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Le tao du taï-chi 2 « L’énergie du Taï-chi vient du Wu-chi (dont le sens général est l'absence de manifestation qui, pour les disciplines corporelles, signifie l'immobilité). Cette énergie, comme une mère, donne naissance au Yin et au Yang, ceux qui apparaissent séparément dans les mouvements et disparaissent dans le repos. » Traité sur le Taï-chi chuan de WANG Tsung-Yueh (Zongyue) Le Taï-chi. Force et forme. Polarité Suprême. Promesse d'équilibre. Programme pour la création de la vie et sa transfiguration, le Taï-chi est une énergie, comme nous l'avons identifiée dans le N°6 de Taï-chi Mag. Le Taï-chi est l'énergie de vie, c'est à dire, la dynamique universelle électromagnétique décrite sous les termes négatif- positif : dit autrement, selon la tradition chinoise, le yin-yang. Sa force polarisée se déploie jusqu'aux confins de l'univers. Elle s’imprègne plus ou moins dans chaque chose. Elle se manifeste dans la complétude ou l'opposition selon le degré d'intimité avec le juste milieu. Le Taï-chi disparaît dans le repos et se définit donc par deux actions nécessaires à sa manifestation : le mouvement continu et la polarité. Nous avions vu certaines polarités dans les énergies : tension-détente, action-retenue, terre-ciel, doite-gauche, avant- arrière, haut-bas, intérieur- extérieur, ... Imagine un ballon : son centre est le Wu-ji, ses rayons manifestent des polarités. Le Taï-chi s'imprègne dans les manifestations physiques et visibles : l'ellipses, l'hélicoïdales, la spirales, le tore et surtout le huit dans les trois dimensions ou signe de l'infini, lemniscate. Le mouvement en huit est l'incarnation du champ d'énergie universelle. Il est comme une stagnation d'ondes ralenties n'ayant plus assez de vitesse et d'espace pour continuer leurs parcours. Elles se meuvent sur place. Les vibrations restent mais « alourdies » et confinées dans un lieu particulier, continuant leur danse en forme de huit. En résumé, le Taï-chi comprend le mouvement continu à travers la polarité yin-yang qui forme un tout. En d'autres termes, le Tout se manifeste dans le multiple grâce à la polarité. La question que j'aimerais maintenant te poser est la suivante : comment manifester le Taï-chi dans la pratique corporelle et notamment dans l'art qui y fait directement référence, le Taï-chi chuan ? Plus précisément, comment bouger tout en respectant le principe de polarité yin- yang dans la continuité ? Mais, auparavant, il faut se poser la question du pourquoi. POUR QUELLES RAISONS DEVRIONS-NOUS INTEGRER LES LOIS DU TAÏ-CHI DANS NOTRE PRATIQUE CORPORELLE ? Essaye de marcher de manière à ce que la colonne vertébrale et les jambes ne bougent pas d'un poil. Essaye de courir sans balancer les bras... Pour la marche et la course, la nature a créé une bio-mécanique subtile dans laquelle chaque articulation bouge en totale harmonie avec les autres. Observe et constate les mécanismes de ta marche... et, tu trouveras. Pour la santé autant que pour l'auto-défense ou l'art martial, le respect des lois bio-mécaniques et énergétiques garantit une plus grande efficacité. C'est dans la contrariété de ces principes naturels que blessures ou faiblesses apparaissent. Pour pouvoir respecter le mouvement naturel, tu dois te relaxer car les tensions nerveuses et émotionnelles engendrent des contractions musculaires parasites. Se relaxer en profondeur équivaut à « nettoyer » notre être entier tout en activant de plus en plus les réseaux de l'énergie vitale. Ainsi, la route étant dégagée, le mouvement est libre et fluide. Le geste juste peut se

Le tao du taï-chitaichichuan.yoga.free.fr/taodutaichi2.pdf ·  · 2016-08-28Le tao du taï-chi 2 « L’énergie du Taï-chi vient du Wu-chi (dont le sens général est l'absence

