Le tome I des Prolégomènes au format RTF (rich text format)

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Les Prolgomnes

IBN KHALDOUN Les Prolgomnes, premire partie 432

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LES PROLGOMNES

DIBN KHALDOUN(732-808 de lhgire) (1332-1406 de J. C.)

traduits en Franais et comments parW. MAC GUCKIN DE SLANE (1801-1878)

(1863)Premire partie

Un document produit en version numrique par Pierre Palpant, bnvole, Courriel: [email protected]

Dans le cadre de la collection: Les classiques des sciences socialesfonde et dirige par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cgep de ChicoutimiSite web: http://classiques.uqac.ca

Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mileBoulet de lUniversit du Qubec ChicoutimiSite web: http://bibliotheque.uqac.ca

Un document produit en version numrique par Pierre Palpant, collaborateur bnvole, Courriel: [email protected]

partir de:

LES PROLGOMNES,

dIBN KHALDOUN

Premire partie

Traduits en Franais et comments par William MAC GUCKIN, Baron DE SLANE, membre de lInstitut.

Reproduction photomcanique de la premire partie des tomes XIX, XX et XXI des Notices et Extraits des Manuscrits de la Bibliothque Nationale publis par lInstitut de France (1863).Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1934 (rimpression de 1996), CXVI + 486 pages.

Police de caractres utilise: Times, 10, 11 et 12 points.Mise en page sur papier format Lettre (US letter), 8.5x11.

dition complte le Ier mars 2006 Chicoutimi, Qubec.

NOTE CSSUn clic sur @ (hors adresse courriel) renvoie la table des matires.A tout endroit: Ctrl + Fin, ou Ctrl+End, renvoie au @ de fin douvrage.Ctrl + Pos 1, ou Ctrl+Begin, renvoie au @ de dbut douvrage.Les pages de ldition papier sont repres par des numros dcals vers le bas et prcds de p. On peut donc aisment atteindre une page en cliquant sur dition/rechercher .xxx.Les pages de ldition de Paris du texte arabe sont repres par des numros dcals vers le bas et prcds de *. On les atteint en cliquant sur dition/rechercher *xxx.A savoir: les transcriptions en caractres arabes ont t faites laide des caractres spciaux de ldition standard de Word. Ces caractres sont trs largement suffisants, parce que le traducteur nutilise pas, dans la trs grande majorit des cas, les points diacritiques. Cependant, lorsque ces points sont utiliss, leur prsence interdit la liaison des caractres lis. Cette (rare) petite gne a t prfre au chargement dune police complte de caractres. La mme ide a prvalue pour la trascription de quelques caractres grecs (esprits, intrieur rendu par le cyrillique ).A savoir aussi: dans ldition-papier, lorthographe de la traduction dun mme mot arabe, principalement un nom, est quelquefois modifie au fil des pages, et des parties, notamment quant aux accents, aux trmas, aux tirets. Par ailleurs, pome dans ldition-papier a t crit pome, pote, pote, et trs-xxx a t crit trs xxx.Noter enfin que la version rtf ne reprend pas les longs textes arabes en mode image, afin de ne pas trop augmenter le volume du fichier; se reporter au besoin la version doc.

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T A B L E D E S M A T I R E SDEUXIME PARTIE [css: les parties ne constituent pas une division analytique de louvrage, mais un simple regroupement selon les volumes des Notices et Extraits. En lisant la page 10 (cf. aussi p. XCV), on note que ce quil est convenu dappeler Prolgomnes comprend lintroduction gnrale et le livre premier de lHistoire Universelle (le livre deuxime renferme lhistoire des Arabes, le livre troisime celle des Berbres). Le livre premier comprend une introduction et six sections. La premire partie (et aussi le premier fichier css) prsente, outre lintroduction du traducteur, lintroduction gnrale dIbn Khaldoun, les deux premires sections et la moiti de la troisime section du livre premier. La deuxime partie (et deuxime fichier) prsente, outre la fin de la troisime section, les quatrime et cinquime sections et le dbut de la sixime. La troisime partie (et troisime fichier) prsente la fin de la sixime section]. TROISIME PARTIEIntroduction du traducteur Index gnral Termes expliqus

Pour atteindre le sommaire analytiquede : Prface Introduction LIVRE I: De la socit humaine et des phnomnes quelle prsente.IntroductionPremire Section : De la civilisation en gnral.Deuxime Section : De la civilisation chez les nomades et les peuples demi sauvages, et chez ceux qui se sont organiss en tribus.Troisime Section : Sur les dynasties, la royaut, le khalifat et lordre des dignits dans le sultanat.Quatrime Section: Sur les villages, les villes, les cits et autres lieux o se trouvent des populations sdentaires.Cinquime Section: Sur les moyens de se procurer la subsistance, sur lacquisition, les arts et tout ce qui sy rattache.Sixime Section : Des sciences et de leurs diverses espces; de lenseignement, de ses mthodes et procds, et de tout ce qui sy rattache.

Sommaire analytique des divisions de louvrage, PREMIRE PARTIE

Introduction [du traducteur]Autobiographie dIbn Khaldoun.Notice sur ma famille. De mes aeux en Espagne. De mes aeux en Ifrkiya. De mon ducation. Je suis nomm crivain de lalama par le gouvernement de Tunis; je passe ensuite dans le Maghreb, o je deviens secrtaire du sultan Abou Enan. Jencours la disgrce du sultan Abou Enan. Le sultan Abou Salem me nomme secrtaire dtat et directeur de la chancellerie. De mon voyage en Espagne. De mon voyage dEspagne Bougie, o je deviens hadjeb avec une autorit absolue. Je passe au service du sultan Abou Hammou, seigneur de Tlemcen. Jembrasse le parti du sultan Abd elAzz, souverain du Maghreb (Maroc). Je rentre dans le Maghreb elAcsa. Je fais un second voyage en Espagne, ensuite je retourne Tlemcen, do je passe chez les Arabes nomades. Je fixe mon sjour parmi les Aoulad Arf Je retourne Tunis, auprs du sultan AboulAbbas, et je mtablis dans cette ville. Je me rends en Orient et je remplis les fonctions de cadi au Caire. Je pars pour le plerinage.Histoire des dernires annes de la vie dIbn Khaldoun.Suite de lintroduction. Liste des chapitres dont se compose lHistoire universelle. Notice des manuscrits de lHistoire universelle et des Prolgomnes. Observations sur ldition de Boulac et sur les traductions de Pri-Zad et de Djevdet Efendi.

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Prface de lauteur.Lhistoire est une branche de la philosophie et doit compter au nombre des sciences. Des historiens et des divers plans quils ont suivis. Plan adopt par lauteur. Division et titre de son ouvrage.Introduction. De lexcellence de la science historique; tablissement des principes qui doivent lui servir de rgle; aperu des erreurs et des mprises auxquelles les historiens sont exposs; indications de quelquesunes des causes qui produisent ces erreurs.Importance de la science historique. Erreurs commises par les historiens. Leurs exagrations en matire de nombres. Rcits invraisemblables. La ville dIrem. Cause de la chute des Barmekides. Yahya et Abbasa. Haroun er-Rechd. ElMamoun et Bouran. Origine des Fatemides. Origine des Idrcides. Le Mehdi des Almohades. Qualits requises dans un historien. Changements qui surviennent dans les usages des peuples. Les jugements fonds sur des analogies sont trs souvent faux. ElHaddjadj, matre dcole. Des cadis qui ont command des armes. Le MoroudjedDeheb de Masoudi. Systme adopt par lauteur afin de peindre certains sons qui nont pas de reprsentants dans lalphabet arabe.

LIVRE PREMIERDe la socit humaine et des phnomnes quelle prsente, tels que la vie nomade, la vie sdentaire, la domination, lacquisition, les moyens de gagner sa subsistance, les sciences et les arts. Indication des causes qui ont amen ces rsultats.Comment les erreurs et les mensonges sintroduisent dans les rcits historiques. Anecdotes absurdes. Alexandre le Grand et le coffre de verre. La ville de cuivre. Nouvelle science invente par lauteur et qui a pour objet de distinguer entre le vrai et le faux. La fable du hibou. Le trait de politique attribu Aristote. Ibn el-Mocaffa. Tortouchi. Les attributs de lhumanit. Les six sections dont se compose le livre premier, cestdire, les Prolgomnes.

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PREMIRE SECTION.Sur la civilisation en gnral.

PREMIER DISCOURS PRLIMINAIRE. La runion des hommes en socit est une chose ncessaire, parce quils ne peuvent subsister moins de sentraider. Ncessit dun modrateur qui puisse maintenir les hommes dans lordre, et les empcher de sattaquer les uns les autres. Opinion des philosophes ce sujet.SECOND DISCOURS PRLIMINAIRE. Traitant de la partie habite de la terre, des principales mers, des grands fleuves et des climats.Forme de la terre. LOcan. Le zodiaque. La ligne quinoxiale. Les climats. La mer Romaine (la Mditerrane). La mer de Venise (lAdriatique). La mer de Chine, appele aussi mer de lInde et mer Abyssinienne. La mer dEsSous (la mer Rouge). Le canal vert ou mer de Fars (golfe Persique). La mer de Djordjan ou de Taberistan (la mer Caspienne). Le Nil. LEuphrate. Le Tigre. Le Djehoun (Oxus).SUPPLMENT DU SECOND DISCOURS PRLIMINAIRE. Pourquoi le quart septentrional de la terre atil une population plus nombreuse que le quart mridional?Notions prliminaires. Lquateur. Mouvement du soleil dans lcliptique. La latitude dun endroit. Selon Averros, la rgion quatoriale est habite, ainsi que les contres au del.DESCRIPTION DU PLANISPHRE TERRESTRE.Quelle est la portion habite de la terre? Les sept climats et leurs dimensions. On divise chaque climat en dix sections gales.Le premier climat. Le second climat. Le troisime climat. Le quatrime climat. Le cinquime climat. Le sixime climat. Le septime climat.TROISIME DISCOURS PRLIMINAIRE. Qui traite des climats soumis une temprature moyenne; de ceux qui scartent des limites o cette temprature domine, et de linfluence exerce par latmosphre sur le teint des hommes et sur leur tat en gnral.Caractre particulier de chaque climat. Les habitants des pays du Nord et des pays du Sud. Les Esclavons. Les Ngres. Les Zendj. Sur la couleur noire de la race ngre.QUATRIME DISCOURS PRLIMINAIRE. Qui traite de linfluence exerce par lair sur le caractre des hommes.Les Ngres. Les habitants des pays maritimes. Opinion de Masoudi touchant le caractre lger et tourdi des Ngres.CINQUIME DISCOURS PRLIMINAIRE. Qui traite des influences diverses que labondance et la disette exercent sur la socit humaine, et des impressions quelles laissent sur le physique et le moral de lhomme.Les habitants des pays chauds et striles sont mieux constitus physiquement et moralement que ceux des autres contres. Explication de ce fait. Indication des effets produits par une nourriture trop abondante. On peut shabituer vivre dune faible quantit daliments. La faim. Labstinence complte de toute nourriture. Anecdotes ce sujet. Influence de la chair des animaux sur le corps et sur lesprit de ceux qui en font leur principale nourriture.SIXIME DISCOURS PRLIMINAIRE. Concernant les hommes qui, par une disposition inne ou par lexercice de pratiques religieuses, ont la facult dapercevoir les choses du monde invisible. Ce chapitre commence par des observations sur la nature de la rvlation et des songes.Il y a certains hommes auxquels Dieu communique des rvlations. Comment on les reconnat. Parole du Prophte au sujet de la rvlation. Signes qui caractrisent les personnages inspirs. Les miracles. Comment ils se produisent. Lannonce pralable (tahaddi) du miracle. Nature des prodiges oprs par un homme qui est favoris de Dieu sans tre prophte. Le Coran est le miracle le plus grand. De la divination. Une ordonnance parfaite rgne entre tous les tres du monde sensible. Lme et la facult perceptive. Les mes qui sont capables de sexalter jusqu la perception des choses du monde invisible. Il y en a de diverses classes. La rvlation. Comment elle arrive. Les effets quelle produit sur celui qui la reoit. La divination. Les diverses catgories de devins. Opinion de certains philosophes relativement la facult divinatoire. Les songes et leurs divers genres. Elles font une partie du prophtisme. Comment lme se dgage du voile des sens au moyen du sommeil. Charme employ pour se procurer des songes. Les sachants. Les aruspices. Les augures. Comment lme acquiert la disposition de recueillir des perceptions dans le monde invisible. Les divers genres de divination. Les devins. Les augures. Les insenss. Les sachants. Des paroles qui chappent lhomme qui est sur le point de sendormir ou de mourir. Des exercices magiques. Des djoguis. Des soufis. Des inspirs (mohaddeth). Anecdotes dOmar et dAbou Bekr. Les idiots. Les astrologues. Les gomanciens et leur manire doprer. Le calcul nomm Hiab en-nm. La zardja dEsSibti. Problmes darithmtique assez curieux.

