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Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870)

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Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870)Author(s): Fernande BassanSource: Nineteenth-Century French Studies, Vol. 22, No. 1/2 (Fall—Winter 1993-1994), pp.100-111Published by: University of Nebraska PressStable URL: http://www.jstor.org/stable/23537435 .

Accessed: 12/06/2014 16:54

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Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas

père (1802-1870)

Fernande Bassan

Avant

de devenir un célèbre auteur de romans-feuilletons,1 par lesquels il est surtout connu aujourd'hui, c'est par le théâtre et par les vers que Dumas père a commencé sa carrière littéraire, en

1825. L'année suivante il compose ses premières œuvres de fiction: trois historiettes sous le titre: Nouvelles contemporaines, publiées à compte d'auteur. C'est en 1829, qu'il est propulsé dans la célébrité par le

triomphe que remporte son drame historique Henri III et sa cour, à la

Comédie-Française. Le succès l'encourage à se cantonner pendant

quelque temps surtout dans le théâtre. Les goûts et les qualités dont il y fait preuve vont se retrouver dans son oeuvre de romancier-feuilleto

niste.

Dumas, comme une grande partie de sa génération, se passionne pour l'histoire. Dès son premier drame représenté, Alexandre a l'art de faire

revivre l'atmosphère d'une époque. Son éducation ayant été négligée, il s'efforce de combler ses lacunes. Il lit en traduction des romans de Walter

Scott, qui encouragent son goût pour le roman historique. Il n'est pas étonnant qu'il soit devenu plus tard un des rois du roman-feuilleton.

Comment est né le roman-feuilleton, qui représente en 1836 l'associa tion du roman et de la presse? Des romans et nouvelles de Balzac, G.

Sand, A. de Vigny, A. Dumas, E. Sue et A. Karr avaient déjà paru dans les grandes revues littéraires bimensuelles La Revue de Paris et La Revue des Deux Mondes. La nouveauté en 1836 est de faire entrer le roman

feuilleton dans la presse quotidienne essentiellement politique. Il va envahir le "rez-de-chaussée" du journal, jusque là consacré surtout à la

critique théâtrale, musicale et artistique. En 1830, à l'avènement de la Monarchie de juillet, la censure et le droit du timbre de la presse ayant été supprimés, des journaux se créent. Les quotidiens parisiens se vendent alors exclusivement par abonnement de 80 F.—somme élevée

pour l'époque. En 1836, Emile de Girardin lance La Presse, et Armand

Dutacq (son ancien associé): Le Siècle, en mettant l'abonnement à 40 F., et en attirant les lecteurs par des romans-feuilletons. Ils inaugurent la

presse de masse. Entre 1836 et 1845, les principaux quotidiens les imitent et doublent leur tirage. Plus tard les journaux se vendront au numéro. En

1846, Le Siècle atteint 32 885 abonnés, La Presse: 22 170, et L e Constitutionnel: 24 771. Etant donné que ces abonnements sont pris par des familles, des maisonnées, des clubs de lecture, et des cabinets de prêt, l'ensemble des journaux atteint, d'après Michelet, 1 500 000 lecteurs. De

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plus, les feuilletons sont reproduits dans les journaux de la province et de l'étranger. Ces feuilletons sont ensuite imprimés en volumes.

A quel public s'adresse le feuilleton? surtout à la classe moyenne et au

grand public. Les illettrés se font lire à haute voix la tranche du jour. Quels écrivains composent ces feuilletons? Ceux qui suscitent des

abonnements. Ils doivent être célèbres, capables d'envoûter les lecteurs et surtout les lectrices, et être prolixes. Les feuilletonistes qui attirent le plus d'abonnés sont Alexandre Dumas, Eugène Sue, puis Paul de Kock et Paul Féval. Les directeurs de journaux paient leurs écrivains généralement mieux que ne le font les éditeurs, qui sont longtemps victimes de la concurrence des éditions pirates belges. Presque tous les romanciers ac

ceptent de publier leurs œuvres dans des revues ou dans des quotidiens. Les écrivains, étant payés à la ligne, s'évertuent à multiplier les dialogues aux répliques extrêmement brèves.

Quelle est la réception critique du feuilleton? Bien qu'il remporte un succès massif auprès du public, les critiques sont réticents, et trouvent

que c'est une littérature "facile," Sainte-Beuve l'appelle: "industrielle." La

critique a le tort de juger tous les feuilletons en bloc, sans distinguer les bons romans des travaux hâtifs.

