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VOUS PARLEZ DE CRISE ? DOSSIER LAÏCITÉ INTERVIEW CHEVÈNEMENT Mars 2015 - N° 811 - 5 e www.le-reveil-des-combattants.fr

Le réveil des combattants Mars 2015

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VOUS PARLEZ DE CRISE ?

DOSSIER LAÏCITÉ

INTERVIEW CHEVÈNEMENT

Mars 2015 - N° 811 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

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LE RÉVEIL MÉMOIREMÉMOIRE

Déclaration de l’ARACCommémorer le 19 mars1962 pour de nouveaux rapports entre la France et l’AlgérieLe 19 mars 2015, nous commémo-rerons le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie proclamé le 19 mars 1962, guerre qui avait commencé en 1954.C’était le résultat d’un combat pacifiste voulu du côté français comme du côté algérien, chacun dans les conditions propres à cha-cun des deux pays.Aujourd’hui, pour les générations apparues durant les 53 ans qui se sont écoulés depuis la fin de cette guerre coloniale menée par la France, celle-ci est jugée comme un événement passé sur lequel cer-tains ne veulent pas s’attarder, tan-dis que d’autres appellent à l’apai-sement.Mais on n’apaise jamais un blessé sans le soigner auparavant. En la circonstance, les deux nations ont

un travail de mémoire à réaliser. Les gouvernements de chacun des pays doivent assumer leurs respon-sabilités quant aux causes, aux cir-constances et au déroulement de la guerre.C’est un devoir de l’un à l’égard de l’autre, dans le respect de chacun des deux peuples.C’est la condition de l’apaisement réel d’un côté comme de l’autre.En ce qui concerne l’Algérie, nous n’avons pas à formuler d’avis, c’est l’affaire du peuple algérien. Par contre, en ce qui concerne la France, non seulement il doit être reconnu que cette guerre était une guerre coloniale qui a marty-risé les populations algériennes, à quelques exceptions près sans au-cune retenue, mais qu’elle avait pour but la domination politique et

économique de la France pour les intérêts d’industriels et de grands commerciaux internationaux fran-çais ou soutenu par la France à l’époque.C’est sur la base de la reconnais-sance de ces responsabilités que l’apaisement réel peut se dévelop-per et permettre la négociation et la signature d’un traité de paix sta-bilisant les rapports entre nos deux nations et créant les débuts d’une zone d’entente en Méditerranée, ce dont elle a le plus grand besoin.En participant activement à toutes les cérémonies officielles le 19 mars prochain, l’ARAC expri-mera ainsi sa volonté de voir se ré-aliser cet objectif.

Villejuif, le 23 février 2015

Déclaration du bureau national de l’ARACsur le 19 mars 1962 à BéziersInquiet de la mise en cause de la cé-rémonie anniversaire officielle du 19 mars 1962 (Loi du 6 décembre 2012), date du Cessez-le-feu des combats d’Algérie, Tunisie et Maroc, l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) exprime sa désapprobation totale devant la décision du maire de Béziers de débaptiser la rue du 19 mars 1962.A cette décision illégale s’ajoute une mesure municipale elle aussi en rupture avec les règles nationales que l’ARAC désapprouve, armer la police municipale, mise en valeur par une campagne d’affiches.

Le cessez-le-feu le 19 mars 1962 fut la victoire de la paix expri-mée par référendum auprès de la population de notre pays à 90 %, et particulièrement attendue par les soldats du contingent et leurs familles après huit années d’une guerre coloniale qui ne pouvait se conclure que par l’indépendance de l’Algérie.Evidemment l’ARAC est consciente du drame des rapatriés, celui des harkis restés sur le sol algérien, mais elle n’ignore pas non plus qu’après le cessez-le-feu, les attentats politiques de la terre brûlée pratiqués par l’OAS (Or-ganisation de l’armée secrète) en-

tretenaient l’opposition entre les communautés.C’est pourquoi la décision du maire de Béziers et des élus de sa majorité de débaptiser la rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom d’un commandant putschiste est véritablement inadmissible. En conséquence, le Bureau natio-nal de l’ARAC appuie la décision de son Comité départemental de l’Hérault de demander à Monsieur le préfet du département d’annuler purement et simplement la déli-bération du Conseil municipal de Béziers.

Villejuif, le 27 février 2015

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTSFondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 11Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

BRUXELLES PLOMBE L’AVENIR DE LA FRANCE

Le gouvernement cède, encore, aux injonctions de Bruxelles qui veut faire de l’Europe un grand

et unique marché permettant la mise en concurrence des peuples, des na-tions. Ses choix conduisent à des reculs de société, de démocratie, de liberté.

Le 28 février, Bruxelles a exigé « de nouvelles ré-formes ambitieuses ». Le message est clair, la loi Macron n’est pas suffisante.

Les conséquences de la loi Macron, avec son passage en force par le « 49-3 » sont désastreuses. Les condi-tions de travail des salariés sont attaquées.

Cette loi est censée casser « les rigidités » qui bloque-raient l’économie française. Alors que les entreprises du CAC 40 versent de confortables dividendes à leurs actionnaires (+ 37 % en 2014) plutôt qu’investir.

Chaque jour, le gouvernement, par médias interposés, demande des efforts supplémentaires sur l’âge de la retraite, les salaires et les pensions, sur les économies à faire sur la santé publique (suppression de 22 000 emplois dans les hôpitaux)…

Il faut lever le voile sur la politique de ce gouverne-ment qui mène une politique libérale poussée à ou-trance. Ce gouvernement qui répond aux exigences du MEDEF et de Bruxelles.

Alors que des millions de familles s’inquiètent de leur avenir, il y a urgence pour sortir des difficultés sociales, à augmenter les salaires, les pensions et les minimas sociaux, à développer les services publics afin de répondre aux besoins de la population, investir dans l’emploi et la formation professionnelle.

Les dangers qui guettent la démocratie se nourrissent de la crise qui sévit depuis plusieurs décennies. C’est pourquoi il est nécessaire de défendre les acquis so-ciaux et d’obtenir une autre distribution de richesses produites en défendant les valeurs de la République.

M. Valls a beau jeu de parler du Front national alors que c’est sa politique qui conduit malheureusement une part de nos concitoyens à s’abstenir ou à voter FN.

Nous considérons qu’il y a une grande urgence à agir sur la situation économique de la France pour lutter contre l’exclusion sociale, terreau des désespoirs les plus inquiétants.

Nous appelons les citoyens de notre pays à ne pas res-ter spectateurs, à s’engager et à prendre parti contre ceux qui « qui défont méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

L’ARAC appelle au rassemblement, à la prise d’ini-tiatives, pour préserver la République sociale, univer-selle, démocratique et laïque, à laquelle nous sommes attachés et que nous voulons léguer à nos enfants.

Patrick STAAT

Actualités Bruxelles réclame à Paris plus que les 50 milliards d’économie annoncés ................................................................. 4Le cadeau caché de la loi Macron ............................................... 5Vous parlez d’argent ou de crise ? ............................................... 5L’inquiétude monte sur la politique de santé .............................. 7Afghanistan - Dernière minute .................................................... 7Le coup du 49-3 .........................................................................25

International Espionnage : La NSA toujours au top......................................... 8L’OTAN renforce sa présence dans l’est de l’Europe................. 9Libye : Après le chaos, la terreur ..............................................10Nucléaire iranien : Netanyahou le provocateur ........................11Interview de Jean-Pierre Chevènement .....................................12Premiers pas entre les Etats-Unis et Cuba ................................21

Vos droits Formation professionnelle : Troisième tentative de réforme en dix ans ................................22Victimes du terrorisme et code des pensions militaires d’invalidité ..............................23Psychotraumatisme et blessure de guerre .................................23Loi Macron : le bâillon ou la prison ..........................................24Commission nationale de la carte du combattant .....................24Retraite du combattant : Plus un centime du point. C’est bizance ! ...........................................................................24

Vie de l’ARAC Vie des comités ........................26Nos peines ................................28

Merci à toi Henri Martin P. 31

P. 13 . D O S S I E R

LAÏCITÉ

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LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

Bruxelles réclame à Paris plus que les 50 milliards d’économies annoncés

Si jamais le gouvernement français avait envisagé quelques cadeaux élec-toraux avant la présidentielle de 2017, il peut déjà les oublier. La Commission européenne a dévoilé les nouveaux objectifs budgétaires de la France, contrepartie du nouveau délai de 2 ans accordé jusqu’en 2017 pour faire reve-nir le déficit sous la barre des 3 % du PIB. Cette trajectoire promet quelques sueurs froides à Paris. Michel Sapin a eu beau assurer que ces nouveaux ob-jectifs sont « réalistes » et qu’il suffirait pour les atteindre que la France « mette en œuvre les annonces que nous avons faites en terme de diminution des dé-penses publiques », cette affirmation ne convainc pas à Bruxelles. « Le plan de 50 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 déjà annoncé ne sera pas suffi-sant », notent des sources européennes.

Sur le papier, les scénarios français et bruxellois ne sont pas si éloignés que cela. L’exécutif européen voudrait que

la France soit à 4,1 % de déficit en 2015, puis 3,4 % en 2016, et enfin 2,8 % en 2017, quand Paris table sur 4,1 %, puis 3,6 % et enfin 2,7 % l’année de la pré-sidentielle. Sauf que les experts euro-péens ne croient pas du tout aux hypo-thèses françaises, si l’on regarde le texte officiel de recommandation délivré par la Commission. Celle ci calcule que le retour de la croissance (1,7 % et 1,9 % anticipé par la France en 2016 et 2017) ne suffira pas pour ramener le déficit sous les 3 %. Au contraire, elle estime que la France devra accélérer sa conso-lidation budgétaire pour aboutir à bon port. Raison pour laquelle elle demande à la France une réduction de son déficit structurel (hors effet de la conjoncture) de 0,8 % en 2016 puis 0,9 % en 2017. L’exécutif européen reconnaît que ces économies affecteront la croissance, qui ne devrait du coup pas dépasser 0,7 % en 2016 et 0,8 % en 2017.

Valls va devoir jouer serréOn le voit, Paris et Bruxelles ne sont donc pas sur la même longueur d’ondes. Mais le retour aux réalités européennes promettent d’être douloureuses pour le gouvernement français : l’exécutif eu-ropéen a calculé que Paris devra faire, par rapport à ce qu’il avait prévu, un effort supplémentaire de 1,2 % de PIB en 2016 et 1,3 % en 2017, en plus des 0,2 % (4 milliards d’euros) qu’elle ré-

La soumission de la France à la dictature de la Commission européenne et notamment à la nouvelle recommandation du 26 février 2015 est lourde pour l’avenir de notre pays. Si le gouvernement mettait en œuvre cette volonté de Bruxelles comme le laisse entendre Manuel Valls, ce sont plusieurs dizaines de milliards que le Premier Ministre, avec l’accord du Président de la République, soustrairait aux besoins des Français et de leurs enfants. Il veut donc pour cela s’attaquer à la politique sociale de la France. Il faut entendre par là s’attaquer à la Sécurité sociale, durée et maintien de la retraite, des minima sociaux, etc.Nous ne sommes pas les seuls à analyser les conséquences de cette soumission de la France.Ci-dessous un article des Echos du 28/02/2015.

La Commission européenne es-time que les efforts budgétaires français ne suffiront pas, et qu’il manque potentiellement jusqu’à 30 milliards d’euros de mesures supplémentaires pour faire reve-nir le déficit sous la barre des 3 % en 2017.

clame déjà pour 2015, soit plusieurs dizaines de milliards. La facture est lourde ! Bien sûr ces calculs ne tiennent compte pour le moment que de la moitié du plan des 50 milliards d’économies – Bruxelles attend d’avoir des mesures précises pour prendre en compte la to-talité. Mais même en partant de l’hypo-thèse que ces 50 milliards seront bien réalisés, la marche est encore très haute pour la France : il manque encore alors pas loin de 30 milliards d’euros de me-sures supplémentaires pour tenir l’ob-jectif de 2017, si l’on suit les calculs de la Commission. Une ligne rouge pour le gouvernement qui martèle depuis des mois qu’il ne fera pas plus que 50 mil-liards, pour ne pas exciter un peu plus les frondeurs de sa majorité.Le gouvernement de Manuel Valls va donc devoir jouer serré. D’autant plus que son autonomie va être fortement réduite. Pierre Moscovici, le Commis-saire en charge des Affaires écono-miques, a assuré qu’il « ne parlait pas de sanctions, qu’il ne parlait pas de sur-veillance ». Pourtant le texte de recom-mandation dit explicitement que « la situation de la France devra être sur-veillée étroitement », et prévoit même que Paris devra rendre compte tous les 6 mois à la Commission et à un comité d’experts des autres Etats et de la BCE. Une mesure symbolique très forte, qui doit encore être avalisée par les autres capitales en mars.

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ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

Difficile de s’y retrouver dans la loi Macron, car il y a tout et n’importe quoi : libéralisation du transport de car, travail le dimanche, révision des modalités de licenciement, finance-ment des entreprises, etc. Mais il y a un article de loi injustement méconnu : il s’agit de l’article 34 sur l’allègement de la fiscalité des actions gratuites.

De quoi s’agit-il ? Certaines entre-prises, notamment les start up, distri-buent gratuitement à leur salarié des «actions» de la société. Une sorte de promesse sur l’avenir, le jour où l’en-treprise réalise d’importants bénéfices et voient sa valeur montée en flèche. Jusqu’à présent, la valeur de ces ac-tions gratuites était incluse dans le calcul de l’impôt sur le revenu. Nor-mal, il s’agit bien d’une rémunération. Sauf que l’article 34 de la loi Macron change les règles de calcul.