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Le taodu taï-chi

2« L’énergie du Taï-chi vient

du Wu-chi (dont le sensgénéral est l'absence de

manifestation qui, pour lesdisciplines corporelles,

signifie l'immobilité). Cetteénergie, comme une mère,

donne naissance au Yin et auYang, ceux qui apparaissent

séparément dans lesmouvements et disparaissent

dans le repos. »Traité sur le Taï-chi chuan

de WANG Tsung-Yueh(Zongyue)

Le Taï-chi. Force et forme.Polarité Suprême. Promessed'équilibre.Programme pour la création dela vie et sa transfiguration, leTaï-chi est une énergie,comme nous l'avons identifiéedans le N°6 de Taï-chi Mag.Le Taï-chi est l'énergie de vie,c'est à dire, la dynamiqueuniverselle électromagnétiquedécrite sous les termes négatif-positif : dit autrement, selon latradition chinoise, le yin-yang.Sa force polarisée se déploie

jusqu'aux confins de l'univers.Elle s’imprègne plus ou moinsdans chaque chose. Elle se manifeste dans lacomplétude ou l'oppositionselon le degré d'intimité avec lejuste milieu.Le Taï-chi disparaît dans lerepos et se définit donc par deuxactions nécessaires à samanifestation : le mouvementcontinu et la polarité.Nous avions vu certainespolarités dans les énergies :tension-détente, action-retenue,terre-ciel, doite-gauche, avant-arrière, haut-bas, intérieur-extérieur, ...Imagine un ballon : son centreest le Wu-ji, ses rayonsmanifestent des polarités.

Le Taï-chi s'imprègne dans lesmanifestations physiques etvisibles : l'ellipses,l'hélicoïdales, la spirales, le toreet surtout le huit dans les troisdimensions ou signe de l'infini,lemniscate. Le mouvement enhuit est l'incarnation du champd'énergie universelle. Il estcomme une stagnation d'ondesralenties n'ayant plus assez devitesse et d'espace pourcontinuer leurs parcours. Ellesse meuvent sur place. Lesvibrations restent mais« alourdies » et confinées dansun lieu particulier, continuantleur danse en forme de huit.En résumé, le Taï-chicomprend le mouvementcontinu à travers la polaritéyin-yang qui forme un tout.En d'autres termes, le Tout semanifeste dans le multiplegrâce à la polarité.

La question que j'aimeraismaintenant te poser est lasuivante : comment manifesterle Taï-chi dans la pratique

corporelle et notamment dansl'art qui y fait directementréférence, le Taï-chi chuan ?Plus précisément, commentbouger tout en respectant leprincipe de polarité yin-yang dans la continuité ?

Mais, auparavant, il faut seposer la question du pourquoi.

POUR QUELLES RAISONSDEVRIONS-NOUSINTEGRER LES LOIS DUTAÏ-CHI DANS NOTREPRATIQUECORPORELLE ?

Essaye de marcher de manière àce que la colonne vertébrale etles jambes ne bougent pas d'unpoil. Essaye de courir sansbalancer les bras... Pour lamarche et la course, la nature acréé une bio-mécanique subtiledans laquelle chaquearticulation bouge en totaleharmonie avec les autres.Observe et constate lesmécanismes de ta marche... et,tu trouveras.Pour la santé autant que pourl'auto-défense ou l'art martial, lerespect des lois bio-mécaniqueset énergétiques garantit une plusgrande efficacité. C'est dans lacontrariété de ces principesnaturels que blessures oufaiblesses apparaissent.Pour pouvoir respecter lemouvement naturel, tu dois terelaxer car les tensionsnerveuses et émotionnellesengendrent des contractionsmusculaires parasites. Serelaxer en profondeur équivautà « nettoyer » notre être entiertout en activant de plus en plusles réseaux de l'énergie vitale.Ainsi, la route étant dégagée, lemouvement est libre et fluide.Le geste juste peut se

manifester.