Dans quelle catégorie peut-on classer les feuilletons? Tout dépend de leur qualité: les meilleurs sont de la littérature, au- dessous c'est de la pa

ralittérature, les moins bons sont de la sous-littérature. Les feuilletons de

journaux sont souvent considérés comme étant de la littérature popu laire. La loi du genre exige qu'à la fin de chaque tranche la curiosité du lecteur soit piquée par l'annonce d'un mystère ou d'un rebondissement,

donc ces romans ont une intrigue semée de coups de théâtre. De ce fait, Dumas aura du mal à adapter ses feuilletons pour la scène. Son Vicomte de Bragelonne lui inspirera plusieurs drames, dont un seul sera représenté, Le Prisonnier de la Bastille. Son Comte de Monte-Cristo fournira la matière de quatre drames qui seront joués.

Comment se présentent les feuilletons? Parfois comme des romans

historiques ou "de cape et d'épée," la lutte entre le Bien et le Mal y est si tuée dans le passé; leurs lecteurs revivent le passé au présent, ils se pas sionnent pour le sort des héros et héroïnes sans se projeter en eux. Dumas s'est illustré dans ce genre, notamment avec le cycle des Trois

Mousquetaires. Il existe aussi des romans de moeurs, situés à l'époque présente, les lecteurs peuvent se sentir en communion avec les person

nages; c'est le cas du Comte de Monte-Cristo et des Mohicans de Paris. Chez

Dumas, dans les deux types de romans, ses héros sont des redresseurs de

tort, des médiateurs, des sauveteurs.

D'une façon générale, le feuilleton est une sublimation du réel, il est

peuplé de symboles et de mythes, ses archétypes relèvent de la sociolo

gie. Par ces procédés, il doit frapper l'imagination et la sensibilité du pu

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blic. L'espace mythologique que représente le feuilleton répond à la soif de sacralisation, de divinité au sein d'une société déchristianisée. Le pu blic ressent une sorte de foi religieuse envers des personnages tels que

D'Artagnan, Monte-Cristo, Bussy d'Amboise (La Dame de Monsoreau). On a des contrastes entre les Bons et les Méchants. La victime suscite l'an

goisse et la pitié, le monstre éveille le dégoût et la haine, le héros acca

pare l'attention. Le feuilleton est une œuvre épique, qui envoûte le public par les dangers et les passions de héros exceptionnels; il risque de rendre certaines lectrices dangereusement romanesques. Dans Madame Bovary, la belle-mère déplore qu'Emma lise des romans qui L'empoisonnent."

Les premiers romans publiés par tranches sont dus à Dumas, Balzac,

Sue et Soulié. De 1836 à 1841, les œuvres sont généralement assez

courtes, et leur rythme de publication parfois irrégulier; à partir de 1842, on a des feuilletons-fleuves.

En ce qui concerne Dumas, après avoir été surtout un dramaturge, il

va désormais partager son activité entre le théâtre et la prose, qu'il publie dans des périodiques et aussi directement en volume. 11 écrit d'abord des études historiques, des nouvelles et des impressions de voyage, je me li miterai à ce qu'il publie d'abord dans la presse. De 1831 à 1836, il donne à La Revue des Deux Mondes des articles variés, mais surtout sa première "Chronique de France: Scènes historiques" (en 1831-1832), qu'il dévelop pera plus tard en volume sous le titre Chroniques de France: Isabel de Bavière (Dumont, 1835, 2 vols.), et des Impressions de voyaqe en Suisse (1833).

Le 26 juin 1836, La Presse lui demande d'assurer la critique des pièces jouées à la Comédie et à la Porte-Saint-Martin, et de publier en feuilleton le dimanche des scènes historiques (cf. C. Schopp, Alexandre Dumas 291 -

292). Dumas, après avoir précisé sa conception du "feuilleton historique" (15 juillet 1836), donne (du 17 juillet au 28 août) des Chroniques, qui se ront continuées et réunies en volumes sous le titre La Comtesse de

Salisbury (Dumont, 1839-48, 5 vols.), qui se déroulent pendant la Guerre de Cent Ans. Plus tard (dans la Préface du Capitaine Paul, 1838), Dumas se vantera d'avoir fondé et inventé, à La Presse, le roman-feuilleton, ajou tant que sa Comtesse de Salisbury aurait remporté un plus grand succès si elle avait été imprimée quotidiennement. Il continue à publier dans La Presse des "Scènes historiques" et des impressions de son voyage en Italie.