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SECONDE SECTION. De la civilisation chez les nomades et les peuples demi sauvages, et chez ceux qui se sont organiss en tribus. Phnomnes qui sy prsentent. Principes gnraux. claircissements.

# La vie nomade et la vie sdentaire sont des tats galement conformes la nature.# Lexistence de la race arabe dans le monde est un fait conforme la nature.Les agriculteurs, les pasteurs, les nomades.# La vie de la campagne a prcd celle des villes. Elle a t le berceau de la civilisation. Les villes lui doivent leur existence et leur population# Les gens de la campagne sont moins corrompus que ceux de la ville.Anecdote dElHaddjadj, qui reprocha Selma de stre arabis. Allusion au tmoignage de Khozema et au chevreau dAbou Borda.# Les gens de la campagne sont plus braves que ceux des villes.# La soumission aux autorits constitues nuit la bravoure des citadins, et leur enlve la pense de se protger euxmmes.Le khalife Omar dfend Saad de blesser lamourpropre de Zehra. Le contrle dune autorit suprieure nuit lnergie des peuples. Lducation scolaire nuit lnergie de lme.# La facult de vivre dans le dsert nexiste que chez les tribus animes dun fort esprit de corps.# Lesprit de corps ne se montre que chez les gens qui tiennent ensemble par les liens du sang ou par quelque chose danalogue.# La puret de race ne se retrouve que chez les Arabes nomades et les autres peuples demi sauvages qui habitent les dserts.# Comment les noms patronymiques des tribus perdent leur exactitude.Anecdote dArfadja.# Le droit de commander ne sort jamais de la tribu; il reste dans la famille qui sappuie sur des nombreux partisans.Ce chapitre est tir de ldition de Boulac.# Chez les peuples anims dun mme esprit de corps, le commandement ne saurait appartenir un tranger. Tribus qui se sont attribu une autre origine que la vritable.# Chez les familles qui sont animes dun fort esprit de corps, la noblesse et lillustration ont une existence relle et bien fonde; chez les autres, elle ne prsente que lapparence et le semblant de la ralit.Comment les familles arrivent lillustration. Erreur dAverros au sujet de la noblesse des familles.# Si les clients et les cratures dune famille participent sa noblesse et sa considration, ils ne doivent pas cet avantage leur origine, mais la rputation de leur patron.# La noblesse dune famille atteint son point culminant dans quatre gnrations.# Les tribus demi sauvages sont plus capables deffectuer des conqutes que les autres peuples.# Lesprit de corps aboutit lacquisition de la souverainet.# Une tribu qui se livre aux jouissances du luxe se cre des obstacles qui lempcheront de fonder un empire.# Une tribu qui a vcu dans lavilissement est incapable de fonder un empire.Dieu retint les Isralites dans le dsert pendant quarante ans afin que leurs enfants shabituassent lindpendance et se rendissent capables de conqurir la terre promise.# Une tribu savilit qui se rsigne payer des impts et des contributions.Parole du Prophte au sujet dun soc de charrue. Parole de Chehrberaz, roi dElBab.# Celui qui cherche se distinguer par de nobles qualits montre quil est capable de rgner. Sans vertus, on ne parvient jamais au pouvoir. Qualits dployes par un chef de parti qui est destin fonder un empire.# Les peuples les moins civiliss font les conqutes les plus tendues.Discours dOmar, dans lequel il pousse les musulmans faire la conqute de lIrac.# Toutes les fois que lautorit souveraine chappe aux mains dun peuple, elle passe un autre peuple de la mme race, pourvu que celui-ci ait conserv son esprit de corps.# Le peuple vaincu tche toujours dimiter le vainqueur par la tenue, la manire de shabiller, les opinions et les usages.# Un peuple vaincu et soumis dprit rapidement.# Les Arabes ne peuvent tablir leur domination que dans les pays de plaines.# Tout pays conquis par les Arabes est bientt ruin.Anecdote dElHaddjadj.# En principe gnral, les Arabes sont incapables de fonder un empire, moins quils naient reu dun prophte ou dun saint une teinture religieuse plus ou moins forte.# De tous les peuples, les Arabes sont les moins capables de gouverner un empire.# Les peuplades et les tribus (agricoles) qui habitent les campagnes subissent lautorit des habitants des villes.

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TROISIME SECTION. Sur les dynasties, la royaut, le khalifat et lordre des dignits dans le sultanat (gouvernement temporel). Indication de tout ce qui sy prsente de remarquable. Principes fondamentaux et dveloppements.

# On ne peut tablir sa domination ni fonder une dynastie sans lappui de son peuple et de lesprit de corps qui lanime. # Une dynastie qui parvient stablir dune manire solide cesse de sappuyer sur le parti qui lavait porte au pouvoir.# Des personnages appartenant une famille royale parviennent quelquefois fonder un empire sans avoir eu lappui de leur propre peuple.# La religion enseigne par un prophte ou par un prdicateur de la vrit est la seule base sur laquelle on puisse fonder un grand et puissant empire.# Une dynastie qui commence sa carrire en sappuyant sur la religion double la force de lesprit de corps qui aide son tablissement.# Une entreprise qui a pour but le triomphe dun principe religieux ne peut russir si elle na pas un fort parti pour la soutenir.# Une dynastie ne peut tendre son autorit que sur un nombre limit de royaumes et de contres.# La grandeur dun empire, son tendue et sa dure sont en rapport direct avec le nombre de ceux qui lont fond.# Un empire stablit difficilement dans un pays occup par de nombreuses tribus ou peuplades.# Dans un empire, le souverain est naturellement port se rserver toute lautorit; on sy abandonne au luxe, lindolence et au repos.# Lorsque lempire a acquis sa forme naturelle par ltablissement de lautocratie et par lintroduction du luxe, il tend vers sa dcadence.# Les empires, ainsi que les hommes, ont leur vie propre.# Dans les empires, les habitudes de la vie sdentaire remplacent graduellement celles de la vie nomade.Mariage dElMamoun avec Bouran. Anecdote dElHaddjadj.# Laisance du peuple ajoute dabord la force de lempire.# Indication des phases par lesquelles tout empire doit passer, et des changements quelles produisent dans les habitudes contractes par le peuple pendant son sjour dans le dsert.# La grandeur des monuments laisss par une dynastie est en rapport direct avec la puissance dont cette dynastie avait dispos lors de son tablissement.La taille des anciens peuples ne dpassait pas celle des modernes. Og, fils dEnac.# Redevances des provinces de lempire.Impts fournis par les provinces. Trsors amasss par quelques princes. Voyages dIbn Batoutah.# Le souverain qui sengage dans une lutte avec sa tribu ou avec les membres de sa famille se fait appuyer par ses affranchis et par ses clients.# De la condition des affranchis et des clients sous lempire.# De ce qui arrive un empire quand le sultan est retenu en tutelle et nexerce aucune autorit.# Le ministre qui tient son souverain en tutelle se garde bien de prendre les titres et les attributs de la royaut.# De la royaut; sa vritable nature et ses diverses espces.# Trop de svrit dans un souverain nuit ordinairement lempire.# Sur la dignit de khalife et celle dimam.# De la diversit dopinions qui existe au sujet du khalifat et des qualits quun khalife doit possder.Ltablissement dun imam est une chose dobligation. Peutil y avoir deux imams la fois? Qualits requises dans un imam. Limam doitil appartenir la tribu de Corech?# Des opinions des Chtes au sujet de limamat.Les Imamiens. Les Zediya. Les Rafedites. Les Gholat. Les Ouakefiya. Les Duodcimains. Les Keaniens. Les Zediya encore. Les Imamiens encore. Les Ismaliens.# Comment le khalifat (gouvernement spirituel et temporel) se convertit en royaut (gouvernement temporel).La royaut et lesprit de corps ne sont pas absolument condamns par la loi. Richesses acquises par quelquesuns des Compagnons. La guerre dAli contre Moaoua. Paroles dElMansour au sujet des Omeades. Anecdote dAbd Allah Ibn Merouan.# Sur le serment de foi et hommage.# Sur le droit de succession dans limamat.Les imams dsignent leurs successeurs. Moaoua et Yezd. Erreur des Imamiens. Premires guerres civiles dans le sein de lislamisme. Meurtre dOthman. Guerre entre Yezd et El-Hocen. Rvolte dAbd Allah Ibn ezZober. Justification de la conduite des Compagnons pendant ces vnements.# Sur les offices et charges religieuses qui dpendent du khalifat.Limamat de la prire. La charge de mufti. Loffice de cadi. Le redressement des griefs. La chorta. Les lgistes mritent des gards, mais on ne doit leur permettre dexercer aucune influence politique. Ladala. La hisba. La sicca.# Sur le titre dmr elmoumenn.Substitution du mot molk ou doula celui de dn, dans les surnoms honorifiques. Le titre dmir elmoslemn donn Youef Ibn Tachefn. Le mehdi des Almohades.# Sur la signification des mots Babba (pape) et Batrik (patriarche), termes employs chez les chrtiens; et sur celui de Cohen, dnomination usite chez les Juifs.Le royaume des Juifs. Le Messie. Liste des livres dont se composent le Vieux et le Nouveau Testament.(vers deuxime partie)

