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PROJET SYSTÈME INGENIERIE Le viaduc de Garabit SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » 2 octobre 2014 Patrice SCHMITT

Le viaduc de Garabit · Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » Le franchissement de la Truyère constituait l’obstacle majeur à

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PROJET SYSTÈME INGENIERIE

Le viaduc de Garabit SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

2 octobre 2014

Patrice SCHMITT

Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » 1

Un viaduc à Garabit ? A l’origine : une folle ambition

2 octobre 2014

Patrice SCHMITT

Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Le franchissement de la Truyère constituait

l’obstacle majeur à la construction d’une ligne

de chemin de fer Béziers – Neussargues.

La solution consistant à descendre dans la

vallée était peu performante.

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A l’origine : une folle ambition

Pourquoi, dans ces conditions, ne pas franchir la

Truyère au moyen d’un ouvrage d’art haut,

permettant d’éviter de descendre des plateaux ?

C’est Léon Boyer (1851 – 1886), ingénieur des Ponts

et Chaussées, qui développa cette thèse et esquissa

un viaduc en arche métallique, de 160 m de portée,

culminant à 120 m au-dessus de la rivière.

L’administration valida l’avant-projet le 14 juin 1879.

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Conception et construction Un défi technique… maîtrisé

2 octobre 2014

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Les principaux problèmes posés par la solution en viaduc :

- les piles en maçonnerie de grande hauteur sont chères

- la stabilité au vent des grands ouvrages métalliques est

problématique (plusieurs accidents recensés à cette époque)

- la construction d’une structure métallique suppose le transport jusqu’au

site d’éléments préfabriqués en usine

L. Boyer va cependant oser son projet en s’inspirant de deux références

récentes, qui révèlent le potentiel des nouvelles techniques :

- le viaduc de Maria Pia, construit par Gustave Eiffel sur le Douro à Porto

(portée de 160 m, flèche de 37,5 m)

- les 4 viaducs de la ligne Commentry - Gannat, avec piles et tabliers

métalliques, construits en 1868 – 1869 : Sioule, Neuvial, Bouble, Belon

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Un défi technique… maîtrisé

2 octobre 2014

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Le projet du viaduc de Garabit, n’est donc pas en rupture technologique

par rapport à ses prédécesseurs.

L. Boyer écrit : « Le viaduc de Garabit a été établi avec des éléments

connus que l’on s’est efforcé d’améliorer ».

Cependant il s’en démarque par :

- la concentration sur le même projet de plusieurs innovations récentes

- des dimensions exceptionnelles (arc de 165 m de portée et culminant à

122 m au-dessus de la Truyère)

La piètre accessibilité du site constitue une difficulté supplémentaire.

Le pari est donc très audacieux, sur les plans technique et financier.

Il devient réalité, quand l’administration signe un contrat en gré-à-gré

avec l’entreprise Eiffel de Levallois-Perret pour sa construction.

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Un défi technique… maîtrisé

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

L’entreprise qui relève le défi est dirigée par

Gustave Eiffel, dont elle porte le nom.

L’homme est un entrepreneur illustre et un

redoutable homme d’affaire.

Il s’appuie sur les talents d’un jeune ingénieur

alsacien, Maurice Koechlin, formé à Zürich, qui

met au point la conception technique de l’ouvrage.

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Un défi technique… maîtrisé

Le 16 août 1880 est remis le projet définitif.

Il s’agit d’un document exceptionnel de clarté, avec des

planches graphiques d’une grande qualité, qui présentent

les détails de l’ouvrage, les calculs justificatifs, les

méthodes constructives et le phasage de réalisation.

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Le mémoire

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Un défi technique… maîtrisé

Partie centrale – (planche n°4)

Naissance de

l’arc (planche

n°4, détails)

Tablier Marvejols – épure des efforts tranchants (planche n°7,

détails)

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Quelques données techniques :

- 6 ans de travaux

- 565 m de long

- 3 248 t de métal

- 678 768 rivets

- 51 000 m2 de peinture

- 20 370 m3 de maçonnerie

- coût : 3 400 000 F

- flèche de l’arc : 8 mm sous l’effet

du train d’essai de 405 t

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Un défi technique… maîtrisé

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Construction des embases en maçonnerie Construction des piles métalliques Assemblage des tabliers sur les plateformes 1er lançage des tabliers Assemblage de l’arc en encorbellement et haubanage Assemblage des pilettes 2ème lançage des tabliers

Une méthode de construction astucieuse et complexe :

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Un défi technique… maîtrisé

Clavage de l’arc

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » 10

Un défi technique… maîtrisé

Quelques photos de la construction :

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » 11

Un défi technique… maîtrisé

Au final : une collaboration

efficace entre l’entreprise et

l’administration

Un chantier rondement mené :

- respect des délais

- respect des coûts

- aucun ennui technique majeur

- peu d’accidents

Le chantier fit croître

considérablement la réputation

de l’entreprise Eiffel, et créa les

conditions favorables à

l’émergence d’un fameux projet

de tour à Paris …

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120 ans d’existence Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

La ligne a été inaugurée le 10 novembre 1888 puis électrifiée en 1932.

