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Journal de promotion de la démocratie et de la femme 16 pages - 2000 FC Janvier 2016 - 22 ème année - n°89 O n s’agite autour de la tenue d’une rencontre de haute importance politique que l’on appelle quel- quefois dialogue inclusif; quelquefois, consultations, quelquefois dialogue tout court, ou toutes autres dé- signations encore. Mais à ce jour, en apparence, il n’y a pas beaucoup d’acteurs politiques qui savent ce qu’ils veulent par rapport aux échéances électorales qui marqueront l’an- née qui commence. Du côté de la majorité présidentielle, il est chaque jour de plus en plus clair qu’on ne veut pas laisser la direction des affaires à d’autres (ça paie trop bien!) Du côté de l’opposition, les Congolais se demandent qui, finalement, est opposant, et qui grimace pour pouvoir man- ger à tous les râteliers ouverts. On les voit injurier X au profit de Y, et demain, tôt le matin, s’acharner contre Y au profit de X. Et le peuple, dans tout ça, est brandi comme un bouclier à usage personnel. Une opposition alimentaire, une opposition agissant typi- quement comme le corbeau et le renard, louant la bonté d’un roi qu’ils n’hésiteront pas à abandonner sitôt que le morceau de fromage sera tombé. Malheureusement pour le peuple congolais, cette opposition flatteuse semble gagner les mé- dias par ses propos vantant même des prouesses inexistan- tes. Tout est permis pour se taper une place au soleil. Mon œil! Et l’opposition pour des valeurs républicaines? Elle est la moins loquace, mais doit encore convaincre. Viendra-t-il un moment où elle se dédira, peu importerait le ridicule? Du faux dans le vrai: il existe, de manière très visible, une soi-disant opposition toujours prête à œuvrer pour le statu quo en croyant tromper le peuple. Hélas, ce dernier n’est pas dupe. Se basant sur le fait que le dialogue est une valeur africai- ne, certains voudraient tricher pour asseoir une vraie démo- crature, dans laquelle nous baignons d’ailleurs déjà. La Rd Congo vit sous une démocrature visible que Wikipé- dia nous aide à définir par ces termes: «Mot-valise composé à partir de démocratie et de dictature. Dictature camouflée sous l’apparence de la démocratie. La démocrature est un régime qui s’autoproclame démo- cratique, qui se pare de nombreux oripeaux démocratiques mais fonctionne en réalité comme une dictature.» C’est un régime où existent aussi des pressions et des contraintes sur les personnes (notamment sur des journalis- tes ou des juristes hors cadre), et où les médias fonctionnent étroitement avec les pouvoirs en place. Dmitry Voskoboynikov nous éclaire et précise: «La plupart de ces pays ont les apparences démocratiques: une consti- tution, un parlement existe formellement au vu des élections régulières, de la juridiction, des garanties de liberté d’expres- sion et d’assemblée. Mais, dans la pratique, tous ces institu- tions sont manœuvrées afin de préserver les privilèges des élites en place... La chose la plus importante est de maintenir l’infantilisation du pouvoir et, ce faisant, de convaincre le peu- ple et le monde extérieur que le processus politique, même en forme approximative, reflète les aspirations de la popula- tion.» En tout cas, le dialogue n’est pas une mauvaise option, mais il ne faudrait pas qu’il soit orienté pour servir l’intérêt de deux ou trois personnes au détriment de tout un peuple. Tout doit être orienté vers l’intérêt supérieur du peuple, auteur de la Constitution par le referendum. Les dispositions de la loi fondamentale doivent être respectées par tous. Bravo, la démocrature? Sécurité P.5 Fini, le mythe autour des microbes dans nos hôpitaux! Solange Lusiku Santé P.16 Echéances électorales 2016 Kabila aurait-il menti? L’impossible n’est pas Léopards L’obscurité plane sur l’arrestation du criminel Les promesses de Cishambo pour 2015: quel bilan? P.11-12 Politique (s) P.3 Editorial

Le souverain libre 89

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Journal Indépendant de Bukavu/Est de la RD Congo. Février 2016 Bravo la Démocrature L'impossible n'est pas Léopards Échéances électorales 2016: Kabila aurait-il menti? Les promotions de Cishambo 2015, quel Bilan? Société: L'obscurité plane sur le criminel (Mgr Maroy)

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Page 1: Le souverain libre 89

Journal de promotion de la démocratie et de la femme 16 pages - 2000 FCJanvier 2016 - 22ème année - n°89

On s’agite autour de la tenue d’une rencontre de haute importance politique que l’on appelle quel-quefois dialogue inclusif; quelquefois, consultations, quelquefois dialogue tout court, ou toutes autres dé-

signations encore. Mais à ce jour, en apparence, il n’y a pas beaucoup d’acteurs politiques qui savent ce qu’ils veulent par rapport aux échéances électorales qui marqueront l’an-née qui commence.

Du côté de la majorité présidentielle, il est chaque jour de plus en plus clair qu’on ne veut pas laisser la direction des affaires à d’autres (ça paie trop bien!)

Du côté de l’opposition, les Congolais se demandent qui, finalement, est opposant, et qui grimace pour pouvoir man-ger à tous les râteliers ouverts. On les voit injurier X au profit de Y, et demain, tôt le matin, s’acharner contre Y au profit de X. Et le peuple, dans tout ça, est brandi comme un bouclier à usage personnel.

Une opposition alimentaire, une opposition agissant typi-quement comme le corbeau et le renard, louant la bonté d’un roi qu’ils n’hésiteront pas à abandonner sitôt que le morceau de fromage sera tombé. Malheureusement pour le peuple congolais, cette opposition flatteuse semble gagner les mé-dias par ses propos vantant même des prouesses inexistan-tes. Tout est permis pour se taper une place au soleil. Mon œil!

Et l’opposition pour des valeurs républicaines? Elle est la moins loquace, mais doit encore convaincre. Viendra-t-il un moment où elle se dédira, peu importerait le ridicule?

Du faux dans le vrai: il existe, de manière très visible, une soi-disant opposition toujours prête à œuvrer pour le statu quo en croyant tromper le peuple. Hélas, ce dernier n’est pas dupe.

Se basant sur le fait que le dialogue est une valeur africai-ne, certains voudraient tricher pour asseoir une vraie démo-crature, dans laquelle nous baignons d’ailleurs déjà.

La Rd Congo vit sous une démocrature visible que Wikipé-dia nous aide à définir par ces termes: «Mot-valise composé à partir de démocratie et de dictature. Dictature camouflée sous l’apparence de la démocratie.

La démocrature est un régime qui s’autoproclame démo-cratique, qui se pare de nombreux oripeaux démocratiques mais fonctionne en réalité comme une dictature.»

C’est un régime où existent aussi des pressions et des contraintes sur les personnes (notamment sur des journalis-tes ou des juristes hors cadre), et où les médias fonctionnent étroitement avec les pouvoirs en place.

Dmitry Voskoboynikov nous éclaire et précise: «La plupart de ces pays ont les apparences démocratiques: une consti-tution, un parlement existe formellement au vu des élections régulières, de la juridiction, des garanties de liberté d’expres-sion et d’assemblée. Mais, dans la pratique, tous ces institu-tions sont manœuvrées afin de préserver les privilèges des élites en place... La chose la plus importante est de maintenir l’infantilisation du pouvoir et, ce faisant, de convaincre le peu-ple et le monde extérieur que le processus politique, même en forme approximative, reflète les aspirations de la popula-tion.»

En tout cas, le dialogue n’est pas une mauvaise option, mais il ne faudrait pas qu’il soit orienté pour servir l’intérêt de deux ou trois personnes au détriment de tout un peuple. Tout doit être orienté vers l’intérêt supérieur du peuple, auteur de la Constitution par le referendum. Les dispositions de la loi fondamentale doivent être respectées par tous.

Bravo, la démocrature?

Sécurité P.5Fini, le mythe autour des microbes dans

nos hôpitaux!

Solange Lusiku

Santé P.16

Echéances électorales 2016Kabila aurait-il menti?

L’impossible n’est pas Léopards

L’obscurité plane sur l’arrestation

du criminel

Les promesses de Cishambo pour 2015: quel bilan?

P.11-12

Politique (s) P.3

Editorial

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2 Politique s

La population du Sud-Kivu n’est pas aussi dupe que l’on pense. Elle a tout d’un coup compris que ce qui se déroulait à l’hémicycle le

30 décembre 2015 n’était que du rem-plissage démocratique. Le résultat était connu d’avance. Marcellin Cishambo Ruhoya restera à la tête de la province du Sud-Kivu. On négociera seulement le départ des quelques ministres les moins chanceux et plutôt encombrants. D’ailleurs, comme certains ministres provinciaux sont issus des partis politi-

ques frondeurs aux yeux de la Majorité présidentielle, on n’a fait que tendre la perche à Monsieur Cishambo afin de s’en débarrasser. Malheur aux pauvres ministres provinciaux issus du Msr qui avaient refusé de démissionner pour rester avec un cacique du Pprd. Ils ne feront que payer leur félonie vis-à-vis de leur autorité morale. Et cela avant la da te-butoir du 7 février prochain. En po-litique, disent les politologues, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts. Et le Pprd n’a plus d’intérêt dans le chef de ces

ministres. Ce n’est pas un fin renard de la politique kabiliste qui dérogera à cette règle. Encore que le Pprd a beaucoup de cadres qui triment à la permanence du parti, rêvant de goûter aux délices de Capoue en occupant l’un ou l’autre poste politique au sein du gouvernorat Cishambo.

Ceux qui vont mathématiquement par-tir, pas parce qu’ils sont incompétents comme l’a prétendu l’honorable Théo-phile Habamungu, mais plutôt parce que tout l’entourage du Pprd Sud-Kivu les qualifie de traîtres, et que de surcroît ils n’ont jamais appartenu à ce parti, sont, entre autres: Mme Bernadette Masoka Safi, Mme Adolphine Idumbo Achiliya et Patrick Mzé Somora, tous trois cadres du Msr. Il est à noter qu’avant d’être mi-nistres provinciales, mesdames Masoka et Idumbo étaient déjà respectivement conseillères exécutive et économique.

Néanmoins, il faudra une profonde réflexion politique et politicienne pour faire partir ces trois ministres, compte tenu de la géopolitique érigée en mode de gestion politique au Sud-Kivu. On crie facilement, dans cette province, à la discrimination tribalo-ethnique.

Cependant, le pouvoir discrétionnaire du gouverneur peut parfois réserver des

surprises. Les autres ministres ne

doivent pas se frotter les mains: l’épée de Damoclès est sur chacun d’eux.

Quoi qu’il en soit, le remaniement qui s’annonce ne servira pas à grand-chose. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on changera de vareuses, mais l’équipe, ou mieux, le système, ne chan-gera guère. Le commun des Sud-kivu-tiens se tromperait en applaudissant ces départs qui pointent à l’horizon 2016.

D’ailleurs, apprend-on, avant de pren-dre son avion pour Kinshasa au départ de Bukavu, le chef de l’Etat, Joseph Ka-bila, à la porte de son jet présidentiel, a eu un brin d’entretien avec le président de l’Assemblée provinciale, l’Honorable Emile Baleke Kadudu. Il lui aurait souf-flé à l’oreille que le Sud-Kivu avait déjà eu trois gouverneurs depuis 2006. Et que par conséquent, un de plus ne ferait que déranger «le dialogue» tant attendu dans la capitale. C’est ce que nous a en tout cas laissé entendre un député pro-vincial.

Si Marcellin Cishambo a profité de ce bonus, qu’il fasse pour en faire bénéfi-cier aussi son équipe.

Darius Kitoka

Gouvernement Cishambo II: les partants connus d’avance…

Parmi les membres du gouvernement provincial sept doivent partir.

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Douze mille Usd pour chaque député au Sud-Kivu!M

ercredi 30 décembre 2015, tard dans la soirée, la questeur de l’Assemblée provinciale, à son office, sert à chaque dépu-

té provincial du Sud-Kivu des billets verts pimpant neufs. Douze mille Usd chacun, de la part du président de la République dé-mocratique du Congo, Joseph Kabila Ka-bange. Ils reçoivent cette bagatelle somme, officiellement, en respect d’une promesse faite par le chef de l’Etat lors de son récent passage à Bukavu, au courant de ce même mois de décembre. Il aurait promis, à cette occasion, aux honorables députés provin-ciaux du Sud-Kivu un «cadeau» de «Noël et de Bonne année.» Il n’a fait que tenir sa promesse. Qui dit mieux? Scandaleux, tout de même...

«Merci au collègue Théophile Mirindi! N’eût été son courage et sa longue inter-pellation du gouverneur, on n’aurait pas eu cette Bonne Année!», ironisait un parle-mentaire dans un débit de boissons. Et son compagnon de table de répliquer: «Il fallait qu’il sauve son homme, sinon on le coin-çait déjà. Heureusement que la nouvelle de cette cagnotte avait déjà été précisée avant même la tenue de ces trois dernières plé-nières.» Savez-vous qui ce «il» désigne? Le chef de l’Etat, bien évidemment!

Cet argent n’a pas été annoncé au cours de la plénière, ni lors de la cérémonie de clô-ture de la session de septembre 2015. Les séances ayant été très publiques, la semaine du 28 au 30 décembre 2015 à l’hémicycle provinciale, il n’y avait pas moyen d’annon-cer solennellement ce curieux cadeau du chef de l’Etat.

En effet, depuis plus de quinze jours, le

député Habamungu Mirindi Théophile avait introduit une interpellation contre Marcellin Cishambo Ruhoya comprenant une quarantaine de pages. Dans cette in-terpellation, l’ex-député de l’Uprdi passé au Mlc qualifiait les promesses de Cishambo de «mensonges publics.» L’équipe gouver-nementale de ce dernier était qualifiée d’in-compétente, et par conséquent elle devrait partir. Est-ce qu’il avait tort?

Mais en outre, cette interpellation passait en revue toute la gouvernance de Cishambo

depuis 2010 jusqu’à 2011. Les faits étaient avérés et chiffrés. Les réponses fournies par le gouverneur n’ont guère convaincu l’assis-tance. Elles étaient évasives. Cishambo lui-même a été obligé de quitter, le texte que son cabinet lui avait si bien préparé, au grand dam du professeur Séverin Mugangu, son Directeur de cabinet. Même certains dé-putés qui ont essayé de prendre le parti du gouverneur se sont vu huer par l’assistance compacte venue vivre la première interpel-lation à laquelle le gouverneur lui-même

venait se présenter à la barre depuis cinq ans qu’il est à la tête de l’exécutif provincial.

