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LOIS SUR LE RENSEIGNEMENT UNE LOI DANGEREUSE LIBÉRATION DES CAMPS NAZIS LE TOP 5 DES PARACHUTES DORÉS Avril 2015 - N° 812 - 5 www.le-reveil-des-combattants.fr Quand les inégalités vont de pair avec les restrictions des Libertés individuelles et collectives

Le réveil des combattants Avril 2015

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LOIS SUR LE RENSEIGNEMENT

UNE LOI DANGEREUSE

LIBÉRATION DES CAMPS NAZIS

LE TOP 5 DES PARACHUTES

DORÉS

Avril 2015 - N° 812 - 5 €

www.le-reveil-des-combattants.fr

Quand les inégalités vont de pair avec les restrictions des Libertés individuelles et collectives

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LE RÉVEIL MÉMOIRE

Déclaration de l’ARACCommémoration du 8 mai 1945Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur le nazisme en Europe, est marqué concrètement par la Reddition sans conditions de l’armée nazie devant les représentants des nations alliées : la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l’Union Soviétique et la France.Si ces armées des pays alliés ont apporté un concours essentiel à ce combat victorieux chacune pour ce qui la concerne, il ne saurait être laissé de côté les parts déterminantes prises par les résistances populaires des Nations Européennes.Dans notre pays, cette résistance s’unifi a à l’initiative de Jean Moulin dans le Conseil National de la Ré-sistance (CNR), groupant les repré-sentants de toutes les forces natio-nales sociales et politiques. Le CNR coordonna les taches et les actions

des différents réseaux de résistants jusqu’à la libération totale du terri-toire national, mais aussi détermina les mesures sociales et politiques as-surant le rétablissement de la démo-cratie dans le cadre de la République et le respect de ses valeurs.L’ARAC rend hommage à tous ces combattants, militaires, résistants, hommes, femmes et même enfants à qui nous devons cette victoire et s’incline devant la Mémoire de ceux d’entre eux qui ont sacrifi é leur vie dans ce combat.L’ARAC, constate les mises en causes répétées des dispositions so-ciales et politiques inspirées du pro-gramme du CNR, soucieuse de la montée constante du chômage, des impôts alourdis, des salaires gelés, de la vie chère, de l’insuffi sante

création de logements sociaux, du développement de la misère dont l’extrême droite tire arguments pour capter les gens. L’ARAC appelle à ne pas s’en tenir aux cérémonies commémoratives du 8 mai et à ravi-ver la mémoire de tous sur les ori-gines du confl it et des massacres de la guerre 1939-1945 menée par une Allemagne devenue nazifi ée à la suite d’années de régression sociale et d’incapacité de ses dirigeants po-litiques d’alors.L’ARAC souligne l’urgente néces-sité d’agir contre l’austérité et pour l’instauration de dispositions so-ciales et politiques inspirées de la dé-marche du CNR, c’est ainsi qu’il faut aujourd’hui commémorer la victoire du 8 mai 1945.

Villejuif, le 8 avril 2015

Déclaration du bureau national de l’ARAC« La libération des camps nazis »Il y a 70 ans, durant la deuxième quinzaine d’avril 1945, les prison-niers de guerre, les déportés resca-pés des camps nazis, recouvraient la liberté délivrés par l’armée rouge à l’Est et par les troupes alliées à l’Ouest.La monstruosité des crimes com-mis dans les camps était révélée au grand jour. Ainsi s’écroulait l’uni-vers concentrationnaire avec le ré-gime hitlérien qui l’avait créé dès avant la guerre 1939-1945. Il faut rappeler en effet que les premiers camps de concentration avaient été ouverts dès l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933 pour les oppo-sants à leur régime : Dachau (1933), Sachenhausen (1936), Buchenwald (1937), Flossenburg (1938), Ma-thausen (1938) et Ravensbruck pour

les femmes (1938). Au total 300 000 citoyennes et citoyens allemands y ont été internés. Le nombre de camps en Allemagne gonfl era en-suite devant l’évolution de la guerre avec l’internement des déportés ré-sistants, otages, rafl és, complétés en 1942 par la création de centres d’ex-termination pour les déportés juifs, tziganes et résistants, au complexe d’Auschwitz notamment. On ne trouve pas de mots et d’expressions pour dire que ce qui fut découvert lors de l’ouverture de ces camps : impensable, intolérable. Hommes, femmes, personnes âgées, enfants ayant subi une cruauté sans nom.L’ARAC tient à rappeler que ces faits sont le produit du régime nazi qui est arrivé au pouvoir en Allemagne par les urnes alors que la population

de ce pays se sentait humiliée par le traité de Versailles, subissait les conséquences de l’infl ation de 1923, la brutale montée du chômage consé-cutive à la crise de 1929 et l’incapa-cité des dirigeants de la République de Weimar de faire face courageuse-ment à cette situation.Elle souligne les effets nocifs de l’ignorance de ces événements par une partie considérable de la popu-lation française comme les effets no-cifs de l’oubli. Elle appelle à la plus grande vigilance et à l’action pour faire connaître la réalité de cette guerre 1939-1945, contre le racisme, la xénophobie, le mépris des couches populaires, les idées et les actes dé-magogiques de l’extrême droite.

Villejuif, le 8 avril 2015

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS

Fondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 11Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

LA FRANCE QUI VA MAL EST POPULAIRE

ET CELLE DONT ON ENTEND LA PLAINTE EST AISEE*

Les fondements de la République, de notre l’histoire sont bradés. Les inégalités explosent.

M. Hollande, Valls et consorts, les profi ts et les bénéfi ces du CAC 40 explosent, + 30 % en 2013, + 37 % en 2014. Et pourtant vous puisez dans les poches de salariés, bloquez

les salaires, réduisez les aides sociales indirectes aux familles.« Faire payer les pauvres ça rapporte plus, ils sont plus nombreux » disait Coluche.Rien ne doit échapper aux requins de la fi nance, l’Etat après avoir supprimé la taxe professionnelle, réduit ses dotations aux collectivités. Fut un temps où une part de la richesse nationale était redistribuée via les ser-vices et actions sociales des collectivités territoriales.Les bénéfi ciaires du CICE (50 milliards), de 22 mil-liards d’exonérations et d’aides diverses, sont des en-treprises internationales. C’est notre argent, notre bien commun, dont profi tent ces entreprises. Elles n’inves-tissent pas en France, mais à l’étranger là où les sa-laires et les droits des travailleurs sont bas.Pour les salariés, c’est la double peine. D’un côté l’ap-pauvrissement et le chômage augmentent, de l’autre on pioche dans leurs poches pour faire fructifi er les entreprises du CAC 40, certaines ne payent pas d’im-pôts à l’exemple de Total.Révolte et colère sont légitimes.60 % de la population se retrouvent au ban de la so-ciété, laissés pour compte. Le gouvernement se soucie plutôt de savoir comment museler le mécontentement, empêcher la colère et les luttes de se développer.Prenant prétexte des attentats de janvier, le gouverne-ment de M. Valls veut avec la loi sur le renseignement, franchir une étape inacceptable.L’ancien juge anti-terroriste Marc Trevidic dit de ce texte « … une arme redoutable entre de mauvaise main » « car il y a une absence de contrôle totale… », « puisque c’est le 1er ministre qui décide ce qu’il veut ». « Cette loi me paraît dangereuse. Je suis in-quiet pour la démocratie qui est un bien précieux ».Nous aussi sommes inquiets quand on porte atteinte aux libertés individuelles et collectives. Cela renvoit aux années 30, en Allemagne, en Espagne, au Portu-gal, en Italie.En France, en 34, pour casser l’espoir populaire, c’était Hitler plutôt que le Front populaire, pour arriver en 1939 à l’interdiction de la CGT, du PCF, de l’ARAC.Si l’histoire ne se répète jamais exactement à l’iden-tique, il est bon d’en tirer les enseignements.Jouer avec le feu est dangereux pour l’avenir.

Patrick STAAT

*Louis Maurin – Directeur de l’Observatoire des Inégalités

Actualités

Déclaration ARAC - 8 mai et 26 avril ....................................... 2

PSA Peugeot Citroën : cette rémunération de Tavares qui choque la CGT ...................................................................... 4Le “Top 5” des parachutes dorés pour atterrissages en douceur ...................................................... 4Fin de la trêve hivernale .............................................................. 5La grève à Radio France est d’utilité publique ........................... 62008-2012 : inégalités en hausse, revenus en baisse pour les plus modestes ................................................................. 7

International

Nucléaire iranien : Un premier pas historique ............................ 8Liberté/sécurité : une loi dangereuse .......................................... 9Cuba/USA : La longue marche .................................................10Gilles Rémy : “La politique du pire, ce n’est pas la Russie” ...12

Vos droits L’Arac et sa mutuelle .................................................................22La 4e génération du “feu” ..........................................................23Commission de la carte du combattant .....................................23Simplifi cation ou complication .................................................24Opérations extérieures ..............................................................25Message de l’UFAC du 8 mai 2015 ..........................................25

Vie de l’ARAC

Son nom : Vautier ! ....................................................................26Vie des comités ..........................................................................27Nos peines ..................................................................................28

P. 13 . D O S S I E R

LES CAMPS NAZISr

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le “Top 5” des parachutes dorés pour atterrissages en douceurPour un départ discret, c'est raté. Marc Lelandais, ex-PDG du groupe Vivarte, aurait empoché selon "Le Parisien" un coquet parachute de plus de 3 millions d'euros, alors même que le groupe an-nonce la suppression de 1 600 emplois. Passage en revue des parachutes dorés les plus indécents de ces quinze der-nières années.C'est la crise, ma bonne dame…

Marc Lelandais, qui travaillait pour le groupe Vivarte (propriétaire no-tamment des enseignes La Halle et André), a quitté son emploi fi n 2014. Toutefois, contrairement aux 1 600 péquins dont les emplois vont être sup-primés, comme on l'a appris en début de semaine, Lelandais avait le bon goût d'être PDG du groupe. C'est donc avec panache et… plus de 3 millions

d'euros d'indemnités qu'il aurait quitté ses fonctions.

Mais à bien regarder ce chiffre (que dément l'intéressé), Lelandais passe-rait presque pour un amateur. Il fait en tout cas pâle fi gure comparé à notre « Top 5 » de ses prédécesseurs d'infor-tune très fortunés.

PSA Peugeot Citroën : cette rémunération variable de Tavares qui choque la CGTLe syndicat dénonce "une augmenta-tion de rémunération de 211 %" en un an quand la dernière hausse de salaire pour les salariés remonte à mars 2012.

CarlosLe patron de PSA Peugeot-Citroën, Carlos Tavares, a perçu en 2014 un sa-laire supérieur à 2,7 millions d'euros, grâce au versement d'une part variable de 1,6 million jugée "scandaleuse" par le syndicat CGT du constructeur auto-mobile.Devenu membre du directoire de PSA au 1er janvier, avant d'en prendre la présidence au 31 mars 2014, Carlos Tavares a reçu 2 750 936 euros bruts l'année dernière, selon le document de référence du groupe, disponible sur son site internet.Au 1 131 394 euros de salaire fi xe, s'est ajoutée notamment une part variable de 1 615 919 euros, Carlos Tavares ayant satisfait à "la totalité de ses ob-jectifs", précise le texte.Le constructeur français, qui a évité la faillite il y a un an grâce à l'arrivée de l'Etat et du groupe chinois Dong-feng dans son capital (14 % chacun),

a commencé à redresser ses comptes en 2014, en divisant par quatre sa perte nette.PSA a également renfl oué sa trésorerie opérationnelle, l'indicateur qui déter-mine l'octroi ou non de la part variable.Dans un communiqué, la CGT a fus-tigé une "décision proprement scan-daleuse" prise par le Conseil de sur-veillance, le 17 février dernier, "avec l'accord du représentant de l'Etat, Louis Gallois"."Alors que le seul PDG a eu une aug-mentation de rémunération de 211 % en un an (+86 % en moyenne pour les quatre membres du directoire), pour les salariés la dernière augmentation de salaire (43 euros bruts par mois) remonte à mars 2012 !", s'insurge le syndicat.D'après le document de référence, la part variable peut atteindre jusqu'à "150 % de la rémunération fi xe pour le président du directoire". Dans le cas de Carlos Tavares, elle s'est élevée à 149,7 % en 2014, selon un calcul de l'AFP.Sollicité, un porte-parole de PSA a dé-

claré que le versement d'une part va-riable avait été décidé parce que "les résultats de l'entreprise s'améliorent". Il a ajouté que la rémunération de Car-los Tavares fi gurait "dans le bas du classement des entreprises du CAC 40".En outre, "les versements aux salariés - intéressement, participation et part variable pour ceux qui en ont - ont été multipliés par quatre" au terme de l'exercice 2014, a-t-il rappelé. Les quelque 57.000 collaborateurs ont reçus au minimum une prime proche de 1 100 euros.Néanmoins, l'entreprise n'accordera aucune augmentation générale des sa-laires en 2015, pour la troisième année consécutive."Les rémunérations des dirigeants dé-collent, celles des salariés restent au sol", a ironisé la CGT.

