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systeme konomique. Des reductions d’emissions de gaz a effet de serre ont et6 dPcid@es unilateralement pour les pays industrialis& (reduction de 8 O/o pour I’lJnion europeenne, 7 % pour les Etats- Unis, 6 O/O pour le Canada et le Japon pour la periode 2008-2010, en prenant 1990 pour annee de reference). M@me si, aux yeux de certains, ces engagements appa- raissent tr& timores, B. Dessus insiste sur le progrk essentiel qu’ils representent et sur le renversement de tendance dont ils temoignent. Bien siir, ces limitations annoncPes sont encore insuffisantes et le danger demeure que ces objectifs puis- sent etre atteints grace b des adaptations marginales (substitution d’une energie a une autre, par exemple, saris remise en cause des infrastructures - dans les modes de transport, notamment - qui commandent les consommations Pnerge- tiques), obPrant ainsi les capacites d’adap- tation future des systemes sociokcono- miques et la poursuite du processus de negotiation internationale. Mais, pour L. Tubiana et B. Dessus, les decisions prises $ Kyoto indiquent clairement que le systeme de r@gulation de I’konomie mondiale doit @tre revu et corrigt?. Ces engagements traduisent le fait que le s bien public m global que represente I’at- mosphere ne doit plus Ptre utilisP saris regles de gestion collective. Mais, si la souverainete des itats est en passe de se restreindre, il n’existe pas pour autant de e gendarme planPtaire 9, ni de mPcanisme susceptible de faire respecter les engage- ments des diverses parties en presence. Malgrc? le caractere unilatPral de I’engage- ment des pays industrialis&, I’equite est une autre question restee en suspens a Kyoto. Elle est pourtant la condition essentielle pour qu’un accord interna- tional resiste sur le long terme. Nos auteurs appellent ainsi a la definition de droits au developpement. Comme a I’habitude dans les colonnes du Courrier de la plan&e et des Cahiers de Global Chance, des acteurs (scientifiques, politiques, militants, industriels), des opinions et des points de vue differents s’y expriment a tour de r6le. L’accord obtenu a Kyoto faisant reference a I’instauration d’un mode de regulation marchande, les interrogations des auteurs portent essen- tiellement sur les vertus - reelles et suppo- sees - et sur les conditions d’instauration et de bon fonctionnement d’un tel systeme de * march@ m d’emissions de gaz B effet de serre. La lecture de la revue permet ainsi de dresser la liste des Wments que devront absolument mettre en place les prochaines negotiations sur I’effet de serre. Tout en renforcant les engagements quantitatifs des pays, il faut expliciter et harmoniser les regles d’khange, lesquelles demeurent encore trPs floues, en particulier celles qui concer- neront la possibilite de redistribution des droits au niveau national entre des in@- r&s priv&. Maintenant que les @changes bilateraux entre Stats sont autorisk et que I’utilisation strategique des permis d’emis- sions negotiables intetviendra a coup stir, il importe aussi de mettle sur pied des mecanismes collectifs de contr6le des engagements et des regles d’khange ainsi definies... Sinon Kyoto n’aura &P que la cons&ration de la doctrine des puis- sants, du * laissez faire n perpetuant d’an- ciennes, et g&Want de nouvelles inCga- lit&. Franck-Dominique Vivien (Universite de Reims) Livres S4%xtion thr&matiqwe ANIMAL ET SOCliTi Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe sikle) l%ic Baratay, f3isabeth Hardouin-Fugier La Dkouverte, collection = Textes a I’appui B,serie . Pcologie et sociPtC n, 1998, 276 I)., 130 F. L ‘animal sauvage n’a jamais cessP de fasciner les hommes. Afin de nourrir leur passion pour les collections, ils inven- @rent les zoos, lieux 00 s’expriment leur d&ir de dominer la nature pour mieux la connaltre. Dans cet ouvrage, les auteurs retracent I’histoire des menageries et jardins zoologiques en Occident. lls montrent ainsi comment, a partir du xvie sikle, les aristocrates de I’age baroque mettent en scene quantites de b&es exotiques dans leurs menageries. Enfermk, au service d’un pouvoir soucieux de se montrer, les animaux suscitent aussi la passion des naturalistes et Pveillent la curiosite du peuple. Au xixe sikle, I’urbani- sation et la colonisation favorisent la multi- plication des jardins zoologiques 00 les animaux, import& par milliers, sont dresses ZI jouer le rble de fauves vaincus, de b&ail domestique ou de gentils compa- gnons devant un public toujours plus nombreux. Aujourd’hui, le zoo ne va plus de soi : interpelle par la disparition de la faune sauvage, il se doit d’offrir a un public nostalgique le mirage d’une nature pr&ervCe et a leurs detracteurs, I’illuslon d’un sauvetage des espPces en perdition. En nous faisant penetrer dans les coulisses de cette institution mkonnue, I’ambition de I’ouvrage est d’offrir au lecteur une contribution a I’histoire politique, culturelle, sociale et esthetique de I’Occident. Le silence des b@tes : la philosophic A I’epreuve de I’animalite flisabeth de Fontenay Fayard, collection . Histoire de la pensee I, 1998, 792 p., 198 F. .-__. -- --. .__.---- L ‘Antiquite fut en quelque sorte un age d’or pour les b&es. Certes, bien des

