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Le traitement chirurgical de l’e ´pilepsie pharmaco-re ´sistante The surgery treatment of pharmacoresistant epilepsy A. Bennani a * ,b,1 , S. Wisniewski b,2 , L. Beretz b,3 , S. Chassagnon c,4 a Service pharmacie, ho ˆpital de Hautepierre, 1, avenue Molie `re, 67098 Strasbourg, France b Service pharmacie-ste ´rilisation, ho ˆpitaux universitaires de Strasbourg, 67098 Strasbourg, France c Service de neurologie, ho ˆpitaux universitaires de Strasbourg, 67098 Strasbourg, France Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Summary Objective. Surgery is the last option to reduce or cure the seizures of patients with medically intractable epilepsy. The aim of this study was to evaluate the characteristics and the outcomes of the patients who had undergone epilepsy surgery in our hospital, between 2003 and 2008. Methodology. Retrospective study. We estimated the cost associa- ted with use of the stereoelectroencephalography (SEEG) electrodes. Results. A total of 104 patients was included. Mean age at surgery was 34 years (range: 10–70 years) and the mean duration of epilepsy before surgery was 21 years (range: 3–56 years). Patients had a temporal lobe epilepsy in 80% of the cases that was mainly treated by a temporal resection (72%). Most of the patients (60%) were seizure- free after surgery (class I of Engel) and 62% of the patients went back to their professional activity or school environment. Long-lasting complications were observed in 26% of the patients and were mostly slight. No death was reported. Discussion/Conclusion. Two types of medical devices are used for epilepsy surgery: vagus nerve stimulation (8900 s, covered apart the disease-related group rate) and the SEEG (covered by the disease- related group rate). The use of SEEG electrodes for epilepsy surgery began in 2004 in our establishment. The mean number of SEEG electrodes used per patient undergoing epilepsy surgery was 11 (range, 8 to 15) for a cost of 4284 s. This represented 58% of the disease-related group rate (7418 s). Finally, according to this study, Re ´sume ´ Objectif. Le traitement chirurgical de l’e ´pilepsie pharmacore ´sis- tante constitue le dernier recours vers la re ´ duction, voire la gue ´rison totale de l’e ´pilepsie. Les objectifs de ce travail e ´taient, d’une part, d’e ´tudier les diffe ´rents profils et les complications postope ´ratoires des patients pris en charge dans notre e ´tablissement et d’autre part d’estimer le cou ˆt des explorations par les e ´lectrodes de ste ´re ´o- e ´lectroence ´phalographie (SEEG). Me ´thode. Une e ´tude re ´trospective a e ´te ´ mene ´e sur les patients ope ´re ´s entre 2003 et 2008 et suivis par le service de neurologie. Re ´sultats. Au total, 104 dossiers me ´dicaux ont e ´te ´ analyse ´s. La moyenne d’a ˆge des patients lors de l’intervention e ´tait de 34 ans (extre ˆmes : 10–70 ans) et la dure ´e moyenne de l’e ´pilepsie avant l’ope ´ration de 21 ans (extre ˆmes : 3–56 ans). Dans 80 % des cas, l’e ´pilepsie rencontre ´e e ´tait de type temporal, principalement traite ´e par une re ´section temporale (72 %). Un an apre `s la chirurgie, 60 % des patients e ´taient libres de crises (classe I d’Engel), 62 % des patients ont pu reprendre leur activite ´ professionnelle ou scolaire et 26 % des patients avaient des complications postope ´ratoires per- manentes, mineures et attendues chez la majorite ´ d’entre eux ; aucun de ´ce `s n’a e ´te ´ rapporte ´. Discussion/Conclusion. Deux types de dispositifs me ´dicaux exi- stent pour la prise en charge de la chirurgie de l’e ´pilepsie : la stimulation du nerf vague gauche (8900 s pris en charge en sus des prestations d’hospitalisation) et les e ´ lectrodes de SEEG en pre ´alable * Auteur correspondant. e-mail : [email protected] 1 Interne en pharmacie. 2 Pharmacien, praticien hospitalier. 3 Pharmacien chef de service, praticien hospitalier. 4 Me ´decin neurologue, praticien hospitalier. Rec ¸u le : 22 mai 2009 Accepte ´ le : 12 janvier 2010 Article original 14 0768-9179/$ - see front matter ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. 10.1016/j.phhp.2010.01.006 Le Pharmacien hospitalier 2010;45:14-19

