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Le scénario de nos jours Un bref moment d'histoire Tout débute sous l'ère des "modernes" de la Grèce Antique. Sophocle, rangé du talent d'Eschyle et de son théâtre monolithique, rêve d'une narration réelle et invente la dramaturgie. Aujourd'hui, il peut enfin reposer en paix. Le cinéma vient en effet, au-delà de ses espoirs les plus fous, de transcender son art, rompant définitivement avec la tradition narrative ou duettiste du vieux théâtre, pour offrir aux créateurs une voie nouvelle sur les chemins de la dramaturgie. Exit l'immobilisme, l'unité de temps ou de lieu, tout est permis, tout est "rêvable". Un nouvel art dramatique, fait de paroles et de gestes, ou plutôt de sons et d'images, envahit l'univers des songes. Avant même la seconde guerre, les plus habiles et les plus modernes des auteurs dramatiques savent en tirer profit : Pagnol et Guitry (paradoxalement méconnu dans ce domaine), pour ne citer qu'eux, manipulent l'art de la création audiovisuelle et scénaristique avec un tel brio que, bien vite, ils dépassent en génie maints artisans de la caméra. Si Sacha Guitry s'était conté en tant que scénariste, sûrement nous aurait-il livré une vision lucide, moderne, voire actuelle de ce métier. Peut-être même aurait-il su nous dire pourquoi, à l'heure où les auteurs se font toujours plus nombreux, les scénaristes viennent à manquer. Sûrement aurait-il su vous expliquer qu'auteur et scénariste, ce n'est pas, mais pas du tout, la même chose. Dame ! Mais qui l'a compris ?

Le scénario de nos jours

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Le scénario de nos joursUn bref moment d'histoire

Tout débute sous l'ère des "modernes" de la Grèce Antique.

Sophocle, rangé du talent d'Eschyle et de son théâtre monolithique, rêve d'une narration réelle et invente la dramaturgie.

Aujourd'hui, il peut enfin reposer en paix.

Le cinéma vient en effet, au-delà de ses espoirs les plus fous, de transcender son art, rompant définitivement avec la tradition narrative ou duettiste du vieux théâtre, pour offrir aux créateurs une voie nouvelle sur les chemins de la dramaturgie.

Exit l'immobilisme, l'unité de temps ou de lieu, tout est permis, tout est "rêvable".

Un nouvel art dramatique, fait de paroles et de gestes, ou plutôt de sons et d'images, envahit l'univers des songes.

Avant même la seconde guerre, les plus habiles et les plus modernes des auteurs dramatiques savent en tirer profit : Pagnol et Guitry (paradoxalement méconnu dans ce domaine), pour ne citer qu'eux, manipulent l'art de la création audiovisuelle et scénaristique avec un tel brio que, bien vite, ils dépassent en génie maints artisans de la caméra.

Si Sacha Guitry s'était conté en tant que scénariste, sûrement nous aurait-il livré une vision lucide, moderne, voire actuelle de ce métier.

Peut-être même aurait-il su nous dire pourquoi, à l'heure où les auteurs se font toujours plus nombreux, les scénaristes viennent à manquer.

Sûrement aurait-il su vous expliquer qu'auteur et scénariste, ce n'est pas, mais pas du tout, la même chose. Dame !

Mais qui l'a compris ?

Depuis que j'enseigne l'écriture du scénario, des centaines de personnes m'ont affirmé : "J'ai une superbe idée de film, à quel producteur l'envoyer ?" ou encore "ma vie est un roman, je suis sûr qu'elle intéresserait tout le monde...".

Moralité : chacun de nous a quelque chose à dire, et c'est normal ! Notre vécu se mêlant constamment à notre imaginaire, nous sommes à chaque instant des créateurs en puissance. Aussi, le problème n'est pas de savoir quel sujet traiter, mais de savoir comment le faire.

Malheureusement, ce qu'oublie l'immense majorité, c'est qu'on ne s'improvise pas scénariste, loin s'en faut !

La demande

Avec la création incessante de nouvelles chaînes, avec leur obligation de produire ou de faire

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produire, mais toujours de diffuser un quota important de nouveautés, la production est un domaine qui est en train d'exploser... mais sans scénario, pas de production ! C'est pourquoi la porte est grand ouverte à ceux qui possèdent les règles de l'écriture scénaristique, et celles de la dramaturgie...

Le scénariste professionnelLe scénariste face au marché

Le monde du cinéma vit un étrange paradoxe : alors que chacun s'accorde à dire que nous manquons de professionnels du scénario, et que la production de films va croissant, les producteurs se plaignent de recevoir chaque jour des quantités invraisemblables de projets.

Dans ces conditions, pourquoi auteurs et producteurs ne parviennent-ils pas à se rencontrer ?

Simplement parce que s'il est exact qu'un scénariste est avant tout un auteur, cela reste sans réciproque.

Nombreux sont ceux à imaginer avoir écrit un scénario, alors qu'ils n'ont en fait créé qu'une nouvelle, un roman ou une pièce de théâtre, mais rien qui puisse être exploité au niveau cinématographique.

Le rôle du scénariste

Le scénariste doit se conformer à des normes très précises, édictées à la fois par des contraintes techniques et par les enseignements que nous avons tirés de la dramaturgie.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la plus insipide des "bidasseries" n'existerait pas sans Sophocle.

L'analyse du comportement du spectateur pose chaque jour de nouvelles balises entre lesquelles le scénariste doit se mouvoir sans jamais se tromper, faute de quoi les producteurs refusent, à raison, de verser le moindre centime.

Et la créativité ?

Je vous jure qu'elle existe, qu'elle énorme mais qu'elle ne saurait être d'une liberté totale. Jamais.

Votre liberté de créer selon vos goûts et votre instinct existe tant que vous vous trouvez face à votre feuille blanche.

Mais dès lors qu'elle est noircie avec pour dessein de se métamorphoser en film, des millions de francs sont en jeu.

Il faut comprendre que, contrairement à une toile ou un roman, le scénario n'est pas une oeuvre en soi, mais une partie d'un tout qui va le devenir. Et ce tout se nomme film.

Il faut donc faire du commercial ?

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Cette réflexion sonne à mes oreilles telle une ritournelle...

Je pense sincèrement que les scénaristes souffriront moins le jour où ils admettront que leur écrit n'est qu'une partie d'oeuvre (voir ci-dessus) de laquelle il faut savoir se détacher dès qu'elle passe aux mains du réalisateur.

Ensuite, ils seront définitivement anesthésiés lorsqu'ils comprendront que le terme de "film commercial" est une aberration.

En effet, le simple geste du spectateur qui achète un billet pour voir un film est un acte commercial. Par conséquent, tout ce qui précède cet événement ultime est également à vocation commerciale.

De toute façon, tous les artistes ayant un tant soit peu réussi vous diront qu'il n'est pas nécessaire d'être pauvre pour exprimer son talent, ni de refuser les concessions pour être talentueux.

Avant1 - Peut-on écrire un bon scénario sans aucune expérience?

Sans expérience à proprement parler, oui. Mais sans posséder la dramaturgie appliquée au scénario, sincèrement, c'est très hypothétique. Vous pouvez avoir une excellente idée, écrire un roman magnifique, mais le scénario, en tant qu'outil destiné à donner vie à un film ne peut s'improviser. Il dépend de trop de règles dramaturgiques pour être conçu sans les maîtriser un tant soit peu.

2 - Comment apprendre et m'initier aux techniques d'écriture du scénario ?

Selon moi, il n'existe guère d'autre solution que de suivre des cours d'écriture de scénario. Car, réellement, cela s'apprend. L'écriture d'un film est liée à tant de paramètres dus à son support (le film) et son exploitation, qu'il faut connaître un ensemble complet de règles avant de vouloir se lancer dans l'aventure du scénario.

Bien entendu, les règles sont faites pour être contournées. Sans cela, nous verrions toujours le même film, mais avant de les contourner, encore faut-il les connaître.

3 - Je disposerais de plusieurs scénarios mais je ne connais pas le système d'écriture, ni la façon d'écrire les séquences. Que faire ?

Vous ne disposez donc pas de scénarios mais d'idées. Pour vous dire comment vous y prendre pour les mettre en forme scénaristique, c'est concrètement impossible en quelques lignes. Je ne puis que vous conseiller d'acheter un ou plusieurs ouvrages concrets sur le scénario et sa dramaturgie ou, mieux encore, de suivre des cours.

4 - Je ne connais rien à la technique des scénarios pour films: peut-on apprendre seul, à travers des cours par correspondance et sur le net ou faut-il des rencontres humaines ?

L'apprentissage du métier de scénariste ressemble à tous les autres apprentissages. Vous pouvez éventuellement apprendre seul, mais rien ne remplace de véritables cours avec un vrai professeur. Le seul problème qui se pose dans ce domaine est qu'il est parasité par quelques

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pseudo professeurs qui ignorent tout de la dramaturgie. Mais sinon, en vous adressant à des écoles sérieuses, vous tomberez toujours sur de bons professeurs.

5 - Peut-on apprendre l'écriture de scénario à 40 ans et espérer en faire quelque chose ou faut-il absolument commencer jeune ?

Il y a un âge limite pour être jeune premier, mais pas pour être jeune scénariste. Vous pouvez être jeune scénariste à 115 ans, cela n'a aucune importance. Seul votre travail sera jugé. Restreindre l'accession à l'écriture en fonction de l'âge serait aussi stupide que de le faire en fonction de la taille ou de la couleur des cheveux. La seule aberration existant dans ce domaine concerne les concours d'écriture qui sont invariablement réservés aux moins de 30 ans. Ce qui est absurde, mais strictement sans conséquence pour l'avenir des scénaristes.

6 - Je souhaite savoir s'il est possible de trouver un stage de deux mois auprès d'un scénariste.

Je redoute qu'il n'existe de solution simple à votre problème. Les scénaristes ont chacun un style de vie à part, avec leurs phases d'écriture et leurs phases de recherches ou de réflexions. Mais peu d'entre eux vivent comme des salariés avec des horaires stricts. Et puis, la présence d'un tiers peu s'avérer bloquante pour le scénariste. Il resterait la solution des pools d'auteurs qui, eux, travaillent davantage selon des horaires. Mais pour que votre stage puisse réellement vous apporter quelque chose, il faudrait que vous fassiez directement partie de ce pool. Et je pense qu'il n'y a rien de plus complexe que de se faire accepter par un pool d'auteurs déjà constitué. Eventuellement, adressez-vous aux chaînes de télévision et confiez-leur votre requête. Peut-être auront-ils des solutions que je ne possède pas.

7 - Quel est votre avis sur la formation en ligne proposée par l'UQAT sur l'écriture de scénarios ?

J'avoue ne pas avoir d'opinion dans la mesure où je ne connais pas cette formation. Toutefois, tout ce qui concourt à former des scénaristes me semble présenter une réponse adéquate à un besoin réel. Si nous manquons de scénaristes, dans le monde entier, alors que les auteurs sont légion, c'est bien qu'il y a déficit en matière de formation dans ce domaine.

8 - Que pensez-vous du DESS de lettres modernes option audiovisuelle, qui se trouve à Paris 4 ? Ouvre-t-il de réelles opportunités pour devenir scénariste ?

J'avoue ne pas être toujours très au fait de l'ensemble des cours qui se créent ci et là. Mais, selon moi, la meilleure des choses à faire pour vérifier la viabilité d'un enseignement est d'en analyser le contenu et de voir qui s'occupe de l'enseigner. Si la dramaturgie est au centre des études et qu'un spécialiste du domaine se charge de l'enseigner, les cours devraient être de bonne facture.

9 - J'habite en Guadeloupe et j'aimerais prendre des cours d'écriture de scénarios. Les billets d'avions étant assez chers, comment faire ?

J'ignore tout des cours donnés en Guadeloupe mais, dans votre cas, l'idéal serait de suivre des cours par correspondance. Plusieurs formations de ce genre existent. Sans vouloir me mettre en avant, j'en organise à titre personnel. Si cela vous intéresse, laissez-moi un message sur scenario-mag en précisant votre adresse e-mail.

10 - Quelles formations me conseillez-vous sur Paris ? Pourriez-vous m'indiquer un organisme qui propose des ateliers d'écriture dans ce domaine ?

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Il existe plusieurs écoles mais l'idéal est de vous renseigner sur les programmes des écoles que vous trouverez dans l'annuaire, afin de rechercher celles dont le contenu des cours correspond le mieux à vos besoins.

Pour info, je donne essentiellement des cours au CEEA et CEFPF (Paris) et à La Scène sur Saône (Lyon).

11 - Je vais participer à un concours pour entrer dans une école de scénaristes.

Un professeur s'attend-il à ce que l'élève maîtrise parfaitement les codes scénaristiques pour ce concours?

J'ignore ce qu'attendent les autres professeurs de leurs élèves. A titre personnel, je ne demande aucune connaissance particulière à mes stagiaires, mais il est vrai que certains de mes confrères attendent que ceux qu'ils forment connaissent déjà tout... Je crois qu'il existe autant de façon d'enseigner que de professeurs..

12 - Pensez-vous qu'entrer à la FEMIS soit une bonne chose pour une formation au métier de scénariste ou de réalisateur ?

Bien entendu ! La FEMIS est l'une des écoles les plus prestigieuses d'Europe et il ne fait nul doute que ceux qui en sortent ont acquis énormément d'éléments indispensables à l'exercice des métiers du cinéma.

13 - J'essaie d'intégrer l'ISIC de Bordeaux, un IUP qui prépare à l'écriture et à l'expertise de scénario. J'aimerais donc savoir ce qu'est réellement l'expertise de scénario.

Par ailleurs, comment expliquer mon projet professionnel, qui est évidemment de devenir scénariste et experte en scénarios ? J'aimerais pouvoir présenter un projet cohérent.

Le terme d'expertise de scénario me paraît très vague. S'agit-il d'une évaluation qualitative du projet ? En quel cas il vous faudrait connaître à la perfection tous les rouages possibles de la dramaturgie, ainsi que les moyens divers de les contourner. Cela prend des années. S'agit-il d'une évaluation financière quant au coût prévisible d'un film à la seule lecture de son scénario ? Si tel est le cas, j'avoue ne pas posséder suffisamment de connaissances dans ce domaine.

Concernant la présentation de votre projet, l'idéal, je crois, est d'expliquer à vos interlocuteurs ce que vous attendez de ce métier et pourquoi il vous intéresse. Finalement, personne ne vous demande de connaître un métier avant de l'apprendre. Ils sont justement là pour vous l'enseigner.

14 - Les cours de scénario que vous traitez en ligne sont-ils le résumé de votre livre "L'écriture de scénarios" chez Top Editions que je possède déjà ou comportent-ils des variantes ou rubriques supplémentaires ?

Les cours sur scenario-mag.com sont un résumé des principales règles scénaristiques. De plus, il ne faut pas oublier que la dramaturgie est une matière vivante et évolutive. C'est pour cela d'ailleurs que je remanie mes ouvrages tous les deux ans. Ainsi, mon sixième livre sur le scénario va sortir.

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15 - J'aimerais m'occuper de mise en scène. Habitant à Nancy, dans quelle école pourrais-je aller ?

Je vous conseille de vous adresser à l'Institut européen du Cinéma et de l'Audiovisuel de Nancy.

16 - Pourriez-vous me conseiller un cours du soir d'écriture de scénario sur Paris ?

J'avoue ne pas connaître de cours du soir sur Paris, mais il est possible, si vous êtes une dizaine à le demander, que j'organise moi-même une session de ce genre. Parlez-en autour de vous. Que tous ceux qui seraient intéressés me laissent leur coordonnées à [email protected]

17 - J'aimerais devenir scénariste mais je n'ai pas suivi d'enseignement supérieur. Y a-t-il des formations ouvertes aux élèves uniquement titulaires d'un bac ?

De plus, est-il possible de faire une formation de scénariste puis d'enchaîner sur une formation de réalisatrice ?

Il est vrai que les formations acceptant les étudiants juste après le bac sont assez rares. Sur Paris, je vous conseille de vous mettre en contact avec les IIIS au 01 30 69 00 17 ou, à Lyon de demander Madame Fabienne Gantin à La Scène sur Saône au 04 78 42 86 86.

Concernant votre seconde question, il est tout à fait possible d'enchaîner une formation à la réalisation après avoir appris le scénario.

18 - Où trouver des ateliers d'écriture spécifiques au scénario ?

Il existe des stages d'écriture, mais peu sont réellement axés sur le scénario. Cependant, un certain nombre d'écoles de cinéma organisent des stages spécifiques. L'idéal, avant de vous inscrire à une formation, est d'en demander le plan des cours afin de vérifier que c'est réellement la structure dramatique qui y est enseignée.

19 - Comment faire pour passer à côté d'études très coûteuses ? Qui contacter pour des aides techniques, financières, matérielles ?

Il existe plusieurs aides. Mais tout dépend de votre statut. N'hésitez pas à vous renseigner auprès des écoles qui vous intéressent.

20 - A votre avis, peut-on apprendre à construire et à affiner un scénario avec la seule arme du livre, sans stage d'écriture avec des professionnels ?

Les livres vous donneront des notions de base mais, pour réellement approfondir les choses, rien ne vaut l'échange avec un professeur et l'analyse plus complète de la dramaturgie.

21 - Quel est le meilleur livre pour apprendre l'écriture du scénario ?

Votre question revient à demander à un restaurateur où aller dîner...

Le meilleur livre sur le scénario, c'est forcément le mien, vu de moi. Mais chaque auteur vous répondra fort légitimement qu'il s'agit du sien. Et chacun aura raison.

Concernant mes confrères, à mon sens, et sans vouloir vexer personne, les principaux

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théoriciens du scénario en France sont Yves Lavandier, Michel Chion et Jean-Claude Carrière. Pardon aux autres si j'en oublie. Je suis prêt à rectifier.

22 - Quelle est la différence entre votre livre et celui de Robert McKEE ?

Je ne parlerais pas à la place de Robert McKee, mais il me semble que notre approche n'est pas tout à fait la même. Monsieur McKee croit davantage en l'instinct là où je prône la structure.

23 - Que pensez-vous de l'ouvrage "La Dramaturgie" d'Yves Lavandier ?

Il reste une référence incontournable. Yves Lavandier se situe dans la théorie intellectuelle. Personnellement, je me positionne de façon plus "pratique", voire pragmatique. Mais cela n'enlève absolument rien à l'excellente qualité du livre de Mr Lavandier.

24 - Comment faire pour acquérir votre livre "L'écriture de scénarios" ?

L'idéal est de vous rendre chez tout libraire ou dans n'importe quelle Fnac.

Depuis l'étranger, l'idéal est de le commander par Internet. Plusieurs sites le vendent, mais le plus simple est de vous rendre sur celui de la FNAC (cliquez ici).

PendantA. L'idée

25 - Qu'est ce qui est le plus important dans un scénario ?

Le plus important dans un scénario ? Vaste question. Mais je pense que l'essentiel, une fois que l'on a une idée acceptable, est le traitement de ladite idée.

26 - Comment, lorsque l'on a une idée, la développer pendant environ 120 ou 130 pages ?

Tablez déjà sur une centaine de pages. Cela suffira. Pour ce qui est de développer, je crois qu'il n'existe d'autre secret que celui consistant à vérifier au préalable que votre idée est suffisamment fertile pour le permettre. Il faut donc qu'elle dégage immédiatement, à son simple énoncé, une multitude de pistes possibles. Après, votre travail consiste à étoffer, à enrichir les enjeux et les obstacles, à tout mettre en oeuvre pour que le dénouement ne devienne pas tangible au bout d'une demi-heure. Le reste est avant tout affaire d'imagination.

27 - Vous dites qu'il ne faut pas rechercher l'idée du siècle, car il n'y a plus rien de neuf. Mais sans vouloir critiquer, je pense que c'est justement ce qui entraîne le manque d'inspiration dans les films d'aujourd'hui. En ne recherchant pas cette idée, ne pensez-vous pas que c'est baisser les bras sur l'originalité d'un film? Que c'est un manque d'ambition et de passion ?

Nous sommes bien d'accord sur le fait qu'un film - et avant lui un scénario - se doit d'être original et apporter quelque chose de neuf. Cependant, l'idée de base ira toujours puiser dans l'originel et non dans l'original. Tout avait déjà été traité bien avant que le cinéma n'existe,

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bien avant même que la dramaturgie existe. Et ce, pour la simple raison que vous traiterez toujours de l'humain et de ses ressorts. Même si vous parlez d'un extraterrestre, il aura des qualités ou des défauts d'humain avec des objectifs assimilables à des objectifs humains. C'est en ce sens que l'idée fondatrice ne sera jamais tout à fait neuve. Vous parlerez invariablement d'amour ou de haine, de guerre ou de paix, de survie ou de vengeance, etc. N'oubliez pas qu'une idée se résume toujours à un objectif contrarié. Et cet objectif, indéniablement, parlera de nous, humains. Comme cela se fait depuis que l'homme invente des histoires.

Par contre, le traitement, lui, devra être original. Mais avant d'en arriver là, avant d'entamer cette étape du travail, il est essentiel de se fixer, une fois pour toute, l'idée directrice du scénario.

28 - J'ai une idée de scénario mais je ne sais pas l'écrire, la mettre en forme. Où pourrais-je contacter un scénariste en manque d'inspiration ?

Lorsqu'un auteur parle de problème de forme, cela cache, invariablement, un réel problème de fond. Tous les scénaristes, du monde entier, connaissent la forme avant de connaître la façon de gérer le fond. En effet, le problème de beaucoup d'auteurs est d'imaginer posséder un scénario simplement parce qu'ils ont une idée qu'ils voient déjà en film. Mais le passage de l'idée à l'écran passe par milles règles dont la mise en forme est la moindre.

Concernant la seconde partie de votre question, je ne pense pas qu'il existe de scénariste en réel manque d'inspiration, puisque les idées peuvent se trouver partout. N'oubliez pas que le problème fondamental du scénariste se situe bien moins dans l'inspiration originelle que dans celle consistant à apporter un regard original sur le sujet qu'il traite.

29 - Existe-t-il des astuces pour gérer ses idées et ne pas se perdre en cours d'écriture ?

Le meilleur moyen de ne pas se perdre est de vérifier que chaque séquence traite du sujet de base. Si ce n'est pas le cas, c'est que vous êtes en train de raconter une autre histoire. Vous êtes alors hors sujet.

30 - A chaque fois que je travaille sur un scénario il me vient une idée d'un autre sujet totalement différent et, de ce fait, il est difficile de jongler sur deux, trois, voire quatre histoires différentes en même temps. Mais je ne peux me résoudre à laisser passer ces idées qui me paraissent excellentes. De plus, le scénario sur lequel je travaille, perd de son intensité.

Je comprends très bien votre problème qui, finalement, s'avère être très fréquent. Il est logique qu'une idée en entraîne dix autres, et dix idées cent autres. Une fois encore, le problème n'est pas tant d'avoir des idées, tout le monde en a, des bonnes et des moins bonnes. Le problème est de savoir "traiter" ces idées de façon à les rendre cohérentes tout au long d'une narration. Ainsi, la pire des choses à faire lorsqu'une idée en draine une autre est de partir sur la seconde en laissant tomber la première. C'est en agissant ainsi que nombre d'auteurs se retrouvent avec cinquante débuts de scénario dans leur tiroir, mais pas un qui soit achevé. Prenez-y garde.

31 - L'idée principale de mon scénario ne me permet d'écrire que le début et la fin, qui sont d'ailleurs très précis. Mon problème est que l'histoire qui se trouve entre les deux peut être n'importe laquelle et c'est très dur de choisir entre des milliers de sujets. Pouvez-vous me conseiller ?

Malheureusement, il m'est difficile de vous conseiller à cet endroit. Et personne ne pourra le faire. Simplement, si vous n'avez pas de quoi remplir votre scénario, ou si les solutions se

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présentant à vous sont trop multiples, il est probable que vous ne cernez pas encore votre sujet. Dans ce cas, l'idéal est, non pas de chercher des idées, mais de bien définir au préalable ce que vous souhaitez raconter.

