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1 Ce texte est offert gracieusement à la lecture. Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir l'autorisation de la SACD : www.sacd.fr 12 personnages 45 minutes Lycée / Adultes LE TOURNAGE DU FILM QUI FAIT VACHEMENT PAS PEUR de Patrick Mermaz

LE TOURNAGE DU FILM QUI FAIT VACHEMENT … · LE TOURNAGE DU FILM QUI FAIT ... je ne lui en ai mis que sur le visage. CHPOULBERG : En place tout le monde. ... que diable ! Le temps

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Ce texte est offert gracieusement à la lecture.

Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir

l'autorisation de la SACD : www.sacd.fr

12 personnages

45 minutes

Lycée / Adultes

LE TOURNAGE

DU FILM QUI FAIT

VACHEMENT PAS PEUR

de

Patrick Mermaz

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Présentation de la pièce Un producteur de cinéma avare et malhonnête décide de tourner le film d’épouvante le

moins cher de l’histoire du cinéma. Pour cela, il va engager les comédiens les plus

ringards, la cinéaste la plus pitoyable et les techniciens les plus nuls qui existent dans la

profession.

Personnages- Mr Pleinlesfouilles, producteur de

films d’horreur

- Melle Machintruc, assistante de

production

- Melle Blochette, maquilleuse et

costumière

- Melle Sourdingue, ingénieur du son

- Melle Okédac, camérawomen

- Melle Chpoulberg, réalisatrice

- Melle Monptit, assistante à la

réalisation

- Quimeu Gratouille, comédienne

- Sidnez Kicool, comédienne

- Tom Hun, comédien

- Sou Paslognon, comédienne

- Bridjet Ski, comédienne

Liste des costumes

Le choix des costumes est laissé à l’appréciation du metteur-en-scène.

Liste des meubles et accessoires

- 3 chaises type cinéma.

- 1 carnet et 1 crayon (Machintruc).

- 1 caméra en carton ou en bois (Okédac).

- 1 manche à balais et 1 bouteille en plastique (Sourdingue).

- 1 pot de peinture + 1 pinceau (Blochette).

- 1 clap (Machintruc).

- 1 portemanteau.

- 1 verre d’eau.

- des post-it.

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SCENE 1

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC

Monsieur Pleinlesfouilles entre suivie par mademoiselle Machintruc.

Mr PLEINLESFOUILLES : Alors Machintruc, nous sommes bien d’accord : je veux pour

demain matin une villa avec piscine à cinq minutes de la plage et de la montagne, trois Porches,

une piste d’atterrissage avec deux hélicoptères et un Boeing 747 et le tout près des Champs

Elysées. Est-ce clair ?

Melle MACHINTRUC : Mais monsieur Pleinlesfouilles…

Mr PLEINLESFOUILLES : Avec tout le pognon que va me rapporter cette superproduction, je

peux me permettre de me faire une petite avance sur les bénéfices, non ?

Melle MACHINTRUC : Mais monsieur Pleinlesfouilles…

Mr PLEINLESFOUILLES : Mais quoi Machintruc !?

Melle MACHINTRUC (excédée) : Mais monsieur Pleinlesfouilles, tout le monde sait que vos

films n’ont jamais rapporté un seul centime d’euro et ce n’est pas avec votre nouveau gros navet

que …

Mr PLEINLESFOUILLES : Pardon !?

Melle MACHINTRUC : …Votre nouveau chef d’œuvre que ça va commencer.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bien, tout d’abord vous êtes virée !

Melle MACHINTRUC : Je ne peux pas être virée, vous ne m’avez jamais engagé.

Mr PLEINLESFOUILLES : C’est bien fait pour vous ! Ça vous apprendra à être désagréable…

Bref, où est l’équipe technique du film ?

Melle MACHINTRUC : La quoi ?

Mr PLEINLESFOUILLES : La bande de pigeons qui va travailler pour moi ?

Melle MACHINTRUC : Elle attend à côté.

Mr PLEINLESFOUILLES : Allez la chercher Machintruc.

Melle MACHINTRUC : Oui monsieur Pleinlesfouilles.

Mademoiselle Machintruc sort.

SCENE 2

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC

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Mademoiselle Machintruc revient avec l’équipe technique. Mademoiselle Sourdingue tient un

manche à balais surmonté d’une bouteille en plastique, Mademoiselle Okédac tient sur son

épaule une boite à chaussure et Mademoiselle Blochette est habillée en peintre en bâtiment.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bien le bonjour à toutes. Je suis monsieur Pleinlesfouilles le

producteur de ce nouveau film qui va s’appeler… (Faisant un signe à Machintruc)

Melle MACHINTRUC : Oh non, pas moi !

Mr PLEINLESFOUILLES : Si.

Melle MACHINTRUC : « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ».

TOUS : La quoi ?

Melle MACHINTRUC : « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ». Vous êtes sourdingue

ou quoi ?

Melle SOURDINGUE : Oui, Samantha Sourdingue, c’est moi.

Melle MACHINTRUC : En tout cas, la prochaine qui me fait répéter le titre, j’y en colle deux

dans la figure.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bref ! Vous allez donc faire ce film pour moi et si vous travaillez

bien, vous aurez une récompense

Melle OKEDAC : Excusez-moi, mais est-ce que c’est la même récompense que pour votre

dernier film ?

Mr PLEINLESFOUILLES : C’était quoi déjà comme film ? (Faisant un signe à Machintruc)

Melle MACHINTRUC : « L’affaire Ringscaryblairscream I l’aller qui précède le retour qui va

bientôt arriver dans pas longtemps».

Mr PLEINLESFOUILLES : Exactement la même récompense.

Melle BLOCHETTE : Excusez-moi, mais comme c’est mon premier film, je ne sais rien de cette

histoire de récompense.

Melle SOURDINGUE : Ce n’est pas compliqué, si le film marche bien, tu as le droit de

participer au prochain.

Melle BLOCHETTE : Et si il ne marche pas ?

Melle SOURDINGUE : Pareil, mais t’es obligé.

Melle OKEDAC : Et là, ça fait le douzième qu’on est obligé de faire.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bref ! Dite-moi mademoiselle Sourdingue, qu’est-ce que c’est que

ce manche à balai et cette bouteille en plastique ?

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Melle SOURDINGUE : C’est ma nouvelle perche et mon micro.

Mr PLEINLESFOUILLES : Et ça fonctionne ?

Melle SOURDINGUE : Pas du tout. Mais comme vous ne voulez pas m’acheter de micros qui

marchent, faut bien que je me débrouille.

Mr PLEINLESFOUILLES : Vous avez raison, l’important, c’est de se débrouiller. (À

Mademoiselle Okédac) Et ça, ça ne serait pas une boite à chaussure ?

Melle OKEDAC : Vous plaisantez, c’est le dernier modèle de caméra numérique. Cette caméra

est vraiment le top du top pour faire les films les plus spectaculaires. Une qualité d’image

inégalée et incomparable. On ne fait pas mieux, vous pouvez me faire confiance.

Mr PLEINLESFOUILLES : Et pourquoi est-ce que ça sent mauvais ?

Melle OKEDAC : La caméra est composée en matériaux recyclées. Celle-ci est faite à partir des

vieilles boites à camembert.

Mr PLEINLESFOUILLES (À Mademoiselle Blochette) : Et vous qui êtes-vous ?

Melle BLOCHETTE : Je suis mademoiselle Blochette, la nouvelle maquilleuse-habilleuse.

