2
VAULNAVEYS-LE-BAS HISTOIRE & PATRIMOINE L’Association Sportive et Culturelle de Vaulnaveys-le-Bas propose aussi des activités sportives : danse country, danse jazz, claquettes, danse africaine, zumba, yoga, gym tonic, hip-hop, Qi Gong… plus d’informations sur le site ouèbe de l’ASCVB : www.ascvb.fr LE CHANVRE de la tige à la toile Dans la vallée de Vaulnaveys et Vizille, la culture du chanvre était très répandue et avait une forte renommée car les tiges étaient très longues et souples. Elle constituait l’une des principales richesses économique du village. On apportait beaucoup d’attention à cette culture en lui réservant les meilleures terres humides que l’on avait largement comblées de fumier. Dans notre Commune un lieudit est là pour rappeler, par son nom, l’existence de champs où l’on cultivait autrefois du chanvre : « le Chenevier ». Une fois le chanvre arrivé à floraison, en août, les plants mâles étaient arrachés (à la main bien entendu) : ce travail était très pénible car la racine pivotante était profondément enfouie dans le sol. La plante femelle était laissée encore quelques semaines supplémentaires afin que ses graines murissent pour la semence de l’année suivante. Après quelques jours de séchage sur place, les tiges placées en grosses bottes « manons » étaient mises à rouir : c’est-à-dire immergées dans des réservoirs d’eau, spécialement aménagés près d’une alimentation en eau douce, que l’on appelait « routoirs » ou « nés », afin d’éliminer la gomme qui agglomérait les fibres. Le chanvre est cultivé pour ses fibres depuis la plus haute Antiquité. C’est une plante dioïque (la fleur mâle et la fleur femelle poussent sur des pieds distincts). Le chanvre industriel ou chanvre à fibres diffère totalement du chanvre à drogue par sa teneur quasi nul en THC (Tétrahydrocannabinol), psychotrope aux propriétés bien connues. Le chanvre était planté au printemps car il craignait le gel. La graine ou chènevis était très appréciée des oiseaux. Sources : « Au flanc de Belledonne Vaulnaveys » par J. Molmerret et J. Bruant et Archives Communales Réalisation A.S.C.V.B. Reproduction même partielle interdite sans autorisation Ancien routoir sur Vaulnaveys-le-Bas Le rouissage terminé, les bottes étaient déliées et charroyées (étendues) dans les champs ou dressés contre un échafaudage bâti exprès où elles finis- saient de perdre leur humidité. La campagne était alors remplie d’une forte odeur nauséabonde… SEPT. 2013 Photo ASCVB

Le site ouèbe de l'ASCVB - VAULNAVEYS-LE-BAS HISTOIRE & … · 2015. 8. 7. · cylindre de pierre tournant sur un plateau de bois de chêne sur lequel on avait placé les tresses

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le site ouèbe de l'ASCVB - VAULNAVEYS-LE-BAS HISTOIRE & … · 2015. 8. 7. · cylindre de pierre tournant sur un plateau de bois de chêne sur lequel on avait placé les tresses

VAULNAVEYS-LE-BAS

HISTOIRE & PATRIMOINE

L’Association Sportive et Culturelle de Vaulnaveys-le-Bas propose aussi des activités sportives : danse country,

danse jazz, claquettes, danse africaine, zumba, yoga, gym tonic, hip-hop, Qi Gong…

plus d’informations sur le site ouèbe de l’ASCVB : www.ascvb.fr

LE CHANVRE de la tige à la toile

Dans la vallée de Vaulnaveys et Vizille, la culture du chanvre était très

répandue et avait une forte renommée car les tiges étaient très longues et

souples.

Elle constituait l’une des principales richesses économique du village.

On apportait beaucoup d’attention à cette culture en lui réservant les

meilleures terres humides que l’on avait largement comblées de fumier.

Dans notre Commune un lieudit est là pour rappeler, par son nom, l’existence

de champs où l’on cultivait autrefois du chanvre : « le Chenevier ».

Une fois le chanvre arrivé à floraison, en août,

les plants mâles étaient arrachés (à la main bien

entendu) : ce travail était très pénible car la racine

pivotante était profondément enfouie dans le sol.

La plante femelle était laissée encore quelques

semaines supplémentaires afin que ses graines

murissent pour la semence de l’année suivante.

