Délégation régionale du CENTRE NATIONAL DE LA PROPRIETE FORESTIERE Établissement public national régi par l’article L221-1 du Code Forestier SIREN 180 092 355 – APE 8413Z CRPF Bourgogne 7A rue de Roy Gontran Marie - 71100 CHALON SUR SAONE Tél : 03 85 97 12 95 / 06 12 01 45 00 E-mail : bruno.borde@crpf.fr - www.foret-de-bourgogne.fr

Le robinier faux acacia en Bourgogne

- Sylviculture et orientation de gestion

Bruno BORDE CRPF Bourgogne

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 3

Le robinier faux acacia est la première essence forestière importée du Nouveau Monde en Europe. C’est l’arboriste d’Henri IV, Jean Robin (1550-1629), qui en 1601 planta les premiers exemplaires à Paris. Un rejet prélevé par son fils Vespasien en 1632 vit encore aujourd’hui au Jardin des Plantes et détient le privilège du plus vieil arbre de la capitale et du plus vieux robinier d’Europe continental. Appelé tout d’abord acacia car ses feuilles ressemblaient à celles des arbres de ce genre (famille des Mimosacées), le robinier fut par la suite reclassé par Linné dans la famille des Fabacées (légumineuse) et baptisé robinier en l’honneur de jean Robin. Bien connu de longue date dans nos campagnes et nos forêts, le robinier est une essence que l’on redécouvre pour ses nombreuses qualités. Il pousse en climat tempéré et donne un excellent bois d'œuvre très concurrentiel vis-à-vis de certains bois exotiques. Le produit est reconnu excellent, d'une qualité équivalente et surtout plus régulière que certains bois exotiques, notamment le teck.

C’est un bois de pays issu de forêts gérées durablement, un bois écologiquement sain puisqu’il peut se passer de traitement chimique. Ses particularités en font un matériau idéal pour la maison "écologique" puisqu'il est exempt de tout traitement et apporte solidité et durée de vie. Le Robinier pourrait bel et bien offrir une alternative crédible à l’utilisation des bois exotiques, comme le teck ou l’iroko, en extérieur (terrasses) ou en intérieur (parquet). A l’heure où les coûts de transport augmentent, et les préoccupations environnementales se font pressantes, la pertinence du retour à des bois locaux se renforce. Avec une croissance plus rapide que les éternels chênes et châtaigniers, le robinier offre les mêmes avantages : dureté et résistance aux agressions. Ces arguments, certains scieurs et transformateurs les ont bien compris et les utilisent avec succès dans une démarche commerciale bien établie. Seul inconvénient, sa prolifération. Arbre héliophile à croissance rapide, le robinier occupe rapidement de grandes surfaces grâce à ses drageons et ses rejets de souche. Il forme à l'état naturel des peuplements denses et souvent purs au détriment d’autres espèces. Cet arbre, capable de fixer l'azote, enrichit le sol de substances nutritives et concurrence fortement la végétation indigène avec également pour conséquence l'élimination progressive des espèces de sol maigre.

Le robinier peut donc participer à la protection de s forêts primaires et être considéré comme un bois écologique,

mais il doit être cultivé dans des conditions de ge stion raisonnée et stricte, pour éviter que cette espèce aux nombreuses vertus, ne devienne un danger

sérieux pour la biodiversité…

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En Europe, la Hongrie est de loin le premier producteur avec 360 000 ha, soit 20 % de la surface forestière du Pays; Un programme d’amélioration génétique initié dans les années 50, une sylviculture orientée vers la production de bois d’œuvre, et une filière de transformation efficace permettant de valoriser son bois, font de ce pays une référence en matière de robinier. Cette essence est aussi très présente dans les autres pays de l’Europe de l’Est : Roumanie, Ukraine, Bulgarie … En France l’IFN estime la surface de robinier à plus de 131 000 ha ; un chiffre qui recouvre toutefois d'importantes disparités. Trois régions portent 40 % de cette surface : Rhône-Alpes, Bourgogne et Aquitaine tandis que quatre régions en sont quasiment dépourvues : Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Bretagne et Provence-Côte d'Azur. Le volume sur pied est estimé en 2005 à 27 Mm3 (IFN) soit un volume supérieur à celui des peupliers. L’accroissement courant est de 7,7 m3/ha/an sur l’ensemble des peuplements ce qui le situe dans la fourchette haute en ce qui concerne la production des peuplements feuillus.

