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EUROPE DE L’EST WASHINGTON POUSSE AU SURARMEMENT CONSÉQUENCES DE LA GUERRE 1914-1918 LA VÉRITÉ SUR LES MODÈLES VALLS Avril 2016 - N° 823 - 5 e Le 28 avril, dans toute la France, dites NON à la loi El Khomri et NON à l’Europe anti-sociale qu’ils nous construisent

Le réveil des combattants - Avril 2016

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EUROPE DE L’ESTWASHINGTON POUSSE

AU SURARMEMENT

CONSÉQUENCES DE LA GUERRE

1914-1918

LA VÉRITÉ SUR LES MODÈLES

VALLS

Avril 2016 - N° 823 - 5 e

Le 28 avril, dans toute la France,

dites NON à la loi El Khomri

et NON à l’Europe anti-sociale qu’ils nous construisent

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Mali : Déclaration de l’ARACTrois soldats français sont décédés au Mali les 12 et 13 avril 2016. Dans le cadre de l’action menée au Mali par la France.Ce sont à ce jour, 3000 soldats français qui sont toujours engagés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, qui ne devait durer que quelques mois.L’ARAC tient à exprimer son émotion et ses condoléances à la famille de ces jeunes soldats ainsi qu’à leurs camarades.Nous rappelons également que la France devrait être engagée plus fermement, plus durement contre les pays qui fi-nancent les terrorismes de toutes natures. C’est vrai du Qatar, de l’Arabie Saoudite, ou de la Turquie.La France, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux portent une lourde responsabilité dans la déstabilisation de cette région du monde.L’intervention en Libye, en Irak ont été des catastrophes politiques et humaines pour la région. La complaisance à l’égard de ceux qui soutiennent le terrorisme et entretiennent la guerre est inacceptable.Il est temps de condamner les fauteurs de guerre, il est temps de s’appuyer sur l’ONU pour trouver et construire les solutions à la situation créée de toute pièce par les pays occidentaux et leurs alliés dans la région.Cessons de vouloir s’accaparer les richesses de ces pays, aidons-les par des coopérations à reconstruire leurs souverai-netés économique et politique et à développer la démocratie.L’ARAC demande au gouvernement français d’honorer les valeurs issues de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, et de contribuer à la stabilisation de la région par l’instauration d’une paix durable.

Villejuif, le 13 avril 2016.

Message de l’UFACdu 8 mai 2016

L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fille ou un jeune garçon. Il convient que la lectrice ou le lec-teur ait non seulement lu le texte auparavant, mais aussi qu’il lui ait été explicité. Il appartient donc à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur, d’assurer cette information au travers, entre autres, de témoignages.

Le 8 Mai 1945, l’Allemagne hitlérienne capitulait sans condition.

En ce jour anniversaire de cette Victoire du 8 Mai 1945, la France se souvient de ce qu’il a fallu d’espérance, de sa-crifices, de tant de blessés et de morts, pour qu’elle connaisse le terme de ses souffrances, le retour de son prestige, le triomphe de son idéal.

Devant les Monuments aux Morts, la France se souvient, aujourd’hui, de ses fils emprisonnés, torturés, abattus et de toutes ses victimes civiles. Elle se souvient et honore la mémoire de tous ses morts : soldats, aviateurs, marins, résis-tants, déportés, fusillés, massacrés, prisonniers, pour leur courage, leur esprit de sacrifice et leur sens du devoir.

La France se souvient et rend hommage aux Armées alliées dont l’engagement, en unissant leurs forces sur les diffé-rents fronts et notamment sur notre territoire, ont fait preuve de la plus grande abnégation. Saluons la mémoire de ceux des leurs qui sacrifièrent leur vie pour la France, la Paix et la Liberté.

La France se souvient aussi de ces actes de sauvagerie qui l’ont frappée à plusieurs reprises au cours de ces mois passés et qui resteront gravés à jamais dans sa mémoire collective. Au-delà de l’indicible douleur que partagent les familles meurtries, la France, saisie d’effroi, profondément choquée et bouleversée, mais rassemblée devant l’épreuve, a pris conscience que cette Paix et les valeurs humanistes qui sont les siennes sont particulièrement fragiles.

En ce jour anniversaire où la France se souvient, l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC), invite chacun et chacune, particulièrement la jeunesse, à la vigilance et à œuvrer pour un monde plus solidaire, un monde de fraternité, de solidarité et de paix.

Vive la République ! Vive la France !

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTSFondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 11Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

P. 13 . D O S S I E R

Actualités La Commission européenne se réjouit de la loi El Khomri, Gattaz aussi............................................... 4Salariés à prix cassé : le grand scandale ............................... 5La vérité sur les modèles Valls ................................................ 6Ile-de-France: Les inégalités s’aggravent .............................. 7« Nous valons mieux que ça » ................................................ 8

International Europe de l’Est Washington pousse au surarmement ............................9 à 10Israël Netanyahu bétonne ...................................................... 10 à 11YémenLa guerre « oubliée » ..................................................... 11 à 12TurquieInterdire, punir, taire toutes les critiques… ........................12

Vos droits De nouvelles décorations .....................................................22N’oublions pas les victimes des attentats terroristes ........................................................23ERP et Maisons de retraite de l’ONAC ....................... 24 à 25

Vie de l’ARAC Vie des Comités ................................................................ 25 à 30

Conséquences humaines, politiques et économiques de la guerre 14/18

Le 28 avril, dans toute la France, dites non à la loi El Khomri et

non à l’Europe anti-sociale qu’ils nous construisent

Le 28 avril, dans toute la France, dites NON à la loi El Khomri et NON à l’Europe anti-sociale

qu’ils nous construisent.L’obstination du gouvernement à mettre en œuvre les décisions de la Commission Européenne (instance non élue) dictées par les lobbys

coûtent chères humainement et financièrement à notre pays.Ces décisions sont méprisantes pour la majorité des Français. Le pouvoir d’achat baisse depuis 10 ans, la pauvreté fait des ravages, la misère s’installe durable-ment. Tous, nous voyons nos conditions de vies se dé-grader. Beaucoup ne vivent plus, ils survivent.Et, pendant ce temps, le Président Hollande nous ex-plique qu’il faut réformer, qu’il faut être moderne.De directives en recommandations de Bruxelles, c’est la France qui est enchaînée, c’est la souveraineté des Nations qui est bafouée, ce sont les peuples qui sont mis en concurrence.Hollande, Sarkozy, les pontes du MEDEF et bien d’autres ont voté pour cette Europe en 2005. Ils construisent une Europe fédérale sous tutelle allemande, ils sacrifient la souveraineté de la France, des nations.La France a voté NON, la Grèce, les Pays-Bas, le Da-nemark, l’Islande… ont voté NON mais les gouver-nements, Bruxelles et la Commission ne tiennent pas compte du vote des peuples. Ils sont au service d’une caste, celle qui a la morgue d’affirmer que tout va bien et qui vit dans les cocons dorés, hors de la vie.Devant la montée des colères et les puissants mouve-ments de grèves, Junker a dit vouloir mettre en place une force d’intervention militaire européenne pour faire face aux troubles de l’ordre possible. L’argument déve-loppé : « la démocratie ne peut aller contre les traités européens ». Un « expert » réclame l’interdiction des référendums à travers toute l’Europe, dès lors qu’ils porteraient sur les politiques européennes.A ceux qui avait prédit une Europe sociale, de paix, nous leur disons « Regardez ce qui se met en place, ce sont les éléments d’une dictature ».Démocratie et droits des Nations muselés, richesses des pays au seul profit de privilégiés, libertés individuelles et collectives bafouées, c’est la dictature qui s’installe comme sous Franco, Salazar, Mussolini, Hitler, les co-lonels grecs… En France comme en Espagne, ce sont des syndicalistes que l’on veut mettre en prison. Valls qui dégaine le 49-3 pour faire passer la loi Macron.Il est temps de faire entendre notre voix. Nous ne nous soumettrons pas à la volonté de ceux qui nous gou-vernent. Nous disons STOP à cette Europe qui bafoue la souveraineté de la France et la démocratie.

Patrick STAAT

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LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

La Commission européenne se réjouit de la loi El Khomri, Gattaz aussiLe commissaire en charge de l’euro et du dialogue social se félicite de la loi travail en France, qui répond directement à l’ana-lyse de Bruxelles sur les rigidités de l’économie française.

De passage à Paris, jeudi 31 mars, pour participer à une rencontre de l’OCDE, déjeuner avec Emmanuel Macron et dîner avec Michel Sapin, le vice-pré-sident de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a eu du mal à ho-norer ses engagements dans les temps. La faute aux grèves des transports et autres manifestations contre la réforme du travail de la loi El Khomri.

Un sujet qui lui tient justement à cœur, alors que la France est toujours sous le coup d’une procédure pour déficit excessif. La loi El Khomri « est une initiative qui est destinée à répondre aux rigidités du marché du travail et qui devrait relancer l’emploi » s’est réjoui le commissaire face à quelques journalistes. Le commissaire letton qui partage la responsabilité des affaires économiques avec le Français Pierre Moscovici, est connu pour ses posi-tions libérales.

Lors des remarques transmises à la France, début mars, sur l’économie française, la Commission européenne a consacré une dizaine de pages de son pensum annuel au marché du travail, qui représente selon elle le principal problème de l’économie française.

En ce jour de manifestation, le com-missaire s’est toutefois montré ma-gnanime. « Nous surveillons avec attention le débat politique, et nous comprenons qu’il faille trouver le bon équilibre pour ce texte » a indiqué le commissaire, faisant référence à des mesures déjà retirées du projet de loi concernant notamment les négocia-

tions syndicales.

Mais il est clair que la loi est une ré-ponse aux demandes de Bruxelles, dans la droite ligne de son analyse de l’économie française. Le manque de création d’emploi et la faible crois-sance sont, selon les experts de l’exé-cutif européen, liés aux rigidités struc-turelles de l’économie de l’Hexagone, et notamment aux difficultés de licen-cier des salariés, et non pas à d’autres facteurs comme un manque d’investis-sement ou l’évolution vers une écono-mie de service peu créatrice d’emplois.

« Il y a 10 % de chômage depuis trop longtemps en France, il est donc im-portant de s’engager dans des réformes rapidement » a indiqué le commis-saire, en soulignant la croissance de 1,3 % seulement attendue pour 2016 en France, un niveau nettement infé-rieur à la fois à celui de la zone euro et celui de l’Europe à 28, qui frôleront dans les deux cas les 2 % de progres-sion de leur activité économique.

Cette analyse n’est pas partagée par tous ; à gauche notamment, l’écono-miste Thomas Piketty rappelle dans son blog que le chômage en France était inférieur à 7% avant la crise fi-nancière de 2008, et que la mauvaise gestion de la crise et le manque de po-litique de relance sont les principales causes du chômage.

Une réduction du déficit plus conjoncturel que structurelLe commissaire a aussi insisté sur la réduction du déficit en cours, saluant des chiffres meilleurs que prévu : la France semble prête à respecter son objectif de déficit pour 2016, soit 3,4 % du PIB.

Ce qui serait une première depuis de longues années.

Cette relative modération du déficit

est toutefois « plus lié à des critères conjoncturels que structurels » regrette le commissaire letton, qui s’inquiète par ailleurs d’autres mesures qui vont en sens inverse de la réduction du défi-cit. La faiblesse des taux d’intérêt a en effet réduit les charges de la dette, mais d’autres éléments viendront grever l’équilibre budgétaire, comme le fait que l’État ait renoncé à toucher le divi-dende d’EDF en cash pour se conten-ter d’actions, ou encore la hausse des salaires des fonctionnaires annoncée pour juillet prochain. Deux éléments qui alourdiront mathématiquement les frais de fonctionnement de l’État.

Des circonstances exceptionnelles après les attentatsReconnaissant l’impact négatif sur l’activité économique des attentats subis par la France en novembre der-nier puis par la Belgique, l’élu letton a rappelé que le Pacte de stabilité pré-voyait une certaine souplesse en cas de circonstances exceptionnelles, dont les attentats faisaient bien sûr partie selon lui, au même titre que la crise des réfu-giés qui a déjà été prise en compte dans l’évaluation des budgets 2015 et 2016. Les coûts supplémentaires induits par l’accueil des réfugiés ne sont donc pas comptabilisés dans le calcul des ratios. Les principales dépenses ont néan-moins été faites par l’Allemagne, qui n’a aucun problème de dette publique.

Source : Euractiv.fr Aline Robert – 2 avril 2016

M. El Khomri et P. Gattaz

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Salariés à prix cassé :le grand scandale

Avec la Directive « détachement des travailleurs », l’Europe a inventé la délocalisation près de chez soi. Un travailleur détaché, c’est un Euro-péen qui vient exercer son métier en France.

Les conditions ? Le patron doit lui payer un salaire français et prévoir de quoi le nourrir et le loger. L’avan-tage ? Les cotisations sociales sont payées dans le pays d’origine.

En France, c’est 38 % en moyenne de cotisations patronales, alors qu’en Roumanie, c’est 27 %, au Portugal 23 %, et en Pologne tout juste 18 %...

Ce « dumping social » est une au-baine totalement légale pour les em-ployeurs.

Aujourd’hui, on compte officielle-ment 230.000 travailleurs détachés en France, 30 fois plus qu’il y a quinze ans.

Et certains patrons n’hésitent pas à frauder ce système déjà avantageux : ils imposent des salaires au rabais et des horaires de forçat à cette main-d’œuvre docile, qui n’est parfois même pas déclarée. La perte sèche de cotisations pour le système de protec-tion sociale est estimée à 400 millions d’euros par an.

UN MECCANO À ÉCHELLE EUROPÉENNE

A Dunkerque, sur le chantier d’un ter-minal méthanier piloté par EDF, des ouvriers roumains triment jusqu’à 55 heures par semaine, pour moins que le Smic. Certains mois, ils ne sont même pas payés…

Des entreprises pourvoyeuses de main-d’œuvre se sont fait une spécia-lité de ce « détachement frauduleux ». La championne européenne toutes ca-

tégories s’appelle Atlanco, une entre-prise irlandaise d’intérim qui fournit des travailleurs low cost à toute l’Eu-rope, notamment dans l’agroalimen-taire ou le BTP.

Parmi ses clients, on retrouve des mastodontes comme Bouygues. L’en-treprise irlandaise a fait signer des contrats de travail chypriotes écrits en grec à des ouvriers polonais pour tra-vailler en France…

Un jeu de Meccano social dans lequel des milliers de salariés ont été bernés et des millions d’euros de cotisations sociales sont partis en fumée.