Mr PLEINLESFOUILLES : Et vous vous habillez toujours en peintre en bâtiment ?

Melle BLOCHETTE : Oh vous savez, entre maquiller un comédien ou repeindre un mur, il n’y a

pas beaucoup de différence. L’important, c’est d’avoir un bon coup de pinceau.

Mr PLEINLESFOUILLES : Et ce pot de peinture ?

Melle BLOCHETTE : C’est du fond de teint.

Mr PLEINLESFOUILLES : Et ça fait longtemps que vous êtes maquilleuse pour le cinéma ?

Melle BLOCHETTE : Environ cinq minutes.

Melle MACHINTRUC : Monsieur Pleinlesfouilles ? Je crois apercevoir madame Chpoulberg et

son assistante mademoiselle Monptit.

SCENE 3

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG

Mademoiselle Monptit entre.

Melle MONPTIT : Attention ! La divine, la sublime, la merveilleuse réalisatrice des plus beaux

films du cinéma mondial… Madame Gracilla Chpoulberg !!!!

Mademoiselle Monptit est la seule à applaudir. Gracilla Chpoulberg entre.

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CHPOULBERG : Merci, merci… Café, Monptit.

Mademoiselle Monptit sort et revient avec un gobelet.

CHPOULBERG : Alors, tout est prêt ?

Mr PLEINLESFOUILLES : L’équipe technique est là.

CHPOULBERG : Et les comédiens ?

Melle MACHINTRUC : Ils sont prêts, ils attendent à côté.

CHPOULBERG : Monptit, allez voir Johnny Deep et dite lui que je le recevrais après Brad.

Melle MACHINTRUC : Attendez, Brad Pit et Johnny Deep ont tous les deux refusé les rôles.

CHPOULBERG : Et pourquoi ça ?

Melle MACHINTRUC : On a oublié de les appeler. Et puis, ils ne sont pas aussi bons qu’on le

dit.

Mr PLEINLESFOUILLES : Par contre, on a récupéré des supers grands comédiens. Ecoutez

ça : Quimeu Gratouille, Sidnez Kicool, Bridjet Ski et Tom Hun.

Au moment où elle prononce le nom de Tom Hun toutes les filles poussent des petits cris de joie.

Mr PLEINLESFOUILLES : Tom Hun, ce n’est pas n’importe qui.

CHPOULBERG : Jamais entendu parler. Vous les connaissez Monptit ?

Melle MONPTIT : Mais vous savez bien madame Chpoulberg qu’à part vous je ne connais

personne. Mais moi à votre place je procéderai quand même à une petite audition, on ne sait

jamais sur qui on tombe.

CHPOULBERG : Vous avez raison Monptit.

Melle MACHINTRUC : Je vais vous chercher une comédienne.

Mademoiselle Machintruc sort.

SCENE 4

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG / BRIDJET

Mademoiselle Machintruc revient avec Bridjet Ski.

BRIDJET : Bonjour, bonjour mes amis… Non, non, restez assis… Sauriez-vous me dire où se

trouve ma loge ? Je me sens un peu lasse. Au fait, à quelle heure commence le tournage ?... Vous

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n’auriez pas vu mon imprésario. Il devrait être là… J’aimerai bien aussi une légère coupe de

Champagne pour me désaltérer, il fait si chaud et puis si…

Mr PLEINLESFOUILLES : Stop ! (À Machintruc) Va chercher un verre de flotte pour la pouf.

CHPOULBERG : Mademoiselle Bridjet Ski…

BRIDJET : Appelez-moi divine magnificence, c’est plus sympathique.

CHPOULBERG : C’est ça, tu peux te gratter. Bref, nous allons faire quelques essais techniques

pour voir si vous passez bien à l’écran.

BRIDJET : Evidemment que je passe bien à l’écran, je suis une star quand même.

Melle MACHINTRUC : Une star de quoi, votre CV est vide.

BRIDJET : Mais je suis la star des caissières des magasins Diadia.

CHPOULBERG : Bref. Je vous explique la scène : Vous vous promenez tranquillement dans la

forêt…

BRIDJET : Dans la quoi ?

CHPOULBERG : Dans la forêt… Mais si vous savez, le truc avec plein d’arbres.

BRIDJET : Ah oui, je vois ce que vous voulez dire.

CHPOULBERG : Donc vous vous promenez tranquillement dans la forêt et subitement…

BRIDJET : Qu’est-ce que je mettrai comme chaussures ? Parce que dans la forêt c’est très sale.

CHPOULBERG : On verra ça plus tard avec la costumière.

Melle BLOCHETTE : C’est moi la costumière !

CHPOULBERG : Plus tard j’ai dit !... Donc vous vous promenez tranquillement dans la forêt et

subitement vous voyez apparaître le monstre le plus horrible que vous ayez imaginé.

BRIDJET : Mais je n’ai pas d’imagination.

Melle MONPTIT : On s’en fout !... Tu te tais et t’écoutes !... Non mais sans blague, elle est

fatigante la star du jambon-coquillettes !

CHPOULBERG : Donc en voyant le monstre, vous vous mettez à crier.

BRIDJET : Mais comment je fais pour crier si je dois me taire ?

CHPOULBERG (à Monptit) : C’est malin !... Pour crier, c’est simple : vous arrêtez de vous

taire.

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BRIDJET : Ah d’accord… J’aime bien les films intellectuels.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bien, l’équipe technique, vous êtes prête ?

Melle BLOCHETTE : Est-ce que je lui mets un peu de fond de teint ?

Mr PLEINLESFOUILLES : D’accord, mais alors un tout petit peu.

Mademoiselle Blochette approche de Bridjet et lui donne un grand coup de brosse sur la figure.

Mr PLEINLESFOUILLES : J’ai dit un tout petit peu.

Melle BLOCHETTE : Ben quoi, je ne lui en ai mis que sur le visage.

CHPOULBERG : En place tout le monde. Monptit, vous nous ferez le monstre.

Mr PLEINLESFOUILLES : Machintruc, le clap.

Melle MACHINTRUC : D’accord, mais pas de coups de micro sur la tête.

Melle SOURDINGUE : Qu’est-ce que j’y peux si c’est lourd.

CHPOULBERG : Moteur !

Melle OKEDAC : Vroom, vroom, vroom, vroomvroom…

CHPOULBERG : Qu’est-ce que c’est que ça ?

Melle OKEDAC : C’est le bruit du moteur.

CHPOULBERG : Silencieux, le moteur, silencieux… Annonce !

Melle MACHINTRUC : Essais n° 1 de « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ».

CHPOULBERG : Action !!!!

Bridjet fait semblant de se promener dans la forêt. Mademoiselle Monptit imite le monstre et

s’approche d’elle.

Melle MONPTIT : Houarg, je suis le monstre !

BRIDJET (criant) : Hiiiiiiiiiiii !!!! Au secours un méchant monstre de cinq mètres de haut tout

poilus avec un masque blanc de hockey sur glace et des baskets roses veux me faire beaucoup de

mal et comme je…

Mr PLEINLESFOUILLES : Coupez ! Non mais ça va pas la tête ! On vous a seulement dit de

crier, pas de raconter votre vie.

BRIDJET : Je me suis dit que ça pouvait être sympa d’expliquer aux spectateurs ce que je

pouvais ressentir au plus profond de moi.

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Mr PLEINLESFOUILLES : Mais il s’en fout le spectateur, il s’en fout complètement !

Melle OKEDAC : Il faudrait refaire la prise, il y a la caméra qui s’est coincé.