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Fin de la trêve hivernale : la Fondation Abbé Pierre dénonce la passivité de l’ÉtatAlors que la Fondation Abbé Pierre dénonce la passivité de l’Etat face à ces drames humains, les chiffres nationaux sont effrayants : près de 162.000 assignations et 126.000 dé-cisions de justice prononçant l’expul-sion en 2013, 12.760 expulsions par la force publique en 2011 (le ministère de l’Intérieur ne diffuse plus de ré-sultats fi ables depuis...) et sans doute des dizaines de milliers de familles qui anticipent leur expulsion en partant d’elles-mêmes chaque année.Sur le terrain, même si certains dépar-tements ont réussi à limiter le nombre de procédures entre 2012 et 2013, de nombreux autres affi chent une ten-dance alarmante, avec des hausses al-lant de + 9 % à + 24 % dans le Var, la Seine-Saint-Denis, l’Isère, le Finistère ou le Pas-de-Calais.Face à ces scandales quotidiens, que fait la puissance publique ? Comme le

démontre un récent rapport d’évalua-tion, la politique nationale de préven-tion des expulsions reste globalement lacunaire et incohérente. Les préfets ne jouent pas toujours leur rôle, la

dynamique locale est inégale, et les moyens très insuffi sants.Familles monoparentales, personnes seules de plus en plus touchées, le chô-mage souvent à l’origine d’impayés de

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

« La grève à Radio France est d’utilité publique »Par les grévistes de Radio France - extraitsLes irresponsables ne sont pas ceux que l’on croit. Les salariés en grève, qui se battent pour la défense de vos antennes, ont une douloureuse conscience de ce qui se joue pour l’avenir de la radio de service public.Nous réclamons à notre PDG un vrai projet stratégique. Dix mois déjà que nous attendons des réponses, qu’on ne nous parle que de formats et non de contenus, de marques et non d’iden-tité d’antennes, d’argent et non de ri-chesses.L’homme invisible de la Maison de la radio préfère courir les plateaux télé pour minorer honteusement le nombre de grévistes et répéter en boucle que Radio France est le « problème ».« Nous ne sommes pas un problème mais une ressource, et donc une solu-tion. Nous ne sommes pas un frein à la modernité mais au contraire, des ac-teurs de notre transformation, vigilants et éclairés. Contrairement aux clichés les plus faciles, nous ne sommes pas contre les réformes, nous réclamons une gestion honnête et effi cace de notre entreprise. »« Radio France est une grande maison de l’artisanat. Nous fabriquons nous-mêmes chaque seconde que vous en-

tendez sur les ondes. Avec un seul im-pératif : la qualité pour tous. La qualité du son, des paroles, des musiques, de l’information. Notre responsabilité est de préserver le vivre-ensemble plutôt que d’alimenter les peurs collectives. »« Nous résistons pour continuer à vous offrir ces documentaires, ces reportages long format, ces fi ctions, ces émissions accessibles mais qui ne cèdent pas à la facilité, ces pro-grammes de proximité que vous n’en-tendez nulle part ailleurs. Nous luttons pour que nos orchestres restent dans la Maison pour y remplir leur mission de service public. »« Nous ne voulons pas réduire le re-portage à des entretiens par téléphone faute de moyens, nous ne voulons pas que les radios locales fusionnent et ne puissent plus du tout s’adresser à leurs auditeurs les plus proches, nous ne voulons pas de la vedettisation de nos antennes, qui coûte cher en sa-laires tandis que l’enveloppe dédiée à la création et aux précaires ne cesse de maigrir. »« Radio France n’a pas pour voca-tion de faire du profi t, mais doit gérer sainement ses fi nances, et cela en re-vanche, est de la responsabilité de nos

dirigeants. Ceux qui s’engageront sur cette voie nous trouverons toujours à leurs côtés. »« Mathieu Gallet gaspille l’argent public pour son image et son confort personnel plutôt que de s’investir pour l’image de Radio France. Le CSA a peut-être été séduit par sa « moder-nité », nous sommes atterrés par sa désinvolture. »Nous découvrons chaque jour des ré-vélations plus sidérantes les unes que les autres : ses bureaux, ses conseil-lers en communication, et maintenant son intention de vendre une partie des murs de la Maison de la radio. L’heure de la grande braderie aurait sonné.Nous étions transparents, ce confl it a remis les salariés de Radio France au centre des décisions qui devront être prises.« Nous voulons au minimum être représentés par quelqu’un d’exem-plaire. » « L’Etat doit nous dire clai-rement s’il veut faire vivre le service public de la radio avec des moyens à la hauteur de ses ambitions. Faute de preuve, nous considèrerons, et nos au-diteurs avec, que ce gouvernement a décidé du contraire. »

loyers, situations de sur-occupation et de surendettement en augmentation... La détresse va croissant alors que les solutions se font de plus en plus rares à l’issue de l’expulsion, conduisant beaucoup de familles expulsées à être hébergées dans la famille, chez des amis, parfois pendant de longues an-nées tant le secteur de l’hébergement et du logement social sont engorgés et apportent de moins en moins de ré-ponses pérennes.Les décisions prononçant l’expulsion ont augmenté de 12,2 % depuis 5 ans et de 4,8 % entre 2012 et 2013. Cette

augmentation est véritablement liée à la précarisation de la population et à un décrochage de plus en plus accru entre les loyers et charges et les ressources des ménages, également dans le parc social, et en aucun cas à une dérespon-sabilisation croissante des ménages.L’accompagnement des ménages dans leurs démarches juridico-administra-tives est également un facteur déter-minant. La Fondation Abbé Pierre soutient son développement depuis plus de 15 ans, grâce à sa permanence parisienne d’accès au droit et aux nombreuses actions associatives soute-

nues sur l’ensemble du territoire. De-puis 2009, la plateforme téléphonique « Allô Prévention Expulsion » a per-mis d’orienter vers ces permanences plus de 9.200 ménages informés et conseillés, dont 1.400 en 2014.Il est temps de stopper enfi n la pro-gression constante des procédures d’expulsion afi n d’éviter que chaque année, plus de 125.000 ménages sup-plémentaires ne craignent de perdre leur logement, venant renforcer le nombre de personnes et familles sans domicile fi xe ou hébergées dans des conditions plus que précaires !

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

2008-2012 : inégalités en hausse, revenus en baisse pour les plus modestes Un gain de revenu de 500 euros pour les 10 % les plus riches contre une perte de 500 euros pour les 10 % les plus pauvres entre 2008 et 2012. Les catégories modestes décrochent.

Le niveau de vie moyen annuel[1] des 10 % les plus riches a augmenté de 450 euros, soit une hausse de 0,8 % entre 2008 et 2012, alors que celui des 10 % les plus pauvres a perdu 541 euros, soit une baisse de 6,3 % de leur niveau de vie sur cette période.

La stagnation du pouvoir d’achat est une moyenne qui masque le fait que la crise frappe bien davantage les mé-nages les plus modestes que les autres. Entre 2008 et 2012, toutes les tranches de niveaux de vie jusqu’à la moitié de la population la plus pauvre ont vu leur niveau de vie annuel diminuer. La baisse la plus forte en euros est celle de la tranche des 20 à 30 %, avec moins 480 euros. Entre 50 et 70 % le niveau de vie a stagné. Au-delà (à partir de 2 270 euros mensuels pour une personne seule) les niveaux de vie ont continué à

progresser de 249 à 450 euros pour les 10 % aux revenus les plus importants.Pendant la crise, les plus riches conti-nuent de s’enrichir tout en se plai-gnant de devoir contribuer davantage à la solidarité nationale. Les inégali-tés augmentent depuis la fi n des an-nées 1990, mais jusqu’à présent elles étaient uniquement tirées par l’envolée des hauts revenus : désormais ce sont les plus pauvres qui décrochent. Et de façon nette. On entre dans un nouveau régime d’inégalités de revenus, que notre pays n’a pas connu au moins de-puis les années 1970, date du début des données statistiques détaillées.Et encore, le phénomène est minimisé. Ces données ne portent pas sur les re-venus les plus élevés de l’échelle (les 5 ou 1 % les plus riches) et on a de bonnes raisons de penser que le mou-

vement a continué et s’est amplifi é de-puis 2012, avec la très forte hausse du chômage.

L’observatoire des Inégalités -10 avril 2015 –

[1] Après impôts et prestations sociales pour une personne seule

Mardi 1er avril, le New York TimesExtraitsDans son édition internationale, le texte, intitulé « French Surveillance State » (littéralement « L’Etat français de surveillance »), appelle clairement le Parlement français « à protéger les droits démocratiques de ses citoyens d’une surveillance gouvernementale indûment expansive et intrusive ».« Il est compréhensible que les Fran-çais soient nerveux après les attaques de Paris et de Tunis et qu’ils s’alarment de la radicalisation de certains qui, en France, sont devenus la proie du recru-tement djihadiste sur internet », écrit la direction du quotidien américain.Les législateurs français ne devraient

pas approuver la loi à moins qu’il ne soit donné aux juges un rôle approprié, que les défi nitions vagues de ce qui constitue une menace terroriste soient retirées du projet de loi et que la liberté de la presse soit protégée. » Le quoti-dien américain dénonce ainsi un projet de loi qui « concentre des pouvoirs ex-traordinaires » dans les mains du pre-mier ministre.La loi « met en danger la liberté de la presse », un risque déjà pointé par Reporters sans frontières (RSF), qui dénonçait la mise en danger du secret des sources.Pour le New York Times, c’est la base

même du travail de journaliste qui pourrait être affectée : « Les journa-listes risquent de déclencher la surveil-lance gouvernementale simplement en faisant sur Internet des recherches qu’ils ont besoin de faire pour traiter de l’actualité ».Le New York Times rappelle que le Conseil national du numérique a lui-même averti que cette loi « ouvrirait la porte à des excès similaires (ou Patriot Act) en France ».

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Nucléaire iranien

Un premier pas historique

Concert de klaxons à Téhéran et dans les grandes villes iraniennes, piétons dansant dans les rues, drapeaux brandis sur les voitures... Téhéran était en liesse, jeudi 2 avril au soir, après l’annonce qu’un accord-cadre a été trouvé à Lau-sanne sur le nucléaire iranien. À l’issue de huit jours d’un incroyable marathon diplomatique en Suisse, les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l’Iran sont en effet parvenus à s’en-tendre sur les «paramètres clés» pour résoudre ce dossier. Optimisme modé-ré à Washington et dans les capitales européennes, rejet total à Tel-Aviv et en Arabie Saoudite, cet accord s’il sus-cite des réactions controversées d’un bout à l’autre de la planète représente néanmoins un immense espoir pour la paix. Cette normalisation annoncée des relations entre l’Iran et les États-Unis met fi n à 36 années de ruptures diplo-matiques, qui ont suivi l’occupation de l’ambassade américaine en 1979. Une action qui se voulait représenter le symbole de la révolution contre le shah et les Etats-Unis qui, à l’époque, pillaient le pays et asservissaient tout un peuple. Malheureusement, cette révolution sera rapidement confi squée par les ultras religieux et remplacée par un régime de fer dirigé par les Mollahs et conduira à une rupture progressive avec de nombreux pays sous l’impul-sion négative de Washington et de Tel-Aviv. S’en suivra des années de guerre froide, d’embargo et de privations pour le peuple iranien.

Depuis son élection en juin 2013, le président modéré iranien Hassan Rohani affi che une vo-lonté d’ouverture qui tranche avec les discours va-t’en-guerre de son prédécesseur Ahma-dinejad. « Nous sommes favorables à la coopé-ration et aux échanges

avec les pays qui nous respectent », a t-ilsouligné à l’issue des négociations, précisant : « Ce n’est pas seulement l’accord nucléaire que nous négocions. Ceci constitue la première étape pour établir des rapports constructifs avec la communauté internationale… »En effet, La priorité affi chée des Ira-niens dans ces négociations était d’ob-tenir une levée rapide des sanctions américaines et européennes visant le secteur pétrolier et bancaire. L’embar-go a provoqué une chute des exporta-tions de pétrole et un recul important de l’activité économique. Cette récession s’est accompagnée d’une forte hausse des prix des produits importés et d’un mécontentement social dans le pays. Cet accord-cadre sur le nucléaire, salué par la population iranienne, est aussi un gage de stabilité pour le gouvernement iranien. Les exportations de pétrole, qui représentent 50 % des recettes bud-gétaires, avaient reculé de moitié ces dernières années. Les sanctions n’ont toutefois pas mis à genoux l’économie iranienne : la Chine, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud ont continué leurs achats en hydrocarbures.La Maison-Blanche, quant à elle, semble plus pragmatique et fait, selon de nombreux observateurs en poste à Washington et à Téhéran, « le pari d’une modération » du régime iranien. Pour l’administration américaine, « la société iranienne est en grande partie favorable à l’Occident, bien plus mo-derne, malgré la dictature des mollahs,

que la société saoudienne ». Il est vrai qu’à Téhéran, les femmes travaillent et conduisent, vont à l’université où elles sont majoritaires. Le pays a for-mé des ingénieurs et des médecins de haut niveau, des intellectuels et des ar-tistes qui, malgré une répression et des interdits encore très présents, aspirent et luttent pour plus de liberté et de dé-mocratie.

L’Iran, un nouvel allié de Washington ?Pour les États-Unis, l’Iran est aussi devenu un allié objectif dans la lutte contre Daesh et un acteur incontour-nable dans tous les confl its de la région. Depuis des mois, en effet, Américains et Iraniens ont élargi leurs pourpar-lers sur le nucléaire à la lutte contre le groupe État islamique en Irak et en Sy-rie. John Kerry avait même reconnu, en février, que Washington et la puissance chiite avaient un “intérêt commun” à combattre l’organisation ultra radicale sunnite. Et même si les États-Unis nient toute «coordination militaire» avec l’Iran contre l’État islamique, ils ont été de facto alliés dans la bataille de Tikrit, dans le nord de l’Irak…Alors, l’Iran, un allié possible de Was-hington ? Une vision combattue à la fois par les conservateurs américains, les Saoudiens et les Israéliens, qui pensent au contraire que cet accord va renforcer le « vieil expansionnisme perse ». Pour eux, l’Iran, privé de l’arme nucléaire, n’empêche en rien une guerre conven-tionnelle dans la région avec son prin-cipal ennemi l’Arabie Saoudite. Les Israéliens qui, eux, ont tout intérêt à une neutralisation réciproque des deux frères ennemis de la région, dénoncent une erreur historique.Avec cet « accord d’étape » qui reste à confi rmer, l’Occident espère éga-lement revenir sur ce marché de 78 millions d’habitants, au fort poten-

L’accord conclu entre Téhéran, Washington et le groupe des cinq représente une étape impor-tante et devra être ratifi é par le Conseil de sécurité des Nations unies en juin prochain. C’est aussi une victoire personnelle pour le président iranien Hassan Rohani.

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Obama rassure Tel-AvivLe 5 avril, dans un entretien ac-cordé au chroniqueur Thomas Friedman et publié par le New York Times, Barack Obama a pris le soin de répondre aux inquié-tudes israéliennes soulevées par l’accord-cadre avec l’Iran, « Je dois respecter les craintes des Israéliens. Je comprends que le pre-mier ministre Netanyahou exprime les inquiétudes bien ancrées de la po-pulation israélienne, mais ce que je peux leur dire c’est : premièrement, c’est notre meilleur pari pour l’ins-tant de s’assurer que l’Iran ne se dote pas de l’arme nucléaire, deuxième-ment, même si nous avons un accord, nous enverrons le message très clair aux Iraniens et à toute la région que, si quelqu’un cherche à nuire à Israël, l’Amérique sera là. La combinaison d’une voie diplomatique, qui place la question nucléaire d’un côté, tout en disant clairement aux Iraniens qu’ils doivent changer plus largement de conduite, et que nous protégerons nos alliés s’ils continuent leurs ac-tivités agressives déstabilisatrices, je pense que c’est une combinaison qui non seulement rassure nos amis, mais permet de faire baisser la tem-pérature. »

Liberté/sécurité

Une loi dangereuse

Trois mois après les attentats de Paris, un projet de loi sur le ren-seignement a été présenté en urgence à l’Assemblée nationale. La question des libertés indivi-duelles est posée.