FRAUDE SOCIALE ET TRAVAIL DISSIMULÉ

Le chantier de l’EPR de Flamanville, le plus grand chantier français de Bouygues, est un exemple embléma-tique de cette fraude à grande échelle.

Une partie des salariés fournis par Atlanco n’étaient pas déclarés. Le préjudice s’élève à de plus de 2,5 mil-lions d’euros pour l’Urssaf. Autant de moins pour les retraites, les allocs, la sécu ou le chômage…

Condamné en première instance pour «travail dissimulé», le groupe Bou-ygues a écopé d’une amende de… 25.000 euros. Un montant 100 fois moins important que les cotisations non versées ! En France, l’ardoise d’Atlanco s’élève à 23 millions d’eu-ros en cotisations et impôts impayés.

LES FORÇATS DE LA ROUTE

Avec l’ouverture du marché euro-péen, une entreprise française peut sous-traiter le transport d’une cargai-son allemande à une firme italienne avec un camion belge conduit par un chauffeur polonais…

Dans cet imbroglio de nationalités et de réglementations, les contrôles sont peu efficaces et les chauffeurs euro-péens sont devenus des forçats de la route.

Des « esclaves modernes », selon ce chauffeur roumain « détaché » en France qui touche un salaire de 237 euros brut par mois, vit dans son camion et passe ses week-ends sur le parking de son entreprise, faute de pouvoir rentrer chez lui.

Son employeur ? Geodis, une entre-prise française filiale de la SNCF…

Le grand scandale des salariés à prix cassé touche aussi les fleurons du sec-teur public.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

La vérité sur les modèles Valls

Dans le débat actuel sur le projet de loi Travail, l’Italie et l’Espagne ont, va-leur d’exemple. Ces pays ont fait les « réformes nécessaires » ? Les faits :

A/Qu’en est-il de l’Italie ?

Le « Jobs Act » de Matteo Renzi entré en vigueur voici un an, est une réforme assez originale : elle créé un CDI nou-veau à « protection croissante » avec une période d’essai de trois ans. Pour rompre ce CDI, l’employeur italien n’a pas réellement besoin d’une jus-tification. La réforme a supprimé la possibilité de réintégration des salariés licenciés abusivement, sauf dans le cas de discrimination. Mais c’est à la per-sonne licenciée d’apporter la « preuve matérielle » de cette discrimination.En Italie, le nombre de chômeurs a atteint son point bas en juin 2007. Il n’y avait alors que 1,456 million de demandeurs d’emploi dans la Pénin-sule. Ce nombre est de 3,255 mil-lions en janvier 2014, soit une hausse de 1,8 million. Aujourd’hui, l’Italie compte 2,951 millions de demandeurs d’emploi. La baisse en deux ans est de 304 000. En deux ans, on a donc com-blé un sixième des destructions d’em-plois des six années précédentes. C’est un rythme qui n’a rien d’exceptionnel :

s’il se poursuit, on reviendra au niveau de 2007 en… 2020.Si l’Italie réduit donc l’écart avec la France, il faut rappeler que, malgré tout, le taux de chômage français reste inférieur d’un point et demi au taux italien.Le nouveau CDI n’a pas favorisé la « stabilité » de l’emploi puisqu’il « institutionnalise la précarité ». La « qualité » de la reprise de l’emploi italien est donc bien moins rayonnante que ce qu’en dit Matteo Renzi.Le principal moteur de la croissance de l’emploi transalpin est avant tout la subvention accordée aux nouveaux CDI : jusqu’à 8 060 euros par contrat et par an pendant trois ans. Ce « cadeau » permet de réduire l’envie pour l’em-ployeur d’utiliser la période d’essai de trois ans. La facture pour le budget italien a été de 12 milliards d’euros. Cette aide va diminuer chaque année, mais elle a permis en 2015, où elle jouait à plein, de créer de nombreux emplois. Une étude de la Banque d’Ita-lie a, du reste, montré, récemment, que ces subventions étaient la première raison de la baisse du chômage en Ita-lie, bien davantage que les réformes du Jobs Act. Une chose est certaine : il est impossible de déterminer com-

ment le marché du travail italien au-rait réagi sans ces aides sonnantes et trébuchantes. Et donc réellement son impact « structurel ».En clair, ce n’est pas la réforme du Code du travail qui a permis en Italie de créer des emplois, mais surtout les subventions. L’exemple italien mis en avant en France par les partisans de la réforme El Khomri n’est donc pas per-tinent.

B/Le modèle espagnol est doré-navant le modèle à la mode

Le bilan de Mariano Rajoy reste peu convaincant. Il oublie de dire que le nombre d’emplois est inférieur de 58 800 au dernier trimestre 2015 par rapport au dernier trimestre 2011, mo-ment où Mariano Rajoy a pris le pou-voir. Autrement dit, pendant ces quatre longues années, l’Espagne n’a pas créé d’emplois supplémentaires, ce qui ne saurait en faire un quelconque modèle.Le taux de chômage espagnol est le 2e plus élevé de l’Union européenne après la Grèce. Le pays compte 4,779 millions de chômeurs.L’Espagne est ancrée dans le chômage de masse depuis plus de sept ans (les 15 % ont été dépassés fin 2008).Entre 2013 et 2015, le nombre de chômeurs a reculé de 1,498 million. Mais parallèlement, le nombre d’em-plois n’a augmenté que de 1,064 mil-lion. Près de 434 000 chômeurs ont donc « disparu » des statistiques, soit près de 29 % de baisse au cours de ces presque trois ans. Où sont-ils pas-sés ? Beaucoup ont rejoint le nombre des inactifs, les jeunes ont poursuivi leurs études (les actifs de 20 à 29 ans sont 1,8 million de moins qu’il y a dix ans), d’autres ont quitté le pays, que ce soit des étrangers découragés par le manque d’emplois ou des Es-pagnols cherchant fortune ailleurs (en 2014, 41 000 Espagnols ont émigré en Allemagne). C’est un point essentiel du « miracle espagnol de l’emploi » : la baisse de la population active, mé-

Manifestation à Naples

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

caniquement, amplifie le mouvement de baisse du taux de chômage. Sur la seule année 2015, la population active a reculé de 148 100 personnes, expli-quant un cinquième de la baisse du nombre de chômeurs.Les créations d’emplois en Espagne sont sans surprise, il s’agit dans leur grande majorité d’emplois précaires. Sur les 525 100 emplois créés en 2015, seuls 170 600 sont des emplois à durée indéterminée classiques. L’essentiel des créations d’emploi (335 100 soit 63,82 % du total) s’est effectué sur la

base de contrats temporaires à temps plein, tandis que 24 800 créés ont été des emplois à temps partiel.Les emplois précaires explosent et, en cas de retournement de conjoncture, menacent de faire repartir le chômage à la hausse. Bref, les réformes espa-gnoles n’ont nullement été « structu-relles », elles n’ont, en réalité, qu’am-plifier un problème déjà existant en tentant d’abaisser le coût du licencie-ment. Derrière le rideau de la réussite se cache donc une fragilité. En 2014, l’Espagne, malgré la reprise de l’em-

ploi, était le deuxième pays de l’UE, derrière la Roumanie, et le premier de la zone euro, devant la Grèce, concer-nant la proportion de ménages soumis au risque de pauvreté, avec un taux de 22,2 % (13,1 % en France, 17,2 % dans l’UE).Fragilité car si les Espagnols re-trouvent des emplois, ses emplois sont non seulement largement précaires, mais aussi plus faiblement rémunérés.Le « miracle » espagnol amène de graves difficultés sociales et écono-miques.

Ile-de-France : Les inégalités s'aggravent

L’Ile-de-France est l’une des régions les plus riches de l’Hexagone, c’est aussi la plus inégalitaire, s’alarme le Secours catholique dans un rapport du 11 avril.

Un PIB avoisinant les 31 % de la ri-chesse nationale, l’Ile-de-France est, l’une des régions les plus dynamiques de France. Le Secours catholique s'alarme de l'aggravation de la frac-ture territoriale en Ile-de-France où la proportion des ménages pauvres a aug-menté deux fois plus vite entre 2004 et 2012 qu'en France métropolitaine. Dans cette région qui regroupe huit départements, 15% des 12 millions d'habitants (1,8 million) disposent de moins de 990 euros par mois par unité de consommation et la moitié d'entre eux de moins de 750 euros, note l'étude qui se base sur les actions de terrain des bénévoles, les chiffres de

l’Insee et de l’ARS (Agence régionale de santé) et des indicateurs de pauvreté (logement, santé, éducation).

Et la Seine-Saint-Denis est de loin la plus affectée par la pauvreté. Sur les 273 communes de plus de 11.000 ha-bitants que compte l'Ile-de-France, 22 des 36 communes de ce département font partie des 50 communes les plus pauvres de la région."En Seine-Saint-Denis, les communes les plus pauvres régressent, alors que le département est lui-même en décrochage par rapport à la moyenne régionale. La fracture est donc en train de s’élargir. Tous les indicateurs sont au rouge: chômage, grande pauvreté, échec scolaire… Les pouvoirs publics et le monde associatif prennent des mesures, et pourtant, la dégradation se poursuit. Les pauvretés se concentrent de plus en plus dans les mêmes lieux, le nombre des personnes concernées s’accroît et la pauvreté s’in-tensifie", s'alarme Hervé du Souich, président de la délégation du secours catholique des Yvelines et co-auteur de l'étude. C'est également en Seine-Saint-Denis que se concentrent le plus

de centres d'hébergement d'urgence. Et "les logements sociaux actuelle-ment construits ne sont pas adaptés au profil des demandeurs", déplore le Se-cours catholique, regrettant le manque de logements dits "très sociaux" acces-sibles aux revenus les plus modestes.

L'organisation souhaite donc rencon-trer la présidente de la région Valé-rie Pécresse (Les Républicains) pour discuter d'un "changement radical de la politique d'aménagement" avec un "plan de construction de logements réellement accessibles aux personnes les plus pauvres", surtout dans les com-munes les plus favorisées. Le but étant de" rééquilibrer les territoires". "Ce rééquilibrage doit être fait de façon diffuse, y compris dans les communes aisées et là où le foncier est cher et au sein même de chaque commune, afin de favoriser la mixité sociale et le vivre ensemble. Il faut cesser de constituer des îlots de pauvreté, qui conduisent à ce qu’une frange de la société regarde l’autre vivre sans elle", déclare Hervé du Souich.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

Au-delà de la loi El Khomri qui a réussi le tour de force à fédérer les or-ganisations syndicales de jeunesse et des salariés contre elle, des centaines de grèves, d’actions de toutes formes, ont lieu depuis le début de l’année Il n’est pas un jour qui n’amène son lot d’actions. Ces mouvements sont tous issus, tous du ras-le-bol de la politique méprisante de Hollande Valls au ser-vice des patrons qui amène misère, austérité pour le plus grand nombre. La coupe est pleine et déborde de la morgue patronale, avec ses restrictions salariales, ses menaces sur l’emploi, le chantage incessant que le grand patro-nat fait peser sur les salariés. Plus rien, au-delà de l’intervention ferme et forte des salariés ne semble pouvoir arrêter les prétentions de la grande bourgeoi-sie.

Ces patrons soutenus de toutes ses forces par le gouvernement social-li-béral Valls-Hollande se sent tous les droits, tous les pouvoirs. Cette volonté de casse des droits des travailleurs, de précarisation à outrance de l’emploi, en particulier vers la jeunesse, de mise en cause du pouvoir d’achat jusqu’à ce qu’il devienne pratiquement concur-rentiel des salaires des pays en voie de développement, de mise en cause des indemnités des chômeurs, des pen-sions des retraites. Tout cela n’est pos-sible que de la volonté de dirigeants

socialistes de droite au pouvoir.

Evidemment, ceux-ci diront et disent qu’ils ne font qu’appliquer les direc-tives de commission européenne.

Après avoir mis à l’écart la souverai-neté nationale, Sarkozy, Hollande, Valls en appliquent toutes les déci-sions. Casse du service public, mise en cause de l’existence même de la pratique démocratique dans notre pays avec l’utilisation du 49-3. Instauration de l’état d’urgence, tentative de mise au pas de tout ce qui peut entraver les décisions du capital, les salariés de Goodyear, d’Air France, les jeunes at-taqués par la police en savent quelque chose.

C’est de tout cela qu’il y en a ras le bol et tous jours, les luttes se déve-loppent. Des salariés, des transports, trains, métros, bus en PACA du 8 au 10 avril, à Narbonne le 7 avril, SNCF à Toulouse, le 8 avril, à la SNCF et à la RATP le 9 mars. Chez Air France à Tahiti le 14 mars. Aussi chez Canalsat Antilles-Guyane le 2 mars, encore à la CAF des Bouches-du-Rhône dès le 29 février, grève encore à Pole Emploi en Aquitaine-Limousin-Poitou-Cha-rentes le 10 mars dans le social et le média-social le 15 mars. Grève aussi du nettoyage au Louvre depuis le 16 mars, les éboueurs en lutte aussi à Sainte-Geneviève-des-Bois, le

18 mars ceux de St Quentin du 6 au 8 avril, dans le BTP à La Réunion, le 6 avril.

Le Conservatoire de Caen aussi en grève le 30 mars où l’APHP, l’Hôpital de la Miséricorde à Ajaccio. Chez Vé-ritas encore à Chatenay-Malabry ou le Centre Hospitalier Spécialisé du Gers et encore dans les cantines à Montpel-lier ou à Neuilly sur Seine, à Vallourec dans le Nord, encore St Gobain PAM et jusqu’à Mc Donald’s de Disney, etc.

Nous pourrions citer encore des cen-taines d’actions depuis le début de l’année, sans parler de la mobilisation énorme contre la loi El-Khomri.

Ras le bol du mépris, des mensonges, d’être considérés comme des moins que rien, juste bon à fabriquer du profit pour les seuls patrons. Ras le bol des Macron menteurs, des Valls arrogants, des Hollande agenouillés devant la commission européenne, de Sarkozy qui n’en finit pas avec la justice, des Le Pen racistes et fascistes.

De tout cela, le peuple en a ras le bol et il le dit, il se bat et nous avec. C’est avec la lutte, diverse, rassembleuse, moderne, que nous arrêterons le bras des casseurs, de ceux qui s’en mettent plein les poches et qui sont prêts à tout brader, notre pays aussi bien que notre avenir. Nous valons mieux que ça.

Hervé Corzani

« Nous valons mieux que ça »

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 9

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Europe de l’Est

Washington pousse au surarmementLa Maison-Blanche va investir 3 milliards d’euros dans une initiative intitulée « réassurance européenne ». Un programme militaire digne de la guerre froide et dangereux pour la paix sur le vieux continent.