Melle SOURDINGUE : Et moi, j’ai oublié de brancher le micro.

Mr PLEINLESFOUILLES : Sûrement pas !

BRIDJET : Sinon madame Chpoulberg, j’étais comment ?

CHPOULBERG : Votre interprétation est originale. Ça me rappelle le film que j’ai fait sur les

moules et les éponges. C’était très… profond… comme l’océan.

BRIDJET : Oh merci madame Chpoulberg, je suis vraiment très émouvue.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bon allez, on active.

CHPOULBERG : Elle a raison, pousse toi de là.

Mr PLEINLESFOUILLES : Activons, activons, que diable ! Le temps c’est de l’argent et de

l’argent j’en ai pas.

Melle MACHINTRUC : Allez, quand même un petit peu.

Mr PLEINLESFOUILLES : Taisez-vous ! Un peu de discrétion quand même ! Allez plutôt me

chercher les suivants.

Mademoiselle Machintruc sort.

SCENE 5

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG / BRIDJET / QUIMEU

Mademoiselle Machintruc revient avec Quimeu Gratouille.

QUIMEU : Bonjour, moi c’est Quimeu Gratouille.

CHPOULBERG (claquant des doigts) : Machintruc, CV ! Monptit, explications !

Melle MONPTIT : Nous allons faire un essai sur les pleurs.

QUIMEU : Chouette ! Pleurer, c’est ma passion.

CHPOULBERG : Quelqu’un a l’heure ?

QUIMEU : Moi j’ai l’heure ! Donner l’heure aux gens, c’est ma passion… Il est 17 h 62.

Mr PLEINLESFOUILLES : Vous aimez l’argent ?

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QUIMEU : Oh oui ! L’argent, c’est ma passion.

Melle MACHINTRUC : Et faire le ménage ?

QUIMEU : Oh oui ! Faire le ménage, c’est aussi ma passion.

Melle MONPTIT : Et cirer mes chaussures ?

QUIMEU : Oh oui ! Cirer les chaussures, c’est ma passion.

CHPOULBERG : En somme tout vous passionne. Vous êtes prête à tous les

compromissionnements pour devenir une star.

QUIMEU : Oh oui ! La passion, c’est ma passion. Quand je me passionne pour quelque chose de

passionnant, je suis vachement passionnée. Moi je crois qu’il faut de la passion pour se

passionner pour des choses qui sont passionnantes, parce que sans passion on ne peut pas se

passionner pour quelque chose qui vous passionne et réciproquement bien sûr.

Melle BLOCHETTE : Ça y est, on a une intello dans l’équipe.

Melle OKEDAC : Moi, j’ai rien compris.

Melle SOURDINGUE : Vous pouvez répéter ?

QUIMEU : Je disais que la passion…

Melle SOURDINGUE : Non, non, c’était une blague.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bien, assez perdu de temps… Activons !

CHPOULBERG : Je vais maintenant vous expliquer la chienne.

QUIMEU : Chouette ! Un film sur les animaux. Vous savez que les chiens, c’est ma passion.

CHPOULBERG : Pourquoi me parlez-vous de chiens ?

Melle MONPTIT : Excusez-moi, mais vous lui avez dit que vous vouliez lui expliquer la

chienne.

CHPOULBERG : Mais enfin Monptit, ça ne veut rien dire. Ne soyez pas stupide… Bref, tu es

Roberta et tu te promènes dans la forêt au bras de Brian ton fiancé qui t’annonce qu’il ne t’aime

plus et qu’il aime Francesca. Et c’est là, que tu pousses un petit cri de surprise et que tu fonds en

larmes. Tu as bien compris ?

QUIMEU : Oh oui ! Comprendre, c’est ma passion.

CHPOULBERG : En place tout le monde. Monptit, Brian c’est vous

Mr PLEINLESFOUILLES : Machintruc, le clap.

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CHPOULBERG : Moteur ! Annonce !

Melle MACHINTRUC : Essais n° 2 de « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ».

CHPOULBERG : Action !!!!

Quimeu et Monptit font semblant de se promener dans la forêt.

Melle MONPTIT : Roberta, je ne t’aime plus ! C’est Francesca, ta meilleure amie que j’aime

maintenant.

QUIMEU : Ho !!!! Ouingggggggggggg !

CHPOULBERG : Coupez !

Quimeu continue de pleurer.

Melle MONPTIT : Ça y est, c’est terminé.

QUIMEU : J’aimais tellement Brian.

Melle MONPTIT : Non, mais c’est du cinéma,… C’est pas vrai,… C’est pour de faux… On fait

semblant.

QUIMEU : Oui mais quand même, j’aimais tellement Brian.

Mr PLEINLESFOUILLES : Allez, on ne traîne pas.

CHPOULBERG : Vous avez raison, qui avez-vous prévu pour la scène romantique ?

Melle MACHINTRUC : Sidnez Kicool et Tom Hun.

Au moment où elle prononce le nom de Tom Hun toutes les personnes poussent des petits cris de

joie.

CHPOULBERG : Et bien allez les chercher enfin !

Mademoiselle Machintruc sort.

SCENE 6

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG / BRIDJET / QUIMEU / SIDNEZ / TOM

Mademoiselle Machintruc revient avec Tom Hun et Sidnez Kicool. Lorsque Tom entre, toutes les

filles se jettent sur lui en criant son prénom.

BRIDJET : Qu’est-ce qu’il est beau !

QUIMEU : On dirait le petit frère de Brad Pit.

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BRIDJET : Et de Leonardo Di Caprio.

CHPOULBERG : Mon petit Tom, je lis dans votre CV que vous avez participé à la première

Starloose Academy.

TOM : Non s’il vous plait, ne me parlez plus jamais de la Starloose Academy, j’ai trop souffert.

On m’a accusé du meurtre d’Emilio alors que j’étais aussi innocent qu’un petit bébé qui sort du

ventre de sa gentille maman…

QUIMEU : Qu’est-ce c’est beau. Je suis toute émotionnée.

BRIDJET : Tom, vous êtes un vrai pouette.

Melle MONPTIT : C’est vrai, c’est beau comme du Charles Badelaine.

TOM : Et depuis cette triste affaire, je ne suis plus le même homme que j’étais avant, je ne suis

plus Dédé. Maintenant, je suis Tom Hun.

Au moment où il prononce le nom de Tom Hun toutes les filles poussent des petits cris de joie.

CHPOULBERG : Bon, et votre autre comédienne, que fait-elle ?

SIDNEZ : Et alors et moi ! Qu’est-ce que je suis ?... Une éponge, un pot de fleurs ?

CHPOULBERG : Quelqu’un a parlé ?

Melle OKEDAC : On aurait dit que ça venait de par là.

Melle SOURDINGUE : Moi, j’ai entendu du bruit tout prêt du portemanteau.

SIDNEZ : Mais je ne suis pas un portemanteau, c’est moi Sidney Kicool.

Melle BLOCHETTE : Mon Dieu, un portemanteau qui parle !

BRIDJET : Au secours ! Un affreux portemanteau sauvage en liberté !

QUIMEU : Il a sûrement dévoré la pauvre Sidney.

Mr PLEINLESFOUILLES : Surtout, vous restez calme, ne le provoquez pas.

Melle MONPTIT : Si vous ne bougez pas, il ne vous mordra pas.

SIDNEZ : Mais enfin, c’est moi Sidney… Je suis la comédienne Sydney Kicool…

Melle BLOCHETTE : Regardez, il y a quelque chose qui gesticule à côté du portemanteau.