Dumas se brouille temporairement au début de 1838 avec Girardin, et

passe au Siècle, qui lui demande un roman dans les deux mois; il tire de sa pièce Paul Jones, rédigée depuis deux ans et refusée par le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, son premier vrai roman-feuilleton, Le Capitaine

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Paul. Publié en 19 feuilletons du 30 mai au 23 juin, il vaudra à ce journal 5 000 abonnements de plus en trois semaines (Dumont, 1838, 2 vols.). Il

s'agit d'un épisode imaginaire de la vie du contre-amiral Paul Jones (1747-1792), Ecossais qui a participé du côté des Insurgents à la Guerre

d'Indépendance américaine, et a mouillé trois fois à Lorient. Dumas dit avoir recueilli dans cette ville, en 1830, une légende (en fait sans fonde ment) qui fait de Paul Jones le fils naturel de la marquise d'Auray. Dumas note, dans la Préface du Capitaine Paul, qu'il écrira désormais sur tout des romans, qui lui rapporteront beaucoup plus que ses pièces, se ront beaucoup plus faciles à placer, et prendront moins de son temps que les œuvres dramatiques qu'il faut faire longtemps répéter. Signalons que dès ce premier roman-feuilleton, des libraires belges tirent des éditions

pirates copiées sur le texte du journal, sans corriger les coquilles. Profitant d'un voyage en Allemagne, Dumas partage son butin litté

raire entre deux périodiques. Il envoie des lettres sur "La Belgique et la

Confédération germanique" à la Revue de Paris (septembre-novembre 1838). Il publie dans Le Siècle des légendes germaniques, dont le roman Othon l'archer (Dumont, 1840), et Excursions sur les bords du Rhin

(13/8/1839-25/2/1840) (Dumont, 1841,3 vols.). En 1839, il donne au Siècle une "chronique-feuilleton": Monsieur Gaston

Phoebus; et au Journal des enfants: le roman Le Capitaine Pamphile (Dumont, 1839, 2 vols.).

Nous arrivons à la période des grands romans-feuilletons de Dumas, et de sa fructueuse collaboration avec Auguste Maquet. Les deux

hommes se sont rencontrés en 1838, quand Auguste a fait refaire par Alexandre son drame Bathilde (qu'Auguste a signé seul). Le jeune Maquet écrit, en 1840, une ébauche de roman sur la Conspiration de Cellamare sous la Régence, Alexandre le développe en quatre volumes et en fait son

septième roman, Le Chevalier d'Harmental, qu'il vend à Desnoyers du Siècle, qui le publie en 1841-42 (Dumont, 1842,4 vols.). Dumas veut le co

signer avec Maquet, mais Desnoyers lui fait remarquer que c'est le nom

de Dumas tout seul qui attire des abonnements (Dumas donne 1 200 francs à Maquet). Ce feuilleton fait date.

Alexandre, qui a constamment des besoins d'argent, se fait aider par des collaborateurs de plus en plus nombreux, qui lui portent une idée ou un sujet qui met son imagination en branle, ou s'occupent de la docu mentation historique, ou rédigent des ébauches de plans ou de rédaction, Dumas récrivant le tout. La participation de Maquet sera la plus étendue à partir des Trois Mousquetaires. Quand Dumas s'installera en 1843 à Saint-Germain- en-Laye, il enverra de nombreuses lettres par porteur à

Maquet pour lui réclamer la suite des versions préparatoires (B.N., MSS).

Quelques envieux ont prétendu que Dumas faisait écrire ses ouvrages par des mercenaires, et les donnait à publier sans les lire: c'est pure ca

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lomnie, car ses manuscrits sont de sa main. Il avait une grande capacité

de travail, et aimait écrire. Quand il composait, on l'entendait rire et

pleurer suivant la situation de ses personnages: il a pleuré la mort de Porthos.

Dumas publie aussi entre autres des voyages-feuilletons: Le Corricolo dans Le Siècle (24/6/42-17/l/43)(Dolin, 1843, 4 vols.), et Souvenirs de Florence dans La Presse (15/8-27/11/42)(devient La Villa Palmieri, Dolin

1843, 2 vols.). L'année suivante, il rédige de très nombreux romans de genres variés:

Ascanio (Le Siècle, 31/7-4/10/1843) (Petion, 1844, 5 vols.)—roman histo

rique tiré des Mémoires de Benvenuto Cellini, Amaury (La Presse, 29/12/1843-4/2/1844) (Souverain, 1844, 4 vols.)—roman sentimental, Gabriel Lambert (Revue pittoresque, musée littéraire, 1843)(Souverain, 1844, 2

vols.)—roman réaliste, et Le Château d'Eppstein (L. de Potter, 1844, 3

vols.)—roman fantastique. L'année 1844 est une année faste. Sa pièce Une fille du Régent, reçue à la

Comédie-Française, étant arrêtée par la censure qui exige des change ments, Dumas en tire avec Maquet un feuilleton du même titre qu'il vend

au Commerce (Cadot, 1845, 4 vols.), en s'engageant à ne pas laisser jouer la pièce avant quatre mois. Cette œuvre concerne également la conspira

tion de Cellamare (cf. F. Bassan et S. Chevalley, A. D. père et la C.-F.,

Minard, 1972, 152-160). Là-dessus, Alexandre puise dans les Mémoires de M. d'Artagnan, de Catien Courtilz de Sandras, l'idée qui donnera nais sance aux célèbres Trois Mousquetaires (Baudry 1844, 8 vols.), pour les

quels il est secondé par Maquet. Le feuilleton commence à paraître le 14 mars 1844 au Siècle. Cette épopée du règne de Louis XIII est un triomphe.