Bref, les douze mille dollars versés à cha-que député par le Raïs apparaissent aux yeux de plus d’un analyste comme une dé-générescence politique pour soudoyer les élus provinciaux et passer l’éponge face aux faiblesses du gouvernement Cishambo.

Rien de plus.

Ces parlementaires provinciaux, bénéficiaires du si bien venu «cadeau» de fin d’année.

Darius Kitoka

Bonne année!

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Pacifique Muliri

Le 1er vice-président provincial chargé de l’Administration et de l’Implantation, Jean-Luc Zihalirwa, qui assurait, les

deux jours durant, la modération du séminaire, a commencé par rappe-ler que son parti figure sur la liste de l’Opposition politique républicaine. C’est en effet ce regroupement de partis qui a opté pour participer au dialogue national. L’Uprdi a choisi de converser avec toutes les forces afin d’éviter à la nation le chaos de

la déstabilisation, dans le seul ob-jectif de trouver une bonne issue pour la Rd Congo dans le respect de la Constitution et des orientations du peuple.

Un débat politique sans tabou

Selon le président provincial de l’Uprdi, Claude Bataseka Kabi, si l’ex-ministre de la Recherche scien-tifique de la Rd Congo, président national de l’Uprdi et président de

l’Opr, a opté pour répondre positive-ment à l’invitation du chef de l’Etat au dialogue national, c’est pour par-ticiper à parvenir à réunir les préa-lables importants pour sauver la Rd Congo de toutes les crises possibles.

L’Opr compte à peu près trente-trois partis politiques de l’opposition et une série d’associations adhéren-tes. Aussi, selon le 1er vice-prési-dent provincial, la nécessité d’orga-niser un séminaire idéologique, de concerter les membres et cadres du parti en province, s’était-elle impo-sée pour l’établissement d’un cahier de charges afin de préserver les inté-rêts du peuple.

Deux jours de durs travaux

Le premier jour – samedi 2 janvier 2016 – du séminaire a été consacré à l’idéologie du parti, un exposé sur la genèse, ainsi que les parcours et perspectives, du parti suivi d’un important débat sur le passage de l’Uprdi de la majorité présidentielle à l’opposition.

La seconde journée a consacré son temps à l’étude du contexte histori-co-constitutionnel de la Rd Congo et au dialogue national convoqué par le chef de l’Etat, avant de chuter par des travaux en carrefour sur l’élabo-ration d’un cahier de charge du parti à cette fin, ainsi que la cartographie électorale et l’installation des points focaux du parti.

Ce véritable rassemblement est parvenu à réunir un effectif de qua-tre-vingt-dix-sept femmes et cin-quante-quatre hommes.

Des considérations et recommandations

Dans leur déclaration politique fai-te au terme du séminaire de l’Uprdi Sud-Kivu à Bukavu, ces résistants et militants avaient opté, dimanche 3 janvier après-midi, pour soutenir la

déclaration de leur président natio-nal et porte-parole de l’Opposition politique républicaine, le Prof. Dr Sylvanus Mushi Bonané et celles des évêques appelant les Congolais à l’union, ainsi qu’à l’apaisement et à soutenir les voies qui privilégient les démarches pacifiques. On a ainsi pu entendre des considérations fon-dées sur l’urgence d’avoir un pro-cessus électoral opérationnel actua-lisé et crédible dans le strict respect de la Constitution, tout en tenant compte de l’appel du chef de l’Etat à tous les partis politiques à un dialo-gue national.

Les points forts du cahier de char-ges de l’Uprdi seront fixés après un travail en carrefours en différents groupes des travaux venus des di-vers coins de la province du Sud-Ki-vu. «On aimerait avoir rapidement un calendrier électoral simple et ac-cepté par tous», affirmait une dame venue de Nyangezi, lors des échan-ges dans un focus-group. Un autre groupe de travail avait même pro-posé d’ajouter au cahier de charges l’insistance sur un mode de scrutin ordinaire fondé sur le vote manuel. Plus loin, les militants et résistants de l’Uprdi ont émis le vœu de voir le bureau national de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) subir un coup de peigne fi-nal pour une bonne harmonisation avec toutes les parties prenantes dont l’Opposition, la Majorité et la Société civile. Les cadres de l’Uprdi ont fermement insisté sur la sécu-risation du processus électoral et de la population, primordiale pour cette difficile période.

Darius Kitoka

Une fois de plus, un géant de l’Opposition politi-que et républicaine (Opr), l’Union du peuple pour la république et le développement intégral (Uprdi) a ajusté le pas pour s’orienter résolument vers le dialogue national convoqué par le chef de l’Etat. Le bureau provincial de l’Uprdi a, à cette fin, récem-ment réuni ses membres résistants provenant de différents coins de la province en séminaire idéo-logique dans la grande salle «Royal House», les 2 et 3 janvier 2016.

L’Uprdi Sud-Kivu en séminaire d’idéologie

Darius Kitoka

Politique sLe Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Darius Kitoka Les promesses de Cishambo pour 2015: quel bilan?

C’est une croix qui se dresse sur une pierre tombale. Les lettres qu’on espérait être en or, sont seulement rou-

ges, couleur de flammes et de sang. Début 2015, devant les députés pro-vinciaux du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo avait déclaré, pince sans rire, qu’au courant de cette année, fort d’un budget de 150 milliards de francs congolais, les projets de son gouvernement seraient tous réali-sés: routes de desserte agricole, ain-si que construction de vingt-quatre maternités, de soixante-neuf écoles, de vingt dépôts de stockage de pro-duits agricoles, de parkings et gares routières, sans oublier des stades de Kadutu et d’Uvira.

Qu’a-t-il fait? Nous n’allons pas nous perdre en conjectures, mais de son discours du mois de janvier 2015, voici ce que «Le Souverain Li-

bre» avait publié en page 5 de son numéro 79, entre décembre 2015 et janvier 2016. Cet extrait reprend quelques paragraphes de l’article «Qui finance réellement la réhabilita-tion de la voirie urbaine de Bukavu?» Il s’agit d’une analyse de déclarations de Marcellin Cishambo devant les députés provinciaux du Sud-Kivu.

«Le gouvernement Cishambo af-firme qu’il construira, en 2015, 24 maternités (aucune précision n’est donnée sur leur qualité: de combien de lits; construites en chaume, en bois ou en dur ; leurs emplacements,...). Les Sud-kivutiens peuvent aussi noter qu’il leur est promis la réhabilitation ou la construction de 69 écoles, de 20 dépôts de stockage de produits agri-coles, de 8 marchés ruraux – peut-être un dans chaque territoire –, de parkings et de gares routières, ainsi que des stades de Kadutu et d’Uvira.

Mais aucune promesse, relativement à tous ces projets, sur le plan qualita-tif. J’ai peur que l’utopie ne soit pous-sée trop loin, cette fois-ci. 2016 oblige peut-être. Il faut ainsi s’attendre à ce qu’en décembre 2015, alors que ça bouillonnera, à coup sûr, au rythme du calendrier de l’élection présiden-tielle, la population du Sud-Kivu ait un bilan à placer au compte du gou-vernement Cishambo. Ces précisions chiffrées éviteront que soit demandé ce qu’a réalisé, tout le long de son exercice, l’autorité provinciale.»

Qu’en pensent donc les députés provinciaux, aujourd’hui? Qu’en pense le ministre national de l’Inté-rieur, qui sera pointé du doigt lors-que les Sud-kivutiens réclameront ce à quoi, à quelque niveau que l’on se place, ils ont légitimement droit?

Les membres du bureau provincial de l’Uprdi

Marcellin Cishambo Ruhoya, le chef de l’Exécutif provincial du Sud-Kivu.

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Depuis que, de manière tout à fait imprévisi-ble, il avait accédé aux manettes du pouvoir à la mort de son père en janvier 2001, Joseph Kabila Kabange, que l’on connaissait plutôt

introverti, que l’on croyait timide, s’est finalement ré-vélé d’une grande adresse politique. En lui, affirment des observateurs, on a décelé habileté politique, force de caractère et courage physique, ce qui lui confère une sorte d’aura qui ne manque pas d’intriguer.

Elu au suffrage universel en 2006, puis réélu en 2011, le chef de l’Etat doit en principe passer la main en décembre de cette année. C’est la Constitution qui en dispose ainsi. Mais depuis quelque temps, de moins en moins nombreux sont les électeurs qui croient en l’effectivité de cette alternance. De leur côté, les irré-ductibles de la Majorité présidentielle jurent, la main sur le cœur, que le président n’a nulle envie de rempi-ler. Ce que lui-même proclamait d’ailleurs à l’occasion d’une interview qu’il accordait, dans les premiers jours de son premier mandat, au journaliste François Sou-dan (Jeune Afrique l’Intelligent du 12 juin 2007) à la Cité de l’Union africaine (Kinshasa).

En tous les cas, aujourd’hui que de forts enjeux poin-tent à l’horizon, c’est l’occasion de rappeler que le pré-sident Kabila avait juré être un «homme de parole.»

La situation demeure néanmoins incertaine quant aux prochains jours, en Rd Congo.

De bien de ces choses, et d’autres encore, Kabila avait parlé sans détour, cartes sur table.

Lisons la partie de l’entretien relative à ce serment.

Cette tirade a envahi depuis quelques mois le réseau Facebook. Le chef de l’Etat ne pourrait pas prétendre ne pas l’avoir revue récemment.

Jeune Afrique : Vous avez encore un pro-blème, disons de visibilité, à l’égard des Congolais. Ils se plaignent de ne pas vous voir, de ne pas vous entendre. Seriez-vous fâché avec la communication?

Joseph Kabila : Et, pourtant, le président est là! Et il travaille, sans repos ni vacances. Cela fait plus de dix ans que je mène cette vie quasi monacale, sans compter les années au maquis. J’ai beau être encore jeune, il arrive que le corps se fatigue. Devrais-je commu-niquer sur cela? Je vais bientôt commencer de longues tournées à l’intérieur du pays, comme je l’avais promis. Là, vous me verrez, vous m’entendrez. Mais si c’est du culte de la personnalité que vous recherchez, vous risquez d’attendre longtemps.

Avez-vous changé?Oui, et mon pays aussi. Lorsque je regarde en arrière, je me dis que j’ai acquis, en termes d’expérience et de sagesse, ces six dernières années, ce que d’autres accumulent pen-dant toute une vie. Quant au Congo, il est de retour dans la cour des grands de ce conti-nent. On ne tardera pas à s’en apercevoir.La Constitution vous donne droit à deux man-dats de cinq ans. Vous devrez donc, si vous êtes réélu, quitter le pouvoir au plus tard en 2016, à l’âge de 45 ans. Ne serez-vous pas tenté de faire modifier cette disposition pour demeurer aux affaires?La Constitution, c’est sacré

Certains de vos pairs l’ont dit. Avant de changer d’avis.

Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y tou-cherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter.

Doit-on vraiment vous croire?Je vous donne ma parole d’officier. Que vou-lez-vous de plus?

Kabila aurait-il menti?

Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, qui venait d’arriver aux affaires. Il était alors encore général-major.

Politique sLe Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Echéances électorales 2016

Dénoncer, pas le lot du journaliste?

Le rôle du journaliste est d’in-former, et non de dénoncer», a maladroitement osé insinuer un député provincial.

C’est la tirade qui a étonné le plus d’un lors du débat autour de la pro-position d’édit portant protection des journalistes et défenseurs des droits de l’homme à l’Assemblée provinciale. Contre toute attente: un débat houleux et fort passionné, sentimental selon les uns.

Au départ, certains avaient pensé peu utile de voter un édit du genre. Ils pen-saient aux immunités dont bénéficie-raient les concernés, les différenciant ainsi du reste des citoyens.

Certes, un défenseur des droits de l’homme – tout autant qu’un journa-liste – n’est pas un homme spécial. C’est un citoyen comme les autres, et ses actes doivent également être analy-sés, commentés. Bref, si un journaliste ou un défenseur des droits de l’homme

commet un délit, il devra répondre de ses actes, comme tout le monde.

Néanmoins, le public, tout en re-connaissant ce travail d’informer, doit comprendre que l’information est un produit fini fabriqué prêt à la consom-mation que le journaliste sortira après plusieurs autres opérations: la collecte, le traitement et la diffusion, pour ne pas développer tous les contenus que ces termes renferment.

A quoi servirait un journalisme se li-

mitant à présenter les faits après irrup-tion des «hommes armés non autre-ment identifiés», s’il ne dénonce pas cette ignoble besogne?

La conscience morale de l’opinion publique et de la Société civile, c’est le journaliste. Ce dernier, dans son travail de chaque jour, se doit de présenter des faits susceptibles d’aider le public à connaître la vérité. Surtout lorsqu’il est difficile d’accéder aux sources d’infor-mation. Cet exercice lui permet ainsi de contraindre les autorités politiques à la transparence, à la redevabilité.

La quête de la vérité étant la raison d’être du journaliste, quoi de plus logi-que qu’il ait le droit de dénoncer tout en mobilisant des preuves irréfutables?

Dénoncer permet donc au journa-liste de construire ou de renforcer la démocratie, surtout lorsque, sur base de ses publications, il advient un dé-bat d’idées duquel le public est le plus grand bénéficiaire.

Dénoncer est ainsi, aussi, le lot du journaliste.

Solange Lusiku

François Cirume

Propos recueillis à Kinshasa par François Soudan

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C’est dans le cadre du baptême du livre intitulé «La construc-tion de la paix et le rôle de la Monusco», de la plume de

Bienvenu N. Karhakubwa, que l’Union des écrivains du Congo, Pléiade du Sud-Kivu, s’est récemment réunie pour suivre l’exposé du contenu de cet ouvrage. C’était sous la direction de son coordonnateur provincial, Gervais Cirhalwirwa. Cette manifestation de portée scientifique, sociale et riche en interventions, a eu lieu vendredi 18 dé-cembre dernier en la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu.

