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Apocalypse La mémoire du futur 3 Grâce et gloire Egbert Egberts

Le septième sceau - aepeb.be 3-3.pdf · BAe La Bible annotée, version téléchargeable gratuitement sur : ... du Semeur, parfois de la Bible dite à la Colombe. 6 Grâce et gloire

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Apocalypse

La mémoire

du futur

3 Grâce et gloire

Egbert Egberts

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© Egbert Egberts

www.croiretcomprendre.be

2011

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Vue d’ensemble du livre

Introduction

(Première partie)

Cinq caractéristiques

Comment interpréter l‘Apocalypse

Quatre grands courants d‘interprétation

L‘Apocalypse et le reste de l‘Ecriture

Le Millenium

L‘enlèvement de l‘Eglise

La structure de l‘Apocalypse

Le symbolisme dans l‘Apocalypse

Notre approche

L’Agneau les conduira

Le témoignage de Jésus 1.1-20

Sept lettres de Jésus aux églises de tous les temps

La terreur et la tendresse 2.1-11

Ephèse : L‘église de l‘amour perdu

Smyrne : L‘église de l‘amour éprouvé

La lente descente vers la mort 2.12-3.6

Pergame : L‘église de l‘amour compromis

Thyatire : L‘église de l‘amour corrompu

Sardes : L‘église de l‘amour mort

Les deux portes 3.7-22

Philadelphie : L‘église de l‘amour zélé

Laodicée : L‘église de l‘amour vaincu

Une porte dans le ciel 4.1-11

A l‘Agneau sur son trône 5.1-14

Les cavaliers de l‘Apocalypse 6.1-17

Qui peut subsister ? 7.1-17

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Le septième sceau

(Deuxième partie)

Le septième sceau 8.1-5

Un tiers en moins 8.6-9.21

Comment subsister ? 10.1-11.14

La dernière trompette 11.15-19

La femme, l‘enfant et le dragon 12.1-18

Les bêtes qui montent 13.1-18

Le temps des moissons 14.1-20

Louange et terreur 15.1-8

Les raisins de la colère 16.1-21

La prostituée et l‘épouse 17.1-19.10

Grâce et gloire

(Troisième partie)

L‘Agneau et la bête 19.11-21

Mille ans de paix 20.1-10

La fin et le commencement 20.11-21.8

La nouvelle Jérusalem 21.9-22.5

En attendant 22.6-21

Conclusion

La mémoire du futur

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Références

Voici les commentaires auxquels nous nous référons souvent sous le nom de

leur auteur. Les autres références figurent dans les notes de bas de page :

Alexander John H. ALEXANDER, L’Apocalypse, Genève: Maison de la Bible,

1979

BA Bible Annotée, Louis BONNET, Apocalypse, 1876.

BAe La Bible annotée, version téléchargeable gratuitement sur :

http://epelorient.free.fr/ba_page.html. Elle est différente de la

version de Louis Bonnet.

Barclay William BARCLAY, The Revelation of John, volume 1,2, Edimbourg:

St Andrew Press 1959

Beasley-Murray G. R. BEASLEY-MURRAY, Apocalypse, in: le Nouveau Commentaire

Biblique, St Légier: Emmaüs, 1978

Fausset A.R. FAUSSET, Revelation, in: JAMIESON, FAUSSET et BROWN,

A commentary critical, experimental and practical on the Old and New

Testaments, Grand Rapids, Mi: Eerdmans, réédition de 1973

Gardner Paul GARDNER, Revelation, The compassion and protection of

Christ, Ross-shire: Christian Focus Publications, 2002.

Kuen, Intro Alfred Kuen, L’Apocalypse, Introduction au Nouveau Testament,

volume 4, St Légier: Emmaüs, 1997.

Kuen, Labyrinthe Alfred KUEN, Le labyrinthe du Millénium, St Légier: Emmaüs, 1997

Ladd George Eldon LADD, A commentary on the Revelation of John,

Grand Rapids, Mi: Eerdmans, 1972.

Lindsey Hal LINDSEY, There’s a new world coming, Santa Ana, Ca: Vision

House, 1973.

Morris Leon MORRIS, Revelation, Tyndale NT commentaries, Leicester:

IVP, 1987. Wilcock Michael WILCOCK, The message of Revelation, Leicester: IVP 1984.

Les références bibliques : Les citations du texte de l‘Apocalypse au début de chaque chapitre du commentaire proviennent de la Bible dite à la Colombe (Société Biblique). Les autres références, sauf mention différente, proviennent essentiellement de la Bible du Semeur, parfois de la Bible dite à la Colombe.

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Grâce et gloire

Apocalypse 19.11-22.21

Les sept visions de l’achèvement

19.11-21.8

Avec la destruction de Babylone et les préparatifs de la dernière bataille, le livre scellé a livré ses secrets. L‘Agneau a ouvert les sept sceaux. Maintenant, c‘est l‘heure de sa venue, et les sept visions qui suivent racontent l‘aboutissement de toutes choses. Dans la structure de la fin du livre, sept fois la formule suivante introduit le texte : ―Et je vis‖.1 Ces sept visions forment

1 En 20.12, la même formule est utilisée, mais sans introduire une nouvelle vision. Nous

trouvons une structure semblable entre 13.1 et 15.7, (13.1,11; 14.1,6,14; 15.1,2) où dans l’avant dernière vision, en 15.1,2, le “et je vis” est repris une deuxième fois. La Bible du Semeur fait bien ressortir cette structure ici à la fin du livre. Par contre, les entêtes qu’elle insère dans les chapitres 12 à 15 ne correspondent pas à la formulation de ces “et je vis” dans le Grec, contrairement aux chapitres 19 à 21. Wilcock note aussi cette unité de sept visions. Mais au lieu d’en tirer la leçon évidente, il s’enferme dans son apriori amillénariste pour conclure qu’il n’y a pas d’ordre chronologique dans ses sept visions. Par exemple, la troisième nous amènerait à la fin de l’âge, mais la quatrième nous ramènerait au commencement. Puis, semant encore un peu plus de confusion, il suggère que la deuxième vision, 19.17, cite Ezéchiel 39 ce qui correspond à la cinquième vision. Sa conclusion : Jean est moins préoccupé avec la chronologie que certains de ses commentateurs. Nous croyons que suivre l’ordre logique de Jean remet les choses à leur place dans la confusion de ce commentateur !

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une unité logique. Elles racontent comment, au-delà du septième sceau, le plan de Dieu s‘achève, du retour de Christ jusqu‘à la création des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Vouloir introduire un nouveau cycle à partir de 20.1 correspond à une méconnaissance de cette structure propre au texte.

Voici les sept visions : 19.11 : Et je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc 19.17 : Et je vis un ange se tenant dans le soleil 19.19 : Et je vis la bête, et les rois de la terre 20.1 : Et je vis un ange descendant du ciel 20.4 : Et je vis des trônes 20.11 : Et je vis un grand trône blanc / 20.12, Et je vis les morts 21.1 : Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre

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L'Agneau et la bête

19.11-21

19 11Puis je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc. Celui qui le monte s‘appelle Fidèle et Véritable, il juge et combat avec justice. 12Ses yeux sont une flamme de feu; sur sa tête (se trouvent) plusieurs diadèmes; il porte un nom écrit, que nul ne connaît, sinon lui, 13et il est vêtu d‘un manteau trempé de sang. Son nom est la Parole de Dieu. 14Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues de fin lin, blanc et pur. 15De sa bouche sort une épée tranchante pour frapper les nations. Il les fera paître avec un sceptre de fer, et il foulera la cuve du vin de l‘ardente colère du Dieu Tout-Puissant. 16Il a sur son manteau et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

17Je vis un ange debout dans le soleil. Il cria d‘une voix forte à tous les oiseaux qui volaient au milieu du ciel : Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu, 18afin de manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands.

19Je vis la bête, les rois de la terre et leurs armées, rassemblés pour faire la guerre à celui qui monte le cheval et à son armée. 20Et la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait opéré devant elle les signes par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu la marque de sa bête et qui se prosternaient devant son image. Tous deux furent jetés vivants dans l‘étang de feu où brûle le soufre. 21Et les autres furent tués par l‘épée qui sortait de la bouche de celui qui montait le cheval, et tous les oiseaux se rassasièrent de leur chair.

LE RETOUR DE CHRIST. Le ciel ouvert n‘est pas ici le signe d‘un Dieu accessible par la grâce. C‘est le Rédempteur, le Vengeur, le go’el de l‘Ancien Testament, qui revient avec puissance. Le retour de Jésus est l‘attente de tout le Nouveau Testament et la perspective donnée par l‘Ancien Testament. C‘est l‘accomplissement de tout un faisceau de prophéties, comparables en importance seulement aux prophéties de sa première venue à Bethléhem. Voici le Messie victorieux qui soumet les nations et les dirige avec un sceptre de fer, qui rétablira le trône de David à Jérusalem lorsqu‘il posera ses pieds sur

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le mont des Oliviers. Voici celui dont les mains percées provoqueront le deuil d‘Israël. Voici le moment de la grande surprise pour un monde qui s‘est totalement mépris sur lui. Après tant de faux Christs, voici le vrai Jésus qui vient accomplir la promesse de l‘ange en Actes 1.11 : Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, en redescendra un jour de la même manière que vous l’avez vu y monter. Il vient, monté sur un cheval blanc, signe de sa victoire.

SON NOM : Fidèle et véritable – lui seul incarne la vérité absolue, rien n‘est aussi réel et authentique que lui. Son retour sonne le glas de toute prétention spirituelle en dehors de lui. Son affirmation ―Je suis le chemin, la vérité et la vie‖ sera prouvée être lumineusement vraie en ce jour glorieux et tous ses ennemis devront plier le genou devant lui. Il est la Parole de Dieu, donnant un sens ô combien actuel au dicton que ―la plume est plus puissante que l‘épée.‖ C‘est la Parole qui vaincra, l‘épée qui sort de sa bouche, cf. v. 21. La Parole qui semait la grâce et qui donnait le repos est maintenant l‘instrument du jugement définitif d‘un monde en rébellion. Sa Parole est comme une épée tranchante, cf. Hébreux 4.12 et qui pourra y résister en ce jour ? Voici la Parole faite chair qui juge le monde selon le critère de la Parole écrite. Mais nul ne connaît son nom, au sens que nul n‘a pouvoir sur lui. Personne ne le connaît au point de le contrôler.2 Il est le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, il détient le vrai pouvoir, obtenu à la croix où il avait dépouillé les puissances (Colossiens 2.15) et reçu officiellement au son de la septième trompette (11.15). Voici l‘aboutissement public d‘Actes 2.34,35, citation du Psaume 110 : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Viens siéger à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds. Il porte plusieurs diadèmes, signe de l‘étendue de sa domination. L‘Homme de douleurs revient comme le monarque suprême.

Son action découle de son nom. Il juge et combat avec justice. Il est l‘espoir de ceux qui souffrent l‘injustice et qui n‘ont personne pour les défendre. Les temps présents indiquent que c‘est ici une action habituelle. Il s‘oppose au mal d‘une manière constante et inflexible. Mais le monde a pu

2 Ce nom n’est ni la Parole de Dieu, mentionné dans le verset suivant, ni le nom écrit sur sa

cuisse en 19.16. On a spéculé pas mal sur ce nom inconnu, mais aucune solution n’est satisfaisante. Est-ce le nom sacré de Dieu, Jahweh ? Mais même ce nom n’est pas inconnu dans la Bible et appliqué à Jésus en plusieurs textes (par exemple, Jean-Baptiste prépare la voie du Seigneur, Matthieu 3.3 = la voie de l’Eternel, Esaïe 40.3. Cf. aussi Jean 8.58 où Jésus prend pour lui le nom sacré “Je suis”). Barclay cite un texte du livre apocryphe, L’ascension d’Esaïe, 9.5 : Nul ne peut supporter son nom tant qu’on est encore dans ce corps.

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l‘oublier parce qu‘il a été patient, tolérant le mal jusqu‘à ce que la mesure du mal soit pleine et que son Eglise soit rassemblée des quatre coins de l‘horizon (l‘entrée de la totalité—le plèrooma—des païens selon Romains 11.25).

SA PUISSANCE. Jean est frappé par ses yeux flamboyants devant lesquels rien n‘est caché. Il remarque son manteau trempé dans le sang. Mais du sang de qui ? Son propre sang, versé sur la croix ? Il serait sans doute mieux de penser à Esaïe 63.1-3 : Qui donc est-il, celui qui arrive d’Edom, qui nous vient de Botsra en habits écarlates, drapé avec splendeur, et qui s’avance fièrement dans l’éclat de sa force ? C’est moi, dit l’Eternel, qui parle avec justice et qui ai le pouvoir de vous sauver. Pourquoi tes vêtements sont-ils tachés de rouge et pourquoi tes habits ressemblent-ils à ceux des vendangeurs qui foulent au pressoir ? C’est que j’ai été seul à fouler la cuvée. Et nul parmi les peuples n’a été avec moi, oui, j’ai foulé les peuples dans ma colère, je les ai piétinés dans mon indignation. Leur sang a rejailli sur mes habits, j’ai taché tous mes vêtements. Il est suivi des armées du ciel. S‘il faut surtout penser aux armées célestes,3 le fin lin porté par ses armées rappelle 19.8 (là, il est éclatant et pur, ici il est blanc et pur). La Bible dit par ailleurs que nous reviendrons avec lui.4 Son arme est sa Parole, l‘épée qui sort de sa bouche. Paul parle du souffle de sa bouche par lequel Jésus détruira la bête, 2 Thessaloniciens 2.8. Cette arme est tellement suffisante, que le récit de Jean peut nous donner l‘impression que ses armées

3 … Cela se produira lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du haut du ciel, avec ses anges

puissants et dans une flamme. Ce jour-là, il punira comme ils le méritent ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n’obéissent pas à l’Evangile de notre Seigneur Jésus. (2 Thessaloniciens 1.7,8) Penses-tu donc que je ne pourrais pas faire appel à mon Père ? A l’instant même, il enverrait des dizaines de milliers d’anges à mon secours. (Matthieu 26.53) A eux aussi s’applique la prophétie d’Hénoc, le septième patriarche depuis Adam, qui dit : Voici, le Seigneur va venir avec ses milliers d’anges pour exercer son jugement sur tous, et pour faire rendre compte, à tous ceux qui ne le respectent pas, de tous les actes qu’ils ont commis dans leur révolte et de toutes les insultes que ces pécheurs sacrilèges ont proférées contre lui. (Jude 14,15) 4 L’Eternel, mon Dieu, viendra, et tous ses saints seront avec toi. (Zacharie 14.5) Le jour où

le Christ apparaîtra, lui qui est votre vie, alors vous paraîtrez, vous aussi, avec lui, en partageant sa gloire. (Colossiens 3.4) … à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints. (1Thessaloniciens 3.13) … lorsqu’il viendra pour être en ce jour-là honoré dans la personne de ceux qui lui appartiennent et admiré dans la personne de tous les croyants. Et vous aussi, vous en ferez partie, puisque vous avez cru au message que nous vous avons annoncé. (2 Thessaloniciens 1.10) Plusieurs traductions modernes traduisent le mot ‘saints’ par le mot ‘anges’. Mais cela tient plus de l’interprétation que de la traduction. Ladd conclut : en tant qu’Agneau, Christ est suivi par les saints (17.14); en tant que combattant céleste, il est suivi par les anges. Mais 17.14 et 19.19 semblent indiquer le même combat.

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ne font que de la figuration, ou, mieux, qu‘elles sont là comme témoins, comme la chorale dans une opéra.

SA VICTOIRE ABSOLUE. Y a-t-il vraiment un combat ? L‘issue est-elle incertaine ? Dès avant le combat, la victoire est déjà annoncée comme définitive, et les oiseaux sont invités au festin de Dieu. Le détail du v. 18 fait frissonner. Pourtant, il n‘y a pas ici la joie de l‘infortune des ennemis, mais la certitude absolue d‘une victoire totale. Devant l‘horreur évoquée par ce texte, il ne faut pas oublier le sort terrible que la bête et ses armées ont fait subir à quiconque osait refuser de porter sa marque. Ne soyons pas plus ‗humains‘ que Dieu. Il n‘y a en lui aucune injustice. Ceux qui lui résistent, à lui comme à son Messie, s‘exposent à une peine aussi affreuse que certaine. Et cette peine n‘est pas une surprise : tout cela a été annoncé depuis longtemps, et rappelé tout au long de ces derniers temps. Mais malgré cela, aucune repentance n‘est venue. Maintenant, c‘est trop tard. C‘est l‘heure de la vendange, cf. 14.17-20.5

Tout ce que nous lisons sur le combat est le seul verset laconique qui raconte que la bête et son vendeur furent pris. N‘y a-t-il pas ici de l‘encouragement pour les chrétiens de toute génération ? Voici le vrai rapport de force, même s‘il nous paraît différent aujourd‘hui, cf. Hébreux 2.8,9 : Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. Mais celui qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, Jésus, nous le contemplons, couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte.

L‘étang de feu est l‘enfer, préparé pour Satan, comme l‘avait dit Jésus en Matthieu 25.41. La bête et le faux prophète en sont ainsi les premiers occupants. En effet, jusque là, l‘enfer est vide.6 Les autres hommes attendront le jugement dernier, 20.11-15, avant d‘y être condamnés.

Le mystère de l‘incrédulité est grand. N‘importe qui peut lire dans ce livre ce qui sera le sort de ceux qui s‘opposent à Dieu, qui se moquent de lui et qui le laissent hors de leur vie. Ils n‘ont pas reçu l‘amour de la vérité car ils n‘ont pas voulu le recevoir. On a beau écrire des livres, faire des films, prêcher l‘Evangile, rien n‘y fait. L‘homme a décidé d‘aller en enfer, même s‘il prétend

5 Plusieurs commentateurs veulent créer un lien entre le retour de Christ et Ezéchiel 38 et

39. Mais le lien est de toute évidence avec Apocalypse 20.8, même si le langage d’Ezéchiel 39.17 se retrouve en Apocalypse 19.17,18. Nous reviendrons sur le parallèle étonnant entre ces deux textes en abordant 20.8. 6 David PAWSON, Le chemin vers l’enfer, Nyon : Carrefour, 1993, p. 56.

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ne pas y croire. Il risque tout, quand bien même il est mis noir sur blanc qu‘il perdra tout ! En ces jours de la fin, le miracle de Ninive ne se répètera pas. Les habitants de Ninive crurent en Dieu, ils publièrent un jeûne et, quelle que fût leur condition sociale, ils revêtirent des habits de toile de sac. Le roi de Ninive, informé de la chose, se leva de son trône, enleva son manteau royal, se couvrit d’un habit de toile de sac et s’assit sur de la cendre. Puis il fit proclamer ce décret dans Ninive : “Par ordre du roi et de ses ministres, il est interdit aux hommes comme aux bêtes, petit ou gros bétail, de manger quoi que ce soit, de paître et de boire de l’eau !” “Hommes et bêtes doivent se couvrir de toiles de sac et crier à Dieu de toutes leurs forces ! Que chacun abandonne sa mauvaise conduite et les actes de violence qu’il commet.” “Qui sait ! Peut-être Dieu se ravisera-t-il et décidera-t-il de changer de ligne de conduite en abandonnant son ardente colère, de sorte que nous ne périrons pas.” Lorsque Dieu constata comment les Ninivites réagissaient et abandonnaient leur mauvaise conduite, il renonça à faire venir sur eux le malheur dont il les avait menacés : il s’en abstint. (Jonas 3.5-10)

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Mille ans de paix

20.1-10

20 1Puis je vis descendre du ciel un ange qui tenait la clef de l‘abîme et une grande chaîne à la main. 2Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. 3Il le jeta dans l‘abîme, qu‘il ferma et scella au-dessus de lui, afin qu‘il ne séduise plus les nations, jusqu‘à ce que les mille ans soient accomplis. Après cela, il faut qu‘il soit délié pour un peu de temps.

4Je vis des trônes. A ceux qui s‘y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et (je vis) les âmes de ceux qui étaient morts sous la hache à cause du témoignage de Jésus et de la parole de Dieu, et de ceux qui ne s‘étaient pas prosternés devant la bête ni devant son image et qui n‘avaient pas reçu la marque sur le front ni sur la main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ, pendant mille ans. 5Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu‘à ce que les mille ans soient accomplis. C‘est la première résurrection. 6Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n‘a pas de pouvoir sur eux, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant les mille ans.

7Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison, 8et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Leur nombre est comme le sable de la mer. 9Ils montèrent à la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel et les dévora. 10Le diable qui les séduisait fut jeté dans l‘étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles.

Comment faut-il incorporer ce texte dans la structure du livre ? Notons d‘emblée que la division entre les chapitres 19 et 20 est quelque peu artificielle. Le texte précédent a décrit le retour en gloire du Christ. Les armées massées contre lui sont anéanties. Puis, la bête et le faux prophète sont pris et jetés dans l‘enfer. Puis, le sort du dragon est réglé. Après tout, c‘était lui qui tirait les ficelles. La bête était son idée, son ‗enfant‘. La révolte finale était son plan pour saisir par la force tout pouvoir et toute autorité. L‘enchaînement

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représente donc une suite logique. 20.1-3 appartiennent ainsi davantage aux événements de la fin du chapitre précédent qu‘au chapitre 20.

Cependant, ces versets sont aussi l‘introduction logique à ce qui suit. Le dragon est lié pour les mille ans qui représentent le règne messianique. En plus, il n‘est pas jeté en enfer, du moins, pas encore, mais enchaîné. Il sera libéré pour une ultime révolte. Ce n‘est qu‘après cela qu‘il est jeté en enfer à son tour. Le verset 10 rappelle d‘ailleurs que la bête et le faux prophète y sont déjà et ce rappel ne s‘explique réellement que par cet interlude d‘un peu plus de mille ans. Cela en dit long aussi sur la permanence de l‘enfer. Ils y sont. Satan les rejoint, il sera auprès d‘eux. L‘absence d‘un verbe en grec ne donne pas lieu à des traductions très différentes. Toutes soulignent une présence de la bête et du faux prophète depuis mille ans.

La grande discussion, soulevée par ce texte, est pourtant celle de la continuation du récit. 20.1-10, forment-ils la suite chronologique du texte précédent, ou sont-ils une nouvelle parenthèse, voire une nouvelle description des cycles précédents ?

L‘Apocalypse n‘a pas une structure cyclique, nous l‘avons déjà dit. C‘est un texte avec un développement logique et chronologique. Mais ce développement est interrompu régulièrement par des parenthèses. Dès lors, ne faut-il pas prendre le millénium comme une parenthèse supplémentaire qui résume l‘histoire du Christianisme autrement ? Cette histoire commencerait avec l‘enchaînement de Satan que le Christ a effectué sur la croix, se poursuivrait avec le règne de l‘Eglise et s‘achèverait avec la grande révolte de Gog et de Magog, autre manière de décrire la guerre finale sous la conduite de la bête.

Le grand problème d‘une telle lecture est d‘interrompre la logique du texte à un endroit qui ne suscite aucune question en soi. Elle va à contresens de la structure de cette dernière partie de l‘Apocalypse où les sept visions courtes invitent à une lecture en continu. Mais elle soulève aussi la question du rôle de Satan durant ces derniers deux mille ans.

Les questions soulevées par ce chapitre nécessitent une approche légèrement différente. Il faudra répondre aux théories diverses que ce texte a provoquées, et cela d‘autant plus que ces interprétations ont déterminé en bonne partie comment on considère l‘ensemble de la doctrine biblique de la fin des temps. La tentation est parfois de forcer ce chapitre dans le corset déjà défini et serré de ce que la Bible dit ailleurs sur la question. Nous croyons plus sages de lire le texte d‘abord, de nous rappeler qu‘il est inspiré au même titre

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que le reste du Nouveau Testament, et de tirer les conclusions après en avoir fait l‘analyse, en acceptant que ce texte doit contribuer à la formulation de la doctrine, plutôt que de l‘harmoniser à tout prix avec une doctrine déjà établie sans lui. Vu les points de vue assez retranchés sur ce chapitre, il faudra une approche plus ―polémique‖, afin de retrouver ce que dit le texte effectivement.

SATAN LIE POUR MILLE ANS, 20.1-3. Une lecture symbolique de ces versets est devenue très populaire, peut-être influencée par les déceptions suscitées par une lecture ‗dispensationaliste‘. Les mille ans seraient une image du règne de l‘Eglise. Satan serait enchaîné par Christ à la croix, cf. Matthieu 12.23-297, ce qui permettra justement à l‘Evangile de progresser. A ceux qui disent que cela ne semble pas correspondre à la réalité, on répond que sa chaîne est très longue !8 Bunyan, dans le texte où il introduit cette notion, parle de l‘effet du malin sur les chrétiens, ce que ne fait justement pas le texte biblique ici !

Plusieurs questions doivent être posées devant une telle compréhension.

1. Que veut dire ‗lié‘ ? ‗Sérieusement entamé‘9 ? Le texte biblique dit : ―afin qu‘il ne séduise plus les nations …‖ En quoi y a-t-il eu une sérieuse limitation à l‘œuvre de Satan depuis ce moment ? Les nations, sont-elles devenues plus chrétiennes, ou moins barbares ? Aujourd‘hui, vivons-nous dans un monde où le malin est plus limité qu’avant ±32 AD ? Satan est-il davantage limité depuis la mort de Christ que dans l‘Ancien Testament ? Que faut-il penser des persécutions romaines et

7 … Les pharisiens, ayant appris ce qu’on disait de lui, déclarèrent : Si cet homme chasse les

démons, c’est par le pouvoir de Béelzébul, le chef des démons. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Un pays déchiré par la guerre civile est dévasté. Aucune ville, aucune famille divisée ne peut subsister. Si donc Satan se met à chasser Satan, son royaume est divisé contre lui-même. Comment alors ce royaume subsistera-t-il ? D’ailleurs, si moi je chasse les démons par Béelzébul, qui donc donne à vos disciples le pouvoir de les chasser ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, alors, de toute évidence, le royaume de Dieu est venu jusqu’à vous. Ou encore : Comment quelqu’un peut-il pénétrer dans la maison d’un homme fort et s’emparer de ses biens s’il n’a pas, tout d’abord, ligoté cet homme fort ? C’est alors qu’il pillera sa maison. 8 Il faut probablement voir dans ce raisonnement l’influence du Voyage du pèlerin de John

Bunyan. 9 Dany HAMEAU, Le retour de Jésus, Marne-la-Vallée : Farel, 2007, p.56. Gardner :

‘dramatically reduced’. Ladd y voit une limitation radicale de la puissance et des activités de Satan.

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leur tentative d‘éradiquer l‘Eglise de Jésus-Christ ? Satan n‘est-il pas manifestement derrière cela, lui, le lion rugissant qui cherche à dévorer quiconque appartient au Christ (1 Pierre 5.8) ? Parmi les nombreuses séductions des nations, il faudrait par exemple mentionner la terrible invasion mongole sous Tamerlan. Les guerres par l‘Occident ―chrétien‖ ou en son milieu (les croisades, les guerres de religion, les deux guerres mondiales, …) ne sont-elles pas la manifestation de la séduction de l‘ennemi, même si d‘autres causes peuvent aussi être indiquées ? Notre monde est-il donc devenu un havre de paix depuis la mort de Christ ? Il faut vraiment une grande dose de crédulité, de cécité et de mémoire sélective pour l‘affirmer !