Dans le texte d’accompagnement de la loi, voilà comment le changement de règle est présenté : « Actuellement im-posable à l’impôt sur le revenu selon les règles de droit commun applicables

aux traitements et salaires, la valeur de ces actions sera désormais imposée selon les principales modalités appli-cables aux plus-values mobilières. »

Vous n’avez rien compris ? C’est normal. Selon Le Canard enchaîné, cela signifie que les actions gratuites bénéficieront d’un abattement de 50 % avant imposition, ce qui réduit de moitié l’imposition. Exemple donné par l’hebdomadaire : « Le bénéficiaire d’une action gratuite paie aujourd’hui, selon sa tranche d’imposition (dont on peut soupçonner qu’elle est élevée), jusqu’à 42,71 euros d’impôt sur le revenu, hors CSG et RDS. Si l’article 34 est voté, il ne paiera plus que 20,21 euros. »

Officiellement, l’allègement de la fis-calité sur les actions gratuites est cen-sée favoriser le développement des start up qui ont recours à ce dispositif. Mais pour Le Canard enchaîné, ce sont surtout les cadres des entreprises du CAC 40 qui vont remporter le jack-pot. « La distribution d’actions gra-tuites a complètement supplanté les

stock-options, dont la fiscalité a été alourdie ces dernières années », ex-plique l’hebdomadaire. Et les chiffres sont éloquents : « Les conseils d’admi-nistration des entreprises du CAC 40 ont voté, en 2014, l’attribution d’ac-tions gratuites pour un montant de 6,4 milliards. Et, dans l’immense majorité des cas, à leurs cadres dirigeants les mieux payés », précise Le Canard en-chaîné.

Malgré toutes ces réserves, le gouver-nement a décidé de maintenir cet ar-ticle de loi, dont le coût est estimé à 200 millions d’euros par Macron. Un chiffre sous-estimé par plusieurs cabi-nets privés qui évaluent plutôt à 900 millions d’euros le manque à gagner pour le fisc.

Le Canard enchaîné

Vous parlez d’argent ou de crise ?« Golden hello », « parachutes dorés »... Cinq pactoles de patronsL’indignation soulevée par le coquet cadeau dont a bénéficié le nouveau dirigeant de Sanofi, Olivier Bran-dicourt, met la lumière sur les primes accordées aux très hauts cadres.

« Incompréhensible », ou encore man-quant de « décence », le « pont doré », ou « Golden hello » – qui pourrait at-teindre 4 millions d’euros – octroyé au nouveau patron de Sanofi a suscité moult réactions indignées, notamment au sein du gouvernement. Ce bien beau « cadeau » n’est que l’un des nombreux

avantages financiers dont peuvent bé-néficier les grands patrons. Inventaire.« Golden hello », le cadeau de bienvenueEgalement appelé « pont d’or » en France, ou encore « poignée de main en or » (« golden handshake ») aux Etats-Unis, il s’agit d’une prime de bienve-

nue, destinée à encourager un dirigeant à rejoindre une entreprise. Dans le cas du nouveau patron de Sanofi, il s’agit d’une indemnité forfaitaire brute de 2 millions d’euros, versée lors de sa prise de fonction, puis de la même somme en janvier 2016, s’il est toujours en poste. Sanofi décrit cette coquette somme

Le cadeau caché de la loi Macron :une réduction d’impôts de 900 millions d’euros pour les plus riches

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

comme une « contrepartie » aux avan-tages « auxquels il a renoncé en quit-tant son précédent employeur ». Avant Olivier Brandicourt, d’autres Français ont, bien sûr, été concernés par ces « ponts d’or ». On citera notamment Philippe Rucheton, nouveau directeur financier de la banque Dexia, arrivé en 2009, et illico gratifié de quelque 500 000 euros de prime.

A noter : le « golden hello » peut éga-lement être versé sous forme d’ac-tions : en mai dernier, lorsque Angela Ahrendts a été nommée responsable des boutiques Apple dans le monde, la marque à la pomme lui a octroyé des actions à hauteur potentielle de 68 mil-lions de dollars (49 millions d’euros).

Les « menottes dorées », ou l’incitation à la fidélitéL’image des menottes est plutôt par-lante : il s’agit d’une série de mesures destinées à inciter un employé, géné-ralement haut placé, à rester dans son entreprise actuelle. Par exemple, des stock-options (des bons d’achat pour acquérir des actions à un prix fixé au préalable et inférieur au cours de la Bourse) disponibles seulement après un certain temps passé dans l’entre-

prise, ou encore des bonus dont les ver-sements sont étalés dans le temps. Les deux millions d’euros promis au nou-veau patron de Sanofi s’il est encore en poste en janvier 2016 pourraient clairement être qualifiés de « menottes dorées ».« Parachute doré », le jackpot de départCette prime de départ, bien souvent conséquente, est d’ordinaire déter-minée par le contrat de l’intéressé, et vient s’ajouter aux indemnités légales touchées par un dirigeant. En France, on peut notamment citer le cas du pa-tron de Carrefour, Daniel Bernard, qui, en 2005, pensait empocher 38 millions d’euros au total en quittant le groupe (29 millions d’euros de retraite cha-peau, et le reste en prime équivalente à trois années de salaire), avant d’en être privé par la justice. Ou encore Philippe Jaffré, qui a quitté Elf en 1999 après son rachat par Total, avec 10 millions d’euros en poche, et 20 autres sous forme de stock-options.Retraite chapeau, le complément généreuxComplément de la retraite légale, la retraite chapeau est basée sur un pour-

centage du salaire de fin de carrière. Elle est régulièrement pointée du doigt, tant les montants peuvent être farami-neux. Ainsi, en novembre, le montant de la retraite chapeau du PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, a-t-il suscité la polémique : à plus de 830 000 euros annuels, elle avait de quoi surprendre et choquer, d’autant que GDF Suez avait terminé l’année 2013 sur une perte nette de 9,3 milliards d’euros. Cette affaire venait s’ajouter à d’autres scandales liés aux retraites chapeau, notamment celle, d’un montant de 347 000 euros annuels, de l’ex-PDG de France Telecom, Didier Lombard, et qui a conduit à une plainte du syndicat CFE-CGC. Le traitement de faveur a d’autant plus de mal à passer que Lom-bard est mis en examen dans l’enquête sur la vague de suicides chez l’opéra-teur télécom.

Jusqu’à présent, le code d’éthique des sociétés cotées des organisations pa-tronales Afep et Medef, qui n’a pas de caractère obligatoire, demande simple-ment que le versement de ces retraites soit conditionné à l’achèvement de la carrière dans l’entreprise et le limite à 45 % du revenu de référence. Mi-fé-vrier, les députés ont encadré davan-tage le versement de retraites chapeau, en limitant l’acquisition de ces droits à un taux de remplacement (du salaire) de 3 % par année de présence dans l’entreprise.

Le bonus, le « petit plus »Versé en sus du salaire, le bonus est destiné à récompenser de bonnes per-formances. Selon la Tribune, en 2011 les bonus représentaient le tiers de la rémunération des patrons du CAC 40, et « le million d’euros était alors la norme », selon le cabinet Proxin-vest, cité par ce même quotidien éco-nomique. On citera par exemple le bonus touché par le patron de Publicis, Maurice Lévy, en 2012 : la bagatelle de 16,2 millions d’euros, ou encore le patron de LVMH, Bernard Arnault, qui touche environ 2 millions d’euros de bonus par an, sur 11 millions d’euros de rémunération totale, selon une étude de Proxinvest parue fin novembre, et citée par Challenges.

Libération

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ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

Ces coupes dans les budgets des hôpitaux qui vont faire mal

Marisol Touraine a présenté, à huis clos, les 3 milliards d’économies prévues. Quelque 860 millions pro-viennent de la «maîtrise de la masse salariale», soit l’équivalent de 22 000 postes. En pleine épidémie de grippe, cela ferait désordre. En visite aux ur-gences de l’hôpital La Pitié Salpêtrière à Paris vendredi 27 février, «http://www.challenges.fr/tag/manuel-valls»-Manuel Valls et Marisol Touraine se sont auto-congratulés d’avoir réagi « avec détermination » et « au bon moment » face au pic de la maladie.En revanche, le Premier ministre et la ministre de la Santé n’ont pas dit mot sur les économies prévues dans les budgets des hôpitaux d’ici à 2017. Depuis quelques semaines, le gouver-nement dispose pourtant du plan dé-taillé des 10 milliards d’économies sur les dépenses de santé annoncé il y a presqu’un an.

Facture détailléeLe 2 février, lors d’une réunion à huit clos avenue Duquesne, Marisol Tou-raine a présenté les efforts demandés

aux hôpitaux à quelques hauts fonc-tionnaires. D’après un document du ministère de la Santé, que Challenges Soir s’est procuré, la facture s’élève au bas mot à 3 milliards sur trois ans.

La mutualisation des achats des hôpi-taux et l’obtention de meilleurs tarifs auprès des fournisseurs doivent déga-ger 1,2 milliard. Les baisses de prix des médicaments et des dispositifs mé-dicaux les plus coûteux rapporteraient 350 millions et les synergies liées aux rapprochements entre hôpitaux voisins quelque 450 millions. Plus sensible, le développement de la chirurgie dite «ambulatoire», sans nuit à l’hôpital, doit générer 400 millions et la réduc-tion des durées d’hospitalisation 600 millions. Le ministère affiche un ob-jectif ambitieux de 57 % d’opérations effectuées en ambulatoire en 2017, contre 43 % aujourd’hui, et estime à 15 000 le nombre de «réhospitalisa-tions» qui pourraient être évitées.

« Le sujet est explosif, confie un connaisseur du dossier, puisque ces gains reposent majoritairement sur la réduction des dépenses de personnel. « Le ministère de la Santé table sur une « maîtrise de la masse salariale » de

l’ordre de 860 millions, soit l’équiva-lent de 22 000 postes et 2 % des effec-tifs de la fonction publique hospitalière.

Médecins surveillésLes médecins des hôpitaux seront mis à contribution sur d’autres postes budgétaires. Comme leurs collègues libéraux, ils devront prescrire de plus en plus de médicaments génériques et limiter les examens redondants. Les enjeux ne sont pas minces. L’améliora-tion de la pertinence des soins doit per-mettre d’économiser 3,1 milliards sur l’ensemble des dépenses de santé et la montée en puissance des génériques et bio similaires 1,3 milliard. Le reste des efforts concerne les établissements mé-dico-sociaux (500 millions), les baisses de prix des médicaments (1,6 milliard) et les gains sur les dispositifs médicaux et prothèses (250 millions). Autant de mesures délicates à annoncer au lende-main de la plus forte grippe à l’œuvre depuis cinq ans.Contacté, le cabinet de «http://www.challenges.fr/tag/marisol-touraine» Marisol Touraine n’a pas souhaité ré-pondre aux questions de «Challenges».

Laurent Fargues Challenges Soir

L’inquiétude monte sur la politique de santé, même « Challenges » sur son site internet (Challenges soir) s’en inquiète

Afghanistan - Dernière MinuteAtiq Rahimi – Ecrivain né à Kaboul, prix Goncourt 2008« Détruire des œuvres d’art, c’est détruire l’identité des peuples, car en démunissant les gens de leur passé et de leur histoire, on peut leur imposer la création d’une autre pensée, d’une autre manière d’être. Quelqu’un qui n’a pas de racines peut être très facilement manipulé et instruit. En Afghanistan, j’ai vu les ravages de la guerre civile puis de l’arrivée des ta-libans, ceux qui ont fini de détruire et piller le Musée de Ka-boul. A l’époque, la population et beaucoup d’intellectuels ont essayé de cacher un grand nombre d’œuvres, aux archives nationales et aux archives audiovisuelles, en enterrant ou en dissimulant dans les murs tout ce qu’ils ont pu. Le Musée Gui-met a exposé en 2006 une partie de ces œuvres retrouvées des collections nationales du Musée de Kaboul, notamment de l’art gréco-bouddhiste des IIe et IIIe siècles.

Aujourd’hui les jeunes Afghans ne connaissent rien de leur passé, pour eux l’histoire commence avec l’arrivée des moudja-hidins, et quand on leur parle des années 1960 afghanes, pour eux c’est comme s’il s’agissait d’un autre pays, ils n’ont plus de repères. On peut faire ce que l’on veut d’une génération sans repères et sans histoire, et c’est ce que cherchent les djihadistes.

Qu’est-ce qu’un homme sans sa culture et sans sa pensée ? Daesh agit contre l’humanité et la civilisation. Ces destructions nous touchent profondément parce qu’une œuvre donnée, elle appartient à l’humanité tout entière. Quoi qu’il fasse, un artiste est lié avec le monde entier. Détruire l’identité d’un peuple, c’est tuer plus qu’un individu, c’est tuer l’humanité en-tière ».

Propos recueillis par Sabine Audrerie - La Croix – 2 mars 2015

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

EspionnageLa NSA toujours au top

La NSA et son homologue britannique ont dérobé des quantités «sidérantes» de clefs de cryptage de cartes SIM. Une méthode qui leur a permis d’in-tercepter en toute discrétion des com-munications sur téléphones mobiles, a révélé jeudi 19 février The Intercept, le site américain du journaliste d’in-vestigation Glenn Greenwald, qui avait publié les révélations d’Edward Snowden.Chaque carte SIM est dotée de clefs de cryptage pour coder les communi-cations avec l’opérateur de télécom-munications. Détenir ces clefs permet de reconstituer toutes les communica-tions. Selon le site, la NSA (National Security Agency) et le GCHQ (Go-vernment Communications Headquar-ters) seraient entrés dans les réseaux informatiques des fabricants de carte SIM pour dérober ces clefs, notam-ment dans celui du Français Gemalto, géant mondial du secteur. « Le GCHQ, avec le support de la NSA, a puisé dans les communications privées » d’ingé-nieurs et d’autres salariés du groupe « dans de multiples pays », écrit The Intercept. D’autres fabricants de cartes SIM ont été visés, dans des intrusions visant à intercepter les clefs de cryp-tage de chaque puce au moment où elles sont envoyées à l’opérateur de télécommunications.« Il est impossible de savoir combien de clefs ont été volées par la NSA et le GCHQ, mais même en utilisant les hy-pothèses les plus basses, le nombre est sidérant », révèle le site d’information. La NSA était déjà capable en 2009 de « traiter entre 12 et 22 millions de clefs par seconde ». Dans un commu-niqué, la société Gemalto a indiqué qu’elle prenait « très au sérieux » les affirmations de The Intercept.