Le texte modifi e en profondeur le fonc-tionnement des services secrets fran-çais et à l’instar du Patriot Act amé-ricain, décidé par G. W. Bush, après le 11 Septembre, permet de surveiller quasiment chaque citoyen. De nom-breuses voix, de tout horizon, le jugent dangereux pour les libertés publiques et la démocratie et considèrent qu’il y a un « déséquilibre » entre sécurité, lutte antiterroriste et respect des droits de l’homme. C’est le cas de Marc Tre-vidic, ancien juge d’instruction au pôle anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris.

Interrogé début avril sur RTL, il a tout d’abord regretté que le texte donne plus de moyens aux services de sécu-rité, réduisant de fait le champ d’action du juge Pour le magistrat, une loi sur le ren-seignement doit être pensée, réfl échie car « ça peut être une arme redoutable entre de mauvaises mains et là c’est tout le problème de cette loi sur le ren-seignement. Elle doit protéger contre le terrorisme organisé mais aussi pro-téger contre l’État et sur ce versant, la protection du citoyen contre l’Etat, on n’y est pas du tout ! Il y a une absence de contrôle totale dans cette loi (…) on est très en dessous de ce qu’il fau-drait », a-t-il affi rmé.Yves Calvi qui l’interroge rappelle que l’objectif, selon le gouvernement est de donner un cadre légal aux multiples in-terceptions, notamment les appels, les SMS, les imail. Une surveillance qui se

tiel économique. L’Iran possède les secondes réserves de gaz naturel et les troisièmes réserves de pétrole au monde, des ressources minières (zinc et manganèse) qui nécessitent des tech-nologies sophistiquées. Les entreprises américaines et européennes sont d’ores et déjà dans les starkings-blocs pour remettre le pied sur le marché iranien.

J.-P. Delahaye

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fera avec l’aval du Premier ministre… Alors quels risques peut-on craindre ?Pour l’ancien juge antiterroriste, l’État peut être tenté de surveiller, à un mo-ment donné, ses opposants, des mou-vements sociaux, de contestation… tenter de faire du renseignement poli-tique »(…). Pour Marc Trévidic : « Il y a le renseignement criminel et le poli-tique. Hors ce dernier revient constam-ment dans toutes les sociétés parce que l’État veut tout contrôler, tout savoir et n’aime pas qu’on s’oppose à lui. Et les critères sont tellement fl ous dans cette loi (…) il y a des critères sécuri-

té nationale, de diplomatie, d’intérêts stratégiques économiques etc., fran-chement la marge de manœuvres est immense pour un Premier ministre. »Alors, selon vous, en l’état, la démo-cratie française est-elle en danger avec une loi de ce type ? interroge le journa-liste. Pour le magistrat la réponse est claire : « En l’état, une loi de ce type, si elle tombe entre de mauvaises mains et qu’elle est mal utilisée, on est en danger… Le problème d’une loi c’est que ceux qui vont la voter maintenant, qui l’utilise vont dire : « on va pas mal l’utiliser », mais si elle est mal faite,

dans 10, 15 ans elle peut être utilisée à mau-vaise escient. Les lois mal faites, trop larges donnent une latitude extraordinaire. Et l’ab-sence de contrôle aussi, puisque là c’est le pre-mier ministre qui décide tout ce qu’il veut… » Marc Trevidic regrette également « qu’on n’ait pas touché au Secret Défense, c’est-à-dire que même si le président de cette nouvelle com-mission se rend compte qu’il y a une infraction pénale il ne pourra même pas aviser le pro-cureur ! Il devra passer

par la commission « Secret Défense » puisque tout est classifi é. On n’a même pas moyen de savoir si quelque chose d’illégal va se faire » !« Je pensais que les scandales NSA etc. avaient fait comprendre certaines choses. Je constate que pas du tout ». Conclut-il en affi rmant sa convic-tion : « Les libertés individuelles, c’est quelque chose qui est ancré en moi et quand il y a une loi qui me paraît dan-gereuse je le dis. Je suis inquiet pour la démocratie qui est un bien très pré-cieux ».

J.-P.D.

Cuba/USA

La longue marcheLes présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro se sont retrouvés, samedi 11 avril, au Sommet des Amériques, au Panama, pour une rencontre qua-lifi ée « historique » qui devrait marquer une étape décisive dans le rapprochement entre les deux pays.Les deux dirigeants ont eu une « conversation en marge des réunions

des 35 chefs d’État ». Un premier échange entre présidents des deux pays depuis 1956, soit cinq ans avant la rup-ture des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. Hormis pour de brèves rencontres informelles, aucun véritable tête-à-tête américano-cubain au niveau présidentiel n’a eu lieu de-puis la révolution cubaine de 1959. Barack Obama et Raul Castro s’étaient déjà serré la main, le 10 décembre 2013, lors des obsèques de Nelson Mandela en Afrique du Sud.Au menu de la rencontre - préparée

depuis plus d’une semaine par des rencontres bilatérales et de nombreux coups de fi l - la reprise de leurs rela-tions diplomatiques, qui tardent à se concrétiser malgré trois séries de dis-cussions de haut niveau à La Havane et Washington. Le principal obstacle à la réouverture d’ambassades réside pour l’instant dans la présence de Cuba sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, qui coupe La Havane d’une partie de l’aide internationale.La Maison-Blanche a indiqué qu’Oba-ma n’était « pas encore au stade » de

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prendre une décision sur ce point, alors même que le département d’Etat améri-cain le recommande. Elle n’a toutefois pas écarté « une annonce prochaine ». Rappelons que cette décision dépend uniquement de l’exécutif, le vote du Congrès n’étant que facultatif. La balle est donc dans le camp d’Obama Au-delà des relations diplomatiques, le chemin de la normalisation des re-lations entre Washington et La Havane reste semé de nombreux points de contentieux, dont l’embargo total sur les transactions économiques et fi nan-cières avec l’île, imposé depuis 1962. Obama a demandé au Congrès désor-mais contrôlé par les Républicains de travailler à la levée de cette mesure… En attendant il a assoupli l’embargo, dans la limite de ses prérogatives, une mesure jugée insuffi sante par les Cu-bains.Tour à tour, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon et le pape François ont appelé La Havane et Was-hington à « surmonter les différences » et « divisions historiques » sur la voie d’un bon voisinage dans la région.

La normalisation prendra du tempsAu cours de la rencontre, Raul Castro, qui a jugé qu’Obama « était un honnête homme », a proposé de développer les coopérations dans plusieurs domaines tels que l’éducation, la santé, la réduc-tion des inégalités, la lutte contre le

terrorisme, les narcotrafi quants et le crime organisé… Les ques-tions de l’autodétermination et de la souveraineté, thèmes centraux du Sommet des Amé-riques, ont fi guré au centre de son intervention.Après leur entretien en tête à tête, les deux présidents ont reconnu que la normalisation complète des relations entre les deux pays prendrait du temps. Le Sommet s’est terminé sans déclaration fi nale, les États-Unis refusant d’y voir mention-né un soutien au Venezuela dans sa dispute avec Washington. De-puis plusieurs semaines, Obama est la cible de nombreuses cri-tiques de pays latino-américains outrés par sa récente décision de signer un décret qualifi ant le Venezuela, principal parte-naire économique de Cuba, de « menace » pour la sécurité inté-rieure des États-Unis.Dans un souci d’apaisement, la Maison-Blanche a expli-qué qu’elle cherchait à établir « un dialogue direct » avec le Venezuela et Obama a voulu souligner à l’ouverture du Sommet « l’avènement d’une nouvelle ère dans les relations au sein de l’hémisphère occidental », assurant que les temps des « ingérences américaines sur le continent était révolu ». Pour le Figaro

du 13 avril 2015, qui titre son article « Obama veut se rapprocher de l’Amé-rique Latine », la réconciliation avec Cuba s’inscrit dans une volonté de Washington de rejouer un rôle majeur au sud du continent.

J.-P. Delahaye

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Vendredi 13 février 2015 – La Marseillaise.fr. Extraits

Gilles Rémy : « La politique du pire, ce n’est pas la Russie »Gilles Rémy est directeur de Cifal, société française opérant en Rus-sie, mais aussi conseiller du com-merce France-Turkménistan et de l’organisation professionnelle des opérateurs spécialisés de com-merce international…

Vos premiers commentaires sur l’ac-cord signé jeudi ? (Minsk)Positifs, la priorité étant d’instaurer un cessez-le-feu et de faire en sorte qu’il soit respecté. La situation humanitaire est catastrophique. Je suis d’ailleurs surpris qu’on ne découvre qu’au-jourd’hui l’ampleur du désastre…

Vladimir Poutine a déjà souligné les diffi cultés posées par le refus de Kiev de dialoguer avec les rebelles. Entre ceux qui représentent les Amé-ricains, les oligarques ukrainiens et les néonazis. C’est compliqué. L’autre dimension est que l’Ukraine est en faillite. Pour tenir, elle a besoin de 10 milliards d’euros. Qui peut payer ? La Russie ne mettra pas au pot. Si les Américains sont d’accord pour livrer des armes, ils le sont moins quand il s’agit d’argent. Reste donc l’Europe et le FMI. L’idée est d’affi rmer que l’Ukraine est agressée par les Russes pour obtenir ce fi nancement. Il y a donc un danger de voir Kiev chercher les tensions pour obtenir des crédits.« Ce n’est pas la Russie qui joue la po-litique du pire. Elle aurait les moyens de mettre l’Ukraine en faillite si elle le voulait puisqu’un prêt de trois mil-liards de dollars est arrivé à échéance. »

Mais quel est l’intérêt de Poutine ?Pour la Russie, il y a tout d’abord une part d’affectif. L’opinion russe pleure tous les soirs sur le sort de cette po-

pulation. Mais le problème de fond est géopolitique. Pour la Russie, l’Ukraine est perdue. Cependant, elle se refuse à voir une nation voisine de-venir hostile. Si la Russie n’intervenait pas, dans quelques années l’OTAN se-rait à sa porte. Et il suffi t de regarder la progression de l’OTAN dans la région pour comprendre qu’aucun président ne pourrait dormir tranquille.

Que pensez-vous de la formule de retour à la guerre froide pour expli-quer les événements ?Il n’y a plus l’enjeu idéologique d’af-frontement entre le communisme et le capitalisme qui présidait à cette guerre froide. Si Poutine est ainsi dia-bolisé, c’est parce qu’il incarne une espèce de conservatisme qui va to-talement à l’encontre de l’idéologie européenne d’abolition des frontières et de libre circulation des capitaux. L’Europe considère que depuis 1990 et la chute du communisme, qu’elle a gagné et que le monde doit s’aligner sur ses standards. La Russie représente un blocage à la mondialisation telle qu’envisagée par l’Occident.

Vous pointez aussi la responsabilité de la Commission européenne et no-tamment de Manuel Barroso. Manuel Barroso est un pur atlantiste et son rejet de la Russie était quasi épi-dermique. Il a voulu dicter à l’Ukraine des conditions contraires à ses intérêts mais aussi aux nôtres avec un postulat se résumant à « vous êtes avec nous ou contre nous », alors que l’Ukraine devait justement trouver un équilibre entre Europe et Russie. L’Europe a été déstabilisée par son élargissement. L’union à 28 a, en effet, permis à des petits pays de l’Est em-menés par la Pologne de prendre un poids diplomatique disproportionné.

La France ne pouvait pas non plus ali-gner sa politique vis-à-vis de la Russie sur celle de la Pologne. C’est pourtant ce qui se passe quand on ne se posi-tionne pas en fonction de ses intérêts nationaux.

Pensez-vous qu’une évolution soit possible suite aux dernières évolu-tions ?

Le couple franco-allemand a eu une ré-action certes tardive mais apaisante et raisonnable. Cela nous a fait perdre un demi-point de croissance et la France est singulièrement perdante du fait de son exportation de produits à haute va-leur ajoutée vers la Russie. Les Russes s’aperçoivent qu’ils fe-ront toujours l’objet d’un traitement différencié, d’un « deux poids, deux mesures ». Que les remarques qu’on leur fait sur les droits de l’homme par exemple ne sont pas appliquées de la même manière ailleurs. La confi ance pourra-t-elle revenir ? Ce sera comme en amour, seules les preuves compte-ront désormais.

Entretien réalisé par Angélique Schaller

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N° 812AVRIL 2015

LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

ÉDITO

Par Paul M

arkidès

La libération des internés dans les camps nazis (Lagers) en janvier 1945 stupéfi a les soldats soviétiques venus les délivrer. Ils découvraient une hor-reur insoutenable, impensable. Des enfants, esclaves soumis à la barbarie nazie qui règne dans le camp le plus meurtrier de l’histoire, aux femmes, aux vieillards, aux hommes achemi-nés de toute l’Europe. Le plus vaste complexe de concentration appelé « Konzentrationslager Auschwitz » de toute l’Allemagne : Auschwitz I dit Stammlager ou camp de source ; Auschwitz II Birkenau ; Auschwitz III Buna-Monowitz, camp de travail pour les usines IG-Farben et ses fi liales, premier des trois à être atteint par les soldats soviétiques.Sur 1 300 000 déportés à Auschwitz, entre 1940 et 1944, plus de 1 100 000 ont été exterminés, mis à mort dans cet espace concentrationnaire ; parmi eux 900 000 ont été gazés, leurs corps brûlés en four crématoire. Les autres étaient des Polonais, des Tsiganes, des prisonniers soviétiques, des Tchèques, des Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Yougoslaves, Français, Autrichiens, Allemands, qui furent les premiers internés ; 300 000 dans l’ensemble des camps des territoires allemands à partir de 1933 : juifs,

communistes, socialistes, catholiques, protestants, libres penseurs, homo-sexuels, etc., sans distinction d’âge, des enfants aux personnes âgées.

Ce cahier Mémoire ne donne, bien sûr, qu’un aperçu de ces internements et de ces assassinats ; mais il est né-cessaire aujourd’hui, car il faut rap-peler que cette situation atroce résulte

de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Allemagne en 1933.

Alors, et nous ne cessons de le répé-ter, la « bête immonde », comme l’ap-pelait le dramaturge Berthold Brecht, réapparaît.

Il nous faut donc alerter encore plus nos compatriotes devant ce danger re-naissant.

Les camps nazis,Les camps nazis,une horreur insoutenableune horreur insoutenable

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LE RÉVEIL DOSSIER

Est souvent posée la question : qui savait quoi ?

Avant 1942 et dès 1943, la mul-tiplication des Kommandos ex-térieurs, l’existence des camps de concentration est connue en Allemagne. Si tous les détails ne sont pas familiers, des bruits courent, lancés parfois par le SD de la SS. Sur les domiciles des personnes arrêtées, il est souvent inscrit, à l’initiative du service de renseignement de la SS : « Il est à Dachau » ! Si l’inscription n’avait pas été compréhensible, aurait-on pris la peine de la tracer ?…

A l’étranger, dès avant la guerre, des témoignages, des publica-tions ont cherché à éclairer le monde. En vain. Bruno Bettel-heim, libéré de Dachau après avoir reçu un visa d’entrée aux Etats-Unis, tentera de témoigner et y renoncera bientôt : on ne veut pas le croire… (voir le Réveil, n° 799, décembre 2013).