La vie de l’auteur et une synthèse du livre ont été présentées aux parti-cipants par le Prof. Bosco Muchukiwa, actuel directeur général de l’Institut supérieur de développement rural de Bukavu, ISDR. Le Prof. Jean-Claude Mubalama Zibona de l’Université ca-tholique de Bukavu, UCB, et ancien doyen de la faculté de Droit de cette même institution, parrainait l’ouvrage. Le Prof. Ngongo Fatuma de l’Univer-sité évangélique en Afrique, UEA, s’est dit fière d’être la marraine du livre. Les Professeurs Modeste Muke Zihisire et J.-C. Makomo Makita de l’Institut su-périeur pédagogique de Bukavu, ISP, sont de ceux qui l’ont personnellement apprécié et salué la bravoure de son auteur.

L’assistance à la cérémonie était re-marquable de par la présence de per-sonnalités scientifiques de renom et de grande envergure, venues honorer ce nouveau-né au nombre des œuvres des écrivains du Sud-Kivu, de la Rd Congo et de la sous-région des Grands lacs africains. La Société civile y était aussi présente, à travers ses acteurs dont le président du Bureau de coordination, Descartes Mponge, pour encourager l’œuvre.

L’ouvrage a été porté sur les fonts baptismaux par le pasteur Thomas, qui a pour cela rendu gloire à l’Eternel en aspergeant le livre de vin sans alcool.

Mais qui est Bienvenu N. Ka-rhakubwa? Originaire de la province du Sud-Kivu, marié et père de nom-breux enfants, il a étudié à l’Université évangélique en Afrique (UEA), après avoir terminé à l’Isp/Bukavu. Il est un expert et chercheur en études de paix et développement, acteur de la Société civile et président du Centre africain de paix et gouvernance, CAPG.

Que contient l’ouvrage?Subdivisé en trois grands chapitres,

ce livre bilingue de quatre cents qua-rante-huit pages en Français et en An-glais, qui a connu l’accompagnement du Prof. Muchukiwa (doyen de la fa-culté des Sciences sociales à l’UEA et DG de l’ISDR) et du professeur Dib Mango’o (Chancelier des universités pour la paix en Afrique), présente les théories fondamentales de la construc-tion et de la mission de maintien de la paix en premier, le travail de la Mo-nusco ensuite, et enfin les revers de la Monusco. Quatre questions ont fait l’objet de cette recherche, auxquelles l’auteur a apporté des réponses; à sa-voir : (1) quelles sont les théories fon-damentales de la construction de la paix et des missions de maintien de la paix ? (2) Quelle architecture de paix durable faudra-t-il pour la RDC ? (3) Que fait la Monusco dans le milieu où elle est implantée ? Quel est son tra-vail ? Quel est le rôle qu’elle doit réel-lement jouer ? (4) Quels sont les revers de la Monusco en tant que Mission des Nations Unies ?

En bref, ce livre souligne que la bruta-lité du peuple congolais envers la Mo-nusco est liée notamment au fait qu’il ne comprend pas et n’apprécie pas les mécanismes pacifiques des interven-tions onusiennes en Rd Congo, soumi-ses à de puissants groupes armés face à un Etat affaibli, au manque d’une architecture de paix qui puisse cadrer avec les différentes interventions des divers acteurs nationaux et interna-

tionaux, aux faibles réalisations de la Monusco au regard des moyens colos-saux mis à sa disposition et aux atten-tes locales, ainsi qu’aux revers de cette Mission de l’Onu qui influent négative-ment sur son image dans ce vaste pays de l’Afrique des Grands lacs.

Les revers de la médaille des inter-ventions de l’Onu en Rd Congo, com-me ailleurs dans le monde, devraient se résoudre par le fait que la Monusco se dote d’un plan d’action clair et so-lide, et partage à tous les niveaux avec les acteurs-clés des pouvoirs publics, de la société civile, des organisations tant nationales qu’internationales qui pourront en apprécier le rendement dans l’avenir. Il le faut, pour que la ruée du début de leurs interventions dans les premières années du vingtiè-me siècle ne puisse, à la fin, tourner à la curée. Pour sa part, l’Etat congolais devrait renforcer et professionnaliser les mécanismes de suivi et d’évalua-tion des interventions de la Monusco

au niveau national, aussi bien qu’inter-médiaire et local.

De la nécessité d’autres écrivains pour la recons-truction de la Rd Congo

«Devenez ce que vous lisez, écrivez votre propre histoire», appelle Solange Lusiku, promotrice de «Kitabu Festi-val édition 2013» et éditrice du journal «Le Souverain Libre». Un peuple doit écrire sa propre histoire et participer tant à la construction, qu’à la conso-lidation de sa paix. Dénoncer un mal, c’est le début du changement. D’où, «l’encouragement des écrivains congo-lais à écrire leur propre histoire», selon des analystes avertis. Raison pour la-quelle le journal «Le Souverain Libre» encourage l’auteur du livre, Bienvenu Karhakubwa, qui n’a pas attendu que des étrangers viennent écrire l’histoire de la Monusco en Rd Congo.

BIenvenu Karakubwa consultant son livre sur la construction de paix et le rôle de la Monusco en RDC

Le Souverain Libre

Claudine Kitumaini

La paix en Rd Congo et le rôle de la Monusco: un ouvrage sur les fonts baptismaux

L’obscurité plane sur l’arrestation du criminel

L’archevêque de Bukavu, Mgr François-Xavier Maroy Rusengo.

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Solange Lusiku

«L’édifice de la paix se construit par et avec toi»

Attentat contre Mgr l’archevêque de Bukavu:

Cela étonne plus d’un: le criminel attrapé dans les locaux de l’Evê-ché armé d’un couteau, et qui, visiblement, voulait attenter à la

vie de Mgr François-Xavier Maroy Ru-sengo dans la nuit du 14 septembre 2015, aurait dû avoir été jugé criminel. Mais à un niveau politique inconnu, il aurait été transféré en prison à Kinshasa, à l’insu du plaignant.

Un laissez-passer trouvé sur lui rensei-gnait qu’il s’agissait d’un sujet rwandais, et qu’il passait la frontière chaque jour. Un véritable sujet rwandais qui aurait également été identifié comme un mili-taire. Il aurait avoué qu’avant l’attentat, il s’était tenu des réunions à cette fin, et qu’ils étaient à cinq. Personne ne sait qui ils sont réellement, ni où sont les qua-

tre autres. Que peuvent-ils faire encore contre les prélats catholiques? Le danger est-il passé? On apprend qu’il aurait éga-lement avoué être venu pour assassiner Monseigneur.

Premièrement, il s’était présenté com-me étant un maçon, et avait tantôt dé-claré être de Nyundo, tantôt de Kamem-be. Bref, un Rwandais, et qu’il travaillait sur un chantier. Mais la justice n’a rien prouvé de tout cela.

Aujourd’hui, l’obscurité plane toujours sur cet attentat. Pourquoi l’autorité pro-vinciale a-t-elle choisi de le transférer à Kinshasa à l’insu de la victime et de l’Eglise catholique?

Face à cette situation, l’Eglise avait posé la question à la police, qui avait promis de contacter l’Agence nationale

de renseignements, Anr, pour le suivi du dossier. Mais un silence de marbre continue d’entourer cet attentat, de la part des autorités comme de celle des agents de renseignement.

Si cela se passe ainsi pour un attentat contre l’archevêque de Bukavu, qu’en sera-t-il des paisibles citoyens moins connus de la ville? En swahili, on dit: «Ikiwa hivi kwa mti mbichi, ita kuwa je kwa mti mkavu.»

Pour Mgr Maroy, cela est semblable au cas de Jésus, lorsqu’il s’était agi de relâ-cher Barabbas et de condamner Jésus.

«Pas un seul mot sur son transfert ni sur la suite, est-ce pour brouiller les pis-tes?» Wait and see.

François Cirume

Culture

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Pour obtenir un tenant lieu de passeport au Rwanda, le petit commerçant rwandais paie 15 $Us. Le document est va-

lide deux ans. En Rd Congo, pour en obtenir, il faut débourser 45 $Us et deux mille francs congolais. Valide 45 jours. Pour se procurer un passeport

rwandais, un Rwandais verse 70 $Us à l’Etat, tous frais compris. Il n’attend qu’une semaine pour avoir le docu-ment, qui est d’une validité de cinq ans. Hallucinant!

En Rd Congo, un passeport revient en moyenne 150 $Us, tous frais non compris. Sans explication aucune sur ces différences de taille. Et vous avez encore nombre de navettes à effectuer entre les divers bureaux concernés et les banques retenues pour le dépôt de ladite somme. Sans compter les lamentations des fonc-tionnaires qui disent sans amba-ges qu’ils ne vivent que du passage d’hommes comme vous dans leurs bureaux. Le document vous arrive enfin dans les trente à soixante jours plus tard. Si vous voulez obtenir un passeport dans les quinze jours, vous devez déboursez un peu plus de 300 $Us, sans compter les à-côtés. Et il y en a, croyez-moi.

Les deux passeports, bien que comptant le même nombre de pages, ne sont pourtant pas identiques sur le plan biométrique. Le passeport congolais utilisé jusque-là avait été présenté comme totalement biomé-trique. Voilà pourquoi il devait coû-ter aussi cher. Mais moins de dix ans plus tard, ce sauf-conduit est en

train d’être remplacé par un nou-veau – plus biométrique, semble-t-il. Renversant!

Les premiers à en avoir sont le pré-sident de la République, son pré-car-ré et les membres du gouvernement central. Le bas peuple doit attendre encore longtemps… Peut-être la veille de son expiration. «Je ne sais pas ce que je dois faire. Voilà six mois que j’attendais mon passeport. Et il n’y a pas un mois qu’il est arrivé, qu’on me dit déjà que je peux juste l’utili-ser en attendant. Je n’ai pas de mots pour qualifier cela, mais pour moi, on n’est pas loin d’une escroquerie officielle», vocifère Mme Elysée Ru-hoya devant son petit bureau de La Botte, à Bukavu. Et comme le mal-heur a toujours un frère, l’octroi du nouveau, qui marque le pas, semble aussi en susciter. Dans les rues de Bukavu, des jeunes gens s’essaient en médium: «Comme les voisins ont appris à ne plus nous respecter, dès qu’ils verront le spécimen de ce nouveau passeport congolais, ils ne nous accepteront plus l’ancien.» Peur caractérielle ou justifiée?

Qui vivra verra...

Administration publique

Le passeport congolais, ce si précieux document.

Documents de voyage en Rd Congo, des raisons de comparer

Darius Kitoka

Les nouveaux majeurs privés de voyager

Le voyage Bukavu-Uvira à bord des minibus qui passent par le Rwanda ou le Burundi pour atteindre leur destina-

tion pose des problèmes à certains voyageurs. Des étudiants et élèves, pour la plupart, sont victimes du refus, par les services de migration de ces pays de transit, de leurs piè-ces d’identité. Ces jeunes Congolais sont tout simplement renvoyés par ces services. Dès lors, ils sont obli-gés de chercher des laissez-pas-ser ou, tout simplement, de passer par la route nationale N°5 (connue sous le nom de «route de Ngomo»), connue pour son particulièrement mauvais état de praticabilité. Ces jeunes sont accusés de se servir de pièces d’identité ne remplissant pas les normes.

Les services d’immigration du Rwanda autorisent les passagers congolais à se servir de leurs car-tes d’électeur, de leurs passeports, de cartes de la Cepgl, et de cartes d’élève pour les moins de 18 ans. La majorité de leurs victimes sont les jeunes mineurs qui n’avaient pas l’âge de voter en 2011 (18 ans), et qui l’ont atteint aujourd’hui.

C’est l’occasion de rappeler que depuis la chute du président Mobu-tu, les Congolais, jusqu’à ce jour, ne sont pas dotés de cartes d’identité. Et qu’il leur avait fallu attendre les élections de 2006 pour se voir do-ter de cartes d’électeur tenant lieu de cartes d’identité.

De la nécessité de réviser les fichiers électoraux

La révision du fichier électoral est une procédure qui doit précéder les élections. Non seulement qu’elle ouvre la voie au vote, mais aussi elle permet aux populations de se doter de pièces d’identité. Au regard de ces difficultés que rencontrent les jeunes Congolais, Martin Mbilizi, assistant technique du Carrefour d’enfants du Congo (Careco), un or-gane technique du Parlement d’en-fants, demande au gouvernement de doter la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de moyens financiers suffisants pour qu’elle puisse organiser l’enrôle-ment des nouveaux majeurs qui, jusqu’ici demeurent des person-nes sans identité. Et de poursuivre que l’enrôlement des citoyens est un droit, et non un cadeau. D’où, l’absolue nécessité de réviser les fichiers électoraux. Il déplore éga-lement comment, sur une carte d’identité, bien que provisoire, ne figure ni la profession, ni l’état civil du propriétaire. Il faut en tout cas que la Ceni révise le fichier électoral afin de doter les nouveaux majeurs de cartes d’électeur et d’identité.

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Lorsque les jeunes Congolais se dépla-cent vers les pays voisins membres de la Communauté économique des pays des Grands lacs, Cepgl, il se pose toujours un pro-blème. Ils ont en effet à faire face au refus, par les services d’immigration rwandais et/ou burundais, de leurs pièces d’identité.

Comment pourraient-ils voyager, ces nouveaux mineurs qu’on prive de la carte d’électeur tenant lieu de carte d’identité en Rd Congo?

Christian Kika

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7

L’organisation Sajecek dénonce bien plus de faits en-core, au nombre desquels celui selon lequel tout agent de la Pcr qui ne verserait pas à verser le «rapport» tel que fixé est contraint, soit à la garde plusieurs semai-nes durant, soit est muté à l’intérieur de la province, et peut même être viré ou mis aux arrêts. Ce serait pour être épargné de ces sanctions, que certains agents qui ne sont pas parvenus à réaliser ces montants, ont vendu certains de biens de leurs biens personnels (télévision, radio, téléphone,…) afin de pallier cette carence.

Le «massage» et son parrainage ont par ailleurs été plusieurs autres fois dénoncés, et à plusieurs occa-sions, notamment au cours des émissions radiodiffu-sées «Droits de l’homme au quotidien» de Jean-Mo-

reau Tubibu (sur Radio Maendeleo) et «Méli-mélo» de Jean-Pierre Mola (Radio Maria). Mais également à travers des interventions auprès des médias locaux de Descartes Ponge, président du bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu et, encore, de Me Robert Njangala de Sajecek Forces vives. Les auditeurs sont-ils si sourds qu’ils n’entendent pas toutes ces plaintes?