« Les États-Unis et l’Otan se réen-gagent-ils à l’Est de l’Europe ? S’in-terrogeait le Figaro dans une récente édition.

La réponse est dans la question au regard des décisions annoncées à l’occasion de la dernière réunion des ministres de la défense à Bruxelles à la mi-février. À cette occasion, les 28 pays membres de l’Otan ont adopté de nouvelles dispositions pour « dissua-der » la Russie de toute initiative mili-taire dans les pays baltes et en Europe de l’Est. Conséquences de l’annexion de la Crimée par la Russie il y a près de deux ans, et des tensions dans l’est de l’Ukraine l’Otan va renforcer sa présence militaire dans cette région et dans les pays baltes : « une présence avancée dans l’Est de l’Alliance » atlantique, selon le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. Le top départ de cette opération stratégique a été donné par Obama lui-même dans un discours prononcé en 2014 à Riga « Vous avez déjà perdu votre indépen-dance une fois, avec l’Otan vous ne la perdrez plus jamais » avait-il affirmé, promettant de « protéger » les pays baltes…

En cas d’attaque éventuelle, l’objectif est de déployer rapidement des forces terrestres, aériennes et navales dans les régions menacées. Selon un principe de rotation, il s’agit aussi de pré-posi-tionner des forces dans les États baltes et en Pologne, d’y installer des entre-pôts et d’organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s’appuyant sur la force de réaction rapide. Les mi-nistres de la Défense ont aussi convenu de porter les effectifs de cette force de 13 000 à 40 000 hommes et de créer une force d’intervention encore plus

réactive, opérationnelle en quelques jours, forte de 5 000 hommes et dotée d’un appui aérien et naval.

L’an dernier, à l’occasion du Sommet de l’Otan, il avait déjà été décidé de renforcer la présence du bras armé de Washington en Europe pour rassurer les pays alliés d’Europe de l’Est, avec l’ouverture de centres logistiques, l’installation de matériel, l’envoi d’avions de chasse dans les pays baltes ou le déploiement de navires en mer Baltique et en mer Noire.

« Notre dissuasion est basée sur une combinaison de cette présence avan-cée, et de notre capacité à renforcer rapidement, si besoin » les troupes déjà déployées à l’Est, a souligné Jens Stoltenberg, alors que Moscou met régulièrement en garde contre le « sta-tionnement permanent » de forces de combat alliées à sa frontière contraire à l’Acte fondateur Otan-Russie, signé en 1997.

Washington va investir 3 milliards d’euros

À terme, l’Otan aura un millier de sol-dats dans chacun des six pays qu’elle entend protéger : Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Rou-manie. Ces troupes seront appuyées par la force de réaction rapide interar-mées qui réunit aviateurs, marins et membres des forces spéciales. Lors de son prochain Sommet en juillet à Var-sovie, l’Otan précisera les détails de ce déploiement.

Dans ce cadre, les États-Unis vont en profiter pour muscler leur pré-sence militaire en Europe. Washing-ton consacrera en 2017 un budget de 3,4 milliards de dollars (3 milliards

d’euros) à cette « initiative de réassu-rance européenne ».

« Cela ne ressemblera pas à ce qui se passait au temps de la guerre froide mais constituera quand même une sérieuse dissuasion », a commenté le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, qui a souligné « la né-cessité pour tous les États membres de l’Otan de contribuer à ce finan-cement ». A l’approche du Sommet Varsovie, les États-Unis encouragent

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10 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

les autres pays de l’Alliance à suivre leur exemple. En matière de dépenses militaires l’Institut international de re-cherche sur la paix de Stockholm (Spi-rit), dans son dernier rapport, annonce un « rebond » de l’Europe : après une

baisse continue, les dépenses de dé-fense ont augmenté de 1,5 % en 2014. Cette progression est surtout due aux pays de l’Est, notamment la Pologne et les pays Baltes. Le secrétaire géné-ral de l’Otan s’en est félicité : « C’est

la première année qu’on observe un arrêt dans les coupes des budgets mili-taires. Ce n’est que le commencement. La baisse est finie. » Pas de quoi être rassuré !

J.-P. Delahaye

Israël Netanyahu bétonneLa colonisation se poursuit à marche forcée sous l’œil impassible de la communauté internationale. Aux États-Unis les prétendants à la fonction suprême soutiennent Tel-Aviv à l’exception de Bernie Sanders.

Israël vient d’approuver la construction de plus de 200 nouveaux logements dans des colonies de Cisjordanie oc-cupée. L’ONG la « Paix Maintenant » dénonce un contexte de relance de ces constructions après une forte diminu-tion en 2015. En dépit des dénégations de Netanyahu ces informations ont été confirmées dans les quotidiens israé-liens Haaretz et Maariv. Selon la presse et la porte-parole de la Paix Mainte-nant, Hait Oran, les nouveaux loge-ments sont prévus dans les colonies de Har Brakha (54) et Revava (17), des colonies isolées du nord de la Cisjorda-nie, de Ganeii Modiin (48), Tekoa (34) et de Givat Ze’ev (76), dans la région

de Jérusalem.

Ces projets « vont permettre à envi-ron un millier de personnes supplé-mentaires de s’installer dans les colo-nies(…) Cette politique tue une solution à deux Etats », a affirmé Hagit Ofran.

Selon l’ONG les constructions à marche forcée en Cisjordanie ont plus que tri-plé durant le premier trimestre de cette année par rapport à la même période de 2015. Entre janvier et mars, les plans de 674 logements ont passé une des étapes nécessaires avant leur mise en chantier contre 194 au premier trimestre de l’an dernier. Les nouveaux plans portent le total depuis début 2016 à au moins 903 nouveaux logements

Rappelons que la communauté inter-nationale considère comme illégale, au regard du droit, la colonisation, c’est-à-dire la construction d’habitations civiles israéliennes sur les territoires occupés ou annexés depuis 1967. Ce qui n’a jamais empêché Netanyahu de poursuivre sa politique, de bafouer les institutions internationales, l’Union Européenne, les USA dont il faut bien dire qu’elles n’ont jamais fait preuve d’une grande fermeté à l’encontre de Tel-Aviv…

Le fidèle allié américainDepuis trop longtemps, Washington to-lère la politique de la droite israélienne. En dépit de l’inimitié réelle entre le lo-cataire de la Maison Blanche et le pa-tron de la droite israélienne, allié des extrémistes religieux, le soutien des États-Unis n’a jamais failli tant en ma-tière d’armement que sur la scène inter-nationale, dans les votes à l’ONU etc. Il est clair pour de nombreux observateurs que l’idée d’une solution à deux États a été abandonnée par la diplomatie amé-ricaine. Triste bilan pour un président, prix Nobel de la paix, qui n’a fait que renforcer la coopération militaire entre les deux États sans avoir fait progresser la paix !

Faut-il attendre des changements de l’après Obama ? Les discours des diffé-rents prétendants à la Maison-Blanche ne sont guère rassurants. Fin mars, de-vant la conférence annuelle du lobby

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 11

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

israélien américain – l’American Israël Political Affairs Committee (Aipac) –, la plupart des candidats au scrutin pré-sidentiel de novembre se sont interdits de critiquer la politique de Netanyahu. « Il ne faut plus rien imposer à Israël » tel a été le leitmotiv…

Côté Républicain, selon le quotidien « Le Monde », « les candidats républi-cains ont collé à la ligne de la majorité au pouvoir à Jérusalem. Ils ont été au-delà de la réaffirmation de l’alliance stratégique et affective entre Israël et

les États-Unis. Ni Ted Cruz ni Donald Trump n’ont dénoncé la poursuite de la colonisation. Ils ont stigmatisé la « rhétorique de haine » entendue chez les Palestiniens. Plus pro-Netanyahou que « Bibi », ils ont juré qu’ils auraient pour priorité, une fois à la Maison Blanche, de démanteler l’accord sur le nucléaire iranien conclu par l’adminis-tration démocrate (…) ».

Hillary Clinton ne s’est guère distin-guée de ses concurrents républicains sur la question palestinienne. Elle ne

s’est engagée sur aucun programme, en cas d’élection, estimant que pour ré-soudre le problème il fallait que « cha-cun fasse un bout de chemin en évitant des actions dommageables, y compris en ce qui concerne les implantations ».

Bernie Sanders, le seul des candidats à être juif, ne s’est pas rendu à la confé-rence de l’Aipac. Il a dit que sa pro-fonde amitié pour Israël lui imposait de condamner radicalement la politique de Netanyahou en Cisjordanie.

J.-P. Delahaye

« Ils ont frappé des marchés, des hô-pitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des réceptions de mariage et des centaines de résidences privés dans des villages, des villes, y compris dans la capitale, Sanaa. Malgré de nom-breuses démarches internationales, ces terribles incidents continuent de se produire avec une régularité inaccep-table », c’est le constat du Haut-com-missaire de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hus-sein, en poste au Yemen. Après les raids aériens lancée par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite sur un marché au nord du pays le 15 mars dernier et qui a fait 116 morts, dont 106 civils, parmi lesquels 24 en-fants il a enfoncé le clou « Il semble-rait que la coalition soit responsable de deux fois plus de victimes civiles que toutes les autres forces réunies », a-t-il dénoncé… mais qui l’entend ?Pour briser le mur du silence six ONG ont lancé à Paris un « cri d’alarme » pour une « crise humanitaire oubliée » au Yémen, où une guerre fait rage. « C’est dans l’indifférence générale que le Yémen s’enfonce dans le chaos », pestent Médecins du monde, Handicap International, Première urgence inter-

nationale, Acted, Action contre la fin, et Care, dans un texte commun. Morts par milliers, infrastructures détruites, malnutrition, mines antipersonnel, am-putations c’est le constat qu’ils font chaque jour.« Les bombardements aériens et les combats ont considérablement aggravé la situation humanitaire des popula-tions de ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique », regrettent ces six organisations non gouvernementales actives au Yémen.Quelque 36 000 victimes ont été recen-sées depuis qu’une coalition conduite par l’Arabie Saoudite a lancé le 26 mars 2015, en appui au gouvernement yémé-nite, une campagne militaire contre les rebelles chiites Houthis. Avec leurs al-liés, ils s’étaient emparés de larges pans du territoire, dont la capitale Sanaa. De-puis le Yémen est devenu l’otage d’un affrontement entre les deux puissances régionales, l’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite.

6 200 mortsLes combats ont depuis lors fait « 6 200 morts, dont la moitié de civils », Quinze millions de personnes se retrouvent

avec des « besoins humanitaires impor-tants ». Parmi eux figurent 2,5 millions de déplacés internes et 250 000 Yémé-nites réfugiés à Djibouti et en Somalie, énumère Jean-François Corty, le direc-teur des opérations internationales pour Médecins du monde.« La situation se détériore un peu plus chaque jour pour les civils », alors que 10 à 15 % des structures médicales ont été détruites ces der-niers mois, regrette-t-il. « De nom-breuses pathologies en lien avec la grande précarité » prolifèrent, dont la fièvre typhoïde et de malnutri-tion, observe le Médecin du monde.

YémenLa guerre « oubliée »Six ONG dénoncent une « crise humanitaire oubliée » au Yémen. Paris finance les armes, l’Arabie Saoudite bombarde

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LE CAHIER MÉMOIRE

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LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

Or le Yémen, pays sans « intérêt stra-tégique », fait face à un « finance-ment inconséquent » de la commu-nauté internationale, dénonce Hasan el Sayed, le directeur des opérations de Première urgence internationale. « On est très loin de ce qu’on de-vrait mettre en œuvre au vu de l’am-pleur des besoins », remarque-t-il.Les six ONG appellent à « un cessez-le-feu immédiat » qui « faciliterait le déploiement de l’aide » et « permettrait de répondre à l’immensité des besoins humanitaires ». Pas sûr que cela fasse

les affaires de tout le monde et sure-ment pas de la France. Les humani-taires unanimes reprochent en effet à Paris d’avoir choisi le camp de l’Ara-bie Saoudite et de fermer les yeux sur la catastrophe humanitaire. Elles ac-cusent le gouvernement de privilégier ses contrats d’armements plutôt que le sort des populations au Yémen. Selon le quotidien l’Humanité« En 2015, 75 % des autorisations poli-tiques d’exportation françaises étaient en direction de l’Arabie Saoudite, tan-dis que la France signait pour 16 mil-

liards d’euros de contrats de ventes d’armes. Déjà, entre 2009 e 2013, plus de 25 % des exportations d’armes fran-çaises étaient vendues au régime wah-habite ».On comprend mieux le silence assour-dissant des autorités française jusqu’ au plus haut niveau de l’État. « Nous avons une relation stratégique avec l’Arabie saoudite, il faut l’assumer ! » a assuré sans complexe, Manuel Valls, le chef du gouvernement.

J.-P. Delahaye

TurquieInterdire, punir, taire toutes les critiques…Erdogan s’acharne contre les démocrates. Mi-février il a « relancé » la traque contre ceux qu'il considère comme des complices du terrorisme, élus, journalistes ou intellectuels…

Devant des élus locaux, Erdogan, le sul-tan d’Istanbul, a pressé le Parlement, où son parti dispose de la majorité absolue, de lever « rapidement » l’immunité de cinq députés du Parti démocratique des peuples (HDP, pro kurde) poursuivis pour “propagande” en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Une nouvelle fois, il a plaidé pour l’extension de la notion de « crime ter-roriste » à ceux qui soutiennent leur cause, alors que plusieurs universitaires et avocats pro kurdes ont déjà été arrê-tés pour ce motif…

Mis en difficulté par ceux qui lui re-prochent de ne pas avoir empêché l’attentat d’Ankara, il a annoncé un durcissement de la répression de la “propagande terroriste”, un délit puni de 5 ans de prison dont il veut faire un crime.L’homme fort du pays considère le HDP, troisième force politique du pays depuis les législatives de novembre, comme la vitrine du PKK, ce que le HDP dément. « Excusez-moi, mais je ne considère plus comme des acteurs politiques légitimes les membres d’un parti qui fonctionne comme une filiale de l’organisation terroriste (le Parti des travailleurs du Kurdistan, inter-dit) », a-t-il déclaré.Non content de s’en prendre aux élus, Erdogan pourfend sans distinction tous les militants de la cause kurde, tous les démocrates, tous ceux qui s’op-posent à lui. « Les terroristes ne sont pas seulement ceux qui brandissent des armes mais aussi ceux qui ont des sty-los dans la main », a-t-il affirmé avec la souplesse et le discernement qu’on

lui connaît… s’engageant dans une répression aveugle. Pour exemple : In-carcération, jusqu’à leur procès de trois universitaires stambouliotes, signa-taires en janvier d’une « pétition pour la paix » dénonçant des "massacres" de civils lors des opérations menées par les forces de sécurité contre le PKK. Garde à vue pour un professeur britannique de l’université Bilgi d’Istanbul, Chris Ste-phenson, pour avoir distribué des tracts du HDP, avec risque d’expulsion selon les médias turcs. Mise sous tutelle du quotidien d’opposition, Zaman… après en novembre 2015, l’incarcération de deux journalistes du quotidien d’oppo-sition Cumhuriyet pour un article accu-sant Ankara d’avoir livré des armes aux rebelles islamistes syriens. Arrestations d’avocats… Erdogan cogne tous azi-muts.L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé une « campagne malveil-lante » pour “interdire, punir et faire taire toutes les critiques en Turquie”.