32 - Dans votre livre sur l'écriture de scénario, vous notez l'importance de s'en tenir à son idée initiale. Mais ne peut-on pas s'en écarter en se laissant porter par l'histoire ? Les frères Cohen, par exemple, avouent arriver la plupart du temps à un résultat final très éloigné de l'idée initiale. Mc Kee note d'ailleurs deux types d'idées : l'initiale qui n'est là que pour lancer le scénariste et la directrice qui n'apparaît qu'à la fin de la première mouture.

Les frères Cohen, comme beaucoup d' auteurs, partent d'une idée, la jaugent sous différents angles et, au cours de leur travail, s'aperçoivent que l'idée initiale ne correspondait qu'imparfaitement à ce qu'ils voulaient dire. Ils reprennent alors tout à zéro, ou presque, pour exploiter une autre idée plus en phase avec leur message. Je pense en tout cas qu'ils procèdent de la sorte car, objectivement, leurs films présentent invariablement une idée directrice de laquelle ils ne dévient pas.

Mc Kee, quant à lui, sous-tend dans ses propos une approche de travail que, personnellement, je rejette. Selon moi, l'idéal est de parfaitement structurer son histoire et d'en vérifier tous les points avant de se lancer dans l'écriture du scénario final. Ainsi, un scénario se crée en deux temps : d'abord la structure, de façon très cohérente, et ensuite l'écriture. Dans cette seconde phase, l'auteur peut laisser courir sa plume tout au long des dialogues. Mais pas avant. Avant, de toute façon, il n'y a pas lieu de tenir sa plume. Evidemment, cette façon de travailler n'engage que moi, mais je vous assure qu'elle est réellement très efficace.

33 - J'ai commencé l'écriture d'un scénario, je connais le début, mais je ne sais pas la finalité de mon personnage, simplement la finalité de l'action et ça me pose problème. Peut-on écrire au fil de son imagination ?

Comme de nombreux auteurs, vous avez brûlé les étapes. Il est absolument inutile de prendre votre plume sans savoir très exactement où vous allez avec vos personnages, à quoi correspond votre intrigue et ce qu'il s'y passe de façon concrète et chronologique.

A vrai dire, l'acte d'écriture, dans un travail structuré, est l'ultime étape de la création. Elle ne survient que lorsque vous possédez intégralement votre histoire. Il existe plusieurs raisons à cela mais la plus importante est, tout bonnement, celle de la crédibilité. Il est en effet impensable de gérer une structure faite d'intrigues et de personnages multiples sans savoir très exactement où l'on va. Sinon, les incrédibilités foisonneront dans votre récit sans même que vous ne vous en rendiez compte.

34 - Est-il possible de reprendre l'histoire et les personnages de quelqu'un, en réduisant au maximum la similitude, donc de reprendre l'idée de quelqu'un d'autre ?

Tout dépend à quel point vous reprenez les choses. S'il ne s'agit que de l'idée de base, vous en avez légalement le droit, car une idée n'est pas réellement " protégeable ". Par contre, si vous êtes conscient de plagier en tentant de le camoufler, artistiquement, intellectuellement et moralement ce n'est pas très beau.

35 - Par quels moyens commencer l'écriture d'un scénario avec un groupe de 11-15 ans dans l'intention de le mettre en scène ?

L'idéal, à mon sens, serait de leur faire chercher une "idée" en leur demandant, tout

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bonnement, ce qu'ils ont envie de raconter. Ensuite, face à cette volonté, d'imaginer des personnages et des actions servant ladite idée.

Finalement, quel que soit l'âge, le procédé demeure le même.

36 - Nous sommes une classe de terminale et avons comme projet d'écrire et de jouer une pièce de théâtre mettant en scène des professeurs. Néanmoins nous n'avons pas trop d'idées de scénario. Pouvez-vous nous en donner ?

Plutôt que de vous donner des idées "brutes", je préfère vous aider à en trouver. L'idéal, selon moi, est de partir vers la comédie. Dans ce cadre-là, essayez de recenser les caractéristiques principales de chacun des professeurs que vous allez mettre en scène et placez-les dans des situations permettant de faire ressortir ces caractéristiques. Beaucoup de comédies s'écrivent de cette façon.

37 - Je recherche une femme scénariste, surtout dialoguiste, pour travailler sur l'histoire d'une femme handicapée.

Ne vous y trompez pas. Un(e) vrai(e) scénariste ou dialoguiste professionnel ne travaillera jamais sans contrat préalable sur un projet qui n'est pas le sien. Vous ne pouvez pas savoir à quel point, personnellement, je suis sollicité par des gens qui me proposent de travailler avec eux sur leur idée, qui deviendra le film du siècle. Ce n'est pas comme cela que les choses se passent. Un scénariste veut être payé pour son travail. Comme son boulanger veut être payé lorsqu'il lui vend du pain. Donc, si vous voulez vous adjoindre la collaboration de scénaristes ou de dialoguistes, prévoyez avant tout un budget. Ensuite, pour les trouver, le plus simple est de consulter le Bellefaye qui centralise toutes ces données.

B. Le scénario

38 - Quelle est la base fondamentale d'un bon scénariste ?

La base fondamentale du scénariste, en un mot, se nomme structure. C'est par elle, et par elle seule, qu'un scénario peut prendre forme.

39 - Y a-t-il des critères comportementaux pour devenir scénariste ? Comment être sûr de ses capacités pour s'engager sur cette voie ?

Non, il n'y a pas de comportement précis à avoir. Ce qui importe avant tout est d'avoir une histoire à raconter et de savoir comment le faire. Pour le reste, il faut beaucoup de travail, de courage et de patience.

40 - J'aimerais me reconvertir vers l'écriture de scénario mais je n'ai aucune formation littéraire. Que me conseillez-vous ?

Comme à toute personne désirant s'inscrire dans ce métier, je conseille trois choses :

- Vérifiez votre motivation profonde. L'écriture d'un scénario exige un énorme investissement personnel.

- Prenez des cours. L'écriture de scénarios, car très technique et très particulière, ne s'improvise pas.

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- Soyez persévérant !

41 - Je suis en train d'écrire un scénario mais je ne sais pas vraiment si j'en dit trop ou pas assez. En fait, je voudrais connaître la définition d'un scénario. Doit-il y avoir du dialogue ?

Absolument. Un scénario - qui se nomme également "continuité dialoguée" - contient descriptions, séquences et dialogues. Seuls les indications de plans ou mouvements de caméra sont à proscrire.

42 - Un scénario peut-il être écrit comme une nouvelle ?

Non, justement. Et toute l'incompréhension entre auteurs et producteurs vient de là. Un scénario répond à des normes très précises qui n'ont rien à voir avec celles de la nouvelle.

43 - J'aurais tendance à écrire un scénario comme une pièce de théâtre, c'est-à-dire un texte " dialogué " auquel sont intégrés des portraits de personnages, des descriptions de décors et des didascalies, à la différence que j'y ajouterais des mouvements de caméra, des prises de vue et une trame sonore. Manque-t-il encore quelque chose ?

Il ne manque rien. C'est tout le contraire ! Il y a une grosse partie en trop ! Tout ce qui est plans de caméra, mouvements, angles, etc. sont du domaine de la réalisation et ne doivent jamais apparaître dans un scénario. N'y ajoutez aucune forme littéraire ni aucune intention d'auteur ou autre explication.

Même un scénariste qui compte réaliser lui-même son film doit , dans un premier temps, "vendre" son scénario sous forme de continuité dialoguée.

44 - Combien de pages un scénario doit-il comporter ? Se construit-il toujours de la même manière ou bien l'auteur a-t-il une certaine liberté dans la mise en forme ?

Un scénario, invariablement, doit être dialogué. La version non dialoguée du scénario se nomme "traitement". Son nombre de pages va de 90 à 120 selon la précision des descriptions et du nombre de séquences qu'il comporte. Il comprend le découpage en séquences (découpage séquentiel), les indications scéniques et les dialogues. Il doit être écrit de façon simple, au présent de l'indicatif et être le plus concret possible sans s'attarder sur les détails.

Pour ce qui est de la liberté de l'auteur dans la mise en forme (présentation), il faut savoir que, fort heureusement, rien ne ressemble plus à un scénario qu'un autre scénario. C'est le fond qui change. Un peu comme en musique où une partition ressemble invariablement à une autre, mais en lisant les notes, aucune mélodie ne se ressemble.

45 - Je voudrais savoir comment décrire le décor dans mon scénario. Dois-je diviser la page en deux pour écrire le décor dans une colonne et le dialogue dans l'autre ?

Dans un scénario écrit sous forme de "continuité dialoguée", vous ne devez pas diviser votre page. Prenez simplement soin de tout rédiger de façon chronologique et concrète, sans ajouter aucune note, ni intention d'auteur ou autre explication. Tout doit être clair par le seul truchement de l'action et du dialogue... comme à l'écran.

46 - Lorsque l'on écrit un scénario, un travail approfondi de mise en scène doit-il être accompli ?

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La mise en scène reste du ressort du metteur en scène. Ainsi, en donnant trop d'indications, vous empiétez sur son travail. L'idéal est de décrire uniquement l'action, de façon sommaire, dans son déroulement naturel. Le but étant que celui qui vous lit comprenne exactement ce qui se déroule, mais sans être assené de détails.

47 - La présentation d'un scénario varie-t-elle en fonction du format du scénario (film, série TV, téléfilm, etc.) ?

Non. La structure narrative peut varier, mais la présentation est toujours la même. C'est celle dite de la "continuité dialoguée".

48 - Pourriez-vous m'indiquer un format standard de présentation de la page de garde d'un scénario long métrage ainsi que la numérotation des pages ?

La page de garde doit comporter le titre avec le nom et l'adresse des auteurs. Souvent, il convient d'inscrire au bas de cette page la mention "Version 1".

La numérotation se fait de façon très simple : en bas des pages, à gauche, au centre ou à droite.

49 - Je m'interroge sur la mise en forme du scénario (police, interligne).

Times New Roman ou Arial 12, avec interligne simple, conviennent parfaitement.

50 - Dans une continuité dialoguée, faut-il identifier à l'aide de lettres capitales les personnages qui apparaissent sur des photos ?

Les lettres capitales servent à indiquer la première apparition physique d'un personnage à l'écran. Pas sa représentation photographique ou autre.

51 - Où trouver un exemple de scénario ? J'aimerais voir la forme et la manière dont c'est écrit.

Le meilleur conseil que je puis vous donner est de feuilleter l'un ou l'autre ouvrage consacré au scénario donnant un exemple type de présentation. Vous trouverez, entre autre, des extraits de toutes les formes d'écriture dans mon livre "L'écriture de scénarios" aux éditions Chiron.

52 - Comment peut-on évaluer la durée a l'écran de son scénario ?

Il est très difficile d'y parvenir de façon exacte. Cependant, si vous ne vous êtes pas égaré dans les descriptions, vous pouvez à peu près vous dire qu'une page de scénario correspond à environ cinquante secondes à une minute de film.

53 - Est-il possible d'écrire un scénario de long ou moyen métrage avec seulement 17 pages ?

Non, c'est impossible, avec vos 17 pages, vous avez un film potentiel de 12 à 17 minutes.

54 - Le scénario peut-il être considéré comme un genre littéraire à part entière, au même titre qu'une pièce de théâtre (par exemple ) ? De plus , quel conseils donneriez-vous à un jeune scénariste débutant ?

A n'en point douter, cette question est l'une de celles qui m'est le plus souvent posée. Il

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n'existe pas un cours ou un stage sans qu'il ne soit fait allusion à ce problème. Car il s'agit visiblement d'un problème. Concrètement, le scénario n'a aucune valeur littéraire. Force est de reconnaître d'ailleurs que le style même d'écriture du scénario, pour être parfait, doit être exsangue de toute forme littéraire. L'oeuvre, c'est le film. Le reste n'est que composants. A l'origine, vous avez un scénariste qui écrit une histoire. Viennent se greffer un ou plusieurs producteurs qui rassemblent une équipe faite d'un réalisateur, de comédiens, de caméramen, d'un chef opérateur, d'assistants, de preneurs de son, d'éclairagistes, de décorateurs, de costumiers, d'accessoiristes puis de monteurs et de musiciens, etc. Pardon pour les très nombreux autres que je n'ai pas cités. Toujours est-il que le scénario, au bout du compte, n'est qu'une pierre - mais la première ! - de l'édifice. En ce sens, le script est plus proche, dans sa valorisation, d'une pièce de théâtre actuelle que d'un roman. Mais je ne parle pas ici des pièces classiques qui sont considérées, elles, comme des oeuvres à part entière.

Ainsi, le conseil que je donnerais à un scénariste débutant est de ne pas s'attacher à son écrit comme à la prunelle de ses yeux. Et puis, qui dit que ses yeux en valent la peine ? La meilleure façon de procéder, pour ne pas souffrir de cet état de fait, est de passer à un nouveau scénario dès qu'un a été vendu. C'est radical !

55 - Comment savoir si une histoire est plus de l'ordre du scénario de film que du roman ?

Tout est question d'image et d'intention. La première des interrogations, face à votre oeuvre en devenir, est de savoir si elle est ou non, génératrice d'images. Plus vous entrez dans l'introspection, plus vous avez besoin d'écrire pour votre personnage, "il pense que", "il ressent que", "cela lui rappelle", moins vous êtes cinématographique, et plus vous êtes dans l'univers du roman.

56 - Comment expliquez-vous qu'une histoire très localisée puisse parfois prétendre à une forme d'universalité, tandis qu'une histoire très générale finisse par devenir un fait divers au cinéma ?

Tout n'est qu'affaire de traitement. Le général parle souvent du particulier et le particulier s'articule autour du général. L'universalité, quoi qu'il en soit, doit toujours être perceptible au travers d'un scénario, d'une pièce, d'un roman, etc. C'est la règle fondamentale et fondatrice de toute création.

57 - J'ai de nombreuses idées mais comment être certain que le scénario va plaire ?

S'il existait une réponse à votre question, tous les films seraient classés premiers au box-office. Le seul conseil que je puis vous donner est de vérifier à chaque instant de votre écriture que vous vous situez dans l'universel... avec un regard particulier.

58 - Quels seraient les films que vous conseillerez de voir pour se faire une idée de ce qu'est un bon scénario ?

Mes élèves sont nombreux à me poser cette question, mais je me refuse toujours d'y répondre. Selon moi, tant qu'un scénario est convenablement construit, il s'agit d'un bon scénario. Tout est affaire de structure. Le reste ne dépend que des goûts.

59 - Je voudrais savoir quels sont les scénarios de films que vous conseilleriez de lire ou de voir en images s'ils n'ont pas été publiés ?

Aucun particulièrement. Quand vous allez au cinéma ou que vous regardez la télé, faites vous

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plaisir. Pour le reste, si vous souhaitez écrire, vous avez deux alliées : la dramaturgie (qu'il faut impérativement connaître) et votre imagination.

C. L'écriture

1. Généralités

60 - Qu'est-ce-que la dramaturgie ?

C'est l'ensemble des règles régissant la construction d'une histoire.

Qu'il s'agisse d'un roman, d'une nouvelle, d'une pièce de théâtre, d'un scénario ou de tout autre forme de narration, la dramaturgie est la science permettant à un auteur de transmettre ses idées par le biais de personnages et d'événements.

61 - Dans votre livre, vous écrivez : " La dramaturgie, à l'instar d'une langue vivante, est en constante mutation. " Mon scénario étant basé sur l'Histoire ancienne de l'Ile Maurice, ces nouvelles techniques d'écriture s'y prêtent-elles sans problème ?

Absolument. Quels que soient l'époque ou le genre de votre scénario, vous devez utiliser les outils de la dramaturgie actuelle.

62 - J'ai déjà commencé l'écriture de plusieurs scénarios. J'ai beaucoup d'idées, les scènes se succèdent et il m'est impossible d'arrêter. Pouvez vous me conseiller afin que je parvienne à terminer un scénario ?

Votre grande erreur est de travailler davantage comme un romancier que comme un scénariste. Pour résoudre définitivement votre problème, il faudrait vous astreindre à ne plus écrire avant d'avoir construit. Votre scénario, ne le rédigez pas, pensez-le. Passez des semaines, des mois s'il le faut, à tout imaginer de A à Z, à tout structurer du début à la fin, séquence après séquence. Prenez quelques notes au passage, mais pas plus. Ensuite, et ensuite seulement, lorsque votre histoire vous paraîtra limpide, couchez-la sur le papier.

63 - Combien de temps pour écrire un long métrage en général ?

6 à 9 mois si vous travaillez seul. Trois mois si vous travaillez à 2 ou 3.

64 - Est-il conseillé de commencer par l'écriture d'un roman avant de se lancer dans celle d'un scénario ?

Pas du tout. Il est d'ailleurs connu qu'un bon romancier ne fait pas forcément un bon scénariste. Et inversement.

65 - Comment réussir à concilier écriture et vie professionnelle et donc reprendre le fil de ses pensées après des jours d'interruption ?

A mon sens, il n'existe pas de méthode absolue. Tout dépend du rythme et des envies de chaque auteur. Le seul conseil que je pourrais vous donner est de travailler de façon très méthodique. Ne perdez pas votre temps à remplir des pages avant que votre histoire ne soit totalement structurée. On retrouve en effet plus facilement le fil d'une structure que celui d'une narration. Après, une fois que la structure sera solide et suffisamment précise, vous n'aurez aucun mal à rédiger votre scénario. Même après de longues périodes sans écrire, vous

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retrouverez aisément le cours de votre narration.

66 - J'aimerais connaître la meilleure méthode à suivre pour développer un scénario en duo. Devrions-nous faire un plan commun, puis se séparer les séquences pour enfin les réunir après les avoirs écrites ? J'attends vos suggestions à ce propos.

La seule façon de travailler à plusieurs qui fonctionne réellement, est celle qui consiste à tout faire ensemble, de bout en bout. A partir du moment où vous vous mettez à travailler chacun de votre côté, il deviendra très difficile de vous mettre d'accord, et ce pour maintes raisons, tenant à la fois de l'ego et du découragement face au travail accompli… et refusé par l'autre.

67 - Travaillez-vous avec des logiciels comme Final Draft ou scénario pro ? Croyez-vous en de tels outils et sont-ils performants ?

Ne connaissant pas ces logiciels, je ne me permettrais pas de porter de jugement. Maintenant, si les éditeurs de Final Draft ou Scénario pro. m'offraient un de leurs logiciels, je les étudierais avec plaisir (rire).

Derrière cette boutade se cache le fait que je ne suis absolument pas hostile à la modernité mais que, par méconnaissance peut-être, je ne ressens pas le besoin d'utiliser ces programmes. Mais pourrais-je m'en passer s'ils m'étaient coutumiers ?

68 - Comment surmonter le syndrome de la "page blanche" ?

Le meilleur moyen est encore de savoir que l'on a de quoi la remplir. Ainsi, pour terminer un scénario, il convient de le construire avant de l'écrire. Définissez d'abord l'intégralité des points structurants et structurels de votre histoire avant de vous lancer dans l'écriture.

69 - Je travaille depuis de longs mois sur l'écriture d'un long métrage. Que fait-on lorsque l'on stagne ? Quelles sont les solutions ? Faire entrer un nouveau personnage ? Imaginer des séquences de respirations ?

Les solutions que vous envisagez sont, objectivement, les pires... bien que les plus évidentes a priori. Ajouter un personnage, une aération, un décor, un dialogue, tout cela se ressent à la première lecture et ne satisfait jamais quiconque. La seule solution que vous offre la dramaturgie est de créer un nouvel événement majeur qui relancera durablement votre intrigue. Croyez-moi, cela vaut la peine d'être tenté même si ce travail est assez complexe.

70 - Pensez-vous que c'est par faiblesse technique que je commence à m'ennuyer dès qu'il s'agit de développer le coeur de mon récit ?

L'ennui est plutôt mauvais signe. Un scénariste qui s'ennuie ennuiera le spectateur. Par contre, il est légitime de ressentir une certaine lassitude après plusieurs semaines passées à ressasser sans cesse son histoire. Dans ce cas, l'idéal est de laisser reposer votre scénario pour retrouver l'envie.

71 - En quoi l'écriture du scénario diffère-t-elle de l'écriture théâtrale ? Pour le théâtre, je travaille à partir de mythes fondateurs pour la structure générale du récit, de "modèles" relationnels pour les rapports inter personnages et je m'attache à ce que tous soient reliés à l'intrigue par leurs objectifs individuels. Qu'en pensez-vous ?

Les différences fondamentales existant entre l'écriture théâtrale et l'écriture cinématographique tiennent à une question de rythme et de multiplicité des enjeux. Ainsi, les

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intrigues dites "secondaires" seront plus présentes au cinéma qu'au théâtre. Par ailleurs, il ne faut pas oublier l'aspect "cinématographique" du cinéma (si je puis dire). N'oubliez jamais, en écrivant un scénario, que vous travaillez pour l'image.

Concernant les mythes fondateurs, il existe plusieurs écoles. De nombreux professeurs de scénario enseignent la dramaturgie en s'appuyant sur les mythes. Les théoriciens moins. Personnellement en tout cas (je ne veux pas parler pour mes confrères) il me semble par analyse et par constat que la dramaturgie filmique actuelle s'attache davantage aux "cas dramatiques" qu'aux mythes à proprement parler.

72 - Trop de détails tuent-ils le scénario ?

Absolument. Un scénario se doit d'être clair, limpide et facile à lire. Ne décrivez que ce qui est essentiel à la bonne compréhension de l'histoire.

73 - Pensez-vous qu'il soit "nécessaire" d'avoir une intrigue (ou plusieurs) secondaire pour raconter une histoire ?

Oui. Tous les récits (ou presque) mêlent intrigue principale et secondaire. Cela permet de donner davantage de vie et de profondeur au scénario. Le secret étant de ne pas faire de ces intrigues des parallèles qui jamais ne se croisent.

74 - Je viens de voir le film de Mike Leigh "Naked". Il me semble que la force et la singularité du personnage principal, sa vision de la vie, a permis au scénariste "d'oublier" l'impératif de l'enjeu. Votre avis ?

N'ayant pas encore vu ce film, je ne pourrais émettre d'avis. Cependant, le fait d'oublier les enjeux n'est globalement pas une bonne chose en matière de dramaturgie. Mais, une fois encore, les règles sont là pour être contournées... à condition de les posséder parfaitement au préalable.

75 - Qu'est ce qu'un climax ?

Le mot climax vient du grec et signifie échelle. Le climax, en effet, représente une montée graduelle de la tension dramatique et de l'action et consiste donc à faire précéder une séquence forte d'une autre plus banale, afin d'obtenir un effet de tension extrême du spectateur. Il précède souvent la résolution du film

76 - Dans quelles mesures peut-on se risquer à faire un mélange de genres ? Y a-t-il des règles à respecter ?

Les mélanges de genres sont très fréquents, au cinéma comme à la télévision. Ainsi, vous pouvez mêler la comédie au drame et, pourquoi pas, y ajouter du policier et de la romance. La seule règle, dans ce cadre-là, est de mélanger les genres de façon homogène, c'est à dire ne pas glisser d'un genre à un autre de façon définitive.

77 - Comment définit-on un point de vue ?

En matière de scénario, il existe deux sortes de point de vue : le point de vue scénaristique et le point de vue dramatique.

Le premier représente le fil conducteur de votre histoire (le ou les personnages dans 99,99% des cas).

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Le second représente l'angle de vision et d'interprétation de l'histoire. Le spectateur suit-il un héros unique pour vivre ses drames sous un angle unique ou un second personnage offre-t-il une autre vision des choses ? En d'autres termes, y a-t-il ou non, une antithèse pour répondre à la thèse ?

78 - Une continuité dialoguée ne fait référence à aucun plan de caméra pourtant je ne conçois pas que l'on puisse écrire un scénario sans penser aux lieux, aux mouvements des personnages, etc. mais pas à la façon de filmer.

Le cerveau humain est ainsi fait qu'il nous envoie constamment des images. Ainsi, en écrivant votre scénario, il est bien naturel que vous imagiez tout ce que vous imaginez. Cependant, il n'est pas de votre rôle de scénariste de tout écrire. Vous devez en effet vous contenter, quant au visuel, d'un descriptif sommaire. Et ce, pour la simple raison que de parler de plan serait une aberration alors qu'au moment de l'écriture vous ignorez tout encore des conditions exactes de tournage. En outre, il s'agirait de votre part d'un empiétement sur le travail du réalisateur.