Hugo l'admire: "drame saisissant, passion chaude, dialogue vrai, style étincelant." Son succès est comparable à celui d'Eugène Sue.

Du coup, tous les directeurs de journaux assiègent Alexandre. Il ac

cepte tous les contrats. Ses romans lui font effectuer un va-et-vient à tra

vers les époques. Il commence à écrire Le Comte de Monte-Cristo pour le

Journal des Débats (le feuilleton paraîtra jusqu'au 15/1/1846; Pétion, 1845

46, 18 vols.), qui commence en 1815. Comme le fait remarquer Lise

Queffélec (19), "Le Comte de Monte-Cristo est à la fois un roman de forma tion ([...] à travers les épreuves, la mort, et l'acquisition de la science uni

verselle, parachevée dans l'Orient des rêves romantiques), un roman de

critique sociale et politique (les ennemis de Monte-Cristo n'ont pu faire carrière que par la chute de l'Empire, [...] et le rétablissement d'une so ciété qui [...] exalte les traîtres et abaisse les coeurs purs), et un roman d'histoire [...] de la Restauration. [...] [C'est] la geste du héros romantique, dans son rêve de domination et de libération à la fois par rapport à la société bourgeoise. La clarté de son analyse, la vivacité de ses dialogues

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et la vigueur de sa charpente dramatique en ont fait un chef-d'œuvre du

roman populaire, et du roman tout court."

En 1844, Alexandre compose également Fernande (Dumont, 1844, 3

vols.), roman mondain, pour La Revue de Paris. La Reine Margot (Garnier, 1845, 6 vols.Xécrite avec Maquet) commence à paraître dans La Presse le

25 décembre 1844, à la place des Paysans de Balzac, qui ennuient les lec teurs au moment du renouvellement des abonnements. On y assiste: au

mariage de Marguerite (sœur de Charles IX), avec le roi de Béarn (le fu

tur Henri IV), à la Saint-Barthélemy, aux intrigues de Catherine de

Médicis, et à la mort de Charles IX. En 1845, Vingt ans après (Baudry, 1845, 10 vols.Xavec Maquet), destiné

au Siècle, réunit les quatre mousquetaires dans une nouvelle mission: ils

tentent de sauver Charles 1er d'Angleterre, et échappent de justesse à la

vengeance du fils de Milady. La Guerre des femmes (Bruxelles, Lebègue, 1845), publiée par La Patrie, nous ramène au temps de la Fronde. Le Chevalier de Maison-Rouge (Cadot, 1845-46, 6 vols.) (avec Maquet), destiné à La Démocratie pacifique—journal de faible tirage, est situé en 1793, c'est un beau roman d'amour entre une royaliste et un révolutionnaire, la

jeune femme et ses amis essaient de faire évader la Reine Marie Antoinette. Le Bâtard de Mauléon (avec Maquet) est publié successivement

dans L'Espagnol (journal de Madrid), puis dans Le Commerce (Cadot, 1846-47, 9 vols.).

Presque tous ces feuilletons remportent dès les premières tranches un

succès étourdissant dans tous les milieux, en particulier Monte-Cristo, Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après et Le Chevalier de Maison-Rouge. Les

quotidiens qui les impriment ont un nouvel afflux d'abonnés. Dumas,

bien qu'il se fasse aider, a beaucoup de peine à suffire à la tâche. Lui et

Maquet travaillent 12 à 14 heures par jour. La concurrence est telle entre les feuilletons qu'elle entraîne un duel

entre le rédacteur du Globe, Bcauvallon, et le rédacteur gérant de La

Presse, Dujarrier, qui est tué le 11 mars 1845. On accusait La Presse de vo ler les abonnés du Globe.

Toujours en 1845, Bohain offre à Dumas 100 000 F. pour 10 volumes à la condition de ne rien faire d'autre dans l'année. Dumas refuse, préfé rant garder son indépendance. Avant d'avoir fini tous les feuilletons en cours de publication, il vend le 26 mars 1845, à Girardin (La Presse) et au Dr Véron (Constitutionnel), deux fois neuf volumes à 3 500 F. le volume, soit 63 000 F., plus 45 000 F. l'édition pour les cabinets de lecture, plus 36 000 F. l'exploitation à l'étranger, soit pour un total de 144 000 F. Il

promet aussi au Siècle: Le Vicomte de Bragelonne ou Dix ans plus tard, suite des Trois mousquetaires et de Vingt ans après (M. Lévy, 1848-50, 26 vols.), mais ne s'y mettra qu'en 1847. Dumas rédige, pour Le Constitutionnel, La

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Dame de Monsoreau (qui paraît jusqu'en 2/1846)(Pétion, 1846, 8 vols.). Il doit écrire la suite, Les Quarante-Cinq, pour le même journal.

