Le Symbolisme et Les Poètes Maudits

Qu'est-ce qu'un symbole ?

Le terme désignait,selon les lois de l'hospitalité,dans la Grèce antique,un objet coupé en deux dont chacun des hôtes conservait une moitié qu'il transmettait à ses enfants.Les deux parties rapprochées servaient à faire se reconnaître les porteurs et à prouver les relations contractées antérieurement.

Le poète symboliste cherche à établir une relation entre le signe (mot, expression, métrique) et un élément absent,transcendant,inconnu.

Alors que le symbole dans son acception courante illustre concrètement une idée abstraite,prédefinie(la paix symbolisée par une colombe) et qui pourrait être formulée autrement(le symbole selon l'acception du symbolisme renvoie à une idée qui ne lui préexiste pas et ne peut se séparer de lui : elle est à l'extreme,indicible.)

Le SymbolismeC'est en 1886 que le poète Jean Moréas invente le mot symbolisme.Les poètes de cette école se réclament de Baudelaire,de Verlaine,de Rimbaud qui sont des poètes maudits et de Mallarmé.Le symbolisme est une réaction contre le positivisme,qui prétend tout expliquer de maniére scientifique et rationnelle et contre sa traduction littéraire : le naturalisme.

Il est contemporain du développement de l'impressionisme et de la diffusion en France de l'opéra wagnérien dans lequel la poésie et la musique atteignent une dimension métaphysique.

Le respect du réel présente des limites que le symbolisme dénonce.Pour le symbolisme porté surtout par la poésie l'important n'est pas le réel mais ce qu'on découvre derrière ce réel.Le réel est transformé en un univers de signes,de symboles qui révèlent autre chose que lui-même.

Ce nouveau courant réagit comme nous l'avons déjà dit contre les tendances positivistes,et cherche à retrouver la valeur du mystère et de l'interrogation métaphysique.

Les Poètes Maudits

Les Poètes MauditsCette désignation trouvée par Verlaine convient aux poètes symbolistes.C'est ainsi que Baudelaire encore marqué par le romantisme mais déjà symboliste lui-même,cherche à dévoiler par la poésie les "correspondances" entre le monde sensible qui n'est qu'apparence, et le monde supra-sensible,seul vrai monde.Pour Baudelaire , notamment dans le sonnet "Correspondances" , le monde est une "forêt de symboles" : le poète établit "l'universelle analogie" entre le réel sensible et un univers spirituel.

Charles Baudelaire (1821-1867)

- Précurseur du Symbolisme - Dandy parisien, il mène une

vie libertine. - Scandale : Les Fleurs du Mal

(1857)

Paul Verlaine (1844-1896)

- Il quitte sa femme sa femme pour vivre avec Rimbaud. - Passion et alcool : vie de

débauche,vie misérable. - Il a écrit : "De la musique

avant toute chose.Et pour cela préfère l'impair." - Finit clochard.

Arthur Rimbaud (1854-1891)

- Élève brillant - Grand voyageur qui mène une d'errance - Demeure un idéal de jeunesse,de liberté,de révolte et d'absolu - Toute son oeuvre est écrite avant l'âge de 20 ans.

Correspondances

CorrespondancesLa Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, — Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,

Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, IV.

Baudelaire dit : "C'est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique que l'âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau" Le rôle exaltant du poète est donc de saisir intuitivement ces mystérieuses correspondances pour atteindre une part de cette splendeur surnaturelle.Ce sonnet expose aussi l'idée des correspondances sensibles et les parfums qui occupent une grande place dans la poésie baudelairienne. Correspondance non plus avec d'autres sensations mais avec des états d'âme ,des idées morales.

Albatros

AlbatrosL'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

— Charles Baudelaire

AlbatrosLes trois premières strophes sont consacrés au symbole,c'est-à-dire à l'oiseau.Il est dépossedé de son domaine par "les hommes d'équipage" qui le prennent et le déposent sur "les planches". Là, ce "roi de l'azur" est "maladroit et honteux" ; il laisse traîner "pitieusement" ses "grandes ailes blanches".Les marins se moquent de lui,le tournent en dérision,tentent de lui faire fumer la pipe,contrefont sa démarche. Cette histoire ne nous est contée que pour nous faire comprendre le symbole qu'elle contient: cet oiseau des mers qui ne se trouve bien qu'au sein de l'azur,dans l'infini,c'est le POETE,lui aussi "prince des nueés",malheureux dès qu'il se mêle aux humains "vulgaires et bas" qui ne le comprennent pas et le font souffrir. Tout est fait dans ce poème pour créer une constante analogie entre l'albatros et le POETE.

Recueillement

RecueillementRecueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:

Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées; Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,

Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

— Charles Baudelaire

RecueillementLe poète semble être sur une éminence au- dessus de la ville ou bien accoudé à sa fenêtre.Il voit l'ensemble de la ville recouvert peu à peu par les ombres de la nuit. Le poète aperçoit aussi au évoque la foule des humains qui peuple la ville et qui recherche les plaisirs bas et vulgaires.Ce n'est pas le bonheur mais l'amertume et les remords que cette foule rencontre dans une telle poursuite. Derrière ces aspects réels,le poète pénetre plus loin : il contemple le paysage intérieur de sa vie morale et de sa pensée.Il s'éloigne de la "multitude ville" en compagnie de "sa Douleur", l'amie fidèle qui ne le quitte pas.Avec elle, il rappelle les "défuntes Années", c'est-à-dire les souvenirs et les regrets.Pour apaiser son âme, il regarde le soleil qui se couché, symbole d'une existence qui s'éteint et il lui semble entendre,du côté du l'Orient,la nuit consolatrice,la Mort qui marche à pas lents,apportant enfin aux hommes le repos et l'oubli.

Bibliographie- Wikipédia - http://www.fransizcasozluk.gen.tr - http://fleursdumal.org