2. Quelle séduction Satan n‘exerce-t-il plus ? Doit-il vraiment être lié pour que l‘œuvre missionnaire soit possible ?10 Dans ce cas, Satan était-il lié à Ninive au temps du prophète Jonas ? Selon 20.8, il s‘agit de la séduction qui soulève la terre entière en révolte contre Dieu.11 Jean 12.31 (Satan, prince de ce monde, jeté dehors), dit-il la même chose qu‘Apocalypse 20.2 (lié) ? Jésus dit de l‘Eglise ―que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle.‖ (Matthieu 16.18) Est-ce parce qu‘il aura lié l‘ennemi ? Ce n‘est pas la pensée qui nous vient naturellement à l‘esprit ! L‘ennemi essaiera de toute sa force de détruire l‘Eglise. Mais ses efforts sont condamnés du fait de la présence de Christ dans son Eglise. Là où cette présence est négligée l‘Eglise disparaît. L‘histoire nous apprend que là où l‘Eglise ―se délie‖ de son Maître, Satan l‘emporte.

10

Ibid., p.66. Gardner : “Il est lié de telle façon que la lumière fait de vrais progrès et s’étend dans le monde entier.” Il relie cela à Actes 14.16, dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies. Mais cela n’a aucun rapport objectif avec l’emprisonnement de Satan et Paul serait sans doute choqué d’une telle compréhension ! Satan est réellement lié, dit Gardner, mais ses émissaires continuent à agir contre L’Evangile. Gardner est conséquent avec lui-même dans sa conclusion, mais sa manière de faire référence aux démons, à qui il attribue toute opposition à l’Evangile, ressemble à une entourloupe. Il sait bien que notre monde ne correspond pas à sa doctrine de l’enchaînement de Satan. 11

Il sera clair, selon 20.3, que le chapitre 19 ne décrit pas la destruction de toutes les nations. “Le tableau de Apocalypse 19.11-21 ne représentait pas le jugement universel, (verset 11 et suivants) mais le jugement de l'empire romain et de ses alliés. En dehors d'eux, le voyant aperçoit d'autres nations, dont il dit (verset 8) qu'elles sont "aux quatre coins de la terre." Ce sont ces nations qui seront préservées des séductions de Satan jusqu'à ce que les mille ans soient accomplis.” (BAe)

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3. Que veut dire le texte de Matthieu qu‘on invoque si facilement ? Tout d‘abord, ce que dit Jésus se passe bien longtemps avant la croix. Appliquer ces paroles à la mort de Jésus est un peu trop rapide. Jésus dit que le lien de Satan est évident dans la façon dont il, Jésus, chasse les mauvais esprits. Manifestement, il doit y avoir un rapport avec la venue de Jésus sur la terre. Le temps du prince de ce monde est compté et son pouvoir ne peut rien devant l‘Héritier légitime. Barclay12 suggère que Satan fut lié lors de la tentation dans le désert. Il écrit : ―Dans le désert, quelque chose est arrivé. Pour la première fois, Satan a rencontré quelqu‘un sur qui ses ruses n‘avaient pas de prise et qu‘il n‘a pu conquérir par ses attaques. Depuis, son pouvoir n‘a plus été le même. Il n‘est plus la puissance conquérante des ténèbres, mais la puissance du péché vaincue. Ses défenses ont été percées; il n‘est pas encore mis hors état de nuire, mais son pouvoir ne sera plus jamais le même, et Jésus peut aider d‘autres à obtenir la même victoire qui lui.‖ Sans aller jusqu‘à dire que Satan fut lié à ce moment précis, ce commentaire de Barclay nous semble assez juste. Le champ d‘action de Matthieu 12 n‘est pas le pouvoir de séduction sur les nations et les gens sans Christ. Satan est un ennemi vaincu, mais cette victoire ne s‘applique pas encore à cette séduction-là. Lire cela en Matthieu 12 est y lire beaucoup trop ! Le lion rugissant, dans ce sens, n‘est pas encore lié.

4. 2 Pierre 2.4 (Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché : il les a précipités dans l’abîme où ils sont gardés pour le jugement, enchaînés dans les ténèbres) semble aller contre l‘idée que Satan est, lui aussi, enchaîné actuellement. Les démons visés par Pierre sont totalement hors état d‘intervenir sur terre. C‘est sans doute ce qui se cache derrière la crainte des démons en Luc 8.31 : être envoyé dans l‘abîme. Si Satan était lié, il serait incapable d‘agir sur terre. Ce serait le paradis, le règne de la paix. Dire que Satan est enchaîné au même titre que ces anges, comme le fait Grier13, est pour le moins étonnant.14

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William BARCLAY, The gospel of Matthew, The daily study Bible, vol 2, Edinburgh : The Saint Andrew Press, 1957, 1975. R. T. FRANCE, Matthew, Tyndale NT commentaries, IVP/Eerdmans, 1985, va plus ou moins dans le même sens. Ces deux auteurs ont une vue amillénariste d’Apocalypse 20. 13

W. J. GRIER, Le grand dénouement, Mulhouse : Grâce et Vérité, 1977, p. 119. 14

Grier, ibid, illustre son propos en disant qu’Al Capone régnait du fond de sa cellule. Comme argument biblique, on a déjà fait mieux … Gardner comprend que Satan est dans l’incapacité de conduire une guerre totale contre l’Eglise.

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5. Qu‘en est-il de la limitation du pouvoir de Satan avant Jésus ? Job 1.12 et 2.6 (L’Eternel dit à Satan : Tous ses biens sont en ton pouvoir, ainsi que les siens, mais ne porte pas la main sur sa personne ! … L’Eternel dit à Satan : Il est en ton pouvoir, mais épargne sa vie) montrent que même avant la croix, le pouvoir de Satan sur les croyants avait des limites. Cette limitation est peut-être du même ordre qu‘en Matthieu 12. Mais elle est totalement différente de 2 Pierre 2.4 ou d‘Apocalypse 20. Dire que ces textes de Job prouvent que Satan ―est donc bien lié‖ (Grier), revient à placer l‘enchaînement de Satan avant même le temps de Job, sans plus aucun lien avec l‘œuvre de Jésus ! Alors, cet enchaînement ne commencerait ni à la croix, ni lors de la tentation dans le désert, mais il appartiendrait à l‘ordre de la création. Dieu, aurait-il donc lié Satan dès sa chute ? Ce serait donc un diable lié, enchaîné, qui est entré en Judas pour trahir et livrer Jésus ?

6. N‘est-il pas étonnant que l‘apôtre Paul semble totalement ignorer cette réalité, cf. Ephésiens 4.27 (Ne donnez aucune prise au diable); Colossiens 2.15 (Là, il a désarmé toute Autorité, tout Pouvoir, les donnant publiquement en spectacle quand il les a traînés dans son cortège triomphal après sa victoire à la croix) ? Comment est-il possible qu‘il n‘ait pas pensé à encourager les chrétiens pauvres et persécutés de son temps avec cette glorieuse réalité que Satan est un ennemi non seulement vaincu, mais lié, impuissant ?

7. Si Satan est déjà lié, à quel moment sera-t-il alors délié ? Apocalypse 12.7-12 ne peut guère être invoqué. Satan n‘y est pas délié, mais y est jeté définitivement hors de la présence de Dieu. Cela représente sans doute une augmentation de sa férocité, mais n‘indique nullement qu‘il était enchaîné avant. Satan, est-il déjà délié ? Faut-il relier cet événement à la fin du temps de l‘Eglise ? Mais qu‘est-ce qui marque la fin du temps de l‘Eglise ? L‘enlèvement ? Notons que dans l‘Apocalypse, Satan est manifestement libre pour donner son pouvoir à la bête avant la fin du temps de l‘Eglise (11.7; 13.2). Nulle part ailleurs, la Bible marque une différence fondamentale dans l‘action du diable entre la mort et le retour de Christ. Pour l‘introduire ici il faudrait donc des raisons impératives dans un respect intégral du texte et de son contexte. Ce que nous constatons, c‘est que non seulement ces raisons impératives n‘existent pas, mais qu‘en plus, le texte est sérieusement malmené.

8. Apocalypse 20.7-9 décrivent-ils vraiment ―l‘oppression mondiale qui s‘abat sur l‘Eglise de Christ avant le retour du Seigneur‖, comme le dit encore Grier ? Nous verrons qu‘une autre interprétation est, pour le

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moins, tout aussi possible, mais posons-nous ici la question de savoir comment des armées massées dans un endroit précis peuvent s‘abattre sur l‘Eglise répandue de par le monde ? Si le camp des saints devait représenter l‘Eglise dans sa situation actuelle, comment Gog et Magog, en envahissant Israël peuvent-ils investir cette Eglise éparpillée sur tous les continents ? Or, c‘est bien là ce que dit Ezéchiël 38.8,16 : … dans la suite des temps, tu iras envahir un pays dont les habitants auront échappé à l’épée et auront été rassemblés d’entre beaucoup de peuples sur les montagnes d’Israël qui étaient si longtemps désertes et en ruine. Cette population qu’on aura fait sortir du milieu d’autres peuples habitera entièrement dans la sécurité. … tu viendras attaquer mon peuple Israël comme un nuage qui vient couvrir la terre. Je te ferai venir attaquer mon pays dans les temps de la fin afin que les nations apprennent à connaître qui je suis, … Sauf que pour bon nombre d‘amillénaristes, Israël n‘a plus de rôle dans le plan de Dieu. Dans ce cas, on finira par tout spiritualiser à un point où les textes ne veulent plus rien dire.

9. Si les mille ans sont symboliques, pourquoi alors cette répétition, six fois, des mille ans ? Dire que 1.000 est la somme de 7+3 à la puissance 3 est sans doute juste sur le plan du calcul. Mais c‘est y lire beaucoup, ou très peu, si avec cela on évacue toute lecture ‗normale‘. Sans l‘interprétation amillénariste imposée au texte, rien ne nous pousserait à y voir une durée symbolique, abstraite. La répétition même nous encourage à comprendre une durée réelle.15

Que faut-il alors comprendre en lisant ce texte ?

Après la défaite de la bête, du faux prophète et de leurs armées, l‘Apocalypse se tourne logiquement vers le sort du dragon qui était la puissance derrière la bête. Il n‘est pas encore jeté dans l‘enfer, préparé pourtant pour lui et ses anges, Matthieu 25.41. Mais il est enchaîné, lié, et jeté dans l‘abîme pour une durée de mille ans.

Cet abîme, est-il le même partout où il est mentionné dans le Nouveau Testament ? La crainte des démons en Luc 8.31, que nous avons déjà cité, a sans doute pour objet l‘abîme de notre texte. Mais comment comprendre que la bête monte de l’abîme (11.7; 17.8) ? Est-ce à dire que cet abîme permet un va-et-vient ? Ou faut-il conclure qu‘il y a ici un autre usage du même mot ? Le sens y est-il seulement que la bête, ou du moins l‘esprit qui l‘anime, vient tout droit d‘un repère de démons ? Pour le texte de 9.1,11, nous avons conclu

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Voir A. LAMORTE et al., Le règne de 1000 ans sur la terre, Grenoble, CIFEM 1982.

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contre l‘identification de cet abîme-là avec l‘abîme de 2 Pierre 2.4 et de Jude 6. Notre conclusion est que l‘abîme en 20.3 doit être identifié avec le tartaros de 2 Pierre 2.4 et l‘abîme de Luc 8.31, abîme auquel Jude se réfère en Jude 6. L‘enchaînement, que Jude mentionne également, implique un temps de mise hors état de nuire total. Pendant ces mille ans, Satan ne peut plus jouer de rôle sur terre, ni directement, ni indirectement. Sa chaîne n‘est donc pas tellement longue qu‘elle finit par devenir une farce. Le scellement de l‘abîme ajoute encore à cet éloignement total. L‘enchaînement, l‘enfermement dans l‘abîme et le scellement de celui-ci sont ainsi trois actions qui se renforcent pour faire comprendre à quel point Satan n‘a plus aucune influence nulle part.

En parlant d‘Apocalypse 12.7-12, nous avons essayé de réconcilier les différents textes qui traitent de Satan. Notons qu‘au chapitre 12, il est précipité sur terre, ici au chapitre 20, il est exclu de la terre. Ce n‘est vraiment pas la même chose ! La fermeture de l‘abîme, qui correspond assez bien à 2 Pierre 2.4, implique un éloignement total.

Pourquoi, Satan est-il ainsi enchaîné ? Il y a deux réponses à cette question. La première est la plus simple : pour que Christ puisse établir son règne de paix sur la terre. La deuxième est plus compliquée. Reposons la question autrement : Pourquoi Satan n‘a-t-il pas tout simplement été jeté en enfer comme la bête ? Pourquoi permettre une résurgence du mal après le règne de Christ ? Le texte répond d‘abord à la première question en mentionnant le règne millénaire. Après, il nous faudra réfléchir à la deuxième réponse.

LE REGNE DE MILLE ANS, 20.4-6. Voici un des textes de ce livre, si pas le texte, qui a fait couler le plus d‘encre. Avant d‘en discuter, voici la traduction Darby, qui serre de près le Grec :

4Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné; et les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu; et ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la bête ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main; et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans, 5le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. C’est ici la première résurrection. 6Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection, sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans.

Que dit Jean ? Tout d‘abord, il voit des trônes et dessus, des personnes à qui le jugement est confié. Qui sont-ils ? Sont-ils exclusivement les martyrs de la bête qui ressuscitent à ce moment ? En fait, ce n‘est pas ce que Jean dit.

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C‘est seulement une interprétation du texte. Une autre, et peut-être meilleure, manière de comprendre le texte est de voir ici les armées qui ont accompagné le Christ (19.14,19). Dans ce cas, les ressuscités des versets 4-6 s‘ajoutent à leur nombre. Or, nous savons que nous qui sommes morts dans le Seigneur, nous reviendrons avec lui, comme le rappelle l‘apôtre Paul dans les textes suivants : … qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient sans reproche dans la sainteté devant Dieu notre Père, à l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! (1 Thessaloniciens 3.1316). En effet, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, (nous croyons aussi que) Dieu ramènera aussi par Jésus, et avec lui, ceux qui se sont endormis. (1 Thessaloniciens 4.14). Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. (Colossiens 3.4)

Cette façon de voir est en fait celle de la majorité des traductions. Deux exemples suffiront : Ensuite je vis des trônes. On remit le jugement entre les mains de ceux qui y prirent place. Je vis aussi les âmes … (Semeur). Et je vis des trônes. A ceux qui vinrent y siéger, il fut donné d’exercer le jugement. Je vis aussi les âmes … (TOB). En fait, la seule version parmi celles que nous avons consultées qui introduit un sens différent est Kuen en Parole vivante : Ensuite je vis des trônes. Ceux auxquels avait été remis le droit de juger (le monde) s’y installèrent. Je reconnus les âmes … Mais c‘est très peu probable qu‘il faille comprendre que ceux qui y prirent place soient les âmes des décapités.17 Ceux qui y prirent place sont plus probablement les saints qui sont revenus avec le Christ. La première résurrection est alors, et nécessairement, celle de l‘ensemble des croyants : d‘abord ceux qui sont revenus avec Christ, ressuscités lors de l‘enlèvement de l‘Eglise comme l‘atteste l‘apôtre en 1 Thessaloniciens 4.16,1718, et ensuite, ceux qui ont souffert le martyre sous le règne de la bête après l‘enlèvement et qui sont

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Qui sont les saints ici ? Les anges ? Que les anges accompagnent le Seigneur est clairement attesté : Matthieu 25.31 (Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur son trône de gloire); Jude 14,15 (… Voici que le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, pour exercer le jugement contre tous …). Paul savait cela, 2 Thessaloniciens 1.7 (… lorsque le Seigneur Jésus se révélera du ciel avec les anges puissants). Mais il se sert du mot ‘saints’ systématiquement pour désigner les chrétiens, et il serait très surprenant qu’ici il l’utiliserait autrement. 17

Alexander comprend que ce verset indique les seuls martyrs, bien que “ces trônes soient assurément réservés à tous les saints sans distinction.” 18

En effet, au signal donné, sitôt que la voix de l’archange et le son de la trompette divine retentiront, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts unis au Christ ressusciteront les premiers. Ensuite, nous qui serons restés en vie à ce moment-là, nous serons enlevés ensemble avec eux, dans les nuées, pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur.

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mentionnés nommément ici. Ce que dit Jésus aux disciples s‘accorde avec cela : Jésus leur dit : Vraiment, je vous l’assure : quand naîtra le monde nouveau et que le Fils de l’homme aura pris place sur son trône glorieux, vous qui m’avez suivi, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes pour gouverner les douze tribus d’Israël (Matthieu 19.28).

Il est devenu très populaire d‘identifier le règne de mille ans au temps de l‘Eglise entre la Pentecôte et le Retour. Cela appelle plusieurs remarques.

1. Faut-il prendre les mille ans comme un temps symbolique ? En soi, c‘est encore la question la moins importante. Mais ce serait quand même une rupture avec les autres mentions de durée dans le livre. Les 1.260 jours (ou 42 mois) par exemple sont de toute évidence une durée exacte. En plus, les mille ans sont mentionnés dans un cadre temporel : Satan sera relâché après cette période pour un peu de temps. Si les mille ans durent déjà presque deux mille ans, combien de temps durera ce peu de temps qui va suivre ? Quelques centaines d‘années ?

2. Le même mot ‗vivre‘ au v. 4 et v. 5 aurait dans ce cas deux sens différents.19 Au verset 4, il faudrait comprendre une résurrection spirituelle en vue d‘un règne spirituel, tandis que le verset 5 indiquerait une résurrection physique. N‘est-ce pas introduire une opposition bien artificielle ? La première résurrection, est-elle vraiment celle de la conversion ou du baptême (en s‘inspirant d‘Ephésiens 2.5,6 et de Colossiens 2.1220) ? C‘est ingénieux, mais totalement insuffisant. Le verset 4 ne peut s‘accorder avec cela. Ceux qui reviennent à la vie sont manifestement morts, non pas spirituellement (on n‘a pas besoin de hache pour cela !), mais réellement et brutalement. En comprenant ici la nouvelle naissance, lit-on encore le même texte ? Pourraient-ils représenter les saints lors du décès, passage de cette vie à la vie avec le Christ ? Mais où cela est-il appelé une résurrection ? Dorcas, en Actes 9, serait donc ‗ressuscitée‘ en mourant avant d‘être ressuscitée par l‘apôtre Pierre ? Kuen conclut que, ―puisque la «seconde mort» est une réalité spirituelle (la condamnation), la «première résurrection» qui

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Ladd remarque que la question centrale du problème exégétique dans son ensemble tient dans la traduction de ce mot ezèsan. 20

… alors que nous étions spirituellement morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre les uns et les autres avec le Christ. C’est par la grâce que vous êtes sauvés. Par notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger ensemble dans le monde céleste. (Ephésiens 2.5,6) Vous avez été ensevelis avec le Christ par le baptême, et c’est aussi dans l’union avec lui que vous êtes ressuscités avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité des morts. (Colossiens 2.12) Voir Kuen, Labyrinthe, pp. 116, 117.

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libère de la «seconde mort» doit donc aussi être une réalité spirituelle.‖ Mais la seconde mort n‘est pas la condamnation, elle est l‘enfer (20.14) dans lequel seront jetés les ennemis du Christ avec leur corps ressuscités.

La solution parfois avancée pour donner au mot ‗vécurent‘ un même sens est de prendre les deux résurrections pour des résurrections spirituelles, la deuxième n‘étant ―qu‘hypothétique‖.21

On dira que Daniel (12.2 : Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l’horreur éternelles) et Jésus, en Jean 5.29 (ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour être condamnés) semblent parler d‘une seule résurrection. Mais ce n‘est pas l‘interprétation obligatoire qui doit ensuite être imposée aux textes plus détaillés qui se trouvent plus loin. D‘ailleurs, Ladd rappelle avec raison que le contexte de Jean 5.25-29 indique clairement dans quel sens prendre la résurrection. En Apocalypse, ce n‘est pas la même chose et le texte n‘a rien d‘ambigu.

La révélation se fait peu à peu plus claire. Le texte de l‘Apocalypse ne fait rien d‘autre que de donner plus de détails sur la résurrection. Mais il ne contredit en rien les textes précédents. Un passage comme Luc 14.14 (Dieu te le revaudra lorsque les justes ressusciteront) va déjà pratiquement dans ce sens. Paul, en Act 24.15 (J’ai cette espérance en Dieu et cette espérance est aussi la leur que les morts, justes et pécheurs, ressusciteront), ne dit rien non plus qui soit contredit par l‘Apocalypse. D‘ailleurs, il avait déjà écrit 1 Thessaloniciens 4 et 5, où il sous-entend qu‘il y aura deux résurrections. Hoekema22 exagère donc quand il dit que :

―«Les prémillénaristes sont obligés d‘admettre qu‘Ap 20.4-6 est le seul passage qui leur prouve clairement qu‘il y aura deux résurrections séparées, l‘une pour les croyants, l‘autre pour les non-croyants, distantes de mille ans. Mais dans ce cas, cet enseignement est basé sur une interprétation littérale d‘un passage qui se trouve dans un livre hautement symbolique—contrairement à ce qu‘enseignent clairement d‘autres passages (comme Jn 5.28-29 et Ac 24.15), à savoir que les croyants et les

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James A. HUGUES, Revelation 20.4-6 and the Question of the Millennium, WTJ (1973) pp. 281-302, dans Kuen, Labyrinthe, pp. 120. 22

A. A. HOEKEMA, The Bible and the Future, Grand Rapids : Eerdmans 1978, 1979, cité par Kuen, Labyrinthe, 112. La dernière ligne est de Kuen.

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incroyants ressusciteront simultanément» (Hoekema, 78 p. 242). Cependant, ce faisant, ils violent une règle d‘exégèse reconnue par tous : qu‘il faut interpréter un passage obscur de l‘Ecriture à la lumière d‘une déclaration claire.‖

En fait, l‘interprétation littérale est la seule qui donne un sens à ce texte; parler d‘un livre ―hautement symbolique‖ n‘est pas une façon très heureuse d‘évacuer ce texte que les amillénaristes veulent à tout prix déclarer symbolique, et les autres passages cités n‘enseignent pas expressément qu‘il n‘y aura qu‘une seule résurrection où tous ressusciteront en même temps. Kuen ajoute que le texte d‘Apocalypse 20 est obscur. Mais c‘est son opinion. En soi, le texte n‘est justement pas obscur : on l‘obscurcit. La BA conclut que le texte doit parler de deux résurrections, et ajoute : ―Mais on doit constater aussi que c‘est ici le seul livre du Nouveau Testament qui renferme cette doctrine.‖ Puis, elle propose que le reste de l‘enseignement du Nouveau Testament va clairement dans le sens d‘un seul événement, et qu‘il faut ―expliquer les parties obscures et douteuses de l‘Ecriture par ses parties claires et positives …‖ Mais Apocalypse 20 n‘est pas un passage obscur ou douteux. Il est clair, précis et inspiré.

Concluons avec l‘avis de Henry Alford, éditeur du texte grec du Nouveau Testament, cité par Ladd : ―Si dans un passage qui mentionne deux résurrections, où certaines psychai ezèsan lors de la première, et les autres nékroi ezèsan seulement à la fin d‘une période donnée après la première résurrection, —si dans un tel passage la première résurrection peut être comprise comme une résurrection spirituelle avec Christ, tandis que la deuxième signifie une résurrection littérale du tombeau,— alors il y a une fin à tout sens du langage, et l‘Ecriture est effacée en tant que témoignage précis de quoi que ce soit.‖

3. Doit-on comprendre que le mot ‗âme‘ au verset 4 indique un règne avec Christ au ciel en attendant la résurrection de la fin ?23 Mais cela ouvre une autre question : régnerons-nous avec Christ avant que ce règne lui est remis en 11.15, texte que pratiquement tout le monde prend au sens encore futur aujourd‘hui ? Apocalypse 6.9-11 semble dire tout autre chose ! Jean voit les âmes des martyrs sous l‘autel et

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C’est ce que Morris propose. Il suggère que l’usage du mot ‘âme’ va dans ce sens. Les âmes des martyrs règnent avec Christ pendant mille ans.

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non sur un trône. En 6.9-11, ces âmes sont bien en attente de la résurrection. Mais peut-on affirmer la même chose pour les âmes de 20.4-6 ?24 Pourquoi alors utiliser un aoriste : ils vécurent, au sens de ‗ils ressuscitèrent‘ ? Et pourquoi faudrait-il spécifier qu‘ils vivent ? N‘est-ce pas une évidence ? Jésus l‘avait déjà rappelé aux Sadducéens : Dieu est le Dieu des vivants, Mt 22.32. Tant au verset 4 qu‘au verset 5, vécurent doit être compris comme l‘événement ponctuel de la résurrection corporelle. C‘est le seul sens qui fait droit au texte.25

Pour faire ressortir cela plus clairement, il n‘est peut-être pas inutile d‘introduire cette compréhension allégorisante dans le texte de 20.4-6 (nous avons choisi de la rendre par le verbe ‗se convertir‘) :

20 4Je vis des trônes. A ceux qui s‘y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et (je vis) les âmes de ceux qui étaient morts sous la hache à cause du témoignage de Jésus et de la parole de Dieu, et de ceux qui ne s‘étaient pas prosternés devant la bête ni devant son image et qui n‘avaient pas reçu la marque sur le front ni sur la main. Ils se convertirent, et ils régnèrent avec Christ, pendant mille ans. 5Les autres morts ne se convertirent pas jusqu‘à ce que les mille ans soient accomplis. C‘est la première résurrection. 6Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n‘a pas de pouvoir sur eux, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant les mille ans.

Le non-sens est évident …

4. Quel règne sommes-nous sensés avoir maintenant ? En effet, le Nouveau Testament dit justement le contraire. Voici quelques rappels dans la version du Semeur :

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Dany HAMEAU, op. cit. p. 67, résume ainsi une des convictions amillénaristes : “Les versets 4-6 décrivent l’état intermédiaire, la situation des âmes des croyants auprès du Seigneur, dans l’attente de la résurrection corporelle (seconde résurrection).” 25

Kuen, Labyrinthe 111-120 cite plusieurs auteurs amillénaristes pour prouver que soit la première résurrection est spirituelle (baptême, nouvelle naissance), et la deuxième corporelle, soit que les deux sont spirituelles. La première option est très discutable, car elle impose deux sens différents à un même mot dans deux versets qui se suivent. Mais les deux interprétations cherchent par tous les moyens à éviter le sens obvie du texte. La raison n’en est pas quelque chose dans le texte, mais une conviction a priori sur le texte. L’exégèse devient alors très facilement de l’eiségèse (on ne sort pas quelque chose du texte, mais on introduit quelque chose dans le texte).