Poursuite du programme d’espionnageAinsi, la NSA, mise en cause l’an der-nier dans une affaire d’écoutes télé-phoniques à l’échelle mondiale et plus

ou moins blanchie par Obama, loin de se réformer comme l’avait promis le locataire de la Maison-Blanche, pour-suit l’espionnage planétaire et serait, selon d’anciens agents du renseigne-ment américain, capable de surveil-ler la majorité des ordinateurs dans le monde. Ils affirment que l’agence de sécurité aurait trouvé le moyen de dissimuler un logiciel espion dans les disques durs fabriqués par les sociétés Western Digital, Seagate, Toshiba, ain-si que d’autres fabricants.Ses révélations viennent corroborer la découverte, par le laboratoire Kaspers-ky - développeur de logiciels de sécu-rité informatique basé à Moscou - la présence de groupes de programmes d’espionnage dans des ordinateurs de plusieurs pays. Selon la société russe, le pays le plus touché serait l’Iran, sui-vi par la Russie, le Pakistan, l’Afgha-nistan, la Chine, le Mali, la Syrie, le Yémen et l’Algérie. L’espionnage a pour cible des institutions militaires et gouvernementales, des sociétés de télécommunications, des banques, des entreprises du secteur de l’énergie, des chercheurs en nucléaire, des médias

et des islamistes... Kaspersky n’a pas fourni le nom du pays qui est derrière cette campagne d’espionnage, mais a précisé qu’elle était étroitement liée au virus Stuxnet, cyber-arme utilisée, il y a quelques mois par les Etats-Unis, pour attaquer des installations nucléaires iraniennes. Un ancien em-ployé de la NSA a confirmé à l’agence de presse Reuters que les constatations de Kaspersky étaient exactes. Un autre ancien agent du renseignement a pré-cisé, quant à lui, que la NSA avait mis au point la technologie pour cacher des logiciels espions dans des disques durs.

J.-P. Delahaye

Malgré les promesses d’Obama, l’Agence de sécurité américaine poursuit ses pratiques d’es-pionnage planétaire…

Inquiétudes des services de rensei-gnement devant la pénétration de l’Etat islamique en Afghanistan…

En Afghanistan, les services de rensei-gnement s’inquiètent d’une pénétration de l’Etat islamique dans le pays, en tout cas d’une inspiration car les méthodes des terroristes ont évolué.

(Radio Vatican, le 25.02.2015)

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 9

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

L’OTAN renforce sa présence dans l’Est de l’Europe

Bruit de bottes sur le vieux continent

Les ministres ont justifié leurs déci-sions guerrières par l’ « inquiétude face à l’évolution du conflit en Ukraine et l’attitude de Moscou ». L’OTAN n’y va pas de main morte. Il prévoit l’instal-lation de 6 nouveaux centres de com-mandement et de contrôle dans l’Est de l’Europe. L’implantation d’un nouveau quartier général dans l’ouest de la Po-logne. L’augmentation des effectifs de la force de réaction rapide portée de 13 000 à 30 000 hommes. Cette Task force sera rapidement opérationnelle ainsi qu’une force ultrarapide dite « fer de lance », dont les 5 000 premiers élé-ments pourraient être déployés en 48 heures. Tels sont les principaux élé-ments de l’opération de « réassurance » projetés par l’OTAN.

Ces mesures, déjà annoncées en sep-tembre 2014 au sommet de Newport et misent en œuvre aujourd’hui, sont « d’ordre purement défensif », a insisté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, volontaire-ment rassurant, tandis que de son côté, le commandant militaire de l’OTAN, le général américain Philip Breedlove, accusait la Russie d’alimenter les sépa-ratistes de l’est de l’Ukraine en matériel militaire pour en déduire : « Le peuple ukrainien a le droit de se défendre. » Manière de souffler le chaud et le froid… Mais les faits sont têtus, l’Al-liance atlantique, bras armée de Was-hington, est bel et bien, au nom de la démocratie et du droit des peuples, en train de sur-militariser l’Europe.Etat d’urgence nucléaire ?Un article paru dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), citant des sources de l’OTAN, a fait état de plans

visant à établir une présence perma-nente de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est. Selon le rédacteur, des « unités spéciales d’intégration » seraient po-sitionnées en Estonie, en Lituanie, en Lettonie, en Pologne, en Roumanie en Bulgarie et en Hongrie.

Déjà, fin janvier, le journal allemand avait révélé que les ministres de la Dé-fense de l’OTAN prévoyaient de convo-quer à l’occasion de leur réunion du 5 février, le Groupe des plans nucléaires (NPG) pour discuter « le scénario de menace nucléaire émanant de la Russie ces derniers mois ». Précisant qu’il ne s’agira pas comme les années précé-dentes d’une réunion de routine, il in-diquait qu’une « analyse de scénarios de menace préparée au quartier géné-ral de l’OTAN serait présentée aux mi-nistres européens de la Défense. Après quoi, ceux-ci devaient discuter, pour la première fois, des conséquences d’une stratégie nucléaire de l’Alliance.»

L’accumulation de ces mesures et la volonté de certains hauts responsables américains de fournir des armes létales à l’Ukraine (voir notre dernier N°) in-quiètent jusque dans les cercles les plus belliqueux de Washington. Ainsi, l’ancien secrétaire d’Etat US, Henry Kissinger, qui s’est particulièrement illustré durant la guerre du Vietnam, s’exprimant devant le comité des forces armées du Sénat américain, s’est dé-claré « mal à l’aise à l’idée de débuter un processus d’engagement militaire (en Ukraine) sans savoir où cela nous

mènera et ce que nous ferons (…) c’est un territoire situé à 300 miles (environ 700 km de Moscou, qui a donc des im-plications spéciales en matière de sécu-rité. »

Il reste que cet assourdissant bruit de bottes sur le vieux continent et aux portes de la Russie n’augure rien de bon pour la paix du monde. Les Nations unies doivent jouer leur rôle.

J.-P. Delahaye

Les ministres de la Défense de l’OTAN se sont réunis début février à Bruxelles. Objectif : consolider l’alliance militaire en Europe et, dans le collimateur de l’Alliance atlantique, la Russie.

Des véhicules blindés américains vendus à l’Ukraine par les Emi-rats arabes unis…Le président ukrainien Piotr Prochenko s’est rendu mardi au salon international de l’armement IDEX 2015 à Abou Dha-bi, en marge duquel il s’est entretenu avec les responsables de plusieurs pays étrangers. En sa présence, les respon-sables ukrainiens ont signé des contrats sur l’achat d’armements avec des so-ciétés étrangères. La note d’entente de coopération militaire entre l’Ukraine et les Emirats arabes unis a été l’un des plus importants contrats signés à Abou Dhabi. En vertu de cet accord, l’Ukraine a acheté aux Emirats arabes unis des véhicules blindés américains Spartan et Sugar. Kiev a également conclu des contrats d’armements avec des sociétés américaines et européennes, leur achetant toutes sortes d’armes.

(La voix de la République islamique d’Iran, le 25.02.2015)

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LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

Libye

Après le chaos, la terreur

En Libye, l’histoire de l’Etat islamique (EI) débute à l’automne 2014. En oc-tobre, une vidéo montre de nombreux combattants du « Conseil consultatif de la jeunesse islamique » de la ville de Derna, un groupe armé salafiste créé en avril, chantant le slogan de l’EI. Peu de temps après, dans une déclara-tion publiée le 13 novembre, le chef et fondateur irakien de l’organisation terroriste, Abou Bakr Al-Baghdadi, se félicite que son «califat» gagne du ter-rain. Il dit avoir accepté des serments d’allégeance, notamment de la part de partisans en Libye.

Ces djihadistes contrôleraient no-tamment Derna, une ville de 100 000 habitants dans l’est de la Libye, dont ils ont fait la capitale de leur « émi-rat islamique ». La chaîne de télévi-sion américaine CNN décrit dans ses reportages « une ville où flotte le drapeau noir, où les véhicules de po-lice portent les insignes de l’EI et où le stade de football est transformé en lieu d’exécution publique ». Toujours selon CNN : « Derna a une longue his-toire avec l’islamisme radical. Margi-

nalisée pendant l’ère Kadhafi, elle a contribué à fournir des combattants à al-Qaida en Irak plus qu’aucune autre ville du Moyen-Orient. Elle a aussi fourni de nombreux combattants à l’EI en Syrie ».En décembre dernier, le général David Rodriguez, chef du commandement de l’armée américaine pour l’Afrique, s’est inquiété de l’installation de «camps d’entraînement» dans l’est du pays. 200 djihadistes s’y exerceraient. Mais l’officier américain a qualifié le phénomène de « très petit et nais-sant ».En janvier dernier, l’Etat islamique commence véritablement à faire par-ler de lui en Libye en revendiquant une série d’attaques spectaculaires dont un assaut de plusieurs heures contre un grand hôtel de Tripoli. Avec l’exécution, récente et médiatisée, des 21 Coptes égyptiens, l’organisation cherche à faire parler d’elle pour mon-trer qu’elle est désormais solidement implantée en Libye.Pour tous les observateurs, l’EI (Daesh) profite du chaos qui s’est ins-tallé depuis la chute de Mouammar Ka-dhafi, en 2011. A l’époque, l’Alliance atlantique (OTAN), sans autorisation des Nations unies, avaient attaqué et bombardé l’armée libyenne et des sites stratégiques au prétexte de venir en aide au peuple libyen. La France s’était d’ailleurs placés aux avant-

postes de cette croisade avec un duo de choc, Sarkozy et Bernard-Henry Lévy, plus va-t’en guerre que jamais !Après l’assassinat du dictateur Ka-dhafi, le pays est dépecé par les dif-férentes factions rivales. Quatre ans ont passé et le chaos règne plus que jamais. « La Libye est en train de par-tir en morceaux », remarque Fabrice Balanche, directeur du Groupe de re-cherches et d’études sur la Méditer-ranée et le Moyen-Orient (Gremmo). Le pays est déchiré en deux coalitions armées. L’une, celle du général Haf-tar, soutenue par l’Egypte et basée à Tobrouk ou s’est installé le gouver-nement démocratiquement élu et re-connu par la communauté internatio-nale. L’autre Fajr Libya (Aube de la Libye), basée à Tripoli, qui entretient des liens troubles avec des groupes dji-hadistes comme Ansar Al-Charia. Sur-tout, nul ne peut contrôler les dizaines de groupes armés aux motivations dif-férentes… « Etant donné la situation morcelée de la Libye, ce pays constitue certainement un des terrains les plus favorables pour Daesh », écrit Alain Rodier, du Centre français de recherche sur le renseignement, dans une récente note. Pour lui, « il est à craindre que la Libye ne devienne aussi très attractive pour les djihadistes étrangers ». Et au cœur de cette poudrière… des champs de pétrole.

J.-P. Delahaye

Les djihadistes de Daesh s’ins-tallent en Lybie sur les dé-combres laissés par l’OTAN en 2011.

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 11

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Nucléaire iranien

Netanyahou le provocateurLe Premier ministre israélien fait feu de tout bois pour torpiller un accord entre Washington et Téhéran.

Bras de fer à Washington ? A quinze jours des élections législatives en Is-raël, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a défié l’indé-fectible ami de Tel-Aviv, le président américain Barack Obama. Invité par le « speaker » de la Chambre des repré-sentants, le républicain John Boehner, il a dénoncé, mardi 3 mars devant le Congrès des Etats-Unis, l’accord sur le nucléaire iranien que Washington veut conclure avec Téhéran. Cette invitation a fortement déplu à la Maison-Blanche qui n’a été prévenue de ce voyage que 24h00 avant. Du coup, piqués au vif, Obama et son vice-président Joe Biden ont boudé le premier ministre israé-lien. « Nous n’avons pas de leçons à recevoir de Netanyahou en matière de lutte contre la prolifération nucléaire » a commenté, de son côté, Nancy Pé-losi, la patronne des démocrates à la Chambre des représentants ajoutant qu’en tant que personne « qui chérit la relation, américano-israélienne, je suis attristée par l’insulte proférée contre l’intelligence des Etats-Unis et affligée par la condescendance à l’encontre de nos connaissances sur la menace posée par l’Iran »

La veille de son départ pour Washing-ton, dans une mise en scène parfaite-ment maitrisée, Netanyahou, s’était rendu au mur des Lamentations pour prier devant photographes et journa-listes. « Priait-il pour sa propre survie politique, face à une adversité sans précédent, à deux semaines des élec-tions législatives(…) » s’est interrogé « Le Monde » dans son édition du 3 mars. Tel un messie, ce pourfendeur des palestiniens et du monde arabe en général s’est revendiqué « l’émis-saire de tout le peuple d’Israël (…) en mission historique ». Faut-il y voir une manœuvre électorale ? Il est sûr en tout cas que les dernières semaines

ont été catastrophiques pour le chef du Likoud, confronté à des scandales à répétition. Et reconstruire son image sur le registre sécuritaire et l’unité na-tionale est un classique de la politique en Israël… C’est semble-t-il l’avis de Isaac Herzog, chef de file des travail-listes israéliens qui a déclaré « Il détruit notre alliance avec les Etats-Unis pour quelques bulletin dans l’urne… »

Un accord inacceptable pour Tel-AvivComme à son habitude Netanyahou joue avec le feu. La conclusion des négociations avec l’Iran, dont l’admi-nistration Obama s’est semble-t-il fixé l’objectif avant la fin du mandat du lo-cataire de la Maison-Blanche, lui reste en travers de la gorge. Inacceptable pour Netanyahou pour qui tout accord, même à minima, avec les Iraniens ne les empêchera pas de se doter de l’arme atomique, ce qui « pourrait menacer la survie d’Israël ». Limite de ce discours, comme le souligne « L’Express », le chef du gouvernement de Tel-Aviv et de la droite israélienne avait déjà af-firmé en 1995, 1996, 2010 et 2012 que le programme nucléaire iranien était « sur le point d’aboutir ».

A l’inverse, les négociateurs améri-cains mettent en avant les concessions

faites par les Iraniens. «A de nombreux égards, l’Iran a fait machine arrière sur certains éléments de son programme», a souligné Obama. Selon « France 24 », « l’Iran semble avoir accepté le prin-cipe d’un contrôle accru de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur ses stocks de combustible nucléaire ». En échange de ses enga-gements, Téhéran souhaite une levée rapide des sanctions financières et pé-trolières qui frappent durement son économie. La République islamique, qui se défend de chercher à fabriquer la bombe atomique, entend pouvoir déve-lopper ses capacités d’enrichissement d’uranium pour alimenter ses centrales.

Enfin et ce n’est peut-être pas l’une des moindres raisons, Obama semble sou-haiter avancer sur la voix du rapproche-ment de son pays avec Téhéran, trente-cinq ans après la rupture des relations diplomatiques qui a suivi l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, au début de la Révolution islamique. Si tel était le cas c’est toute une partie des relations et peut-être des alliances entre Etats de cette partie du monde qui pour-raient s’en trouver changé, un véritable bouleversement géostratégique. Et ça, Netanyahou ne peut l’accepter.