Le 31 mai 1846, Dumas commence à publier dans La Presse la première partie des Mémoires d'un médecin: Joseph Balsamo (Fellens et Dufour, 1846

48, 19 vols.). Le roman Joseph Balsamo, véritable nom de l'aventurier

Cagliostro, va de l'arrivée de Marie-Antoinette en France, en mai 1770,

jusqu'à la mort de Louis XV en mai 1774. Balsamo essaie alors en vain de renverser la monarchie. Il hypnotise la jeune Andrée de Taverney pour connaître les mouvements des personnes qui l'intéressent. Balsamo en voie le jeune paysan philosophe, Gilbert, étudier la médecine en

Amérique, d'où il reviendra en 1789; le roman est censé rapporter ses mémoires. Maquet est, une fois de plus, le collaborateur de Dumas.

Là-dessus, le ministre de l'Instruction publique Salvandy propose à

Dumas, qui doit aller en Espagne assister au mariage du duc de

Montpensier avec l'Infante le 10 octobre, de lui fournir une subvention et

une corvette Le Véloce pour qu'il visite ensuite l'Algérie, et décrive à son retour ce pays afin d'attirer un plus grand nombre de colons. Dumas part avec son fils, Maquet, les peintres Louis Boulanger et Eugène Giraud. Dumas est de retour à Toulon le 4 janvier 1847, et se dépêche de rentrer à Paris. Il a abandonné ses feuilletons depuis le 6 septembre 1846: les abonnés sont furieux, Girardin et Véron lui intentent un procès. Le 19 fé vrier 1847, Dumas est condamné à 6 000 F. de dommages-intérêts, et à fournir 8 volumes à Girardin, et 6 à Véron. Dumas rédige (avec Maquet) Les Quarante-Cinq, pour Le Constitutionnel (13/5-20/10/1847)(Cadot, 1847-48, 10 vols.). Il y conte les intrigues des Guise et de la Ligue contre Henri III, les aventures du bouffon Chicot pour déjouer ces complots, la

vengeance de Diane de Méridor contre le duc d'Anjou pour le meurtre de son amant Bussy d'Amboise. Commentant le succès des romans de

Dumas en France, Hugo note alors dans un de ses carnets: "Il faut à ce

peuple de la gloire. Quand il n'a pas de Marengo ni d'Austerlitz, il aime et il veut les Dumas et les Lamartine."

Dumas a obtenu le privilège d'un théâtre, qui a été construit en son

absence, le Théâtre-Historique, qu'il doit alimenter en pièces. Il a adapté La Reine Margot pour servir de spectacle inaugural (20/2/1847). Il tire des pièces de tous ses romans célèbres, dont le grand succès rejaillit sur

ses drames: le public, impatient de voir ses héros en chair et en os, vient en foule. Le Théâtre-Historique aurait pu être une mine d'or, mais Dumas et ses directeurs—Hostein et ses successeurs—le gèrent mal finan

cièrement (de plus la révolution de 1848 vide les théâtres). D'autre part, Dumas se fait construire un château à Port-Marly, "Monte-Cristo," qui sera inauguré le 25 juillet 1847. Ses besoins d'argent l'obligent à écrire à tour de bras.

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La Presse publie très fragmentairement ses Impressions de voyaqe. De Paris à Cadix (Garnier, 1847-48, 5 vols.), à partir du 12 mars, et reprend le 3 septembre 1847, après un an d'interruption, la publication de Joseph Balsamo. Dumas publie le Vicomte de Bragelonne dans Le Siècle, du 20 oc tobre 1847 au 12 janvier 1850, avec des interruptions. Ce long roman, qui complète la trilogie, commence à l'arrivée de Louis XIV à Blois en juillet 1659 (en réalité en 1660), et se termine à la mort de d'Artagnan à Maëstricht le 25 juin 1673. L'action comporte, entre autres, l'enlèvement de Monk, la mort de Mazarin, la promotion d'Aramis à la tête des

Jésuites, les amours de Louis XIV et de Louise de La Vallière, aimée elle même par le Vicomte de Bragelonne, la chute de Fouquet, la mort de

Porthos, le mystère de l'Homme au Masque de Fer—ici on en fait le ju meau du Roi.

En 1848, Alexandre commence à publier, dans La Presse, Le Collier de la

Reine, suite de Balsamo (Cadot, 1849-50, 11 vols.). Dumas imagine que c'est Balsamo qui a fomenté l'Affaire du Collier pour déconsidérer la fa mille royale. On y retrouve les nombreux personnages inventés pour Balsamo. Ce feuilleton obtient un immense succès.