79 - Le découpage technique est-il du ressort de la mise en scène ou du scénario ? Comment s'écrit-il exactement, a-t-il une structure particulière (séquence, scène) ?

Le découpage technique est effectué par le réalisateur avant le tournage. Pour l'effectuer, il lui faut tout connaître des conditions de tournage (lieux, décors, comédiens, nombre et type de caméras, etc.)

Structurellement, il se compose de séquences et de plans. Dans le cadre d'un découpage technique, la forme la plus académique est celle divisant la feuille de scénario en deux parties distinctes : à gauche les indications visuelles, à droites les indications auditives.

80 - J'ai lu beaucoup de scénarios originaux comportant des indications techniques. Comment cela est-il possible ?

Vous avez simplement lu la version "réalisateur" du scénario et non celle, préalable, effectuée par le scénariste.

81 - Comment sait-on qu'un scénario est vraiment terminé ? A chaque lecture il y a cette impression qu'il manque quelque chose.

Un scénario est réellement terminé lorsque le film est monté. Cela étant, pour le scénariste, il s'agit à un moment donné de savoir se faire confiance et de décider que la dernière mouture est la bonne. Les relectures à l'infini ne servent à rien. Souvent même, à force de se relire, on finit par ressentir une certaine lassitude face à son travail. Et, dans ce cas précis, toute nouvelle idée vous semble alors plus intéressante que celles qui se trouvent sur le papier. Mais il s'agit souvent d'un leurre. En fait, à force de vous relire, vous perdez tout recul et finissez par devenir le plus mauvais de vos lecteurs. Ainsi, relisez-vous autant que vous le désirez, réécrivez tant qu'il vous semble utile de le faire, mais prenez garde à ne pas sombrer dans l'éternelle et stérile insatisfaction.

82 - Lorsqu'une ébauche de notre scénario est finie, est-il préférable de la montrer à un proche afin d'avoir un avis extérieur ou cela va-t-il changer notre vision de l'histoire ?

Votre question est fondamentale. Quiconque a terminé un scénario brûle d'envie de le faire partager à son entourage. Et c'est normal. Humain. Ce faisant, il ne faut pas oublier que votre

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oeuvre reste votre oeuvre. Il y aura toujours, parmi vos proches, des jaloux que vous ne soupçonnez pas, des gens qui vous aiment et veulent vous encenser, des gens qui, fiers de votre confiance, se sentiront obligés de vous offrir leur analyse.

Tous ces gens ne vous seront d'aucun recours, car trop impliqués et, surtout, pas scénaristes pour un sou. La vérité de votre scénario, c'est vous qui la détenez.

Par contre, soyez très attentifs à toute réflexion du genre "je n'ai pas compris ce passage", "à cet endroit tu te contredis", "ta séquence 27, je n'y crois pas une seconde"... A vous, après, d'analyser ces réflexions pour les prendre ou les laisser. Mais, surtout, refusez tout commentaire ressemblant à "moi, à ta place, j'aurais...".

Personne n'est à votre place, et le scénariste, c'est vous.

2. Séquences

83 - Quand commence et s'arrête une séquence ? Est-ce quand le réalisateur s'exclame "Coupez !" ?

Au-delà de la réalisation, c'est au montage que se décide le début et la fin d'une séquence. Pour vous, scénariste, écrivez vos séquences en songeant toujours à ce qu'elles doivent contenir. Le reste ne vous appartient plus vraiment. Par contre, petit conseil, évitez de constamment débuter vos séquences par leur tout début et de les conclure par leur toute fin. En d'autres termes, sachez être concis.

84 - Certains professionnels préconisent d'utiliser le découpage en 9 actes de Don Siegel quand nous sommes bloqués dans notre construction, d'autres de commencer par le dénouement et vous, vous semblez privilégier l'apport d'un nouvel élément majeur qui, à l'excès, peut compliquer considérablement l'histoire. Y a-t-il d'autres recettes pour nous sortir de ce genre d'impasses ?

Non, je ne pense pas. Que vous ayez 3, 5 ou 9 actes, ne change rien au problème. Raisonnez plutôt en terme d'événements. N'hésitez pas à les multiplier, tout en restant cohérent, tant que l'exigera votre histoire. Je ne connais pas de méthode plus efficace pour créer et enrichir une histoire sans se répéter et en restant toujours intéressant.

85 - Pourquoi ne peut-on pas parler de scènes dans un scénario ?

Un scénario se découpe en séquences, pas en scènes. Il s'agit de la terminologie employée en matière d'écriture. Ainsi, même si une séquence comporte plusieurs scènes (ce qui est toutefois rare) vous ne devez pas l'indiquer.

86 - Vous insistez sur le fait que l'unité du scénario est la séquence et non la scène, alors qu'une grande partie de vos collègues prétend le contraire. Je comprends la scène comme une unité de temps et de lieu (ex. 1. Int-Train-Jour), alors qu'une séquence serait une unité thématique (ex: arrivée de Jean à Nice) qui est éventuellement composée de plusieurs scènes (ex: 1. Int-Train-Jour, 2. Ext-quai-jour, 3. Int-Gare-Jour, 4.Int-Train-Jour,...). Remplaceriez-vous toutes ces scènes par une et une seule séquence (1. Arrivée de Jean à Nice) ?

Dans le cas de figure que vous proposez ici, l'idée de séquence ou de scène n'a pas grande importance. Personnellement, je diviserais cette séquence en plusieurs sous-séquences.

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SEQ 1

1.1 Train - Int -Jour1.2 quai- Ext jour1.3 Gare- Int Jour

Par contre, imaginez une salle de réunion. Six personnages sont présents et discutent marketing. Survient un homme armé jusqu'aux dents qui prend tout le monde en otage.

Vous venez de changer totalement d'idée, donc de scène. Mais concrètement, à l'écriture du scénario, vous êtes dans la même séquence.

87 - Le terme anglais "cut to" a-t-il un équivalent en français ?

Non, pas vraiment. Le "cut" indique une coupure due à la fin d'une séquence. Si bien que le simple passage d'une séquence à une autre implique un cut... sauf dans le cas des fondus. Mais cela reste du domaine de la réalisation.

88 - Deux personnages marchent au même moment vers une destination commune, mais depuis des lieux différents. Comment écririez-vous cette séquence (ou ces séquences ?) lors de laquelle la caméra passe de l'un à l'autre pour finir par leur rencontre ?

Le plus simplement du monde. Vous changez de séquence à chaque fois que vous passez d'un personnage à l'autre. Éventuellement, si ce cheminement vers une rencontre se suit et ne prend que quelques minutes du film, vous pouvez agir par sous-séquences. A savoir, vous attribuez un numéro de séquence au premier personnage et un autre au second. Seq 19 = pers 1. ; Seq 20 = pers 2. Puis vous alternez. Cela vous donne au final : 19.1 - 20.1 - 19.2 - 20.2 - 19.3 - 20.3 ... puis la rencontre en séquence 21.

89 - Je dois écrire une scène ou deux tueurs cherchent un autre homme dans un appartement. Dois-je décrire leur évolution pièce par pièce, au risque de rendre la lecture fastidieuse ou puis-je résumer le parcours jusqu'à la 1ère étape significative ?

Votre question pose le problème du séquençage.

Dans ce cas de figure, je vous conseille de n'écrire qu'une séquence divisée en sous-séquences.

Formellement, cela donne :

SEQ 58.

58.1 CUISINE GEORGES- INT - JOUR

(description de l'action et dialogues éventuels).

58.2 SALON GEORGES - INT - JOUR

(description de l'action et dialogues éventuels).

58.3. GRENIER GEORGES - INT - JOUR

(description de l'action et dialogues éventuels).

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Etc.

90 - Dans le cas ou un personnage en observe un autre par une fenêtre, il y a plusieurs rédactions possibles ( alternance de scènes ext et int, ou un PV, ou un avant plan/arrière plan ...). Il me semble que ces choix appartiennent au réalisateur et dans ce cas que dois-je faire figurer dans mon scénario ?

L'idéal est effectivement d'alterner, non pas les séquences, mais les sous-séquences. Les notions de PV (point de vue) ou toutes autres valeurs de plan appartiennent effectivement au réalisateur.

91 - Comment écrit-on plusieurs séquences juxtaposées dans un écran composite ?

Pour écrire des séquences comprises dans un même espace-écran, il suffit d'indiquer dans votre scénario "Ecran splitté" puis de narrer chacune des parties.

92 - Comment rédiger une scène dans laquelle on voit alternativement 2 personnes qui se parlent au téléphone ?

Le mieux, dans ce cadre-là, est de scinder votre séquence en deux sous-séquences.

Formellement, vous obtenez ceci :

SEQ. N° 27.

27.1 LE SALON DE PAUL

INT - JOUR

(description et dialogue)

27.2 LA SALLE A MANGER DE JEANNE

INT-JOUR

(description et dialogue)

27.3 LE SALON DE PAUL

INT - JOUR

(description et dialogue)

Ce chassé-croisé peut se poursuivre tout au long du dialogue, mais il est préférable de ne pas le faire durer trop longtemps,

3 - Personnages

93 - Doit-on présenter les différents personnages en introduction ?

Non, les personnages doivent être découverts au fur et à mesure de leur apparition dans le scénario. Cependant, il est vrai que certains auteurs joignent une fiche des personnages à leur

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continuité dialoguée, mais ce n'est aucunement une obligation... au contraire.

94 - Comment décrire correctement les personnages avec leurs caractéristiques sans pour autant alourdir le scénario ?

N'oubliez pas qu'après votre scénario, il y aura un film et, entre les deux, un casting. Dans cette optique, dites-vous bien que moins vous serez précis, plus vous serez... juste (dans le sens d'exact). Contentez-vous de préciser homme ou femme, l'âge approximatif et, selon le cas, un trait particulier (gros, petit, une cicatrice, etc.)

95 - Comment doit-on présenter un personnage principal ?

A ce niveau, il n'existe quasiment qu'une règle, fondamentale. Votre personnage principal doit être présenté en fonction de l'intrigue, et non hors contexte. Chaque élément devant servir, peu ou prou, la suite du scénario.

Il existe deux cas de figure :

* Votre héros est "actif" dans sa mise en situation. C'est à dire que dès son entrée dans le film il possède un objectif précis. Vous devrez alors le présenter au spectateur au fur et à mesure de ses actes.

* Votre personnage est "passif" dans sa mise en situation. C'est à dire que lors de son apparition il ne désire rien de particulier. Vous montrez alors son quotidien. Survient un événement qui va bouleverser son rythme de vie et ses habitudes : sa femme a disparu, il en rencontre une autre, sa fille se drogue... Ce sera alors le thème du film.Cependant, même si vous présentez son quotidien pépère avant le premier drame, il faut que votre présentation initiale du personnage permette immédiatement de comprendre quels seront ses atouts, et surtout ses inconvénients, pour régler ses problèmes.

96 - Mes deux personnages principaux évoluent de façons différentes. Est-ce possible? N'est-ce pas dangereux de se lancer dans ce genre d'initiative ?

Non. Cela ne pose absolument aucun problème. Vous êtes simplement dans ce que l'on appelle une construction alternée. Le spectateur assiste tantôt à la vision et au vécu d'un personnage, tantôt à ceux de l'autre. Le grand piège à éviter dans ce style de procédé est celui de l'inégalité narrative. Veillez bien à accorder autant de temps à chacun des personnages et à agréablement mêler les deux intrigues. Ne racontez pas d'abord l'une puis l'autre. Mais faites souvent la navette de l'une à l'autre.

97 - Mon personnage principal vit plusieurs vies (réincarnation). N'est-ce pas suicidaire pour l'auteur de changer ainsi d'époque et donc de repères à tout bout de champs (7 fois) ?

Sans être suicidaire, la démarche est particulièrement osée. Après, tout dépend de la façon dont vous parvenez à gérer vos personnages sans totalement perdre le spectateur. Mais je pense que c'est faisable. Par contre, lorsque vous me parlez de plusieurs époques, je pense immédiatement au coût de production. Prêtez-y attention car je doute que les investissements pour un premier film puissent être à la hauteur de vos ambitions. Reste la solution, dans votre cas, de vous adresser à un réalisateur renommé après écriture. Si le sujet l'intéresse et qu'il a envie de le réaliser, il saura alors, de par sa notoriété, convaincre les producteurs.

98 - Normalement, le personnage principal doit être sympathique pour permettre

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l'identification du spectateur. N'est-il pas possible d'avoir un personnage au premier abord froid et plutôt antipathique, s'il évolue progressivement vers une amélioration de sa personnalité au cours du scénario ?

Ceci n'est vrai que dans le cas d'un personnage "linéaire". C'est à dire sans profonde remise en cause. Beaucoup de films fonctionnent sur ce principe. Au départ, le personnage a une motivation profonde et il va se battre jusqu'au bout pour obtenir ce qu'il désire. Mais bien d'autres films, et non des moindres, fonctionnent sur le principe inverse. Vous avez au départ un être négatif, voire antipathique qui, au fil des événements va se transformer pour devenir plus humain. C'est ce que l'on nomme, en dramaturgie, le "parcours initiatique".

99 - Que pensez-vous de cette théorie dramaturgique : le personnage principal est confronté à un faux problème, pendant la tentative de la résolution de son faux problème, il va prendre conscience de son vrai problème et agira en conséquence ?

Pardonnez-moi de paraître présomptueux, mais je constate régulièrement que beaucoup de pseudo théoriciens du scénario s'épanchent depuis quelque temps partout où ils le peuvent, en racontant un peu n'importe quoi.

Pour vous prouver mes dires, faites l'expérience vous-même. Portez simplement votre attention aux prémisses des quatre ou cinq prochains films que vous verrez, et comptabilisez le nombre de fois où le personnage principal est confronté à un faux problème avant de prendre conscience de son soi-disant vrai problème. Ce cas de figure pourrait éventuellement se présenter dans le cadre d'un parcours initiatique, et encore, même là, la donne est différente. Le personnage ne se trompe pas mais évolue. Non, franchement, c'est envisageable, mais cela ne correspond à aucune règle dramatique. Au contraire.

100 - Doit-on toujours se justifier de l'action du personnage? Si oui, quels en sont les moyens ?

Non, jamais ! C'est à l'histoire de justifier l'action du personnage. Si votre personnage fait des choses sans que jamais on ne comprenne pourquoi, c'est simplement que votre structure dramatique n'est pas claire. Mais n'expliquez jamais artificiellement, pourquoi untel fait ceci ou cela. Tout doit couler de source. Soit au moment de l'action, soit plus tard dans le film.

101 - Tous les personnages d'une histoire doivent-ils avoir un but, un objectif ? Ce but doit-il être toujours en rapport avec le personnage principal ?

Oui. Les personnages principaux et secondaires doivent avoir un objectif se rapportant à l'intrigue principale du film.

102 - On conseille souvent de citer un personnage d'une manière unique et définitive. Comment s'y prendre quand on ne découvre l'identité d'un personnage (à fortiori important) qu'au bout d'un certain temps et que l'on veut ménager le suspense, même aux yeux du lecteur ? Peut-on passer de l'indication "l'OMBRE" à l'indication "AGNES PION", sans compliquer outre mesure la vie des costumiers, scripts, etc. ?

Si votre scénario triche, trichez avec lui. Placez le lecteur dans la situation exacte du spectateur. Ainsi, l'Ombre peut tout à fait devenir Agnès Pion. Faites simplement en sorte que le lecteur comprenne immédiatement et sans mal que notre belle Agnès Pion n'est autre que l'Ombre. J'en frémis d'avance.

4. Dialogues

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103 - Peut-on être à même d'écrire un scénario sans avoir beaucoup de facilité pour écrire les dialogues ? Si ce n'est pas le cas, quelles peuvent être les solutions ?

Le dialogue est souvent la hantise du scénariste. Pourtant, en vous posant la question, lors de chaque portion de dialogue que vous écrivez, de savoir si elle contient suffisamment d'informations pour être utile, vous éviterez de faire du remplissage. Ce qui est déjà une excellente chose. L'autre problème que vous pourrez rencontrer est celui du phrasé. Faites en sorte que vos personnages ne s'expriment pas tous de la même façon et évitez d'être littéraire. En suivant ces quelques conseils de base, vous réussirez des dialogues tout à fait honorables.

104 - Quelles sont les principales règles d'un bon dialogue ?

Pour qu'un dialogue fonctionne, la première des choses à se demander est "qu'est-ce que doivent dire mes personnages ?". Ensuite, il convient de réfléchir à la façon dont ils vont le dire. En sachant que chaque personnage a sa "fourchette" de langage, en fonction de son éducation, de sa culture, etc. Enfin, n'oubliez pas que le style linguistique employé, c'est à dire le choix des mots dans cette fameuse "fourchette" dépend également de la situation et de l'interlocuteur. Globalement, le principal défaut que je retrouve dans les dialogues qui me sont donnés à lire est un emploi trop littéraire du verbe.

105 - Faut-il écrire les paroles avant ou après l'action du personnage ?

Les dialogues viennent après l'action des personnages. C'est un code universel.

106 - Comment devons-nous traiter les dialogues qui n'ont que peu d'importance (ex : le héros se balade dans un parc où plusieurs groupes discutent) ? Est-il nécessaire d'écrire ce que disent ces gens ou faut-il juste y faire allusion sans le développer ?

Si les dialogues en question font partie du décor, comme cela semble être le cas dans votre question, ne vous y attardez pas. Par exemple, si vous placez vos héros dans un restaurant, les conversations des tables alentours ne devront pas être écrites. Pas plus que celles de votre personnage croisant plusieurs groupes dans un parc. Par contre, si un mot, une phrase, entendu lors de ce périple devait avoir une importance pour lui, il conviendrait de le placer dans le dialogue.

107 - Mon scénario se situe dans le monde de l'industrie nucléaire, du chantier où les individus s'expriment autrement. Pas d'états d'âme, la peur n'est jamais dite. Les dialogues, assez longs, se rapportent aux faits, aux explications, aux événements. Tout cela rend la lecture plus ardue que d'habitude... D'où mes questions : y a-t-il de la place pour autre chose que le " standard d'aujourd'hui " ? Comment retravailler ce texte sans le dénaturer ?

Je comprends parfaitement votre souci mais vous vous méprenez en parlant de "standard d'aujourd'hui". Il fut un temps, certes, où le cinéma fut plus "bavard". Mais cela était uniquement dû au fait que la scission avec le théâtre n'était pas encore tout à fait consommée. Aujourd'hui, d'être moins volubile n'est pas une mode mais une appropriation plus juste et plus justifiée de l'outil cinématographique. Aussi, dans votre cas, la question n'est-elle peut-être pas de savoir comment parler mais où parler ? Avez-vous songé au fait que vous tenez peut-être entre les mains un magnifique roman, une superbe pièce, mais pas forcément un film? Quoi qu'il en soit, si vos dialogues vous semblent tous justes et importants, vous ne pourrez les couper sans vous trahir.

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108 - Comment faire parler plusieurs personnages en même temps ?

En règle générale, il faut éviter de faire parler plusieurs personnages en même temps car cela rend le dialogue inaudible.

Sinon, vous n'avez d'autre solution que d'écrire tous les dialogues en précisant qu'ils se superposent.

109 - Quand on adapte un roman en scénario, est-il possible de prendre des dialogues du livre si on juge qu'ils sont très bons ?

Il est toujours possible de reprendre quelques dialogues dans une adaptation, mais n'oubliez pas que, pour un premier scénario, il est préférable de proposer une oeuvre originale.

110 - Dans mon cours d'écriture de scénario, un des exercices porte sur le type de présentation des scènes. Le problème est que normalement on ne doit pas écrire les dialogues à ce stade. Et pourtant, les exemples qu'on nous donne sont répartis ainsi sous chaque bannière titre : Personnages, Dialogue, Directives de mise en scène. Bref, qu'écrit-on vis-à-vis de la rubrique "dialogue" ?

Je crains malheureusement que les fiches d'exercice que vous devez suivre ne correspondent en rien à ce qu'est, concrètement, un scénario. Un de mes anciens stagiaires m'avait déjà montré ce type de fiche. Ce procédé reste ludique mais rien de plus.

5. Divers

111 - Comment concevoir les noeuds dramatiques si les personnages ne savent pas ce qui leur arrive ? Ils n'ont pas le temps, et le spectateur non plus, de réagir à tout cela. La fin n'en dit pas plus. Comment faire ?

Que vos personnages sachent, ou non, ce qui leur arrive, n'empêche aucunement l'existence de Noeuds Dramatiques. Ces noeuds étant simplement des événements d'importance qui bouleversent leur quotidien ou les empêchent d'atteindre leur but. Il est fréquent qu'un personnage ne comprenne pas ce qu'il lui arrive, mais cela n'enlève rien aux noeuds dramatiques qu'il va rencontrer.

112 - Stanley Kubrick, quand il planchait sur un scénario, attendait d'avoir un minimum de six éléments insubmersibles qu'il s'agissait ensuite de relier de quelque manière que ce soit. Seulement, j'ai du mal à comprendre ce qu'il entendait par élément insubmersible.

Il serait bien prétentieux de ma part de vouloir parler à la place de Stanley Kubrick. Même si je ne cours pas le risque qu'il me contredise. A mon sens, ses éléments insubmersibles doivent représenter autant de Noeuds Dramatiques Majeurs, à savoir des événements fondamentaux qui permettent de progresser dans l'intrigue.

113 - J'écris un scénario sur l'histoire d'un homme à la recherche de l'âme soeur. Comment transformer une histoire qui est plus proche d'un docu-drama, en scénario accrocheur plein de suspense, alors qu'il n'y a pas de défi, pas d'antagonistes, pas de division classique du récit ? Il y a une première partie, l'exposition, mais elle pourrait durer tout le film, puisqu'il n'y a pas d'incident déclencheur qui marque le passage à la 2e partie et pas vraiment de climax, même s'il se trouve une femme. Ces règles pourraient-elles être ignorées, et raconter quand même une histoire ?

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Les règles que vous énoncez ici n'en sont pas toutes et, surtout, ne sont pas aussi rigides que cela. D'abord, votre personnage peut très bien être son propre antagoniste (suite à son vécu, ses complexes, etc.). Ensuite, s'il est vrai qu'il faut dynamiser votre histoire (pour la faire progresser) par une succession de Noeuds dramatiques majeurs (événements essentiels) rien ne vous oblige à créer des climax qui n'entreraient pas dans le rythme de votre narration.

114 - J'ai écrit un scénario, grande fresque historique, qui se déroule au 18e siècle entre la Pologne et la France. La vie de mon personnage est extrêmement mouvementée. Il me faudrait donc trouver un axe dramatique pertinent, sans trop dénaturer l'approche historique. Auriez-vous une petite idée pour m'aider à le réécrire ?

L'aventure dans laquelle vous vous lancez est parsemée d'embûches. Déjà, le coût d'une telle production est souvent inaccessible à un premier scénario. Cela étant, le cinéma est fait de contre exemples. Heureusement d'ailleurs, car cela procède de sa magie. Maintenant, pour garder les pieds sur terre et ne pas confondre votre scénario avec une grille de loto, je suis convaincu que vous augmenterez réellement vos chances de réussite en trouvant, effectivement, un axe dramatique pertinent. L'une des solutions, selon moi, serait de prendre la trame historique en guise de toile de fond. Si votre personnage est réel et qu'il a eu un destin fondamentalement hors norme, vous pouvez y arriver (Martin Guerre fonctionne sur ce principe). Sinon, attachez-vous à un personnage emblématique (Napoléon, Jules César, Louis XIV, XV, XVI, voire XVIII) et profitez de ce pan d'histoire pour expliquer les interférences de votre héros sur la destinée dudit personnage historique, tout en prenant soin de montrer en quoi son intervention a pu fondamentalement changer la vie de ses contemporains. En un mot comme en cent, soyez "universel".

115 - J'écris un scénario dont l'action se déroule au XVII ème siècle. Il narre les péripéties d'une artiste-peintre ambitieuse. Je ne sais quel ton adopter : chronique, comédie dramatique style "Ridicule".