Depuis, le viaduc a permis le passage de nombreux trains :

trafic local voyageurs / trafic grandes lignes / trafic fret

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Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

Sur l’ouvrage, la

pose de voie est

directe sur traverses

et longrines en bois

(sans ballast).

Il en résulte une

transmission directe

et agressive des

charges dans la

structure.

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Depuis sa construction, les charges d’exploitation ont beaucoup

augmenté :

L’ouvrage a été dimensionné en fonction d’un modèle de charge constitué

d’un train de locomotives :

Pmax = 14,4 t

q = 4,8 t/m

L’ouvrage est aujourd’hui apte à recevoir des circulations D4 :

Pmax = 22,5 t

q = 8,0 t/m

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1,5 1,51,81,8 4,65

22,5 t 22,5 t 22,5 t 22,5 t

13,6 t 13,6 t 14,4 t 13,2 t 10,0 t 10,0 t

2,7 1,3 1,28 1,28 4,815 1,8252,5

Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Le viaduc de Garabit est un ouvrage métallique, mais son matériau

constitutif est très différent des aciers modernes.

On l’appelle « le fer puddlé ».

Il est obtenu en fonderie, grâce à un traitement « artisanal » de la fonte en

fusion, afin d’en brûler le maximum d’impuretés.

Le « fer puddlé » est hétérogène, anisotrope et fragile.

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Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

L’ouvrage a vieilli

petit à petit et subi

tout au long de son

histoire diverses

avaries de gravités

variables.

En 1952, par

exemple, une fissure

importante est

découverte sur un

des pieds d’arc.

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Cette fissure a été réparée par la SNCF au moyen d’un bridage.

Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

En 2009 est découverte une fissure sur le chevêtre de la pile P1.

Il s’agit d’une pièce très sollicitée et la fissure progresse vite.

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La circulation des

trains est interrompue

pour raison de sécurité.

Une réparation en

urgence est effectuée.

Dans les mois qui

suivent, les autres

chevêtres sont

renforcés.

Aujourd’hui… un ouvrage ancien et capricieux

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception » 18

Pérenniser le viaduc Une maintenance sur mesure…

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Surveiller et maintenir un tel ouvrage requiert un savoir-faire rare et

beaucoup de rigueur.

A ce jour, l’ouvrage fait l’objet d’inspections détaillées tous les 3 ans :

un examen visuel approfondi par des experts de SNCF Infra

des investigations complémentaires, si nécessaire (magnétoscopie)

26 Novembre 2012

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Une maintenance sur mesure…

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Les réparations

nécessitent un soin

particulier, pour ne

pas provoquer de

nouveaux défauts :

fissures

rivets locants

Elles se font en

général par rivetage,

comme à l’origine.

SNCF Infra entretient

des équipes dédiées

qui cultivent ce

savoir-faire.

26 Novembre 2012

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La fissure de 2009 a été réparée par « triplure ».

Une maintenance sur mesure…

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

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Une maintenance sur mesure…

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Pour RFF et SNCF Infra, maintenir durablement l’ouvrage, c’est :

surveiller l’apparition d’avaries et les réparer dans les règles de l’art

mais aussi prévoir le vieillissement, pour mieux l’anticiper

26 Novembre 2012

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Une maintenance sur mesure…

En 2010, SNCF Infra a réalisé

une expertise complète de

l’ouvrage par le calcul, pour :

- évaluer la résistance de

chaque élément et la

comparer aux sollicitations

réelles

- caractériser l’état

d’endommagement en

fatigue, dû au trafic passé

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Les résultats de ce calcul ont permis de vérifier que :

la résistance de l’ouvrage restait suffisante en tous ses éléments

sa stabilité sous charges extrêmes (vent) est vérifiée

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Une maintenance sur mesure…

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Des calculs en fatigue ont été menés en plusieurs sections

représentatives de l’ouvrage.

Les résultats doivent être considérés avec la plus grande prudence.

Toutefois il apparaît clairement que :

26 Novembre 2012

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Une maintenance sur mesure…

Le chevêtre fissuré

présentait une

sensibilité toute

particulière à la

fatigue sous les

convois lourds.

Les autres éléments

de l’ouvrage sont a

priori bien moins

exposés.

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Le viaduc de Garabit : SNCF Infra au chevet d’un ouvrage d’art « d’exception »

Le viaduc de Garabit est un ouvrage exceptionnel, aujourd’hui en

route vers un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.