FAIRE TABLE RASE.QU'EST-CE QUE LE TAÏ-CHI CHUAN N'EST PAS ?

Il ne se définit pas avec lalenteur. Si tu faisais lentementun enchaînement de gestes deKaraté, ou de chi kung serait-ce du Taï-chi chuan ? Parailleurs, dans les écoles de Taï-chi chuan, il existe demultiples enchaînements(taolu, kata, kuen) faits avecvitesse comme, par exemple lesan shou et le pao chui ainsique les mouvements explosifsde la forme de Yang Luchan.La lenteur ne définit pas leprincipe de polarité.Le Taï-chi chuan se distingue-t-il par la relaxation ? Si oui, lekungfu de l'homme ivre n'estpas mal dans ce domaine... Larelaxation ne définit pas lespolarités biomécaniques maisen est l'une des conditions.Se définit-il par le fait qu'il estune gymnastique douce etpacifique aux colorationsméditatives ? Non, car le yogaou n'importe quelle autrepratique douce mériterait cenom.

Le Taï-chi est le mouvement,le changement de point de vue.Laisse de côté tout ce que tu asappris. Sois tel un enfantdécouvrant la nouveauté.Prends soin d'expérimenterpar toi-même avec humilitéafin de vérifier toute assertion.

La double lourdeur :

« Lorsque l'on voitquelqu'un, pratiquant

depuis de longues années,incapable de transformerl’attaque et qu'il se laisse

dominer par l'adversaire, c'estqu'il n'a pas compris ce défaut

qu'est la double lourdeur. »

WANG Tsung-Yueh

Certains textes classiquesparlent de la double lourdeurcomme le fait d'avoir le poidsréparti de manière égale sur lesdeux pieds. Cela signifieclairement une position neutrele poids au milieu et stagnant.Au contraire, le Taï-chi chuanest le mouvement polarisé et dèsque le corps bouge de manièrenaturelle, il le manifeste.Comment ferais-tu pour éviterla double lourdeur ? Le poidsdois fluctuer d'un pied à l'autre,n'est-ce pas ? Et comment ?Prends la marche comme guide.Qu'observes-tu ? Le poids« s'écrase » sur le talon,« coule » sur la ligne dudeuxième petit orteil, « tourne »vers la base du gros orteil puispasse sur le talon de l'autre pied.Remarque qu'il ne passe pas parle point N° 1 du méridiend'acupuncture des reins... Celui-ci est parfois désigné comme lepoint d'ancrage, mais, il estsitué dans un creux au 2/3 de lalongueur du pied et ne peut pasêtre un point de passage pour lamarche, la course ou tout autredéplacement. Il suffit deregarder la trace que dessine unpied nu mouillé, sur une terrasseen bois, pour s'apercevoir de cephénomène.Le talon est un coussin pourabsorber le choc dans le sol. Lebord extérieur et les petitsorteils sont prévus pourl'équilibre. Le gros orteil sert depropulseur. Si l'on met le poidssur le point 1 du méridien desreins, c'est en posture statiqueen équilibre sur une seulejambe.En vérité, dans la marche, le

parcours d'un pied ressemble auruban de möbius. Regarde ceque c'est dans un dictionnaireou sur internet... De plus, lepoids tracé sur le sol est un arcde cercle... qui, passant surl'autre pied, forme un huit ouune lemniscate, une vague, uneonde, un S ! Ceci serait donc lamanifestation du Taï-chi, duyin-yang, pour la pression sousles pieds. Remarque : ici, le Taï-chi n'est pas un cercle.

Pour l'expérience suivante,relâche bien les bras et le dos.Propulse le corps avec lesjambes et conduit une vaguedans la colonne vertébralejusque dans les bras et lesmains.