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INTRODUCTION

p.I Le texte arabe des Prolgomnes dIbn Khaldoun a paru dans les volumes XVI, XVII et XVIII des Notices et extraits, par les soins de M. Quatremre, qui devait ajouter son dition une traduction complte et un commentaire. La mort regrettable de ce savant ayant interrompu lexcution du projet quil avait entrepris, lAcadmie des Inscriptions et BellesLettres ma fait lhonneur de me charger de la traduction de cet important ouvrage.Dans ce travail jai suivi le texte tel que M. Quatremre lavait donn, except dans certains cas, o la comparaison des manuscrits ma fourni des variantes qui me paraissaient p.II prfrables aux leons quil avait adoptes. Jindique ces variantes dans les notes mises au bas des pages. Elles sont toujours tires des manuscrits, lors mme que je nen fais pas expressment la remarque, pendant que les rares conjectures que je me permets sont invariablement indiques comme telles.Un ouvrage comme celui dIbn Khaldoun, qui touche toutes les branches des connaissances et de la civilisation des Arabes, entrane un traducteur presque irrsistiblement donner une quantit illimite de notes et dclaircissements; jai d rsister cette tentation pour ne pas allonger outre mesure un ouvrage dj fort tendu, et je me suis born aux notes philologiques, historiques et biographiques qui mont paru indispensables lintelligence du texte. Je me suis efforc de traduire aussi fidlement que possible; mais le style ingal de lauteur ma souvent oblig complter ses phrases pour les rendre plus intelligibles; le lecteur trouvera tous les mots que jai ajouts dans ce but enferms entre des parenthses. Quand les phrases offraient des termes abstraits dont les quivalents nexistent pas en franais, jai tch de rendre exactement lide que lauteur a voulu exprimer, sans mefforcer den donner une traduction littrale. Les phrases et les parties de chapitres qui consistent en additions faites par lauteur lui-mme, vers la fin de sa vie, sur un manuscrit quil avait gard auprs de lui, sont enfermes, dans la traduction, entre des crochets.Je fais entrer dans cette introduction lautobiographie dIbn Khaldoun, crit que lauteur rdigea onze ans avant sa mort. A ce document jajoute lhistoire de ses dernires annes, tire des ouvrages de plusieurs historiens arabes qui vcurent dans le sicle dIbn Khaldoun ou dans le sicle suivant. Je donne ensuite une liste de ses crits, lexposition du plan quil suivit p.III dans la rdaction de son histoire universelle, une notice des manuscrits que jai eus ma disposition, quelques observations sur le but des Prolgomnes, sur ldition imprime qui a paru Boulac, et sur la traduction turque de Pri-Zad et de Djevdet fendi.Je commence par lautobiographie. La traduction que je donne ici avait t faite dabord sur un manuscrit peu correct, celui de la bibliothque de luniversit de Leyde, et publie en 1844 dans le Journal asiatique. Je lai revue plus tard sur un manuscrit appartenant la mosque hanfite dAlger et sur un autre acquis en 1841 par la Bibliothque impriale (supplment arabe, n 7425, tome III), mais dont je navais pu me servir, parce quil tait entre les mains de M. Quatremre.La vie trs agite dIbn Khaldoun, le grand nombre de personnages qui figurent dans son rcit et la complication des vnements politiques auxquels il prit part et dont il raconte tous les dtails, empchent le lecteur de saisir tout dabord les faits les plus importants de sa carrire si longue et si bien remplie; aussi, avant de donner la traduction de lautobiographie, je crois devoir indiquer ici dune manire succincte les principaux vnements de sa vie.Il naquit Tunis, lan 1332, et, lge de vingt ans, il fut nomm secrtaire du sultan hafside Abou Ishac II. Quelques semaines plus tard, il quitta le service de ce prince et se rendit Fez, capitale des tats mrinides. En lan 1356, il fut attach au secrtariat. du sultan mrinide Abou Enan. Mis en prison, lanne suivante, par ordre de ce souverain, il recouvra la libert lan 1359, et fut nomm secrtaire dtat du sultan Abou Salem, qui venait doccuper le trne laiss vacant par la mort dAbou Enan. Dans cette position, il prouva des dsagrments; bless dans son amourpropre, il abandonna la p.IV cour, et, en lan 1362, il passa en Espagne, o Ibn elAhmer, roi de Grenade, auquel il avait rendu des services, lui fit laccueil le plus flatteur. Lanne suivante, ce prince lenvoya en ambassade Sville, auprs de Pierre le Cruel, roi de Castille. Rentr Grenade, il y fit un court sjour, et, dans un des premiers mois de lan 1365, il se rendit Bougie, et devint premier ministre du prince hafside Abou Abd Allah. Environ une anne plus tard, un autre prince hafside, le clbre Aboul-Abbas, seigneur de Constantine, sempara de Bougie, aprs avoir tu Abou Abd Allah sur le champ de bataille. Ibn Khaldoun quitta la ville et, dans le mois de mars 1368, il fut nomm premier ministre dAbou Hammou, lAbd elOuadite, souverain de Tlemcen. Lan 1370, il partit de Tlemcen pour remplir une mission auprs du sultan de Grenade; mais, au moment de sembarquer, il fut arrt par lordre du sultan mrinide Abd elAzz. Dans le mois daot de la mme anne, il entra au service du gouvernement mrinide. Quatre annes plus tard, il obtint la permission de se retirer en Espagne. Renvoy de ce pays par ordre du sultan Ibn elAhmer, il rentra en Afrique et alla se fixer dans la Cal dIbn Selama, chteau appel maintenant Taoughzout, et dont les ruines se voient sur la rive gauche de la haute Mina, neuf lieues sudouest de Taret, dans la province dOran. Ibn Khaldoun y demeura quatre ans, et ce fut dans cette retraite quil composa ses Prolgomnes et fit le brouillon de son Histoire universelle. Voulant alors retoucher son travail et consulter plusieurs ouvrages quil ne possdait pas, il se rendit Tunis, vers la fin de lan 1378. Desservi par ses ennemis, qui voyaient avec jalousie la faveur que le sultan hafside Aboul-Abbas, lui tmoignait, il sembarqua pour Alexandrie au mois doctobre 1382, et alla se fixer au Caire. Deux annes plus tard, il fut nomm grand cadi malkite de p.V cette ville. Le zle quil dploya alors en supprimant des abus et en chtiant les prvarications des gens de loi lui attira beaucoup dennemis et entrana sa destitution. En 1387, il fit le plerinage de la Mecque, do il revint au Caire, afin de se dvouer uniquement ltude et lenseignement. Ce fut en lan 1394 quil composa son autobiographie. Il avait alors soixantedeux ans. Nomm encore grand cadi, il fut destitu de nouveau, puis, en lan 1400, il accompagna le sultan en Syrie et tomba entre les mains de Tamerlan. Remis en libert, il rentra en gypte, devint encore grand cadi malkite du Caire, et y mourut le 15 mars 1406, lge de soixante et quatorze ans.Sa famille, originaire du Ymen, stablit en Espagne lors de la conqute arabe, et devint trs puissante Sville; aussi commencetil son autobiographie par lhistoire de ses anctres. Ensuite il parle de ses tudes et de ses professeurs; il consacre mme des notices biographiques plusieurs de ces savants. Ce devoir accompli, il se met raconter sa carrire politique, et, afin de mettre ses lecteurs au courant des vnements dans lesquels il avait jou un rle, il expose de temps en temps, et dune manire souvent trs dtaille, les divers changements qui eurent lieu en Mauritanie sous les trois dynasties dont il fut contemporain: celle des Hafsides, Tunis, celle des Abd elOuadites, Tlemcen, et celle des Mrinides, Fez. Les rvoltes, les guerres, les rvolutions, les perfidies des Arabes nomades, qui, jouissant dune entire indpendance, servaient et trahissaient chacun des trois royaumes tour tour, les intrigues de cour, les rapports du gouvernement de Fez avec celui de Grenade, tous les vnements auxquels il avait assist, lui fournissent chaque page loccasion de scarter de son sujet afin de mieux lclairer. Cela ne lui suffit pas: ne voulant rien perdre des matriaux quil avait amasss, il insre dans son p.VI rcit de longs fragments de pomes composs, les uns par lui-mme, les autres par ses amis; il nous donne mme plusieurs lettres trs longues, quil avait reues dIbn elKhatb, vizir du roi de Grenade, et les rponses quil avait adresses ce ministre, dont il admirait outre mesure le talent comme littrateur et comme crivain.Pour ne pas trop allonger cette introduction, jai cru devoir supprimer une grande partie de ces horsduvre: dabord les notices biographiques des professeurs sous lesquels notre auteur avait tudi; ensuite la plupart des morceaux potiques, parce quils noffrent en gnral aucun intrt et que le texte en a t gravement altr par limpritie des copistes. Je supprime aussi la correspondance pistolaire; ces lettres, crites en prose cadence et rime, ne renferment que des jeux desprit littraires et des compliments outrs; le tout exprim dans un style trs recherch, trs prtentieux, mais qui paraissait aux deux illustres amis la quintessence du bon got. Quant aux renseignements historiques fournis par lauteur, jai supprim ceux dont limportance ntait que secondaire et qui se retrouvent dans lHistoire des Berbers, laquelle je renvoie toujours le lecteur, en indiquant le volume et la page de la traduction. Pour les autres, je les ai conservs intgralement, en y ajoutant mme quelquefois de nouveaux claircissements.

AUTOBIOGRAPHIE DIBN KHALDOUN.Notice sur ma famille.@La famille Khaldoun est originaire de Sville; elle se transporta Tunis vers le milieu du VIIe sicle (de lhgire), lors de p.VII lmigration qui eut lieu aprs la prise de Sville par Ibn Adfonch, roi des Galiciens Ferdinand III, fils dAlphonse IX et souverain des royaumes de Lon et de Castille, acheva la conqute de Sville en novembre 1248. A la suite de cet vnement, un grand nombre de musulmans espagnols migrrent en Afrique.. Lauteur de cette notice se nomme Abou Zed Abd er-Rahman, fils de (Abou Bekr) Mohammed, fils de (Abou Abd Allah) Mohammed, fils de Mohammed, fils dElHacen, fils de Mohammed, fils de Djaber, fils de Mohammed, fils dIbrahm, fils dAbd erRahman, fils de Khaldoun En Mauritanie et en Espagne, les grandes familles dorigine arabe se distinguaient par des noms particuliers choisis dans leurs listes gnalogiques. On adoptait le nom le moins usit, et par consquent le plus remarquable. Si la liste des anctres se composait de noms dun emploi gnral, on y prenait un compos de trois consonnes et on y ajoutait la syllabe oun. Ainsi se formrent les noms de Hafsoun, Bedroun, Abdoun, Zedoun, Khaldoun, Azzoun. Selon M. Dozy (Baiyan, t. II, p. 48), cette terminaison est bien rellement laugmentatif espagnol qui se trouve dans hombron gros homme, perrongros chien, grandontrs gros, mugeronagrande femme, formes augmentatives de hombre, perro, grande, muger.. Pour remonter Khaldoun, je donne ici une srie de dix aeux seulement; mais je suis trs port croire quil y en avait encore dix dont on a oubli de rapporter les noms. En effet, si Khaldoun, le premier de nos aeux qui stablit en Espagne, y entra lors de la conqute de ce pays (par les musulmans), lespace de temps qui nous spare de lui serait de sept cents ans, ou denviron vingt gnrations, raison de trois gnrations par sicle Voyez ci-aprs, p. 350..Nous tirons notre origine de Hadramaout, tribu arabe du Ymen, et nous nous rattachons ce peuple dans la personne de Oual Ibn Hodjr, chef arabe qui fut un des Compagnons du Prophte. Abou Mohammed Ibn Hazm dit dans son Djemhera Abou Mohammed Ali Ibn Hazm ed-Dhaheri, traditionniste et historien, naquit Cordoue lan 384 (994 de J. C.), et mourut prs de Niebla en 456 (1064). Son ouvrage, le Djemheratelansab, est, comme son titre le donne entendre, un grand recueil de notices gnalogiques.: Oual tait fils de Hodjr, fils de Saad, fils de Mesrouc, fils de Oual, fils dEnNman, fils de Rebah, fils dElHareth, fils de Malek, fils de Chorahbl, fils dElHareth, fils de Malek, fils de Morra, fils de Homedi (var. Hamri, Himyeri), fils de Rend (var. Zed), fils dElHadremi, fils p.VIII dOmar (var. Amr), fils dAbd Allah, fils dAouf, fils de Djochem (var. Djorchem), fils dAbd Chems, fils de Zed, fils de Lami (var. Lou), fils de Chemt (var. Cht), fils de Codama (var. Catama), fils dAadjeb, fils de Malek, fils de La (var. Lou), fils de Cahtan. Il eut un fils nomm Alcama Ibn Oual, et un petitfils nomm Abd elDjebbar Ibn Alcama.Nous lisons dans lIstib dAbou Omar Ibn Abd elBerr Abou Omar Youof Ibn Abd elBerr, savant vers dans les traditions et dans lhistoire, tait natif de Cordoue: Il mourut lan 463 (10701071 de J. C.). Son Istib le comprhensif, est une biographie gnrale des Compagnons de Mohammed., sous la lettre ou (): Oual se rendit auprs du Prophte, et celui-ci, ayant tendu son manteau par terre, le fit asseoir dessus et dit: Grand Dieu! rpands tes bndictions sur Oual Ibn Hodjr et sur ses enfants, et sur les enfants de ses enfants, jusquau jour de la rsurrection. En le congdiant, il le fit accompagner par Moaoua Ibn Abi Sofyan, quil avait charg denseigner au peuple de Oual le Coran et lislamisme. Lors de lavnement de Moaoua au khalifat, Oual, son ancien compagnon (de voyage), alla lui prsenter ses hommages; mais il ne voulut pas accepter le djaza Cestdire, la gratification, lindemnit de mise en campagne. que ce prince lui offrit. Lors de lchauffoure de Hodjr Ibn Adi elKindi Hodjr Ibn Adi, lun des Compagnons de Mohammed, se distingua, aprs la mort de celui-ci, par son dvouement la famille dAli. Se trouvant Koufa pendant que Zad Ibn Abi Sofyan tait gouverneur de cette ville et de Basra, il trama une rvolte contre lautorit de Moaoua; mais, se voyant mal soutenu, il prit la fuite et se cacha chez un ami. Ayant ensuite obtenu un sauf-conduit, il se laissa amener auprs de Moaoua, qui le fit mettre mort. Cela eut lieu lan 53 de lhgire., Koufa, Oual et les autres chefs ymnites qui taient sous les ordres de Zad Ibn Abi Sofyan, runirent leurs forces contre le perturbateur. On sait que Hodjr tomba entre leurs mains et quil fut mis mort par Moaoua, auquel ils lavaient livr.Parmi les descendants de Oual, dit Ibn Hazm, on compte les Beni Khaldoun de Sville, famille dont laeul Khaled, dit Khaldoun, quitta lOrient pour lEspagne. Il tait fils dOthman, fils de p.IX Hani, fils dElKhattab, fils de Koreb, fils de Madi-Kerib, fils dEl-Harith, fils de Oual, fils de Hodjr. Le mme auteur dit: Koreb Ibn Othman et son frre Khaled, petitsfils de Khaldoun, comptaient au nombre des chefs les plus insubordonns de lEspagne. Mohammed, ditil, le frre (dOthman), laissa des enfants, et un de ses descendants fut Aboul-Aci () Amr, fils de Mohammed, fils de Khaled, fils de Mohammed, fils de Khaldoun. Aboul-Aci eut trois fils, Mohammed, Ahmed et Abd Allah. Parmi les descendants dOthman, frre (de Mohammed), on remarque Abou Moslem Omar Ibn Khaldoun, philosophe (hakm) Abou Moslem Omar Ibn Ahmed Ibn Khaldoun, gomtre, astronome et mdecin, tait natif de Sville. Il mourut dans cette ville lan 449 (1057 de J. C.). espagnol et disciple de Maslema elMadjrti Voyez ci-aprs, p. 217, note 4.. Il tait (petit) fils de Mohammed, fils dAbd Allah, fils de Bekr, fils de Khaled, fils dOthman Le manuscrit de la Bibliothque impriale rpte ici les mots: fils de Khaled, fils dOthman., fils de Khaldoun. Son cousin paternel, Ahmed, tait fils de Mohammed, fils dAhmed, fils de Mohammed, fils dAbd Allah Il est impossible de concilier cette gnalogie avec la prcdente.. Le dernier de la postrit de Koreb, chef dj nomm, fut Aboul-Fadl Mohammed, fils de Khalef, fils dAhmed, fils dAbd Allah, fils de Koreb.