En 1849, Dumas publie dans Le Constitutionnel une série de nouvelles, Les Mille et un fantômes (Cadot, 1849, 2 vols.), qui relèvent de l'occultisme et du surnaturel. Dans sa lettre-Préface à Véron, il note avec mélancolie:

"ce que je cherche surtout, ce que je regrette avant tout, ce que mon re

gard rétrospectif cherche dans le passé, c'est la société qui s'en va". Il écrit deux feuilletons pour L'Evénement des frères Hugo: Le Trou de l'Enfer (Cadot, 1851, 4 vols.) et sa suite: Dieu dispose (Cadot, 1851, 4 vols.). Le

premier des deux romans concerne des sociétés secrètes allemandes du rant les guerres napoléoniennes, de 1810 à 1812; le personnage principal est l'ignoble Samuel Gelb; celui-ci reparaît dans le second, qui est l'his toire d'une vengeance en 1829-1830.

L'année 1850 est néfaste à Dumas, son Théâtre-Historique doit fermer, il est déclaré en faillite le 20 décembre 1850, il fait appel. D'autre part, le

gouvernement craignant les messages progressistes contenus dans les

feuilletons, rétablit le droit du timbre; les journaux sont forcés de réduire à trois jours par semaine la publication des romans-feuilletons, Girardin demande à Dumas de raccourcir son nouveau feuilleton, Ange Pitou

(17/6/1850-26/6/1851; Cadot, 1851, 8 vols.), suite du Collier de la Reine (Dumas le termine sans Maquet); il fait vivre le personnage-titre à Villers-Cotterêts (où il est né) et aux environs. L'élève paresseux Ange Pitou c'est lui, mais il situe Pitou ¿1 l'époque de la Révolution, où, monté à

Paris, il participe à la prise de la Bastille. L'action se poursuit jusqu'en oc tobre 1789. Signalons que Le Collier de la Reine et Ange Pitou paraissent en 1849-1851 dans La Presse en alternance avec les Mémoires d'Outre-Tombe

de Chateaubriand et les Confidences de Lamartine.

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En 1851, Dumas et Maquet écrivent leur dernier roman en collabora

tion, Olympe de Clèves, qui paraît dans Le Siècle (16/10/1851 19/2/1852)(Cadot, 1852, 9 vols.), il se passe en 1727- 1729, et conte les

premières amours du jeune Louis XV. Alexandre remet les deux pre mières parties de Mes Mémoires à La Presse, qui les imprime à partir du 16 décembre 1851 (Cadot, 1852-1854, 22 vols.). L'année se termine tristement

pour Dumas. Il désapprouve le coup d'Etat du 2 décembre de Louis

Napoléon. Le 11 décembre, le jugement de faillite prononcé l'année pré cédente est confirmé. Pour éviter la contrainte par corps, Dumas, pré venu d'avance du jugement, fait viser son passeport le 10, et s'installe à Bruxelles. Son ami Hirschler se charge de lui obtenir un concordat. Dumas reviendra discrètement de temps à autres à Paris.

A peine arrivé à Bruxelles, Dumas s'entend avec la maison Meline,

Cans et compagnie pour publier ses Mémoires, prétendant que le texte

publié par La Presse est mutilé par la censure. Son secrétaire Edmond

Viellot lui expédie les épreuves des Mémoires, que Dumas corrige avant de les transmettre à Meline.

Pour rédiger La Comtesse de Charny, suite d'Ange Pitou, qui cette fois ne

paraîtra pas en feuilleton (Cadot, 1852-1855, 19 vols.), et va d'octobre 1789 à 1794, Dumas a demandé qu'on lui envoie de Paris un exemplaire de l'Histoire de la Révolution de Michelet. En attendant, il lit (en traduc

tion) une nouvelle champêtre de l'écrivain flamand Henrik Conscience, Le Conscrit. Ayant obtenu la permission d'utiliser quelques détails de

l'ouvrage, Dumas rédige Conscience l'innocent pour Le Pays, dirigé par Anténor Joly (Bruxelles, Meline, Cans et Cie, 1852, 3 vols.), où il reprend l'intrigue flamande, mais la situe à Villers-Cotterêts, et se sert de ses sou venirs personnels.