D'abord, marche comme si tuétais pressé(e) tout en étantfluide (ne confonds pas lafluidité avec la souplessearticulaire). Les bras sont lancésgrâce au mouvement du buste.Observe la position du poignet,du coude et de l'épaule. Aumoment où le bras descend, lamain s'ouvre plus avec lepoignet en extension (yang) etlorsqu'elle monte elle estrelâchée le poignet en flexion(yin).Maintenant, rappelle-toi de ladouble lourdeur souventcomprise comme le poidsréparti de manière égale sur lesdeux pieds. Qu'en est-il pour lesdeux mains ? 2 yin ou 2 yang :n'est-ce pas cela la doublelourdeur ? Aussi, le bas neconduit-il pas le haut ? Si lapression sur le sol doit sanscesse alterner d'un pied à l'autre,le poids (la force) peut-elle êtrela même dans les 2 mainssimultanément ?

La raideur :

« La taille commande lecorps tout entier

(...) synchronisez la partiesupérieure avec la partieinférieure du corps (...)

faites vos mouvements d'unemanière continue et sans

interruption. »YANG Chengfu

La raideur manifestel'immobilité de deux ouplusieurs articulationscontiguës les unes par rapportaux autres. La raideur indique que lastagnation remplace la vie,l'immobilité remplace lemouvement fluide. Si uneonde, venant des jambes ou dela taille, rencontre unensemble d'articulationsgaînées de manière excessive,celle-ci s'estompe ou« meure » dans ce dernier etne communique pas sadynamique au membressupérieurs.

Les polarités alternées :

Maintenant, je vais te fairevisiter l'espace pour répertorierles polarités possibles. Tu doiseffectuer les mouvementsrapidement ou en imaginantque tu les fais dans l'eau. Il sepeut que tu constates tes brastout le temps yin... Ce n'est pasimportant pour comprendre lasuite.

1) La polarité sur l'axeverticale :

Mets-toi pieds joints les brasle long du corps droit. Monteet descends en pliant lesgenoux de manière ample etrythmée sur une seconde aller-retour. Soulève et redescendstes bras comme s'ils étaientdes chaînes ou des ailes

d'oiseau : commence parl'épaule puis le coude et enfin lepoignet.Que se passe-t-il ? Les brassouples montent en s'éloignantdu tronc et descendent en s'yremettant en contact. Et quoid'autre ? Observe... Il y a uneonde, une vague qui se propagesymétriquement dans les deuxbras. Quand les bras montent,les coudes et les poignets sonten flexion. Nous allons désignercette position comme yin. Lesdeux bras sont yin en mêmetemps. En descendant, ceux-cisont en extension (l'intérieur dubras s'étire). Désignons celacomme yang.Tu viens de découvrir unepolarité parmi d'autres maismémorise leur point commun :le bras fléchit et la paumedirigée plutôt vers l'intérieurmanifeste un repli sur soi etcorrespond au yin. Le bras enextension, déplié et la paumeplus vers l'extérieur est dit yang.Si tu perçois l'alternance de lamontée des bras en posture yinet de la descente en positionyang, tu constates unecomplémentarité alternéeformant un taï-chi.

2) La polarité frontale (dans leplan du front) :

Prends la même posture dedépart puis écarte les pieds de lalargeur des épaules en mettantfinalement le poids au milieu.Maintenant, pousse avec unejambe puis l'autre en alternanceen transférant ton poids d'unpied à l'autre. Désignons lajambe qui se tend pour lapropulsion comme yang etl'autre comme yin.Accentue le balancementondulés au travers de la colonnevertébrale et des bras. Mets tesbras sur les côtés à hauteur desépaules. Observe et constate...Le dos penche à droite et àgauche. Un bras monte yinpendant que l'autre descendyang.

3) La polarité transversale ensymétrie (horizontale) :

A partir de ta position les piedsécartés, avance ton torse en lebombant avec les bras s'ouvrantpuis recule-le en le creusantavec les bras se fermant à unrythme créant une vaguejusqu'au bout des doigts.Observe et constate. Le yin-yang est symétrique.

