68
Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, n o 2, p. 263-330 J. CAULIEZ, É. BLAISE, C. BRESSY, F. CONVERTINI, C. GILABERT, C. HAMON, N. LAZARD, S. NEGRONI, V. OLLIVIER, M. PELLISSIER, P. PÉTREQUIN, C. PIATSCHECK, N. PROVENZANO et S. RENAULT Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône Résumé À Bédoin dans le Vaucluse, la fouille de sauvetage urgent du Limon- Raspail dirigée par J. Cauliez en 2005 a livré, sur une surface de 250 m 2 , une trentaine d’aménagements creusés révélant l’existence d’un habitat relativement bien préservé et implanté en position privilégiée à près de 350 m d’altitude. Le site est daté du Néolithique final, entre 2880 et 2580 av. J.-C. Cette trentaine de structures en creux offre la vision d’une zone d’activités, là où se concentrent des foyers et des aménagements liés à la conservation, tous réutilisés comme dépotoirs. Voisin de sites éponymes à l’origine de l’identification de trois des quatre principales cultures du Néolithique final du sud-est de la France – les groupes Rhône-Ouvèze, de Fraischamp et du Nord-Vaucluse –, le gisement du Limon-Raspail ne s’ac- corde pas, sur le plan chronoculturel, avec l’un ou l’autre de ces ensembles. L’originalité du site peut s’expliquer par sa localisation dans une zone tampon. Il est à la limite nord des aires d’extension reconnues pour les groupes provençaux. Il s’inscrit également dans des flux de circulations alimentés par le Piémont italien ; il pourrait être enfin en liaison avec des groupes de régions plus septentrionales, tels que ceux de l’axe Saône- Rhône, dont les influences seraient perceptibles, au Néolithique final, jusque dans la moyenne vallée du Rhône. Mots-clés Néolithique final, Sud-Est de la France, habitat de plein-air, interactions culturelles, groupe multipolaire. Abstract The open-air settlement of Limon-Raspail has been discovered in March 2005. It has been subject to a rescue excavation during spring 2005. This excavation was conducted under the direction of Jessie Cauliez and was headed by the Service Régional de l’Archéologie de Provence-Alpes-Côte- d’Azur. The site of Limon-Raspail is localized on a small hill at 350 m height and covers a surface of almost 15 000 square meters. The site do- minates the Mormoiron depression in the south and the one of Bédoin in the north. The excavation carried out on a surface of 250 square meters has allowed discovery of a settlement organized around thirty-five pits. It is assigned to the Final Neolithic and dated to a time span of between 2880 and 2580 cal BC at most. This interval is based on six radiocarbon AMS dates made from faunal remains and charcoal all stemming from distinct features. Multiple occupations are possible as some of the pits overlap. As a matter of fact, with this in mind, the homogeneity of the pottery and lithic

Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

J. CAULIEZ, É. BLAISE, C. BRESSY, F. CONVERTINI,

C. GILABERT, C. HAMON, N. LAZARD, S. NEGRONI,

V. OLLIVIER, M. PELLISSIER, P. PÉTREQUIN, C. PIATSCHECK, N. PROVENZANO et S. RENAULT

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône

RésuméÀ Bédoin dans le Vaucluse, la fouille de sauvetage urgent du Limon-

Raspail dirigée par J. Cauliez en 2005 a livré, sur une surface de 250 m2, une trentaine d’aménagements creusés révélant l’existence d’un habitat relativement bien préservé et implanté en position privilégiée à près de 350 m d’altitude. Le site est daté du Néolithique final, entre 2880 et 2580 av. J.-C. Cette trentaine de structures en creux offre la vision d’une zone d’activités, là où se concentrent des foyers et des aménagements liés à la conservation, tous réutilisés comme dépotoirs. Voisin de sites éponymes à l’origine de l’identification de trois des quatre principales cultures du Néolithique final du sud-est de la France – les groupes Rhône-Ouvèze, de Fraischamp et du Nord-Vaucluse –, le gisement du Limon-Raspail ne s’ac-corde pas, sur le plan chronoculturel, avec l’un ou l’autre de ces ensembles. L’originalité du site peut s’expliquer par sa localisation dans une zone tampon. Il est à la limite nord des aires d’extension reconnues pour les groupes provençaux. Il s’inscrit également dans des flux de circulations alimentés par le Piémont italien ; il pourrait être enfin en liaison avec des groupes de régions plus septentrionales, tels que ceux de l’axe Saône-Rhône, dont les influences seraient perceptibles, au Néolithique final, jusque dans la moyenne vallée du Rhône.

Mots-clésNéolithique final, Sud-Est de la France, habitat de plein-air, interactions

culturelles, groupe multipolaire.

AbstractThe open-air settlement of Limon-Raspail has been discovered in March

2005. It has been subject to a rescue excavation during spring 2005. This excavation was conducted under the direction of Jessie Cauliez and was headed by the Service Régional de l’Archéologie de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. The site of Limon-Raspail is localized on a small hill at 350 m height and covers a surface of almost 15 000 square meters. The site do-minates the Mormoiron depression in the south and the one of Bédoin in the north. The excavation carried out on a surface of 250 square meters has allowed discovery of a settlement organized around thirty-five pits. It is assigned to the Final Neolithic and dated to a time span of between 2880 and 2580 cal BC at most. This interval is based on six radiocarbon AMS dates made from faunal remains and charcoal all stemming from distinct features. Multiple occupations are possible as some of the pits overlap. As a matter of fact, with this in mind, the homogeneity of the pottery and lithic

Page 2: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

264 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

assemblages as well as the uniformity of all the radiocarbon measurements indicate that the different phases of pit digging have occurred within a rather short time span and that the site of Limon-Raspail is consistent from the chronological and cultural viewpoint.

These pit features mirror an area of activities related to a dwelling. As a matter of fact, a group of rather deep pits with narrow shape was une-arthed in the excavated sector. A form of silo pit, they may be destined for storage purposes. Associated with these storage features, fire places are also discovered, for example shallow pits or depressions as well as hearth structures. Large amounts of daub and unbaked clay found on the site are used for multiple purposes (artefacts, hearth features, sealing of storage features, rendering of the bottom). The importance of daub remains disco-vered in the pits suggests the presence of earth architecture: the large size of the identified fragments and the important dimensions of wattle imprints on those fragments at least testify to the presence of important elevations of settlement walls.

This monographic paper presents an exhaustive description of all arte-facts (pottery, lithics, ornaments, bone industry, axe blades, grinding tools) and construction remains discovered at Limon-Raspail. In addition, the pottery and the axe blades have been part of an advanced petrographical analysis. Furthermore, the results of the use wear analysis of the lithic industry are published here. Finally, the determination of the faunal remains allows detailed conclusion on the adopted food economy during the Final Neolithic occupation of the site.

At Limon-Raspail, the artefacts can hardly be compared to the current assemblages, representing three main cultural groups invoked since almost thirty years in the construction of the chronological and cultural framework in this area of Southeastern France: the Fraischamp, the North Vaucluse and the Rhône-Ouvèze group. Yet, the site of Limon-Raspail is neighbouring the eponymous sites of these three groups. On the other hand, the location of the settlement, at the northern margins of Province adjacent to the cen-tral Rhone valley enables us to make broader comparison with the Drôme region (Allan and Les Bruyères groups), with the Saône-Rhône axis (groups of Lüscherz and Clairvaux) and with the Piedmont in Italy (Mont Viso group). The central Rhone valley thus appears to be at the crossroads of interaction processes connecting the different groups of Southern France to those of more eastern and northern regions. Established in a buffer zone, the site of Limon-Raspail is the only representative of the mecanisms that contribute to the development of multipolar margin groups and to the junc-tion of the different cultural flows that structure the Final Neolithic.

KeywordsFinal Neolithic, Southeastern France, open-air settlement, cultural in-

teractions, multipolar group.

site se comparent difficilement aux assemblages d’or-dinaire représentatifs des trois référents culturels prin-cipaux convoqués depuis près de 30 ans dans la cons-truction du canevas chronoculturel du Sud-Est de la France à la fin de la période Néolithique : le Frais-champ, le Nord-Vaucluse et le Rhône-Ouvèze. Ce site est pourtant voisin des gisements éponymes à l’origine de l’identification de ces trois groupes. Pour trouver les meilleurs points d’ancrage, il faut se tourner vers la lisière nord de la Provence, aux abords de la moyenne vallée du Rhône, en direction de la Drôme (groupe d’Allan et des Bruyères) ou, plus loin encore, vers l’axe Saône-Rhône (groupe de Lüscherz et de Clairvaux) et le Piémont italien (Mont Viso). Situé dans une zone tampon, le site du Limon-Raspail est alors à lui seul

INTRODUCTION

Découvert en mars 2005, le site du Limon-Raspail, implanté à Bédoin dans le Vaucluse et d’une superficie estimée à près de 1,5 ha, a fait l’objet d’une opération d’archéologie préventive au printemps de la même année sous la direction de J. Cauliez. Conjointement à la sauvegarde du site avant une destruction potentielle, tous les éléments découverts relatifs à une implantation domestique participent à la documentation d’un contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour de plusieurs fosses, est attribuée au Néolithique final (fig. 1). Fait remarquable, les différents mobiliers découverts sur le

Page 3: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 265

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

représentatif des mécanismes de constitution de groupes multipolaires en marge et à la jonction des différents courants culturels qui jalonnent le Néolithique final.

CADRE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE DU SITE

Le proche environnement du Limon-Raspail cons-titue la terminaison du piémont méridional du Mont Ventoux (1 912 m), anticlinal est-ouest ébauché lors des phases provençales, puis affecté par la tectonique alpine oligocène et par les rejets post-miocènes (Gou-vernet et al., 1971). De structure simple, c’est une imposante écaille monoclinale au pendage sud domi-nant, principalement constituée de calcaire allant de l’Hauterivien au Cénomanien. Son versant sud, à la pente relativement douce, contraste avec un versant nord « cassé » par de multiples escarpements. Sur ce

piémont méridional, constituant le paysage directement observable depuis le lieu de la fouille, la morphogenèse quaternaire a laissé son empreinte sous la forme de puissants glacis d’accumulation pléistocènes coales-cents. Parfois, ces formations et morphologies sont entaillées par un modeste réseau hydrographique dont les dépôts s’organisent par emboîtements depuis le Postglaciaire.

Le site stricto sensu est localisé sur un petit relief (350 m d’altitude environ) dominant la cuvette de Mormoiron au sud (Miocène-Oligocène-Éocène) et celle de Bédoin au nord. Cette modeste unité structu-rale, qui s’étend de Mormoiron à Saint-Pierre-de-Vassols, est entaillée au nord par la rivière de la Mède et, à son extrémité méridionale, par celle de l’Auzon. Les affleurements oligo-éocènes et miocènes (Burdi-galien) s’organisent sur la base d’une assise crétacée et sont marqués d’un pendage moyennement prononcé vers le sud-ouest favorisant un drainage par de petits

Fig. 1 – Carte de localisation du site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse, plan général de la zone décapée sur la parcelle no 1041 avec localisation des structures en creux et photographie aérienne du site en cours de fouille (DAO et cliché J. Cauliez).Fig. 1 – Map showing the position of Limon-Raspail (Bédoin, Vaucluse), plan of the excavated area (section of land 1041). Distribution of the pit features and aerial photography of the site during excavation (CAD and photograph J. Cauliez).

Page 4: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

266 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

systèmes secondaires dans la même direction. Une ou plusieurs failles normales (parfois masquées) composent également ce relief dont la régularité sommitale relève probablement d’une phase majeure d’aplanissement post-miocène (Depambour et Guendon, 2003). L’évo-lution paysagère quaternaire locale répond aux fluctua-tions de tendances morphogéniques (accumulations-incisions, emboîtement ou étagement des dispositifs de terrasses) affectant les organismes alluviaux alentours, relativement modestes. Les héritages de ces mutations environnementales concernent de manière quasi exclu-sive le pied de versant occidental du site du Limon-Raspail (terrasses alluviales du Pléistocène supérieur et emboîtement des nappes postglaciaires). L’emplace-ment du gisement, principalement inscrit dans la mo-lasse burdigalienne locale, ne semble pas avoir nota-blement évolué depuis le Néolithique. Aux seules dynamiques colluviales (ou de ruissellements diffus) touchant avec peu de vigueur de faibles déclivités, s’ajoutent quelques phénomènes d’altération. Ceux-ci, directement observables dans les stratigraphies déga-gées lors de la fouille, correspondent à des dynamiques de dissolution/précipitation des carbonates (liserés, nodules et poupées) ou d’oxydations ferriques auréo-laires légères et diffuses. Cette évolution morphosédi-mentaire et sédimentologique peu marquée justifie, dans son ensemble, la bonne conservation des niveaux archéologiques et de leur mobilier.

OPÉRATION DE TERRAIN EN 2005

C’est l’arrachage d’anciens pieds de vigne, avant une plantation de nouveaux pieds qui est à l’origine de la découverte du site et de la mise en place d’une opé-ration de sauvetage urgent du Service régional de l’archéologie de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Avant le début des travaux, une zone de 250 m2 a été circons-crite pour la fouille d’une durée réduite à 3 semaines et demi. Après expertise, ce secteur constituait le seul emplacement qui pouvait encore ne pas être immédia-tement replanté par le propriétaire du terrain, M. Ughetto 1, a contrario du reste de la parcelle. Il semblait, de plus, ne pas avoir trop souffert des derniers travaux agricoles. Des prospections systématiques et régulières ont été menées en parallèles à la fouille, notamment vers le sud-ouest de la parcelle ; elles ont permis d’amasser une quantité importante de mobilier sortie à la suite du dernier arrachage de vignes. De manière générale, il a fallu décaper sur environ 65/70 cm d’épaisseur pour découvrir des structures encore très bien conservées. Ces dernières se distin-guaient nettement en surface et dessinaient des tâches noires tout à fait circulaires dénotant du sédiment sté-rile de couleur orangée qui les entourait (fig. 1). Les labours successifs n’ont pas permis la conservation des niveaux de fonctionnement associés aux aménage-ments. Le cadre préventif a impliqué des choix dans la conduite de l’opération. Ainsi, sur les 250 m2, un total de 35 structures en creux a été mis au jour. Sur l’en-semble des aménagements, 22 ont fait l’objet d’une fouille exhaustive. Elles ont été sélectionnées en

fonction de leur répartition spatiale, de leur plan et de leurs dimensions à l’ouverture. Le fait que certaines structures se recoupent a également constitué un critère dans la sélection. C’est le cas des structures 23a, 23b, 23c, 23d, 23e, ainsi que des structures 14 et 15. Les structures 1 à 16 ont été fouillées, ainsi que les struc-tures 23a, 23b, 23c, 23d, 23e et 24, par décapages d’épaisseur définis en fonction des changements de nature du sédiment et de la répartition spatiale et en altitude du mobilier. À terme, ces aménagements ont été relevés en plan (ouverture de la fosse) et en profil et, pour certains, une coupe stratigraphique a été levée. Les structures non fouillées, à savoir 17, 18, 19, 20, 21, 22, 25, 26, 27 et 28 ont fait l’objet d’un premier décapage et ont été relevées en plan. Enfin, les struc-tures 29, 30 et 31 ont simplement été repérées dans l’espace. La totalité des sédiments a été tamisée, afin de détecter la présence éventuelle de microfaune. Plu-sieurs prélèvements ont été réalisés pour des analyses paléoenvironnementales ou la recherche de phytolithes (dans le but de vérifier si la fonction première des fosses peut être celle de silo par ex.), en suivant les protocoles posés par les spécialistes.

AMÉNAGEMENTS DOMESTIQUES ET DATATIONS

Comme sur la plupart des autres établissements présentant comme seuls aménagements conservés des regroupements de dépressions installées dans le sol, les niveaux d’ouverture et d’occupation correspondant aux structures n’ont pas pu être observés. Quelques élé-ments dans la morphologie, avec notamment le début de rétrécissement de la partie sommitale de certaines structures, ainsi que les dynamiques de remplissage des premiers niveaux de comblement avec peu d’horizons détritiques laissent penser qu’elles ne peuvent être amputées que d’une faible partie de leur sommet seu-lement. La densité des structures en creux mises au jour est relativement importante au regard de la surface décapée. Pour autant, la superficie de la zone ouverte par rapport à l’emprise des occupations néolithiques de ce plateau – repérées en prospection sur au moins 1,5 ha – constitue un écueil important pour commenter la répartition spatiale des aménagements domestiques. Quelques observations peuvent néanmoins être effec-tuées sur la gestion de l’espace habité.

Les structures se répartissent au sein de deux groupes séparés par une bande vierge de toute structure, large d’une trentaine de mètres environ et qui s’oriente est/ouest. Le premier groupe de structures se trouve au sud-ouest (fig. 1) et regroupe les dispositifs 1 à 16. L’ensemble de ces dépressions a été fouillé. Elles se répartissent en plusieurs lignes plus ou moins parallèles, selon un axe est-ouest. Les recoupements sont absents à l’exception des structures 14 et 15. Quatre structures, les fosses 1 à 4, se situent légèrement à l’écart de la concentration principale à l’extrémité sud-ouest de la fouille. Enfin, la structure 24 à l’extrême sud-est de la zone explorée paraît isolée ou appartenir à un autre regroupement hors de l’emprise, en limite méridionale

Page 5: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 267

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

de la surface ouverte. Le second groupe de structures en creux se trouve plus au nord (fig. 1). Hormis une certaine linéarité dans la position des structures 25 à 28, très proches les unes des autres, les aménagements de cette partie du site se regroupent plutôt en un agrégat de quelques individus. La majorité de ces dépressions (structures 17 à 22) repérées en surface et non fouillées ne se recoupe pas, à l’exception notable des structures 23a, 23b, 23c, 23d et 23e qui constituent une juxtapo-sition de dépressions creusées les unes dans les autres à la façon d’une « fosse polylobée ».

Approche fonctionnelle des structures domestiques

Morphotypologie des aménagements

Les 32 structures en creux ont toutes une morpho-logie au sol plus ou moins circulaire avec un diamètre moyen de 100 cm environ (minimum 80 cm ; maximum 170 cm). La majorité d’entres elles – près des trois quarts – mesure entre 100 et 120 cm. Pour les 22 structures fouillées, leur morphologie verticale est plus variée et leur profondeur s’échelonne d’une di-zaine de centimètres à un mètre pour la plus profonde (fig. 2, no 1).

Afin de distinguer les différents types de structures en creux, ces aménagements ont été appréhendés en fonction de leur morphométrie. Le critère discriminant

choisi est le rapport diamètre à l’ouverture/profondeur (D/P) qui, pour un examen ordonné de la forme et de la taille des structures, constitue une variable de classi-fication fréquemment employée dans le but de distin-guer les différents types d’aménagement en creux (Leroi-Gourhan et al., 1978 ; Carozza, 2005). Après l’application de cette méthode sur les sites provençaux et languedociens du Néolithique final, soit un corpus de plus de 600 structures en creux testées sur 10 gisements différents, une typologie des aménagements creusés a pu être proposée (Gilabert, 2006 ; Gilabert et Jallot, 2006). Les courbes de répartition des corpus selon leur rapport D/P montrent en effet quatre tendances mar-quées par trois inflexions. Ces quatre tendances corres-pondent à des regroupements de populations de struc-tures distinguées par des seuils moyens qui précèdent les inflexions de la courbe. Ces populations sont donc constituées par des dépressions à la morphométrie dif-férente. Nous avons ainsi classé à partir du vocabulaire couramment employé pour décrire les structures en creux quatre groupes (fig. 2, no 2) : les lentilles, qui présentent un rapport supérieur à 6,5 ; les cuvettes, pour qui ce rapport est compris entre 3,5 et 6,5 ; les fosses simples avec un rapport compris entre 2 et 3,5 et enfin les fosses profondes avec un rapport inférieur à 2. La réalisation de droites de régression sur la base des rap-ports définissant ces quatre types montre, par des coef-ficients de détermination élevés, le lien étroit entre le diamètre et la profondeur des structures, mais aussi et surtout la pertinence de cette division. En effet, le coef-ficient de détermination du rapport D/P est très impor-tant et identique pour les fosses simples et les cuvettes (R2 = 0,86) et, s’il est moindre pour les fosses profondes (R2 = 0,48), demeure significatif pour un rapport issu des dimensions de structure en creux (Gilabert, 2009). Son application à la série d’aménagements du Limon-Raspail permet de distinguer ces quatre types de struc-tures domestiques.

Fig. 2 – No 1 : répartition des structures en creux selon leur diamètre et leur profondeur ; no 2 : courbes de répartition des structures en creux selon le rapport diamètre/profondeur (DAO C. Gilabert).Fig. 2 – No. 1: distribution of the pit features based on their diameter and their depth; no. 2: distribution of the pit features based on the dia-meter/depth ratio (CAD C. Gilabert).

Fig. 3 – Morphologie des profils des structures en creux (DAO C. Gilabert).Fig. 3 – Morphology of the cross sections of the pit features (CAD C. Gilabert).

Page 6: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

268 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Le corpus des structures en creux du site se compose donc de deux lentilles (structures 15 et 24), cinq cuvettes (6, 11, 13, 23c et 23b), six fosses simples (3, 4, 10, 12, 23d et 23e) et neuf grandes fosses ou fosses profondes (1, 2, 5, 7, 8, 9, 14, 16, 23a ; fig. 2 et 3). Les lentilles sont des structures très peu profondes et d’une longueur maximale avoisinant les 100 cm de diamètre. Les cuvettes ont des dimensions proches, de 18 à 25 cm pour les profondeurs, de 90 à 120 cm pour les dia-mètres à l’ouverture. Les dimensions des fosses simples

se montrent davantage hétérogènes, puisqu’elles vont de 80 à 170 cm de diamètre, pour 26 à 71 cm de pro-fondeur. Elles se traduisent donc par une diversité des tailles et des volumes minimaux. Enfin, les fosses profondes ou grandes fosses se présentent comme un groupe de structures aux dimensions assez homogènes avec un diamètre de 78 à 120 cm et une profondeur de 60 à 100 cm.

Concernant la morphologie des profils, la population statistique étant réduite et les seuils de distinction assez

Fig. 4 – Relevé des profils des structures en creux et coupe stratigraphique des remplissages (DAO J. Cauliez).Fig. 4 – Profile views of the cross sections of the pit features and their fillings (CAD J. Cauliez).

Page 7: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 269

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

proches entre les deux derniers groupes de fosses définis, nous avons choisi de rassembler en un seul et unique type toutes les structures. Qu’ils appartiennent à l’un ou l’autre des types, les divers aménagements domestiques du Limon-Raspail présentent des constantes morpholo-giques. Les fosses les plus profondes disposent d’un profil, soit droit à parois rectilignes, soit évasé, soit ré-tréci à parois convergentes (fig. 3 et 4). Elles sont toutes à fond plat ou, plus rarement, à fond arrondi. Ces morpho-types sont également majoritaires sur les autres sites « à fosses » du Néolithique final méridional et semblent correspondre à des structures de stockage avec ou sans le recours à des vases modelés en terre crue ou en torchis (Gilabert, 2006). Les cuvettes et les lentilles, peu nom-breuses, sont à profil évasé, à fond irrégulier ou légère-ment aplati (fig. 4). La position de ces structures, à proximité immédiate de dispositifs plus profonds, ne permet pas d’évoquer une érosion particulièrement forte pour expliquer la faiblesse de leur profondeur. De même, le caractère fonctionnel et les modalités d’utilisation ne peuvent être caractérisés.

Vestiges en terre crue et en torchis

Les vestiges en terre, contenus en abondance dans certaines structures en creux (tabl. 1), précisent plus encore la nature et l’histoire des aménagements. Leur détermination nous informe à la fois sur les fonctions potentielles des structures en creux, mais aussi sur la présence d’architectures en terre à proximité. L’étude

macroscopique des fragments supérieurs à 6-7 cm a permis ainsi de mettre en évidence quatre grands types de matériaux. Certains sont liés directement aux acti-vités de conservation ou de combustion menées dans les structures (types 1 et 2), d’autres sont des vestiges d’architectures en terre de type torchis de mise en œuvre différente (types 3 et 4).

Le type 1 est un matériau compact et peu vacuolaire. Il se caractérise par un mélange homogène de limon fin et de sable ; les empreintes végétales internes sont peu nombreuses, mais l’ajout de végétaux fins est clairement visible. Le type 1 se présente comme un matériau bien cuit. Plusieurs fragments montrent des surfaces planes, régularisées voire lissées sur l’une des faces (côté convexe lorsque qu’une courbure est iden-tifiable) et l’une de ces plaques propose une terminai-son modelée et arrondie. La totalité des fragments se caractérise par deux faces parallèles pour une épaisseur qui varie de 1,3 à 2,5 cm. Il s’agit vraisemblablement des restes de vases-silos en terre crue, présents dans les aménagements 1, 9, 12, 23a et 23d.

Le type 2 se caractérise par un matériau très frag-menté, compact, peu vacuolaire. Sa structure homogène est très sableuse. On y observe de rares, voire pas d’empreintes végétales internes qui, lorsqu’elles sont présentes, sont sporadiques et de petites dimensions. Certaines surfaces sont bien lisses et semblent avoir été modelées. L’ensemble des fragments, brunis ou rubé-fiés, montre de forts stigmates d’une cuisson intense. Celle-ci peut également expliquer la fragmentation importante du matériau. Il s’agit probablement d’un

Tabl. 1 – Quantité de torchis par structure en creux et destination fonctionnelle des fosses (DAO C. Gilabert).Table 1 – Quantity of daub per pit and functional attribution of the pits (CAD C. Gilabert).

Page 8: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

270 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

enduit de cuisson plaqué sur les parois et le fond de structures mis en place pour augmenter les propriétés thermiques de soles liées à la combustion in situ comme dans les fosses 9 et 16, où ces plaques nous sont par-venues effondrées les unes sur les autres (fig. 5).

Le type 3 est un torchis peu compact, très vacuolaire et très riche en macro-restes végétaux internes de taille importante. Il s’agit d’un mélange hétérogène argilo-sableux. Certains fragments présentent des empreintes de clayonnage de 0,5 à 8 cm de diamètre et dont la taille dépasse les 3 cm de long. Ce type montre également des surfaces planes brutes ou lissées, dotées parfois d’un enduit à inclusions calcaires. Ce matériau, globalement peu fragmenté, semble correspondre aux vestiges d’une élévation en terre (paroi de construction ?) en position secondaire dans les fosses. Il est attesté dans les struc-tures 1, 2, 3, 7, 8, 12, 14, 15 et 23a.

Le type 4 est un torchis compact, peu vacuolaire. Certains fragments montrent les faces internes et ex-ternes de parois. Sa structure est limono-sableuse. Des nodules contiennent des empreintes végétales internes très longues (> à 5 cm). Certains fragments sont épais de plus de 8 cm. Ce matériau correspond également à une terre à bâtir, mais sa composition et sa structure paraissent différencier sa mise en œuvre du type 3. Les aménagements 2, 8, 9, 14 et 23e en sont dotés.

C’est ainsi qu’à côté de fragments de vase-silo ou de traitement de parois de fosse comme enduit en position primaire détruits in situ dans leur structure d’accueil, des pièces de torchis cuits ont été également mises au jour au Limon-Raspail en position secondaire au sein du comblement des structures domestiques en creux. Pour ces éléments, nous n’avons aucune information sur leur contexte de provenance. Ces différents types de vestiges de torchis sont représentés dans des quantités très varia-bles en fonction des fosses (tabl. 1) et se distribuent généralement sur l’ensemble de la stratigraphie des structures. L’état de conservation du matériau est bon dans les aménagements les plus profonds et plus frag-mentaire et érodé dans les cuvettes. Ces nombreux fragments comportent des traces, qu’il s’agisse de né-gatifs de clayonnage, d’empreintes de végétaux sur les surfaces ou d’éléments de dégraissant incorporés au matériau mis en œuvre. Ces fragments peuvent être aussi modelés, avec des morphologies arrondies, particulière-ment saillantes ou anguleuses ; ils sont également parfois lissés et présentent des surfaces.

Dynamique générale des remplissageset destinations fonctionnelles

Deux grandes catégories de comblements sédimen-taires peuvent être distinguées au sein des structures domestiques du Limon-Raspail. L’une, majoritaire, qui présente un sédiment limoneux de comblement homo-gène et des stratigraphies simples traduisant une phase unique de remplissage. L’autre, plus marginale, avec un remplissage de nature multiple essentiellement sa-bleux, composite et des stratigraphies complexes plai-dant pour des comblements polyphasés et peut-être des utilisations successives, différentes ou non. Ces dyna-miques de remplissage nous informent sur les diffé-rentes phases de fonctionnement et d’abandon des aménagements. L’étude du contenu de la fosse corrélée à sa morphologie et aux données issues de l’analyse des vestiges en terre nous permet ainsi, pour certaines fosses, de proposer différents types d’utilisation et des hypothèses quant à leur évolution au cours de l’histoire de la structure.

Les structures 1, 9, 16 et 23d ont un remplissage particulier qui témoigne d’utilisations précises. Ces quatre structures présentent de nombreux vestiges de torchis. Ceux-ci sont liés soit à une fonction de stoc-kage, sous forme de vase-silo ou de parois en terre crue pour étanchéifier la structure (structures 1 et 23d), soit à une fonction foyère (16 et 9). Ces deux dernières structures présentent plusieurs blocs de pierre de taille décimétrique éclatés au contact de la chaleur, un plaquage d’argile à leur base et contre leurs parois, et des tessons positionnés verticalement sur ce plaquage. Le plaquage peut correspondre à une sole et/ou à un enduit de cuisson. L’enduit d’argile, la sole, et les fragments de céramique présentent en effet d’impor-tantes traces de rubéfaction et témoignent d’expositions intenses et répétées à une forte chaleur (fig. 5). Enfin, dans un dernier temps, ces dispositifs ont servi de structure de rejets comme en témoigne leur stratigraphie

Fig. 5 – La structure 16 : sole de cuisson et plaques d’enduit d’argile rubéfiées écroulées sur place (clichés J. Cauliez).Fig. 5 – Feature 16: hearth structure and burnt fragments of clay plaster collapsed in situ (photographs J. Cauliez).

Page 9: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 271

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

complexe dans les niveaux supérieurs, à l’exclusion de la structure 16 qui n’a livré pratiquement aucun vestige archéologique sur toute la séquence de remplissage.

Les fosses 6, 10 et 12 sont uniquement liées à des activités de combustion. Les structures 10 et 12 sont liées à l’utilisation du feu, mais il est difficile de pré-ciser s’il s’agit véritablement de leur fonction primaire. La fosse 6 a servi ensuite de dépotoir. Elle montre en effet des dépôts supérieurs de type rejet et abandon, alors que le fond de la structure présente une organi-sation plus hiérarchisée avec la présence de vestiges de combustions associés au reste d’une sole de cuisson en terre démantelée et de pierres décimétriques fendues ou éclatées sur place par la chaleur.

Des structures plus profondes (2, 3, 4, 5, 7, 8, 14, 23a et 23e) montrent une morphologie du profil rétré-cie à piriforme comparable à ce que l’on appelle communément des silos. Ces dispositifs semblent avoir été des structures de stockage avant d’avoir servi d’aménagement de rejet et pour certaines, plus parti-culièrement, de vidange de foyer (structures 5 et pro-bablement 2, 3 et 7). Ces structures livrent toutes des remplissages homogènes au niveau sédimentaire. Ce-pendant, elles contiennent de nombreux vestiges archéo-logiques avec une part importante de produits de combustions (cendres, charbons…), du mobilier lithique et céramique abondants, de la faune, du torchis d’origine architecturale et des rejets de pierres brûlées ou non. La structure 4 est la seule à avoir servi à un remplissage clairement domestique, puisque son comblement correspond aux rejets exclusifs de matériel de mouture (meules et molettes) et d’ossements ani-maux. Quant à la structure 5, son comblement est essentiellement constitué par deux très gros blocs en calcaire (plus de 70 cm de long sur 70 cm de large) disposés verticalement sur le fond de l’aménagement et ayant en partie subi les effets de la chaleur.

Le remplissage des structures les moins profondes (6, 11, 13, 15, 23c, 23b et 24) n’appelle pas d’obser-vation particulière, même si, parmi celles-ci, les cuvettes 11, 13 et 23c semblent avoir servi de structure de rejets. On y retrouve en effet du mobilier lithique, céramique et du torchis en position secondaire.

Si l’on se rapporte aux types de structure mis en évidence, à leur contenu et à leur fonction originelle proposée, on peut entrevoir des regroupements parti-culiers. Ainsi, la zone est du décapage comprend un ensemble de fosses assez profondes et au profil rétréci qui peut être destiné à des activités de stockage sous la forme de fosse silo, à l’instar par exemple de l’orga-nisation retrouvée sur les sites du Néolithique final voisins du Mourre du Tendre à Courthézon dans le Vaucluse, des Martins à Roussillon dans le Vaucluse, ou du Pâtis 2 à Montboucher-sur-Jabron dans la Drôme (Gilabert, 2006 et 2009 ; Margarit et Saintot, 2002). Dans l’Orbe drômoise, les sites à fosses attribués au Néolithique final demeurent rares. Aux Juilléras à Mondragon, l’occupation n’est caractérisée que par la présence de quelques cuvettes, réparties sans organi-sation visible compte tenue de la surface explorée et dont le remplissage ne semble pas traduire d’organisa-tion remarquable (Lemercier et al., 2002a et b). Au

Limon-Raspail, on retrouve également associés à ces structures de stockage des aménagements liés à la combustion et à ses rejets comme des fosses peu pro-fondes et des cuvettes (6, 10, 11, 12, 13 et 15), ainsi que des structures dotées de sole de cuisson. Le torchis (en tant que matériau) ou la terre crue est utilisé ici à des fins multiples (mobilier, sole de cuisson, étanchéité de structure de stockage, finition du fond), comme c’est fréquemment le cas à la fin du Néolithique (De Cha-zelles, 2005 et 2007 ; Brochier et Ferber, 2009 ; Wattez, 2009). Même si la caractérisation des différentes utili-sations de la terre crue ou cuite sous forme de torchis demeure encore aléatoire et que les études manquent sur ce matériau, l’importance des vestiges en torchis découverts au Limon-Raspail permet également d’en-visager l’existence d’architecture en terre sur le site. La grande taille de certains clayonnages plaide pour la présence a minima d’élévation massive de type mur d’habitat.

Datations

Six datations au radiocarbone ont été effectuées sur des charbons et sur des ossements d’animaux provenant du comblement de fosses distinctes livrant beaucoup de mobiliers. Celles-ci permettent d’ores et déjà de plaider en faveur d’une occupation cohérente sur le plan chronoculturel. Réalisées dans plusieurs points distants du site et sur des échantillons pouvant provenir de fosses polylobées (structure 23), aucune des mesures ne s’écarte en effet de l’intervalle de temps compris au maximum entre 2880 et 2580 av. J.-C. Les mesures AMS 14C, calibrées à deux sigmas (Atmospheric data from Reimer et al., 2004, Oxcal v.3.10™), sont les suivantes :- pour la structure 8 (déc. 5) : 4160 +/- 30, soit 2878-

2626 av. J.-C. (Lyon-3806) ;- pour la structure 4 (déc. 5) : 4145 +/- 35, soit 2877-

2580 av. J.-C. (Lyon-4910) ;- pour la structure 16 (déc. 10) : 4130 +/- 35, soit

2875-2577 av. J.-C. (Lyon-4911) ;- pour la structure 23a (déc. 8) : 4180 +/- 30, soit 2885-

2638 av. J.-C. (Lyon-3805) ;- pour la structure 23b (déc. 3) : 4170 +/- 35, soit

2885-2626 av. J.-C. (Lyon-4912) ;- pour la structure 7 (déc. 5) : 4140 +/- 35, soit 2880-

2580 av. J.-C. (Poz-16631).