Le robinier en Europe, en France et en Bourgogne

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 5

La Saône et Loire et l'Yonne sont parmi les 4 départements français les plus boisés en robinier avec près de 6500 ha par département. En Bourgogne la surface de robinier dominant n’a pas augmenté de façon significative entre 1985 et 2004, elle avoisine 18 500 ha.

Volume de robinier par rapport à la surface de forêt Régions naturelles de Bourgogne

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Imputrescible, résistant aux insectes et à la pluie, le robinier a le privilège d'appartenir aux essences de classe 4, répondant à la norme NF EN 335 (1). Il est ainsi aussi performant que certains bois exotiques, notamment le teck. Sa dureté similaire au chêne lui confère une excellente résistance aux poinçonnements et à l’abrasion dus au trafic. La densité du bois est d'autant plus importante que la croissance est rapide. C'est un bois nerveux avec un retrait assez élevé, il doit être séché lentement. Son absence de tanin ou autre substance lui permet d’être posé même en bordure de piscine sans risque de tacher ou souiller l’eau. Sa coloration d’origine est le jaune paille et son exposition aux UV et à l’oxydation de l’air lui apporte une teinte brun-doré légèrement rosé, très différente des couleurs rouge, brune ou verte que l’on a l’habitude de rencontrer. Difficile à travailler à cause de sa nervosité et de sa tendance au gauchissement, le séchage en séchoir évite cependant toute déformation ou retrait en largeur pendant et après l’exécution du chantier. (1) Classe 4 NF EN 335 : Bois lamellé-collé destinés à une utilisation où le bois est exposé aux intempéries, ou en contact

avec le sol ou l'eau douce, et dont le taux d'humidité est en permanence supérieure à 20 %.

Une utilisation en bois d’œuvre, piquet et bois de chauffage

Bois d’œuvre

Les utilisations en bois d'œuvre tels que parquets, lambris, bardages, terrasses, mobilier de jardin se développent et se diversifient depuis quelques années à l'instar de nos voisins italiens, hollandais et allemands.

En France, l'offre de bois d’œuvre est assez limitée faute d'une véritable sylviculture.

Les lots sont petits et la concurrence du piquet se révèle partout très vive à cause des besoins (vigne, élevage) et des prix sur pied relativement intéressant qui n'incitaient pas, jusqu’à aujourd'hui, à effectuer des éclaircies et attendre l'obtention d'un diamètre bois d'œuvre.

Pour une utilisation en bois d’œuvre le diamètre fin bout doit être de 25 cm minimum, purgée de pourriture et exempt de défaut important.

Le prix du bois d’œuvre constaté en 2008/2009 est de l’ordre de 80 à 100 €/m3 bord de route.

Le bois de robinier

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 7

Les défauts les plus fréquemment rencontrés sur les arbres âgés sont la pourriture de cœur à la base de l'arbre, cette pourriture ne s'étend en général pas sur une grande longueur.

La cannelure à la base du tronc est également assez fréquente, elle induit souvent la présence d'entre écorce dans les sciages. L'épaisseur de l'écorce du robinier avoisine les 20 mm, l'aubier est limité aux 3-4 derniers cernes, quels que soit l'âge et la hauteur dans l'arbre. La faible proportion de l'aubier (7%) contrebalance l'épaisse écorce du robinier (13 à 20 %).

L’émergence de la demande en bois d'œuvre ne peut pas être assurée, en France, dans les conditions actuelles de production et de mobilisation ; c'est la raison pour laquelle les industriels s'approvisionnent régulièrement en Hongrie et dans d'autres « pays de l'est », là ou l'offre de pré-débit reste abondante et à un prix rendu acceptable.

La demande de bois d’œuvre se faisant plus forte, il est possible aujourd’hui de valoriser notre potentiel robinier par quelques pratiques au niveau de la sylviculture.

Piquet

Les piquets de clôture et de vigne constituent la grosse part du marché, ils permettent une rémunération souvent correcte des bois sur pied en fonction du transport jusqu'aux zones de transformation et d'utilisation.