Trop de précautions valent mieux qu’une

Nous ne nous serions évidemment pas permis d’émet-tre de tels griefs sans prendre la précaution d’une mi-nutieuse vérification des faits. Nous ne trouvions pas que nous en avions assez fait avec les éléments que nous avions recueillis, et que nous venons de vous présenter. Et, ainsi qu’il est d’usage dans le noble métier de journa-liste, nous avons déployé tous nos efforts pour obtenir la version des faits du général Kanakange lui-même, dont nous possédons bien évidemment les coordonnées. En vain. Il ne décroche même pas son téléphone aux nom-breuses tentatives que nous avons déployées pour pou-voir le questionner à ce propos. Quatre appels vains dans la matinée du mardi 19 janvier, et sept autres mercredi 20 janvier 2016 au soir. Nous lui avons même adressé deux texto reprenant les motifs de nos appels. Non seulement il n’y a pas réagi, mais il continue à ne point décrocher. Ce qui témoigne tout de même d’un certain dédain. Qui n’est pas de nature à traduire une volonté de coopération. Nos lecteurs comprendront donc que nous ne pouvions dès lors pas faire autrement, face à l’impératif de dénoncer telle perversité, pour pouvoir y remédier tant soit peu.

Il y a environ une année, à l’occasion d’un point de presse, le général Ka-nakange, commissaire provincial de la Police nationale congolaise

(Pnc) pour le Sud-Kivu, assurait, jurant par tous les dieux, de son honnêteté ; qu’il était étonné de l’existence du phé-nomène «massage», et qu’il prenait l’engagement ferme de mettre un terme à cette ignominieuse pratique. C’était, soutenait-il, la parole d’honneur d’un officier supérieur – général, de surcroît – qui garantissait au Sud-Kivu une amélioration, dans l’entité, des presta-tions de la Police de circulation routière (Pcr) dans toutes ses charges.

Cette affirmation, on l’a encore en-tendue dans la quasi-totalité de ses in-terventions, surtout lorsqu’il s’agissait de questions liées à la gestion de la cir-culation routière.

Ensuite, on en a vu, des accidents de

la circulation routière ; des arrestations-bidon; des amendes illégales (comme lorsqu’il s’est agi d’imposer une contra-vention de l’ordre de 200.000 francs congolais pour un ridicule mauvais stationnement...). Il y a eu des batailles entre motards et policiers de roulage – coups et blessures – qui, souvent, se soldaient sur de la rancune les uns pour les autres.

Et on les voit quotidiennement, ces policiers de roulage, le long de toutes les rues, le regard fureteur et inquiet puisque conscients de leur culpabilité, tendant la main à tous les conducteurs de véhicules et de motos qui passent pour demander à qui mieux mieux un peu d’argent. Mais ce n’est pas tous les jours qu’ils parviennent à réunir le montant suffisant pour satisfaire les of-ficiers qui attendent, les bras croisés, le «rapport» journalier.

A maintes reprises, des analystes se sont perdus en conjectures sur la dé-signation du responsable d’une telle autolyse de la régulation de la circula-tion routière. Toutefois, ce ne seront resté que de stériles présomptions.

A en croire plusieurs discrétions com-munément fiables, le 18 janvier 2016 passé, les policiers Mango Musafiri, Mweze Assani Kyatangalwa, ainsi que deux autres de leurs collègues, ont été mis aux arrêts sur ordre du commis-saire provincial de la Pnc, province du Sud-Kivu. Ils croupiraient au cachot de la Pelvs (Police de protection de l’enfant et de lutte contre les violences sexuel-les, communément appelé «cachot de La Botte») Ces sources indiquent en effet que l’ordonnateur de ces incarcé-rations ne serait que le général Kana-kange. Au seul motif, selon des réseaux généralement avertis que nous avons pris le soin de contacter, d’avoir péché en n’ayant pas réalisé les 20 $Us quoti-

diens assignés à chacun d’entre eux sur les perceptions illégales effectuées sur la chaussée. Qu’il faut assimiler tout simplement à de la vile corruption.

Les dénonciations de ces faits abondent

Par son bulletin-surprise n° 031 daté du 13 février 2013, la Synergie des as-sociations des jeunes pour l’éducation civique, électorale et la promotion du leadership cohésif au Sud-Kivu (Sa-jecek Forces vives) du président Me Robert Njangala dénonçait déjà «Une corruption à ciel ouvert (...) à tous les postes de Polie de circulation routière au Sud-Kivu», les agents de la Pcr étant obligés de se faire corrompre au prix de 500 francs congolais «ya massage». Ce document dénonce : «Les agents de la PCR se font corrompre sur la route au vu et au su de tout le monde sans honte ni crainte. 500 Fc suffisent aux chauffeurs et propriétaires des véhicu-les pour échapper à tout contrôle tech-nique et administratif.» Ce «massage», ce pot-de-vin, se donne sous forme de salutation entre les agents de la Pr et les chauffeurs en pleine rue, à tous les postes de la Pcr de Bukavu, ainsi qu’à l’intérieur de la province du Sud-Kivu, ajoute-t-il.

Et de dénoncer, de plus, que ces agents sont contraints par leur hié-rarchie à se faire corrompre afin de réaliser le «rapport» (somme d’argent fixée d’avance, due à une autorité po-licière) qui doit être versé soit par jour ou par semaine à certaines autorités de la police. Et ce «rapport» varierait d’un poste à un autre selon que le lieu est très fréquenté des véhicules ou non, se-lon un tableau tel que celui-ci (dont les données datent, pour rappel, de février 2013):

«Parole d’officier» non tenue...

Voici, sur écran de portable, deux des textos que «Le Souverain Libre» avait adressés au général Kanakange. Tous, ainsi que les appels, sont restés sans réponse.

Darius Kitoka

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016 Societe s

Christian Kika

Phénomène «massage» au Sud-Kivu:

Des révélations nous ont été faites au sujet du redoutable phénomène «mas-sage» qui sévit notamment dans la pro-vince du Sud-Kivu. La situation va de mal en pis. Des indications discrètes prove-nant de sources généralement dignes de foi nous confirmaient récemment que quelque quatre policiers de circulation routière étaient en état d’arrestation pour n’avoir pas réuni les vingt dollars améri-cains exigés de chacun d’eux au titre de «rapport» des perceptions illégales qu’ils sont contraints de faire le long des voies routières. Une accusation que, vraisembla-blement, n’avale pas le Général.

Des agents de la Pcr en pleine action sur les rues de la ville de Bukavu.

Pacifique Muliri

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8 Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Les femmes leaders de différentes associations ont été nombreuses à célébrer avec pompe le 15ème an-niversaire de la Résolution 1325,

samedi 31 octobre, à l’occasion d’un dî-ner d’échanges au restaurant New Deli-cia, en commune d’Ibanda. A l’occasion, la gente féminine visait à valoriser et à promouvoir les femmes leaders des di-vers secteurs de la société du Sud-Kivu, et à conscientiser les hommes genrés. Il s’agissait par ailleurs de susciter en elles une forte implication par rapport au pro-

cessus électoral en tant que candidate, électrice, agent électoral, observatrice; à réfléchir sur les moyens d’améliorer l’élection des femmes par les populations du Sud-Kivu, mais aussi de relever les défis et difficultés que rencontrent les femmes dans l’exercice de leur travail, pour en faire un sujet de plaidoyer.

A cette occasion, des discours ont été prononcés. L’intermédiaire du Chef de bureau de la Monusco, Amani Hamadou Touré, a notamment félicité les femmes pour avoir convaincu leurs partenaires

masculins de l’impérieuse nécessité qu’il y a désormais à respecter leurs droits et à les associer à toutes les prises de déci-sions. Il a encouragé les femmes leaders à s’entresoutenir davantage pour briguer et conquérir des postes de responsabilité et à comprendre que les droits s’arra-chent, mais ne se négocient pas. L’idéal serait qu’un jour, il y ait davantage de femmes parlementaires, magistrates, avocates, médecins, professeurs, respon-sables d’églises, ingénieurs, officiers su-périeurs de l’armée et de la police, et plus encore présidentes de la République. L’intermédiaire du Chef de bureau de la Monusco a conclu en rassurant les fem-mes leaders de l’appui des Nations unies pour concrétiser leurs aspirations.

Espérance Mawanzo, présidente de la synergie et coordinatrice de l’Observa-toire de parité, quant à elle, souligne que la Résolution 1325 a été la toute premiè-re à étudier spécifiquement l’impact de la guerre sur les femmes, les initiatives de contributions féminines à la résolu-tion des conflits et à l’édification d’une paix durable. Elle mérite une dimension «sexospécificité» dans les situations de conflit et de post-conflit. L’intervenante a reconnu en outre que chaque femme et chaque homme, chaque fille ou chaque garçon, vit différemment les conflits.

Du même avis favorable, Julienne Mushagalusa, responsable numéro un de l’Association des femmes juristes du Congo, Afejuco, a noté que les femmes leaders se sont réellement approprié cette activité. Elles ont répondu affirma-

tivement à l’invitation. Disponibles et actives, leur participation aux débats et aux échanges s’est avérée fructueuse. La présidente de l’Afejuco a souligné l’expé-rience des femmes par rapport à la ma-nière dont elles appliquent la Résolution 1325 dans leurs activités diverses (admi-nistration publique, enseignement supé-rieur, mouvements associatifs et autres). A la question de savoir le pourquoi du petit nombre d’hommes dans l’activité, une réponse claire et nette a été donnée: «Le peu d’hommes ciblés par la synergie sont genrés et sont acquis à la cause de la femme. Autrement, ils comprennent parfaitement pour quoi la gente fémi-nine milite. Ils s’approprient tout ce que la femme fait dans la province et l’y en-couragent.»

Les panels sont constitués de fem-mes et d’hommes acquis à la cause de la femme, se regroupant pour échanger sur différents sujets liés à la sécurité, et à la paix, notamment sur l’accord d’Addis-Abeba. La conférence de presse a brossé un aperçu sur les avancées de la Réso-lution 1325, qui montre certaines amé-liorations et beaucoup de défis à relever par rapport au travail des femmes, mais aussi par rapport aux autres acteurs.

Il est à noter, depuis quelque temps, une forte amélioration quant à la scola-risation des filles. Un grand pourcentage de ces dernières va actuellement à l’uni-versité. Tout est parti de la sensibilisation des associations féminines, mais éga-lement de l’Unicef et du gouvernement congolais, qui ont contribué par rapport à l’autonomisation des femmes. Adoptée par le Conseil de sécurité en sa 4.213ème séance, il y est affirmé que les femmes jouent un rôle important dans la préven-tion et le règlement des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix, et souli-gné qu’il importe qu’elles participent sur un pied d’égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité. On y requiert aussi qu’elles y soient pleinement associées, et qu’il convient de les faire participer davantage aux décisions prises en vue de la préven-tion et du règlement des différends.

Des congratulations ont été adressées à la synergie des femmes leaders pour la 1325, composée d’un consortium de quatre organisations unies pour des ac-tions ponctuelles. Ses membres peuvent se frotter les mains pour le grand travail abattu en faveur de la femme.

15 bougies pour la 1325Les Congolaises expriment leur opinion sur la paix et la sécurité, mais l’audibilité de leur voix exige des alliances et stratégies à forte visibilité pour assurer leur lobby. Ainsi, le plaidoyer en cours exige des femmes congo-laises qu’en plus de leurs contacts réguliers, elles saisissent l’occasion des événements mondiaux et nationaux marquant les festivi-tés de la journée internationale de la paix et celles du 15ème anniversaire de la Résolution 1325 pour mettre en avant leurs attentes quant à la mise en œuvre de mécanismes pertinents relatifs à la paix, comme c’est aujourd’hui le cas de l’accord-cadre pour la paix et la sécurité en Rd Congo.

Anne MushigoLes femmes leaders de Bukavu en réunion à l’occasion du 15ème anniversaire de la Résolution 1325.

Une dissension entre les deux syndicats du secteur de l’ensei-gnement au Sud-Kivu, le Syne-cat (Syndicat des enseignants

catholiques) et la Syeco (Syndicat des en-seignants du Congo), a mis dans le trouble tant les parents que les enfants, lorsqu’il s’est agi de reprendre le chemin de l’école, les récentes fêtes de fin d’année passées.

Une semaine avant cette rentrée, des rencontres ont eu lieu entre les syndicalis-tes et la société civile, pour que soit trouvé un accord sur certains points. Malheu-reusement, lundi 11 janvier matin, alors

que les élèves et écoliers reprenaient les cours, l’épineuse question des enseignants omis des listings, des enseignants non payés, des «Nu» (nouvelles unités) et des non matriculés, demeurait à la Une. Par ailleurs, qu’en est-il de la prime que les pa-rents allouent aux enseignants? Elle justi-fiera, apprend-on, que le gouverneur de la province aurait pointé du doigt l’église ca-tholique, l’accusant de la paternité de cette dernière, et qu’ainsi, ce serait à elle d’en décider du terme.

Cette année scolaire n’est, à ce jour, tou-jours pas à l’abri d’éventuelles agitations.

A tout moment, peuvent être menées des actions citoyennes pour interpeller la conscience des gouvernants quant aux préoccupations sus évoquées. Il y a peu, déjà, une marche pacifique était organisée pour exiger du gouvernement qu’il puisse s’acquitter de son devoir.

La prime, un poison pour les parents

Une contradiction avait en effet mis l’un contre l’autre le Synecat (Syndicat des en-seignants catholiques) et la Syeco (Syndi-

cat des enseignants du Congo). Environ une semaine avant que les élèves n’aient à rentrer, le Syeco demandait aux parents de garder leurs enfants à la maison si le gouvernement ne voulait pas prendre en charge leurs éducateurs. Le Synecat, dans le même temps, encourageait les élèves à reprendre le chemin de de l’école, mais sans que leurs parents ne payent la prime. Deux voix divergentes.