De mes aeux en Espagne.@Notre anctre, tant arriv en Espagne, stablit Carmouna avec une fraction de sa tribu, les Hadramaout. Sa ligne se propagea dans cette ville; puis elle se transporta Sville. Cette famille appartenait au djond du Ymen Cestdire, la colonie militaire forme de troupes ymnites. Aprs la conqute de la Syrie et de lIrac, les khalifes envoyrent dans ces pays plusieurs tribus arabes, tant modrites que ymnites, et les y tablirent comme colonies militaires (djond). En Syrie, il y avait cinq djonds; celui de Kinnisrn, prs dAlep; celui de Hems (messe), celui de Damas, celui dElOrdonn (le territoire du Jourdain) et celui de Filistin (Palestine). LIrac en avait au moins deux: celui de Koufa et celui de Basra. Une grande partie des troupes dont se composaient les armes des khalifes tait tire des djonds. En lan 51 de lhgire, les deux djonds runis de Koufa et de Basra fournirent cinquante mille soldats Reb Ibn Zad, qui allait sinstaller dans le gouvernement du Khoraan. Les djonds de la Syrie avaient expdi des dtachements en Espagne; celui de Kinnisrn fut tabli Jan, celui dmesse Sville, celui de Damas dans la province dElvira, celui du Jourdain Reiya (province de Malaga) et celui de Palestine dans la province de Sidonia. (Voy. aussi lHist. des Musulmans dEspagne de M. Dozy, t. I, p. 268.). Koreb et son frre Khaled, p.X descendants de Khaldoun, se firent remarquer dans la rvolte qui clata Sville sous le rgne de lmir Abd Allah elMerouani Le septime souverain de la dynastie omeade espagnole. On appelait cette branche de la famille les Merouanides, parce quAbd erRahman, le fondateur de la dynastie, tait arrirepetitfils du khalife Abd elMelek Ibn Merouan.. Omea Ibn Abi Abda, stant empar du gouvernement de Sville, le garda pendant quelques annes, et fut tu par Ibrahm Ibn Haddjadj, qui sinsurgea contre lui linstigation de lmir Abd Allah elMerouani. Cela eut lieu dans la dernire moiti du IIIe sicle (de lhgire). Je vais donner une notice sommaire de cette rvolte daprs les renseignements tirs par Ibn Sad Aboul-Hacen Ali Ibn Moua Ibn Sad, historien et gographe, naquit Grenade lan 610 (1214 de J. C). Il passa plusieurs annes en Orient et mourut Tunis en 685 (12861287 de J. C.). (des crits) dElHidjari Les trois manuscrits portent, par erreur, ElHidjazi. Abou Mohammed Abd Allah elHidjari, natif de Guadalaxara, traditionniste, lgiste et historien, mourut Ceuta, lan 591 (1195 de J. C.)., dIbn Haiyan Voyez ci-aprs, p. 7, note 1. et dautres historiens. Ceuxci appuient leurs rcits sur lautorit dIbn elAchth Cet historien mest inconnu., historiographe de Sville.Pendant les troubles qui agitrent lEspagne sous le rgne de lmir Abd Allah, les personnages les plus influents de la ville de Sville aspirrent lindpendance, et se jetrent dans la rvolte. Ce furent trois chefs de grandes familles qui provoqurent le soulvement: 1 Omea, fils dAbd elGhafer et petitfils dAbou Abda, du mme qui fut nomm gouverneur de la ville et de la province de Sville par Abd erRahman, le premier des Omeades qui entra en Espagne. Omea tenait un haut rang la cour de Cordoue, et avait gouvern les provinces les plus importantes de lempire. 2 Koreb, chef de la famille Khaldoun. Il avait pour lieutenant son frre Khaled. La famille Khaldoun, dit Ibn Haiyan, est encore aujourdhui p.XI une des plus illustres de Sville. Elle a toujours brill par le haut rang quoccupaient ses membres dans les commandements militaires et dans les sciences. 3 Abd Allah Ibn Haddjadj, chef de la famille des Haddjadj. Cette maison, dit Ibn Haiyan, fait partie de la tribu de Lakhm, et reste encore Sville. Cest une souche bien enracine dont les branches continuent fleurir. Elle sest toujours distingue en produisant des chefs et des savants dun talent suprieur. Entre les annes 280 (893 de J. C.) et 290, pendant quun esprit gnral dinsubordination agitait lEspagne, lmir Abd Allah confia son jeune fils Mohammed aux soins dOmea, fils dAbd elGhafer, quil venait de nommer gouverneur de Sville. Arriv son poste, Omea trama un complot contre son souverain, et poussa secrtement les chefs dont nous avons parl se rvolter contre son pupille et contre lui-mme. Stant enferm dans la citadelle avec le jeune prince, il sy laissa assiger par les insurgs. Mohammed ayant obtenu deux la permission daller joindre son pre, Omea profita de son dpart pour sattribuer le commandement suprme. Il fit alors assassiner Abd Allah Ibn Haddjadj, et le remplaa par Ibrahm, frre de sa victime. Voulant affermir son autorit et sassurer lobissance des familles Khaldoun et Haddjadj, il retint leurs enfants auprs de lui, et, voyant quelles taient peu disposes lui obir, il les ramena la soumission par la menace de faire mourir ses otages. Pour obtenir la remise de leurs enfants, elles sengagrent, par serment, lui tre fidles; mais ensuite elles se rvoltrent de nouveau, et attaqurent Omea avec tant dacharnement, quil prit la rsolution de mourir les armes la main. Ayant fait gorger ses femmes, couper les jarrets ses chevaux et brler tout ce quil possdait de prcieux, il slana au milieu des assaillants et combattit jusqu la mort. Les vainqueurs livrrent sa tte aux insultes de la populace, et mandrent lmir Abd Allah quils avaient tu leur gouverneur parce quil stait soustrait lautorit de son souverain. Sentant la ncessit de les mnager, lmir agra cette excuse et leur envoya, en qualit de gouverneur, un de ses parents nomm Hicham Ibn Abd erRahman. p.XII A linstigation de Koreb Ibn Khaldoun, ils emprisonnrent cet officier et turent son fils. Koreb sempara alors du gouvernement de Sville. Ibn Sad rapporte ce qui suit sur lautorit dElHidjari: Aprs la mort dAbd Allah Ibn Haddjadj, son frre Ibrahm voulut semparer du pouvoir, et, pour mieux y russir, il sallia par un mariage la famille dIbn Hafsoun M. Dozy a racont les aventures de cet homme remarquable dans le second volume de son Histoire des musulmans dEspagne., un des insoumis les plus redoutables de lEspagne, et qui stait rendu matre de la ville de Malaga et de toute cette province jusqu Ronda. Ayant ensuite abandonn ses nouveaux allis, il se tourna vers Koreb Ibn Khaldoun, gagna son amiti et devint son lieutenant dans le gouvernement de Sville. Koreb opprimait les habitants et leur tmoignait un mpris excessif, tandis quIbrahm les traitait avec douceur et intercdait toujours en leur faveur auprs de son chef. Stant concili de cette manire laffection du peuple mesure que Koreib la perdait, il fit demander secrtement lmir Abd Allah des lettres de nomination au gouvernement de Sville afin de sassurer, au moyen de cette pice, toute la confiance de ses administrs. Ayant obtenu ce diplme, il en donna connaissance aux notables () de la ville, et ceuxci, lui tant tout dvous, se dclarrent contre Koreb, dont la conduite les avait indigns. Le peuple se souleva, tua Koreb et envoya sa tte lmir Abd Allah. Ibrahm devint ainsi matre de Sville. Il rsidait, dit Ibn Haiyan, tantt Sville et tantt au chteau de Carmona, une des places les plus fortes de lEspagne Comme le nom du chef dont Ibn Haiyan parle dans le passage suivant ny est pas mentionn, javais cru, en rdigeant la note 3 de la page 201 du second volume de lHistoire des Berbers, quil sagissait de Koreb Ibn Khaldoun. Jai reconnu depuis que lhistorien pensait Ibrahm Ibn el-Haddjadj.. Cest l quil tenait sa cavalerie. Il enrla des troupes, les organisa et, pour cultiver la faveur de lmir Abd Allah, il lui envoya de largent, de riches prsents et des secours dhommes chaque bruit de guerre. Sa cour fut un centre dattraction; ses louanges taient dans toutes les bouches; les hommes de naissance qui se rendaient auprs de lui p.XIII recevaient de riches prsents; les potes clbraient ses nobles qualits et obtenaient de belles rcompenses; Abou Omar Ibn Abd Rabbou, lauteur de lIcd Voyez ci-aprs, p. 30, note 2., recherchait son patronage et ngligeait pour lui tous les autres chefs qui staient insurgs (contre le gouvernement des Omeades On trouvera la liste nominative de ces chefs dans le Baiyan, t. II, p. et suiv. et dans le Maccari de M. de Gayangos, vol. II, p. 439 et suiv. Dans le second volume de lHistoire dEspagne de M. Dozy, on trouvera des dtails trs curieux et parfaitement authentiques au sujet de Koreb Ibn Khaldoun.. Reconnaissant le haut mrite de cet auteur, (Ibrahm) le comblait de dons.La famille Khaldoun conserva toujours Sville la haute position dont Ibn Haiyan, Ibn Hazm et dautres crivains ont parl. Sa prosprit dura, sans interruption, tant que rgnrent les Omeades, et ne disparut qu lpoque o lEspagne se trouva partage en plusieurs royaumes indpendants. Cette maison, nayant plus alors la foule de clients qui faisaient sa puissance, avait perdu le commandement. Lorsque Ibn Abbad eut consolid son autorit dans Sville, il ouvrit la famille Khaldoun la carrire du vizirat et des emplois administratifs. Les membres de cette famille assistrent avec Ibn Abbad et Youef Ibn Tachefn la bataille de Zellaca, et plusieurs dentre eux y trouvrent le martyre. Dans cette journe, le roi des Galiciens (Alphonse VI, roi de Lon et de Castille) essuya une dfaite entire. Pendant la mle, les Khaldoun se tinrent inbranlables auprs dIbn Abbad, et se laissrent tailler en pices. Ce fut avec laide de Dieu seul que les musulmans purent remporter la victoire. A la suite de ces vnements et de loccupation de lEspagne par Youef Ibn Tachefn et ses Almoravides, la domination des Arabes fut renverse, et leurs tribus se dsorganisrent.

