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Rolland Abonnel Le temps n’épargne pas même la rose

Le temps n’épargne pas même la rose - Fnac

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 166 pages

- Tranche : (nb pages x 0,07 mm)+2 = 13.62----------------------------------------------------------------------------

Le temps n’épargne pas même la rose

Rolland Abonnel

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Rolland Abonnel

Le temps n’épargne pas même la rose

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Remerciements sincères à l’artiste peintre Patrice ABONNEL pour son

autorisation de reproduire son tableau « Le temps passant » en couverture de ce recueil.

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Préface (Séquences d’une vie comme dans un film)

A la croisée des chemins, à la lisière de l’âge certain, celui qui nous grisonne, qui nous assagit, que l’on aborde à la moitié de son existence, quand on comprend que la lanterne du Destin a sa lumière qui vacille, que notre avenir s’obscurcit de lourds regrets, alors le temps est venu de tremper sa plume dans la mémoire, pour sortir du tréfonds de ses tripes les bons, les mauvais souvenirs.

Tenter de trouver des réponses aux questions essentielles, souvent existentielles : la Vie, la Mort, le Temps qui nous fuit…

Assumer quand viennent en vagues imprévisibles les pleurs, les remords, la honte des échecs.

Trouver l’énergie nécessaire pour faire un pied de nez au pessimisme, aux tricheries, à l’amertume, aux faux amis.

Rester dans l’éveil vigilant face à l’adversité et vaille que vaille vouloir en modifier la trajectoire.

Pour ne pas sombrer : prendre en bouclier le verbe et le mot, les utiliser en carapace pour vaincre la morosité, l’inimitié, la mort qui frappe à l’improviste ; qu’ils encensent l’amour, l’amitié ; qu’ils défendent les humiliés ; qu’ils condamnent le mercantilisme des élites hypocrites.

Parce qu’un clavier est sans mémoire et sans cœur, j’ai pris ma plume d’écolier du milieu du siècle dernier, pour écrire avec l’encre de ma vie ce recueil de poésie : un témoignage sincère, sans cabotinage, de mes illusions quand elles voulaient et pouvaient encore lever le poing.

Rolland ABONNEL

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I

La route du temps

De la première à la dernière borne de l’espérance, on va sur la route du temps ; la montre au poignet et l’horloge au salon grignotent silencieusement nos heures, mais même en automne ou en hiver les images et les histoires sont belles.

Chaque vie est un point de départ Joies et souffrances au long du parcours Enfance, des pleurs, des rires. Résister Sur le fil invisible du hasard L’échine arc-bouter ne pas tomber Recevoir et donner de l’espoir.

(Extrait du poème : sur le fil du hasard)

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Femme enceinte

Voilà que tu perds le contrôle de ton corps, Qu’à ton insu il se transforme et s’arrondit, Tu t’étonnes que ton apparence se modifie, Tu aimes qu’il devienne pour la Vie, coffre-fort.

En toi, de toi, de ton énergie, le fœtus Se nourrit, prend sa forme ta peau élastique. Ce bébé qui pousse, que tu portes : c’est magique ! Comme la terre de printemps quand sort le crocus.

Qu’importe que cette bulle d’amour distende Ta peau, et tant pis pour les spasmes du matin, Les cernes sous les yeux, les douleurs à tes seins, A l’acné sur tes joues ; tu prends ça comme offrandes.

Tu culpabilises, tu chasses les ennemis : Bactéries, calories superflues ; pour bébé, Tu sacrifies ta gourmandise irraisonnée Des desserts trop sucrés ; au diable tes envies.

A la prochaine échographie, tu connaîtras Son sexe, alors, avec l’heureux futur papa, Des chamailleries pour son prénom : large choix, Quelques idées ; mais chut… nous ne les saurons pas.

Déjà, ses organes s’ordonnent et son cœur bat En cadence du tien. Un hoquet pour te dire Qu’il aime quand tu chantes. Dans ce nid il va grandir Au chaud. Tiens ! Il bouge quand pose sa main, papa.

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Quand tu naîtras

Quand tu naîtras, dans ton berceau tu trouveras, Déposé par un ange, un blanc porte-bonheur A la forme d’un cœur, à la douceur d’une fleur, A la tendresse caresse qui chauffe les draps.

Un quatuor de mésanges aux ailes dentelle Bercera tes premières nuits de chérubin, Aux rêveries innocentes, aux songes cristallins. Veille un lutin dans une invisible nacelle.