Les longueurs s'adaptent aux besoins locaux, entre 1,5 m et 2,5 m ; les sections sont également fonction de la demande, on sélectionne pour cela des billons droits au diamètre supérieur à 10 cm et qui présentent un aubier très fin.

Le prix moyen du piquet constaté en bourgogne est de 15 €/st sur pied (fourchette de 10 à 20 €/st sur pied).

Environ trente à quarante piquets de 1,8 m sont nécessaires pour constituer 1 stère de bois.

Bois de chauffage

Excellent combustible au pouvoir calorifique important, il peut brûler sans être totalement sec, mais il a l’inconvénient de projeter, en brûlant et en craquant, de nombreuses étincelles.

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Le robinier est une espèce pionnière, rustique et p eu exigeante mais sa productivité et les produits qui en découlent varie nt énormément suivant les terrains qu'il occupe.

Adapté à une large gamme de sol, quasi indifférent au pH ou à la richesse minérale, c’est dans les terrains légers, de texture sableuse et limoneuse, frais, au ph proche de 6 qu’il atteint sa meilleure production.

Sa principale exigence concerne l’aération du sol, ce qui élimine les terrains compacts ou hydromorphe. On évitera également les terrains trop calcaires où la terre fine est carbonatée. Il tolère les sols pauvres et secs qu’il va enrichir en azote. Son Système racinaire latéral très développé facilite la régénération par drageons et contribue efficacement à la fixation des sols. Il est également prompt à coloniser toute station nouvelle pour peu que le sol ne soit pas trop compact, trop calcaire ou trop hydromorphe.

Conditions favorables Conditions défavorables

Sols bien aérés Texture à dominance sableuse (sols légers)

Peu exigeant en richesse chimique

Indifférent au pH, sol acides à carbonatés

Sols bien alimentés en eau

Texture souvent à dominance argileuse (sol

lourds et compacts)

Sols engorgés (à "excès d'eau")

Sols mal structurés

Milieux secs

Quels terrains pour le robinier ?

Ecogramme indiquant les exigences trophiques et

hydriques du robinier

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 9

La hauteur dominante d'un peuplement à un âge donné est un bon indicateur quant aux potentialités du sol (la croissance en hauteur étant liée à la richesse du sol) :

L’objectif bois d’œuvre n’est envisageable que sur les parcelles où la croissance du robinier est suffisante pour obtenir des dimensions importantes dans un délai raisonnable (35/40 cm en 40 ans). Les classes de fertilité du robinier, déterminées par des relations entre l’âge et la croissance en hauteur dominante des peuplements, permettent d’évaluer son potentiel de production. C'est un outil de diagnostic pour le choix d’un objectif sylvicole. Les potentialités du robinier et les relations stations/productions sont à affiner en Bourgogne, mais les premiers travaux tendent à s'approcher des courbes de fertilité établies par l'IDF en région Aquitaine (graphique ci-dessous). Cette étude indique qu'un taillis qui n’atteint pas 13 m de hauteur dominante à l’âge de 10 ans ne devrait pas être destiné à la production de bois d’œuvre (classe 4 et 5).

Stations et production de bois

Taillis de 10 ans et 6 m de hauteur dominante sur sol acide et très superficiel

(Le Creusot - 71)

Taillis de 10 ans et 12 m de hauteur dominante sur sol argilo-limoneux moyennement profond

(Génelard - 71)

Taillis de 10 ans et 18 m de hauteur dominante sur sol limono-sableux profond

(Maxilly-sur-Sâone - 21)