Les gouvernements, bien sûr, ne pouvaient pas ne pas être infor-més.

Reste le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui, s’il ne fut pas autorisé à « visiter » selon la procédure mise au point par l’organisme genevois, put pénétrer dans les camps, même à Auschwitz. Il choisit de gar-der le silence afi n de ne pas être empêché d’agir par ailleurs… Il est vrai que le CICR, organisme privé, aurait pu se voir fermer toutes les portes qui lui étaient ouvertes par convention (protec-tion des prisonniers de guerre) dans le Reich…

Mais on peut remarquer que les

autorités nazies n’étaient pas indifférentes aux activités et à d’éventuelles interventions du CIRC. Deux exemples l’attestent.

Lorsqu’en violation des conven-tions protégeant les prisonniers de guerre, les réfugiés espagnols en-gagés dans les armées françaises et donc couvertes par les conven-tions de Genève sont transférés à Mauthausen, l’administration SS prend soin de camoufl er leur pré-sence en KL et fait imprimer des formulaires de correspondance spéciaux, distincts de ceux en usage par ailleurs au camp, et sur lesquels n’apparaît pas la men-tion « KL »2…

Par ailleurs, le KL Bergen-Belsen où sont détenus des « juifs d’échange » porte d’abord le

Les camps nazisMaurice VOUTEY1

nom de « Camp d’internement de civils » : « Zivilinternierten-lager Bergen-Belsen » (ZIL Ber-gen-Belsen). Par circulaire en date du 29 juin 1943, le WVHA signale que le camp doit désormais être désigné comme « Aufenthaltsla-ger Bergen-Belsen », « Camp de séjour de Bergen-Belsen » (AL Bergen-Belsen), appellation qui le fait échapper au contrôle institué par les Conventions de Genève…

Preuves évidentes qu’une ac-tion des institutions humanitaires n’aurait peut-être pas été inutile. Et qu’en tout cas la SS prenait des précautions pour pallier un éven-tuel contrôle…

1. Voir bibliographie : Lajournade, op. cit.

2. Maurice Voutey a participé à la Résistance dans les rangs du Front national de Libération.Arrêté, il a été déporté à Dachau puis dans les camps du Neckar. Profes-seur d’histoire et géographie, il a été membre de la Présidence de la Fédé-ration nationale des déportés et inter-nés résistants et patriotes (FNDIRP).

Un univers ignoré ?

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…Même ici, ce jour est l’anniver-saire de la naissance du Christ. Il n’y a pas eu de travail de kom-mando aujourd’hui. Quelques-uns évoquent leurs Noëls d’autrefois et les réunions de famille. Comme on se sent seul en un tel jour, à des siècles de distance de ces fêtes remplies de nos ravissements d’enfants !

Quelques catholiques, avec l’abbé Amyot, m’invitent à marquer Noël avec eux. Nous nous rassemblons sept à huit dans la cahute qui sert de lavabo, en cachette naturel-lement, l’un de nous faisant le guet (les vieilles sornettes de bon-dieuseries n’ayant pas leur place dans l’Ordre nouveau !). Amyot reconstitue de mémoire le récit éternellement merveilleux de la Nativité ; un camarade, à mi-voix, fredonne « Minuit, chrétiens ! », et je fais monter vers Dieu la prière de notre peine, de nos haillons, de notre saleté, de notre fatigue, du froid, de la faim, de notre misère. C’est tout ce que nous pouvons of-frir à l’Enfant, notre sanie et notre détresse, mais nous savons que c’est précisément à cause de cela qu’il est venu vers nous.

Je ne peux pas dire que ce Noël 1944 me procure une paix sans mélange, mais je crois que nos pauvres vies sont conduites et ai-mées.

La soupe avalée, je fais connais-sance avec le commandant du camp. Les Allemands internés ont eu la pensée géniale de dres-ser dans le block un arbre de Noël décoré de fl eurs en papier, autour duquel ils se rassemblent pour chanter quelques vagues « lieder », accompagnés de gar-

Noël au camp disciplinaired’OsterhagenAimé Bonifas1

diens. Pitoyable hypocrisie ! En réalité, je crois qu’ils ont arrosé ce Noël de pas mal de schnaps. Puis, le commandant se lève et d’une voix rauque, nous adresse ce discours : « Vous êtes nos en-nemis, mais nous vous oblige-rons à travailler avec nous à la destruction de vos patries et à votre propre destruction. Nous n’avons qu’un chef, Adolf Hitler, qui est venu providentiellement pour sauver l’Europe. » Pendant près d’une demi-heure, il brode sur ce thème. Pas une seule pa-role par où il pourrait nous mon-trer qu’il comprend notre situa-tion de prisonniers, mais que les nécessités de la guerre… etc. A la fi n, il demande si nous avons

bien compris et si nous sommes prêts à obéir. Les Allemands, de nombreux Polonais et Ukrai-niens crient « Ja », comme un seul homme. Les Français ne disent rien, mais ils n’en pensent pas moins. Notre présence ici té-moigne que nous avons compris depuis un certain temps !

1. Aimé Bonifas, extraits de Détenu 20801 dans les bagnes nazis. Edi-tions FNDIRP-GRAPHEN.

« L’humanité après Auschwitz »Primo Levi1

Les faitsVingt-sept janvier 1945 : « libé-ration » du camp, ou plutôt des camps d’Auschwitz, par l’Armée rouge. Les gardiens SS, en fuite, ont déserté les lieux depuis dix jours, emmenant avec eux plus de vingt mille déportés, traînés sur les routes de haute Silésie : terri-fi ante « marche de la mort » où la plupart devaient disparaître, morts de froid, de faim ou abattus en cours de route.

Le plus grand des Lagers (camps) nazis, régulièrement bombardé, est déjà en pleine décomposition :

baraques éventrées et cadavres gelés sous un ciel de neige et de cendres. Un paysage hallucinant, maintes fois décrit et pourtant aussi peu imaginable, sauf pour ceux qui l’ont vécu jusqu’à l’ex-trême limite. Les malades, pour une raison inexplicable, mais dans l’univers du Lager il ne faut ja-mais chercher à comprendre, ont été abandonnés à leur sort. Ils errent ou se terrent, à moins qu’ils ne soient déjà morts, en silence.

Dans le camp de Buna-Monowitz, dit aussi Auschwitz III, construit en octobre 1942 et qui comptait, au cours de l’année 1944, plus

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de dix mille détenus, ils ne sont plus que quelques ombres trans-parentes qui viennent de passer dix jours hors du monde et hors du temps. Et ils semblent ne plus rien éprouver : ni joie, ni douleur, ni crainte. Rien. Dans ce royaume de l’absurde et du cauchemar, où l’infi ni du dérisoire rejoint l’in-fi ni de la douleur, ils paraissent absents, pris dans une carapace d’indifférence glacée, bien plus proches de l’univers des spectres que du monde des vivants.

Un jeune déporté italien, anonyme parmi la poignée de survivants, se demande où est l’homme. Quelle valeur peut bien avoir désormais son existence ? Sur cette toile de fond du massacre, brûlée de tous les feux de l’enfer, dans quel pan d’ombre, dans quel infi me recoin, a-t-il pu survivre ? Est-il, tout ou partie de lui-même, perdu pour toujours, ou bien a-t-il pu pré-

server l’étincelle d’humanité qui peut lui permettre de continuer à exister, à être autre chose qu’un objet, inerte et sans désir ?

Tout au long de son séjour au camp, deux vers de poésie l’ont hanté : « Jusqu’à ce qu’un jour, dire demain n’ait plus de sens. » Pourtant, fugacement, il a eu l’im-pression, ces dix derniers jours, avec ceux dont il a partagé la lutte pour survivre, heure après heure, de retrouver quelque sensibilité et de redevenir, très lentement, un homme. Mais peut-être n’était-ce là qu’une illusion ? Car il a l’im-pression que toute espérance l’a défi nitivement quitté. Or, peut-on être encore un homme sans espé-rer ?

Celui qui trouve encore la force de se poser ces questions s’ap-pelle Primo Levi et n’a pas encore vingt-six ans : jeune Italien, origi-naire de Turin, égaré dans les im-menses plaines de la haute Silésie. Il avait été arrêté à la fi n de l’au-tomne 1943, dans le Val d’Aoste, en compagnie de six camarades qui avaient répondu à l’appel du Partito d’azione (Parti d’action) fondé en 1941, dans le sillage du mouvement de résistance Giusti-zia e Libertà (Justice et Liberté).

Des sept apprentis partisans, il était sans doute, de son propre

La libération du complexe des camps d’Auschwitz par l’Armée rougeExtrait du journal l’Humanité dimanche du 22 au 28 janvier 2015tiré d’un article de Bernard FrédérickLe samedi 27 janvier 1945, vers 15 heures, sous un ciel gris et sombre, à quelques kilomètres du village polonais d’Oswie-cim, rebaptisé Auschwitz par les Allemands en 1939, une poi-

gnée d’éclaireurs de la soixan-tième armée du premier front d’Ukraine, commandée par le général Koniev, avance prudem-ment vers « un camp où l’on brûle les gens », comme l’ont in-

diqué aux soldats rouges des vil-lageois polonais. Personne ne sait encore rien dudit « camp ».Le KL Auschwitz – Konzen-trationslager Auschwitz – est un vaste complexe de plusieurs

aveu, le plus inexpérimenté : « Je ne savais même pas me servir d’une arme. Je n’avais qu’un tout petit revolver, incrusté de nacre. J’étais vraiment désarmé, même moralement, mais je voulais quand même me battre. » En décembre, le groupe s’était fait « cueillir », presque par erreur, dans leur re-fuge montagnard, par les miliciens fascistes. Le fait d’être « démas-qué » comme Juif lui valut d’être envoyé au camp de Fossoli di Carpi, près de Modène, transformé par les nazis en centre de transit. Et le 20 février 1944, il fut déporté sur Auschwitz.

Après cinq jours de trajet, dans les conditions que l’on connaît, le convoi italien arrive à destina-tion. En dix minutes, sans rien comprendre, Primo Levi, une cen-taine d’hommes et une trentaine de femmes sont séparés des cinq cents autres, femmes, vieillards et petits enfants, « purement et simplement engloutis dans la nuit… »

1. Primo Levi, chimiste à Milan (Ita-lie), est arrêté comme résistant en fé-vrier 1944, déporté à Auschwitz. Il y restera jusqu’en 1945 d’où il sera libéré par les Soviétiques. Après son retour en Italie, il témoignera de ce qu’il vécut par de nombreux livres. Son premier livre Si c’est un homme est l’un des tout premiers témoignages sur l’horreur d’Auschwitz.

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centaines d’hectares composé de trois entités principales – Auschwitz I dit stammlager ou camp source : Auschwitz II Bir-kenau : Auschwitz III Buna-Mo-nowitz, camp de travail pour les usines IG-Farben et ses fi liales. C’est devant ce dernier que les premiers soldats soviétiques arri-vèrent. D’autres, ayant traversé la ville, se dirigèrent vers le Stam-mlager, où ils rencontrèrent une vive résistance des nazis en repli, et vers Birkenau. Au total, l’Ar-mée rouge perdit 231 hommes dont le lieutenant-colonel Semen Lvovitch Biesprozvannyi, com-mandant du 472e régiment. Les militaires soviétiques, offi ciers et soldats, n’imaginent pas le « spec-tacle » qui les attend. Certains ont entendu parler des horreurs que leurs camarades ont découvert quelques mois auparavant à Maj-danek, un autre camp d’extermi-nation. Mais ce sont des récits…

Témoignages

Responsable d’un canon d’artille-rie dans la LXe armée soviétique, le jeune sergent Enver Alimbekov est l’un des premiers à entrer dans l’enfer. Il raconte : « J’avais 21 ans, j’étais au front depuis 1942, dans le 472e régiment d’artillerie. A Babitz, à 12 kilomètres du camp, les villageois nous ont parlé de cet endroit « où on brûlait les gens ». Nous sommes arrivés à proximité le 27 janvier au soir. La bataille aux portes du camp a été dure. Nous avons perdu 69 hommes (…). Les prisonniers attendaient derrière les portes. Lorsque nous sommes entrés, il faisait déjà nuit. Une vilaine pluie mêlée à de la neige nous transperçait. La route qui menait à Auschwitz était mauvaise. On pataugeait dans la bouillie. Aux abords du camp, l’air était différent, lourd et puant. Les portes étaient ouvertes. Devant moi, je voyais une ran-gée de baraquements. Quelques

prisonniers se sont immédiate-ment approchés de nous. Nous nous sommes éparpillés dans le camp, pour voir. Je crois que je suis parti en avant. J’ai ouvert la porte d’un baraquement en bois gris, délabré. L’entrée donnait sur une pièce très longue. J’ai regardé : des enfants, des enfants partout, là et là et là. Des restes de vêtement pendaient sur leurs corps tout maigres. Ils s’appro-chaient de moi, se dandinaient, rampaient, en gazouillant dans leur langue. Leurs petites mains sales et osseuses s’accrochaient à mes jambes. Il y avait une jeune fi lle plus âgée avec eux. Je lui ai demandé : « Mais d’où viennent ces petits ? » Elle était polonaise, mais elle parlait russe. « Ce sont les enfants de Varsovie, du soulè-vement, ils ont été rafl és par les nazis. Moi, me dit-elle, j’ai com-battu dans une organisation clan-destine polonaise. La Gestapo m’a attrapée. Je suis ici depuis plusieurs années ». On entendait parler dans tous les sens, dans toutes les langues. Les Français se tapaient sur la poitrine en criant « Paris, Paris » ; « Rome », ceux-là, visiblement, étaient ita-liens. Les Hollandais disaient « La Haye ». Puis j’ai entendu parler ma langue. J’étais étonné qu’il y ait des Russes. La Polo-naise, celle qui s’occupait des en-fants, m’a répondu : « Monsieur, le monde entier est réuni ici. »

Le sergent-mitrailleur Ivan Soro-kopoud, du 507e régiment de fu-siliers, se trouvait depuis six mois au front lorsque son unité a at-teint la zone concentrationnaire. « Mon régiment, racontet-il, couvrait le fl anc nord de l’avance de la 60e armée qui, après avoir pris Cracovie le 19 janvier, mar-chait vers Ostrava en Tchécoslo-vaquie. Les Allemands reculaient sans s’accrocher au terrain. Dans la journée du 27 janvier, nous avons pris position à 3 km

d’Auschwitz. Le commandant a désigné 15 hommes pour voir ce qui se passait à l’intérieur du camp. Ce jour-là, il faisait un temps gris, pas trop froid, et le sol était couvert de neige. Un temps cafardeux. Nous sommes partis dans un camion, commandé par un lieutenant. J’avais déjà vu des prisonniers, réduits au dernier degré de la misère. C’étaient des prisonniers de guerre soviétiques qui traversaient sous escorte alle-mande notre village où j’ai vécu sous l’occupation nazie de 1941 au début 1943. (…) Je m’atten-dais à quelque chose de sem-blable.Or, ce que j’ai vu allait au-delà de l’imaginable, à tel point que le souvenir de ce spectacle me secoue encore. En passant le por-tail, nous avons vu une douzaine de squelettes vivants qui se dé-plaçaient avec peine. A travers les trous de leurs haillons trans-paraissaient leurs membres et leurs corps décharnés. Dans leur cas, l’expression « n’avoir que la peau sur les os » n’était pas une image, mais l’exacte réalité. Une odeur putride se dégageait de ces morts-vivants. Ils étaient sales au-delà de toute description. Les yeux semblaient énormes et mangeaient tout le visage. Les pupilles étaient anormalement dilatées. Il en émanait un regard inhumain, animal, indifférent à ce qui les entourait. Ils ne nous

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demandaient rien, ne cherchaient pas à nous parler, restaient à dis-tance, mais dardaient leurs yeux sur nous. (…) De retour sur la po-sition, j’ai un peu surmonté mon désarroi, mais tout ce que j’ai pu dire à mes mitrailleurs s’est ra-mené à : les gars, après ça, mettez toute la gomme. Pas de pitié avec ces salauds ».