Melle MACHINTRUC : C’est sûrement les restes du repas de cet horrible portemanteau.

Melle OKEDAC : Mais non, c’est vrai elle a raison. Il y a une toute petite chose qui gesticule.

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BRIDJET : Oh quelle horreur ! Mais qu’est-ce que cela peut-il bien être ?

TOM : C’est bizarre, c’est presque transparent. Il faut vraiment se concentrer pour la voir.

Melle MACHINTRUC : Ne serait-ce pas là une forme primaire de protozoaire amibien ?

Melle MONPTIT : Moi je pencherais plutôt pour un rhizopode locomoteur à tentacules

unicellulaire.

CHPOULBERG : Vous ni connaissez rien : c’est un brachiopode marin à coquille bivalve.

SIDNEZ : Mais enfin puisque je vous dis que je suis Sidney Kicool.

Mr PLEINLESFOUILLES : À enfin vous voilà, ça fait un quart d’heure qu’on vous attend !

SIDNEZ : Mais je…

CHPOULBERG : Vous croyez qu’on a que ça à faire de vous attendre !

SIDNEZ : Mais enfin…

CHPOULBERG : Taisez-vous et écoutez-moi ! Nous allons faire les essais de la scène

romantique…

TOM : On m’avait dit que c’était un film d’épouvante qu’on allait tourner, pas un péplum de la

Rome antique.

CHPOULBERG : Pour les détails techniques, vous verrez avec mon assistante… Pour cette

scène romantique, Sidnez, tu seras… Sidnez ? Sidnez ! Où est-elle encore passée celle-là ?

SIDNEZ : Je suis là.

CHPOULBERG : Ah te voilà ! Bon Sidnez, tu seras Brian et toi Tom, tu seras Francesca.

TOM : Ça ne serait pas l’inverse plutôt ?

CHPOULBERG : Qui c’est la réalisatrice ici ! Il y a des milliers de comédiens qui attendent

d’avoir ce rôle. Même Brad Pit… Donc vous dansez la valse autour du feu de camp et toi tu lui

annonces que tu l’aimes et que tu viens de quitter Roberta.

SIDNEZ : Où est le feu ?

CHPOULBERG : Monptit ! Le feu.

Monptit vient au centre de la scène et imite le feu.

CHPOULBERG : Moteur ! Annonce ! Action !!!! Coupez !!!!!... Alors c’était comment ?

Melle MONPTIT : Un petit trop rapide. Il faudrait la refaire.

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CHPOULBERG : D’accord, en place !... Moteur ! Annonce !

Melle MACHINTRUC : Essais n° 3 de « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ».

CHPOULBERG : Action !!!!

Sidnez et Tom dansent une valse autour du feu.

SIDNEZ : Francesca ?

TOM : Ouais ! Quoi ? Qu’est-ce t’as ?

SIDNEZ : Il faut que je t’avoue quelque chose, Francesca.

TOM : Ben quoi ! Vas-y allonge !

SIDNEZ : J’ai quitté Roberta, c’est toi que j’aime maintenant.

TOM : C’est moi que t’aime ?

SIDNEZ : Oui, c’est toi que j’aime.

TOM : Et pourquoi moi ?

SIDNEZ : Parce que.

TOM : Parce que quoi ?

SIDNEZ : Parce que parce que.

TOM : Parce que parce que quoi ?

CHPOULBERG : Coupez !!!!

QUIMEU (applaudissant) : Bravo ! Bravo !

BRIDJET : Quels magnifiques dialogues !

Melle SOURDINGUE : On sentait de l’émotion dans leur voix.

Melle BLOCHETTE : Ils sont tellement beaux et gracieux.

Melle OKEDAC : J’en ai presque les larmes aux yeux.

Mr PLEINLESFOUILLES : Je me demande si c’est bien judicieux de faire pleurer les gens

avec un film d’épouvante.

CHPOULBERG : Au contraire, c’est super novateur comme concept. Les spectateurs vont enfin

pour la première fois pleurer de peur.

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Mr PLEINLESFOUILLES : Oui, mais bon…

Melle MONPTIT : Et ça devrait faire un carton au box-office.

Mr PLEINLESFOUILLES : Ah bon !? Alors allons-y faisons pleurer ! Je compte sur vous pour

que ça chiale dans tous les coins et plus ça chialera plus ça me fera de pognon.

Melle OKEDAC : Et des augmentations.

Mr PLEINLESFOUILLES : Je vous en prie, ne soyez pas malpoli, j’ai horreur de la vulgarité !

(À Machintruc) Qui avons-nous prévu pour être la victime du monstre ?

Melle MACHINTRUC : La star de la chaussette.

CHPOULBERG : Non, vous avez réussi à convaincre Sou Paslognon de faire mon grand chef-

d’œuvre.

Mr PLEINLESFOUILLES : Je suis très persuasif quand je veux. Allez la chercher Machintruc.

Mademoiselle Machintruc sort.

SCENE 7

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG / BRIDJET / QUIMEU / SIDNEZ / TOM / SOU

Mademoiselle Machintruc revient avec Sou Paslognon. Chpoulberg se précipite sur elle pour lui

serrer la main.

CHPOULBERG : Merci chère amie, je suis ravie de partager cette aventure avec vous. Depuis

que je vous ai vu dans ce spot publicitaire sur les chaussettes en poils de nez, je rêve de travailler

avec vous.

SOU : Vous êtes qui ?

CHPOULBERG (s’étranglant) : Comment ?... Vous… Vous ne savez pas qui je suis ?

SOU : Ben non.

Melle MONPTIT : Mais regardez, vous êtes en présence de la divine et merveilleuse Gracilla

Chpoulberg.

SOU : Qui ça ?

CHPOULBERG : Laissez tomber… Vous avez accepté de jouer la victime du monstre sadique

et sanguinaire…

SOU : Ah bon !?

CHPOULBERG : Combien de fois êtes-vous morte ?

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SOU : Combien de fois quoi ?

Melle MONPTIT : Madame Chpoulberg voudrait savoir si vous avez l’habitude de mourir au

cinéma.

SOU : Je ne me souviens pas, ça fait longtemps que je ne suis pas allée au cinéma.

CHPOULBERG (parlant lentement) : Bien, je vais tenter de vous expliquer la scène pour

laquelle vous êtes venue faire des essais.

SOU : Des essais ?

CHPOULBERG (parlant lentement) : C’est cela. Alors vous êtes dans la forêt…

SOU : Non.

CHPOULBERG : Quoi non ?

SOU : Je ne suis pas dans la forêt.

CHPOULBERG (essayant de se calmer) : Bien. Alors vous êtes où vous voulez… et vous faites

ce que vous voulez… Subitement un monstre surgit…

SOU : Un quoi ?

CHPOULBERG (essayant d’expliquer calmement) : Un monstre… Alors un monstre c’est

comme une… Ça sert à… C’est mon assistante… (Désignant Monptit) Voilà ! Un monstre, c’est

ça !

SOU : Ah oui, je comprends.

Melle MONPTIT : Et bien merci, c’est flatteur.

CHPOULBERG : Ne compliquez pas les choses s’il vous plait !... (Essayant de se calmer) Bon !

Vous êtes où vous voulez… et vous faites ce que vous voulez… Subitement mon assistante surgit

et vous tue…

SOU : Vous-tu ? Vous pouvez me tutoyer si vous voulez.

CHPOULBERG : Non mais… Elle… elle tue vous !