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o Elle n’est pas seule à gémir; car nous aussi, qui avons reçu l’Esprit comme avant-goût de la gloire, nous gémissons du fond du cœur, en attendant d’être pleinement établis dans notre condition de fils adoptifs de Dieu quand notre corps sera délivré (Romains 8.23).

o Dès à présent, vous êtes rassasiés. Déjà, vous voilà riches ! Vous avez commencé à régner sans nous. Comme je voudrais que vous soyez effectivement en train de régner, pour que nous soyons rois avec vous. Mais il me semble plutôt que Dieu nous a assigné, à nous autres apôtres, la dernière place, comme à des condamnés à mort car, comme eux, il nous a livrés en spectacle au monde entier : aux anges et aux hommes. Nous sommes “fous” à cause du Christ, mais vous, vous êtes sages en Christ ! Nous sommes faibles, mais vous, vous êtes forts ! Vous êtes honorés, nous, nous sommes méprisés. Jusqu’à présent, nous souffrons la faim et la soif, nous sommes mal vêtus, exposés aux coups, errant de lieu en lieu. Nous nous épuisons à travailler de nos propres mains. On nous insulte ? Nous bénissons. On nous persécute ? Nous le supportons. On nous calomnie ? Nous répondons par des paroles bienveillantes. Jusqu’à maintenant, nous sommes devenus comme les déchets du monde et traités comme le rebut de l’humanité (1 Corinthiens 4.8-13).

o Car en ce qui concerne le Christ, Dieu vous a accordé la grâce, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui (Philippiens 1.29).

o Et si nous persévérons, avec lui nous régnerons. Mais si nous le renions, lui aussi nous reniera (2 Timothée 2.12).

o Ladd rappelle Matthieu 19.28 que nous avions déjà cité : Jésus leur dit : Vraiment, je vous l’assure : quand naîtra le monde nouveau et que le Fils de l’homme aura pris place sur son trône glorieux, vous qui m’avez suivi, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes pour gouverner les douze tribus d’Israël. Il y ajoute 1 Corinthiens 6.2 : Ignorez-vous que ceux-ci auront un jour à juger le monde ? Si donc vous êtes destinés à être les juges du monde, … en suggérant que juger a ici le sens plus général de diriger, régner.

Nous régnons donc déjà maintenant ? Non, nous gémissons, nous souffrons, nous persévérons. Il est bien étrange, cruel même, d‘appeler la persécution : le règne avec Christ des chrétiens. Paul ne dit pas aux Corinthiens : ―Mais bien sûr que vous régnez. Nous régnons tous !‖ Il dit plutôt le contraire. Et si nos églises étaient l‘équivalent du règne de paix et de justice du Christ, pourquoi en voyons-nous si précieusement

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peu ? Non, le règne est encore à venir. Si Apocalypse parle d‘un règne des chrétiens, ce règne est nécessairement encore futur.26

5. Que ce soit au sens de l‘Eglise qui règne depuis deux mille ans, ou au sens du règne des âmes au ciel, on règne sur qui ou sur quoi ? Le problème, comme toujours, est dans les détails. Le règne des croyants avec Christ n‘est pas une idée bien trouvée pour expliquer les textes autrement. Encore faudra-t-il être un peu plus précis. Les amillénaristes estiment que le retour de Christ introduit le règne …, mais en même temps, les âmes des chrétiens règnent déjà, puisque nous sommes dans le millénium qui est le règne du Christ. Comprendra qui pourra …

6. Faut-il voir 20.1-6 comme un des parenthèses du livre ? Ce n‘est pas vraiment le cas. Tout d‘abord parce que le texte constitue une suite logique à la défaite totale de la bête. Ensuite, le propre des parenthèses du livre est d‘expliquer plus en avant ce qui était mentionné ou sous-entendu dans le texte. Mais 20.1-10 ne joue pas ce rôle. Nous l‘avons déjà indiqué : la structure de 19.11-21.8 forme un tout.

7. Nos amis amillénaristes se disent souvent soucieux de ce qu‘auraient compris les premiers lecteurs. Mis à part que nous ne saurons jamais ce qu‘ils ont compris, il est pourtant bien plus probable qu‘ils aient compris le chapitre 20 comme la suite logique du chapitre 19, que comme la description de leur vécu sous la persécution domitienne !

L’interprétation de l’Eglise ancienne. Les opinions des Pères d‘Eglise sont à manier avec prudence. On pourra trouver chez eux un appui à presque n‘importe quelle interprétation de l‘Ecriture. Cependant, Barclay, un amillénariste convaincu, note ceci : Le millénarisme était très répandu dans l‘Eglise à ses débuts. Justin Martyr écrit : ―Pour moi, et les chrétiens d‘orthodoxie intégrale, tant qu‘ils sont, nous savons qu‘une résurrection de la chair arrivera pendant mille ans dans Jérusalem rebâtie, décorée et agrandie, comme les prophètes Ezéchiel, Isaïe et les

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Wilcock ne trouve qu’Apocalypse 1.6 pour dire que nous régnons déjà maintenant comme “rois et sacrificateurs”. Ce qui est pratiquement un aveu de la faiblesse de l’argument. Pourtant, même ce texte ne dit nullement que nous régnons déjà. Que le Royaume de Dieu soit aux disciples de Jésus (Matthieu 5.3) et que nous soyons devenus sacrificateurs (1 Pierre 2.5) est l’enseignement de l’Ecriture. Mais le règne est encore à venir. Voir le résumé de ce règne par Alexander et les nombreux passages de l’Ancien Testament qu’il y associe.

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autres l‘affirment.‖27 Irénée et Tertullien de même favorisaient une interprétation millénariste (pour Irénée, le fait que les martyrs avaient souffert sur terre était raison de croire que la récompense de leur fidélité leur serait aussi donnée sur la terre). Papias est connu pour un millénarisme qu‘il fonde sur les paroles mêmes de Jean de qui il avait été le disciple. Il décrit notamment, dans un langage poétique, les bénédictions matérielles du règne à venir. Plus tard, une interprétation allégorique devient prépondérante avec Origène, Eusèbe de Césarée, Jérôme et Augustin. Barclay conclut que le millénarisme n‘a jamais été l‘opinion universelle de l‘Eglise, qu‘Apocalypse 20 est le seul texte qui l‘enseigne ―sans équivoque‖. C‘est une interprétation que le courant majeur de la pensée chrétienne a laissée derrière lui. Barclay a sans doute raison dans sa conclusion. Mais cette interprétation ―nouvelle‖ semble constituer une rupture avec la pensée apparemment majoritaire dans l‘Eglise du Ier et du IIme siècle.

La lecture la moins difficile28 semble bien être celle qui prend les choses au sens que cette première résurrection concerne ceux qui sont morts en Christ

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La citation provient de La philosophie passe au Christ, L’œuvre de Justin, Série Ichtus/Les Pères dans la foi, Desclée de Brouwer, p 261 28

Kuen, Labyrinthe 132 : “Il *le dispensationalisme] partage, avec les prémillénaristes historiques, l’avantage d’une lecture plus simple d’Ap 20.” Il ajoute plus loin, pp 158, 159, une courte section sur les aspects discutables de l’amillénarisme. Malheureusement, ces questions assez sérieuses ne trouvent pas des réponses adéquates dans son livre. Voici les paragraphes significatifs :

“Plusieurs amillénaristes ont attiré l’attention sur les faiblesses de leur propre système. «Des différents parallèles proposés par les exégètes amillénaristes, dit S.J. Grenz, celui du chapitre 20 avec une rupture d’avec le chapitre 19 est le plus problématique. Une telle rupture ne semble pas exigée par le texte. La lecture la plus simple fait suivre chronologiquement les événements des deux chapitres. Le Christ triomphe d’abord de la Bête et du faux prophète (19.19-21), ensuite il dirige son attention sur celui qui a inspiré leurs actions diaboliques (20.7-10). Entre les deux combats se situent mille ans de tranquillité. Ce qui confirme cette interprétation, c’est que la Bête et le faux prophète sont présents dans l’étang de feu au moment où le diable subit le même sort qu’eux» (S.J. GRENZ, The millennial maze, Downers Grove IVP, 1992 p. 170).

Le danger de l’approche amillénariste, dit Wilcock, c’est qu’en expliquant certains symboles comme étant des vérités générales, ils tendent à perdre leur force. «L’une des conséquences de la spiritualisation amillénariste du Royaume est d’établir une connexion trop grande entre le Royaume de Dieu et l’Eglise» (S.J. Grenz, p. 172).

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en ces temps ultimes. Elle complète donc la résurrection qui a eu lieu avant, lors de l‘enlèvement. Après tout, cela est assez logique. Les martyrs mentionnés en 20.4-6 sont tout autant disciples du Christ que les croyants des âges précédents. Ils ne seront pas les exclus de la fête. Ils sont probablement ceux visés en 12.17.

Selon la promesse du Seigneur, nous régnerons avec Christ. L‘annonce de Jésus en Luc 22.30 s‘applique probablement à cela : vous mangerez et vous boirez à ma table, dans mon royaume, et vous siégerez sur des trônes pour gouverner les douze tribus d’Israël. Nous jugerons, et on peut penser à ce que dit Paul en 1 Corinthiens 6.2, déjà cité. Où ce règne aura-t-il lieu ? En fait, cela n‘est pas précisé ici, mais 5.9,10 l‘avait déjà annoncé : Tu as racheté pour Dieu, par ton sang répandu, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toutes les nations. Tu as fait d’eux un peuple de rois et de prêtres au service de notre Dieu, et ils régneront sur la terre.

Ce règne est la cristallisation de beaucoup de promesses de l‘Ancien Testament. Répondons ici à la question déjà posée : sur qui régneront les élus ? Le prophète Zacharie écrit : Et il arrivera que tous ceux qui subsisteront de toutes les nations qui seront venues attaquer Jérusalem, monteront tous les ans pour se prosterner devant le Roi, le Seigneur des armées célestes, et pour célébrer la fête des Cabanes. Si l’un des peuples de la terre refuse de monter jusqu’à Jérusalem pour adorer le Roi, le Seigneur des armées célestes, il ne recevra pas de pluie. (14.16,17) Clairement, le retour de Christ n‘est pas la fin du monde au sens que tout le monde est tué et que la terre se consume dans le feu. Zacharie atteste dans ce même chapitre que Christ revient et sera roi de toute la terre. La géographie changera, Jérusalem sera

La distinction des deux sortes de résurrections couvertes par le même terme (ezèsan)

dans le même passage n’est pas très convaincante. Le problème est moins ardu si l’on adopte l’exégèse de Hughes qui voit les deux résurrections comme étant spirituelles.

Lorsque Jésus dit: «Je boirai... nouveau dans le royaume de mon Père», il semblait se référer à une phase future de ce royaume, mais il pouvait aussi se référer au royaume éternel.

«En général, les amillénaristes ont tendance à minimiser ou même à éliminer tout rôle futur de la nation d’Israël dans le programme d’avenir de Dieu; ils prétendent que l’Eglise l’a remplacée. L’apôtre Paul, toutefois, exprimait l’espoir que «tout Israël» soit sauvé (Rom 11.26) et il était très zélé dans son ministère auprès des non-Juifs afin d’exciter l’envie des Israélites (Rom 11.11). L’interprétation amillénariste contemporaine de cet espoir de Paul s’attendant à une conversion du reste juif à travers l’ère de l’Eglise constitue une avancée bienvenue par rapport à l’exégèse plus ancienne qui considérait même Rom 11.12 comme se rapportant à l’Eglise... D’après ce verset, l’apôtre s’attendait clairement à une conversion massive d’Israël dans l’avenir, un événement qui introduirait une période glorieuse pour le monde entier» (S.J. Grenz, p. 171).”

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surélevée, rebâtie sans doute, et elle vivra en sécurité. Il n’y aura plus d’anathème, texte rappelé en Apocalypse 22.3, appliqué à la nouvelle Jérusalem. L‘ensemble de ce chapitre 14 met l‘accent sur la continuité de l‘histoire. Le jour de l‘Eternel29 sera cataclysmique, mais il n‘est pas la fin. Il y a une histoire terrestre au-delà de ce jour. Ce sera le règne tant attendu du Messie sur la terre entière. L‘Apocalypse voit tout cela du point de vue de l‘Eglise glorieuse. Les Chrétiens ressuscités seront sacrificateurs et rois dans ce règne de mille ans. La nouvelle Jérusalem ne connaîtra pas de classe de sacrificateurs. Ezéchiel nous dit qu‘il n‘en sera pas pareillement dans la Jérusalem terrestre.

LA REVOLTE FINALE, 20.7-10. Après les mille ans, Satan est relâché et, aussi vite, il recommence à séduire les nations. Ce texte soulève des questions évidentes. Pourquoi, Dieu permettrait-il cela ? Ce texte, n‘est-il pas la preuve que le Millénium doit être compris comme une image, un symbole, de l‘âge de l‘Eglise ? Une interprétation littérale, ne conduit-elle pas obligatoirement à un non-sens ?

Commençons par remarquer que l‘Apocalypse rappelle ici le texte d‘Ezéchiel 38,39. C‘est à ce point de contact singulier entre les deux livres qu‘il faudrait évoquer le parallélisme étonnant entre l‘Apocalypse et le prophète Ezéchiel. Le tableau suivant résume cette comparaison entre les deux livres.30

Ezéchiel Apocalypse

1-3 Introduction et lettres aux églises

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Il ne faut pas comprendre un jour de 24 heures. Nous sommes depuis 2.000 ans dans les derniers jours. Le jour de l’Eternel est la fin de cette période et Apocalypse 8-19 forment ce grand jour. 30

T. F. GLASSON, The Revelation of John, Cambridge University Press, 1965, cité par Kuen, Introduction, p.130, va dans un même sens. Il établit les six parallèles suivants : 1. Vision de Dieu/Christ en captivité (Ez 1/Ap 1). 2. Message au peuple Juif/aux sept églises (Ez 2-24/Ap 2,3). 3. Jugements (Ez 25-32/Ap 6-19). 4. Le royaume (Ez 33-37/Ap 20.1-6). 5. Gog (Ez 38,39/Ap 20.7-15. 6. Gloire future (Ez 40-48/Ap 21,22). Il ajoute qu’un tel accord étroit ne peut être accidentel. “Jean n’a pas seulement suivi un plan analogue, mais il a été fortement influencé par le langage d’Ezéchiel”. Nous avons nos réserves sur cette conclusion. Jean n’a pas suivi Ezéchiel, mais l’Auteur des deux séries de visions est le même. Ladd note le même parallélisme entre la fin d’Ezéchiel et l’Apocalypse, mais il prend Ezéchiel 40-48 comme une image du nouvel ordre éternel.

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1-11 Visions de la gloire de Dieu 4,5 Vision de la gloire de Dieu

12-35

28.11-19

Jugement d’Israël et des nations

Chute et expulsion de Satan

6-18

12.3,4,7-18

Jugement des nations

Chute et expulsion de Satan

36,37 Retour du peuple et règne messianique

19,

20.1-6

Retour du Christ et règne messianique

38,39 Gog et Magog 20.7-10 Gog et Magog

39.21-29 Jugement et conclusion 20.11-21.8 Jugement et nouvelle création

40-48 Vision du temple et du retour de la gloire de Dieu

21.9-22.5 Vision de la nouvelle Jérusalem

22.6-21 Conclusion

Si nous laissons de côté l‘introduction et la conclusion de l‘Apocalypse, nous constatons que les deux textes se ressemblent étonnamment. Les deux textes possèdent un mouvement qui va de la gloire à la gloire.

Dans les deux cas, nous avons une vision de la gloire de Dieu au début (elle quitte le pays en Ezéchiel, elle est au ciel en Apocalypse) et à la fin (la gloire de Dieu est alors sur terre). Les deux livres donnent dans ces visions une place importante aux quatre chérubins ou aux quatre êtres vivants, mais dans les deux cas, c‘est le Messie, le Christ, qui est au centre : une forme humaine en Ezéchiel 1, l‘Agneau en l‘Apocalypse 5. Au milieu des séries de jugements, et près du centre de chaque livre, se trouve une description de la chute de Satan (celle de l‘origine en Ezéchiel, celle de la fin en Apocalypse), et dans les deux cas, il est expulsé et précipité sur la terre. Toute l‘attente des deux livres est concentrée dans le retour et le règne messianique. C‘est l‘espérance qui permet de supporter le départ de la gloire en Ezéchiel. C‘est l‘aboutissement de l‘ouverture des sceaux en Apocalypse. Après le règne messianique, les deux mentionnent l‘invasion tumultueuse et, à première vue, inexplicable de Gog et de Magog. Cette invasion est suivie du jugement et de l‘annonce du retour d‘Israël chez Ezéchiel, par le jugement dernier et la descente de la nouvelle Jérusalem en Apocalypse. Pour terminer, les deux livres ajoutent un épilogue, une parenthèse, où est décrit le retour de la gloire dans le temple de Jérusalem pour l‘un, dans la nouvelle Jérusalem pour l‘autre.

Cependant, c‘est bien d‘un parallélisme qu‘il s‘agit, et non d‘une fusion. L‘accent des deux livres est très différent. Ezéchiel parle d‘Israël là où Jean mentionne l‘Eglise. Nous devons donc résister à la tentation de superposer les deux livres. Ils sont juxtaposés, décrivant deux réalités différentes mais

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parallèles. Ces réalités ne se touchent pas—dans ces deux livres—, à l‘exception de l‘invasion de Gog et de Magog. L‘histoire que relate Ezéchiel commence au début de l‘exil des Juifs, environ 600 ans avant Jésus-Christ. L‘Apocalypse débute au premier siècle de l‘ère chrétien. La gloire de Dieu est reliée au temple physique de Jérusalem chez l‘un, elle est reliée à l‘Agneau de Dieu dans l‘autre. Chez Ezéchiel, les jugements concernent, à prime abord, les peuples historiques impliqués dans la destruction du peuple Juif entre la captivité et la venue du Messie, tandis que Jean voit les jugements sur les nations ennemis du Christ, de l‘Eglise et d‘Israël à la fin des temps. Mais dans les deux livres, même là, il y a convergence. La Babylone finale d‘Apocalypse a son alter ego dans la ville de Tyr chez Ezéchiel. Ces deux cités, si différentes, convergent dans leur orgueil, dans leur lien avec le diable et dans leur chute irréversible.

Pourtant, le parallélisme le plus intéressant se situe à la fin des deux livres.

Ezéchiel décrit le rétablissement spirituel d‘Israël et le retour physique dans le pays au chapitre 36 et 37.1-14. Le début de l‘accomplissement de cette prophétie doit être situé à partir de la Pentecôte et l‘établissement de la nouvelle alliance dans le sang versé par le Messie. Mais l‘accomplissement de la promesse d‘un retour physique du peuple d‘Israël sur ses terres a vraiment débuté au XXme siècle, marqué par l‘immigration massive des Juifs en Terre sainte, la Shoa, la création de l‘état d‘Israël et la réunification de Jérusalem. Le temps messianique est abordé en 37.15-28. Le prophète décrit la réunification des deux parties du peuple, Juda et Joseph31, et le règne de David, accomplissement de l‘attente des prophètes. Puis, exactement au même endroit où Jean le décrit, Ezéchiel parle d‘une invasion brutale qui frappe ce peuple revenu. C‘est la révolte de Gog et de Magog.32 Ezéchiel précise que cette invasion, dans un temps lointain, 38.8,16, touche un peuple qui habite en sécurité dans un pays ouvert, 38.11,12. Ce peuple est revenu sur ces terres, ―recueilli du milieu des nations‖. Il n‘est pas question d‘une longue période d‘insécurité, de guerre, d‘encerclement, mais de la frappe brutale d‘un peuple qui jouit d‘une paix qui rappelle ce que les prophètes disent ailleurs du règne messianique. Nous ne pouvons pas manquer d‘observer que cela ne peut être en aucune façon la situation actuelle. Ce temps prolongé de paix dans la terre d‘Israël n‘a pas encore eu lieu et n‘aura pas lieu de ce côté du Millénium. Nous sommes à deux doigts de la révélation de la bête, et non d‘un temps de paix

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Voir l’appendice sur Israël à la fin de la première partie. 32

La BA prend Gog et Magog comme le type de celui qui doit livrer la dernière lutte contre le peuple de Dieu. Mais Ezéchiel ne laisse pas vraiment cette option.

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pour le peuple Juif. La charge de Gog et de Magog est donc encore future et doit se passer après le règne de mille ans, exactement au moment où Jean voit qu‘elle a lieu.33

Voir dans ces chapitres un événement ―spirituel‖ qui concerne l‘Eglise est totalement inadéquat. A aucun moment, l‘Eglise de Jésus-Christ ne ressemble à ce peuple en paix, habitant dans des villes ouvertes. Nous sommes en guerre et cela n‘a pas l‘air de s‘arranger ! Le lion rugissant rôde autour de nous. La persécution sévit. Et la fin des temps est sur nous. Une lecture symbolique ne fait tout simplement pas partie des options d‘interprétation du texte biblique d‘Ezéchiel 38 et 39. Que cela influence lourdement l‘interprétation d‘Apocalypse 20 n‘échappera à personne.

Dieu mettra fin à cette invasion. Sans vouloir pousser ceci trop loin, ce n‘est apparemment pas le Messie, mais Dieu lui-même qui intervient. On brûlera les armes pendant sept ans, 39.9. Le centre de ce dernier combat ne semble pas être au nord d‘Israël (Harmaguédon en Apocalypse 16 est au nord), mais à l‘est, 39.11.34

L‘Apocalypse décrit cet épisode en très peu de mots. Satan rassemble les nations aux quatre coins de la terre dans un mouvement de révolte mondial. Une armée gigantesque, dans les deux versions, envahit la terre d‘Israël. Mais Jean spécifie l‘objectif précis de l‘attaque : ―le camp des saints et la ville bien-aimée‖.

Qu‘est-ce ce camp des saints ? Le mot ‗camp‘ figure dans le livre des Actes (21.34 etc.), où il est traduit par ―forteresse‖. Cela est proche du sens étymologique, un endroit entouré de palissades, comme les camps romains. En Hébreux 11.34, on le traduit par armée. Mais le sens en Apocalypse est sans doute plus proche de celui en Hébreux 13.11 (= Exode 29.14; Lévitique 4.12) où il décrit le camp du peuple d‘Israël dans le désert. Au verset 13, il est appliqué au peuple d‘Israël. On peut aussi penser à 2 Chroniques 31.2 … aux portes du camp de l’Eternel, au sens du temple.

Jean utilise le mot ‗saints‘ à plusieurs reprises dans l‘Apocalypse (mais jamais dans l‘Evangile ou dans les lettres). En 5.8, la prière des saints réfère à

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La théorie d’Alexander, qui voit une invasion de Gog avant le Millénium et une autre, d’un autre Gog, à la fin du Millénium, doit être abandonnée. Elle n’a aucun fondement dans les textes. 34

Faut-il comprendre les terribles versets d’Esaïe 63.1-6 dans ce contexte de la destruction de Gog et de Magog ?

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la prière des Chrétiens. En 11.18, le sens est plus général. Mais le groupe suivant, ‗ceux qui craignent ton nom‘ au temps présent, fait penser aux saints encore vivants, ce qui veut sans doute dire les Chrétiens. En 13.7, le rappel de Daniel 7 renvoie aux croyants Juifs, mais ici, il se réfère sans doute aux Juifs comme aux Chrétiens, comme nous l‘avons dit. En 13.10, le mot est synonyme de Chrétiens. En 16.6, l‘usage est probablement général et signifie les croyants des deux alliances. 18.20 et 19.8 vont dans le même sens. Mais c‘est en même temps un sens clairement chrétien : les saints de l‘Ancienne Alliance sont unis aux saints de la Nouvelle Alliance, comme la Nouvelle Jérusalem le montrera. En 22.11, au singulier, il a un sens chrétien évident. Dans l‘ensemble, le sens dominant dans le livre est celui qui vise le peuple de Dieu des deux alliances. Ce sens convient bien ici.

Le camp des saints n‘est pas la même chose que la ville bien-aimée, qui doit être Jérusalem. Il est moins probable que cette ville soit la nouvelle Jérusalem qui est seulement introduite dans le texte au chapitre suivant. Nous ne pensons pas que la liaison ‗et‘ ait le sens d‘une explication : le camp des saints qui est la ville bien-aimé. La Bible de Jérusalem, suivie par quelques traductions modernes, traduit ainsi : ils investirent le camp des saints, la Cité bien-aimée. Phillips, dans sa version anglaise moderne, rend la phrase ainsi : ils encerclaient l’armée des saints qui défendaient la ville bien-aimée. Mais cela n‘est qu‘une conjecture. La majorité des traductions se tiennent au simple ‗et‘ : l‘un et l‘autre. Ladd situe le camp des saints à l‘intérieur de la ville bien-aimée, Jérusalem, mais le texte ne le dit pas ainsi.

Que comprendre alors ?

Nous proposons que le camp des saints indique en fait la nouvelle Jérusalem.35 Nous montrerons plus loin pourquoi il faut interpréter 21.9-22.5 comme une référence au règne de mille ans. Car il y a une question soulevée par notre interprétation : comment est-il possible que les saints ressuscités vivent mélangés aux hommes qui ont survécu aux jugements décrits dans ce livre ? Les ressuscités ont un corps glorifié aux caractéristiques différentes (comme 1 Corinthiens 15 le précise), et il serait assez logique qu‘ils ne seraient pas mélangés à ceux qui ont survécu aux cataclysmes de la fin des temps, sans avoir appartenu à Christ. Nous en parlons avec hésitation, car la Bible n‘en dit pratiquement rien. On ne peut donc pas échafauder toute une théorie sur si

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Ainsi aussi Beasley-Murray. Ladd pense que cette solution soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout. Les mentions des nations dans les chapitres 21 et 22 seraient un idiome terrestre dont Jean se sert pour décrire la Jérusalem éternelle.

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peu, nous en convenons. Mais on ne peut pas non plus le balayer d‘un revers de main. Il semble bien que deux dimensions différentes vont coexister durant le Millénium. D‘un côté, il y aura un règne messianique terrestre à Jérusalem, reconstruite après les destructions de la fin dans le pays remodelé dont parle Ezéchiel. Ce règne est peuplé de gens mortels comme le disent les prophètes, cf. Esaïe 65.20 : Là, plus de nourrisson emporté en bas âge, ni de vieillard qui meure avant d’avoir atteint le nombre de ses ans. Ce sera mourir jeune de mourir centenaire; si un pécheur ne dépasse pas les cent ans, c’est qu’il aura été maudit. Ces gens vivront dans des conditions très différentes qu‘aujourd‘hui, mais ils vivront dans les trois dimensions qui sont les nôtres actuellement.

De l‘autre côté, il y a les saints ressuscités qui vivront dans une autre dimension. Le corps ressuscité de Jésus est notre seule référence dans ce domaine. Les Evangiles soulignent à la fois le tout autre et le semblable de son apparence. Manifestement, les disciples ont pu le voir et passer du temps avec lui. Il pouvait manger leur nourriture. Pourtant, il était très différent. Physiquement, il avait changé suffisamment pour qu‘on ne puisse le reconnaître. Mais il pouvait aussi disparaître de devant eux en un clin d‘œil. Il vivait, dirions-nous aujourd‘hui, dans une autre dimension, non pas de manière absolue, mais probablement de manière habituelle, au sens qu‘ils ne le voyaient que par moment. Nous aurons un corps ainsi, la Bible est claire là-dessus. Cela est lié à son retour sur cette terre où nous régnerons avec lui, 5.10. Il est dès lors évident qu‘il y aura une certaine cohabitation. Mais la présence de la nouvelle Jérusalem, le camp des saints, sera suffisamment manifeste pour que Satan l‘attaque avec les hordes qui le suivent.