4) La polarité sagittale (planvertical avant-arrière) :

Depuis ta posture précédente,penche-toi en avant puis enarrière, les bras lancés vers lebas puis vers le haut devanttoi. Déploie la vague de tacolonne vertébrale jusque danstes mains. En montant devant,elles sont yin. En descendant,elles sont yang, n'est-ce pas ?

5) La polarité transversaleasymétrique (horizontale) :

Depuis la dernière position ledos droit, fais spiraler tacolonne vertébrale horizon-talement. Garde tes bras toutmous et laisse-les aller autourde ton bassin et de ta taille.Attention à ne pas trop tournerles articulations afin d'éviter lepincement des nerfs. Lorsqueton buste est de face, les brass'étendent sur les deux côtés etsont donc yang. En s'enroulantautour de la taille, ils sontrepliés et yin.

Avons-nous visité toutes lesdimensions de l'espace ? Planfrontal ou du front, plansagittal ou avant-arrière, plantransversal ou horizontal ?Oui. En fait, nous avons visitécinq mouvements bio-mécaniques. Sachant quel'être, dans sa construction,visite ses cinq dimensionsdans un ordre précis, nouspourrions progresser de lamême sorte dansl'apprentissage du Taï-chichuan... mais c'est le sujet d'unautre chapitre.

Que peux-tu conclure sur lespolarités expérimentées précé-demment ?Ne vois-tu pas la doublelourdeur dans certains plans ?Oui,... il y a deux bras yin ouyang en même temps pour les

polarités 1, 3, 4 et 5 ! Doublelourdeur sauf pour lemouvement dans le plan frontalen se penchant à droite et àgauche. Pour l'incarnation duTaï-chi dans les mouvements, ilfaudra donc impérativementbouger dans ce plan frontal !

LE TAÏ-CHI CHUANCOMPLET :

En vérité, quelle est la règlegénérale du Taï-chi pouvants'appliquer à n'importe qu'ellepartie du corps ?La double lourdeur est le faitd'avoir une position avec deuxyin ou deux yang en mêmetemps.Inversement, et par définition,la bio-mécanique du Taï-chiest nécessairement unecomplémentarité yin-yangsimultanée à tous les niveaux.

Comment le yin-yang desjambes et du poids pourrait-ilengendrer la double lourdeurdans les bras et les mains sil'une des règles principales duTaï-chi est la fluidité conduited'un lieu du corps à un autre ?Si le haut est dirigé par le bas etqu'il n'y a aucune doublelourdeur en bas, alors, il n'y en apas non plus en haut.

Exemple d'erreur dansl'exécution des mouvementsdu Taï-chi chuan :

Lorsqu'on passe de Presser àAppuyer, la main droite stagneen position yin alors que lagauche était yang et devient yin.Pourquoi l'une suit-elle le restedu corps et l'autre pas ? Il setrouve que la main droitedevient indépendante,« morte ». Le yin-yangsimultané que l'on voit dans le

Presser se transforme en doublelourdeur les deux mains yindans le recul puis les deuxmains yang dans la poussée.Cela révèle un manque d'unité,de fluidité et la polarité n'est pasappliquée.Voici les mouvementsrespectant le yin-tang :

Le mouvement universel etperpétuel :

« Quand on peut sentir quele Yin et le Yang se

complètent mutuellementdans les mouvements, alors

on peut dire qu’on a comprisce qu’est l’énergie interne du

Taï-chi chuan. »WANG Tsung-Yueh

Tu as, pour l'instant, visitéchaque plan de l'espaceséparément. Ce peut-il qu'unmouvement puisse lescombiner tout en respectant leyin-yang ?