Comme une louange, le mot Amour gravé d’or Sur ton chaud duvet. Aucune ombre sur les murs ; Maman, papa, les ont repeints en bleu azur. Neuf mois d’espoir cela mérite un beau décor.

Bonheur ! Tu quitteras la matrice maternelle, Le ventre nourricier au mois du bouton d’or, De la rose, du soleil au zénith, des aurores De miel, quand le génie du bien est sentinelle ;

Dans une lumière bleue, il te prendra la main Pour te rassurer, de son langage bienveillant Que tu comprendras, il te dira « Mon enfant Prends la Vie, aime la, c’est un cadeau divin ».

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Petit ange

Debout devant ton berceau Carapace qui te protège D’un monde qui se désagrège De tous les pores de ma peau Je tremble pour toi petit Ange Au regard bleu d’innocence Et encore dans l’inconscience De cet univers qui change.

Peur de cette indifférence Toujours plus forte au malheur D’enfants dont l’unique erreur Est de vivre dans l’ignorance. Ils agonisent en silence En désert et par milliers Aux frontières de nos contrées Repues, odieuses d’opulence. Peur pour notre belle Planète Arable terre nourricière Terrain de jeu militaire L’Afrique en cible pour conquête. Peur de ces gens « politique » Qui formatent nos pensées Par médias interposés Détruisant l’esprit critique ; La liberté est une onde Qui virevolte, se propage, Mais que l’on peut mettre en cage D’un coup, à la moindre fronde.

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Debout devant ton berceau Je pleure de joie, sans pudeur, Tu me souris et mon cœur Retrouve des mots, des propos Volontaires : « Sauvons la Terre » Me battre petit Ange pour toi Sans peur ; une seule arme : la foi, Pour que tu sois fier de ton père.

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Petit enfant

Petit enfant ! C’est compliqué la Vie, tu sais ; Comme coule l’eau d’une source, toujours en esquive Dès qu’elle sort du ventre de la terre, qu’elle naît ; Elle vient d’amont, doit serpenter entre deux rives, D’astuces en méandres éviter les galets Que lancent de vils garnements, aux mains agressives.

Petit enfant ! C’est un miroir la Vie, tu sais ; Comme le lac dans le vallon à l’onde paisible, Où dans son bosquet les amants s’aiment en secret. Mais parfois vient l’orage et la foudre les cible, L’onde les submerge ; dans le miroir disparaît Leur image, leur reflet : destin imprévisible.

Petit enfant ! C’est sans pareil la Vie, tu sais ; C’est comme un filament d’amour qui part du Ciel, Nourrit la nature, les êtres, et repeint le laid, Transcende de la naissance jusqu’à l’âge vermeil. Déjà, son doux refrain dans ton premier hochet, Plus tard, dans l’oraison pour l’éternel sommeil.

Petit enfant ! La Vie : un sublime présent Aux accents si divins ; c’est tous les jours cadeau. Rien ne l’épuise, ni la montagne, ni l’océan. Ne crois pas, ceux qui disent que c’est un lourd fardeau. A Toi, longue et belle Vie, cher petit Enfant.

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Naître, être et disparaître

Prendre vie, bouger dans le ventre de sa mère, Sortir du nid chaud mais devenu trop petit, Perdre le viscère lien ombilical qui nourrit, Crier fort à la première impure bouffée d’air.

Grandir, apprendre, s’affirmer, déployer ses ailes, Assumer son envol, aimer, croire en la vie, Trouver Celle, prévenante, qui propose sous la pluie Son parapluie, pour un duo sacramentel.

Etre, ne pas être, le mal être de l’hypocrisie, Une piètre existence grise de malentendus, Quelques bonheurs vécus, une passion incongrue, Les loisirs entre la famille et les amis.

Vouloir maîtriser les mille facettes du hasard ; Voir les proches tomber du fil de la vie, mourir. Sur la peau, le frisson de la peur de vieillir ; Maudire le Diable en attente sur le quai de gare.

Un jour, les boîtes à photos n’existeront plus ; Disparaître, devenir une image numérique, Une onde souvenir d’un fichier informatique. Naître, être, disparaître ! D’un clic la vie continue.

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Images de l’automne

Bienvenue à toi ! Saison des feuilles jaunies, Des matins à la teinte grise du ciel d’automne, De l’herbe qui frissonne sous la rosée de la nuit, Des oiseaux au rire où la tristesse résonne.