Il faudra revenir à tout ceci un peu plus loin lorsque l‘Apocalypse va parler de la nouvelle Jérusalem. Mais une question était restée en suspens : Pourquoi Dieu procède-t-il de cette façon étonnante ?

Tout d‘abord, ce n‘est pas parce qu‘une chose nous semble étonnante, qu‘elle ne peut être vraie. Si notre interprétation est respectueuse du texte et de son cadre, et ne contredit pas l‘enseignement clair de la Parole de Dieu ailleurs, nous devons accepter que ce que le texte a l‘air de dire, soit effectivement ce qu‘elle dit. Si notre opposition à cette interprétation provient d‘un concept théologique manifestement biaisé, nous devrons au moins laisser la porte ouverte à une interprétation qui contredit le schéma auquel nous adhérons. Si, en plus, cette interprétation se trouve être en harmonie évidente avec ce que la Bible dit ailleurs, et c‘est le cas ici, nous pouvons avancer sans crainte, tout en restant prudent. Cherchons donc les raisons possibles à un

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règne de paix messianique brutalement interrompu par la guerre et à un diable libéré pour recommencer sa sale besogne.

Ezéchiel peut nous aider un peu dans la recherche d‘une réponse.

L‘instrument de la révolte est bien le diable. Pourtant, Dieu dit clairement que c‘est lui qui agit en arrière-plan : ―Je m‘en prends à toi, Gog … Je te ferai faire demi-tour, je te mettrai des crochets aux mâchoires, je te ferai sortir (38.3,4, cf. 39.2,3). Satan n‘est aucunement libre d‘initiative, ou, plutôt, tout en se croyant libre, il ne peut faire que ce que Dieu a déterminé d‘avance. Dieu est en contrôle. Il poursuit son but. Est-ce que Gog et Magog sont conscients de ce qui se passe ? Non, eux aussi croiront agir en toute liberté : Voici ce que déclare le Seigneur, l’Eternel : En ce jour-là, des projets naîtront dans ton cœur, tu concevras un dessein criminel, et tu diras : “Je vais attaquer un pays ouvert, et j’arriverai chez des gens qui vivent tranquilles dans la sécurité, habitant dans des villes sans remparts, sans verrous, et qui n’ont pas de portes.” Tu iras pour piller et faire du butin, et pour porter la main sur des lieux auparavant désolés, maintenant habités, contre ce peuple rassemblé d’entre les nations, ayant des troupeaux et des biens, qui habitera à présent au centre de ce monde (vv. 10-12). Inconscients du dessein de Dieu, ignorants peut-être de la séduction diabolique, ces peuples se soulèveront contre Dieu et son Messie, et contre le peuple qui est le sien.

La raison derrière cette tournure des événements est indiquée en 38.16 : Je te ferai venir attaquer mon pays dans les temps de la fin afin que les nations apprennent à connaître qui je suis, quand par mes actes envers toi je démontrerai à leurs yeux ma sainteté, ô Gog. De toute évidence, Dieu est d‘avis que le règne du Messie, dans des situations idéales de justice et de paix, n‘a pas changé le cœur de ceux qui n‘ont jamais appartenu à Christ. Leur soumission forcée—tout genou pliera et toute langue confessera, Esaïe 45.23, cité en Philippiens 2.10,11—n‘est jamais devenue une obéissance de cœur.

Le Millénium sera en quelque sorte le livre de Job à l‘envers. Là, Satan accuse Job en susurrant qu‘il sert Dieu de manière intéressée. ―Touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudira en face‖, Job 1.11. Suit alors une période prolongée de malheur et de souffrance. Mais Job en sort justifié, en homme intègre et droit qui craint Dieu et qui s’écarte du mal (1.8). Le règne messianique ressemble à cela. Mais maintenant l‘argument va dans l‘autre sens. ―Si Dieu devait donner aux gens la preuve qu‘il est là, s‘il leur donnait l‘abondance, la santé, la paix, s‘il rendait leur vie agréable, alors on verrait qu‘ils l‘aiment.‖ Mais même la vie sous le règne juste du Messie dans les circonstances les meilleures ne change pas le cœur humain. Seule la repentance et la foi effectuent cela. Quand Satan est relâché sur un monde en paix, et en

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pleine connaissance de cause, il en fait un champ de ruines en un rien de temps et trouve un écho spontané dans le cœur des hommes.

Ainsi, aucune insinuation du mal ne restera sans réponse. Aucune accusation ne pourra être apportée devant Dieu qui permettra à l‘homme pécheur de tenir la tête haute devant son Créateur. Est-ce que Dieu se sert ainsi du diable ? Oui. Satan n‘est plus l‘accusateur des frères qui peut venir devant Dieu. Ombre de la gloire qui était sienne autrefois, il devient simple outil malgré lui. Et les nations connaîtront qui est le Dieu saint. Elles apprendront à le craindre, et suivront leur maître dans la perdition. Ezéchiel 38.23 reprend cela : Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître à des nations nombreuses. Elles reconnaîtront que je suis l’Eternel. En 39.6,7, le prophète répète la même chose, et la conclusion de sa vision le rappelle encore : Je manifesterai ma gloire parmi les nations, et toutes les nations verront mon jugement quand je l’exercerai, elles sentiront la force de mon bras que je ferai peser sur eux (39.21).

Ezéchiel ajoute que tout cela est aussi un accomplissement de ce qu‘ont annoncé les prophètes avant lui : Voici ce que déclare le Seigneur, l’Eternel : N’est-ce pas toi dont j’ai parlé il y a bien longtemps par les prophètes d’Israël, mes serviteurs, qui ont prophétisé déjà en ce temps-là, et pendant des années que je te ferais venir pour les combattre ? (v. 17) A quoi faut-il penser ?

Esaïe a parlé d‘un danger qui viendra de l‘extrémité du nord (14.13, cf. Ezéchiel 38.6,15; 39.236). Son texte est souvent pris comme une référence voilée à la chute de Satan qui est justement le donneur d‘ordre de Gog : Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ? Toi qui terrassais les nations, comment est-il possible que tu aies été abattu à terre ? Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône bien au-dessus des étoiles divines. Je siégerai en roi sur la montagne de l’assemblée des dieux, aux confins du septentrion. Je monterai au sommet des nuages, je serai semblable au Très-Haut. Mais te voilà précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de l’abîme ! Ceux qui te voient arrêtent leurs regards sur toi, ils se demandent : Est-ce bien là cet homme qui ébranlait la terre et qui terrifiait les royaumes, qui changeait le monde en désert, qui détruisait les villes et qui ne relâchait jamais ses prisonniers ? (14.12-17, cf. v. 31) Esaïe, a-t-il vu la charge ultime de Gog et de Magog contre Dieu et son peuple derrière l‘invasion babylonienne ? C‘est le texte le plus clair dans les prophéties conservées dans la Bible auquel pourrait faire référence Ezéchiel 38.17. Peut-être qu‘il faut y ajouter des textes comme

36

Le vocabulaire hébraïque (yarketé tsaphoon, les extrémités du septentrion) se retrouve en Esaïe 14.13. En dehors de ces références en Ezéchiel et Esaïe, il ne se retrouve qu’au Psaume 48.3, où la montagne de Sion est dite se trouver à l’extrémité du nord.

38

Jérémie 1.11-15 et 4.6, mais dont le premier accomplissement concerne bien l‘invasion Babylonienne de Nébucadnetsar.

L‘Apocalypse passe assez rapidement sur la fin de la révolte ultime du mal.37 Comme lors de la défaite de la bête, il n‘y a pas vraiment de combat. Dieu intervient lui-même par le feu du ciel, comme au temps d‘Elie en 2 Rois 1.10-12, et c‘est fini. Ezéchiel ne donne guère plus de détail en 39.3-5 : Je frapperai ton arc pour que ta main gauche le lâche et je ferai tomber tes flèches de ta droite. Sur les montagnes d’Israël, tu tomberas, toi et tes bataillons, et les peuples nombreux qui seront avec toi. Je donnerai ton corps en pâture aux vautours et à tout ce qui vole, et aux bêtes sauvages. Tu tomberas là-bas en plein milieu des champs, car c’est moi qui le dis. C’est là ce que déclare le Seigneur, l’Eternel. Le texte donne bien plus de détails sur le nettoyage qui suit, un peu comme en Apocalypse 19.17,19. Cependant, cette fin ne correspond pas à la fin de la bête. 19.20,21 et 20.9,10 ne sont pas deux versions d‘une même bataille finale. Le diable rejoint la bête et le faux prophète dans l‘étang de feu. Eux, ils y sont depuis le début des mille ans. Leur tourment ne prendra pas fin. L‘enfer est une réalité éternelle.

37

Le fait que l’Apocalypse parle de deux combats d’une envergure énorme à la fin des temps semble troubler certains commentateurs qui veulent absolument y voir deux descriptions d’une même bataille. Ainsi par exemple Wilcock : “… il n’y a place que pour une seule bataille qui est à la fois aussi universelle et aussi finale que celle-ci. Elle doit être identique à *la bataille d’+Harmaguédon …” Mais cette soi-disant impossibilité n’existe que dans la tête du commentateur. La même chose est vraie dans ce livre pour les tremblements de terre, cf. 6.12; 11.13 et 16.18=18.2. Faut-il là aussi simplifier à outrance en disant que tout cela fait référence à un seul événement ? Le problème est davantage avec les présuppositions des commentateurs qu’avec le texte lui-même !

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La fin et le commencement

20.11-21.8

20 11Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui y était assis. Devant sa face s‘enfuirent la terre et le ciel, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. 12Et je vis les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts, et un autre livre fut ouvert, qui est le livre de vie. Les morts furent jugés d‘après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres. 13La mer donna les morts qui s‘y trouvaient, la mort et le séjour des morts donnèrent les morts qui s‘y trouvaient, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. 14La mort et le séjour des morts furent jetés dans l‘étang de feu. C‘est la seconde mort, l‘étang de feu. 15Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de vie fut jeté dans l‘étang de feu.

21 1Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n‘était plus. 2Et je vis descendre du ciel, d‘auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui s‘est parée pour son époux. 3J‘entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. 4Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n‘y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. 5Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Ecris, car ces paroles sont certaines et vraies. 6Il me dit : C‘est fait ! Je suis l‘Alpha et l‘Oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l‘eau de la vie, gratuitement. 7Tel sera l‘héritage du vainqueur; je serai son Dieu, et il sera mon fils. 8Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l‘étang brûlant de feu et de soufre : cela, c‘est la seconde mort.

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Pourquoi mettre ces deux textes ensemble ? Nous y avons la dernière page du livre de la première création et la page de garde de la nouvelle création. Avec 20.11-15, le livre qui a commencé en Genèse 1.1 est enfin fermé. La longue histoire du péché s‘achève. Cette fin est à la fois décevante et réconfortante. Le jugement et la perdition définitive qui en est le résultat sont décevants car en grande partie évitables. La fin avait déjà été écrite lorsque le Fils de Dieu est mort sur la croix du Calvaire. Tout était payé et tout était en état de grâce. La porte de la vie éternelle était largement ouverte à tous ceux qui voulaient y entrer. Car Christ a apaisé la colère de Dieu contre nous en s’offrant pour nos péchés et pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. (1 Jean 2.2) Pourtant, le jugement qui dans un sens est cet énorme gâchis dû à la désobéissance des hommes est aussi une source de réconfort en ce qu‘il est le triomphe de la justice. Pour tous ceux qui ont souffert de l‘injustice humaine, et ils sont nombreux ceux dont les torts n‘ont jamais été redressés, le jugement est une bonne nouvelle, et les Psaumes qui chantent la joie en la justice ne s‘y sont pas trompés. Tout de suite après cela, c‘est un nouveau livre qui s‘ouvre. La création nouvelle commencée à la croix, révélée en chaque conversion à Christ (comme le dit Paul en 2 Corinthiens 5.17, version de Parole vivante : Si quelqu’un entre en communion vivante avec le Christ, il devient un homme nouveau, il est recréé. L’ancien état est dépassé. Ce qu’il était autrefois a disparu. La nouvelle création a déjà commencé; voici : tout est devenu nouveau), devient enfin manifeste. Un nouveau cadre est créé pour qu‘à tout jamais Dieu et l‘homme puissent jouir ensemble.

LE JUGEMENT DERNIER, 20.11-15. Ce que voit Jean est une fois de plus remarquable. Il voit la terre et le ciel disparaître. L‘univers visible touche à sa fin. La prophétie de Pierre s‘accomplit : Mais le jour du Seigneur viendra comme un voleur. En ce jour-là, le ciel disparaîtra dans un fracas terrifiant, les astres embrasés se désagrégeront et la terre se trouvera jugée avec tout ce qui a été fait sur elle. (2 Pierre 3.10). Terre et ciel seront changés comme un vêtement, nous dit le Psaume 102.27. Pourtant, ce n‘est pas cela qui frappe Jean en premier : ―Je vis un trône et quelqu‘un assis sur le trône‖. Au chapitre 4, l‘apôtre était le seul à le voir. Depuis ce temps, les hommes ont eu le loisir de s‘en moquer. Même le règne messianique n‘a pas pu éduquer les gens dans une crainte durable devant le Seigneur de l‘univers. Maintenant, le trône devient une réalité actuelle et vécue pour tous. Même le désagrégement de l‘univers n‘est pas spectacle à faire oublier le trône. L‘esprit ‗Hollywood‘ est définitivement du passé. Il n‘y a plus de public passif, de spectateurs curieux. Il n‘y a plus que des acteurs, des

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participants, des sujets qui devront s‘incliner devant le trône de la majesté suprême.

Que se passera-t-il à la fin du règne millénaire ? Après l‘attaque de Gog et de Magog, le diable est jeté en enfer, le camp des saints est sans doute enlevé. Tout autre homme est mort et ressuscité. Et tous se retrouvent devant le trône. Jean ne parle pas ici de la résurrection des morts, mais il l‘avait déjà annoncée en 20.5. Tout être humain ressuscitera, et pour la plupart, ce sera une résurrection en vue du jugement. La parole de Jésus en Jean 5.24 se confirmera : Oui, vraiment, je vous l’assure : celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné; il est déjà passé de la mort à la vie. Ceux qui se sont donnés au Christ de leur vivant et qui ont vécu par lui ne passent plus en jugement. Ils ont déjà été jugés. Leur condamnation a été clouée sur la croix de Jésus. L‘acte rédigé contre nous, dit Paul en Colossiens 2.14, a été supprimé. Dans ce sens, ce qui se passe ici est un gâchis énorme, comme nous l‘avons déjà dit. Tous ceux qui auraient voulu échapper à la scène terrible du jugement dernier en ont eu la possibilité. Ceux qui se trouvent ici sont ceux qui ne l‘ont pas voulu.38

Les croyants auront à comparaître devant le tribunal de Christ, selon 2 Corinthiens 5.10 (Car nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps). Ce n‘est pas le jugement dernier, mais le temps de rendre les comptes de la gestion de notre vie en tant que chrétiens. Quand cela aura-t-il lieu ? Il semble que ce soit avant le Millénium. Jésus s‘y réfère sans doute dans la parabole des talents. En Luc 19, la récompense s‘aligne bien mieux avec le cadre du règne millénaire : … tu t’es montré fidèle dans une petite affaire. Je te nomme gouverneur de dix villes. Ne disons pas trop vite qu‘une telle interprétation est trop matérielle, pour ne pas dire matérialiste. Ne soyons pas plus spirituels que la Parole de Dieu et, en attendant de voir la récompense qu‘il plaira à Dieu de nous donner, travaillons sans nous lasser pour qu‘aucune couronne ne nous échappe.

Faut-il comprendre ici le même jugement qu‘en Matthieu 25.31-46, où Jésus décrit un jugement qui aura lieu après son retour ? Le texte commence ainsi : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous ses anges, il prendra place sur son trône glorieux. Tous les peuples de la terre seront rassemblés devant lui. Alors il les divisera en deux groupes—tout comme le berger fait le tri entre les brebis et les boucs. Il

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Voir le tableau intéressant d’Alexander où il compare la première et la seconde résurrection dans leurs effets.

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placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Les ‗brebis‘ reçoivent la récompense suivante : Venez, vous qui êtes bénis par mon Père : prenez possession du royaume qu’il a préparé pour vous depuis la création du monde. Les ‗boucs‘ reçoivent le jugement suivant : Retirez-vous loin de moi, vous que Dieu a maudits, et allez dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. En Joël 3.2, Dieu annonce un jugement à venir qui aura lieu en Israël et qui concernera tous les peuples : Je rassemblerai tous les peuples, je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat; alors là j’entrerai en jugement contre eux au sujet de mon peuple, celui qui m’appartient, Israël, qu’ils ont dispersé au milieu des nations, et au sujet de mon pays qu’ils se sont partagé.

Nous ne savons rien de plus de ce jugement, même si l‘idée d‘un tel jugement est assez logique. On se doute bien que le retour de Christ soit suivi d‘un jugement qui n‘est pourtant pas encore le jugement dernier. Les peuples qui auront survécu aux désolations de la fin ne passeront probablement pas sans plus dans le royaume millénaire à venir. Le texte de Matthieu pourrait s‘accorder avec cela. C‘est peut-être aussi à cet événement que se réfère Jésus en Matthieu 10.42 où il rappelle que rien ne sera oublié de ce qui peut témoigner en faveur des coupables. Même si quelqu‘un a donné à boire ne serait-ce qu‘un verre d‘eau fraîche au plus insignifiant de ses disciples parce qu‘il est un disciple de Jésus, il ne perdra pas sa récompense. Mais il est difficile d‘être dogmatique sur une question dont la Bible dit si peu. S‘il s‘agit bien de la même chose en Matthieu et en Joël, et si ce jugement précède le Millénium, nous avons donc en fait trois jugements : le tribunal de Christ qui touchera les chrétiens, le jugement des peuples au début du Millénium, qui concernera les peuples qui auront survécu aux temps de la fin, et le jugement dernier, qui touchera tous les morts (à l‘exception des chrétiens, et probablement des ‗boucs‘ du jugement précédent.39 Cela ne revient pas à compliquer la ―simplicité‖ des Ecritures, mais plutôt à s‘efforcer de se présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité. (2 Timothée 2.15)

39

La plupart des commentateurs voient en Matthieu 25 une description du jugement dernier. Dans la mesure où ils rejettent l’existence d’un Millénium, cela est bien sûr logique. Cependant, le contexte de Matthieu 24, 25 favorise une interprétation dans le cadre du Millénium. Pour les disciples, le retour de Jésus équivalait à l’établissement du Royaume (cf. Actes 1.6,7 : Comme ils étaient réunis autour de lui, ils lui demandèrent : Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rendras le royaume à Israël ? Il leur répondit : Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité).

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En 20.11-15, il est donc question des autres morts, ceux de tous les temps, y compris ceux du Millénium. La Bible dit que tout homme ressuscitera, mais que pour beaucoup, ce sera une résurrection en vue du jugement : Ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection et la vie, ceux qui auront pratiqué le mal pour la résurrection et le jugement (Jean 5.29). Ce sera le drame ultime pour beaucoup de gens : se réveiller, ressusciter avec un corps incorruptible, et découvrir la terrible réalité du jugement éternel. Que la crainte de cela puisse motiver certains à se tourner vers Christ pour être sauvés ne tient pas de la lâcheté, d‘une motivation indigne, mais bien plutôt de la lucidité. Le jugement sera rendu sur la base des faits, soigneusement enregistrés : les œuvres des hommes sont consignées par Dieu, ici sous l‘image de livres. La même idée se retrouve en Daniel 7.10 : … Les juges s’assirent, et les livres furent ouverts. Pour nous, à l‘heure de l‘informatique, tout cela prend un sens encore beaucoup plus réel. Jésus nous dit qu‘au jour du jugement les hommes rendront compte de toute parole sans fondement qu’ils auront prononcée (Matthieu 12.36). Finalement, l‘homme est jugé par sa propre vie et par son arrogante indépendance de son Créateur et Sauveur. Dieu est le Juge, même s‘il juge au travers de son Fils, Jean 5.22 (De plus le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils) et Actes 17.31 (Car il a fixé un jour où il jugera le monde entier en toute justice, par un homme qu’il a désigné pour cela, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant d’entre les morts). Il ne faut pas en conclure que ce jugement fondé sur les œuvres contredit le salut par grâce. La BA remarque très justement que les œuvres ici représentent le fruit de l‘arbre dont parle Jésus en Matthieu 7. Les œuvres ―sont la manifestation la plus fidèle de l‘état spirituel et moral de l‘âme, qui décide de tout pour l‘éternité.‖

Le séjour des morts (le Shéol juif, le Hadès grec) est jeté en enfer. Cet endroit est le lieu où les morts ont été gardés en vue du jugement. Nous n‘en savons pas énormément, mais Jésus semble dire, dans la parabole du pauvre Lazare en Luc 16, que c‘est un lieu de souffrance, clairement distingué du paradis qui est le lieu où se trouvent ceux qui ont marché par la foi (cf. la parole de Jésus au brigand sur la croix en Luc 23.42,43 : Il dit : Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit : En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.) Ce n‘est qu‘à ce moment que ceux qui ne se trouvent pas inscrits dans le livre de vie seront jetés dans l‘étang de feu. Cela sous-entend que même parmi cette foule, il y aura des sauvés. Comment s‘est manifesté leur foi, et à quel moment ? Il faudra les chercher hors des limites de l‘Eglise de Jésus-Christ. Soit parce qu‘ils sont devenus croyants lors du Millénium, peut-être au sens des croyants de l‘ancienne alliance, soit, peut-être, parce qu‘ils font partie de ceux dont parle l‘apôtre en Romains 2.14-16 :

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En effet, lorsque les païens qui n’ont pas la Loi de Moïse accomplissent naturellement ce que demande cette Loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, alors qu’ils n’ont pas la Loi. Ils démontrent par leur comportement que les œuvres demandées par la Loi sont inscrites dans leur cœur. Leur conscience en témoigne également, ainsi que les raisonnements par lesquels ils s’accusent ou s’excusent les uns les autres. Tout cela paraîtra le jour où, conformément à l’Evangile que j’annonce, Dieu jugera par Jésus-Christ tout ce que les hommes ont caché.

Est-ce que cela laisse apparaître un salut hors de Jésus-Christ ? Non, cela est impossible. Mais Dieu jugera ceux qui n‘ont jamais entendu l‘Evangile selon la lumière qu‘ils ont reçue, et selon les actes qui en ont résulté. Nous pouvons penser à un Corneille en Actes 10 qui est décrit de cette façon : Il était pieux et adorait Dieu, avec tous les gens de sa maison. Il était généreux envers les pauvres du peuple et priait Dieu en tout temps. La justice de sa vie se montre par son acception immédiate de l‘Evangile. Sa réaction à la lumière déjà reçue se confirme dans sa réaction à l‘Evangile de la lumière de Dieu reflétée sur la face du Christ. On peut penser, par exemple, à ce que dit Don Richardson au sujet des Karen dans son livre remarquable L’éternité dans leur cœur.40 Un texte comme Malachie 1.11 pourrait aussi s‘y rapporter : Car du soleil levant jusqu’au couchant, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu on offre de l’encens pour mon nom et on apporte une offrande pure; car mon nom est grand parmi les nations, dit le SEIGNEUR des Armées (BHS). Certains païens, seront-ils tenus pour être inscrits sur le livre de vie à cause de leur foi, fut-elle incomplète ? Qui sommes-nous pour le tenir pour totalement impossible ? Mais que cela ne touche pas des masses de gens est impliqué par l‘urgence même que Jésus-Christ donne à l‘ordre missionnaire. Le témoignage de l‘histoire des peuples d‘autrefois comme d‘aujourd‘hui ne peut en rien nous rendre complaisants sur le ―noble sauvage‖ qui se cacherait dans les peuples non encore atteints par l‘Evangile. La cruauté des paganismes ancien et moderne nous crie bien plutôt le besoin désespéré de tous les hommes devant l‘Evangile de Jésus-Christ. Car c’est en lui seul que se trouve le salut. Dans le monde entier, Dieu n’a jamais donné le nom d’aucun autre homme par lequel nous devions être sauvés (Actes 4.12).

En fin de compte, c‘est le fait d‘avoir été inscrit ou non dans le livre de vie qui détermine le destin éternel. Apocalypse 13.8 l‘avait déjà laissé entrevoir : Tous les habitants de la terre se prosterneront devant [la statue de la bête], ceux dont le nom n’a pas été inscrit sur le livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde. Cette inscription, qui est le résultat de la conversion, par laquelle nos noms sont inscrits dans les cieux (Hébreux 12.23) est l‘équivalence céleste de notre appartenance à Jésus-Christ. Cela se voit publiquement dans le comportement

40

Editions JEM, 1982, pp 81-92.

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devant l‘idolâtrie ultime de la bête, comme devant tant d‘autres petites idolâtries avant celle-là. Paul le rappelle en 1 Thessaloniciens 1.9,10 où il résume ce qu‘est la conversion : … comment vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre que revienne du ciel son Fils qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

La dernière phrase du chapitre 20 est peut-être un rappel du Psaume 69.29 (Qu’ils soient effacés du livre de vie, et qu’ils ne soient pas inscrits avec les justes !). Cela pose une toute autre question : Peut-on en être effacé de ce livre ? Le Psaume ne dit peut-être rien d‘autre que la prière de David que ses ennemis ne puissent jamais s‘en tirer, que justice soit faite, qu‘ils ne puissent pas avoir accès à la justice divine (cf. le verset précédent) pour pouvoir obtenir un salut injuste. David parle ici, très probablement, de membres du peuple de Dieu. Ils étaient inscrits en Israël. Il prierait alors qu‘ils soient retirés de ce livre. Que tout Israélite n‘était pas nécessairement inscrit dans le livre de la vie, Daniel 12.1 l‘affirme : … En ce temps-là seront sauvés ceux de ton peuple dont le nom est inscrit dans le livre. Rappelons simplement Apocalypse 3.5 où Jésus dit aux vainqueurs de l‘église de Sardes : … je n’effacerai jamais son nom du livre de vie …

LA NOUVELLE CREATION, 21.1-8. Chronologiquement, cette dernière des sept visions nous amène à la fin ultime. Le texte qui suit (21.9-22.5) est de nouveau une parenthèse et celui-ci est suivi de la conclusion. Ce texte décrit le passage de l‘histoire à l‘éternité. Les cieux et la terre, créés en Genèse 1, ont disparu : Dieu crée maintenant un nouveau ciel et une nouvelle terre. Il s‘agit bien sûr du ciel visible et non pas de l‘habitation de Dieu. Cette nouvelle création sera radicalement nouvelle, ce ne sera pas une réédition ou un remodelage des précédents. Au-delà du Millénium, au-delà du jugement dernier, Dieu crée un nouvel environnement pour son Eglise. Car c‘est bien là le but. Ce nouvel univers servira d‘écrin à l‘Eglise. Morris remarque que, par rapport à la terre précédente, sept choses seront absentes : Il n‘y aura plus ni larme, ni mort, ni deuil, ni cri, ni douleur, ni anathème, ni soleil, cf. 21.4; 22.3,5. En fait, la mer est également absente (ce qui ne veut pas dire l‘absence de l‘eau).