J.-P. Delahaye

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LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Conséquences humaines, politiques et économiques de la guerre 14/18

N° 823AVRIL 2016

ÉDITOPar Paul Markidès

L’ampleur de la guerre 1914-1918, qui provoqua la disparition de plus de 8 millions d’hommes sans compter les décès de civils, provoqués par les opérations militaires et les victimes de la disette et des épidémies, ne pouvait pas être sans conséquences.Des millions de familles, de femmes, d’enfants, de personnes âgées ont vécu des drames et ont poursuivi leurs vies dans la douleur.Des destructions d’habitations par mil-liers, des millions d’hectares de terre hors d’état d’être cultivés, des chemins de fer, des routes, des ponts, des voies d’eau et des usines en grande partie détruits ont rendu la vie courante très difficile pour les populations.Mais s’il a fallu beaucoup d’efforts à l’ensemble des peuples concernés pour remettre en état de marche la vie cou-rante et la production, et tout cela pour satisfaire dans la volonté de conquête

des puissances impérialistes, d’autres ont su profiter du conflit, tels le Japon et les Etats-Unis.Comme l’a écrit Henri Barbusse : « Deux armées aux prises, c’est une

grande armée qui se suicide ». Et, précisons-le, ce sont des peuples qui meurent pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

L’Europe sort de la guerre ma-tériellement sinistrée. Ses pertes en vies humaines, la destruction d’une partie de son infrastructure économique, le déséquilibre de ses finances et de son commerce extérieur ont accentué, dans des proportions considérables, un déclin déjà amorcé à l’aube du siècle. Ce « déclin de l’Eu-rope », si les habitants du vieux continent en prennent conscience (c’est le titre d’un livre du géo-graphe A. Demangeon paru en 1920, tandis que le philosophe allemand Spengler intitule le plus célèbre de ses ouvrages le Déclin de l’Occident), il leur est d’autant plus difficile de l’enrayer que leurs divisions et leurs problèmes politiques ont généralement été aggravés par la guerre. Il en ré-sulte une profonde crise morale et une remise en question fonda-mentale des valeurs jusqu’alors les moins contestées de la civili-sation occidentale.I. Le bilan matériel

A. Les pertes humaines.

a) Les pertes militaires ont été considérables : plus de 8 millions de morts au total (sans compter ceux de la guerre civile et de la guerre d’intervention en Russie). Elles se répartissent de la façon suivante : France : 1.300.000 tués ou disparus, soit plus de 10 % de la population active masculine ; il faut y ajouter les 100.000 décès prématurés de gazés et de grands blessés, les 3 millions de blessés, les 1.100.000 invalides de guerre

(dont 130.000 mutilés). Alle-magne : 1.827.000 tués, soit 12 % des actifs mâles et 2,72 % de la population totale, 5 millions de blessés et mutilés. Autriche-Hon-grie : 1.400.000 morts. Russie : 1.700.000 jusqu’en 1917 et sans doute 5 millions au total jusqu’en 1920-1921. Royaume-Uni : 750.000 (1 million avec l’Em-pire). Italie : 750.000. Serbie : 365.000 (le quart des mobilisés). Etats-Unis : 115.000 (chiffre très élevé si l’on songe que ce pays n’est entré en guerre qu’en avril 1917 et n’a engagé sur le front qu’un million d’hommes envi-ron).

b) A ces chiffres, il convient d’ajouter les décès de civils dus aux opérations militaires, à la disette, aux épidémies, etc. On évalue les pertes de ce type à plus de 570.000 pour la France, à près de 740.000 pour l’Allemagne.

L’épidémie de grippe dite « es-pagnole » a causé pour la seule année 1918, du fait de la lassitude et de la sous-alimentation des populations, le décès de 187.000 personnes en Allemagne, 112.000 en Grande-Bretagne, 91.000 en France, plus de 270.000 en Italie.

c) Il faut tenir compte enfin des conséquences à long terme de ces hécatombes. Aux années de guerre correspond un profond déficit de la natalité (1,5 million environ pour la France, 3 millions pour l’Alle-magne). Ces « classes creuses » (elles dessinent de larges entailles dans les pyramides d’âges) attein-dront l’âge adulte entre 1934 et 1939, au moment où s’assombrit à nouveau l’horizon international. On comprend qu’un pays comme la France, dont la population souf-frait depuis plusieurs décennies d’une inquiétante stagnation de ses effectifs, ait été particulière-ment sensible à ce problème. A quoi s’ajoutent pour elle, et pour l’Angleterre, ceux qui tiennent à l’aggravation du vieillissement démographique : alourdissement des charges pesant sur la popu-lation active et renforcement des comportements de prudence et de pessimisme qui caractérisent nombre de personnes âgées.

d) La fin de la guerre entraîna d’autre part d’importants mou-vements de migration. Près d’un million d’Allemands venus de Pologne, des Pays Baltes, d’Al-sace-Lorraine, se sont réfu-giés sur le territoire resserré de la République de Weimar. La Hongrie a de la même façon ac-cueilli 400.000 âmes, la Bulgarie 200.000. Le conflit gréco-turc provoquera l’exode de plus d’un million de Grecs d’Asie mineure. Outre les problèmes d’adaptation et de rééquilibrage que posent aux pays intéressés de tels transferts de populations, ces masses de déracinés constitueront chez les

Le bilan de la Première Guerre mondialepar P. Milza

Poilu de la Première Guerre Mondiale

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 15

DOSSIER LE RÉVEIL

de la production atteint 71 % du chiffre de 1913 pour le charbon, 66 % pour le pétrole, 97 % pour la fonte. Au total, le potentiel agricole de l’Europe a été réduit de 30 %, son potentiel industriel de 40 %.

c) Un bouleversement des cou-rants d’échanges. La guerre a détruit une part importante du commerce intra-européen, en orientant vers les nouveau monde (USA, Canada, Argentine) les achats de produits agricoles (cé-réales, viande), autrefois tour-nés vers l’Europe orientale et danubienne. En même temps, les pays fournisseurs de pro-duits manufacturés (Allemagne, Grande-Bretagne, France) per-daient une bonne partie de leurs débouchés extra-européens au profit des Etats-Unis et du Japon dont l’action s’exerce en Ex-trême-Orient, en particulier pour les textiles. D’autre part, des pays autrefois importateurs de pro-duits fabriqués européens, ont profité de la rupture des relations commerciales avec l’Europe pour s’engager dans la voie de l’indus-trialisation : c’est le cas de l’Inde où ont été créés des filatures, des tissages et des entreprises métal-lurgiques (Tata), dont les produc-tions entrent en concurrence, au lendemain du conflit, avec celles du Royaume-Uni.

d) Une grave situation financière. Les énormes dépenses des belli-gérants ont eu des effets catastro-phiques pour les monnaies euro-péennes.

L’Europe a cessé d’être le ban-quier du monde. Elle a dû rapa-trier ses capitaux ou céder, aux Etats-Unis notamment, une par-tie de son portefeuille étranger. Le Royaume-Uni par exemple a vendu pour plus de 5 milliards de dollars de placements étran-gers et ne reconstituera que très

partiellement ses avoirs exté-rieurs (45 millions de livres au cours des années 20 contre 160 en 1913). Le refus soviétique de payer les dettes du gouvernement tsariste touche particulièrement la France qui détenait plus de 9 millions de francs-or de titres russes sur un total de 12 millions. L’Allemagne pour sa part souffre de la confiscation de ses intérêts économiques en Chine et dans l’Empire ottoman.

Les belligérants européens ont contracté des dettes considé-rables : dette extérieure (surtout auprès de l’Etat et des banquiers américains) qui s’élève en 1919 à 33 milliards de francs-or pour la France, 32 pour Grande-Bre-tagne, 20 pour l’Italie ; dette in-térieure due aux emprunts émis pendant la guerre, 20 % seule-ment des dépenses étant couverts par l’impôt. La dette publique est ainsi passée en 5 ans de 33,5 à 219 milliards de francs-or en France, de 17,6 à 196,9 milliards en Angleterre, de 6 à 169 mil-liards en Allemagne. Mais ceci n’a pas suffi à combler le déficit. Les gouvernements ont dû aug-menter le volume des billets en circulation, provoquant une infla-tion d’autant plus dangereuse que le stock d’or diminuait, à la fois parce que les gouvernements eu-ropéens devaient acquitter en or leurs achats (vivres, matières pre-mières, armements), ou du moins solder de cette façon le déficit de

vaincus un point d’appui solide pour la propagande révisionniste.

B. Le déclin économique de l’Europe se caractérise :

a) L’ampleur des destructions ma-térielles qui affecte surtout les ré-gions envahies : France du Nord et de l’Est, Belgique, Italie du Nord-Est, Russie d’Europe. En France, on compte près de 300.000 mai-sons détruites, 3 millions d’hec-tares de terre cultivable hors d’état, parfois sans espoir de les récupérer car les bombardements d’artillerie ont détruit les sols et mis la roche à nu. L’infrastructure ferroviaire, les routes, les ponts et les voies d’eau sont en grande par-tie détruits, de même que de nom-breuses installations industrielles. Avant de se retirer, les Allemands ont inondé les mines du Nord et de l’Est, ce qui au lendemain im-médiat du conflit réduit de près de 60 % la production de mine-rai de fer et à presque rien celle de charbon. Non frappée sur son sol, la Grande-Bretagne a perdu une partie importante de sa flotte marchande. Partout, le matériel surmené se trouve aux extrêmes limites de l’usure.

b) Un net fléchissement de la pro-duction. En France, la récolte de blé tombe de 89 à 63 millions de quintaux. Le nombre de têtes de bétail passe de 14,7 millions à 13,3 millions pour les bovins, de 16,4 à 9,4 millions pour les mou-tons. La chute de la production in-dustrielle atteint presque 35 % au cours de la même période. L’Alle-magne n’a connu que peu de des-tructions mais souffre de la perte de riches régions économiques (Lorraine, Haute-Silésie) et de l’usure de son matériel. La pro-duction de charbon tombe entre 1913 et 1919 de 190 à 108 mil-lions de tonnes ; celle de blé et de pommes de terre ont diminué de moitié. En Russie, l’effondrement Femme livrant du charbon - 1917

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16 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

leur balance des paiements1, et parce que nombre de capitalistes ont exporté une partie de leurs avoirs sous la forme de métal précieux placé dans les banques neutres (Suisse, Espagne).

Il en résulte une dépréciation des principales monnaies euro-péennes qui cessent, à la diffé-rence du dollar, d’être conver-tibles en or. En décembre 1919, la livre sterling a perdu 10 % de sa valeur, le franc 50 %, le mark près de 90 %.

L’inflation et la sous-production se traduisent sur le plan des prix, par une hausse vertigineuse. De 1914 à 1919, les prix se trouvent multipliés par 2,5 en Grande-Bre-tagne, 3,5 en France et 12,5 en Allemagne, augmentation qui n’est pas compensée par celle des salaires.

e) En revanche les belligérants non européens ont largement pro-fité du conflit. Les principaux bé-néficiaires en sont le Japon, dont les soieries et les cotonnades produites à bas prix ont pris pen-

dant la guerre la place des articles français et anglais sur le marché extrême-oriental et en Asie du Sud-Est, le Canada, qui exporte vers l’Europe les produits de ses forêts et de sa métallurgie, et sur-tout les Etats-Unis. Ce pays a vu son revenu national et sa produc-tion d’acier doubler en cinq ans. Il a prêté plus de 10 milliards de dollars au reste du monde, détient la moitié du stock d’or mondial et domine économiquement le continent américain. Devenus les créanciers de l’Europe, alors qu’ils en étaient les débiteurs en 1914, les Etats-Unis sont mainte-nant et de loin la première puis-sance économique et financière du monde.