Comment envisager l'Histoire dans le cadre d'un scénario ?

Le problème que me pose votre question est qu'elle tient uniquement du choix artistique. Au sujet du ton ou du genre à adopter, nul ne peut vous aider. C'est vous, et vous seul, qui devez déterminer le ton du scénario en fonction de votre récit et de vos envies.

116 - Lors d'une course-poursuite ou d'un combat genre karaté ou kung-fu, faut-il décrire exactement chaque détail donc chaque geste et déplacement ?

Surtout pas. Cela appartient au réalisateur. Indiquez les grandes lignes du combat, qui prend le dessus sur qui et comment. Mais surtout, ne vous perdez pas dans des détails.

117 - Je ne parviens pas à écrire les scènes sans dialogues. Que faire ?

Rassurez-vous, je pense que votre problème n'en est pas vraiment un. En vous contentant de décrire, sans détail inutile, le plus naturellement possible, ce qui se passe dans vos scènes non dialoguées, vous serez forcément dans le vrai.

118 - Les différentes parties de mon scénario sont assez équilibrées, autour de 15 pages, exceptées les deux scènes d'action qui font 23 pages. Au moment du tournage, s'agissant d'action avec un minimum de dialogues, tout va beaucoup plus vite et représente le même temps sur la pellicule ou dois-je réduire ces scènes d'action à 15 pages aussi ?

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A priori, on ne peut pas parler là de déséquilibre. Tout dépend en fait des informations véhiculées par les scènes d'action. Si elles ne permettent pas à l'intrigue d'avancer réellement, oui, il y a problème. Mais si elles "racontent" quelque chose, si elles servent vos personnages et votre histoire, vous n'avez pas de souci à vous faire.

Le problème récurrent de nombre de scénarios est la gratuité, donc l'inutilité, de certaines séquences, qu'elles soient d'action ou dialoguées. C'est à cela qu'il faut faire attention.

119 - Pouvez-vous me conseiller des ouvrages, français ou anglais, expliquant les recettes du suspense ?

Pour ce qui est des ouvrages traitant des recettes du suspense, je n'en connais qu'un en langue française. Il s'agit des confessions de Hitchcock à Truffaut. Mais encore, le suspense n'y est qu'évoqué et ne fait pas partie de l'intérêt central du livre. Pour ce qui est des parutions en anglais, j'avoue ne pas les connaître, car ne parlant que très mal la langue de Shakespeare.

120 - Comment peut-on maintenir le suspense sans que le spectateur découvre tout ?

Il est très difficile de répondre à cette question hors contexte, sans savoir de quoi parle votre histoire. Je puis toutefois vous donner un conseil : ne cherchez à cacher au spectateur qu'un minimum d'éléments. Plus vous lui en direz sans qu'il parvienne à comprendre avant le dénouement, plus vous aurez été fort. Le défaut que je retrouve dans beaucoup de scénarios à suspense est une trop grande rétention d'informations. Ce procédé rend l'intrigue inintéressante, et parfois à un point tel qu'au moment de la révélation finale, le spectateur se moque complètement de savoir ce qu'il se passe. Le secret du suspense réside dans une distillation savante des informations. Le but est de donner au spectateur le maximum de pièces d'un puzzle sans qu'il parvienne à en définir l'image.

121 - Comment savoir si ce qui nous fait rire dans une scène, va faire rire tout le monde ?

S'il existait un moyen de le savoir, toutes les comédies feraient des tabacs. Il n'y a pas d'outil pour cela.

122 - Je prépare l'écriture d'un long métrage dans lequel je parodie et fais des clins d'oeil à beaucoup de films. A cause des nombreux droits d'auteur et le risque de tomber dans le plagiat, dois je continuer à écrire ce scénario ?

Il m'est très difficile de vous répondre de façon précise. A priori, la parodie (comme dans les films des frères Zucker) ne demande aucun droit et ne permet pas de procès en plagiat. Cela étant, tout dépend à quel point vous vous servez d'une oeuvre pour la parodier.

123 - Quelles sont les démarches à mener pour adapter le roman d'un auteur ?

D'abord en acquérir les droits, à moins que l'oeuvre en question ne soit tombée dans le domaine public. Mais attention ! Les adaptations sont la plupart du temps basées sur des commandes de producteurs. Il est rare qu'un auteur soit directement à l'origine d'une adaptation. Sauf, bien entendu, si l'auteur en question est déjà connu et reconnu par les productions. Et songez au fait que, pour un débutant dans ce domaine, se présenter avec une adaptation est souvent ressenti par les producteurs comme un signe de manque d'imagination. En effet, adapter veut dire ne pas savoir créer soi-même.

124 - J'écris un scénario basé sur les expériences de psychologie sociale.relatées dans un

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livre de Stanley Milgram. Je n'ai aucunement l'intention de m'inspirer de l'ouvrage, mais juste des espèces de jeux de rôles qu'il a mis en place. Dois-je payer des droits d'adaptation concernant cette expérience ?

A partir du moment où les expériences ont été publiées, il me semble que vous devez demander une autorisation pour les relater. Par contre, j'ignore si cela se monnaie et à quel niveau. Le meilleur des conseils que je puisse vous donner est de consulter un juriste pour être certain de ne pas vous mettre hors la loi.

6. Exemples précis

125 - Comment écrire une scène qui se déroule dans la télévision du personnage ?

Dans votre scénario, inscrivez INSERT TELE puis décrivez de façon naturelle ce qui se passe à l'écran.

126 - Comment faut-il introduire du sous-titrage (pour indiquer un lieu, un moment) ?

Employez le terme "INSERT".

Exemple : INSERT : "Deux jours plus tard".

127 - Dans un souci de lisibilité à la lecture d'un scénario, pouvons-nous éviter de surdécouper une scène quand le protagoniste se remémore une idée ou un flash ?

Exemple 1 :

- x-ext-jour-parc

Henri déambule dans les allées verdoyantes d'un parc. Près d'une fontaine, un garçon de 8 ans s'amuse à éclabousser une fillette. Henri le regarde faire. Ses yeux se perdent dans le vide.

- x2 ext-jour- jardin flash

un jeune garçon en maillot de bain court autour d'un arroseur automatique.

- x ext-jour-parc

Exemple 2 :

Henri déambule dans les allées verdoyantes d'un parc. Près d'une fontaine, un garçon de 8 ans s'amuse à éclabousser une fillette. Henri le regarde faire.

Ses yeux se perdent dans le vide : flash d'un jeune garçon en maillot de bain qui court autour d'un arroseur.

Vous pouvez procéder des deux façons. Soit en observant un découpage strict, soit en vous contentant de la simple compréhension du lecteur. La seule règle est de toujours conserver la même logique de découpage tout au long du scénario.

128 - J'écris un scénario dont l'histoire commence par la fin avec un meurtre, puis flash-back pour ensuite revenir 20 ans en arrière où je donne un petit indice sur le pourquoi du crime de la fin sans plus. Peut-on encore utiliser un autre flash-back ?

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Tout est question de traitement. Si votre procédé s'avère habile, vous pouvez bien entendu le conserver. Simplement, n'oubliez pas que l'accumulation de flash-back nuit souvent à la fluidité d'une histoire.

129 - Peut-on utiliser le nom de personnages de dessin animé ou de jeu vidéo ?

Non ! Surtout pas ! Tous les noms sont protégés. Bien entendu, si vous parlez d'un personnage obèse (par exemple) que tout le monde surnomme "Obélix", il y a peu de chance que l'on vous intente un procès. Mais légalement, vous n'en avez pas réellement le droit.

130 - Comment faire la différence entre une scène se passant de nuit dans une pièce éclairée ou bien plongée dans l'obscurité ?

Sur un plan purement académique, une scène se passant dans un lieu éclairé par une autre lumière que celle du jour, vous devez noter INT - SOIR (même si l'action se déroule à 2 h 00 du matin). Cela étant, cette notion se perd de plus en plus.

L'autre solution consiste à préciser dans les didascalies lorsque l'action se déroule toutes lumières éteintes.

131 - Le recours à la voix off n'est-il pas un échec ou le reflet d'une faiblesse narrative ?

Tout dépend. Si elle est à vocation esthétique et poétique, comme dans Amélie Poulain, elle reste un choix d'auteur. Par contre, si elle devient réellement informative, elle sera faiblesse.

132 - Vous dites qu'il ne faut pas s'occuper de la mise en scène dans l'écriture d'un scénario. Donc, on n'écrit pas dans la description de la scène "Julie aime Jean", il faut le suggérer à l'écran, ainsi "Julie aime Jean" devient "Julie sourit tendrement à Jean". N'est-ce pas au réalisateur de faire comprendre que "Julie aime Jean" ?

Le fait que Julie sourie à Jean ou que Roger déchire sa cravate de colère, appartient complètement au scénariste.

Après, sur le tournage, certaines indications peuvent ne pas être respectées, mais il vous appartient au départ de les fournir.

133 - Peut-on, sans empiéter sur le travail du réalisateur, imaginer qu'une séquence pour laquelle les dialogues sont inutiles, préciser qu'une chanson ou une musique rythme celle-ci ?

A priori non. La musique appartient au compositeur du film. Cependant, si l'un de vos personnages précise qu'il met un CD précis, pour des raisons bien précises et scénaristiquement évidentes, vous pouvez alors indiquer de quel morceau il s'agit.

134 - J'écris un scénario ayant pour thème l'histoire d'une chanteuse. Sachant que ce travail se fait en collaboration avec la dite chanteuse, dois-je intégrer les textes des chansons dans le scénario ?

Tout dépend de l'importance des chansons. A partir du moment où elles participent à la narration, c'est à dire qu'elles ont des conséquences sur le déroulement de l'histoire, il m'apparaît juste d'en écrire les paroles.

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135 - Certains scénaristes disent avoir écrit leur scénario en pensant à un acteur en particulier. L'auteur a-t-il son mot à dire dans le choix du casting ?

Normalement non. Il n'y a pas de règle absolue mais pour un auteur, de préciser son choix de casting revient à dire qu'il a davantage songé à une actrice ou un acteur qu'à son personnage. L'idéal est d'écrire votre histoire en ne pensant qu'à elle et au public. De bout en bout.

136 - Je suis en train d'écrire une scène de sexe dans mon scénario. Elle représente un moment important de l'histoire puisqu'elle symbolise la réconciliation des deux époux. Mon problème, c'est que je ne sais pas combien de temps je dois la faire durer. Dois-je vraiment donner tous les détails, y compris au niveau des dialogues ?

Il ne faut pas réserver un traitement particulier aux scènes de sexe. Elles font parties intégrantes de votre narration et, si elles existent, c'est qu'elles ont leur raison d'être. Aussi, écrivez-les comme les autres scènes, en indiquant ce qui est important. Pour les dialogues, évidemment, écrivez-les en entier.

137 - La didascalie est-elle plus que de l'information "situationnelle" ?

Exemple 1 : il court pour lui échapper.

Exemple 2 : hors d'haleine, il court, c'est avec rage qu'il veut lui échapper.

Les didascalies doivent être simples, précises et efficaces. En ce sens, votre première proposition est plus proche du vrai que la seconde.

AprèsA. La protection

138 - J'aimerais savoir dans quelle mesure un scénario est protégé.

Un scénario est protégé dès lors que vous le faites enregistrer par la SACD ou la SGDL. Mais attention, leur rôle n'est pas de vérifier que personne ne vous plagie ou ne vole vos idées. Leur enregistrement sert uniquement de preuve par rapport à la date du dépôt de l'oeuvre. Et le premier à avoir déposé un scénario est considéré, en cas de conflit, comme son réel auteur.

139 - Avant de présenter un scénario à un producteur, est-ce nécessaire de le déposer à une société de droit d'auteur ?

Oui, c'est impératif. C'est votre seule sécurité en cas de pillage de votre scénario. Cela étant, contrairement à ce qu'imaginent nombre d'auteurs, les vols de scénario sont rarissimes.

L'idéal est de vous adresser à des organismes tels :

* La S.A.C.D Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.9, rue Ballu 75009 PARISTél. : 01 40 23 44 44 ou 01 42 82 19 16

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* La S.G.D.L Société des Gens De Lettres.

38, rue du faubourg Saint-Jacques 75014 PARISTél. : 01 40 51 33 00

Ils vous indiqueront leurs tarifs pour la protection. Il est d'environ 50 euros pour 3 ans, quel que soit le nombre de pages de l'oeuvre.

140 - Concernant la protection d'un scénario, la méthode de la lettre recommandée marche-t-elle réellement ?

Elle n'est - à ma connaissance - pas reconnue juridiquement.

141 - Je souhaite vendre mon scénario à l'étranger. Comment faire pour le protéger ?

Pour ce qui est de la protection mondiale, j'ignore comment cela se passe dans le détail mais la SACD et la SGDL, qui s'en occupent pour la France, sauront certainement vous répondre. N'hésitez pas à les contacter.

142 - Est-il possible de protéger un synopsis ?

Tout dépend de sa longueur et de son contenu. Une idée n'est pas protégeable, quelle qu'elle soit. La question est alors de savoir à partir de quand un écrit peut l'être. En règle générale, plus votre synopsis s'approchera d'un traitement (histoire complète et assez détaillée) plus il sera protégeable. Mais il n'existe pas de vérité absolue à ce niveau.

143 - Je termine un scénario tiré d'un livre. Les producteurs peuvent-ils s'approprier mon idée et du même coup mon scénario ?

Nul ne pourra s'approprier votre idée... puisqu'elle ne vous appartient pas. En d'autres termes, n'importe qui peut se mettre d'accord avec l'auteur du livre et en acheter les droits sans que vous ne puissiez réclamer quoi que ce soit.

B. Les producteurs

144 - Quels sont les rôles respectifs du producteur et du réalisateur ?

Globalement, le producteur est responsable du financement du film et de sa faisabilité. Le réalisateur, lui, s'occupe du tournage. La réalité est un brin plus complexe, mais, schématiquement, c'est ainsi que cela se passe.

145 - Pouvez-vous m'indiquer la procédure pour qu'un scénario se termine en film ?

Il n'y a rien de plus facile. Une fois votre scénario achevé, envoyez-le à des producteurs. Vous ne pouvez objectivement rien faire de plus. Finalement, c'est l'étape la plus simple de tout le processus.

146 - Quels sont les critères fondamentaux qui donneront envie aux producteurs de continuer à lire un scénario après la dixième page ?

Souvent, la première des choses que vérifient les producteurs est qu'ils ont bien un scénario entre les mains, et non un roman ou une nouvelle. Ils partent du principe - juste - que qui

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ignore les règles d'écriture d'un scénario en ignore également la dramaturgie. Après, le producteur s'attache à voir si l'histoire ne s'éternise pas en prémisses. Le premier Noeud Dramatique Majeur devant apparaître dans les 10 ou 12 premières pages.

147 - A quelles adresses pourrais-je envoyer mon scénario ?

Aux producteurs susceptibles d'être intéressés par votre scénario. Pour cibler vos envois, je vous recommande de rechercher le nom des producteurs sur les génériques de films du même genre que le vôtre.

148 - J'aimerais envoyer mon scénario à Samuel Hadida, mais il m'est impossible de trouver son adresse. C'est pour cette raison que j'aimerais savoir s'il existe un site Internet répertoriant les adresses de producteurs voire les maisons de productions.

Généralement, les producteurs ne se cachent pas et se trouvent tout simplement dans l'annuaire. Par contre, ne confondez, pas dans vos recherches, "producteur" et "maison de production". Pour contacter Samuel Hadida, essayez d'écrire à www.metrofilms.com.

149 - Ne pensez-vous pas qu'on réussit dans ce métier avant tout par ses rencontres et ses connaissances ?

Le fait d'être pistonné ne sert strictement à rien dans le métier de scénariste. Personne ne misera plusieurs millions d'euros sur quelqu'un juste parce qu'il est le fils de telle ou telle célébrité. Par contre, il est indéniable que le fait d'avoir quelques entrées permet d'être lu plus rapidement et de trouver plus facilement à qui s'adresser. Mais cela ne va pas plus loin. Je puis vous l'affirmer.

150 - J'aurais aimé savoir de quelle manière s'adresser à une société de production. Faut-il envoyer un CV ?

Il n'y a pas de façon particulière de s'adresser à un producteur. La seule chose que vous ayez à faire est de lui envoyer votre scénario. Le CV, souvent, ne sert pas sauf, éventuellement, s'il est particulièrement fourni en références scénaristiques... mais même dans ce cas, c'est avant tout le scénario qui compte. Un producteur vérifiera la structure de votre scénario puis il jugera en fonction de ses goûts personnels et de la foi qu'il aura en l'éventuel succès du film.

151 - Y a-t-il besoin d'un diplôme pour envoyer un scénario à un producteur ?

Non. En tant que scénariste, vous ne postulez pas à un emploi. Vous proposez une oeuvre qui deviendra "produit" à quelqu'un dont le métier est (entre autres) de déceler la viabilité d'un projet. Aucun diplôme ne fait vendre un scénario.

Par contre, en prouvant que vous avez suivi des cours de dramaturgie scénaristique vous augmentez beaucoup vos chances. Mais cela, un producteur le remarque assez rapidement en lisant un scénario.

152 - Y a-t-il des agents pour scénaristes ?

Oui, il en existe mais à ma connaissance ils ne travaillent qu'avec des scénaristes reconnus. Rien pour les débutants donc.

153 - Comment savoir si un scénario est plus destiné au cinéma qu'à un unitaire télé ? Dans le doute, est-ce judicieux d'envoyer en parallèle aux producteurs de télévision et de

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cinéma le même scénario ?

Absolument. Même si certains codes différencient la façon d'aborder un scénario destiné à la télévision et un scénario destiné au cinéma, il s'avère que, souvent, un même script peut ouvrir sur les deux supports. Si vous hésitez, c'est certainement que le traitement de votre histoire peut correspondre aux deux. Dans ce cas, envoyez-le autant aux producteurs cinéma qu'aux producteurs télé.

154 - Comment construire un synopsis ?

Un synopsis se construit en fonction des événements majeurs de l'histoire. Ce sont eux que vous devez faire vivre et mettre en avant. Un synopsis, finalement, c'est un futur film que vous racontez. Et c'est ainsi qu'il doit être écrit. Les séquences ne doivent pas y figurer et les descriptions se limiter à l'essentiel. N'y ajoutez pas non plus de dialogue. Mais vous avez droit au discours indirect.

155 - Quelle doit être la longueur d'un synopsis de long métrage (les ouvrages divergent à ce sujet) et doit-on y révéler l'intégralité de l'histoire ? D'autre part, est-il préférable d'envoyer un synopsis à un producteur plutôt que le scénario achevé ?

Concernant le synopsis, il est vrai que les ouvrages divergent quant à sa longueur. Cela est dû au fait que rien n'a réellement été normalisé à ce sujet. C'est d'ailleurs pour cela que les organisateurs de concours de scénarios stipulent toujours le nombre de pages des synopsis à leur envoyer. Cependant, la pratique nous enseigne quotidiennement qu'un synopsis de long métrage, pour être suffisamment clair et probant sans sombrer dans la folie des détails, doit comporter de 7 à 15 pages.

Un synopsis, pour mériter ce nom, relate l'intégralité des événements majeurs de l'histoire. Si vous ne voulez pas en dévoiler la fin, il conviendrait plutôt d'écrire une forme de "pitch" (une page maximum) ou un "incitatif" (une ligne à deux pages) qui ressemble davantage à un outil marketing qu'à un résumé.

156 - Quelles règles sont communément admises concernant la constitution du dossier d'accompagnement d'un scénario ? Faut-il joindre une note d'intention ? Cet exercice se décline-t-il différemment selon que l'on répond à un concours, une demande d'aide ou que l'on adresse un scénario à une production ?

Il n'existe malheureusement pas de règle absolue. La note d'intention n'est pas obligatoire, sauf lorsqu'elle est demandée pour un concours.

157 - Que doit contenir précisément la note d'intention ?

Pour ce qui est de la note d'intention, sa destination originelle est de laisser place à l'auteur pour s'épancher quant aux mobiles variés de son écriture. C'est là qu'il expliquera pourquoi son histoire lui tient tant à coeur, quel lien elle a avec son vécu, etc. Mais bien des scénarios sont écrits simplement par "jeu". Parce que l'auteur pense avoir une réelle bonne idée de film, sans avoir pour autant d'autre intention que de distraire le public. C'est pourquoi le fait d'exiger une note d'intention me semble aberrant. Les producteurs, d'ailleurs, ne l'exigent jamais.

158 - Envoyer aux producteurs un synopsis d'une dizaine de pages avec note d'intention (projet à destination cinéma), est-ce une démarche efficace, ou bien les producteurs ne lisent-ils que les continuités dialoguées ?

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Non, les producteurs ne lisent pas que les continuités. Par contre, dans certains genres, comme la comédie, il est parfois plus facile de se faire entendre avec une continuité dialoguée puisqu'elle vous permet de mieux faire passer la veine comique (situation, dialogues, etc.)

159 - Quelles règles essentielles sont à respecter pour l'écriture d'un traitement ? Doit-on bannir tout dialogue ?

Un traitement est une version très complète de votre histoire. Mais sans dialogue. Par contre, vous avez droit au discours indirect : " il dit que... elle répond que... "

160 - Est-il possible de vendre une idée ?

Sauf rarissime exception, il est impossible de vendre une idée. Ce qu'attend un producteur, c'est un traitement donc une idée développée.

161 - Puis-je envoyer un scénario de 8 pages écrites à la main ?

N'envoyez jamais rien de manuscrit. Personne ne vous lira. Ensuite, le nombre de pages, tel que vous le formulez, n'est pas un critère en soi. S'agit-il d'un scénario ou d'un synopsis, pour long ou court métrage ?

162 - Peut-on envoyer aux producteurs une histoire sous forme de nouvelle plutôt que sous forme de scénario ? Autrement dit, si l'histoire accroche, le producteur peut-il prendre l'initiative d'en faire écrire le scénario par un scénariste de son choix ?

Tout est possible, mais vos chances d'être lu sont assez minces. Essayez au moins de transformer votre nouvelle en synopsis ou, mieux, en traitement.

163 - J'ai écrit un roman policier qui a la chance d'être édité. Est-il envisageable qu'un producteur le lise tel quel et en propose éventuellement une adaptation ? Faut-il nécessairement envoyer un scénario à un producteur ?

La règle, effectivement, voudrait que vous fassiez parvenir un scénario à un producteur. Cela étant, si votre roman connaît un réel succès en librairie, il reste possible qu'un producteur s'y intéresse.

164 - Vaut-il mieux envoyer à une production un traitement ou un scénario ? Les avis divergent sur cette question.

Et les avis continueront à diverger. Il n'y a pas de réponse exacte ou sûre à votre question. La seule recommandation que je puis vous faire est de vérifier au préalable si votre intrigue est plus ou moins intéressante avec ou sans ses dialogues. Pour une comédie, par exemple, un scénario complet me semble idéal à envoyer. Pour une intrigue policière, cela est moins vrai.

165 - Peut-on envoyer un synopsis à plusieurs sociétés de production par Internet ?

Non. Vous ne seriez pas lu. Internet est un outil réservé à la communication entre tiers se connaissant déjà et ayant convenu par avance de dialoguer par ce truchement.

166 - Doit-on envoyer le même scénario à plusieurs producteurs en même temps ?

Cette question est très délicate. Légitimement, personne ne peut vous en vouloir de tenter

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votre chance auprès de plusieurs producteurs en même temps. Cela étant, il est vrai aussi que les producteurs intéressés par un projet n'aiment souvent pas que celui-ci ait trop circulé. Par ailleurs, n'oubliez pas qu'il peut être intéressant d'avoir le retour - même négatif - d'un premier producteur afin de voir ce qui ne lui a pas plu et, le cas échéant, de retravailler votre scénario avant de l'envoyer à une autre production.

167 - J'écris un scénario de film qui pourrait être décomposé en 3 longs métrages type "Le seigneur des anneaux". Pour présenter mon projet à une maison de production, faut-il que j'envoie les 3 synopsis ou dois-je n'en envoyer qu'un et attendre une réponse favorable pour envoyer les autres ?