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Arbre controversé, le robinier est une bonne trouvaille pour les uns, une menace écologique pour les autres. Essence vigoureuse à croissance rapide, Il forme à l'état naturel des peuplements denses et souvent purs au détriment d’autres espèces, empêchant la croissance des espèces natives. Arbre héliophile, c'est un pionnier qui peut coloniser rapidement les espaces ouverts lorsqu’il est présent. Plastique, on peut le trouver dans de nombreuses stations forestières Frugale, le robinier occupe rapidement de grandes surfaces grâce à ses drageons et ses rejets de souche. La litière qu'il produit est très riche en azote et favorise l'installation d'espèce nitrophile. Il peut concurrencer la végétation indigène et modifier les écosystèmes qu'il colonise en provoquant une inversion de flore ou en éliminant progressivement des espèces de sol maigre. Pour ces raisons, il est particulièrement surveillé dans certains pays, c'est le cas en Suisse où le robinier est inscrit à la liste noire de la Commission helvétique pour la conservation des plantes sauvages. Le forestier s’interdira donc l’introduction du rob inier dans des zones d’intérêts écologiques et environnementaux et dans des habitat s forestiers rares ou menacés. La gestion forestière de type taillis sous futaie avec l’exploitation quasi totale du taillis provoque, lorsqu’il est présent, une explosion de cette essence pour devenir à terme la seule présente dans le taillis puis dans la futaie. Le robinier est très difficile à éliminer lorsqu’il est installé, des traitements chimiques adaptés peuvent s’avérer efficace. La coupe suivie de coupes des rejets 2 fois par année sur plusieurs années pour tuer le pied peuvent être également envisagées. D’autres techniques (dessouchages, arrachages) risquent plus de favoriser la repousse du robinier que de la détruire. Eviter de couper le robinier est le meilleur moyen de lutte contre lui. Il dépérira peu à peu sans drageonner. Pour les peuplements denses de robinier, on peut réaliser une éclaircie en éliminant presque la moitié des tiges afin d’apporter assez de lumière au sol pour que les autres essences puissent s’installer par semis naturels mais pas trop pour que le robinier ne puisse pas se développer. Il est nécessaire de maintenir un couvert forestier suffisant offrant un ombrage défavorable à la croissance des jeunes robiniers.

Quels risques face à cette essence envahissante ?

Chênaie-pédonculé à orme lisse, habitat rare avec présence de robinier (Talmay 21)

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 11

Issu de régénération naturelle par rejets et drageons après coupe rase, ces peuplements constituent l’essentiel des surfaces de robinier présent en bourgogne. Après coupe, en première pousse, on dénombre 10 000 à 30 000 tiges/ha. Intolérant à l’ombre, la mortalité naturelle liée à la concurrence est très élevée durant les 10 premières années. Une forte auto éclaircie et une sélection naturelle dans le jeune âge va provoquer une chute considérable de la densité pour aboutir vers 8/10 ans à une densité de 2500 à 4000 tiges par ha. On notera ensuite peu d’évolution dans le nombre de tiges. C’est durant cette phase de compression que les tiges vont acquérir une meilleure forme. Récoltés par coupe rase à l’âge de 25/30 ans, ces peuplements n’ont en général subi aucune intervention sylvicole. C’est la sélection naturelle qui permet alors de produire des tiges de taille et de qualité acceptable pour le marché du piquet.

Dans les régions de vignoble et d'élevage, on exploite ces taillis assez jeunes (20/25 ans) avec des diamètres inférieurs à 25 cm et pour une utilisation exclusive en piquet et chauffage.

Amélioration possible de la qualité des tiges

Une bonne exploitation avec un arasement des souches permettra aux rejets de bien s’affranchir sur la souche et d’être de meilleure qualité.

Après exploitation d’un taillis ayant subi 4 ou 5 rotations de coupes ou dans le cas d’un taillis mal conformé, il est nécessaire de faire apparaître de nouvelle tiges issues de drajeons en effectuant, 1 à 2 ans après la coupe, un gyrobroyage suivi d’un léger travail du sol sur 10 à 20 cm de profondeur (charrue à disques). Cette opération permettra le rajeunissement des souches et la repousse de tiges mieux conformées.

Le taillis

Dans un taillis sur bonne station, la production avoisine 10 m3/ha/an. La coupe rase effectuée vers 25 ans produit environ 250 m 3/ha soit 375 st/ha (1m3=1,5 st).