De mes aeux en Ifrkiya.@Les Almohades, peuple qui eut pour souverains Abd elMoumen et ses enfants, enlevrent lEspagne aux Almoravides et confirent, p.XIV diverses reprises, le gouvernement de Sville et de lAndalousie occidentale LAndalousie occidentale se composait des provinces dont les fleuves versent leurs eaux dans locan Atlantique; LAndalousie orientale renfermait les pays dont les fleuves se jettent dans la Mditerrane. au dignitaire le plus minent ( zam) de leur empire, le chekh Abou Hafs, chef de la tribu des Hintata. Plus tard, ils levrent son fils, Abd elOuahed, ce poste; puis ils nommrent Abou Zkra, fils de celui-ci. A cette poque, nos anctres de Sville staient rallis aux Almohades, et un de nos aeux maternels, nomm Ibn elMohteceb, donna au nouveau rgent une jeune captive galicienne. Abou Zkra en fit sa concubine et eut delle plusieurs enfants: savoir, Abou Yahya Zkra, Omar et Abou Bekr. Le premier fut son successeur dsign; mais il mourut avant son pre. Cette femme porta le titre de Omm elKholef mre des khalifes Voyez Histoire des Berbers, t. II, p. 379.. Postrieurement lan 620, Abou Zkra passa au gouvernement de lIfrkiya; puis, en lan 625 (1228 de J. C.), il rpudia la souverainet des descendants dAbd elMoumen, se dclara indpendant, et resta matre de ce pays. Vers la mme poque, lempire des Almohades en Espagne se dsorganisa, et Ibn Houd se rvolta contre eux Mohammed Ibn Youof elDjodami, descendant des Houdites qui avaient rgn Saragosse, sinsurgea contre les Almohades en 625 (1227), sempara dune grande partie de lEspagne musulmane et y fit reconnatre la suprmatie des khalifes de Baghdad. Il fut assassin dix ans plus tard.. A la mort de ce prince, toute lEspagne (musulmane) fut bouleverse, et le roi chrtien lattaqua avec acharnement, faisant de frquentes incursions dans la Forontra Ce mot est la transcription du mot espagnol frontera frontire., forme par la plaine qui stend depuis Cordoue et Sville jusqu Jan. Ibn elAhmar se mit en rvolte Arjona, forteresse situe dans lAndalousie occidentale Entre Cordoue et Jan., esprant sapproprier les derniers restes de lEspagne (musulmane). Stant adress au conseil municipal de Sville On sait qu cette poque Sville stait constitue en rpublique. (Voyez lHistoire dEspagne, de M. Dozy, t. IV, p. 7 et suiv.), corps dont les membres appartenaient aux familles dElBadji, dElDjedd, p.XV dElOuzir Seyid enNas et de Khaldoun, il linvita se dclarer contre Ibn Houd, et laisser la Forontra au roi chrtien, afin de se borner la possession des montagnes du littoral et des villes fortes, de cette rgion, depuis Malaga jusqu Grenade et de l jusqu Almeria. Comme ces chefs ne virent pas la ncessit dabandonner leur pays, Ibn elAhmer rompit toute relation avec eux et avec leur prsident Abou Merouan elBadji. Ds lors il reconnut tantt la souverainet dIbn Houd, tantt celle du prince de la famille dAbd elMoumen qui rgnait Maroc, et tantt celle de lmir Abou Zkra, souverain, de lIfrkiya. Stant tabli Grenade, il en fit la capitale de son royaume, et laissa sans dfense la Forontra et les villes quelle renfermait. La famille Khaldoun, sapercevant alors du danger auquel les entreprises du roi chrtien lexposeraient par la suite, abandonna Sville, et stant. rendue Ceuta, sur la cte oppose de la Mditerrane, elle stablit dans cette ville. Le roi chrtien ne tarda pas se jeter sur les places fortes de la Forontra, et, dans lespace de vingt ans, il sempara de Cordoue, de Sville, de Carmona et de Jan, ainsi que des dpendances de ces villes.Arrive Ceuta, la famille Khaldoun sunit par des mariages celle dElAzefi Pour lhistoire de cette famille distingue, voyez Histoire des Berbers, t. IV, p. 64, 160, 198 et suiv., et cette alliance eut du retentissement. Parmi ses membres qui avaient migr en Afrique, se trouvait notre aeul, El-Hacen Ibn Mohammed, fils dune fille dIbn el-Mohteceb. Voulant faire valoir les services que ses aeux avaient rendus la famille dAbou Zkra, il vint la cour de cet mir, qui le reut avec une haute distinction. Ensuite il passa en Orient, et, aprs avoir accompli le plerinage, il retourna en Afrique et trouva, auprs de lmir Abou Zkra, qui tait alors sous les murs de Bne, laccueil le plus gracieux. Depuis. ce moment, jusqu sa mort, il vcut lombre tutlaire de lempire hafside, jouissant des faveurs du prince, qui lui avait assign un traitement et des ict Le souverain pouvait concder ses protgs la jouissance dun immeuble, ou bien le droit de sapproprier les impts dun village, dun territoire ou dune tribu. Ces espces de gratifications se nommaient ict dcoupure. Les ict en terres devenaient quelquefois hrditaires.. Il mourut Bne et y fut enterr. La p.XVI jeunesse de son fils Abou Bekr Mohammed fut entoure de la mme protection et comble des mmes bonts. La mort de lmir Abou Zkra, vnement qui eut lieu Bne en lan 647 (1249 de J. C.), ne diminua en rien la prosprit dont il jouissait: El-Mostancer Mohammed, fils et successeur Abou Zkra, le maintint dans la belle position quon lui avait faite. Le cours du temps amena ensuite les changements qui lui sont ordinaires; El-Mostancer mourut en 675 (1277 de J. C.), et son fils Yahya (El-Ouathec) lui succda; mais lmir Abou Ishac arriva dEspagne, o il stait rfugi du vivant de son frre El-Mostancer Voyez lHistoire des Berbers, t. II, p. 341 et suiv., 376 et suiv., et se rendit matre de lIfrkiya, aprs avoir dpos son neveu. Ce nouveau souverain confia notre aeul les fonctions dmr elachghal (ministre des finances), avec les mmes attributions que celles des grands officiers almohades chargs prcdemment de remplir cette charge. Ainsi il avait le droit de nommer les percepteurs, de les destituer et de leur faire rendre leurs comptes (par lemploi de la torture). Abou Bekr sacquitta de ces devoirs dune manire distingue. Plus tard, quand le sultan Abou Ishac envoya Bougie son fils et successeur dsign, Abou Fars, il lui assigna comme premier ministre (hadjeb) notre grandpre Mohammed (fils dAbou Bekr Ibid. t. I, p. 379.), qui ensuite donna sa dmission et retourna la capitale. Limposteur Ibn Abi Omara stant empar de (Tunis), sige de lempire hafside, emprisonna Abou Bekr, et, lui ayant arrach toutes ses richesses par lemploi des tortures, le fit trangler dans le lieu o on lavait enferm Ibid. p. 384, 392.. Le sultan Abou Ishac, accompagn de ses fils et de notre grandpre Mohammed, fils dAbou Bekr, se rendit Bougie, o il esprait trouver un refuge; mais, arriv dans cette ville, il fut mis aux arrts par son propre fils, Abou Fars. Celui-ci sortit ensuite la tte des troupes, emmenant ses frres avec lui, et marcha contre le prtendant, qui se faisait passer pour El-Fadl, fils d(El-Ouathec) ElMakhlou Histoire des Berbers, t. II, p. 393.. Aprs la bataille de Mermadjenna, si funeste pour les Hafsides, notre grandpre Mohammed, qui y avait assist, parvint schapper avec Abou Hafs, fils de lmir Abou Zkra; accompagns dElFazazi et dAboul-Hocen Ibn Sed enNas, ils se rfugirent dans CaltSinan CaltSinan, chteau de la province de Tunis, est situ neuf lieues nordest de Tebessa. Quatre lieues plus loin et dans la direction de lorient, se trouve le village de Mermajenna, le Berremadjena de nos dernires cartes.. El-Fazazi tait client dAbou Hafs, et celui-ci le traitait avec une prdilection marque. Ibn Sed enNas, qui avait tenu un rang plus lev quElFazazi dans Sville, leur ville natale, en prouva un si vif mcontentement, quil alla joindre le prince Abou Zkra (fils dAbou Ishac) Tlemcen, o il lui arriva ce que nous avons racont (dans lhistoire des Berbers Histoire des Berbers, t. II, p. 399.). Quant Mohammed Ibn Khaldoun, il resta auprs de lmir Abou Hafs, qui, stant rendu matre de lempire, concda des ict ce fidle serviteur, linscrivit sur la liste des chefs militaires et, layant reconnu plus habile que la plupart des officiers de sa cour, le choisit pour succder ElFazazi dans la charge de premier ministre. Abou Hafs eut pour successeur Abou Acda elMostancer, le petit-fils de son frre. Ce prince prit pour ministre Mohammed Ibn Ibrahm edDebbagh, lancien secrtaire dElFazazi, et Mohammed Ibn Khaldoun, qui il donna la place de vicehadjeb, conserva cet emploi jusqu la mort du souverain. Lmir (Aboul-Baca) Khaled, tant mont sur le trne, laissa Ibn Khaldoun les honneurs dont il jouissait, mais ne lemploya pas. Abou Yahya Ibn elLihyani, qui lui succda, prit Ibn Khaldoun en faveur, et eut se louer de son habilet dans un moment o les Arabes nomades allaient semparer de lempire. Il lenvoya dfendre la presqule Il sagit de la grande pninsule qui stend au sud et lest du golfe de Tunis; elle sappelait alors Cherk, maintenant on la nomme Dakhol. contre les Delladj, tribu solemide qui stait tablie dans cette rgion, et l encore Ibn Khaldoun se distingua. Aprs la chute dIbn elLihyani, il se rendit en Orient et sacquitta du plerinage, lan p.XVIII 718 (1319 de J. C.). Ayant ensuite manifest son intention de renoncer au monde pour se tourner vers Dieu, il fit un plerinage surrogatoire, lan 723, et sjourna quelque temps dans le temple de la Mecque. Il conserva cependant, par la faveur du sultan Abou Yahya (Abou Bekr Par une anomalie dont on connat quelques exemples, ce prince avait reu, comme nom propre, le surnom dAbou Bekr. (Voy. son rgne dans lHistoire des Berbers, t. II et III.)), tous les honneurs dont il avait dj joui, ainsi quune grande partie des concessions et des pensions quil avait obtenues de ltat. Ce prince linvita mme plusieurs fois, mais inutilement, prendre la place de premier ministre. A ce sujet, Mohammed Ibn Mansour Ibn Mozni Clbre mir de Biskara et du Zab. (Voy. lHistoire des Berbers, t. III, p. 124 et suiv.) me fit un rcit que je rapporte ici: Le hadjeb Mohammed Ibn Abd elAzz elKordi, surnomm El-Mizouar Le chambellan introducteur. (Voy. Histoire des Berbers, t. II, p. 466, 467.), mourut en lan 727 (1327), et le sultan appela ton grand-pre auprs de lui, afin de le prendre pour hadjeb et conseiller intime. Ne pouvant le dcider accepter ces places, il demanda son avis pour le choix dune personne capable de bien remplir loffice de hadjeb. Mohammed Ibn Khaldoun lui dsigna le gouverneur de Bougie, Mohammed, fils dAboul-Hocen Ibn Sed enNas, comme pouvant le remplir parfaitement, tant par ses talents que par son habilet. Il lui rappela aussi que, depuis longtemps, la famille de cet officier avait servi celle du souverain Sville et Tunis. Cest un homme, ditil, trs capable de remplir ce poste par son savoir-faire et par linfluence que lui donne le nombre de ses clients. Le prince, ayant agr ce conseil, fit venir Ibn Sed enNas, et ltablit dans la place de hadjeb. Toutes les fois que le sultan Abou Yahya (Abou Bekr) sortait de Tunis, il en confiait le commandement mon grandpre, dont lintelligence et le dvouement lui inspiraient une confiance sans bornes.En lan 737 (13361337 de J. C.), lors de la mort de mon grand-pre, mon pre, Abou Bekr Mohammed, quitta la carrire militaire p.XIX et administrative pour suivre celle de la science (la loi) et de la dvotion. Il tait dautant plus port ce genre de vie, quil avait t lev sous les yeux du clbre lgiste Abou Abd Allah ezZobedi (var. erRondi), lhomme de Tunis le plus distingu par son profond savoir et par son talent comme mufti (lgiste consultant), et qui stait adonn aux pratiques de la vie dvote, lexemple de son pre, Hocen, et de son oncle, Hacen, deux clbres asctes (ouli). Du jour o mon grandpre renona aux affaires, il resta auprs dAbou Abd Allah, et mon pre, quil avait mis entre les mains de ce docteur, sappliqua ltude du Coran et de la loi. Il cultivait avec passion la langue arabe et se montrait vers dans toutes les branches de lart potique. Des philologues de profession avaient mme recours son jugement, fait dont jai t tmoin, et ils soumettaient leurs crits son examen. Il mourut de la grande peste de lan 749 La peste noire de lan 1349 de J. C..