Le général Vassili Petrenko com-mande les troupes qui se battent à Birkenau. Dans ses mémoires, Avant et après Auschwitz, il re-vient sur la libération des camps. « Le jour de mon arrivée à Auschwitz, on avait compté sept mille cinq cents rescapés. Je n’ai pas vu de gens « normaux ». Les Allemands avaient laissé les im-potents. Les autres, tous ceux qui pouvaient marcher, avaient été emmenés le 18 janvier. Ils avaient laissé les malades, les af-faiblis ; on nous a dit qu’il y en avait plus de dix mille. Ceux qui pouvaient encore marcher, peu nombreux, se sont enfuis alors que notre armée s’approchait du camp. Nous avons envoyé les unités sanitaires des 108e, 322e et 107e divisions sur le territoire du camp, les médecins de ces trois divisions ont mis en place des lieux pour se laver : tels étaient les ordres de l’armée.

Ces mêmes divisions ont orga-nisé l’approvisionnement. On a envoyé des cuisines mobiles. Le deuxième jour, un régiment de réserve de l’armée est arrivé et a libéré nos soldats (…). On m’a montré les pièces où l’on asphyxiait au gaz avant le cré-matoire. Le crématoire lui-même et une chambre à gaz avaient été dynamités.

J’ai vu aussi des enfants… C’était un tableau terrible : ils avaient le ventre gonfl é par la faim, les yeux vagues, des jambes très maigres, des bras comme des cordes, et tout le reste ne me semblait

pas humain, comme si c’était cousu. Les gamins se taisaient et ne montraient que les numé-ros qu’on leur avait tatoués sur le bras. Ces gens n’avaient pas de larmes. J’ai vu comment ils essayaient de s’essuyer les yeux, mais ils restaient secs. »

Les Soviétiques viennent de faire la plus terrible découverte du XXe siècle : les trois camps d’Auschwitz I, d’Auschwitz II Birkenau et de l’usine d’IG-Farben à Monowitz. Ils viennent d’investir le maillon essentiel de l’industrie nazie de la mort.

Lorsqu’ils arrivent, il ne reste plus dans tout le complexe que 7 000 femmes et hommes et une centaine d’enfants, malades ou mourants, grelottants et affa-més. Quelques jours auparavant, les SS avaient contraint 60 000 prisonniers à partir à pied ou en wagons découverts vers l’Ouest, dans une « marche de la mort » qui tuera 15 000 personnes, dont les cadavres jonchent alors les routes de Silésie.

Les derniers jours d’Auschwitz sont une horreur. Certes, on n’y gaze plus – les chambres spécia-lisées et les fours crématoires ont été détruits par les SS qui veulent effacer les traces de leurs crimes ; une partie a été incendiée lors du soulèvement des 465 Sonder-kommandos, formés de juifs et de Soviétiques chargés de vider les chambres à gaz et d’assurer le fonctionnement des crématoires. Ceux-là savent que les nazis ne laisseront pas de témoins derrière eux. Les 6 et 7 octobre 1944, ces hommes se soulèvent, an-ticipant l’insurrection générale programmée par le Kampfgruppe Auschwitz, la résistance interna-tionale organisée des camps. Ils font sauter le Krematorium-IV grâce à la poudre soustraite dans l’entreprise d’armement Union par quatre jeunes juives polo-

naises. Elles seront pendues de-vant leurs camarades d’usine et pratiquement aucun des insurgés ne survécut.

Les Allemands envisageaient de liquider les malades, les plus faibles et les enfants demeurés au camp après l’évacuation. Ils n’en eurent pas le temps, mais jusqu’au dernier jour, ils fi rent leur « mé-tier », celui de la mort. Primo Levi, qui fait partie de ceux qui, trop affaiblis et terrorisés, n’ont pas voulu quitter leurs baraques, raconte dans son livre Si c’est un homme : « Un petit groupe SS pro-bablement isolés mais armés avait pénétré dans le camp abandonné.Ayant trouvé dix-huit Français installés dans le réfectoire de la SS-Waffen, ils les avaient tous abattus, méthodiquement, d’un coup à la nuque, alignant ensuite les corps convulsés sur la neige du chemin avant de s’en aller. Les dix-huit cadavres restèrent expo-sés jusqu’à l’arrivée des Russes ; personne n’eut la force de leur donner une sépulture. »« Face à notre fenêtre, écrit en-core l’écrivain italien, les ca-davres s’amoncelaient désormais au-dessus de la fosse. En dépit des pommes de terre, nous étions tous dans un état d’extrême fai-blesse : dans le camp, aucun ma-lade ne guérissait, et plus d’un, au contraire, attrapait une pneumonie ou la diarrhée ; ceux qui n’étaient pas en état de bouger, ou qui n’en avaient pas l’énergie, restaient étendus sur leurs couchettes, en-gourdis et rigides de froid, et quand ils mouraient, personne ne s’en apercevait. »

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DOSSIER LE RÉVEIL

Témoignage de Roger Bordageinterné au camp de SachsenhausenInterview

Le Réveil des Combattants : Par-lez-nous de votre arrestation.Roger Bordage : Début 1943, à quelques-uns, nous écoutions Radio Londres. Nous avons la vo-lonté de rejoindre les forces fran-çaises aériennes libres en passant par l’Espagne.Malheureusement nous sommes arrêtés par la police française et remis à la Gestapo. Notre dé-marche à ce moment est purement une démarche patriotique comme tant d’autres jeunes.J’ai 17 ans et quelques mois et je suis envoyé en déportation en Al-lemagne.

Le Réveil : Les camps de dépor-tés, c’est d’abord la mort par le travail forcé pour l’industrie de guerre allemande.R. B. : Il faut se remettre dans le contexte du moment, début février 1943. C’est la fi n de la grande bataille de Stalingrad, Hit-ler perd face à l’Union Soviétique par l’essentiel de ses forces mili-taires. Sur 5 soldats de la Wehr-macht, 3 sont tués, disparaissent, sont faits prisonniers ou blessés. L’armée allemande est saignée et tous les hommes allemands sont envoyés sur le front de l’Est. Hitler ordonne la destruction de l’adver-saire par le travail de l’ensemble des prisonniers qui se trouvent en Allemagne et en particulier dans les camps de déportés.Ernest Heinkel demande pour l’in-dustrie aérienne des ouvriers fran-çais qui ont la réputation d’être très qualifi és, et nous sommes, les Français en majorité, affecté

au Komando Heinkel pour la construction du bombardier HE177. J’intègre le hall2 de ce Komando. C’est une équipe de Français. Notre mission, c’est le pesage de tout ce qui sort de cette structure pour la construction du bombardier HE177.

Le Réveil : Parlez-nous de la ré-sistance, de la solidarité dans le camp.

R. B. : La résistance, c’est d’abord survivre. Notre chance c’est que nous sommes entre Français et donc c’est plus facile de se com-prendre, de s’organiser et d’être, si tant est que cela est possible, solidaires.

Les SS font régner la terreur, un mot, une phrase, un geste et c’est peut-être la mort immédiate. Nous devons être toujours extrê-mement attentifs à ce que nous disons, à ce que nous faisons. La première résistance, c’est d’abord la solidarité. Je travaille de nuit et nous parvenons, grâce à la solida-rité et à la résistance organisée de quelques-uns, à dormir quelques heures par nuit. Cela représente un risque inouï et un atout de sur-vie incontestable dans un monde de faim perpétuelle, de coups, de barbarie. Il existe évidemment des actes de sabotages, comme par exemple l’empilage des tôles entre lesquelles des camarades glissent de l’eau salée, ce qui les rend inaptes et les envoient au rebut. Cette affaire a d’ailleurs failli me coûter très cher. Effecti-vement, le contremaître allemand, de peur de se retrouver envoyer

sur le front au vu du nombre élevé de tôles rebutées, m’accuse de mal compter la quantité qui sort du magasin et je suis puni. 3 heures au garde-à-vous devant le mirador par -20 degrés, un di-manche après-midi. Voilà une des distractions des Allemands.Il existe aussi une autre forme de résistance, c’est l’écoute, par différents moyens, de la situation et de l’évolution des fronts. Par exemple, j’apprends le jour même le débarquement de Normandie. C’était cela la résistance, la so-lidarité. L’essentiel, c’est la vie et notre combat pour cela. Nous avons entre nous des liens très forts, animés par un sentiment, oui, très affi rmé.

Le Réveil : La fi n du camp et la marche de la mort.R. B. : Je ne pars pas vers le bois de Bellow, mais vers la baie de Lubreck fi n 44. Himmler annonce la couleur et donne un ordre aux commandants des camps. Pas un déporté ne doit tomber vivant entre les mains des troupes alliées et il faut détruire les camps.Le problème pour les comman-dants des camps c’est de mettre en pratique un tel ordre, les camps se situant souvent à proximité de villes ou villages allemands où vivent les familles SS, Sachso près d’Oranienburg. Ville SS, le feu c’est aussi très visible. Ce qui exclu l’utilisation de l’artillerie, l’aviation, quant à elle, est mo-bilisée sur le front et la meilleure solution, ce sont les marches de la mort qui feront des dizaines

Roger Bordage, président du Comité international de Sachsenhausen, a accepté de répondre à nos questions et ainsi trans-mettre par notre journal le moment terrible de sa vie dans le camp de la mort de Sachsenhausen.

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de milliers de morts le long des routes.En fait Himmler souhaitait aussi avoir la possibilité de s’allier avec les Américains et les Anglais contre les Soviétiques. Il pose même cette question à son aide de camp : « Pourra-t-il serrer la main d’Eisenhower ? » Au fi nal il souhaite encore passer en Suède avec les SS et les déportés otages. Le 21 avril, on part sur les routes avec tout ce que cela comporte.La marche de la mort, des groupes de 100 encadrés par les SS et des droits communs armés par les SS. C’est la soif, la faim et nous faisons 30 km par jour. Une anec-dote : les SS nous demandent de tuer un veau pour leur consomma-tion et ils jettent les entrailles que nous récupérons. En plus je vole des pommes de terre et nous nous les partageons et les dévorons, ce qui nous a sauvés. Pour fi nir, les SS nous abandonnent dans une grange la nuit du 2 au 3 mai dans la baie de Lubeck, et au matin du 3 mai les SS avaient disparu. Pour vous donner une idée, à ma libé-ration je ne pesais plus que 33 kg pour 1,82 mètre.

Le Réveil : Sur 33 000 partis de Sachso, un tiers est assassiné sur les routes par les SS !Aujourd’hui le fascisme re-dresse la tête en Europe, qu’en pensez-vous ?R.B. : Il faut être très prudents et vigilants. Il y a, c’est un fait, en Europe, des minorités de nazis mais elles sont minoritaires. Ces minorités ne sont pas inactives et elles peuvent même être très dangereuses si la crise prenait une ampleur encore plus forte. Pour l’instant, on ne peut pas compa-rer la situation des années 30 à la situation d’aujourd’hui. Nous res-tons les survivants, cependant très attentifs à toute forme de racisme, d’antisémitisme, mais aussi à toute forme d’islamophobie, d’anti-Rom et à toute forme d’ex-

clusion. Et il y a nécessité absolue de rester très vigilants, mais cela ne signifi e pas que la situation est idem aux années 30. Nous avions par exemple des groupements, des individus de base de leur an-ti-front populaire qui n’hésitaient pas à proclamer « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Et au-jourd’hui on constate aussi que lorsqu’il y a des manifestations nazies, il y a toujours de puissants rassemblements anti-nazis.

Le Réveil : Y a-t-il encore une place pour la mémoire de cette atrocité ?R. B. : Evidemment les géné-rations passent et les nouvelles générations ont d’autres préoc-cupations que celles des années 40. De toute façon, je pense que la population en générale est très consciente de ce que veut dire l’ar-bitraire, l’exclusion, la violence ou le nazisme, c’est le regard meurtrier sur l’autre. On vous tue pour ce que vous êtes, parce que vous ne pensez pas comme moi. Il y a encore aujourd’hui de tels faits. Les massacres au Rwanda, Boko-Haram et bien d’autres en-core. Je suis Charlie évidemment.

Le Réveil : Quelle place au-jourd’hui pour le comité inter-national ?R. B. : On travaille avec beaucoup de gens en France mais aussi avec l’étranger, l’Allemagne où ne reste malheureusement plus un seul rescapé de Sachso, la Rus-sie, la Pologne, la Tchéquie et d’autres encore. Les Russes et les Polonais étaient ceux parmi les plus nombreux à Sachso.En Allemagne, il y a actuellement 13 mémoriaux liés à Sachso et tous les ans, 500 000 personnes visitent le mémorial de Sachso. Des gens viennent de toute l’Eu-rope mais essentiellement d’Al-lemagne. Et à ce propos je veux signaler le travail du président Morsch.Le président Morsch est porteur

d’un travail d’une rare intensité pour la mémoire de Sachso et in-lassablement dénonce ce qui a été ce mal absolu du camp de Sachso.