La quantité de piquet varie de 50 à 80 % du volume, le reste étant destiné au bois de chauffage Le revenu moyen est d’environ 3500 à 4000 euros/ha soit 140 à 160 euros/ha/an

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Taillis mûr balivé à 100 tiges par ha il y a

10 ans et d’aspect irrégulier (Talmay - 21)

Taillis balivé à 400 tiges par ha à 11 ans

(Renève - 21)

Avec l’arrivée soutenue d’utilisations en bois d’œuvre, il peut être intéressant d’orienter la production de ces taillis vers ces débouchés mieux rémunérés. Pour cela il faut s’assurer que le terrain permettra de produire des bois de 35/45 cm en 40 ans environ.(Vers l’âge de 10 ans, hauteur dominante supérieure à 12/13 m). Il ne semble pas indispensable d'intervenir par des opérations coûteuses de types dépressage avant que le taillis n'atteigne des dimensions qui rendent les produits commercialisables, soit vers l'âge de 10 à 15 ans. La mortalité naturelle assurera "l'auto "éclaircie" du peuplement, le nombre de tiges de qualité disponible offre encore une grande possibilité de sélection et la réaction des tiges conservées à une forte éclaircie est encore bonne. Les interventions peuvent donc être réduites au minimum en laissant le taillis à son évolution naturelle pendant cette période. Vers 10 à 15 ans Eclaircie permettant de régulariser le peuplement, de l’améliorer qualitativement et de donner la possibilité aux plus belles tiges sélectionnées d’atteindre des diamètres plus importants en conservant une bonne croissance. Cette première éclaircie vigoureuse de type balivage intensif conservera environ 500 tiges par ha. Une nouvelle éclaircie sera réalisée 10 ans plus tard pour arriver à la densité définitive d’environ 200 arbres par ha vers 35/40 ans. A la coupe rase Sur les bonnes stations, lors de la coupe à blanc d’un taillis mûr, il peut être intéressant de conserver les 80 à 100 plus grosses tiges si elles sont de qualité suffisante pour espérer produire du bois d’œuvre. La coupe du reste du peuplement va donner des conditions de lumière suffisante pour que les rejets et drageons des arbres exploités constituent à nouveau un taillis. Les arbres conservés quant à eux vont continuer de croître. Vingt ans plus tard on se trouvera en présence d’un taillis et d’une futaie (2 fois l’âge du taillis) constituée des arbres initialement conservés. De diamètre 35 à 45 cm, ces arbres constitueront un volume de bois d’œuvre non négligeable. Le traitement de ce peuplement pourra alors être envisagée en futaie irrégulière

Améliorer le revenu d’un taillis

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 13

Exemples de gestion d'un taillis simple de robinier sur bonne station

Année Modalité 1 :

Conduite en taillis simple

Production de piquets

Modalité 2 :

Conduite en taillis avec réserves

Production de piquets et de bois d'œuvre

Modalité 3 :

Conduite en futaie régulière

Production de bois d'œuvre

Conservation de 500 tiges / ha

Récolte du reste du peuplement

N+10

à N+15

- -

Opération blanche

Récolte totale

Environ 350 stère

Balivage de 100 à 200 tiges/ha et récolte du reste du

peuplement

Environ 300 stère

Eclaircie prélevant 50 % des tiges et abaissant la densité à

250 tiges par ha

N+20 à

N+25

Revenu : 3 500 € Revenu : 3 000 € Revenu : 1 000 €

Récolte totale

Environ 350 stère

Récolte totale

Environ 180 stère et

100 m3 de bois d'œuvre

Récolte totale

Environ 250 m3 de bois d'œuvre

N + 40

Revenu : 3 500 € Revenu : 8 300 € Revenu : 17 000 €

Revenu annuel sur 40

ans

175 €/ha/an

280 €/ha/an

450 €/ha/an

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La question de la réaction des tiges de robinier à une éclaircie tardive est souvent posée.

Les peuplements à base de robinier sont la plupart du temps constitués de taillis simple âgés de 20 à 30 ans. Ces peuplements, mûrs pour un objectif piquet, disposent la plupart du temps de tiges de qualités qui pourraient être conduites vers un diamètre supérieur pour une utilisation en bois d’œuvre.

Ces tiges ont en général subi l’effet de la forte concurrence d’où une croissance ralentie depuis plusieurs années. Les observations en cours tendent à montrer que sur les meilleures stations une reprise de la croissance après une période de fort ralentissement est possible.

Il est donc envisageable de conserver dans un taillis mûrs les plus belles tiges et obtenir une reprise et un gain de croissance au moyen d’éclaircie appropriée afin d’aboutir à un diamètre de 35/40 cm minimum.