Un test de T réalisé à l’aide du logiciel Calib v6.01™ atteste que ces résultats sont statistiquement les mêmes (Test t = 1,677274 ; dl = 5 ; p = 0,05). Concernant les aménagements 23a et 23b, il s’agit de deux des cinq structures qui forment un ensemble polylobé (fig. 1). Dans l’ordre de creusement et en observant lors de la fouille les recoupements et chevauchements, il est possible d’affirmer que la fosse 23a est, avec la fosse 23c, certainement la première a avoir été creusée. Viennent ensuite les structures 23d et 23e. Le dernier aménagement creusé correspond à la structure 23b. Bien qu’elle soit la dernière excavée, cette fosse pré-sente une datation en tous points comparable à celle

Page 10: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

272 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

recueillie dans la première des fosses aménagées de cet ensemble polylobé. Par conséquent, ces observations confirment que, malgré la présence d’aménagements se recoupant, alors témoins possibles de plusieurs phases sur le site, ces fosses s’inscrivent vraisembla-blement toutes dans une fourchette chronologique strictement identique. De plus, à l’échelle de la surface fouillée, deux concentrations d’aménagements étaient visibles : une première au sud-ouest de la fouille et combinant les dispositifs 1 à 16, et la seconde au nord et à l’est rassemblant notamment l’ensemble de dépres-sions creusées les unes dans les autres matérialisé par les structures 23a à 23e. Là encore, que les mesures soient prises dans des structures associées au premier ensemble ou reliées à la seconde concentration, les dates recueillies dans les fosses s’échelonnent dans un même intervalle. On retiendra par conséquent que la fenêtre ouverte lors de la fouille se compose, tous secteurs confondus, de structures subcontemporaines, les recreusements ayant pu intervenir dans un laps de temps relativement court.

INDUSTRIE LITHIQUE TAILLÉE

Disponibilités locales et régionales en silex

La région d’implantation du site comporte d’impor-tantes ressources en silex. Leur recensement a déjà été réalisé dans le cadre de programmes à l’échelle régio-nale (Binder, 1998 ; Guilbert, 2000). Cependant, l’étude de l’ensemble lithique du Limon-Raspail a nécessité un travail plus ciblé afin de déterminer non seulement les ressources accessibles à une échelle large, mais également celles disponibles dans l’environnement immédiat du site. Ainsi, l’examen des cartes géo-logiques du secteur a permis de préciser les formations livrant du silex. À l’échelle des cartes de Vaison-la-Romaine et de Carpentras (Blanc et al., 1975 ; Monier et al.,1991), qui couvrent un territoire conséquent autour de l’établissement, des niveaux à silex affleurent en position primaire dans les calcaires de l’Hauterivien

(n3U1), du Barrémien (n4S), du Barrémo-Bédoulien de faciès urgonien (n4-5S), du Bédoulien de faciès urgonien (n5U3), du Lutétien (e6/m1b) et du Stampien moyen et supérieur (g2b-e). La plupart des niveaux tertiaires livrent des silicifications, fréquemment des silex urgoniens en position secondaire, remaniées dans les sables de l’Éocène inférieur et moyen (e1-5), le Ludien (e7-g1a, conglomérats de Crillon-le-Brave) et les conglomérats et sables du Stampien. En termes de qualité et d’abondance, les affleurements de silex bar-rémiens et bédouliens constituent des gîtes d’approvi-sionnement remarquables.

La consultation des cartes géologiques a permis d’orienter les prospections sur le terrain, menées dans un rayon de 5 km autour du site. Cette aire comprend essentiellement des formations à silex rapportées au Tertiaire. Outre la présence de silex dans ces forma-tions, nous avons cherché à évaluer le potentiel des formations alluviales. Ainsi, six localités ont été échan-tillonnées ponctuellement ou de manière plus intensive, en particulier le lieu-dit les Souquettons (tabl. 2). Les silex de ces gîtes sont en position secondaire et par conséquent d’une extraction aisée. Le gîte des Souquet-tons est le plus proche du site du Limon-Raspail, à seulement quelques centaines de mètres en contre-bas. Il a livré des silex d’origines génétiques variées (Ter-tiaire, Crétacé) remaniés dans la molasse burdigalienne. Ces silex présentent une morphologie de galets aux cortex verdis caractéristiques à imprégnations sous-corticales fréquentes (souvent de couleur noire). Ces caractères se retrouvent sur les surfaces naturelles d’une large proportion des pièces archéologiques du site. En outre, l’association de faciès des pièces archéo-logiques portant ces plages corticales correspond à celle retrouvée au sein du gîte.

Étude technologique

L’industrie en silex présente une large variété de matériaux. Comme le montrent cependant les re-cherches de gîtes siliceux, cette variabilité ne corres-pond pas à des origines très diversifiées. Ainsi, le

Tabl. 2 – Liste des gîtes échantillonnés dans le cadre de l’étude des matières premières lithiques du Limon-Raspail (DAO C. Bressy).Table 2 – List of outcrops sampled for the study of the lithic raw materials (CAD C. Bressy).

Page 11: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 273

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

classement des matières premières a été guidé par des considérations gîtologiques plutôt que faciologiques, primant habituellement. Cinq catégories ont finalement été distinguées (tabl. 3). Le silex le plus employé sur le site est issu de la molasse burdigalienne (ensem-ble A). Le silex blond très fin du Secondaire, similaire au silex communément employé en Provence pour réaliser des lamelles au Néolithique moyen et final, est également représenté sur le site (ensemble B). Cer-taines pièces témoignent d’une action thermique. Le silex provient des Monts de Vaucluse ou du Mont-Ventoux. Dans le cas de cette série, il pourrait également s’agir d’une production réalisée à partir de matière disponible dans la molasse burdigalienne, mais l’ab-sence de plage corticale conservée sur les pièces ne permet pas de se prononcer en faveur d’une ou de l’autre hypothèse. Il existe aussi dans l’assemblage lithique des pièces sur silex brun du Tertiaire, proba-blement Oligocène (ensemble C) issu du bassin géo-logique d’Apt-Forcalquier. Une source de silex du Tertiaire est mentionnée à Saint-Didier dans le Vau-cluse (Sauzade et al., 1990). Enfin, deux autres matiè-res sont identifiées : d’une part, du silex « calcédo-nieux » dont l’origine géologique se rapporte aux formations tertiaires, vraisemblablement éocènes (en-semble D) ; d’autre part, des fragments de matière du Tertiaire (ensemble E).

Afin de tester l’homogénéité du corpus, seuls les objets issus des structures intégralement fouillées ont

été pris en compte, soit 1 889 objets sur les 1 922 trou-vés. Le mobilier provenant des structures seulement décapées n’a été ajouté au corpus que dans un second temps, lors de l’étude du débitage.

Composition et répartition de l’assemblage

L’observation du contenu de chaque structure du point de vue du type de support présent 2 et de la ma-tière première employée plaide en faveur de l’homo-généité de l’industrie : d’une structure à l’autre, les proportions varient peu (tabl. 4 et fig. 6, nos 1 et 2 – pour cette estimation, seuls les aménagements qui li-vraient plus de 5 % de la série lithique ont été pris en compte, soit les fosses 1, 2, 3, 5, 7 et 8). Le seul écart notable en ce qui concerne le type de support repré-senté par structure est le contenu de la structure 2, dont le nombre d’esquilles, plus élevé (tabl. 4), peut s’ex-pliquer par le rejet de déchets de séquences de façon-nage de pièces bifaciales sur lesquelles nous revien-drons. Quant aux catégories de matière première représentées par structure, seule la fosse 1 se distingue par un nombre plus élevé de fragments de matière de l’ensemble E (fig. 6, no 2). Ceci, tout comme la pro-portion variable du pourcentage d’éléments brûlés au sein de chaque structure (tabl. 4), est probablement à mettre en relation avec les divers fonction(s)/ fonctionnement(s) des fosses. Néanmoins, la présence

Tabl. 3 – Ensembles de matières premières distinguées au sein de l’assemblage lithique provenant des fouilles (DAO C. Bressy et C. Piatscheck).Table 3 – Groups of raw materials distinguished within the lithic assemblages recovered from the excavation (CAD C. Bressy and C. Piatscheck).

Page 12: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

274 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Tabl

. 4 –

Déc

ompt

e et

pou

rcen

tage

du

nom

bre

de ty

pes

de s

uppo

rt li

thiq

ue p

ar s

truc

ture

fou

illée

(D

AO

C. P

iats

chec

k).

Tabl

e 4

– C

ount

and

per

cent

age

of th

e ty

pes

of li

thic

bla

nks

per

exca

vate

d fe

atur

e (C

AD

C. P

iats

chec

k).

Page 13: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 275

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

de pièces rubéfiées associées à des pièces exemptes de traces d’altération par le feu au sein de chaque déca-page effectué dans les structures indique que l’état de rubéfaction peut être en partie antérieur au rejet dans

la fosse. Notons enfin la forte différence d’effectifs d’une structure à l’autre, totalement indépendante du volume de ces dernières qu’il s’agisse d’une lentille, d’une cuvette, d’une fosse ou d’une grande fosse (tabl. 4).

Dans cette série, l’outillage se répartit en deux clas-ses. D’une part, les outils de classe 1 qui rassemblent les pièces dont la typologie est établie (grattoir, perçoir, etc.). D’autre part, et grâce à l’étude tracéologique, les outils de classe 2 qui correspondent à tous les supports bruts et/ou très peu retouchés ayant été utilisés. D’une structure à l’autre, la proportion d’outils est sensible-ment la même (pour les structures comptant plus de 100 individus, indiquées en gras dans le tableau) et aucun type d’outil n’y est surreprésenté (tabl. 5). La quasi-totalité des outils est réalisée dans du silex de l’ensemble A ; nous ne précisons donc que les cas où la matière première utilisée est d’un autre ensemble.

Parmi les outils de classe 1, la série compte des outils sur lame ou sur éclats. Les premiers sont au nombre de 4 et se présentent sous la forme de frag-ments de lames de section trapézoïdale ou triangulaire (fig. 7, nos 1 à 4), vraisemblablement toutes débitées par percussion indirecte (fig. 7, no 1). Dans le second ensemble, les outils sur éclats, on peut différencier les outils en termes de régularité, d’épaisseur et de re-touche (aménagement de l’outil, ravivage du tranchant). Ainsi, on trouve 15 individus (dont 1 en silex de l’ensemble C et deux autres de l’ensemble D ; fig. 7, nos 5 à 12), essentiellement minces 3, à morphologie régulière à très régulière 4. D’autres éclats plus irrégu-liers (n = 8), presque tous épais et dont 6 possèdent un dos naturel ou aménagé, montrent un tranchant régu-larisé et/ou ravivé (fig. 7, nos 13, 14 et 18 ; fig. 10, nos 3 et 4). Enfin, complètent cette catégorie, un éclat issu d’une séquence de façonnage de pièce bifaciale de l’ensemble C, retouché, à tranchant brut, ainsi qu’une pièce (ébauche de pièce bifaciale ?) dont un dos et le tranchant ont été entièrement façonnés (fig. 9, n° 1).

Fig. 6 – No 1 : types de pièces lithiques représentées au sein des struc-tures comptant plus de 100 individus ; no 2 : type de matière première par structure contenant plus de 100 pièces (DAO C. Piatscheck).Fig. 6 – No. 1: Lithic types stemming from features including over 100 pieces; no. 2: types of raw material per feature including over 100 pieces (CAD C. Piatscheck).

Tabl. 5 – Distribution de l’outillage lithique selon les structures (DAO C. Piatscheck).Table 5 – Distribution of the lithic tools according to the features (CAD C. Piatscheck).

Page 14: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

276 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 7 – Les outils lithiques de classe 1 et leurs informations fonctionnelles (se référer à la fig. 8 pour la légende de l’étude tracéologique). Nos 1 à 4 : outillage sur lame(lle) et nos 5 à 19 : outillage sur éclat (dessins et DAO C. Piatscheck, complétés par S. Negroni. Les dessins accompagnés d’un * sont de S. Renault).Fig. 7 – Class 1 flint tools and their functional information (see fig.8 for the keys of use wear analysis). No. 1 to 4: tools made from blade(let)s and no. 5 to 19: tools made from flakes (drawings and CAD C. Piatscheck and S. Negroni, drawings marked by an asterisk ( *) are made by S. Renault).

Page 15: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 277

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Les outils de classe 2 sont constitués d’armatures, de grattoirs, de perçoirs, de pièces retouchées et de fragments d’outils et d’ébauches d’outils. Concernant les armatures, les fouilles n’en ont livré que 2 (fig. 8, nos 1 et 2). L’une, foliacée et légèrement pédonculée, façonnée par pression, est en silex de l’ensemble C. L’autre armature a d’abord été façonnée par percussion directe dure, puis par pression. Pour les grattoirs, sur 14 pièces, 11 dont 10 entiers, témoignent d’une utili-sation. Un seul grattoir à front semi-circulaire, brûlé, est réalisé sur une lame en silex oligocène ayant d’abord

été exploitée pour ses tranchants (fig. 8, no 3). On en compte néanmoins plusieurs exemplaires dans les ra-massages. Tous les autres grattoirs sont réalisés à partir d’éclats épais : trois grattoirs courts marginaux dont un est double (fig. 8, no 4) ; quatre grattoirs sim-ples courts, à front semi-circulaire irrégulier (n = 2 ; fig. 8, no 5) ou à contour plus arrondi (n = 2 ; fig. 8, n° 6), 2 grattoirs (dont un en éventail) simples longs (fig. 8, nos 7 et 8). Enfin, plusieurs grattoirs ne portent pas de trace d’utilisation ; c’est le cas de 2 pièces réa-lisées à partir de silex de l’ensemble A, d’un grattoir

Fig. 8 – Les outils lithiques de classe 2 et leurs informations fonctionnelles. Nos 1 et 2 : armatures ; nos 3 à 8 : grattoirs ; nos 9 et 10 : perçoirs (dessins et DAO C. Piatscheck, complétés par S. Negroni).Fig. 8 – Class 2 flint tools and their functional information. No. 1 and 2: arrowheads; no. 3 to 8: end-scrapers; no. 9 and 10: borers (drawings and CAD C. Piatscheck, completed by S. Negroni).

Page 16: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

278 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 9 – Les outils lithiques issus de la fouille (nos 1 et 2) et ceux issus des ramassages (nos 3 à 12), avec leurs informations fonctionnelles (se référer à la fig. 8 pour la légende de l’étude tracéologique). Nos 1 à 6 : pièces à retouches bifaciales ; nos 7 et 8 : fragments de lame retouchées en silex brun oli-gocène ; no 9 : fragment de lame appointée en silex blond miel du Grand-Pressigny ; nos 10 et 11 : fragments proximaux de lames en silex blond du Secondaire ; no 12 : grattoir sur fragment distal de lame en silex gris bleuté du Secondaire (dessins et DAO C. Piatscheck, complétés par S. Negroni. Les dessins accompagnés d’un * sont de S. Renault).Fig. 9 – Lithic tools stemming from the excavation (no. 1 and 2) and those collected during survey (no. 3 to 12) revealing information on their function (see fig. 8 for the keys of use wear analysis). No. 1 to 6: artefacts with bifacial retouch; no. 7 and 8: fragments of retouched blades made from brown flint from Oligocene formations; no. 9: pointed blade fragment made from honey-coloured flint of Grand-Pressigny; no. 10 and 11: proximal blade fragments made from honey flint of Secondary formations; no. 12: end-scraper formed by the end of a blade fragment made from bluish grey flint of Secondary formations (drawings and CAD C. Piatscheck and S. Negroni, drawings marked by an (*) are made by S. Renault).

Page 17: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 279

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

en silex de l’ensemble B et d’un fragment de front de grattoir en silex de l’ensemble C obtenu dans l’épais-seur d’un fragment de plaquette en silex tertiaire. Quant aux perçoirs, ils sont systématiquement réalisés à par-tir d’éclats minces ; ils sont de deux types : les forets (n = 2 ; fig. 8, no 9) et les perçoirs réguliers déjetés (fig. 8, no 10). À ce corpus, il faut ajouter 4 pièces re-touchées ne présentant pas de traces d’utilisation. Il s’agit de 2 éclats à retouches irrégulières, d’une pièce appointée (soie) sur éclat épais très irrégulier et d’un élément sur éclat épais s’apparentant à un bec. Enfin, 2 fragments d’éclat (silex de l’ensemble A et silex de l’ensemble B) possèdent des retouches. Une ébauche de pièce bifaciale (fig. 9, no2), irrégulière, a été trouvée dans la structure 2 accompagnée d’esquilles et d’éclats provenant de son façonnage. Une autre pièce sur éclat, retouchée par percussion directe dure pour obtenir une forme foliacée, semble cependant trop irrégulière pour être une armature. Il pourrait s’agir d’un perçoir.

Caractéristiques techniques des supports d’outils

Sur les 44 outils entiers présents, 31 possèdent des plages corticales s’étendant souvent sur une partie importante de la pièce. Le cortex ne constitue donc pas une gêne, d’autant qu’il est de faible épaisseur sur les rognons provenant de la molasse burdigalienne (silex de l’ensemble A). Cette forte proportion de pièces corticales au sein de l’outillage évoque un débitage assez superficiel des nucléus. Une distinction entre les supports recherchés pour la réalisation d’outils et les déchets de débitage est nettement perceptible en termes d’épaisseur et de régularité des supports : la récurrence, parmi les outils sur éclat de la classe 1, d’éclats minces, réguliers, de forme géométrique et non retouchés en témoigne. Les autres éclats, s’ils ne sont pas assez réguliers au départ, bénéficient de quelques enlève-ments de régularisation/ravivage pour obtenir la morpho-logie et/ou le tranchant voulu. En revanche, cette re-cherche de régularité n’est pas dominante pour les outils de la classe 2, le façonnage et/ou la retouche transformant notablement la morphologie du support initial (création d’un front, d’une pointe, d’un bec…). Notons que, dans au moins deux cas, le support utilisé avait d’abord été exploité pour ses tranchants (1 grattoir sur lame, 1 grattoir long sur éclat laminaire).

Dans une certaine mesure et d’après ces observa-tions, on peut donc proposer, d’une part, un débitage standardisé, orienté vers la production de supports réguliers, notamment minces et exploités pour leurs tranchants (classe 1) et, d’autre part, une production et/ou un choix moins standardisés parmi divers sup-ports disponibles (classe 2), de pièces dont la morpho-logie initiale est profondément transformée par re-touche. Quant au mode d’obtention des supports destinés à être des outils : à l’exclusion du grattoir sur lame dont le support a fort probablement été débité par percussion indirecte, dans tous les cas où le mode de débitage a pu être diagnostiqué (n = 42), il s’agit d’un détachement du support par percussion directe dure.

Production de supports

– Production d’éclatsLa production d’éclats est clairement attestée sur

place dans la mesure où l’on possède tous les éléments qui en décrivent les étapes. Les nucléus sont obtenus, dans la plupart des cas (54 pièces sur 69), dans des blocs de matières présentant une excellente aptitude à la taille, en cohérence avec les artefacts de l’assem-blage. Cependant quelques nucléus, de qualité moindre et présentant quelques négatifs d’éclats (tests ?) sont restés inexploités. Les nucléus renvoient à plusieurs modes opératoires peu élaborés visant à l’obtention d’éclats : débitage ponctuel sur fragments informes de matière première (n = 43) ou rognons ne nécessitant que peu de mise en forme ; « test » d’un fragment ou rognon de matière première (n = 5) ; débitage ponctuel à partir d’un éclat de mise en forme ou de régularisa-tion d’un nucléus (n = 11) ; débitage sur plaquettes de silex tertiaire à partir de la tranche (n = 4). Les sé-quences de débitage sont très brèves, elles comptent souvent moins de 5 enlèvements, ce qui peut être ex-pliqué par les faibles dimensions des rognons exploités (longueur comprise en majorité entre 25 et 55 mm). C’est pourquoi les nucléus, de forme variée (notam-ment plats ou aplatis n = 14, vaguement pyramidaux n = 9 ou irréguliers n = 44), sont, dans leur état d’aban-don, relativement proches de leur volume initial. Seuls 4 sujets présentent plusieurs séquences.

Sur les techniques et les méthodes de débitage, les éclats entiers ou à 5 % près de leur volume initial, toutes structures confondues, sont au nombre de 423. Parmi ces derniers, 382 sont obtenus par percussion directe dure, seule technique mise en œuvre pour leur obtention. La préparation au détachement du support, souvent sommaire (légère abrasion ou régularisation du front de débitage), est attestée dans 156 cas (soit 36 %). L’angle de chasse des éclats se situe générale-ment entre 75° et 45°, ceux présentant un angle aigu étant en partie à rapprocher de la production de pièces bifaciales. Les éclats possédant un angle de chasse droit ou obtus sont plus rares. Il est à noter que 172 éclats présentent un rebroussé (soit 39,7 %).

Le débitage des éclats entiers, lorsque celui-ci est lisible, est préférentiellement mené de façon unipolaire (n = 224). Les éclats présentant des négatifs perpendi-culaires (n = 43), bipolaires (n = 17), multipolaires (n = 23), convergents (n = 6) où dont l’axe de débitage est à 45° de celui des négatifs de la face supérieure (n = 7) sont à mettre en relation avec l’entretien du nucléus ou avec la succession de différentes séquences d’angle différent sur une même surface de débitage. Nous n’avons pas perçu de rythme de débitage ré-current. En parallèle à ce qui a été identifié pour les nucléus, nous observons une forte proportion d’éclats corticaux (n = 206) et le peu de différence entre le pourcentage de pièces provenant du centre de la surface de débitage par rapport à ceux venant des bords ou des flancs. Ces constats évoquent ici aussi des séquences de débitage courtes et superficielles effectuées sur des rognons de petite taille et à surfaces relativement étroites.

Page 18: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

280 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Concernant la production de lames et de lamelles, outre les lames utilisées comme outil, il n’y a que 5 lamelles et 3 fragments proximaux de lames dans la série (tabl. 4 et fig. 7). Parmi les lamelles, une entière semble se rapporter à une amorce de débitage d’un nucléus chauffé par pression (silex indéterminé). Deux fragments proximaux possèdent une cassure probable-ment générée lors du débitage. Une seule pièce tech-nique, un éclat, peut être rattachée à la production la-minaire : il s’agit d’un élément provenant d’un nucléus ayant fait l’objet d’une chauffe avant débitage, et pou-vant constituer un éclat d’ouverture de plan de frappe ou de pression. Bien que toutes ces pièces soient di-rectement liées à des séquences de production et réa-lisées à partir de silex issu de la molasse burdigalienne, leur fréquence est insuffisante pour conclure à une production sur place de lamelles ou de lames.

– Production de pièces bifacialesL’observation d’un nombre élevé d’esquilles dans

la structure 2 a permis de les associer au façonnage de pièces bifaciales. Vingt-deux supports, esquilles et éclats, ont ainsi été formellement identifiés comme déchets de façonnage. Ils proviennent d’au moins trois outils différents. Une séquence, plus particulièrement, provient du façonnage d’une pièce en silex de l’en-semble C, inachevée et rejetée (fig. 9, no 2) et avec laquelle remonte une des esquilles. Contrairement à l’industrie issue de divers ramassages de surface, aucune pièce bifaciale achevée n’a été retrouvée dans les fouilles.

Des pièces découvertes en prospection caractéristiques d’une même occupation

Le nombre des pièces récoltées en surface (ramas-sages C. Ughetto et prospections au cours de l’inter-vention) s’élève à 539. La composition de ce corpus est assez différente de celle issue des fouilles (tabl. 6), visiblement composé de pièces de belle facture (lames, lamelles, pièces bifaciales) et des produits de grande taille. La proportion des matières premières employées est identique à celle de l’ensemble provenant des fouilles. En ce qui concerne la production d’éclats, les 183 éclats entiers portent les stigmates d’un débitage préférentiellement unipolaire effectué par percussion directe dure, avec dans certains cas (n = 45) des traces de préparation au détachement. Les nucléus à éclat ayant de toute évidence souffert de leur exposition aux labours, nous ne les avons pas pris en compte. En de-hors des productions laminaires achevées présentes, seuls 2 nucléus, l’un à négatifs laminaires (silex de l’ensemble A), l’autre à négatifs lamellaires (silex de l’ensemble B), pourraient laisser supposer une produc-tion de lames et lamelles sur place. Quant au façonnage des pièces bifaciales, il est attesté par la présence de nombreuses pièces à divers degrés de finition. Tous ces éléments concourent à considérer la totalité de l’outillage, fouille et prospection comprises, comme homogène et provenant d’un même ensemble du Néo-lithique final, observations que confirme d’ailleurs

l’absence sur le site et au moment des prospections de pièces lithiques ou céramiques attribuables à une toute autre période.

Les outils de classe 1 ne sont représentés ici que par les productions laminaires (tabl. 6). On dénombre 7 fragments mésiaux de lames en silex de l’ensemble A à section triangulaire (n = 2), trapézoïdale (n = 4) ou à plusieurs pans (n = 1), ainsi que 2 fragments proximaux (dont un retouché). Sont aussi présents un fragment mésio-proximal de lamelle en silex de l’ensemble B (fig. 9, no 11), ainsi que 2 fragments mésiaux brûlés de lames retouchées. À chaque fois que le mode de débi-tage a pu être déterminé, il s’agit de percussion indi-recte. Nous trouvons également 5 fragments de lames en silex brun du Tertiaire, type Forcalquier, macro-scopiquement semblable au silex de l’ensemble C (fig. 9, nos 7 et 8). Parmi ces fragments, tous retouchés, 4 sont de section trapézoïdale, et un seul est de section triangulaire. Excepté ce dernier qui pourrait avoir été débité par pression, tous ont probablement été obtenus par percussion indirecte. Enfin, il y a dans la série un fragment de lame en silex blond miel du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire), sans doute débitée par percussion indirecte : il s’agit d’un fragment distal de lame appointée « poignard » (fig. 9, no 9).

Quant aux outils de classe 2, les prospections ont livré une grande quantité de pièces bifaciales, soit 17, dont seules 6 sont entières. Toutes, sauf 3 dont nous n’avons su identifier la matière première utilisée, sont réalisées en silex de l’ensemble A. Elles présentent des morphologies, degrés de façonnage et dimensions très variables.

Tabl. 6 – Composition de l’assemblage lithique issu des prospections (DAO C. Piatscheck).Table 6 – Composition of the lithic assemblages stemming from survey (CAD C. Piatscheck).

Page 19: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 281

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Sont distinguées 2 ébauches de pièces bifaciales, 2 pièces (dont une entière) à retouches bifaciales enva-hissantes, longues et étroites (fig. 9, no 4), 3 fragments de pièces à retouches bifaciales couvrantes, de mor-phologie étroite et probablement longue (fig. 10, no 1), une armature foliacée (fig. 9, no 3), 2 pièces bifaciales foliacées de taille intermédiaire dont une est entière (fig. 9, no 5), 3 pièces bifaciales foliacées de grande taille (dont 1 entière ; fig. 9, no 6), 2 armatures frag-mentées, préformes ayant peut être subi une chauffe et 4 fragments de pièces bifaciales dont nous ne pouvons reconstituer la morphologie. Dans les cas où le support d’origine est visible, les pièces bifaciales, quelles que soient leurs dimensions, ont été réalisées à partir d’éclats.

Discussion

L’étude de l’industrie lithique du site du Limon-Raspail permet de mettre en évidence d’une part la place importante que représentent dans la série les pièces bifaciales et, d’autre part, le rôle joué par les supports très réguliers, exploités pour leurs tranchants, ce que l’étude tracéologique a aussi révélé. Ce n’est donc pas nécessairement l’ensemble des outils les plus identifiables typologiquement (classe 2) qui sont ici les plus représentatifs. Un système convenu est perceptible au travers de la distribution des modules de matière première : ceux de grandes dimensions sont réservés à la production de pièces bifaciales (et de lames ?), ceux de dimensions moindres à celle des éclats utilisés tels quels ou à partir desquels seront réalisés divers outils. Il s’agit là d’un trait très général, les outils sur éclats issus du façonnage des pièces bifaciales n’étant pas rares. De même, lorsque l’on observe le recyclage de certains outils, une certaine hiérarchie apparaît : une ébauche de pièce bifaciale peut être employée pour ses tranchants et tout support très régulier sera d’abord exploité pour ses tranchants avant d’être modifié par la retouche afin de créer une partie active différente (front, pointe, etc.). En somme, pour cette série, nous pour-rions résumer un mode de fonctionnement local : la production d’outils est dans un premier temps tournée vers l’obtention de pièces bifaciales (produites à partir de modules de matière première locale de grandes di-mensions) et de supports pour outil à tranchant (impor-tation de supports/modules de matière première locale de petites dimensions). Dans un second temps est réa-lisé tout autre outil essentiellement à la suite d’une sélection de déchets de taille de dimension et volume adaptés.

Un travail de comparaison de cette industrie à celle d’autres sites des alentours immédiats et chronologiquement proches s’avère délicat car les établissements sont numériquement rares ; dans le Vaucluse, Les Juilléras, Le Duc et Les Ribauds à Mon-dragon (Lemercier et al., 1998, 2002a et b ; Lemercier, sous presse ; Margarit, sous presse) ; les Vignes-Saint-André à Gigondas (Bretagne et al., 1986). En outre, beaucoup sont funéraires : Hypogées des Crottes à Roaix, des Echaffins à Cairanne et grotte de La Lave

à Saint-Saturnin-les-Apts, dans le Vaucluse (Sauzade, 1983). En ce qui concerne l’ensemble de la Provence, on peut effectivement trouver des points communs entre les sites notamment à travers les productions remarquables telles les grandes lames en silex oligo-cène importées, lames/lamelles en silex blond et gris et différents types d’armatures ou pièces bifaciales, généralement signalées. Mais il faut nuancer ce constat dans la mesure où les grandes lames de silex oligocène, notamment, connaissent une sphère de diffusion très large en plus de leur zone de production (Franche-Comté, Valais, nord de l’Italie, Languedoc-Roussillon) et sont produites sur un temps long, de la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C. jusqu’au Bronze ancien (Renault, 1998 et 2006 ; Vaquer, 2007). Elles sont donc actuellement difficilement utilisables en tant que marqueur chronoculturel précis. Quant aux diffé-rentes lames/lamelles en silex crétacé gris et blond (Vaucluse) présentes sur les sites, l’état de la documen-tation permet de constater une continuité dans leur production et diffusion – elles sont attestées au Collet Redon à La Couronne, à Ponteau-Gare à Martigues, à la Citadelle à Vauvenargues (Renault, 2006) ou aux Barres à Eyguières (Barge-Mahieu, 2000 ; Barge, 2009) pour les Bouches-du-Rhône et aux Ribauds à Mondra-gon pour le Vaucluse (Renault, 2006). Une éventuelle production à partir de matières locales sur certains sites tels le Limon-Raspail, les Vignes-Saint-André à Gigon-das (Bretagne et al., 1986) pour le Vaucluse ou la Fare à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence (Piats-check, 2004 et 2005) n’est pas à exclure. Le même constat peut être effectué en ce qui concerne la produc-tion d’armatures ou de pièces bifaciales techniquement investies : lorsqu’elles sont de belle facture, il semble y avoir une préférence pour leur réalisation à partir des mêmes silex que ceux employés pour la confection de produits laminaires ou lamellaires : silex brun oligo-cène – le Limon-Raspail, la Fare (Piatscheck, 2004 et 2005), la Bastide-Blanche à Peyrolles dans les Bouches-du-Rhône (Lemercier et al., 2006 ; Renault, 2006) ; silex gris ou blond du Vaucluse – la Fare (Piatscheck, 2004 et 2005), la Citadelle (Renault, 2006), Grottes Saint-Gervais à Bonnieux ou de la Lave à Saint-Saturnin-d’Apt dans le Vaucluse (Sauzade, 1983). Mais la matière dans laquelle elles sont réalisées reste rare-ment signalée. Simplement, l’association de ces élé-ments remarquables à un débitage d’éclats permettant la réalisation d’un outillage unique d’un site à l’autre, marque l’appartenance au Néolithique final. Au Limon-Raspail, la production avérée de pièces bifaciales de diverses morphologies constitue toutefois une certaine originalité. Si les pièces bifaciales sont souvent pré-sentes sur les sites du Néolithique final, en l’état des études actuelles, seul le site de la Fare à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) peut témoigner d’une pro-duction effectuée sur place (Piatscheck, 2004 et 2005). La présence d’un fragment de lame retouchée du Grand-Pressigny est également à relever. Leur distri-bution dense dans la vallée de la Saône ou en Suisse occidentale (Mallet et al., 2000 ; Vaquer et al., 2006, Vaquer 2007 ; Rémicourt, Vaquer, sous presse) s’étiole en effet dans le sud de la Drôme et devient sporadique

Page 20: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

282 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

en Provence où elles sont uniquement attestées, pour le Vaucluse, au Pâtis 2 à Montboucher-sur-Jabron (Margarit et Saintot, 2002), sur l’occupation campani-forme des Ribauds à Mondragon (Margarit et al., 2002) et à Saint-Chamas dans les Bouches-du-Rhône (Mallet et al., 2000).

Analyse fonctionnelle

Dans la perspective de l’étude fonctionnelle de l’ensemble de l’industrie lithique du gisement, fouilles et prospections comprises, une expertise préalable a été réalisée par Hugues Plisson, afin de connaître le degré de conservation des pièces et évaluer la faisabi-lité de leur analyse tracéologique. L’examen à faible et fort grossissements optiques s’est révélé concluant, puisque il a exposé, sur une petite série de pièces sé-lectionnées (3 fragments de lames qui servirent de faucille, avant fracture), des degrés de développement différents d’un même lustre de coupe de céréales par-faitement bien conservé, qui rendent compte de la transformation des tranchants et du statut des pièces abandonnées. La série lithique du Limon-Raspail, qu’elle résulte du ramassage ou des fouilles, se prêtait donc parfaitement à un examen tracéologique et des études ont dès lors été engagées pour détailler le spec-tre des activités réalisées sur le site et déterminer les modalités de consommation des outils.

Cent quatre-vingt-dix éléments ont été sélectionnés sur les près de 1 900 pièces lithiques. Cet échantillon-nage a porté à la fois sur les outils aménagés (racloirs, grattoirs, armatures, perçoirs, etc.), mais aussi sur des éclats bruts qui présentaient des parties naturelles poten-tiellement utilisables (bords réguliers, tranchants, conca-vités, angulations, pointes, etc.). Malgré des altérations thermiques et taphonomiques (patine blanche, poli de sol, etc.), près de 26 % des éléments sélectionnés portent des traces d’utilisation (n = 53). Ces outils se répartissent de la manière suivante : 2 armatures, 10 grattoirs, 5 perçoirs ou fragments d’outils assimilés, 4 lames, 1 lamelle, 1 pièce esquillée et 30 éclats.

Les prospections ont quant à elles mis au jour 536 pièces, dont seulement certains types ont été pris en compte pour l’étude. Sur les 48 éléments observés, 23 outils présentent des traces d’utilisation se déclinant comme suit : 17 lames, 5 pièces à retouches bifaciales et l’apex de poignard en silex du Grand-Pressigny. Du fait de la concrétion abondante, un traitement prélimi-naire à l’analyse fonctionnelle a été exécuté prenant la forme d’un bain de la totalité des pièces dans une so-lution d’acide chlorhydrique diluée à 5 % durant une dizaine de minutes, suivi d’un rinçage à l’eau claire. L’observation s’est ensuite effectuée au moyen d’une binoculaire (10 à 50 x) et d’un microscope à lumière réfléchie (100 à 500 x).

L’originalité et l’intérêt de cet examen reposent sur le fait que cette approche a été conduite de façon complémentaire à l’étude technologique de l’outillage. Cette manière de procéder, jusqu’alors jamais envisa-gée pour ce type d’industrie pour le sud de la France, permet d’appréhender les modalités de production, de

gestion et de consommation des outils, en couplant les études technologiques à l’observation des caractères macroscopique et microscopique des pièces.

Exploitation des matières animales et végétales

Pour cette analyse, nous nous appuyons sur le dé-compte des zones utilisées (zu) et non pas uniquement sur celui des outils (Gassin, 1996), ce qui permet de prendre en compte les outils qui présentent plusieurs parties actives. Cependant se pose un problème intrin-sèque à la tracéologie, celui des matériaux qui ne laissent pas ou peu de traces, ainsi que celui des activités qui ne sont pas toujours identifiables, soit par manque dans les référentiels, soit à cause des conditions de conservation parfois peu propices à une détermination. Ici donc, il ne s’agit que d’une présentation relative et partielle des activités qui ont pu être réalisées sur le site, décompte uniquement fondé dans un premier temps sur les don-nées fournies par les outils issus exclusivement de la fouille. Sur ceux-ci, 69 parties actives ont été recensées et 55 ont pu être déterminées de façon précise.