Le traitement chirurgical de l’épilepsie pharmaco-résistante

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Page 1: Le traitement chirurgical de l’épilepsie pharmaco-résistante

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Le traitement chirurgical de l’epilepsiepharmaco-resistante

The surgery treatment of pharmacoresistant epilepsy

A. Bennania*,b,1, S. Wisniewskib,2, L. Beretzb,3, S. Chassagnonc,4

a Service pharmacie, hopital de Hautepierre, 1, avenue Moliere, 67098 Strasbourg, Franceb Service pharmacie-sterilisation, hopitaux universitaires de Strasbourg, 67098 Strasbourg,Francec Service de neurologie, hopitaux universitaires de Strasbourg, 67098 Strasbourg, France

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

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Recu le :22 mai 2009Accepte le :12 janvier 2010

Article original

SummaryObjective. Surgery is the last option to reduce or cure the seizures

of patients with medically intractable epilepsy. The aim of this study

was to evaluate the characteristics and the outcomes of the patients

who had undergone epilepsy surgery in our hospital, between

2003 and 2008.

Methodology. Retrospective study. We estimated the cost associa-

ted with use of the stereoelectroencephalography (SEEG) electrodes.

Results. A total of 104 patients was included. Mean age at surgery

was 34 years (range: 10–70 years) and the mean duration of epilepsy

before surgery was 21 years (range: 3–56 years). Patients had a

temporal lobe epilepsy in 80% of the cases that was mainly treated by

a temporal resection (72%). Most of the patients (60%) were seizure-

free after surgery (class I of Engel) and 62% of the patients went back

to their professional activity or school environment. Long-lasting

complications were observed in 26% of the patients and were mostly

slight. No death was reported.

Discussion/Conclusion. Two types of medical devices are used for

epilepsy surgery: vagus nerve stimulation (8900 s, covered apart the

disease-related group rate) and the SEEG (covered by the disease-

related group rate). The use of SEEG electrodes for epilepsy surgery

began in 2004 in our establishment. The mean number of SEEG

electrodes used per patient undergoing epilepsy surgery was 11

(range, 8 to 15) for a cost of 4284 s. This represented 58% of the

disease-related group rate (7418 s). Finally, according to this study,

* Auteur correspondant.e-mail : [email protected] Interne en pharmacie.2 Pharmacien, praticien hospitalier.3 Pharmacien chef de service, praticien hospitalier.4 Medecin neurologue, praticien hospitalier.

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0768-9179/$ - see front matter � 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.10.1016/j.phhp.2010.01.006 Le Pharmacien hospitalier 2010;45:14-19

ResumeObjectif. Le traitement chirurgical de l’epilepsie pharmacoresis-

tante constitue le dernier recours vers la reduction, voire la guerison

totale de l’epilepsie. Les objectifs de ce travail etaient, d’une part,

d’etudier les differents profils et les complications postoperatoires

des patients pris en charge dans notre etablissement et d’autre part

d’estimer le cout des explorations par les electrodes de stereo-

electroencephalographie (SEEG).

Methode. Une etude retrospective a ete menee sur les patients

operes entre 2003 et 2008 et suivis par le service de neurologie.

Resultats. Au total, 104 dossiers medicaux ont ete analyses. La

moyenne d’age des patients lors de l’intervention etait de 34 ans

(extremes : 10–70 ans) et la duree moyenne de l’epilepsie avant

l’operation de 21 ans (extremes : 3–56 ans). Dans 80 % des cas,

l’epilepsie rencontree etait de type temporal, principalement traitee

par une resection temporale (72 %). Un an apres la chirurgie, 60 %

des patients etaient libres de crises (classe I d’Engel), 62 % des

patients ont pu reprendre leur activite professionnelle ou scolaire et

26 % des patients avaient des complications postoperatoires per-

manentes, mineures et attendues chez la majorite d’entre eux ; aucun

deces n’a ete rapporte.