Rappelons que certaines écoles de la ville ont revu à la hausse le montant de la prime; d’autres avaient exigé le paiement d’un montant fixe pour la confirmation

Mêmes tracas, pas d’issueRentrée scolaire 2015-2016

Paix et securite

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On pouvait bien le remar-quer sur le chemin: te-nue de terrain, ambiance d’équipe, lots de produits vivriers divers à la main

ou sur la tête, tels étaient, samedi 19 décembre dernier, les membres du Rotary Club Umoja de Bukavu.

Si certains avaient effectué des voya-ges de fin d’année pour aller prendre repos et jouir de leur temps sur des plages notamment, les membres du Rotary Club Umoja, eux, s’étaient ré-solument engagés à rencontrer une

classe de personnes, à Bukavu, parmi les plus oubliées de l’année 2015.

C’est à partir de 11 heures du matin que l’on avait pu voir le père Xavier Bugeme, curé de la paroisse de Ngu-ba, dans des bottes de père de famille, visiblement préparé à faire de lon-gues distances sur des chemins plus ou moins compliqués, passer par des collines et des pentes ardues pour des personnes de son âge.

A ce jésuite passionné, on reconnaît des initiatives de taille, dont la mo-bilisation locale des chrétiens pour

l’achèvement de la construction de la magnifique paroisse de Nguba – la plus belle de toutes celles du diocèse – sans l’intervention d’aucune aide exté-rieure. Il en est de même pour le par-rainage qu’il a assuré de nombreuses activités à caractère caritatif et évan-gélique, dont les différents concerts organisés avec le groupe Lavigerie et les neuvaines qui rassemblent ré-gulièrement des chrétiens, d’autres croyants, et même des non croyants, dans la prière. C’est une figure de res-pect au sein du Rotary Club Umoja.

L’ambiance était au zénith. Dans ce climat imprégné de charité, on pouvait remarquer Désiré Ntayira, «L’Ami président» comme on l’ap-pelle souvent, tenant par moments le curé par la main, notamment dans les passages difficiles de terres boueuses.

Très calmes, chacun portant son fardeau, tous ne rêvaient que d’arri-ver à destination, compatir avec les vieillards, les veuves et les orphe-lins qu’ils allaient retrouver dans les homes que la paroisse de Nguba a construits pour eux. Le président de la commission Action portant la roue dentée – le logo international du Ro-tary Club – précise que cela fait très longtemps qu’ils attendaient ce mo-ment de rencontre avec les vieillards.

La rencontreUn bref et remarquable discours du

Rotary Club a été tenu par «l’Ami pré-sident» qui se rangeait aux cotés des représentants de la Caritas, le père curé et l’ami Jonathan Kakule –trésorier de l’association. On note, dans cette com-munication, des messages de paix, de réconfort, d’amour, et surtout d’espoir pour l’année qui commence. Le prési-dent avait d’ailleurs été clair: «Nous ne sommes pas riches, mais nous som-mes venus partager avec vous le peu que nous avons trouvé, dans l’amour

et la charité mutuelle.»Celui des visités: des nécessiteux ne

pouvaient pas trouver beaucoup à dire, manifestement. Seul un vieil homme se présentera avec courage, les larmes aux yeux, pour saluer le geste que po-saient les membres du Rotary Club Umoja en cette fin d’année.

Ce sont des discours pas politiciens qui ont été prononcés, succincts. Les visages des membres étaient éclatants de sourire. Néanmoins, ils étaient vi-siblement curieux de comprendre comment vivent ces nécessiteux, et ont manifestement trouvé des mots pour adoucir les douleurs de ces der-niers.

On pouvait remarquer dans la foule, entre autres, les amis Patrick Kabi, Pascal Mweze, Litho Babunga, Pau-lin Binja, Lazare Kabagalwa, respec-tivement président des commissions Effectif, Administrative, Relations publiques, Famille, ainsi que le prési-dent de la fondation, chacun avec un nécessiteux à ses côtés, échangeant avec lui sur la vie qu’ils ont pu mener 2015 durant.

Des deux côtés – des visiteurs com-me des visités –, on a véritablement pu lire du bonheur.

Un apostolat pour boucler 2015

Societe sLe Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Anne Mushigo

Rotary Club Umoja:

Pacifique Muliri

Un jour, l’âne d’un fermier est tombé dans un puits. L’animal gémissait pitoyablement pen-dant des heures et le fermier se demandait quoi faire. Finalement, il a décidé que l’ani-mal était vieux et le puits devait disparaître. De toute façon, ce n’était pas rentable pour lui de récupérer l’âne.Il a invité tous ses voisins à venir et à l’aider. Ils ont tous saisi une pelle et ont commencé à enterrer le puits. Au début, l’âne a réalisé ce qui se produisait et se mit à crier terriblement. Puis, à la stupéfaction de chacun, il s’est tu.Quelques pelletées plus tard, le fermier a finalement regardé dans le fond du puits et a été étonné de ce qu’il a vu. Avec chaque pel-

letée de terre qui tombait sur lui, l’âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus.Pendant que les voisins du fermier conti-nuaient à pelleter sur l’animal, il se secouait et montait dessus.Bientôt, chacun a été stupéfié que l’âne soit hors du puits et se mit à trotter!Leçon:La vie va essayer de t’engloutir de toutes sortes d’ordures. Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour avancer.Chacun de tes ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons sortir des puits

les plus profonds en n’arrêtant jamais... Il ne faut jamais abandonner! Secoue-toi et fonce! Rappelle-toi cinq règles simples.Pour être heureux:1. Libère ton cœur de la haine.2. Libère ton esprit des inquiétudes.3. Vis simplement.4. Donne plus.5. Attends moins.A ne jamais oublier, surtout dans les moments les plus sombres.Merci d’être là... Et d’être chrétien.

L’âne et le puitsBillet

Quelques dignitaires membres de Rotary Club Umoja sur une photo de famille.

Lors de la distribution des vivres pendant l’apostolat.

Trente-trois matelas garnis, une douzaine de bidons d’huile, des sacs de riz de 25 kilogram-mes, deux ballons de couvertures, ainsi que des sacs de sucre, étaient manifestement prépa-rés sur base d’une mobilisation entre membres et tiers pour un apostolat de compassion et d’amour envers des vieillards logeant dans les homes de la cellule dénommée «Crédit foncier», abusivement appelée «Keredi.»

Anonyme

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10 Politique s

Le tendon d’Achille de la Cenco

Darius Kitoka

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

La rencontre d’échanges de Bukavu

En la salle Concordia de l’Arche-vêché de Bukavu, ce 13 janvier 2016,

Mgr l’Archevêque de Bukavu, François-Xa-vier Maroyi Rusengo, a organisé une ren-contre d’échanges avec les représentants du corps social de la province du Sud-Kivu. Il revenait de Kinshasa, où il a pris part à des concertations avec les membres du Comité permanent de la Cenco et des acteurs socio-politiques du pays. Cette rencontre d’échan-ges avait pour objectif de bâtir une nation démocratique et unie à jamais. Y étaient présents, une soixantaine de notabilités politiques, religieuses et des membres de la société civile. Des plus radicaux par rapport au dialogue aux plus férus de ce dialogue national. Mais il semblerait qu’au cours des échanges, les violons ne se sont pas accor-dés. Les uns et les autres campant mordicus dans leurs positions. Parmi les opposants sans appel au dialogue national, le Docteur, spécialiste de gynécologie, Denis Mukwege. Ce dernier a qualifié la «manœuvre» de piège pour conduire au glissement du mandat de Joseph Kabila. Pour cette caté-gorie, dont fait partie le Mouvement social pour le renouveau (Msr) de Mme Hendwa Ciza, Secrétaire exécutive provinciale de ce parti, on ne saurait pas participer à un dia-logue dont on ne possède pas les termes de référence. On risquerait, ainsi, de s’embar-quer dans une nébuleuse et de se retrouver dans un cul-de-sac qui ramènerait le pays vingt ans en arrière après tous les sacrifi-ces à ce jour consentis ensemble. D’autres ont pensé que le dialogue inclusif est une tribune pour baliser la voie des élections, qui mettrait tout le monde d’accord pour le bien du pays et de chacun en Rd Congo.

Bukavu, miroir de KinshasaLe prélat catholique est rentré à Bukavu,

visiblement débarrassé du radicalisme qui avait initialement caractérisé la Cenco re-lativement à l’organisation du Dialogue

national. A y regarder de près, par rapport à ce forum national, l’Eglise catholique est devenue comme un oiseau sur la branche. La position de l’Archevêque en province, quand il déclare qu’il peut aller au dialo-gue sans que cela ne signifie rigoureuse-ment qu’il doive y aller, est une équivocité. Et le principe du tiers exclu n’est plus per-ceptible dans l’agir du leader catholique de Bukavu. Cette attitude de Maroyi Rusengo n’est qu’un reflet de celle de son cardinal, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya. Ce der-nier a évolué dans sa position depuis fin 2015. Au discours d’auto prise en charge populaire pour garantir l’alternance, le respect de la démocratie et de la Constitu-tion de la Rd Congo, s’est substitué le pré-dialogue. Comment cela est-il arrivé?

L’infaillibilité du Pape François24 décembre 2015. Traditionnel messa-

ge urbi et orbi du Pape au Vatican. Comme par illumination, le message arrive au ni-veau de l’Afrique. Avait-il retenu ce pas-sage? Le Pape seul peut répondre à cette question. Mais ce qui est vrai est que Fran-çois a regardé les fidèles, après une virgule, avant de laisser tomber que le Sud-Sou-dan, le Burundi et la Rd Congo devaient privilégier la voie du dialogue pour éviter que le sang ne coule encore dans ces pays d’Afrique centrale. Le message tombe à pic, car au Burundi, c’est le pouvoir qui re-fuse le dialogue. Au Sud-Soudan, les deux protagonistes veulent le dialogue, tandis qu’en Rd Congo, c’est le pouvoir en place qui insiste pour qu’il y ait dialogue.

On sait que la parole du Pape, pour les évêques catholiques, équivaut à un autre évangile. Le Pape est infaillible. L’Eglise ca-tholique au Congo ne devrait pas considé-rer les choses autrement. Elle se doit d’ac-complir l’infaillible volonté pontificale. Et pour ne pas perdre la face, le prélat catho-lique a joué la carte de la vertu légendaire des Congolais, prônant le pré-dialogue.

Les résultats du «pré dialo-gue» de la Cenco à Kinshasa

Du 28 au 30 décembre 2015, la Cenco a échangé avec les forces vives de la nation à Kinshasa, notamment le président de la Ceni, les présidents des deux chambres du Parlement congolais, certains regrou-pements et plates-formes politiques, ainsi que le président de la République. Les uns et les autres ont donné, paraît-il, et de ma-nière officielle, leur position par rapport au dialogue. Selon des sources dignes de foi contactées par votre journal, aucun progrès n’a été enregistré dans la position tant des uns, que des autres.

La Ceni subordonne les élections au dialogue

Les problèmes techniques liés à l’organi-sation des élections de 2016 restent statu-taires. Le pays accuse toujours des arriérés électoraux, connus de tous. Depuis dix ans, la Rd Congo n’a jamais pu organiser un cycle électoral complet. Pour la Ceni, structure d’appui à la démocratie, l’or-ganisation des élections en 2016 ne peut qu’être consécutive à la rectification du fi-chier électoral. Depuis 2013, la Ceni a déjà publié trois calendriers, et aucun d’entre eux n’a fait l’objet d’un consensus global. Par conséquent, aucun fonds y relatif n’a pu être déboursé et aucune couverture ju-ridique faite. Pour ce faire, les politiques doivent discuter, afin que les deux cham-bres du parlement votent la loi y relative.

Le G7 juge le dialogue de ruse «kabiliste»

Le dialogue ne serait qu’une diversion délibérée de Joseph Kabila pour se main-tenir au pouvoir, avancent les membres du G7. Ils sont d’avis que cette rencontre voulue par le chef de l’Etat n’a rien de spé-cial, car tout son agenda ne contient que des points discutables au sein des insti-tutions existant à ce jour au pays. On sait pourtant pertinemment que le président de la République peut constituer un blo-cage, comme il peut assurer le déblocage du processus électoral en Rd Congo. S’il déclarait qu’il ne se présenterait pas à la prochaine présidentielle, ce serait tout. Ainsi, pour le G7, la pression sur Kabila ne doit souffrir d’aucune défaillance.

Les deux présidents du Parlement national sou-tiennent le dialogue pour le respect de la Constitution

Le dialogue doit avoir lieu, car le calen-drier électoral a été rejeté et, depuis lors, tout le monde s’est tu. Le dialogue est im-pératif pour barrer la route au glissement et au prolongement des délais constitu-tionnels. Cependant, le président du Sénat a exprimé à la Cenco le doute méthodique qui est le sien quant à la tenue du Dialo-gue. Il voit mal un Kabila sortir du Dialo-

gue sans glissement. Il soupçonne en outre la Ceni de ne pas jouer franc jeu. Pour lui, avec son budget actuel, la Ceni peut déjà, avant la fin de 2016, organiser trois élec-tions, dont la présidentielle. Au-dessus de la mêlée, selon les termes même du président des «Solons» et «Lycurgues» congolais, le président Joseph Kabila doit apaiser la population en renonçant urbi et orbi à la révision de la Constitution en vue de se présenter pour briguer un troisième mandat ou afin de ne pas organiser les élections et de se pérenniser au pouvoir au-delà des délais constitutionnels.

La dynamique de l’opposi-tion brandit l’article 69 de la Constitution

Pour ce groupe de l’opposition, toute initiative respectant la Constitution serait la bienvenue, s’agirait-il du dialogue. Jo-seph Kabila doit lire et méditer l’article 69 de la Loi fondamentale. Le président de la République symbolise l’unité nationale et veille au respect de la Constitution.

Devant la Cenco, il avait été ajouté que le dialogue était un nouveau stratagème des «kabilistes», tel ceux qui avaient échoué en janvier-février 2015. Puisse-t-il ne pas en être ainsi.

L’Udps et alliés favorables au dialogue

L’Udps et ses affidés attendent le dialogue depuis des lustres. Mais comme à l’accou-tumée, ils nagent dans l’histoire. Le dialo-gue doit s’inscrire dans le cadre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Il doit avoir comme finalité le départ pacifique et consensuel de Joseph Kabila. Ainsi, on aura évité un inu-tile embrasement de la Rd Congo.