De mon ducation.@Je naquis Tunis, le premier jour du mois de ramadan 732 (27 mai 1332 de J.C.), et je fus lev sous les yeux de mon pre jusqu lpoque de mon adolescence. Jappris lire le saint Coran sous un matre dcole nomm Abou Abd Allah Mohammed Ibn Saad Ibn Boral elAnsari, originaire de Djaala Variante : Djabi., lieu de la province de Valence (en Espagne). Il avait tudi sous les premiers matres de cette ville et des environs, et surpassait tous ses contemporains dans la connaissance des leons coraniques Parmi les premiers musulmans qui savaient par cur le texte entier du Coran et qui le transmettaient de vive voix leurs disciples, il y en avait sept dont lautorit, comme traditionnistes coraniques, tait universellement reconnue. Ils ntaient pas toujours daccord sur la manire de prononcer certains mots, ni sur lemploi des pauses et des intonations qui accompagnent la rcitation du texte; aussi futon oblig de reconnatre que lon possdait sept leons ou ditions du Coran, toutes galement authentiques.. Un de ses prcepteurs dans les sept leons fut le clbre Aboul-Abbas Ahmed Ibn Mohammed p.XX elBetrani, savant lecteur, qui avait tudi sous des matres dune autorit reconnue. Aprs avoir appris par cur le texte du Coran, je le lus selon les sept leons, sous Ibn Boral, en prenant dabord chaque leon sparment et ensuite les runissant toutes. Pendant ce travail, je repassai le Coran vingt et une fois; puis je le relus encore une fois en rapportant toutes les leons. Je le lus une autre fois selon les deux leons enseignes par Yacoub Yacoub Ibn Ishac elHadremi, lecteur coranique, mourut lan 205 (820821 de J. C.).. Deux ouvrages que jtudiai aussi sous mon matre, en profitant de ses observations, furent le pome dEsChatebi sur les leons coraniques, intitul Lamiya, et un autre pome du mme auteur sur lorthographe du Coran, et intitul Raiya M. de Sacy a donn une analyse de ce pome dans les Notices et extraits, t. VIII, p. 333 et suiv.. Il me donna, ce sujet, les mmes renseignements didactiques quil avait lui-mme reus dElBetrani et dautres matres. Je lus aussi sous sa direction le Tefassi (), ouvrage quIbn Abd elBerr composa sur les traditions rapportes dans le Mowatta Recueil de traditions fait par Malek Ibn Ans, et servant de base au systme de jurisprudence tabli par cet imam., et dans lequel il suivit le plan de son autre ouvrage sur le mme sujet, le Temhd, mais en se bornant uniquement aux traditions Le Temhd traitait non seulement de lauthenticit des traditions, mais encore des principes de droit qui en drivent.. Jtudiai encore sous lui un grand nombre de livres, entre autres le Teshl dIbn Malek Djemel edDn Abou Abd Allah Mohammed Ibn Malek, grammairien clbre et auteur de lAlfiya et du Teshl (voyez le Dictionnaire bibliographique de Haddji Khalifa, t. II, p. 290), mourut en 672 (12731274 de J. C.). Son Teshl fournit des claircissements sur toutes les questions auxquelles chaque rgle de la grammaire peut donner lieu; il a eu un grand nombre de commentateurs. Son Alfiya a t publi par M. de Sacy., et le Mokhtacer, ou abrg de jurisprudence, dIbn el-Hadjeb Djemal edDin Abou Amr Othman, natif de Jan, en Espagne, et surnomm Ibn elHadjeb, tait lgiste du rite de Malek. Son Mokhtacer et son Kafiya, petit trait de grammaire bien connu, ont eu beaucoup de commentateurs. Il mourut en 646 (1249 de J. C.). [css: cf. III, p. 34, note 3)]; je nai cependant appris par cur le texte entier ni de lun ni de lautre. Pendant le mme temps, je cultivai lart de la p.XXI grammaire sous la direction de mon pre, et avec laide de plusieurs minents matres de la ville de Tunis, savoir: 1 Le cheikh Abou Abd Allah Mohammed Ibn elArebi elHasari Variante : ElHamari., savant grammairien et auteur dun commentaire sur le Teshl.2 Abou Abd Allah Mohammed Ibn esChouach ezZerzali.3 Aboul-Abbas, Ahmed Ibn el-Cassar, grammairien dun grand savoir, et auteur dun commentaire sur le Borda, pome clbre renfermant les louanges du Prophte. Il vit encore et habite Tunis.4 Abou Abd Allah Mohammed Ibn Bahr, le premier grammairien et philologue de Tunis. Jassistai assidment son cours de leons, et je reconnus quen effet cet homme tait un vritable bahr (ocan) Il faut lire, dans loriginal arabe, . de science pour tout ce qui avait rapport la langue (arabe). Daprs ses conseils, jappris par cur les six potes Le recueil qui porte ce titre renferme les ouvrages de six anciens potes arabes, savoir: Amrol-Cas, Nabegha, Alcama, Zohar, Tarafa et Antara. (Voyez mon dition du Diwan d Amrol-Cas, prface, p. X.), le Hamaa, les posies (dAbou Temmam) Habb, une partie des pomes dEl-Motenebbi et plusieurs pices de vers rapportes dans le Kitab el-Aghani Tous ces ouvrages sont si bien connus que je nen parle pas ici..5 Chems edDn Abou Abd Allah Mohammed Ibn Djaber Ibn Soltan elCaci (var. ElAnci), natif de Guadix et auteur de deux rcits de voyage. Il tait chef traditionniste de Tunis. Je suivis son cours avec assiduit et je lentendis expliquer le Mowatta en entier, et louvrage de Moslem Ibn Haddjadj Aboul-Hocen Moslem Ibn elHaddjad, auteur dun des six recueils de traditions authentiques relatives aux opinions et habitudes de Mohammed, mourut en 261 (874875 de J. C.)., lexception dune petite portion du chapitre relatif la chasse. Il menseigna aussi une partie des cinq traits lmentaires (matres quinque). Parmi les livres expliqus dans les coles primaires de lOrient et de lOccident, cinq petits traits de grammaire tenaient une place importante; ces mres ou sources des connaissances grammaticales taient: le Mit aamel cent rgissants, de Djordjani; le commentaire (charh) du mme ouvrage; le Misbah dElMotarrezi; le Hidaet enNahou guide de la grammaire, et le Kafia dIbn elHadjeb. Le capitaine Baillie a fait imprimer une dition de ces traits Calcutta, en 18021805., me communiqua un grand nombre douvrages sur la p.XXII grammaire et le droit, et me donna un idjaza gnral Lidjaza, ou licence, est un certificat de capacit que le professeur donne llve, lautorisant enseigner les ouvrages quil lui a expliqus.. Pour les renseignements quil me communiquait, il citait lautorit des divers matres sous lesquels il avait tudi et dont il avait inscrit les noms sur un registre. Un des mieux connus parmi eux tait Aboul-Abbas Ahmed Ibn elGhammaz elKhazradji, cadi de la communaut Cadi de la communaut (cadil-djema), titre quon donnait au chef des cadis dans les royaumes africains et espagnols, est lquivalent de cadil-codat cadi des cadis, titre gnralement employ en Orient., Tunis.6 Jtudiai le droit Tunis sous plusieurs matres, savoir: Abou Abd Allah Mohammed Ibn Abd Allah el-Djeyani (natif de Jan) et Aboul-Cacem Mohammed Ibn elCasr, qui menseigna aussi labrg du Modaouena Le Modaouena, ou Meail modaouena questions de droit enregistres, digeste, renferme les dcisions de Malec et forme la principale base du systme de jurisprudence enseign par cet imam. Le rdacteur, Abd erRahman Ibn elCacem, mourut au vieux Caire, lan 191 (806 de J. C.)., compos par Abou Sad elBerda () et intitul ElTemhd, ainsi que le Modaouena (ou digeste) des doctrines particulires de la jurisprudence malkite. Je fis aussi un cours de droit sous sa direction, et je frquentai, en mme temps, les sances de notre chekh Abou Abd Allah Mohammed Ibn Abd esSelam, cadi de la communaut. Mon frre Mohammed, maintenant dcd Notre auteur avait deux frres, Mohammed et Yahya. Le premier parait tre mort jeune; le second partagea pendant quelques annes la fortune de son frre Abou Zed, et, comme lui, il composa un ouvrage historique ayant pour sujet la ville de Tlemcen et la dynastie abd elouadite; comme lui, il prit une part assez active dans les mouvements politiques de lAfrique septentrionale et il remplissait les fonctions de secrtaire dtat Tlemcen lorsquil fut assassin par lordre du prince royal Abou Tachefn. (Histoire des Berbers, t. III, p. 474 et suiv.), assistait avec moi ces runions. Je profitai beaucoup des lumires dIbn Abd esSelam, qui jentendis aussi lire et expliquer le Mowatta de limam Malek. Il avait appris, par la voie de la p.XXIII tradition orale, le texte de ce livre; stant adress un docteur dune grande autorit, Abou Mohammed Ibn Haroun etTa, le mme qui plus tard tomba en dmence.Je pourrais citer encore les noms de divers chekhs tunisiens sous lesquels je fis des tudes, et desquels je tiens de bons certificats et des idjaza. Ils moururent tous lpoque de la grande peste.En lan 748 (1347 de J. C.), Aboul-Hacen, souverain du Maroc, sempara du royaume dIfrkiya Histoire des Berbers, t. III, p. 29.. Il arriva dans notre ville, accompagn dun grand nombre de savants, quil avait obligs le suivre, et qui formaient le plus bel ornement de sa cour. On y remarquait: 1 Le grand mufti et chef du rite malkite dans le Maghreb, Abou Abd Allah Mohammed Ibn Soleiman esSitti EsSitti () signifie membre de la tribu berbre de Sitta, branche de celle dAureba., docteur que je me mis alors frquenter et dont les enseignements me furent trs utiles.2 Abou Mohammed Abd el-Mohemen elHadremi, chef traditionniste et grammairien du Maghreb, secrtaire du sultan Aboul-Hacen, et charg dcrire lalama (parafe imprial) au bas de toutes les pices manant du prince. Mtant attach lui, je profitai de ses leons et reus de lui la licence denseigner les six principales collections de traditions Les auteurs de ces recueils taient ElBokhari, Moslem, Abou Dawoud, Et-Termidi, EnNea et Ibn Madja. Quelques crivains remplacent ce dernier nom par celui de Malek. A la suite de celle liste, on cite le nom dEdDaracotni et ceux des auteurs des divers mosnad corps de traditions, mentionns dans le Dict. bibliographique de Hadji Khalifa (t. II, p. 550; t. III, p. 37, et t. V, p. 532 et suiv.), et de plus le Mowatta, le Ser dIbn Ishac Cet ouvrage, renfermant une masse de traditions relatives aux expditions militaires des premiers musulmans, jouissait dune grande autorit. Ibn Hicham, lauteur de lHistoire de Mohammed intitule Sret erRasoul, y a puis pleines mains., le trait dIbn esSalh sur les traditions, ainsi que plusieurs autres ouvrages dont joublie les titres. Dans la science des traditions il possdait des connaissances qui remontaient aux meilleurs sources, et lon voyait que, pour les apprendre correctement et les retenir, il avait mis tous les soins possibles. Il possdait une bibliothque de plus de p.XXIV trois mille volumes, compose douvrages sur les traditions, le droit, la grammaire, la philologie, les sciences fondes sur la raison et autres sujets; le texte de tous ces livres tait dune grand correction, cause du soin quon avait mis les bien collationner. Il ny avait pas de divan (recueil de posies) dans lequel on ne lt une inscription de la main de chacun des chekhs qui, partir du temps de lauteur, avaient successivement enseign le contenu de louvrage; les traits de droit et de grammaire, ainsi que les recueils danecdotes philologiques, portaient aussi des inscriptions pour en garantir lauthenticit.3 Le chekh Aboul-Abbas Ahmed ezZouaoui, premier mocri , professeur de lecture coranique. du Maghreb. Je lus le Coran sous lui, la grande mosque, selon les sept leons telles quAbou Amr edDani (natif de Dnia) et Ibn Choreh Mohammed Ibn Choreh erRoani mourut Sville en 476 (1083 de J. C.). (Tabecat elCorra, manuscrit de la Bibl. imp. n742, fol. 126.) nous les ont transmises; mais je nai pas pu terminer cette lecture. Je lentendis aussi expliquer plusieurs ouvrages et je reus de lui une licence gnrale (idjaza).4 Abou Abd Allah Mohammed Ibn Ibrahm elAbbeli Le mot abbeli ()signifie originaire dAbbela ou Abbeliya (), localit du nord () de lEspagne. Les aeux de ce docteur y avaient demeur jusqu lpoque de la grande migration qui eut lieu aprs la prise de Sville., le grand matre pour les sciences fondes sur la raison. Sa famille tait de Tlemcen, ville on il passa sa jeunesse. Ayant tudi les livres qui traitent des mathmatiques ( ), il se rendit matre de cette branche des connaissances humaines. Lors du grand sige de Tlemcen En lan 735 (13341335 de J. C.), Aboul-Hacen, le sultan mrinide, mit le sige devant Tlemcen. Le 27 ramadan 737 (1er mai 1337), il sen empara de vive force. (Histoire des Berbers, t. III, p. 410 et t. IV, p. 221.), il quitta cette ville et fit le plerinage de la Mecque. En Orient il rencontra les docteurs les plus illustres; mais il se trouva dans limpossibilit de profiter de leurs lumires, cause dune indisposition temporaire qui lui avait drang lesprit. Rentr dans son pays, il tudia la logique, les principes fondamentaux de la thologie dogmatique et p.XXV ceux de la jurisprudence canonique sous le chekh Abou Moua Ea Ibn elImam Voy. Histoire des Berbers, t. III, p. 386 et suiv. 412; t. IV, p. 223.. A Tunis il tudia, avec son frre, Abou Zed Abd er-Rahman, sous le clbre Telmd Ibn Zedoun (cestdire, lve dIbn Zedoun). Revenu Tlemcen, il se trouva en possession de connaissances trs tendues dans les sciences qui sont fondes sur la raison et dans celles qui ont pour base la tradition Selon les docteurs musulmans lhomme drive ses connaissances de deux sources la raison et la foi. Donc les sciences forment deux classes: les rationnelles (acaliya) et les imposes ou positives (ouadaya). On dsigne aussi cellesci par le terme nacaliyafournies par la tradition.. Il reprit ses tudes dans cette ville sous la direction dAbou Moua, celui que nous venons de nommer. Quelque temps aprs, il passa en Maghreb, ayant t forc de senfuir de Tlemcen, parce quAbou Hammou Moua Ibn Yaghmoracen, souverain de cette ville, avait voulu le contraindre prendre la direction gnrale des finances et le contrle des revenus fournis par les impts. Arriv Maroc, il suivit avec assiduit les leons du clbre Aboul-Abbas Ibn elBenna, et, stant rendu matre de toutes les sciences fondes sur la raison, il hrita de la place que ce savant tenait dans lopinion publique et mme dune rputation encore plus tendue. Aprs la mort de ce professeur, il se rendit dans les montagnes des Heskoura Les Heskoura se tenaient dans lAtlas, lest de la ville de Maroc. (Voyez Histoire des Berbers, t. II, p. 116, 117.)., sur linvitation dAli Ibn Mohammed Ibn Teroumt Ibn Teroumt tait chef dune grande fraction de la tribu berbre des Heskoura., qui dsirait faire quelques tudes sous la direction dun homme aussi habile. Les enseignements dun tel matre ne pouvaient. manquer dtre profitables, et quelques annes plus tard, lorsque Abou Sad, sultan du Maghreb, obligea Ibn Teroumt de quitter les montagnes des Heskoura et de se fixer dans la VilleNeuve (ElBeled elDjedd La VilleNeuve, construite environ un kilomtre et demi au sudouest de Fez, tait la rsidence du sultan et le sige de ladministration mrinide.), ElAbbeli laccompagna. Dans la suite, celui-ci fut admis par le sultan Aboul-Hacen au nombre des savants quil recevait dans sa socit intime. Ds lors il se dvoua propager dans le Maghreb les sciences p.XXVI fondes sur la raison, et ses efforts eurent beaucoup de succs. Un grand nombre de personnes leurent pour professeur, de sorte quil devint le lien qui unissait les anciens savants avec ceux de son poque. Quand il vint Tunis avec le sultan Aboul-Hacen, je me mis le frquenter assidment, afin dtudier sous sa direction la logique, les principes fondamentaux de la thologie dogmatique, ceux de la jurisprudence, toutes les sciences philosophiques et les mathmatiques. Je fis tant de progrs sous lui quil men tmoigna souvent sa haute satisfaction.5 Un autre savant que le sultan Aboul-Hacen amena Tunis fut notre ami Aboul-Cacem Abd Allah Ibn Youof Ibn Ridouan, docteur en jurisprudence malkite. Il tait un des secrtaires du souverain et se trouvait alors sous les ordres dAbou Mohammed Abd elMohemen. Celui-ci remplissait les fonctions de secrtaire dtat et dcrivain de lalama, cestdire, de la formule inscrite au bas de toutes les ordonnances, manifestes et autres documents qui manaient du sultan. Ibn Ridouan fut un des ornements du Maghreb par la varit de ses connaissances, la beaut de son criture, la rgularit de sa conduite, lhabilet quil montrait en dressant des contrats, llgance de son style dans les lettres crites au nom du sultan, la facilit avec laquelle il composait des vers et son talent pour la prdication. En effet, il remplissait trs souvent loffice dimam quand le sultan assistait la prire. Je fis connaissance avec lui lors de son arrive Tunis, et jeus beaucoup me louer de notre intimit. Je ne le pris cependant pas pour matre, puisque nous tions peu prs du mme ge; mais, malgr cela, je profitai autant de ses lumires que de celles de mes prcepteurs ordinaires.