Le silence des bêtes: la philosophie à lépreuvede l'animalité

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systeme konomique. Des reductions d’emissions de gaz a effet de serre ont et6 dPcid@es unilateralement pour les pays industrialis& (reduction de 8 O/o pour I’lJnion europeenne, 7 % pour les Etats- Unis, 6 O/O pour le Canada et le Japon pour la periode 2008-2010, en prenant 1990 pour annee de reference). M@me si, aux yeux de certains, ces engagements appa- raissent tr& timores, B. Dessus insiste sur le progrk essentiel qu’ils representent et sur le renversement de tendance dont ils temoignent. Bien siir, ces limitations annoncPes sont encore insuffisantes et le danger demeure que ces objectifs puis- sent etre atteints grace b des adaptations marginales (substitution d’une energie a une autre, par exemple, saris remise en cause des infrastructures - dans les modes de transport, notamment - qui commandent les consommations Pnerge- tiques), obPrant ainsi les capacites d’adap- tation future des systemes sociokcono- miques et la poursuite du processus de negotiation internationale. Mais, pour L. Tubiana et B. Dessus, les decisions prises $ Kyoto indiquent clairement que le systeme de r@gulation de I’konomie mondiale doit @tre revu et corrigt?. Ces engagements traduisent le fait que le s bien public m global que represente I’at- mosphere ne doit plus Ptre utilisP saris regles de gestion collective. Mais, si la souverainete des itats est en passe de se restreindre, il n’existe pas pour autant de e gendarme planPtaire 9, ni de mPcanisme susceptible de faire respecter les engage- ments des diverses parties en presence. Malgrc? le caractere unilatPral de I’engage- ment des pays industrialis&, I’equite est une autre question restee en suspens a Kyoto. Elle est pourtant la condition essentielle pour qu’un accord interna- tional resiste sur le long terme. Nos auteurs appellent ainsi a la definition de droits au developpement.

Comme a I’habitude dans les colonnes du Courrier de la plan&e et des Cahiers de Global Chance, des acteurs (scientifiques, politiques, militants, industriels), des opinions et des points de vue differents s’y expriment a tour de r6le. L’accord obtenu a Kyoto faisant reference a I’instauration d’un mode de regulation marchande, les interrogations des auteurs portent essen- tiellement sur les vertus - reelles et suppo- sees - et sur les conditions d’instauration et de bon fonctionnement d’un tel systeme de * march@ m d’emissions de gaz B effet de serre. La lecture de la revue permet ainsi de dresser la liste des Wments que devront absolument mettre en place les prochaines negotiations sur

I’effet de serre. Tout en renforcant les engagements quantitatifs des pays, il faut expliciter et harmoniser les regles d’khange, lesquelles demeurent encore trPs floues, en particulier celles qui concer- neront la possibilite de redistribution des droits au niveau national entre des in@- r&s priv&. Maintenant que les @changes bilateraux entre Stats sont autorisk et que I’utilisation strategique des permis d’emis- sions negotiables intetviendra a coup stir, il importe aussi de mettle sur pied des mecanismes collectifs de contr6le des engagements et des regles d’khange ainsi definies... Sinon Kyoto n’aura &P que la cons&ration de la doctrine des puis- sants, du * laissez faire n perpetuant d’an- ciennes, et g&Want de nouvelles inCga- lit&.