J.-P. Delahaye.

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LE CAHIER MÉMOIRE

12 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

Interview de Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la fédération de Russie, nous a reçu pour revenir sur les origines et la gestion de la crise ukrai-nienne.

Quel rôle jouez-vous pour la France en Russie ?

Jean-Pierre Chevènement. Je suis d’abord représentant dans le cadre de la diplomatie économique voulue par le ministre des Affaires étrangères et par le Président de la République. Je fais en sorte que les problèmes des entreprises françaises puissent être simplifiés. En même temps, je m’intéresse à ce qu’il se passe dans les relations franco-russes. Je me suis rendu en Russie en 2014 à deux reprises : pour rencontrer Vladimir Poutine et en septembre pour assurer les rencontres successives qui ont permis d’aboutir sur l’accord Minsk I et Minsk II. J’essaye de travailler à ce qu’une rela-tion de confiance se maintienne entre nos deux pays.

Comment expliquez-vous la crise ukrainienne et son ampleur ?

J.-P. C. : Je pense que l’origine de la crise se trouve dans les conditions d’im-plosion de l’URSS en 1991, ainsi que dans le conflit de pouvoir entre Eltsine et Gorbatchev. L’Ukraine est un objet géopolitique. Certains ont cru qu’en sous-trayant l’Ukraine à l’influence russe, ils empêcheraient la Russie de redevenir une grande puissance. Je ne pense pas que la Russie veuille reconstituer l’URSS. C’est une fausse analyse. Le projet de la Russie est un projet national. Bien sûr, elle a des intérêts de sécurité qu’elle veut protéger. Par ailleurs, cette crise, qui était évitable, trouve aussi son origine à l’extérieur de l’Europe. Des intérêts non-européens rêvent de créer une discorde entre l’Eu-rope et la Russie.

Plus précisément, comment com-prendre la révolte de la place Maïdan ?

J.-P. C. : La manière dont a été menée la négociation de l’Ac-cord d’association entre l’Union euro-péenne et l’Ukraine en 2013 n’a pas pris en compte les in-térêts de la Russie. En effet, il y a déjà un libre-échange entre la Russie et l’Ukraine. On en est arrivé à un point d’extrême tension début 2014. A ce moment-là une dis-cussion s’est engagée entre l’Ukraine et l’UE. L’Union européenne a accordé 560 millions de dollars à l’Ukraine, et la Russie 15 milliards. De fait, le Président Ianoukovitch a demandé de reporter cet accord d’association. C’est ce qui a pro-voqué un mouvement de révolte qu’on ap-pelle Maïdan. C’est une révolution d’un certain point de vue, un coup d’Etat d’un autre point de vue. En tout cas, l’éviction du Président Ianoukovitch et la prise de certaines mesures comme la suppression du russe comme langue nationale en Ukraine ont conduit la Russie à répliquer de façon inconsidérée. A n’importe quoi, la Russie a répondu par n’importe quoi, je parle de l’annexion de la Crimée. A partir de ce moment, une certaine escalade s’est opérée avec les sanctions économiques. Heureusement, le Président Poutine a accepté que des élections se tiennent en Ukraine et heureusement qu’il n’a pas re-connu les demandes de rattachement des Oblasts [NDLR : région administrative ukrainienne] de Donestk et de Louhansk à la Russie. Un accord est intervenu pour la fourniture du gaz. Finalement, on s’est acheminé vers des accords de cessez-le-feu. C’est le plus difficile.

Les sanctions sont-elles vraiment utiles dans la résolution du conflit ?

J.-P. C. : Les sanctions ont peut-être été utiles si elles ont abouti aux accords de cessez-le-feu. Elles sont très préjudi-ciables au commerce entre l’Europe et la Russie. Elles comportent des inconvé-nients pour nos deux entités.

De Gaulle, dans un discours à Lille en 1947, parlait d’une « Europe euro-péenne », la gestion de la crise n’a-t-elle pas été celle d’une Europe américaine ?

J.-P. C. : L’erreur a été de vouloir dire à l’Ukraine : soit vous êtes avec la Russie, soit vous êtes avec l’Europe. Alors, il y a eu les pro-Russes et les pro-Européens qui se sont affrontés, c’est une mauvaise mé-thode. L’Ukraine est entre les deux. Elle devrait être un pont et ne pas être un enjeu de rivalité. L’idée d’une « Europe euro-péenne » est celle qui est portée par le Pré-sident Hollande et la chancelière Merkel quand ils cherchent à faire prévaloir une solution pacifique entre les belligérants.

Du fait des sanctions la Russie peut-elle chercher d’autres soutiens écono-miques en Chine ou dans les BRICS ?

J.-P. C. : Oui bien sûr, l’effet de ces sanc-tions est de rejeter dans une certaine me-sure la Russie vers les pays émergents et notamment la Chine. Mais le peuple russe est un grand peuple européen qui apporte beaucoup à la culture européenne. On ne peut pas aller contre cette évidence, la Russie c’est un peuple étendu en Asie et en Europe, mais c’est un peuple européen.

Poutine est-il soutenu par les Russes ?

J.-P. C. : Je pense que le Président Pou-tine bénéficie, à tort ou à raison, d’une très grande popularité.

Réalisée le 23 février 2015 (Fondation Res Publica)

par Quentin Corzani pour Le Réveil.

« Des intérêts non-européens rêvent de créer une discorde entre l’Europe et la Russie »

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LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

N° 811MARS 2015

Les événements dramatiques que nous avons vécus les 8 et 9 janvier de cette année ont conduit 4 millions de citoyennes et de citoyens à exprimer, par l’ampleur des manifestations dans les rues de notre pays, leur at-tachement aux valeurs républicaines, notamment la liberté d’expression et la laïcité qui sont des garanties de vivre-ensemble aux mêmes titres que l’égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, la tolé-rance et la solidarité fraternelle.

Ce sursaut citoyen et républicain a fait réapparaître la nécessité de rester

vigilants quant aux valeurs de la Ré-publique de la part du peuple, sou-verain dans sa totalité. Quant à faire respecter les droits et les devoirs de tous et de chacun dans le cadre du pacte républicain, un peuple silen-cieux est toujours maîtrisé par des forces qui le desservent.

Il en est ainsi de la laïcité qui subit des assauts répétés, sournois ou di-rects, et c’est pourquoi nous devons en réaffirmer la nécessité de la voir respectée et mise en œuvre. La laï-cité nous protège, que nous soyons croyant ou non-croyant, et elle nous

met tous sur un pied d’égalité. Elle ne combat pas les religions, comme l’explique clairement Jean Jaurès dans son discours de Castres. Elle protège les religions minoritaires et leur assure les mêmes droits qu’aux autres. Elle permet de ne pas croire ou de croire sans être persécuté ou défavorisé, c’est une des conditions du vivre-ensemble dans notre so-ciété multiculturelle et multi-spiri-tuelle. Il faut la défendre de manière constante. C’est à contribuer à servir cet objectif que veut répondre ce ca-hier Mémoire.

ÉDITOÉDITOPar Paul MarkidèsPar Paul Markidès

Laïcité :Le principe républicain qui nous protège tous

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14 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL DOSSIER

La laïcisation de l’école et l’ins-tauration d’une morale laïque, à partir des années 1880, ont amorcé un basculement de lo-giques complété par la séparation des Églises et de l’État. Nous sommes passés d’une logique de premier seuil de laïcisation à une logique de second seuil. Ce second seuil de laïcisation com-porte, comme le premier, trois caractéristiques :

- Une dissociation institution-nelle : La religion peut fonction-ner, en interne, comme une ins-titution, mais elle doit prendre socialement une forme analogue à l’association. Si des pratiques médicales ou la pratique scolaire tendent à devenir socialement obligatoires, la religion est consi-dérée comme une option faculta-tive. Dans ce cadre, elle a la li-berté de faire des propositions de sens dans l’espace public.

- Une absence de légitimité so-ciale institutionnelle : Devenus « affaire privée », les « besoins religieux n’ont plus d’objectivité socialement reconnu. La question du rôle (positif ou négatif) de so-

cialisation morale par la religion ne présente pas de pertinence so-ciale. Les préceptes moraux de la religion ne sont donc ni imposés ni combattus par la puissance publique. D’autres institutions (école, médecine) tendant à la remplacer comme instance de so-cialisation.

- La liberté de conscience et de culte fait partie des libertés pu-bliques sans distinction entre les cultes qui seraient « reconnus » et d’autres qui ne le seraient pas. De droit privé, les différents cultes voient leur « exercice » publi-quement garanti. Chaque citoyen possède un libre choix et un libre refus en matière de religion.

Cette laïcité du second seuil est considérée par beaucoup comme assez « radicale ». Il peut donc sembler paradoxal qu’elle ait progressivement calmé le conflit des deux France par un « pacte laïque ». Le paradoxe n’est qu’apparent. La séparation a mis fin aux possibilités de reconquête d’une position institutionnelle hé-gémonique. Elle marque l’échec des tentatives « cléricales » qui

L’établissement de la laïcité1

ont jalonné le XIXe siècle. Cela ne signifie pas que le cléricalisme ait totalement disparu. Mais, la plu-part du temps, la recherche d’une influence sociale s’effectue dans le cadre du débat démocratique. L’église catholique a dû accep-ter de s’insérer dans la nouvelle logique. Elle a pu le faire car les anticléricaux ont dû renoncer, de leur côté, à l’essentiel de la pers-pective régalienne de surveillance de l’État sur la religion et accepter que la liberté de conscience soit également une pleine liberté de culte. La diminution de ce pou-voir régalien a été longtemps mi-nimisée par l’historiographie, elle n’est pas encore bien intégrée par la culture commune. Pourtant, un Camille Pelletan l’avait perçu, dès 1905, quand il reprochait à Briand de faire ce que jamais l’Ancien Régime n’aurait accepté. La fin du système régalien gallican (dont il peut, là aussi, rester des traces), est aussi importante que la fin des entreprises cléricales. Il y a syner-gie entre les deux, et le « pacte » peut fonctionner sur la base de ce double renoncement, ce qui ne supprime pas tout conflit, ni cer-taines tentatives de retour au clé-ricalisme ou au régalisme.

1. Jean Bauberot, Histoire de la laï-cité française. Editions PUF, Collec-tion « Que sais-je ? »

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 15

DOSSIERDOSSIER LE RÉVEIL

La laïcité inscrite dans la Constitution1

La rencontre de personnes de convictions différentes dans la Résistance se traduit politique-ment, en 1946, par un gouver-nement tripartite : communiste, socialiste et Mouvement répu-blicain populaire (parti démo-crate-chrétien), présidé par un MRP (le général de Gaulle a quitté le pouvoir en janvier). Une Constitution est adoptée et rend manifeste la fin du conflit frontal des deux France. D’abord, de-puis 1944, les femmes ont enfin obtenu le droit de vote. Or, une partie du camp laïque a eu une attitude ambiguë : certains radi-caux ont longtemps craint que les femmes subissent une influence « cléricale » qui les empêcherait d’avoir un vote « éclairé ». En-suite, le préambule de la Consti-tution fait référence à la Décla-ration des droits de 1789, les précise (« tout être humain, sans

distinction de race, de religion, ni de croyance, possède des droits plus programmatiques qui peuvent être rattachés à la tradition laïque de solidarité mais aussi au catholicisme so-cial »)2. Le catholicisme intran-sigeant du XIXe siècle s’était op-posé aux « libertés modernes » dont les « principes de 1789 » constituent le fondement. Mais l’attitude des laïcisateurs ne fut pas, parfois, dépourvue d’am-bivalence : les républicains re-fusèrent la demande de juristes catholiques de constitutionnali-ser les droits de l’homme et la lutte anti-congréganiste montre qu’il leur arriva d’y faire des accrocs3.

Enfin, par deux fois, la laïcité est inscrite dans la Constitution : elle est une des caractéristiques essentielles de l’État républi-cain : « La France est une Répu-

blique indivisible, laïque, démo-cratique et sociale » (art. 1 du titre Ier), elle est aussi un aspect fondamental d’un service public d’enseignement : « L’organisa-tion de l’enseignement public, gratuit et laïque à tous les de-grés est un devoir de l’État » (préambule).

1. Jean Baubérot, 1. Jean Baubérot, Histoire de la Histoire de la laïcité françaiselaïcité française. Editions PUF, col. Editions PUF, col--lection « Que sais-je ?lection « Que sais-je ?

2. Cf. L. Klejman – F. Rochefort, 2. Cf. L. Klejman – F. Rochefort, L’égalité en marcheL’égalité en marche, Paris, Presses , Paris, Presses de la FNSP, 1989.de la FNSP, 1989.

3. La CGT et, après la rupture, FO, 3. La CGT et, après la rupture, FO, syndicats liés au courant laïque, syndicats liés au courant laïque, sont très actifs dans le développesont très actifs dans le développe--ment de la Sécurité sociale. L’idée ment de la Sécurité sociale. L’idée de solidarité, développée par les de solidarité, développée par les milieux laïques de la IIImilieux laïques de la IIIee Répu Répu--blique, associée à une tradition oublique, associée à une tradition ou--vrière plus ancienne de mutualité et vrière plus ancienne de mutualité et complétée souvent par une certaine complétée souvent par une certaine imprégnation marxiste, conduit à imprégnation marxiste, conduit à vouloir réaliser un droit à la santé vouloir réaliser un droit à la santé qui irait plus loin qu’une simple qui irait plus loin qu’une simple égalité formelle. Quant au syndicat égalité formelle. Quant au syndicat chrétien CFTC, il s’investit dans le chrétien CFTC, il s’investit dans le domaine des allocations familiales. domaine des allocations familiales. Cf. J.-P. Machelon, Cf. J.-P. Machelon, La République La République contre les libertés ?contre les libertés ? Paris, Presses Paris, Presses de la FNSP, 1976.de la FNSP, 1976.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Il s’agit d’un mouvement géné-ral des sociétés qui s’inscrit, en France, dans des circonstances particulièrement significatives.

Corrélation du développe-ment économique et social et de la sortie de la religion

On peut évoquer bien sûr les Lu-mières et les auteurs de l’Encyclo-pédie, ses prémisses rationalistes avec Condorcet et son approche mathématique, ses travaux sur les systèmes d’éducation et le droit. On renonce de plus en plus au recours à des causes exogènes, transcendantales dans des sociétés qui en restent cependant impré-gnées. On mentionnera également la démarche des positivistes (A. Comte, disciple de Saint-Simon), qui théorisent le passage d’un âge théologique à un âge scientifique où l’accès à la connaissance se fait par l’apparence.