SOU : Elle aussi peut me tutoyer.

CHPOULBERG (hurlant) : Elle… elle vous zigouille ! Voilà ce qu’elle fait mon assistante et

moi aussi je vais vous zigouiller si vous continuer à me casser les pieds !!!

Melle MONPTIT : Calmez-vous, ça va aller.

CHPOULBERG (au bord de la dépression) : J’ai pourtant l’impression d’être clair non ?

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Melle MONPTIT : Mais oui, bien sûr.

CHPOULBERG (calmement) : Bon ben alors, on va la tourner.

SOU : Ah non, je ne veux pas qu’on me tourne !

TOUTES : La ferme !!!!

Mr PLEINLESFOUILLES : Allez, tout le monde en place !

CHPOULBERG : Et vous n’oubliez pas Monptit de la faire mourir dans d’atroces souffrances.

CHPOULBERG : Moteur ! Annonce !

Melle MACHINTRUC : Essais n° 4 de « L’affaire Ringscaryblairscream II le retour ».

CHPOULBERG : Action !!!!

Sou fait ce qu’elle veut dans ce qu’elle veut. Mademoiselle Monptit imite le monstre et

s’approche d’elle.

Melle MONPTIT : Houarg, je suis le monstre ! Et je vais t’étrangler !

Mademoiselle Monptit commence à étrangler Sou.

Melle MONPTIT (imitant le monstre) : Fallait pas venir ici, je vous avais prévenu.

Après un instant Sou ne bouge plus. Monptit le monstre se relève et repart. Sou relève

brusquement la tête.

SOU : Même pas mal le monstre ! Même pas mal !

Monptit se jette sur Sou et recommence à l’étrangler. Après un instant Sou ne bouge plus.

Monptit le monstre se relève et repart. Sou relève brusquement la tête.

SOU : T’es moche le monstre, je suis pas mourru !

CHPOULBERG : Coupez !!!!... Mais enfin pourquoi, vous ne voulez pas mourir ?

SOU : C’est pour rajouter un peu de suspense et une petite touche d’humour.

CHPOULBERG (discrètement à Pleinlesfouilles) : On a quelqu’un d’autre à par elle ?

Mr PLEINLESFOUILLES : Non, désolé.

CHPOULBERG (à Pleinlesfouilles) : Est-ce que j’aurais le droit de la zigouiller après le

tournage.

Mr PLEINLESFOUILLES : Surtout, vous n’hésitez pas. Non seulement ça me fera une

comédienne de moins à payer mais en plus ça fera une énorme pub pour le film. J’imagine déjà

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les gros titres des journaux : « pendant le tournage d’un chef-d’œuvre, une célèbre réalisatrice

assassine la star de la chaussette. » C’est une très bonne idée que vous avez là.

CHPOULBERG : Merci… Bien, y’a-t-il des questions ?

TOM : On pourrait avoir les scénarios ?

BRIDJET : Ah bon, il y a des scènes qui vont se tourner au Brésil ?

Mr PLEINLESFOUILLES : Mais absolument pas, pourquoi dîtes-vous cela ?

BRIDJET : Il a dit qu’il y avait des scènes à Rio. Rio, ce n’est pas une ville du Brésil ?

Mr PLEINLESFOUILLES : Machintruc, les scénarios.

BRIDJET : Ben quoi, j’ai dit une bêtise ?

Machintruc sort une série de Post-it et commence à les distribuer aux participants en les leur

collant sur le front.

Melle OKEDAC : C’est tout !

Mr PLEINLESFOUILLES : Une bonne histoire est une histoire courte. Et une histoire courte

est une histoire pas chère.

Melle MACHINTRUC : Comme c’est beau ce que vous venez de dire.

Mr PLEINLESFOUILLES : Merci, je sais. C’est venu comme ça, naturellement.

SOU : Comment fait-on pour les lire ?

Melle MACHINTRUC : Vous avez deux possibilités : soit vous vous regardez dans un miroir,

soit vous regardez le front de votre partenaire.

SIDNEZ : Et ben, ça va être pratique !

CHPOULBERG : Votre attention s’il vous plait. Maintenant que les essais sont terminés et que

vous avez vos scénarios, je vous donne rendez-vous ici demain matin pour le début du tournage.

Tout le monde sort en papotant. Noir.

SCENE 8

PLEINLESFOUILLES / MACHINTRUC / BLOCHETTE / SOURDINGUE / OKEDAC /

MONPTIT / CHPOULBERG

Le lendemain matin. Scpoulberg entre en se tenant le ventre de douleur. Elle est suivie par

Mademoiselle Monptit.

CHPOULBERG : Qu’est-ce que j’ai mal au ventre. Je n’aurais pas dû manger 28 douzaines

d’huîtres.

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Melle MONPTIT : Moi, à votre place, 336 huîtres bleues et jaunes fluo, je ne sais pas si j’aurais

tenté l’expérience.

CHPOULBERG : Ecoutez, je ne crois pas pouvoir assurer tout le tournage ce matin. Vous allez

devoir me remplacer à chaque fois que je serais aux toilettes. D’accord ?

Melle MONPTIT : Oh ce sera un honneur, madame Chpoulberg.

CHPOULBERG : Hou la la ! Hou la la !! Je ne me sens pas bien. Monptit, commencez sans

moi.

Chpoulberg sort en courant et en se tenant le ventre. L’instant d’après, l’équipe technique arrive.

Melle SOURDINGUE : Nous désirons parler à madame Chpoulberg.

Melle MONPTIT : Elle s’est absentée pour la matinée. C’est moi qui la remplace. Qu’est-ce que

vous voulez ?

Melle BLOCHETTE : Nous avons décidé de nous mettre en grève.

Melle MONPTIT : Et pourquoi ça ?

Melle OKEDAC : Comme ça, pour embêter tout le monde.

Melle BLOCHETTE : Oui, comme il fait beau aujourd’hui, on s’est dit qu’on pourrait faire un

peu de shopping en ville.

Melle SOURDINGUE : Moi, j’ai vu un petit ensemble de toute beauté et pas cher en plus.

Melle OKEDAC : À quelle heure on a pris rendez-vous chez le coiffeur ?

Melle MONPTIT : Vous vous moquez de moi ?

Melle OKEDAC : Evidemment. Pourquoi voulez qu’on fasse grève si ce n’est pas pour nos

revendications salariales ?

Melle SOURDINGUE : Nous voulons être augmentées toutes les trois, sinon pas de tournage.

Melle MONPTIT : Quoi ? Vous voulez saboter mon film ?

Melle BLOCHETTE : Si nos revendications n’aboutissent pas, il n’y aura pas de film.

Monsieur Pleinlesfouilles entre suivie par Mademoiselle Machintruc.

Mr PLEINLESFOUILLES : Alors, tout se passe bien ?

Melle BLOCHETTE : Nous avons décidé…

Melle MONPTIT (marchant sur le pied de Blochette) : Pas de problème, tout va bien.

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Melle MACHINTRUC : Où est madame Chpoulberg ?

Melle MONPTIT : Elle revient dans une minute, elle avait une course urgente à faire.

Mr PLEINLESFOUILLES : Bien, bien… Au fait si vous avez besoin de quelque chose pour le

tournage, n’hésitez pas à ne pas m’appeler.

Melle MACHINTRUC : Ou si vous préférez, si vous n’avez besoin de rien, n’hésitez pas à le

demander.