Alexander reprend le schéma intéressant de Bullinger41 qui voulait démontrer la symétrie de l‘Histoire :

41

Nous y avons supprimé les références bibliques. Bullinger (The Apocalypse or “The day of the Lord”, Eyre & Spottiswoode, Londres 1935) croyait à une révolte de Satan entre Genèse

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A. la première création;

B. la première révolte de Satan;

C. la terre restaurée et bénie;

D. Satan fait irruption dans le monde—les conséquences qui

en découlent;

E. Dieu juge l‘humanité dans son ensemble;

F. Israël, la nation choisie, appelée;

G. la première venue de Christ;

H. la grâce accordée au monde : le temps de

l‘Eglise;

G. la deuxième venue de Christ;

F. Israël, la nation choisie, à nouveau appelée;

E. Dieu juge l‘humanité dans son ensemble;

D. Satan lié—les conséquences qui en découlent;

C. la terre restaurée et bénie pendant le millénium;

B. la dernière révolte de Satan;

A. la dernière création.

Le début de ce chapitre soulève plusieurs questions. Il n‘est pas toujours évident de discerner entre le Millénium et l‘état éternel dans l‘Ancien Testament. Ainsi, comment faut-il comprendre le rapport entre Esaïe 65.17-25 et le texte de l‘Apocalypse ? Est-il sous-entendu au v. 2 que les noces de l‘Agneau n‘ont pas encore eu lieu avant ce moment ? Faudrait-il conclure que la nouvelle Jérusalem descend seulement ici ? Dans ce cas, était-elle donc absente au temps du Millénium ?

Esaïe annonce également la création d‘un nouvel univers. Voici ce qu‘il écrit :

Je vais créer un ciel nouveau, une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses d’autrefois, on n’y pensera plus. 18Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours tout remplis d’allégresse à cause de ce que je crée. Oui, car je vais créer une Jérusalem remplie de joie et son peuple plein d’allégresse. 19J’exulterai moi-même à cause de Jérusalem et je me réjouirai au sujet de mon peuple. On n’y entendra plus de pleurs ni de cris de détresse. 20Là, plus de nourrisson emporté en bas âge, ni de vieillard qui meure avant d’avoir atteint le nombre de ses ans. Ce sera mourir jeune de mourir centenaire; si un pécheur ne dépasse pas les cent ans, c’est qu’il aura été maudit. 21Ils se construiront des maisons et

1.1 et 2 (“gap theory”). Cette théorie est aujourd’hui largement abandonnée, ce qui a pour conséquence de mettre le schéma un peu à mal. Mais il reste intéressant.

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les habiteront; ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits; 22ils ne bâtiront plus des maisons pour qu’un autre y habite à leur place, ils ne planteront plus de vignes pour qu’un autre en mange les fruits. Car les gens de mon peuple vivront aussi longtemps qu’un arbre. Mes élus jouiront du fruit de leur travail. 23Ils ne peineront plus pour rien et les enfants auxquels ils donneront naissance ne seront plus destinés au malheur. Ils seront une race bénie par l’Eternel, et leur postérité le sera avec eux. 24Alors, avant qu’ils ne m’invoquent, je les exaucerai; ils parleront encore, que j’aurai déjà entendu. 25Les loups et les agneaux paîtront ensemble, le lion mangera du fourrage tout comme le bétail; le serpent mordra la poussière. Il ne se fera plus ni mal, ni destruction, sur toute ma montagne sainte, dit l’Eternel !

Comment réconcilier ce texte avec Apocalypse 21.1-8 ?

Voici les quatre solutions possibles :

A. Il faut (ré)interpréter Esaïe à la lumière de l’Apocalypse. Cela revient à dire que les références au Millénium sont à comprendre au sens figuratif. Derek Kidner résume cela succinctement :

L‘idée que veut exprimer ―âgé de cent ans‖ (v. 20) est que, dans ce cadre nouveau, la durée d‘un siècle seulement est ridiculement courte, si grande est l‘échelle des grandeurs.

La question est ouverte de savoir si ce passage promet ces bénédictions de façon littérale ou s‘il dépeint l‘état final au moyen d‘analogies terrestres. Si les conditions sont littérales, ce seront celles du millénium, comme dans une lecture simple d‘Ap. 20 où les saints ressuscités paraissent coexister avec les hommes de l‘économie actuelle avant le jugement dernier. Cependant, on peut objecter à cela que, dans la suite des événements, la nouvelle création (v. 17,18) précède ici les bénédictions, alors que, dans Ap. 21.1, elle les suit. C‘est pourquoi il semble que nous devons prendre ce passage dans le sens figuré, et ses allusions au pécheur (v. 20) et au serpent (v. 25) comme des promesses de jugement et de victoire. Dans le monde parfait à venir, les méchants ne seront plus florissants, les forts ne feront plus des faibles leur proie, le tentateur n‘échappera plus à son jugement (cf. v. 25 avec Gen 3.14,15). Mais tout cela est exprimé librement, en suggérant des images, pour susciter l‘espoir plutôt que pour nourrir la curiosité.42

C‘est typiquement l‘interprétation amillénariste des textes de l‘Ancien Testament. Cependant, cela n‘est guère la manière naturelle de prendre ces références. On n‘a pas le droit d‘évacuer ainsi toutes les bénédictions

42

Derek KIDNER, Esaïe, in : Nouveau Commentaire Biblique, Emmaüs 1978.

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―matérielles‖ promises à Israël, à moins d‘avoir une raison prépondérante dans la Bible elle-même. Un système théologique ne constitue pas une telle raison. Nous avons déjà indiqué pourquoi la ―lecture simple‖ d‘Apocalypse 20 est la plus probable. Dès lors, une interprétation allégorisante des prophéties de l‘Ancien Testament revient à imposer au texte un sens ‗artificiel‘. C‘est forcer le texte dans un carcan théologique. Il faudra quand même admettre qu‘Esaïe ne parle pas seulement d‘un siècle comme d‘un temps ridiculement court. Il dit effectivement que la mort existe toujours : ―Car le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit‖ (v. 20 Darby). Peut-on spiritualiser cela ?43

B. Il faut interpréter l’Apocalypse à la lumière d’Esaïe. Cela reviendrait à lire Apocalypse 21.1-8 en termes du règne millénaire. Une telle lecture est quasi impossible. Il faudrait considérer alors l‘ensemble de 21.1-22.5 comme une parenthèse et accepter que l‘Apocalypse ne dise rien sur l‘état éternel, ce qui nous paraît insurmontable. Il est assez logique de considérer l‘histoire résumée à la fin du livre comme une continuité : le retour du Christ et la perdition de la bête, l‘enchaînement de Satan et le règne millénaire, la dernière séduction de l‘humanité et le jugement dernier, et ensuite, l‘avènement de l‘état éternel. La formule d‘introduction de 21.9 montre que la parenthèse commence à ce point précis, et donc pas avant.

C. Il faut conclure que les deux textes parlent de deux choses différentes. Une interprétation non allégorisante nous pousse à la conclusion qu‘Esaïe parle effectivement du Millénium, tandis qu‘Apocalypse 21.1-8 concerne bien l‘état éternel. Chez Esaïe, la mort est toujours une réalité, v. 20, et il y a toujours des naissances, et donc une activité sexuelle, v. 23, cf. Matthieu 22.30 : En effet, une fois ressuscités, les hommes et les femmes ne se marieront plus; ils vivront comme les anges qui sont dans le ciel. Faut-il dès lors conclure que le nouveau ciel et la nouvelle terre sont à interpréter différemment dans les deux textes ? Est-il possible qu‘Esaïe parle de la ―re-création‖ du ciel et de la terre avant le Millénium ? Que le Millénium ne s‘implantera pas sur la terre polluée que les plaies de l‘Apocalypse dépeignent semble assez évident. Dans ce cas, est-il envisageable que ce renouvellement de la création actuelle sera tellement radical que le mot

43

En Zacharie 13.1-6 il est aussi question de mort durant le règne messianique : Si quelqu’un prophétise encore, alors son propre père et sa mère elle-même, eux qui l’ont engendré, lui déclareront ce qui suit : “Tu seras mis à mort. Car tu dis des mensonges au nom de l’Eternel.” Et son père et sa mère, eux qui l’ont engendré, transperceront leur fils pendant qu’il prophétisera. Il semble bien qu’il faut placer cela en cette période, cf. 13.1, où la source semble être l’équivalent de celle qui coule en Ezéchiel 47.

49

‗créer‘ peut s‘appliquer ? On pourrait penser à Actes 3.21 où Pierre parle des temps du rétablissement de tout ce dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois. Une telle lecture est assez tentante.

D. Il faut discerner deux accomplissements chez Esaïe. En parlant du sixième sceau, nous avions remarqué que les prophéties de l‘Ancien Testament peuvent télescoper deux événements qui sont pourtant séparés dans le temps.44 Peut-être qu‘Esaïe voit ici deux événements, d‘abord le plus lointain, la création d‘un nouveau ciel et d‘une nouvelle terre, pour ensuite décrire la situation qui prévaudra lors du Millénium. L‘apôtre Pierre dit quelque chose de ce genre quand il écrit : Ce salut a fait l’objet des recherches et des investigations des prophètes qui ont annoncé d’avance la grâce qui vous était destinée. Ils cherchaient à découvrir à quelle époque et à quels événements se rapportaient les indications données par l’Esprit du Christ. Cet Esprit était en eux et annonçait à l’avance les souffrances du Messie et la gloire dont elles seraient suivies. (1 Pierre 1.10,11)

Il n‘est pas facile de choisir entre les solutions C et D ! Les deux semblent également possibles. Nous avons toutefois une préférence pour la troisième solution.

La nouvelle Jérusalem descend ―prête comme une épouse parée pour son époux‖. Il n‘est pas nécessairement question ici de la préparation aux noces. En fait, les noces de l‘Agneau sont annoncées en 19.7. Déjà avant le Millénium, l‘épouse s‘était préparée (le même verbe qu‘ici) pour les noces qui ont eu lieu, pensons-nous, avant le retour de Christ. Ici, elle s‘est préparée et parée pour son époux : pas son fiancé, mais son époux, son mari, comme en Matthieu 1.16.45 D‘ailleurs, dans le texte ―parallèle‖ de 21.9, elle est appelée l‘épouse, la femme de l‘Agneau. Cette nouvelle Jérusalem, est-elle le lieu préparé par le Seigneur pour les siens ? Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures; si ce n’était pas vrai, je vous l’aurais dit : en effet je vais vous préparer une place. Lorsque je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis. (Jean 14.2,3)

Cette Jérusalem descend maintenant sur la nouvelle terre. Etait-elle descendue également dans le Millénium ? Ou y aura-t-il un accomplissement partiel dans le Millénium, en attendant la pleine révélation de cette épouse

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Nous avions cité René PACHE, Le retour de Jésus-Christ, Saint Légier (Ch) : Emmaüs, pp 18-20. 45

Non pas numphios, comme en 18.23, mais ’anèr.

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dans la gloire de la nouvelle création ? La mention des nations, des souillures, 21.24-27, et la guérison des nations en 22.2 semble plaider en faveur de la présence de la nouvelle Jérusalem sur la terre du Millénium.46 Nous avons déjà dit que ―le camp des saints‖ en 20.9 nous paraît correspondre à cela. Cela introduit une question intéressante : La nouvelle Jérusalem, sera-t-elle visible aux yeux des humains non ressuscités, vivants à ce moment-là ? Autrement dit, comment faut-il comprendre l‘articulation entre les deux réalités, les deux dimensions, terrestre et céleste, dans le Millénium ? Nous y reviendrons au verset 9.

La nouvelle Jérusalem est le tabernacle de Dieu, :3. Nous voici devant l‘ultime habitation de Dieu parmi les hommes dont les demeures dans l‘Ancien Testament n‘étaient que l‘ombre. En Christ, Dieu habite avec nous comme sous tente, Jean 1.14, la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, litt. elle a ―tabernaclé‖ (tabernacle = tente en grec). Depuis la Pentecôte, Dieu habite parmi nous dans l‘Eglise qui est le corps de Christ et le temple de Dieu. Mais cette habitation n‘est pas pleinement visible. On voit encore flou. Péché, erreur, dissensions et disputes voilent la présence de Dieu. Mais dans la nouvelle Jérusalem, la gloire de Dieu, la Shekina indicible, sera enfin dévoilée. L‘Eglise sera unie, et la nouvelle humanité créée à la croix entrera pleinement dans son héritage. Par sa mort, il a abrogé pour toujours la Loi (de Moïse) avec tout son code de règles et d’ordonnances. Il a recréé en lui-même une nouvelle humanité en fondant les deux peuples, Juifs et non-Juifs, en un seul; en s’incorporant ces deux partis opposés, il a ramené la paix (Ephésiens 3.15 PVV). En Christ, toute séparation est déjà abolie. Mais le plan de Dieu avec Israël trouve son plein aboutissement dans le règne messianique. Jusque là, la séparation due à l‘incrédulité demeure encore. Elle sera enlevée lors de la conversion d‘Israël. Mais sur leur intelligence aussi un voile est tombé; leur esprit obscur est devenu insensible, ils demeurent aveugles (pour la vérité). Aujourd’hui encore, lorsqu’ils lisent l’Ancien Testament, leurs regards ne peuvent percer au-delà du voile, car c’est seulement dans l’union avec le Christ que le voile est levé. Ainsi, jusqu’à ce jour, toutes les fois que les Israélites lisent les écrits de Moïse, un voile recouvre leur compréhension. Mais, comme le dit l’Ecriture, “lorsque Moïse se tournait vers le Seigneur, il ôtait le voile”. Chaque fois qu’une personne se tourne vers Dieu, le voile tombe. Lorsqu’Israël se convertira, son bandeau lui sera enlevé. (2 Corinthiens 3.14-16 PVV) L‘habitation de Dieu dans la nouvelle création, sur la nouvelle terre à venir, est une habitation où toutes les conséquences du péché seront effacées. Ce qui était déjà réalité au ciel devant le trône, 7.15-17, est maintenant

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C’est aussi l’avis de Beasley-Murray.

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glorieuse réalité sur terre. A la nouvelle création de 2 Corinthiens 5.17 (si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle (NBS), correspondra enfin une nouvelle création dont la gloire dépassera celle des meilleurs moments de l‘ancienne création. Les soupirs de la création et les douleurs de l‘enfantement auront enfin débouché sur la gloire promise, Romains 8.22.

Dieu lui-même parle alors, et c‘est un fait suffisamment rare dans ce livre pour le noter. Les seules autres mentions se trouvent en 1.8 et, probablement, en 16.17. Il est l‘Alpha et l‘Oméga, le Dieu éternel. La voix vient du trône. Sur le trône, Jean avait discerné la présence du Dieu Tout-Puissant, 4.2. Mais il avait aussi remarqué, au milieu du trône, la présence de l‘Agneau. En 22.13, c‘est le Christ qui reprendra ces paroles majestueuses : Je suis l‘Alpha et l‘Oméga. C‘est un des indices les plus claires de ce que nous nommons la doctrine de la Trinité.

Dieu parle de l‘héritage du vainqueur, ce qui rappelle le refrain des sept lettres, là aussi toujours au singulier. L‘entrée dans cet héritage se fait par l‘acception de la grâce de Dieu, comme l‘avait déjà dit le Seigneur par la bouche du prophète Esaïe : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Et même vous qui n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ! Venez acheter sans argent, oui, sans paiement, du vin, du lait ! (Esaïe 55.1) L‘entrée n‘est pas seulement réservée aux vainqueurs en général, mais à chacun d‘eux, car chacun de ceux qui y rentrent a une valeur éternelle inestimable. Nous sommes très loin de la goutte d‘eau qui se perd enfin dans l‘océan dont parle le Nirvana bouddhiste. La gloire à venir n‘est pas la perte de toute individualité. Ce sera l‘harmonie complète et consciente entre toutes les parties de la création. Nous n‘arrêterons pas d‘exister; bien au contraire, nous existerons vraiment, pleinement. Nous sommes, et nous serons éternellement fils et filles de Dieu. Jean ajoute à cette vérité glorieuse qu‘au-delà de cela, il y a encore une gloire bien plus grande, mais, écrit-il, ce que nous serons n‘a pas encore été révélé, 1 Jean 3.2. La promesse à David en 2 Samuel 7.14 sera l‘expérience de chaque jour, sans ombre et sans réserve. Dans un sens, nous aurons enfin commencé la vie que nous avions reçue par la foi. Même la gloire du Millénium n‘aura été que les préliminaires de l‘éternité promise à ceux qui aiment Dieu d‘un cœur entier.

Entrer dans cet héritage est l‘accomplissement de tout désir. Pourtant, le verset 8 termine cette section avec une liste de ceux qui n‘ont pas droit d‘entrée.

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Lâches : ceux qui ont fini par choisir leur sécurité plutôt que de suivre l‘Agneau, cf. 2 Timothée 1.7 : Dieu nous a donné un Esprit qui, loin de faire de nous des lâches, nous rend forts, aimants et réfléchis.

Incrédules : ceux qui ont refusé l‘Evangile.

Abominables : ceux qui se sont laissés dépraver par le monde idolâtre, cf. Lévitique 18.30 où la Septante utilise le même mot : … vous ne suivrez aucune des coutumes abominables que l’on pratiquait avant vous ….

Meurtriers : sont-ils ici plus particulièrement ceux qui ont tué les chrétiens ?

Débauchés : ceux qui ont persisté en toute sorte d‘immoralités sexuelles.

Magiciens : ceux qui se sont adonnés à la magie, à l‘occultisme, à l‘astrologie.

Idolâtres : ceux qui ont préféré adorer objets, personnes, statues, argent … à la place de Dieu.

Menteurs : ceux qui ont vécu dans le refus systématique de la vérité et ceux qui ont préféré la pratique des demi vérités, des silences coupables etc. à l‘obéissance coûteuse de l‘Evangile.

N‘oublions pas que le Nouveau Testament élargit notoirement l‘application de ces termes. On peut penser à ce que Jésus fait avec les dix commandements en Matthieu 5.21-30. Il faudrait y ajouter les références suivantes :

Matthieu 6.24 : Nul ne peut être en même temps au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent.

Colossiens 3.5 : Faites donc mourir tout ce qui, dans votre vie, appartient à la terre, c’est-à-dire : l’inconduite, l’impureté, les passions incontrôlées, les désirs mauvais et la soif de posséder qui est une idolâtrie.

1 Jean 3.15 : Car si quelqu’un déteste son frère, c’est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier ne possède en lui la vie éternelle.

Le rappel de la réalité de l‘enfer se fait ainsi au seuil même de l‘éternité. Mais cela ne doit pas nous pousser au désespoir. Nous avons tous été coupables de plusieurs de ces choses. Dieu ne promet pas la gloire à quelques parfaits. Il la donne à des pécheurs pardonnés. Quiconque se reconnaît dans la liste sombre et sobre d‘Apocalypse 21.8 peut y enlever son nom à l‘instant

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même, en mettant sa confiance en Jésus-Christ qui est mort pour les coupables que nous sommes.

Ne savez-vous pas que ceux qui pratiquent l’injustice n’auront aucune part au royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : il n’y aura point de part dans l’héritage de ce royaume pour les débauchés, les idolâtres, les adultères, les pervers ou les homosexuels, ni pour les voleurs, les avares, pas plus que pour les ivrognes, les calomniateurs ou les malhonnêtes. Voilà bien ce que vous étiez, certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, vous avez été purifiés du péché, vous en avez été déclarés justes au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu. (1 Corinthiens 6.9-11)

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La nouvelle Jérusalem

21.9-22.5

21 9Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes remplies des sept dernières plaies vint et me parla, en disant: Viens, je te montrerai l‘épouse, la femme de l‘Agneau. 10Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d‘auprès de Dieu. 11Elle avait la gloire de Dieu; son éclat était semblable à celui d‘une pierre très précieuse, d‘une pierre de jaspe transparente comme du cristal. 12Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges. Des noms y étaient inscrits, ceux des douze tribus des fils d‘Israël : 13à l‘orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes et à l‘occident trois portes. 14La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l‘Agneau. 15Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d‘or, afin de mesurer la ville, ses portes et sa muraille. 16La ville avait la forme d‘un carré, sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau : 12000 stades; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. 17Il mesura la muraille : 144 coudées, mesure d‘homme qui était celle de l‘ange. 18La muraille était construite en jaspe, et la ville était d‘or pur, semblable à du verre pur. 19Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce : le premier fondement était de jaspe, le deuxième de saphir, le troisième de chalcédoine, le quatrième d‘émeraude, 20le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d‘hyacinthe, le douzième d‘améthyste. 21Les douze portes étaient douze perles; chacune des portes était d‘une seule perle. La place de la ville était d‘or pur, comme du verre transparent.

22Je n‘y vis pas de temple, car le Seigneur Dieu Tout-Puissant est son temple, ainsi que l‘Agneau. 23La ville n‘a besoin ni du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l‘éclaire, et l‘Agneau est son flambeau. 24Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. 25Ses portes ne se

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fermeront point pendant le jour, car là il n‘y aura pas de nuit. 26On y apportera la gloire et l‘honneur des nations. 27Il n‘y entrera rien de souillé, ni personne qui se livre à l‘abomination et au mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de vie de l‘Agneau.

22 1Il me montra le fleuve d‘eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l‘Agneau. 2Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, se trouve l‘arbre de vie, qui produit douze récoltes et donne son fruit chaque mois. Les feuilles de l‘arbre servent à la guérison des nations. 3Il n‘y aura plus d‘anathème. Le trône de Dieu et de l‘Agneau sera dans la ville. Ses serviteurs le serviront 4et verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. 5La nuit ne sera plus, et ils n‘auront besoin ni de la lumière d‘une lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils règneront aux siècles des siècles.

LE PARALLELISME ENTRE EZECHIEL ET L‘APOCALYPSE. Dans le parallélisme que nous avons déjà évoqué, ce texte sur la nouvelle Jérusalem se trouve côte à côte avec la vision d‘Ezéchiel sur la restauration du temple, de la ville et du pays aux chapitres 40 à 48 de son livre. La tentation est de superposer ces deux textes et d‘interpréter Ezéchiel dans les termes de l‘Apocalypse, en spiritualisant à outrance les détails du texte. Une des raisons principales derrière cette tendance à prendre ce texte dans un sens symbolique (mais sans en donner une explication vraiment satisfaisante) est l‘impossibilité biblique d‘un retour au cérémonial des sacrifices de la Loi pour ceux qui ont été rachetés par le Christ. La première alliance au sens d‘un chemin de pardon a été remplacée par la nouvelle alliance, scellée dans le sang de Christ. Hébreux 8.13 le dit clairement : Par le simple fait d’appeler cette alliance-là nouvelle, le Seigneur a rendu la première ancienne; or, ce qui devient ancien et ce qui vieillit est près de disparaître. Hébreux 10.18 y ajoute que lorsque les péchés ont été pardonnés, il n’est plus nécessaire de présenter une offrande pour les ôter. La première alliance comme un chemin vers Dieu a été remplacée.47

Pourtant, le peuple de la première alliance est là lors du Millénium. Il n‘est pas encore entré dans la nouvelle alliance. Lors du retour de Jésus, Dieu répandra sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont transpercé. Ils porteront son deuil comme on porte le deuil d’un (fils) unique, ils pleureront amèrement sur lui, aussi

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Jérémie 11.10 conclut qu’Israël et Juda ont rompu l’alliance. En 14.21, le prophète (?) réagit : Ne romps pas ton alliance avec nous ! Mais en 31.31 Dieu annonce une nouvelle alliance, texte cité en Hébreux 8.8.

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amèrement que sur un premier-né (Zacharie 12.10). Mais ce deuil n‘est pas à prendre comme l‘équivalent de la nouvelle naissance. Nous ne sommes plus au temps de la grâce. La foi est remplacée par la vue. Christ est revenu. Les conditions ont totalement changé.

Cela crée dès lors une situation inédite. D‘un côté, nous avons le peuple de la nouvelle alliance, Juifs et non Juifs, qui forment la nouvelle Jérusalem. De l‘autre côté, nous avons des Juifs croyants qui ne vivent plus sous l‘ancienne alliance—caduque, Ezéchiel le sait fort bien48—mais qui ne vivent pas non plus sous la nouvelle alliance. Ils vivent sous la Loi, mais sans pouvoir revenir pleinement à cette Loi comme chemin vers Dieu par le moyen du sacrifice annonçant le grand sacrifice du Messie. Ils vivent sur la terre d‘Israël et un nouveau temple est dressé au centre de ce peuple, au détail tellement précis qu‘on ne peut le spiritualiser. Il y a changement de sacerdoce : seuls les descendants de Tsadoq (Ezéchiel 44.15) peuvent officier dans ce nouveau temple.49 Y a-t-il conclusion d‘une autre alliance avec le peuple revenu tant physiquement que spirituellement ? C‘est en effet ce que semble affirmer Ezéchiel 37.26-28 : Je conclurai avec eux une alliance garantissant la paix; ce sera une alliance éternelle avec eux; je les établirai et je les rendrai nombreux, je fixerai pour toujours mon sanctuaire au milieu d’eux. Ma demeure sera près d’eux, je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Et les autres nations reconnaîtront que je suis l’Eternel qui fait d’Israël un peuple saint en plaçant mon sanctuaire pour toujours au milieu d’eux. Faut-il appliquer cela à la nouvelle alliance ? Est-ce une application ultérieure de la nouvelle alliance ? En fait, Ezéchiel annonce la nouvelle alliance en 36.25-27 : Je répandrai sur vous une eau pure, afin que vous deveniez purs, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre cœur dur comme la pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit et je ferai de vous des gens qui vivent selon mes lois et qui obéissent à mes commandements pour les appliquer. Au chapitre 37, le prophète mentionne ce qui nous paraît être un retour subséquent du peuple d‘Israël, suivi d‘une réunification des tribus du nord, exilées encore à ce jour, et de la tribu de Juda autour d‘un fils de David. C‘est avec ce peuple revenu que l‘alliance de 37.26-28 est conclue. A cela peut très bien correspondre ce

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cf. Ezéchiel 44.7 : Au moment où vous présentiez mon pain, la graisse et le sang, on a rompu mon alliance au profit de toutes vos horreurs. 49

Peut-on penser à Hébreux 7.12 : Car lorsque le sacerdoce est changé, il y a nécessairement aussi un changement de loi ? Ce sacerdoce ne peut en rien diminuer le sacerdoce de Christ. Mais il y a cependant changement de sacerdoce dans ce nouveau temple, même s’il reste un sacerdoce aaronique.