A lpoque o notre auteur allait entrer dans la vie publique, les Hafsides, dynastie berbre almohade, rgnaient sur les pays dont se composent aujourdhui les rgences de Tunis et de Tripoli. La province de Constantine et celle de Bougie formaient des viceroyauts gouvernes par des princes de cette famille.p.XXVII La province du Zab, appele aussi les Ziban, tait administre, au nom du sultan hafside, par le seigneur de Biskera, qui tait toujours un membre de la famille Mozni. Les Aoulad AbilLel et les Mohelhel, deux familles rivales, galement puissantes, tenaient sous leurs ordres une foule de tribus nomades appartenant, comme elles, la race arabe et presque toujours en rvolte contre le gouvernement de Tunis. Le royaume des Hafsides se nommait lIfrkiya.Les Abd elOuad, dynastie berbre, venaient dtre dtrns par Aboul-Hacen, sultan des Mrinides. Ils avaient possd les contres qui stendent depuis le Moloua, du ct de loccident, jusqu la ville de Mda et de Dellys du ct de lorient. Leur capitale tait Tlemcen. Aprs la mort dAboul-Hacen, ils rtablirent leur autorit dans ce pays.Les Mrinides, troisime dynastie berbre, gouvernaient les provinces qui composent, de nos jours, lempire de Maroc.Le sultan hafside Abou Bekr, surnomm Abou Yahya, mourut au mois de redjeb 747 (octobre 1346) et eut pour successeur son fils Abou Hafs Omar. Le nouveau souverain, ayant appris que son frre, hritier dsign du trne, et gendre du sultan mrinide Aboul-Hacen, marchait contre lui, senfuit de la capitale et alla senfermer dans la ville de Bedja, lancienne Vacca, situe environ dixsept lieues ouest de Tunis; mais, cinq semaines plus tard, il pntra limproviste dans Tunis et tua son rival. A cette nouvelle, Aboul-Hacen manifesta une vive indignation et, sous le prtexte de venger la mort de son gendre, il fit des prparatifs pour la conqute de lIfrkiya. Stant mis la tte dune arme immense, il partit de Tlemcen, quil venait denlever aux Abd elOuadites et, pendant sa marche, il rassembla sous ses drapeaux les tribus arabes qui occupaient les campagnes de Constantine, de Bougie et de Tunis. Dans p.XXVIII cette expdition il se fit accompagner par Ibn Tafragun, politique habile et exministre de lusurpateur Abou Hafs Omar. Au mois de djomada 748 (septembre 1347 de J. C.), il prit possession de Tunis, et Abou Hafs Omar, qui stait enfui vers le dsert, fut fait prisonnier et mis mort. Un seul acte dimprudence enleva au vainqueur les fruits de sa conqute et le trne du Maroc: ayant priv les tribus arabes des pensions et des ict quelles tenaient du gouvernement hafside, il indisposa ces nomades contre son gouvernement et se fit battre par eux sous les murs de Cairouan. Cette rencontre, appele depuis la catastrophe de Cairouan, le mit dans la ncessit de senfuir Soua et de sembarquer pour Tunis, o les Arabes vinrent bientt lassiger. Le faux bruit de sa mort se rpandit jusqu Tlemcen, et son fils Abou Enan, quil y avait laiss comme son lieutenant, passa dans le Maghreb et sempara de lautorit suprme. Aboul-Hacen sembarqua pour regagner son royaume et faire rentrer son fils dans lobissance. Il partit de Tunis lan 750 (1349), au cur de lhiver, aprs avoir confi le gouvernement de cette ville son fils Aboul-Fadl. chapp miraculeusement au naufrage de sa flotte, il rentra dans ses tats et livra une bataille Abou Enan. Trahi encore par la fortune, il chercha un asile chez les Hintata, tribu berbre tablie dans lAtlas, o il mourut de fatigue et de chagrin.Lmir El-Fadl, prince hafside, se rendit matre de Tunis et de lIfrkiya aprs le dpart prcipit de sultan Aboul-Hacen. Au mois de juillet 1350, il fut dpos et mis mort par Ibn Tafragun, qui, aprs stre enfui en gypte, pour chapper la vengeance du sultan Aboul-Hacen, quil avait trahi Cairouan, venait de rentrer Tunis et de faire proclamer khalife le prince Abou Ishac, fils du feu sultan Abou Yahya Abou Bekr. Ces renseignements, tirs de lHistoire des Berbers, dIbn p.XXIX Khaldoun, suffiront pour rendre plus intelligibles les indications que lauteur va donner dans cette partie de son autobiographie. Avant de reprendre son rcit, il prsente au lecteur deux longs extraits dun pome compos par un Tunisien nomm ErRahou la louange dIbn Ridouan, personnage dont le nom vient dtre mentionn. Il reproduit aussi un long fragment dun autre pome compos par son professeur, Abd el-Mohemen, en lhonneur du mme Ibn Ridouan. Ces morceaux offrent tous les dfauts que lon remarque dans les pomes arabes de cette poque de dcadence, et, comme ils ne renferment rien dintressant, je nessaye pas de les traduire.