Discussion/Conclusion. Deux types de dispositifs medicaux exi-

stent pour la prise en charge de la chirurgie de l’epilepsie : la

stimulation du nerf vague gauche (8900 s pris en charge en sus des

prestations d’hospitalisation) et les electrodes de SEEG en prealable

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Le traitement chirurgical de l’epilepsi pharmacoresistante

Keywords: Epilepsy surgery, Pharmacoresistant epilepsy, Surgicalcomplications, Cost effectiveness, Stereoelectroencephalographyelectrodes

Mots cles : Chirurgie de l’epilepsie, Epilepsie pharmacoresistante,Complications postoperatoires, Cout-efficacite, Electrodes de stereo-electroencephalographie

Introduction

Environ 30 % des epilepsies focales sont refractaires auxtraitements medicamenteux actuels. Les epilepsies pharma-coresistantes (EPR) se definissent par la persistance de crisesde nature epileptique certaine, suffisamment frequentes et/ou deleteres, malgre la prise reguliere, depuis au moins deuxans, d’un medicament antiepileptique a priori correctementprescrit, chez un patient compliant [1]. Deux approches chi-rurgicales existent : la stimulation du nerf vague gauche(SNVG) et la chirurgie conventionnelle ou classique (palliativeou curative). Dans l’approche chirurgicale conventionnelle,on distingue la chirurgie dite curative ou d’exerese (lobecto-mie, cortectomie, lesionectomie avec ou sans cortectomie)dont l’objectif est de guerir l’epilepsie en supprimant le ou lesfoyers epileptogenes et la chirurgie palliative (hemisphero-tomie, callosotomie), proposee en cas de non-eligibilite pourla chirurgie curative, et qui a pour objectif de diminuer lafrequence ou la gravite de certaines crises en interrompantcertaines connections. Quant a elle, la stimulation vagale estun traitement adjuvant de l’epilepsie base sur la stimulationelectrique du nerf vague et qui necessite l’implantationchirurgicale du materiel de stimulation. Les dispositifs medi-caux utilises dans la stimulation vagale sont a facturer en susdes prestations d’hospitalisation. L’operabilite d’un patientest definie sur la base des informations issues de la video-EEGde surface, l’evaluation neuropsychologique et l’imageriecerebrale. L’utilisation d’electrodes profondes intracerebra-les de stereo-electroencephalographie (SEEG) est retenue siles investigations prealables n’ont pas permis de demontrerla topographie et l’etendue de la zone epileptogene. Lesobjectifs de ce travail etaient d’etudier les differents profilsdes patients pris en charge pour une EPR dans notre eta-blissement, d’evaluer les complications postoperatoires de laserie et d’estimer le cout moyen des dispositifs medicaux

utilises dans les explorations par SEEG dans la mesure ou cescouts ne sont pas pris en charge en sus des prestationsd’hospitalisation.

