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EHESS Le Sacrifice au Ciel dans la Chine ancienne. Théorie et pratique sous les Han occidentaux by Marianne Bujard Review by: Françoise Aubin Archives de sciences sociales des religions, 46e Année, No. 116 (Oct. - Dec., 2001), pp. 105-106 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116553 . Accessed: 18/06/2014 08:02 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.79 on Wed, 18 Jun 2014 08:02:14 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Sacrifice au Ciel dans la Chine ancienne. Théorie et pratique sous les Han occidentauxby Marianne Bujard

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EHESS

Le Sacrifice au Ciel dans la Chine ancienne. Théorie et pratique sous les Han occidentaux byMarianne BujardReview by: Françoise AubinArchives de sciences sociales des religions, 46e Année, No. 116 (Oct. - Dec., 2001), pp. 105-106Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116553 .

Accessed: 18/06/2014 08:02

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

comme lorsqu'elle d~partage les groupes reli- gieux dignes de temps d'antenne des autres (288). Ici, on peut regretter que la question de la sectorisation du religieux, comme celle de la lutte pour le classement auprbs des autorites publiques, ne soient pas abord~es.

Cet ouvrage remet avec profit les notions de champ religieux et d'espace public sur le metier. L'ouverture de nouveaux chantiers pour les politistes et les sociologues de la religion pourrait 6galement exiger, dans l'avenir, que l'on s'interroge A nouveau sur les limites mime du phenombne religieux. Cela pourrait impli- quer de situer la notion en rapport avec la morale et la spiritualit6 d'une part, la magie d'autre part, y compris sous leurs formes nou- velles et alternatives. Que croient et que prati- quent, par exemple, les militants radicaux et anarchistes contre la mondialisation ? Quelle religion des droits de l'homme se dessine ? ( J. Spickard) Quels seront ses rapports avec les religions institudes et les ideologies ?

Le collectif rassemblk par P.B., B.D. et J.I. comble egalement une lacune. Ces dernieres annies, d'autres livres, la plupart anglo-saxons, ont illustr6 une convergence semblable des domaines autour de l'objet religieux. On pense entre autres a Sacred Companies. Organizatio- nal Aspects of Religion and Religious Aspects of Organizations. L'ampleur des matieres trai- tees, le souci empirique, les ouvertures prati- quees en conclusion font en sorte que Religion et action dans I 'espace public contribue a redy- namiser la sociologie politique du religieux. Malgre tout, il reste tributaire de son objet, a savoir le modble confessionnel de gestion du pluralisme religieux. A lire avec La religion en miettes ou la question des sectes (Danimle Hervieu-L~ger, Paris, Calmann-L~vy, 2001, 222 p. [coll. < Essai Socit6 >>]) et Les meta- morphoses de la regulation politique (Jacques Commailles, Bruno Jobert, Ads, Paris, LGDJ, 1999, 381 p. [coll. << Droit et societe > 24]).

Pauline C5te.

Le Sacrifice au Ciel dans la Chine ancienne. Thborie et pratique sous les Han occiden- taux.

BUJARD (Marianne). 116.8

Paris, Ecole frangaise d'ExtrAme-Orient, 2000, 261 p., (preface de Kristofer Schipper), (cartes, illustr., index), (coll. << Monogra- phies >>, 187).

Une d~construction bien argumentee est toujours savoureuse, surtout lorsqu'elle touche aux idies les mieux 6tablies dans l'inconscient de toute personne cultivee, ainsi celles concer-