Le problème sous-jacent de votre question est celui de "l'ambition" du projet. Cela ne signifie pas qu'il soit infaisable. Ne le connaissant pas, je ne puis juger, ni préjuger de rien. Cependant, plus une oeuvre exige de moyens, de temps et de développement, plus il devient complexe de la placer. Mon avis serait d'envoyer le scénario du premier volet de votre histoire en lui joignant le synopsis des deux épisodes suivants.

168 - Quel est le profil des producteurs susceptibles d'être intéressés par un pool d'auteurs ?

Si les producteurs sont, pour la plupart, assez ouverts à la notion de pool, il ne faut pas oublier que ce qu'ils jugent avant tout, c'est un projet. Après, que vous soyez seul ou quinze à l'écrire, cela ne joue pas dans leur décision.

169 - J'aimerais savoir si les scénarios écrits en français sont acceptés par les producteurs américains.

Écrire pour le cinéma américain est certainement l'un des fantasmes que je retrouve le plus régulièrement chez les auteurs. Et je constate souvent, en lisant le scénario, que rien ne justifie une production américaine. Sans chauvinisme aucun, il faut savoir qu'en France nous possédons tous les outils, toutes les structures et tous les savoir-faire permettant d'obtenir les mêmes résultats qu'aux États-Unis. Le seul problème, si problème il y a, concerne les oeuvres de science-fiction. Non pas qu'elles soient impossibles à réaliser en France (les Américains se servent d'ailleurs souvent de nos studios) mais le public exige qu'un film de science-fiction soit estampillé américain pour se rendre en nombre dans les salles.

Pour en revenir plus directement à votre question, je pense effectivement que pour s'adresser à des producteurs américains, il est réellement préférable de s'adresser à eux dans leur langue. Mais là encore, il n'y a pas de vérité absolue. Des contre exemples doivent exister, mais ils ne font que confirmer la règle.

170 - J'ai écrit un livre que j'ai pratiquement vendu aux U.S.A. Où proposer mes autres synopsis adaptables seulement en France ? Je précise que mes affirmations ne sont ni des illusions, ni des spéculations.

Je ne doute pas une seconde de votre bonne foi. Cependant, tout un monde existe entre "pratiquement vendre" et "encaisser un chèque". Et c'est dans cette nuance, je crois, que se trouve tout l'intérêt de votre question. Ne pas prendre pour vessies ce qui ressemble à des lanternes doit être l'un des premiers préceptes de tout scénariste.

Concernant vos synopsis "seulement adaptables en France", il me semble que vous mettez ici une restriction qui ne devrait pas avoir lieu d'être. Pourquoi la France, et donc les Français, seraient seuls au monde à accepter vos idées ? La dramaturgie générale a pour règle d'or de se

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vouloir universelle.

Pour répondre plus précisément à votre question, vos synopsis doivent être proposés à des producteurs. Mais ne leur dites pas qu'ils ne concernent que la France.

171 - Je suis algérien et j'ai écrit plusieurs scénarios. Je désire les soumettre à des organismes français. Que dois-je faire ?

Plusieurs organismes, en France, doivent s'occuper des liens France-Algérie, ou plus généralement France-Afrique. Je ne les connais malheureusement pas tous. Par contre, et il s'agit du plus important, je vous conseille de contacter le CNC à la Direction des affaires européennes et internationales

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172 - Si l'on connaît un réalisateur pour produire son film, est-on obligé de passer par un producteur ?

Attention. L'énoncé même de votre question est antinomique. Un réalisateur ne produit pas de film, il le réalise. Cependant, si vous connaissez un réalisateur intéressé par votre projet, précisez-le aux producteurs lors de votre démarche. Mais, invariablement, il vous faut trouver un producteur.

173 - Quand un réalisateur travaille régulièrement avec un producteur, ne vaut-il pas mieux envoyer le scénario directement au réalisateur ?

Surtout pas. Les réalisateurs qui ont pignon sur rue et porte ouverte chez le même producteur depuis vingt ans, ont également des scénaristes avec lesquels ils ont l'habitude de travailler. Bien entendu, tout est possible, mais il est toujours plus complexe d'arriver à destination en prenant les routes dans le mauvais sens.

174 - Lorsqu'on écrit un scénario en pensant à certains acteurs, vaut-il mieux les contacter avant de s'adresser aux producteurs ?

Il existe en France une notion qui nous vient des Etats-Unis. Il s'agit de celle d'acteurs dits "bancables". C'est à dire qui à eux seuls assurent le succès commercial d'un film (ou presque). Je citerais Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze, etc. Mais, sauf d'obtenir l'accord de l'un d'eux, l'idéal est de passer d'abord par le producteur. C'est la voie la plus naturelle.

175 - J'ai adressé mon scénario à deux acteurs connus qui sont vivement intéressés par les deux rôles principaux. Dois-je le préciser au producteur ? Aurais-je dû trouver le producteur avant les acteurs ?

Il est vrai que vous avez effectué vos démarches en sens contraire du parcours habituel d'un projet. Mais, si vos deux acteurs sont réellement très connus, cela pourra toujours être un atout.

176 - J'écris actuellement un scénario d'anticipation - action sur l'art. Pourriez-vous me donner des conseils pour joindre des producteurs susceptibles de lire mon synopsis ?

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A ce type de question, mon conseil sera toujours le même : allez-y au feeling. Envoyez votre scénario à des producteurs dont vous avez apprécié les derniers films. Et, si possible, expliquez-leur pourquoi vous leur accordez votre confiance et en quoi vous avez aimé leurs dernières productions (mais sans en rajouter dans la pommade).

177 - J'ai écrit un roman de science-fiction ; est-il préférable d'essayer de le faire éditer avant de chercher à écrire le scénario ou l'inverse ?

Il n'y a pas de règle. Sachez simplement que la science fiction, à ne pas confondre avec le fantastique, est assez difficile à produire en France.

178 - J'ai déjà écrit 215 pages comprenant 245 séquences et je n'en suis qu'a la moitié du scénario. Le film commence avec une longue séquence, agrémentée d'une voix off qui présente les personnages et raconte de petites anecdotes. Vu la durée habituelle des scénarios, ne suis-je pas entrain de perdre mon temps ?

L'invendable pur n'existe pas. Disons qu'il y a des parcours plus aisés que d'autres. Après, tout dépend de la qualité de votre travail. Il est évident que votre récit paraîtra trop long. Pour mille raisons, notamment les goûts du public et les problèmes d'exploitation en salle, il est rare qu'une oeuvre, hors blockbuster, dure plus de deux heures. A moins de faire "Titanic" !

179 - Certains producteurs se limitent-ils à un seul genre de films ?

Chaque producteur a son fonctionnement et il est dangereux de vouloir en tirer des généralités. Il y a ceux qui se cantonnent à un seul et unique genre et ceux qui veulent placer leurs pions dans tous. L'idéal, pour savoir à qui envoyer votre scénario, reste tout de même de puiser dans le vivier de ceux qui ont déjà travaillé pour des films de même genre. Cependant, cela n'empêchera pas d'autres producteurs de vouloir se renouveler.

180 - Nous avons écrit un scénario fantastique qui a l'air très coûteux. A-t-il un espoir de séduire un producteur en France alors que c'est notre premier film ?

A la limite, si vous m'aviez parlé de votre projet avant de commencer son écriture, je vous aurais conseillé de partir sur quelque chose de plus simple à produire. Mais, maintenant que c'est fait, ne suivez plus aucun conseil démoralisant et foncez, foncez, foncez ! L'histoire du cinéma est, fort heureusement, faite de contre exemples.

181 - Ecrire un "film d'auteur" quand on n'est ni réalisateur, ni producteur, relève de l'exploit. Mon scénario est traité comme tel. Je sais que c'est un bon sujet et qu'il mériterait d'être travaillé. Comment faire ?

Le film d'auteur possède un statut très particulier en France. Autant nous adorons nous targuer de notre exception culturelle, autant les chemins permettant aux auteurs en marge de s'exprimer, s'avèrent paradoxalement étroits. Non pas que je veuille pourfendre le système français - il reste objectivement le meilleur au monde dans ce domaine - mais il est indéniable qu'une forme d'hypocrisie tend à s'installer, perfidement, à l'égard du film intimiste. Passé ce préambule, venons-en à des choses plus concrètes. Pour réussir à faire votre film, je ne vois d'autre solution que de le réaliser vous-même. C'est un peu le passage obligé, bien qu'absurde, pour un film d'auteur. En fait, en France, film d'auteur implique obligatoirement la notion de scénariste-réalisateur. Ce qui est une aberration, tant les deux métiers sont différents et ne font pas appel aux mêmes qualités artistiques.

Eventuellement, vous pouvez demander une "avance sur écriture" au CNC puis, l'ayant

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obtenue, expliquer votre situation à un producteur. Mais plus simple serait d'écrire un court métrage, éventuellement en lien avec votre long, de le présenter à un producteur, de le tourner vous-même pour devenir ensuite le propre réalisateur de votre long métrage. Je sais, ce n'est pas très simple, mais dites-vous bien que ce qui est souvent le plus décourageant est d'imaginer le chemin à parcourir, alors qu'il s'agit en fait d'aligner les pas un à un. Courage. Vous y arriverez !

182 - J'ai écrit un scénario de film d'horreur à sketch, ce qui est déconseillé pour un débutant. Dans ce cas, dois-je le mettre de côté pour le moment et le proposer par la suite ?

Concernant votre scénario, puisqu'il est déjà écrit, n'attendez pas et tentez votre chance. Rien ne vous empêche par ailleurs, d'en écrire un second dans un genre plus facilement "vendable".

183 - Les productions françaises étant assez frileuses pour les scénarios de type "thriller surnaturel", j'aimerais savoir si l'Espagne était un endroit plus accessible ?

Sincèrement, je ne le pense pas. Et l'exemple d'Amenabar avec "ouvre les yeux" sert de trompe l'oeil... si je puis dire.

184 - Un producteur est particulièrement intéressé par un scénario reçu par la poste. Il contacte le scénariste, mais ne donne plus de nouvelles pendant 4 mois. Le scénariste doit-il récupérer son manuscrit ?

Passé 4 mois, je pense effectivement que le producteur doit vous donner une réponse claire. N'hésitez pas à le contacter pour savoir ce qu'il compte faire de votre oeuvre.

185 - Que pensez-vous des sites américains qui mettent à disposition des scripts aux producteurs moyennant finance (par exemples inktip.com ou scriptsales.com) ?

Franchement, je parle sans savoir, mais personnellement, je me méfierais plutôt de la mise à disposition de scénarios sur Internet.

186 - J'ai écrit un roman de nouvelles et l'une suscite des propositions de plusieurs grandes maisons de productions (U.S.A et France). Comment faire pour ne pas me perdre ?

Dans ce cadre là, faites-vous envoyer des propositions de contrat et prenez conseil auprès d'un juriste.

C. L'argent

187 - Quel est le prix de vente moyen d'un premier scénario de long métrage pour le cinéma (90') ?

Il est difficile de donner une fourchette, mais 20 000 à 25 000 euros correspond à ce qui se pratique généralement.

188 - Le prix de vente d'un scénario, entre 20 000 et 38 000 euros, n'est-il pas faible, comparé au travail que demande l'écriture d'un scénario ?

En apparence, peut-être. Mais il est erroné de calculer en ne tenant compte que de ces chiffres.

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N'oubliez pas qu'en plus de la vente de votre scénario (qui n'est d'ailleurs pas une vente à proprement parler, mais un droit d'exploitation que vous cédez) vous touchez des droits d'auteurs. Ceux-ci vous sont dus sur les places de cinéma, les passages télé de votre film ou téléfilm, les bénéfices faits à l'étranger et, le cas échéant, sur tous les produits dérivés afférents à votre oeuvre.

189 - A combien sont fixés en moyenne les droits d'auteurs sur un ticket de cinéma à 8 euros, ainsi que sur les autres moyens de diffusion ?

Les pourcentages sur les droits d'entrée et autres diffusions sont infiniment variables et dépendent de deux critères : les modalités du contrat signé entre le producteur et l'auteur ainsi que la notoriété de ce dernier. Pour vous donner une fourchette approximative, cela peut aller de 3 à 8 % des bénéfices... à peu près.

190 - Quel est le prix de vente d'un scénario aux USA ?

Aux États-Unis, la fourchette de vente d'un scénario va de 1 dollar US à 10 millions de dollars US. Leur fonctionnement est très différent du nôtre et se base intégralement sur une économie de marché, prenant principalement en compte la loi de l'offre et de la demande.

191 - A combien se négocie un synopsis ?

Un synopsis, en soi, ne se vend pas, ou rarement. Une fois qu'un producteur l'accepte, c'est pour vous demander d'écrire le scénario complet. Cette étape ultime est payée, mais pas toujours au même tarif et, surtout, pas toujours avec les mêmes échelonnements quant au paiement. Tout est très variable.

192 - Je voudrais savoir quels sont les bénéfices moyens d'un film pour la production et quel est le salaire moyen d'un producteur (en France et en Amérique) ?

Il n'existe malheureusement aucune autre réponse que celle consistant à dire que tout dépend du succès du film produit. En France ou aux États-Unis, nous sommes dans une économie de marché et c'est le marché qui décide de tout cela.

D. Les concours et aides

193 - Quels concours de scénarios sont les plus intéressants ?

Déontologiquement, je ne puis me permettre de porter un avis sur tel ou tel concours.

194 - Pour faire connaître son travail, vaut-il mieux participer à des concours ou envoyer son scénario directement aux maisons de production ?

Dans les concours, il y a de tout. Certains sont infiniment honnêtes et proposent de véritables aides aux auteurs, tandis que d'autres flirtent allègrement avec l'escroquerie. Surtout, avant de participer à un concours, étudiez-en bien les modalités. S'il est stipulé que le lauréat cède ses droits en échange d'un Premier prix et d'un chèque de 2000 euros, c'est de l'escroquerie. N'oubliez pas que le prix de vente d'un scénario (hors droits d'auteurs) est de 20 000 à 25 000 euros pour un débutant. L'idéal est de participer aux concours les plus honnêtes tout en envoyant votre scénario à des producteurs. Finalement, l'un n'empêche pas l'autre.

195 - Je vais participer à un concours d'entrée dans une école de scénariste mais je

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n'aurai pas le temps de finir mes recherches historiques. Pensez-vous que je puisse simplement mettre une petite note en fin de scénario en précisant que quelques détails historiques restent à vérifier ?

Je vous déconseille de joindre une note qui, bien que très honnête, pourrait vous desservir. Dites-vous bien que ceux qui vous liront en sauront sûrement moins que vous sur le sujet que vous traitez.

196 - Vous dites que le monde manque de scénaristes. Pourtant, à chaque concours, je me heurte à une concurrence sévère. N'est-ce pas paradoxal ?

Vous confondez concours et production, tout comme vous confondez auteur et scénariste.

Ayant eu le loisir d'être juré pour plusieurs concours, je puis vous garantir que dans toute la littérature que nous recevons, rares sont les histoires écrites réellement sous forme de scénario. S'il est vrai qu'un scénariste est obligatoirement un auteur, l'inverse est loin d'être vrai. Peu d'auteurs sont scénaristes.

Ainsi, si les concours sont submergés d'envois d'histoires, au même titre que les maisons de productions d'ailleurs, il reste vrai que nous manquons de réels scénaristes en France... pas d'auteurs livresques, de scénaristes !

197 - Je souhaiterais participer à un concours, seulement je crains qu'une histoire de deux adolescents écrite par une adolescente (17ans), n'intéresse pas. Qu'en pensez-vous ?

S'il y a une chose dont les producteurs se moquent, c'est bien de l'état civil de leurs auteurs. On peut être très mature et très doué à 17 ans, et très immature à 60. Seul votre projet sera jugé. Pas vous.

198 - Puis-je proposer un même scénario à différents concours et/ou bourses d'aide à l'écriture s'ils ont lieu au même moment ? Cela peut-il jouer contre moi ?

Tant que vous n'avez signé aucun contrat d'exclusivité avec quiconque, votre scénario vous appartient pleinement et vous pouvez en faire ce que vous voulez. Et ce ne serait pas la première fois qu'un même scénario remporte plusieurs prix. N'hésitez pas.

199 - Auprès de quels organismes ou fondations peut-on espérer obtenir des aides financières lors de l'écriture d'un scénario ?

Les aides à l'écriture sont dispensées par le CNC. Mais attention, il est indispensable que votre projet soit soutenu par un producteur.

La variété des genresA. Différents styles de scénarios

1. Le court métrage

200 - A quoi sert un court métrage ?

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Le court métrage est surtout une école (indispensable) aux réalisateurs. Par contre, en tant que scénariste, vous ne prouverez pas grand chose dans ce domaine. En effet, entre avoir une idée fulgurante, absolument géniale, et gérer toute une dramaturgie, des personnages et plusieurs fils narratifs sur 90 minutes, il y a un monde.

201 - L'écriture du court métrage est-elle différente de celle du long métrage ? Combien de noeuds dramatiques, quelle longueur pour l'exposition,... ?

Le court métrage a cela de particulier qu'aucune règle ne lui est imposée, contrairement au long. Cependant, si vous désirez avoir une histoire réellement construite, vous pouvez vous servir du schéma dramatique du long métrage.

Un 90 minutes se décompose en :

15 min. de prémisses = 1/6 de l'ensemble,60 min. de développement = 4/6 de l'ensemble,15 min. de dénouement = 1/6 de l'ensemble.

Un court métrage peut conserver ce rapport.Ainsi, pour 12 minutes, vous obtenez :

2 min. de prémisses = 1/6 de l'ensemble,8 min. de développement = 4/6 de l'ensemble,2 min. de dénouement = 1/6 de l'ensemble.

Dans ce cadre-là, je vous conseille également de respecter la règle des 3 NDM

202 - Je viens d'achever l'écriture d'un moyen métrage de 30 pages et je me doute que c'est peu, pourtant je ne sais quelle séquence appuyer, alourdir ou au contraire survoler. Comment le faire lire par des gens qui pourront m'aider dans l'avancement de mon projet ?

Depuis maintenant un peu plus de deux ans, le moyen métrage n'existe plus.

On parle de court métrage pour un film allant de 1 à 60 minutes. Et de long métrage au-delà.

Selon moi, vous avez tort de raisonner en terme de temps. Pensez uniquement à la justesse de votre scénario. Peu importe le nombre de pages et peu importe que votre film fasse 20 ou 35 minutes. Une fois que le résultat vous semble correspondre à votre intention, envoyez-le à des producteurs de courts métrages.

203 - Peut-il n'y avoir dans un scénario court métrage qu'une seule séquence ?

Absolument. Simplement, plus vous approchez des 59 minutes, plus il vous sera difficile de tenir en une séquence.

204 - Quelle différence y a-t-il entre un scénario de court métrage et une sitcom ?

Les deux n'ont strictement rien à voir. Un scénario de court métrage est une oeuvre fictionnelle à part entière, créée totalement par son auteur, sans aucune contrainte à l'instant de l'écriture.

Page 41: Le scénario de nos jours

Le scénario de sitcom répond à une bible très précise, avec des personnages, des lieux et des situations imposés.

205 - Les adaptations de romans sont commandées par les producteurs et donc un auteur ne doit pas décider lui-même d'en adapter un. Est-ce qu'il en va de même pour les adaptations de nouvelles en court métrage ? Un auteur peut-il demander à un producteur de racheter les droits d'un livre pour pouvoir l'adapter ?

Tout est toujours possible, mais je n'y crois guère. N'oubliez pas que le court métrage est avant tout une école de réalisation, pas de scénario. Et que les courts métrages ne sont que rarement rentables. Si bien que j'imagine mal un producteur acquérir les droits d'un livre pour ce format. Mais surtout, dites-vous bien qu'il vous sera très difficile de vous faire passer pour auteur si vous ne parvenez pas imaginer une histoire de court métrage.

206 - Sur quels sites puis-je déposer un scénario de court métrage en ligne afin qu'il soit lu et critiqué par des lecteurs amateurs ou professionnels ?

Sans vouloir porter atteinte à aucun site, je décommande vivement de déposer des scripts sur Internet. De toute façon, les professionnels n'iront pas vous lire sur le web. Et les critiques des amateurs ne vous éclaireront pas forcément. Selon moi, il n'y a pas mieux pour se faire voler une idée que de la diffuser sur Internet. Si vous voulez un avis professionnel sur votre travail, choisissez plutôt de le faire parvenir à des producteurs... Et puis... Sait-on jamais... Cela peut porter ses fruits.

207 - Peut-on vendre un scénario de court métrage ?

Non. Sauf exception rarissime. Le court métrage est avant tout une école de réalisation. Ainsi, il sera toujours demandé au réalisateur d'écrire son propre scénario afin de le mettre en scène. Par ailleurs, le court métrage n'est pas réellement une oeuvre permettant au producteur de générer beaucoup de bénéfices. C'est pourquoi, sur les tournages de court métrage, il est fréquent que l'équipe ne soit pas ou peu rémunérée.

208 - Je voudrais proposer un court métrage à des maisons de production. Mais celles-ci ne répondant qu'à des règles de rentabilité, dans quelles mesures sont-elles capables d'accepter de me produire ?

Détrompez-vous. Les courts métrages ne doivent pas forcément être rentables pour être produits. Ce n'est pas leur vocation première. Souvent, les producteurs acceptent des courts venant de réalisateurs qu'ils jugent talentueux et ayant un projet viable de long métrage.

209 - Existe-t-il un type de lettre pour une demande de production de court métrage ?

Non, la lettre d'accompagnement n'a aucune importance. Seuls la qualité de votre scénario et votre contact avec le producteur (notamment quant à la réalisation) permettront, ou non, d'emporter la décision.

210 - Pensez-vous qu'il soit possible de proposer un scénario pour un court métrage à un réalisateur sans passer par un producteur ?

La réponse à votre question est clairement négative. Il ne faut pas oublier que le court métrage est avant tout une école pour les réalisateurs débutants. Et, dans ce cadre-là, les débutants écrivent eux-mêmes leur histoire.

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211 - J'ai écrit deux scénarios de courts. Faut-il que je fasse un choix et que je n'en présente qu'un à la fois au producteur ou, en ayant testé mon interlocuteur au préalable, lui présenter les deux ?

Il n'y a pas de règle absolue dans ce domaine. Cependant, je pense qu'il est difficile de soutenir deux projets auprès de la même personne. L'idéal, selon moi, est de faire un choix. Mais une fois encore, je ne détiens aucune vérité à ce sujet.

212 - J'ai écrit un scénario de long puis un de court métrage, est-ce un problème ?

Vous êtes libre d'écrire ce que vous voulez, quand vous le voulez, dans l'ordre que vous voulez. Simplement, ne tentez pas de vendre deux projets en même temps à un même producteur.

213 - Ayant pour projet d'intégrer la Fémis, pensez-vous qu'il est préférable que je patiente avant de démarcher les producteurs, pour en apprendre un peu plus sur les techniques de réalisation, ou puis-je d'ores et déjà leur proposer mon scénario de court métrage ?

L'un n'empêche pas l'autre. Personne à la Fémis ne vous en voudra d'avoir réalisé un premier court métrage. Et aucun producteur ne vous tiendra rigueur du fait de vouloir entrer à la Fémis.

214 - Pourquoi les scénarios de courts métrages ne sont pas rémunérés mis à part le pourcentage infime sur les éventuelles recettes du producteur ?

Le cinéma coûte cher. Il s'agit d'une industrie de l'Art et personne ne va miser des millions d'euros en sachant qu'il ne rentrera pas dans ses frais. Pour ce qui est du court métrage, les producteurs le prennent davantage pour un investissement permettant à un jeune réalisateur de se faire la main. Pour le scénario, la donne diffère. En effet, si le court métrage est une excellente et incontournable école de réalisation, il ne prouve rien au niveau du scénario. La dramaturgie y est trop succincte.

2. Les fictions TV, séries et sitcoms

215 - La bible doit-elle suivre un canevas précis ? Les personnages et lieux doivent-ils être particulièrement connotés ou peuvent-ils être banals ?