Patients et methode

L’enquete realisee dans le service de neurologie de l’etablis-sement chez tous les patients (adultes et enfants) pris encharge (chirurgie conventionnelle ou stimulation vagale) pourune EPR entre janvier 2003 et avril 2008 s’est terminee en avril2009 avec le recueil des dernieres donnees de suivi a un an.Nous avons elabore une fiche de recueil des donnees, qui a etevalidee par l’equipe medicale du service de neurologie. Lerecueil et l’analyse des donnees de l’enquete ont ete realises,par l’interne en pharmacie, apres consultation des dossiersmedicaux informatises et enregistres dans le programme demedicalisation des systemes d’information (PMSI-MCO) del’etablissement. Les parametres etudies comprenaient : age,sexe, type d’epilepsie, nombre de crises avant/apres la chi-rurgie, medicaments utilises, technique chirurgicaleemployee, benefice objective de la chirurgie et les complica-tions postoperatoires observees un an apres la chirurgie(tableau I).Parmi les techniques chirurgicales utilisees, les actes diag-nostiques (implantation d’electrodes pour enregistrementvideo-stereo-EEG) ont ete differencies des actes therapeuti-ques (lobectomie, cortectomie, hemispherotomie, lesionecto-mie et stimulation vagale).Le benefice de la chirurgie de l’epilepsie a ete evalue selon laclassification de Engel qui quantifie le niveau de controle descrises epileptiques en postoperatoire de la maniere suivante :patients libres de crises (classe I), avec des crises diminuees deplus de 90 % (classe II) ou de plus de 50 % (classe III) ou avecpeu ou pas de changements sur la frequence de crises (classeIV) [2].

the surgical therapy for pharmacoresistant epilepsy may present a

significant clinical benefit. However, the cost-effectiveness of

conventional epilepsy surgery using SEEG electrodes should be

examined in the long term.

� 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

possible a la chirurgie conventionnelle. Ayant debutee dans notre

etablissement en 2004, l’utilisation des electrodes de SEEG pour la

chirurgie de l’epilepsie necessite en moyenne 11 electrodes (de 8–

15 electrodes) pour un cout moyen de 4284 s par patient. Ces

electrodes representent 58 % du tarif moyen des groupes homogenes

de sejours (GHS) retrouves chez les patients (7418 s). Selon notre

etude, la chirurgie de l’epilepsie semble presenter un benefice

clinique important. Neanmoins, le rapport cout–efficacite de la

chirurgie conventionnelle de l’epilepsie post-SEEG doit etre reeva-

lue a long terme pour en confirmer l’interet.

� 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

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A. Bennani et al. Le Pharmacien hospitalier 2010;45:14-19

Tableau ICriteres etudies.Collected data.Patient

Age (lors de l’intervention) SexeHistoire de la pathologie

Type d’epilepsieAge de la 1re crise d’epilepsieNombre moyen de crises (par mois)Duree de l’epilepsie avant l’operationType de traitement medicamenteux utilise

Traitement chirurgical de la pathologieType de chirurgie utiliseeTechnique chirurgicale utiliseeType de materiels implantes

Benefice de la chirurgie apres 1 anClassification de EngelType de traitement medicamenteux utilise (si necessaire)Impact sur la vie active (activite professionnelle, etudes)

Effets secondaires observes apres 1 anType des complications chirurgicalesType des complications neurologiques

Figure 1. Types d’epilepsie (n = 104).Types of epilepsy.

Cout des explorations stereo-electroencephalographiques (SEEG)Ces explorations necessitent l’utilisation d’un nombrevariable d’electrodes d’un patient a l’autre en fonction del’etendue de la zone epileptogene prealablement suspecteegrace aux investigations non invasives. Le cout moyen deselectrodes chez les patients operes apres une evaluation par lamethode SEEG a ete calcule en tenant compte du nombred’electrodes et du nombre de contacts par electrode utiliseespour chaque patient.Pour les annees 2004 a 2008, le tarif des groupes homogenesde sejour (GHS) consideres a ete fourni par le departement del’information medicale de l’etablissement. Le tarif moyen duGHS dans notre etablissement a ete estime en realisant lamoyenne des couts des GHS dans lesquels se situaient lespatients precedemment identifies.

Resultats

Patients

Au total, les dossiers medicaux de 104 patients ont eteanalyses. Les caracteristiques des patients operes etaientles suivantes : 55 hommes et 49 femmes (sex-ratio H/F = 1,12) dont 95 adultes et neuf enfants ; un age moyen al’intervention de 34 ans (extremes : 10–70 ans) et un delaimoyen entre le debut des crises et le traitement chirurgical de21 ans (extremes : 3–56 ans).La figure 1 montre les principaux types d’epilepsie rencontreschez les patients operes.

