4
S’attaquer à un obstacle à la croissance des secteurs laitier et de l’élevage Ces dernières années, le Sénégal a été confronté à des périodes de sécheresse qui ont réduit la qualité et la quantité des aliments pour le bétail. À cela s’ajoutent des connaissances techniques insuffisantes sur la production fourragère et l’utilisation non durable de ressources naturelles limitées. Afin de bien affronter l’avenir, les agriculteurs devront s’adapter à des conditions météorologiques changeantes et plus extrêmes, et devront développer des solutions écologiquement durables et efficaces pour améliorer la production animale. Développement piloté par le secteur privé Kirène, une entreprise leader dans le secteur des boissons, et deuxième transformateur et distributeur de lait UHT (ultra-haute température) au Sénégal, s’efforce de trouver ces solutions. L’entreprise s’est associée à IFC et au guichet pour le secteur privé du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) en 2018 pour stimuler la production laitière et former les agriculteurs commerciaux et les petits exploitants à l’élevage et à la santé animale, aux bonnes pratiques agricoles, à l’organisation coopérative et à la gestion financière. Pays: Sénégal Région(s): Thiès et Fatick LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL Récolte de maïs sur un site pilote

LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

S’attaquer à un obstacle à la croissance des secteurs laitier et de l’élevage

Ces dernières années, le Sénégal a été confronté à des périodes de sécheresse qui ont réduit la qualité et la quantité des aliments pour le bétail. À cela s’ajoutent des connaissances techniques insuffisantes sur la production fourragère et l’utilisation non durable de ressources naturelles limitées. Afin de bien affronter l’avenir, les agriculteurs devront s’adapter à des conditions météorologiques changeantes et plus extrêmes, et devront développer des solutions écologiquement durables et efficaces pour améliorer la production animale.

Développement piloté par le secteur privé

Kirène, une entreprise leader dans le secteur des boissons, et deuxième transformateur et distributeur de lait UHT (ultra-haute température) au Sénégal, s’efforce de trouver ces solutions. L’entreprise s’est associée à IFC et au guichet pour le secteur privé du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) en 2018 pour stimuler la production laitière et former les agriculteurs commerciaux et les petits exploitants à l’élevage et à la santé animale, aux bonnes pratiques agricoles, à l’organisation coopérative et à la gestion financière.

Pays: SénégalRégion(s): Thiès et Fatick

LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

Récolte de maïs sur un site pilote

Page 2: LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

Source : Plan Sénégal Emergent – PSE – Etude d’évaluation d’impacts des mesures incitatives applicables pour le développement de la chaîne de valeur du lait local ; ministère de l’Elevage et des Productions animales – Rapport de revue sectorielle 2018

Production fourragère pluviale et en irrigué Une solution clé a été d’introduire des techniques de production fourragère en pluvial et en irrigué. Le fourrage est essentiel pour maintenir les animaux en bonne santé. Il est également moins cher et plus nutritif que les concentrés industriels utilisés par de nombreux agriculteurs sénégalais.

La culture fourragère est bien adaptée à l’agriculture intégrée. Après la longue saison sèche sahélienne (octobre à juin), la production fourragère dans le cadre d’un système d’agriculture intégrée permet d’alimenter le bétail et les troupeaux selon un modèle de production durable et rentable. Elle permet la conservation des sols et, grâce aux apports importants de matière organique, améliore la santé des sols dans le temps plutôt que de continuer à les dégrader chaque année.

La production de fourrage étant essentielle pour accroître la productivité des secteurs de l’élevage et de la production laitière au Sénégal, la promotion des cultures fourragères reste une priorité centrale du ministère de l’Élevage et des Productions animales. La nécessité d’accroître la production de fourrage est particulièrement aiguë compte tenu de la diminution des zones

Au Sénégal, le sous-secteur de l’élevage a généré 462,7 milliards de francs CFA (plus de 800 millions de dollars) de valeur ajoutée en 2019.

264 millions de litres de lait cru de vache ont été produits en 2019.

L’élevage est l’un des moteurs de l’économie sénégalaise : l’industrie de l’élevage au Sénégal emploie 350 000 familles, soit environ trois millions de personnes (environ 1/5 de la population) et représentait 3,8% du PIB en moyenne entre 2014–2019.

En 2017, la consomma-tion de lait au Sénégal était de 30,2 litres par habitant, contre 37 litres/habitant/an en Afrique et 104 litres/ha-bitant/an dans le monde, selon les données de la Banque mondiale.

L’élevage est pratiqué par 47% des ménages ruraux au Sénégal. Cependant, la production de lait reste faible au Sénégal et est estimée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à 34,8 litres par habitant et par an.

Chiffres Clés

Qu’est-ce que le fourrage ?

Le terme «fourrage» désigne une variété de cultures produites principalement pour nourrir les animaux, plutôt que celles qu’ils consomment eux-mêmes par le pâturage. Le fourrage peut se présenter sous forme de foin, de paille, d’ensilage, d’aliments comprimés et granulés, d’huiles et de rations mélangées, de graines germées et de légumineuses.

Qu’est-ce qu’une culture fourragère ?

Les cultures fourragères produisent des rende-ments élevés de matière végétale, sont riches en nutriments et conviennent particulièrement bien au bétail. Les cultures fourragères peuvent être données au bétail comme fourrage vert pen-dant la saison des pluies et sous forme conservée pendant la longue saison sèche. Bien qu’il existe une grande variété d’espèces végétales pour la production fourragère, les agriculteurs doivent sélectionner des variétés adaptées à leur climat et aux besoins de leurs troupeaux. Dans la région de Fatick, par exemple, les agriculteurs ont cultivé du sorgho, du mil, du maïs et du niébé fourrager, tous adaptés pour produire des rendements conve-nables dans un climat chaud.