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que dit l‘apôtre Paul en Romains 11.26,27 où il fait une citation qui est un collage de deux textes d‘Esaïe, cités selon la Septante (59.20,21 et 27.9). Il dit : … et ainsi, tout Israël sera sauvé. C’est là ce que dit l’Ecriture : De Sion viendra le Libérateur; il éloignera de Jacob toute désobéissance. Et voici en quoi consistera mon alliance avec eux : c’est que j’enlèverai leurs péchés. Paul semble bien parler d‘une alliance avec Israël après le retour de Jésus.

Cette alliance contient la promesse d‘un temple, et donc d‘un culte qui y est célébré. Il n‘est pas inutile de rappeler que la nouvelle alliance dont parle Jérémie 31 est conclue avec la maison d‘Israël et de Juda, et cela dans un contexte qui annonce clairement le retour du peuple tout entier. Dieu appelle Ephraïm son premier-né, 31.9. Israël plantera de nouveau des vignes sur les coteaux de Samarie, 31.8. Ils reviendront suite à leur repentance, 31.18. Avec ce peuple, l‘alliance est conclue. Alors, peut-être faudra-t-il parler d‘une nouvelle application de l‘alliance qui est nôtre en Christ. Dans ce cas, elle ne sera pas essentiellement différente de la nouvelle alliance. Mais elle sera vécue autrement, et dans un autre contexte.

Le rôle des sacrificateurs est peut-être à prendre dans le même sens que le rôle du prince en Ezéchiel 45.7,8,17, cf. 44.2,3; 48.21,22. Celui-ci n‘est pas le Messie, mais un descendant de David50 qui semble agir comme le représentant du Messie dans le peuple. Ainsi, les sacrificateurs pourraient, eux aussi, agir en représentants du souverain sacrificateur, curieusement absent du texte d‘Ezéchiel. Les sacrifices présentés dans ce temple sont des holocaustes, signe d‘une entière consécration, des sacrifices de communion, signe de reconnaissance, Ezéchiel 4.27, et des sacrifices pour le péché, y compris par le prince pour son propre péché, 45.22. Le prince réunit en sa personne l‘office de sacrificateur et de roi, 45.22-25.

Les sacrifices offerts dans ce temple millénial, seront-ils efficaces pour expier le péché ? Pas plus que sous l‘ancienne alliance. Ils seront une image visible, répétée et puissante du sacrifice unique de Christ et un rappel au monde que le péché n‘est pas un mauvais souvenir des temps reculés. Même dans la situation idéale du règne messianique, les hommes ne pourront être sauvés autrement que par la foi en ce sacrifice unique. Le temple sera une représentation terrestre ultime du tabernacle céleste. La gloire de Dieu le

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Ezéchiel 37.24,25 : Mon serviteur David sera leur roi, il sera l’unique berger pour eux tous, ils vivront selon mes commandements, et obéiront à mes lois pour les appliquer. Ils habiteront dans le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob et dans lequel ont vécu leurs ancêtres; ils y demeureront, eux, leurs enfants et leurs petits-enfants à perpétuité, et mon serviteur David sera pour toujours prince sur eux.

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remplira, 44.4. Le peuple d‘Israël de cette époque connaîtra enfin une vie de culte telle qu‘il aurait dû le vivre avant. En effet, Dieu rappelle par Ezéchiel ses fautes au peuple, 44.6, à cause desquelles ils ont connu l‘exil qui ne se terminera définitivement et réellement que lorsque Dieu vient de nouveau habiter au milieu de son peuple. Tant que la Shékina n‘est pas rétablie, le peuple vit en errance. Maintenant, au retour de la Diaspora, la génération qui a vécu les terreurs de la fin, cf. Apocalypse 12.14, servira Dieu selon la lettre et selon l‘esprit de la Loi. Les nations monteront à la montagne de l‘Eternel et leurs sacrifices seront offerts en holocauste sur mon autel et me seront agréables, et je ferai resplendir la maison de ma splendeur. (Esaïe 60.7)

Il n‘est pas inutile de rappeler que dans le texte d‘Ezéchiel, le temple et la ville sont séparés, 48.10-15. Faut-il y voir un changement dû à la grande familiarité du peuple juif avec le premier et le deuxième temple qui se trouvaient dans la ville ? Or, dans la nouvelle Jérusalem, la situation est radicalement différente : il n‘y a pas de temple car le Seigneur Dieu Tout-Puissant est son temple, Ap 21.22. La ville et le temple sont intégrés au point d‘être indissociables. Mais la ville de Jérusalem restaurée est séparée du temple. Ces deux textes décrivent bien deux réalités distinctes, même si elles sont contemporaines.

Notons que dans ce temple, il n‘y a plus de parvis séparé pour les non Juifs. Le mur de séparation dont parle Ephésiens 2.14, a disparu. En fait, pas mal de choses importantes du premier temple sont absentes : l‘arche de l‘alliance et donc, logiquement, le voile, l‘autel des parfums, le chandelier, la table des pains de proposition, la cuve de bronze. En fait, tant le lieu très saint que le lieu saint semblent être vides sauf pour l‘autel de bois, mentionné en Ezéchiel 41.22, de taille modeste, de bois simple non recouvert d‘or. Cet autel est la table devant la face de l‘Eternel. Manifestement, ce temple a un rôle différent. Ce n‘est pas un retour en arrière, mais une progression vers une nouvelle situation spirituelle.

Les textes d‘Ezéchiel 40-48 et d‘Apocalypse 21.9-22.5 sont ainsi des parallèles. Le prophète décrit le destin du peuple d‘Israël au retour du Messie, là où le visionnaire de Patmos voit la gloire du peuple de la nouvelle alliance. La nouvelle Jérusalem n‘est pas une image actualisée de la vision du prophète, mais une réalité parallèle, une description de ce que Dieu a réservé à ceux qui l‘ont suivi et qui appartiennent à son Fils. Il est temps de regarder cela de plus près.

Le début de la vision est trop semblable à 17.1-3 pour ne pas être voulu. Là, Jean s‘était trouvé devant la prostituée, Babylone la grande. Ici il voit

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l‘épouse, la femme de l‘Agneau. Là il était conduit dans un désert, ici il est transporté sur une haute montagne. Dans ces deux textes semblables sont ainsi présentées les deux cités qui mettent le monde entier devant un choix essentiel. Il faudra choisir entre Babylone et Jérusalem, entre la gloire passagère de la cité des hommes et la gloire éternelle de la cité de Dieu. La haute montagne n‘est pas ici le lieu du temple de Dieu, comme en Ezéchiel 40.2. Elle ne sert que d‘un point de vue dégagé d‘où l‘apôtre voit la nouvelle Jérusalem descendre du ciel.

UN SYMBOLE ? La comparaison entre Babylone la grande et Jérusalem la nouvelle ouvre à une autre considération. En 17.3, Jean voyait une femme, symbole d‘une ville au nom symbolique, chargé de sens. La ville par contre était une ville bien réelle. En 21.9, il voit une autre femme, symbole d‘une autre ville au nom très significatif. La conclusion doit-elle être que cette ville est également réelle ?

En faveur d‘une lecture symbolique il y a toute une série de détails : d‘abord les mesures de la ville. Peut-on vraiment prendre pour réel une ville qui est présentée comme un cube d‘environ 2.220 km ? 12.000 stades, n‘est-ce pas un chiffre nécessairement symbolique ?51 Le cube, ne nous dit-il pas que cette ville est le sanctuaire de Dieu à l‘image du lieu très saint dans le tabernacle et dans le temple ? Les 144 coudées du mur, n‘est-ce pas encore une mesure typiquement symbolique ? Les douze portes aux noms des douze tribus d‘Israël et les douze fondements aux noms des douze apôtres semblent également se prêter particulièrement à une telle lecture. Les douze pierres précieuses des fondements de la muraille rappellent les pierres sur le pectoral du souverain sacrificateur. Les nations renvoient aux peuples nombreux qui constituent l‘Eglise de Jésus-Christ et le fleuve, rappel du fleuve en Ezéchiel 47, symbolise à merveille l‘effet de l‘Eglise sur le monde … d‘aujourd‘hui. Oui, la nouvelle Jérusalem est un symbole puissant de la gloire de l‘Eglise de Jésus-Christ aujourd‘hui et à tout jamais.

Sans nier la portée symbolique de la description de l‘apôtre, rappelons-nous qu‘il voit pourtant bien une ville. Et cette ville est l‘habitation de l‘Eglise. Elle est le lieu préparé pour elle et dans laquelle elle est appelée et privilégiée à vivre dans la présence de Dieu. Qu‘elle renferme autant de réalités symboliques n‘est pas étonnant en soi. N‘est-elle pas l‘accomplissement de

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La BA conclut que ce n’est pas la même mesure qui est utilisée ici, “puisque cela ferait de la ville un cube, et qu’on ne peut pas se représenter une ville de cette forme.”

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tout ce qui touche à la demeure de Dieu parmi les hommes ? Sans nier cette portée symbolique, elle est pourtant bien plus qu‘un symbole : elle est l‘expression matérielle nouvelle d‘une réalité spirituelle. Elle a une vraie empreinte dans le monde à venir, tant dans le Millénium que dans la nouvelle création, mais elle est une réalité spirituelle tout autant que ses habitants, ressuscités et habillés d‘un corps spirituel. Cette ville est la pénétration de l‘autre dimension dans le règne à venir.

Dans le Millénium, sera-t-elle visible et accessible pour ceux qui ne sont pas passés par la résurrection ? La réponse devra s‘inspirer de ce que dit l‘apôtre Paul du corps ressuscité et de ce que nous voyons dans l‘Ecriture du corps glorieux de Jésus après Pâques. Comme les ressuscités, la ville existe dans une autre dimension; comme eux, elle est glorieuse, spirituelle, incorruptible et céleste.

Cette visibilité partielle est typique des récits des ―rencontres du troisième type‖, si nous pouvons nous permettre cette expression. La rencontre entre Paul et Jésus sur la route de Damas nous servira d‘exemple. Voici ce qu‘en disent les trois témoignages que nous possédons. D‘abord, le récit de Luc, l‘évangéliste, ensuite deux descriptions de Paul lui-même :

Comme il était en chemin et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre et entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Moi, je suis Jésus que tu persécutes, il te serait dur de regimber contre les aiguillons. Tout tremblant et stupéfait il dit : Seigneur que veux-tu que je fasse ? Alors le Seigneur lui dit : Lève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire. Les hommes qui voyageaient avec lui s’étaient arrêtés, muets de stupeur; ils entendaient la voix, mais ne voyaient personne. (Actes 9.3-7)

Comme j’étais en chemin et que j’approchais de Damas, tout-à-coup vers midi, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. Je tombai par terre et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Moi, je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. Ceux qui étaient avec moi virent la lumière, mais n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait. (Actes 22.6-9)

Vers le milieu du jour, ô roi, je vis en chemin briller autour de moi et de mes compagnons de route une lumière venant du ciel, plus brillante que le soleil. Nous sommes tous tombés par terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il est dur pour toi de regimber contre les aiguillons. Je répondis :

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Qui es-tu Seigneur ? Et le Seigneur dit : Moi, je suis Jésus que tu persécutes. (Actes 26.13-15)

Toute la portée de la rencontre n‘était évidente que pour Paul. Ses compagnons discernent la lumière, entendent du bruit, mais tout le reste leur échappe. Pour appréhender cette autre réalité, cette autre dimension, il faut en recevoir la capacité.

Deux dimensions cohabiteront sur cette terre restaurée : dans ce monde tridimensionnel, Dieu vient habiter au milieu d‘une ville qui appartient aux dimensions de la nouvelle création. Déjà dans le tabernacle et dans le temple, cela était le cas dans une mesure plus limitée. On pouvait discerner, mais on ne pouvait rien voir. On savait à cause de la nuée, on sentait la sainteté terrible du Dieu d‘Israël, mais personne n‘aurait pu en donner une description analytique. Pourtant, c‘était ô combien réel. Crainte et aimée, cherchée et fuie, la Shékina était le centre vital du peuple. Ainsi en sera-t-il de ce nouveau sanctuaire qui descend sur la terre. A l‘instar du corps ressuscité de Jésus, il sera sans doute (rendu ?) visible aux uns et invisible aux autres. Mais sa présence sera probablement détectable pour tous. Ville ouverte, elle n‘est pourtant accessible qu‘aux seuls inscrits dans le livre de vie de l‘Agneau. Mais les effets bénéfiques de sa présence se feront sentir partout. A la fin du Millénium, ―le camp des saints‖ en 20.9 est manifestement perçu par les foules de Gog et de Magog. Pour leur chef, Satan relâché, la nouvelle Jérusalem sera une vision haïssable au plus haut degré. C‘est contre elle en premier lieu que se dirigera sa frénésie.

Une ville symbolique ? Peut-être qu‘il vaut mieux comprendre que cette ville est la réalité derrière tant de nos symboles. Nous les rencontrons ici sans devoir chercher à quoi ils font référence. Ici, ils sont la référence. En commentant la vision de Jean au chapitre 4, nous avions cité ceci :

―L‘esprit et le langage humain ne peuvent pas aller plus loin. Vu au travers de nos yeux, c‘est la réalité. Dire qu‘elle est spirituelle n‘enlève rien à cela. Bien au contraire. Le fait que cette réalité soit spirituelle nous rappelle que c‘est bien la réalité que nous voyons, mais qu‘elle ne peut être contenue par notre vue limitée. Notre capacité limitée de voir et de décrire ne peut épuiser la réalité. Ce que voit Jean n‘est pas une illusion optique. C‘est la manière dont la réalité divine se reflète sur la rétine humaine. Le trône est réel. Que la réalité surpasse encore ce qu‘on peut voir maintenant, n‘altère pas pour autant cette réalité. Dans un langage tri-dimensionnel, une autre description est impossible. Le tabernacle terrestre est donc une juste

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image de cette réalité. A nous, d‘en tirer les leçons spirituelles, de traduire l‘image et d‘y voir resplendir la réalité de Dieu.

Quand nous serons un jour dans la gloire, nous nous dirons : ―C‘est infiniment plus grand, plus glorieux, plus indescriptible—et pourtant, c‘est exactement cela !‖

Nous dirons la même chose ici. Comment se verra la réalité de la nouvelle Jérusalem s‘il fallait la décrire d‘une façon compréhensible, et encore à peine !, pour nous ? C‘est cela que Jean décrit. Dire que tout cela est symbolique de l‘Eglise d‘aujourd‘hui ne rend tout simplement pas justice à ce qu‘il voit. C‘est la réalité future de l‘Eglise qu‘il voit, dans la nouvelle création et, nous le croyons, dans le Millénium. Cette réalité rappelle la création actuelle et la dépasse. Elle reprend le meilleur et l‘exalte encore. Elle sera le ciel sur terre. La lumière inaccessible qui sert de demeure au Dieu immortel52 vient élire domicile sur la terre des vivants. Voilà ce que Jean a vu.

UNE VILLE DE LUMIERE. La première chose qui frappe l‘apôtre est la lumière brillante de la gloire divine qui rayonne de cette ville. Comme lors de sa description du trône de Dieu en 4.3, où il ne peut décrire la gloire de Dieu autrement qu‘en termes de la brillance du diamant, ainsi voit-il ici toute la ville briller d‘un tel éclat. Flavius Josèphe disait de la Jérusalem du temps d‘Hérode qu‘elle avait l‘aspect d‘une montagne enneigée à cause de la blancheur des pierres, et que l‘or poli du temple reflétait le soleil levant au point qu‘on ne pouvait y fixer les yeux. La gloire de Dieu, vv. 11,23, rappelle la Shékina, la nuée de la présence glorieuse de Dieu. L‘Eglise glorieuse est maintenant comme jamais auparavant une cité de lumière à cause de la présence de Dieu qui est lumière, et de la présence de l‘Agneau, son flambeau. Dans cette ville, il n‘y a plus besoin du soleil : Dieu éclaire tout de sa présence et il n‘y aura plus jamais de nuit, 22.5. Esaïe avait annoncé cela : Ce ne sera plus le soleil qui, désormais, te donnera la lumière du jour; la clarté de la lune ne luira plus sur toi la nuit. Car l’Eternel sera ta lumière à toujours, oui, ton Dieu sera ta splendeur. Désormais, ton soleil ne se couchera plus et, jamais plus, ta lune ne se retirera, car l’Eternel sera ta lumière à toujours, et les jours de ton deuil auront pris fin pour toi. (Esaïe 60.19-20) et Malachie ajoute : Mais pour vous, cependant, vous qui m’êtes fidèles, pour vous se lèvera le soleil de justice, qui portera dans ses rayons la guérison. Alors vous sortirez et vous gambaderez tout comme des veaux à l’engrais. (Malachie 3.20)

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Sa demeure est bâtie au sein de la lumière inaccessible à tous. Nul parmi les humains ne l’a vu de ses yeux, aucun ne peut le voir. (1 Timothée 6.16)

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Voilà la réalité à venir. Le chantier de l‘Eglise de Jésus-Christ sera enfin achevé. Il n‘y aura plus ni tache, ni ride, ni zones d‘ombre, ces situations qui nous font gémir à cause de l‘imperfection qui déteint sur toutes nos œuvres. En attendant et en préparant ce jour, nous devons sans doute retenir les leçons suivantes : Nous devons entrer dans la lumière (c‘est l‘expérience ponctuelle de la conversion), marcher dans la lumière (c‘est la discipline continuelle de la sanctification) et refléter la lumière (c‘est la vocation du témoignage, dont parle Jésus dans le Sermon sur la montagne (C’est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée, Matthieu 5.14) et que rappelle l‘apôtre Paul en Philippiens 2.15 (… au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, où le mot ‗flambeaux‘ est le pluriel du mot ‗éclat‘ en 21.11).

UNE VILLE OUVERTE ET FERMEE. La ville forme un carré, en fait un cube,

entourée d‘une haute muraille de jaspe. La hauteur, 144 coudées, est d‘environ 70m. C‘est énorme, mais par rapport à la hauteur gigantesque de la ville, 12.000 stades, environ 2.220 km, ce n‘est rien.53 Le but n‘en est pas la défense, il n‘y a personne pour l‘assaillir, mais il sert de délimitation. Il n‘y a pas de faubourg où on peut être à la fois dehors et dedans. Elle est donc clairement délimitée.

Jean est d‘abord frappé par les douze portes, qui étaient douze perles, inscrites aux noms des douze tribus d‘Israël. Faut-il comprendre ici les mêmes tribus qu‘en 7.4-8 ? Ezéchiel 48.30-34 décrit la Jérusalem terrestre, possédant également douze portes : … Au nord le mur, long de quatre mille cinq cents mesures, comptera trois portes : la porte de Ruben, celle de Juda et celle de Lévi. A l’est se trouvera aussi un mur de quatre mille cinq cent mesures avec trois portes : la porte de Joseph, celle de Benjamin et celle de Dan. Au sud il y aura un mur de même longueur avec trois portes : la porte de Siméon, celle d’Issakar et celle de Zabulon. A l’ouest enfin, il y aura un mur de même longueur avec également trois portes : la porte de Gad, celle d’Asser et celle de Neftali. La différence de l‘Apocalypse se situe, nous l‘avons déjà remarquée, dans l‘absence de Dan, remplacé par Manassé, le fils aîné de Joseph. Il n‘est pas vraiment possible de trancher la question. Ce n‘est pas non plus très important ! Ce qui est très important, par contre, c‘est que la ville représente ainsi l‘Eglise de tous les temps, et donc des deux testaments. Elle est l‘Eglise greffée sur le tronc d‘Israël. On ne peut pas entrer dans cette Eglise sans être incorporé dans le peuple de Dieu de tous les temps. Autrement dit, la haine du

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Barclay rappelle que les murs de Babylone mesuraient dix mètres plus haut. Ladd se demande si Jean décrit ici l’épaisseur du mur.

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Juif implique l‘exclusion de l‘Eglise. On ne peut se targuer d‘être membre de l‘Eglise de Jésus-Christ tout en haïssant le peuple d‘Israël.

Les douze portes sont douze perles, v. 21. Celles-ci étaient les plus appréciées et les plus coûteuses des pierres précieuses dans l‘Antiquité. Ainsi, le Talmud rapporte que ―dans les temps à venir, le Saint, béni soit son nom, viendra avec des pierres précieuses et des perles mesurant 30 coudées sur 30. Il y taillera des ouvertures de 10 coudées sur 20, et il les fixera dans les portes de Jérusalem‖, Talmud, Baba Bathra 75a (Barclay). Sur les portes se trouvent douze anges. Manifestement, il n‘y a pas de place ici pour un gardien humain, fut-il l‘apôtre Pierre ! D‘ailleurs, ces portes ne sont pas là pour exclure, puisqu‘elles seront toujours ouvertes, v. 25, … et toujours gardées.

Douze fondements soutiennent le mur, inscrits aux noms des douze apôtres. Ainsi, le mur qui délimite la ville est comme posé sur l‘enseignement des apôtres. Barclay affirme que ces douze pierres précieuses mentionnées ont une curiosité : elles correspondent de près aux pierres qui symbolisent les signes du Zodiac. Si cette correspondance est voulue, l‘idée serait peut-être que cette ville dépasse de loin tout ce qu‘on pouvait imaginer à l‘époque concernant la cité céleste des dieux. Curieusement, Jean les met en ordre inverse, comme pour dire que tout cela n‘avait pas de vraie valeur.54 Voici la liste :

1. Bélier : améthyste, comme l‘hyacinthe, mais plus brillante. 2. Taureau : hyacinthe, violette, pourpre tirant sur le bleu. 3. Gémeaux : chrysoprase, comme le chalcédoine, vert pomme. 4. Cancer : topaze, transparente, vert–or. 5. Lion : béryl, semblable à l‘émeraude, bleu de mer ou vert de mer. 6. Vierge : chrysolithe, la pierre de Tarse, selon Pline d‘un rayonnement

or. 7. Balance : sardoine, rouge sang. 8. Scorpion : sardonyx, blanche avec des raies rouges et brunes. 9. Sagittaire : émeraude, la plus verte de toutes les pierres. 10. Capricorne : chalcédoine, verte, comme dans la queue du paon.

11. Verseau : saphir, cf. Exode 24.10 (Ils virent le Dieu d’Israël; sous ses pieds,

c’était comme un ouvrage de saphir étincelant, comme le ciel lui-même dans sa pureté), selon Pline d‘un bleu ciel moucheté d‘or (lapis lazuli ?).

12. Poissons : jaspe, transparente et brillante, comme le diamant.

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Morris cite un article de T. Francis Glasson qui démontrerait qu’une telle interprétation est fondée sur des sources non fiables et que la théorie doit donc être abandonnée.

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Parfois, on rapproche ces pierres de celles qui identifient les douze tribus en Exode 28 (Tu y sertiras une garniture de pierres, quatre rangées de pierres : première rangée, une sardoine (Ruben), une topaze (Siméon), une émeraude (Lévi); seconde rangée, une escarboucle (Juda), un saphir (Dan), un diamant (Naphtali); troisième rangée, une opale (Gad), une agate (Aser), une améthyste (Issacar); quatrième rangée, une chrysolithe (Zabulon), un onyx (Joseph), un jaspe (Benjamin). Ces pierres seront enchâssées dans leurs montures d’or. Les pierres seront aux noms des fils d’Israël : il y en aura douze d’après leurs noms …, Exode 28.17-21), mais cela n‘est certainement pas ce qu‘a compris Jean. Les tribus d‘Israël se retrouvent dans les portes. Les fondements représentent les apôtres.

Le rapprochement avec ce que dit Ezéchiel du chérubin que fut Satan n‘ajoute rien à la compréhension (Tu étais en Eden, le jardin de Dieu; tu étais couvert de toute espèce de pierres précieuses, de sardoine, de topaze, de diamant, de chrysolithe, d’onyx, de jaspe, de saphir, d’escarboucle, d’émeraude et d’or, Ezéchiel 28.13). Bien au contraire, un tel rapprochement sème la confusion. Il faut donc l‘écarter.

Ces pierres ne sont pas avant tout symboles d‘autre chose. Elles sont les manifestations de la gloire que Dieu a donnée à l‘Eglise de son Fils. Elles nous rappellent que chez lui tout est splendeur et merveille. La beauté convient à sa maison, et la beauté du tabernacle et du temple trouvent ici leur contrepartie définitive. Dans sa maison, tout est gloire.

Qui peut entrer dans cette ville ? Le verset 27 indique la condition. La voie sainte d‘Esaïe 35 vient en mémoire. Le texte laisse clairement apparaître que l‘absence de toute souillure n‘est pas une qualité humaine, à laquelle tout homme peut aspirer. Le ―ceux-là seuls qui sont inscrits‖ indique l‘unique chemin pour devenir pur. Il faut être inscrit dans le livre de vie de l‘Agneau. Comment être inscrit dans ce livre ? Hébreux 12.22,23 se rapporte à cela : … vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, avec ses milliers d’anges en fête. Vous vous êtes approchés de l’assemblée des fils premiers-nés de Dieu dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous vous êtes approchés de Dieu, le Juge de tous les hommes, et des esprits des justes qui sont parvenus à la perfection. Les premiers-nés sont ceux qui sont passés par l‘expérience de la nouvelle naissance dont parle Jésus avec Nicodème en Jean 3. Ils sont nés à une vie nouvelle, engendrés selon la volonté de Dieu, devenus en quelque sorte les prémices de ses créatures, comme le dit Jacques 1.18. Ils ont été régénérés par la semence incorruptible de la parole vivante et permanente de Dieu, comme le rappelle l‘apôtre Pierre, 1 Pierre 2.23. Ils sont les vainqueurs et leurs noms ne seront pas effacés du livre, Apocalypse 3.5.

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Que pouvons-nous apprendre de ce passage pour notre vie actuelle ? Il faudrait peut-être se rappeler de ce que dit 1 Corinthiens 3.12,13 : Or on peut bâtir sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses ou du bois, du chaume ou du torchis de paille. Mais le jour du jugement montrera clairement la qualité de l’œuvre de chacun et la rendra évidente. En effet, ce jour sera comme un feu qui éprouvera l’œuvre de chacun pour en révéler la nature. Nous avons été édifiés sur le fondement des apôtres et les prophètes, selon Ephésiens 2.20. Sur ce fondement, il s‘agit de bâtir. Nous sommes à la fois les pierres vivantes de ce temple qu‘est l‘Eglise, et les bâtisseurs. Et nous devons bâtir en vue des épreuves et du jugement.