Après quelques jours de séchage sur place, les

tiges placées en grosses bottes « manons » étaient

mises à rouir : c’est-à-dire immergées dans des

réservoirs d’eau, spécialement aménagés près d’une

alimentation en eau douce, que l’on appelait

« routoirs » ou « nés », afin d’éliminer la gomme qui

agglomérait les fibres.

Le chanvre est cultivé pour ses fibres depuis la plus haute Antiquité.

C’est une plante dioïque (la fleur mâle et la fleur femelle poussent sur des

pieds distincts).

Le chanvre industriel ou chanvre à fibres diffère totalement du chanvre à

drogue par sa teneur quasi nul en THC (Tétrahydrocannabinol), psychotrope

aux propriétés bien connues.

Le chanvre était planté au printemps car il craignait le gel. La graine ou

chènevis était très appréciée des oiseaux.

Sources : « Au flanc de Belledonne Vaulnaveys » par J. Molmerret et J. Bruant et Archives Communales Réalisation A.S.C.V.B. Reproduction même partielle interdite sans autorisation

Ancien routoir sur Vaulnaveys-le-Bas

Le rouissage terminé, les bottes étaient déliées et

charroyées (étendues) dans les champs ou dressés

contre un échafaudage bâti exprès où elles finis-

saient de perdre leur humidité.

La campagne était alors remplie d’une forte odeur

nauséabonde…

SEPT. 2013

Photo ASCVB

Page 2: Le site ouèbe de l'ASCVB - VAULNAVEYS-LE-BAS HISTOIRE & … · 2015. 8. 7. · cylindre de pierre tournant sur un plateau de bois de chêne sur lequel on avait placé les tresses

VAULNAVEYS-LE-BAS

HISTOIRE & PATRIMOINE

LE CHANVRE de la tige à la toile (suite)

Au cours des longues veillées d’hiver, hommes et femmes se réunissaient dans une

étable. Là, à la chaleur des bêtes, se faisait le teillage. Cette opération consistait

à séparer l’écorce de la tige. On cassait celle-ci près de la racine et on tirait la

fibre en l’engageant entre deux doigts.

La tige, ainsi dépouillée de son écorce fibreuse était blanche, cassante et fragile,

s’était la « chènevotte ».

Lorsque les tiges étaient sèches et blanchies à point, elles étaient rangées dans

les greniers en attendant d’être teillé ou « bloyé ».

Le soir, les femmes filaient cette filasse avec leur rouet :

les filaments naturels étaient ainsi vrillées de façon à

rester solidaires puis s’enroulaient autour d’une bobine.

Le fil obtenu pouvait être ensuite confié au tisserand.

Le chanvre tissé seul donnait une étoffe inusable qui

servait à la réalisation de toiles pour la marine à voile,

draps, vêtements.

Mêlé avec du coton, cela donnait la « cotoune » pour la

confection des jupons et pantalons. Enfin, mélangé avec de

la laine, le « droguet », il devenait un tissu chaud.

Plus tard, la culture du chanvre était uniquement destinée

à la fabrication de cordes fines (cordes à linge) ou grosses

(cordes de char de foin). Elles étaient réalisées par les

derniers cordiers de Vaulnaveys-le-Haut ou Vizille.

Le battoir était un moulin à eau dont la roue actionnait un

cylindre de pierre tournant sur un plateau de bois de

chêne sur lequel on avait placé les tresses de chanvre.

Ce passage au moulin faisait perdre à la filasse le reste de

sa gomme.

Les tresses étaient alors dénouées et peignées avec soin,

avec des peignes de différentes grosseurs, garnis de

longues dents effilées, fixées sur une planche.

La filasse ainsi obtenue était rugueuse et devait être

froissée et assouplie au moyen du battoir.

chevelure blanche appelée « fil de ritte » ou « premier brin » et les débris

restés accrochés au peigne constituaient l’étoupe.

Après 1850, son exploitation déclina et disparue complètement écrasée par l’industrie moderne.

« Seuls, restent quelques rares routoirs non encore comblés, et mélancoliquement endormis sous les grandes herbes des marais ».

Filasse

Ce peigne permettait de

diviser le chanvre en fibres

de plus en plus fines, longues

et solides, comme une grande

Sources : « Au flanc de Belledonne Vaulnaveys » par J. Molmerret et J. Bruant et Archives Communales Réalisation A.S.C.V.B. Reproduction même partielle interdite sans autorisation SEPT.2013

Photo ASCVB

Photo extraite du livre « Au flanc de Belledonne Vaulnaveys »

Photo ASCVB