Pas moins de 34 zones utilisées témoignent de l’ex-ploitation des matières animales, soit 50 % des zones actives déterminées. Un seul outil est à mettre en rela-tion avec le travail d’une matière minérale (raclage). Dans le détail, 4 éclats présentent des micropolis ca-ractéristiques de la découpe de carcasse animale. Les tranchants montrent des micropolis résultant de la découpe de matière tendre animale associée à des en-lèvements en demi-lune ou obliques qui témoignent d’un contact avec des matériaux plus durs (os, car-tilage, etc.) et peuvent être rattachés aux premières phases d’exploitation des carcasses animales (bouche-rie). Il s’agit d’éclats dont les tranchants ont été utilisés soit bruts, soit légèrement retouchés. En sus de ces 4 pièces, on observe également un éclat long dont le tranchant a été utilisé brut (fig. 8, no 8), ainsi que 2 autres éclats, dont les tranchants ont été légèrement retouchés avant l’utilisation (fig. 7, nos 13 et 17). Fait remarquable, ces différents tranchants présentent des morphologies similaires : ils sont rectilignes, réguliers et plutôt longs en comparaison des autres outils. Les angulations sont généralement faibles (entre 30° et 45°). Enfin, une pièce à retouche bifaciale qui présente un tranchant régulier, mais épais, a également servi à cette activité (fig. 9, no 1).

L’acquisition des matières tendres animales, récupé-ration de la viande ou de la peau, est la plus représen-tée. On dénombre en effet 11 pièces proposant des zones qui ont servi à la découpe de matière carnée. Il s’agit en majorité d’éclats bruts de petites dimensions qui dévoilent des morphologies de tranchants recti-lignes ou légèrement convexes et des angulations fai-bles, entre 20° et 35° (fig. 7, nos 7, 15 et 18). Quelques lames ont été utilisées brutes et dans ce cas, soit les deux tranchants sont utilisés pour cette activité (fig. 7, nos 1 et 2), soit un seul (fig. 7, no 3).

Le travail de la peau est également bien représenté, puisque 10 zones sont utilisées pour gratter de la peau, essentiellement sèche. Elles sont diagnostiquées soit

Page 21: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 283

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

sur des grattoirs aménagés sur éclats (fig. 8, no 6), soit sur des grattoirs aménagés en second temps sur les éclats longs ou encore sur des lames qui ont servi anté-rieurement à d’autres activités (fig. 8, nos 3 et 8). Seu-lement 3 éclats peuvent êtres rattachés à la découpe de matière cutanée, sans doute fraîche. On peut supposer que ces outils interviennent après les opérations de découpe et de récupération de la viande et entrent dans la chaîne opératoire de la transformation des peaux en cuir.

Seulement 4 zones utilisées sont rattachables à l’ex-ploitation des matières dures animales. Il s’agit de 4 outils qui ont servi en raclant, dont un éclat cortical sur lequel le front du grattoir a été aménagé par une retouche peu envahissante. Sur ces pièces, le micropoli est généralement peu développé (fig. 8, no 5), ce qui permet d’envisager une utilisation combinée à une activité secondaire de transformation de la matière dure animale, plutôt qu’aux premières phases d’acquisi-tion.

Ainsi, au Limon-Raspail, toutes les étapes de l’ex-ploitation des matières animales, depuis le traitement des carcasses à la récupération de la viande et des peaux, en passant par la transformation secondaire des produits (cuir, matière dure) sont faites sur le site. Ces observations convergent d’ailleurs avec celles réalisées à partir des données archéozoologiques. Le faible nombre d’armatures au Limon-Raspail (n = 2) argu-mente également dans le sens du rôle mineur de la chasse pour l’acquisition de la viande. La première présente une cassure en flexion, qui n’est pas le résul-tat d’un impact (fig. 8, no 1). La seconde montre une ébréchure importante sur le côté gauche, mais cet en-lèvement n’est non plus pas diagnostique (fig. 8, no 2). Elles ne peuvent être par conséquent rattachées avec certitude à une activité cynégétique.

Au total, 20 zones utilisées se rapportent au travail des végétaux, soit 29 % des parties actives déterminées. Contrairement aux matières animales, leur insertion dans des chaînes opératoires précises reste difficile, du fait de la diversité des matériaux travaillés et des do-maines dans lesquels ils peuvent être employés (ali-mentaire humain/animal, agriculture, vannerie, mobi-lier, construction, etc.). Les activités sur les végétaux souples sont les plus récurrentes, les mouvements longitudinaux de coupe étant un peu plus représentés (zu : 9) que les mouvements transversaux (zu : 6). Les outils utilisés pour couper ces végétaux sont majoritai-rement des éclats (fig. 7, nos 2 et 10), bien que ce type d’usage s’observe aussi sur des lames. C’est du moins ce qu’illustre un fragment distal de lame dont deux tranchants ont été retouchés et sur lesquels un poli très développé résultant de la coupe de céréales est observable – aspect lisse, brillant, trame lâche, micro-stries parallèles entre elles (fig. 8, no 3). Cette utilisa-tion est antérieure à la fonction de grattoir, dont les retouches recoupent le poli végétal. Un second frag-ment de lame brute montre également des tranchants employés pour cette activité ; le fil du tranchant droit présente un micropoli peu développé consécutif à la coupe de végétaux souples (fig. 7, no 3). En revanche, ce micropoli ne livre pas les caractéristiques des outils

qui ont servi à couper des céréales et il ne nous est pas possible d’identifier plus avant la matière végétale travaillée.

Les outils utilisés pour racler les végétaux souples sont tous des éclats. La série se compose ainsi d’un fragment d’éclat brut, dont le tranchant droit porte un poli peu développé (fig. 7, no 6), ainsi que d’un éclat long dont le tranchant gauche a également servi à cet usage. Malgré une altération mécanique, une partie de la zone active reste visible (fig. 7, no 19).

Le travail de végétaux durs (type bois) est également attesté. Contrairement aux végétaux souples, ce sont ici les actions transversales de raclage ou de grattage qui sont le plus représentées (5 zu transversales, 1 zu longitudinale). Le corpus est composé d’un éclat épais dont deux bords ont été utilisés bruts pour racler du bois (fig. 8, no 4), ainsi que d’un éclat cortical dont le bord brut a été exploité brièvement pour cette même activité (fig. 7, no 9). Dans les deux cas, il y a une exploitation des angles naturels (environ 45°) sans mise en forme par de la retouche. Un éclat a servi à scier une matière végétale dure (fig. 10, n° 4). Le tranchant droit, retouché, régulier et légèrement convexe, porte un micropoli peu envahissant, ce qui traduit un usage bref. L’aspect brillant et la trame souple indiquent une matière végétale, tandis que les micro-enlèvements et les microstries sont caractéristiques du traitement d’une matière plutôt dure ou fibreuse. Les stries, parallèles au tranchant, suggèrent un mouvement longitudinal (fig. 10, no 3). La longueur de la zone utilisée est net-tement supérieure à celle des autres outils.

Ceci étant, des nuances peuvent être apportées sur les données fournies par ce corpus en réintégrant les informations de l’analyse des pièces résultant des prospections. Sur les 23 outils étudiés provenant des prospections, 21 portent des traces liées à la moisson de céréales (38 zu). De plus, les 17 lames issues des prospections ont été exclusivement employées pour couper des céréales. Sur 5 pièces bifaciales, une seule a coupé des végétaux souples non siliceux (1 zu), tan-dis que les 4 autres ont servi à la moisson (6 zu). S’il est délicat d’accorder la même valeur informative à ces pièces qu’à celles issues des fouilles, il semblerait toutefois que les activités de récoltes et de traitements des céréales réalisées sur le site occupent une place assez importante. Des études tracéologiques en cours, réalisées sur deux séries lithiques provenant des sites d’habitat synchrones au Limon-Raspail du Collet Redon et de Ponteau-Gare à Martigues dans les Bouches-du-Rhône, abondent aussi dans ce sens, puisque les traces en accord avec des activités de mois-son et de traitement des récoltes sont attestées en ma-jorité.

Mode de gestionet de consommation des outils

Nous nous sommes attachés à mettre ici en évidence la part d’outils ou de zones sur les outils, utilisée brute par rapport aux outils dont on a aménagé les parties actives par de la retouche. Sur les 69 zones utilisées

Page 22: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

284 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 10 – No 1 : pièce à retouches bifaciales (prospection) ; no 2 : détail de la pièce utilisée pour la coupe de végétaux siliceux et la moisson de céréales (50 x) ; no 3 : éclat retouché (fouille) ; no 4 : détail de la pièce utilisée pour la coupe de végétaux ligneux (bois – 200 x) ; no 5 : fragment de lame retouchée en silex du Grand-Pressigny ; no 6 : détail de la pièce utilisée pour la coupe de végétaux siliceux et la moisson de céréales (200 x) (dessins et DAO C. Piatscheck, complétés par S. Negroni – se référer à la fig. 8 pour la légende de l’étude tracéologique – ; Clichés S. Negroni et H. Plisson. Les dessins accompagnés d’un * sont de S. Renault).Fig. 10 – No. 1: artefact bearing bifacial retouch (survey); no. 2: detail of the piece used for the cutting of siliceous plants and for the harvesting of cereals (50 x); no. 3: retouched flake (excavation); no. 4: detail of the piece used for the cutting of wood (200 x); no. 5: retouched blade fragment made from honey-coloured flint of Grand-Pressigny; no. 6: detail of the piece used for the cutting of siliceous plants and the harvesting of cereals (200 x) (drawings and CAD C. Piatscheck, completed by S. Negroni – see fig. 8 for the keys of the use wear analysis-; photographs S. Negroni and H. Plisson. Drawings marked by an asterisk (*) are made by S. Renault).

Page 23: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 285

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

prises en compte, 36 sont retouchées et 33 sont utilisées brutes, soit près de la moitié de l’effectif. Certaines pièces ne doivent donc plus être envisagées seulement comme des supports potentiels, mais être considérées comme des outils même si elles ne portent pas de re-touche. Ce constat nous a amené de fait à porter une attention particulière aux lames, lamelles et éclats dans l’analyse (fig. 11). Parmi les lamelles, la fouille n’a livré qu’un seul exemplaire portant des traces d’utilisation, ce qui a donc peu de valeur représentative. Sur celle-ci, les deux tranchants ont été employés bruts pour couper de la matière carnée. Quant aux lames, on note une différence entre celles provenant de la fouille et celles des prospections. Les 4 lames sorties de fouille sont majoritairement utilisées brutes (6 zu ; fig. 7, nos 1, 2 et

3). Seul un exemplaire possède un tranchant retouché (fig. 8, no 3). En revanche, celles issues des prospections suggèrent la tendance inverse, puisque sur les 31 zones utilisées diagnostiquées, on compte 20 tranchants utili-sés retouchés pour 9 tranchants utilisés bruts. Deux tranchants sont altérés, ce qui empêche toute détermi-nation. La différence de gestion entre les éclats et les lames est très nette. Bien que l’on note une forte repré-sentation des parties actives retouchées (25 zu retou-chées, 13 zu brutes), les éclats sont majoritairement utilisés bruts, tandis que les lames sont quasi systéma-tiquement retouchées (fig. 11).

Sur les utilisations, les lames provenant de la fouille sont toutes employées avec des mouvements longitu-dinaux (fig. 12) pour couper des matériaux tendres, soit végétal soit animal. On dénombre 6 tranchants utilisés bruts pour couper de la matière carnée animale et 1 tranchant retouché, exploité pour couper des végé-taux souples comme les céréales (fig. 13). Les lames issues des prospections sont également toutes utilisées avec un mouvement longitudinal. Mais, contrairement à celles issues de la fouille, elles sont exclusivement destinées à la coupe des céréales (fig. 12), que leurs tranchants soient bruts ou retouchés (fig. 13). Là encore, une différence est observable au niveau des matières utilisées entre les lames de la fouille et celles des prospections. Nous pouvons proposer alors l’hy-pothèse que les lames sont, dans un premier temps, utilisées brutes pour couper de la matière carnée et, dans un second temps, pour couper des végétaux et retouchées quand les tranchants perdent leur acuité. Cependant, on observe que certaines lames des pros-pections sont usagées brutes pour la moisson (fig. 9, nos 10 et 11). En revanche, on constate une variabilité

Fig. 11 – Répartition des zones utilisées brutes/retouchées pour les lame(lle)s et les éclats (DAO S. Negroni).Fig. 11 – Localization of unretouched and retouched zones on blade(let)s and flakes (CAD S. Negroni).

Fig. 12 – Répartition des actions effectuées en fonction de la matière d’œuvre pour les éclats et les lames (DAO S. Negroni).Fig. 12 – Distribution of the knapping operations made on flakes and blades according to the raw material (CAD S. Negroni).

Fig. 13 – Répartition des zones utilisées brutes et retouchées en fonction de la matière d’œuvre pour les éclats et les lames (DAO S. Negroni).Fig. 13 – Localization of unretouched and retouched zones on blades and flakes according to the raw materials (CAD S. Negroni).

Page 24: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

286 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

fonctionnelle beaucoup plus importante pour les éclats. Ils ne sont pas dévolus à une activité particulière, comme cela semble être le cas pour les lames, mais interviennent au contraire dans le traitement de nom-breuses matières en effectuant des actions diversifiées (fig. 12). Le choix entre tranchant brut ou retouché paraît davantage fonction de la dureté du matériau travaillé. Les tranchants bruts s’avèrent plutôt dévolus à la coupe de matières tendres (animales ou végétales). Les mouvements transversaux sont moins fréquents. Les parties actives retouchées sont utilisées majoritai-rement en mouvements transversaux, sur des matériaux plutôt durs (fig. 13). Les mouvements longitudinaux sont plus rares. On dénombre 3 occurrences de découpe de carcasses animales et un exemple de sciage de bois.

Qu’en est-il de la question des intensités d’utilisa-tions pour laquelle deux critères d’analyse sont ici utiles : d’une part le décompte du nombre de parties actives sur les outils, d’autre part l’évaluation du degré d’utilisation de ces mêmes parties actives ? Sur l’échan-tillon issu des fouilles, la totalité des perçoirs présente une seule partie active. Sur les 10 grattoirs, la majorité a une seule partie active (n = 8) ; il n’y a que 2 exem-ples de grattoirs doubles. Dans chaque cas, les deux parties actives ont été utilisées pour des activités simi-laires (même mouvement, même matière). En ce qui concerne les éclats, la grande majorité ne présente qu’une seule partie active (n = 20). Les traces d’utili-sation y sont, de manière récurrente, très peu dévelop-pées, ce qui traduit un usage bref ou peu intensif. Seuls 9 éclats livrent deux parties actives. Certaines servent à la même activité (fig. 7, nos 5 et 12), d’autres sur des matières différentes (fig. 7, no 11). Trois lames pro-posent deux parties actives (fig. 7, nos 1, 2 et 3). Elles ont été employées brièvement et ne portent pas de trace de ravivage, ce qui les distingue de celles des prospec-tions. En revanche, un exemple en compte 3 (fig. 8, no 3). Il documente à la fois le ravivage des tranchants qui ont servi à la moisson de manière intensive (poli végétal très développé qui recouvre les retouches), ainsi que la volonté de recycler la lame, aménagée ensuite en grattoir.

Au niveau de l’outillage résultant des prospections, la majorité des lames a deux parties actives (n = 14). Ces lames ont toutes servi pour une même activité, mais on observe différents degrés de développement du poli, qui correspondent à des intensités d’utilisation différentes. Parfois, les deux tranchants d’une même lame ont des degrés d’utilisation différents. On peut, dans certain cas, parler de ravivage : le poli végétal est recoupé par de la retouche, qui peut elle-même être recouverte par un nouveau poli végétal. Sur les 5 pièces à retouches bifaciales qui portent des traces d’utilisa-tion, 2 ont une partie active unique (fig. 9, no 4). Les 3 autres en possèdent deux (fig. 10, no 1). Un fragment de pièce bifaciale présente un poli très envahissant sur ses deux tranchants. Il résulte d’un usage très long pour moissonner (fig. 10, no 2).

On retiendra donc qu’il existe une dichotomie entre la gestion des éclats et des lame/lles. Les éclats pos-sèdent préférentiellement une seule partie active ; ils

servent peu de temps et sont rapidement abandonnés après cette utilisation brève. Il n’y a pas de volonté de les recycler. Les lames, en revanche, présentent majo-ritairement deux parties actives, les traces y sont beau-coup plus développées que sur les éclats, ce qui traduit une durée d’utilisation plus longue. Le ravivage des tranchants est fréquent, parfois jusqu’à approcher des angles supérieurs à 45° qui ne paraissent plus fonction-nels pour couper (fig. 9, no 12). Ces lames sont souvent recyclées pour servir à d’autres activités, comme en témoignent les grattoirs (fig. 9, no 12 et fig. 8, no 3) ou les pointes aménagées sur les parties distales ou proxi-males (fig. 9, no 7). Cette gestion différentielle entre ces productions peut s’expliquer par le fait que les éclats sont facilement remplaçables. Ce sont des pro-duits débités sur le site, peu investis techniquement, dans une région où les ressources siliceuses sont abon-dantes. A contrario, les lames sont des produits impor-tés, qui nécessitent des techniques de débitage spécia-lisées (Renault, 1998), dont les habitants du Limon-Raspail pouvaient ne pas maîtriser la produc-tion. Pour ces supports de qualité, une stratégie de réutilisation et de recyclage assez développée semble émerger sur le site.

Discussion

Cette première étude fonctionnelle sur une série de la fin du Néolithique du Sud-Est de la France s’inscrit dans une réflexion sur les relations entre les produc-tions investies et celles dites « expédientes » qui cons-tituent la majeure partie des assemblages lithiques du Néolithique final dans l’arc méditerranéen français. Elle pointe le rôle des productions d’éclats au sein des assemblages lithiques et l’intérêt de prendre en compte l’exploitation de formes non aménagées si l’on veut comprendre les habitudes techniques des populations à la fin du Néolithique. L’autre fait saillant réside dans la différence de gestion que l’on peut observer entre les lames et les éclats, tant au niveau des activités effec-tuées, qu’au niveau de l’intensité et du temps d’utili-sation de ces outils. Les rôles que revêtent les éclats ont déjà été soulignés pour les époques antérieures dans la même région (Gassin et Binder, 2004), de même qu’une gestion différentielle entre les lames et les éclats est attestée pour le Chasséen méridional (Gassin et al., 2006). Mais, pour la fin du Néolithique, les comparaisons restent rares, car aucun site n’a fait l’objet d’une étude systématique. Finalement, les seules données concernant l’outillage sur éclat proviennent du site de la Fare à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence, dont seulement 18 pièces ont bénéfi-cié d’une étude tracéologique (Khédahier, 1999). En revanche, les productions spécialisées de type grande lame ont davantage suscité l’intérêt des chercheurs, comme le montrent par exemple les travaux du pro-gramme collectif de recherche Productions laminaires remarquables du midi de la France (fin du Néolithique, début de l’âge des métaux), coordonné par H. Plisson (Plisson et al., 2003). Sur cette portion de l’outillage, l’étude tracéologique du Limon-Raspail a permis

Page 25: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 287

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

d’ailleurs de déterminer une nouvelle fois que les lames de facture remarquable pouvaient revêtir, au moins dans un second temps, des fonctions similaires aux produits plus communs. L’analyse fonctionnelle effec-tuée par Hugues Plisson sur l’apex de poignard pres-signien a permis de déterminer par exemple qu’il présentait plusieurs niveaux de retouche, notamment au niveau de la pointe, et qu’il a servi quelque temps après avoir été retouché (fig. 10, no 5). Un début de lustre végétal (céréales) s’est développé sur le nouveau fil, avant l’abandon de la pièce (fig. 10, no 6). Ces données confirment alors les connaissances que nous avions sur la gestion et l’utilisation de ce type de pro-ductions spécialisées à la fin du Néolithique, retrouvées en contexte d’habitat (Plisson et al., 2002). Il s’agit de pièces qui connaissent des cycles d’utilisation longs et qui peuvent revêtir des fonctions variées, bien que la coupe de végétaux et notamment de céréales soit la plus représentée.

Enfin, dernière information, qui a trait cette fois à l’analyse spatiale des rejets : les outils ont été rejetés de manière aléatoire, puisque qu’il n’y a pas de corré-lation entre la fonction de l’outil et sa localisation sur le site. En d’autres termes, aucune fosse ne semble avoir fait l’objet d’un remplissage particulier, constat par ailleurs semblable à celui réalisé à l’issue de l’ana-lyse technologique.

INDUSTRIE EN ROCHE TENACE POLIE

Lames de hache

Quinze lames polies ou fragments ont été identifiés à la suite des fouilles et des prospections menées au Limon-Raspail (fig. 14 et 15). Leur morphologie – di-mensions réduites, talons brisés au ras de l’emmanche-ment, tranchants esquillés ou fortement altérés – est tout à fait caractéristique d’outils arrivés au terme de leur utilisation technique et rejetés. La fréquence des très petites lames d’herminette et des talons à cassure transversale irrégulière en nacelle permet de plaider en faveur d’outils à emmanchement indirect, c’est-à-dire fixés au manche en bois par l’intermédiaire d’un sys-tème de gaine. On pourra objecter que les gaines en bois de cerf sont tout à fait exceptionnelles dans cette région (Jallot et Sénépart, 2008). Il n’empêche que cette morphologie particulière des lames polies im-plique probablement l’utilisation de gaines, même si elles ne sont pas conservées ; ces gaines pouvaient être des étuis cornés de chèvres ou de moutons, comme le suggérait D. Helmer (1985). Ce mode d’emmanche-ment, à répartition méridionale, se trouverait alors en opposition avec le système technique des gaines en bois de cerf, à répartition septentrionale, qui s’étend au

Fig. 14 – Lames de hache (dessins et DAO É. Thirault).Fig. 14 – Axe blades (drawings and CAD É. Thirault).

Page 26: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

288 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

nord-ouest des Alpes, de la Suisse à la Bourgogne, pendant les IVe et IIIe millénaires av. J.-C. (Maigrot, 2003). L’autre possibilité d’emmanchement serait sous la forme d’herminette à manche coudé, dans laquelle la lame de pierre se trouverait bloquée par une pla-quette de bois et une ligature (ex. ethnographiques in Pétrequin et Pétrequin, 1993 ; ex. néolithiques de Suisse in Wesselkamp, 1992, pl. 30).

Typologie de l’outillage

Sur le plan typologique, l’outillage du Limon-Raspail est assez dissemblable des séries de lames polies du nord-ouest des Alpes, comme la série de Chalain 3 à Fontenu (Jura), un site de la transition IVe-IIIe millénaires (Jeudy et al., 1997) : les proportions des lames sont à l’évidence différentes et, au Limon-Raspail, l’indice d’allongement des petites lames d’her-minette est nettement plus faible que dans le Jura et en Suisse occidentale. La même observation peut être faite pour l’Italie du Nord et l’Italie centrale, où les lames polies attribuées au Rinaldone et au Remedello mon-trent une forme allongée, plutôt trapézoïdale et d’une régularité évidente (De Marinis et al., 1996). Au Limon-Raspail, la morphologie de ces outils est variée : 7 ont une forme générale trapézoïdale, 4 sont triangu-laires et un est rectangulaire. Les sections sont ovales à circulaires (pour les plus grands outils dont les lon-gueurs sont comprises entre 8 et 10 cm) et subrectan-gulaires – correspondant plutôt à de petits outils (lon-gueurs comprises entre 5 et 7 cm) – assez symétriques.

Les tranchants sont convexes ou rectilignes. Trois sont dissymétriques vus de face. Trois biseaux sont sinusoï-daux vus de dessus ce qui correspond souvent à un réaffûtage après cassure. Le talon est plus ou moins convexe, les faces sont convexes, les côtés convexes ou rectilignes, symétriques ou non. Les traces de débitage sont peu nombreuses (fig. 14 et 15) : 4 outils seulement présentent encore des stigmates d’enlèvements (nos 1804, 1807, 1806, 1814) sur les faces et les côtés, essentiellement sous le poli ou le bouchardage. Les outils montrant des traces de bouchardage sont un peu plus nombreux. Ce bouchardage est soit repris par le polissage de façon complète, soit de façon partielle. Deux haches présentent un bouchardage qui se devine sous le polissage sur les côtés et le talon (nos 1806 et 1813). Deux autres présentent des traces de bouchar-dage plus apparentes sur les côtés et le talon (nos 1807 et 1811). Une est entièrement bouchardée et possède quelques zones polies seulement (no 1810). La finition par polissage est ici systématique ; elle peut être totale comme sur les lames nos 1812, 1802, 1806 et 1813 ou partielle (faces et tranchant : nos 1807 et 1811).

Les lames polies de Limon-Raspail appartiennent donc plutôt à une tradition régionale, originaire du Chasséen (4300-3900 av. J.-C.) et du Post-Chasséen provençaux (après 3900 av. J.-C.), comme le montrent les comparaisons convaincantes avec les industries polies de la Grotte de l’Église à Baudinard dans le Var, de la Grotte Murée à Montpezat (Ricq-de Bouard, 1996, p. 111-112) ou de la Grotte de Pertus II à Méailles dans les Alpes-de-Haute-Provence (Ricq-de Bouard, 1996, p. 114-115), entre autres exemples. Quant aux

Fig. 15 – Lames de hache (dessins et DAO N. Lazard).Fig. 15 – Axe blades (drawings and CAD N. Lazard).

Page 27: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 289

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

comparaisons régionales dans l’horizon fin IVe-IIIe millénaires av. J.-C., les lames polies de Limon-Raspail montrent une belle identité avec les séries « éclogi-tiques » du Collet Redon à La Couronne, dans les Bouches-du-Rhône, et des Lauzières à Lourmarin dans le Vaucluse (Ricq-de Bouard, 1996, p. 175-176 et 182-184), tandis que les séries « glaucophanitiques » pré-sentent une plus grande variabilité typologique, corres-pondant à des productions plus faiblement standardisées.

Détermination pétrographique et origine

La détermination pétrographique des outils du Limon-Raspail a été faite à l’œil nu, en observant la couleur, la structure et les assemblages minéraux de chaque artefact (tabl. 7 , 3e colonne depuis la gauche), puis en comparant ces caractères avec les échantillons polis du référentiel JADE 5, soit 450 spécimens des Alpes internes, déterminés précisément par observation microscopique en lame mince, analyse spectro-radiométrique, diffraction X et mesure de densité (Pé-trequin et al., à paraître 2011b) . Une telle procédure est beaucoup moins aléatoire qu’il n’y paraît à première vue, parce qu’il existe souvent des signatures visibles à l’œil nu et parfois caractéristiques d’une aire parti-culière des Alpes internes et d’exploitations néo-lithiques maintenant identifiées dans le massif du Bei-gua (Groupe de Voltri, au nord-ouest de Gênes) et davantage encore dans le massif du Viso, au sud-ouest de Turin (fig. 16 ; Pétrequin et al., 2005, 2006, à paraî-tre 2011a et c). Parmi ces structures reconnaissables sur les séries du Limon-Raspail, les grenats en atoll et les plaquettes blanchâtres rectangulaires d’anciennes pseudomorphoses de lawsonite sont tout à fait typiques, ainsi que la structure, le grain et les laminations de certaines éclogites et jadéitites.

Sur les 15 haches et fragments (tabl. 7), on note 8 éclogites et omphacitites à grain fin, 1 éclogite rétromorphosée, 4 jadéitites (dans lesquelles la part de l’omphacitite peut être plus ou moins importante ; Compagnoni et al., 2007), pour lesquelles une origine est démontrée ou hautement plausible dans les exploi-tations néolithiques du Mont Viso (Pétrequin et al., 2007a et b). Deux amphibolites très laminées pour-raient également être de même origine. Un seul échan-tillon (no 1815) est indéterminé. Cette série de haches représente donc un apport massif de roches de haute pression du Mont Viso (à une ou deux exceptions près), tandis que les roches du Mont Beigua (fig. 16) ne sont pas représentées. En d’autres termes, le Limon-Raspail était, pendant la première moitié du IIIe mil-lénaire av. J.-C., directement relié au réseau de cir-culation des « jades » alpins du Viso, comme l’étaient, un millénaire plus tôt, les sites chasséens de la Grotte de l’Église à Baudinard dans le Var et de la Grotte Murée à Montpezat dans les Alpes-de-Haute-Provence (Ricq-de Bouard, 1996 p. 111-112). Mais la compa-raison doit s’arrêter là, en raison du décalage chrono-logique entre ces sites néolithiques et celui de Limon-Raspail.

Au Néolithique final, l’originalité relative du Limon-Raspail tient en cette proportion considérable de « jades » alpins, tandis que les sites plus au sud mon-trent une proportion toujours considérable de glauco-phanite de la Durance : au Collet Redon à La Cou-ronne, 34 éclogites seulement sur une série de 78 pièces où dominent les glaucophanites ; aux Lau-zières à Lourmarin, les glaucophanites sont – et de loin – les mieux représentées ; au Lauvier à la Roque-sur-Perne (Vaucluse), les proportions d’éclogite et de glaucophanite sont à peu près équivalentes (ibid.) et l’on pourrait continuer cet inventaire. En fait, il n’y a là rien d’étonnant et M. Ricq-de Bouard a bien montré que les lames polies en glaucophanite sont restées majoritairement confinées à la basse Durance et au bas Rhône en aval d’Avignon, représentant des productions régionales où les outils en éclogite se sont trouvés di-lués (Ricq-de Bouard, 1996, p. 229, fig. 82, carte). Au contraire, c’est bien à des apports directs depuis les Alpes internes et le Mont Viso que l’on assiste plus au nord (fig. 16), dans la moyenne vallée du Rhône, la région de Gap et la vallée de l’Ouvèze matérialisant l’axe privilégié de ces circulations transalpines (Ricq-de Bouard, 1996 ; Thirault, 2004).

Pour l’alimentation en lames polies, le Limon-Raspail paraît donc déconnecté du réseau régional de circulation des glaucophanites de la Durance qui carac-térisent la Provence et la basse vallée du Rhône. Au contraire, les observations pétrographiques tendent à montrer un rapport direct avec les exploitations du Mont Viso, les roches de haute pression arrivant par l’est ou par le nord. Cette observation ne doit pourtant pas être utilisée pour raisonner sur d’éventuelles rela-tions stylistiques, en particulier dans le domaine de la céramique, avec les régions situées plus au nord (vallée du Rhône, Savoie, Jura) ou plus à l’est, tant il est vrai que les corrélations directes entre la circulation des matières premières rares et les aires stylistiques ont rarement été démontrées formellement, car touchant souvent des niveaux différents de fonctionnements sociaux.

En prenant du recul, il apparaît que, pendant la première moitié du IIIe millénaire, les exploitations néolithiques du Mont Viso ont été à l’origine de deux axes de transfert transalpin (fig. 16). Le courant méri-dional, auquel participe le Limon-Raspail, apporte à la fois éclogites et jadéitites. Parmi ces roches sélection-nées sur ou à proximité des gîtes primaires en altitude, toutes les exploitations du Viso Sud semblent représentées (Rasciassa, Porco, Bulè, éventuellement Lu-Murel), tandis que les exploitations de Viso Nord/Barant semblent absentes (pour la localisation et la reconnaissance de ces gîtes, voir Pétrequin et al., à paraître 2011a). Mais la sélection des meilleures roches semble, au Limon-Raspail, avoir été assez peu poussée, comme le montre la grande variabilité des assemblages minéraux représentés. Tout au plus pourrait-on suggérer une proportion un peu plus forte de roches à grain fin parmi les petites lames d’herminette et une moindre proportion dans le cas des haches de dimensions moyennes (tabl. 7). Une telle situation est tout à fait typique du Néolithique final, tandis que pendant la

Page 28: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

290 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

deuxième moitié du Ve millénaire et jusqu’au Chas-séen, ce sont les meilleurs « jades » alpins qui ont été choisis, tant pour les grandes haches valorisées que pour les outillages de travail du bois (Pétrequin et al., 2008b ; par ex. la Grotte de l’Église à Baudinard, ana-lyses M. Errera et P. Pétrequin, inédit). Le contraste est d’ailleurs si évident que l’on peut se demander si les séries du Ve millénaire et de la première moitié du IVe n’étaient pas systématiquement tirées de blocs en place

(Pétrequin et al., 2008a), tandis qu’au Néolithique final, ce seraient plutôt les anciennes accumulations de rejet de taille qui auraient été exploitées au Mont Viso (Pétrequin et al., à paraître 2011b).

Le transfert de jades alpins en direction de Limon-Raspail se trouverait ainsi caractérisé par une faible sélection des matières premières (en dépit d’un appro-visionnement majoritaire, sinon unique, à partir du Mont Viso Sud). Au contraire, le courant nord (fig. 16) –

Tabl. 7 – Propositions de détermination pétrographique des lames de haches polies, par comparaison visuelle avec le référentiel JADE des échantillons de « jades » alpins (données : P. Pétrequin).Table 7 – Petrographical analyses of the axe blades, using visual comparisons with JADE reference collection of Alpine “jades” samples (data: P. Pétrequin).

Page 29: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 291

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

qui partait également du Mont Viso, en franchissant les Alpes par le col du Mont Cenis, traversait la Savoie et aboutissait aux villages littoraux de Chalain et de Clair-vaux (Jura) – montre une sélection beaucoup plus pous-sée des meilleurs « jades » alpins, de même que d’autres techniques de mise en forme et des outillages typo-logiquement différents. Ainsi à Fontenu/lac de Chalain pendant le 30e siècle av. J.-C., la proportion des jadéi-tites atteint 40 % de l’ensemble des roches alpines de haute pression (analyses M. Errera, inédites), comme d’ailleurs dans les sites de Roreto/Balm’Chanto dans le Piémont (Nisbet et Biagi, 1987 ; Pétrequin et al., 2009) ou d’Annecy/le Port en Haute-Savoie (Thirault, 2004,

p. 426 ; analyses M. Errera, inédites). Quant à la tech-nique d’exploitation des blocs et de mise en forme des ébauches, elle privilégie le sciage au bois, au quartz pilé et à l’eau, tant à Chalain et Clairvaux qu’à la grotte des Balmes à Sollières-Sardières en Savoie (Thirault, 2004, p. 424) et, presque au pied du Mont Viso, à Roreto/Balm’Chanto. De ce choix technique – le sciage – dé-coulait probablement une régularité accrue des lames polies. Les sépultures de Fontaine-le-Puits (Savoie) offrent également de beaux exemples de haches polies par facettes, en jadéitite et en éclogite fine (Thirault, 2004, p. 425), originaires du Mont Viso et associées ici à des objets en cuivre de la culture de Rinaldone.

Fig. 16 – Pendant la première moitié du IIIe millénaire, deux courants de transfert de haches ont été identifiés depuis les gîtes primaires du Mont Viso, chacun avec ses propres caractéristiques de choix et de gestion des matières premières où dominent les éclogites/omphacitites à grain fin et les jadéitites (DAO F. Prodéo et fonds de carte ESRI data et Maps 2006, sous licence ArcGis 9.2, MSHE Ledoux, Besançon).Fig. 16 – During the first half of the 3rd millennium, two circulation routes have been identified from the Monte Viso outcrops. Each shows distinct characteristics in regards to raw material selection and economy. Eclogite/fine-grained omphacitite and jadeite are the dominant rocks exploited (CAD F.Prodéo, map: ESRI data and Maps 2006, under licence ArcGis 9.2, MSHE Ledoux, Besançon).

Page 30: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

292 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Ces différences notables entre les normes d’exploita-tion et de mise en forme des haches permettent de suggérer que les courants nord et sud (Limon-Raspail appartenant à ce dernier), bien qu’ayant une origine commune (les exploitations du Mont Viso), correspon-daient à différents groupes de producteurs (fig. 16). L’absence de traces de sciage, la forme des outils polis et la faible sélection des « jades » alpins au Limon-Raspail permet alors d’exclure (ou au moins de minimi-ser) l’hypothèse d’une circulation des haches en roches alpines du nord vers le sud par la vallée du Rhône.

Parure

Deux petits éléments de parure ont été également retrouvés à l’occasion de la fouille : une perle et une ébauche de pendeloque en roche (fig. 17).