1. La balance commerciale d’un pays est la différence entre le montant de ses exportations et celui de ses im-portations. La notion de balance des paiements (ensemble des tran-sactions effectuées en un an entre un pays donné et l’étranger) fait inter-venir les exportations invisibles : re-venus des capitaux placés à l’étran-ger, des compagnies d’assurances, de la flotte marchande, etc.

les salariés, et en premier lieu la classe ouvrière, souffrent d’une hausse des prix que ne compense pas l’augmentation des salaires. Le pouvoir d’achat des masses se trouve ainsi réduit de 15 à 20 % en France et en Grande-Bretagne, de 25 % au moins en Italie et en Al-lemagne. Cette situation explique l’agitation sociale de l’immédiat après-guerre et l’augmentation des effectifs syndicaux qui passent en France de 900.000 à plus de 2 mil-lions d’adhérents, en Grande-Bre-tagne de 4 à 8 millions. Certains groupes ont en revanche profité de la guerre. Une partie de la paysan-nerie d’abord qui a tiré profit de la hausse continue des produits ali-mentaires et acquis de nouvelles terres. Beaucoup d’industriels aussi, et notamment ceux qui ont obtenu d’importantes commandes de guerre. En France, Schneider (artillerie), Citroën (obus), Bous-sac (toile d’aviation), Loucheur (gaz de combat), ont réalisé des bénéfices importants. Spécula-teurs et intermédiaires ont en peu de temps acquis d’immenses for-tunes et ces « nouveaux riches » affichent au lendemain de la guerre un luxe qui éveille des ran-cœurs tenaces, surtout parmi les anciens combattants.

b) Le prestige des classes diri-geantes a été fortement atteint. Le « brassage » qui s’est opéré dans les tranchées et dans les camps de prisonniers a effacé certaines différences liées à la fortune ou à l’éducation et suscité de puissants courants égalitaires (voir dans la grande illusion, du cinéaste fran-çais Jean Renoir, les rapports entre le « métallo » devenu lieutenant et l’officier d’origine aristocratique). En même temps s’est développé dans les masses un vif ressenti-ment à l’égard du capitalisme et des milieux dirigeants, jugés res-ponsables du conflit et accusés parfois d’en avoir tiré profit. Le

A. Les bouleversements sociaux

a) La guerre a eu des effets très variables selon les catégories sociales. Les détenteurs de reve-nus fixes, et notamment les petits rentiers, ont été ruinés par l’in-flation. En France, où beaucoup d’épargnants avaient placé leurs fonds dans les emprunts russes, la fortune mobilière évaluée à 113 milliards de francs-or en 1914 ne

dépasse pas 10 ans plus tard 70 milliards de francs-papier, soit à peine 18 milliards de francs-or. Dans beaucoup de pays, une fraction importante de la petite bourgeoisie se trouve ainsi dé-classée, privée de ressources et dressée contre l’Etat libéral qui n’a pas su protéger ses intérêts. Les « fascismes » trouveront dans cette catégorie sociale une partie de leur clientèle. Moins touchés,

Le bilan social et politiqueP. Milza

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DOSSIER LE RÉVEIL

en effet menacée par des mou-vements de tendance autori-taire. Leur origine est complexe. D’une part, ils reprennent en les amplifiant les thèmes du natio-nalisme de l’avant-guerre, repro-chant au parlementarisme son manque d’efficacité. Aucun pays n’échappe à ce phénomène mais il est particulièrement puissant chez les vaincus. Ces mouve-ments s’appuient en second lieu sur les classes moyennes, sur la petite-bourgeoisie boutiquière, artisanale, rentière, partielle-ment ruinée par l’inflation, tout aussi hostile à la concentration capitaliste qu’à la socialisation. Enfin, craignant la contagion révolutionnaire, la classe diri-geante n’hésite pas, là où le péril devient trop grand, à abandonner son libéralisme traditionnel pour des méthodes qui lui permettent, fût-ce au prix d’une dictature, de conserver ses positions acquises. Partout la démocratie parle-mentaire se trouve menacée par ces tendances qui triomphent au lendemain de la guerre en Europe centrale et orientale (Hongrie, Pologne) puis en Ita-lie, avant de s’étendre plus tard à l’Allemagne, à l’Espagne et à de nombreux pays extra-euro-péens.

c) Même dans les pays où survit la démocratie libérale, on voit se renforcer le pouvoir exécutif.

Pendant la guerre, la nécessité de prendre des décisions rapides a provoqué, à partir de 1917 sur-tout, un relatif effacement des parlements au profit des gouver-nements. La paix revenue, cette tendance ne disparait pas et l’exé-cutif s’efforce de conserver ses prérogatives nouvelles, notam-ment en matière de direction et de contrôle de la vie économique. En Angleterre, cette évolution aboutit à ce que le juriste Ram-say Muir appelle la « dictature du cabinet », en France elle se tra-duit par la pratique des décrets lois ; elle entraîne d’ailleurs une résistance du législatif qui ne sera pas sans accentuer la tendance à l’instabilité ministérielle.

d) Dernière conséquence poli-tique de la guerre, le déclin de l’influence européenne dans le monde et la montée des jeunes nationalismes indigènes. D’abord les vaincus ont perdu leurs colonies, transformées en mandats confiés aux vainqueurs pour un temps limité. Surtout, les défaites subies par les Alliés ont porté atteinte au prestige de l’homme blanc et ceci d’autant plus que le recours aux troupes coloniales a été souvent impor-tant, en particulier de la part des Anglais. Dès la fin de la guerre, des mouvements d’indépendance se développent dans les colonies françaises et britanniques.

règne des notables s’achève et les idéologies anticapitalistes, socia-lisme ou fascisme, connaissent un succès très large.B. Les changements politiques

a) Libéralisme et démocratie semblent triompher en Europe. La guerre a provoqué l’effondrement des trois grands empires autocra-tiques et l’extension du régime parlementaire. L’Allemagne et l’Autriche deviennent des répu-bliques. La Tchécoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie adoptent en 1920-1921 des constitutions inspirées par le modèle français. Partout s’impose le suffrage uni-versel. En même temps s’opère la libération des minorités natio-nales. Pour leur donner satisfac-tion, des États ont été créés ou reconstitués : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Pologne, Finlande, États Baltes. Les minorités sou-mises à un joug étranger repré-sentent moins de 20 millions d’in-dividus pour 60 millions en 1914. Apparemment, la victoire défini-tive des principes libéraux semble acquise.

b) En fait, cette situation n’est que temporaire et la démocratie libé-rale se trouve bientôt attaquée sur deux fronts.

A gauche, par la montée du socia-lisme. En Russie, le régime libéral bourgeois établi par la révolution de mars 1917 a dû céder la place quelques mois plus tard à la dic-tature du prolétariat. Dès l’année suivante, le phénomène bolchevik menace de s’étendre à l’ensemble de l’Europe. Un moment renforcé par la Révolution russe, le socia-lisme international ne tarde pas cependant à pâtir des scissions intervenues en 1920-1921 à pro-pos du problème de l’adhésion à la IIIe Internationale. Mais l’affai-blissement qui en résulte profite surtout aux forces de réaction.

A droite, la démocratie se trouve

Traité de Versailles - 1919

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

A. Conséquences directes de la guerre sur la mentalité collective – a) La guerre a profondément marqué la génération des combat-tants dont elle hante la mémoire. Elle devient le thème majeur d’un nombre important de romans, nou-velles, témoignages, où domine le sentiment de l’horreur. Tel est le cas des Croix de bois de Roland Dorgelès, de La Vie des martyrs de Georges Duhamel, de A l’Ouest rien de nouveau de l’écrivain al-lemand E. M. Remarque. Mais déjà s’affirme un clivage entre des œuvres qui dénotent une certaine nostalgie de l’héroïsme telles que Les Eparges de Maurice Genevoix, Le Sel de la terre de Raymond Escholier ou l’Equipage de Joseph Kessel, et les livres qui dénoncent le caractère absurde et monstrueux de la guerre, comme L’Adieu aux armes de Hemingway, Le Feu de Henri Barbusse et Voyage au bout de la nuit de L.F. Céline.

b) Ces deux attitudes se prolongent dans les années de l’après-guerre. La première donne naissance à l’esprit « ancien combattant », l’une des données essentielles de la vie politique de l’entre-deux-guerres, l’autre alimente un puis-sant courant pacifiste qu’illustrent Romain Rolland, Alain, Marc Sangnier et qui trouve son expres-sion politique avec l’action d’Aris-tide Briand.

B. Mais la guerre détermine sur-tout une remise en question du système de valeurs sur lequel repose la civilisation occidentale.

a) Les valeurs morales ont subi un coup très dur. Le mépris de la vie humaine, l’opposition entre les souffrances des combattants

et l’insouciance de l’arrière, le spectacle d’immenses fortunes acquises parfois aux dépens des soldats, tout cela a laissé des traces profondes dans la mentalité col-lective. Le sentiment d’avoir été, au nom de grands principes, le jouet d’intérêts sordides suscite une révolte contre les morales tra-ditionnelles fondées sur le devoir et une réhabilitation du plaisir sans contrainte. Les Nourritures ter-restres d’André Gide, totalement inconnues du public depuis leur publication en 1897, deviennent le livre de chevet de la jeunesse bour-geoise, et Marcel Proust reçoit le prix Goncourt en 1919 pour A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Même évolution vers un individua-lisme sceptique à l’étranger avec l’Anglais A. Huxley, l’Italien Pi-randello et l’Irlandais James Joyce (Ulysse, 1922). Mais cette réaction n’est pas seulement littéraire. Elle se traduit dans la vie quotidienne et, après les années de souffrance de la guerre, par une détente dont les manifestations sont multiples : modes extravagantes, engouement pour le jazz qui fait son apparition en Europe en 1917 avec les soldats de l’armée Pershing, danses amé-ricaines (one-step, charleston) qui remplacent la polka et la valse des cours d’Europe centrale, théâtre du Boulevard où s’illustrent comme auteurs Robert de Flers, Henry Bernstein et Edouard Bour-det, comme acteurs Gaby Morlay et Charles Boyer.

b) Les valeurs intellectuelles ne sont pas moins atteintes. La réac-tion contre le rationalisme, déjà très vive à la fin du XIXe siècle, se trouve accentuée par la guerre et triomphe avec Bergson, Unamuno

et le philosophe allemand Heideg-ger qui met en valeur la notion de l’absurde dans notre univers. Cette crise du rationalisme peut aboutir à un renouveau du sentiment reli-gieux. Elle peut aussi déboucher sur une évasion vers l’irrationnel et sur un refus du monde présent. Ce refus, il se manifeste dès 1919 par le Manifeste dada, protestation d’artistes (Picabia, Marcel Du-champ, Tristan Tzara) contre l’ab-surdité et la faillite de notre univer-sité, et remise en question par un non-conformisme poussé jusqu’au scandale de toutes ses valeurs in-tellectuelles et artistiques. Dans la même veine se développe un peu plus tard le mouvement surréaliste qui groupe autour d’André Bre-ton, les poètes Paul Eluard, Louis Aragon, Robert Desnos, les peintes Max Ernst, Picasso, Salvador Dali et proclame avec la toute-puissance du rêve et de l’instinct sa volonté de rompre avec les « modes de penser et de sortir de l’humanisme tradi-tionnel ». Ces mouvements appa-raissent comme une réaction contre la guerre, contre les élites qui l’ont déclenchée et approuvée, contre la science qui lui a fourni ses moyens de destruction massive. Emprun-tant à la psychanalyse ses méthodes d’investigation de l’âme humaine, ils se proposent de « rechercher l’homme caché sous le vernis de la civilisation. »

Mais cette fuite sans l’irrationnel n’est pas l’unique moyen d’échap-per à un système de valeurs qui a fait faillite. D’autres, parfois les mêmes, vont chercher l’évasion dans l’action révolutionnaire (Ara-gon), dans l’esthétisme (Valéry) ou la vie dangereuse (Malraux, Saint-Exupéry).

Loin d’être purement destructrice, cette remise en question devait aboutir à un renouveau de la vie intellectuelle et artistique de l’Oc-cident.

Le bilan moral et intellectuelP. Milza

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DOSSIER LE RÉVEIL

« Oui, quelque chose de neuf, dit Bruyère et qui puisse agir. Fon-dons une société de mutilés et d’anciens combattants pour com-battre la guerre capitaliste. Voilà la liaison qui nous manque. Les vieux outils ne valent plus rien. »

Nous nous sommes précipités, je me souviens, chez moi et, fé-brilement, nous avons rédigé une lettre à Barbusse et un projet de manifeste. »

Ces trois soldats, les deux jeunes intellectuels et l’ouvrier de Paris Georges Bruyère, avaient à peu près le même âge, aux alen-tours de 25 ans. Ils s’étaient connus quelques mois plus tôt chez l’avocat socialiste Delépine alors qu’ils étaient tous trois en convalescence. « Et, écrit encore Paul Vaillant-Couturier, Ray-mond et moi avions été tout de suite conquis par le regard droit de Bruyère. Ouvrier de Paris, il avait donné à notre haine de la guerre sa base prolétarienne pré-cise. »

S’adresser à Henri Barbusse, pour ces trois jeunes militants, c’était tout naturel. Celui-ci n’incarnait-il pas – grâce au Feu paru en feuilleton dans L’Œuvre dès août 1916 et qui avait, mal-gré la presse bourgeoise, rem-porté un succès énorme et reçu le prix Goncourt – la dénoncia-tion de cette guerre affreuse ? Quelques mois plus tôt, Lefebvre et Vaillant-Couturier avaient été

lui rendre visite dans la petite chambre d’hôpital où il se remet-tait lentement des souffrances endurées dans les tranchées. Il était de presque vingt ans leur aîné mais, rappelle Vaillant-Cou-turier, « il était avec nous quant au cours des semaines tragiques de mai 1917, tandis que le front se soulevait, nous heurtions vai-nement à toutes les portes et nous retrouvions le soir, désespérés… Il était avec nous quand, après les exécutions sommaires qui avaient écrasé la Révolution de Cham-pagne, nous décisions, la rage au cœur, de fonder l’A.R.A.C. ».

Car, en ce printemps de 1917, il n’est que trop vrai que l’écho des fusillades et des canonnades cou-vrait les bruits du printemps.

Souvenons-nous !

Il y avait eu, au cours des quatre premiers mois de la guerre, 454.000 tués, ce qui représente le tiers des pertes totales.

Il y avait eu les horribles combats au corps à corps des plaines de l’Artois, cette zone infernale do-minée par le plateau de Lorette, cette terre de malédiction sur la-quelle on devait un jour compter un mort par mètre carré.

Il y avait eu le déluge de fer et de feu de Verdun avec ses cinq cent mille soldats français et alle-mands massacrés.

Il y avait eu l’effroyable bou-cherie du Chemin des Dames au

Quatre anciens combattants au lendemain de la guerre :Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefebvre, Georges Bruyère par Paul Vaillant-Couturier

Comment il était advenu, com-ment Henri Barbusse, Georges Bruyère, Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier s’étaient rencontrés « aux âpres jours de 1917, vêtus de nos capotes raidies de boue et de sang », c’est encore à ce dernier que nous en emprun-terons le récit.

« Je me souviens très précisément de cette heure-là. J’étais en per-mission irrégulière. Nous remon-tions la rue Olivier de Serres par un soir de début d’été. L’odeur des feuilles des jardins et cette fraiche saveur vivante de l’air à Paris pas-saient sur nous. Les enfants de l’école voisine noyaient la rue de cris et de remous clairs. Mais, en nous claquait l’écho des fusillades et des canonnades. »

« Il faut faire quelque chose… ab-solument, disait Lefebvre. Le Parti s’est déshonoré. »

Nous marchions silencieux et la tête basse.

Médaile de l’ARAC - 1919

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

sauvegarder fraternellement vos intérêts de travailleurs rendus au travail, mais pour servir la cause même que vous avez défendue sur les champs de bataille jusqu’au bout de vos forces.

« Je ne vous parle pas des avan-tages immédiats, professionnels de notre union ; je veux vous en-tretenir aujourd’hui d’un grand intérêt général qui dépasse celui de chacun de vous, mais qui re-pose sur vous tous : soldats de la guerre continuez à être les soldats de la pensée (…) Les principes républicains sont de tous côtés, ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veiller sur la République. C’est à vous entre tous et avant tout qu’in-combe ce devoir, survivants de la guerre des hommes contre les oppresseurs ! »

Mais les « avantages immédiats, professionnels », n’en étaient pas pour autant négligés.