Le 16 mars 1852, il apprend à Joly qu'il écrit un ouvrage sérieux, Isaac

Laquedem (Librairie théâtrale, 1853, 5 vols.), qui a pour héros le Juif er rant: "Que diriez-vous d'un immense roman en 8 volumes du Pays qui commencerait à Jésus-Christ et qui finirait avec le dernier homme de la

création, donnant cinq romans différents, un sous Néron, un sous

Charlemagne, un sous Charles IX, un sous Napoléon, un l'avenir?" Il voudrait avoir des feuilletons longs, pour ne pas trop couper l'intérêt. Selon sa conception de l'histoire: il veut montrer derrière le bruit et la fu reur le doigt de la Providence qui indique toujours plus de civilisation et

plus de liberté. Du 4 août au 1er octobre, il s'absente de Bruxelles, prétex tant qu'il doit revoir Rome pour écrire son Isaac Laquedem. A son retour il se met sérieusement à ce qu'il appelle "l'oeuvre capitale" de sa vie, une

"puissante épopée," "la symbolique légende d'Isaac Laquedem.". Sur ce, Millaud, propriétaire du Pays, rachète Le Constitutionnel, et es

père relancer celui-ci par le feuilleton de Dumas. Le 5 octobre, Alexandre lui envoie la première partie de l'œuvre, et une lettre où il indique com

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Page 11: Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870)

Fernande Bassan 109

merit il la conçoit: "Isaac Laquedem, c'est l'oeuvre de ma vie [...]. Il y a

vingt-deux ans que, croyant être prêt à exécuter ce livre formidable, je le vendis à Charpentier. Il devait faire alors huit volumes. Il y a deux ans je le lui rachetai, ne me trouvant pas de force à lutter contre un pareil sujet." Maintenant il compte en tirer 18 volumes. Il voudrait que Millaud

explique à ses lecteurs qu'il s'agit d'un livre qui n'a son précédent dans aucune littérature. Mais la réception critique est désastreuse: Léon

Aubineau, dans L'Univers, union catholique, juge sacrilège de transformer

Jésus- Christ en personnage de roman. En conséquence, le 15 janvier 1853, le journal annonce aux lecteurs que, par un "sentiment de haute

convenance", elle cesse de publier la partie du roman qui concerne la vie

de Jésus-Christ (Dumas écrit à Millaud son mécontentement). De plus, la censure supprime 15 feuilletons, et opère des coupures, Dumas doit re lier les passages qui subsistent. Il proteste dans La Presse contre Le Constitutionnel. Celui-ci arrête la publication, et Dumas laisse cette oeuvre inachevée. En fait, c'est parce que les lecteurs ne s'intéressent pas à cette méditation sur l'histoire universelle que le journal n'en a plus voulu.

Entre-temps, la procédure d'affirmation des dettes de Dumas, ouverte

le 12 juin 1852, a été close le 18 avril 1853 par un procès de créances, ou vrant les voies d'un concordat honorable. Dumas peut rentrer à Paris.

Girardin ayant reçu l'avis officieux de suspendre la publication des

Mémoires, après les 213 premiers chapitres, Dumas fonde un quotidien littéraire, Le Mousquetaire, qui commence à paraître le 21 novembre 1853, et y publie, irrégulièrement, la suite de ses Mémoires (jusqu'au 13 mai

1855), sous le titre trompeur: Souvenirs de 1830 à 1842, mais il s'arrête en 1832 (Cadot, 1854-55, 8 vols.). Le Mousquetaire tire à dix mille exem

plaires. En 1854, Dumas se lance dans son plus long roman-feuilleton, Les

Mohicans de Paris, continué par Salvator le Commissionnaire (Cadot, 1854

55, 19 vols.; 1856-59, 14 vols.): plus d'un million de mots. Le roman com mence en 1827, trois hommes du monde, attaqués au cours d'une rixe

dans un cabaret, sont sauvés par un tout-puissant inconnu, Salvator—

commissionnaire, républicain et chef de carbonari, protecteur et maître absolu du petit peuple parisien. Omniscient, Salvator est au coeur de toutes les intrigues du roman, qui démontrent la corruption et l'iniquité de la société de la Restauration. Il aide l'instituteur Justin à sauver la

jeune fille qu'il aime, Mina, enlevée par un aristocrate corrompu. Grâce à son chien Roland, il retrouve la trace d'un crime ancien afin de réhabiliter et de sauver le conspirateur bonapartiste Sarranti, faussement accusé. Il

tue, en légitime défense, le comte Rappt, pair de France, qui a fait carrière malhonnêtement. Salvator est aidé par des hommes du peuple, il est

opposé à la police secrète de M. Jackal, policier immoral. Le roman

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110 Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870)

s'achève à la Révolution de 1830. Dumas se fait aider par Paul Bocage pour écrire ce roman, qui paraît irrégulièrement d'abord dans son

Mousquetaire (25/5/1854- 26/3/1856)(il cesse d'exister le 7/2/1857); puis dans son journal hebdomadaire Le Monte-Cristo (23/4/1857-28/7/1859),

qui tire à dix mille exemplaires (la publication est interrompue par le

départ de Dumas pour la Russie le 7 novembre 1858). En 1857, Dumas publie également Les Compagnons de Jéhu (Cadot,