L’ébauche de pendeloque en roche a été découverte dans la structure 8. Elle est fort probablement réalisée à partir d’un fragment de lame de hache repris en éclogite (observations Éric Thirault). Cette pièce me-sure 28 mm de long pour 13 mm de large au maximum et de 5 à 9 mm d’épaisseur. Selon la nomenclature d’H. Barge, cette pendeloque appartient au type de pendeloque courbe en griffe (Barge, 1982). Elle pré-sente 9 perforations inachevées, de telle sorte que l’hypothèse d’un « prototype expérimental » paraît tentante. La principale se situe à une extrémité et me-sure 6,30 mm de diamètre, elle est excentrée horizon-talement et de type biconique. Les autres perforations se situent sur les faces et les côtés. De forme conique, toutes mesurent 2 mm de diamètre. Dans cinq cas, un cercle peu épais entaille nettement la roche, ce qui évoque un creusement réalisé par rotation d’un objet cylindrique. L’étude au microscope a révélé la présence de plusieurs séries de fines stries parallèles particuliè-rement effacées lorsqu’elles sont horizontales (par rapport à l’axe de suspension présumé de la pièce).

La perle annulaire, fracturée en deux disques, a quant à elle été découverte dans la structure 5. Elle mesure près de 10 mm de diamètre et présente une perforation de type biconique inégale de 2 mm de

diamètre. L’observation au microscope a permis de mettre en évidence le travail de préparation et de per-foration réalisée à l’aide d’un foret en raison de la présence d’écailles sur le pourtour de la perforation et de stries circulaires profondes au niveau des cônes. De fines stries ont également été observées. Parallèles, elles se situent sur les surfaces et le pourtour. L’aspect du matériau est proche de celui de la serpentine/chlorite.

Ces deux éléments de parure présentent des simi-litudes nombreuses avec des éléments rattachés au Néolithique final découverts en Provence (Barge, 1982 ; Pellissier, 1998). En effet, des pendeloques arciformes en stéatite, jadéite, serpentine, schiste, ou « roches vertes » ont été inventoriées dans le Var à La Baume Fère, la Grotte du Diable, la Petite Grotte de la Ripelle et la Petite Grotte du pas Gravette, ainsi que dans les Bouches-du-Rhône dans le tumulus d’Enco de Botte (Giorgetti, 1972 ; Courtin, 1974 ; Barge, 1978 ; Defleur, 1983). D’autres pendeloques confectionnées dans le même type de matière, mais dont la forme n’est pas précisée, ont également été trouvées sur le site des Fabrys à Bonnieux dans le Vaucluse, dans l’allée couverte de la Source dans les Bouches-du-Rhône et dans le Grotte Monier dans le Var (Cotte, 1924 ; Cazalis de Fondouce, 1877 ; Barge, 1978). Pour la perle, les établissements qui livrent ce type de parure sont aussi très nombreux, mais peu fournissent des perles en serpentine. Il s’agit de la Grotte des Aiguilles dans les Hautes-Alpes, de l’allée couverte du Castellet dans les Bouches-du-Rhône, du dolmen de Camdumy dans le Var et de la Grotte du Jas de Juvert à Robion dans le Vaucluse (Cotte, 1924 ; Guidicelli, 1971 ; Roudil et Bérard, 1981 ; Muret, 1991 et 1996).

INDUSTRIE OSSEUSE

La fouille n’a permis de récolter qu’une petite série de 13 artefacts en os. Le résultat de leur étude ne peut donc être qu’extrêmement limité dans l’apport à la connaissance des productions osseuses dans le contexte régional et chronologique du Sud-Est de la France. La présentation de ces éléments conserve néanmoins l’in-térêt documentaire d’alimenter le corpus régional et d’en préciser les différentes caractéristiques typo-logiques, techniques et culturelles. L’industrie n’est répartie qu’entre 8 structures en fosses dont 5 liées à des structures de combustion (4 avec vidanges de foyer et une avec sole de combustion), ceci sans que l’on puisse cependant noter une concentration ou des asso-ciations particulières. Fait commun à de nombreux sites de plein air du Sud-Est de la France, les états de conser-vation sont dans l’ensemble très médiocres, tous ces éléments ayant subi de nombreuses altérations d’ordre taphonomique : essentiellement des vermiculations envahissantes et des concrétionnements couvrants ou localisés, mais également des brûlures. Cet état de fait rend l’analyse des stigmates techniques de transforma-tion extrêmement difficiles et l’étude fonctionnelle pratiquement impossible.

Fig. 17 – Les éléments de parure (dessins et DAO M. Pellissier).Fig. 17 – Ornaments (drawings and CAD M. Pellissier).

Page 31: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 293

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Choix des supports et des matières premières

Très fragmentaires, et parfois très transformés, les artefacts sont tous faits sur des os de mammifères, pour l’essentiel probablement domestiques, avec l’utilisation de 6 caprinés (fig. 18, nos 1, 3, 4, 6) ou petits mammi-fères (fig. 18, nos 12 et 13), 5 bovinés (fig. 18, nos 5, 7, 10) ou grands mammifères (fig. 18, nos 8, 9, 11) et un léporidé (fig. 18, no 2). Seules 5 déterminations ana-tomiques ont pu être établies avec précision (tabl. 8) : 2 métapodes de caprinés (fig. 18, nos 1 et 6) et un tibia de léporidé (fig. 18, no 2) utilisés pour la confection de pointes, ainsi qu’un ulna (fig. 18, no 7) et un tibia de bœuf (fig. 18, no 10) utilisés pour l’aménagement de biseaux bifaciaux. L’examen des restes fauniques n’a pas permis d’effectuer des remontages ou d’identifier d’éventuels ébauches ou déchets de transformation. Néanmoins, la présence dans ces restes de deux méta-podes de bœuf fracturés longitudinalement, fait inha-bituel dans le cadre d’activités de boucherie ou de ré-cupération de moelle, pourrait indiquer la production de possibles supports pour les robustes outils à partie active biseautée comme l’exemplaire no 10 sur la fi-gure 18 (mode de débitage majoritairement employé dans le Néolithique final provençal pour ce type d’outil).

Mobilier osseux recueilli

L’assemblage du Limon-Raspail est composé d’une seule chute de fabrication (fig. 18, no 6) et de 12 outils (tabl. 8). Aucun élément de parure en matière dure animale n’a été retrouvé. C’est le groupe des objets à partie active pointue qui est le plus représenté avec 7 individus, pour 4 objets à partie active biseautée, ce qui dessine une répartition des grands groupes typo-logiques usuelle pour cette période. Enfin, un fragment mésial d’outil aménagé sur diaphyse fendue de grand herbivore est de dimension trop réduite pour permettre une identification typologique (fig. 18, no 9). En effet, seules de fugaces traces de rainurage présentes sur les bords permettent de l’identifier en tant qu’artefact.

Les outils à partie active pointue se distribuent en deux grandes familles : d’une part, celle où un mini-mum d’investissement a été mobilisé et où les outils font montre d’une finition soignée – la pointe à épi-physe en poulie (fig. 18, no 1), la pointe de flèche fusi-forme (fig. 18, no 8) et le petit double pointe (fig. 18, no 11) – et, d’autre part, celle relevant de la catégorie des « expédients » où seule la partie active fait l’objet d’un façonnage et où le reste de l’outil est laissé brut de débitage (fig. 18, nos 2, 4 et 5). Cette propension au faible investissement pour les outils les plus courants est un fait reconnu depuis longtemps dans le cadre des productions sur matières dures animales du Néolithique final méridional (Camps-Fabrer, 1977 ; Camps-Fabrer et al., 1990).

Les outils à partie active biseautée, quant à eux, sont également d’un type plutôt caractéristique de la période et de la région avec un robuste biseau bifacial aménagé

sur diaphyse fendue (fig. 18, no 10) et un fragment distal d’outil biseauté vraisemblablement sur baguette (fig. 18, no 5) que l’on connaît par exemple au Collet Redon à La Couronne dans les Bouches-du-Rhône (Durrenmath et Cauliez, 2003), à Ponteau-Gare à Mar-tigues dans les Bouches-du-Rhône (Margarit et al., 2002) et dans de nombreux autres sites rhodano-provençaux (Choi, 1999). En revanche, le biseau bi-facial sur ulna de bœuf (fig. 18, no 7) et le fragment distal de biseau utilisé en frottement (fig. 18, no 3) appartiennent, quant à eux, au fond commun de la Préhistoire récente.

Un déchet de débitage inattendu

Un petit objet à morphologie pointue aménagé sur proximum de métapode de capriné fendu a attiré plus particulièrement notre attention (fig. 18, n° 6). Il se présente sous la forme d’une très fine et courte pointe dégagée par abrasion et révèle un contour ogival. L’en-semble des bords et de la face inférieure sont abrasés. Aucune trace d’utilisation n’est décelable. Après ana-lyse, ce petit artefact, identifié dans un premier temps comme une courte pointe arrivée à épuisement, s’avère être très probablement un déchet de fabrication suivant un mode de débitage décrit pour la première fois par A. Rigaud (1972) pour du matériel paléolithique sous le terme « d’affaiblissement en diabolo » et qui consiste en la création progressive d’une gorge périphérique sur un bois de renne laquelle, une fois suffisamment appro-fondie, permet d’achever l’opération de tronçonnage par une simple flexion. Pour les périodes plus récentes et sur un même type de support anatomique (métapode de capriné), ce mode de sectionnement a été caractérisé à partir des industries holocènes du Levant par G. Le Dosseur sous l’appellation de « sectionnement par ra-clage en diabolo » (Le Dosseur, 2003). Dans le cas du Limon-Raspail, on aurait affaire à une variante où la technique mise en oeuvre n’est pas le raclage, mais une abrasion transversale sur un angle de meule dormante ou à l’aide d’une petite meule à main, nombreuses sur le site. L’abrasion des pans latéraux étant totale, elle peut néanmoins avoir éliminé les traces d’un premier raclage amorçant l’opération. Pour l’instant, et à notre connaissance, le seul élément similaire à ce déchet est issu des niveaux couronniens du site de la Citadelle à Vauvenargues (Bouches-du-Rhône), où il n’a pas été identifié comme déchet mais comme outil pointu (Choi, 1999). La vérification des stigmates techniques sur cet objet (et d’autres peut-être passés inaperçus) permet-trait de comprendre si ce mode de sectionnement est effectivement rare, mais attesté au Néolithique final ou si, dans le cas du Limon-Raspail, nous sommes en présence d’une expérience éphémère non renouvelée.

Modes de transformation mis en œuvre

La majorité de l’outillage a été aménagée sur sup-port d’artifice (tabl. 8) : 8 outils sont en effet issus d’un os fragmenté, alors que seuls 2 outils biseautés et une

Page 32: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

294 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 18 – L’industrie en os (dessins et clichés N. Provenzano).Fig. 18 – Bone industry (drawings and photographs N. Provenzano).

Page 33: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 295

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

pointe sur tibia de lapin sont sur support d’anatomie (et ont donc conservé le volume anatomique originel). Les 3 fragments distaux restants ne permettent pas de définir une typologie exacte des outils concernés (fig. 18, nos 3, 12 et 13). Les modes de transformation qui ont pu être identifiés sont pour l’essentiel ceux communs à l’ensemble du Néolithique final méridio-nal : la fracturation transversale (fig. 18, nos 2 et 3) et/ou longitudinale pour le débitage (fig. 18, nos 4 et 5) et l’abrasion pour le façonnage (fig. 18, nos 2 à 5, 7 à 8 et 10 à 13). Néanmoins, le raclage (fig. 18, no 8) et le rainurage (fig. 18, no 9) ont également pu être re-connus ponctuellement avec un cas (qui n’est pas des plus fréquents) d’association raclage/abrasion (fig. 18, no 8).

Lorsqu’ils sont déterminables, les modes de débitage sont opérés par fracturation (fig. 18, nos 2 à 5), mais un cas de rainurage nous est parvenu (fig. 18, no 9). Il en est de même pour les techniques de façonnage qui ont essentiellement employé l’abrasion (fig. 18, nos 2 à 5, 7 à 8 et 21), avec un cas de vestiges de raclage (fig. 18, no 8). Les traces fugaces de rainurage sur le fragment d’outils indéterminé (fig. 18, no 9) et le raclage repéré sur le pédoncule de la pointe de flèche (fig. 18, no 8) sont des éléments quelque peu archaïques que l’on rencontre rarement pour cette période du Néolithique final dans le Sud-Est, voire davantage caractéristiques du Néolithique moyen.

Les industries du Limon-Raspail dans leur cadre chronologique et géographique

L’échantillon restreint recueilli au Limon-Raspail ne peut avoir qu’un apport limité à la connaissance des productions osseuses et à leur place dans la vie écono-mique des groupes du Néolithique final méridional. La représentation typologique n’est, de ce fait, en rien significative (on peut noter par ex. la carence d’outillage sur tibia de capriné), tout comme l’absence de parure. Si les objets biseautés s’encadrent bien dans un horizon Néolithique final provençal – leurs homologues sont biens connus sur de nombreux sites encore attribués au Couronnien : Collet Redon à La Couronne, Ponteau-Gare à Martigues dans les Bouches-du-Rhône (Lemer-cier et al., 2004b ; Provenzano, 2000) –, le groupe des objets pointus est en revanche moins homogène. Les pointes sur métapode fendu à épiphyse en poulie conser-vée, tout en étant encore présentes durant tout le Néo-lithique final, se raréfient néanmoins dès le début de la période. À l’inverse, les pointes sur tibia de lapin, déjà présentes au Néolithique moyen sont plus caractéris-tiques d’un Néolithique final générique. En revanche, la seule autre pointe de flèche fusiforme connue en Provence appartient à la deuxième moitié du IIIe mil-lénaire av. J.-C. et a été découverte dans les niveaux datés du Néolithique final du site des Barres à Eyguières (Seronie-Vivien, 1952 ; Pape, 1982 ; Barge-Mahieu et

Tabl. 8 – Décompte et caractérisation typo-technologique des industries en os (DAO N. Provenzano).Table 8 – Count and typological and technological characterization of the bone industries (CAD N. Provenzano).

Page 34: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

296 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Mahieu, 1990). Étant donné la superficie de l’espace fouillé, il est également difficile de déterminer si le groupe a fabriqué son outillage sur place ou s’il est arrivé sur le site avec son équipement déjà prêt (en se fondant sur la quasi-absence d’ébauches et de déchets de fabrication). En d’autres termes, malgré la faiblesse de son effectif (ce qui nous interdit toute affirmation), le site du Limon-Raspail présente quelques incohé-rences au regard du panorama habituel du Néolithique final provençal, incohérences qui sont peut-être imputa-bles à la nature du site ou à la nature des relations du groupe avec d’autres sphères culturelles.

PRODUCTIONS CÉRAMIQUE

Dans les 22 structures fouillées sur le site et à l’issue du décapage de plusieurs aménagements (19, 21, 26), 3 817 fragments de céramique ont été recueillis. Au sein de cet assemblage, 487 éléments sont diagnostiques (tabl. 9 et 10). À cet ensemble, il faut ajouter 280 élé-ments typologiquement significatifs amassés lors des prospections réalisées sur la parcelle avant et pendant la campagne. Ces derniers s’intègrent typologiquement et stylistiquement au reste de la série, mais ne seront pas compris dans le présent article. L’inventaire descriptif a été réalisé en utilisant le protocole, la terminologie et la typologie élaborés pour les séries de la fin du Néolithi-que du Sud-Est de la France (Cauliez, 2009, sous presse b). Cette procédure d’étude repose sur différentes obser-vations morphotypologiques organisées autour des trois critères de description des récipients que sont la structure (ouverture évasée, rétrécie ou droite), le contour (simple ou complexe – caréné, galbé, à col, à col et carène, à épaulement, à double carène) et la forme (volumes

Tabl. 9 – Tableau de comptage général des éléments céramiques par structure – effectifs et pourcentages (DAO J. Cauliez).Table 9 – Table of general count of the pottery ele-ments per feature – frequencies and percentages (CAD J. Cauliez).

Tabl. 10 – Tableau de combinaisons attestées sur le site. Distribution des éléments diagnostiques céramiques représentés par type – effectifs et pourcentages (DAO J. Cauliez).Table 10 – Table of the combinations attested on the site. Distribution of diagnostic pottery elements represented by type – frequencies and percentages (CAD J. Cauliez).

Page 35: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 297

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

géométriques). Un classement par familles de format est ensuite réalisé à partir des rapports de proportion dia-mètre à l’ouverture/hauteur maximum (coupe, écuelle, assiette, plat et grand plat, godet, gobelet, bol, petite jatte, moyenne jatte, jatte et grande jatte, marmite, grande marmite, jarre, etc.) ; des mesures complémentaires sur les épaisseurs à l’ouverture, à la panse, au fond et sur les diamètres à la carène apportent aussi des informa-tions utiles dans la caractérisation métrique de l’assem-blage. Cette description est complétée par celle des éléments diagnostiques isolés (lèvre, bord, col, préhen-sion, fond, décor, etc.) et des caractères technologiques macroscopiques (finition et régularité des parois, traite-ment de surface, traces techniques, coloration des sur-faces et de la tranche). Plutôt qu’un véritable examen technologique, il s’agit ici d’une approche préliminaire qui dresse un premier état de la série pour mettre en évidence d’éventuelles tendances.

Malgré une fragmentation importante, la céramique dans son ensemble se caractérise par un bon état de conservation. Les traitements sont préservés et seule-ment quelques dépôts de concrétion viennent masquer les surfaces des vases ; plusieurs formes sont restituables. La répartition du mobilier par structure montre que les

aménagements 8, 2, 7 et 23a sont les mieux dotés. Le nombre minimum de vases s’élève à 443 individus en comptant la quantité totale de lèvres et/ou de carènes (iNMI 6 = 91 %). Sur ces 443 récipients, 226 sont suf-fisamment bien conservés pour déterminer la structure, le contour ou la forme du contenant, soit 51 % du NMI (fig. 19). Enfin, une petite cuillère et une fusaïole ont également été retrouvées (fig. 21).

Types morphologiques et formats des vases

La majorité de l’assemblage se compose de 63,3 % de récipients à ouverture évasée. Seulement 34,5 % sont à ouverture rétrécie et 2,2 % sont droits (fig. 19). Les vases se déclinent en 12 types morphologiques, lesquels se répartissent dans deux catégories principales de ré-cipients : à contour simple et à contour complexe ca-réné. Plus de 99 % des vases sont de contour simple (fig. 20 et 21). Les plus nombreux types morphologiques sont ceux tronconiques, subhémisphériques et hémis-phérique (types I.1.f, I.1.c et I.1.b). Quelques récipients sont de forme subcylindrique ou ellipsoïdale selon un grand axe vertical (type I.1.a ou I.1.e). Pour les

Fig. 19 – Les types de forme dans la vaisselle céramique, effectifs et pourcentages (DAO J. Cauliez).Fig. 19 – Types and shapes of the pottery vessels; frequencies and percentages (CAD J. Cauliez).

Page 36: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

298 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 20 – La production céramique, avec mention des types de forme, d’éléments de préhension ou de décor (dessins et DAO J. Cauliez). Les numéros correspondent au numéro de prélèvement attribué pour la détermination pétrographique.Fig. 20 – Pottery production, with mention of shape, handle and decoration types (drawings and CAD J. Cauliez). The numbers cor-respond to the sample number attributed during petrographical analysis.

Page 37: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 299

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Fig. 21 – La production céramique, avec mention des types de forme, d’éléments de préhension ou de décor. En bas à droite, exemplaire de petite cuillère (dessins et DAO J. Cauliez). Les numéros correspondent au numéro de prélèvement attribué pour la détermination pétrographique.Fig. 21 – Pottery production, with mention of shape, handle and decoration types. At bottom right, a small spoon (drawings and CAD J. Cauliez). The numbers correspond to the sample number attributed during petrographical analysis.

Page 38: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

300 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

contenants fermés, la morphologie sphérique prédomine nettement, avec celle ellipsoïdale selon un grand axe vertical (types I.2.b et I.2.e). En parallèle, le corpus compte minoritairement des récipients de forme ellip-soïdale selon un grand axe horizontal, ovoïde ou sub-cylindrique (types I.2.d, I.2.g ou I.2.a). Quant aux vases droits, ils sont de type unique subcylindrique (type I.3.a). Moins de 1 % des récipients dispose d’un profil segmenté par la présence d’une carène (fig. 20). Deux vases sont potentiellement ouverts à carène vive en position basse (type II.A.1.c).

Sur 41 vases, le format a pu être estimé : soit 9,2 % du NMI. Beaucoup sont moins hauts que larges de formats petits à moyens, comme des bols (n = 7), des petites jattes (n = 15), des moyennes jattes (n = 4) ou des jattes (n = 2). D’autres, plus rares, sont bas et larges, tels que des coupes (n = 5), des écuelles (n = 6) et des assiettes (n = 1). Un seul vase correspond à un format plus important : plus haut que large de type marmite. À partir des diamètres relevés sur les carènes (échelonnés entre 11 et 15 cm), on peut constater que les deux récipients de contour complexe caréné sont des vases de faibles dimensions. Du point de vue des mensurations générales, les diamètres à l’ouverture s’insèrent dans un intervalle assez grand de 10 à 50 cm, avec une moyenne avoisinant les 20 cm. Diverses capa-cités volumétriques semblent donc avérées sur le site, la plupart des vases proposant cependant des capacités peu importantes avec des diamètres à l’ouverture compris entre 11 et 26 cm. Ce constat s’applique aussi pour les épaisseurs à l’ouverture. En effet, si ces der-nières se dispersent sur un large intervalle de 0,3 à 1,5 cm, les parois des vases au niveau de la zone orifi-cielle connaissent dans la collection des épaisseurs relativement standardisées se situant presque exclusi-vement entre 0,3 et 0,8 cm. Il y a donc globalement peu de variations.

Pour la zone orificielle, les récipients peuvent pro-poser 9 types différents de lèvre. Les vases à lèvre arrondie prévalent (51,7 %) sur ceux à lèvre aplatie (15 %) ou éversée vers l’extérieur (13,6 %). Viennent ensuite les récipients à lèvre épaissie externe (5,2 %), ourlée externe (4,5 %), amincie (3,9 %). D’autres vases, dont la présence est anecdotique, sont à lèvre en biseau interne (2,7 %), plate (2,5 %) ou rentrante (0,2 %). Quant à la partie basse des contenants, les récipients ont des fonds arrondis, à l’exception de 2 exemplaires dotés d’un fond aplati (soit 0,4 % du NMI) assez épais : entre 1 et 1,8 cm.

Diagnostiqués sur au moins 30 vases différents (soit 6,8 % du NMI) ou présents sur 19 fragments de panse isolés, les éléments de préhension sont assez bien re-présentés dans ce corpus (49 éléments au total). Ils se distribuent dans 15 types (fig. 20 et 21). La préhension la plus utilisée est le mamelon (20,4 %, type 5a), suivi de près par l’anse en ruban à arc cintré (12,2 %, type 2a) ou le mamelon prismatique (10,2 %, type 5g). Les mamelons ensellés (type 5b), allongés (type 5c), pris-matiques doubles (type 5f), proéminents (type 5h) ou rectangulaires (type 5l), ainsi que l’anse en boudin à arc cintré (type 1a), la préhension en demi-bobine (type 6a), triangulaire (type 8a), tubulaire (type 9a),

tubulaire ensellée (type 9b) et les prises plates à développement arrondi (type 10a) ou à développement rectangulaire pincées sur les côtés (type 10f) composent également le corpus, mais dans des effectifs toujours inférieurs à 5 exemplaires.

Tous les types de récipients de contour simple, ouverts, fermés ou droits, sont susceptibles de porter un moyen de préhension, lequel est particulièrement implanté en haut de la panse ou plus rarement au mi-lieu. Beaucoup de ces contenants sont de format petit à moyen. Précisons enfin que sur deux récipients fer-més à profil non segmenté de morphologie ellipsoïdale selon un grand axe vertical (type I.2.e), la préhension sert d’appui à une décoration en relief de cordons courts. Les préhensions sont généralement uniques sur le vase. Toutes sont d’orientation horizontale par rap-port à l’ouverture. Un cas est particulièrement aty-pique : celui d’une anse en boudin, d’ordinaire verticale, placée horizontalement en haut de la panse d’un grand vase fermé. Quant aux perforations pour le passage d’un lien ou faciliter la prise, elles sont identifiées sur 14 pièces, en particulier sur les préhensions en demi-bobine, les préhensions tubulaires et les mamelons allongés, proéminents ou ensellés. Ces perforations sont uniques sauf sur un mamelon multiforé ; elles sont aussi longitudinales ou transversales par rapport à l’organe.

Qu’en est-il des décors ? Ils sont, dans la série, peu fréquents. Avec 22 éléments diagnostiques ornés, ils représentent 4,5 % de la totalité des pièces typologiques et sont identifiés sur 12 vases différents, soit 2,7 % du NMI. Ces décors sont exclusivement en relief et combi-nés à une forme de contour simple ; la série du Limon-Raspail ne livre donc aucun décor en creux (fig. 21 et 22). Les décors en relief se déclinent en 9 types. Ils agrémentent principalement des vases à ouverture évasée et de forme tronconique, subhémisphérique ou hémisphérique (types I.1.f, I.1.c ou I.1.b). Une grande partie des ornementations regroupe des décors de bou-ton unique. Le plus souvent hémisphériques ou pris-matiques, ces boutons peuvent être aussi prismatiques relevés ou triangulaires aplatis. Ils sont en prise directe avec la lèvre ou installés en haut de la panse de petits vases ouverts de morphologie tronconique ou hémis-phérique (types I.1.f ou I.1.c) ou encore droits de forme subcylindrique (type I.3.a). Certains boutons disposent d’une perforation verticale sous-cutanée. Les quelques décors de cordon continu sont uniques, rectilignes horizontaux, de section demi-circulaire. Étant donné la fragmentation, il n’a pas été possible de les rattacher à une forme particulière. Quant aux cordons courts, ils sont uniques (un exemplaire) ou multiples. Dans ce cas, ils sont soit jointifs et dessinent une ligne brisée en chevrons située en haut de la panse de contenants ouverts tronconiques (I.1.f), soit juxtaposés l’un à côté de l’autre de façon parallèle. Il s’agit alors de deux cordons courts verticaux reliés par leurs extrémités à la lèvre et à une préhension de type mamelon ou pré-hension tubulaire ensellée. Ce décor concerne des ré-cipients fermés ellipsoïdaux selon un grand axe vertical (type I.2.e) de volume important aux parois très épaisses et de pâte grossière. Enfin, le pastillage est

Page 39: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 301

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

appliqué. Il s’agence en deux lignes horizontales pa-rallèles qui soulignent le haut de la panse d’un petit vase ouvert de forme hémisphérique (I.1.b).

Aperçu technologique de la production

Pas moins de 81 % du corpus dispose de parois externe et interne bien aménagées, c’est-à-dire non accidentées et sans trop d’aspérités. Il est possible de constater cependant que 14 % a des surfaces extérieu-res et intérieures de topographie irrégulière. Pour ceux là, le montage a été relativement grossier et l’opération de finition du modelage peu aboutie. C’est là peut-être le seul élément de distinction que l’on peut relever dans un assemblage somme toute très homogène sur le plan technologique. Au niveau des surfaces, le mode de traitement prédominant est le lissage avec près de 33 % des tessons répertoriés lissés à la fois sur les surfaces externes et internes. Dans certains cas, le polissage semble avoir été bien pratiqué, comme l’indiquent environ 19 % de la collection, polis sur les deux sur-faces du vase. Les surfaces externes arborent des cou-leurs réparties entre différentes nuances de noir, de brun et, de façon anecdotique, de rouge. Près de 62 % du stock montrent des colorations dérivées du noir sur les deux parois, internes et externes (noir, gris, gris foncé, gris très foncé, brun gris, etc.). Quant au brun,

seulement 22 % de la collection sont diagnostiques (brun, brun jaune, brun, etc.). Les couleurs rouges sont rares dans l’assemblage puisque finalement reconnues sur 15,4 % (rouge, rose, rouge pâle, etc.). Selon toute logique, les couleurs des deux faces se correspondent très régulièrement. Quant aux couleurs identifiées dans la tranche, la tendance s’oriente vers des pâtes toujours assez sombres grises ou noires (83,2%) ce qui, couplé aux observations faites sur les surfaces, traduirait une cuisson à tendance réductrice pour la majorité des vases. Les quelques pièces, 17,8 %, dont les couleurs sont davantage rouges dans la tranche (rose, rouge pâle, rouge, brun, brun-rouge clair, brun-rouge, etc.) té-moignent de la présence, même minime, d’une cuisson en atmosphère oxydante.

Points d’ancrage chronoculturels

Localisé sur la commune de Bédoin, au cœur du Vaucluse, le site du Limon-Raspail prend place dans l’actuel comtat de Venaissin particulièrement riche en termes d’occupations préhistoriques. C’est ici qu’ont été définies et étudiées ces trente dernières années trois des quatre principales cultures du Néolithique final du Sud-Est de la France : les groupes Rhône-Ouvèze (D’Anna et al., 1986 ; D’Anna, 1995a et b), de Frais-champ (Sauzade et al., 1990) et du Nord-Vaucluse

Fig. 22 – Les types de décor en relief – effectifs et pourcentages. Localisation du décor sur le vase et type de forme décoré (DAO J. Cauliez).Fig. 22 – Types of relief decoration – frequencies and percentages. Localization of the decoration on the vessel and shape types (CAD J. Cauliez).

Page 40: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

302 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Aussi faut-il se tourner vers l’axe rhodanien et la moyenne vallée du Rhône, au niveau de la Drôme et de l’Ardèche, pour trouver les groupes livrant des produc-tions les plus en adéquations avec celle du Limon-Raspail. A. Beeching et J. Vital ont plusieurs fois sou-ligné l’existence dans le bassin du Rhône moyen d’un complexe culturel, intitulé provisoirement Néolithique final rhodano-alpin, ni tout à fait languedocien, ni tout à fait provençal, dans lequel évolue notamment dans un premier stade le groupe d’Allan. Ce groupe serait re-présenté par le site éponyme du Jas des Chèvres à Allan (Beeching, 2002), par les niveaux inférieurs de la grotte de la Chauve-Souris et par les niveaux les plus anciens de la Baume des Anges et de la Baume Noire à Don-zère, tous dans la Drôme (Vital, 2006, p. 280), mais aussi par le site des Vignes-Saint-André à Gigondas dans le Vaucluse (étude inédite, Cauliez, 2009). Dans ce stade qui précède l’occupation du Limon-Raspail (3400-2800 av. J.-C.), la tendance générale est à l’allon-gement des récipients et à leur simplification morpho-logique ; on trouve en outre des vases tulipiformes, des préhensions en demi-bobine et des décors d’impressions sur la lèvre. À proximité immédiate du groupe d’Allan, en Ardèche, le « faciès épi-Ferrières des Bruyères », s’exprime également par des formes et des décors qui tendent à la simplification (Georjon et al., 1999 ; Jallot, 2003, p. 258). Cette part non négligeable de morpho-logies au profil ininterrompu à laquelle s’ajoutent très peu, voire aucun décor incisé, lui ont valu d’être consi-déré soit comme un faciès atypique et primitif du Font-bouisse, le faciès ardéchois (Gutherz, 1990, p. 240), soit comme un groupe totalement autonome (Bordreuil, 1998, p. 339), voire comme un phylum indépendant du Ferrières (Beeching, 2002, p. 81).

Ensuite, dans un stade qui coïncide avec la date de l’occupation du site du Limon-Raspail (2880-2580 av. J.-C.), la moyenne vallée du Rhône voit le prolon-gement du groupe des Bruyères en Ardèche, le déve-loppement du Fontbouisse en Languedoc et la dispari-tion progressive du groupe d’Allan (ibid.). Ce dernier serait alors remplacé, selon A. Beeching, par des in-fluences encore à caractériser qui restent schématique-ment associées à une phase récente du Néolithique final rhodano-alpin. J. Vital a précisé récemment ce tableau en associant à cette phase de nouveaux faciès céra-miques inornés de moyenne vallée du Rhône, en par-ticulier l’horizon Les Bruyères/Vessignée/Pâtis 2/Donzère 15AS, fixé aux alentours des 27e et 26e siècles av. J.-C. (Vital, 2006, p. 281 et 2010).

S’il est vrai que la forme de la courbe de calibration du radiocarbone n’est pas propice à la réalisation d’un calage chronologique définitif pour la première moitié du IIIe millénaire av. J.-C. – compte tenu des nombreux plateaux (ibid.) –, c’est pourtant précisément dans ce créneau chronologique que prend place le Limon-Raspail d’après les six datations 14C et l’assemblage des mobi-liers. Ce gisement du nord du Vaucluse matérialiserait alors un ensemble culturel à raccorder aux horizons drômois, légèrement plus ancien que Les Bruyères/Vessignée/Pâtis 2/Donzère 15AS et plus récent que le groupe d’Allan. Il pourrait trouver aussi des éléments constitutifs dans ces groupes qualifiés d’épi-Ferrières se

(Guilaine et al., 1988 ; Sauzade et al., 1990). Cependant, dans le scénario d’évolution aujourd’hui en vigueur pour les espaces culturels néolithiques entre 3000 et 2000 av. J.-C., ces trois groupes n’ont plus leur place sous leur forme princeps (Cauliez, 2009, 2010 et sous presse a). L’analyse exhaustive et détaillée de plusieurs assemblages céramiques très bien datés et provenant de contextes maîtrisés (au total 26 séries issues de 18 sites) a permis en effet récemment de réévaluer l’ensemble de ces groupes. Aujourd’hui, ceux-ci ne sont plus conçus comme des cultures blocs intégrant de larges espaces dans une chronologie dépassant parfois le demi-millénaire et pour lesquelles les connexions ne sont pas estimées, mais ont été subdivisés en ensembles plus restreints s’organisant géographiquement et chrono-logiquement tout en interactions et continuités. C’est par exemple le cas du groupe Rhône-Ouvèze dont les près de 40 sites qu’il réunissait autrefois se trouvent désormais répartis dans au moins 4 ensembles culturels distincts, soit déjà existants (le Fontbouisse ; Cauliez, 2007b), soit nouvellement identifiés : l’entité Mourre du Tendre, la Fare et Plan Saint-Jean.

Face à cet environnement culturel reconsidéré, le Limon-Raspail apparaît déconnecté. Au cœur du Vau-cluse, aucune comparaison n’est satisfaisante en termes de productions céramiques. Celles-ci sont aussi éloi-gnées des assemblages céramiques représentatifs des groupes languedociens contemporains particulièrement expansionnistes comme ceux de Fontbouisse. Cela se traduit par des productions quasi inornées au Limon-Raspail, dénuées de décors incisés et dont les formes se caractérisent essentiellement par une certaine simplicité. Cette nette absence des vases à rupture vive de profil et des décors en creux dans le Limon-Raspail est également l’argument pour évacuer un rapprochement direct avec les ensembles culturels contemporains et voisins identi-fiés au sud du Vaucluse, tels que le groupe stylistique du Mourre du Tendre. Celui-ci s’étend de 2880 à 2570 av. J.-C. (Cauliez, 2009 et sous presse a). Il est délimité à la bordure est du couloir rhodanien, avec une extension possible jusqu’aux monts du Vaucluse. Il se définit par des assemblages céramiques influencés du Fontbouisse dans lesquels les formes segmentées (à carène, à col, à galbe, etc.) ont une place importante et où les ornemen-tations plastiques, mais surtout incisées à la pointe mousse (cannelure), sont très usitées pour agrémenter les vases. En Provence, les seuls points d’ancrage chrono-culturels valides pour le Limon-Raspail en matière de production céramique se trouvent beaucoup plus au sud, sur le littoral, au niveau de la basse Provence occidentale au débouché du Rhône, là où le groupe Couronnien a été maintenu dans le nouveau schéma chronoculturel proposé au sein d’une fourchette chronologique cepen-dant plus courte que dans la définition d’origine, à savoir de 2900 à 2600 av. J.-C. (Cauliez, 2009 et sous presse a). Les analogies portent sur la monotonie du répertoire des formes, la rareté voire l’absence de vases au profil inter-rompu, la prédilection pour les décorations plastiques et l’absence de décors incisés. Il n’est toutefois pas possi-ble d’associer le site du Limon-Raspail au groupe Cou-ronnien synchrone à cause de leur extension géogra-phique très différente.