Franck-Dominique Vivien (Universite de Reims)

Livres

S4%xtion thr&matiqwe

ANIMAL ET SOCliTi Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xvie-xxe sikle) l%ic Baratay, f3isabeth Hardouin-Fugier La Dkouverte, collection = Textes a I’appui B, serie . Pcologie et sociPtC n, 1998, 276 I)., 130 F.

L ‘animal sauvage n’a jamais cessP de fasciner les hommes. Afin de nourrir

leur passion pour les collections, ils inven- @rent les zoos, lieux 00 s’expriment leur d&ir de dominer la nature pour mieux la connaltre. Dans cet ouvrage, les auteurs retracent I’histoire des menageries et jardins zoologiques en Occident. lls montrent ainsi comment, a partir du xvie sikle, les aristocrates de I’age baroque mettent en scene quantites de b&es exotiques dans leurs menageries. Enfermk, au service d’un pouvoir soucieux de se montrer, les animaux suscitent aussi la passion des naturalistes et Pveillent la curiosite du peuple. Au xixe sikle, I’urbani- sation et la colonisation favorisent la multi- plication des jardins zoologiques 00 les animaux, import& par milliers, sont dresses ZI jouer le rble de fauves vaincus, de b&ail domestique ou de gentils compa- gnons devant un public toujours plus nombreux. Aujourd’hui, le zoo ne va plus de soi : interpelle par la disparition de la faune sauvage, il se doit d’offrir a un public nostalgique le mirage d’une nature pr&ervCe et a leurs detracteurs, I’illuslon d’un sauvetage des espPces en perdition. En nous faisant penetrer dans les coulisses de cette institution mkonnue, I’ambition de I’ouvrage est d’offrir au lecteur une contribution a I’histoire politique, culturelle, sociale et esthetique de I’Occident.

Le silence des b@tes : la philosophic A I’epreuve de I’animalite

flisabeth de Fontenay Fayard, collection . Histoire de la pensee I, 1998, 792 p., 198 F. .-__. -- --. .__.----

L ‘Antiquite fut en quelque sorte un age d’or pour les b&es. Certes, bien des

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questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne manquerent pas de s’cntr&&Wer en tentant b’)r repotire. Uepuis G&e ck&knne, <a cconb’rfion be7 amma a racWa5ement change. Desormais les philosophes se preoccupent surtout de verrouiller te propre de l’homme et de redefinir les traits qui le differencient des autres vivants, lesquels sont consider& comme des etre negligeables : tenus pour des machines (Descartes) et a I’occasion ccompar& 2 bes pommes ck terre )Kan$. Des hommes font bien stir exception, au xviiie siMe surtout. A leur suite, Michelet denoncera prophetiquement I’injustice f&e a% aX%iBWXfk a~WK3~K+?ra$WZ CPSi

compromettre la democratic que de les persecuter. Au xxe siecle, une certaine litterature vient renforcer de nouveaux courants philosophiques pour rappeler que la maniere dont nous regardons les b&es n’est pas sans rapport avec la facon dont sont trait& ceux d’entre-nous qui ne sont pas conforme a I’ideal dominant de lac-olW.WnW&-frs GZiiVlV~pUs&~ f iaX &on? %?s &ei5es ti&&KXi jY%* sophiques occidentales, des Presocratiques a Derrida, ont aborde I’enigme de I’animalite, revelant par lb meme le regard que chacune d’elles Porte sur I’humanite. C’est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie.

BIOLOCIE DU COMPORTEMENT

L’expression des emotions chez les animaux et les hommes Charles Darwin Comite des Travaux historiques et scienti- fiques, collection x Format 29 I, 1998, 408 p., 90 F.