Sans attendre la déclaration of-ficielle de la constitution de l’ARAC et le dépôt des statuts, l’association, sous la direction de Georges Bruyère, qui allait d’ar-rondissement en arrondissement créer des sections, prit en main la défense effective de toutes les victimes de la guerre, des grands blessés, des réformés jetés à la rue, souvent sans travail et parfois sans domicile, des sinistrés, des évacués.

Henri Barbusse assurait en ma-jeure partie les frais d’organisa-tion et de propagande de l’ARAC en leur consacrant une part impor-tante des droits d’auteur du Feu.

Le 2 novembre 1917, l’Associa-tion Républicaine des Anciens Combattants naissait enfin léga-lement, mais elle était déjà bien vivante et prête à accomplir une œuvre que nous voyons mainte-nant s’étendre sur plus d’un siècle.

mois d’avril 1917, l’offensive du général Nivelle qui devait être foudroyante et décisive mais se solda par un échec désastreux et par la mise hors de combat, du seul côté français de 140.000 hommes tués, blessés ou prison-niers.

Il y avait eu, à la suite de cette opération, si scandaleusement mal préparée, une telle explo-sion de colère chez les soldats du front que cent-dix unités de l’ar-mée française avaient levé l’éten-dard de la révolte et que certaines d’entre elles avaient amorcé une marche sur Paris.

La répression, décidée par le général Pétain, avait été d’une impitoyable férocité. Des unités entières de mutins avaient été décimées, puisqu’un soldat sur cinq, sur dix ou sur vingt, avait été désigné au hasard et passé par les armes du peloton d’exécution.

Il y avait eu les horribles exécu-tions collectives, comme celle de Soissons, où deux cent cinquante hommes choisis parmi les mutins avaient été empilés dans des ca-mions, conduits dans un coin du « no man’s land » sur lequel dix minutes plus tard l’artillerie fran-çaise recevait l’ordre de tirer, ce qui déclencha aussitôt un violent tir allemand sur ces 250 hommes qui furent tués jusqu’au dernier…

Certes, rien de tout cela n’appa-

raissait dans les communiqués, et devant les noms de ces soldats massacrés sur l’ordre de leurs propres chefs étaient inscrits les mots « Mort au combat ». Mais les soldats, enfoncés comme des rats dans les tranchées de la mort, instruits par leur douloureuse ex-périence, ébranlés par la nouvelle de la Révolution russe de février 1917, selon la formule d’Anatole France, « on ne les faisait pas mourir pour la patrie mais pour les industriels qui bâtissent de fabuleuses fortunes sur des mon-ceaux de cadavres ».

Si l’ARAC était née dans l’esprit de ses quatre parrains, encore fallait-il lui donner une existence réelle. Au début de juillet 1917, Barbusse lançait dans L’Œuvre un « Appel aux Anciens Combat-tants » où il disait notamment :

« J’adresse un appel ardent à tous ceux des anciens combattants de cette guerre qui croient à la Répu-blique et qui la veulent.

« Camarades, officiers et soldats, vous avez lutté de vos mains contre l’autocratie et l’injustice. Par hasard, la mort vous a épar-gnés. D’autres sont tombés ; vous les valez. Mais les blessures ou les maladies vous ont fait lâcher vos armes. Vous êtes revenus et maintenant, vous êtes là. Je vous demande de venir tous à nous, de vous grouper tous, de venir unis non seulement pour connaitre et

Photo des quatre créateurs de l’ARAC

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LE RÉVEIL VOS DROITSVOS DROITS

De nouvelles décorationsQuatre médailles nouvelles ont été créées depuis cinq ans : la médaille d’honneur des services judiciaires en 2011, la médaille d’honneur de la santé et des affaires sociales en 2012, la mé-daille de la sécurité intérieure en 2012, la médaille de la protection militaire du territoire en 2015.

Il convient d’y ajouter l’extension du champ de la médaille de la jeunesse et des sports à tous les acteurs de la vie as-sociative en 2013, les modifications im-portantes apportées en 2013 aux condi-tions d’attribution de la médaille de la famille ainsi que la re-création de la mé-daille de la défense nationale en 2014.

Il est prévu, par la loi du 18 décembre 2013 relative à la programmation mi-litaire, l’attribution de l’insigne des blessés de guerre à l’ensemble des mili-taires ayant reçu, en situation de guerre comme en opération extérieure, une blessure physique ou psychique. Un dé-cret – non encore publié- doit en déter-miner les conditions d’attribution. Aussi le chef d’état-major de l’armée de terre a pris une « instruction provisoire » le 14 avril 2015.

I - La médaille de la défense nationale a fait l’objet d’un entier toilettage par décret du 29 mars 2014.

Créée en 1982 et appelée communé-ment « HERNU cross » du nom du mi-nistre qui en avait été l’initiateur, elle est destinée à récompenser les services rendus par les militaires d’active et de la réserve opérationnelle à l’occa-sion de leur participation aux activités opérationnelles ou de préparation opé-rationnelle des armées, notamment les manœuvres, exercices, services en cam-pagne, ainsi que les interventions au profit des populations.

Elle comporte 3 échelons : bronze, argent et or.

Elle comporte également des agrafes, soit géographiques- il y en a 6-, soit de spécialités – il y en a 53.

Une ancienneté de minimale des ser-vices est requise : 1 an pour l’échelon bronze, 5 ans pour l’échelon argent et 10 ans pour l’échelon or.

A titre exceptionnel, les échelons bronze, argent et or peuvent être attri-bués directement en raison de la qua-lité des services rendus, à des civils ayant rendu des services à la défense de France ou de ses armées et aux person-nels militaires ou civils tués ou blessés dans l’accomplissement de leur devoir.

Les services rendus sont comptabilisés selon un barème spécifique.

Seules les activités effectuées à partir du 1er septembre 1981 pour les militaires de l’armée active et du 1er juillet 1998 pour les militaires de la réserve sont prises en compte pour l’attribution de la médaille.

Sans condition d’ancienneté et de points, une médaille d’or de la dé-fense nationale permet d’afficher sur son ruban sans agrafe, à l’aide d’une palme ou d’une étoile, une citation sans croix individuelle attribuée aux militaires d’active et de la réserve, fran-çais ou étrangers, qui se sont distingués à l’occasion d’une action comportant un risque aggravé.

Nul ne peut obtenir la médaille de la défense nationale s’il est déjà titulaire soit d’un grade ou d’une dignité dans un ordre national, soit de la médaille mili-taire, sauf cas exceptionnels.

Des commissions consultatives donnent un avis sur l’attribution de la médaille. Chaque titulaire de la médaille reçoit un diplôme.

II - La médaille de la protection mili-taire du territoire

Créée par le décret du 13 juillet 2015, la médaille de la protection militaire du territoire est destinée à récompenser les militaires pour leur participation effec-tive à des opérations militaires de pro-tection décidées par le gouvernement et menées sur le territoire national.

Une agrafe prend place sur le ruban et porte l’inscription rappelant l’opération concernée.

A ce jour, deux agrafes ont été insti-tuées :

1. L’agrafe « SENTINELLE » attribuée pour des missions d’au moins 90 jours continus ou discontinus, selon arrêté du 13 juillet 2015.

L’opération Sentinelle a été déployée au lendemain des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, pour faire face à la me-nace terroriste et protéger les « points » sensibles du territoire. Elle a été renfor-cée lors des attaques du 13 novembre 2015 en Île-de-France.

2. L’agrafe « HARPIE » concerne les personnels militaires qui ont par-ticipé, en GUYANE, à la mission « HARPIE » depuis le 1er mars 2008, pendant une durée minimale de 30 jours, continus ou discontinus, selon arrêté du 1er décembre 2015.

La mission « HARPIE » a pour objectif de paralyser les sites d’orpaillage clan-destins sur le territoire guyanais.

Extraits de l’article envoyé par Michel Desrue.

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 23

VOS DROITS LE RÉVEIL

N’oublions pas les victimes des attentats terroristesDepuis les attentats terroristes dans le monde entier, et les derniers en France et en Belgique, les différents gouver-nements français promettent de ne pas oublier toutes ces victimes.Mais il est à remarquer que dans toutes les promesses faites, il n’est à aucun moment fait mention de la loi du 23 janvier 1996 qui a reconnu que tous les actes de terrorisme commis depuis le 10 janvier 1990 permettent aux vic-times d’être considérées comme des victimes civiles de guerre.En conséquence le droit à pension est désormais inscrit dans le code des P.M.I. (pensions militaires d’invali-dité) et ces victimes relèvent du mi-nistère de la défense et du secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Ils sont aussi ressortissants de l’ONAC (Office National des Anciens Combat-tants et Victimes de Guerre). Le droit à pension est ouvert personnellement à ces victimes ainsi que tous les droits accessoires.Si l’une des victimes décède et laisse des enfants mineurs, ceux-ci seront considérés comme des pupilles de la Nation.Si l’une des victimes directes décède et laisse un conjoint survivant, celui-ci ou celle-ci pourra bénéficier de la pen-sion de veuf ou de veuve de guerre, et…Il convient également de rappeler que la pension militaire d’invalidité est in-cessible et insaisissable (sauf quelques exceptions) et n’est pas imposable.Enfin, il est nécessaire de préciser que

la pension n’est pas accordée automa-tiquement, encore faut-il que l’inté-ressé en fasse la demande.D’ailleurs le point de départ de cette pension sera celui du jour de la de-mande (entre autres pour le versement des arrérages).Dans ces conditions il est évident que rien ne sert d’attendre pour les vic-times et que toutes promesses faites ou à faire ne doivent pas permettre de retarder la saisine des services compé-tents.Ne serait-il pas quand même bon que le ministre de la défense et le secré-taire d’Etat aux Anciens Combattants et victimes de guerre n’oublient pas leur « tutorat » et le fassent savoir !!!

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24 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL VOS DROITSVOS DROITS

ERP et Maisons de retraite de l’ONACCe n’est pas parce que le 1er Mi-nistre ne daigne pas répondre à notre courrier, adressé en novembre 2015, que l’ARAC va rester l’arme au pied concernant l’enjeu que constitue l’ave-nir des ERP et des Maisons de retraite de l’ONAC donné après rénovation à une institution loin des enjeux que constituent la formation et insertions professionnelles.

L’avenir des ERP concerne des di-zaines de milliers de femmes et d’hommes en France, victimes d’acci-dents touchant leur intégrité physique. Des milliers de personnes handicapées qui ont besoin de formation, et d’aide pour être réinséré dans la vie.

Il s’agit bien sûr des OPEX, mais aussi des accidentés du travail, ceux vic-times d’accidents de la route jeunes et moins jeunes mais aussi ceux qui mal-gré un handicap peuvent accéder à un métier, à une insertion.

Comme on le voit le combat que nous avons à mener et à gagner, touche des centaines de milliers de travailleurs, victimes de la guerre ou de la vie.

Vous trouverez ci-joint des extraits de la lettre de l’ARAC envoyée à M. Valls mais également des extraits de la lettre envoyée par A. Fillère à Rose-Marie Antoine, directrice de l’ONAC qui est restée elle aussi sans réponse.

Ci-joint également des premiers re-tours « extraits » des courriers ou in-terventions d’élus, députés, maires auprès du gouvernement sur cette

question.

Lettre de l’ARAC au 1er Ministre Manuel Valls – le 11 décembre 2015

« Monsieur le Premier Ministre,

«… Il s’agit de transférer à des acteurs professionnels spécialisés dix-huit éta-blissements médico-sociaux de l’Of-fice National des anciens combattants et victimes de guerre ONAC-VG char-gés de la reconversion professionnelle des personnes handicapées. »…

« … Les évaluations France Domaine de 75 millions d’euros auxquels il faut ajouter la remise aux normes des locaux qui seront à la charge de l’ONAC… »

« … Une réinsertion réussie des pu-blics concernés, anciens combattants et combattants est de la responsabilité d’état qui s’exerce dans des établisse-ments publics. Il s’agit de l’exercice du droit à réparation en général et son accès inscrit dans le code de la Sécu-rité sociale et le code des pensions mi-litaires d’invalidité. »

« … De l’avis des acteurs multiples de ce secteur il serait plus efficace d’adap-ter le patrimoine de l’ONACVG… »

« Un autre choix est imposé, est-il per-tinent pour les établissements de re-conversion professionnelle ? »

« … L’accueil, la pré-orientation, le suivi médico-social, la formation qualifiante condition d’une réinser-tion sociale et professionnelle réus-sie, nécessite une véritable coopéra-tion, coordination avec les services de l’Etat, les organismes compétents que sont l’AFPA, Pôle Emploi, et les savoirs faire des établissements, fédé-rés par la Fagerh, héritiers de 70 ans d’expérience et dont le bilan social, humain, n’est contesté par personne.

Comme ne sont pas contestés les ERP, le 2e prestataire national et seul à dé-livrer des formations diplômantes de l’éducation nationale. »

« Oui, il y a un coût mais nous sommes de ceux qui pensent que notre société a besoin de développer des dispositifs efficients pour accueillir des hommes et des femmes qui ont servi la Nation. Il est de notre responsabilité à tous d’endiguer la désocialisation… »

« … Monsieur le Premier Ministre, nous sommes mobilisés sur ces ques-tions. Nous avons des propositions à formuler. Nous ne doutons pas, que comme nous, vous partagiez la volonté de trouver des solutions sociales à ces femmes et hommes qui ont servi la na-tion, nous souhaitons vous rencontrer pour vous faire part de nos idées et so-lutions que nous portons. »

« … l’expression de nos sentiments respectueux… »

« Raphaël Vahé, Président

et Patrick Staat, Secrétaire Général. »

Lettre de l’ARAC à Rose-Marie Antoine, Directrice Générale de l’ONAC – le 30 novembre 2015

« Madame la Directrice Générale,

« J’ai découvert avec stupéfaction l’amendement n° II-514 déposé par le gouvernement et à l’Assemblée Natio-nale le 12 novembre dernier. »

« Ainsi, sans même que les adminis-trateurs de l’ONACVG n’en aient été informés au préalable. Dans ces conditions, on ne peut que s’inter-roger quant au rôle et aux missions du Conseil d’administration mis de-

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 25

VOS DROITS LE RÉVEIL

vant un fait accompli qui l’écarte du débat. »

« … Cette cession des ERP de l’ONACVG dans des conditions finan-cières particulièrement défavorables à l’Office et une opacité entretenue quant au repreneur EPNAK… Si l’ONACVG figure bien dans la liste des opérateurs de l’Etat, je n’y ai pas trouvé l’EPNAK, qu’en est-il ? Quelle est la nature du contrat de ses person-nels ? »

« … Un texte d’amendement sensé mettre un terme sans appel à une opé-ration dépouillant l’ONACVG… »

« … Stupéfié par la manœuvre gou-vernementale politicienne margina-lisant le Conseil d’administration de l’ONACVG… »

« André Fillère, administrateur de l’ONAC, Vice-Président honoraire de

l’ARAC »

Question écrite N° 94606 au Mi-nistre des anciens combattants de Mme Laurence Abeille, députée du Val de Marne.