1857, 7 vols.) qui font progresser la vente du Journal pour tous de Jules Simon (le feuilleton se termine le 4/4/57). Le roman commence au retour de Napoléon d'Egypte, en 1799, et se poursuit jusqu'en 1800, à la bataille de Marengo. Son hebdomadaire Monte-Cristo paraît du 23 avril 1857 au 10 mai 1860, puis du 1er janvier au 10 octobre 1862.11 y publie les feuille tons qu'il n'a pas placés ailleurs, et y reprend certains qui ont paru dans d'autres journaux. Il y commence notamment l'impression de Madame de

Chamblay (19/11/1857-22/4/1862; M. Lévy, 1862, 2 vols.)—transposition de sa liaison avec Emma Mannoury-Lacour, ce feuilleton est également

interrompu par le voyage en Russie. En 1858, le journal pour tous publie Les Louves de Machecoul (Bruxelles,

Hetzel, 1858, 8 vols.); c'est l'histoire des soulèvements légitimistes en Vendée en 1795, en 1832 (avec la duchesse de Berry), et en 1843. Il donne à YEcho des feuilletons: Le Chasseur de sauvagine (Cadot, 1858, 2 vols.)—il y est question de Dumas et de ses amis escortant Hugo jusqu'à Anvers, lors de son embarquement pour Jersey, le 1er août 1852 (réimprimé dans le

Monte-Cristo, 6/10-17/11/1859). 11 donne au Moniteur Universel:

Ammaleq-Beq (1858) (le titre deviendra Sultanetta, M. Lévy, 1862),

adaptation d'une histoire de Marlinsky, et à La Presse: Les Baleiniers,

voyage aux terres antipodiques, d'après les notes du Dr Félix Maynard (Cadot, 1859, 3 vols.).

En 1860, avec Cherville, il rédige La Marquise d'Escoman pour Le Constitutionnel (13/4/60; Bourdilliat, 1860, 2 vols.). Il publie dans Le Siècle: Le Père la ruine (M. Lévy, 1860), et Les Mémoires d'Horace (16/2 19/7, avec des interruptions), situés de 65 à 29 avant Jésus-Christ. Dumas, ayant vendu ses Œuvres complètes à Michel Lévy, reçoit 120 000

F., ce qui lui permet de se payer une goélette, et de voyager en Méditerranée. II part le 9 mai 1860 de Marseille. Partisan de Garibaldi, il

l'accompagne lors de la campagne de Sicile, puis s'installe à Naples jus qu'en 1864, où il fonde un journal, L'Indépendant.

Dumas rentre en France en 1864,2 il publie encore quelques excellents feuilletons: La San Felice dans La Presse (1864-65) (M. Lévy, 1864-65, 9

vols.), Les Blancs et les Bleus dans La Petite Presse (1867-68)(M. Lévy, 1867

68, 3 vols.), et Création et rédemption dans Le Siècle (1869-70XM. Lévy, 1872,2 vols.).

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Page 13: Le roman-feuilleton et Alexandre Dumas père (1802-1870)

Fernande Bassan 111

A la mort de Dumas, en 1870, s'achève toute une époque du feuilleton,

placée sous le signe du romantisme et de l'histoire. De nos jours, on ne retrouve presque plus de feuilletons dans les quo

tidiens, en tout cas pas en première page. Ils ont passé à la radio et à la télévision. Le succès répété des feuilletons télévisés tirés des romans de Dumas démontre qu'il n'a rien perdu de sa popularité.

4 Square d'Arcole 78150 Le Chesnay France

Notes

^Sur Dumas, cf. Claude Schopp, Alexandre Dumas (Eds Mazarine, 1985); Douglas Munro, Alexandre Dumas père. A Bibliography of Works Published in French, 1825-1900 (New York, Garland, 1981).

Sur le roman-feuilleton, cf. Marc Angenot, Le Roman populaire. Recherches en paralitléra ture (Montréal, Pr. de l'U. du Québec, 1975); R. Charrier et H.-J. Martin, Histoire de l'édition, t. 3: Le Temps des éditeurs. Du Romantisme à la Belle Epoque (Promodis, 1985); Yves Olivier

Martin, Histoire du roman populaire en France de 1840 à 1980 (A. Michel, 1980); Lise Queffélec, Le roman-feuilleton français au XIXe siècle ("Que sais-je?" PUF, 1989). 2

Au printemps de 1866, Dumas reprend le journal Les Nouvelles, qu'il appelle Le

Mousquetaire le 18 nov., dont le dernier numéro paraîtra le 25/4/1867, il y insère entre autres deux feuilletons. 11 publie ensuite D'Artagnan (4/2-4/7/1868) 3 fois par semaine, où il imprime surtout des "Causeries."

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