Mr PLEINLESFOUILLES : Au fait, je voulais vous dire : s’il y a le moindre problème pendant

ce tournage, je vous en tiendrais personnellement responsable et je veillerais à ce que plus jamais

vous ne mettiez les pieds sur un plateau de cinéma. Est-ce claire ?

Melle MACHINTRUC : Bon tournage.

Monsieur Pleinlesfouilles sort suivie par Mademoiselle Machintruc.

Melle BLOCHETTE : Vous savez que vous m’avez écrasé le pied… Maintenant, j’exige des

excuses… Sinon, je serais obligé d’aller voir monsieur Pleinlesfouilles pour lui dire que...

Melle MONPTIT (à regret) : D’accord, excusez-moi.

Melle BLOCHETTE : Excusez-moi mon chien ?

Melle MONPTIT (à regret) : Excusez-moi, mademoiselle Blochette.

Melle BLOCHETTE : Ne vous excusez pas mon petit, ce n’est rien.

Melle SOURDINGUE : Je pourrais avoir un petit café ?

Melle OKEDAC : Vous pourriez me faire un petit massage, j’ai le dos un peu raide ?

Melle MONPTIT : D’accord, vous êtes augmentées.

Melle OKEDAC : De combien ?

Melle MONPTIT : Je demanderais à monsieur Pleinlesfouilles de multiplier votre salaire par

dix.

Melle OKEDAC : Dix, c’est pas mal.

Melle SOURDINGUE : Moi, j’aimerais bien une voiture de fonction avec chauffeur.

Melle BLOCHETTE : Et moi, quelque chose d’un peu moins cradingue que le trou à rats qui

nous sert d’hôtel.

Melle MONPTIT : D’accord, tous ce que vous voulez mais taisez-vous.

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Melle OKEDAC : Vous pouvez me signer ce petit papier.

Melle MONPTIT : Qu’est-ce que c’est ?

Melle OKEDAC : Une simple assurance.

Melle MONPTIT : Vous ne me faites pas confiance.

Melle OKEDAC : Mais pas du tout. Simplement j’ai la mémoire un peu défaillante ces temps-ci.

C’est fou comme j’oublie tout.

Melle MONPTIT : Escrocs !

Melle SOURDINGUE : Enfin un mot gentil.

Melle OKEDAC : Signez ou dites adieu au cinéma.

Mademoiselle Monptit signe à contrecœur. Elle aperçoit les comédiens.

Melle MONPTIT : Si vous dites un seul mot concernant cette affaire aux comédiens, je vous

étrangle.

Melle SOURDINGUE : Nous serons muettes comme des tombes.

Melle OKEDAC : D’ailleurs en attendant le début du tournage, nous allons aller faire une petite

sieste.

Melle BLOCHETTE : Vous pouvez nous garder notre matériel, vous serez gentille.

Melle MONPTIT (ironique) : Mais avec plaisir.

L’équipe technique dépose son matériel et sort.

SCENE 9

MONPTIT / BRIDJET / QUIMEU / SIDNEZ / TOM / SOU / BLOCHETTE

Bridjet entre en courant.

BRIDJET : Au secours ! Au secours !

Elle vient se cacher derrière Mademoiselle Monptit.

Melle MONPTIT : Qu’est-ce qui se passe ?

BRIDJET : Un gros monstre me poursuit pour me faire du mal.

Melle MONPTIT : Mais enfin…

BRIDJET : C’était une blague.

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Melle MONPTIT : Très drôle.

BRIDJET : Je parie que vous y avez cru.

Melle MONPTIT : J’ai été complètement bluffée.

BRIDJET : Faut dire que je me suis entraînée toute la nuit à avoir peur.

Melle MONPTIT : Très impressionnant.

Les autres comédiens entrent.

SOU : Vous n’auriez pas vu Sidnez ?

QUIMEU : Ça fait une heure qu’on la cherche.

SIDNEZ : Mais je suis là. Ça commence à devenir lassant à la longue.

TOM : Il faudrait que tu trouves un truc pour qu’on ne t’oublie pas.

SIDNEZ : Et quoi comme genre de truc ?

TOM : Je ne sais pas moi… Une cloche ou une sirène.

SIDNEZ : Tu me vois avec une cloche autour du cou.

TOM : Ben non, je ne te vois pas, c’est pour ça que je te dis de te mettre une cloche.

SIDNEZ : Mais avec une cloche, j’aurais l’air d’une vache.

TOM : Ben non, t’auras l’air d’une cloche puisqu’on ne te voit pas.

BRIDJET : C’est bien compliqué tout ça.

SIDNEZ : Et pourquoi est-ce que je ne pourrais pas me mettre une rose autour du cou ? Ça serait

plus joli et plus flatteur qu’une cloche.

TOM : Tu as déjà vu une rose sonner ?

Melle MONPTIT : Excusez-moi d’interrompre cette passionnante discussion, mais on pourrait

peut-être se mettre au travail.

QUIMEU : Madame Chpoulberg n’est pas là ?

Melle MONPTIT : Elle se sent légèrement indisposée et elle m’a demandé de commencer sans

elle.

SOU : On commence par tourner quelles scènes ?

Melle MONPTIT : On va d’abord tourner la scène du slip enragé.

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QUIMEU : Je ne me souviens pas d’avoir lu cette scène dans le scénario.

TOM : Tu as de la chance, moi je ne me souviens pas d’avoir réussi à lire le scénario.

SIDNEZ : Mais si, la scène du slip enragé se situe entre l’attaque des carottes fantômes et le vol

des brosses à dents magiques.

SOU : Toi qui as réussi à lire le scénario, raconte-nous donc cette fameuse scène du slip enragé.

SIDNEZ : Nous nous promenons dans la forêt maudite avec nos sacs à dos pour faire du

camping. Roberta vient de se casser un ongle et fait une crise de nerf en se roulant par terre. En

attendant que ça se passe, on décide de jouer à cache-cache. Brusquement, on entend au loin

raisonner les hurlements d’un slip enragé. Les hurlements se rapprochent de nous. On décide de

fuir. Mais Francesca tombe et se foule le pied. Comme il est trop tard, on l’abandonne. Il se fait

dévorer par le slip enragé dans d’atroces souffrances. Comme, il n’est pas content d’avoir été

abandonné par ses copines, Francesca décide de se transformer en monstre avec un slip sur le

visage et de faire payer leur lâcheté à ses amies.

QUIMEU : Mais c’est terrifiant.

BRIDJET : Au fait, qui va jouer le rôle du slip enragé ?

Melle MONPTIT : Je ne sais pas, on ne me l’a pas dit.

BRIDJET : Moi, je vous verrai bien dans le rôle du slip. Hier, vous m’avez vraiment fait peur

quand on a fait les essais. Faut dire aussi que vous avez le physique de l’emploi.

Melle MONPTIT : C’est gentil, je vous remercie.

TOM : Je pourrais voir le slip que j’aurai sur la tête, si c’était possible.

Melle MONPTIT : Mademoiselle Blochette !... Vous pouvez venir s’il vous plait ?

Mademoiselle Blochette entre en baillant.

Melle BLOCHETTE : C’est pourquoi Monptit ?

Melle MONPTIT : Excusez-moi de vous déranger, mais pourriez-vous montrer le masque-slip à

Tom ?

Melle BLOCHETTE : Allez chercher mon vanity, il est là-bas. Et faites attention, il est très

fragile.

Melle MONPTIT : Dites donc, je ne suis pas votre boniche !

Melle BLOCHETTE : Je me demande où est Monsieur Pleinlesfouilles ?