Toute bible, quel qu'en soit le support (animation ou films) se doit d'être très précise sans jamais être gratuite. Tous les éléments concernant les personnages, les lieux, le temps, les situations, etc. doivent s'y trouver de façon précise et objectivement indispensable. Le but, la finalité d'une bible est de permettre à n'importe quel auteur de s'y retrouver de façon suffisamment limpide pour pouvoir écrire un épisode.

Concernant les personnages, communs ou connotés, il est vrai que plus ils sortiront de l'ordinaire tout en restant "identifiants", plus vous aurez de chance d'accrocher le public et, avant lui, producteurs et diffuseurs.

216 - J'ai écrit la bible d'une comédie qui décrit précisément l'élément déclencheur que contient le premier épisode vers les épisodes suivants. Toutefois, ce premier épisode est loin d'être achevé.

Puis-je d'ores et déjà proposer ma bible à un producteur ou est-ce prendre un risque ?

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On m'a dit que toute bible dont le premier épisode n'est pas développé peut être proposée par une production à un scénariste, qui devient alors co-auteur d'office, même sans l'accord de l'auteur de la bible. Qu'en est-il ?

Pour que votre bible soit digne de ce nom, il vous faut (entre autres) en écrire le premier épisode et le pitch des 10 épisodes suivants. Ne serait-ce que pour en donner le ton et en prouver la récurrence.

Concernant l'adjonction d'un co-auteur, il est vrai que cela est souvent proposé, mais à partir du moment où vous êtes dépositaire des droits, rien ne peut se faire sans votre accord.

217 - Où se procurer la bible de téléfilms ou séries ?

Les bibles se trouvent chez les producteurs. Mais attention, ils n'aiment pas les faire lire. Ils partent du principe que le meilleur moyen de saisir une série est de la regarder.

218 - Selon vous, à la question : " à qui s'adresse mon scénario ", il n'y a qu'une réponse possible : " à ceux qui aimeront le film ! ", revenant à dire que la fiction doit s'adresser à tout le monde. Mais n'est-ce pas limiter le scénario au cinéma, en excluant la télévision et l'importance des annonceurs ? Par exemple, qu'en est-il d'une série animée dont une cible précise (ex : 8-12 ans, au lieu d'un projet qui pourrait réunir les 4-18 ans) est le plus souvent recherchée par les sociétés de production et plus encore par la télévision ?

Lorsque je prétends que votre scénario s'adresse d'abord à ceux qui aimeront le film, il s'agit en fait d'expliquer qu'avant d'écrire, il faut savoir à qui l'on désire s'adresser. La réponse à cette question peut aussi bien être "les petits garçons de 8-12 ans", que "tous les publics, de tous âges". Et cela ne se limite aucunement au cinéma. Lorsque vous écrivez pour la télévision vous devez vous poser réellement les mêmes questions.

219 - Est-il possible d'être embauché par une chaîne de télévision pour travailler comme scénariste ?

En France, les scénaristes sont toujours indépendants. Libre à eux de se former en pool d'auteurs, mais il faut savoir que ni les chaînes, ni les producteurs n'emploient de scénaristes.

220 - Lors de l'écriture d'une sitcom, y a-t-il une présentation particulière de la continuité dialoguée ?

A moins que la production ait des exigences particulières, il convient d'écrire une sitcom comme n'importe quel autre scénario.

221 - Je travaille sur une fiction de 90' pour la télé. Mon idée est de découper le film en séquences de 2' maximum, est-ce efficace ?

Des séquences de 2' risquent de paraître un peu longues pour la télévision. En règle générale, un téléfilm comprend de 80 à 100 séquences... mais il y a des exceptions, bien entendu.

222 - Je n'arrive pas à trouver d'ouvrage ou de sites Internet qui traite de l'écriture de série télé (format 52 min). Pouvez-vous me renseigner ?

Je ne connais pas de site Internet ou d'ouvrage spécialisé dans la série télé. Toutefois, si vous voulez faire partie des auteurs d'une série, l'idéal est encore de s'adresser au producteur s'en occupant afin de savoir s'il recherche éventuellement des auteurs. Il est souvent risqué de

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s'aventurer dans l'écriture de ce genre de scénario sans savoir au préalable si la demande existe au niveau de la production.

223 - J'ai deux projets de scénarios de téléfilm, j'aimerais savoir comment approcher les chaînes de télévision ou les producteurs.

Le plus simplement du monde, en leur envoyant votre scénario. Mais attention, il vous faut faire un choix préalable. N'envoyez pas votre scénario en même temps aux chaînes et aux producteurs.

224 - Pour la présentation d'un projet de série TV, que faut-il avoir, outre la bible, plus le synopsis et la continuité dialoguée de l'épisode pilote ? Est-il utile de présenter des traitements d'un ou deux épisodes ? Accompagner son projet de supports graphiques ou audio est-il une bonne idée quand on présente une histoire se passant dans un univers décalé (histoire de se mettre dans l'ambiance et de se démarquer) ?

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de travailler le traitement (20 à 30 pages) d'un ou deux autres épisodes. Par contre, envoyez le pitch (10 à 15 lignes) des 5 ou 10 épisodes suivants.

L'adjonction de supports graphiques ou audio ne me paraît pas utile dans un premier temps. A la limite, spécifiez au producteur que vous les tenez à sa disposition, mais ne le submergez pas de documents.

225 - Je voudrais écrire une fiction de 90' pour la télévision case samedi soir France 3. Quelle est la marche à suivre ?

Assurez-vous que l'histoire correspond réellement aux critères de la grille de programme que vous visez.

226 - J'écris une série au sujet d'une fille qui a grandi en Colombie, qui vient passer sa terminale à LA et qui va vivre chez son oncle. C'est un mélange de Friends et de Dawson. Pensez-vous que ce projet peut accrocher les gens ?

N'étant pas producteur et moins encore diffuseur, il me sera difficile de répondre à votre question avec certitude. Cependant, je crains que si votre action se situe à L.A vous n'intéresserez pas les productions françaises. En effet, les Américains savent très bien faire des séries américaines. N'allons pas les copier. Le problème est qu'en voulant faire du Friends, on fera invariablement du "sous Friends". Ce n'est pas notre vocation.

227 - Si un synopsis de 3 pages pour une fiction télé intéresse un producteur ou une chaîne, sont-ils à même de choisir un auteur qui travaille avec eux pour écrire le scénario ? Quelle serait la possible intervention de l'auteur du synopsis dans l'écriture du scénario ? Comment sont répartis les droits d'auteurs ?

Votre question est assez complexe dans la mesure où vous ne prenez pas forcément les choses par le bon bout. Franchement, il est rarissime qu'un synopsis de trois pages, venant d'un auteur inconnu, puisse donner lieu à une fiction télé. Cela peut surprendre, mais les producteurs ne sont pas réellement à la recherche d'idées unitaires. Tout le monde en a. Le problème, la difficulté, c'est le traitement. La façon dont l'idée sera développée.

Après, si l'on vous adjoint un co-auteur, il n'y a pas de règle spécifique. Le partage des droits se discute au préalable jusqu'à obtenir un accord de chacune des parties.

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228 - Combien un scénariste peut-il négocier la conception (idée, bible et synopsis) d'une série TV ou d'une sitcom ?

Sincèrement, vous placez la charrue avant les boeufs. Cependant, pour répondre à votre question, sachez qu'il n'y a pas de prix fixé pour ce genre d'oeuvre.

A qui vendez-vous ? TF1 ou ARTE ? Et puis, à quel point votre projet est-il "indispensable" à la grille du diffuseur éventuellement prêt à acheter votre travail ?

Les règles du marché audiovisuel sont exactement les mêmes que celles de n'importe quel autre marché. Il s'agit de l'éternel combat de l'offre et de la demande.

Le seul conseil que je puis vous donner est de ne pas raisonner qu'en matière de finance, mais aussi en matière d'opportunité. Vendre une série à un diffuseur, c'est toujours, forcément, bénéfique.

Pour répondre définitivement à votre question, je ne vois qu'une autre question : à combien vous estimez-vous ?

229 - Que peut espérer le scénariste d'un téléfilm ?

Là encore, tout dépend. TF1 vous paiera davantage qu'ARTE. Par ailleurs, un scénario ne se vend pas à la page mais à la "destination" et à la minute de diffusion. Téléfilm en prime time ? Sitcom ? Les tarifs ne sont pas les mêmes. Disons, globalement, qu'un prime time TF1 de 90 minutes se monnaie aux environs de 20 000 euros auxquels s'ajoutent les droits d'auteur après diffusion, rediffusion et vente à l'étranger (Europe en général).

230 - Actuellement, je travaille sur le synopsis d'une fiction historique pour la TV qui exige un important travail de documentation. En conséquence, est-il correct de demander un peu plus pour l'importance du travail fourni ?

A partir du moment où rien ne vous a été commandé, vous ne pourrez exiger quelque supplément que ce soit et ce, quel que fut votre investissement préalable. Il faut comprendre que si votre scénario intéresse un producteur, c'est en tant que produit fini. Et peu importe le temps et le travail qu'il a exigé.

231 - Pouvez-vous me donner le salaire moyen d'un scénariste qui travaille en pool pour des fictions télévisées ?

A ma connaissance, il n'existe pas réellement, en France, de scénaristes salariés. En tant qu'auteurs, vous ne percevrez pas de salaire mais des "droits". Généralement, les auteurs travaillant en pool se partagent, de façon plus ou moins équivalente, les droits inhérents à leur travail. Ceux-ci, ainsi que leur répartition sont définis à l'avance et font l'objet d'un contrat entre les auteurs et le producteur.

232 - J'aimerais savoir ce que perçoit le créateur d'une série télévisée, même s'il n'intervient plus dans l'écriture ou dans la réalisation ? Pouvez-vous également me préciser le fonctionnement pour les USA ?

En France, le créateur d'une série touche des droits sur chaque épisode diffusé, qu'il participe ou non à l'écriture des scénarios.

Aux USA, l'auteur vend ses droits au producteur. C'est à dire qu'il touche une somme

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importante pour le concept de la série, mais ne perçoit plus rien ensuite. Sauf s'il l'exige par contrat.

3. Les reportages et documentaires

233 - J'aimerais suivre un cours sur le scénario de documentaire.

Votre demande est très spécifique. Une seule école en France est réellement réputée dans ce domaine. Il s'agit des Ateliers Varan.

6 impasse Mont-Louis, 75 011 PARISTél : 01 43 56 64 04 - Fax : 01 43 56 29 02Email : [email protected]

234 - Qu'en est-il de l'écriture documentaire ?

L'écriture du film documentaire répond à d'autres normes que celles de la fiction. Même si, de plus en plus fréquemment, les documentaires sont présentés sous forme de fausses fictions.

235 - Les lois de la dramaturgie que vous décrivez peuvent-elles être adaptées aux documentaires ?

Absolument. De plus en plus, les documentaires prennent la dramaturgie pour base. Le meilleur moyen permettant de concilier scénario et documentaire est de raisonner en terme de dramaturgie, de construire votre documentaire en y incluant les principes fondamentaux de toute oeuvre fictionnelle : trois actes fondateurs, noeuds dramatiques, protagonistes et nécessités profondes.

236 - J'ai une idée pour une série d'émissions pour la télévision. Dois-je présenter un synopsis s'il s'agit d'une série de reportages différents avec un thème commun ?

L'idéal dans votre cas est de présenter non pas un synopsis mais un argumentaire expliquant en quoi cette série de reportages est pertinente. Ensuite, envoyez un pitch de chacun des reportages (une quinzaine de lignes sur son contenu).

237 - Je vais pour la première fois proposer un synopsis à une société de production. Je suis caméraman. C'est un reportage sur Le Crillon. Comment dois-je vendre mon idée ? Dois-je noter les plans possibles ?

Dans ce cadre-ci, très proche du reportage, les plans n'ont pas d'importance liminaire. Ce qui intéressera un producteur, ce sera votre vision du sujet, votre traitement, votre approche, ce que vous avez à dire et le pourquoi vous voulez le dire. En quoi cela intéressera les téléspectateurs, et de quelle chaîne, dans quel cadre. Le reste se discutera après.

238 - Je viens de vendre un de mes scénarios documentaire à une chaîne de télévision régionale française. Combien puis-je demander comme rémunération à la société qui se charge des négociations avec le réalisateur ? Si je le réalise, est-ce plus intéressant financièrement ?

Sur un plan purement financier, il est toujours plus intéressant de réaliser soi-même ce que l'on a écrit. Cela permet en effet d'être rémunéré en tant que réalisateur et en tant que scénariste. Mais je pense que votre principal souci ne devrait pas se situer ici. Demandez-vous d'abord si vous vous sentez réellement capable de réaliser et si vous en avez vraiment l'envie.

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N'oubliez pas qu'un film mal réalisé sera pour vous un échec à tous les niveaux. Surtout si c'est vous qui vous trouviez derrière la caméra.

4. Autres

239 - Comment présenter des concepts d'émission pour la télévision ?

Il n'existe pas, dans ce domaine, de règle précise, ni de passage obligatoire ou de cahier des charges à respecter. Si vous avez une idée d'émission, l'idéal est de la présenter le plus clairement possible, en précisant tous les dérivés possibles (jeu par appel sur un numéro 08, partenaires éventuels, côté événementiel, etc.) Vous pouvez également parler du style de présentation que vous entrevoyez ainsi que des thématiques "jeu" ou "information" qui pourront être développées.

240 - Y a-t-il une méthodologie particulière pour scénariser un film d'animation de tout ordre (Dessin animé, manga, marionnette, pâte à modeler, image de synthèse etc...) ?

Pas réellement. La seule chose à prendre en compte est le cahier des charges. C'est à dire les indications du producteur qui vous passe ce style de commande. Pour le reste, vous retrouverez toujours les points fondamentaux de la dramaturgie.

241 - J'aimerais savoir si un scénario de BD a plus ou moins la même structure qu'un scénario de film ou s'ils s'opposent foncièrement.

Concernant la BD et le cinéma, il est vrai qu'il peut exister quelques différences mais, fondamentalement, la dramaturgie demeure la même. Toute narration, en règle générale, prend les mêmes axes fondamentaux. Je donne d'ailleurs des cours de scénario dans une école spécialisée dans la BD et les DA.

Tant que vous racontez une histoire, et quel qu'en soit le support, vous aurez toujours des personnages, avec des nécessités, rencontrant des obstacles, etc.

242 - Comment doit-on écrire un scénario pour un spot publicitaire de 30 s ou une 1min ?

Au niveau de la forme, le scénario doit se présenter en continuité dialoguée. Éventuellement, si vous visualisez parfaitement l'oeuvre finale, vous pouvez faire un story board ou écrire sous forme de découpage technique. Ensuite, je vous conseille de joindre au scénario une grille analytique démontrant l'impact psychologique de chaque étape du film publicitaire, voire de chaque plan, sur le spectateur.

243 - Comment quelqu'un qui ne connaît pas grand-chose, ni grand monde, dans le multimédia, peut-il proposer un scénario de jeu informatique ?

Sur un plan purement narratif, le jeu vidéo est proche du film. Les principaux ingrédients dramatiques s'y retrouvent de façon très nette : Personnages - Nécessités - Obstacles - Actions.

Songez également que, comme en matière de télévision, vous avez de multiples impératifs à gérer, une sorte de cahier des charges à respecter, élaboré en fonction de la destination du jeu et de la technologie mise en oeuvre. Mais ce travail, pour aboutir au produit fini, se fait (presque) toujours en groupe dans un bureau de développement. Dans ce domaine, il est inutile de vouloir travailler chez vous, en solitaire. Ainsi, un pool idéal se compose d'un

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scénariste connaissant parfaitement bien les rouages de la dramaturgie, d'un technicien possédant toutes les données technologiques et d'un informaticien voyant d'emblée ce que le produit final pourra donner. Si vous débutez dans ce domaine, je ne puis que trop vous conseiller d'écrire aux sociétés de développement de jeux vidéo, en vous présentant en qualité de scénariste passionné par ce domaine. N'hésitez surtout pas, la demande est importante.

B. Quelques métiers liés au scénario

1. Le scénariste et le réalisateur

244 - Pourquoi en France, est-il plus souvent d'usage qu'un réalisateur soit aussi le scénariste, contrairement à la méthode américaine qui dissocie vraiment les deux ?

Attention, cela n'est vrai qu'en matière de cinéma. La télévision, a contrario, a fait depuis longtemps une réelle scission entre les deux. Et elle a raison ! Les deux métiers sont fondamentalement différents et il est aberrant d'exiger d'un scénariste d'avoir également le sens de l'image, de la technique et de la direction des acteurs. Cependant, cette tendance disparaît peu à peu, privilégiant le travail d'équipe à celui de l'artiste solitaire.

245 - La grande majorité des films français, au cinéma, sont écrits ou co-écrits par le réalisateur. Faut-il penser qu'un pur scénariste n'a aucune ou peu de chance de voir un scénario original pris par le cinéma ? Ce type de scénario doit-il se destiner à la télévision ?

S'il est vrai que la scission scénariste/réalisateur est plus flagrante à la télévision qu'au cinéma, il existe de plus en plus de films cinéma qui ne sont pas écrits par le réalisateur. Cependant, le réalisateur cinéma retravaillant plus souvent le scénario que le réalisateur TV, son nom est souvent adjoint à celui des auteurs. Mais ne vous y trompez pas, un nom sur un générique n'indique jamais la proportion de travail effectué.

246 - Quels sont les principaux critères sur lesquels se basent les réalisateurs pour accepter un scénario ?

Les "grands" réalisateurs, disons les plus célèbres, ceux qui n'ont réellement plus besoin de tourner pour vivre et être reconnus, se basent uniquement sur leur goût propre. Les autres, généralement, sont choisis par le producteur, en fonction de ce qu'ils ont déjà fait et de l'adéquation de leur style avec le scénario à filmer. Mais n'oubliez pas qu'en tant que scénariste, votre interlocuteur privilégié se nomme "producteur" et non "réalisateur".

247 - Puis-je proposer à un producteur de réaliser moi-même mon scénario, et ce, sans aucune expérience de mise en scène ?

Si vous êtes conscient du fait qu'écrire et réaliser sont deux métiers fondamentalement différents, tout est possible... surtout si vous avez du talent dans chacun de ces domaines.

Dans ce cas, un producteur intéressé par votre scénario vous demandera d'écrire et de tourner deux ou trois courts métrages avant de vous confier le long.

248 - Est-il d'usage qu'un scénariste qui ne réalise pas son film participe au tournage ?

Non, au contraire, sauf accord avec le producteur et le réalisateur. En effet, le scénariste est souvent considéré, à juste titre, comme un trublion sur un plateau de tournage. Ses éventuelles

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intrusions quant à ce que fait le réalisateur est aussi gênant pour ce dernier que pour les comédiens et les techniciens. De plus, une journée de tournage étant extrêmement onéreuse, la présence du scénariste risque de représenter une perte de temps et donc d'argent. Cela étant, sur certains tournages, face à certaines difficultés, le scénariste peut être appelé en dernier recours... mais cela est assez rare.

249 - Les scénaristes passés à la réalisation comme Francis Veber ou Danielle Thompson ont-ils pris des cours dans des écoles ou ont-ils appris sur les plateaux ?

J'ignore le parcours exact de chacun d'eux, mais il est certain que le scénario ne s'apprend pas sur un plateau. Eventuellement dans les bureaux d'une maison de production. Et encore... La plupart des scénaristes n'étant pas passés par des écoles ont eu à l'origine une histoire qui a su séduire un producteur. Ensuite, ce dernier a dû faire les retouches nécessaires en accord avec l'auteur. Mais cette tendance s'amenuise proportionnellement à l'émergence des cours d'écriture de scénario. Les producteurs, en effet, attendent davantage des auteurs, prétextant que ce métier s'apprend plus facilement aujourd'hui qu'il y a dix ans.

250 - Je tourne en DV et j'aimerais faire le découpage en direct et non sur papier. Roberto Rossellini dit que lorsque tout est écrit, une fois sur les lieux, on rencontre des difficultés et il faut faire des changements, et c'est alors que la réalité vous joue des tours et vous force à revoir ce qui avait été prévu, il y a forcément des aléas. Qu'en pensez-vous ?

Votre question traite de réalisation et non de scénario. Ou, pour être plus précis, de la version "réalisateur" du scénario et non de celle du scénariste. Cependant, Roberto Rossellini a entièrement raison en parlant d'aléas. Le seul conseil que je puis vous donner est de prévoir... le prévisible. Un champs / contre champs - un plan américain - une contre-plongée, cela est toujours possible à effectuer. Par contre, pour ce qui est des mouvements de caméra (travelling, pano, etc.) attendez effectivement de connaître les conditions de tournage pour les valider. L'idéal, dans ce cas est de prévoir à l'avance une "sortie de secours" afin de ne pas être pris au dépourvu le moment venu.

251 - Peut-on réaliser ses films avec une simple caméra numérique et son ordinateur ?

Oui. C'est ce que l'on appelle des films de vacances. Il s'en fait deux millions par an en France. Mais pour espérer une quelconque diffusion, il vous faut écrire un scénario et partir, avec lui, à la recherche d'un producteur qui financera votre film.

252 - Quel est le plus grand scénariste actuel ? Et quel est le scénariste ayant eu ou ayant le plus grand succès ?

Personnellement, je me refuse à imaginer le cinéma comme une compétition pouvant déterminer le meilleur et le moins bon. Il existe des festivals (fort heureusement) qui décernent des prix. Moi-même, j'ai fait partie de plusieurs jury, mais je ne pense pas que le but soit de déterminer le meilleur. Il s'agit juste d'une appréciation personnelle vis à vis d'une oeuvre. Une fois qu'un film est bien construit et qu'il parvient à procurer les émotions qu'il désire transmettre, le pari est gagné.

2. Autres

253 - Je souhaiterais apprendre le métier de script-doctor. Est-ce judicieux d'imaginer commencer sur le terrain avec des réalisateurs débutants ? Comment présenter une telle requête aux boîtes de production ?

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Il me semble que vous ne prenez pas tout à fait les choses par le bon bout. L'espace me manque ici pour vous décrire par le menu l'étendue des exigences du métier de script-doctor mais, pour résumer, sachez qu'il sollicite au préalable une connaissance parfaite et approfondie des structures dramatiques liées au scénario. Bien des scénaristes, d'ailleurs, ne sauraient être script-doctor et, paradoxalement, je dirais presque qu'un script-doctor ne donne pas forcément un scénariste de génie. On peut très bien, par exemple, posséder toute la logique scénaristique et n'avoir que peu d'imagination. C'est rarement le cas mais, dans l'absolu, ce serait concevable. Personnellement, au moment de travailler sur un scénario qui m'est confié, j'ai en tête une multitude de grilles analytiques au crible desquelles je passe le script.

Le métier de script-doctor ne s'apprend donc pas sur le tas et surtout pas en travaillant avec des réalisateurs, qui plus est, débutants... Même un scénariste professionnel - plus proche du script-doctor que le réalisateur - ne vous serait pas d'un grand recours. Réellement, c'est un métier très à part et peu connu en France, que seul un théoricien patenté de la dramaturgie pourrait vous inculquer.

254 - Auriez-vous des informations sur le poste de lecteur de scénario ? A qui s'adresser, comment cela se passe-t-il ?

Les lecteurs travaillent pour les chaînes de télévision et pour les grosses sociétés de productions. Chacune d'elles ayant ses propres critères de sélection, ses propres attentes et ses propres tarifs. En règle générale, il est demandé de lire un certain nombre d'oeuvres et de fournir une fiche de lecture détaillée. Cette fiche comprend des rubriques qui varient en fonction du demandeur.

Vos dernières questionsÀ quel temps doit-on écrire un synopsis ? Le présent de l'indicatif est-il obligatoirement de rigueur ?

Absolument ! Votre synopsis, et après votre scénario, doivent être écrits au présent de l'indicatif en respectant la chronologie du récit tel qu'il apparaîtra à l'écran.Le passé simple et les effets de style empruntés à la littérature sont toujours preuve d'une méconnaissance de la dramaturgie scénaristique et de ses codes. A éviter, donc !

Je dois écrire une bible pour une série de 52\'. Que doit comporter cette bible? Et comment être certain de ne rien oublier ? Merci !