Le Front citoyen, favorable au dialogue

Contrairement au G7, ce groupe de Go-rée baptisé «Front citoyen» soumet l’or-dre du jour du Dialogue au strict respect de la Constitution dans son volet relatif à l’alternance. Pour ce nouveau-né, le pou-voir en place a manifestement l’intention d’amener le pays vers une impasse pour détruire la démocratie.

Le chef de l’Etat est un homme de dialogue

Le «pré-dialogue» de la Cenco avait dé-buté par le chef de l’Etat, selon nos sour-ces. Le président Kabila a soutenu devant les évêques catholiques congolais que son intention de convoquer le dialogue a pour but de sceller la cohésion nationale de tous les Congolais. Le président de la République a soutenu que le dialogue n’aboutira qu’à une marche pour des scrutins paisibles.

Quoiqu’ayant accueilli les aspirations des uns et des autres, la Cenco n’ose pas enco-re donner officiellement sa position. Mais à voir son changement de posture quant à la question du dialogue et l’adoucissement de son ton vis-à-vis du pouvoir en place, cela laisse présager bien des choses.

On se doute bien que la Cenco ne se prive-rait pas, le cas échéant, de jouer les média-teurs, comme lors de la Conférence natio-nale souveraine de 1990. L’infaillible Saint Père est le véritable tendon d’Achille de la Cenco. Pourvu que l’atterrissage se fasse en douceur, comme une ultime bénédiction à la sortie d’une messe d’action de grâces.

La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a annulé, ce 14 janvier 2016, sur toute l’étendue du territoire national, toutes les marches prévues le 16 février 2016 pour commémorer les martyrs de la démocratie. Une décision-surprise qui a laissé à quia une grande partie de la population congolaise. Elle s’est ensuite mise à organiser un «pré-dialo-gue» avec les acteurs-clés de la vie politique nationale du pays au sujet du dialogue inclu-sif. Autant d’agitations qui laissent entrevoir la boîte de Pandore. Voici en réalité ce que la Cenco conçoit pour le pays.

Dialogue national

Les évêques de la Rd Congo, membres de la Cenco, à l’issue de l’une de leurs assemblées générales.

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Darius Kitoka

InterviewLe Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

Le marché des assurances désormais libéralisé en Rd Congo

Le Souverain Libre: Merci d’avoir accepté de nous accor-der cet entretien. A la deman-de de nos nombreux lecteurs,

pouvez-vous nous parler brièvement des assurances et des réalisations de la Sonas, en particulier de son agen-ce de Bukavu, au cours de l’exercice 2015 qui vient de s’achever?Jean-Paul Ntirata N.: Remontons d’abord dans l’histoire pour mieux infor-mer les lecteurs. Les assurances existent depuis que l’homme est sur cette terre. En effet, sur tous les cinq continents de la Ter-re qu’habite l’homme, il a toujours été me-nacé par des aléas de la vie. Initialement, les assurances se pratiquaient obligatoi-rement sous forme d’entraide familiale, et l’assureur n’était autre que le chef de famille («pater familias»). Mais depuis les années 1.800 de notre ère, les assurances ont pris d’autres dimensions pour remplir les besoins de sécurité liés à l’urbanisation et à l’industrialisation. Ainsi sont nées des compagnies d’assurances modernes pour renforcer, si pas remplacer les assurances ancestrales, qui n’étaient, pour rappel, que des assurances familiales. C’est pourquoi chaque pays supposé sérieux et prudent dispose d’au moins une compagnie d’as-surances pour sécuriser ses habitants dans tous les domaines de la vie. Et c’est dans cet ordre d’idées qu’en République démocratique du Congo, il existe, comme partout ailleurs, une société d’assurances, la Société nationale d’assurances, «Sonas, s.a.», créée par l’Etat congolais pour faire de la sécurité une question de business. Ainsi, à la Sonas, s.a., nous vendons les assurances des personnes, les assurances des capitaux et les assurances des respon-sabilités civiles.

C’est dans ce cadre que, pour ce qui est des réalisations de l’exercice 2015, la So-nas, s.a., agence de Bukavu, a vendu et renouvelé un total de 7.233 polices d’as-surances, soit 86 polices en Assurance vie, 5.923 en Automobile, 10 en Transports, 929 en Incendie et 285 en Accidents et Risques divers.

Le devoir de toute compagnie d’assu-rances ne se résume pas à vendre ou à renouveler des polices d’assurance. Il lui

revient aussi de veiller sur le service après-vente. En effet, un accident arrive toujours au moment où l’on s’y attend le moins. Il peut attaquer ou frapper n’importe qui, n’importe comment et n’importe quand. C’est dans cet ordre d’idées qu’un assura-ble vient s’assurer pour qu’en cas de surve-nance de l’accident redouté, son assureur puisse intervenir dans les conditions et/ou limites convenues. De janvier à décem-bre 2015, notre Service après-vente a bien fonctionné: une indemnisation totale de 258.218 $Us a été déboursée et libérée par la Sonas, s.a., agence de Bukavu, relative-ment à 254 cas d’accidents dont les dos-siers étaient arrivés au stade de règlement. Cher «Le Souverain Libre», ce sont là deux réalisations qui cadrent bien avec l’objet social de toute compagnie d’assurances.

En marge de son objet social, d’autres réalisations ont été enregistrées par cette dernière au cours de la même période. Il s’agit de la liquidation des rémunéra-tions et des frais connexes en faveur des agents actifs et passifs, du renouvellement du mobilier et des outils de production (bureaux, chaises, ordinateurs,…), sans oublier l’amélioration de la sécurisation de l’immeuble professionnel. En effet, n’im-porte quel visiteur qui entre dans les ins-tallations de l’agence Sonas, s.a./Bukavu peut se rendre compte de cette évidence et témoigner de ces innovations.

Enfin, hormis tout ce qui vient d’être dit, il n’est pas inutile de rappeler à vos lecteurs que toute activité exercée par la Sonas, s.a., génère du revenu pour l’Etat congolais, en termes de T.V.A. (Taxe sur la valeur ajoutée). Ainsi, de janvier à décem-bre 2015, l’agence de Bukavu a produit et versé à l’Etat congolais pas moins de 389.723 $Us.

Il nous revient que bientôt, il y aura libéralisation du marché des assu-rances en Rd Congo. Ce qui, à coup sûr, donnera l’occasion à d’autres sociétés privées de s’installer et d’opérer dans ce secteur dans no-tre pays. Nous nous demandons si la Sonas est prête à faire face à cette concurrence après avoir opéré en monopole dans ce secteur depuis

1966 jusqu’à ce jour, soit pendant un peu plus de 50 ans?

La question vaut son pesant d’or. Elle est en effet d’actualité. La libéralisation du marché des assurances a été décidée en Rd Congo de par la promulgation, par le pré-sident de la République, de la loi n°15/005 du 17 mars 2015 portant Code des Assu-rances. L’article 512 de cette loi indique que cette dernière entre en vigueur une année après sa promulgation. C’est une bonne chose pour tout le monde, et cela est conforme aux standards internatio-naux, ainsi qu’aux dispositions nouvelles de l’Ohada (Organisation pour l’harmo-nisation en Afrique du droit des affaires). Cette législation est d’ailleurs la bienve-nue, car elle prévoit de la place pour tout le monde, et la nouvelle loi autorise tous à œuvrer dans le secteur. En effet, le marché des assurances dispose de beaucoup de potentialités en Rd Congo. Il ne sera toute-fois exploité que selon les règles de l’Oha-da, faute de quoi on met en péril l’épargne des assurés. Sous le régime de la libéralisa-tion, le marché sera-t-il mieux garanti par deux, trois ou plusieurs autres assureurs dûment agréés, que s’il ne s’agissait que d’un seul, la Sonas, s.a.?

De plus, les assurés et les assurables, comme les bénéficiaires, espèrent être plus vite et mieux servis grâce au cadre et aux stimuli de la concurrence. Il faut ajouter encore que depuis belle lurette, la Sonas, s.a., est prête à affronter la concur-rence en ce qui concerne l’exploitation du marché des assurances en Rd Congo. En effet, l’entreprise dispose déjà de plusieurs atouts, parmi lesquels on relève qu’en ter-mes de ressources humaines, la Sonas, s.a., dispose d’un personnel important, suffisamment expérimenté et qui maîtrise bien le terrain. Aussi, rien n’indique que les concurrents ne vont pas se servir de la Sonas, s.a., comme un vivier car, à no-tre humble avis, les concurrents n’auront pas facile pour procéder localement en un temps record au recrutement et à la for-mation des travailleurs, ou de les impor-ter. Il y a aussi que, comme relevé au début de cet entretien, la Sonas, s.a., assure déjà un certain nombre de risques qui lui sont quasi acquis. Aussi, la prudence recom-mande de réfléchir mûrement avant de se jeter dans les bras d’un nouveau venu ou d’un inconnu, d’autant que les règles du jeu seront pour l’essentiel les mêmes chez tous les assureurs de la Rd Congo. Puis, Sonas, s.a., est déjà implantée dans toutes les villes de la Rd Congo. Elle dispose en outre d’importantes propriétés immobi-lières, des outils de travail et de production nécessaires non négligeables, etc… Cela ne sera pas aussi facile pour les concurrents.

A vous entendre parler de vos réali-sations, ces dernières peuvent-elles être rangées dans le tiroir des échecs ou dans ceux des succès ?

A notre humble avis, il ne s’agit ni d’échecs, ni de succès, ce qui mérite quel-ques explications. En effet, gérer 7.233 polices d’assurance pour seulement une population de quelque trois millions de personnes adultes, elles-mêmes assura-bles, abritées dans des maisons aussi assu-rables, avec des activités ou des professions également assurables, etc., cela peut vous

paraître un échec. Mais si l’on se réfère à d’autres paramètres pour apprécier cette réalisation, l’échec doit être pris comme un aspect de notre bilan. Sans nous tromper, nous sommes en effet plus proches du suc-cès. Il en est de même des réalisations en termes de paiement des sinistres: 258.218 $Us pour tout l’exercice 2015. Cela paraît à la fois important et insignifiant.

La liquidation d’un dossier de sinistre ne dépend pas de la seule volonté de la Sonas, s.a. Il nous arrive souvent de nous trouver en présence, par exemple, d’un ayant-droit dans un cas de tiers lésé qui, pendant la séance des transactions, vous montre clairement qu’il vient avec l’idée que l’as-sureur lui payera un avion pour une bi-coque détruite par un accident couvert,… Sans détours, aux yeux de l’assureur, une telle attitude relève de l’enrichissement sans cause. L’on passe inexorablement, dès lors, au blocage du stade de règlement et, automatiquement, au stade final, celui de la liquidation du dossier. Les exemples sont nombreux, qui nous empêchent de régler au plus vite ou de liquider un maxi-mum de dossiers sinistre.

Les projets et actions des humains sont souvent jonchés d’embûches. Vous est-il possible de nous en par-ler brièvement, avec à l’appui quel-ques pistes de solutions?

En exploitant en détail les réponses don-nées ci-avant, vous pouvez vous rendre compte que nous n’avons pas pu pénétrer et arroser toute notre juridiction pour plu-sieurs raisons, qui vont de la paupérisation quasi généralisée de nos assurables, au manque de culture de ces derniers dans le secteur, etc.

Des pistes de solutions? Oui, il y en a. Parmi celles-ci, par exemple, notre déter-mination à persévérer dans l’information de nos assurables par la voie des médias (comme «Le Souverain Libre» et d’autres). Sans oublier le fait que, pour ce qui est de l’information, nos bureaux (sis croisement avenues P.E. Lumumba et Lt.-Col. Mbaki, et nos points de vente de Kadutu, Panzi, Place de l’Indépendance, Mirhi, D.P.I., Walungu, tous ouverts à dessein pour rap-procher les assurables de leur assureur) sont ouverts de lundi à vendredi, horaire de travail communément appelé «semai-ne anglaise».

Avez-vous un mot de la fin? Bien sûr. Nous vous remercions pour

cette très bonne occasion que vous nous avez offerte de nous adresser à vos nom-breux lecteurs qui, du reste, sont aussi nos assurables. Nous leur souhaitons un bon début de l’année civile 2016, qui coïncide avec la fin de l’exploitation en monopole du marché des assurances jadis accordée à la Sonas, s.a., depuis le 23 novembre 1966 (donc, depuis 50 ans). Enfin, nous exhortons tout le monde à continuer à nous faire confiance en prenant les as-surances auprès de la Société nationale d’assurances, Sonas, s.a.

2016, année nouvelle

Le Souverain Libre

2015 a tiré sa révérence. L’année suivante a ouvert ses portes; nous y sommes entrés. Pour marquer ce passage, nous avons sol-licité un entretien avec le responsable pro-vincial de la Société nationale d’assurances, Sonas, s.a. Jean-Paul Ntirata Ntumulo, puis-que c’est de lui qu’il s’agit, nous l’a accordé le 13 janvier dernier avec entrain. Une fougue à la hauteur de la satisfaction qu’il exprime relativement aux résultats de son agence pour l’année achevée; du fait que 2016 est l’année que la loi a fixée pour l’effectivité de la libéralisation en Rd Congo du marché des assurances, mais aussi parce qu’il a plaisir à communiquer afin que les assurés sachent de quoi il ressort lorsqu’on parle d’assurances.

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12 Le Souverain Mai -Juin 2012Les voeux Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

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Le Souverain Mai -Juin 2012 13

La femme discriminée, violée,

Trois territoires avaient été sé-lectionnés par l’Ong Lav pour le déroulement de ses activités dans le cadre des 16 jours d’ac-

tivisme contre les violences sexuelles. Il s’agit de Walungu, Kalehe et Kabare, où elle a planché sur le thème «Educa-tion sûre pour tous». Deux activités-phares étaient au menu durant cette campagne en faveur des leaders com-munautaires, des membres des noyaux club genre et des jeunes soucieux du changement dans leurs communautés respectives. La première a consisté à organiser des causeries-débats sur le droit à l’éducation pour tous, la discri-mination et l’inégalité à l’éducation due au genre, ainsi que les formes de vio-lences faites aux femmes. La deuxième s’est orientée vers les soirées culturel-les de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Pendant la soirée-débat qui a suivi, un film sur les violences faites à la femme

a été projeté au bénéfice de la popula-tion afin de montrer les conséquences de ces actes ignobles et barbares. Tou-jours au cours de la soirée-débat, avec la participation active de chacun, une analyse minutieuse a été faite des gen-res de violences sexuelles existant.