« Mme Laurence Abeille attire l’atten-tion de M. le secrétaire d’État »

« sur la vente des établissements médi-co-sociaux au service des anciens com-battants (ERP et maison de retraite). Il s’agit ici du transfert à des acteurs professionnels spécialisés de dix-huit établissements médico-sociaux de l’Office national des anciens combat-tants et victimes de guerre chargés de la reconversion professionnelle des personnes handicapées. Cette décision interroge car, sans que les administra-teurs de l’ONACVG n’aient été infor-més au préalable, le Gouvernement a mis en œuvre une mesure sensée être encore à l’étude… »

« … transféré dans un contexte d’opa-cité quant au choix du repreneur. »

« … De l’avis des acteurs de ce sec-

teur, il serait plus efficace d’adapter le patrimoine de l’ONACVG et ses ac-tivités aux OPEX dont le nombre est en constante progression, et dont les pathologies, traumatismes et d’effi-ciences sont bien spécifiques. »

« … Elle souhaiterait donc avoir des précisions sur les circonstances de la vente des établissements médico-so-ciaux »

Courrier de Patricia Tordjman, maire de Gentilly (94)

« Monsieur le Premier Ministre,

« J’ai été saisie par l’ARAC, à propos de l’amendement n° 11-514 voté le 15 novembre 2015… »

« Le transfert des biens immobiliers aurait été évalué à 75 millions d’euros auxquels il faut ajouter la remise aux normes des locaux qui sera à la charge de l’ONAC. »

« L’ARAC m’a fait part de sa stupé-faction à l’annonce du vote : le conseil d’administration de l’ONACVG, dont elle fait partie, a été mis sur le fait accompli et sur la décision de trans-fert de ce secteur. Il s’interroge éga-lement sur la pertinence du repreneur l’EPNACK dont ni le statut ni le pro-jet de reprise ne lui ont été présenté. L’ARAC précise à ce sujet que le de-venir des personnels et leurs statuts n’ont pas non plus été abordés avec le conseil d’administration. »

« Dans ce cadre, l’ARAC demande qu’une évaluation collective du de-venir de ces établissements et de ses personnels puisse être envisagée avec l’ensemble des acteurs. »

Ne doutant pas que votre écoute et de votre attention pour trouver les meil-leures solutions

Patricia TORDJMANMaire de Gentilly »

La Commission Solidarité de l’ONAC-VG de la Dordogne

« Motion contre l’abandon de nos neuf centres de réinsertion professionnelle et de nos huit établissements d’héber-gement pour personnes âgées dépen-dantes présentée par la commission de solidarité de l’ONAC-VG de la Dor-dogne »

« Réunie le 27 janvier 2016 à la Dé-légation Militaire Départementale, notre Commission proteste vivement et s’élève avec force contre la déci-sion unilatérale, autoritaire, arbi-traire, car sans concertation préalable avec les associations d’AC-VG et les membres du Conseil d’Administration de l’ONAC-VG, du transfert en pleine propriété et à titre gratuit :

– De ses neuf écoles de réinsertion professionnelle à l’EPNAK (Eta-blissement Public National Antoine Koenigwater) au plus tard le 31 dé-cembre 2016,

– De ses huit Maisons de Retraite (EHPAD) aux établissements publics de santé ou médico-sociaux au plus tard le 31 décembre 2017.

Ce transfert a été acté par l’amen-dement II-54 voté par les députés le 12 novembre 2015. »

Coup de force inadmissible et déni dé-mocratique inacceptable !

Rappelons que l’ONAC-VG a été le pionnier et le fer de lance de la réédu-cation professionnelle et fonctionnelle.

Notre commission exige donc pour le moins un moratoire de réflexion de cinq ans, mais préférerait et de loin, l’abrogation de cette décision.

Périgueux, mercredi 23 mars 2016

Jean-Claude Valbousquet et Jean-Pierre Gouaud »

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26 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Bordeaux (33)Commémoration du 19 mars

L’assistance nombreuse a permis de commémorer de façon républicaine cette date du 19 mars. Pour la première fois l’ARAC est co-organisatrice (avec la FNACA et le Département), pré-sente aux deux lieux de cérémonies (stèle du Département et monument de Bordeaux du 11 Novembre), et considérée comme autorité officielle, et dans le cortège officiels des person-nalités, notamment lors du salut aux porte-drapeaux et aux récipiendaires des médailles.

Quatre porte-drapeaux de l’ARAC pré-sents, et dépôts de deux gerbes ARAC-FNACA aux deux lieux.

Pour la première fois également, l’ARAC fut présentée officiellement à la cérémonie organisée dans le salon de réception de l’Hôtel du Département par le Président du conseil de Dépar-tement, et félicitée nommément pour l’action menée, avec d’autres notam-ment la FNACA, pour le maintien du 19 mars et de la défense des droits des Anciens Combattants et les valeurs Ré-publicaines.

Ce qui a permis à l’ARAC de s’expri-mer à cette réception, en présence du public, des autorités, des élus et du Pré-sident du C.D. C’est la première fois aussi.

Dans la préparation du 19 mars et en lien avec les réunions des sections: 3 adhésions à l’ARAC ont été réalisées.

NB/ Photo: cérémonie à la stèle du Département: Hugues Dominguez, président section Bassens (banlieue de Bordeaux)

Régis SAPHORES Président ARAC-33

«La Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des vic-times civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc» du samedi 19 mars 2016, qualifiée ainsi s’est déroulée selon les vœux du Préfet du département des Alpes Maritimes au mémorial AFN de Valbonne Sofia-Antipolis.La gerbe de l’ARAC du Comité 06 a été la première à être déposée par sa présidente Chantal Pipart et Josette Raquet ; deux porte-drapeaux de l’ARAC participaient à la cérémonie : Roger Gillosi et Gilbert Lucazeau.

Alpes Maritimes (06)

SARTHE (72)L’assemblée générale départementale de l’ARAC 72 s’est déroulée le 13 fé-vrier au Mans, en présence d’André Fillère, vice-président de l’ARAC et président de la mutuelle.Une quarantaine de personnes, anciens combattants et combattants pour la paix, étaient présentes. Un débat riche et constructif a été en-gagé autour de l’activité de notre asso-ciation, notamment sur notre participa-tion dans toutes les batailles concernant les droits des AC, mais également notre implication dans le mouvement social, ce qui nous impose des liens plus étroits avec d’autres associations et syndicats.Les problèmes de politiques nationale et internationale furent également abordés en mettant l’accent sur la responsabilité

de la France dans les conflits actuels. L’engagement pour notre association est de mettre en avant dans tout le dé-partement, le rôle essentiel que devrait tenir l’ONU concernant la paix.Ensuite, nos adhérents ont eu une dis-cussion constructive et enrichissante sur l’avenir de l’ARAC 72, nos centres d’animations, notre façon de travailler, notre volonté d’ouvrir le plus largement possible aux femmes, aux hommes aux jeunes combattants pour l’Amitié, la Solidarité, la Mémoire, l’Antifascisme et la Paix. Notre réunion s’est clôturée par la re-mise de l’étoile d’or de l’ORMCM, par André Fillère à notre camarade Roland Rouault de la section de la Suze.

Angoulême (16) Commémoration du 19 marsLe jeudi 17 mars 2016, le comité Cha-rente ARAC a tenu son Assemblée Générale à Saint-Cybard en présence du Maire-adjoint Samuel Cazenave. Le Président a rappelé les valeurs de l’ARAC par leurs créateurs en 1917. Le budget négatif 2016, les horreurs de l’année 2015 nous sommes en guerre, cette guerre sera longue. Il indique les 100 ans de notre association en 2017 avec la tenue du congrès. Le secrétaire donne le rapport d’activité, ainsi que le trésorier. Nous avons déposé une gerbe à la stèle Gontran Labrégère avec Mme le Maire-adjoint Véronique de Maillard. A la fin des travaux nous avons pris le pot de l’amitié.

Jean-Pierre COLAS

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 27

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Bagneux (92)Remise médaille d’or de l’office répu-blicain du mérite civique et militaire à Léon Landini le 26 mars 2016

Sarthe (72)Les retraités se sont mobilisés à leur tour

Quelque 500 retraités ont battu le pavé du Mans, jeudi 10 mars, pour dénon-cer la politique économique du gou-vernement.« Les vieux dans la galère, les jeunes dans la misère », « Valls, Macron, votre politique on n’en veut pas ! », les slogans fusaient drus, jeudi, contre le gouvernement dans les rangs des retraités sarthois. Un défilé constitué

de retraités CGT de Force ouvrière de la FSU, des retraités de la fonction publique, de l’association Loisirs So-lidarité Retraités et des Anciens Com-battants de l’ARAC. La revalorisation des pensions de retraite en fonction du salaire moyen, le maintien de la demi-part fiscale aux veuves et veufs, le renforcement de la Sécurité sociale, autant de raisons de se mobiliser. « Nos revendications sont intergéné-rationnelles. La preuve, on a marché mercredi avec les jeunes. » Après avoir déposé leur déclaration à la préfecture, les retraités se sont dirigés vers le siège départemental du Parti socialiste. Par ailleurs, les syndicats ont demandé à rencontrer les parlementaires pour ex-poser leurs revendications.

Avec le comité du Village de Van Canh à Villejuif

Nous ne répéterons jamais assez que le Village de l’Amitié à Van Canh est la réussite des efforts entrepris par l’ARAC dans son combat pour la Paix, la solidarité et l’amitié avec le peuple vietnamien.A Villejuif, depuis plusieurs années nous poursuivons notre travail dans cette voie et organisons diverses initia-tives, dont le traditionnel repas pour la fête du TET.Son succès est réel, des participants nombreux, des donateurs aussi nom-breux, qui en versant une participation financière nous soutiennent.Autour d’une animation musicale, une tombola avec un billet d’avion A/R Paris Hanoi offert par Vietnam- Air-lines et Hit Voyages, notre partenaire pour l’organisation de nos voyages ont donné le ton à cette soirée festive, d’autant que l’heureux hasard a fait que le billet a été gagné par un repré-sentant de notre comité.Grâce à vos dons nous avons pu en-voyer 1.000 euros aux résidents du village de l’amitié. Cependant notre soutien ne peut s’en tenir qu’à la col-lecte d’argent, nous devons persévérer et faire connaitre la responsabilité des autorités américaines dans l’utilisation de ce poison qu’est l’Agent Orange, qu’il reconnaisse sa responsabilité et indemnise les victimes vietnamiennes.Une prochaine initiative dont la date n’est pas préciséeVente du livre de Mme TRAN TO NGA, ma terre empoisonnée Vietnam France, mes combats. Victime des dé-foliants qui a entrepris un très coura-geux combat contre Monsanto et les autres fabricants.

31 mars à Bordeaux Des dizaines de milliers de manifestants contre la loi de la "casse de code du travail" !!!Sous les parapluies, l'espoir de milliers de jeunes, lycéens, salariés, de retrai-tés, de sans-emploi…Combien étions-nous ? 20 000, 25 000, ou plus encore ? Comme partout en France, nous avons manifesté notre espoir, notre résistance aux coups du MEDEF, de la commission euro-péenne, et du Gouvernement Valls/Hollande.Espoir dans la mobilisation pour la défense des valeurs de la République, résistance à l'état d'urgence et l'auto-ritarisme et dire stop à ces mesures contraires au progrès, à la démocratie, à nos droits.En Gironde, comme ailleurs, l'ARAC

a pris sa part dans ce combat pour la défense des valeurs qui sont celles de notre ARAC et du Peuple de France.Ici, dans le cortège devant la Bourse du Travail de Bordeaux, l'ARAC dans le cortège des Jeunes et des Lycéens. (Jean ROY, et Alain ARDILEY, sec-tion de Pessac-33)

Régis SAPHORES.

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28 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Lagnes (84)Les objectifs 2016 de l’ARAC de Lagnes, Vaucluse. Réunie en assem-blée générale, Marie-Hélène Du-bois-Calvetti, président depuis 2012, a précisé les orientations pour l’année à venir.

La commémoration du centenaire na-tional devra être mise en place. En effet, l’ARAC fut fondée en novembre 1917 durant la Première Guerre mon-diale avec quatre grands objectifs : obtenir puis défendre les droits à ré-paration des anciens combattants et victimes de guerre, rassembler les hommes et les femmes dans l’action contre la guerre, cultiver la mémoire de l’histoire dans un esprit de vérité et promouvoir les idéaux républicains de liberté, égalité et fraternité.

Le président départemental Georges Doussin, ainsi que la secrétaire dépar-tementale Irène Doussin, étaient pré-sents lors de cette assemblée.

Il a précisé que le conseil national de l’ARAC allait déterminer les grandes actions pour célébrer le centenaire. « Mais chaque section doit proposer des idées lors du conseil départemental qui aura lieu le 26 septembre à Velle-ron ».

Le bureau a été voté : Mme Marie-Hé-lène Dubois-Calvetti présidente, Hu-bert Vocari trésorier et le nouveau se-crétaire est Bernard Soreau.

Produit de la Révolution Française, le Val-de-Grâce en danger : destruction ou démantèlement

Il a fallu qu’une mission d’informa-tion parlementaire pour évaluer les insuffisances du dispositif de soins mis en œuvre lors des attentats du 13 novembre 2015 pour découvrir que la capitale manque d’établissements.

La décision de fermer le plus réputé des hôpitaux militaires a suscité un mouvement de réprobation générale. La société des amis du Val-de-Grâce a été créée en novembre 2014 pour évi-ter que ce prestigieux établissement devienne la proie des promoteurs im-mobiliers.

Sous la Présidence d’un contrôleur des armées un groupe de travail incluant des professeurs du Val de Grace et des membres des académies de médecine et de chirurgie ont élaboré un projet : de créer un institut hospitalo-universi-taire des armées dédié à la réadapta-tion et à la réhabilitation des victimes civiles et militaires françaises et étran-gères de la guerre, du terrorisme, et des catastrophes.

La situation centrale du Val de Grace est un atout important l’abandon des bâtiments hospitaliers aux entreprises de démolition est un crime !