Faites attention. Écrire une bible représente une quantité phénoménale de travail. Aussi, dans un premier temps, avant de passer d'interminables heures à aboutir ce labeur de titan, assurez-vous que votre concept de base (à protéger au préalable) intéresse une production. Ensuite, il convient de signer avec elle et d'être un tant soit peu rémunéré pour vous lancer à la tâche. Et, dans ce cadre-là, la production vous dira très clairement ce qu'elle attend.Toutefois, pour répondre plus précisément à votre question, une bible comporte, en règle générale :- Un explicatif détaillé du concept- Une fiche de chacun des personnages- Le synopsis (et parfois même le scénario complet) du premier épisode (pilote)- Le pitch de chacun des dix épisodes suivants afin d'en prouver la récurrence.

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Est-ce qu'un court métrage doit être traité comme un long-métrage (définition de la mission du personnage principal, conflits etc..), en sachant qu'on ne dispose que d'un temps très court ? Est-ce que vous avez un ouvrage ou un lien à me conseiller sur l'écriture des court-métrages au cas où ça existerait bien sûr. Merci d'avance.

Le court-métrage, par définition, ne peut être traité comme un long-métrage : il n'y a pas la place pour le faire.Aussi, les enjeux des personnages sont-ils généralement réduits à l'essentiel, de façon quasi minimaliste la plupart du temps.Toutefois, vous pouvez construire, narrativement, votre court en suivant le schéma du long : trois actes - prémisses / développement / conclusion.À cet endroit, la différence la plus notoire et la plus notable se situera dans le dernier acte.En effet, là où il convient d'avoir une conclusion pour un long-métrage, le court se soldera souvent par une chute.Pour ce qui est des ouvrages consacrés au court-métrage, je n'en connais pas. Peut-être devriez-vous vous adresser à la Maison du Film court. Vous y rencontrerez plein de gens très compétents et pointus dans ce domaine.

Bonjour, j'ai 16 ans, et je suis en train d'écrire un scénario. J'ai lu votre livre qui m'a beaucoup plu, mais je rencontre un tout tout petit problème. Dans votre livre vous dites que quand un personnage fait sa première apparition dans le scénario son nom doit être écrit en majuscule. Dans mon histoire les personnages parlent d'un autre personnage sans qu'il apparaisse. Son nom doit il être écrit en majuscule également ? Merci de m'éclairer à ce sujet.

S'il est important d'écrire le nom d'un personnage en majuscule / gras, lors de sa première apparition, c'est simplement pour signaler au lecteur qu'il est normal qu'il ne sache pas de qui il s'agit et qu'il ne lui est pas nécessaire de tout relire pour le rechercher.Ainsi, lorsque vous arrivez à la page 75 d'un scénario et que le scénariste vous explique que NORBERT entre dans la pièce, vous savez, grâce au majuscule / gras, que c'est sa première apparition.S'il est écrit en caractères normaux, c'est que vous l'avez raté, quelque part, dans la lecture. Et, là encore, le majuscule / gras vous sera fort secourable pour le retrouver 20 pages plus tôt.Pour ce qui vous concerne, lorsqu'un personnage est évoqué sans être présent, vous ne le mettez pas en majuscule / gras. De toute façon, cette évocation se fait par les dialogues et la règle que nous traitons ici ne s'adresse pas aux dialogues.

Bonjour ! J'écris seul mais j'aimerais beaucoup par la suite travailler en collaboration avec un scénariste professionnel. Où le trouver? Et puis, un scénariste pro accepterait-il de bosser avec un quasi-débutant, sans contrat avec un producteur au préalable ? Merci d'avance !

Votre question est assez complexe, d'autant que je ne puis parler qu'en mon nom. La seule indication que je puis vous donner est que votre demande est très fréquente. Après, tout peut se produire lors d'une rencontre particulièrement fructueuse et amicale avec un scénariste professionnel qui désirerait ensuite travailler avec vous pour x raisons.Mais, dans l'absolu, sans atomes crochus préalables, cela me paraît peu probable.

J'aurais voulu savoir si l'écriture du scénario d'un film relatant un évènement historique requerrait une technique particulière ?

Sur un plan purement technique, votre travail sera proche de celui d'une adaptation. Car vous

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allez "adapter" un fait historique, un peu comme on adapte une nouvelle ou un roman. Concrètement, cela se traduit par une immersion totale dans votre sujet pour en retenir le plus de choses possibles et, dans un second temps, de ne plus vous intéresser qu'à la part filmique et dramatiquement vecteur d'émotion.

Une fois ce tri effectué, vous travaillez votre scénario comme n'importe quelle autre fiction en vous fiant à la dramaturgie et à ses règles.

Bonjour Monsieur ROTH. Je suis un apprenti scénariste, je viens de suivre une "formation" sur un site canadien, mais je reste encore insatisfait. Ce n'est pas encore ça qui va me donner des idées intéressantes et la force et l'imagination nécessaire pour les développer. J'ai aussi une connaissance livresque qui ne me sert pas à grand chose je pense. Mon gros problème étant : comment développer une idée ? Pourquoi ne donneriez-vous pas, vous aussi, une formation à l'écriture du scénario en ligne ? Cordialement

Je crois, sincèrement, que ni moi, ni qui que ce soit, ni aucune formation ne saura vous apporter des idées. Affirmer le contraire serait absolument honteux, aux limites de l'escroquerie.Par contre, effectivement, une formation digne de ce nom doit vous permettre, à son terme, de savoir comment développer une idée de façon scénaristique.Pour ce qui est des cours par Internet, j'avoue ne pas m'y connaître suffisamment en informatique et être trop fainéant pour m'occuper de la part "marketing" et administrative de la chose. Sinon, je crois que je le ferai... avis à des financiers, pros de l'informatique, de la gestion et du marketing !

Je viens de lire sur votre site qu'il n'y a pas de limite d'âge pour être scénariste. Vous ne pouvez pas savoir comme je suis content de ce que vous avez écrit. J'ai 62 ans et j'ai envie d'écrire des scénarios depuis toujours, mais je croyais fermement qu'il fallait être "jeune" absolument puisque comme vous le dites il y a une énorme ségrégation dans ce milieu où l'on ne parle que de jeunes et où comme vous le dites tous les concours sont limités à 25-28 ans. Au-delà, vous n'avez aucune chance et n'existez pas. cette société a du mal à évoluer à ce sujet. Merci pour avoir écrit cela, mais j'ai quand même des doutes si je présente un scénario serait-ce de court métrage à un producteur qu'en voyant mon âge, il parte en courant. La même chose pour un long métrage. Il y a un règle dans ce métier qui dit : court métrage entre à peu près 15 et 25 ans disons, et à partir (en gros) de cet âge là vous avez accès au long. Passé déjà 35-40 ans c'est trop tard !

Oubliez vos doutes et écrivez en toute quiétude ! Si, en lisant votre scénario, un producteur se rend compte qu'il tient entre les mains quelque chose qui lui permettra de faire un film qui lui apportera autant financièrement qu'artistiquement, pensez-vous vraiment qu'il regardera votre âge ? Par ailleurs, la plupart des films qui sortent, non destinés aux 15 - 25 ans, sont écrits par des gens plus âgés. A 30 ans on n'a pas la même maturité qu'à 60. Tout le monde le sait et personne ne s'en plaint. C'est ce qui permet à différentes sensibilités de s'exprimer au travers du cinéma. Vous savez, tout n'est pas si pourri que ça dans le monde de l'audiovisuel.

Bonjour, j'aimerais savoir si pour un premier roman, le déroulement est le même que pour le scénario ? Comment découper les chapitres ? Est-ce que la structure est la même que pour un scénario ? Enfin, en ce qui concerne la protection de l'oeuvre, est-ce le même organisme que pour le scénario ? MERCI de votre réponse

Il n'existe malheureusement pas de réponse précise à votre question car, dans un roman, vous

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pouvez mettre ce que vous voulez, le structurer comme bon vous semble, entrer dans l'esprit de vos personnages, passer 20 pages à décrire un sentiment ou une odeur, etc.Vous pouvez également construire votre roman comme un film, le chapitrant en vous fiant à ce que seraient les actes, sous actes ou séquences s'il s'agissait d'un film.Mais surtout, lâchez-vous, ne vous posez pas toutes ces questions, elles n'ont pas lieu d'être car l'écriture livresque ne connaît pas les contraintes du cinéma.

Enfin, pour la protection d'un roman, il me semble que la SGDL est plus qualifiée que la SACD.SGDL : Hôtel de Massa - 38, rue du Fbg St-Jacques 75014 Paris

Bonjour, j'aimerai savoir si une pièce de théâtre s'écrit comme un scénario de long métrage. Quelles sont les différences entre les deux disciplines ? Merci.

La grande différence entre le scénario et la pièce de théâtre se situe au niveau des obligations et possibilités liées au support.Un scénario, dans l'immense majorité des cas, se doit de prouver une forte adéquation à l'image. À la limite, on pourrait dire qu'un scénario n'est viable en tant que tel que lorsqu'il prouve son incompatibilité avec tout autre support. Ainsi, lorsque le lyrisme littéraire, la métaphore et l'introspection passive servent davantage un propos, le roman ou la nouvelle sont plus adaptées à l'oeuvre que l'écran.Il en va de même pour le théâtre. Si vous parvenez à une unité de lieu, d'action et de temps, pourquoi vous tourner vers le cinéma ?Certes, il existe bien des contre-exemples... comme à tout.Mais se référer à eux s'avérerait dramatiquement dramatique... si je puis m'exprimer ainsi. Ce serait confondre outil cinématographique, dramaturgie de l'écran et "prolongements populaires"."Le dîner de cons", "La cage aux folles", "A gauche en sortant de l'ascenseur", "Un air de familles" et autres succès théâtraux portés à l'écran ne l'ont été que parce que la pièce d'origine, auréolée d'un immense succès, permettait commercialement de trouver un prolongement cinématographique.Hors ces exceptions, il faudra toujours prouver le besoin incontestable de l'image.

Bonjour, Un producteur me demande un synopsis pour une émission télévisuelle genre magazine informatique. Comment dois-je le composer? Merci d'avance

À cet endroit, il convient de porter trois casquettes.Celles de concepteur, de vendeur et de scénariste.La première des étapes est de synthétiser votre projet en quelques lignes.Percutant, habile, opportun, novateur et en phase avec la ligne éditoriale d'une chaîne que vous aurez ciblée... C'est le côté concepteur.Ensuite, votre rôle sera de prouver, par le détail, que ce qui perlait de votre projet existe concrètement, au-delà des mots et des idées... c'est ce que j'appellerais "l'analyse vendeuse". Le but ici étant de répondre à toutes les questions possibles, avant qu'on ne vous les pose. Selon moi, toute question émise après lecture d'un projet correspond à une faiblesse du dossier.Scénaristiquement, il faudra disséquer l'émission étape par étape. Décrire par le menu ce que sera, concrètement, ce programme. Étape par étape, tout en les minutant.Enfin, je vous recommande vivement de prouver la pérennité du projet, c'est à dire sa récurrence, en donnant le schéma global d'une dizaine d'émissions à suivre.

J'ai commencé un court métrage en DV il y a quelques mois et pour une question de découpage j'ai tout arrêté. Pourriez-vous me donner un conseil pour que je puisse

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repartir, car je désire faire le découpage sur les lieux de tournage. Je ne crois pas du tout au découpage sur le papier avant. Hors, depuis ce jour, je suis complètement déboussolé, dirons-nous face à ce problème et ne sait par quel bout le prendre. Et pourtant j'aimerais bien reprendre les choses là où elles se sont arrêté. Que puis-je faire pour m'en sortir ? Merci de vos conseils

Le découpage technique est souvent fait avant le tournage pour ce qui est des "intentions" de l'auteur. Mais là, il s'agit surtout de "valeurs" de plans : plutôt un Plan Américain (PA) ou plutôt un Gros plan (GP) ? - et de "perspectives" : plutôt une plongée ou plutôt un trois-quart face ?Pour les mouvements de caméra (travellings, panoramiques...) il convient souvent d'attendre les repérages pour estimer ce qui sera le plus commode à faire, mais aussi le plus esthétique... surtout pour les extérieurs.Aussi, mon conseil est d'allier les deux. Être le plus précis possible sur le papier, pour ensuite aller repérer.

Mais il faut savoir que, là non plus, il n'y a pas de règle établie et rigide.

Disons que c'est un fonctionnement qui... fonctionne.

Selon vous, si le scénario est bon, le spectateur doit :- se poser la question "que va-t-il se passer ?"ou- être certain de ce qui va se passer ensuite... mais la suite lui donnera tord !

Au terme de chaque séquence, le spectateur doit attendre la suite. Donc se demander ce qu'il va se passer.

Pour la fin du film, et quel qu'en soit le genre, le spectateur qui la devine à l'avance se dira que "c'était banal, couru d'avance, téléphoné". C'est donc à cet endroit qu'il faut le surprendre.

Pouvez-vous me donner les éléments que doit impérativement contenir un traitement ? Et bien sur ce qu'il ne faut surtout pas y mettre...

Le traitement est la version la plus élaborée du scénario avant la continuité dialoguée et le séquencier (qui lui est un peu à part).Il doit donc narrer toute l'histoire, de façon chronologique, sur 30 à 40 pages.

Cela implique la rédaction factuelle de toutes les séquences (hors étiquettes du genre "petite séquence qui montre la voiture du personnage sur son parcours").

Vous y trouvez donc tous les personnages avec leurs intrigues principales et secondaires.

Par contre, vous n'avez pas droit au dialogue !Servez-vous plutôt du discours indirect : "il hurle que"... "elle affirme avoir fait"... "elle susurre être"... "il prétend comprendre"...

J'ai une idée de scénario (si, si !) : quelles sont les questions à se poser pour savoir si elle conviendra plus à un long métrage qu'à un court ?

Généralement, la question ne se pose pas, tant la réponse s'impose.Si vous avez un doute, c'est que vous avez entre les mains ou en tête un récit trop long pour un court, ou trop court pour un long. Dans les deux cas, techniquement et artistiquement il est

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toujours possible d'étoffer ou de réduire.Aussi, la véritable question à se poser concerne l'intérêt potentiel de l'oeuvre face au public et, par conséquent, face au producteur.Votre sujet est-il assez fédérateur - sans être forcément consensuel, il ne faut pas confondre les deux - pour pouvoir prétendre au long métrage ?De la réponse à cette question doit dépendre votre décision.

Lors de l'écriture d'un scénario, on ne connaît pas les lieux de tournage. Par conséquent comment, dans un dialogue, donner un rendez-vous dans un bar en le nommant. Peu importe si le bar s'appelle "Cocktail Paradise" ou "Chez Lucien" ? D'avance merci pour votre réponse.

Ne vous embêtez pas avec ça. Inventez des noms, c'est même préférable. Sauf s'il s'agit de lieux "labellisés" comme le "Maxim's", "le restaurant de la Tour Eiffel" ou la "Coupole".

Quel est le prix moyen actuel du scénario d'un épisode de série télévisée américaine (50') ? En considérant qu'il s'agit d'une série qui compte déjà trois saisons et que le scénariste est débutant. Quel "prix" peut-on espérer en demander, si notre scénario intéresse le producteur ?

Les Américains ne fonctionnent pas comme nous. Il faut savoir que leurs séries s'écrivent le plus souvent en pools d'auteurs particulièrement hermétiques. Si vous n'avez pas encore écrit d'épisode pour votre série préférée, je vous conseillerais presque de ne pas y perdre votre temps. Dans le cas inverse, pensez à bien faire protéger votre oeuvre et envoyez-la en croisant vos doigts très forts.Tout peut arriver, surtout si vous êtes réellement dans le ton de la série, mais je doute que l'on vous achète ainsi un épisode.

Par ailleurs, que ce soit aux USA où partout ailleurs, n'envoyez pas éternellement vos idées, même si on vous le demande, sans signer de contrat préalable.

Bonjour Jean-Marie, Je suis face à un problème bien particulier avec mon scénario de court métrage (29 pages): je bloque complètement et je ne sais plus comment m'en dépatouiller. Il y a eu trop de versions et j'en suis à la 19ième (trop de réécritures). D'abord, il y a 2 ans j'ai écris le scénario puis je l'ai présenté à la comédienne pressentie pour le rôle. Erreur fatale car elle est aussi metteur en scène de théâtre et je me suis laissé embarqué dans d'innombrables réécritures (qui me semblaient d'ailleurs justifiées). Plusieurs mois plus tard, je présente le scénario (considéré par moi et la comédienne comme achevé) à la Maison du Film Court, et là, nouvelle catastrophe : la personne chargée de lire les scénarios m'annonce que rien ne va, que le scénario est bcp trop long et trop riche en trucages, et surtout qu'il aborde 2 idées et que je dois me recentrer sur l'essentiel. Me voila donc parti dans une réécriture complètement différente et je passe en 1er "comité de lecture" ! qui me fait à nouveau réécrire ma réécriture. Je passe en 2ième comité de lecture et on me dit que mon scénario n'est pas assez riche, ambitieux (alors que j'ai supprimé des scènes car le lecteur de la Maison du Film Court me disait que ça coûterait trop cher !!! Bref, non seulement je ne comprend plus rien à ce qu'on me demande (les lecteurs du comité de lecture me disent exactement l'inverse de la Maison du Film Court alors que Mathieu Amalric a poussé un coup de gueule au dernier festival de Clermond-Ferrand, reprochant une certaine uniformité des courts), faudrait savoir ! Mais en plus, tout cela a contribué à m'éloigner de l'écriture de mon scénario car je ne sais plus quoi faire. D'après le lecteur de la Maison du Film Court, l'erreur à éviter serait de passer à un autre scénario, trahissant du même coup une faiblesse. Il pense que je traverse simplement un passage à vide. Mais comment

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voulez-vous que je m'y retrouve avec 19 réécritures différentes qui m'ont complètement épuisé ? Merci de m'apporter quelques éléments de réponses si vous pouvez,Cordialement, Philippe Frayssinet. PS : pardon d'avoir été si long.

Votre problème est symptomatique du fait que même s'il existe nombre de gens de bonne volonté, il n'y a pas de règle absolue dans le monde du cinéma. Et heureusement !

Souvent, ce que je conseille à des auteurs comme vous, en plein désarroi face à trop de critiques et conseils disparates, est de se retourner vers eux-mêmes.

Finalement, qu'avez-vous envie d'écrire ? Qu'est-ce qui vous semble juste dans ce qui vous a été dit ? A quoi voulez-vous aboutir ?Les conseillers ou conseilleurs ont parfaitement joué leur rôle et ceux de la Maison du film court sont parfaitement compétents.À mon sens, vous venez de passer un cap : celui des conseils. Faites maintenant la synthèse de tout cela, réécrivez votre scénario en fonction de vos envies, de ce qui vous a semblé juste, et passez à l'étape suivante... celle de l'envoi aux producteurs.

Bonjour Jean-Marie, Je voudrais savoir de quelle manière il faut proposer son scénario à des producteurs. A la fin de votre livre se trouvent plusieurs adresses des principales maisons de productions, mais doit-on préciser quelque chose sur l'enveloppe ? Une mention telle que : "Service Acquisitions", ou.....quelque chose d'approchant ? Ou bien peut-on simplement glisser notre scénario et nos coordonnées dans une enveloppe timbrée avec l'adresse de la maison de productions.En bref, y a-t-il certains usages à respecter quant à l'approche des producteurs ? D'avance merci et bonne continuation dans tout vos projets.

L'idéal, lorsqu'on a un scénario à proposer, est de se limiter à quelques envois ciblés. Quelles productions (repérées sur des génériques ciné ou TV) vous semblent pourvoir être intéressées par votre oeuvre ?Ensuite, passez un simple coup de fil pour savoir à qui ou à quel service vous adresser.Ainsi, vous ne commettrez aucune erreur et serez certain que votre scénario arrivera en bonnes mains.

Bonjour, Il y a maintenant trois mois et demi, un producteur m'avait contacté au sujet d'un de mes scénarios. Malgré son intérêt, je n'ai plus de nouvelles depuis ce 1er contact. D'après vous : devrais-je le rappeler ? (Dans le passé, j'avais choisi cette solution en m'attirant les foudres du producteur) Ou bien, devrais-je choisir la prudence et attendre encore un peu ? Merci pour votre réponse.

Ce dont les producteurs ont fort légitimement horreur, ce sont les appels à répétitions d'auteurs ayant envoyé un scénario. Sincèrement, les scénaristes sont parfois insupportables.Ce faisant, après trois mois et demi, vous êtes bien loin du harcèlement. Vous pouvez les appeler sans crainte !Je profite de votre question pour conseiller aux auteurs de se mettre parfois à la place des producteurs et de ne pas les appeler tous les deux jours.Mais dans votre cas, allez-y !

Je suis entrain d'écrire un scénario où il y a beaucoup d'action et de suspense. Dois-je décrire les détails des scènes de carambolages et de fusillades? MERCI !

Pour tout ce qui est action, ne décrivez que ce qui sert à retranscrire la tension des séquences. Tenez-vous en aux éléments essentiels, ceux qui vont permettre de faire varier ou inverser les

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rapports de force. Le reste sera lourd et ennuyeux à lire.

Monsieur Roth, c'est quoi le cinéma d'auteurs ?

En une phrase, vous avez résumé un dilemme fondamental du cinéma français.Ma réponse ne concerne que moi et, je le sais, n'est pas partagée de tous. Loin s'en faut !Or donc, selon moi, tout cinéma, tout film ou téléfilm procède à l'origine du remplissage de pages blanches. Donc de création. Donc d'auteur(s) qui se sont pris la tête pour pondre un scénario... Eh oui, tout scénario se pond par la tête !Ensuite, qu'il s'agisse d'oeuvres ou non... les critères varient souvent.À titre d'exemple, je voudrais citer le cas du Fabuleux destin d'Amélie Poulain.À sa sortie, il s'agissait pour tous d'un véritable film d'auteur. Puis, plus le succès fut au rendez-vous, plus ce film fut traité et maltraité, se voyant finalement affublé de l'étiquette de "film commercial".Mais tout film est commercial ! À partir du moment où un producteur veut rentrer dans ses frais, à partir du moment où vous payez votre place de cinéma, le film est commercial. Et si tout film est - selon-moi - à la fois d'auteur et à la fois commercial, c'est que le cinéma a pour vocation d'allier création et commerce.Mais cela n'engage que moi.

Bonjour Un grand, grand merci pour votre disponibilité et votre attention pour répondre à toutes nos questions ! Voici la mienne. Vous dites, en réponse à l'une des questions, que tant que l'histoire n'est pas construite, tant qu'on n'a pas les séquences de A à Z, il ne faut rien écrire, ou se contenter de petites notes à l'occasion. Je comprends qu'envisager dialogues et détails de scènes serait mal venu avant d'avoir "bétonné" la structure de l'histoire, mais mettre en place une structure intéressante me parait suffisamment complexe pour exiger un gros travail sur le papier. Alors pourquoi cette quasi-absence de travail à l'écrit avant d'avoir toute la structure ? (est-ce pour ne pas "figer" un travail en cours d'élaboration, qui ne demande qu'à évoluer pour être amélioré...?) Merci infiniment !

En fait, vous posez la question tout en donnant la réponse.Je répète à l'envi cette fabuleuse phrase de Corneille : "Ma pièce est terminée, je n'ai plus qu'à l'écrire".C'est tout mon message. De ne pas structurer, de ne pas savoir ce que l'on va dire avant d'écrire, mène trop souvent à l'échec, et souvent par découragement.Rien ne vous empêche de "narrer" sur le papier, même de dialoguer à l'avance, mais il faut bien comprendre que cette attitude est une attitude "béquille". Quelque chose qui vous rassure peut-être mais qui ne sert qu'à camoufler sans y palier votre difficulté à passer à la suite.Avant de raconter quelque chose, il faut savoir ce que l'on va raconter. Après, tout devient vraiment plus simple et plus juste. Et, comme vous les dites fort justement, tant que rien n'est figé, tout reste malléable.