C hronologiquement posterieur aux ouvrages qui ont consacre la celebrite

de Darwin ce livre jette un pont entre la tiotogie &okttionniste et (es nouveUes formes de connaissance de I’homme comme I’ethnologie et la psychanalyse. En appliquant la theorie evolutionniste aux gestes et mouvements du visage par ksque>s Yhomme exprime bes ~IJJD~DJX,

Darwin Porte un coup a la psychologie metaphysique de son epoque. Lexpression des emotions n’est pas, comme le soutenaient ses contemporains, un reflet de I’ame qui serait reserve a l’elite civilisee. Elle est le resultat imprevi- sible d’un processus evolutif commun a I’ensemble des ressortissants de I’espece humaine. La place qu’il accorde a la force

de I’habitude et de I’heredite pour expli- quer le caractere involontaire de compor- temenks aussi tompkxes que ks expres- sions de5 &??otjons met en Pujdence les d+QAiiawt.5 de <a uMs~tf+ kUmajne en tant qu’instrument de la raison. Darwin d&ouvre les modalit& du comportement humain dont I’exploitation sera reservee a Freud. En penetrant dans les zones obscures de la psyche humaine, il ouvre la voie a une nouvelle comprehension des comportements collectifs. Marquant \a dislance gui le &pale ties posiltions spiritualistes de ses contemporains, I’ou- vrage rapproche Darwin des mutations intellectuelles qui marquent la fin du xrxe %33%

DhELOPPEMENT DURABLE

Approche du dCveloppement durable en milieu rural africain Annie Cheneau-Loquay, Pierre Matarasso

LHarmattan., catlection s etudes africaines I, 268 p., 140 F. -_ -----.-..----

L ‘objet de cet ouvrage est de definir une methode destinee a recueillir et orga-

niser les informations indispensables a la mise en place de strategies de developpe- ment pour les zones rurales * terra inco- gnita 0. Ces strategies, orientees vers un developpement durable, ont pour objectif de preserver les potentiels Pcologiques face ti I’augmentation des besoins des populations resultant de la croissance ddmographique.

CCOLOGIE kologie. Approche scientifique et pratique Claude Faurie, Christiane Ferra, Paul Medori, Jean Dbvaux Lavoider, collertjon ct Jet B Dor I, 1998 (4e edition), 360 p., 285 F. [Manuel] --I.--_--.---.--- -_

I I s’agit de la quatrieme edition de I’ou- vrage. Soutenu par une importante

ksmgYapK\e, ii 5e propose aexp~\yN-3 \e contenu de cette discipline etudiant les interrelations regulant I’organisation et le fonctionnement des ecosystemes. II synthetise les connaissances et les methodes de nombreuses autres disci- plines - biologie, chimie, physique, physiologie, systemique... -, pour aider etudiants aussi bien qu’enseignants a mieux comprendre la logique du vivant.

kCOLOGIE POLITIQUE

A ncre dans la reafite francaise et euro- peenne, ce livre part du constat que

les grands problemes qui se posent aujourd’hui a notre pays, comme au reste du monde, ont I’environnement pour point c~mmun : m&e foNe, cancer amiante, nucleaire, pollution de I’air, dechets, etc. Preuves a I’appui, I’auteur situe les resgonsabilites,ay)qorte exptica- tions et solutions pour que la parcelle du pouvoir des ecologistes debouche sur de reelles decisions,

EC~NOMIE

ET ENVIRONNEMENT

EXrn%R * Y FwB?w-~ Philippe Bontems et Gilles Rotillon

La Decouverte, collection * Rep&es n no 252, 1998, 128 p., 49 F. -- ._._ -._-.-.--_-ll-- ._......_ - -.-_ - . .

M arees noires, effet de serre, Tchernobyl, pluies acides, deforesta-

tion.. Quelles sont les causes de cette degradation environnementale ? Comment evaluer les dommages ? Que peut-on faire pour les empecher ? Pourquoi le Honduras, petit pays avec peu de ressources fores- tkres,. exporte-t-j1 du hojs vers Jes eta& Unis, qui possedent quelques unes des plus grandes forets au monde ? Progressivement une approche Pcono- mique de I’environnement s’est developpee pour repondre a ces questions et a bien d’autres. Ce livre a pour objectif de la presenter en prenant le parti d’informer le citoyen sur les methodes utilisees dans les processus de decisions publiques, afin qu’il puisse s’affranchir de I’argument d’autorite de I’expertise Pconomique qui - garantit 0 la dPcNon. Car Ies rondP)om dam leque#ex se deroule I’analyse economique appliquee a I’environnement sont le plus souvent rudes : absence de marches, done de prix, fortes incertitudes, irreversibilite, effets sur le tres long terme. Que malgre ces diffi- cult&, I’economie de I’environnement puisse etre utile au politique et au citoyen, c’est le pari de cet ouvrage.