc minimes, ce qui facilite le regroupe-ment des chantiers. Pour l’application duPSG, le régisseur appelle chaque année lespropriétaires concernés par des coupes outravaux et ceux-ci ont le choix entre :– les reporter à l’année suivante,– laisser au régisseur l’entière responsabi-

lité du chantier (moyennant une commission,bien entendu),– laisser une partie du chantier, comme le

martelage, au régisseur et s’occuper du res-tant (prestation au temps passé),– s’occuper soi-même entièrement du chan-

tier.Le propriétaire reste donc vraiment maître

de ce qui est fait sur ses parcelles. Celagarantit généralement son intérêt pour lagestion forestière sur le long terme et éviteque l’association ne tombe en désuétude.C’est par ce fonctionnement que le proprié-

taire s’y retrouve : il a les avantages d’unegestion groupée sans ses inconvénients.Par ailleurs, l’accès à la culture forestière

et aux conseils d’un professionnel sont très

positifs pour le propriétaire. De cette façon, ila une meilleure visibilité sur les possibilitésde ses forêts : le PSG donne un état des lieuxde sa forêt et offre des perspectives de ges-tion sur les 15 ans à venir (sans comptertous les avantages d’un PSG sur la fiscalitéentre autres).Enfin, pour les propriétaires, il est impor-

tant aussi de garantir une gestion durable etraisonnée de leur territoire : le regroupe-ment, bien que volontaire, apparaît alorscomme une démarche incitative qui amèneles voisins à faire de même.

Avoir un interlocuteur uniquePour tous les usagers de la forêt, l’ASGF

permet d’avoir un interlocuteur décidé àagir, ayant du poids sur une grande surfaceau lieu de nombreux propriétaires impuis-sants devant la difficulté de gestion, l’inac-cessibilité de la culture forestière, la petitesurface de leur forêt, etc.Cette démarche répond donc aux nom-

breuses attentes d’acteurs très diversifiés.Ici, une action est proposée pour mieux gérerla forêt tout en mobilisant plus, dans lecontexte de ce territoire.

Les facteurs du succèsde la démarche

Nous avons bénéficié de nombreux fac-teurs positifs qui ont participé au succès decette démarche. Il s’agit de facteurs trèslocaux, d’opportunité, mais aussi de facteursliés à une politique forestière adéquate.Parmi les « facteurs d’opportunité », on

trouve :– la réalisation passée de deux coupes

rases de grande ampleur qui ont amené éluset propriétaires à réfléchir à l’avenir de leursforêts. Le volet réglementaire étant impuis-sant, ils se sont tournés vers une démarchevolontaire ;– des élus municipaux intéressés par leurs

forêts et par cette démarche. Le soutien deces élus ou de propriétaires bien implantéssur la commune est indispensable à ce typede démarche. Le CRPF est très peu connu etcet appui lui accorde une confiance indispen-sable. Il permet aussi d’avoir un soutienlogistique (mise à disposition de salles deréunion par exemple) qui résout bien desproblèmes ;

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– quelques propriétaires très réactifs,motivés et compétents (sur tableur, sur lesaspects juridiques…) qui ont permis à l’asso-ciation de vite être autonome, de travaillersur tous les aspects pratiques ;– une crainte très importante de perdre

son droit de propriété ou de voir une cam-pagne de coupe rase. C’est à double tran-chant : par crainte, de nombreux proprié-taires ne nous ont pas rejoints, mais cela ena amené d’autres à nous écouter et à s’inter-roger sur leurs forêts ;– un massif assez homogène avec un

débouché en essor et avec une demandesupérieure à l’offre (bois bûche) qui corres-pond à la qualité actuelle des produits.Parmi les facteurs dus à la politique locale

forestière, on compte :– le soutien politique et financier du terri-

toire (Syndicat mixte de développement de laVallée de la Drôme) et de la Région Rhône-Alpes. En tant que financeur des projets ter-ritoriaux ruraux, ils ont financé l’animationde la démarche malgré l’absence de visibilitésur son aboutissement et sur son succès pos-sible ;– l’aide de la Région Rhône-Alpes pour la

formation d’ASGF qui permet de soutenir, àhauteur de 80% et avec un plafond de10 000 euros, les premières dépenses d’unetelle association. Cela permet, en l’occur-rence, de la lancer et de financer la rédactiond’un premier PSG. Sans cette aide, et malgrétous les avantages de ce dernier, peu de pro-priétaires se seraient engagés dans ladémarche, même si ce plan de gestion auraitété remboursé par les premières coupes. Lefait d’investir est rédhibitoire en forêt privéeméditerranéenne ;– enfin, le soutien des communes où s’est

déroulée la démarche (Grâne et Mirmande).