nant la Chine et qui plus est le culte imperial. Les auteurs chinois en sont convaincus et les grands maitres des Atudes sinologiques occi- dentales, tel Henri Maspero, disent de mime: le symbole du lien que l'Empereur mdnage entre l'humanitA et le Ciel dispensateur de tout bienfait serait, depuis la plus haute AntiquitA, le sacrifice jiao qu'il fait dans la banlieue sud de la capitale. La surprise est grande de d~couvrir une realitA diff~rente de ce qui est enseignA depuis deux millenaires. Pour nous convaincre de l'incroyable, l'auteur procide avec sfirete, appuyant son argumentation sur des traductions nombreuses de textes inconnus jusqu'alors en langues occidentales. De fait, il apparait certain que ce fameux sacrifice jiao a AtA une inven- tion, creee de toutes pibces par les lettres de la cour des Han occidentaux (ou antdrieurs), au IIe sibcle avant notre Are, et syst~matis~e dans son Chunqiu fanlu par le penseur Dong Zhongshu (195-115 av. J.C.), l'un des artisans principaux de ce qu'il faut appeler la m~tamorphose du confucianisme. Les textes antiques dont se targue Dong Zhongshu ne disent pas ce qu'il leur fait dire : le concept dejiao, dans ses men- tions les plus anciennes, connote l'idde d'un espace situe aux limites de la ville, non pas d'un sacrifice, et surtout pas d'un sacrifice au Ciel; car les sacrifices r~serv~s a la maison royale A l'epoque prA-imp~riale Ataient essen- tiellement un culte aux ancAtres. Sous les pre- miers empereurs - Qin puis Han - les sacrifices jiao etaient multiples par leur localisation et par leurs agents, destinds en dernier ressort a obte- nir l'immortalitA du souverain. L'action de Dong Zhongshu et de ses pairs va Atre double : d'une part, ils veulent Ariger en culte supreme le rituel qu'accomplira l'empereur lorsque, en personne, il sacrifiera un bceuf pour communi- quer avec son pbre, le Ciel, et connaitre la volont6 de celui-ci, et ils travaillent A en faire la base d'une nouvelle religion d'Etat; d'autre part, ils s'emploient A Aliminer les cultes locaux (leur cartographie pp. 241-246) et, par la mime occasion, leurs acteurs, les magiciens fangshi, leurs grands rivaux. Dong Zhongshu tenta d'entrainer l'adh~sion de l'empereur Wu des Han (r. 144-87); mais le premier sacrifice imperial dans la banlieue sud de la capitale fut r~alise en 31 avant notre bre seulement, par I'empereur Cheng (r. 32-7), et encore ne s'adressait-il pas au Ciel mais au << Grand Un >> Taiyi, dont le culte Atait en partie g~rA par les

fangshi..

Sur ce fond d'histoire qui devient Avidence grice au traitement des textes pr~sentis par I'A., une vaste fresque se dessine, qui explique les innombrables indecisions dans la politique religieuse officielle, jusqu'A l'Apoque commu-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

niste incluse. Les lettrds, en isolant l'empereur, devenu dieu vivant, et en limitant son action religieuse A la banlieue sud, espdraient res- treindre le contr81e effectif qu'il exergait lors de ses visites aux sanctuaires locaux. Dans les faits, la rupture ne fut pas totale ; ndanmoins les lettr~s sont restes les interprbtes obliges de la volont cedleste et les guides de la sagesse imp&- riale. Quant A la suppression totale des cultes locaux, elle ne put s'imposer, ne serait-ce que par crainte de la vengeance des divinitds delais- sees; et les fangshi ont continue A lutter pour b~ndficier du patronage imperial. Leur rivalit avec les lettrds de la cour Han est symbolique de la competition qui va, durant deux millenai- res, opposer deux systemes religieux concur- rents, le culte officiel et les cultes locaux, deve- nus plus tard taoi'stes et bouddhistes et d~claris par intermittence < superstitieux >>, et, par- delA, I'Etat centralisateur et les forces politi- ques locales.

Frangoise Aubin.

The Birth of Religion Among the Balanta of Guinea-Bissau, Lund Studies in African and Asian Religion. Vol.12, Lund (C.H.), Depart-

116.9 CALLEWAERT (Inger).

ment of History of religions, University of Lund, Tord Olsson, 2000, 296 p. (bibliogr., annexes, index, cartes, illustr., glossaire).