Au commencement de lanne 749 (avril 1348 de J. C.) les Arabes nomades dfirent le sultan Aboul-Hacen auprs de Cairouan Voyez lHistoire des Berbers, t. III, p. 34, et t. IV, p. 266 et suiv. et, quelque temps aprs, survint la grande peste. Plusieurs des docteurs dont je viens de parler en furent les victimes; Abd elMohemen y succomba ainsi que mon pre.Aussitt aprs la catastrophe de Cairouan, le peuple de Tunis sinsurgea contre les partisans du sultan Aboul-Hacen et les contraignit senfermer dans la citadelle auprs du fils et des femmes de ce prince. Ibn Tafragun rpudia alors lautorit dAboul-Hacen et sortit de Cairouan pour se joindre aux Arabes qui bloquaient la place et qui venaient de proclamer la souverainet dIbn Abi Debbous (un descendant du dernier khalife almohade de Maroc Histoire des Berbers, t. III, p. 33.). Ayant ensuite reu de ces nomades la mission de rduire la citadelle de Tunis, il se rendit dans cette ville; mais la forteresse rsista torts ses efforts. Au jour du soulvement, Abd elMohemen vint se rfugier chez mon pre, et demeura cach dans notre maison prs de trois mois. Le sultan Aboul-Hacen, tant alors parvenu sortir de Cairouan, se rendit Soua, o il sembarqua pour Tunis, do Ibn Tafragun stait enfui pour se p.XXX rendre en Orient. Abd elMohemen quitta son lieu de retraite et fut rintgr par le sultan dans la place dcrivain de lalama et de secrtaire dtat Lauteur insre ici un billet de remercments, renfermant sept vers, et adress son pre par Abd elMohemen. Il donne ensuite plusieurs notices biographiques, dans lesquelles il stend assez longuement sur lhistoire des principaux savants qui avaient accompagn le sultan Aboul-Hacen en Ifrkiya. En voici la liste: Les deux fils de limam, savoir: Abou Zed Abd er-Rahman et Abou Moua Ea, fils dun imam de Brechk, ville maintenant ruine et dont lemplacement, nomm encore Brekche par les indignes, se voit auprs de la mer, entre Tns et Cherchel; Mohammed Ibn Soleiman esSitti; Mohammed Ibn Ibrabm elAbbeli; AbdelMohemen; Ibn Ridouan; Aboul-Abbas ez-Zouaoui; Mohammed Ibn esSabbagh; Abou Abd Allah Ibn Abd enNour, et un frre de celui-ci; Abou Abd Allah Ibn en-Nahhs; Aboul-Abbas Ibn Choab et Ibn Merzouc. Pour viter les longueurs, je supprime ces notices..

Je suis nomm crivain de lalama par le gouvernement de Tunis;je passe ensuite dans le Maghreb, o je deviens secrtaire du sultan Abou Enan.@Depuis ma jeunesse je me suis toujours montr avide de connaissances; et jai mis un grand zle en acqurir et frquenter les coles et les cours dinstruction. Aprs la grande peste qui enleva nos hommes les plus distingus, nos savants, nos professeurs, et qui me priva aussi de mon pre et de ma mre, jassistai rgulirement aux cours du professeur Abou Abd Allah elAbbeli, et, aprs trois annes de travaux sous ce matre, je trouvai enfin que je savais quelque chose. Quand le sultan Abou Enan le rappela auprs de lui, Abou Mohammed Ibn Tafragun, qui tait alors toutpuissant Tunis, me fit inviter remplir la place dcrivain de lalama auprs de son souverain, Abou Ishac. Ce prince venait de faire des prparatifs militaires afin de rsister lmir Abou Zed, petitfils du sultan Abou Yahya Abou Bekr et seigneur de Constantine, qui, pouss et second par la tribu arabe des Aoulad Mohelhel Histoire des Berbers, t. III, p. 44., avanait pour lattaquer. Ibn Tafragun fit marcher contre lui le sultan Abou Ishac et la tribu arabe des Aoulad Abil-Lel. Il venait de payer la solde de la troupe et dorganiser les diffrentes branches de ladministration, p.XXXI quand il me choisit pour remplacer Ibn Omar, lcrivain de lalama, quil venait de destituer parce quil avait exig une augmentation dappointements. Ds lors jcrivis lalama au nom du sultan, cest-dire, je traai en gros caractres, sur les dcrets et lettres impriales, les mots elhamdo lillahi ouaschokro lillah (louange Dieu et reconnaissance Dieu) entre le bismillah Au nom de Dieu, formule mise en tte des livres et de certains documents officiels. et la suite du texte.Vers le commencement de lan 753 (marsavril 1352 de J. C.), je sortis de Tunis avec larme, mais jtais bien dcid la quitter aussitt que jen trouverais loccasion, tant jprouvais dennui dtre spar de mes professeurs et mis dans limpossibilit de poursuivre mes tudes. Dj, lorsque le flot de linvasion mrinide se fut retir du sol de lIfrkiya pour rentrer dans son lit et que cette tribu, ayant pris le chemin du Maghreb, pays o il avait ses cantonnements, eut ramen avec elle les savants et les chekhs qui lavaient accompagne dans lexpdition (contre Tunis), je mtais propos daller les joindre; mais mon frre an Mohammed me dcida y renoncer. Jacceptai donc la charge dcrivain de lalama, mais avec lespoir de pouvoir accomplir mon projet et passer dans le Maghreb. Ce que javais prvu arriva. Sortis de Tunis, nous allmes camper dans le pays des Hoouara Les Hoouara, tribu berbre, avaient laiss leur nom au pays situ entre le Medjerda, lAuras et le littoral tunisien.; nous rencontrmes lennemi dans la plaine de Mermadjenna Voy. ci-devant, p. XVII, note 2., et l nous vmes la droute totale de notre arme. Je me rfugiai Obba Les ruines de cette ville se trouvent au sudest de Kef et la distance denviron six lieues., chez le chekh Abd erRahman elOusnafi Variante : Ouchnali, Ouchnati., principal marabout de cette localit. De l je passai Tbessa, et je marrtai pendant quelques jours chez Mohammed Ibn Abdoun, seigneur de cette ville. Les routes tant alors devenues plus sres, je partis avec quelques Arabes qui staient offerts pour maccompagner, et, arriv Gafsa Ou Cafsa, lancienne Capsa., jy passai plusieurs jours en attendant le moment o la route noffrirait plus de danger.Le fakh (lgiste) Mohammed, fils de Mansour Ibn Mozni et frre de Youof Ibn Mozni, seigneur de la province du Zab, vint alors nous chercher. Il stait trouv dans Tunis quand lmir Abou Zed alla y mettre le sige, et avait quitt la ville pour se ranger du ct de ce prince. La nouvelle leur parvint alors quAbou Enan, sultan du Maghreb, venait de prendre Tlemcen et de tuer Abou Thabet et son frre Othman Ibn Abd erRahman, sultan de cette capitale; que de l il stait port Mda (ElMediya); puis, qutant arriv sous les murs de Bougie il avait dcid le gouverneur Abou Abd Allah Mohammed, petitfils du sultan Abou Yahya Abou Bekr, lui livrer la ville et marcher sous ses ordres Voyez Histoire des Berbers, t. III, p. 47 et suiv., t. IV, p. 295.. Ils apprirent aussi quAbou Enan avait donn le commandement de Bougie Omar Ibn Ali, un des chefs de la tribu des Ouattas et membre de la famille ElOuzr.En apprenant ces vnements, lmir Abou Zed se hta de lever le sige de Tunis, et, dans sa retraite, il traversa la ville de Gafsa avec Mohammed Ibn Mozni. Celui-ci vint alors nous trouver, et, comme il avait lintention de passer dans le Zab, je me dcidai laccompagner. Arriv Biskera, je descendis chez son frre Youof et jy restai jusqu la fin de lhiver. Quant Mohammed, il obtint une pension de son frre et alla stablir dans un des villages de cette province.Quand le sultan Abou Enan eut confi Omar Ibn Ali le gouvernement de Bougie, Fareh, un client de lmir (hafside) Abou Abd Allah, y passa afin de conduire ailleurs la femme et les enfants de son patron. A linstigation de cet affranchi, un Sanhadjien, tte cervele, assassina Omar pendant que celui-ci donnait audience. Fareh prit aussitt le commandement de la ville et fit inviter Abou Zed (cousin dAbou Abd Allah et) gouverneur de Constantine venir le soutenir. Pendant quil attendait larrive de cet mir, les notables de Bougie se concertrent entre eux, et, pour se garantir contre la vengeance du sultan, ils prirent les armes et trent la vie Fareh. Ayant alors rtabli lautorit dAbou Enan, ils firent chercher le p.XXXIII gouverneur de Tedellis (Dellys), afin de se mettre sous ses ordres. Cet officier tait chef de la tribu mrinide des Oungacen, et se nommait Tahyaten Ibn Omar Ibn Abd elMoumen Voyez Histoire des Berbers, t. IV, p. 299.. Le sultan, ayant reu des habitants lassurance de leur soumission, envoya Bougie son chambellan, Mohammed Ibn Abi Amr Histoire des Berbers, t. IV, p. 301 et suiv., avec un fort dtachement de troupes et plusieurs grands de lempire.Je partis alors de Biskera avec lintention de me rendre auprs du sultan Abou Enan, qui se trouvait Tlemcen, et, arriv El-Batha On reconnat encore les ruines de cette ville sur la rive droite de la Mna, quatre ou cinq lieues du Chlif., je rencontrai Ibn Abi Amr. Cet officier me donna tant de marques dhonneur que jen fus surpris, et me ramena avec lui Bougie, dont je le vis prendre possession. De nombreuses dputations, parties de lIfrkiya, tant arrives Bougie, il voulut les accompagner jusque chez le sultan; mtant joint elles, je fus singulirement frapp des gards et des tmoignages de faveur quil me prodigua, moi, jeune homme imberbe. Revenu ensuite Bougie avec Ibn Abi Amr et les dputations, je restai auprs de lui jusqu la fin de lhiver de lan 754 (marsavril 1353 de J. C.).Quand le sultan Abou Enan fut rentr Fez Le lecteur trouvera dans le quatrime volume de la traduction de lHistoire des Berbers le rcit des diverses campagnes entreprises par Abou Enan. et que les savants eurent commenc se runir chez lui, on parla de moi dans une de ces assembles, et, comme le prince voulut choisir quelques tudiants pour discuter en sa prsence des questions (de droit et de belles lettres), les docteurs que javais rencontrs Tunis me dsignrent lui comme un sujet convenable. Il crivit aussitt au hadjeb Chez les Mrinides, le hadjeb ou grand chambellan tait le personnage le plus lev de ltat aprs le sultan. (Ibn Abi Amr) lordre de menvoyer la cour, et jy arrivai en lan 755 (1354 de J. C.). Il minscrivit alors au nombre de ceux qui faisaient partie de ses runions scientifiques, et mimposa le devoir honorable dassister avec lui la prire. Dans la suite il memploya comme p.XXXIV secrtaire et me chargea dcrire ses dcisions sur les documents quon soumettait son examen On dsignait cet emploi par le terme touki. M. de Sacy a donn, dans sa Chrestomathie arabe, t. I, p. 71, une trs bonne note sur les fonctions de cet office..Jacceptai cette place avec rpugnance, puisque aucun de mes aeux, autant que jai pu men souvenir, navait occup un pareil poste. Je continuai toutefois me livrer aux tudes, et je pris des leons de plusieurs chekhs maghrbins,