Certains obstacles, très classiques en forêtméditerranéenne, peuvent aussi être cités :– une forêt peu rentable dont le seul

débouché, lorsqu’il y en a un, est le bois éner-gie. Ce débouché, pour le bois bûche, est por-teur, mais il ne génère pas une rentabilitéimportante ;– une forêt non voulue et très présente :

c’est une forêt assez jeune, due à la dépriseagricole. La population est nostalgique desespaces ouverts, pâturés. La forêt est perçuerelativement négativement : peu entretenue,elle est vue principalement comme unesource d’ennuis (le risque incendie est perçu

comme important, même s’il est faible).Autant d’idées reçues qui restent à combat-tre. L’absence de culture forestière est uneautre conséquence de cette histoire ;– un attachement très important à la

terre, à la propriété (cela peut paraître encontradiction avec l’absence de gestion, maisest pourtant bien présent) qui conduit à lacrainte de perte du droit de propriété ;– l’éloignement des propriétaires (souvent

aujourd’hui citadins et/ou éloignés de la com-mune), leur l’âge, et le fait que leur forêt nesoit que rarement leur priorité.Globalement, nous avons malgré tout

bénéficié de conditions optimales pour unregroupement : soutien politique local, aidesfinancières et motivation d’un groupe dequelques propriétaires.

Les outils mis en place

Pour faciliter la démarche et gagner enefficacité, un certain nombre d’outils ont étémis en place.Le premier est la méthode dont nous avons

parlé.Nous avons également bénéficié de l’expé-

rience de Loïc Casset qui avait mis en placeune ASGF dans un autre contexte dans lenord de la Drôme, sur du taillis de châtai-gnier, ainsi que de celle du CRPF PACA surl’ASL du Tréboux (Alpes-de-Haute-Provence).Mais des outils spécifiques ont été mis en

place lors de cette démarche par le techni-cien du CRPF (Jean Prévost), et ont été com-plétés et améliorés par une stagiaire(Emmanuelle Esmenjaud).

Des modèles de documentsComme cette démarche amène à rédiger de

nombreux courriers, documents types…, cesderniers peuvent être réadaptés localementpour éviter un travail inutile et long.D’autres documents réutilisables à plus

large échelle ont aussi été mis en place :– des statuts à trou, avec des éléments à

remplir, des commentaires, etc. Ils consti-tuent un outil pratique de rédaction avec lespropriétaires ;– un questionnaire type pour initier la

démarche. La plaquette qui l’accompagne està réadapter à chaque cas ;

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– un petit guide de l’ASGF (avec le fonc-tionnement adapté à cette démarche) ;– un argumentaire pour rassurer élus et

propriétaires en montrant que le regroupe-ment ne va pas aboutir à une campagne degrandes coupes rases.

Des outils informatiquesDivers outils informatiques ont été mis en

place spécifiquement pour la démarche :– un tableur de traitement des fichiers de

cadastre, faisant quelques statistiques sur lapropriété, calculant les entités propriétaireset réorganisant les données de manière lisi-ble ;– un tableur de traitement des réponses au

questionnaire type, permettant d’avoir auto-matiquement des statistiques avec des croi-sements entre les réponses aux questions(difficultés en forêt selon la grandeur de lapropriété ou selon s’ils sont d’accord pour unregroupement…) ;– divers outils SIG (Système d’information

géographique), qui demandent encore beau-coup de travail pour être diffusés, ont été misen place ou améliorés.

Ces outils font gagner beaucoup de temps,mais présentent l’inconvénient de n’être pastoujours facilement modulables.

Une synthèsedes connaissancesLe stage d’Emmanuelle Esmenjaud, parte-

nariat entre les CRPF Rhône-Alpes et PACA,a permis de faire une synthèse des différentsregroupements existants en ASL dans lequart Sud-Est. Ces différents exemples sonttrès précieux pour se faire une idée de ladémarche à suivre.Tous ces outils font gagner en efficacité,

mais sont aussi autant d’exemples pour fon-der une méthodologie adaptée à un contextedonné. Un « outil » des plus précieux resteles rencontres : les démarches sont faitesd’une multitude d’astuces, d’aspects pra-tiques qui ne seront jamais dans aucun docu-ment. Nous avons organisé des rencontresinter-CRPF de techniciens ayant animé defaçons très diverses des ASL très différentes.Ces échanges ont été très riches car, malgréles divergences de points de vue, ils ont per-mis de partager, d’opposer, de synthétiser les