Ce mouvement est le Taï-chicomplet et ne comporteaucune « double lourdeur ».Cela veut dire qu'il y a le yinen même temps que le yang, àtout moment et partout dans lecorps, sans interruption.N'est-ce pas cela le but dupratiquant passionné ?Peut-il être un aller-retour enligne droite ? Non, car il y aarrêt pour repartir en sensinverse.Est-il un cercle ? Non, car ilest dans un seul plan et est endouble lourdeur pour le plan

sagittal.Mais, c'est une idée...Fais l'expérience :Effectue un grand cercle avecles mains face-à-face dans leplan frontal et de manièrenaturellement fluide : il y a lapolarité... Dans le plan sagittal,les mains sont yin puis yang enmême temps... Dans le plantransversal (horizontal), il y apolarité.Se peut-il que les mouvementsdu Taï-chi chuan ne se fassentque dans les plans frontal ettransversal ? Peut-être, mais cen'est pas le cas... Et, il y a bienmoyen de combiner les troisplans.Ne pouvant pas être dans unseul plan, le mouvement doitsynthétiser les cinq polarités...Cela te rappelle-t-il quelquechose ? …, Les cinq élémentsde la philosophie et de lamédecine chinoise que l'onretrouve aussi dans notretradition alchymiqueénergétique : terre, eau, feu,métal/air et bois/éther.Tu comprends peut-être que lescinq éléments sont intégrés dansle Taï-chi...Alors, quel est ce fameuxmouvement totalement Taï-chi ???Voici la réponse : le huit ou lalemniscate, le tore, le signe del'infini dans les troisdimensions... Expression de laforce yin-yang in-interrompue !Le huit est une compréhensiontrès ancienne de l'universcomme élément dynamiqueessentiel de la vie. Les lemniscates sont partout :regarde les arbres composés desbranches, du tronc et desracines, les animaux et leshumains avec leurs cerveaux,leurs yeux, leurs narines, leursoreilles. On les trouve aussi

dans la structure de l'ADN, les« courants Birkeland » duplasma cosmique. Renseigne-toi aussi sur lechamp électromagnétique de laTerre.Plusieurs méthodes utilisent lehuit couché pour rééquilibrer leshémisphères cérébraux.

Voici comment s'entraîner auhuit : je te propose de mettre lesmains jointes devant toi.Dessine un large huit horizontalde manière souple avec lesarticulations qui bougent enondes les unes après les autres,allant jusque derrière toi àdroite et à gauche, devant-derrière. Tu peux l'effectuerdans deux sens : soit en montantsoit en descendant par le milieu.Continue en écartant les mainsd'une trentaine de centimètres.Voilà, tu es en train de faire unvéritable mouvement essentieldu Taï-chi ! Il est bien yin-yangpour les mains et les bras sansdiscontinuer et dans les troisdimensions.

Il existe plusieurs huit pouvantêtre effectués dans les deuxsens. Ils forment ce quej'appelle la sphère des huit. Celadonne de multiples possibilités

d'introduire ces huit dansn'importe quelle forme dechorégraphie gestuelle ycompris dans les formes duTaï-chi chuan de YangChengfu et de Yang Luchan....Sachant que celles-ci doiventêtre effectuées à travers toutesles articulations.

Cependant l'un des huit est la« source » et correspond àcelui que le corps utilise pourses déplacements : la marcheet la course. C'est avec celui-ci, étant canal énergétique duTaï-chi, que tu rendras latechnique naturelle et efficaceautant pour la santé que pourle combat.Ce huit doit comprendrel'ouverture-fermeture du planhorizontal ainsi que lesspirales à l'intérieur des ondesou vagues de la colonnevertébrale et des quatremembres.

As-tu l'impression que çademanderait beaucoup detravail ? Oui et non. C'estsurtout la démarche deréflexion pour arriver à cetteconclusion qui a été longue.Intégrer les huit dans lesenchaînements de Taï-chichuan ou autres, c'est assezfacile pour quelques-uns, trèsdifficile pour quelques-autreset impossibles pour certains...