Page 41: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 303

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

développant à l’intérieur des terres ardéchoises dans des secteurs géographiques directement voisins, en adoptant un répertoire morphologique et décoratif en partie iden-tique. Il assimilerait en sus une composante micro-régionale préexistante matérialisée par le groupe d’Allan, dans la mesure où tout comme ce dernier, le Limon-Raspail affiche une proportion très élevée de formes simples couplée à des décors de boutons uniques ou multiples. L’intervalle de temps dans lequel se développe le groupe d’Allan a d’ailleurs été dernièrement resserré aux environs de 3000 av. J.-C. et précèderait donc de peu le Limon-Raspail (Vital, 2006, p. 280). Si les compa-raisons sont nombreuses, le site du Limon-Raspail se distingue cependant de ces différents groupes entre autres par l’absence de récipients tulipiformes, de décors imprimés ou encore de vases à fond plat, de telle sorte qu’il pourrait être représentatif d’un faciès microrégional spécifique de la rive gauche du Rhône. Actuellement, une seule série située également dans le nord du Vau-cluse pourrait s’intégrer dans la même ambiance médio-rhodanienne définie au Limon-Raspail : La Degane à Villes-sur-Auzon (observations Cauliez ; Gilabert, 2007). Il faut donc attendre encore la découverte de nouveaux gisements pour valider cette identification et la réalisa-tion d’un travail de comparaison avec l’horizon Les Bruyères/Vessignée/Pâtis 2/Donzère 15AS notam-ment.

Un dernier éclairage peut être apporté à l’échelle de la moyenne vallée du Rhône. En effet, la composition générale des assemblages céramiques affiliés à ces différents ensembles stylistiques médio-rhodaniens, groupe d’Allan, des Bruyères, faciès du Limon-Raspail ou des Bruyères/Vessignée/Pâtis 2/Donzère 15AS, mon-trent plusieurs équivalences avec les ensembles culturels des groupes de régions situées plus au nord (Savoie, Jura), comme ceux du Lüscherz, de Clairvaux et du Néolithique final lémano-valaisan se développant entre 3000 et 2700 av. J.-C. entre le Jura et le Plateau Suisse (Cauliez, 2009 et sous presse a). Tous ont avec eux en commun cette prédominance des formes simples, cette tendance à l’allongement des récipients, la prééminence des formes très globulaires, la place importante accor-dée au décor plastique de bouton ou de cordon, la présence d’ornements imprimés et la rareté des décors incisés (Giligny et al., 1995), des caractéristiques plutôt rares dans les groupes céramiques identifiés au sud du Vaucluse et dans toute la Provence orientale (Cauliez, 2009). Cette concordance entre les groupes de la zone médio-rhodanienne dans laquelle s’insère le Limon-Raspail et les ensembles culturels de l’axe Saône-Rhône plaiderait alors en faveur d’un scénario qui intègre l’extension d’un fond céramique d’accointance nord-orientale jusque dans la vallée du Rhône dès la première moitié du IIIe millénaire av. J.-C., celui-ci venant se surimposer à un fond méridional. Cela est potentielle-ment appréciable également dans une partie du réper-toire morphologique d’autres séries découvertes dans les hypogées du nord du Vaucluse (vases profonds droits cylindriques ou tulipiformes, fréquence des boutons et mamelons prismatiques, parfois disposés par quatre près de l’ouverture et absence de décors incisés aux Crottes à Roaix par ex. ; Cauliez, 2009). Cette proposition de

continuité avec un environnement culturel lié à des régions au nord du Vaucluse semble être d’ailleurs une piste d’autant plus valide à suivre, qu’elle prend place dans un secteur géographique où J. Vital a très tôt iden-tifié des apports septentrionaux à des dates certes plus récentes dans la chronologie. Par exemple, sur le gise-ment du boulevard périphérique nord de Lyon, dans des structures interposées entre la fin du Néolithique et les débuts de l’âge du Bronze, des éléments céramiques témoignent de prolongements dans les productions de caractères jurassiens attribués à la fin des groupes de Clairvaux, du groupe de Chalain ou encore de la phase récente de l’Auvernier-Cordé (Vital, 2005 et 2008 ; Vital et al., 2007, p. 33).

Les terres exploitées et leur manipulation

Une série réduite de 8 vases a fait l’objet d’une ana-lyse en lames minces afin de caractériser et d’identifier les types de terres exploitées pour la fabrication des récipients. Précisons également que plusieurs structures en creux ont livré de grosses mottes de terre argileuses susceptibles d’avoir été utilisées pour la conception des contenants et/ou dans le bâti des architectures domes-tiques. Par conséquent, une motte de terre indurée a également été examinée. En parallèle à cette étude en laboratoire, une prospection sur le terrain a été conduite afin de prélever les potentialités exploitables, lesquelles ont été traitées de la même façon que les objets archéo-logiques. Enfin, une attention particulière a été portée aux différents types de dégraissants introduits dans les terres employées dans le but de mettre en évidence les comportements des potiers. Les 8 vases et la motte de terre proviennent de plusieurs structures fouillées sur le site (tabl. 11). Les récipients ont été choisis en fonction de critères typologiques et la motte a été échantillonnée au sein d’un grand nombre de fragments.

Le Limon-Raspail est implanté dans les premiers reliefs situés à l’est de la vaste zone alluviale drainée par les cours d’eau tributaires des affluents de la rive droite du Rhône. Au niveau du site, ces massifs sont orientés selon un axe nord-sud. Ils correspondent aux formations du Miocène, plus précisément du Burdiga-lien (fig. 23). Immédiatement à l’est, le bassin ludien (Éocène supérieur) de Mormoiron est un sillon constitué

Tabl. 11 – Provenance des vases et de la motte de terre analysés (DAO F. Convertini).Table 11 – Origin of the analysed vessels and clay sample (CAD F. Convertini).

Page 42: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

304 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

de matériaux tendres qui laisse sa place aux massifs carbonatés crétacés constituant le massif du Mont Ventoux.

Étude pétrographique

La méthode analytique et le vocabulaire employé sont dérivés des Sciences de la Terre et ont été large-ment décrits dans les ouvrages de L. Courtois (1971),

J.-C. Échallier (1984) et F. Convertini (1996). Une simple observation macroscopique de la céramique du site et des mottes de terres crues fait apparaître une très forte majorité de pâtes de couleur jaunâtre indiquant l’utilisation de marnes.

– Classement des pâtesEn accord avec l’observation macroscopique, un

seul groupe de terres (A) a été mis en évidence (tabl. 12 et 13). Il s’agit de marnes plus ou moins décarbonatées selon les individus, renfermant des inclusions présentes en quantité variable, toujours dominées par le quartz usé dans le cas des céramiques. Selon cette quantité, quatre sous-groupes peuvent être distingués :- sous-groupe I : avec inclusions abondantes (motte de

terre crue indurée no 9) – La matrice est calcique sans trace de décarbonatation. Les inclusions sont dominées par les carbonates. Il s’agit de calcites dominantes, de fragments de calcaires micritiques abondants, de frag-ments de calcaires sparitiques, d’un gastéropode, de coquilles de lamellibranches et de plusieurs foramini-fères à logettes arrondies de type globigérine. Le quartz est moyennement abondant et il est essentiellement usé. L’un d’entre eux est carié (origine triasique ?). Quelques grains de glauconie verte sont également présents. Enfin, un spicule en opale, une calcédoine

Fig. 23 – Disponibilités en matière première argileuse dans le proche environnement du site et positionnement des prélèvements d’argile effectués (carte géologique simplifiée, DAO F. Convertini).Fig. 23 – Availability of clay raw materials in the surroundings of the site and localization of the clay samples (simplified geologic map; CAD F. Convertini).

Tabl. 13 – Nature des prélèvements de terre (DAO F. Convertini).Table 13 – Nature of the clay samples (CAD F. Convertini).

Tabl. 12 – Principaux éléments minéralogiques renfermés dans la pâte des céramiques et de la motte de terre analysées (DAO F. Convertini).Table 12 – Main mineral elements included in the fabric of the analysed vessels and clay sample (CAD F. Convertini).

Page 43: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 305

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

fibreuse et un fragment calcédonieux fibreux avec carbonates complètent le corpus ;

- sous-groupe II : avec inclusions moyennement abon-dantes (vases nos 4, 7 et 8) – La matrice est très dé-carbonatée pour les individus nos 4 et 8. Elle reste calcique uniquement pour le vase no 7, tandis qu’elle est majoritairement phylliteuse pour les deux autres. Le vase no 7 a subi une cuisson à plus haute tempé-rature que les autres et la matrice est partiellement nébuleuse. Le quartz est moyennement abondant. Les inclusions non quartzeuses sont essentiellement car-bonatées et peu abondantes. Il s’agit de fragments de calcaires sparitiques et micritiques pouvant être dé-tritiques comme le quartz (no 7) ou ferrugineux (no 7). La pâte du vase n° 8 renferme des fragments de co-quilles. De la calcédoine parfois ferrugineuse (no 7), fibroradiée (no 4) ou associée à des spicules (no 4), est présente dans la pâte des récipients nos 4 et 7 ;

- sous-groupe III : avec inclusions peu abondantes (vases nos 1, 2, 3 et 5) – La matrice est toujours cal-cique tout en étant en partie décarbonatée. Le quartz est peu abondant. Les inclusions non quartzeuses sont essentiellement carbonatées : fragments de cal-caires sparitiques et/ou micritiques et/ou calcites. La pâte du vase no 5 renferme des fragments de coquilles et une calcédoine fibreuse ;

- sous-groupe IV : avec rares inclusions (vase no 6) – La matrice est calcique, partiellement décarbonatée. Le quartz est rare. Les fragments de calcaires spari-tiques et les calcites constituent les autres inclusions représentées de façon sporadique.

– Origine des terresPotentiellement, les terrains meubles marneux les

plus proches susceptibles d’avoir été exploités sont les marnes miocènes du Burdigalien, affleurant au niveau du site (Rouire et al., 1975). En contrebas à l’est, à une centaine de mètres à vol d’oiseau, des argiles à smec-tites magnésiennes dominantes du Ludien inférieur affleurent très largement et montrent différentes teintes. Plus lointaines, à quelques kilomètres au nord-est du site, les argiles vertes à attapulgite du Bartonien supé-rieur ont pu être également exploitées (Monier et al., 1991). Quant aux terrasses anciennes à l’est du site, elles sont peu évoluées et caillouteuses et n’ont pas subi de processus d’altération susceptibles d’être à l’origine de matériaux fins exploitables. Une prospec-tion de ces terres potentielles a été réalisée avec D. Croze 7, potier à Bédoin et utilisateur de ces res-sources, qui nous a conduit sur les différents affleure-ments qu’il connaissait autour du Limon-Raspail. À cette occasion, six échantillonnages de terres (fig. 23 et tabl. 13) ont été réalisés. Deux prélèvements (A et B) de marnes burdigaliennes, dont l’une est relative-ment sableuse, ont été recueillis à quelques dizaines de mètres du site. Un troisième échantillonnage de marne miocène (E), localisé à Saint-Pierre-de-Vassols, a été également réalisé. Deux terres (C et D), l’une de cou-leur grise et l’autre verte, proviennent du Ludien infé-rieur. Elles ont été recueillies à 500 m à l’est du site. Enfin, une terre rougeâtre (F) est issue du Bartonien supérieur affleurant entre Crillon-le-Brave et Bédoin.

Le site se trouvant dans un contexte de marnes, il n’est pas surprenant que la totalité des récipients analysés aient été confectionnés à partir de ce type de terre. Tout d’abord, les marnes burdigaliennes marines locales n’ont pas été exploitées, car ces dernières sont très chargées en foraminifères pélagiques (globi-gérines), totalement absents des pâtes céramiques. Cela n’élimine pourtant pas les terres miocènes comme potentialités car l’échantillon marneux E, également daté du Burdigalien, prélevé à plus de 2 km du site, n’en renferme quasiment pas. Il contient, en revanche, des fragments de calcaires micritiques, des calcites et des fragments de coquilles, ainsi que de rares quartz plutôt usés. Quelques micas blancs sont également présents, minéraux totalement absents des pâtes céramiques. D’autres marnes burdigaliennes, non échantillonnées, probablement distantes de quelques centaines de mètres du site ont été em-ployées pour la confection des vases des sous-groupes AI, AII et AIII. L’échantillon marneux C issu du Lu-dien inférieur, d’origine continentale, qui ne renferme que peu d’inclusions, contient des carbonates (calcites et fragments de calcaires sparitiques) et du quartz usé. Ce type de terre pourrait éventuellement être à l’ori-gine du vase du sous-groupe AIV. Le prélèvement D est totalement phylliteux et ne renferme que de rares calcites et quartz usés. Il est probable, toutefois, qu’il s’agisse d’une ancienne marne quasiment décarbo-natée (présence de quelques calcites microcristal-lines). Bien entendu, aucune pâte de vase n’est sem-blable, ni même approchante de ce type de terre. Le dernier échantillon F prélevé dans des terrains conti-nentaux du Bartonien supérieur est totalement diffé-rent des pâtes des céramiques, car il s’agit d’une argile sableuse renfermant d’abondants grains de quartz anguleux à usés.

En définitive, on retiendra que les dépôts marins miocènes strictement locaux n’ont pas été exploités. Il est vraisemblable que les marnes à l’origine des vases des sous-groupes AII et AIII proviennent de formations meubles marines burdigaliennes situées à quelques centaines de mètres du site. En ce qui concerne le seul vase (no 6) classé dans le sous-groupe AIV, son absence de caractéristique fait qu’il peut avoir été confectionné avec un grand nombre de types de marnes provençales, y compris celles du Ludien inférieur. La motte de terre crue sèche analysée (sous-groupe AI) renferme, quant à elle, les mêmes foraminifères que les marnes du Burdigalien prélevées sur le site (A et B). Il s’agit donc, contrairement aux terres des céramiques, d’une res-source exploitée localement qui présente toutefois des similitudes, dans ses inclusions, avec les pâtes des vases des sous-groupes AII et AIII (calcédoine fibro-radiée et fibreuse, spicule). Cela confirme l’origine miocène des marnes pour la fabrication de ces réci-pients.

– Croisement avec la typologieL’individu no 6, fabriqué à partir d’une marne qua-

siment pure, s’individualise par la présence d’une ca-rène basse au sein du corpus, morphologie tout à fait exceptionnelle parmi les vases découverts au Limon-

Page 44: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

306 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Raspail (tabl. 14). Or, il s’agit du récipient pour lequel l’origine de la terre reste la plus vague. D’après la seule étude pétrographique, rien n’indique avec certitude qu’il ait été confectionné avec une terre miocène locale ou proche et rien ne s’oppose au fait que ce vase pro-vienne d’une autre aire géographique provençale dans laquelle affleurent des marnes. En revanche, le vase no 2, typologiquement à part, car doté d’un décor de cordons courts verticaux reliés à la lèvre et à une pré-hension, ne se démarque pas des autres productions analysées du point de vue pétrographique. Les autres vases, qu’ils soient à embouchure ouverte ou fermée, à mamelon ou à anse, se rangent indifféremment dans les deux sous-groupes AII et AIII. Ces récipients cor-respondent vraisemblablement à la production réalisée sur le site à partir de marnes strictement non locales.

Inclusions d’origine anthropique

Concernant l’ajout de particules (dégraissants) au cours de la préparation des terres dénommées commu-nément « calcites pilées », il faut préciser que ce terme général recouvre au moins deux types qui doivent être séparés (tabl. 15). En effet, peuvent être isolées, d’un

côté, des inclusions constituées essentiellement ou en totalité de différents fragments de roches calcaires et, de l’autre côté, des inclusions représentées majoritai-rement par des calcites spathiques monocristallines et, dans une moindre proportion, polycristallines qui cor-respondent aux vraies « calcites pilées ».

Une minorité d’individus (nos 1, 4, 6) présente un assemblage du premier type, c’est-à-dire de carbonates hétérogènes et hétérométriques qui ne sont pas des inclusions préparées spécialement pour être introduites dans les terres à poterie. Ces inclusions correspondent plutôt à des sables carbonatés naturels recueillis dans des zones d’accumulation (lit de ruisseau, pied de versant…) qui ont été utilisés bruts ou après enlève-ment des grains les plus gros. Ces inclusions sont va-riées et abondantes dans la pâte des récipients nos 4 et 6, diversifiées mais moins nombreuses dans celle du vase n° 1. Il s’agit d’éléments issus des molasses calcaires du Burdigalien affleurant localement et, de façon plus générale, régionalement (fig. 23). Sur le site, l’hypothèse d’une origine locale sera privilégiée. Typo-logiquement (tabl. 14), les récipients correspondent à un vase ouvert de morphologie tronconique (no 1), à un vase ouvert de morphologie subcylindrique (no 4) et à un vase à carène basse (no 6). Les caractéristiques

Tabl. 14 – Croisement de la pétrographie et de la typologie (DAO F. Convertini).Table 14 – Crossing of the petrographical and typological data (CAD F. Convertini).

Tabl. 15 – Types d’inclusions carbonatées ajoutées dans les pâtes céramiques (DAO F. Convertini).Table 15 – Different types of carbonate temper in the pottery fabrics (CAD F. Convertini).

Page 45: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 307

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

pétrographiques et granulométriques naturelles de ces trois vases sont différentes et ils sont donc classés dans trois sous-groupes distincts (AII, AII et AIV). Le vase caréné n° 6 est fortement dégraissé avec des éléments typiquement miocènes, ce qui infirme l’hypothèse d’une origine exogène, sauf si cette dernière se situe dans ou à proximité d’affleurements miocènes.

Les vases nos 2, 3, 5, 7, 8 ont été, quant à eux, ma-joritairement dégraissés avec des inclusions du second type, c’est-à-dire avec de la calcite spathique pilée qui n’est d’ailleurs pas toujours anguleuse. À ses côtés, existe toujours une fraction de fragments polycristallins et parfois sparitiques. Contrairement aux précédentes, ces inclusions ont nécessité une préparation avant leur introduction dans les terres car elles résultent d’une action de broyage. Toutefois, elles restent néanmoins hétérométriques. Ces particules sont absentes dans le contexte local du site et ont fait l’objet d’un apport depuis une zone extérieure aux dépôts miocènes. Les vases sont rangés dans les sous-groupes AII et AIII. Ils correspondent à des vases fermés ellipsoïdaux (nos 2 et 8), à un vase ouvert hémisphérique (no 3), à un vase ouvert subcylindrique (no 5) et à un vase ouvert tron-conique (no 7). Le vase no 2, typologiquement marginal, se caractérise par une forte proportion de calcites pilées, mais cela ne suffit pas pour en faire un objet exogène, d’autant plus que sa terre constitutive est tout à fait compatible avec le proche environnement géo-logique.

Discussion

Cette étude pétrographique met donc en évidence l’emploi de ressources marneuses comme matériaux constitutifs des céramiques analysées. Leurs caractères microscopiques sont différents des marnes affleurant près du site, ce qui exclut leur exploitation comme matières premières, contrairement aux matériaux de construction extraits localement. Quelques pistes peuvent être proposées pour expliquer cette situation. Tout d’abord, la fabrication des vases nécessitait peut-être des terres dotées de propriétés particulières, absentes des marnes locales, mais présentes à quelques centaines de mètres du site. Toutefois, les marnes n’ont pas été utilisées brutes, mais ont subi des transforma-tions par ajout de particules ce qui a dû profondément modifier leurs propriétés initiales. Ensuite, il est pos-sible que les lieux d’extraction des terres soient limités à des secteurs particuliers, éloignés du village, au-delà des terres exploitées pour l’agriculture. Mais alors pourquoi de grandes quantités de matériaux destinés à des constructions pouvaient être, quant à elles, extraites localement ? Enfin, la collecte des terres se faisait peut-être de façon opportuniste, dans le cadre d’autres acti-vités, comme cela est le cas actuellement en Afrique subsaharienne (Gosselain, 2002). Cette façon de s’ap-provisionner pourrait expliquer la diversité des terres employées.

Du point de vue des dégraissants, deux types d’ajouts ont été mis en évidence. Un premier groupe de vases présente une pâte qui renferme essentiellement

des particules sableuses carbonatées hétérogènes, tandis que le second groupe est à calcite spathique pilée dominante. Ce dernier type d’inclusion reste le plus commun dans les productions du Néolithique final du Sud-Est de la France (Convertini, 1998). En Pro-vence, il a été introduit, de façon massive, dans les pâtes des vases fabriqués au sud de la vallée de la Durance et, notamment, dans les productions du Cou-ronnien (Convertini, 2000, 2001 et en cours). En re-vanche, au nord de cette rivière, dans le Luberon, existent, sur les sites du Néolithique final, à la fois des céramiques (majoritaires) dégraissées avec le premier type de particules carbonatées et des céramiques dé-graissées à la calcite pilée (travaux en cours). La si-tuation semble être similaire à celle du Limon-Raspail avec la mise en œuvre de deux pratiques. Toutefois, sur les sites du Luberon, la stricte contemporanéité des deux groupes de vases n’est jamais assurée. Au Limon-Raspail, cette contemporanéité est démontrée puisque les pâtes des vases nos 5 et 6, issus du même décapage de la structure 23e, ont des types de dégraissants dif-férents : calcites pilées pour le no 5 et carbonates hété-rogènes pour le no 6. Les deux pratiques coexistent bien sur le site au sein d’une vaisselle variée d’un point de vue typologique.

L’origine de la pratique qui consiste à intégrer des calcites pilées dans les terres a de fortes chances d’être issue de la basse Provence où il s’agit d’une véritable tradition qui est exclusive, mais le couloir rhodanien, en déficit d’analyses, pourrait être également un can-didat potentiel. En revanche, l’autre pratique pourrait être autochtone et centrée, en l’état actuel des connais-sances, sur l’est du département du Vaucluse. Quel statut doit être donné à ces pratiques ? Correspondent-elles dans les deux cas à des traditions ? Si le statut culturel de la calcite spathique pilée est maintenant bien établi, avec des circulations attestées sur plusieurs kilomètres, y compris pour le Limon-Raspail, qu’en est-il des autres particules hétérogènes ? Sont-elles un produit de remplacement dans des zones où la calcite spathique est absente ? Il est permis d’en douter car, dans le Luberon, l’approvisionnement en calcites est facile et direct. D’autre part, au nord du Luberon, sur des sites du Néolithique final distants de plusieurs kilo-mètres des affleurements miocènes primaires ou se-condaires, plusieurs vases de fabrication locale ont des pâtes qui renferment des fragments de calcaires mio-cènes hétérogènes issus de ces formations géologiques. Ces matériaux ont fait également l’objet de déplace-ments sur quelques kilomètres afin d’être introduits dans les terres destinées à la fabrication de vases. Le statut de ces particules dans cette zone géographique, pour la fin du Néolithique, semble donc être identique à celui de la calcite pilée. Bien qu’il soit hasardeux de tenter d’établir un modèle explicatif sur un nombre aussi réduit de vases analysés, la mise en œuvre, en synchronie, de ces deux traditions et la mise en évi-dence de mécanismes d’acquisition de dégraissants étrangers au contexte local des sites sont des résultats importants qui permettent de progresser dans la compré-hension de la nature de la production céramique du Néolithique final méridional.

Page 46: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

308 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

MACRO-OUTILLAGE LITHIQUE

Le macro-outillage du Limon-Raspail rassemble 58 objets pour près de 183 kg. Il comprend 21 outils ou fragments d’outils de broyage, 3 mortiers, 8 éclats et fragments et 26 blocs épannelés ou non. Cinq pièces pèsent plus de 10 kilos chacune (tabl. 16). Les matières premières utilisées sont toutes d’origine locale. Il s’agit en majorité de molasses calcaires à inclusions coquil-lières et grains de quartz hétérométriques des niveaux du Burdigalien (Miocène), qui affleurent à proximité immédiate du site (fig. 23 ; Blanc et al., 1975). Des blocs hétérométriques assez grossiers et des blocs de calcaire beaucoup plus homogènes ont été sélectionnés. Les surfaces naturellement alvéolées ont été préférées pour l’obtention de surfaces actives sur les outils de mouture. La moitié des objets présente des traces de chauffe, dont la manifestation la plus évidente est une coloration rougeâtre de la roche à cœur.

Caractérisation technologique et fonctionnelle des outils

Deux types d’outils ont été découverts dans les fosses du Limon-Raspail. Des meules et molettes qui, appa-riées, constituent les deux parties du moulin néolithique, et quelques mortiers, dont les outils actifs correspon-dants n’ont pas été retrouvés. L’absence d’outils de

percussion et de polissage est à noter. Le fort degré de concrétionnement des outils a fortement limité leur analyse fonctionnelle. Quelques observations complé-mentaires ont été réalisées à la loupe binoculaire (Olym-pus SZ 60), notamment pour mieux caractériser la morphologie des impacts de percussion, identifier la présence de striations ou encore définir, lorsque cela s’est avéré possible, la nature des polis observés.

Meules

Parmi les 8 meules et fragments de meule retrouvés, 3 types ont pu être identifiés : des meules ovoïdes sur galet (structures 23 et 14 ; fig. 24, no 1), des meules quadrangulaires à la concavité prononcée (structure 4 ; fig. 24, no 2) et des meules épaisses (structure 14). Deux modules différents, correspondant schématique-ment à de grandes meules massives et de petites meules déplaçables, ont pu être reconnus.

Une meule quasi entière a été retrouvée dans la structure 4 (tabl. 17). Cette meule, de plus d’une quinzaine de kilos, a été réalisée sur une plaque de grès coquillier de forme trapézoïdale et de section quadran-gulaire. L’un de ses bords présente des cassures posté-rieures à l’utilisation. Le dos a été préservé brut et les flancs façonnés par épannelage. La surface active a été avivée par un bouchardage grossier afin de renforcer l’abrasivité naturelle de la roche. La forte concavité de la surface active témoigne d’une utilisation relativement

Tabl. 16 – Décompte du mobilier en calcaire recueilli au Limon-Raspail par type d’objets et par structure, avec mention du poids en grammes (en bas ; DAO C. Hamon).Table 16 – List of the pieces made from limestone recovered from Limon-Raspail. Organized by types of artefact and types of feature, with weight indicated in grams. (at bottom; CAD C. Hamon).

Page 47: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 309

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

intensive de la meule. Un fragment de meule de plus d’une quinzaine de kilos a été également retrouvé dans la structure 14. Il présente une cassure à la fois longi-tudinale et transversale, et devait appartenir à un outil de broyage particulièrement massif. Ses bords épan-nelés et sa surface active plano-concave en font un outil de facture intermédiaire. Enfin, une meule ovoïde sur galet provient du décapage général de la structure polylobée 23. Sa fracturation transversale en 3 mor-ceaux est probablement intervenue à la suite d’une chauffe prolongée, comme en témoigne la coloration rouge de la roche à coeur. Cette meule a été mise en forme par un bouchardage grossier du dos et des bords.

Une des deux meules de la structure 14 est relativement comparable : il s’agit d’un bloc ovoïde de calcaire coquillier, dont le dos est brut et la surface active gros-sièrement bouchardée. Les deux meules présentent une surface active plano-convexe et des modules relative-ment réduits (une dizaine de kilos maximum). Trois sur quatre de ces meules sont confectionnées sur des calcaires coquilliers disponibles à proximité du site. Ce matériau a certainement été choisi pour l’aspect gros-sier de ses alvéoles et pour le faible investissement nécessaire à l’avivage des surfaces de broyage. Toutes les meules présentent également un façonnage peu investi.

Tabl. 17 – Caractéristiques dimensionnelles, morphologiques et technologiques des outils de broyage du Limon-Raspail (DAO C. Hamon).Table 17 – Dimensional, morphological and technological characteristics of the grinding tools at Limon-Raspail (CAD C. Hamon).

Page 48: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

310 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Molettes

La majorité des molettes est confectionnée sur des plaquettes de calcaire coquillier (n = 3) ou de molasse calcaire (n = 4). À l’exception d’un exemplaire (struc-ture 9), les molettes se présentent sous la forme de fragments plus ou moins bien conservés, correspon-dant aux deux tiers ou à un angle de molette (n = 6). Leurs morphologies quadrangulaires, trapézoïdales ou ovoïdes dépendent généralement de la forme du bloc de départ, bloc roulé ou plaque extraite (fig. 24, nos 3, 4 et 5). Ces molettes se caractérisent toutes par une épaisseur régulière, relativement faible (comprise entre 4 et 7 cm) et des largeurs variant entre 15 et 22 cm (tabl. 17). Elles présentent toujours des sché-mas de mise en forme similaires. Le dos des outils est conservé brut, tandis que les flancs sont mis en forme par épannelage ou bouchardage. Les surfaces actives sont planes à plano-convexes, elles sont le plus sou-vent avivées par un grossier bouchardage. Une molette de la structure 4 en calcaire coquillier présente un piquetage linéaire transversal bien marqué. La se-conde molette de la structure 4 présente une plage centrale et circulaire de ravivage partiel de la surface active. Comme pour les meules, ces choix témoignent du faible investissement apporté à la fabrication des molettes.

Molette de concassage

Une petite molette à main a été retrouvée dans la structure 2 (13,8 x 10,4 x 3,6 cm pour 714 g). Il s’agit d’une petite plaquette quadrangulaire en forme et sec-tion, dont le dos est resté brut et les flancs ont été fa-çonnés par détachement d’éclats (fig. 24, no 6). Sa surface active présente un fin piquetage sous les aspé-rités polies. Vers le centre, une cupule de percussion témoigne de la réutilisation de l’objet pour une action de concassage. Elle est formée par quelques impacts grossiers de percussion, autour desquels on distingue plusieurs impacts de percussion épars. Ces traces ré-vèlent une action de concassage consécutive, ou en réemploi, d’une surface dédiée à une action de broyage initiale.

Mortiers ou « pierres à cupules »

Trois mortiers ont été retrouvés sur le site, respec-tivement au décapage général et dans les structures 2 et 14 (tabl. 17). Le mortier de la structure 2 a été confectionné sur un petit bloc quadrangulaire de cal-caire coquillier fin, fracturé longitudinalement (12 x 7 x 5 cm pour 650 g). Les bords de ce bloc ont été mis en forme par détachement d’éclats. Au centre de l’objet, une dépression irrégulière de 8 cm de dia-mètre environ et de 2 cm de profondeur a été formée par percussion. Des impacts assez profonds, résultants d’une percussion vive, tapissent le fond et les bords évasés de cette dépression. Un second mortier de dimensions relativement proches a été retrouvé lors

du décapage de la zone (15 x 14,4 x 5,6 cm pour 956 g ; fig. 24, no 7). Il est en revanche entier. Il est réalisé sur un éclat de bloc de molasse calcaire chauffé. La forme globalement trapézoïdale de l’objet a été obtenue par rectification des bords d’un éclat de dimensions assez importantes. Le dos de l’objet est totalement poli par frottement secondaire. Sur la face supérieure, une cupule régulière et de forme circulaire présente un diamètre de 9 cm pour une profondeur de 2,4 cm. Sur les bords et le fond de cette cupule, on observe des impacts de percussion couvrants et rela-tivement fins. Un troisième mortier de grandes dimen-sions est issu de la fosse 14 (fig. 24, no 8). Réalisé sur un bloc massif de grès coquillier, il a été fracturé dans la longueur et probablement chauffé. De forme initia-lement ovoïde, ses bords sont épannelés. La surface de broyage est régulièrement délimitée et devait être initialement préparée, par un grossier bouchardage. La large plage ovoïde (22 cm de long pour près de 20 cm de large) présente une concavité de plus de 3 cm. Elle a été creusée progressivement par l’utili-sation : le fond de la dépression est marqué par de grossiers impacts de percussion lancée tandis que ses bords présentent un arasement régulier consécutif d’une action de broyage. L’absence d’outils de concas-sage actifs et la fracturation de deux des mortiers confirment que ces objets sont en position de réutili-sation et en aucun cas dans leur contexte initial d’uti-lisation dans les fosses.

Blocs bruts et épannelés

Sept structures (4, 5, 9, 12, 14, 20 et 23) ont livré au total 26 blocs bruts ou épannelés, 15 d’entre eux provenant uniquement de la structure 4 (tabl. 16). De nombreux blocs de forme ovoïde ou quadrangulaire présentent deux faces opposées brutes et des tranches plus ou moins régulièrement épannelées, qui té-moignent d’une réelle mise en forme. Les modules de ces objets et leur morphologie sont très proches des outils de broyage identifiés sur le site, et notamment des molettes mesurant autour de 20 cm de longueur. Deux raisons peuvent expliquer ces similarités morpho-logiques et technologiques : soit les blocs ont été mis en forme selon les mêmes schémas techniques que les outils de broyage, et peut-être par les mêmes per-sonnes, soit il s’agit véritablement d’ébauches d’outils de broyage. S’il s’agit d’ébauches de molettes, comment envisager alors leur quantité importante sur ce site ? La piètre qualité de la roche utilisée et sa faible homogénéité pourraient expliquer la grande quantité d’objets abandonnés, rejetés ou fracturés. Le calcaire coquillier employé au Limon-Raspail se prête en effet mal à la taille et l’hétérogénéité de la roche a certainement entraîné de nombreux défauts et ratés dans le façonnage des pièces. L’hypothèse d’une aire de production ou de stockage de meules semble en revanche peu vraisemblable. L’absence d’éclats de mise en forme, de déchets de fabrication et de per-cuteurs dans ces fosses va à l’encontre de cette der-nière hypothèse.

Page 49: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 311

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Distribution spatiale des objets

Les structures 2, 3, 4, 7, 9, 12, 14, 20 et 23 du Limon-Raspail ont livré des outils de broyage et des fragments de blocs en calcaire coquillier ou en molasse calcaire. Un à 2 éclats ou fragments sont présents dans chacune des fosses. Si l’assemblage de la fosse 2, avec 3 outils et un fragment, évoque plutôt un rejet domestique clas-sique, tel n’est pas le cas des structures 4, 9, 12, 14 et 23. Le remplissage de ces structures associe en effet des fragments d’outils généralement de grandes dimensions et des blocs bruts ou épannelés. L’assemblage de la fosse 4 est de loin le plus riche avec 5 outils de broyage et 15 blocs. Leur disposition au sein de la fosse est en outre particulière (fig. 25). La meule semble avoir été déposée de chant contre la paroi est de la fosse, à côté d’une molette (la sienne?) déposée à plat, la face active vers le ciel. De nombreux blocs ont été déposés sur ou

contre la meule et présentaient le même pendage nord-est. Un deuxième niveau, comprenant la seconde molette et de gros blocs épannelés, était déposé à plat sur le fond de la fosse au milieu d’une couche d’ossements animaux. Les autres types de mobiliers (céramiques ou lithiques par ex.) font figure d’exception dans cette structure. La disposition spécifique des pièces et la ra-reté, voire l’absence d’autres artefacts manufacturés, pourraient correspondre à une volonté de rangement des outils de broyage et par extension des blocs épannelés. Cette configuration renforce l’hypothèse selon laquelle une partie de ces blocs pourrait être des ébauches d’outils de broyage. Dans la structure 9, les blocs et fragments d’outils de broyage semblent avoir été jetés dans la fosse pour combler le vide laissé au dessus de l’aménagement en argile. Ces blocs ne présentent en effet aucune organisation particulière, ni un agencement propre aux fragments d’outils de broyage. Ils ne

Fig. 24 – Les meules no 1 St. 23 (décapage général) et no 2 St. 4 ; les molettes nos 3 et 4 St. 4, no 5 St. 9 et no 6 St. 2 ; les mortiers no 7 décapage général et no 8 St. 14 (DAO C. Hamon).Fig. 24 – Querns no. 1 feature 23 (surface planum) and no. 2 feature 4; handstones no. 3 and 4 feature 4, no. 5 feature 9 and no. 6 feature 2. Mortars no. 7 surface planum and no. 8 feature 14 (CAD C. Hamon).

Page 50: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

312 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

semblent associés ni à la probable fonction de stockage de la fosse, ni à l’aménagement en structure foyère. Le cas de la structure 14 est légèrement différent car il rassemble une majorité d’outils et fragments d’outils, y compris un mortier. Les blocs épannelés présentent en outre toutes les caractéristiques de possibles ébauches d’outils de broyage. Une partie des blocs et outils était disposée à plat, en arc de cercle, dans le remplissage supérieur de la fosse. Cette disposition particulière, tout comme la présence de petits fragments, pourraient évoquer un aménagement ou un calage. Enfin une meule a été déposée au fond de la fosse 23d, face vers le ciel, avec quelques fragments de blocs, le tout en position de rejet.