Melle MONPTIT : Bon d’accord, j’y vais.

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Mademoiselle Monptit sort pendant que Chpoulberg entre toute pimpante de l’autre côté.

CHPOULBERG : Eh bien, ça va mieux. Rien de tel qu’une bonne bou… heu… Enfin vous

voyez ce que je veux dire ?

QUIMEU : Non, pas vraiment. Expliquez-nous.

CHPOULBERG : Mais si. Quand vous avez très mal au ventre, il suffit d’aller aux…

QUIMEU : Aux quoi ?

CHPOULBERG : Aux toilettes !… Et puis, pfuitt… disparu.

QUIMEU : Disparu quoi ?

CHPOULBERG : Le mal de ventre ! Vous êtes constipée du cerveau ou quoi ?...

QUIMEU : Constipée du quoi ?

CHPOULBERG : Laissez tomber.

QUIMEU (cherchant autour d’elle) : J’ai laissé tomber quelque chose !

CHPOULBERG : Bref ! Maintenant que je n’ai plus mal au ventre, nous allons pouvoir

commencer le tour…

Subitement, Chpoulberg se tient la gorge et commence à étouffer.

QUIMEU : Le tour de France !

CHPOULBERG (étouffant) : … le tour…

SOU : Le tour Eiffel !

BRIDJET : On dit la tour Eiffel.

CHPOULBERG (étouffant) : … le tour…

TOM : Le tour de taille !

SIDNEZ : Le tour de cochon !

Melle BLOCHETTE : Le tour du pâté de maisons !

Chpoulberg tombe raide morte.

SIDNEZ : Moi, je donne ma langue au chat.

SOU : Moi, aussi.

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BRIDJET : C’est bon, vous pouvez nous donner la solution.

Monsieur Pleinlesfouilles entre suivie par Mademoiselle Machintruc.

Mr PLEINLESFOUILLES : Qu’est-ce que vous faites ?

BRIDJET : On joue aux devinettes

Mr PLEINLESFOUILLES : Et madame Chpoulberg, qu’est-ce qu’elle fait par terre ?

SOU : On ne sait pas, on ne lui a pas demandé.

Melle BLOCHETTE : Peut-être qu’elle a perdu une lentille de contact.

Melle MACHINTRUC : Elle est morte.

TOUS : Quoi !?

Melle MACHINTRUC : Oui, morte empoissonnée.

Mr PLEINLESFOUILLES : Vous voulez dire empoisonnée ?

Melle MACHINTRUC : Non, non, empoissonnée. Elle a une arête de poisson coincée dans la

gorge.

Mr PLEINLESFOUILLES : Mais, il n’y a pas d’arêtes dans les huîtres.

Melle BLOCHETTE : Alors ça veut dire qu’on l’a assassiné !?

Mr PLEINLESFOUILLES : Mais qui pourrait vouloir sa mort ?

Mademoiselle Monptit revient avec le slip à la main.

Melle MONPTIT : Ça y est, j’ai trouvé le slip !... Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme

ça ?

Entre alors, Mesdemoiselles Sourdingue et Okédac.

Mr PLEINLESFOUILLES : Madame Chpoulberg est morte.

Melle MONPTIT : Mais ce n’est pas grave, je suis là !… Mais oui, je peux très bien la

remplacer !… Ecoutez, je connais le scénario par cœur, je sais exactement comment filmer les

scènes… Sans moi, elle ne savait rien faire, c’est moi qui lui soufflais tout à l’oreille… Je peux

tout faire toute seule… Confiez-moi les rennes de ce tournage, vous ne le regretterez pas… Je

ferais de vous une productrice multimilliardaire.

Mr PLEINLESFOUILLES : J’avoue que c’est tentant… Mais seriez-vous prêt à travailler

gratuitement pour moi ?

Melle MONPTIT : Toute ma vie s’il le faut.

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Mr PLEINLESFOUILLES : Marché conclu !

Melle MACHINTRUC : Et qu’est-ce qu’on fait de madame Chpoulberg ?

Mr PLEINLESFOUILLES : De qui ?

Melle MACHINTRUC : Du machin par terre.

Mr PLEINLESFOUILLES : Laissez ça ici, le service de nettoyage s’en occupera…

Melle MACHINTRUC : J’ai une idée à vous soumettre. Pourquoi ne pas utiliser le cadavre de

madame schpoulberg pour notre film ?

Mr PLEINLESFOUILLES : Mais c’est une très bonne idée ! Comme ça, Tom n’a plus besoin

de mourir.

TOM : Et c’est elle qui mettra le slip sur la tête. Ça sera encore plus réaliste.

Melle MONPTIT : Vous, on ne vous a rien demandé. Vous êtes comédien, pas idéaste… Et

pourquoi ce ne serait pas elle qui mettrait le slip sur sa tête. Ça serait encore plus réaliste.

Mr PLEINLESFOUILLES (à Chpoulberg) : Gracilla ?... Ça ne vous dérange pas de faire le

rôle de la victime ?... (Aux autres) Elle est d’accord.

Melle SOURDINGUE : J’ai rien entendu.

Mr PLEINLESFOUILLES : C’est normal, vous êtes Sourdingue. Et puis, pas besoin de mots

entre nous. On se connaît depuis longtemps… Bien, nous allons vous laisser commencer le

tournage. Vous venez Machintruc, j’ai un golf qui m’attend.

Melle MACHINTRUC : Encore, c’est déjà le 8e depuis ce matin.

Mr PLEINLESFOUILLES : Quand on aime, on ne compte pas.

Melle MACHINTRUC : C’est nouveau ça.

Monsieur Pleinlesfouilles sort suivie par Mademoiselle Machintruc.

Melle MONPTIT : En place tout le monde ! On commence !

Melle SOURDINGUE : Non.

Melle MONPTIT : Comment non ?

Melle SOURDINGUE : Nous, on commence rien du tout.

Melle OKEDAC : Vous, vous commencez, pas nous.

Melle MONPTIT : Qu’est-ce que ça veut dire ?

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Melle OKEDAC : Ça veut dire que vous allez prendre la caméra et la perche et que vous le ferez

toute seule votre tournage.

Melle SOURDINGUE : Nous, on ne travaille pas avec des meurtrières.

Melle MONPTIT : Mais je ne l’ai pas tué, vous n’avez qu’à lui demandé !... Vous n’allez quand

même pas m’abandonnez à l’aube de la gloire ?

Melle BLOCHETTE : Ne comptez pas sur moi pour maquiller une morte.

Melle MONPTIT : D’accord, allez-vous-en, bande d’ingrates ! De toute manière, je n’ai besoin

de personne pour réaliser mon merveilleux chef-d’œuvre. Et ne venez pas pleurer dans mes

chaussures quand vous vous apercevrez que je suis devenue une immense vedette. Parce le travail

se sera tintin ! Vous pourrez vous brosser !!

Melle OKEDAC : Et ben dit donc, elle est remontée l’assistante.

Melle BLOCHETTE : Ce n’est pas l’amabilité qui va l’étouffer, celle-là.

Melle SOURDINGUE : C’est bien fait pour elle, ça lui fera les pieds ! Bon, moi j’en ai marre, je

me tire.

Melle OKEDAC : Tu as raison, allons prendre quelques vacances.

Melle BLOCHETTE : On vous laisse le matériel, on ne sait jamais.

Mesdemoiselles Sourdingue, Blochette et Okédac sortent.