Selon l’analyse marxiste, le ma-térialisme historique caractérise le développement des sociétés comme une succession de modes de production caractérisés par le niveau de développement des forces productives et les rapports de production que leur organi-sation implique. Les modes de production procèdent par voie de développement des contradictions qu’ils engendrent : communisme primitif – féodalisme – capitalisme – socialisme (propriété publique – pouvoir de la classe ouvrière – homme nouveau) commu-nisme (affranchissement de toutes les aliénations). Cette analyse, quelque peu mécaniste s’inscrit, elle aussi, dans une évolution gui-dée par la raison.

Dans son ouvrage Le désenchan-tement du monde (qu’il faut com-prendre comme la sortie de la société du monde des croyances ou des superstitions qui l’enchan-taient), Marcel Gauchet analyse le long effort des sociétés pour s’affranchir de toute vision trans-cendante. Mouvement qu’il décrit comme celui de l’hétéronomie (une société sacralisée par le droit divin) vers l’autonomie (affirma-tion de l’identité propre de l’Etat et des droits de la personne). On retient ici cette optique plurisécu-laire.

L’affirmation du principe en France

Elle peut être analysée par la suc-cession de quatre mutations.

* Première mutation : vers la fin du 13e siècle séparation Dieu/Roi

A la fin du Moyen Age, le Roi cesse de l’être « par la grâce de Dieu » pour l’être par sécularisa-tion du pouvoir politique. Saint Louis rationalise la justice (sup-pression des ordalies). Philippe Le Bel installe le pape en Avignon et crée le Conseil d’Etat du Roi. François 1er, met fin au monopole de l’Eglise sur le droit d’asile et impose le français comme langue administrative officielle contre le latin langue du sacré (Edit de Vil-lers-Cotterets en 1639). La Renais-sance et la Réforme vont opérer un profond bouleversement des men-talités. On sort d’une éclipse d’un millénaire sous le régime féodal dominé par le pouvoir religieux. Les marchands des cités réclament des franchises commerciales et on aspire dans le people à des li-

bertés individuelles. L’Université reprend l’étude et l’enseignement du droit romain. On relit La Poli-tique d’Aristote ; on publie La Ré-publique de Bodin, Le Léviathan d’Hobbes ; on évoque l’idée répu-blicaine avec Machiavel, etc. La religion est à l’origine de confron-tations et de violences (la St Bar-thélemy en 1572) ce qui va poser la question des rapports de l’Eglise et de l’Etat marquées par l’Edit de Nantes en 1598, puis son abroga-tion en 1685.

* Deuxième mutation : fin 17e - début 18e séparation Roi/Etat

Sous Louis XIV s’opérera une disjonction de la personne du Roi et de l’Etat (au début « l’Etat c’est moi », à la fin « Je meurs mais il reste l’Etat »). Montesquieu, Vol-taire développent une critique ef-ficace de l’ordre monarchique. Jean-Jacques Rousseau théorise la transmission de souveraineté dans Du Contrat social désignant le Peuple comme nouveau souverain. Se produit alors une dépossession de l’incarnation individuelle en la personne du monarque au profit de la collectivité, ce qui conduit à une auto-construction de la per-sonne publique remplaçant celle du monarque ; c’est l’affirmation progressive de la nation dont la souveraineté est une version de la

« L’affirmation historique du principe de laïcité »1

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DOSSIER LE RÉVEIL

souveraineté du peuple, adossée cependant à la continuité de la tra-dition.

* Troisième mutation : fin 18e - début 19e séparation Etat/Citoyen (national)

On assiste alors à l’affirmation corrélative et conjointe des droits individuels et de l’Etat, instrument représentatif de l’entité politique qu’est la nation. Mais l’Etat n’est pas soluble dans les droits indivi-duels et ces deux entités ne tardent pas à s’affronter : droits individuels contre volonté générale exprimée par la loi. Sous l’effet de ce mou-vement et du développement des forces productives, essentiellement au XIXe siècle, l’affirmation d’une historicité de la société développée pose la question de son avenir et de la façon de le construire. La dialec-tique de l’individuel et du collectif conduit à la dissociation de l’Etat et de la société et à l’intervention de catégories sociales, voire de classes ou de masses. La prévalence re-cherchée de la raison nourrit l’idée d’un changement de société par la réforme ou la révolution.La Révolution française constitue une étape marquante de la sécula-risation du pouvoir politique avec la Constitution civile du clergé dès 1789, la confiscation de ses biens, en dépit de la tentative de recons-titution religieuse sécularisée avec le culte de l’Etre suprême assimilé

au culte de la Raison. L’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que « Nul ne doit être in-quiété pour ses opinions, même religieuses… » Le XIXe siècle qui portera à son origine la marque du Concordat conclu avec la papauté par Napoléon et Pie VII en 1801, verra les aspirations républicaines et socialistes caractérisées par une volonté de rationalisation de la démarche émancipatrice dominée par le marxisme (Manifeste du parti communiste en 1848) tendant à dégager le mouvement social de l’imprégnation religieuse. Mais le sentiment religieux participe lui-même à ce mouvement (Lamenais, Lacordaire, Ozanam, Sangnier). La 1re Internationale est créée en 1865. La loi sur le droit de grève date de 1864, celle sur le droit syndical de 1884. La République est proclamée en 1875. Cette ex-périence débouche donc sur une crise de civilisation. Car l’action des masses ne s’est pas dépouillée du sacré, ce qui a conduit en leur nom à des démarches totalitaires dans l’expression de l’historicité, à la constitution de « religions sécu-lières ». La chute des totalitarismes sape les vases de l’intérêt collectif au nom de la liberté. Le « siècle prométhéen » échoue.

* Quatrième mutation : fin 20e séparation Citoyen (national)/Genre humain

L’échec du siècle précédent ren-voie ; d’une part dans le sens d’une individuation qui rend le citoyen responsable sans délégation de pouvoir (constitution d’un génome de citoyenneté), d’autre part vers la prise de conscience de la fini-tude et de la planète et de l’unité de destin du genre humain qui s’exprime par une mondialisation dans tous les domaines. Quelle sera l’issue de cette crise de civili-sation qui, dans ses deux tendances

poursuit la sortie du politique de la religion ? Cette crise est bien une transformation qualitative pro-fonde l’idée de « métamorphose » d’Edgar Morin et pendant la mue le serpent est aveugle d’A.L.P. en 1973.

L’avènement des grandes lois

La IIIe République est proclamée en 1875. Et c’est ainsi que l’on parvient aux grandes lois sur la laï-cité : loi du 18 mars 1880 sur la col-lation des grades réservée à l’Etat, loi du 16 juin 1881 sur la gratuité de l’enseignement primaire pu-blic, loi du 28 mars 1882 rendant obligatoire cet enseignement. « La cause de l’école laïque » fi-gurera dans la lettre de Jules Ferry aux instituteurs du 17 novembre 1883. La loi du 9 décembre 1905 « concernant la séparation des Eglises et de l’Etat » posera les deux fondements de la laïcité (sans formuler le mot) : liberté de conscience et neutralité de l’Etat. Le mot n’est introduit qu’en 1946 dans la constitution de la IVe Ré-publique du 27 octobre, il figure aussi dès l’art.1er de la constitution de 1958 : « La France est une Ré-publique indivisible, laïque, démo-cratique et sociale ».

Anicet Le Pors – Conférence au Grand Orient de France

28 octobre 2014 (Extraits)

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

Démocratie et laïcitéJean Jaurès1

Qu’est-ce queQu’est-ce que la démocratie ?la démocratie ?

Démocratie et laïcité sont deux termes identiques. Qu’est-ce que la démocratie ? Royer-Collard2, qui a restreint arbitrairement l’application du principe même, en a donné la définition déci-sive : « La démocratie n’est autre chose que l’égalité des droits. » Or, il n’y a pas égalité des droits si l’attachement de tel ou tel ci-toyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion est pour lui une cause de privilège ou une cause de disgrâce. Dans aucun des actes de la vie civile, poli-tique ou sociale, la démocratie ne fait intervenir, légalement, la question religieuse. Elle respecte, elle assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes, mais elle ne fait d’au-cun dogme la règle et le fonde-ment de la vie sociale. Elle ne demande pas à l’enfant qui vient de naître, et pour reconnaître son droit à la vie, à quelle confession il appartient, et elle ne l’inscrit d’office dans aucune Église. Elle ne demande pas aux citoyens, quand ils veulent fonder une fa-mille, et pour leur reconnaître et leur garantir tous les droits qui se rattachent à la famille, quelle religion ils mettent une. Elle ne demande pas au citoyen, quand il veut faire, pour sa part, acte de souveraineté et déposer son bulletin dans l’urne, quel est son culte et s’il en a un. Elle n’exige pas des justiciables qui viennent demander à leurs juges d’arbitrer entre eux, qu’ils reconnaissent, outre le Code civil, un code re-ligieux et confessionnel. Elle n’interdit point d’accès de la

propriété, la pratique de tel ou tel métier, à ceux qui refusent de signer tel ou tel formulaire et d’avouer telle ou telle orthodoxie. Elle protège également la dignité de toutes les funérailles, sans re-chercher si ceux qui passent ont attesté avant de mourir leur espé-rance immortelle, ou si, satisfaits de la tâche accomplie, ils ont ac-cepté la mort comme le suprême et légitime repos. Et quand sonne le tocsin de la patrie en danger, la démocratie envoie tous ses fils, tous ses citoyens, affronter sur les mêmes champs de bataille le même péril, sans se demander si, contre l’angoisse de la mort qui plane, ils chercheront au fond de leur cœur un recours dans les pro-messes d’immortalité chrétienne, ou s’ils ne feront appel qu’à cette magnanimité sociale par où l’in-dividu se subordonne et se sacri-fie à un idéal supérieur, et à cette magnanimité naturelle qui mé-prise la peur de la mort comme la plus dégradante servitude.

La laïcité, conditionLa laïcité, condition nécessaire de la démocratienécessaire de la démocratie

Mais qu’est-ce à dire ? Et si la démocratie fonde en dehors de tout système religieux toutes ses institutions, tout son droit poli-tique et social, famille, patrie, propriété, souveraineté, si elle s’appuie que sur l’égale dignité des personnes humaines appe-lées aux mêmes droits et invi-tées à un respect réciproque, si elle se dirige sans aucune inter-vention dogmatique et surnatu-relle, par les seules lumières de la conscience et de la science, si elle n’attend le progrès que du progrès de la conscience et de la science, c'est-à-dire d’une in-

terprétation plus hardie du droit des personnes et d’une plus ef-ficace domination de l’esprit sur la nature, j’ai bien le droit de dire qu’elle est foncièrement laïque, laïque dans son essence comme dans ses formes, dans son prin-cipe comme dans ses institutions, et dans sa morale comme dans son économie. Ou plutôt, j’ai le droit de répéter que démocratie et laïcité sont identiques.

La laïcité dans l’éducationLa laïcité dans l’éducation

Mais si laïcité et démocratie sont indivisibles, et si la démocratie ne peut réaliser son essence et rem-plir son office, qui est d’assurer l’égalité des droits, que dans la laïcité, par quelle contradiction mortelle, par quel abandon de son droit et de tout droit la dé-mocratie renoncerait-elle à faire pénétrer la laïcité dans l’éduca-tion, c'est-à-dire dans l’institution la plus essentielle, dans celle qui domine toutes les autres, et en qui les autres prennent conscience d’elles-mêmes et de leur prin-cipe ? Comment la démocratie, qui fait circuler le principe de laïcité dans tout l’organisme poli-tique et social, permettrait-elle au principe contraire de s’installer dans l’éducation, c'est-à-dire au cœur même de l’organisme ?

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DOSSIER LE RÉVEIL

Que les citoyens complètent, in-dividuellement, par telle ou telle croyance, par tel ou tel acte rituel, les fonctions laïques, l’état civil, le mariage, les contrats, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Qu’ils complètent de même, par un enseignement religieux et des pratiques religieuses, l’éducation laïque et sociale, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Mais, de même qu’elle a constitué sur des bases laïques l’état civil, le mariage, la propriété, la souverai-neté politique, c’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation.

La démocratie a le devoir d’édu-quer l’enfance ; et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme. Il n’appartient à personne, ou particulier, ou famille, ou congré-gation, de s’interposer entre ce devoir de la nation et ce droit de l’enfant.

Comment l’enfant pourra-t-il être préparé à exercer sans crainte les droits que la démocratie laïque reconnaît à l’homme si lui-même n’a pas été admis à exercer sous forme laïque le droit essentiel que lui reconnaît la loi, le droit à l’éducation ? Comment plus tard prendra-t-il au sérieux la dis-tinction nécessaire entre l’ordre religieux qui ne relève que de la conscience individuelle, et l’ordre social et légal qui est essentielle-ment laïque, si lui-même, dans l’exercice du premier droit qui lui est reconnu et dans l’accomplis-sement du premier devoir qui lui est imposé par la loi, il est livré à une entreprise confessionnelle, trompé par la confusion de l’ordre religieux et de l’ordre légal ? Qui dit obligation, qui dit loi, dit né-cessairement laïcité. Pas plus que le moine ou le prêtre ne sont admis à se substituer aux magis-trats civils dans l’administration

de la justice et l’application du Code, ils ne peuvent, dans l’ac-complissement du devoir social d’éducation, se substituer aux délégués civils de la nation, re-présentants de la démocratie laïque.

Voilà pourquoi, dès 1871, le parti républicain demandait in-divisiblement la République et la laïcité de l’éducation. Voilà pourquoi, depuis trente-cinq ans, tout recul et toute somnolence de la République a été une diminu-tion ou une langueur de la laï-cité ; et tout progrès, tout réveil de la République, un progrès et un réveil de la laïcité.

Je suis convaincu qu’à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité com-plète, loyale, de tout l’enseigne-ment sera acceptée par tous les citoyens comme ont été enfin acceptées par eux, après des ré-sistances et des anathèmes dont le souvenir même s’est presque perdu, les autres institutions de laïcité, la laïcité légale de la naissance, de la famille, de la propriété, de la patrie, de la sou-veraineté.