La majorité de ces objets en position de rejet paraît donc avoir servi au comblement des fosses. L’utilisa-tion des outils de broyage et blocs de calcaire comme pierre de calage ou comme aménagement ne peut être exclue dans certains cas. Cette hypothèse est d’autant plus vraisemblable que, outre une disposition parti-culière, la majorité des objets témoigne d’une chauffe plus ou moins prononcée parfois à l’origine de la frac-turation des blocs. Il ne semble pas que la présence de meules chauffées et brisées soit à mettre en relation avec la fonction de ces fosses dédiées pour la plupart vraisemblablement initialement au stockage.

Discussion

Les outils de broyage et les blocs retrouvés dans les aménagements creusés du Limon-Raspail sont réalisés dans des calcaires ou molasses locales issus des niveaux Burdigalien. L’exploitation de ces ni-veaux calcaires est partagée par de nombreux sites contemporains, notamment pour l’obtention des moel-lons nécessaires à l’édification des murs d’enceintes ou d’habitat en pierres sèches comme à la Brémonde à Buoux et les Lauzières à Lourmarin dans le Vau-cluse (D’Anna et al., 1989) ou encore la Citadelle à Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône (D’Anna, 1989). Ces niveaux ont également été exploités pour la confection des outils de broyage, comme l’illustre la découverte d’une meule circulaire en grès coquillier sur le site de Ponteau-gare à Martigues dans les Bouches-du-Rhône (Margarit et al., 2007) ou des meules en calcaire coquillier non local de la Citadelle (H. Marchesi, in D’Anna, 1989). Mais, sur ces sites, il ne s’agit en général pas de la seule roche exploitée, puisque des grès plus ou moins grossiers sont aussi fréquemment utilisés (D’Anna, 1989, p. 221).

La coexistence de deux types de meules, définis à partir de leur formes et dimensions, avait déjà été mentionnée sur le site des Martins à Roussillon dans les Bouches-du-Rhône (D’Anna et al., 1987). À dé-faut d’analyse tracéologique fiable, nous ne pouvons qu’évoquer une possible différence de fonction entre les petites meules ovoïdes et les meules de grandes dimensions du Limon-Raspail, plus vraisemblable-ment utilisées pour le broyage des céréales, dont l’exploitation est par ailleurs documentée sur le site grâce à l’étude tracéologique de l’outillage lithique taillée.

Les mortiers de petits modules similaires à ceux retrouvés au Limon-Raspail sont identiques à ceux retrouvés sur le site des Martins (D’Anna et al., 1987) ou du Collet Redon à La Couronne dans les Bouches-du-Rhône (Durrenmath et Cauliez, 2003, p. 264). Ces petits mortiers mesurent autour d’une dizaine de centi-mètres de diamètre et présentent toujours un façonnage des bords. La profondeur des cupules est, quant à elle, beaucoup plus variable. Il semble plus difficile de trouver des éléments de comparaison pour le grand mortier du Limon-Raspail, sauf peut-être un exemplaire retrouvé sur le site des Martins (D’Anna et al., 1987). Les caractéristiques des cupules de ces mortiers sont également à rapprocher des cupules observées sur la dalle de calcarénite du site de Ponteau-Gare (Margarit et al., 2007, p. 80)

Enfin, les outils de broyage du Limon-Raspail présentent des durées d’utilisation relativement peu élevées, à l’exception peut-être des mortiers et de la meule entière de la structure 4. Le faible degré d’uti-lisation des meules avait déjà été mentionné par H. Marchesi concernant le mobilier de la Citadelle (D’Anna, 1989, p. 214). Un outillage d’appoint aurait donc coexisté avec un outillage domestique plus fréquemment utilisé. Ceci plaiderait également pour des durées d’occupation relativement courtes sur le site.

Fig. 25 – La structure 4. Vue de la concentration de meules et molettes au deuxième décapage (en haut) et sous un niveau de faune au septième décapage (en bas ; clichés J. Cauliez).Fig. 25 – Feature 4. Plan view of the concentration of querns and hand-stones at the second planum (above), below a layer of faunal remains at the seventh excavation planum (below) (photographs J. Cauliez).

Page 51: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 313

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

SYSTÈME D’ÉLEVAGE ET GESTION DES TROUPEAUX

L’étude archéozoologique a été réalisée à partir des restes fauniques issus de la fouille des structures néo-lithiques, les éléments provenant des prospections n’ayant pas été intégrés. Ainsi, l’assemblage osseux constitue une série assez abondante, avec 3 217 restes fauniques, bien conservée mais fragmentée. L’analyse de cet échantillon permet d’aborder les choix d’appro-visionnement carné et les tendances dans la gestion des troupeaux, reflet d’une grande partie de la structuration sociale des hommes (Blaise, 2009 et 2010).

État et représentativité de la série

Conservation et répartition des restes fauniques

Les 22 fosses fouillées ont livré des restes fauniques. Cinq autres structures, qui n’ont pas été fouillées, mais simplement dégagées, ont elles aussi fourni des ves-tiges de faune mammalienne, ce qui élève le nombre total de restes exhumés à 3 217 dont 1 282 déterminés avec précision, soit 40 % du total de restes (tabl. 18). Cet échantillon osseux est bien conservé, comme en témoigne la présence d’éléments fragiles (nombreux restes de très jeunes individus bovins et caprins, vertè-bres, côtes et microfaune) et celle de plusieurs parties squelettiques retrouvées entières ou presque complètes. Seules les racines ont entamé, souvent profondément, les surfaces osseuses de l’ensemble du matériel et rendent difficile l’observation des traces anthropiques (Berensmeyer, 1978). La fragmentation, qui est majo-ritairement post-dépositionnelle et touche davantage les petits ruminants notés « pr » (mouton, chèvre, che-vreuil) que les grands « gr » (auroch, bœuf, cerf), limite parfois la détermination (tabl. 18 ; Binford, 1981 ; Lyman, 1984 et 1994 ; Patou-Mathis, 1994). Seul le groupe ou la famille a seulement pu être indiqué dans certains cas. Quelle que soit la structure, les restes indéterminés taxonomiquement se composent majoritairement d’esquilles (plus de 80 %) et regrou-pent des éléments sujets à la fragmentation, restes de crâne, de côtes et de vertèbres, mais aussi des frag-ments de diaphyses cassés dans la longueur et la lar-geur (forme de baguette). La forte proportion d’es-quilles et la fragmentation des diaphyses pourraient être le résultat du piétinement.

Plusieurs traces de morsures sur un reste de coxal et d’ulna de boeuf, la présence de 4 os longs rognés, dont 3 de caprinés et un de bœuf, et de 2 fragments en partie digérés (structures 1, 2, 5, 7, 8 et 23a), indiquent l’intervention secondaire de carnivores, vraisemblable-ment du chien identifié par ailleurs sur le site. Dans ces structures, les ossements sont restés accessibles avant d’être recouverts (tabl. 19). L’impact des carnivores est néanmoins limité, seuls 0,5 % des os déterminés sont concernés.

Une forte hétérogénéité apparaît dans la répartition des restes fauniques et dans le remplissage des struc-tures (tabl.18). Près de 94 % des restes déterminés (92 % de la totalité des restes) proviennent de 13 struc-tures seulement : 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 14, 15, 23, 23a, 23b et 23e. Certaines présentent un remplissage par-ticulier avec plusieurs ossements retrouvés entiers et parfois en connexion, notamment au niveau des arti-culations des membres (tarse et carpes) dont 2 restes de mouton et 2 de boeuf dans la structure 4, 3 de bœuf dans la structure 7 et 2 de mouton dans la structure 15. La figure 26 permet de visualiser la représentation squelettique du bœuf dans les structures 4 et 23 et celle du mouton dans la structure 15. Dans la structure 4, 2 membres antérieurs gauches (scapula, humérus, ra-dius et ulna) correspondent à deux individus adultes de moins de 40-48 mois, l’extrémité distale des radius et proximale des ulna n’étant pas soudée ; des frag-ments de coxal, de fémur, un os du carpe, 2 tarses, 2 métacarpes, un métatarse, ainsi que 20 restes de côtes ont été identifiés pour le boeuf. Dans le décapage général de la structure polylobée 23, le bœuf est re-présenté par l’ensemble des parties anatomiques : le crâne regroupe 6 restes de maxillaire, 3 de mandibule, 3 molaires supérieures, les membres antérieurs (la scapula manque) et postérieurs, avec 3 fragments d’humérus, 2 radius (extrémité distale non épiphysée) et ulna (extrémité proximale non épiphysée), un droit et un gauche, 4 fragments de fémur (extrémité proxi-male non épiphysée), 2 restes de tibia (extrémité proximale non épiphysée), un tarse et 4 carpes, les extrémités avec 2 phalanges I (juste soudées), une phalange II, enfin les ceintures avec 44 fragments de côtes dont 9 têtes, 6 fragments de coxal et 25 de ver-tèbres, uniquement cervicales, thoraciques et coccy-giennes, les lombaires sont absentes. L’ensemble de ces éléments squelettiques correspond à deux indivi-dus. D’après les stades d’épiphysation, tous les osse-ments indiquent un âge compris entre 24 et 48 mois, et pourraient appartenir à un même individu, ce même âge est confirmé par une 3ème molaire cassée mais peu usée ; un autre adulte a été identifié, âgé entre 4 et 6,5 ans d’après 2 molaires supérieures. La structure 15 a livré presque uniquement des restes de caprinés domestiques (61 restes), dont 35 appartiennent au mouton ; ils correspondent à 3 individus, âgés respec-tivement de 1-2 ans, 3-4 ans et 4-6 ans d’après les restes dentaires. Toutes les parties squelettiques sont représentées : le crâne regroupe 3 fragments et compte également un reste de maxillaire, 4 de mandibule, 2 molaires et une incisive, les membres comprennent un reste de scapula, un fragment d’humérus, un radius/ulna, un métacarpe, un fragment de coxal et de fémur, 2 restes de tibia, un tarse (connexion tibia/talus), 2 métatarses, les extrémités avec 5 phalanges I, 3 pha-langes II et une phalange III ; 12 fragments de côtes ont été identifiés, ainsi que 6 restes de vertèbres cer-vicales (dont l’atlas) et thoraciques.

Les 16 autres structures (tabl. 18), qui apparaissent en grisé dans le tableau, ont livré moins de 20 restes déterminés chacune, et 9 d’entre elles ont un effectif total inférieur à 10 (structures 11, 16, 17, 19, 21, 23c,

Page 52: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

314 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

24, 25, 28). Leur remplissage est néanmoins cohérent avec celui des autres structures : les taxons identifiés et leurs proportions respectives sont similaires (tabl.18), dominés par les petits ruminants, suivis du bœuf et correspondent aux os des membres ; le spectre faunique est légèrement moins diversifié, les espèces peu repré-sentées comme les suinés et les canidés y sont absents et les taxons sauvages anecdotiques (1 seul reste de lapin).

Bien que certaines structures semblent avoir été utilisées comme structures de combustion, notamment la structure 9, peu de restes brûlés ont été observés (tabl. 19 et 20). Seuls 129 fragments présentent des traces de brûlure soit 4 % de la totalité des restes, ré-partis dans 16 structures (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 19, 23a, 23b et 23e) : il s’agit majoritairement d’esquilles entièrement brûlées (près de 52 %), de fragments de diaphyses dans les structures 1, 2, 8

Tabl. 18 – Détermination et répartition des restes fauniques par structure. Les colonnes grisées correspondent aux structures ayant livré moins de 20 restes déterminés (DAO É. Blaise). NRD : Nombre de restes réterminés, NR indet. : Nombre de restes indéterminés, NR total : Nombre de restes total.Table 18 – Identification and distribution of faunal remains per feature. The shaded columns correspond to features that have yielded less than 20 iden-tified fragments (CAD É. Blaise). NIR: Number of identified remains, NNR: Number of non-identified remains, NR: Number of remains).

Page 53: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 315

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

(22,5 %), de restes dentaires (12,5 %) correspondant à 5 molaires de bœuf (structures 4 et 23b) et 4 de capri-nés (structures 7 et 9) dont les couronnes ont été exposées au feu ; on trouve également 4 fragments de vertèbres entièrement brûlées (structures 8 et 23b), 5 de côte (structures 1, 8, 12), 4 restes de phalanges (struc-tures 8 et 23b) dont une phalange II brûlée à son extré-mité distale et une phalange III de capriné entièrement brûlée, 2 fragments de crâne et une partie distale de scapula de capriné toute brûlée (structure 1).

Caractérisation des restes fauniques

L’essentiel des ossements provient de restes de repas et de boucherie souvent mélangés. Pour les caprinés et le boeuf, l’ensemble des parties anatomiques a été

identifié, indiquant qu’ils ont vraisemblablement été découpés et consommés sur place ou à peu de distance. Plusieurs éléments osseux sont retrouvés en connexion au niveau des articulations (carpes et tarses dans les structures 4, 7 et 15) ou appartiennent à un même membre antérieur et/ou postérieur notamment de bœuf (structures 4 et 23) et de mouton (structure 15). Ils témoignent ainsi de la découpe en quartiers, l’ablation des extrémités des membres étant réalisée classique-ment au niveau des carpes et des tarses (Helmer et al., 1987). Plusieurs fragments dans les structures 1, 2, 4, 7, 8 et 23a, dont 12 restes de côte, 10 de petits rumi-nants et 2 de boeuf et un fémur de caprinés portent d’ailleurs des stries de découpe (tabl. 19). Les rares traces de brûlure au niveau de la tête (dents) et des extrémités (phalanges) indiquent également qu’ils ont pu être consommés grillés. Les suinés ne sont repré-sentés que par 3 fragments de dent, 2 extrémités des membres (métatarses) et une phalange et aucune trace n’a pu être observée. Ce traitement différentiel de carcasse par rapport au cheptel domestique reste diffi-cile à interpréter (s’agit-il d’un rejet des ossements

Tabl. 19 – Observations taphonomiques : traces d’origine naturelle, biologique et anthropique et connexions anatomiques. Les structures, dont le nom apparaît en grisé, ont livré moins de 20 restes déterminés. La présence (en gris) ou l’absence (en blanc) des différents agents taphonomiques a été signalée par structure (DAO É. Blaise).Table 19 – Taphonomical observations: natural, biological and anthro-pogenic traces and anatomical connections. The structures, whose name is shaded, have delivered less than 20 identified fragments. The presence (in gray) or the absence (in white) of differents taphonomic agents is indicated for each feature(CAD É. Blaise).

Fig. 26 – Représentation squelettique des boeufs dans les structures 4 et 23 et des caprinés domestiques (principalement du mouton) dans la structure 15 (d’après Helmer, 1987b, modifié). En noir, les parties sque-lettiques observées. NR : Nombre de restes déterminés et NMIc : Nombre minimum d’individus de combinaison (DAO É. Blaise).Fig.26 – Cattle skeletons recovered from the features 4 and 23 and domestic sheep and goat skeletons (mostly sheep) from feature 15 (drawing after D. Helmer 1987b, modified). In black, summary of the identified specimen. MNIE: Minimum number of identified elements and NMcI: Minimum number of combined individuals (CAD É. Blaise).

Page 54: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

316 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

dans une zone non fouillée, d’une différence de prépa-ration alimentaire ou d’un statut sauvage par ex. ?).

Certaines fractures d’origine anthropique corres-pondent à la récupération de la moelle comme dans la structure 4, où 2 os longs de bœuf ont été fracturés sur os frais avec des points d’impact observés, et dans la structure 7 où un radius de boeuf présente une cassure en spirale. La structure 4 offre un autre exemple de fracturation : 2 métapodes de bœuf ont été fendus longitudinalement. Il est à noter que cette fracturation par fendage, vraisemblablement intentionnelle, serait tout à fait en adéquation avec la production de supports bipartites destinés à la réalisation d’artefacts en os. Ce mode de fracturation est d’autant plus intéressant qu’il n’a été que rarement clairement identifié dans les faunes du Néolithique final provençal, comme c’est le cas notamment sur les sites du Collet Redon à La Couronne dans les Bouches-du-Rhône (Camps-Fabrer, 1977), de la Brémonde à Buoux et du Mourre du Tendre à Courthézon dans le Vaucluse (D’Anna et al., 1989 ; Blaise, 2009). L’ensemble de ces observations indique que les restes correspondent à des déchets domestiques et que les structures ont vraisemblable-ment servi de dépotoir.

Ainsi, la totalité des structures présente des condi-tions de conservation proches entre elles, que ce soit au niveau de la préservation différentielle ou de l’état de surface des ossements. Certaines ont livré peu de restes, mais les taxons identifiés sont les mêmes (tabl. 18). Aucun élément faunique n’a permis de ré-véler le fonctionnement entre les structures. Malgré des disparités observées au niveau de la répartition des vestiges osseux entre les aménagements creusés et des traitements différentiels au niveau des parties anato-miques et chez le cochon, chaque remplissage a livré les mêmes taxons, majoritairement domestiques, dans des proportions similaires et surtout associés à un mobilier archéologique abondant et homogène d’un

point de vue technique et stylistique. Si l’on peut consi-dérer l’échantillon faunique comme un ensemble ho-mogène correspondant à des déchets domestiques re-jetés dans les structures, il est cependant impossible de savoir si l’assemblage est représentatif de l’ensemble de l’occupation, d’autant plus que les limites du site n’ont pu être reconnues. Afin d’appréhender la part de chaque espèce dans l’alimentation et les modes d’ex-ploitation des troupeaux, l’analyse sera effectuée à partir de la faune dans sa globalité, toutes structures confondues.

Chasse et élevage

Méthodes : détermination et quantification

La détermination s’est appuyée sur la collection d’anatomie comparée de l’UMR 6636 – LAMPEA à la Maison Méditerranéenne d’Aix-en-Provence et sur des ouvrages généraux (Schmid, 1972 ; Pales et Garcia, 1981 ; Barone, 1996 et 1997). La distinction entre le mouton et la chèvre a été réalisée à partir des restes dentaires (Helmer, 2000a ; Halstead et al., 2002) et des os crâniens et post-crâniens (Boessneck et al., 1964 ; Helmer, 1979 ; Helmer et Rocheteau, 1994 ; Fernandez, 2001). La différence entre le porc et le sanglier n’a pas pu être effectuée en raison du faible nombre d’éléments osseux, eux-mêmes souvent fragmentés, et de la pré-sence de jeunes individus pour lesquels la diagnose est impossible (Helmer, 1987). En raison de la fragmenta-tion et de la présence de jeunes individus, peu de me-sures ont pu être prises, ce qui n’a pas permis de comparer la taille des animaux avec celle des sites de même période. Quant à la quantification, les proportions respectives de chaque espèce sont exprimées en nombre de restes (NR) et en nombre minimum d’individus de

Tabl. 20 – Répartition et détermination des restes brûlés observés par structure (DAO É. Blaise).Table 20 – Distribution and identification of burnt remains observed in each feature (CAD É. Blaise).

Page 55: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 317

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

combinaison (NMIc). Le NR correspond à l’unité de base de comptage, l’os ou le fragment d’os identifié. Le NMIc est estimé à partir de la partie anatomique laté-ralisée la mieux représentée en prenant en considération les informations relatives à l’âge (stades d’épiphysation pour les os longs, classes d’âge pour les dents). Enfin, l’estimation de la biomasse à partir de la méthode du poids de viande et abats (PVA) de J.-D. Vigne (1988) permet de rendre compte de la contribution de la part de chaque animal dans l’alimentation humaine.

Composition de l’assemblage faunique

La quasi-totalité des restes déterminés appartient au cheptel domestique (tabl. 18 et fig. 27, nos 1 et 2) : les petits ruminants (sont majoritaires avec 870 restes, près de 70 % NR) dont 581 attribués aux caprinés domes-tiques, le mouton (57 restes) étant davantage représenté que la chèvre (8 restes), suivi des grands ruminants avec 339 restes dont 248 identifiés pour le bœuf (27 % NR). Le chien, déterminé principalement dans la struc-ture 8, regroupe 3 restes dont 2 fragments de dents et un radius. Un jeune canidé a également été identifié dans la structure 23e, âgé de moins de 6 mois d’après sa 4e prémolaire déciduale supérieure. Les suinés ne comptent que 6 restes, soit deux individus, répartis dans les structures 2, 5, 14 et 23a. Sa chasse et/ou son élevage sont envisagés, mais constituent dans les deux cas une activité d’appoint en raison de sa faible repré-sentation. La part de la faune sauvage est très réduite : le lapin, espèce la plus représentée (29 restes, 2,3 % NR), semble avoir été consommé. On le retrouve dans les structures 1, 2, 8, 13, 15, 23a et 23e : il est repré-senté uniquement par les os des membres antérieurs et postérieurs, les restes de crâne, de côtes et de vertèbres sont absents. Dans la structure 23a, il est en partie in-trusif comme l’indique la présence de 10 restes de deux jeunes bêtes vraisemblablement mortes sur place (terrier) ; ils ont été indiqués dans le tableau de dé-compte mais écartés de l’analyse, ce qui explique le décalage au niveau du NRD, passant de 39 à 29. Quelques restes aviaires (7 restes) ont été observés dans les structures 2 et 8. Enfin, un reste de renard a été identifié dans la structure 14.

Alimentation carnée

Si les caprinés domestiques sont plus nombreux en nombre de restes comme en nombre de têtes (70 % NR ; 69 % NMIc) que les bœufs (27 % NR ; 24 % NMIc), ces derniers fournissent un apport en protéines (viande et lait) nettement supérieur. Les suinés, qui procurent de la graisse et de la viande, comptent 6 restes soit deux individus, un adulte et un individu de moins de 24 mois déterminés à partir des stades d’épiphysation des métatarses. L’estimation du poids de viande et abats (PVA) permet d’établir la biomasse représentée pour chaque espèce, d’après les données proposées par J.-D. Vigne (1988) pour l’évaluation du poids de l’animal sur pied (PP) et le rendement brut de

boucherie (RBB) à partir du nombre minimum d’indi-vidus de combinaison (NMIc) et de l’âge pour chaque espèce. Ainsi, on peut estimer que le bœuf contribue à près de 73 % PVA à l’alimentation carnée, suivi des caprinés domestiques avec 18,5 % PVA et des suinés avec 8,5 % PVA (fig. 27, no 2 et tabl. 21).

Gestion des troupeaux

Ce sont principalement les dents, généralement bien conservées sur les sites archéologiques, qui nous four-nissent les informations les plus précises sur les âges de mortalité des individus. Pour le Limon-Raspail, ce sont les restes dentaires qui ont donné les NMIc les plus élevés. Les tendances dans la gestion des trou-peaux peuvent être abordées pour les bœufs, les mou-tons et les chèvres, mais pas pour les suinés en raison du manque de données. L’attribution des âges d’abat-tage est établie à partir des séquences d’éruption et des stades d’usure dentaires. Pour les caprinés domes-tiques, la méthode utilisée est celle établie par D. Helmer (Helmer, 1995 et 2000b ; Helmer et Vigne, 2004), et pour le bœuf celle de P. Ducos (1968) et de A. Grant (1982), complétées par les travaux de C. Grig-son (1982) pour les premières classes d’âge. Des his-togrammes sont réalisés à partir de la fréquence du nombre de restes de dents inférieures et supérieures,

Fig. 27 – No 1 fréquences des principaux taxons en Nombre de restes (% NR) et no 2 part respective des principaux taxons dans l’alimenta-tion : % du Nombre de restes, % du Nombre minimum d’individus de combinaison et % du Poids de viande et abats (estimation de la biomasse/PVA) (DAO É. Blaise).Fig. 27 – No. 1 frequencies of the main species in Number of elements (% NE) and no. 2 respective part of the main species in the diet: % Number of elements, % Minimum number of combined individuals and % of the weight of meat and offal (estimation of the biomass/PVA) (CAD É. Blaise).

Page 56: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

318 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

appelés « profils d’abattage » ; les effectifs sont corrigés en fonction de la durée des classes d’âge considérées (Payne, 1973 ; Helmer, 1992 ; Helmer et Vigne, 2004 ; Vigne, 2005). L’interprétation des profils d’abattage en termes de production s’appuie sur de nombreux travaux qui ont permis de définir différents types d’exploitation pour les caprinés (Payne 1973 ; Halstead, 1992 et 1998 ; Helmer, 1992 ; Vigne et Helmer 1999 ; Helmer et Vigne, 2004 et 2007 ; Helmer et al., 2005 et 2007 ; Blaise, 2005 et 2006) et pour les bovins (Helmer, 1992 ; Ba-lasse et al., 1997 et 2000 ; Vigne, 2005).

Au Limon-Raspail, ce sont les jeunes caprinés de moins de 12 mois qui sont abattus de manière préfé-rentielle, ce qui indique une recherche de viande tendre et l’exploitation du lait (tabl. 22 ; fig. 28, no 1) : 30,5 % sont âgés de 6 à 12 mois, 27 % entre 2 et 6 mois et 10 % ont entre 0 et 2 mois. L’abattage d’individus entre 1 et 2 ans (17 % environ) confirme une recherche de viande.

La forte proportion de dents de jeunes caprinés de moins de 6 mois, environ 37 %, dont 10 % de moins de 2 mois, et la présence de restes d’os longs d’un jeune périnatal (structure 1), indiquent que les mises bas avaient vraisemblablement lieu à proximité du site, les nouveaux-nés résistant plutôt mal à de longs dépla-cements (Helmer et al., 2005). Enfin, la représentation des très jeunes caprinés et la répartition des abattages intervenus avant 2 ans (animaux abattus à toutes les saisons) permettent de considérer l’occupation longue à annuelle. À partir des données issues de cette fenêtre exploratoire ouverte lors de la fouille préventive, l’al-lure générale de la courbe de survie du cheptel ovin et caprin est proche de celle pour la « sécurité du trou-peau » (fig. 29). En revanche, des différences signifi-catives apparaissent avec ce modèle indiquant que le renouvellement du troupeau n’est pas garanti (Chi2 = 17,53, p = 0,0036, fig. 29). Les animaux abat-tus ne représentent qu’une partie d’un troupeau plus grand, les autres lots étant potentiellement élevés

Tabl. 22 – Fréquences des âges d’abattage. En haut, fréquences pour les caprinés domestiques et le mouton seul (Ovis aries) en Nombre de restes de dents, corrigées en fonction de la durée des classes d’âge. En bas, fréquences pour le bœuf en Nombre de restes de dents, corrigées en fonc-tion de la durée des classes d’âge. N : Nombre de restes de dents, Corr. : Correction, N corr. : N corrigé (DAO É. Blaise).Table 22 – Frequencies of slaughter ages. Above, frequencies of domes-tic caprines and sheep alone (Ovis aries). Cattle frequencies (at bottom). N: Number of tooth remains, Corr. : Correction, N corr. : N corrected (% N have been adjusted according to the duration of the age classes) (CAD É. Blaise).

Tabl. 21 – Estimation de la biomasse (Poids de viande et abats) d’après Vigne, 1988 : PP : Poids sur pied, RBB : Rendement brut de boucherie, PVA : Poids de viande et abats, NMIc : Nombre minimum d’individus de combinaison (DAO É. Blaise).Table 21 – Estimation of the biomass (weight of meat and offal) accor-ding to Vigne 1988: PP: live weight, RBB: gross yield factor, PVA: Weight of meat and offal, NMcI: Minimum number of combined individuals (CAD É. Blaise).

Fig. 28 – Exploitation des caprinés domestiques (no 1 moutons et chèvres regroupés) et des bœufs (no 2) sur le site. Les profils d’abattage sont réalisés à partir du Nombre de restes de dents par classes d’âge, effectifs corrigés en fonction de la durée des classes d’âge (% N corr.). Pour les caprinés : N = 45 et NMIc = 20 et pour les bœufs : N = 12 et NMIc = 7. N correspond au Nombre de restes de dents et NMIc correspond au Nombre minimum d’individus de combinaison (DAO É. Blaise).Fig. 28 – Exploitation of domestic small ruminants (no. 1 sheep and goats grouped together) and bovines (no. 2) on the site. The butchering patterns are calculated by using the number of tooth remains per age classes. The frequencies are adjusted according to the duration of the age classes (% N corr.). Concerning the small ruminants: N = 45 and NMcI = 20 and the bovines: N = 12 and NMcI = 7. N is the number of tooth remains and NMcI is the Minimum number of combined individuals (CAD É. Blaise).

Page 57: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 319

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

ailleurs dans une autre zone du site (Blaise, 2009 ; Helmer et al., 2005). Un apport de bête semble néces-saire pour assurer la viabilité du cheptel (Blaise 2009 et 2010).

Pour le bœuf, les effectifs réduits nous incitent à être prudents (tabl. 21 ; fig. 28, no 2). Quelques tendances de gestion apparaissent néanmoins. Le lait semble particulièrement recherché, comme l’illustre l’abattage des jeunes aux alentours de 6 mois et celui des femelles de réforme âgées de 6,5-9 ans (30 % environ). L’abat-tage d’individus âgés, parfois jusqu’à plus de 11,5 ans, témoigne de l’utilisation probable de la force de travail de cet animal – traction, portage – attestée sur d’autres sites de la fin du Néolithique en Provence notamment au Collet Redon à La Couronne dans les Bouches-du-Rhône, à la Fare à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence et à Claparouse à Lagnes dans le Vaucluse (Blaise 2003, 2005, 2009 ; Blaise et al., sous presse ; Helmer et al., 2007). L’abattage d’individus entre 2 et 4 ans (15 % environ), au maximum de leur rendement boucher, marque une recherche de viande.

Économie alimentaire du Limon-Raspail dans son contexte chronoculturel régional

La faune du site du Limon-Raspail constitue une série archéozoologique assez abondante, relativement bien conservée mais fragmentée. Cet échantillon fau-nique témoigne de nombreuses activités anthropiques à partir des animaux domestiques : des produits exploi-tés durant le vivant de l’animal élevé (lait, travail) à l’abattage et à la consommation jusqu’à l’utilisation de l’os comme matière première pour l’outillage.

L’assemblage faunique est nettement dominé par les taxons domestiques, les troupeaux se composant ma-joritairement de moutons et de chèvres, puis de bœufs. Cela indique une économie alimentaire similaire à l’ensemble de celles observées sur les autres localités de la fin du Néolithique dans le Sud-Est de la France

(ibid.), notamment sur les sites de plein air de la Citadelle à Vauvenargues, du Collet Redon et de Pon-teau-Gare à Martigues dans les Bouches-du-Rhône, de la Fare dans les Alpes-de-Haute-Provence, du Plan Saint-Jean à Brignoles dans le Var et, pour le Vaucluse, sur les sites de plein air de Capty à Venasque, de la Plaine des Blancs et du Mourre du Tendre à Courthé-zon, de la Brémonde à Buoux et de Claparouse à La-gnes (Helmer, 1979, 1986, 1992 ; Blaise, 2003, 2005, 2007a et 2007b, 2009). Quelques différences apparais-sent avec les sites de la Fare, du Plan Saint-Jean et de la Citadelle, où les suinés comptent entre 8 et 18 % NR (fig. 30), alors qu’ils sont très peu représentés au Limon-Raspail (moins de 1 % NR). La localisation du site au pied du Mont Ventoux au nord du Vaucluse nous a incité à élargir nos comparaisons vers la moyenne vallée du Rhône, notamment la Drôme. Pour la plupart des sites de la fin du Néolithique de ce département, les séries osseuses sont de taille réduite et les études de faune sont peu publiées (Brochier et al., 1999, p. 99-100). La faune des sites du Jas des chèvres à Allan et des Baume Claire/Baume Sourde a été étudiée par D. Helmer ; les données ont été récemment intégrées à un travail collectif en archéozoologie actuellement sous presse (Blaise et al., sous presse). Pour la grotte de la Chauve-Souris à Donzère, qui a fait l’objet d’une publi-cation récente (Vital, 2006), l’étude a été entreprise (H. Sidi Maamar), mais la publication ne fournit qu’une analyse partielle. Seuls la grotte de La Tune de La Varaime dans le Haut-Diois (Sidi Maamar, 1999) et le site de plein air du Pâtis 2 à Montboucher-sur-Jabron (Blaise, 2002) ont fait l’objet d’une étude archéo-zoologique. Pour le site de La Varaime, qui présente plusieurs phases d’occupation s’étendant du Chasséen final au Bronze final, les sondages ont livré peu de vestiges osseux attribués au Néolithique final, seule-ment 59 restes déterminés, ce qui limite nettement la validité de l’échantillon. Les données sont mentionnées dans la figure 30 mais n’intègrent pas notre analyse. Quelques tendances peuvent être proposées à partir de

Fig. 29 – Courbe de survie des caprinés domestiques du Limon-Raspail comparée à celle des modèles théoriques des groupes consommateurs et pro-ducteurs et de la sécurité du troupeau (DAO É. Blaise).Fig. 29 – Survival curve of the domestic small ruminants of Limon-Raspail compared to the theoretical models of consumer and producer groups and of herd security (CAD É. Blaise).

Page 58: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

320 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

la fréquence des taxons en nombre de restes déterminés. La comparaison des spectres fauniques disponibles montre que, pour la grande majorité des sites drômois, une part plus importante est accordée aux suinés, entre 13 et 28 %, que pour l’occupation du Limon-Raspail où ils représentent moins de 1 % NR. Si les caprinés

domestiques apparaissent toujours dans de fortes pro-portions et dominent dans la plupart des cas, les tendances s’inversent avec le bœuf (49,2 % NR) sur le site du Pâtis 2 et s’équilibrent entre les 2 taxons sur le site du Jas des Chèvres (33,8 % NR pour le bœuf ; 31,7 pour les caprinés).

Fig. 30 – Comparaison des spectres fauniques du Néo-lithique final en Provence et en moyenne vallée du Rhône (DAO É. Blaise).Fig. 30 – Comparison of the composition of faunal assem-blages from the final Neolithic in Provence and in the central Rhone valley (CAD É. Blaise).

Page 59: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 321

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

En ce qui concerne la chasse – au gros gibier ou au petit gibier –, elle est généralement faible à cette pé-riode (inférieure à 15 %), et se réduit au lapin sur le site du Limon-Raspail, qui apparaît dans de faibles propor-tions (2,3 % NR) et contribue peu à l’alimentation en termes de biomasse (un lapin fournit moins d’un kilo de viande). On remarquera, d’une part, l’absence du cerf et du chevreuil, identifiés, en faible proportion, sur d’autres sites provençaux comme à la Citadelle, à la Fare, au Plan Saint-Jean (Blaise, 2005, 2007b, 2009 ; Blaise et al., sous presse), à Capty et à Claparouse (Helmer, 1979 et 2005) et, d’autre part, celle des taxons liés à la présence d’espaces forestiers. Sur les quatre sites de la Drôme, l’activité cynégétique est presque inexistante, les espèces sauvages sont absentes sur le site de la Chauve-Souris à Donzère, quelques restes de cervidés ont été identifiés pour le Pâtis 2 à Montboucher-sur-Jabron, au Jas des Chèvres à Allan et à Baume Sourde (Blaise, 2002 ; Blaise et al., sous presse). Enfin, du lièvre est attesté à Baume Sourde.

À la vue de ces éléments, des tendances régionales semblent apparaître dans les choix d’alimentation carnée, mais il est difficile d’aller loin dans l’interprétation, ces différences pouvant être également liées à des décalages chronologiques et aux sites eux-mêmes : zone fouillée, conservation des ossements, taille de l’échantillon, na-ture du site grotte/plein air…. Des travaux récents sur l’élevage au IVe millénaire dans le midi de la France (ibid.) mettent d’ailleurs en évidence qu’à cette période, les spectres fauniques constituent un critère moins per-tinent que pour les périodes néolithiques précédentes pour distinguer les groupes culturels et qu’ils sont da-vantage liés au site lui-même, comme en témoigne l’opposition grotte/plein air, identifiée statistiquement (Tresset et Vigne, 2001 ; Vigne, 2007 ; Blaise et al., sous presse). Sans établir de synchronie entre les gisements de la fin du Néolithique de ces régions, l’occupation des sites de grotte au Néolithique final dans la Drôme, dont certaines ont été utilisées comme grotte-bergerie, La Varaime et Baume Sourde notamment, mais aussi An-tonnaire et Courtinasse, dans la région considérée d’après les accumulations de fumiers retrouvés (Brochier et Beeching, 1994 et 2006 ; Brochier et al., 1999), pourrait suggérer dans l’organisation du territoire une certaine complémentarité avec les sites de plein air provençaux dont le Limon-Raspail – région pour laquelle on assiste à une désaffection partielle des grottes – et des sites drômois comme le Pâtis 2, impliquant des déplacements saisonniers de tout ou une partie du groupe humain. L’existence de gisement de plein air occupé de manière saisonnière utilisé pour l’estive en Provence, notamment le site de la Citadelle dans les Bouches-du-Rhône (Blaise, 2005 ; Helmer et al., 2005) indique une gestion complexe du territoire, avec plusieurs zones de parcours possibles à plus ou moins longues distances et confirme les nombreux axes de circulations néolithiques dans le bassin moyen du Rhône, les Alpes et les Préalpes jusqu’en basse Provence, déjà perceptibles à travers les échanges de matières premières, de produits finis et les influences stylistiques (Brochier et Beeching, 2006). Mais en l’état actuel des recherches, le manque de don-nées sur la saisonnalité des occupations sur la plupart de

ces sites et l’absence de profils d’abattage (souvent en raison d’effectifs trop faibles) limitent les comparaisons et les hypothèses sur les pratiques pastorales.