Je travaille sur une adaptation. Mon personnage principal a perdu sa mère longtemps avant le début du film, elle avait cinq ou dix ans, elle en a vingt dans le film. Cette absence de la mère, je voudrais la rendre plus insistante, sans pour autant lui donner d'explication (mort tragique, maladie) Suis-je obligée de justifier la disparition de cette femme ou puis-je laisser planer son absence qui devra être à peine consciente chez le spectateur mais évidemment joue un rôle dans la personnalité de mon héroïne qui va lutter contre son environnement, particulièrement son père ? Je ne sais pas si ma question est très claire ? Dans le roman, la mère n'existe pas, elle est morte c'est tout.Merci de votre attention, à bientôt de vous lire

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À ce niveau, il s'agit d'une question de choix, d'option dramatique.L'énoncé même de votre question me pousserait à dire qu'il serait préférable de ne pas faire de mystère autour de la mort de la mère. Si elle joue un rôle dans la personnalité de votre héros, il conviendrait de savoir si c'est uniquement la disparition qui créé traumatisme, ou également la façon (violente ?) dont la mère est morte.

Quoi qu'il en soi, si cette mort devient récurrente dans le propos, l'idéal serait d'être claire à ce sujet, sans quoi le spectateur s'attendra à une révélation finale.

Je cogite sur un premier scénario qui comme vous allez le voir, n'est pas sans embûche :1. il a un évènement historique pour toile de fond,2. qui se déroule durant la seconde guerre mondiale,3. dont les héros parlent anglais et/ou russe mais pas un mot de français.Certes, il serait plus sage que j'abandonne de suite. Cependant, au cas malheureux où je persisterais sur cette pente savonneuse, j'aurais voulu savoir dans quelle langue devrait être rédigé mon scénario???? D'avance merci.

Dans ce que vous m'en dites, je ne vois aucune raison a priori d'abandonner le projet.Pour ce qui est du langage à employer, ne vous en faites surtout pas : le cinéma est ampli de codes. L'un d'eux consiste à admettre que tout le monde parle la même langue. Souvent, l'accent permet alors d'identifier la nationalité.

Est-il possible de dénoncer un contrat d'option et de reprendre ses droits si le producteur n'a pas versé la totalité de l'option due à la signature 1 an plus tard ? Et si oui quelle est la procédure ? Merci d'avance.

Je ne m'aventurerai jamais sur un terrain purement juridique. Ce n'est pas mon domaine. Par contre, entrez en contact direct avec Séquence 7. Leurs juristes sauront vous répondre.

Bonjour, comme tous, je tiens à souligner qu'il est génial de pouvoir compter sur des gens compétents pour répondre à nos questions souvent sans réponses même dans les école. Pour ma part, je termine une certificat en scénarisation au Québec (1 an de cours). Bien que la matière acquise est intéressante, il manque, je crois, l'essentiel, c'est à dire la réécriture. Je voudrais donc savoir, après une première rédaction d'un long-métrage, quelle étape devrais-je suivre avant de m'attaquer à une réécriture en tenant compte du fait que je n'ai pas accès à un producteur ni à un script doctor. Est-il possible de mettre la main sur quelques grilles d'analyses afin de m'aider dans ma démarche ? Et puis à combien de personne suggérez-vous de faire lire un scénario afin d'avoir des commentaires ? D'avance merci pour votre disponibilité !

Tout d'abord, merci pour vos compliments qui me vont droit au coeur.

Pour réellement avancer dans votre projet, pour en être sûr avant de l'envoyer à un producteur, je ne vois malheureusement d'autre solution que de faire appel à un professionnel qui analysera votre travail. Chacun a sa propre grille de lecture, mais celles-ci sont souvent plus complexes qu'un simple calligramme composé de cases à remplir.

Pour ce qui est des lectures, vous pouvez proposer votre oeuvre à autant de "non professionnels" que vous le désirez, mais à condition de ne jamais les écouter lorsqu'ils vous disent "à ta place, j'aurais fait ceci ou cela". Ils ne sont pas à votre place et ne connaissent rien aux contraintes de la dramaturgie scénaristique. Par contre, écoutez-les attentivement lorsqu'ils vous disent qu'ils n'ont rien compris à telle ou telle séquence, ou qu'ils ont décelé telle ou telle contradiction.

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Bonjour, Je suis du Québec et je voudrais savoir s'il est possible de présenter un scénario de long-métrage à une maison de production française ou bien ne prennent-ils que des scénarios du pays ?

Dans l'absolu, rien ne vous empêche d'envoyer votre scénario en France. D'autant que la nationalité d'un film ne dépend jamais de ses auteurs mais de sa production. Vous seriez simplement l'auteur d'un film français.

Bonjour. Tout d'abord merci du temps que vous consacrez à répondre à diverses questions. Pourriez vous me renseigner sur ce que doit comporter un "pitch", dot-il être accompagné d'une lettre d'intention... Merci

Un pitch ne doit être accompagné de rien... car ne doit surtout pas être envoyé !Un pitch est bien trop court, à la fois pour être protégeable, et à la fois pour provoquer une décision positive - surtout s'il est issu d'un auteur non connu.

Bonjour, Nous sommes deux à vouloir nous investir dans l'écriture de scénarios. Les questions que nous nous posons sont :* Comment cela se passe-t-il avec les producteurs quand il s'agit de vendre un scénario co-écrit ?* Faut-il créer une société afin de ne présenter qu'un seul "visage" aux producteurs ?* Le dépot des droits sur un scénario peut-il se faire au nom de plusieurs auteurs ?* Finalement, les problématiques sur le scénario sont presque toujours abordées en partant du principe qu'il n'y a qu'une seule personne scénariste et non pas un groupe scénariste. Nous essayons de trouver tout ce qu'implique l'écriture à plusieurs au niveau administratif, légal ou commercial -pas au niveau créativité. Pouvez-vous nous éclairer ?En attendant je vous remercie pour la passion que vous communiquez ici, ainsi que ce soucis de toujours préserver l'optimisme et l'enthousiasme de ceux qui vous écrivent, Amitiés,

Vos questions incluent dans leur formulation des hypothèses erronées.Les producteurs ont l'habitude de travailler avec des co-auteurs, cela devient même de plus en plus fréquent. Inutile, donc, de créer quelque société que ce soit. Protégez votre scénario à vos deux noms, envoyez-le à vos deux noms et ne vous en faites surtout pas à ce sujet. Enfin, en cas de vente du scénario... n'oubliez pas d'ouvrir le champagne à nos trois noms !

Cher Jean-Marie Roth, Dans un scénario comment indiquer les dialogue d'une radio ?

Le plus simplement du monde, comme tout autre son, mais en indiquant "radio (off) " lorsqu'elle n'est pas à l'image.

Est-il possible qu'un producteur célèbre comme Claude Berri ou Dominique Farrugia accepte d'acheter le scénario d'un scénariste totalement débutant ?

Si votre scénario est convaincant, oui. Nul producteur, célèbre ou non, ne refusera un scénario qu'il juge intéressant, rentable et en ligne directe avec ce qu'il aime et sait faire.

Cher Jean-Marie, tout d'abord je vous remercie de votre gentillesse et de répondre à la plupart des questions posées. Voici la mienne: Combien de chance a un scénariste amateur de vendre son scénario à un producteur ?

Dans ce domaine, il est impossible de raisonner de cette façon. Les chances sont les mêmes

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(ou presque) pour tout auteur d'un scénario réellement viable. Personnellement, je ne crois pas beaucoup aux bons projets éternellement refusés. Par contre, beaucoup d'auteurs sont persuadés d'être des génies incompris, alors qu'ils ne sont géniaux que pour eux-mêmes et leur entourage.

J'ai une idée de scénario, une comédie, qui implique qu'une personnalité du domaine de la chanson joue son propre rôle. Dois-je lui envoyer le scénario à elle d'abord (afin de savoir si elle est prête à jouer le rôle) ou bien aux producteurs ou aux réalisateurs ?

Il est peu probable qu'une personnalité de la chanson lise un scénario ne provenant pas d'un producteur. L'idéal est donc de suivre la voie naturelle, celle des productions qui, le cas échéant, sauront convaincre l'idole.

Un producteur de TV me tél pour me demander une "option gratuite" de 6 mois sur une idée de série que je lui avais communiquée. Il me fait cette proposition après lui avoir dit que je n'ai pas d'agent et que je n'ai jamais travaillé sur une série qui soit passé à la TV. J'ai la sensation de me faire avoir mais de ne pas pouvoir faire autrement sinon compter sur son honnêteté... Qu'en pensez-vous ?

Dans ce métier, les options gratuites sont à honnir. Je m'en voudrais de vous faire perdre une affaire, mais il est évident qu'il est du devoir du producteur de vous rémunérer pour le fait d'avoir une option sur votre projet.

Je souhaiterai connaître le délais de réponse des productions en général, après l'envoi d'un scénario (continuité dialoguée+ synopsis+ note d'intention). Je veux dire que si un scénario est bon, répondent-ils très rapidement? Et y a-t-il un entretien où il faille convaincre ou non ? Merci à vous, Cordialement,

Soyez certaine que si vous avez une réponse au bout de deux jours, il y a de fortes chances qu'elle soit négative. Par contre, passé deux mois, les chances de succès s'amoindrissent dangereusement.

Pour ce qui est d'un entretien, il ne sera pas équivalent à celui d'une proposition d'emploi. Il s'agira plutôt de discuter de votre travail. Si vous en arrivez là, c'est très bon signe.

Bonjour. Je travaille sur mon premier scénario (original non?)et je bloque un peu sur la notion de temps/ d'ellipse. Ainsi si je veux montrer le début et la fin d'un cours comment enchaîner les scènes ? J'ai repéré plusieurs solutions chez les autres:- le plan de coupe (genre une mobylette traverse la rue devant l'école) mais alors dois-je la noter dans le scénario?- L'alternance avec une intrigue parallèle mais n'est ce pas une méthode un peu dangereuse , m'obligeant a développer indéfiniment une intrigue qui ne le mérite pas ?Avez vous d'autres méthodes ou connaissez vous un endroit ou je pourrais travailler cette notion (livre, site...) Merci d'avance.

Sincèrement, cette problématique est sans grande importance.Le plan de coupe est maladroit s'il est gratuit.Pour ce qui est de l'intrigue secondaire, il serait aberrant d'en créer une juste pour résoudre ce problème... qui n'en est pas un.Mon conseil serait éventuellement de varier les lieux.Débutez par l'entrée en classe, depuis le couloir... pour la faire suivre par la fin du cours, depuis la salle de classe.En d'autres termes, faites simple !

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Bonjour Jean-Marie, Tout d'abord, merci pour vos précieux conseils. J'écris une série télé que je veux présenter à plusieurs producteurs. Existe-t-il une liste ou un annuaire des maisons de productions télé ? Dans les maisons de productions, est-il plus efficace de s'adresser au producteur "chef" ou y a-t-il d'autres personnes qui peuvent être séduites par une série et prendre une décision ? Merci infinimment pour votre aide.

Il existe divers annuaires de producteurs (souvent chers) mais le plus simple est de les repérer sur les génériques de séries TV. Ensuite, appelez ces maisons de prod. et demandez à qui adresser votre projet.

Cher Jean-Marie, L'héroïne de mon scénario est ( entre autres ) confrontée à sa soeur jumelle (c'est risqué, j'en conviens, mais bon...). Or, une scène du climax est construite de manière à ce que le spectateur qui a eu tout loisir de les différencier auparavant, ne puisse plus savoir laquelle des deux soeurs il voit à l'écran. Au niveau de l'écriture, dois-je faire vivre ce même questionnement au lecteur ( par exemple en appelant mon personnage "une des jumelle" tant que son identité n'est pas clarifiée dans la scène ), ou dois-je continuer à la nommer comme elle l'a été jusque là, et "priver" le lecteur de l'émotion que je souhaite proposer au spectateur? Merci de vote disponibilité sur cette FAQ, toujours très riche d'enseignements.

Il s'agit d'une excellente question qui divise les scénaristes et théoriciens du scénario. Aussi, ne vais-je vous donner que ma propre opinion. Selon moi, le lecteur ne peut juger de l'oeuvre en toute "connaissance de rendu" que s'il est réellement placé dans la peau du spectateur. C'est à dire avec le même niveau de connaissance que lui. Mon conseil serait donc d'écrire "une des jumelles" plutôt que de les nommer.

J'ai lu votre excellent livre qui m'a fait reconsidérer avec plus de sérieux et d'intérêt l'écriture de scénario. Sur les quelques pages consacrées au court métrage, vous en indiquez les limites ; limites qui me posent quelques problèmes. J'écris actuellement un scénario de court métrage qui peu à peu s'est étoffé en travaillant les personnages, sans pour autant que le déroulement de l'histoire n'en soit plus complexe.J'hésite entre deux solutions :* Soit allonger la durée, en apportant de nouveaux ingrédients pour mieux traduire la richesse supposée de mes personnages ; mais ces ingrédients me paraissent "forcés" et superfétatoires pour la compréhension de l'histoire et de sa théorie.* Soit conserver une histoire plus simple, et donc plus courte, mais au détriment de l'exposition de mes personnages ; je crains qu'ils n'aient plus alors la densité requise pour qu'on s'explique leur évolution au fil de cette histoire.Quels peuvent être les critères qui pourraient incliner la balance côté court ou côté long métrage ? Est-ce qu'un partitionnement grossier pourrait être : dans un court métrage les événements priment sur les personnages ; dans le long, l'évolution des personnages est l'essentiel du film ?Merci pour votre avisé avis !

Tout ce qui est forcé est obligatoirement à honnir. Le passage d'un court au long métrage ne se traduit pas par un étirement des séquences, mais par de nouveaux apports dramatiques.

Une séquence "expliquant" ou "nourrissant" le personnage n'a de raison d'être que s'il elle s'inscrit dans la logique dramatique du récit. En d'autres termes, un personnage n'existe pas par la simple démonstration de ce qu'il est censé être, mais par ce qu'il révèle de lui dans son vécu factuel. Cette notion est également juste qu'il s'agisse de court ou de long métrage.Alors, court ou long ?

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Je ne connais pas votre travail mais, en règle générale, il s'avère que toute hésitation entre court et long veut qu'on aille vers le court. En effet, le choix du long métrage, pour être juste, doit s'imposer de lui-même.

Bonjour, Peut-on se fier aux annonces des sociétés de production à la recherche de projets de courts-métrages ? Merci.

Il m'est impossible de répondre objectivement à cette question. La seule chose que je puis vous dire avec certitude, est qu'il vaut mieux "envoyer son scénario au charbon" que de le garder dans son tiroir.Mais uniquement après l'avoir protégé.

C'est la règle d'or !

Un scénario écrit à partir du texte d'une chanson donne-t-il lieu à un achat de droits de la chanson, comme c'est le cas avec un scénario écrit à partir d'une oeuvre littéraire ? Jusqu'à quel point l'inspiration du scénario par la chanson est-elle dite "libre" ?

"Requiem pour un fou", de Johnny Hallyday, est une libre adaptation du climax final du film "Le jour se lève" de Marcel Carné... avec cependant une différence dans le contenu. Ce n'est pas l'amant qui est tué mais l'aimée.Dans le cas inverse, qui est le vôtre, adapter une chanson, c'est renégocier une histoire courte, lui donner une autre vision, une autre vie.Or donc, il me semble que de mettre en scénario une chanson ne devrait pas poser de problème... surtout si vous faites de 3 mn un développement en 90 mn.Pour des infos plus certaines et plus pertinentes, n'hésitez pas à contacter les conseillers juridiques de l'UGS.

Bonjour Jean-Marie, Quel bonheur que de vous avoir tout chaud au bout de la ligne. Je travaille sur un long métrage que je ne veux pas réaliser parce que je ne sais pas réaliser ! Dois-je me contenter de décrire ce que l'on voit, en induisant l'espace, le climat, etc. ou dois-je suivre le précepte : le scénario, c'est le film ? J'ai acheté un chronomètre pour mesurer mes séquences dialoguées, mais faisant cela, je prends la caméra, non ? Merci de votre réponse, bien cordialement

La seule et unique règle en matière de scénario est de décrire l'action en y ajoutant les dialogues. C'est tout ! C'est beaucoup ! Et ce n'est rien d'autre !

Toute référence à la caméra est à proscrire !

C'est en oubliant les plans que vous penserez le mieux à l'action. A ce qu'il se passe et à ce qu'il se dit !Le métier de scénariste se situe à ces endroits précis et à nul autre.

Bonjour, Existe-t-il un délai moyen qui sépare le 1er contact avec un producteur et le 1er entretien avec celui-ci ? (Sachant que c'est le producteur qui a contacté le scénariste)

Tout dépend des affirmations du producteur lors du premier contact.Malheureusement, au risque de vous décevoir, un producteur n'oublie jamais un auteur avec qui il veut vraiment travailler.En ce sens, vous ne risquez rien à le rappeler pour savoir plus exactement où il en est face à votre projet.

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Je suis moi-même auteur technicien professionnel dans le monde audiovisuel, mais scénariste amateur (dans ce domaine là, je suis autodidacte, n'ayant qu'une connaissance livresque). Je travaille depuis peu sur le scénario d'un film de genre... un film de science fiction. Pensez-vous qu'il soit réaliste qu'un tel film puisse être réalisé et produit en France, sachant que je travaille actuellement sur ma " crédibilité " dans ce domaine là (écriture d'un roman de SF, préparation d'un documentaire pour la TV, développement d'un site web sur le sujet, etc) ou est-ce totalement utopique de ma part de penser que cela suffira à convaincre de ma crédibilité et de la faisabilité de ce projet ?

La science fiction, pour une raison n'étant pas du fait des producteurs mais du public, exige trop souvent le label américain... C'est pourquoi Luc Besson a fait produire "Le cinquième élément" aux États-Unis.Ce faisant, rien n'interdit de croire que cet état de fait puisse changer.Mais nous n'en sommes malheureusement pas encore là.

Je suis intermittente du spectacle dans la production audiovisuelle et souhaiterais changer de cap pour apprendre l'écriture de scénario. Je cherche une formation sérieuse, le site de l'afdas en propose de nombreuses mais laquelle choisir ? Pouvez vous me guider dans mon choix ? J'hésite entre Louis Lumière, les Gobelins, le CEFPF et même d'autres. Difficile de savoir si les formations dispensées sont de qualité, elles le semblent toutes... j'ai la tête qui tourne.merci pour votre réponse.

A mon sens, il existe deux ou trois formations particulièrement bonnes en France. Celle du CEEA - objectivement la meilleure et la plus complète (mais avec un concours d'entrée assez costaud). Celle du CEFPF, mais devant être prise en charge car très onéreuse. Puis enfin, celle de La Scène sur Saône, ouverte à tous, très complète, peu chère, mais exigeant une présence de deux samedis par mois à Lyon durant un an 04 78 42 86 86.Suis-je objectif ? Sur la qualité, oui... Enseignant dans ces trois formations, je les juge forcément bonnes.Mais il en reste d'autres que je me refuse à juger a priori.

Bonjour, J'ai écrit un scénario et avec un dessinateur nous avons le projet de présenter une BD à un éditeur. Si vous avons la chance d'être édité, comment doit se passer la rémunération de l'un et de l'autre ? Est ce l'éditeur qui fixe le montant des rémunérations ? Merci de nous répondre car nous sommes vraiment novices.

Dans tous domaines, quels qu'ils soient, les rémunérations sont à définir entre les auteurs. Ne demandez pas à votre éditeur de trancher. Ce n'est pas son rôle. Par contre, sachez que comme dans tout métier, il existe des habitudes, des façons de faire, de partager le cas échéant... Dans ce cadre, si vous ne tombez pas d'accord entre vous, l'idéal serait alors, effectivement, de vous renseigner directement auprès de votre éditeur... Mais il reste toujours préférable d'être en accord au préalable.

Bonjour, D'après vous, est-on à la recherche en France de scénarios pour les films pour enfants (animation ou autres) ou les réalisateurs écrivent-ils eux-mêmes dans ce domaine ? Merci pour votre avis éclairé.

Absolument ! Les films d'animation sont en pleine expansion, notamment au niveau télévisuel, puisque les enfants sont de grands, d'immenses consommateurs de programmes et de publicités.En animation, il n'y a pas à proprement parler de réalisateur et moins encore de metteur en scène. Le travail est par conséquent partagé entre les scénaristes et les animateurs.

Page 64: Le scénario de nos jours

Bonjour, Je suis en train de co-écrire le scénario d'une fiction. En dehors du CNC existe-t-il d'autres organismes qui proposent des aides à l'écriture sachant que c'est la première fiction que j'écris ? Merci Cordialement Alyse

A mon sens, vous ne vous posez pas les bonnes questions.Votre interlocuteur principal n'est ni le CNC, ni un quelconque organisme, mais un producteur.Lorsque vous aurez achevé votre oeuvre, envoyez-la directement aux productions. Après, s'ils sont intéressés, s'ils croient en votre projet, ils feront toutes les démarches utiles à la réalisation de votre film..

Bonjour Jean-Marie. je suis actuellement dans une école de cinéma, section réalisation et mon cursus comprend des cours de scénario. J'ai déjà lu votre livre et quelques autres de certains de vos confrères. Or dans les cours que dispensent mon école, j'ai découvert quelque chose qui me paraît étrange. Notre professeur insiste pour que à la lecture de nos scénario on puisse voir exactement le découpage technique, grâce à notre manière de décrire action, lieu et autre réactions des personnages.. Il ne me semble pas avoir lu cela dans les livres.. Cela me parait même un peu extrême.. Qu'en pensez-vous ? Comment faut-il vraiment rédiger les descriptions ? D'avance merci.

Toutes vos descriptions doivent oublier la caméra. Parfois, elles peuvent induire des plans, mais jamais ne les mentionner.Votre professeur, certainement, doit vous inciter à écrire de façon visuelle, ce qui est juste, mais sans aucune référence aux plans.

Tout d'abord je tiens à vous remercier pour tout le temps passé à répondre à nos questions. Chaque fois que je veux décrire une scène ou un dialogue je me réfère aux questions de tous et toutes et suis émerveillé de la précision de vos réponses. Voici donc ma question, lorsque l'on décrit un lieu, est-il dangereux de rentrer dans les détails ? Vous dites souvent qu'il ne faut pas confondre l'écriture d'un scénario avec celui d'un roman, est-ce le piège à éviter lorsque l'on décrit un espace ? Encore un grand merci. Si le cinéma manque de scénaristes on ne peut pas dire que ce soit par manque de connaissance du domaine, grâce à vous.

Merci mille fois pour toutes ces gentillesses. Elles justifient à elles seules ma participation au site de l'UGS.Pour ce qui est des descriptions, tant des espaces que des personnages, il faut vous en tenir à ce qui sert réellement votre récit.Ainsi, de décrire le papier peint n'est utile que s'il donne une dimension réelle à l'ambiance ou s'il a possède une réalité scénaristique.Pour le reste, faites confiance aux décorateurs et ne leur compliquez pas le travail.

Bonjour, Que pensez de sites tels que "TalentScout" qui me semblent faire miroiter bien peu de choses au demeurant, mais moyennant finance ?

A titre personnel, je ne crois guère aux sites payants. Le cinéma, et sa part scénaristique en l'occurrence, sont un véritable bien fait pour qui veut s'enrichir avec le rêve des autres.Je ne mets pas ici en cause le site que vous citez, car ne le connaissant pas. Mon unique propos est de vous mettre en garde face aux innombrables leurres qu'offrent ce rêve.TalentScout est peut-être la panacée à vos problèmes et la réponse à vos demandes. Mais n'hésitez pas à prendre tous les renseignements nécessaires avant de verser le moindre centime.

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Le cite de l'UGS est totalement gratuit, j'y travaille de façon bénévole... d'où ma méfiance quant à ceux qui demandent rémunération. Mais tout dépend de ce qu'ils proposent objectivement.

Pensez-vous que la réalisation de long-métrage exige nécessairement un passage par le court (je pense aux nombreux exemples d'acteurs étant passé à la réalisation sans cette initiation) ?

Ne vous méprenez pas. Les acteurs passant à la réalisation sont tous des cadors de l'écran. Des stars. Des habitués des tournages, donc. Pour quelqu'un de moins connu, et plus encore pour un novice, le passage par le court métrage est indispensable. C'est la meilleure des écoles en matière de réalisation !