La religion dans la société

Mais pourquoi ceux qu’on ap-pelle les croyants, ceux qui pro-

posent à l’homme des fins mys-térieuses et transcendantes, une fervente et éternelle vie dans la vérité et la lumière, pourquoi re-fuseraient-ils d’accepter jusque dans son fond cette civilisation moderne, qui est, par le droit proclamé de la personne hu-maine et par la foi en la science, l’affirmation souveraine de l’es-prit ? Quelle que divine que soit la religion qu’il professe, c’est dans une société naturelle et hu-maine qu’elle évolue. Cette force mystique ne sera qu’une force abstraite et vaine, sans prise et sans vertu, si elle n’est pas en communication avec la réalité sociale ; et ses espérances les plus hautaines se dessécheront si elles ne plongent point, par leur racine, dans cette réalité, si elles n’appellent point à elles toutes les sèves de la vie.

Quand le christianisme s’est in-sinué d’abord et installé ensuite dans le monde antique, certes il s’élevait avec passion contre le polythéisme païen et contre la fureur énorme des appétits dé-bridés. Mais, quelque impérieux que fut son dogme, il ne pouvait pas répudier toute la vie de la pensée antique ; il était obligé de compter avec les philosophies et les systèmes, avec tout l’effort de

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

sagesse et de raison, avec toute l’audace intelligente de l’hellé-nisme ; et, consciemment ou in-consciemment, il incorporait à sa doctrine la substance même de la libre pensée des Grecs. Il ne recruta point ses adeptes par ar-tifices, en les isolant, en les cloî-trant, sous une discipline confes-sionnelle. Il les prenait en pleine vie, en pleine pensée, en pleine nature, et il les captait, non par je ne sais quelle éducation automa-tique et exclusive, mais par une prodigieuse ivresse d’espoir qui transfigurait sans les abolir les énergies de leur âme inquiète.

Et, plus tard, au XVIe siècle, quand des réformateurs chrétiens prétendirent régénérer le chris-tianisme et briser, comme ils di-saient, l’idolâtrie de l’Église, qui avait substitué l’adoration d’une hiérarchie humaine à l’adora-tion du Christ, est-ce qu’ils ré-pudièrent l’esprit de science et de raison, qui manifestait alors dans la Renaissance ? De la Ré-forme et la Renaissance, il y a certes bien des antagonismes et des contradictions. Les sévères réformateurs reprochaient aux humanistes, aux libres et flottants esprits de la Renaissance, leur demi-scepticisme et une sorte de frivolité. Ils leur faisaient grief, d’abord de ne lutter contre le pa-pisme que par des ironies et des critiques légères, et de n’avoir point le courage de rompre ré-volutionnairement avec une ins-titution ecclésiastique viciée que n’amenderaient point les raille-ries les plus aiguës. Ils leur fai-saient grief ensuite de si bien se délecter et s’attarder à la beauté retrouvée des lettres antiques qu’ils retournaient presque au naturalisme païen, et qu’ils s’éblouissaient, en curieux et en artistes, d’une lumière qui aurait dû servir surtout, suivant la ré-forme, au renouvellement de la

vie religieuse et à l’épuration de la croyance chrétienne.

Mais malgré tout, malgré ces réserves et des dissentiments, c’est l’esprit de la Renaissance que respiraient les réforma-teurs. C’étaient des humanistes, c’étaient des hellénistes, qui se passionnaient pour la Réforme ; il leur semblait que pendant les siècles du Moyen Age, une même barbarie, faite d’ignorance et de superstition, avait obscurci la beauté du génie antique et la vérité de la religion chrétienne. Ils voulaient, en toutes choses divines et humaines, se débar-rasser d’intermédiaires ignorants ou sordides, nettoyer de la rouille scolastique et ecclésiastique les effigies du génie humain et de la charité divine, répudier pour tous les livres, pour les livres de l’homme et pour les livres de Dieu, les commentaires fraudu-leux ou ignorés, retourner tout droit au texte d’Homère, de Pla-ton et de Virgile, comme au texte de la Bible et de l’Évangile, et retrouver le chemin de toutes les sources, les sources sacrées de la beauté ancienne, les sources divines de l’espérance nouvelle, qui confondraient leur double vertu dans l’unité vivante de l’es-prit renouvelé.

Qu’est-ce à dire ? C’est que jusqu’ici, ni dans les premiers siècles, ni au seizième, ni dans la crise des origines, ni dans la crise de la Réforme, le christianisme, quelque transcendante que fut son affirmation, quelque puis-sance d’anathème que recelât sa doctrine contre la nature et la rai-son, n’a pu couper ses communi-cations avec la vie, ni se refuser au mouvement des sèves, au libre et profond travail de l’esprit.

Conquêtes décisivesConquêtes décisives

Mais maintenant, pour le grand effort qui va de la Réforme à la

Révolution, l’homme a fait deux conquêtes décisives : il a reconnu et affirmé le droit de la personne humaine, indépendant de toute croyance, supérieur à toute for-mule ; et il a organisé la science méthodique, expérimentale et in-ductive, qui tous les jours étend ses prises sur l’univers.

Oui, le droit de la personne hu-maine à choisir et à affirmer libre-ment sa croyance, quelle qu’elle soit, l’autonomie inviolable de la conscience et de l’esprit, et en même temps la puissance de la science organisée qui, par l’hy-pothèse vérifiée et vérifiable, par l’observation, l’expérimentation et le calcul, interroge la nature et nous transmet ses réponses, sans les mutiler ou les déformer à la convenance d’une autorité, d’un dogme ou d’un livre, voilà les deux nouveautés décisives qui ré-sument toute la Révolution ; voilà les deux principes essentiels, voilà les deux forces du monde moderne.

Ces principes sont si bien, au-jourd’hui, la condition même, le fond et le ressort de la vie, qu’il n’y a pas une seule croyance qui puisse survivre si elle ne s’y ac-commode, ou si même elle ne s’en inspire.

1. Discours de Castres, 31 juillet 1. Discours de Castres, 31 juillet 1904.1904.

2. Pierre-Paul Royer-Collard (1763-2. Pierre-Paul Royer-Collard (1763-1845). Avocat révolutionnaire et 1845). Avocat révolutionnaire et professeur de philosophie, il anime professeur de philosophie, il anime pendant la Restauration le groupe pendant la Restauration le groupe des « doctrinaires » favorables à la des « doctrinaires » favorables à la monarchie constitutionnelle et qui remonarchie constitutionnelle et qui re--présente un « centre » intellectuel et présente un « centre » intellectuel et politique entre la gauche libérale et la politique entre la gauche libérale et la droite ultra.droite ultra.

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 21

VOS DROITSVOS DROITS LE RÉVEIL

Premiers pas entre les Etats-Unis et CubaLe 17 décembre 2014 – après 18 mois de négociations secrètes entre Washington et La Havane sous l’égide du pape François au Vatican et du Canada –, le Président des Etats-Unis Barack Obama et, parallèlement, le Président Raul Castro Ruiz ont annoncé le rétablissement officiel des rapports diplomatiques entre les deux pays. Le 16 janvier 2015, le gouvernement des Etats-Unis a notifié l’entrée en vigueur des mesures annon-cées le 17 décembre. Les premières rencontres officielles ont débuté le 21 janvier. Evénement historique, ces premiers pas ne lèvent pourtant pas le blocus infâme imposé par les USA au peuple cubain depuis plus de 50 ans. Il importe donc d’amplifier encore la pression politique sur les USA ; et le gouvernement français se devrait de jouer un rôle important pour favoriser le rapprochement et concrétiser la levée totale de l’embargo. L’ARAC, pour sa part, s’y emploiera.

Ce recul des Etats-Unis est certes un événement historique et il marque avant tout la victoire politique et mo-rale du peuple cubain qui – contre vents et marées, blocus renforcé, agressions militaires, attentats terroristes, guerres idéologique et politique, etc. – n’a pas baissé les bras et a défendu avec force ses engagements révolutionnaires.

C’est aussi un succès marquant pour toutes les Associations de part le monde et en France – dont Cuba Si, Cuba-Coopération, ARAC-Cuba So-lidarité – qui ont soutenu le peuple cubain. C’est aussi un premier abou-tissement des condamnations qua-si-unanimes des Nations réclamant, depuis des décennies à l’ONU, la fin de l’embargo.

n UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION

Mais maintien du blocus écono-mique, commercial et financier

En fait, les mesures an-noncées n’impliquent que l’élimination de certaines restrictions sur les relations commerciales et les voyages de certaines catégories de citoyens américains à Cuba.

C’est un petit pas, mais demeurent les restrictions aux exportations des USA vers Cuba, à l’exportation

des produits cubains vers les USA, les sévères restrictions aux transports maritimes, etc. En pratique le blocus est maintenu, même si des ambassades vont être réinstallées dans chacun des deux pays.

Pourtant il est possible d’aller plus loin puisque 83 % des Américains s’y déclarent favorables, tandis que la Chambre de Commerce des Etats-Unis (soit le monde des affaires et près de 3 millions d’entreprises) de même que le bloc important des pro-ducteurs céréaliers appellent les responsables politiques, le gouvernement et le congrès à adopter une nouvelle poli-tique vis-à-vis de La Havane.

n CONTRAINDRE LES USA A CESSER L’AGRESSION

Car ne l’oublions pas, il s’agit bien d’une agression contre un peuple, un corset imposé

qui multiplie le prix de certains pro-duits par 7 et a – économiquement et financièrement – des répercussions terribles sur les besoins quotidiens des Cubains, mais aussi sur les capacités de développement de la société cu-baine.

Mais aujourd’hui Cuba n’est plus iso-lée et l’ensemble des pays de l’Amé-rique latine la soutiennent à travers les traités de la CELAC et de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

La France a donc une réelle opportu-nité à saisir, non seulement pour per-mettre au peuple cubain de briser les fers du blocus américains, mais aussi pour développer des relations écono-miques fructueuses avec Cuba et les pays latino-américains.

A nous d’exiger que notre diplomatie soit à la hauteur de cette situation nou-velle.

André Fillère

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Formation professionnelleTroisième tentative de réforme en dix ans !Depuis de nombreuses années le système de formation professionnelle des adultes souffre de dysfonc-tionnements, dysfonctionnements d’ailleurs dénoncés par nombre de rapports académiques, administra-tifs ou parlementaires.Ces dysfonctionnements peuvent être résumés en quatre points principaux :

– une initiative limitée des personnes dans le choix de la formation

– très grandes inégalités d’accès à la formation entre qualifiés et moins ou non qualifiés

– une certaine rigidité et complexité d’un système très administré avec des organismes paritaires jouant un rôle prépondérant dans l’orientation des dépenses de formation

– une faible efficacité des dépenses de formation en termes de retour à l’em-ploi, de salaire ou de gains de produc-tivité.

Ces défauts nuisent tant à la sécurisa-tion des parcours professionnels qu’à la compétitivité des entreprises.

Ces défauts résultent également de l’obligation faite aux entreprises de dépenser une fraction minimale de leur masse salariale dans les procédures de formation.

➫ Après trois réformes de la formation professionnelle au cours des dix der-nières années et compte tenu des se-mi-échecs constatés, le gouvernement a lancé en 2013 une nouvelle réforme

qui a abouti à un « accord national interprofessionnel » (ANI) du 14 dé-cembre 2013 en partie repris dans la loi du 5 mars 2014.

Que nous dit cette loi et qu’apporte-t-elle de nouveau ?

En premier lieu, elle met en place un certain nombre de dispositifs per-tinents comme le compte personnel de formation (CPF). Ce compte est très intéressant car il est à l’initiative exclusive du salarié, contrairement au droit individuel à la formation (DIF) qu’il remplace. Ce compte permet éga-lement de suivre l’individu au long de sa carrière professionnelle, notamment en cas de période de chômage.

En second lieu, la création d’un « conseil en évolution profession-nelle » accessible à titre gratuit à tout demandeur va aussi dans le sens d’un meilleur accompagnement des actifs sur un marché du travail où l’informa-tion permettant de construire sa car-rière et ses parcours de formation est souvent inexistante.

En troisième lieu, la suppression d’une partie de l’obligation légale de dépense pour la formation faite aux entreprises est remplacée par une

contribution minimale de 1 % de la masse salariale pour les entreprises de plus de dix salariés.

Cette nouvelle mesure permet aux entreprises d’envisager la formation professionnelle comme un investissement qui participe de la compétitivité et non plus comme une dépense obligatoire.

➫ Mais, malgré ces ré-

formes, des doutes quant à leur ef-ficacité, peuvent apparaître. La for-mation professionnelle risque d’être un système très largement complexe pour les individus qui l’utilisent.

La question de la qualité de l’offre de formation demeure entière. Peut-être serait-il intéressant de faire émerger en France un marché de la certification comme cela existe en Allemagne.

De nombreuses interrogations sub-sistent quant l’efficacité du nouvel en-semble issu de la loi du 5 mars 2014 :

– bouclage financier du CPF ?

– frais de gestion des OPCA ?

– moyens dégagés pour la formation des chômeurs ?

L’examen de la loi du 5 mars 2014 amène à la conclusion qu’une réforme plus ambitieuse de la formation pro-fessionnelle deviendra nécessaire en France dans les années qui viennent. Cette réforme devrait viser à mettre en relation directement les individus avec les prestataires de formations.

Cependant il convient quand même de laisser aux nouveaux dispositifs le temps de produire leurs effets et de ne pas être trop pessimistes. L’avenir nous le dira…

Jacqueline Thabeault-Alcandre

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 23

VOS DROITSVOS DROITS LE RÉVEIL

Après les tragédies du 7 janvier 2015, le discours du Premier ministre à l’Assemblée nationale, la dé-termination du gouvernement et des élus, il n’y a plus aucun doute : les victimes du terrorisme doivent être assimilées à des victimes civiles et indemnisées selon le code des pensions militaires d’invalidité.

Psychotraumatismes et blessure de guerreLe blog de l’ARAC d’Ille-et-Vilaine http:///www.legavox.fr/blog/arac35) informe ses lecteurs, sous la signature de Maître Thierry Poulichot (avocat au barreau de Rennes), d’un arrêt du 16 octobre 2014 de la Cour admi-nistrative de Marseille traitant de la reconnaissance de psychotraumatisme en tant que blessure de guerre.

Victimes du terrorisme et code des pensions militaires d’invalidité

Depuis la loi du 23 janvier 1990, les victimes d’actes de terrorisme commis depuis le 1er janvier 1982 bé-néficient en France des droits et avantages accordés aux victimes civiles de guerre par le code des pen-sions militaires d’invalidité et notamment du droit à pension de victime civile.