Des essais d’éclaircies tardives et d’intensités d’éclaircies sont en cours et apporteront des éléments de réponses dans les prochaines années.

Réaction du robinier aux éclaircies tardives

24 années

Reprise de croissance après une forte éclaircie à 2 4 ans

(St Martin -en-Bresse -71-)

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 15

Plantation de 1 an sur terre agricole (21)

A partir d’un unique investissement au moment du bo isement ou reboisement, 4 à 5 récoltes sont possibles. Mais sachons raisonner son implantation car l’introduction

du robinier est difficilement réversible et il se p ropage vigoureusement par drageons.

On pense de plus en plus au robinier dans les reboisements mais sachons lui réserver les sols qui lui conviennent le mieux (voir pages 8 et 9) et les techniques sylvicoles les mieux adaptées. Traitement préalable de la végétation Les plus grands ennemis du plant sont les graminées. Elles sont nuisibles, surtout par les racines. Le feutrage très dense des rhizomes colonise les racines des jeunes plants provoquant une forte concurrence hydrique surtout en année de sécheresse. Il est donc préférable de détruire cette herbe en septembre par un traitement de type glyphosate, avant le labour. Travail du sol Sur terrain agricole un labour suivi d'un émiétage sont nécessaire. En milieu forestier le sol devra être propre pour la plantation avec le passage d'un broyeur si nécessaire. Choix des plants et région de provenance En France, il existe quelques tests de comparaison de provenances mais ils sont très jeunes. En l’absence de données sur la diversité génétique de l’espèce, une seule région de provenance (RPS 900) a été créée qui couvre l’ensemble du territoire national. En revanche, il existe un programme d’amélioration du robinier faux-acacia en Hongrie. Il est donc conseillé d’utiliser du matériel hongrois sélectionné, qualifié ou testé dans un objectif de production de bois. Les régions possibles sont Pusztavacs et Nyrség .

Densité : La densité de plantation sera de 1100 à 1900 plants /ha. Les expériences montrent que même avec des densités initiales supérieure à 2 000t/ha, les tiges sont toujours mal conformées. En effet, un défaut du robinier est de fourcher : chaque année le bourgeon terminal avorte indépendamment des conditions climatiques (gel). Ces dernières peuvent toutefois engendrer des fourches accidentelles qui viennent alors s’ajouter aux fourches récurrentes. Pour améliorer la forme des tiges, il est nécessaire d'effectuer un recépage des plants.

La plantation

Avortement du bourgeon terminal

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En plantation, le recépage permet d'améliorer la fo rme des tiges en créant une phase de compression due à l'augmentation de la densité (rej ets et drageons), et en augmentant la hauteur d’apparition des fourches basses avec des r ejets vigoureux la première année.

La faible densité alliée à une forte tendance du robinier à fourcher conduit à une importante proportion d’arbres ayant une forme très défectueuse. La taille est difficile et les interventions doivent être nombreuses et répétées pour un résultat incertain. C’est pourquoi on préférera réaliser un recépage des plants qui permet de multiplier la densité des tiges par 2 ou 3 voir plus (rejets et drageons). La pousse importante qui suit le recepage (2 à 4 m de haut) permettra de repousser la hauteur d'apparition de la fourche. Il se développera ensuite une concurrence intra spécifique favorable à l'amélioration naturelle de la forme des tiges.

Cette opération qui peut apparaître incongrue suite à une plantation peut au final se révéler économiquement plus bénéfique que des opérations de tailles (en moyenne deux fois plus coûteuses).

Le recépage sera réalisé en mars-avril au broyeur forestier à 4-5 cm du sol sur les lignes de plantations. Il doit être réalisé lorsque les arbres ont atteint 3-4m de hauteur.

Si le plant est trop jeune ou pas assez enraciné il y a des risques de déchaussement des tiges et d'éliminer toutes les racines. Le plant doit avoir la vigueur et les ressources pour faire une repousse importante après recepage, soit 3-4 m de hauteur.

Le recepage peut également être réalisé dès la plantation en sectionnant la tige à 10 cm du sol.