John Kabugu Kahayira, Chargé de programmes de Lav, s’est dit satisfait de ce que la population de ces trois contrées manifestait un grand intérêt vis-à-vis de la question de l’éducation, mais également des sortes de violences que subit la femme, principale actrice du développement.

Tout est bien qui finit bien: les habi-tants de ces trois territoires se sont dit fort privilégiés, et ont formulé le vœu de voir les mêmes activités organisées dans toutes les autres communautés environnantes des leurs.

LAV a vibré au rythme des 16 jours d’activisme contre les violences sexuellesL’émergence d’une économie et d’une société repose sur le savoir, ce qui rend la formation et l’éducation plus importantes que jamais. Voilà pourquoi le développement est pour l’homme, par l’homme et de l’homme. Il en va de même de l’éducation. Celle-ci vise à libérer des contraintes et limitations de l’ignorance et de la dépendance. Elle devra dont accroître la liberté physique et mentale des hommes pour leur

permettre de mieux se maîtriser et de mieux contrôler leur existence, ainsi que l’environne-ment dans lequel ils vivent.C’est sur le thème «l’Education sûre pour tous» que s’est penchée l’organisation Laissez l’Afri-que Vivre (Lav), à l’occasion de sa campagne de 16 jours d’activisme contre les violences sexuelles.

Le «Conseil des organisations fémi-nines agissant en synergie» (Co-fas) a répertorié trois graves cas de violences faites aux femmes au

quartier Panzi, commune d’Ibanda, ville de Bukavu, pendant la période des festi-vités de fin d’année. A ce sujet une confé-rence de presse a été organisée mercredi 13 janvier 2016 dernier dans la salle de l’Aprodeped.

Dans le cadre de l’exécution de son projet de lutte contre les viols et violen-ces faites aux filles et aux jeunes femmes (Pluvif), le Cofas a ainsi voulu informer et faire un plaidoyer en faveur des vic-times, appelant ainsi les intervenants à s’impliquer dans la lutte. Ces cas sont ceux pris en charge par le Centre hospi-talier de la 8ème Cepac Chaï. Ils auraient été commis par un soi-disant pasteur d’une église de réveil au quartier Essence Cihamba (Gyamba), un ancien de l’église des fidèles au message de William Ma-rion Branham sise avenue Industrielle, résidant sur l’avenue Kaza Roho, quartier Panzi, et le propriétaire d’une maison de vente de boissons appelée «Nganda chez BAT», où une femme vivant de vente am-

bulatoire de vêtements a été violée par ce dernier et par ses travailleurs.

Cette conférence avait pour but de contribuer à la lutte contre l’impunité et d’amener les autorités à rendre effective la campagne «Tolérance zéro» dans la lutte contre les violences sexuelles et ba-sées sur le genre (Vsbg).

Dans son speech du jour, Lily Civava Ntamwinja, Secrétaire exécutif du Co-fas, a lancé un appel aux organisations non gouvernementales plaidant pour les droits de l’homme et aux autorités pour que le suivi des maisons de vente de bois-son et des églises de réveil soit bien as-surée, afin de protéger les populations de cette partie de la ville. Il a insisté sur le fait que les populations et les victimes doi-vent toutes prendre le courage de dénon-cer les coupables aux autorités afin qu’ils soient punis. Ajoutant que «les autorités doivent faire pression pour assurer la cé-lérité dans le traitement des dossiers déjà introduits auprès de la justice afin d’ob-tenir gain de cause et réparation pour les victimes, en vue de décourager les bour-reaux et d’encourager les victimes à en-core plus dénoncer.»

Qu’est le Cofas?Le «Conseil des organisations fémini-

nes agissant en synergie», Cofas en sigle, est un réseau de femmes créé le 27 dé-cembre 2001 pour pallier certains pro-blèmes de la femme du Sud-Kivu. Ces associations ont résolu de se mettre en-semble pour canaliser leurs aspirations dans le but de se doter d’un cadre d’ex-

pression pour leurs préoccupations en matière de santé communautaire, ainsi que de lutte contre la pauvreté et les vio-lences sexuelles basées sur le genre. Bref, il s’agit de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes du Sud-Kivu en particulier, et de celles de la Rd Congo en général.

Partout où elle se trouve, la femme est indexée comme étant un être faible; elle est condamnée à être discriminée et à subir toutes sortes de viols et de violences au sein de la société.

Claudine Kitumaini

Anne Mushigo

Societe s

ne doit plus subir

Les participants aux récentes activités de l’Ong Lav, au cours d’une causerie-débat

Photographie de famille au terme de la conférence de presse du Cofas.

Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

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14 Le Souverain Mai -Juin 2012

de la place de l’élève la première semaine même ou, pire, avant la rentrée de sep-tembre. D’autres encore avaient imposé le paiement de la prime du premier trimes-tre ou de la moitié de celle-ci pour obtenir les manuels et le journal de classe. Dans d’autres institutions encore, c’est le jour-nal de classe acheté sur place qui permet-tait à l’élève l’accès à la classe. Allez-y donc comprendre quelque chose...

D’autre part, la prime est-elle un calvai-re pour les enseignants, pour les élèves ou pour les parents? Certaines personnes ont tenté de répondre à la question. «Nous voulons que nos enfants étudient. Chaque année, nous payons. Nous savons que cela est notre croix, car le gouvernement a failli à sa mission», déplore un parent dont les enfants étudient dans des écoles publiques de Bukavu. Par contre, une jeune élève d’une école conventionnée catholique est, elle, d’avis que la responsabilité de cette obligation est partagée entre enseignants, parents, église catholique et gouverne-ment: «Si nos parents refusent de payer la prime et que les enseignants et l’Eglise catholique les soutiennent, le gouverne-ment devra, de gré ou de force, s’acquitter de son devoir», est d’avis Alice Musimwa. Pour Iragi Jean de Dieu, lui, parent, les enseignants sont trop exigeants: «Ils sont payés par l’Etat et, malgré ce qu’ils perçoi-vent, plus la prime que paient les parents, ils nous exigent d’acheter les uniformes dans leurs écoles à un prix non négociable, autant qu’ils font payer le cachet imprimé sur la chemise d’uniforme.» La prime devrait normalement être à la charge de l’Etat mais, dans la situation actuelle, les enseignants dépendent plus des parents que du gouvernement. Cela influe négati-vement sur la formation de l’enfant, ainsi que sur la manière d’enseigner.

Cette année, les parents de la commune de Kadutu ont refusé de payer cette prime. Promettant de sensibiliser les autres pour dire non au règlement auquel ils sont as-treints de ce tribut. A entendre certains parents, tous ces syndicats agissent avec traîtrise et lâcheté: ils devaient s’enten-dre avant l’ouverture de l’année scolaire, en septembre dernier. D’autres vont plus loin, fustigeant cette attitude, qu’ils jugent irresponsable: «ils auraient dû s’assumer dès le début de l’année, et n’ont donc pas le droit de lever le ton à une semaine des examens du premier semestre», reproche un parent dont sept enfants étudient dans diverses écoles de la ville.

L’Eglise catholique peut-elle mettre fin au paiement de la prime?

Le gouverneur de province est, lui, d’avis que la balle appartient à l’Eglise catholique. Il affirme sans ambages que c’est elle qui avait encouragé le paie-ment de la prime, à ses débuts, et que c’est à elle de s’engager pour son retrait. Avis que partagent certains autres ob-servateurs, qui pensent qu’elle peut in-fluencer l’Etat pour qu’il prenne enfin en charge les enseignants, supprimant ainsi le paiement de la prime.

Elle figure en effet parmi les plus im-portants signataires du protocole d’ac-cord ayant décidé, le 10 octobre 1993, de l’institution de cette prime. «Elle est re-présentée auprès des écoles par le coor-dinateur. C’est ce dernier qui engage le chef d’établissement. Il suffit d’un mot d’ordre de sa hiérarchie pour que sorte une note circulaire interdisant la per-ception de la prime dans toutes les éco-les qu’elle gère en lieu et place de l’Etat», juge, lui, le syndicaliste Roger Mata-baro. Un enseignant qui a requis l’ano-nymat pense également, pour sa part, que l’Eglise est à même d’éradiquer la prime. Mais, «à voir le leadership qu’in-carne notre Eglise, on dirait qu’elle n’est pas aux côtés du peuple, car c’est elle qui a sensibilisé les parents à adhérer à cette convention de paiement de la prime.»

Pour rappel, c’est après la grève de 1993, que l’Eglise catholique, les pa-rents et l’Etat avaient signé un protocole d’accord d’après lequel les parents s’en-gageaient à payer aux enseignants une prime pour une période donnée, jusqu’à ce que l’Etat puisse être à même de sur-monter les insuffisances dont il avait si brillamment fait étalage.

Seize mille cent trente-deux enseignants non rémunérés au Sud-Kivu

Selon des statistiques du service de contrôle et du suivi de la paie des ensei-gnants, 16.132 enseignants œuvrent au Sud-Kivu sans être rémunérés. Parmi ces derniers, il y en a qui totalisent plus de dix ans dans cet état de violation, flagrante, du droit au salaire reconnu à chaque employé. Aujourd’hui, pour les catégoriser, on parle des «non payés» (qui ont des numéros matricules, mais ne sont pas payés), des «non matricu-lés» (nouveaux venus dans le métier, et

engagés au terme d’un stage concluant de six mois par le chef d’établissement, en accord avec la coordination des éco-les), des «omis», ou matriculés non budgétisés; il y en a qui sont matricu-lés, et parfois payés, mais quelquefois, ils ne figurent pas sur les listes de paie. «Un vieil enseignant de Kaziba – nous taisons son nom pour ne pas lui attirer la colère de ceux qui doivent le payer –, dans le territoire de Walungu, au Sud-Kivu, a déjà passé dix ans dans cet état d’omission, alors qu’il affiche au comp-teur quarante-cinq ans de carrière. Est-ce que les enseignants du Congo font exception à la règle?», se demande, tout regret extériorisé, Roger Matabaro, pré-sident du Syeco, section du Sud-Kivu.

Alors que la rentrée scolaire est ef-fective au Sud-Kivu, plus d’un observa-teur se questionne toujours sur l’avenir de l’année scolaire. Depuis une dizaine d’années, les enseignants du Sud-Kivu ne cessent de revendiquer un salaire décent, la paie de toutes les autres ca-tégories ci-haut énumérées ainsi que la suppression de la prime. Des mani-festations ont marqué les années écou-lées, notamment pour la proposition d’un édit portant création d’un fonds provincial de soutien à l’enseignement primaire, secondaire et professionnel au Sud-Kivu; pour exiger l’enterrement de la prime, ou encore la marche pacifique pour brandir le carton rouge face aux députés nationaux et provinciaux, syno-nyme de désaveu total.

La dîme sur un salaire de misère

Il se pose aussi le problème de tracas-series de la part de responsables de cer-taines confessions religieuses auxquelles appartient l’école, lorsqu’elle est conven-tionnée. Ils exigent, en effet, du person-nel enseignant et ouvrier le paiement d’une dîme, alors que cela est interdit par le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire, et de l’Initiation à la nou-velle citoyenneté, Eps-Inc en sigle. Tout cela «en dépit de l’existence de la lettre du ministre interdisant de soustraire sur le minime salaire que reçoit l’enseignant, qui est de 90.000 francs, desquels on re-tire 3.448 francs pour la tenue de compte dans les banques, les pasteurs aussi exi-gent 10% sans tenir compte du montant soustrait à la banque», ajoute le syndica-liste Roger Matabaro.

L’enseignant, un si intéres-sant client pour les banques?

L’enregistrement des enseignants à un service de message auprès d’une banque constitue une autre difficulté. En effet, les banques, de leur propre gré, retiennent un montant pour avoir transmis le mes-sage au concerné. Nos sources révèlent que certaines banques, par moments, envoient deux messages par mois et re-tiennent, de ce fait, un montant de 1.830 francs congolais. Les enseignants leur ont plusieurs fois demandé de les sous-traire de ce service, mais leur requête est restée sans réponse. Certaines banques, apprenons-nous par ailleurs de la bou-che d’enseignants, avant cette possibilité, ne vendaient pas facilement leurs cartes bancaires, mais depuis l’arrivée des en-seignants, l’achat de la carte étant devenu obligatoire (celui qui n’en a pas ne pou-vant être servi), c’est devenu une bonne affaire pour les banques, estime un ensei-gnant de l’Ecole primaire Mavuno. 1.700 francs congolais par mois, pour une pé-riode de cinq ans, c’est le prix d’une carte remise à l’avance aux bénéficiaires. Par simple calcul, nous concluons que sur cinq ans de salaire minimum d’un en-seignant, la banque aura prélevé au total 102.000 francs congolais!

Un banquier de nos contacts, qui a re-quis l’anonymat, nous a révélé, lui, que les enseignants sont dans la catégorie des clients qui paient moins cher le «compte épargne». Selon la même source, dans leur banque, les enseignants et les agents de l’Etat reçoivent gratuitement leurs cartes bancaires, mais ils ont souscrit à un service de «messages alertes». D’où, la retenue de 925 francs par mois sur leur compte.

Défaillance de l’EtatL’actuelle ministre provinciale de l’En-

seignement primaire et secondaire, Mme Masoka Safi, avait promis, lors d’une émission-débat sur Radio Maendeleo, qu’en novembre, on ajouterait sur la rémunération des enseignants 17.000 francs congolais, et que l’Etat prendrait en charge 30.000 enseignants. Mais en réalité, 3.500 francs seulement ont été ajoutés aux salaires pour le mois de dé-cembre. Et il demeure plus de 16.000 en-seignants non payés!

Un autre problème est celui des pièces couronnant la fin de cycle. Il y a trois ans que n’ont pas été livrés les certificats de fin d’études primaires aux finalistes de ce cycle. Depuis, ils ne se limitent qu’à photocopier une liste de tous les élèves qui ont réussi, pour la présenter en vue de leur prochaine inscription. A l’école secondaire aussi, le diplôme d’Etat n’est pas disponible. On ne l’a toujours pas, même après que l’on ait achevé le cycle suivant à l’université. Pour ce qui est des titres universitaires, n’en parlons même pas. Que préparent les dirigeants de ces secteurs, si ce ne sont des pièces scolai-res?