Melle MONPTIT : C’est ça, bon vent ! Et ne revenez jamais !!... (Se retournant vers les

comédiens) Qu’est-ce que vous avez à me regarder, vous !?

TOM : Qu’est-ce que je fais moi, maintenant que madame Chpoulberg joue mon rôle ?

Melle MONPTIT : Vous savez chanter ?

TOM : A peu près comme une casserole.

Melle MONPTIT : Vous savez danser ?

TOM : Aussi bien qu’un éléphant.

Melle MONPTIT : Faire la cuisine ? Tricoter ? Tondre la pelouse ?

TOM : Non, je ne sais rien faire de tout ça.

Melle MONPTIT (hurlant) : Alors, tu te casses !!! Pauvre tache débile !!!!

TOM (menaçant) : Vous pouvez répéter ce que vous venez de dire ?

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Melle MONPTIT : Non, je voulais… enfin ce n’est pas… j’essayais de vous faire comprendre

que…

TOM (menaçant) : De me faire comprendre quoi ?

Melle MONPTIT : Que… Que j’allais réécrire votre personnage pour en faire un premier rôle.

TOM : Je préfère ça.

SOU : Et pourquoi il aurait le premier rôle et pas moi ?

BRIDJET : C’est vrai elle a raison. En plus, on ne peut pas vraiment dire qu’il nous subjugue par

son talent.

TOM : Qu’est-ce que tu insinues ?

QUIMEU : Elle veut tout simplement te dire que tu as autant de talent et de charisme qu’une

brosse à chiotte.

TOUS : Oh !!

TOM : Quoi !? Mais elle m’insulte, la morue desséchée !

TOUS : Oh !!

QUIMEU (criant) : Moi, une morue !?… Tas de bouses !!

TOUS : Oh !!

TOM (criant) : Fiente de caniche !!

TOUS : Oh !!

QUIMEU (criant) : Endive pourrie !!!

TOUS : Oh !!

TOM (criant) : Petite crotte de nez purulente !!!

TOUS : Oh !!

QUIMEU (criant) : Vieille raclure de bidet !!!

TOUS : Oh !!

TOM (criant) : Moisissure puante de serpillière !!!!

TOUS : Oh !!

QUIMEU (criant) : Vomissure dégoulinante de fond de poubelle !!!!

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TOUS : Oh !!

TOM (hésitant) : Heu !... Méchante !...

TOUS : Hou !!

TOM (hésitant) : Non, heu !... Pas belle !...

TOUS : Hou !!

TOM (hésitant) : Bon d’accord, tu as gagné…

QUIMEU : On veut tous des premiers rôles, sinon on s’en va.

Melle MONPTIT : Mais, je n’aurais jamais le temps de réécrire tous les rôles.

BRIDJET : Dans ce cas-là, nous reviendrons quand vous aurez terminé.

SOU : N’hésitez pas à contacter nos agents, ils se feront un plaisir de renégocier nos cachets avec

la production.

SIDNEZ : J’ai été charmé de travailler avec vous. Vous avez du talent mon petit, vous irez loin.

QUIMEU : C’est tellement rare de nos jours de travailler avec de vrais professionnels

compétents.

BRIDJET : Compétent, tu l’écris en un ou deux mots… Mais non, je rigole… Vous n’êtes pas

compétente, vous êtes nulle et prétentieuse. Au plaisir !

TOM : Vous voulez un conseil, changez de parfum. Le poireau-pomme de terre ne vous va pas

du tout. Tchao !

Tous les comédiens sortent en riant.

Melle MONPTIT : Mais attendez, on peut trouver un… (Effondrée) Mais ce n’est pas possible,

si près du but… (Pleurnicharde) Madame Chpoulberg, qu’est-ce que je peux faire ?

CHPOULBERG : Tu te débrouilles !

Melle MONPTIT : Comment !?

CHPOULBERG : J’ai dit : tu te débrouilles !

Melle MONPTIT (terrifiée) : Madame Chpoulberg, vous n’êtes pas…

CHPOULBERG (se levant) : Morte ? Bien sûr que si ! Qu’est-ce que vous croyez ? Que je

m’amuse à dormir par terre devant tout le monde. Ah la la Monptit, vous n’êtes vraiment pas très

dégourdie. En tout cas, une chose est sûre, c’est qu’en fantôme, la vie est quand même moins

difficile… C’est drôle ce que je viens de dire, non ?... Je dirais même plus : c’est à mourir de

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rire… Ouaff ouaff !!! Qu’est-ce que je suis spirituelle !... Je suis un esprit spirituel… Bon allez, je

vous laisse à vos mortelles occupations, je dois aller hanter un cinéma. Au plaisir de vous revoir

mon petit.

Madame Chpoulberg sort. De l’autre côté, entre monsieur Pleinlesfouilles suivie par

mademoiselle Machintruc.

Mr PLEINLESFOUILLES : Qu’est-ce qui se passe ici ?

Melle MACHINTRUC : Ou plutôt, qu’est-ce qui ne se passe pas ?

Mr PLEINLESFOUILLES : Où sont les comédiens et l’équipe technique ? Et madame

Chpoulberg ?

Melle MONPTIT (pétrifiée) : Greu.

Melle MACHINTRUC : Pardon !

Melle MONPTIT (pétrifiée) : Greu.

Melle MACHINTRUC : Greu ? Qu’est-ce que ça veut dire ça : greu ?

Melle MONPTIT (pétrifiée) : Greu.

Melle MACHINTRUC : J’aime bien discuter avec vous, c’est très enrichissant.

Mr PLEINLESFOUILLES : Ça suffit ! Mademoiselle Monptit ! Pouvez-vous m’expliquez ce

bazar ?

Melle MONPTIT (en faisant plein de gestes désordonnés) : La carotte a éternuée dans le potage

et le crocodile préfère des tournevis à son petit-déjeuner. Mais Jupiter et Mars font une partie de

tennis dans la salle de bain de mon cerveau. Ce qui n’empêche pas les cacahuètes de chanter la

Marseillaise dans un avion en papier. Il y a aussi le mouchoir de la comtesse qui veut épouser une

orange et faire du toboggan sur la Tour Eiffel. Voilà, greu.

Mr PLEINLESFOUILLES : Eh bien voilà ! Vous voyez que vous pouvez donner des

explications claires et précises quand vous vous en donnez la peine.

Melle MACHINTRUC : Qu’est-ce qu’elle a dit ?

Mr PLEINLESFOUILLES : C’est assez simple quand même. Elle a dit que l’équipe technique

et les comédiens se sont barrés et qu’elle a vu un fantôme.

Melle MACHINTRUC : Ce n’est pas très bon pour le film tout ça !

Mr PLEINLESFOUILLES : Au contraire ! Vous vous rendez compte des économies qu’on va

faire. Avec les bouts d’essais gratuits qu’on a déjà fait, plus la folle qu’on va pouvoir aussi

utiliser gratuitement. Il suffit juste de tourner quelques scènes et le tour est joué. Allez, on se met

en place ! Machintruc, vous vous occupez du son, de l’image et du maquillage…

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Melle MACHINTRUC : Attendez, je n’ai que deux mains.

Mr PLEINLESFOUILLES : Pardon !?

Melle MACHINTRUC : Non, je voulais dire : quel honneur de travailler avec vous sur ce chef-

d’œuvre.

Mr PLEINLESFOUILLES : Ne vous inquiétez pas, nous en ferons beaucoup encore…

Silence !... Moteur !... Annonce !...

Noir.

FIN