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La mediane d’age de la premiere crise d’epilepsie etait dequatre ans (extremes : 8 mois et 7 ans) chez les enfants et de12 ans (extremes : 6 mois et 48 ans) chez les adultes. Lenombre moyen mensuel des crises d’epilepsie avant l’inter-vention chirurgicale etait de 21 (extremes : 2 et 60) chez lesenfants et de neuf (extremes : 1 et 60) chez les adultes.

Traitement medicamenteux

Les differentes strategies therapeutiques d’antiepileptiques(AE) utilises avant l’intervention chirurgicale se repartissaientpour les 104 patients entre 11 % pour la monotherapie, 44 %pour la bitherapie et 45 % pour la tritherapie. Les AE detroisieme generation etaient les plus utilises enpolytherapie : levetiracetam (n = 45), topiramate (n = 36),oxcarbamazepine (n = 34) et lamotrigine (n = 30). En mono-therapie, la carbamazepine etait le medicament le plus utilise(n = 7).

Actes diagnostiques avec implantation de dispositifsmedicaux implantablesParmi les 104 patients etudies, 18 ont beneficie d’une SNVG et86 ont ete operes.Parmi les 86 patients operes, seuls 23 (27 %) ont beneficied’une exploration par SEEG comportant en moyenne 11 electro-des (de huit a 15 electrodes) et cinq a 15 contacts par electrode.

Traitement chirurgical de l’epilepsieLes techniques chirurgicales conventionnelles ci-dessous ontete appliquees.

Techniques a visee curative

La lobectomie temporale (72 %, n = 75) qui consiste enl’ablation du lobe temporal anterieur incluant l’amygdale,l’hippocampe et le cortex cerebral. On parle aussi d’amygda-lohippocampectomie et lobectomie temporale anterieure.La cortectomie extratemporale (5 %, n = 5) qui consiste en laresection du cortex epileptogene extratemporal.La lesionectomie (4 %, n = 4) qui consiste en l’ablation d’unelesion cerebrale (cavernome, hamartome, malformationcorticale. . .).

Page 4: Le traitement chirurgical de l’épilepsie pharmaco-résistante

Le traitement chirurgical de l’epilepsi pharmacoresistante

Tableau IITypes de complications post-chirurgie conventionnelle (n = 86).Postoperative complications.Technique chirurgicale Complications postoperatoiresA/L temporale (n = 75) Cephalees (n = 30)a

Quadranopsie (n = 12)b

Hallucinations visuelles (n = 8)a

Syndrome depressif (n = 7)b

Troubles de l’humeur (n = 3)a

Douleurs cicatricielles (n = 3)a

Meningite aseptique (n = 3)a

Ischemie focale par spasmearteriel (n = 1)b

Lesionectomie (n = 4) Troubles de l’humeur (n = 2)a

Cephalees (n = 1)a

Cortectomie (n = 5) Troubles de l’humeur (n = 2)a

Quadranopsie (n = 1)b

Ischemie focale par spasmearteriel (n = 1)b

Stimulation corticale (n = 1) Cephaleesa

Hemispherotomie (n = 1) Meningite aseptiquea

a Complication transitoire.b Complication permanente.

Techniques a visee palliative

L’hemispherotomie (1 %, n = 1) qui consiste en la deconnexiontotale de l’hemisphere epileptique en laissant en place savascularisation. Cette technique est parfois curative.La stimulation corticale (1 %, n = 1) qui consiste a induire unedepotentialisation (ou depression) a long terme du reseauepileptogene en recrutant des mecanismes d’inhibition endo-genes, via l’application d’un stimulus bref a basse frequence.

Stimulation vagale

La stimulation vagale (17 %, n = 18) dont le principe consiste enla stimulation intermittente du nerf vague a partir d’unstimulateur implante dans la region sous-claviculaire gauche.Elle est a visee palliative.Au total, 81 % des patients dans notre etablissement ontbeneficie d’une prise en charge a visee curative et 19 % a viseepalliative.