A travers les années, l’Etat demeure défaillant.

Comme quoi, il n’y pas loin à penser que chaque année, les tracas sont identiques, sinon chaque fois plus accentués que ceux de l’année précédente. Et à l’horizon, pas le moindre début de solution...

Mêmes tracas, pas d’issue

Claudine Kitumaini Les parents d’élèves, tous debout et dans les rues pour exiger que l’Etat revienne à ses responsabilités.

Education Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

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Les professionnels du football ont désigné, le 11 janvier à Zu-rich, le meilleur joueur de la planète en lui remettant le Bal-

lon d’or Fifa-France football. Lionel Messi décroche ainsi son cinquième ballon d’or, après ceux reçus en 2009, 2010, 2011 et 2012. Son élection en tant que Ballon d’or n’était pas une surprise. Lionel Messi était favori pour ce trophée. Son parcours durant, il avait tout remporté, en 2015: la Ligue des champions de l’Uefa, la «Liga» es-pagnole, la «Coupe du Roi», la Coupe du monde des clubs et la Super-coupe d’Europe. Il est, en plus, demi-finalis-te de la Coupe du monde des nations avec l’équipe nationale d’Argentine.

Voici le classement complet des dieux du football 2015: Messi du Fc Barcelone est plébiscité Ballon d’or (41,33%) des voix et se classe en tête de classement, suivi, respectivement, de Christiano Ronaldo (27,76%), du Brésilien du Fc Barcelone, de Naymar JR (7,78% des suffrages). Suivent, le Polonais du Bayern de Munich Robert

Lewandoski (4,17%), l’Uruguayen du Fc Barcelone Luis Suarez (3,38% des voix), l’Allemand du Bayern Munich Thomas Müller (2,21%), l’Allemand et portier du Bayern de Munich Neuer (1,27%), l’Espagnol du Barça Andres Iniesta (1,24%), le Chilien d’Arsenal Alexis Sanchez (1,18%), le Suédois du Paris Saint-Germain Zlatan Ibrahimo-vitch (1,13%), Yaya Touré,…

Aucun international congolais n’est repris dans la liste des cinquante pré-sélectionnés de la Fifa. Le bas niveau des professionnels congolais en serait la cause. Dans les années passées, un joueur africain, le Sierra-léonais Geor-ges Weah, avait tout de même eu le mérite de soulever le Ballon d’or.

Prix Awards Fifa Ballon d’or 2015

Le prix Awards discerné aux meilleurs footballeurs de l’année est une récompense attribuée aux stars du foot au terme d’une saison. Par la même occasion, les autres joueurs évoluant dans différents champion-

nats n’ont pas été oubliés. L’Espagnol Luis Enrique du Fc Barcelone a été élu meilleur entraîneur de l’année; le Brésilien Wendell Lira, récompensé du prix Puskas, pour le plus beau but de l’année; l’Américaine Jill Ellis, meilleure entraîneur de football fé-minin et sa compatriote Carli Lloyd, meilleure joueuse de l’année. Là en-core, aucun Africain au compteur.

A l’époque de Georges Weah, de Sa-muel Eto’o ou de Didier Drogba, ces derniers n’avaient pas manqué une place de choix au soleil.

Comment se déroule le vote du ballon d’or?

Depuis 2010, la Fifa a changé de mode de scrutin. Auparavant, seuls des journalistes donnaient leurs voix. Aujourd’hui, trois panels sont pris en compte: celui des journalistes avec 208 voix, celui des sélectionneurs des 208 pays membres de la Fifa dont la Rd Congo, et celui des capitaines de ces sélections. Cela représente au to-tal 624 voix, qui pèsent chacune du même poids. Chacun d’entre ces élec-teurs nomme trois joueurs parmi la liste des 23 noms proposée, et attri-bue ensuite cinq points au premier, trois points au deuxième et un seul point au troisième. Puis, le trophée est attribué au joueur qui a recueilli le plus de points.

Le règlement précise que les dis-tinctions sont accordées pour les performances sur le terrain et pour le comportement d’ensemble, sur le terrain ou en dehors de celui-ci.

Lionel Messi et Christiano Ronaldo dominent le foot-ball mondial

Après l’ère du roi Pelé, de Roger Milla, de Maradona, de Zidane ou de Ronaldo, le football actuel se voit do-miné depuis 2008 par deux grands joueurs: Christiano Ronaldo et Lio-nel Messi. Ils se disputent depuis le

titre de meilleur joueur du monde. Les amoureux du ballon rond se riva-lisent quant à savoir si c’est Messi ou Ronaldo, le meilleur. Mais logique-ment, Lionel Messi domine: cinq bal-lons d’or, contre trois pour Christiano Ronaldo. Alex Ferguson, ancien en-traîneur de Manchester United, club de première division anglaise, dans un entretien accordé à Skysports, média anglais, évoque la différence entre les deux stars et les autres: «Il y aura cent entraîneurs dans le monde qui vous diront que leur joueur est le meilleur. Nous exagérons sur ce qui est vraiment un joueur de classe mondiale. La raison pour laquelle je parle de Lionel Messi et de Christiano Ronaldo est tout d’abord la consis-tance: l’équilibre, l’excellence avec le ballon et le courage. Ils ne sont jamais battus par un tacle. Ils se révèlent et demandent à nouveau la balle».

Christiano Ronaldo et Lionel Messi n’ont pas d’égal dans le football actuel: «Les buts qu’ils marquent, leur niveau de jeu et les récompenses qu’ils ont remportées ne sont dus qu’à une seu-le chose. Je pense que tout le monde sera d’accord avec moi pour dire que ces deux garçons-là sont au-dessus de tout le monde. Ça ne fait aucun doute, ils sont fantastiques à regarder et ils ne ratent jamais un match. Ils mon-trent leur valeur au monde en jouant tout le temps», confie Ferguson.

«Ballon d’or»: un seul Africain pour 23 sélectionnés

Sur la liste des 23 joueurs sélection-nés par la Fifa, figure l’Ivoirien Yaya Touré, sociétaire de Manchester City, club de première division anglaise. Il est le seul Africain à avoir été sélec-tionné, et occupe la douzième place de la liste.

Lionel Messi, 60ème ballon d’or de la Fifa

Lionel Messi, qui, ces dernières années, a tout raflé dans le domaine du football.

Christian Kika

Lundi 11 janvier 2016 à Zurich (Suisse), siège de la Fédération internationale de foot-ball association, Fifa, en présence du prési-dent intérimaire de la Fifa, Issa Hayatou, a eu lieu la cérémonie d’attribution des récom-penses aux footballeurs qui se sont distin-gués au cours de l’année 2015. L’Argentin sociétaire du Fc Barcelone Lionel Messi a remporté le soixantième Ballon d’or de l’histoire, devant le Portugais Christiano Ronaldo et le Brésilien Naymar JR, son coé-quipier. C’est son cinquième ballon d’or, et c’est le premier joueur à atteindre cette per-formance sur la «planète football».

Sports Le Souverain Libre | Janvier 2016 Le Souverain Libre | Janvier 2016

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Très fabuleux, que de décrocher un entretien avec le professeur Chirimwami. Quel que soit l’an-gle sous lequel on le dirige, il faut

plus qu’une préparation, pour s’en sortir. Surtout qu’il s’agit d’une question scien-tifique. Il parle de la science avec tant de maîtrise! Et chaque fois qu’il répond, il le fait avec tant de détails que si l’on n’y est pas préparé, on s’y perdrait aisément. Mais il intègre par moments des détails propres aux gynécologues ou aux inter-nistes sans chercher loin le vocabulaire. Tel un grand professeur des universités. Ce qu’il est, si l’on s’en tient à ses multi-ples enseignements, recherches et publi-cations à l’Ucb, comme à l’Université de Kinshasa (Unikin).

Chirimwami disait: «Ce qui était un es-

poir doit se réaliser et se consolider tant soit peu dans le monde médical du Sud-Kivu». Ceci vient d’être rendu possible grâce à l’exécution du «Pic».

Appuyé par le ministère belge de la Coopération et de l’enseignement, sous la coordination de l’Université catholique de Louvain (Ucl), ce projet réunit l’Ucb, le Centre de recherche en sciences natu-relles, l’Inspection provinciale de la santé, l’Unikin et, bien sûr, est réalisé sous la supervision des autorités politico-admi-nistratives de la Rd Congo, sous la coor-dination, au niveau national, de notre interlocuteur.

Ledit projet n’a qu’un objectif: la per-fection du diagnostic microbiologique par des études sur les microbes et les pro-duits auxquels ils sont sensibles. Il s’agit

d’un véritable combat contre les microbes dans la province du Sud-Kivu. A bien en-tendre le Prof. Chirimwami, si les inter-nistes ne dorment plus, occupés à définir une nouvelle politique de sensibilisation contre les maladies non transmissibles ainsi qu’à leur prise en charge, il en est de même pour les spécialistes de la biologie clinique, appliqués, eux, à la lutte contre les microbes.

La petite histoireLe professeur Irenge Léonide, ancien

assistant à la faculté de Médecine de l’Ucb, parti de longues années à Louvain pour y effectuer une spécialisation en Biologie moléculaire et devenu «Philiso-phical doctor» (PhD) en génétique – le plafond de la Biologie moléculaire, se-lon le professeur Chirimwami –, passait souvent à Bukavu pour donner des cours aux apprenants en médecine. Il y avait constaté les difficultés qui frappaient le département de Biologie médicale. Pour y remédier, il s’était lancé dans un rude plaidoyer au niveau du ministère belge de la Coopération et enseignement pour obtenir un financement sous forme de projet intitulé «Projet interuniversitaire ciblé» (Pic).

Des objectifs clairs en cette fin de troisième année

Hormis les détails scientifiques sur la microbiologie et la détection des microbes, on remarquera des progrès dans la prise en charge des micro-organismes, réalisés grâce à ce projet qui en est à sa troisième année et qui est prévu pour une durée de quatre ans. Cela représente beaucoup de bénéfices, selon le Prof. Chirimwami, qui rappelle que la détection des agents mi-

crobiens et des maladies infectieuses est désormais rendue beaucoup plus effica-ce, avec des précisions de taille au profit des divers services de l’Hpgrb, qui gagne déjà dans le diagnostic clinique et la prise en charge des milliers de ses patients. Il en est de même s’agissant du perfection-nement technique: le projet Pic continue, dans la mesure du possible, à renforcer les capacités du personnel de santé. Ce qui a conduit deux médecins en forma-tion pour une spécialisation en microbio-logie, et quatre techniciens de laboratoire à Nairobi pour perfectionnement, ainsi qu’un autre de la division de la Santé, et encore un du Centre de recherches en sciences naturelles (Crsn) de Lwiro.

Grâce à ce projet, plusieurs matériels spécialisés en technique microbiologi-que, qui sont aujourd’hui opérationnels, ont pu être acquis et installés à l’Hpgrb, ainsi que des intrants.

Le Prof. Chirimwami se réjouit par ailleurs de ce qu’il constate déjà plus de perfection dans les diagnostics, lors des études des microbes et des médicaments auxquels ils sont sensibles (antibiogram-mes).

Tout ceci, il l’a présenté à travers trois articles parus dans des revues interna-tionales médicales spécialisées, et cela a récemment fait l’objet d’une conférence avec pour thème «Les agents microbiens et la résistance des microbes aux anti-biotiques», tenue dans la grande salle de l’amphithéâtre Prof. Stanislas Haumont de l’Ucb avec la participation de plusieurs personnels de la santé et autres cadres.

Il y a cinq bonnes années, le service de Bactériologie de l’Hpgrb, pour la détection des microbes, était très peu perfectionné. Des raisons à cela ont été évoquées par le Prof. Chirimwami, responsable honoraire du laboratoire de l’Hpgrb, qui signalait à l’occasion la problématique du manque, à l’époque, d’équipements, ainsi qu’une in-suffisance de personnel qualifié.

L’histoire retiendra tous ces efforts. Mais il faut noter que c’est la supervision et l’implication de feu le professeur belge Stanislas Haumont de l’Ucl qui ont beau-coup contribué à la réfection de l’Hpgrb – notamment entre les années 1995 et 2004 –, soutenant les efforts de certains médecins et scientifiques congolais aussi, qui étaient très mobilisés pour opérer des changements dans le monde médical bukavien. Le Prof. Chirimwami en garde d’ailleurs très bonne mémoire.

Le laboratoire de l’Hpgrb étant égale-ment le laboratoire provincial du Sud-Kivu, il se doit de viser en permanence à la perfection et à une mise à niveau conti-nue. C’est à ces seules conditions que l’es-poir est permis.

Sante

Pacifique Muliri

Fini, le mythe autour des microbes dans nos hôpitaux!

De gauche à droite, Le Prof Chirimwami Bulakali Raphaël et le Dr Léon Mubenga à l’occasion de l’une des conférences du premier.

Le Souverain Libre | Décembre 2015 Le Souverain Libre | Décembre 2015

Pic Sud-Kivu:

Il nous a fallu revenir aux fondamentaux de la microbiologie au sein de la grande bibliothèque de la faculté de Médecine de l’Université catholique de Bukavu (Ucb), avant de pouvoir nous entretenir avec le Professeur Chirimwami Bulakali Raphaël. C’était pour nous une épreuve indispensable pour réussir un entretien de quarante-sept minutes avec lui, chef honoraire du département de Biologie clinique de l’Hôpital provincial général de référence de Bukavu (Hpgrb), sur ce Projet. Au cours de cet échange, il nous en a bien expliqué le bien-fondé, faisant appel à des références scientifiques nettes et visiblement orientées pour faire ressortir à nos yeux les défis de la recherche micro-biologique destinée à mener le diagnostic dans nos hôpitaux.Désormais, pour réaliser des entretiens du genre, nous aurons recours au professionnalisme appliqué, dans la perspective de pratiquer une presse scientifique professionnelle.

Autorisation de parution 041/SGC/0001/93Tel : (+243) [email protected] responsable Solange Lusiku NsimireRédacteur en chef Darius Kitoka +243994054796, lllllllllllllllllllllllllll+243898409009

Secrétaire de RédactionFrançois CirumeJournalistesPacifique MuliriSylvain-Dominique AkilimaliChristian KikaClaudine KitumainiDaniel SeziberaEgide Kitumaini

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