Malgré cette loi spécialement claire, nette et pré-cise, et dont l’application n’a jamais été contestée, il s’avère que la commission ministérielle chargée de la refonte du code des pensions militaires d’inva-

lidité se refuse à inclure celle-ci au sein dudit code. Le motif invoqué est que le terrorisme n’est pas une guerre !!

Malheureusement, les familles des victimes des at-tentats et les survivants sont là.

Alors mesdames et messieurs chargés de la refonte du code des pensions militaires, revoyez votre copie et n’hésitez plus à inclure ce droit à réparation dans ledit code de la loi du 23 janvier 1990.

Un soldat ayant participé aux très durs combats du Garigliano lors de la campagne d’Italie en mai 1944 a été victime, six ans plus tard (1950), d’une névrose psychotraumatique. Le ministère de la Défense, bien qu’ayant accepté qu’elle puisse être en lien avec le ser-vice (les combats), s’est pourtant refusé à la qualifier de blessure de guerre.

Le Tribunal administratif de Marseille a donné tort à la défense en définissant la blessure de guerre comme suit : « Il faut entendre par blessure de guerre toute lé-sion résultant d’une action extérieure se rattachant di-rectement à la présence de l’ennemi – c’est-à-dire aux combats – ou s’y rattachant indirectement en consti-tuant une participation effective à des opérations de guerre préparatoires ou consécutives au combat. »

De plus, la Cour a estimé que le retard dans le délai d’apparition des symptômes n’était pas surprenant concernant les névroses. Par conséquent, l’existence

du psychotraumatisme étant établi, ses effets – mêmes s’ils apparaissent plusieurs années plus tard – doivent permettre de parler de blessure de guerre.

Il s’agit, en l’occurrence, d’une jurisprudence posi-tive liée au décret du 10 janvier 1992 à la publication duquel l’ARAC a travaillé depuis 1975, prolongeant son effort de persuasion avec la parution du « Dossier Pourpre des psychotraumatismes de guerre » (2001), puis les actes du colloque du 22 novembre 2006 à Mar-seille, consacré aux « traumatismes de guerre et aux laissés-pour-compte des guerres contemporaines et des essais nucléaires. » (André Fillère, Odile Godard, Bernard W. Sigg, Jacqueline Thabeault-Alcandre, Na-thalie Mombet, Roland Gori).

Nous remercions Maître Poulichot pour sa participa-tion particulièrement enrichissante en matière de droit à réparation.

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24 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Loi Macron : le bâillon ou la prisonLors des débats sur le projet de loi Macron, la notion de « secret des affaires » avait été introduite à l’ar-ticle 64. Cet amendement prévoyait de punir de trois ans de prison et de 375 000 euros d’amende quiconque ré-vèlerait des informations « protégées au titre du secret des affaires ». Cette mesure aurait même devancé un pro-jet de directive européenne, faisant de la France le premier pays européen à pénaliser la divulgation d’information « à valeur économique ».

➬ Tel syndicaliste, tel comité d’entre-prise, tel salarié, tel comité d’hygiène et de sécurité révélant de scandaleuses conditions de travail, un plan de li-cenciement, de cession ou de reprise d’entreprise, de délocalisation, etc. « Hop la prison et l’amende » ! Allez, le bâillon ou l’amende. Tel agriculteur dénonçant la confiscation de terres au profit de la finance, telle dérive révé-lée menant à construire un barrage ou un aérodrome sur des terres arables… « Hop, la prison » ?

➬ D’autant plus scandaleux que la loi Macron, dans le même temps, dépé-nalise les employeurs. Ils ne pourront plus désormais être condamnés « au

pénal » s’ils ne communiquent pas les informations obligatoires aux repré-sentants des personnels. Mais ceux-ci iraient en prison s’ils jouaient leur rôle et informent les salariés et les citoyens.

De fait, « le secret des affaires » consacrerait le fait que le droit des ac-tionnaires prime sur celui des salariés et de la société tout entière.

Et si je vous révélais que – oralement – le secrétaire d’Etat aux AC a admis que le droit à réparation – inaliénable et imprescriptible – n’existe plus… et qu’il ne reste que la possibilité de réparation en fonction des finances de l’Etat… Serais-je emprisonné ou « braqué » pour avoir révélé que la charte de 1919 n’existe plus ?

Face à la protestation unanime, le gouvernement a reculé et abandonné « le secret des affaires ». En se disant peut-être que mieux valait attendre la directive européenne en préparation, qui remettra l’affaire en selle sans que le Parlement français soit consulté.

C’est beau l’Europe, non ? Et vous m’apporterez des oranges ?

André Fillère

Commission nationalede la Carte du combattantLe groupe de travail s’est réuni le 27 janvier dernier aux Invalides. André Fillère y a participé.

5 762 dossiers ont été examinés. 4 986 d’entre eux se sont vu attribuer la carte du combattant et 772 ont été rejetés.

AC 39/45 : Favorables 14 – Rejets 43

Indochine : Favorables 13 – Rejets 2

ATM : Favorables 1 755 – Rejets 262

OPEX : Favorables 3 204 (notam-ment Afghanistan, Côte d’Ivoire, Ex-Yougoslavie, Liban/Israël, Tchad) – Rejets 402.

➬ Prochaines réunions

- Groupe de travail : les 1er avril et 18 mai prochains.

- Commission plénière : le 19 mai, dernière réunion avant la fin de son mandat et son renouvellement.

Retraite du combattant :

Plus un centime du point. C’est Byzance !!!Un arrêté du 28 novembre 2014 publié au Journal Officiel du 9 décembre 2014 a relevé d’un cen-time la valeur du point PMI à compter du 1er avril 2014.

Compte tenu des variations de l’indice d’ensemble des traitements bruts de la Fonction publique, la nouvelle va-leur du point d’indice servant au calcul du montant des pensions militaires d’invalidité (PMI), de la retraite du

combattant et du plafond majorable de la rente mutualiste Anciens Combattants a été portée à 13,97 euros (au lieu de 13,96) le 1er avril 2014.

Ce n’est pas un « poisson d’avril », mais c’est encore un peu juste pour le champagne… même sans caviar.

➬ Ainsi, le nouveau montant annuel de la retraite du com-battant s’élève à 670,56 euros (335,28 réglés par semestre).

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 25

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

n Bref rappel du système de « rap-port constant »

L’article 11 de la loi du 24 février 1948 décida qu’un « rapport constant » de-vait exister entre l’évolution de taux des pensions militaires d’invalidité (PMI) et celle du taux des traitements bruts de la fonction publique ».

• Les lois du 24 mars et du 25 décembre 1951 aboutirent à celle du 31 décembre 1953 qui rédigea l’article L.8 bis du code des pensions PMI, lequel précisa que la valeur du point PMI devait être égale au 1/1000e du traitement brut du fonction-naire servant de référence.

Et tout fonctionna tant bien que mal, avec des hauts et des bas, des retards et des rattrapages jusqu’aux coups fourrés de 1987 et 1989.

• En 1987, Jacques Chirac (Premier mi-nistre) refusa aux pensions PMI le bé-

néfice de 2 points d’indice ac-cordés aux fonctionnaires. En 1989, Laurent Fabius (Premier ministre), déclara que Jacques Chirac avait eu raison de rejeter les ACVG et – dans la foulée – décida de violer les lois de 1948-1953 en imposant – par le 49-3 et contre l’avis des ACVG comme des députés – un autre système dont nous subissons encore aujourd’hui les méfaits.

n Pensions PMI, retraites du combattant, rentes mu-tualistes AC… amputées de 33 % !!!Face à un tel viol du droit à réparation, l’ARAC – avec le concours des Fédéra-tions de Fonctionnaires CGT, CFTC et FO – s’attela à reconstituer le parcours du fonctionnaire de référence (l’Huis-sier de Ministère en fin de carrière) entre 1989 et aujourd’hui.

• En clair, celui-ci est devenu Agent des Services techniques de 1re catégorie, échelle 3 – 11 échelons dont l’indice majoré est à 321, compte tenu des 5 points uniformes attribués à la fonction publique le 1er février 2015.

Son traitement brut annuel s’élève à 17 835,915 euros. La valeur du point PMI (le 1/1000e de ce brut) devrait donc être de 17,83 euros au lieu de 13,97 au-jourd’hui.

CONSEQUENCE Un retard de 3,86 euros du point, soit moins 21,648 %.➫ Si l’on prenait comme référence la parité avec un corps de référence pré-sentant, dans la grille de la fonction publique, toutes les conditions de longé-vité et d’évolution logique incontestable dans les années à venir ;

• On s’appuierait alors sur le salaire médian de la catégorie C, celle de notre fonctionnaire de référence.

Dans ces conditions, l’indice majoré 391,5 aboutit à un traitement brut annuel de 21 753,148 euros, soit une valeur de point PMI (le 1/1000) de 21,75 au lieu de 13,97. C’est-à-dire un retard de 7,78 euros du point, soit moins 35,77 %.

EN CLAIR

La retraite du combattant devrait être : soit de 855,84 euros annuels, ou de 1044 euros annuels (selon la référence rete-nue), alors qu’elle n’est que de 670,56 euros actuellement.

Si vous ajoutez à cela que la valeur du point d’indice de la fonction publique (qui sert au calcul du montant des traite-ments de la fonction publique) est gelée depuis 2010, vous pouvez mesurer l’am-pleur du vol que subissent les ACVG.

De 1989 à 2015, une singulière conti-nuité des agissements des gouverne-ments socialistes… jusque dans l’emploi du 49-3. Combien de temps encore le mouvement ACVG acceptera-t-il sans broncher que les tours de Valls se trans-forment en tours de vis sur l’autel d’une austérité au service d’une poignée de nantis pour qui liberté, égalité, fraternité, souveraineté et solidarité ne représentent plus rien ?

André Fillère

Le coup du 49-3L’actualité politique vient de remettre en scène l’emploi de l’article 49-3 de la Constitution issue de la guerre d’Algérie suite au coup d’Etat gaulliste de 1958.Cet article permet au gouvernement d’imposer un texte de loi à l’Assemblée nationale, sans aucun vote et contre l’avis des députés. C’est un véritable coup de force que n’hésita pas à employer en 1988 le gou-vernement socialiste de M. Laurent Fabius, secondé par le ministre des ACVG, André Méric, violant sans vergogne les lois et le droit à réparation des ACVG.

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26 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Corrèze (19)Le centenaire d’une exécution qui attend toujours réparationRobert Chambeiron était le témoin et le dernier acteur vi-vant du Conseil national de la Résistance (CNR). Né le 22 mai 1915, il est décédé à l’âge de 99 ans.La cérémonie d’hommage national a eu lieu le 8 janvier der-nier aux Invalides (voir Le Réveil de janvier 2015).Le collectif Maquis de Corrèze a souhaité rendre hommage à son tour à l’ultime survivant du CNR. Une manifestation à laquelle participait Marie Sebert, directrice de l’ONAC, le sénateur Daniel Chasseing, des représentants d’associations d’anciens combattants et résistants, de l’ARAC.Présidente de l’ARAC 19, Marie-Josée Cappoën, a donné lecture du message de l’ARAC nationale. Pierre Pranchère, résistant au COPA et FTP, député avec Robert Chambeiron (1956-1958), puis au parlement européen (1979-1989) a bien connu celui qui inlassablement s’est battu toute sa vie pour que vive le programme du CNR.« Le souvenir de cette période est assez extraordinaire car il y avait des hommes comme Pierre Cot qui avait été mi-nistre de l’air du Front populaire et Emmanuel d’Astier de

la Videgrie. Ils étaient des ténors de l’assemblée nationale. Robert Chambeiron a été remarquable dans sa fidélité aux idées du CNR jusqu’à son dernier souffle.Nous avons mené de sacrées batailles et aussi pour le res-pect de souveraineté nationale. Un exemple très significa-tif était la défense d’Airbus, parce que Boeing et Dakota contestaient Airbus et refusaient d’autoriser à prendre son envol » confie Pierre Pranchère.

Var (83)Assemblée Générale de l’ARAC à FréjusA la tribune : M. Morelli Président du CELAP de St Raphaël, M. Raphaël Vahé, Président de l’ARAC Nationale, Marcel Brulefert, Président de la section de ST Rapahël et membre du Bureau National et Gérard Vallée, Secrétaire Général de l’ARAC 83 et membre du Bureau National.

Massy (91)Jean Vanbesien a reçu la médaille de bronze de l’ORMCM.Toutes nos félicitations.

Nice (06)Vendredi 27 février, Maison du Com-battant à Nice.Gilbert Gaziello de Menton a remis la décoration de l’ORMCM, étoile d’argent à Chantal, étoile de bronze à Marc, René et Francis.Chantal Pipart a remis la médaille et le diplôme d’honneur de l’ARAC à Charles de Villefranche sur Mer pour ses nombreuses années de militan-tisme à l’ARAC, particulièrement en tant que président de la section.Nous étions accompagnés par Gilbert et Josette de l’ARAC du Morvan.

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28 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Sud-Finistère (29)Assemblée Générale – 31 janvier 2015 – L’abri du marin à Concarneau.

Après une minute de silence pour nos morts. Joseph Busson, Jean-Claude Trapp et Jean Mercier ont relaté la par-ticipation de l’ARAC et de son drapeau aux commémorations patriotiques dans le Sud-Finistère, aux conférences et débat sur Jean Jaurès sur les fusillés pour l’exemple, sur le travail de mé-

moire dans les écoles et par l’exposi-tion de toiles sur la guerre de 14-18.Un large débat a montré l’inquié-tude des adhérents sur les menaces de guerre. Dans le même esprit, l’accent a été mis sur la participation de l’ARAC aux actions pour la paix et notamment la

condamnation de l’agression d’Israël contre le peuple de Gaza.Les événements et les manifestations du 11 janvier ont été largement dé-battus en analysant les causes de ces crimes : engagements et interventions de l’OTAN et de la France en Afrique, au Moyen-Orient. Agression d’Israël sur Gaza.L’austérité, le chômage, les ghettos en banlieue, le racisme ne sont pas étran-gers à cette tragédie.La situation en Ukraine a également été évoquée ainsi que le service natio-nal en France en remplacement de la conscription suspendue en 1997 qui permettait de faire un brassage parmi les jeunes et de mieux les cadrer. Riche échange.Le bureau a été reconduit : Président : Joseph Coroller, trésorier : Yves Ker-varec, porte-drapeau : Claude Juillière, Yves L’Helgouach, Pierre Prononce.