Ainsi le(s) groupe(s) humain(s) du site du Limon-Raspail se procurent l’essentiel de leur apport carné à partir de leurs troupeaux, qui leurs fournissent également du lait. L’analyse des profils de mortalité – qui révèle une gestion mixte des troupeaux des caprinés et des bovins et des choix d’abattage orientés vers les jeunes bêtes – et celle de la courbe de survie permettent de mettre en évidence une consommation domestique d’une communauté d’éleveurs. L’équilibre entre besoins ali-mentaires et renouvellement du troupeau n’est cependant pas tout à fait garanti, impliquant la pratique de l’allo-tement (gestion des troupeaux en plusieurs lots complé-mentaires ; Helmer et al., 2005) et une complémentarité avec une autre zone du site, et potentiellement d’autres groupes. En ce sens, la gestion des troupeaux et l’orga-nisation du groupe humain diffèrent de celles reconnues sur les sites de la Fare (Alpes-de-Haute-Provence) pour la première phase d’occupation calée entre 3200 et 2800 av. J.-C. (Blaise, 2005 et 2009 ; Lemercier et al., 2004a) et du Plan Saint-Jean (Var), daté de l’extrême fin du Néolithique final (Blaise, 2007b, 2009 ; Cauliez, 2007a et 2009), pour lesquels l’exploitation de la viande pré-domine sur la gestion démographique du cheptel (les abattages, ciblés principalement sur les moutons et les chèvres adultes de 1-2 ans, correspondent à une forte recherche de viande hors logique de régulation mettant en péril la viabilité du cheptel), pratique caractéristique d’un groupe de consommateurs uniquement (Stein, 1987 ; Blaise, 2009 et 2010).

CONCLUSIONS

Le Limon-Raspail est un site du Néolithique final, de plein-air et légèrement perché, dont une zone d’acti-vités dévolue à l’habitat a été fouillée à l’occasion d’une campagne préventive en 2005. Il est daté entre 2880 et 2580 av. J.-C. Plusieurs occupations sont pos-sibles, compte tenu du remplissage des fosses (Brochier et Ferber, 2009), des recoupements entre structures et de leur utilisation à des fins multiples : vases-silos, structures foyères, dépôt du matériel de mouture, dé-potoirs. Ces occupations sont longues d’après la sai-sonnalité des abattages, mais peuvent s’être toutefois inscrites dans un laps de temps relativement court au vu de la cohérence des datations 14C, des assemblages tant lithique que céramique, des degrés d’utilisation des outils de broyage et de la présence de rejets de certaines parties squelettiques en connexion anato-mique. Les modalités d’exploitation des troupeaux de caprinés domestiques et de bovins reflètent l’image d’une communauté d’éleveurs (consommation domes-tique de viande et de lait), dont le type d’économie de subsistance est caractéristique de cette période. De même, les différentes particularités typologiques et techniques de l’industrie lithique taillée, de la parure, du matériel de mouture et de l’industrie osseuse s’in-sèrent bien dans le contexte régional et chronologique de la fin du Néolithique du Sud-Est de la France.

Page 60: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

322 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Ceci étant, au Limon-Raspail, la production d’outils lithiques est orientée d’abord vers l’obtention de pièces bifaciales (obtenues à partir de modules de matière première locale de dimensions importantes) et de sup-ports pour outils à tranchant (importation de supports/modules de matière première locale de petite taille). Tout autre outil est confectionné dans un deuxième temps essentiellement après la sélection de déchets aux dimensions adaptées. L’analyse tracéologique réalisée sur cette industrie a mis en évidence la différence de gestion entre les lames et les éclats, tant sur le plan des activités effectuées (exploitation des matières animales et végétales), qu’au niveau de l’intensité et du temps d’utilisation de ces outils. Pour les supports de qualité que sont les lames, une stratégie de réutilisation et de recyclage assez développée est perceptible sur le gise-ment. Sur les territoires d’exploitation, les matières premières pour l’équipement lithique, les terres pour les aménagements architecturaux, les argiles utilisées pour la confection de la céramique ou le mobilier de mouture sont essentiellement locales, tandis que les blocs employés pour les parures ou l’industrie lithique polie, les produits laminaires en silex oligocène d’Apt-Forcalquier et la lame du Grand-Pressigny témoignent d’un approvisionnement à moyenne et grande dis-tances. Enfin, concernant l’économie de subsistance, le(s) groupe(s) humain(s) du Limon-Raspail élève(nt) ses/leurs animaux (naissances « sur place » ; bêtes de tous âges abattues) et gère(nt) la démographie des troupeaux tout en exploitant certains produits, mais le système d’élevage pourrait cependant ne pas être tout à fait autosuffisant : un apport de bêtes apparaîtrait en effet nécessaire afin de garantir la pérennité du cheptel, impliquant la partition du troupeau en plusieurs lots et une relation avec une autre zone du site, voire d’autres groupes (échanges). Précisons sur cet aspect que, bien que non exploités ici, les restes carpologiques et anthra-cologiques, nombreux sur le site, devraient être analy-sés prochainement pour détailler plus encore le fonc-tionnement économique des habitants et l’environnement naturel dans lequel ils ont évolué. Le contexte géo-morphologique du Limon-Raspail (relief de piémont) est à ce sujet particulièrement propice à des études sur les relations entre sociétés humaines et milieu naturel (Brochier, 2002 ; Ollivier, 2006).

Au-delà de ces aspects, plusieurs originalités carac-térisent aussi le gisement et permettent de délimiter les premiers contours d’un nouveau faciès régional de la rive gauche du Rhône. Sur le plan typologique, la cé-ramique dessine en effet une entité culturelle à part dont le Limon-Raspail serait pour l’heure le seul ré-férent avec le site de la Degane à Villes-sur-Auzon. La céramique correspond à un répertoire morphologique relativement monotone très distinct des assemblages matérialisant d’ordinaire les groupes provençaux. Elle renvoie davantage aux ensembles culturels voisins de la Drôme et de l’Ardèche, voire de l’axe Saône-Rhône, sans en présenter cependant toutes les caractéristiques. Dans le domaine de la technologie céramique, l’hypo-thèse d’une manifestation culturelle bien individuali-sable serait étayée par la reconnaissance dans la pré-paration des pâtes céramiques d’une pratique distinctive

consistant en l’ajout de particules carbonatées dans l’argile, manière de faire pour l’heure centrée exclusi-vement sur l’est et le nord du département du Vau-cluse.

L’outillage lithique poli et osseux présente égale-ment des caractères atypiques car influencés par le Néolithique moyen, une persistance remarquable dans le contexte général du Néolithique final méridional. En effet, sur le site, les réseaux d’approvisionnement des lames de hache et quelques éléments typologiques de l’industrie sur matière dure animale renvoient à des schémas connus pour la période précédente dans la région. Fait remarquable, ces éléments de continuité sont également identifiés à travers le mobilier céra-mique dans des sites systématiquement localisés dans ce même secteur de la Drôme et du nord du Vaucluse, comme aux Juilléras et au Duc à Mondragon dans le Vaucluse (Lemercier, sous presse ; Margarit, sous presse). En même temps, dans cette même zone, d’autres groupes livreraient les caractéristiques typiques de ce qui sera la norme au Néolithique final : par exem-ple, les Ribauds à Mondragon dans le Vaucluse (Mar-garit, sous presse). Tous ces ensembles sont affiliés à un temps transitoire, le Néolithique récent, et présents entre 3800 et 3400 av. J.-C., mais en fonction de la datation du Limon-Raspail cette situation pourrait perdurer plus récemment dans la chronologie.

Les réseaux d’approvisionnement (depuis le massif du Mont Viso) que matérialisent les lames de hache polie sont similaires, bien que le tracé diffère, à ceux reconnus sur des sites jurassiens ; ceci indique que le Limon-Raspail s’inscrit également dans des flux de circulations distincts de ceux identifiés plus au sud où les roches duranciennes sont généralement utilisées pour la fabrication des lames de hache. Il apparaît donc encore que le Limon-Raspail ne répond pas aux mêmes logiques que les sites bas-vauclusiens, du Var ou des Bouches-du-Rhône installés en deçà de la Durance, en s’inscrivant au contraire dans une ambiance culturelle originale combinant des apports d’origines méridionale et septentrionale, ce que révèlent aussi les caractéris-tiques typologiques de la céramique.

En définitive, et si nous synthétisons l’ensemble de ces observations, on retiendra donc du Limon-Raspail quatre informations principales et complémentaires. Tout d’abord, la grille de lecture est complexe : des phénomènes culturels spécifiques semblent s’opérer dans la moyenne vallée du Rhône et plus précisément au niveau de la Drôme et du nord du Vaucluse. De plus, cette zone paraît constituer une limite est-ouest à cer-taines influences en deçà de laquelle les flux septen-trionaux et piémontais ne pénètrent pas en basse Pro-vence et en Provence orientale. Pour abonder dans ce sens, il nous semble pertinent de corréler cette limite à la répartition maximale des poignards pressigniens venus du Centre-Ouest de la France, dont la distribu-tion, abondante dans la vallée de la Saône ou en Suisse occidentale (Mallet et al., 2000 ; Vaquer, 2007), décline précisément aussi en moyenne vallée du Rhône. Les plus importantes densités dénombrées à ce jour corres-pondent au Quercy, aux Grands Causses, au nord du Gard et à l’Ardèche (Rémicourt, Vaquer, sous presse).

Page 61: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 323

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Le pourtour méditerranéen s’avère être exclu de la zone de diffusion et, sauf cas exceptionnel à Saint-Chamas dans les Bouches-du-Rhône, ils ne sont pas attestés en deçà de la Drôme et du nord Vaucluse, au Ribaud (Mondragon) ou au Pâtis 2 par exemple, à Montboucher-sur-Jabron (Margarit et Saintot, 2002). Troisièmement, la moyenne vallée du Rhône apparaît comme un espace à forte fragmentation culturelle où se cristallisent des processus d’interactions complexes entre les divers groupes du midi de la France et ceux de régions plus orientales et septentrionales, à la fois sur le plan géo-graphique, mais aussi sur le plan chronologique (rap-port au Néolithique récent). Devant ce constat, l’ex-pression de « multipolaire » (D’Anna, 1995b, p. 273) se révèle appropriée pour caractériser le faciès régional dont pourrait être représentatif le site du Limon-Raspail, en soulignant toutefois que d’autres gisements devront venir conforter sa reconnaissance. Enfin, on peut apprécier de façon plus juste dans le Sud-Est de la France la nature et l’intensité des flux s’opérant entre le Midi méditerranéen, les cultures septentrionales ou celles du nord de l’Italie durant le Néolithique final.

NOTES

(1) Nous tenons à exprimer ici nos plus vifs remerciements à Claude Ughetto, propriétaire du terrain et amateur d’archéologie, ainsi qu’à sa famille, qui ont autorisé la réalisation d’une fouille sur leur parcelle et qui ont largement participé au très bon déroulement de cette cam-pagne.(2) Les produits laminaires et lamellaires n’ont pas été pris en compte en raison de leur très faible proportion au sein de la série (tabl. 4).(3) Sont considérés comme minces les éclats dont l’épaisseur maximale, en dehors du bulbe, est inférieure ou égale à 8 mm (Binder, 1987).(4) Nous considérons comme très régulière une pièce dont les tranchants, la face supérieure et inférieure ne présentent aucune irrégularité remar-quable. La constance de l’épaisseur et de la section tout au long du déroulé de la pièce est également prise en compte.(5) Le référentiel JADE est déposé au Musée d’archéologie de Lons-le-Saunier dans le Jura. Nous tenons ici à exprimer nos plus vifs remercie-ments à Éric Thirault qui a réalisé, à la suite de la fouille, un diagnostique préliminaire de cet assemblage.(6) Un indicateur de détermination du NMI par rapport au nombre total d’éléments diagnostiques est calculé en pourcentages (iNMI = NMI/total des éléments diagnostiques *100), afin de rendre compte de la fragmen-tation et de la nature des pièces préférentiellement conservées.(7) Daniel Croze, que nous remercions chaleureusement pour sa dispo-nibilité et ses remarques judicieuses sur les matériaux recueillis au moment des prospections. Daniel Croze, aussi féru d’archéologie, a su alerter à temps, en concertation avec M. Ughetto, les autorités scienti-fiques pour la préservation de l’établissement et il a offert une aide logistique fondamentale à la fouille.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BALASSE M., BOCHERENS H., TRESSET A., MARIOTTI A., VIGNE J.-D. (1997) – Émergence de la production laitière au Néo-lithique ? Contribution de l’analyse isotopique d’ossements de bovins archéologiques, Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 325, p. 1005-1010.

BALASSE M., TRESSET A., BOCHERENS H., MARIOTTI A., VIGNE J.-D. (2000) – Un abattage « post-lactation » sur des bovins domestiques néolithiques. Étude isotopique des restes osseux du site de Bercy (Paris, France), Ibex, Journal of Mountain Ecology/Anthropo-zoologica, 5, 31, p. 39-48.

BARGE H. (1978) – Atlas préhistorique du midi méditerranéen : feuille de Toulon au 1/100 000e, Paris, éd. du CNRS, 198 p.

BARGE H. (1982) – Les parures du Néolithique ancien au début de l’âge des métaux en Languedoc, Paris, éd. du CNRS, 398 p.

BARGE H. (2009) – La structuration de l’habitat dans le massif des Alpilles au IIIe millénaire av. J.-C, in A. Beeching, I. Sénépart dir., De la maison au village, l’habitat néolithique dans le Sud de la France et le Nord-Ouest méditerranéen, Actes de la table ronde, Marseille, 23 et 24 mai 2003, Paris, SPF (Mémoires de la SPF, 48), p. 267-275.

BARGE-MAHIEU H. (2000) – Le site des Barres à Eyguières. Un exemple d’habitat chalcolithique entre les Alpilles et la Crau, in P. Leveau, J.-P. Saquet dir., Milieux et sociétés dans la vallée des Baux, Études présentées au colloque, Mouriès, 11-12 mai 1996, Revue Archéologique de Narbonnaise, 36, p. 129-138.

BARGE-MAHIEU H., MAHIEU E. (1990) – L’Habitat des Barres, Eyguières, Bouches-du-Rhône, Rapport de sauvetage programmé 1990, Marseille, Études et Prospective Archéologique, 59 p.

BARONE R. (1996) – Anatomie comparée des mammifères domestiques, t. 1 : ostéologie, Lyon, École vétérinaire-Laboratoire Anatomie, 811 p.

BARONE R. (1997) – Anatomie comparée des mammifères domestiques, t. 3 : splanchnologie I : appareil digestif, appareil respiratoire, 3e édi-tion, Paris, éd. Vigot, 854 p.

BEECHING A. (2002) – La fin du Chasséen et le Néolithique final dans le bassin du Rhône-Moyen, in A. Ferrari, P. Visentini dir., Il declino del mondo neolitico. Ricerche in Italia centro-settentrionale fra aspetti

peninsulari, occidentali e nord-alpini, Atti del Convegno, Pordenone, 5-7 aprile 2001, Pordenone, Museo delle Scienze (Quaderni del Museo Archeologico del Friuli Occidentale, 4), p. 67-83.

BERENSMEYER A.-K. (1978) – Taphonomic and Ecologic Information from Bone Weathering, Paleobiology, 4, p. 150-162.

BINDER D. (1987) – Le Néolithique ancien provençal : typologie et technologie des outillages lithiques, Gallia Préhistoire, supplément, 24, 209 p.

BINDER D. (1998) – Recensement des disponibilités en matières pre-mières lithiques dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rapport de synthèse sur les prospections thématiques en Provence rhodanienne 1995-1997, Nice, service régional de l’Archéologie Provence-Alpes-Côte-d’Azur, 16 p.

BINFORD L. R. (1981) – Bones: Ancient Men and Ancien Myths, Orlando, Academic Press (Study in Archaeology), 320 p.

BLAISE E. (2002) – Exploitation des animaux domestiques au Néolithique final sur le site du Pâtis 2 (Montboucher-sur-Jabron, Drôme), Mémoire de maîtrise, Université de Provence, Aix-en-Provence, 132 p.

BLAISE E. (2003) – Économie alimentaire et gestion des animaux domestiques au Néolithique final couronnien sur les sites du Collet-Redon et de Ponteau-Gare (Martigues, Bouches-du-Rhône), Mémoire d’études approfondies, Université de Provence, Aix-en-Provence, 118 p.

BLAISE E. (2005) – L’élevage au Néolithique final dans le sud-est de la France : éléments de réflexion sur la gestion des troupeaux, Anthropozoologica, 40, 1, p. 191-216.

BLAISE E. (2006) – Référentiel actuel de brebis « Préalpes du sud » (Digne, Alpes-de-Haute-Provence, France) : pratiques d’élevage et âges dentaires, Anthropozoologica, 41, p. 191-214.

BLAISE E. (2007a) – La gestion des troupeaux à la fin du Néolithique en Provence : l’exemple du Couronnien, in P. Fouéré, C. Chevillot, P. Courtaud, O. Ferullo, C. Leroyer dir., Paysages et peuplements, Aspects culturels et chronologiques en France méridionale, Actualité de la recherche, Actes des VIes Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Périgueux, 14-16 oct. 2004, Périgueux, Coédition Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique en Périgord et Préhistoire du Sud-ouest, 11, p. 433-441.

Page 62: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

324 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

BLAISE E. (2007b) – Le Plan Saint-Jean (Brignoles, Var) : étude archéo-zoologique, Cahier de l’ASER, 15, p. 87-101.

BLAISE E. (2009) – Économie animale et gestion des troupeaux au Néolithique final en Provence : approche archéozoologique et contri-bution des analyses isotopiques de l’émail dentaire, Thèse de Docto-rat, Université de Provence, Aix-en-Provence, 902 p.

BLAISE E. (2010) – Économie animale et gestion des troupeaux au Néolithique final en Provence : approche archéozoologique et contribu-tion des analyses isotopiques de l’émail dentaire, Oxford, Archaeo-press (British Archaeological Reports, International Series, 2080), 399 p.

BLAISE E., BREHARD S., CARRERE I., FAVRIE T., GOURICHON L., HELMER D., RIVIERE J., TRESSET A. VIGNE J.-D. (sous presse) – L’élevage du Néolithique moyen au Néolithique final dans le Midi méditerranéen de la France : état des données archéozoologiques, in O. Lemercier, R. Furestier, E. Blaise dir., Quatrième millénaire. La transition du Néolithique moyen au Néolithique final dans le sud-est de la France et les régions voisines, Actes de la table ronde inter-nationale, Aix-en-Provence, mars 2005, Lattes, Publications de l’UMR 5140/ADAL (Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, Hors Série).

BLANC J.-J., MASSE J.-P., TRIAT J.-M., TRUC G., ANGLADA R., COLOMB E., CLAUZON G., DUROZOY G., DAMIANI L., GLINTZBOECKEL G., ROUIRE J. (1975) – Carte géologique de la France à 1/50 000e, Feuille de Carpentras.

BOESSNECK J., MULLER M., TEICHERT M (1964) – Osteologische Unterschneidungsmerkmake zwischen shaff (Ovis aries L.) und Ziege (Capra hircus L.), Kuhn Archiv, 78, p. 5-129.

BORDREUIL M. (1998) – A propos du faciès du Néolithique final en Languedoc oriental : l’hypothèse du groupe des Bruyères, in A. D’Anna, D. Binder dir., Production et identité culturelle, Actualité de la recherche, Actes de la 2e session des Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Arles (Bouches-du-Rhône), 8-9 nov. 1996, Antibes, éd. APDCA, p. 329-341.

BRETAGNE P., HELMER D., MEFFRE J. (1986) – Gigondas, les Vignes-Saint-André, fouille de sauvetage urgent, Rapport dactylo-graphié, 9 p.

BROCHIER J.-E. (2002) – Sédimentations néolithiques. Un lien avec l’état du couvert végétal ?, in E. Badal, J. Barnabeu, B. Marti dir., El paisaje en el Neolitico méditerranéo, Valencia, Papeles del Labora-torio de Arquéologia de Valencia (SAGVNTVM, 5), p. 115-127.

BROCHIER J.-L., BEECHING A. (1994) – Les grottes bergeries d’alti-tude : début de l’élevage et premières transhumances au Néolithique dans les Préalpes dioises, in J.-C. Duclos, A. Pitte dir., L’homme et le mouton dans l’espace de la transhumance, Grenoble, Musée Dauphi-nois et Glénat, p. 35-47.

BROCHIER J.-L., BEECHING A. (2006) – Grottes-bergeries, pastora-lisme et mobilité dans les Alpes au Néolithique, in C. Jourdain-Annequin, J.-C. Duclos dir., Aux origines de la transhumance. Les Alpes et la vie pastorale d’hier à aujourd’hui, Paris, éd. Picard, p. 131-157.

BROCHIER J.-L., FERBER F. (2009) – Méthode d’approche du fonc-tionnement des fosses du site chasséen des Moulins, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Drôme (d’après l’étude de leur remplissage sédimentaire), in A. Beeching, I. Sénépart dir., De la maison au village, l’habitat néolithique dans le Sud de la France et le Nord-Ouest méditerranéen, Actes de la table ronde, Marseille, 23 et 24 mai 2003, Paris, SPF (Mémoires de la SPF, 48), p. 143-151.

BROCHIER J.-L., BEECHING A., SIDI MAAMAR H., VITAL J. (1999) – Les grottes bergeries des Préalpes et le pastoralisme alpin durant la fin de la Préhistoire, in A. Beeching dir., Circulations et identités culturelles alpines à a fin de la Préhistoire. Matériaux pour étude, Valence, Centre d’Archéologie préhistorique, Agence Rhône-Alpes pour les Sciences Humaines (Travaux du CAP, 2), p. 77-114.

CAMPS-FABRER H. (1977) – L’industrie de l’os du gisement du Collet-Redon à La Couronne (Bouches-du-Rhône), Actes du XXe Congrès préhistorique de France, Provence, juillet 1974, Paris, SPF, p. 137-165.

CAMPS-FABRER H., RAMSEYER D., STORDEUR D., avec la collabo-ration de BUISSON D., PROVENZANO N. (1990) – Fiches typo-logiques de l’industrie osseuse préhistorique. Cahier 3 : Poinçons, pointes, poignards, aiguilles, Aix-en-Provence, éd. Université de Provence (Fiches typologiques de l’industrie osseuse préhisto-rique, 3).

CAROZZA L. (2005) – La fin du Néolithique et les débuts de la métal-lurgie en Languedoc central : Les habitats de la colline du Puech Haut à Paulhan, Hérault, Toulouse, éd. Centre d’Anthropologie EHESS/INRAP, 670 p.

CAULIEZ J. (2007a) – L’extrême fin du Néolithique en moyenne Pro-vence. La céramique du Plan-Saint-Jean (Brignoles, Var), Cahier de l’ASER, 15, p. 77-85.

CAULIEZ J. (2007b) – Les corpus céramiques du 3e millénaire av. J.-C. dans le sud-est de la France. Identité du groupe Rhône-Ouvèze, Bul-letin de la Société préhistorique française, 104, 1, p. 125-145.

CAULIEZ J. (2009) – Espaces culturels et espaces stylistiques au Néo-lithique final dans le sud-est de la France. Dynamiques de formation et d’évolution des productions céramiques, Thèse de Doctorat, Uni-versité de Provence, Aix-en-Provence, 4 vol., 1 CD rom, 1269 p.

CAULIEZ J. (2010) – Pour réécrire la fin du Néolithique dans le sud-est de la France : bilan critique sur cent années d’études, Gallia Préhis-toire, 52, p. 241-313.

CAULIEZ J. (sous presse a) – Reconstruction des espaces culturels au Néolithique final dans le sud-est de la France. Dynamiques de forma-tion et d’évolution des styles céramiques, Gallia Préhistoire, 2011.

CAULIEZ J. (sous presse b) – 2900-1900 av. J.-C. : une typologie et une méthodologie exhaustives pour un millénaire de produits céramiques dans le sud-est de la France, Préhistoires méditerranéennes, supplé-ment 1, 2011.

CAZALIS DE FONDOUCE P. (1877) – Les allées couvertes de la Provence, Matériaux, 8, p. 441-474.

CHOI S.-Y. (1999) – Outillages en matière dure animale du Néolithique ancien au Chalcolithique dans le Midi de la France, Thèse de Doc-torat, Université de Provence, Aix-en-Provence, 3 vol., 656 p.

COMPAGNONI R., ROLFO F., MANAVELLA F., SALUSSO F. (2007) – Jadeitite in the Monviso Meta-ophiolite, Piemonte Zone, Italian western Alps, Periodico di Mineralogia, 76, 2-3, p. 79-89.

CONVERTINI F. (1996) – Production et signification de la céramique campaniforme à la fin du 3e millénaire av. J.-C. dans le Sud et le Centre-Ouest de la France et en Suisse occidentale, Oxford, Archaeo-press (British Archaeological Reports, International Series, 656), 351 p.

CONVERTINI F. (1998) – Identification de marqueurs culturels dans la céramique du Néolithique du Sud-Est de la France. Apports pour une meilleure compréhension du phénomène campaniforme, in A. D’Anna, D. Binder dir., Production et identité culturelle, Actualité de la recherche, Actes de la 2e session des Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Arles (Bouches-du-Rhône), 8-9 nov. 1996, Antibes, éd. APDCA, p. 203-215.

CONVERTINI F. (2000) – Analyse en lames minces de trois productions céramiques de la fin du Néolithique de la Couronne-Collet-Redon (Martigues, Bouches-du-Rhône), in O. Lemercier dir., Le Couronnien en basse-Provence occidentale. État des connaissances et nouvelles perspectives de recherches, Rapport du Projet Collectif de Recherche, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aix-en-Provence, p. 20-30.

CONVERTINI F. (2001) – Analyse en lames minces de céramiques de la collection Cazenave de Ponteau-Gare (Martigues), in O. Lemercier dir., Le Couronnien en basse-Provence occidentale. État des connais-sances et nouvelles perspectives de recherches, Rapport du Projet Collectif de Recherche, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aix-en-Provence, p. 71-75.

COTTE V. (1924) – Documents sur la Préhistoire de Provence. Troisième partie : stations néolithiques et protohistoriques, Aix-en-Provence, éd. Dragon, 178 p.

Page 63: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 325

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

COURTIN J. (1974) – Le Néolithique de la Provence, Paris, Édition Klinksieck (Mémoire de la Société préhistorique française, 11), 360 p.

COURTOIS L. (1971) – Description physico-chimique de la céramique ancienne : la céramique de Chypre au Bronze récent, Thèse de doc-torat, Université de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, 182 p.

D’ANNA A. (1989) – L’habitat perché néolithique final de la Citadelle (Vauvenargues, Bouches du Rhône), in A. D’Anna, X. Gutherz dir., Enceintes, habitats ceinturés, sites perchés. Du Néolithique au Bronze ancien dans le Sud de la France et les régions voisines, Actes de la table ronde, Lattes et Aix en Provence, 15-18 avril 1987, Montpellier, éd. de la Société languedocienne de Préhistoire (Mémoires de la Société languedocienne de Préhistoire, 2), p. 209-224.

D’ANNA A. (1995a) – Le Néolithique final en Provence, in J.-L. Voruz dir., Chronologies néolithiques. De 6000 à 2000 avant notre ère dans le bassin rhodanien, Ambérieu-en-Bugey, Société préhistorique rho-danienne, Documents du Département d’Anthropologie et d’Ecologie de l’Université de Genève, 20, p. 265-286.

D’ANNA A. (1995b) – La fin du Néolithique dans le Sud-Est de la France. in R. Chenorkian dir., L’Homme méditerranéen, Mélanges offerts au Professeur Gabriel Camps, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, p. 299-333.

D’ANNA A., MÜLLER A., BRANDI R., BRETAGNE P., MAURIN M. (1986) – Le gisement de plein-air chalcolithique de la Plaine-des-Blancs à Courthézon, Vaucluse, Bulletin de la Société préhistorique française, 83, p. 470-483.

D’ANNA A., BRETAGNE P., BROCHIER J-E., COYE N., IBAROL-LA P., MAHIEUR E., MARCHESI H., MULLER A., PAULY C., PISKORZ M., PROVENZANO N. (1987) – Les Martins (Roussillon, Vaucluse), Gisement de plein air néolithique, Rapport de fouilles de sauvetage programmé, DRAC Provence Alpes-Côte-d’Azur, Aix-en-Provence, Laboratoire d’Anthropologie et de Préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale, 126 p.

D’ANNA A., COURTIN J., COUTEL R., MÜLLER A. (1989) – Habi-tats perchés et enceintes du Néolithique final et Chalcolithique dans le Luberon central (Vaucluse), in A. D’Anna, X. Gutherz dir., Enceintes, habitats ceinturés, sites perchés. Du Néolithique au Bronze ancien dans le Sud de la France et les régions voisines, Actes de la table ronde, Lattes et Aix en Provence, 15-18 avril 1987, Montpellier, éd. de la Société languedocienne de Préhistoire (Mémoires de la Société languedocienne de Préhistoire, 2), p. 165-193.

DE CHAZELLES C.-A. (2005) – Éléments architecturaux et mobilier domestique en terre crue, in L. Carozza dir., La fin du Néolithique et les débuts de la métallurgie en Languedoc central : Les habitats de la colline du Puech Haut à Paulhan, Hérault, Toulouse, éd. Centre d’Anthropologie EHESS / INRAP, p. 237-265.

DE CHAZELLES C.-A. (2007) – Les fragments de torchis cuits, in J. Guilaine, C. Manen, J.-D. Vigne dir., Pont de Roque-Haute : nou-veaux regards sur la néolithisation de la France méditerranéenne, Toulouse, éd. Archives d’Écologie préhistorique, p. 167-172.

DEFLEUR A. (1983) – Atlas préhistorique du midi méditerranéen, feuille de Carpentras, Paris, éd. du CNRS, 220 p.

DE MARINIS R.-C., LUNZ R., DAL RI L., POGGIANI KE., ZAMA-GNI B. (1996) – La pietra levigata nell’età del Rame dell’Italia set-tentrionale, Le vie della pietra verde. L’industria litica levigata nella preistoria dell’Italia settentrionale, Turin, Museo di Antiquità, Omega Edizioni, p. 174-184.

DEPAMBOUR C., GUENDON J.-L. (2003) – Éléments de réflexion sur la morphogenèse des plateaux de Vaucluse (France) : les apports du karst superficiel, Karstologia, 42, p. 1-14.

DUCOS P. (1968) – L’origine des animaux domestiques de Palestine, Bordeaux, Université de Bordeaux (Mémoire de Institut de Préhistoire de l’Université de Bordeaux, 6), 16, 194 p.

DURRENMATH G., CAULIEZ J. (2003) – Le site du Collet-Redon à La Couronne (Martigues, Bouches-du-Rhône), Document final de synthèse de fouille programmée, programme trisannuel, Aix-en-Provence, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, Atelier du Patrimoine de la ville de Martigues, 312 p.

ÉCHALLIER J.-C. (1984) – Éléments de technologie céramique et d’analyse des terres cuites archéologiques, Lambesc, Association pour la Diffusion de l’Archéologie Méridionale (Document d’Archéologie Méridionale, numéro spécial Méthodes et techniques, 3), 39 p.

FERNANDEZ H. (2001) – Ostéologie comparée des petits ruminants eurasiatiques sauvages et domestiques (genre Rupicapra, Ovis, Capra et Capraelus) : diagnose différentiel du squelette appendiculaire, Thèse de Doctorat, Université de Genève, Genève, 465 p.

GASSIN B. (1996) – Évolution socio-économique dans le chasséen de la grotte de l’église supérieur (Var). Apport de l’analyse fonctionnelle des industries lithiques, Paris, éd. du CNRS (Monographie du CRA, 17), 326 p.

GASSIN B., BINDER D. (2004) – Statut et fonction des productions d’éclats au Néolithique : exemple provençaux, Approches fonc-tionnelles en Préhistoire, Actes du XXVe Congrès préhistorique de France, Nanterre, sept. 2000, Paris, SPF, p. 167-179.

GASSIN B., LEA V., LINTON J., ASTRUC L. (2006) – Production, gestion et utilisation des outillages lithiques du Chasséen méridional, in L. Astruc, F. Bon, V. Léa, P.-Y. Milcent, S. Philibert dir., Normes techniques et pratiques sociales. De la simplicité des outillages pré- et protohistoriques, Actes des XXVIes Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes, Antibes, éd. APDCA, p. 223-233.

GEORJON C., avec la collaboration de FOREST V., RAUX A. (1999) – Le site de la Roquette à Tresques (Gard) et le Néolithique final du bassin bas rhodanien, Gallia Préhistoire, 41, p. 253-297.

GILABERT C. (2006) – Les structures en creux du site Néolithique final des Martins (Roussillon, Vaucluse, France) : vers une approche spa-tiale et fonctionnelle de l’habitat, Des trous : structures en creux pré- et protohistoriques, Colloque international : archéologie et amé-nagement, Dijon et Baume-les-Messieurs, mars 2006, Lyon/Saint-Apollinaire, ALPARA/APAB, p. 101-102.

GILABERT C. (2007) – Villes-sur-Auzon, La Degane (Vaucluse), Bilan scientifique régional. Région Provence-Alpes-Côte d’Azur 2006, Aix-en-Provence, DRAC Ministère de la Culture, p. 235.

GILABERT, C. (2009) – Les structures en creux dans le Néolithique final provençal : synthèse et approche méthodologique, in A. Bee-ching, I. Sénépart dir., De la maison au village, l’habitat néolithique dans le Sud de la France et le Nord-Ouest méditerranéen, Actes de la table ronde, Marseille, 23 et 24 mai 2003, Paris, SPF (Mémoires de la SPF, 48), p. 285-300.

GILABERT C., JALLOT L. (2006) – Analyses typologiques des struc-tures domestiques en creux dans le sud-est de la France : exemple des habitats de la fin du Néolithique, Des trous : structures en creux pré- et protohistoriques, Colloque international : archéologie et aménage-ment, Dijon et Baume-les-Messieurs, mars 2006, Lyon/Saint-Apollinaire, ALPARA/APAB, p. 46-47.

GILIGNY F., MARECHAL D., PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., SAINTOT S. (1995) – La séquence néolithique final des lacs de Clairvaux et de Chalain (Jura). Essai sur l’évolution culturelle, in J.-L. Voruz dir., Chronologies néolithiques. De 6000 à 2000 avant notre ère dans le bassin rhodanien, Ambérieu-en-Bugey, Société préhistorique rhodanienne, Documents du Département d’Anthro-pologie et d’Écologie de l’Université de Genève, 20, p. 313-346.

GIORGETTI G. (1972) – Atlas préhistorique du midi méditerranéen, feuille de Marseille, Mémoire de maîtrise, Université de Provence, Aix-en-Provence, 229 p.

GOSSELAIN O.-P. (2002) – Poteries du Cameroun méridional. Styles techniques et rapports à l’identité, Paris, éd. du CNRS (Monographie du CRA, 26), 254 p.

GOUVERNET C., GUIEU G., ROUSSET C. (1971) – Guides géo-logiques régionaux. Provence, Paris, éd. Masson, 229 p.