Le val de Grace peut être encore opé-rationnel avec des moyens physiques et matériels en particulier pour les vic-times d’attentats.

Depuis 1793 le Val de Grace a tra-versé toutes les périodes dramatiques de notre histoire, il a prouvé son in-contournable utilité sa mission ne doit pas être achevée, Paris et la France ont besoin du VAL DE GRACE.

Pour information le groupe de ré-flexion : SAVDG présidé par le contrôleur général des Armées Mon-sieur Jacques PERGET.

L’ARAC se doit d’être impliquée dans ce combat de défendre le Val-de-Grâce et les Invalides.

Créé sous la Révolution Française, en août 1850 est ouverte l’école d’appli-cation de médecine militaire, en 1993 elle devient le 1er « centre hospitalier universitaire » militaire français.

Quelques mille salariés sont concer-nés, auxquels il faut ajouter ceux du secteur recherches, de formation et le Musée des médecines militaires. »

Inauguré en janvier 1979, le nouvel hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce est un hôpital moderne d’une capacité de 350 lits.

Le Val-de-Grâce comprend :

• Cinq services médicaux (cardiologie, dont une USIC, médecine interne et gastro-entérologie, néphrologie, neurologie, ophtalmologie et onco-logie),

• Cinq services rattachés à la chirurgie (anesthésie-réanimation, chirurgie viscérale et vasculaire, neurochirur-gie et ORL, chirurgie cervico-faciale et urologie),

• Un service d’onco-radiothérapie,

• Un service de psychiatrie,

• Un service d’hôpital de jour,

• Un service de chirurgie ambulatoire,

• Des services techniques communs (radiologie, médecine nucléaire, bio-chimie, toxicologie…) et un caisson hyperbare servant notamment pour les intoxications au monoxyde de carbone.

Chaque spécialité hospitalière dispose de chambres dites « VIP » réservées aux personnalités.

Les services cliniques peuvent ac-

cueillir des internes, des assistants en

formation et des étudiants hospita-

liers, en conformité avec les recom-

mandations universitaires.

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 29

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n GARD (30)Alès : Arthur BERGER, AC 39-45. René MAURIN, AC 39-45.Cévennes-Le Martinet : André BERBON, AC ATM, porte-drapeau de la section.Lédignan : Pierre SAER, ACPG 39-45, porte-drapeau de la section.

n HAUTE-GARONNE (31)Lévignac : Armand BOYE, 79 ans, AC ATM.

n ISERE (38)Bourgoin-Jallieu : Jean-Louis DU-CLOT, 81 ans, combattant pour la paix.

n LOIRE ATLANTIQUE (44)St Jacques : Guy BREGEON,

82 ans, AC ATM. Pierre PRIN, 84 ans, AC ATM.

n LOT-ET-GARONNE (47)Villeneuve-sur-Lot : Raymond BASQUIN, 93 ans.

n PUY-DE-DOME (63)Issoire : Edmond LACOT, 80 ans, AC ATM. Mme Marie-Louise MONTCHAMP, 91 ans, Résistante, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Croix du Combattant Vo-lontaire, présidente d’honneur de la section. Jean-Jacques VIDAL, 82 ans, AC ATM.

n SARTHE (72)Allonnes : Paul LEGRAND, 83 ans, AC ATM.Le Mans : Roger FOUCAULT, 81 ans, AC ATM.

n VAL DE MARNE (94)Chevilly Larue : André CHE-VREUX, AC ATM. Mme Jeannette LAPORTE.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Charente (16) Nous apprenons le décès de notre cama-rade Camille Dogne-ton survenu à l’âge de 94 ans le 8 mars 2016. Retraité de la DCN, Déporté Résistant, Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille Militaire, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance, Médaille de la Déportation.

Après avoir connu le maquis en Dordogne pour éviter le STO en Allemagne, la prison à la centrale d’Eysses pour faits de résistance, la déportation à Dachau, envoyé au camp d’Allach.Président d’honneur de l’ARAC, Président départemental de l’ANACR et de la FNDIRP, Fondateur du Musée de la Résistance à Angoulême.

Page 30: Le réveil des combattants - Avril 2016

30 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

L’ARAC du Finistère a tenu son as-semblée générale, en présence de Jac-queline Héré maire adjointe Bellevue, Marc Coatanéa, Claude Bellec et Hu-gues Vigouroux Président MERE 29.

Romaric Leduc, président : « 2015 fut une année sombre, notre pays a connu le pire en matière d’horreur avec des actes qui ont frappé, la liberté de pensée, d’écrire, de croire, de vivre. Un an après avoir manifesté en masse pour nos libertés, ces dernières sont aujourd’hui menacées, au nom même de leur défense, c’est un comble. L’état d’urgence devient permanent, la liberté syndicale est écrasée aujourd’hui, lut-ter pour sa survie peut mener à la pri-son, la menace est là, l’extrême droite est en embuscade et pas uniquement en France. Alors qu’il faudrait faire preuve de solidarité, l’heure est aux renoncements, aux reculs tous azimuts. Le code du travail, le medef en rêvait, Sarkozy n’avait pas osé, Hollande le tente. »L’ONAC se voit destituée de ses écoles

« 19 mars 1962. Cette date historique marque l’entrée en vigueur du ces-sez-le- feu entre la France et l’Algé-rie au lendemain de la signature des accords d’Évian qui ont sonné la fin d’un cataclysme politique et humain. Ce jour fut un immense soulagement pour des millions de personnes de part et d’autre de la Méditerranée. »

« Dès le 8 mai 1945, les revendications nationalistes faisaient irruption sur la scène de l’histoire. » « La ville de Saint-Denis commé-more également les événements du 17 octobre 1961 où sur l’ordre du préfet Maurice Papon, (ordonnateur des rafles antisémites dans la région bordelaise entre 42-44), les forces de police je-tèrent des manifestants pacifiques dans la Seine. » « Ce 19 mars 2016, nous ne pouvons occulter ce qui se déroule également sous nos yeux partout dans le monde.» « Partout où l’histoire de l’émanci-pation humaine s’écrit, les luttes ré-sonnent avec le combat historique de l’Algérie pour retrouver sa liberté et ses droits. » « L’année 2015 aura vu notre aspira-

Pierre Robin trésorier, Marc Coatanéa délégué mairie, Jac-queline Héré maire adjointe, Yves Kervarec contrôleur fi-nancier, Romaric Leduc Président, Joseph Coroller vice-pré-sident, Yves L’Helgoualc’h membre du bureau, Jean Moal porte drapeau.

de reconversion professionnelles. Tous ces faits nous prouvent que, comme lors de la création de l’ARAC, il y a presque cent ans, les combats que nous menons sont toujours et encore d’ac-tualité. Notre monde a besoin d’amitié entre les peuples et de solidarité, nous devons lutter contre le fascisme, agir pour la paix, et défendre nos valeurs républicaines et notre souveraineté na-tionale. Suite au rapport un large échange s’est déroulé concernant le rôle de l’ARAC pour une politique humaniste et pro-gressiste. 2016 doit être un temps fort du renfor-cement de notre comité qui doit per-mettre le renouvellement des cadres. Pour cela nous devons ouvrir en grand nos rangs, à toutes les générations pour être les combattants pour l’ami-tié, la solidarité, la mémoire, l’antifas-cisme et la paix.

Commémoration du 19 mars 1962 au Monument aux morts de St Denis (93)Extraits du discours de Zaïa BoughilasConseillère municipale déléguée à la vie associative et aux anciens combattants

tion légitime à la liberté et la démo-cratie chanceler devant le règne de la terreur. Les attentats du 13/11/2015 et les événements qui les ont suivis, mar-queront à jamais notre pays, et particu-lièrement notre ville. »« Le terrorisme a frappé aveuglément et toutes les communautés ont été tou-chées et oublie trop souvent les com-bats d’idées. »« Cette victoire contre le système in-humain que fut la colonisation est celle de tous : Algériens et Français. »« La municipalité de Saint-Denis œuvre pour ces valeurs universelles que sont la liberté, la démocratie et l’idéal de paix. Des valeurs qui, dans un monde toujours plus incertain et toujours en mutation, doivent sans cesse nous guider. »

Finistère (29)

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LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016 - 31

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

En novembre 2017, nous fêterons les 100 ans de notre association. Dans le cadre de la préparation de ce Centenaire, l’ARAC a inauguré – le

7 avril dernier à la Médiathèque de Villejuif (ville où Paul Vaillant-Coutu-rier a été maire et Député jusqu’à sa mort) l’exposition consacrée à l’un des créateurs de notre association : PAUL VAILLANT-COUTURIER.Cette inauguration a été suivie d’un débat en présence de : Patrick Staat – Secrétaire Général de l’ARAC – Pa-trick Appel Muller – Directeur de la Rédaction du journal l’Humanité –

Carlos Escoda – Historien, spécialiste

de Paul Vaillant-Couturier.

Villejuif (94)Présentation nationale de l’exposition Paul Vaillant-Couturier

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Le 12 mars a été inaugurée une librai-rie associative à Vitry-sur-Seine, 62 rue Guy Moquet, fruit du travail de l’Association livres en luttes.Cette initiative a été possible grâce à l’engagement de l’association, à la force de volonté de sa direction, no-tamment nos amis Robert et Fran-

çoise Seguala, en collaboration avec l’ARAC Nationale.L’intérêt et l’action de l’association « livres en luttes », c’est de récupé-rer des dons de livres, de disques de militants politiques et associatifs et d’en faire profiter les jeunes, les sa-lariés, toutes générations confondues. Ainsi on peut y retrouver des livres qui marquent l’histoire et les luttes de notre pays, qui ont marqué le mouve-ment syndical politique. Marx, Engels côtoient Aragon, Politzer, Camu, Jack London. On y retrouve aussi des livres sur la résistance, les luttes anticolo-niales, la libération de la France, etc.

En clair on y retrouve des pans entiers des luttes et combats qui ont marqué la France depuis 1789 et ont construit la République, la souveraineté de la France.Une librairie associative qui permet de redécouvrir une littérature aujourd’hui pour le moins disparue. Un lieu de ren-contre et de débat.150 personnes étaient présentes à l’inauguration, parmi elles près de 40 ont adhéré ce jour-là à l’association.Les jours d’ouverture sont le Mardi et le jeudi de 15 à 19h. Pour la joindre deux numéros : 06.81.70.78.01 et 06.87.90.87.19.

Une initiative à marquer d’une pierre blanche

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

32 - LE RÉVEIL - N° 823 - AVRIL 2016

Tout au long de ce siècle, l’ARAC a pris part aux combats de l’émancipa-tion humaine, à la défense des valeurs de la République, à la préservation de la souveraineté nationale.Elle a été de toutes les luttes pour pré-server la paix et donc s’est engagée en permanence à dénoncer les causes des guerres, à combattre les inégalités, les injustices, les guerres coloniales, le respect des peuples. Son action a été marquée par ses combats antico-lonialistes, antifascistes pour déve-lopper des nouveaux rapports entre les peuples marqués par l’amitié et la solidarité.C’est en novembre 1917 que naissait l’ARAC en pleine guerre atroce où des millions d’hommes de toutes nationa-lités ont perdu la vie ou se sont retrou-vés blessés, mutilés.Nos fondateurs pensaient qu’aucune force politique ne disait la vérité sur les causes de cette guerre. Un jeune mé-tallo Georges Bruyère prit l’initiative de rencontrer Paul Vaillant-Couturier et Raymond Lefebvre qui firent appel à Henri Barbusse « Prix Goncourt 1916 avec Le Feu » pour ensemble décider qu’il fallait faire quelque chose de neuf, qu’il fallait s’attaquer aux causes de la guerre, combattre cette barbarie insensée.Nos fondateurs vont décider de faire de cette volonté un combat pour la

paix, le respect humain, un combat pour la vérité.Action ô combien difficile puisque 20 ans plus tard à l’issue d’une période de crises, de montée de forces fasci-santes, de tensions et de renoncements politiques, nous débouchons sur la 2e guerre mondiale.Nous souhaitons avec vous impulser dans tous les départements de grandes initiatives tout au long des années 1916 et 1917, par le biais d’expositions, de débats, de rencontres, de projections de films, de lectures, rencontres fes-tives, bals elles devront préparer les congrès départementaux aboutissant au congrès national en novembre 2017, en région parisienne.Profitons de ces deux années pour ré-fléchir au « rôle et à la place de l’ARAC dans le monde d’aujourd’hui », thème qui sera au cœur de notre réflexion du prochain congrès.Appuyons-nous sur notre histoire, les engagements de nos prédécesseurs et faisons partager cet état d’esprit avec tous ceux que nous rencontrons.Plusieurs initiatives au plan national sont déjà prévues :- Fleurissement des tombes de Paul Vaillant-Couturier, Henri Barbusse, Georges Bruyère et un hommage à Raymond Lefebvre mort en mer,- Exposition « l’histoire de l’ARAC »- Création d’une médaille du cente-

naire (réédition de celle de 1919)- Hommage national aux porte-dra-peaux - Flamme à l’Arc de Triomphe• Réédition des livres- La guerre des soldats – Paul Vail-lant-Couturier- Le Feu – Henri Barbusse- L’Histoire de l’ARAC – Georges Doussin- De la pensée à l’action – Paul Mar-kidèsL’ARAC a beaucoup œuvrée tout au cours de ces 100 années pour la dé-fense, la paix, les ACVG, mais tous ceux touchés par ces années de capi-talisme, imposant misère, inégalités, maintenant des peuples entiers sous sa domination.L’ARAC s’est toujours élevée contre ces injustices et elle poursuivra par tous les moyens ses actions pour faire de notre monde, un monde meilleur, un monde de paix et de solidarité.Pour réussir notre centenaire, il nous faut être créatif, audacieux et présents sur tous les fronts tant sociaux que po-litiques, mais il faut aussi aller cher-cher les moyens de nos actions.Une commission du centenaire est ins-tallée et reste à votre disposition pour aider à la mise en place de nombreuses actions.Ensemble avançons vers cet anniver-saire important pour notre mouvement.

1917-2017 Centenaire de l’ARAC

La souscription pour l’achat de la maison commune continuePour continuer nos combats, fédérer les organisations qui partagent nos valeurs, nous devons acheter les locaux que nous occupons à Villejuif. Il nous faut trouver 250.000 euros.Les versements effectués sont exonérables des impôts (reçu renvoyé dès réception). Versements possibles par chèque à l’ordre de l’ARAC (ou autorisation de prélèvement) à envoyer à ARAC 2, place du Méridien – 94800 Villejuif

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