Le livre retrace la naissance et l'dvolution entre 1984 et 2000 d'un mouvement religieux appele Kiyang-yang chez les Balante, une socidtd acephale de riziculteurs de Guinde- Bissau organis&e spatialement en petites unites de production dirig~es par l'ain6 du lignage. Il comporte aussi et entre autres elements : une presentation g~ndrale de l'ordre social balante, une relation des migrations balante(s) vers le sud, une histoire de la place de cette ethnie au sein de la nation guindenne, une chronique des relations tourment~es du nouveau mouvement religieux avec l'Etat, une biographie de la pro- ph~tesse Ntombikte dont l'auteur est l'amie, de longues descriptions des rituels, la traduction comment&e d'une soixantaine de chants reli- gieux, enfin une comparaison terme A terme avec un autre mouvement feminin religieux et curatif plus ancien (Fyere Yaabte) aux prati- ques conformes a la vision balante du monde (il a td 6tudid par Joop de Jong: A Descent into African Psychiatry, Amsterdam, 1987).

Nonobstant, la premiere qualitd du livre de I.C. est A mes yeux de pleinement ddcrire ce que peut dtre aujourd'hui le travail ethnogra- phique en terrain franchement exotique. Les informateurs de l'A. ont vu grandir ses enfants

car la proc6dure d'enqudte (commengant par un

s6jour de trois ans auquel succedent des s6jours annuels) s'est poursuivie sur une douzaine d'anndes. Nous apprenons au cours du premier chapitre que c'est accompagnde d'un repr6sen- tant r6gional de l'autorit6 dtatique et de deux interprdtes traduisant successivement du balante au kriol (un portugais travaill6 depuis cinq cents ans par les langues africaines), puis du kriol au frangais que l'A. (qui est Su6doise) effectue son premier entretien. Cet expos6 des conditions objectives de la recherche reste pre- sent tout au long du livre, tout comme l'obser- vation minutieuse et le compte-rendu d6taille des interactions entre I.C. et ses h6tes, car << il est totalement absurde de concevoir un obser- vateur non-impliqud>> (p. 144). Adepte de l'observation participante, I.C. apprend le balante en partageant sans restriction la vie quotidienne (allant jusqu'A participer r6gulibre- ment aux rites de purification), tout en se rdcla- mant pour l'observation de l'enseignement de P. Bourdieu. C'est dans les chants religieux qu'elle trouve le lieu d'une objectivation du phenomdne. Ils ne doivent rien A la prdsence de l'ethnographe et ddlivrent une parole oP se donne A entendre un monde nouveau (ainsi les genealogies qu'ils prdsentent placent les ancd- tres maternels A dgalitd avec les paternels, chose inconcevable en socidt& balante) de laquelle elle participe A la normalisation en couchant sur papier plus d'une centaine de chants. Si le livre s'intitule Naissance de la religion chez les Balantes, il traite cependant moins, de l'avis mdme de l'A., de la naissance d'une religion que de celle de l'autonomisation du champ religieux du socle de la societe tradi- tionnelle.

En 1984 dans le sud de la Guinde-Bissau, une prophdtesse crde le mouvement Kiyang- yang qui s'dtend rapidement. En juin 1985, le gouvernement envoie une dquipe hdliportde qui enlive quelques-uns de ses meneurs, les jette en prison pour un temps, puis les libdre apres cet avertissement. En 1986 des mesures officielles interdisent les activitds religieuses et curatives des groupes Kiyang-yang et s'emparent de leurs objets rituels et plantes mddicinales. La suite est A l'avenant jusqu'en 1994 et les pre- mieres dlections multipartites. Pourquoi tant de repression ? Le pouvoir a pu percevoir comme une menace dans ce mouvement mais surtout, Kiyang-yang se prdsente immddiatement comme une violente rdvolte contre l'ordre ancien. Dans une socidte balante structurde autour de la parentd, une femme illettr&e vit une crise psychotique aprbs le ddcds de son nouveau- nd (le degrd de mortalitd infantile est estimd par les institutions concerndes A 50 % avant l'Age

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