UNE VILLE SAINTE. La nouvelle Jérusalem descend du ciel. Sa forme est celle du lieu très saint, un cube, comme cela est spécifié en 1 Rois 6.20 (Cette pièce avait la forme d’un cube de dix mètres de côté. Ses murs étaient plaqués d’or fin …). Sa taille est gigantesque : un cube de ± 2.220km de côté ce qui équivaut à la distance Paris–Moscou). Faut-il avoir peur qu‘il n‘y ait pas assez de place pour l‘ensemble des rachetés ? Les dimensions démesurées nous montrent qu‘il n‘en est rien. Le verset 22 dit qu‘il n‘y a pas de temple dans la ville. C‘est que la ville dans son ensemble est un temple, l‘habitation de Dieu et de l‘Agneau. En fait, le texte dit que Dieu est son temple. Dieu n‘habite pas dans un endroit mis-à-part pour lui dans cette ville, mais il la remplit d‘un bout à l‘autre. Au centre de l‘ancien temple, l‘arche de l‘alliance représentait le trône de Dieu. Ici, le trône de Dieu et de l‘Agneau (notez cette mention étonnante : un seul trône qui est celui de Dieu et de l‘Agneau; c‘est une claire indication de la divinité du Fils) est dans la ville et nous y verrons sa face, 22.3,4. L‘interdiction qui avait frappée les fils d‘Adam (car nul homme ne peut me voir et demeurer en vie, Exode 33.20) est enlevée. La promesse de Jésus en Matthieu 5.8 est accomplie : Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. Là, notre adoration sera sans ombre, et son nom sera sur tous les fronts, comme l‘annonçait Exode 28.36 : Tu feras une plaque frontale d’or pur sur laquelle tu graveras comme sur un cachet : “Consacré à l’Eternel”. Le vieil adage Latin sera devenu réalité dans une mesure éternelle : ubi Christus, ibi ecclesia, là où se trouve le Christ, là se trouve l‘Eglise.

Faut-il prendre la mesure gigantesque de cette ville comme une réalité ? Avant de sauter trop rapidement à la conclusion que cela est impossible, et on sent bien que l‘impossibilité réside encore plus en la hauteur de la ville, rappelons-nous que nous ne sommes plus tout à fait dans le monde d‘aujourd‘hui. Si ce texte s‘applique d‘abord au Millénium, comme nous le croyons, l‘impossibilité n‘est pas nécessairement absolue. Cette ville échappe clairement aux trois dimensions terrestres. Elle est toute autre, et pourtant

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réellement présente. Malgré sa hauteur, elle ne jette pas d‘ombre, car elle est la ville de lumière. Sa hauteur fait d‘elle le lien entre ciel et terre, la porte du ciel et l‘échelle de Jacob. Elle rappelle la tour de Babel, mais elle est la réalité à laquelle Babel n‘a jamais pu que prétendre. Elle rappelle l‘échelle de Jacob et elle est vraiment Bethel, la maison de Dieu. A-t-elle donc une assise géographique sur la terre du Millénium ? Avant d‘y répondre, il y a encore un point du texte de l‘Apocalypse à ajouter à la description de cette ville.

UNE VILLE POUR LES AUTRES. La ville n‘est pas tout ce qu‘il y a. On imagine sans peine que, sur la nouvelle terre et sous les nouveaux cieux, elle résume la nouvelle humanité. En dehors d‘elle, il n‘y aura plus de nations et de peuples pour lesquels l‘accès de la ville sainte devrait être interdit. Mais Jean précise pourtant que sa lumière éclaire les nations. Les rois de la terre y apporteront leur gloire, v. 24, citation d‘Esaïe 60.3-5. Ce texte qui parle de la Jérusalem restaurée que voit Ezéchiel, est appliqué ici à la nouvelle Jérusalem. Faut-il le comprendre dans un sens allégorique pour autant ? Notons que ce texte n‘a pas encore été accompli si tel devait être le cas. Si la ville est l‘Eglise de Jésus-Christ au travers de l‘histoire, il faudra bien se dire que les nations n‘ont pas marché à sa lumière, malgré tout ce qu‘on peut vouloir lire dans l‘histoire. La gloire des rois n‘y a pas été apportée. Elle n‘a pas servi à la guérison des nations. Il faut donc s‘attendre à un accomplissement futur, soit en l‘appliquant à la Jérusalem restaurée, comme l‘entrevoit Esaïe, soit à la nouvelle Jérusalem, soit aux deux. Et si c‘est à la nouvelle Jérusalem qu‘il s‘applique, le sens ne peut guère être très différent. Les nations seront obligées de reconnaître que Dieu a agi selon sa Parole et se mettront à se conduire selon la lumière qui rayonne de cette ville, et qui est la lumière de Dieu. Elles trouveront guérison et vivront en paix. Cela ne peut pas être vrai dans un autre sens. Dans la nouvelle création, il n‘y aura ni nations, ni rois en besoin de guérison. Mais sur la terre du Millénium, ces nations seront présentes, et la nouvelle Jérusalem aura un impact sur elles. Elle sera une ville pour les autres.

Un fleuve d‘eau sort du trône de Dieu dans la ville. L‘arbre de vie dont l‘accès était barré par un chérubin (Genèse 3.22-24) réapparaît au centre de cette ville de lumière et son fruit guérit les nations. Cela n‘est pas tout simplement symbolique. En affirmant cela, on n‘a en fait rien dit du tout. Comme cette ville n‘est pas une ville ordinaire, ainsi en est-il du fleuve. Son

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eau est l‘eau de la vie55 et le fruit de l‘arbre (Jean parle bien d‘un seul arbre, même si celui-ci se trouve sur les deux bords du fleuve), nourri par ce fleuve, transmet et restaure la vie. Les nations survivantes, qui sortent d‘une longue histoire d‘injustice subie puiseront, cueilleront et vivront. La ville apporte ainsi lumière, guérison et nourriture. Bien sûr, c‘est déjà sa raison d‘être maintenant. Depuis le commencement, l‘Eglise sert à cela : éclairer, nourrir, guérir. Mais ici, dans le Millénium, c‘est différent. Il n‘y plus d‘anathème, v. 3, et une nouvelle société de nations naît sur les cendres du monde révolu.

Jean confirme ainsi ce qui avait été annoncé par les prophètes. Pensons aux textes suivants : Dans l’avenir, il adviendra que la montagne sur laquelle est le Temple de l’Eternel sera fermement établie au-dessus des montagnes, elle s’élèvera par-dessus toutes les hauteurs, et toutes les nations y afflueront. Oui, des peuples nombreux viendront et se diront les uns aux autres : Venez, montons au mont de l’Eternel, au Temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera les voies qu’il a prescrites, nous suivrons ses sentiers. Car de Sion viendra la Loi, et de Jérusalem la Parole de l’Eternel. Il sera l’arbitre des peuples. Oui, il sera le juge de nombreuses nations. Martelant leurs épées, ils forgeront des socs pour leurs charrues, et, de leurs lances, ils feront des faucilles. Plus aucune nation ne brandira l’épée contre une autre nation, et l’on n’apprendra plus la guerre (Esaïe 2.2-4). Cela n‘a été accompli ni par l‘Eglise, ni par l‘ONU (ce texte figure devant le Quartier Général de l‘ONU à New York). Il est encore futur. Le même Esaïe voit venir les nations à Jérusalem : Tes portes, jour et nuit, seront toujours ouvertes, on ne les fermera jamais pour laisser affluer vers toi les trésors des nations, et leurs rois en cortège qu’on mène de force vers toi. Car la nation ou le royaume qui ne te sera pas assujettie disparaîtra : oui, cette nation-là sera complètement ruinée. (Esaïe 60.11,12). Jérémie voit cela quand il écrit : A cette époque-là, on nommera Jérusalem : “Trône de l’Eternel”, et toutes les nations s’assembleront en elle au nom de l’Eternel, oui, à Jérusalem. Elles ne persisteront plus dans leur obstination au mal. (Jérémie 3.17) Plus loin, il évoque le retour vers la terre promise et met cette parole dans la bouche des revenants : Eternel, toi ma force, mon rempart, toi, mon refuge, au temps de la détresse, les nations accourront vers toi des confins de la terre en proclamant : “Nos pères n’ont eu en partage que des idoles mensongères, des divinités inutiles qui ne servent à rien.” (Jérémie 16.19)

Dans cette même époque, Sophonie rappelle la transformation totale à venir et le grand mouvement vers Sion qui en sera le signe accompagnateur : Puis je transformerai les lèvres de tous les peuples et je les rendrai pures pour qu’ils invoquent l’Eternel et qu’ils le servent tous d’un commun accord. Et d’au-delà les fleuves de l’Ethiopie, tous mes adorateurs, les hommes que j’ai dispersés, viendront m’apporter des

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Lindsey suggère que ce fleuve sera d’une façon ou d’une autre une manifestation tangible de l’Esprit-Saint.

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offrandes. (Sophonie 3.9,10) Il n‘est peut-être pas simple dans ces textes de discerner entre la ville restaurée et la ville qui descendra du ciel. Mais tant la Jérusalem restaurée que la nouvelle Jérusalem ont un effet profond sur les nations.

Revenons une dernière fois au parallélisme entre Ezéchiel et l‘Apocalypse. Comment peut-on interpréter les chapitres 40 à 48, notoirement difficiles, et quelle lumière cela jette-t-il sur la réalité future de la nouvelle Jérusalem ?

Il y a tout d‘abord quelques ressemblances frappantes : Dans les deux cas, la description suit le jugement de Gog. Dans les deux textes, cette gloire future semble comme une parenthèse, une description de la situation lors du règne messianique. Dans les deux cas, une ville glorieuse devient l‘image de la présence divine, et dans les deux cas, un fleuve guérisseur parcourt la ville. Cependant, il y a aussi et surtout des différences : Ezéchiel décrit essentiellement un temple, avec un culte de sacrifices. Jean ne voit rien de cela. Bien au contraire, il n‘y a pas de temple au centre de la nouvelle Jérusalem. Les mesures rapportées par Ezéchiel et Jean ne correspondent en rien. Le partage du pays n‘a aucune place en l‘Apocalypse. Ezéchiel entrevoit une Jérusalem terrestre restaurée au milieu d‘une terre d‘Israël reconstituée. Jean voit la Jérusalem céleste dans et au-delà du Millénium. Ezéchiel voit l‘avenir d‘Israël, Jean voit le destin de l‘Eglise.

Nous avions dit que ces deux textes doivent être regardés comme des parallèles, presque comme deux univers parallèles. Ils ne se contredisent pas, mais il ne faut surtout pas les confondre en voulant spiritualiser Ezéchiel. Dans l‘histoire de Gog et de Magog, les deux histoires se touchent. Mais elles demeurent deux histoires qui, du moins jusqu‘à la fin du livre d‘Ezéchiel, se trouvent côte à côte. C‘est au-delà du Millénium que les deux lignes se rejoindront totalement.

Si cela est juste, cela veut dire que le rétablissement de la Jérusalem terrestre et la descente de la nouvelle Jérusalem se feront en même temps. La première se trouvera dans un pays remodelé. En effet, la description du pays en Ezéchiel 47.13-48.29 rejoint celle du livre des Nombres (34.7-12), où le Jourdain forme la frontière à l‘est. Les territoires au-delà du Jourdain des tribus de Ruben, de Gad et de Manassé ne font pas partie du pays restauré. La frontière nord suit plus ou moins la frontière nord du Liban actuel. La répartition des tribus est très différente. Les situations topographiques de Jérusalem et du temple sont difficilement comparables à la situation actuelle.

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Le tremblement de terre mentionné en Apocalypse 16.17-21 a des conséquences énormes. Par exemple, il est dit : ―toutes les îles s‘enfuirent et les montagnes disparurent.‖ Que ce genre de choses touche également la région de Jérusalem, Jean l‘avait déjà remarqué en 11.13. Au-delà de cette période, Zacharie décrit les changements topographiques suivants en 14.4-11, changements qui surviendront lors du retour de Christ :

En ce jour-là, il posera ses pieds sur le mont des Oliviers, près de Jérusalem, du côté du levant. Le mont des Oliviers se fendra d’est en ouest en deux parties ; une immense vallée se creusera entre les deux. Une moitié du mont reculera au nord, l’autre moitié au sud. Et la vallée de mes montagnes sera comblée, car elle s’étendra jusqu’à Atsal. Elle sera comblée, ce jour-là, comme elle a été comblée lors du tremblement de terre au temps d’Ozias, roi de Juda. Puis l’Eternel mon Dieu viendra, avec tous les saints anges. En ce jour-là, il n’y aura plus de luminaire, plus de froid, plus de gel. Ce jour sera unique, il est connu de l’Eternel, il n’y aura ni jour ni nuit, et même le soir, la lumière brillera. En ce jour-là, des eaux vives jailliront de Jérusalem et couleront, moitié vers la mer Morte, et moitié vers la Méditerranée. Il en sera ainsi l’été comme l’hiver. En ce jour-là, l’Eternel sera roi de toute la terre. En ce jour-là, l’Eternel sera le seul Dieu et on le priera lui seul. Le pays tout entier depuis Guéba jusqu’à Rimmôn, qui se trouve au sud de Jérusalem, sera changé en plaine. Jérusalem sera surélevée sur place, de la porte de Benjamin jusqu’à l’emplacement de la Première Porte, jusqu’à celle de l’Angle, de la tour de Hananeel jusqu’aux pressoirs du roi. On y habitera, il n’y aura plus d’anathème, Jérusalem vivra dans la sécurité.

C‘est sur cette terre transformée que sera construit le temple et, environ trois kilomètres plus au sud, qu‘on reconstruira la ville. De ce temple, du côté oriental, sortira un torrent d‘eau vive que mentionnent Zacharie dans le texte ci-dessus et Ezéchiel (47.1-12).56 Ce torrent qui devient un fleuve renouvellera la vallée de la mer Morte et les arbres qui poussent le long de ce fleuve produiront des feuilles médicinales : Le long du torrent, sur chacune de ses rives, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers dont le feuillage restera toujours vert et dont les fruits ne s’épuiseront jamais. Chaque mois ils porteront de nouveaux fruits grâce aux eaux provenant du sanctuaire qui les arroseront. Leurs fruits seront bons à manger et leurs feuilles serviront de remèdes. (47.12)

Cette ville recevra aussi un nouveau nom, Ezéchiel 48.35 : … Et le nom de la ville sera désormais : L’Eternel est ici. Est-ce que ce sera un titre prophétique, comme en Jérémie 3.17 déjà cité : A cette époque-là, on nommera Jérusalem : “Trône de l’Eternel”, et toutes les nations s’assembleront en elle au nom de l’Eternel, oui, à

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Cf. aussi Joël 3.18 : … du Temple de l’Eternel jaillira une source et elle arrosera le val des Acacias.

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Jérusalem. Ou faut-il y voir un nom qui sera effectivement utilisé ? Dans ce cas, la ville pourrait s‘appeler, d‘après l‘Hébreu, Jahushamma.

Une terre transformée, une ville renouvelée, un temple reconstruit. Israël et Jérusalem seront ainsi le centre du monde millénial. Mais comment comprendre le lien avec la nouvelle Jérusalem ?

Est-il possible que la nouvelle Jérusalem sera établie sur la terre à l‘est de la Jérusalem restaurée ? Bien sûr, nous parlons de choses qui n‘ont pas été révélées, et nous parlons d‘une dimension de laquelle nous ne connaissons presque rien. Mais notre suggestion n‘a rien de fondamentalement incongrue. Le temple reconstruit, comme le temple de Salomon, est orienté vers l‘est. C‘est de l‘est que vient la gloire de l‘Eternel pour remplir ce temple, Ezéchiel 43.1-4. La porte est de ce futur temple sera fermée, 44.2, sauf pendant les sabbats, 46.1,2, lorsque le prince de la maison de David entrera par elle.

Si la nouvelle Jérusalem devait avoir une assise géographique à l‘est du pays d‘Israël, elle se trouvera peut-être au-delà du Jourdain. La carte montre l‘étendue de la ville superposée sur une carte actuelle. Sa hauteur atteindrait jusque dans l‘exosphère57.

Bien sûr, tout cela n‘est qu‘une supposition gratuite ! Nous ne savons rien en dehors de ce que Jean a vu. Mais ce qu‘il a vu semble bien avoir une existence réelle sur la terre. Ce n‘est

pas que symbole, et certainement pas une simple image de l‘Eglise d‘aujourd‘hui.

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Les limites d’Israël sont celles données en Ezéchiel 48. L’illustration sur la page suivante est tirée de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Atmosphere_layers-pl.svg

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Cette ville descend sur une terre remodelée. La géographie du Millénium est aussi inconnue que celle du jardin d‘Eden. En plus, cette ville existe dans une autre dimension. Dire que tout ceci est impossible n‘a donc pas vraiment de sens. Si cette ville a ses pieds dans le sable et sa tête dans les étoiles, elle n‘est pas pour autant une porte sur le ciel : elle fait déjà partie du ciel. Dieu habite au milieu d‘elle, et en elle le ciel a pris ses quartiers sur la terre. Elle sera peut-être perceptible comme une colonne de lumière gigantesque, mystérieuse, inaccessible à ceux qui ne sont pas inscrits dans le livre de l‘Agneau.

La nouvelle Jérusalem possède les formes extérieures d‘un cube, mais il faudra sans doute nous l‘imaginer comme une vraie ville dont le texte ne rappelle que le mur et la place, v. 21. Ce dont nous pouvons être sûrs, c‘est qu‘elle sera d‘une beauté parfaite et la réponse à tout ce que nous pourrions désirer.

En dehors de la Bible, nous n‘avons aucune expérience de l‘irruption d‘autres dimensions dans les nôtres. Le texte suivant peut nous aider à mieux saisir de quoi il s‘agit :

―Une analogie utile a été mise au point en partie par Edwin Abbott, un directeur d‘école et prédicateur du XIXe siècle, qui publia en 1884 l‘ouvrage intitulé Flatland: A Romance of Many Dimensions58. Imaginons un univers où il n‘existerait que deux dimensions d‘espace, au lieu de trois. Dans un univers de la sorte, les ―flatlanders‖ seraient confinés à un plan défini par des dimensions de longueur et de largeur, ce qui leur interdirait d‘accéder à la dimension de hauteur. Une créature à trois dimensions pourrait alors s‘approcher du plan des ―flatlanders‖ et placer la paume de sa main à tout juste un dixième de millimètre au-dessus des corps bidimensionnels de deux ―flatlanders‖ séparés l‘un de l‘autre par une distance d‘un centimètre. Puisque la créature tridimensionnelle se

trouve légèrement au-dessus du plan des ―flatlanders‖, il leur est impossible de la voir. Et pourtant, la distance qui les sépare de la créature

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Edwin A. ABBOTT, Flatland : une aventure à plusieurs dimensions, Paris: Denoël, 1968. Le texte peut être téléchargé gratuitement sur : http://www.ebooksgratuits.com/ebooks.php

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tridimensionnelle est cent fois plus petite que la distance qui les sépare mutuellement.

Ce qui est vrai pour les ―flatlanders‖ l‘est également pour les humains. Dieu est plus proche de chacun de nous que nous ne pourrons jamais l‘être de nos semblables. Mais la proximité de Dieu se définit dans des dimensions que nous ne pouvons connaître concrètement. Il nous est donc impossible de le voir.

Le seul cas où on pourrait voir Dieu, c‘est si celui-ci venait à placer une partie de son être dans le monde de nos dimensions. Cette situation serait comparable à la créature tridimensionnelle transperçant le plan des ―flatlanders‖ avec son doigt. Si l‘un des ―flatlanders‖ menait une enquête, il arriverait à la conclusion que le visiteur de leur monde est un petit cercle. …‖ 59

Est-ce ainsi que la nouvelle Jérusalem sera appréhendée dans le Millénium ? Nous l‘ignorons naturellement. Mais il est assez clair que sans révélation, sans que cela soit donné d‘en haut, sans que Dieu ouvre le cœur, cette réalité glorieuse restera cachée aux hommes de ce temps, tout comme les réalités spirituelles restent cachées aux hommes de notre temps si Dieu n‘ouvre pas leur cœur. Pour eux, la Jérusalem terrestre sera le centre. Mais le vrai centre est dans la ville épouse. Elle seule a des fondements éternels.

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Cité en Hugh ROSS, Dieu et le cosmos, Québec: Editions La Clairière, 1998, pp171,172.

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En attendant

22.6-21

22 6Il me dit : Ces paroles sont certaines et vraies; le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. 7Voici : je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre !

8C‘est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et quand j‘eus entendu et vu, je tombai aux pieds de l‘ange qui me les montrait, pour l‘adorer. 9Mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu ! 10Puis il me dit : Ne ferme pas d‘un sceau les paroles de la prophétie de ce livre ! Car le temps est proche. 11Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore, que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint soit encore sanctifié ! 12Voici : je viens bientôt, et j‘apporte avec moi ma rétribution pour rendre à chacun selon son œuvre. 13Je suis l‘Alpha et l‘Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. 14Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d‘avoir droit à l‘arbre de vie, et d‘entrer par les portes dans la ville !—15Dehors les chiens, les magiciens, les débauchés, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime et pratique le mensonge !—16Moi, Jésus, j‘ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les églises. Je suis le rejeton et la postérité de David, l‘étoile brillante du matin.

17L‘Esprit et l‘épouse disent : Viens ! Que celui qui entend, dise : Viens ! Que celui qui a soif, vienne; que celui qui veut, prenne de l‘eau de la vie gratuitement ! 18Je l‘atteste à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu‘un y ajoute, Dieu ajoutera (à son sort) les plaies décrites dans ce livre. 19Et si quelqu‘un retranche des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l‘arbre de vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. 20Celui qui atteste ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen ! Viens, Seigneur Jésus !

21Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !

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Voici les derniers mots de la Bible. Ils forment bien sûr d‘abord la conclusion du livre de l‘Apocalypse, mais ils sont tout à fait pertinents comme conclusion de toute la Bible. Cependant, ce n‘est pas pour autant un mot pour finir : c‘est bien plutôt un dernier mot pour ne plus jamais finir ! Quatre thèmes sont tissés dans ce passage : des certitudes alternent avec des promesses, des avertissements sont suivis d‘invitations. Les lecteurs que nous sommes sont directement concernés. Ce livre n‘est pas là d‘abord pour nous informer, mais pour nous rendre sages à salut. Nous sommes invités à venir et à attendre avec impatience. Nous sommes pressés de nous purifier encore et de prendre courage : Christ tient l‘histoire en sa main.

UN LIVRE CERTAIN, vv. 6-11. L‘autorité du Dieu de la Bible est inextricablement liée à ce livre. Heureux non seulement le lecteur, ou celui qui écoute, comme il avait été dit dès le début, 1.3, mais heureux encore celui qui garde ces paroles. Cela implique qu‘il nous faut le garder en mémoire, le conserver, l‘adopter comme guide sûr dans ces temps d‘anxiété et le mettre en pratique. Ses paroles sont certaines. Le Dieu des esprits des prophètes parle au travers d‘elle. Le Dieu qui a animé Elie et Jérémie, Esaïe et Malachie s‘adresse maintenant à nous pour que nous ne soyons pas pris de court par les terreurs de la fin. Ainsi, nous pouvons lever la tête. Jésus lui-même reprend la parole, comme aux premiers chapitres et donne la promesse formelle de son retour. Ce livre est certain. Dieu a voulu montrer à nous, ses serviteurs, ce qui doit arriver.

Garder les paroles de ce livre nous donne des compagnons inattendus. Les anges eux-mêmes sont des observateurs attentifs, comme nous le rappelle l‘apôtre Pierre : Il leur fut révélé que le message dont ils étaient chargés n’était pas pour eux, mais pour vous. Et ce message vous a été communiqué maintenant par ceux qui vous ont annoncé la Bonne Nouvelle sous l’action de l’Esprit Saint envoyé du ciel; les anges eux-mêmes ne se lassent pas de le découvrir. (1 Pierre 1.12) Devant la splendeur de cet ange qui lui sert de guide, Jean tombe une fois de plus en adoration. C‘est plus fort que lui. On adore si naturellement ce qui nous dépasse en gloire. Mais une fois de plus il est corrigé dans son élan. Dieu seul doit être objet d‘adoration, :8,9, cf. 19.10. Cet événement est-il répété à cause de notre tendance innée à adorer la créature au lieu du Créateur ? Toujours est-il que les anges connaissent bien la réalité de la parole écrite par l‘apôtre Paul : Ils ont délibérément échangé la vérité concernant Dieu contre le mensonge, ils ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, lui qui est loué éternellement. (Romains 1.25) Ces anges puissants—ici encore il s‘agit de l‘un des sept anges qui tiennent les sept

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coupes de la colère de Dieu, cf. 21.9 et 15.1—sont nos compagnons d‘esclavage, comme l‘ange le dit textuellement à Jean. Que Jean et les prophètes soient mis dans un seul groupe n‘est guère étonnant. Que nous qui gardons les paroles de ce livre soyons inclus dans ce même groupe éclectique ne peut que nous encourager à une sainteté vigoureuse.

Nous ne devons pas fermer ce livre. Cela s‘adresse d‘abord à Jean. Contrairement à Daniel, 500 ans plus tôt, qui devait sceller son livre (Quant à toi, Daniel, tiens ces paroles secrètes et conserve le livre scellé jusqu’au temps de la fin. Alors, beaucoup l’étudieront et verront leur connaissance s’accroître. … Il me répondit : Va, Daniel, ces paroles sont tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la fin, Daniel 12.4,9), Jean est empêché de faire la même chose. Nous serions bien tentés de le faire, car nous y voyons un livre trop compliqué. En plus, disons-nous, cela fait déjà 1.900 ans et nous attendons encore et toujours ! Pourtant, le temps est proche. Qu‘est-ce qui est si proche que nous sommes en risque de ne plus voir ? Voici plusieurs des choses annoncées dans ce livre que nous avons vu commencer à s‘accomplir depuis les jours de Jean : C‘est d‘abord la ruée des chevaux et de leurs cavaliers. Séduction, guerre, famine, épidémies font rage et s‘intensifient toujours plus. C‘est ensuite la persécution inlassable de ceux qui appartiennent au Christ. C‘est encore la mise en place du système anti-chrétien qu‘est celui de la prostituée. Tout cela était proche des premiers lecteurs. Aujourd‘hui, ces choses sont en bonne partie déjà devenues une partie de l‘histoire, même si elles font encore l‘actualité et qu‘elles prennent de plus en plus d‘ampleur. Le compte à rebours est en marche. Plus que jamais auparavant, il est temps d‘ouvrir ce livre. Le temps est proche, et si nous arrêtons de le comprendre et de le vivre ainsi, notre foi vacillera et se sclérosera.

Lire et y donner suite dans notre vie nous pousse toujours plus loin sur le chemin de la justice pratiquée et de la sainteté recherchée, v. 11. Mais rejeter ce livre et son urgence risque de nous faire descendre dans une spirale d‘injustice et de souillure. Personne ne reste statique. Le mouvement fondamental de notre vie est soit vers le bas, si nous persistons à la vivre à notre façon, soit vers le haut, si nous persévérons à suivre le Christ que ce livre nous présente. Ce qui est en jeu, in fine, est notre destin éternel. Ce destin glorieux est de manger de l‘arbre de vie, de résider dans la ville sainte. Que personne ne nous vole cela ! L‘Apocalypse nous rappelle qu‘un temps viendra où la possibilité même du changement nous sera enlevée. Daniel ne dit pas autre chose : Beaucoup seront purifiés, blanchis et éprouvés comme par le feu. Les méchants se conduiront avec perversité et aucun d’eux n’aura la sagesse de comprendre, mais ceux qui auront du discernement comprendront (12.10). L‘accélération même des

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événements de la fin des temps pourrait rendre tout changement de dernière minute impossible.