Le Réveil : Quel message aux lec-teurs du Réveil, à la jeunesse ?R.B. : La jeunesse doit savoir et connaître ce qui s’est passé et nous sommes organisés pour transmettre cette mémoire. Il est nécessaire de connaître ce passé particulièrement noir de l’histoire, et aujourd’hui, si des choses sont peu réjouissantes, il faut rester en alerte et se souvenir de ce qui a marqué en noir notre passé. Pour l’avenir, il faut que chacun se serve de cela pour avancer et re-jeter ce qui stigmatise à cause de son origine, de sa religion, de ce qu’il pense.

Le Réveil : Je vous remercie, Roger Bordage. Un mot pour conclure.R.B. : Avec mon métier, j’ai connu le monde et il faut essayer de com-prendre ce qui s’est passé et donc de connaître. Et comme disait de Gaulle : « L’important c’est bien de comprendre l’homme ! »Je voudrais aussi dire que si les mémoriaux existent en Allemagne et si l’Allemagne regarde son passé, nous le devons d’abord aux anciens déportés, rescapés, com-munistes allemands qui ont parti-culièrement et beaucoup œuvrés pour cela. Et je voudrais leur rendre un hommage particulier. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui existe en Allemagne une véritable action mémorielle.Je remercie aussi le Réveil des Combattants pour son travail, son engagement et son rôle de pas-seur de mémoire. Ensemble, unis pour ne jamais connaître à nou-veau l’innommable atrocité de ce que le nazisme a été capable de commettre, pour ne plus jamais connaître le fascisme, le nazisme et son cortège de monstruosité.

Cette interview a été réaliséepar Hervé Corzani.

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Nos peines■ DORDOGNE (24)Mussidan : André NOBLE, AC 39-45.Périgueux : Pierre ROCHE, AC 39-45.Thiviers : Michel THIBAUD, AC 39-45.■ LOIRE (42)St Chamond : Georges CELLIER. Mme LucieRIBEYRON.■ LOIRE-ATLANTIQUE (44)Orvault : Claude BIZEUL, 80 ans, AC ATM.Rezé : Robert PEIGNÉ, 86 ans, Hors Guerre, an-cien Président Départemental, ancien membre du Bureau National, Membre d’honneur du Conseil National.■ NIEVRE (58Decize : Jean HARTMAN, 83 ans, AC ATM.

■ NORD (59)Fenain : Serge PEPET, AC ATM.

■ PUY-DE-DOME (63)Clermont-Ferrand : Roger CHAMPROBERT, AC 39-45. Mme Jeanne FAYOLLE, veuve. Roger VILLASPASA.

■ PARIS (75)11e : Marcel BESSON

■ YVELINES (78)Achères : Mme Hélène EVEN, 93 ans.

■ SEINE ET MARNE (77)Compans : Roger MARCEAU, 96 ans, AC 39-45.

Melun : Henri ACHARD, AC ATM.

Mitry le Neuf : René ALIZARD, 98 ans.

■ VAR (83)

St Raphael : René NORMAND, AC 39-45.

■ ESSONNE (91)

Saulx les Chartreux : Jean LEFORESTIER,

Résistant, AC 39-45.

■ VAL DE MARNE (94) Villejuif : Pierre QUENEUILLE, AC ATM.

■ Conseil National Le Havre : Roger PRUDHOMME, AC ATM.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Remise de l’ORMCM à Bernard Hannecart (59) le 5 mars à Recquignies (Patrick Staat - extraits)C’est à chaque fois un honneur de remettre une décoration de l’ORMCM à une ou un camarade.C’est le couronnement de l’engagement politique, syndical, as-sociatif, caritatif.L’engagement de ceux qui crient leurs colères, expliquent, montrent les responsables, font vivre l’espoir. D’un monde où les mots Liberté, Egalité, Fraternité auront tout leur sens.L’ORMC a pour objet de reconnaître et récompenser les mé-rites acquis par le patriotisme, l’esprit civique, l’attachement à la cause de la Défense Nationale et de la Sécurité Française dans le dévouement aux idéaux démocratiques et à la cause de la Paix.En 52 ans, près de 4 000 personnes ont été distinguées.Il est important de savoir qu’au côté de ces 4 000 citoyens se trouvent aussi des gens comme Frédéric Joliot-Curie, le Géné-ral Malleret Joinville, l’Amiral Muselier, le maître Jean Lurçat, Jean Duclos, Jacques Duclos, le Colonel Henri Rol-Tanguy, les présidents de bien d’autres.C’est pour ces valeurs que l’ARAC en 1917 a été créée, avec la motivation qu’un autre monde pacifi que, solidaire et fraternel était possible.Ceux qui avec le CNR, ont relevé la France en 1945 et ont lutté dans cette région pour défendre leurs idéaux, leurs enga-gements. Oui je pense aux mineurs, aux sidérurgistes qui ont mené l’action face à un patronat sauvage et avide de profi t à

n’importe quel prix.Alors comment ne pas être heureux quand les mineurs révoqués en 1948 se voient réhabilités.Norbert Gilmez l’un des rares survivants au-jourd’hui âgé de 93 ans a rappelé à juste titre que ces mineurs « les mineurs de 1948 étaient des héros. Les mineurs se sont sacrifi és pour reconstruire le pays après la guerre, pour le relever » a-t-il rap-pelé avant d’ajouter : « désormais tous les enfants de France en seront informés ».Tout cela pour dire que Bernard est l’héritier de tous ces enga-gements, de tous ces combats. Ceux des combats sociaux, ceux de l’action pour la paix, ceux de la dignité humaine, ceux du refus de la politique coloniale de la France.En notre nom à tous, je voudrais remercier Bernard de ces dé-cennies d’engagements sur les valeurs fondatrices de l’ARAC. Lui dire combien notre pays, notre association est fi ère de l’en-gagement d’Hommes et de femmes de sa trempe.C’est cette reconnaissance, Bernard qui me vaut aujourd’hui l’honneur de te remettre cette médaille d’or de l’ORMCM.

L’ARAC présente aux manifestations du 9 avril 2015Plus de 120 000 manifestants à Paris, 45 000 à Marseille, 10 000 à Bordeaux, 5 000 à Nancy et Nîmes… qui ont affi ché leur opposition à la loi “Macron”, aux iné-galités.

A Marseille A Paris

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LE RÉVEIL VOS DROITS

L’Arac et sa mutuellePour l’action… Notre Mutuelle a tenu son Assemblée générale le samedi 28 mars dernier, l’ARAC y était représentée par Patrick Staat, secrétaire général et directeur du Réveil des Combattants.

Le rapport d’activité, présenté par Ro-bert Deberghes, secrétaire général, a restitué la situation économique, so-ciale et politique néfaste menée par un gouvernement et un Président de la République irrespectueux de ses pro-messes électorales malgré le nouvel avertissement sérieux des citoyens lors des dernières élections départemen-tales.

Compte tenu de la situation inquié-tante, l’assemblée a axé sa réfl exion sur trois points principaux permettant à notre Mutuelle de l’ARAC d’avoir les moyens nécessaires à son bon fonc-tionnement, à savoir :

- Suite au rapport du trésorier général Daniel Tanneveau et au compte rendu de la Commission de contrôle fi nan-cier, une politique de gestion fi nan-cière encore plus rigoureuse doit être maintenue pour 2015-2016, associée à une campagne nationale de soutien.

- Nécessité impérative de s’engager dans une politique de renforcement aussi bien à la Mutuelle qu’à l’ARAC. Pour cela, l’Assemblée a lancé un appel unanime à un sérieux sursaut d’initiatives diverses pour faire venir de nouveaux adhérents. Tenir des per-manences juridiques et sociales dans les départements et les sections de l’ARAC. Faire des communiqués de presse dans les journaux départemen-taux, locaux, municipaux, associatifs etc. Se rapprocher des OPEX qui pour-ront, dès octobre prochain, obtenir la carte du combattant dans les mêmes conditions que les anciens combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc.

Lors de toutes les initiatives, présenter notre Mutuelle de l’ARAC et ses ser-vices.

- L’ARAC et sa Mutuelle, dans l’unité avec le monde combattant et les associations citoyennes, continueront à se battre pour le maintien sans condition du droit à répara-tion, le rattrapage du rapport Constant et la sauvegarde de nos services départementaux de l’ONAC.

Ces objectifs ont été votés à l’unanimité par l’assemblée qui a reconduit sa direction na-tionale dont les membres sont :

➣ Conseil d’administration :Ali dit Alain Attal (ATM) Essonne, Claude Arteaud (ATM) Loire-Atlan-tique, Michel Bassot (ATM) Hauts-de-Seine, Marcel Brulefert (ATM) Var, Antoine Crestani (ATM) Aisne, Jacques Cieutat (ATM) Paris, Jean-Pierre David (ATM) Seine-St-De-nis, Robert Deberghes (ATM) Nord, Georges Doussin (ATM) Vaucluse, André Fillère (ATM) Essonne, Lio-nel Foulatière (ATM) Nièvre, Jean Gaumet (ATM) Saône-et-Loire, Gaston Girodet (ATM) Ain, Gérard Gonthier (Pupille) Aveyron, Jacques Goutorbe (ATM) Val-de-Marne, Mo-nique Hersant (Pupille) Seine-St-Denis, Marcel Le Goallec (ATM) Pyrénées-Orientales, Yves Legoué (ATM) Pyrénées-Orientales, Allain Madec (ATM) Sarthe, Daniel Mas (ATM) Côte-d’Or, Pierre Martres (ATM) Haute-Garonne, Bernard Mil-let (Pupille) Vienne, Henri Moitrier (ATM) Val-de-Marne, Robert Moul-lière (ATM–ANCAC) Côte-d’Or, José Mure (OPEX) Vaucluse, Patrick Staat (non-combattant) Val-de-Marne, Da-niel Tanneveau (ATM) Essonne.

● Président actif : André Fillère (ATM) Essonne

● Président délégué : Georges Dous-sin (ATM) Vaucluse

● Vice-présidents : Marcel Brule-fert (ATM) Var, Jacques Goutorbe (ATM) Val-de-Marne, Robert Moul-lière (ATM-ANCAC) Côte-d’Or, José Mure (OPEX) Vaucluse

● Secrétaire général : Robert De-berghes (ATM) Nord

● Secrétaires adjoints : Claude Ar-teaud (ATM) Loire-Atlantique, An-toine Crestani (ATM) Aisne, Gaston Girodet (ATM) Ain, Marcel Le Goal-lec (ATM) Pyrénées-Orientales, Henri Moitrier (ATM) Val-de-Marne

● Trésorier général : Daniel Tanne-veau (ATM) Essonne

● Trésoriers adjoints : Monique Hersant (Pupille) Seine-St-Denis, Jean-Pierre David (ATM) Seine-St-Denis

Nous continuerons à être au service des intérêts de tous les Anciens Combat-tants et Victimes de Guerre, solidaires et mutualistes, dans l’esprit de Liberté, Egalité, Fraternité pourqu’ensemble nous soyons à la tribune de notre 100e anniversaire de l’ARAC.

Jacques Goutorbe,membre du Bureau national

de l’ARAC,vice-président de la Mutuelle

de l’ARAC

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 23

VOS DROITS LE RÉVEIL

La 4e génération du “feu”Une chance pour l’ARAC ?

Commission de la Carte du CombattantLe groupe de travail national relatif à l’attribution de la Carte du Combattant s’est réuni le 1er avril dernier au siège de l’ONAC-VG, aux Invalides à Paris – André Fil-lère y participait. 6 817 dossiers lui ont été transmis, 6 040 ont reçu un avis favorable à l’attribution de la Carte et 771 ont été rejetés.

Parmi les 6 040 attribuées, 10 concernent les AC 39-45 (et 25 rejets), 11 pour l’Indochine (et 4 rejets), 1 538 pour les ATM (et 352 rejets), 4 481 pour les OPEX (254 rejets).

• Au total, depuis le 1er janvier 2015, ce sont 11 026 dossiers qui ont reçu un avis favorable (dont 7 685 OPEX et 3 293 ATM) contre 1 543 rejets, dont 656 OPEX et 614 ATM.• Pour mémoire, rappelons que la mesure relative à la carte « à cheval » sur le 2 juillet 1962 en Algérie a per-mis, depuis sa mise en œuvre, l’attribution de 9 668 cartes contre 87 rejets.• Les dernières commissions de la Carte avant son renou-vellement national auront lieu le 18 et 19 mai prochain.

Les Anciens Combattants des OPEX - 4e génération du “feu”, héritière à son tour de Barbusse - va, à compter du 1er octobre prochain, bénéfi cier de la Carte du combattant pour 120 jours de présence en OPEX.Selon les estimations offi cielles, ce sont de 150 000 à 300 000 hommes et femmes qui vont avoir le droit de demander cette carte. L’ARAC et sa Mutuelle vont-elles aller au-devant d’eux ? Les aider à remplir les demandes ? Les inciter à adhérer à notre Associa-tion ? A exercer leur droit à réparation avec la Mutuelle ?

➣ IMPOSSIBLE ?

L’Armée les a endoctrinés et l’ARAC ne peut pas rentrer dans les casernes, les bases, etc.

➣ FAUX !

La majorité de ces Anciens Combattants des OPEX ne sont plus dans l’armée, ils l’ont quittée, ils ont de 30 à 60 ans voire plus et sont dans la vie civile, au boulot, au chômage ou à la retraite, dans les associations de parents d’élèves, les syndicats, les locataires, les pêcheurs à la ligne, etc.Ils sont, comme nous étions, nous ATM, dans les années 1970-1975, disséminés, repliés sur eux-mêmes.Comme nous étions, nous ATM, quand l’ARAC décida - avec retard - de s’ouvrir aux ATM.

En 5 ans, à l’époque, l’ARAC a recruté des milliers d’ATM et en a doté ses directions de sections, de comités départe-mentaux jusqu’au national.

AUJOURD’HUI

Aller vers les OPEX, c’est reprendre le chemin qui a conduit aux ATM :- campagne de presse- articles dans les journaux municipaux- permanences de section spéciale OPEX le soir, le samedi voire le dimanche- tracts et présence sur les marchés, affi chettes, etc.

Nous savons le faire… mais voulons-nous le faire ?Nous avons l’âge qu’avaient nos aînés quand ils nous ont fait venir - nous ATM - à l’ARAC.

Aujourd’hui, à nous Anciens Combattants et Combattants pour la paix de renvoyer l’ascenseur.

- CROIRE à la permanence du droit à réparation- l’assumer envers la 4e génération du feu- CROIRE en l’ARAC et à sa pérennité

De vous dépend l’avenir de l’Association.