Benefice de la chirurgie apres un an

Selon la classification de Engel, au total, 60 % (n = 62/104) despatients ayant beneficie d’une chirurgie conventionnelle oud’une stimulation vagale etaient libres de crises (classe I) enpostoperatoire (fig. 2).

Traitement medicamenteux apres la chirurgie/stimulation vagaleLes resultats concernant le traitement medicamenteux AEpostoperatoire ont montre que 25 % des 104 patients sui-vaient une monotherapie, 32 % une bitherapie, 35 % unetritherapie et 8 % aucun traitement antiepileptique. La poly-therapie concernait 89 % (n = 92/104) des patients avant lachirurgie/stimulation alors qu’elle tombait a 67 % (n = 70/104) un an apres, (p < 0,001 ; a = 0,05).

Effet psychosocialTous types de prises en charge confondus (chirurgie ou sti-mulation vagale), 62 % des patients ont ete satisfaits de lachirurgie puisqu’ils ont pu reprendre leur activite profession-nelle ou scolaire un an apres l’intervention.

Effets indesirables de la chirurgie apres un an

Pour les 18 patients stimules, les effets indesirables (dyspho-nie, toux) dus a la stimulation vagale ont ete constates chezdix d’entre eux (55 %). Ces effets n’ont cependant pas ete

Figure 2. Classification de Engel (n = 104).Engel classification.

inclus dans les complications de la prise en charge. Ils depen-dent fortement de l’intensite de la stimulation, variable d’unpatient a l’autre.Parmi les 86 patients operes par chirurgie conventionnellependant la periode d’etude, 54 patients ont eu des effetsindesirables transitoires (32 cephalees, huit hallucinationsvisuelles, sept troubles de l’humeur, quatre meningites asep-tiques et trois douleurs cicatricielles) et 22 patients ont eu descomplications permanentes (13 quadranopsies, trois syndro-mes depressifs et deux ischemies focales par spasme arteriel).Vingt-huit patients avaient plusieurs complications et dixpatients n’ont eu aucune complication pendant la periodepostoperatoire. Les complications postoperatoires sont repre-sentees en fonction de la technique chirurgicale utilisee dansle (tableau II).La principale complication permanente observee etait la qua-dranopsie superieure controlaterale au lobe temporal opere,pour laquelle les patients avaient ete prevenus avant l’inter-vention. Cette amputation mineure du champ visueln’entraıne habituellement aucune gene dans la vie quoti-dienne. Exceptionnellement, deux patients ont souffertd’une ischemie focale par spasme arteriel, responsabled’une hemiplegie chez l’un, d’une hemianopsie chez l’autre.

Cout des explorations stereo-electroencephalographiques (SEEG)L’evaluation prechirurgicale par SEEG pour la chirurgie del’epilepsie n’a ete utilisee qu’a partir de 2004, chez desadultes. Le cout moyen des electrodes de SEEG etait de

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A. Bennani et al. Le Pharmacien hospitalier 2010;45:14-19

4284 s par patient. Le cout des explorations SEEG etait inclusdans le GHS correspondant au libelle « craniotomies en dehorsde tout traumatisme, age superieur a 17 ans sans CMA » dontle tarif differait d’une annee a l’autre (8880 s en 2004 ;7396 s en 2005 ; 6695 s en 2006 ; 7072 s en 2007 et 6844 sen 2008).En tenant compte de l’annee d’exploration SEEG par patient,le tarif moyen des GHS etait de 7418 s.Les electrodes SEEG representaient 58 % du tarif moyen desGHS retrouves chez les patients operes.