UNE PROMESSE CERTAINE, vv. 12-17. Par trois fois, comme pour en souligner l‘absolue certitude, ce chapitre répète la promesse de la venue de Jésus, vv. 7,12,20. Ce n‘est pas une promesse vaine, comme dans une conte de fée, genre ―Un jour mon prince viendra‖. C‘est une promesse fermement ancrée dans toute l‘Ecriture. Elle est garantie par la véracité même de Dieu. Elle est intimement liée au caractère parfait du Seigneur Jésus. Elle est encore l‘objet de l‘enseignement de l‘Esprit-Saint. Si Christ ne devait pas revenir, la Bible deviendrait un livre menteur à rejeter avec mépris. Si la promesse du retour était vaine, la foi serait tout aussi vaine que s‘il n‘était pas ressuscité corporellement d‘entre les morts. Toute l‘espérance chrétienne est contenue dans cette promesse formelle. Bien sûr, cela fait déjà 1.900 ans et notre monde moderne n‘est pas devenu plus patient. Pierre le rappelle déjà en son temps : Le Seigneur n’est pas en retard dans l’accomplissement de sa promesse, comme certains se l’imaginent, il fait simplement preuve de patience à votre égard, car il ne veut pas qu’un seul périsse. Il voudrait, au contraire, que tous parviennent à se convertir. Mais le jour du Seigneur viendra comme un voleur. En ce jour-là, le ciel disparaîtra dans un fracas terrifiant, les astres embrasés se désagrégeront et la terre se trouvera jugée avec tout ce qui a été fait sur elle (2 Pierre 3.9,10).

Son retour constitue l‘unique perspective qui permet de donner un sens à l‘histoire. Jésus lui-même le relie ici à la certitude de la rétribution qu‘il apporte. Elle garantit une justice totale où rien ne sera oublié, gommé ou relativisé, et où personne n‘échappera à la justice éternelle par ruse, par influence ou par décès. La promesse de sa venue est la joie de ceux qui ont accepté son pardon, en se mettant à vivre pour lui. Mais elle est la terreur de tous les autres. Le livre des Actes des Apôtres en donne un exemple typique. Lorsque l‘apôtre Paul se trouve devant le gouverneur Félix, il aborde cette question : Mais lorsque Paul en vint à ce qu’est la juste manière de vivre, à la maîtrise de soi et au jugement à venir, Félix prit peur et lui dit : Pour aujourd’hui, cela suffit : tu peux te retirer. Quand j’en aurai le temps, je te ferai rappeler (Actes 24.25). L‘injuste détention de Paul dont Félix espérait tirer de l‘argent, et ses divorces successifs ne devaient pas donner envie au gouverneur d‘entendre parler du jugement à venir ! Nier toute rétribution finale est la seule façon de rester sain d‘esprit. Mais dans ce cas, il faudra se résoudre à un univers immoral où les chanceux tireront toujours le bon bout. Faire le bien, souvent péniblement, freiner ses appétits, maîtriser ses pulsions sans croire en Dieu et sans craindre le jugement

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à venir ? Même quand on y arrive, à quoi bon ? Faire de ce monde un lieu meilleur ? Mais à quoi bon ? Et pour quel résultat nul ! Si les morts ne ressuscitent pas, alors, comme le dit le proverbe : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons (1 Corinthiens 15.32).

Mais Jésus reviendra ! Alors, il sera reconnu, aimé et craint. Car il est l‘Alpha et l‘Oméga, le premier et le dernier. Que cela ait été dit du Dieu Tout-puissant en 1.8 n‘empêche en rien que cela soit vrai du Fils. Ainsi trouvons-nous sur la dernière page de la Bible une des affirmations les plus fortes de l‘unité entre Père et Fils. Il est l‘Alpha et l‘Oméga : il contient toute la réalité, est toujours le même et détient toute autorité. Heureux en effet d‘être invité en sa présence ! Mais il faut venir et se laisser purifier. Sinon, on sera jeté dehors à jamais.

Une dernière liste rappelle les exigences divines quant au comportement qu‘il exige (et qu‘il rend possible par sa grâce !). La liste est presque identique à celle de 21.8. Là, il y avait huit groupes d‘exclus, ici, il y en a six. Mais il ne faut pas y voir une évolution dans la tolérance du mal ! Qui sont visés par le mot ‗chien‘ ? Sont-ils les abominables de l‘autre liste ? Sont-ils plus particulièrement les homosexuels pratiquants, comme cela semble le cas en Deutéronome 23.19 (Tu n’apporteras pas dans la maison de l’Éternel, ton Dieu, le cadeau d’une prostituée ni le salaire d’un chien, pour l’accomplissement d’un vœu quelconque; car l’un et l’autre sont en horreur à l’Eternel, ton Dieu) ? Cela choque un peu dans le climat actuel, mais Dieu n‘est pas particulièrement tenu à respecter ce que nos lois parlementaires veulent faire accepter comme un comportement normal. Paul utilise le mot en Philippiens 3.2 (Prenez garde aux chiens) dans un autre sens. Il appelle ainsi les faux docteurs. Ici en Apocalypse, il faudra probablement comprendre les impurs dans un sens plus général, n‘excluant aucune des identifications précédentes.

Dans la parabole des invités, Jésus avait déjà dit que l‘invitation généreuse n‘était pas une invitation sans conditions. L‘homme sans habit de noces se trouve éjecté de la salle du banquet, Matthieu 22.11-13. Non seulement faut-il répondre et venir. Il faut encore accepter son besoin de laver ses vêtements,60 accepter qu‘on est sale comme le souverain sacrificateur Josué dans la prophétie de Zacharie 3.1-4 : Puis il me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait debout devant l’ange de l’Eternel. Et l’Accusateur se tenait à sa droite pour l’accuser.

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Une leçon alternative du texte grec porte ici : Heureux ceux qui font ses commandements. En Grec, les deux phrases ont une forte ressemblance. La leçon Ceux qui lavent leurs robes se trouve dans les manuscrits les plus anciens.

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L’Eternel dit à l’Accusateur : Que l’Eternel te réduise au silence, Accusateur ! Oui, que l’Eternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem ! Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu ? Or, Josué était couvert d’habits très sales et il se tenait devant l’ange. L’ange s’adressa à ceux qui se tenaient devant lui et leur ordonna : Otez-lui ses vêtements sales ! Et il ajouta à l’adresse de Josué : Regarde, j’ai enlevé le poids de la faute que tu portais et l’on te revêtira d’habits de fête.

Cependant, l‘invitation est généreuse ! Elle s‘adresse à quiconque a soif, et qui veut venir. Elle n‘est pas pour les méritants : l‘eau de vie est offerte gratuitement. Elle est offerte gratuitement pour la simple raison qu‘aucun de nous ne saurait la payer. Où nous parvient-elle ? Christ a envoyé son ange dans les églises pour attester ces choses. Voilà que nous butons contre un obstacle de choix dans notre monde moderne : Hors de l‘Eglise pas de salut. Il n‘y a pas de place pour un accueil du Christ accompagné d‘un refus de son Eglise. Cependant, le Seigneur utilise un pluriel. Il n‘a pas en vue le grand machin qui veut se faire passer pour son Eglise, peu importe l‘étiquette. Ces églises sont sans doute d‘abord celles du début du livre. Christ avait déjà fait comprendre qu‘il ne suffisait pas de s‘y trouver. Encore fallait-il être vainqueur. Sans cela, il n‘y aura ni accès à l‘arbre de vie, ni entrée dans cette ville éternelle.

L‘homme le plus méconnu et vilipendé de l‘histoire est le Roi qui vient, le rejeton de David. L‘antique prophétie d‘Esaïe 11.1 est accomplie en lui (Un rameau poussera sur le tronc d’Isaï, un rejeton naîtra de ses racines, et portera du fruit). Il est l‘Héritier légitime, David redivivus, éternellement proche de nous dans son humanité. Il est l‘Enfant de Bethléhem, l‘Homme de douleurs crucifié sur la croix du Calvaire, le Christ ressuscité et assis à la droite du Père, et, maintenant, le Roi qui vient. Il est aussi l‘étoile du matin, guide sûr pour nous orienter, étoile du Berger, le Fils des étoiles et le Créateur des galaxies. Il accomplit la prophétie de Balaam en Nombres 24.17, un astre monte de Jacob, un sceptre surgit d’Israël … Il est la vraie étoile à côté de qui tous nos ‗starlettes‘ pâlissent et disparaissent. En lui, passé et avenir se conjuguent au présent. Rien n‘est oublié, mais tout est sublimé. Et il nous dit : viens !

UN RISQUE CERTAIN, vv. 18,19. Nous voilà donc devant ce livre

énigmatique. Beaucoup de choses nous échappent. Beaucoup de choses paraissent aujourd‘hui impossibles à se réaliser telles quelles. A l‘invitation de lire et d‘écouter a succédé aujourd‘hui une gêne étrange qui fait que de moins en moins de Chrétiens le lisent, l‘écoutent et le comprennent. Les livres sur la fin des temps ont pratiquement disparus de nos étals. Les anciennes certitudes

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ont été balayées. A la préoccupation de demain s‘est substitué le souci du ―moi maintenant‖. A l‘espérance du retour de Christ s‘est substituée l‘indifférence. Nous sommes la génération du ‗satisfait ou remboursé‘. Nous voulons la satisfaction tout de suite plutôt que la récompense dans un avenir incertain. Dans un tel climat, l‘Apocalypse ne peut guère être populaire !

Dès lors, la tentation est grande de retrancher ce livre de notre menu spirituel; d‘abandonner tout espoir de le comprendre et d‘en percer la pertinence, et d‘en délaisser la lecture. Mais il est tout aussi tentant d‘y ajouter. Visions et prophéties abondent aujourd‘hui. Voici deux citations d‘exemples récents. La première date de fin novembre 2005 :

―… Suivront encore deux autres jugements : un dans une grande ville d‘Europe et un dans les pays arabes du Moyen-Orient avant la fin de cette année.

Je vais secouer la Californie en avertissement et finalement, par un tremblement de terre que j‘ai, dans ma grâce, retenu pendant de nombreuses années. Des millions vont périr, submergés dans les inondations, et la Côte Ouest de l‘Amérique tombera dans l‘océan et disparaîtra. Boston va vivre un attentat majeur dans une grande école qui auparavant prêchait mon évangile et qui a quitté la foi des pères pour ne plus revenir. Elle ne sera jamais rebâtie.

Il y aura cinq attentats terroristes qui frapperont l‘Amérique, qui seront de plus en plus dévastateurs, dans les grandes villes.

Avant la fin de 2007, une bombe au nucléaire "sale" explosera dans une grande ville du sud de l‘Amérique.

La ville de New York recevra trois grands jugements avant la fin 2008. Chacun sera plus dévastateur que le précédent. …‖

La suivante date d‘août 1994 :

―… C‘est un réveil sans précédent, ne vous enquérez pas quant à l‘histoire de l‘Eglise, vous n‘en trouverez pas de semblable. Ce réveil ne sera pas marqué par quelques noms (nom d‘homme, nom de ville, de dénomination et n‘en créera pas de nouvelles). Ce réveil n‘aura pas une caractéristique précise, le souffle viendra des quatre vents, il éclatera en divers endroits et de diverses manières, le vent souffle où il veut comme il veut. C‘est dans l‘église locale que se produira le réveil, mon peuple ne courra pas après les conventions et les rassemblements, mais cherchera son Dieu dans l‘église locale, il le servira dans le champ où le Seigneur l‘aura placé.

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Ce réveil sera caractérisé par ses cris. Ses cris audibles et ses cris silencieux, cris de victoire pour mon reste, cris de joie des sauvés, cris de reconnaissance de mon peuple, cris de désespoir, de douleur et de faillite des réprouvés. Ce réveil sera le premier de ce type et se répandra rapidement dans d‘autres pays proches et lointains. C‘est le dernier réveil dans l‘histoire de l‘Eglise, c‘est la pluie de l‘arrière-saison. C‘est le terme du temps que l‘Epouse a pour se préparer et partir à ma rencontre. La sainteté de l‘Eglise ainsi que sa puissance et son ministère seront à leur point culminant.

Avec 1994 se finiront les préparatifs dans les cieux, avec 1995 les réalités spirituelles seront en place, alors pourra commencer le réveil. Voici je viens, nul n‘arrêtera mon bras.‖

Retrancher ou ajouter. Cela peut provenir de notre désir d‘en savoir plus ou de notre orgueil de croire en savoir plus. L‘avertissement de Jésus est très solennel devant ces deux tendances. Les conséquences sont graves. Et le risque que nous courons n‘a peut-être jamais auparavant été aussi réel.

Un avertissement semblable se trouve en Deutéronome 4.2 : Vous n’ajouterez rien à ce que je vous commande et vous n’en retrancherez rien. Vous obéirez aux commandements de l’Eternel votre Dieu, que je vous transmets. Nous en trouvons un autre en Proverbes 30.5,6 : Chaque parole de Dieu est entièrement vraie. Il défend comme un bouclier ceux qui se confient en lui. N’ajoute rien à ses paroles, sinon il te le reprocherait, et tu serais regardé comme un menteur.

Ainsi, ce commentaire qui concerne l‘Apocalypse en particulier peut s‘appliquer à toute la Bible. Nous avons besoin de toute la Parole de Dieu, et de l‘équilibre nécessaire entre le jugement et la grâce. L‘incrédulité nous pousse à retrancher, la crédulité nous pousse à y ajouter. La foi sonde toutes choses, et accepte ses limites.

CERTAIN, v. 20,21. Le Seigneur Jésus-Christ atteste ces choses. Il témoigne à la véracité et à l‘urgence de ce livre. Il le ‗signe‘ de son sceau et le lie ainsi à son autorité. Ce n‘est pas une apocalypse écrite par Jean, une apocalypse de plus à côté de tant d‘autres, mais bien l‘Apocalypse de Jésus-Christ. Il vient bientôt. Voici la troisième fois que Jésus annonce son retour ‗rapide‘. Il ne tardera pas une minute de plus que nécessaire. Voici donc la phrase qui est inscrite au-dessus de l‘Histoire de notre monde. Ces derniers 2.000 ans s‘inscrivent dans ce programme. Aujourd‘hui encore, ce n‘est que par la foi

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que nous l‘appréhendons. Mais le jour vient où la foi se changera en vue. Le retour de Jésus est sans doute la seule chose absolument certaine de notre Histoire. La finalité de tout tient dans sa venue.

Le désir suprême qu‘implante en nous la Parole de Dieu correspond à cette promesse. Nous attendons avec impatience l‘avènement du Christ. L‘affirmation de l‘apôtre Paul en 1 Corinthiens 16.22, Maranatha (= Viens, Seigneur ! ou : Le Seigneur vient) exprime cela. L‘expression de Jean est l‘équivalent de l‘expression en Araméen utilisée par Paul.61

En attendant, la grâce de ce même Seigneur Jésus sera suffisante pour vivre et pour mourir.

En toi j‘ai la victoire, la paix, la liberté; à toi je rendrai gloire durant l‘éternité.

Si du bonheur qui passe la source doit tarir, c‘est assez de ta grâce pour vivre et pour mourir.

A toi la gloire 322

Voici donc le mot de la fin. Après cela, on peut dire en toute assurance : Amen. Qu‘il en soit ainsi. La dernière chose que nous laisse la Bible, et que nous laisse ce livre redoutable par les terreurs qu‘il annonce et décrit, c‘est la grâce.

61

Morris.

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Conclusion

La mémoire du futur

L‘Apocalypse est dans un sens très réel la mémoire du futur. Elle résume ce qui doit arriver entre le temps de sa mise par écrit et l‘éternité. Il ne sera peut-être pas inutile de résumer ici les points saillants de ce futur.

Nous vivons à l‘heure des cavaliers de l‘Apocalypse. La séduction qui aboutira à la venue de la Bête bat son plein. La guerre, la famine, les catastrophes de tout ordre sèment leur malheur et réclament leurs victimes par millions. La persécution des chrétiens perdure et constitue un des secrets les mieux gardés de notre monde moderne, pourtant si bien informé. Tout cela s‘intensifie de plus en plus pour culminer dans les horreurs des jugements des trompettes et des coupes.

Le grand déclencheur de la période ultime de l‘histoire sera, nous le croyons, l‘ouverture du sixième sceau. Le séisme gigantesque annoncé changera le monde politique et économique et semblera provoquer le transfert du centre politique vers l‘Europe, et probablement, ou dans un deuxième temps, vers la ville de Rome où la Bête ne tardera pas à obtenir les pleins pouvoirs. Le code 666 deviendra le signe de ralliement économique et financier, et une religion d‘Etat mettra les chrétiens hors la loi. Le Vatican, et avec lui les religions qui ont pignon sur rue, semble soutenir ce mouvement et la fausse église aidera à exterminer les croyants qui résisteront encore.

Une série de catastrophes, sans doute nucléaires, secouera le monde pendant de longs mois. Ce ne sera pas encore la fin, mais la vie sur la planète deviendra très peu enviable. La crise que cela entraînera fera tout concentrer

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sur le Moyen Orient et sur la ville de Jérusalem. Une armée innombrable se met en branle à l‘Orient pour marcher sur Israël. Deux ‗témoins‘ mystérieux apparaîtront à Jérusalem et, de par les médias, ils auront une influence planétaire, jusqu‘à ce que la Bête y mettra fin. Alors, au milieu d‘une tourmente qui a rendue le sort des chrétiens, et des Juifs fidèles, extrêmement pénible, notamment en Europe et au Moyen Orient, Dieu enlèvera son Eglise, … du moins, ce qui en restera. Les Juifs fidèles seront providentiellement mis en sécurité. Le règne de la Bête deviendra une sorte d‘empire romain redivivus. Mais les coups de butoir de la colère divine commenceront à ébranler le monde. Le climat, suite à ces interventions, sans doute en bonne partie causées par la bêtise humaine, deviendra fou. Mais la souffrance humaine ne provoquera aucune mise en question spirituelle. L‘armée gigantesque de l‘Orient traversera l‘Euphrate, et la grande bataille d‘Harmaguédon se dessinera sur les cartes des Etats Majors. Un séisme violent détruira la ville de Rome, et sans doute pas mal d‘autres villes. La géographie terrestre n‘aura plus beaucoup en commun avec les cartes géographiques d‘aujourd‘hui.

Alors le Christ reviendra avec ses anges et ses saints. Les armées amassées au Moyen Orient seront annihilées et le monde passera sous le règne millénaire du Messie. La Bête et son prophète seront jetés en enfer et le Diable sera enchaîné. La terre sera restaurée et la Jérusalem céleste descendra à côté d‘une nation d‘Israël rétablie. Un fils de David régnera en vice-régent dans la ville de Jérusalem reconstruite. A ceux à qui ce sera donné, la gloire du camp des saints signifiera le retour du Paradis. La justice et la paix éclaireront le monde à partir de Jérusalem.

Mais mille ans plus tard, Satan sera relâché. En un rien de temps, il amassera les foules de Gog et de Magog, constituées de ceux qui n‘ont jamais été soumis de cœur au Messie. Il cherchera à atteindre la ville de Jérusalem et le camp des saints comme une inondation. Mais le feu détruira et dévorera l‘armée et Satan sera jeté en enfer. Le temps du jugement dernier arrivera enfin, et Dieu créera une nouvelle terre et de nouveaux cieux.

Un parallélisme clair existe entre l‘Apocalypse et le livre du prophète Ezéchiel. L‘un nous montre l‘histoire vue d‘Israël, l‘autre la même histoire vue de l‘Eglise.

Est-il possible d‘éviter la colère à venir ? La Bible nous dit que, d‘une part, personne n‘y croira parmi les non-croyants, et que même parmi les croyants

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beaucoup risqueront de s‘endormir. L‘apôtre Paul le dit ainsi en 1 Thessaloniciens 5.1-5 : Pour ce qui concerne les temps et les moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous écrive. En effet, vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : “Paix et sécurité !”, alors la destruction arrivera sur eux à l’improviste, comme les douleurs de l’accouchement sur la femme enceinte, et ils n’échapperont en aucun cas. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour, tel un voleur, vous surprenne; car vous êtes tous fils de la lumière et fils du jour. Nous n’appartenons pas à la nuit ni aux ténèbres.

Mais la Bible dit clairement que, d‘autre part, tous ceux qui veulent peuvent échapper à cette colère qui est sur le point d‘éclater. En mettant sa confiance en Jésus-Christ aujourd‘hui, l‘homme peut entrer dans l‘alliance que Dieu a contractée par le sang de son Fils. Jésus a dit ceci : Oui, vraiment, je vous l’assure : celui qui écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas condamné; il est déjà passé de la mort à la vie. Oui, vraiment, je vous l’assure : l’heure vient, et elle est déjà là, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et tous ceux qui l’auront entendue vivront. (Jean 5.24,25)

Nous pouvons devenir ‗enfants de lumière‘ en mettant notre confiance en Christ pour qu‘il nous sauve et nous pardonne notre péché. Ce qu‘est le péché ? La version moderne de Parole Vivante de Romains 3.23 le résume assez bien : Tous, sans distinction, ont péché et ont perdu la beauté glorieuse dont Dieu avait revêtu l’homme. Tous ont manqué le but qu’il leur avait assigné dans son plan. Personne ne saurait prétendre être approuvé de Dieu, ni accéder à sa glorieuse présence. Jésus-Christ a pris sur lui le châtiment logique et inévitable de notre péché. Il est mort sur la croix de notre mort. Trois jours plus tard, il est ressuscité pour prouver à tous qu‘il est le Seigneur et que le salut qu‘il offre est réel.

En lui demandant qu‘il devienne notre Maître et qu‘il pardonne nos péchés, nous entrons dans son règne. Commence dès lors une nouvelle vie, où nous obéissons à une nouvelle logique : En effet, l’amour du Christ nous étreint, car nous avons acquis la certitude qu’un seul homme est mort pour tous : donc tous sont morts en lui. Et il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort à leur place et ressuscité pour eux. (2 Corinthiens 5.14,15)

C‘est une vie toute autre. Elle a un autre but, d‘autres priorités, d‘autres envies, d‘autres motivations et d‘autres ressources. Au lieu de vivre pour nous-mêmes comme des enfants de la nuit, nous vivrons pour lui comme des enfants de lumière : Mais nous qui sommes enfants du jour, soyons sobres : revêtons-nous de la cuirasse de la foi et de l’amour, et mettons le casque de l’espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas destinés à connaître sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur

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Jésus-Christ : il est mort pour nous afin que, vivants ou morts, nous entrions ensemble, avec lui, dans la vie. (1 Thessaloniciens 5.8-10)

Entrer dans la vie, voilà l‘offre de Dieu. Notre monde court vers la fin, mais Dieu a pourvu à tout ce dont nous pouvons avoir besoin. Il a donné son Fils. Il offre sa grâce. Que demander de plus ? Que demander de mieux ?

Viens, Seigneur Jésus ! Dieu désire notre prière comme participation à son projet. Prier pour ce qu‘il a manifesté clairement comme sa volonté, c‘est lui dire que nous sommes de son côté, que son plan est notre espoir, que sa volonté est notre programme. Je viens bientôt, dit Jésus. Viens, Seigneur Jésus, prie l‘Eglise. Nous détournons le regard de nos soucis, de nos préférences (et qui peut désirer que s‘accomplisse ce que ce livre décrit ? Cela nous remplit de peur !), pour le fixer sur lui. L‘épouse voit l‘Epoux sur l‘autre rive et elle sait qu‘au-delà des larmes et des douleurs tout sera bien.

Telle est la dernière prière. Le temps des attentes se mue en un temps d‘accomplissements sous nos yeux. La nature se rebiffe et l‘homme se révolte. Nos besoins sont légion et nos soucis sans nombre. Leur réponse est dans l‘exaucement de cette prière : Viens, Seigneur Jésus ! Et pour que nous puissions rester debout en attendant : Que la grâce de Seigneur Jésus soit avec tous.

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Annexe 1 : Le plan du livre

APOCALYPSE Révélation des temps de la fin

Introduction et thème 1.1-20

Les lettres aux sept églises 2.1-3.22

Ephèse : L’église de l’amour perdu Smyrne : L’église de l’amour éprouvé Pergame : L’église de l’amour compromis Thyatire : L’église de l’amour corrompu Sardes : L’église de l’amour mort Philadelphie : L’église de l’amour zélé Laodicée : L’église de l’amour vaincu

Le livre scellé 4.1-5.14

1. Les sceaux Les signes avant-coureurs

1er

sceau, 6.1,2 : La séduction 2

e sceau, 6.3,4 : La guerre

3e sceau, 6.5,6 : La famine

4e sceau, 6.7,8 : La mort

5e sceau, 6.9-11 : La persécution

6e sceau, 6.12-17 : Le grand séisme

1ere

parenthèse, 7.1-17 QUI PEUT SUBSISTER ?

7e sceau, 8.1-6 : Le grand silence. Annonce des 7

trompettes

2. Les trompettes Les jugements des tiers

1ère

trompette, 8.7 : La terre 2

e trompette, 8.8,9 : Les mers

3e trompette, 8.10,11 : L’eau potable

4e trompette, 8.12,13 : Le soleil

5e trompette, 9.1-12 : Abaddon et ses sauterelles

= fin 1er

malheur 6

e trompette, 9.13-21 : 200 millions de soldats à

l’Euphrate

2e parenthèse, 10.1-11.14 COMMENT SUBSISTER ?

1° Le petit livre 10.1-11

2° Les deux témoins 11.1-14

= fin 2e malheur

7e trompette, 11.15-19 Christ entre dans son règne

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3e parenthèse, 12.1-14.20 LE DRAGON ET LA BETE

1° L’histoire du grand conflit 12.1-18

2° Les deux bêtes 13.1-18

3° Le jugement 14.1-20

7e trompette, 15.1-16.1 Annonce des 7 coupes

3. Les coupes La colère de Dieu 1

ère coupe, 16.2 : La terre

2e coupe, 16.3 : La mer

3e coupe, 16.4-7 : L’eau potable

4e coupe, 16.8,9 : Le soleil

5e coupe, 16.10,11 : Les ténèbres

6e coupe, 16.12 : L’Euphrate

7e coupe, 16.17-21 : La chute de Babylone

= fin 3e malheur (?)

4e parenthèse, 17.1-19.10 LA PROSTITUEE ET L’EPOUSE

1° La grande Babylone 17.1-18.24

2° Les noces de l’Agneau 19.1-10

Les sept visions du dénouement final 19.11-21.8

Le retour de Christ 19.11-16 Le grand festin de Dieu 19.17,18 La fin de la bête 19.19-21 L’enchaînement de Satan 20.1-3 Le Millénium et la fin du diable 20.4-10 Le jugement dernier 20.11-15 La nouvelle création 21.1-8

5e parenthèse, 21.9-22.5 LA NOUVELLE JERUSALEM

Exhortations finales 22.6-21 - Viens, Seigneur Jésus !

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Table des matières

Vue d‘ensemble du livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Grâce et gloire

Les sept visions de l‘achèvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

L‘Agneau et la bête 19.11-21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Mille ans de paix 20.1-10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

La fin et le commencement 20.11-21.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

La nouvelle Jérusalem 21.9-22.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

En attendant 22.6-21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

Conclusion

La mémoire du futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Annexe

Le plan du livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86