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24 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

LE RÉVEIL VOS DROITS

Simplifi cation ou complication ?Dans le Réveil des combattants du mois de février 2014 était mentionnée la loi du 12 novembre 2013 vi-sant à simplifi er les relations entre l’administration, les citoyens et les entreprises. Cette loi pose le principe selon lequel le silence gardé par l’administration sur une demande vaut désormais accord. Nous espérions avec impatience la parution des décrets d’application. Ils ont mis du temps à venir et ils sont loin de tout simplifi er !

Cette mesure, très attendue, n’est pourtant pas si simple ni si évidente à mettre en œuvre et ce parce qu’il existe un cer-tain nombre d’exceptions et de dérogations pour lesquelles le principe ancien subsiste.Concrètement, pour certaines démarches le silence de l’ad-ministration vaut toujours rejet.Il nous faut donc essayer de résumer ce qui intéresse plus particulièrement les mesuresrelatives aux droits des anciens combattants et victimes de guerre.

I. - Délais à l’expiration desquels le silence gardé par l’administration sur une demande vaut décision d’ac-ceptation.- Demande de délivrance de carte de combattant volontaire de la Résistance. Art L262. Six mois.- Demande de délivrance de la carte de déporté politique. Art L272 et L288. Six mois.- Demande de délivrance de la carte de déporté et interné résistant. Art L272 et L273. Six mois.- Demande de délivrance de la carte de victime de la capti-vité en Algérie. Art. L319-1. Six mois.- Demande de délivrance de la carte de réfractaires. Art 296. Six mois.- Demande de délivrance de la carte de personne contrainte au travail. Art L308. Six mois.- Demande de titre de patriote transféré en Allemagne – ar-ticle 85 loi n° 70-1199 du 2 décembre 1970. Six mois- Demande d’attribution du titre de la carte de « patriote résistant à l’occupation des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle incarcéré en camps spéciaux ». décret n° 54-1304 du 27/12/1954 portant statut du patriote résistant à l’occupation des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, incarcéré en camps spéciaux articles 8 et 10. Six mois.

- Demande de carte de prisonnier du Vietminh. Décret n° 90-881 du 26/11/1990 relatif aux modalités du titre restitué par la loi 89-103 du 31/12/1989 por-tant création du statut de prisonniers du Vietminh – article 1er – 6 mois.- Demande d’attribution d’un titre d’incorporé de force dans l’armée alle-mande – art 2 – six mois.

- Demande de titre de patriote réfractaire à l’annexion de fait des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle : Arrêté du 7 juin 1973 « attribution d’un titre aux Français d’Alsace et de Moselle qui se refusèrent à l’an-nexion de faits – article 2 – six mois.- Demande d’attribution d’un titre incorporé de force dans les formations paramilitairesallemandes. Arrêté du 2 mai 1984 « Reconnaissance de la qualité d’incorporé de force dans les formations paramilitaires allemandes – Article 2 – six mois.- Demande d’attribution du titre d’évadé – arrêté du 10 juil-let 1985 concernant l’attribution du titre d’évadé articles 1 et 2 - Demande d’attribution du titre de personne transférée en pays ennemi : arrêté du 28/11/1985 portant création du titre de personne transféré en pays ennemi – article 1er – 6 mois.

II. - Silence gardé par l’administration pendant deux mois vaut décision de rejet.- Délivrance de la carte du combattant L253 et R223 à R235 – 2 mois- Délivrance du Titre de Reconnaissance de la Nation L253 – 2 mois- Ajout de la mention « mort pour la France » sur les actes d’état-civil, délivrance d’un diplôme d’honneur – art L488 et L492 bis – 2 mois- Admission dans les écoles de reconversion professionnelle relevant de l’offi ce national des Anciens Combattants et Victimes de guerre – A.527 – 2 mois- Admission à l’Institution Nationale des Invalides A 295 – 2 mois.- Attribution de la mention « mort en déportation » - Art 5 – Loi n° 85-528 du 15 mai 1985 sur les actes et jugement déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation.

Ces listes ne sont pas exhaustives et rien ne semble simple dans l’application de cette loi.Un autre problème apparaît également : les Administrations sont-elles elles-mêmes au courant des démarches pour les-quelles le silence vaut accord ou pas ?Les administrations ont-elles eu le temps « d’éplucher » la soixantaine de décrets parus ? Les particuliers et les entre-prises ne sauront-ils pas toujours à « quelle sauce » ils se-ront mangés ?Au lieu de simplifi cation, nous assistons grâce à ces multi-ples décrets à une ou des complications sans fi n.Bravo pour le résultat !Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Jacqueline Thabeault-Alcandre

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 25

VOS DROITS LE RÉVEIL

En la demandant dès aujourd’hui, 150 000 à 300 000 hommes et femmes ayant séjourné au moins 120 jours en opération extérieure (OPEX) pourront obtenir, à partir du 1er octobre pro-chain, la Carte du Combattant (Article 87 de la Loi de Finances pour 2015, loi 2014-1654 du 29/12/2014).Une minorité d’entre eux sont encore dans l’armée, mais la grande majorité (100 à 200 000) ont aujourd’hui re-trouvé la vie civile et vont donc devoir faire les démarches indispensables à l’obtention de ce titre.

➤ Pour connaître les nouveaux critères d’attribution et faire leur demande dès

aujourd’hui, ils peuvent se faire aider gratuitement par la Mutuelle de Re-traite Anciens Combattants qui leur fournira le document offi ciel, la liste des documents à joindre et les infor-mera sur les droits à réparation atta-chés à la Carte du Combattant et au Titre de Reconnaissance de la Nation, parmi lesquels le droit à constitution d’une rente mutualiste ancien combat-tant non imposable, subventionnée par l’Etat de 12,50 % à 25 %, bénéfi ciant en plus chaque année des majorations légales des rentes viagères, dont les versements constitutifs sont déduc-tibles en totalité du revenu imposable

et qui - selon l’option choisie - permet le reversement du capital constitué à la personne désignée.

Pour en savoir plus sur la Carte du Combattant, le Titre de Reconnais-sance de la Nation, la rente mutua-liste ancien combattant, comment et dans quelles conditions les acquérir, vous pouvez vous adresser à la Mu-tuelle de l’ARAC ou à l’ARAC au 2, place du Méridien, 94807 Villejuif Cedex – Tél. : 01 42 11 11 00 - Fax : 01 46 77 79 09 - email : [email protected] – Site info : www.mutuellearac.com

Opérations extérieuresPrès de 300 000 hommes et femmesvont pouvoir demander la Carte du Combattant

Message de l’UFAC du 8 mai 2015L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fi lle ou un jeune garçon. Il convient que la lectrice ou le lecteur ait non seulement lu le texte auparavant, mais aussi qu’il lui ait été explicité. Il appartient donc à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur, d’assurer cette infor-mation au travers, entre autres, de témoignages.

La FRANCE célèbre aujourd’hui le 70e anniversaire de la Victoire du 8 Mai 1945 qui mettait fi n, sur notre continent, à la Seconde Guerre mon-diale.Le 8 Mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait sans condition ; c’était la victoire totale mais aussi l’heure des tristes bilans et des terribles statis-tiques : près de 50 millions de victimes militaires et civiles dont 10 millions avaient péri dans les camps d’extermi-nation et de concentration : l’horreur en était révélée au monde.Le 8 Mai 1945 à Berlin, le général d’Armée de Lattre de Tassigny, com-mandant en chef de la Première Armée française, signait, pour la France, l’acte solennel de reddition.Pour la France, cette victoire du 8 mai 1945 marquait le terme de ses

souffrances, le retour de son prestige, le triomphe de ses idéaux. Occupée, meurtrie, pillée, la France avait vu nombre de ses fi ls déportés, emprison-nés, torturés, abattus. La Victoire dissi-pait son cauchemar. Par l’héroïsme de la Résistance et de son Armée victo-rieuse aux côtés de ses alliés, la France prouvait au monde qu’elle n’avait rien perdu de sa grandeur. La Victoire la retrouvait fi dèle à ses traditions sécu-laires pour la sauvegarde de la liberté et de la dignité humaine.C’était également le triomphe des Forces Française Libres, celui de la Deuxième Division blindée du général Leclerc qui avaient, avec la participa-tion de la Résistance, libéré Paris puis accompli le serment de Koufra du 2 mars 1941 en faisant fl otter le drapeau français sur la cathédrale de Stras-

bourg avant de terminer leur épopée à Berchtesgaden.En ce 70e anniversaire, honorons la mémoire de tous nos morts : soldats, aviateurs, marins, résistants, déportés, fusillés, massacrés, prisonniers, pour leur courage, leur esprit de sacrifi ce, leur sens du devoir et leur engagement.En ce jour de recueillement, l’Union Française des Associations de Com-battants et de Victimes de Guerre (UFAC) tient à rappeler l’hommage que leur rendit le Général de Gaulle qui déclara, évoquant leur sacrifi ce : « En rendant le dernier soupir, vous avez dit « Vive la France » ! Dormez-enpaix, la France vivra, parce que vous avez su mourir pour Elle ».Vive la République !Vive la France !

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Son nom : Vautier ! Sa vie : la liberté !

Son cinéma : engagé ! Sa parole : enragée !

ans de prison pour avoir violé un décret de 1934 de l’ex-ministre des Colonies Pierre Laval… fusillé pour haute-trahi-son au service des nazis en 1945 !!!

• En 1954, René Vautier réalise Une Nation, l’Algérie. Et le voilà à nou-veau inculpé, condamné pour atteinte à la sûreté de l’Etat, etc. Alors il dé-cide d’aller là-bas, voir sur place. En Tunisie, il fera connaître une gamine de 16 ans tournant son premier fi lm : Claudia Cardinale. Puis ce sera Algérie en fl ammes. L’armée française a ordre de tuer l’homme à la caméra. Dans les Aurès, elle tuera sa caméra dont un éclat restera dans la tête de René.

➬ Ce « cinéaste combattant », comme l’a baptisé le journal Le Monde, a défi é toutes les censures pour réaliser des « images sans chaînes » (grève de la faim durant 31 jours, soutenu par Jacques Rivette, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Claude Sautais, Alain Resnais, Robert Enrico, etc., contre l’interdic-tion de Octobre à Paris, documentaire de Jacques Panijel sur le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961).

• Celui qui veut mettre « l’image et le son à disposition de ceux à qui les pou-voirs établis les refusent » va tourner des centaines de fi lms contre le capita-lisme, dont Un homme est mort, (l’ou-vrier Mazé assassiné lors des grèves de 1950 à Brest), le colonialisme et parti-culièrement la guerre d’Algérie, le ra-cisme en France, l’apartheid en Afrique du Sud, la pollution (dont Marée noire et colère rouge), l’extrême droite (Le Pen, l’Algérie, le « détail », etc.), les femmes, la Bretagne, etc., sans compter les livres, les chroniques, etc.

➬ Considérée comme le père du ci-néma algérien, René Vautier est aussi celui qui a rendu la parole à la géné-

ration du contingent de la guerre d’Al-gérie, muselé, enfermé, autocensuré… avec Avoir 20 ans dans les Aurès, pre-mier grand fi lm consacré à la guerre d’Algérie et à sa vérité.

René, ce grand breton à la caméra rouge, la casquette de marin plantée sur son crâne, à Cancale, avec son chien, avec Soasic sa compagne, René nous a quittés le 4 janvier 2015, à 86 ans. Son incinération a eu lieu en même temps que la minute de silence nationale suite aux crimes contre ses copains de Char-lie Hebdo. Il en méritait bien une part de cette poignée de secondes. Et que ces cendres volent au vent de la côte bretonne, au vent des Aurès aussi, où la délégation algérienne venue le saluer a décidé de les ramener.Hasard ? Il fallut que des Argentins en lutte contre la terreur de Videla atter-rissent à Fontenay-sous-Bois et que le fi ls ainé de ces exilés politiques – Fé-dérico – rencontre une petite bretonne à Montreuil – Moïra, fi lle de René Vau-tier, elle-même documentaliste – pour que la Bretagne s’enrichisse d’une fi llette et René d’une petite-fi lle vive comme une porteña, têtue comme une bretonne. Et qui – à 3 ans déjà – tapait du pied en levant le poing et en scan-dant « On n’est pas content ! On n’est pas content ! »

Et devinez quel est l’un de ses pré-noms ? Libertad !

André Fillère

En ce temps-là, sur les cartes planisphères du monde, la France semblait se tailler la part du lion, du nord au sud et d’est en ouest, avec son empire colonial teinté rose vif. Dans ces

années 50, trois quarts de siècle de pro-pagande avaient amené trop de Fran-çais à croire que la France avait civilisé toutes ses tâches rouges lointaines, que les indigènes (noirs, jaunes, bronzés ou autres) en étaient reconnaissants et en admiration devant les blancs bienfai-teurs. Et ceux qui râlaient, contestaient ne pouvaient pas être autre chose que des « agents de Moscou »…

Ecole, presse, littérature, BD enfan-tines, cinéma, expos… tout y contri-buait.

Alors d’où sort-il « ce petit blanc à la caméra rouge », ce petit breton ci-néaste rebelle fl anquant son Afrique 50 comme un dur pavé noir et blanc dans la mare de nos illusions ?

➬ Ce René Vautier, un rouge bien sûr, un coco, fi ls d’ouvrier en usine et d’une institutrice, entré dans la Résistance antinazie à l’âge de 15 ans, décoré de la Croix de guerre à 16, responsable du groupe « jeune » du clan René Madec, cité à l’Ordre de la Nation par le géné-ral de Gaulle pour faits de Résistance en 1944.

➬ Six ans plus tard, il tournait Afrique 50, premier fi lm anticolonialiste fran-çais engagé. Un chef-d’œuvre, et les chefs-d’œuvre, ça paye : 13 inculpa-tions et – avec son complice coïnculpé, Félix Houphouët-Boigny, excusé du peu ! – René Vautier est condamné à 2

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 27

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Gauchy (02)

L’ARAC prévoit des exposLors de son assemblée générale, Antoine Crestani a rappelé que l’ARAC existe de puis 1917. Avant d’ajouter : « Pour 2015, nous avons les projets d’organiser des expositions en partenariat avec la mairie, du 30 mai au 6 juin dans le hall de la MCL avec la participation de l’historien Bruno Drweski. Nous allons commémorer les 70 ans le da libération des camps de concentration en 1945.L’ARAC espère faire également une exposition sur ce sujet et entrer dans les écoles pour expliquer les horreurs des camps de concentration. »Antoine Crestani a ensuite fait un appel du pied aux mili-taires des Opérations extérieures (OPEX), les invitant à re-joindre l’ARAC afi n de connaître leurs droits, bénéfi cier de la reconnaissance de la nation.