Le froid, son sommeil, envahissent la nature, La robe des jeunes femmes s’allonge et s’assombrit, Les champs ont l’odeur des semailles pour couverture, Les écureuils remplissent de noix leur abri.

Des noirs labours s’envole la dernière hirondelle ; Les torses bronzés se couvrent d’une chemise. Dans le lac obscur aux ombres surnaturelles Se mirent et s’enfoncent les illusions insoumises.

Dans l’air un souffle musical, mélancolique, S’enhardit. Dans son terrier la lourde marmotte En solitaire s’endort. Les serments utopiques Des soirs d’été, dans l’oubli, le vent les emporte.

La mémoire aussi vire au décor de l’automne : L’odeur de la feuille humide et du bois coupé, Avant le feu, la cheminée que l’on ramone, Dans la cave, les pots de confitures alignés.

Nature sans élégance aux branches décharnées. Le pinceau du peintre au doigté nostalgique Enlève à la vie la douce lumière tamisée, Et après l’automne le tableau est pathétique.

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Le paradis des moulins à vent

Il n’était qu’un vieux paysan Il a fêté ses quatre-vingts ans.

Comme il disait souvent, avec bon sens évidemment, « Dans ma bourse le sou est rare » ; Peu rentable une ferme et ses quelques hectares. Peu importe, pour fêter l’évènement Il a réservé le restaurant : Le restaurant « Les Bons Enfants », au lieu-dit La Mémoire. Misère ! Il a fallu qu’il sorte quelques billets, planqués dans l’armoire. Il a mis son costume des beaux jours ; Son Odette sa belle robe des grands jours. Bien sûr ils sont venus, ils étaient tous là, Ceux du Queyras, les autres de Chamelle-les oies, Les proches, les moins proches, Les enfants, les petits-enfants qui à Noël lui faisaient les poches, Les amis, les vrais, les faux, les perdus de vue et Lisette. Lisette son premier béguin, sa première conquête, Avant d’épouser Odette.

Ils sont venus, tous l’ont félicité, Mots sympas, accolades, baisers, Il ne savait pas qu’ils l’aimaient tant ; Mais ce n’est jamais trop tard même à quatre-vingts ans. Sûr, que les deux bises de Lisette, Lui ont chaviré le cœur, lui ont fait tourner la casquette, Comme au temps où sentait bon la fleurette. Jusqu’à ce jour de printemps où elle partit vivre en ville. Là-bas, elle épousa Louis et sa vie tranquille. Elle a hérité de la fermette des parents, Elle revient l’été pour les foins ;

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Ils sont restés bons copains. L’année suivante il épousa Odette, Une jolie paysanne, menue, honnête.

Il a fêté ses quatre-vingts ans. Fini le temps des moulins à vent, Quelques éoliennes dans ses champs ; Le Don-Quichotte d’aujourd’hui doit être un géant.

A sa table, il y avait Thérèse, Elle habite toujours le hameau chemin de la Baize. A vingt ans elle était la fiancée de tous les gars du village, Nombreux lui ont dégrafé le corsage. C’est pour ça, qu’elle est restée seule dans sa maison à colombage ; Quel dommage. Il y avait aussi celui qu’il n’aime pas, mais Odette A voulu l’inviter : le voisin Georges, une forte tête, Il a toujours refusé de lui vendre quelques arpents de terre ; On a la rancune tenace dans le monde agraire. Enfin, ils étaient tous là, Pour le fêter comme un roi. Gâteaux, bougies, champagne, cadeaux ; Une larme dans la voix quand il a dit quelques mots : « Tant pis pour vous, vous allez me supporter encore vingt ans J’ai décidé de vivre jusqu’à cent ans ». Les anciens l’ont salué par un chant en patois, Et dans le regard d’Odette un tendre émoi.

Cela fait déjà un an, Qu’il fêtait ses quatre-vingts ans. Hélas, il n’est plus là, c’était trop loin les cent ans. Mais vrai, ils sont tous venus pour l’enterrement. Et nous, Pépé, tes cinq petits-enfants, En ce jour de tes quatre-vingt un ans Nous sommes là au restaurant « Les Bons Enfants », Au lieu-dit La Mémoire, nous pensons à toi fortement, A l’époque de nos balades dans tes champs, Que tu appelais « le Paradis des moulins à vent ».