Discussion

Notre etude etant retrospective, il n’etait pas toujours aise deretrouver certaines informations dans les dossiers medicauxdes patients. Neanmoins, elle a permis, d’une part, d’etudierles differents profils et les complications postoperatoires despatients pris en charge pour EPR dans notre etablissementpuis de comparer ces resultats a ceux retrouves dans lalitterature et d’autre part, d’estimer la proportion du coutdes dispositifs medicaux utilises dans les explorations SEEGdans notre etablissement par rapport au tarif de rembourse-ment du groupe homogene de malades (GHM) considere.Selon cette etude, notre serie de patients etait composeeessentiellement d’adultes avec un « sex-ratio » avoisinant un.La majorite des patients operes (80 %) souffrait d’epilepsie dulobe temporal, principalement traitee par une resection tem-porale (72 %), ce qui est en accord avec les donnees de lalitterature [3,4].Un an apres l’operation chirurgicale (chirurgie ou stimula-tion), le benefice apparaissait clairement puisque les resultatsde cette analyse ont montre que 60 % (n = 62/104) despatients etaient libres de crises (classe I). Ce resultat estcomparable a celui observe (compris entre 48 et 84 %) dansplusieurs etudes de la litterature [5–8]. Les complicationspost-chirurgie conventionnelle restent majoritairement tran-sitoires (65 %, n = 54/86) et aucun deces n’a ete rapporte enperioperatoire ou suite aux complications de la chirurgie. Anoter que le pourcentage de patients (14 %, n = 13/86) ayanteu une quadranopsie, la complication majoritaire des compli-cations permanentes, etait beaucoup plus faible que celuiretrouve dans la litterature (50 %) [9]. Cela etait du possi-blement a la technique operatoire du chirurgien, qui lui apermis d’epargner les radiations optiques. En revanche, selondes etudes publiees, le taux de mortalite des patients libres decrises apres la chirurgie approche celui de la populationgenerale [10,11]. En effet, la chirurgie de l’epilepsie annulele risque de surmortalite par mort subite d’origine inexpliqueedans l’epilepsie (appelee sudden unexpected death in epilepsy(SUDEP) constatee chez les patients pharmacoresistants [12].Par ailleurs, meme si l’evaluation prechirurgicale par deselectrodes intracerebrales de SEEG s’avere parfois necessaire,elle reste reservee aux cas ou les explorations non invasives

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n’ont pas permis de conclure en evaluant le rapport benefice/risque de l’implantation d’electrodes.Le cout des electrodes SEEG est important puisqu’il representeune grande part (58 %) du tarif moyen des GHS en depit desautres prestations prises en charge dans les GHS.Enfin, le benefice de la chirurgie/stimulation ressort de cetteetude du fait de l’amelioration de la qualite de vie de lamajorite des patients operes/stimules, puisque 62 % d’entreeux ont repris leur activite professionnelle ou scolaire apresl’operation. De plus, une etude prospective francaise, a evaluele rapport cout-efficacite de la chirurgie de l’epilepsie encomparant l’evolution avant et apres chirurgie entre deuxgroupes de patients (bras medical et bras chirurgical) ; a longterme, la chirurgie devient cout-efficace entre sept et huit ansapres l’intervention [13].

Conclusion

La chirurgie de l’epilepsie est le seul espoir vers la guerison despatients souffrant d’epilepsie pharmacoresistante. Lespatients operes dans notre etablissement comprennentessentiellement des adultes avec des proportions compara-bles entre hommes et femmes. En outre, l’enquete meneedans notre etablissement confirme, comme dans d’autresetudes publiees, que la resection temporale est majoritaire-ment utilisee. Dans notre serie, le pourcentage eleve despatients libres de crises apres la chirurgie/stimulation indiqueque celles-ci ont ete efficaces pour des patients prealable-ment selectionnes. Parfois, cela peut necessiter l’utilisationd’electrodes de SEEG pour les cas ou les explorations noninvasives n’ont pas permis d’identifier clairement la zoneepileptogene. Ces explorations ont un cout certain et ellesne sont pas prises en charge en sus des prestations d’hospi-talisation. Par ailleurs, les complications postoperatoires sontmajoritairement transitoires et la qualite de vie des patients aete bien amelioree dans notre serie.Selon notre etude, la chirurgie de l’epilepsie semble presenterun benefice clinique important. Neanmoins, le rapport cout-efficacite de la chirurgie conventionnelle de l’epilepsie post-SEEG doit etre reevalue a long terme pour en confirmerl’interet.

Conflit d’interet

Aucun.

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