Loire-Atlantique (44)

L’ARAC 44 s’est réunie, dernièrement, en assemblée géné-rale. L’occasion, pour ses membres, de défendre à nouveau leur conviction qu’un monde pacifi que, solidaire et fraternel est possible.« Depuis son origine, l’ARAC n’a jamais cessé de dénon-cer les causes des guerres et leurs conséquences » a rappelé Jean-Claude Salomon, le président départemental. Au-jourd’hui, l’ARAC accuse la crise économique et fi nancière du capital mondialisé, et la mise en concurrence des peuples et des nations, de conduire à des tensions lourdes.« Les pays capitalistes sont engagés dans une nouvelle ré-partition des richesses de la planète. C’est ce qui nous fait craindre, pour l’humanité, une nouvelle guerre mondiale ».Considérant l’OTAN comme contraire au droit internatio-nal, l’ARAC a réaffi rmé, dans ses résolutions, la nécessité de redonner toute sa place au droit international, comme l’enseigne la Charte des Nations Unies : « C’est à l’ONU d’en appliquer les principes. »L’Assemblée générale de l’ARAC 44 a appuyé la décision du comité départemental de l’Hérault, de demander au préfet du département, d’annuler la délibération du conseil muni-cipal de Béziers.

Alpes-Maritimes (06)Marcel Innocenti pour l’ARAC et Gilbert Charlit pour l’UFAC au Mémorial de Valbonne où 286 noms de « Morts pour la France » sont inscrits.

Ils sont repartis tout sourire au volant de leur voiture blancheRaphaël Vahé, président de l’ARAC, remet les papiers et les clés de la Twingo 3 aux heureux gagnants de la tombola du Réveil.C’est en présence d’une partie du Conseil National qu’Annick et Chris-tian Abel des Bouches du Rhône ont découvert leur voiture.

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28 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Le comportement d’élus d’extrême droite et de l’UMP – inacceptable lors du 19 mars

« Cependant, pour quelques-uns, la guerre d’Algérie ne s’est pas achevée le 19 mars 1962. Ils vivent dans la nostalgie d’une France coloniale, d’une France soi-disant toute puissante qui écrasait des peuples de sa domination.A Béziers, où il n’y a plus aujourd’hui de « rue du 19 mars 1962 ». Dans l’après-midi du 14 mars, le maire extrême droite Robert Mé-nard a procédé au changement de nom. Désormais, cette voie est baptisée Rue du Commandant Denoix de Saint-Marc. Héros fran-çais.Le nom du Commandant Denoix de Saint-Marc reste à jamais associé à la torture en Algérie et au putsch des généraux d’avril 1961.Si Robert Ménard voulait réellement honorer des héros de la Ré-sistance française et de la Guerre d’Algérie, il aurait pu penser à Paul Teitgen ou à Jacques de Bollardière. Paul Teitgen et Jacques de Bollardière ont été constants dans leurs engagements. Ils ont toujours su dire non à l’oppresseur, d’où qu’il vienne. Ils ont tou-jours su combattre pour le respect des libertés, quels que soient les

circonstances, leurs métiers ou leur âge. Ils ont toujours su choisir le parti de l’humanité.Paul Teitgen, ancien résistant et déporté, secrétaire général de la préfecture d’Alger, a démissionné en mars 1957 pour protester contre la torture et les exécutions sommaires pratiquées par les parachutistes du général Massu. Dans sa lettre de démission, il déclarait : « Depuis trois mois nous sommes engagés [...] dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre. »Jacques de Bollardière, résistant, a lui aussi refusé l’usage de la torture lors de la Bataille d’Alger.Offi cier militaire sur Alger, il a fait part en mars 1957 à son com-mandement de son désaccord avec Massu : « Convoqué ce jour à dix heures par le général Massu, j’ai été obligé de prendre conscience du fait que j’étais en désaccord absolu avec mon chef sur sa façon de voir et sur les méthodes préconisées. »

Saint-Denis (93)En présence de Didier Paillard, maire de Saint-Denis, la protestation et la contestation ont eu lieu à l’égard du maire de Béziers Extraits de l’allocution de Mme Zaïa Boughilas, maire-adjointe :

Alpes-MaritimesCérémonie du 19 mars : Patrick Allemand porte plaintePatrick Allemand, premier vice-président PS du conseil régional, porte plainte contre la cinquantaine de manifestants qui ont per-turbé la commémoration du 19 mars 1962, à Nice, en proférant des injures.Cette cérémonie est organisée tous les ans en mémoire des vic-times de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. « Au-delà de ma personne. C’est l’ensemble des victimes des confl its liés à la décolonisation (…) que ces individus ont in-sulté », justifi e-t-il. « Nous ne pourrons aborder sereinement et bâtir ensemble un avenir commun aux deux rives de la Méditerra-née tant que certains s’enfermeront dans le passé, la rancœur et le ressentiment », affi rme le socialiste.

Avant l’allocution à Villejuif, M. Gabillaud, a tenu à préciser :Je tiens à marquer mon mécontentement concernant notre cérémo-nie qui a été bâclée, c’est inadmissible. Déjà l’absence de Monsieur le Maire, qui pourtant avait été inscrit sur les affi ches et qui aurait dû être à nos côtés pour rendre hommage à nos disparus, pour lui c’était son premier 19 mars. Comment ne pas être présent ?Notons aussi l’absence des drapeaux sur notre stèle, la fanfare sup-primée, pas de sonnerie aux morts. Pour les discours, que ce soit à la stèle comme au monument aux morts, pas de micros, pas de Marseillaise.

Nous, les anciens combattants, nous sommes aujourd’hui blessés car nos morts, ainsi que nous les survivants qui avons donné nos 20 ans pour notre pays, méritons un certain respect, nous le rap-pelons.

J’adresserai un courrier à M. le Maire.Comme par hasard, le maire UMP de Villejuif était présent le 5 décembre à Villejuif, une date qui ne veut rien dire. C’est un choix de sa part ?

19 mars à Villejuif

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 29

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Allonnes (72)

Charente (16)Le samedi 28 février – inauguration de la stèle du 19 mars 1962 sur le parvis de la mairie de Ruelle sur Touvre.Monsieur le Maire Michel Tricoche, Jean-Pierre Colas de l’ARAC et Jean-Claude Varache de la FNACA ont découvert la stèle devant plus de 50 porte-drapeaux.

St Pourcain Sur Sioule (03)

De gauche à droite, Yves Berthelin adjoint au maire, les porte-dra-peaux de l’ARAC et Gaston Lethielleux, Président d’honneur de la section allonnaise de l’ARAC.De nombreux allonnais, étaient présents place de la paix : « En ce 19 mars 2015, nous dédions nos pensées à toutes les victimes de cette guerre cruelle et dévastatrice, ainsi qu’à toutes les victimes des attentats et actes odieux que nous avons vécu en ce début d’an-née. Et nous leur disons que nous dédions nos efforts d’aujourd’hui à repousser la haine de toutes nos forces, pour construire ensemble un avenir de Paix et de Fraternité. »

Villejuif (94)En nous quittant à l’âge de 91 ans, c’est peu dire qu’André Lelong aura épousé les grands événements du XXe siècle, ses avancées et émancipations comme les périodes troubles et tourmentées. Du meilleur, il connut le front populaire et la libération, mai 1968 et les avancées de 81. Il connut aussi le pire avec la seconde guerre mondiale, comme jeune homme, jeune soldat, jeune prisonnier qui lui valurent à jamais sa haine de la guerre et son engagement comme ancien combattant au service de la mémoire avec les plus jeunes.André était machiniste de la régie (RATP). Il aimait raconter ses souvenirs dans ce lieu où il racontait y avoir discuté avec Jacques Duclos, Paul Laurent, Marcel Cachin à différentes occasions de meetings organisés devant l’entrepôt rue des Pyrénées.Il gardait un souvenir attaché à ce Paris populaire, c’était un des points communs avec Josiane Rapon avec qui ils partagèrent tant de fois.Il a fait partie de ces milliers de titis parisiens venus habiter Villejuif et qui n’en partirent plus. Il aura jusqu’à son dernier souffl e, le souci permanent de construire un monde meil-leur. Tu avais raison André. Aujourd’hui toute la grande famille des camarades est là. Avec beaucoup de chagrin de quitter un bon copain comme il disait. Un homme honnête et droit. Humain et patient.Tes camarades.

Clermont-Ferrand (63)

19 mars - ARAC R. Belloq et R. Catalot

19 mars : La municipalité de St-Pourçain-sur-Sioule s’est char-gée de l’organisation. Après les dépôts de gerbes de l’ARAC, de la FNACA, du Comité d’Entente des AC, de la municipalité et conseiller régional Jean Mallot, allocutions et messages furent prononcés.

René Merle, secrétaire de la section ARAC a déposé une gerbe. Les sections de St Pourçain, St Germain des Fossés, Doyet et Meil-lard étaient présentes avec leur drapeau respectif.

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30 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Village Van CanLe comité français du VILLAGE DE L’AMITIE a organisé un CONCERT de solidarité au profi t des victimes vietnamiennes de l’agent orange.180 personnes étaient présentes à la mairie du 11e arrondissement pour écouter CAN VU Ngoc, pianiste et Isabelle HUREAU, fl ûtiste que nous remercions.Nous remercions également Monsieur VAUGLIN, maire du 11e qui nous a accueillis et qui nous a témoigné son soutien aux victimes de l’agent orange.Brigitte MULLER présidente du comité Allemand, Monsieur NGUYEN NGOC Son, ambassadeur du VIETNAM qui a marqué sa reconnaissance

pour le travail entrepris par le Co-mité français. Raphaël VAHE, vice-président du Comité International du village de l’amitié et président du Comité français a développé les diverses activités de notre comité en insis-tant sur la construction de la pis-cine médicalisée subventionnée en Partie par le Comité Français.

Corrèze (19)A l’occasion de la procédure d’introduction dans l’Ordre Natio-nal du Mérite de notre amie Marie-Josée Cappoen a été promue au grade de Chevalier. Cet insigne lui a été remis par notre ami Jacques Plas, président d’honneur de l’ARAC Corrèze, sous le patronage du maire de Tulle, Bernard Combes.Comment pouvait-il en être autrement pour une citoyenne plei-nement responsable depuis longtemps, formée dans les plus belles traditions républicaines de notre France, combattante lu-cide pour obtenir des avancées du progrès social, de la Paix, du progrès humain.Marie-Josée est aussi une militante inlassable de l’ARAC pas-seuse de mémoire vivante en direction des jeunes générations.

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LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 31

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

MERCI DE PRÉCISERLE MODE DE RÈGLEMENT :● par chèque à l’ordre de l’ARAC,

en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.

● par prélèvement bancaire, avec le montantde votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) :merci de joindre un RIB.

● dès réception de votre règlement,nous vous adresserons une attestationde contribution et un reçu fi scal.

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La rouge Mare du Haut PlessisSouvenirs d’enfance. Gérard VALLEE à vécu à Sotteville-Lès-Rouen dans la banlieue rouennaise, contrainte à l’exil en 1943, la famille quitte la « seine inférieure » pour l’orne.Les souvenirs de sa vie dans la commune de son enfance, font ressurgir de nombreuses anecdotes, la vie diffi cile due à la guerre où les bombardements détruiront une grande partie de la ville.Dans ce récit autobiographique la dernière guerre mondiale n’est pas le seul confl it dont il est question dans l’ouvrage ; la Guerre de 14/18 est décrite par les récits du père de Gérard.Ainsi que les péripéties conservées de l’arrière grand-oncle Casimir, sous la commune de Paris en 1871.Le lecteur passe d’une époque à l’autre. Les illustrations sont remarquables, photos, dessins de l’auteur, dessins de Steinlen.Sur 14/18 le livre est complété par un document provenant de Bruno Drewski sur les causes de la guerre ; et il se termine par les chants se rapportant à ces époques.19,90 euros plus envoi. Gérard VALLEE est par ailleurs l’auteur d’un livre sur la guerre d’Algérie « LES PETITES BETES ROUGES » 14,50 euros plus envoi. Livres à commander au siège, les bénéfi ces reversés intégralement à l’ARAC.

Charente (16)Assemblée Générale du jeudi

5 mars 2015 devant la stèle de

Gontran Labregère fusillé le 12

octobre 1941 puis dépôt de gerbe

en présence de la mairie d’An-

goulême et du Conseil Général

qui a déposé une gerbe, avant

la fi n des travaux nous avons

remis la médaille d’honneur de

l’ARAC à Jean-Claude Rapaud

porte drapeau de la section de

Ruelle.

Le Sénat a adopté à l’unanimité une propo-sition de loi socialiste relative à la moderni-sation de la presse et qui reprend « l’amen-dement Charb », du nom du directeur assassiné de Charlie Hebdo. Portée par le groupe CRC, qui en a fait une proposition de loi, cette disposition permet aux particu-liers de bénéfi ciers de réductions d’impôt en cas de dons aux entreprises de presse d’information politique et générale.Le Sénat a également voté, sur proposition de Pierre Laurent, un amendement per-mettant la défi scalisation des dons de par-ticuliers aux associations et aux fonds de dotation œuvrant pour le pluralisme de la presse.Pierre Laurent, secrétaire communiste a expliqué que cela passe par la défense sans

faille des principes et des moyens de cette information libre et pluraliste, par la dé-fense de chaque titre menacé, par la promo-tion des valeurs et la défense des savoirs, de la connaissance, de la culture, de la création et de l’information pour lutter contre l’igno-rance et la censure. La liberté, surtout celle de la presse, n’est rien sans la garantie ma-térielle de ses conditions d’existence. Or la presse connait une crise très grave, une crise de la vente, singulièrement de la presse papier, et du pluralisme, qui, l’un comme l’autre, ne cessent de s’éroder. Cette proposition de loi reste très partielle compa-rée à tous les enjeux qu’il serait nécessaire d’aborder. Elle n’est pas l’ambitieux projet d’ensemble dont la presse et le droit à l’in-formation ont besoin dans ce pays. »

L’amendement Charb adopté

Page 32: Le réveil des combattants Avril 2015

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CUBA SI France : Un numéro exceptionnel !Enfi n le voila ! Après des semaines de travail, Cuba Si France a réalisé un numéro de Cuba Si France Infos excep-tionnel en hommage à nos chers amis Georges Wolinski (Président d’honneur de Cuba Si France) et Charb dispa-rus le 7 janvier dernier, eux qui ont tant contribué à l’essor de notre association. Nous vous en présentons aujourd’hui la première et la quatrième de couverture. Ce numéro spécial de 46 pages qui comporte de nombreuses photos inédites, des textes et articles d’amis et de personnalités diverses leur rendant un vibrant hommage, et dans lequel vous trouverez des dessins d’humoristes cubains qui ont tenu à témoigner leur solidarité et leur émotion, est une illustration de leur total engagement solidaire avec Cuba à nos côtés.

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