Rappelle-toi de ceci : touteffort a sa récompense.Le huit dit aussi « huitparesseux » ou le ruban demöbius étant le mouvementincarné du Taï-chi, il est garantde l'harmonie. Si tu effectuesdes mouvements ondulés ensymétrie yin-yang avecdouble lourdeur, c'est déjàbénéfique... Mais, les bienfaits

sont décuplés lors d'un circuiten huit.

Pour résumer, le véritable Taï-chi chuan manifeste les loisnaturelles de polarités del'univers. C'est pour cela, que jetraduis Taï-chi chuan (Taijiquan, Taiki kuan,...) par Boxede la Polarité Suprême.

LES REGLESFONDAMENTALES DU TAÏ-CHI CHUAN :

Première règle: LACONTINUITELe mouvement est continu.Chaque articulation est sanscesse en train de bouger : toutes,sans exception, même celles desdoigts.

Deuxième règle : LAPOLARITELa polarité biomécanique semanifeste dans les sixdimensions que sont : haut-bas,droite-gauche (frontale), avant-arrière (sagittale), horizontalsymétrique (transversale),horizontal asymétrique etrythme temporel. La synthèseétant une onde ou une vague sepropageant à travers toutes lesarticulations en faisant un huitsauf dans la posture du Wu-chi,les mouvements de l'Ouvertureet des Fermetures dans lesquelsles huit sont dans une symétriedoite-gauche. Autrement dit, ilest nécessaire que lemouvement soit coordonné demanière à former un tout (le taï-chi) et à manifester lacomplémentarité yin-yang ouflexion-extention.

Troisième règle : ABSENCED'EXTRÊMESLes cinq « fouets » que sont lacolonne vertébrale et les

membres forment chacun d'euxun S ou un arc de cercle. Lescinq « fouets » ne sont jamaisdans une posture droite saufdans la posture du Wu-chi avantet après le démarrage desmouvements de l'enchaînement.Aussi, la fluidité implique lefait que du yang persiste au seindu yin et inversement. Le poidsne va jamais complètement nidevant ni derrière. Le huit étantfait par la pression exercée sousles pieds, le poids, lui, suit unchemin plus court évitantl’extrême yin ou yang. Lapression et le poids sous lespieds ne passe pas sur le N°1 duméridien des reins. Le poidsfluctue de l'avant-pied arrière autalon du pied avant tant qu'il n'ya pas de déplacement. Ceciévite l'extrême yin ou yang (etle déséquilibre dans le combatou la poussée des mains, etc.).

Quatrième règle :POLARITES INTERNESINTEGREESLe pratiquant doit évoluer pourintégrer et équilibrer lespolarités énergétiques que sontféminin-masculin et terre-ciel.Pour cela, l'esprit (shen) doitêtre centré au cœur énergétiqueet réparti aussi bien à l'intérieurqu'à l'extérieur du corps. Leshen est donc partout. (Voirarticle dans le N°6 de Taï-chiMag.)

En maîtrisant les quatre règlesfondamentales dans un artcorporel, on est un maître enTaï-chi...Chuan (quan) se traduisant parboxe, maître en Taï-chi chuansignifie que ces règles sontaussi intégrées dans l'art ducombat.

Pour commencer ton

entraînement, si tu le veux,reprend le huit couché avec lesmains jointes puis séparéesmais toujours paumesparallèles et poignets souplesen yin-yang. Dans le secondtemps, effectue les huit avec lapression des pieds sur le solpendant ton enchaînement(taolu, kata...).

© Fabrice Hohn, 2015http://taichichuan.yoga.free.fr

N.B. (ajout postérieur àl'article publié) : La mise enplace des mouvements ondulésdans 4 plans plus l'axe (5mouvements de bases) existedans de très rares écoles et peut-être de manière partielle laplupart du temps.De plus, à preuve ducontraire, et par rapport àmes connaissances actuelles,la mise en application desmouvements en huit dans leTaï-chi chuan est unique etn'existe que dans monenseignement.