GRANT A. (1982) – The Use of Tooth Wear a Guide to the Age of Domestic Ungulates, in R. Wilson, C. Grigson, S. Payne dir., Ageing and Sexing Animal Bones from Archaeological Sites, Oxford, Archaeo-press (British Archaeological Reports, International Series, 109), p. 91-108.

Page 64: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

326 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

GRIGSON C. (1982) – Sex and Age Determination of some Bones and Teeth of Domestic Cattle: a Review of the Literature, in R. Wilson, C. Grigson, S. Payne dir., Ageing and Sexing Animal Bones from Archaeological Sites, Oxford, Archaeopress (British Archaeological Reports, International Series, 109), p. 7-24.

GUIDICELLI M. (1971) – La Drôme et le Vaucluse à l’âge du bronze, Paris, UER d’Art et d’Archéologie, Ronéo (Mémoire d’Archéologie, 51), p. 56.

GUILAINE J., BLANCHET J.-C., L’HELGOUACH J., PÉTREQUIN P., ROUSSOT-LARROQUE J. (1988) – Le Chalcolithique en France, L’Età del Rame in Europa, Congresso internazionale. Viareggio, 15-18 oct. 1987, Florence, All’Insegna del Giglio (Rassegna di archeo-logia, 7), p. 211-263

GUILBERT R. (2000) – Gestion des industries lithiques mésolithiques et néolithiques du Sud-Est de la France, Thèse de doctorat, Université de Paris I, Paris, 369 p.

GUTHERZ X. (1990) – Ferrières et Fontbouisse : histoire et devenir de deux concepts, in J. Guilaine, X. Gutherz dir., Autour de Jean Arnal, Recherches sur les Premières Communautés Paysannes en Méditer-ranée occidentale, Montpellier, Laboratoire de Paléobotanique – Uni-versité des Sciences et techniques du Languedoc, p. 233-249.

HALSTEAD P. (1992) – From Reciprocity to Redistribution: Modeling the Exchange of Livestock in Neolithic Greece, Anthropozoologica, 16, p. 19-30.

HALSTEAD P. (1998) – Mortality Models and Milking: Problems of Uniformitarism, Optimality and Equifinality Reconsidered, Anthropo-zoologica, 27, p. 3-20.

HALSTEAD P., COLLINS P. ISAAKIDOU V. (2002) – Sorting the Sheep from the Goats: Morphological Distinction between the Man-dibles and Mandibular Teeth of Adult Ovis and Capra, Journal of Archaeological Science, 29, p. 545-553.

HELMER D. (1985) – Hypothèses sur l’emploi de la corne en Préhis-toire, in H. Camps-Fabrer dir., L’industrie en os et bois de cervidé durant le Néolithique et l’âge des métaux. Troisième réunion du groupe de travail no 3 sur l’industrie de l’os préhistorique, Paris, éd. du CNRS, p. 219-227.

HELMER D. (1979) – Recherches sur l’économie alimentaire et l’ori-gine des animaux domestiques d’après l’étude des mammifères post-paléolithiques (du Mésolithique à l’âge du Bronze) en Provence, Thèse de doctorat, Université de Montpellier, Montpellier, 232 p.

HELMER D. (1986) – Le gisement de plein air chalcolithique de la Plaine-des-Blancs à Courthézon, Vaucluse, Étude de la Faune, Bulle-tin de la Société préhistorique française, 83, 11-12, p. 484-485.

HELMER D. (1987) – Les suidés du Cardial : sangliers ou cochons ? in J. Guilaine dir., Premières communautés paysannes en méditerranée occidentale, Paris, éd. du CNRS, p. 215-220.

HELMER D. (1992) – La domestication des animaux par les hommes préhistoriques, Paris, éd. Masson, 184 p.

HELMER D. (1995) – Biometria i arqueozoologia a partir d’alguns exemples del Proxim Orient, Cota Zero, 11, p. 51-60.

HELMER D. (2000a) – Discrimination des genres Ovis et Capra à l’aide des prémolaires inférieures 3 et 4 et interprétation des âges d’abat-tages: l’exemple de Dikili Tash (Grèce), Anthropozoologica, 31, p. 29-38.

HELMER D. (2000b) – Étude de la faune mammalienne d’El Kowm 2 (Syrie), in D. Stordeur dir., Une île dans le désert : El Kowm 2 (Néo-lithique précéramique, 8000-7500 BP, Syrie), Paris, éd. du CNRS, p. 233-264.

HELMER D., ROCHETEAU M., (1994) – Atlas du squelette appendi-culaire des principaux genres holocènes des petits ruminants du nord de la Méditerranée et du Proche-Orient (Capra, Ovis, Rupicapra, Capraelus, gazella), Juan-les-Pins, éd. APDCA (Fiches d’ostéologie animale pour l’archéologie, Série B : Mammifères, 4), 21 p.

HELMER D., VIGNE J.-D. (2004) – La gestion des cheptels de caprinés au Néolithique dans le midi de la France, Approches fonctionnelles

en Préhistoire, Actes du XXVe Congrès préhistorique de France, Nanterre, sept. 2000, Paris, SPF, p. 397-407.

HELMER D., VIGNE J.-D. (2007) – Was Milk a “Secondary Product” in the Old World Neolithisation Process? Its Role in the Domestication of Cattle, Sheep and Goats, Anthropozoologica, 42, 2, p. 9-40.

HELMER D., VILLA P., COURTIN J. (1987) – Quelques exemples de découpe dans le Néolithique du sud-est de La France, Anthropo-zoologica, premier numéro spécial, p. 107-113.

HELMER D., GOURICHON L., SIDI MAAMAR H., VIGNE J.-D. (2005) – L’élevage des caprinés néolithiques dans le sud-est de la France : saisonnalité des abattages, relations entre grottes-bergeries et sites de plein air, Anthropozoologica, 40, 1, p. 167-189.

HELMER D., GOURICHON L., VILA E. (2007) – The Development of the Exploitation of Products from Capra and Ovis (Meat, Milk and Flece) from the PPNB to the Early Bronze in the northerm Near East (8700 to 2000 BC cal.), Anthropozoologica, 42, 2, p. 41-69.

JALLOT L. (2003) – Les Vautes dans le contexte régional du Néolithique final/Chalcolithique : Le groupe de Ferrières dans l’Hérault et la question du « style des Vautes », in J. Guilaine, G. Escallon dir., Les Vautes (Saint-Gély-du-Fesc, Hérault) et le Néolithique final du Lan-guedoc oriental, Toulouse, Centre d’Anthropologie EHESS/INRAP (Recherches en archéologie préventive, 2), p. 235-274.

JALLOT L., SENEPART I. (2008) – Haches-marteaux et statues-menhirs dans le sud de la France. De l’objet à la représentation, in J.-E. Bro-chier, A. Guilcher, M. Pagni dir., Archéologie de Provence et d’ailleurs, Mélanges offerts à Gaëtan Congès et Gérard Sauzade, Bulletin Archéologique de Provence, 5, p. 215-255.

JEUDY F., MAITRE A., PRAUD I., PÉTREQUIN A.-M., PÉTRE-QUIN P. (1997) – Les lames de pierre polie de Chalain 3, in P. Pétre-quin dir., Les sites littoraux néolithiques de Clairvaux-les-Lacs et de Chalain (Jura), III, Chalain station 3. 3200-2900 av. J.-C., Paris, éd. de la Maison des Sciences de l’Homme, 2, p. 455-465.

KHEDHAIER R. (1999) – Tracéologie lithique : méthodologie et appli-cation à un site capsien (Tunisie) et à un site néolithique (France), Mémoire de DEA, Université de Provence, Aix-en-Provence, 105 p.

LE DOSSEUR G. (2003) – Sens et contre-sens. Réflexions concernant l’orientation d’un geste technique observé sur des objets en matières osseuses du Levant, Préhistoire Anthropologie Méditerranéennes, 12, p. 115-127.

LEMERCIER O. (sous presse) – Révision des occupations du Néo-lithique moyen au Néolithique final du site des Juilléras (Mondragon, Vaucluse), in O. Lemercier, R. Furestier, E. Blaise dir., Quatrième millénaire. La transition du Néolithique moyen au Néolithique final dans le sud-est de la France et les régions voisines, Actes de la table ronde internationale d’Aix-en-Provence, mars 2005. Lattes, Publica-tions de l’UMR 5140 / ADAL (Monographies d’Archéologie Médi-terranéenne, Hors Série).

LEMERCIER O., DÜH P., LOIRAT D., MELLONY P., PELLIS-SIER M., SERIS D., TCHÉRÉMISSINOFF Y., BERGER J.-F. (1998) – Les Juilléras (Mondragon – Vaucluse) Site d’habitat et funéraire du Néolithique récent, Néolithique final, Campaniforme – Bronze ancien et Bronze final IIb : Premiers résultats, in A. D’Anna, D. Binder dir., Production et identité culturelle, Actualité de la recherche, Actes de la 2e session des Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Arles (Bouches-du-Rhône), 8-9 nov. 1996, Antibes, éd. APDCA, p. 359-368.

LEMERCIER O., TCHEREMISSINOFF Y., avec la collaboration de PELLISSIER M., FURESTIER R. (2002a) – Les Juilléras (Mondra-gon), in J. Buisson-Catil, J. Vital dir., Âge du Bronze en Vaucluse, Avignon, éd. Barthélémy/Département de Vaucluse (Notices d’Archéo-logie Vauclusienne et Travaux du CAP Valence), p. 61-66.

LEMERCIER O., avec la collaboration de BERGER J.-F., DÜH P., LOIRAT D., LAZARD-DHOLLANDE N., MELLONY P., NOHE A.-F., PELLISSIER M., RENAULT S., SERIS D., TCHÉRÉ-MISSINOFF Y. (2002b) – Fiche n°12 – Les occupations néolithiques de Mondragon – Les Juilléras (Vaucluse), Archéologie du TGV Médi-terranée : fiches de synthèse, t. 1 – La Préhistoire, Lattes, éd. Asso-ciation pour la Recherche Archéologique en Languedoc Oriental (Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 8), p. 147-172.

Page 65: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 327

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

LEMERCIER O., FURESTIER R., MÜLLER A., CAULIEZ J., CONVERTINI F., LAZARD N., PROVENZANO N., aqvec la colla-boration de BOUVILLE C., GILABERT C., JORDA M., KHE-DHAIER R., LOIRAT D., PELLISSIER M., VERDIN P. (2004a) – Le site néolithique final de La Fare (Forcalquier, Alpes-de-Haute-Provence) : résultats 1995-1999 et révision chronoculturelle », in H. Dartevelle dir., Auvergne et Midi – Actualité de la recherche, Actes de la 5e session des Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), 8-9 nov. 2002, Cressensac, Pré-histoire du Sud-Ouest, 9, p. 445-455.

LEMERCIER O., BLAISE E., CAULIEZ J., FURESTIER R., GILA-BERT C., LAZARD N., PINET L., PROVENZANO N. (2004b) – La fin des temps néolithiques, in J. Buisson-Catil dir., Un siècle de Pré-histoire en Vaucluse, Avignon, éd. A. Barthélémy – Ministère de la Culture, p. 203-252.

LEMERCIER O., BLAISE E., CAULIEZ J., FURESTIER R., GAL-LIN A., GILABERT C., GUENDON J.-L., LAZARD N., PELLIS-SIER M., PIATSCHECK C., PROVENZANO N. (2006) – Le site néolithique final de La Bastide Blanche (Peyrolles-en-Provence, Bouches-du-Rhône). Premiers résultats 2003-2004, in P. Fouéré, C. Chevillot, P. Courtaud, O. Ferullo, C. Leroyer dir., Paysages et peuplements, Aspects culturels et chronologiques en France méridio-nale, Actualité de la recherche, Actes des VIes Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Périgueux, 14-16 oct. 2004, Périgueux, Coédition Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique en Périgord et Préhistoire du Sud-ouest, 11, p. 473-488.

LEROI-GOURHAN A., BAFFIER D., DAVID F. (1978) – Proposition pour un vocabulaire des structures d’habitation, Plan au sol – parois – couvertures (Séminaire sur les structures d’habitat), Paris, Laboratoire d’ethnologie préhistorique Collège de France, p. 58- 59.

LYMAN R. L. (1984) – Bone Density and Differential Survivorship of Fossil Classes, Journal of anthropological Archaeology, 3, p. 259-299.

LYMAN R. L. (1994) – Vertebrate Taphonomy, Cambridge, Cambridge University Press (Cambridge Manuals in Archaeology), 524 p.

MAIGROT Y. (2003) – Ivory, Bone and Antler Tools Production Systems at Chalain 4 (Jura, France): Late Neolithic Site, 3rd Millenium, in H. Luik, A.-M. Choyke, C.-E. Batey, L. Lõugas dir., From Hooves to Horns, from Mollusc to Mammoth. Manufacture and Use of Bone Artefacts from Prehistoric Times to the Present, Proceeding of the 4th meeting of the ICAZ Worked Bone Research Group, Tallin, 26-31 August 2003, Muinasaja Teadus, 15, p. 113-126.

MALLET N., RICHARD G., GENTY P., DELCOURT-VLAEMINCK M. (2000) – La diffusion des silex du Grand-Pressigny au Néolithique final : état actuel de l’inventaire, Bulletin des Amis du Musée de Pré-histoire du Grand-Pressigny, 51. p. 27-31.

MARGARIT X. (sous presse) – Réflexions sur les caractères de la céramique du Néolithique récent méridional à travers la comparaison de deux sites rhodaniens, Les Ribauds et Le Duc (Mondragon, Vau-cluse), in O. Lemercier, R. Furestier, E. Blaise dir., Quatrième millé-naire. La transition du Néolithique moyen au Néolithique final dans le sud-est de la France et les régions voisines, Actes de la table ronde internationale, Aix-en-Provence, mars 2005, Lattes, Publications de l’UMR 5140 / ADAL (Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, Hors Série).

MARGARIT X., SAINTOT S. (2002) – Fiche no 8 – Le site néolithique final du Pâtis 2 à Montboucher-sur-Jabron (Drôme), Archéologie du TGV Méditerranée : fiches de synthèse, t. 1 : La Préhistoire, Lattes, éd. Association pour la Recherche Archéologique en Languedoc Oriental (Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 8), p. 95-102.

MARGARIT X., DURRENMATH G., GILABERT C. (2002) – Mar-tigues « Ponteau-Gare », Rapport de synthèse de fouille programmée 2000-2002, no 1305640AP, Aix-en-Provence, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, Atelier du Patrimoine de la ville de Martigues, 209 p.

MARGARIT, X., LOIRAT, D., RENAULT, S., TCHÉRÉMISSINOFF, Y. (2002) – Fiche no 15 – Le Néolithique récent du site des Ribauds à Mondragon (Vaucluse), Archéologie du TGV Méditerranée : fiches de synthèse, t. 1 : La Préhistoire, Lattes, éd. Association pour la Recherche Archéologique en Languedoc Oriental (Monographies d’Archéologie Méditerranéenne, 8), p. 183-188.

MARGARIT X., PIATSCHEK C., MONTOLIN R. (2007) – Martigues « Ponteau-Gare » (Bouches-du-Rhône), Rapport intermédiaire 2007 de fouille archéologique programmée, Aix-en-Provence, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, Atelier du Patrimoine de la ville de Martigues, 89 p.

MONIER P., CAVELIER C. avec la collaboration de BALLESIO R., CLAUZON G., GLINTZBOECKEL C., MASSE J.-P., PHILIPPE M., ROUDIER P., TRIAT J.-M. (1991) – Notice explicative, Carte géo-logique de la France (1/50 000e), feuille Vaison-la-Romaine (915), Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières, 55 p.

MURET A. (1991) – Le gisement du au col des Tourettes (Montmorin – Hautes-Alpes), in A. Barruol dir., Archéologie dans les Hautes-Alpes, Gap, éd. Louis-Jean, p. 81-88.

MURET A. (1996) – Huit campagnes de fouilles archéologiques au col des Tourettes à Montmorin (Hautes-Alpes), Archéologie en Baronnies, Actes des rencontres, Lachau, 22 oct. 1995, Buis-les-Baronnies, éd. Le Gard-Notes Baronniard, 2, p. 53-63.

NISBET R., BIAGI P. (1987) – Balm’ Chanto: un riparo sottoroccia dell’Eta del Rame nelle Alpi Cozie, Museo Civico Archeologico « Giovo », Como, Edizioni New Press, 154 p.

OLLIVIER V. (2006) – Continuités, instabilités et ruptures morpho-géniques en Provence depuis la dernière glaciation. Travertinisation, détritisme et incisions sur le piémont sud du Grand Luberon (Vaucluse, France). Relations avec les changements climatiques et l’anthro-pisation, Thèse de doctorat, Université de Provence, Aix-en-Provence, 357 p.

PALES L., GARCIA M.-A. (1981) – Atlas ostéologique pour servir à l’identification des mammifères du Quaternaire II. Tête-rachis, cein-tures scapulaire et pelvienne, membres, Herbivores, Paris, éd. du CNRS, 177 pl.

PAPE W. (1982) – Au sujet de quelques pointes de flèches en os, in H. Camps-Fabrer dir., L’industrie en os et bois de cervidé durant le Néolithique et l’âge des Métaux, Deuxième réunion du groupe de travail no 3 sur l’industrie de l’os préhistorique, Saint-Germain-en-Laye, 1980, Paris, éd. du CNRS, p. 135-172.

PATOU-MATHIS M. dir. (1994) – Taphonomie, Bone Modification, Treignes, Centre d’études et de documentation archéologiques (Arte-facts, 9), 232 p.

PAYNE S. (1973) – Kill-off Patterns in Sheep and Goats: the Mandibles from Asvan Kale, Anatolian Studies, 23, p. 281-303.

PELLISSIER M. (1998) – Pratiques et rites funéraires en Provence du Néolithique final au Premier âge du fer, Mémoire de DEA, Université de Provence, Aix-en-Provence, 669 p.

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. (1993) – Écologie d’un outil : la hache de pierre en Irian Jaya, Paris, éd. du CNRS (Monographie du CRA, 12), 439 p. (réédition complétée, 1999).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., ERRERA M., CASSEN S., CROUTSCH C., KLASSEN L., ROSSY M., GARIBALDI P., ISETTI E., ROSSI G., DELCARO D. (2005) – Beigua, Monviso e Valais. All’origine delle grandi asce levigate di origine alpina in Europa occidentale durante il V millennio, Rivista di Scienze Preis-toriche, LV, p. 265-322.

PÉTREQUIN P., ERRERA M., PÉTREQUIN A.-M., ALLARD P. (2006) – The Neolithic Quarries of Mont Viso, Piedmont, Italy: Initial Radiocarbon Dates, European Journal of Archaeology, 9, 1, p. 7-30.

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., ERRERA M., CASSEN S., CROUTSCH C., DUFRAISSE A., GAUTHIER E., ROSSY M. (2007a) – Les carrières néolithiques du Mont Viso (Piémont, Italie). Chronologie et conditions d’exploitation, in D. Daudry dir., Actes du XIe colloque sur les Alpes dans l’Antiquité, Champsec/Val de Bagnes, Valais, Suisse, 15-17 sept. 2006, éd. Société valdôtaine de Préhistoire et d’Archéologie, Bulletin d’Études préhistoriques et archéologiques alpines, 18, p. 167-188.

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., ERRERA M., CROUTSCH C., CASSEN S. ET ROSSY M. (2007b) – Les carrières néolithiques du Mont-viso (Piémont, Italie) : un premier survol, in M. Besse dir., Sociétés néolithiques. Des faits archéologiques aux fonctionnements

Page 66: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

328 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

socio-économiques, Actes du 27e colloque interrégional sur le Néo-lithique, Neuchâtel, Suisse, 1-2 oct. 2005, Lausanne, Cahiers d’archéo-logie romande (Cahiers d’archéologie romande, 108), p. 51-68.

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., ERRERA M., JAIME RIVE-RON O., BAILLY M., GAUTHIER E., ROSSI G. (2008a) – Premiers épisodes de la fabrication des longues haches alpines : ramassage de galets ou choc thermique sur des blocs, Bulletin de la Société préhis-torique française, 105, 2, p. 309-334.

PÉTREQUIN P., SHERIDAN A., CASSEN S., ERRERA M. GAU-THIER E., KLASSEN L., LE MAUX N., PAILLER Y. (2008b) – Neo-lithic Alpine Axeheads, from the Continent to Great Britain, the Isle of Man and Ireland, in H. Fokkens, B.-J. Coles, A.-L. Van Gijn, J.-P. Klejne, H.-H. Ponjee, C.-G. Slappendel dir., Between Foraging and Farming. Leiden, Leiden University, Analecta Praehistorica Leidensia, 40, p. 262-279.

PÉTREQUIN P., ERRERA M., PÉTREQUIN A.-M., GAUTHIER E. (2009) – Une production du Mont Viso en Italie : l’ébauche de haches de Lugrin (Haute-Savoie, France), in J.-E. Brochier, A. Guilcher, M. Pagni dir., Archéologie de Provence et d’ailleurs, Mélanges offerts à Gaëtan Congès et Gérard Sauzade, Bulletin Archéologique de Pro-vence, 5, p. 583-595.

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M., ERRERA M., PRODEO F. (à paraître 2011a) – Prospections alpines et sources de matières pre-mières. Historique et résultats, in P. Pétrequin, S. Cassen, M. Errera, L. Klassen, A. Sheridan dir., Jade. Grandes haches alpines du Néo-lithique européen. Ve et IVe millénaires av. J.-C., Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté (Cahiers de la MSHE C.-N. Le-doux).

PÉTREQUIN P., PÉTREQUIN A.-M. (à paraître 2011b) – Chronologie et organisation de la production dans le massif du Mont Viso, in P. Pétrequin, S. Cassen, M. Errera, L. Klassen, A. Sheridan dir., Jade. Grandes haches alpines du Néolithique européen. Ve et IVe millénaires av. J.-C., Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté (Cahiers de la MSHE C.-N. Ledoux).

PÉTREQUIN P., D’AMICO C., ERRERA M., ROSSY M., en coll. avec GHEDINI M. (à paraître 2011c) – Référentiel naturel, analyses DRX et lames minces, in P. Pétrequin, S. Cassen, M. Errera, L. Klassen, A. Sheridan dir., Jade. Grandes haches alpines du Néolithique euro-péen. Ve et IVe millénaires av. J.-C., Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté (Cahiers de la MSHE C.-N. Ledoux).

PIATSCHECK C. (2004) – La Fare à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) : Technologie et typologie de l’outillage lithique taillé, Mé-moire de maîtrise, Université de Provence, Aix-en-Provence, 168 p.

PIATSCHECK C. (2005) – Chaînes opératoires et évolution culturelle dans le Néolithique final provençal. Étude technologique de l’industrie lithique taillée de l’occupation de La Fare (Forcalquier, Alpes-de-Haute-Provence), Mémoire de master 2, Université de Provence, Aix-en-Provence, 143 p.

PLISSON H., MALLET N., BOCQUET A., RAMSEYER D. (2002) – Utilisation et rôle des outils en silex du Grand-Pressigny dans les villages de Charavines et de Portalban (Néolithique final), Bulletin de la Société préhistorique française, 99, 4, p. 793-811.

PLISSON H., avec la collaboration de BAZILE F., BOCCACIO G., BRESSY C., BRIOIS F., CAULIEZ J., D’ANNA A., GANDELIN M., GUENDON J.-L., GUILBERT R., LANDIER G., LEA V., LEMER-CIER O., MARSAC R., OLLIVIER V., PLISSON H., PELEGRIN J., RENAULT S., THERY-PARISOT I., VAQUER J., VERGELY H. (2003) – Productions laminaires remarquables du Midi de la France (fin du Néolithique, début de l’âge des métaux), Rapport d’activités 2003, Sophia Antipolis, CEPAM/SRA Provence-Alpes-Côte d’azur, 137 p.

PROVENZANO N. (2000) – L’industrie en matières dures animales du Couronnien, in O. Lemercier dir., Le Couronnien en Basse-Provence occidentale. État des connaissances et nouvelles perspectives de recherches, Projet Collectif de Recherche, Rapport d’activité 1999, Aix-en-Provence, ESEP (UMR 6636)/SRA Provence-Alpes-Côte d’Azur, p. 44-50.

REIMER P.-J., BAILLIE M.-G.-L., BARD E., BAYLISS A., BECK J.-W., BERTRAND C.-J.-H., BLACKWELL P.-G., BUCK C.-E., BURR G.-S., CUTLER K.-B., DAMON P.-E., EDWARDS R.-L.,

FAIRBANKS R.-G., FRIEDRICH M., GUILDERSON T.-P., HOGG A.-G., HUGHEN K.-A., KROMER B., MCCORMAC G., MANNING S., RAMSEY C.-B., REIMER R.-W., REMMELE S., SOUTHON J.-R., STUIVER M., TALAMO S., TAYLOR F., VAN DER PLICHT J., WEYHENMEYER C.-E. (2004) – IntCal04 Terres-trial Radiocarbon Age Calibration, 0-26 Cal Kyr BP, Radiocarbon, 43, 3, p. 1029-1058.

REMICOURT M., VAQUER J. (sous presse) – Aires culturelles et cir-culations de grandes lames, de plaquettes et de poignards à la fin du Néolithique et au Chalcolithique dans le midi de la France, in S. Bon-nardin, T. Perrin, I. Sénépart, Y. Tchérémissinoff, É. Thirault, P. Tra-moni dir., Marges, frontières et transgressions et actualité de la recherche, Actes des VIIIes Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Marseille, 7-8 nov. 2008.

RENAULT S. (1998) – Économie de la matière première. L’exemple de la production, au Néolithique final, en Provence, des grandes lames en silex zoné oligocène du bassin de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), in A. D’Anna, D. Binder dir., Production et Identité culturelle, Actualités de la Recherche, Actes des Rencontres méridio-nales de Préhistoire Récente, 2e session, Arles, nov. 1996, Antibes, éd. APDCA, p. 145-161.

RENAULT S. (2006) – La production des grandes lames au Néolithique final en Provence : matériaux exploités, multiplicité des productions, aspects technologiques et chrono-culturels, in J. Vaquer, F. Briois dir., La fin de l’âge de Pierre en Europe du Sud, Actes de la table ronde de l’EHESS, Carcassonne, 5-6 sept. 2003, Toulouse, éd. des Archives d’Écologie Préhistorique, p. 139-164.

RICQ-DE BOUARD M. (1996) – Pétrographie et sociétés néolithiques en France méditerranéenne. L’outillage en pierre polie, Paris, éd. du CNRS (Monographie du CRA, 16), 272 p.

RIGAUD A. (1972) – La technologie du burin appliquée au matériel osseux de la Garenne (Indre), Bulletin de la Société préhistorique française, 69, 4, p. 104-108.

ROUDIL O., BÉRARD G. (1981) – Les sépultures mégalithiques du Var, Paris, éd. du CNRS, 222 p.

ROUIRE J., BLANC J.-J., MASSE J.-P., TRIAT J.-M., TRUC G., ANGLADA R., COLOMB E., CLAUZON G., DUROZOY G., DAMIANI L., GLINTZBOECKEL G. (1975) – Notice explicative, Carte géologique de la France (1/50 000e), feuille Carpentras (941), Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières, 24 p.

SAUZADE G. (1983) – Les Sépultures du Vaucluse, du Néolithique à l’âge du Bronze, Paris, Laboratoire de Paléontologie humaine et de Préhistoire – Institut de Paléontologie humaine (Études quaternaires, 6), 251 p.

SAUZADE G., COURTIN J., CHAMBERT A. (1990) – Un nouveau faciès du Néolithique final provençal : le groupe de Fraischamp, l’habitat de la Clairière à la Roque-sur-Perne, Vaucluse, Gallia Pré-histoire, 32, p. 151-178.

SCHMID E. (1972) – Atlas of Animal Bones for Prehistorians, Archao-logists and Quaternary Zoologists/Knochenatlas für Prähistoriker, Archäologen und Quatârgeologen, Amsterdam, éd. Elsevier, 159 p.

SÉRONIE-VIVIEN M.-R. (1952) – Pointes de flèches en os, in H. Camps-Fabrer dir., Fiches typologiques de l’industrie osseuse préhistorique, Commission de nomenclature sur l’industrie de l’os préhistorique. Cahier VII : éléments barbelés, Treignes, CEDARC, p. 101-119.

SIDI MAAMAR H. (1999) – Analyse archéozoologique de la Tune de la Varaime (Drôme) : du bestiaire de la table au troupeau, in A. Bee-ching dir., Circulations et identités culturelles alpines à a fin de la Préhistoire. Matériaux pour étude, Valence, Centre d’Archéologie préhistorique, Agence Rhône-Alpes pour les Sciences Humaines (Travaux du CAP, 2), p. 57-76.

STEIN G. J. (1987) – Regional Economic Integration in Early State Societies: Third millennium B.C. Pastoral Production at Gritille, southeast Turkey, Paleorient, 13, 2, p. 101-111.

THIRAULT E. (2004) – Échanges néolithiques : les haches alpines, Montagnac, éd. Monique Mergoil, 10, 468 p.

Page 67: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

Le site du Limon-Raspail à Bédoin dans le Vaucluse et le Néolithique final de moyenne vallée du Rhône 329

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

TRESSET A., VIGNE J.-D. (2001) – La chasse, principal élément structurant la diversité des faunes archéologiques du Néolithique ancien, en Europe tempérée et en Méditerranée : tentative d’inter-prétation fonctionnelle, in R.-M. Arbogast, C. Jeunesse, J. Schibler dir., Rôle et statut de la chasse dans le néolithique ancien danubien, 5500-4900 av. J.-C., Actes de la table ronde, Strasbourg, nov. 1996, Rahden, Leidorf, p. 129-151.

VAQUER J. (2007) – Les importations d’outils sur grandes lames ou sur plaquettes de silex du Néolithique récent au Chalcolithique dans le domaine nord-pyrénéen : des réseaux de concurrence ?, in M. Besse dir., Sociétés néolithiques. Des faits archéologiques aux fonctionnements socio-économiques, Actes du 27e colloque inter-régional sur le Néolithique, Neuchâtel, 1er et 2 oct. 2005, Lausanne, Cahiers d’Archéologie romande (Cahiers d’Archéologie romande, 108), p. 69-81

VAQUER J., REMICOURT M., VERGELY H. (2006) – Les poignards métalliques et lithiques du Chalcolithique pré-campaniforme des petits et grands causses dans le Midi de la France, in J. Gascó, F. Leyge, P. Gruat dir., Hommes et passé des Causses, Hommage à Georges Costantini, Actes du Colloque, Millau, 16-18 juin 2005, Toulouse, éd. des Archives d’Écologie Préhistorique, p. 155-179.

VIGNE J.-D. (1988) – Les mammifères du Post-Glaciaire de Corse, étude archéozoologique, Supplément à Gallia Préhistoire, 26, 337 p.

VIGNE J.-D. (2005) – Maîtrise et usages de l’élevage et des animaux domestiques au Néolithique : quelques illustrations au Proche-Orient et en Europe, in J. Guilaine dir., Populations néolithiques et Environ-nements, Paris, éd. Errance, p. 87-115.

VIGNE J.-D. (2007) – Exploitation des animaux et Néolithisation en Méditerranée Nord-Occidentale, in J. Guilaine, C. Manen, J.-D. Vigne dir., Pont de Roque-Haute, Nouveaux regards sur la Néolithisation de la France méditerranéenne, Toulouse, Archives d’Écologie Préhisto-rique, p. 221-302.

VIGNE J.-D., HELMER D. (1999) – Nouvelles analyses sur les débuts de l’élevage dans le centre et l’ouest méditerranéen, in J. Vaquer dir., Le Néolithique du Nord-Ouest méditerranéen, Actes du XXIVe Congrès préhistorique de France, Carcassonne, 1994, Paris, SPF, p. 129-146.

VITAL J. (2005) – Du Néolithique final au Bronze moyen dans le Sud-Est de la France : 2200-1450 av. J.-C., Cypsela, 5, p. 11-38.

VITAL J. (2006) – Les fouilles 1981-1987 dans la grotte de la Chauve-Souris à Donzère (Drôme) : visées initiales, problématiques actuelles, premières caractérisations chrono-culturelles, implications pour le Sud-Est de la France et le domaines circum-alpin, in P. Fouéré, C. Chevillot, P. Courtaud, O. Ferullo, C. Leroyer dir., Paysages et peuplements, Aspects culturels et chronologiques en France méridio-nale, Actualité de la recherche, Actes des VIes Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Périgueux, 14-16 oct. 2004, Périgueux, Coédition Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique en Périgord et Préhistoire du Sud-ouest, 11, p. 257-292.

VITAL J. (2008) – La séquence Néolithique final-Bronze ancien dans l’axe rhodanien : enseignements chronométriques et perspectives culturelles, Bulletin de la Société préhistorique française, 105, 3, p. 539-554.

VITAL J. (2010) – Les séquences céramiques de la Balme de Sollières-Sardières (Savoie) et de la grotte de la Chauve-Souris à Donzère (Drôme) : implications sur le Néolithique final transalpin, le phasage et le concept Remedello, in A. Beeching, E. Thirault, J. Vital dir., Économie et société à la fin de la Préhistoire, Actualité de la recherche, Actes des VIIes Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Lyon, 3-4 nov. 2006, Lyon, Alpara – Maison de l’Orient et de la Méditerra-née (Documents d’archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne, 34), p. 237-254.

VITAL J., avec la collaboration de BOUBY L., JALLET F., REY P.-J. (2007) – Un autre regard sur le gisement du boulevard périphérique nord de Lyon (Rhône) au Néolithique et à l’âge du Bronze, Gallia Préhistoire, 49, p. 1-126.

WATTEZ J. (2009) – Enregistrement sédimentaire de l’usage de la terre crue dans les établissements néolithiques du Sud de la France : le cas des sites du Néolithique final de la Capoulière 2 et du Mas de

Vignoles IV, in A. Beeching, I. Sénépart dir., De la maison au village, l’habitat néolithique dans le Sud de la France et le Nord-Ouest médi-terranéen, Actes de la table ronde, Marseille, 23 et 24 mai 2003, Paris, SPF (Mémoires de la SPF, 48), p. 199-218.

WESSELKAMP G. (1992) – Neolithische Holzartefakte aus schweizer Seeufersiedlungen. Technik – Form – Gliederung, Fribourg-en-Bris-gau, Eigen Verlag, tafel, 30.

Jessie CAULIEZUMR 5608

Traces, Maison de la Recherche5, allées Antonio-Machado

31058 Toulouse cedex [email protected]

Émilie BLAISEMuséum National d’Histoire Naturelle

UMR 7209 « Archéozoologie, Archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements »

case postale 565, rue Buffon, 75005 Paris

[email protected]

Céline BRESSYUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]

Fabien CONVERTINIINRAP Méditerranée et Laboratoire Méditerranée

de Préhistoire Europe AfriqueUMR 6636 du CNRS, Aix-en-Provence

52, avenue du Pont-Juvénal34000 Montpellier

[email protected]

Christophe GILABERTService régional de l’archéologie

de Champagne-ArdenneUMR 6636 – LAMPEA

3, Faubourg Saint-Antoine51037 Châlons-en-Champagne cedex

[email protected]

Caroline HAMONUMR 7041 ArScAn Protohistoire européenne

Maison de l’archéologie et de l’ethnologie21, allée de l’Université, 92023 Nanterre cedex

[email protected]

Nathalie LAZARDChampourlie, 04130 VOLX

[email protected]

Sabine NEGRONIUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]

Page 68: Le site du Limon-Raspail C. BRESSY, F. … · à Bédoin dans le Vaucluse ... contexte d’habitat peu connu jusqu’alors dans cette zone. L’occupation, qui se structure autour

330 Jessie CAULIEZ et al.

Bulletin de la Société préhistorique française 2011, tome 108, no 2, p. 263-330

Vincent OLLIVIERUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex [email protected]

Muriel PELLISSIERUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]

Pierre PÉTREQUINUMR 6249

Laboratoire de Chrono-environnementUniversité de Franche-Comté

16, Route de Gray, 25030 Besançon [email protected]

Clara PIATSCHECKUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]

Noëlle PROVENZANOUMR 5140

Archéologie des Sociétés Méditerranéennes390, avenue de Pérols

34970 [email protected]

Stéphane RENAULTUMR 6636 – LAMPEA

5, rue du Château-de-l’Horloge, BP 64713094 Aix-en-Provence cedex 2

[email protected]