Source: FAO

Page 3: LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

de pâturage et de l’épuisement des ressources en eau du pays, qui rendent l’alimentation du bétail de plus en plus complexe.

Cultures pour la production animale

Cependant, il peut être difficile de convaincre les agriculteurs de cultiver des produits destinés à la consommation animale. Dans la culture sénégalaise, les cultures sont destinées à la consommation alimentaire des ménages et à la vente commerciale, et non au bétail. Malheureusement, cela a limité le potentiel de croissance du secteur laitier du pays.

L’analyse menée par IFC dans le cadre de ce projet, avec l’appui technique de la Plateforme pour une Production Agricole Durable, a identifié le manque et la mauvaise qualité de l’alimentation animale pendant la saison sèche comme l’un des principaux obstacles à la croissance du secteur au Sénégal. Le projet a donc concentré ses activités sur la mise à disposition de matériel de formation, la fourniture de conseils sur l’utilisation de matériel agricole adapté et d’intrants adéquats, et le partage d’expertise pour aider les agriculteurs à cultiver des cultures fourragères résistantes au climat et susceptibles d’accroître la production laitière.

Production de fourrage en irrigué

Au début du projet, l’équipe a mis à l’essai la production de fourrage par irrigation pour augmenter la qualité, la quantité et la prévisibilité

des rendements des cultures. En plus des cultures généralement cultivées par les agriculteurs, l’herbe de Guinée (Panicum maximum), une grande graminée vivace originaire d’Afrique, a été sélectionnée en raison de sa haute valeur nutritionnelle. Le projet a testé sa culture dans plusieurs fermes dans les régions de Thiès et de Fatick afin de déterminer ses performances locales. La ferme de Dabakh, un fournisseur de Kirène, a produit deux types de fourrage sur une parcelle de 37 hectares, dont sept hectares en irrigué pour produire de l’herbe de Guinée et trente hectares en pluvial pour produire du sorgho. D’autres grandes exploitations qui approvisionnent Kirène, en particulier celles qui ont accès à une source d’eau fiable et durable telle qu’un forage, ont été formées et soutenues pour développer des zones de production similaires.

Thiès et Fatick ont souffert de l’épuisement des ressources en eau, ce qui crée une pression pour conserver l’eau pour les besoins domestiques. Dans ces conditions, l’équipe du projet a décidé de se concentrer sur les cultures fourragères pouvant être cultivées en pluvial en utilisant des pratiques visant à améliorer la gestion des sols et de l’eau. Avec l’appui des experts de l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel d’IFC, des agronomes, des membres de coopératives de la région de Fatick et des agriculteurs du nord du Sénégal ont été formés pour augmenter la production en utilisant la technique de culture en courbes de niveau qui permet d’améliorer l’efficacité de l’utilisation des eaux de pluie.

Plantation de salanes (Euphorbia balsamiféra) le long d’une ligne de courbe de niveau afin de créer une bande antiérosive permanente.

Source: FAO

Page 4: LE SUCCÈS DE LA PRODUCTION FOURRAGÈRE AU SÉNÉGAL

Formation en production fourragère

Les participants ont reçu une formation technique sur la production fourragère et ont bénéficié d’un soutien supplémentaire afin de garantir l’adoption des pratiques dans leurs propres exploitations. La formation s’est déroulée en plusieurs phases :

• Aménagement des sites par la mise en place de bandes antiérosives le long des courbes de niveau

• Semis et culture de graminées vivaces, d’espèces buissonnantes et d’arbres le long des bandes antiérosives pour les rendre permanentes

• Création d’une haie vive autour des champs, composée d’espèces épineuses afin de réduire le risque de surpâturage par le bétail pendant la saison sèche

• Sélection des espèces fourragères en fonction des conditions environnementales et climatiques

• Semis en courbes de niveau

• Multiplication des espèces fourragères

• Entretien des cultures

• Récolte des espèces fourragères

• Utilisation des déchets organiques et des résidus de culture pour maintenir les nutriments du sol.

À Thiès et dans le nord du pays, l’herbe de Guinée a été introduite sous irrigation. À Fatick, les cultures fourragères sélectionnées pour la culture pluviale comprenaient le sorgho, le maïs, le niébé fourrager et le mil.

Le succès du projet a généré une plus grande demande. Des agriculteurs ne faisant pas partie du programme et vivant dans les zones environnantes ont exprimé leur souhait d’être également formés afin de pouvoir démarrer leur production de fourrage en pluvial sur leurs propres parcelles.

Résultats du projetLa formation à la production fourragère durable a rencontré un vif succès auprès des agriculteurs. Les résultats ont également été impressionnants:

14 sites ont été aménagés et constitués en «fermes-écoles».

18.65 ha de terres ont été cultivés.

Plus de 900 personnes ont participé de manière directe au programme.

Les champs-écoles ayant bien respectés les BPA ont vu leur rendement doubler par rapport à celui des années précédentes.

4 tonnes/ha de fourrage ont été produites.

Les cultures fourragères cultivées en pluvial comprenaient le sorgho, le maïs, le niébé fourrager et le mil. L’herbe de Guinée a aussi été cultivée en irrigué dans la partie nord du pays et dans certaines exploitations commerciales de Thiès qui ont accès à des forages.

Vache Holstein au pâturage dans la région de Fatick au Sénégal – Ferme de Marie Noël Cissé

IFC 2121 Pennsylvania Avenue, N.W. Washington, D.C. 20433 U.S.A.

www.ifc.org Accéder à la visite virtuelle >