Illustration de deux outils informatiques (tableurs)

Transformation de la base cadastrale Saisie du questionnaire

Schéma de fonctionnement

Mise en forme de statistiques cadastrales Mise en forme des statistiques

Feuille de saisie

Page 10: Le regroupement de la gestion forestière dans la basse Vallée de la … · 2016. 5. 12. · Elle donne des connaissances générales sur les forêts locales, permet de répondre

méthodes, techniques et astuces. C’est unoutil que l’on n’utilise que trop peu !Cet article n’a pas la prétention, loin s’en

faut, d’être un modèle. Mais c’est un exempleparmi d’autres qui, nous l’espérons, feraavancer d’autres projets.L’avenir nous donnera les résultats de

cette démarche émergente.

J.P.

BibliographieGIZARD (M.). — Régime juridique fiscal et socialdes associations syndicales, à l’usage des fores-tiers. —Centre régional de la propriété forestièrede Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2007. —101 p.SABATIER (R.). —Mise en valeur de la propriétémorcelée, exemple de l’ASGF du Fayet

(Ardèche). — Bordeaux : Université MontesquieuBordeaux IV, 2001. —62 p. (mémoire de find’étude DESS « environnement et développe-ment sylvicoles »).PREVOST (J.). —Structuration de la filière forêt-bois dans la basse Vallée de la Drôme. Mise enplace d’outils pour une structuration de la filièreforêt-bois dans une optique de gestion groupée etmultifonctionnelle de la forêt. — Nancy :AgroParisTech-ENGREF, 2010. —65 p.(mémoire de fin d’étude de la Formation desIngénieurs Forestiers)ESMENJAUD (E.). —Les associations syndicalesde gestion forestière. Analyse de leur opération-nalité appliquée au Sud-Est de la France, réali-sation d’une boîte à outils. — Nancy :AgroParisTech-ENGREF, 2011. — 62 p.(mémoire de fin d’étude de la Formation desIngénieurs Forestiers)CRPF Rhône-Alpes et PACA – Boîte à outils pourla création d’ASGF. – Valence, 2011 – disponibleauprès du CRPF Rhône-Alpes.

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Summary

Résumé

Resumen

forêt méditerranéenne t. XXXIII, n° 3, septembre 2012

Jean PREVOSTChargé de mission

au CRPF Rhône-AlpesMél :

[email protected]

Face au morcellement de la forêt privée méditerranéenne et au regain d’intérêt pour cette forêt, leregroupement en Association Syndicale libre de Gestion Forestière (ASGF) a tendance à se développer.Ayant monté une association de ce type en contexte méditerranéen, nous proposons de décrire noschoix et de porter à connaissance notre démarche. Cet exemple n’a pas vocation à servir de modèle,mais de base de réflexion sur un certain nombre de problèmes. L'objectif final est de former des struc-tures autonomes, gérant la forêt et répondant tant aux attentes des propriétaires qu’à celle de la filièreet des collectivités.

Grouping forestry management in the lower Drôme valley (S.-E. France)In the face of the scattered landholding pattern of private Mediterranean woodlands and with therenewed interest in such forests, the Owners’ Voluntary Association for Forestry Management (ASGF inFrench) shows signs of developing. Having set up this type of voluntary association in a Mediterraneancontext, we propose here to explain our choices and publicise our approach. It is offered as anexample, not a model, to serve as the basis for consideration of a certain number of issues. Theultimate objective is to set up independent structures for forest management that will take intoaccount the expectations both of forest landowners and those of related industries and local andregional government councils.

La mutualización de los actores de la gestión forestal en el valle bajo de la DrômeAprendizajes del terreno después de dos años de animación en Grâne y en MirmandeFrente al fraccionamiento del bosque privado Mediterráneo y al retorno del interés por dicho bosque, lamutualización de los actores en Asociación Sindical libre de Gestión Forestal (ASGF) tiene tendencia adesarrollarse. Habiendo creado una asociación de ese tipo en el contexto Mediterráneo, nos propone-mos describir las opciones que hemos escogido y dar a conocer nuestra acción. Este ejemplo no estádestinado a servir de modelo, sino de base de reflexión sobre ciertos problemas. El objetivo final es elde formar estructuras autónomas, que gestionen el bosque y respondan tanto a las expectativas de lospropietarios como a las de la cadena de producción y de las colectividades.