200 personnes étaient présentes le 18 janvier à l’initiative de l’ARAC d’Alfortville pour la remise de la médaille d’argent de l’ORMCM à Michel Derbois par Jacques Gou-torbe (membre du Bureau National) en présence de M. Luc Carvounas, Sénateur-Maire d’Alfortville et de M. Roger Tisseyre, maire adjoint, responsable des Anciens Combat-tants, de Jacques Verrier, membre du Secrétariat National de l’ARAC.Le parcours militant de Michel Derbois, fils du peuple, né en 1935, enfant exploité dans les fermes, ouvrier dès 14 ans, boulanger, puis pâtissier, rentre dans la lutte syndicale et combat pour la paix en Algérie (pendant 29 mois).A son retour, il adhère à l’ARAC et devient un dirigeant de l’ARAC, Président de la section d’Alfortville, membre du Conseil National, Trésorier de l’UDAC 94, responsable et trésorier au Mémorial AFN 94.Courageux, Michel continue son combat exemplaire.

Des renforts à la mutuelle ! Bienvenue à Giulia !Elle s’appelle Giulia, Juliette, Evelyne et elle est née à 1 h 07 le 28 février 2015. Elle pesait 3,060 kilos et mesurait 48 cen-timètres. Ses parents sont aux anges et ses grands-parents – dont mamie Evelyne Groult – sont sous le charme. Félicitations aux parents et à notre amie Evelyne Groult ainsi comblée.

Val-de-Marne (94)Médaille d’argent qui fait honneur à l’ARAC

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 29

VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Nos peinesn AISNE (02)Montescourt-Lizerolles : Henri CAGNIART, 94 ans, Résistant, AC 39-45. Raymond WAUTHIER, 83 ans, AC ATM.n ALLIER (03)Commentry : Jean CLERET, AC ATM. Mme Marcelle VIRMONT, 93 ans, veuve.Montluçon: Fernand LAINAT, 91 ans, AC 39-45.St Pourçain sur Sioule : Robert CUSSINET, 73 ans, AC ATM.n ALPES MARITIMES (06)Nice Trinité : François ALBERTO, AC 39-45.St Martin du Var : Louis GRILLI, 80 ans.n ARDECHE (07)Aubenas : Jean CARDINAL, 80 ans. n BOUCHES-DU-RHÔNE (13)Aix-en-Provence : Robert FELIX, AC ATMFos-sur-Mer : Mme Hélène MONTES.Le Cannet : Emile MARTINEZ, AC ATMRognac : Michel DEVAUX, AC ATMRoquefort la Bedoule : André HELIN.Rousset : Balthazar FLORES. Emile HERVIEU, AC ATM, vice-président de la section.Vellutini-St Just : Mme Colette RICARD, com-battante pour la paix.n CHARENTE-MARITIME (17)La Rochelle : André MICHAUD, 76 ans, AC ATM. Mme Liliane PHILIPPOT, 88 ans, combat-tante pour la paix.n CORREZE (19)Brive la Gaillarde : Georges MAGNE, Résistant, porte-drapeau.n DORDOGNE (24)Montrem : Raymond MARCHIVE. Yvon SAC-CONPérigueux : Pierre GAMBOA, 78 ans, ancien membre du Bureau National. Yvon ROULAUD.

n EURE ET LOIR (28)Chartres : Yvon LE BONNIEC, 73 ans, AC ATM.

n FINISTERE (29)Fouesnant : Jean MERCIER, AC Indochine.

n GARD (30)Lédignan : Maurice RIEUSSET, AC ATM et In-dochine, trésorier de la section.Nîmes : Paul TAYAC, AC ATM. Mme Adrienne VINGTDEUX, combattante pour la paix.Petite Camargue : André MICHEL, 92 ans.

n GIRONDE (33)Bègles : Mme Simone ROSSIGNOL, Résistante.

n ILLE ET VILAINE (35)Rennes: Lucien LEVREL, 92 ans, Réfractaire, maquisard.

n ISERE (38)Bourgoin-Jallieu : René PIMBONNET, 90 ans, AC 39-45. Aldo SCAPOTTA, 81 ans, AC ATM.

n LOT ET GARONNE (47)Agen : Pierre ORDONNEAU, AC ATM, ancien porte-drapeau de la section.

n NORD (59)Somain : Paul WUILLAME, AC ATM, président de la section.

n OISE (60)Thourotte : Mme Jeannine CARVALHO, 86 ans, combattante pour la paix. Léon COTTIN, 78 ans, AC ATM, président d’honneur. Mme Rogère PAVOT, 88 ans, combattante pour la paix.

n PUY-DE-DOME (63)Cebezat : Claude PEYRON, AC 36-45.

n PYRENEES-ORIENTALES (66)Prades : André GUERRE.Rivesaltes : Augustin ALMODOVAR

n RHONE (69)Venissieux : Roland KIFFER, 75 ans.

n HAUTE-SAVOIE (74)Thonon-les-Bains : Mme Germaine BAR, veuve.

n PARIS (75)13e : François DORNIC, AC ATM

n DEUX-SEVRES (79)Niort : Jean CHAT, 89 ans, AC 39-45. Jean COU-RONNET, 89 ans, AC 39-45.

n VAR (83)La Seyne sur Mer : Félix LAGARDE, 95 ans. Engagé dans l’aviation en 1938. Maquisard, FFI en 1944. Forces spéciales au maquis de St Jean à Trets (Bouches-du-Rhône). AC Indochine.Isolés : Georges CARDONA.

n VAUCLUSE (84)Lapalud : Max COLOMBIER, 82 ans, AC ATM.

n VENDEE (85)La Roche sur Yon : Jean-Pierre PELTIER, 72 ans.

n VIENNE (86)Châtellerault : Mme Gilberte RABOTIN, 95 ans.

n ESSONNE (91)Brétigny-sur-Orge : Charles DUFAG-PLA-CIDE, 86 ans, AC ATM et Indochine.La Ferté Allais : Roger LESIRE, 63 ans.

n SEINE-ST-DENIS (93)Drancy : Charles CAFFIAUX, AC 39-45.

n VAL DE MARNE (94)Fontenay-sous-Bois : Lucien LEBROC, 82 ans.

n Conseil NationalSt Germain-en-Laye : Joseph MOLINARI, 91 ans.Vaire : Serge DALECHAMPS, 92 ans

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Mémoire et unité dans le 94L’ARAC, la FNACA, les ACPG, l’UNC du Val de Marne, après avoir constitué en 2000 « l’Union Mémorial Afrique du Nord » inauguré officiellement le 22 novembre 2007 à Créteil en présence de plus de 1000 personnes, le « Mémo-rial Afrique du Nord 1952-1962 », comportant la douloureuse inscription de 250 noms pour la plupart des appelés de 20 à 23 ans morts pour la France.Sept ans après, en 2014, toujours dans l’union afin de ne pas tomber dans l’oubli, l’Union du Mémorial AFN 94 fait paraitre un premier tome à la mémoire des militaires Val de Marnais, morts en Algérie, Tunisie et Maroc. Un ouvrage exem-plaire et spécifique qui retrace nom par nom, avec fiche individuelle le parcours de 98 militaires « morts pour la France » en partant des archives des armées et des témoignages des familles, trop souvent silencieuses sur les conséquences destruc-trices de dix années de guerre.Notons que cet ouvrage de mémoire met à l’honneur les associations, leurs mili-tants bénévoles et persévérants, dévoués à l’action de mémoire.Cet ouvrage est à votre disposition au siège de l’ARAC à commander par télé-phone à Térésa au 01.42.11.11.11. au prix de 10 euros.

Jacques GOUTORBE, Ancien combattant d’AlgériePrésident d’honneur du Val de Marne

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30 - LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Val-de-Marne (94) Avec fierté, nous portons à votre connaissance que la mairie de Nogent-sur-Marne a honoré Roger Belbeoch.

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LE RÉVEIL - N° 811 - MARS 2015 - 31

HOMMAGEHOMMAGE LE RÉVEIL

Merci à toi Henri MartinHenri Martin, né en 1927 d’une famille ouvrière communiste du Berry, entre en résistance à l’occupation nazie en 1942 à 15 ans. En 1944, à la Libération, il fait partie du maquis FTP de Lignières et participe à la libération de Bourges le 6 septembre 1944, jour de son adhésion au Parti Communiste.

Proposé pour la Croix de Guerre, il refuse parce qu’il ne veut pas être décoré dans une guerre qu’il réprouve (guerre d’Indochine).

Arrêté en 1949, Henri Martin est libéré en 1953, après 41 mois de bagne.

En février 2013, dans le Réveil des combattants, à la question : Quel message souhaitez-vous adresser à la jeunesse d’au-jourd’hui ? Il répond : « la France a une particularité : c’est celle des luttes et des luttes aujourd’hui, il y en a, même si les médias ne couvrent que très partiellement cette actualité là, et les jeunes n’y sont pas absents. Aujourd’hui, c’est elle qui construit son avenir, il est nécessaire qu’elle sache qu’elle est une force et donc qu’elle doit avoir confiance en elle. II faut aussi qu’elle sache qu’elle ne part pas de rien, qu’elle n’a pas à tout reconstruire. Aussi, est-il indispensable qu’elle ait la connaissance du passé, de ces acquis que nous avons obtenus par des luttes et aussi malheureusement par le sang. Je ne dis pas cela pour effrayer la jeunesse, mais tout simplement pour lui dire que nous sommes toujours là à leurs côtés… Si j’en juge par sa mobilisation dans les luttes, je peux dire oui, j’ai confiance en elle, car elle sait qu’elle est la relève… » Ces raisons l’ont conduit durant toute sa vie à former des générations de militantes et de militants.

Et à la question : Si c’était à refaire ? il répond : «Dans le siècle précédent, il y a deux grands événements positifs pour la France et la majorité de la population du monde. D’abord, la défaite du fascisme hitlérien, avec en France la mise en place du programme du Conseil National de la Résistance. Ensuite la décolonisation : fruit du combat des peuples pour leur souveraineté, condition es-sentielle pour leur indépendance. J’ai eu la chance de vivre ces batailles décisives.

Alors, oui, si c’était à refaire, je referais le même chemin, je ne resterai pas sur le bas-côté de la route, je ferai mon devoir de citoyen ! »

Pour la Direction Nationale de l’ARACRaphaël Vahé, Président de l’ARAC

« Tu es ici Henri Martin » : tel était, contre toute évidence, le poème écrit par le grand Nazim Hikmet au Festival mondial de la jeunesse de 1951, alors que tu croupissais en prison. A présent, camarade, que tu t’en es allé, nous le disons pourtant toujours : « Tu es ici Henri Martin. »

Tu es ici parce qu’à 15 ans, tu voulus agir à toute force contre ce fascisme qui écrasait l’Europe. A 15 ans, et parce que le fascisme doit partout être écrasé, tu n’hésites pas un instant à t’engager dans la marine pour combattre l’empire japonais.

« Honneur de la France » : ces mots signifiaient que tu refusais que des jeunes reviennent dans un cercueil pour asservir un peuple. Quelle terrible résonance avec notre époque où des manifestations anticoloniales sont interdites car nous n’aurions pas à nous mêler de « querelles lointaines » comme le déclara le Président de la République l’été dernier à propos de la Palestine.

En 1951, tu te fis plus incisif encore : « On ne défend en Indo-chine que les profits capitalistes. » « Le peuple vietnamien mène aujourd’hui la même lutte que celle que nous avons menée contre les Allemands. »

Comme l’avait écrit Eluard pour toi : « Les vents m’ont devancé je suis resté à terre. A terre et dans une prison pour avoir refusé simplement de me taire. Pour avoir simplement raison contre la guerre »…

Nordine Idir, secrétaire général de la JC

Sem Nguyen Ngoc SonAmbassadeur du VietNam en FranceFigure la plus représentative du mouvement d’anti-guerre colo-niale et impérialiste au Vietnam, Henri est devenu le symbole du courage et de la combativité pour la paix, la solidarité entre les peuples français et vietnamien, pour l’amitié vietnamo-fran-çaise. Il est rentré ainsi dans l’histoire du Vietnam comme l’in-carnation de la prise de conscience de la communauté humaine qui se lève contre l’injustice, la barbarie.

Le Vietnam a finalement retrouvé la paix, l’indépendance. Henri reste pour chacun des Vietnamiens « anh Henri », frère Henri.

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L’ARAC aujourd’hui, c’est :l l’action pour préserver et garantir les valeurs de la République, les ac-quis du CNR mis à mal aujourd’hui,l la défense des droits, anciens combattants, des OPEX, et victimes de guerre,l combattre les causes de la guerre, œuvrer pour la paix, l’amitié, la solidarité entre les peuples,l s’engager contre le fascisme et toutes les tentatives d’extrême droitel travailler pour la transmission de la mémoire, car qui comprend son passé peut construire sereinement son avenir.l donner à chacun les moyens de se construire une opinion et ainsi d’agir en connaissance de cause.

L’ARAC est une organisation vivante, moderne, portant les valeurs de notre histoire, celles de la Nation, celles écrites aux frontons de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité.

Dans le monde d’aujourd’hui, préserver et développer l’ARAC, c’est défendre et garantir la souveraineté nationale, la démocratie, l’avenir de la France.

Arac section Aubière (63) : 500 €

Alpes-Maritimes (06) : Alfred Gozzi – 50 €,

Bouches-du-Rhône (13) : Antoine Mareschi – 15 €

Côtes du Nord (22) : Daniel Hecquet – 100 €

Hérault (34) : Gérard Sinier – 50 €

Loire (42) : Louis Montagne – 50 €

Loire-Atlantique (44) : Pierre Augmard – 100 €

Saône et Loire (71) : André Maquis – 50 €

Savoie (73) : Henri Evrard – 250 €

Seine St Denis (93) : Huguette Chaban – 50 €

Val de Marne (94) : François Tranchessec – 50 €

Conseil National (99) : André Moisenier – 50 €

MERCI DE PRÉCISERLE MODE DE RÈGLEMENT :l par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs

règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.l par prélèvement bancaire, avec le montant de votre

prélèvement (mensuel ou trimestriel) : merci de joindre un RIB.l dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une

attestation de contribution et un reçu fiscal.Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit

à une déduction fiscale de 66 %

Mars 2015

SOUSCRIVEZPour l’ARAC de demain

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