Le recépage

Plantation de 7 ans recépée au broyeur à l'âge de 3 ans

(St Bonnet de Joux -71)

Plant recépé au sécateur à la plantation (Demigny -71)

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 17

TTCR de robinier de 2 ans (71)

Ces peuplements issu de plantation sont des cultures de biomasse à but énergétique. De nombreux pays ont déjà mis en place ce type de culture (Etats-Unis, Corée, Italie, Hongrie …). et l’on voit depuis quelques années se développer de tels boisements sur terres agricoles et en forêt en France où l’on observe la mise en place d’une filière. Le robinier, avec le saule, l’eucalyptus, le peuplier est une essence cultivable en taillis à très courte rotation car elle a une croissance rapide et supporte des coupes fréquentes. Installation d'un TTCR Les TTCR sont à réserver aux sols suffisamment riches afin d’assurer un rendement suffisant au regard de l’investissement initial. La reprise, la croissance, la vigueur et donc la production d'un TTCR de robinier sont notamment dépendantes de la présence d'argile dans le sol. Plus la proportion d'argile est importante et plus celle-ci apparaît proche de la surface, moins la production de biomasse sera importante. La plantation sur terrain labouré et préparé s’effectue à la densité de 6000 à 10000 plants par ha (2,5 m entre les rangs et 0,4 à 0,5 m entre les plants). Les plants sont recépés dès la plantation ce qui permet dès la première pousse d’obtenir une densité et donc une quantité de biomasse importante. Un travail du sol est réalisé selon nécessité, en général un au printemps et un durant l’été pour les deux premières années.

Les TTCR (Taillis à Très Courte Rotation)

TTCR avec zone argileuse

Plantation d'un TTCR

TTCR âgé de 1 an

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Récolte et production Les TTCR de robinier peuvent être récoltés tous les 3 à 4 ans pendant 15 à 20 ans. La récolte est entièrement déchiquetée et vendue sous forme de plaquettes forestières destinées à des fins énergétiques. Le produit peut être auto-consommé, notamment pour les agriculteurs ou vendu à une chaufferie ou industrie utilisatrice de ce type d’énergie dans un rayon suffisamment proche du lieu de production. A titre indicatif, l’objectif est d’obtenir sur 5 ou 6 récoltes un rendement moyen de 40 tonnes de matière brute à chaque récolte, tous les 3 ans. A 40 % d’humidité cela représente 24t de matière sèche sur 3 ans soit 8 t par ha et par an.

LE ROBINIER EN BOURGOGNE –- Bruno BORDE – Janvier 2011 – page 19

Actuellement, en France, peu de problèmes sanitaires sont signalés sur cette essence, et pratiquement aucun n’est spécifique au robinier. Les symptômes les plus fréquemment observés sont ceux liés à des chancres (Nectria). D’une manière générale, cette maladie se traduit par des pustules de couleur rose ou orangé sur l’écorce du tronc ou des branches, s’accompagnant de lésions et parfois de déformations. Les dégâts se limitent à des mortalités ponctuelles de branches, plus rarement ils conduisent à la mort des arbres. Ce parasite attaque généralement les sujets affaiblis ou mutilés. Des déformations, probablement chancreuses, ont pu être observées sur des arbres en plaine de Saône ainsi qu’à la base de troncs de robiniers issus de plantation en Aquitaine, Un diagnostic plus complet doit être réalisé. Un développement de champignons non spécifiques du robinier peut être à l’origine de pourritures et de dépérissements sur cette espèce : Le polypore soufré : le champignon qui présente une fructification jaune soufre sur le tronc des arbres à l’automne est à l’origine d’une pourriture rouge cubique du bois de cœur. Le phellin tacheté : ce champignon entraîne une pourriture blanche qui peut parfois provoquer des ruptures de branche ou de tronc. Le robinier est une légumineuse très appréciée par les limaces qui peuvent provoquer des dégâts sur les jeunes plantations. Suite à la canicule de 2003, des dépérissements d’arbres ont été observés avec l’apparition de nombreuses branches sèches dans les houppiers. L’utilisation et le développement de cette essence face au changement climatique devront être étudiés plus précisément dans les années à venir car malgré sa préférence pour les climats chauds et sa tolérance pour les sécheresses, le robinier ne semble pas toujours bien supporter le stress hydrique.

Aspects sanitaires du robinier

Cime dépérissante sur robinier adulte (Montcoy - 71)