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Le vocabulaire français d'origine allemande dans les dictionnaires existants Author(s): Walburga Sarcher Source: La Linguistique, Vol. 39, Fasc. 1 (2003), pp. 169-172 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40605014 . Accessed: 15/06/2014 16:39 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.176 on Sun, 15 Jun 2014 16:39:20 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le vocabulaire français d'origine allemande dans les dictionnaires existants

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Le vocabulaire français d'origine allemande dans les dictionnaires existantsAuthor(s): Walburga SarcherSource: La Linguistique, Vol. 39, Fasc. 1 (2003), pp. 169-172Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40605014 .

Accessed: 15/06/2014 16:39

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Le vocabulaire français d'origine allemande dans les dictionnaires existants

par Walburga SARCHER

Augsburg

Si Ton veut essayer de donner une première vue d'ensemble sur les emprunts français faits au XXe siècle à une langue comme l'allemand, ce travail présuppose des ouvrages qui contiennent des renseignements sur l'histoire des mots, ou, plus précisément, sur leur origine. Les dictionnaires étymologiques comme le Französisches etymobgisches Wörterbuch (FEW) de Walther von Wart-

burg, dont la rédaction a commencé dans les années 1920, ne peut avoir enre- gistré que peu de mots du XXe siècle. Gela est donc surtout valable pour les premiers volumes, quoique l'époque qui a précédé la Première Guerre mon- diale ait été, avec 400 emprunts environ, un point culminant dans les contacts, si l'on en juge d'après les quelques 1 500 emprunts répertoriés, mots, emprunts sémantiques et calques1. Au début, il faut bien le dire, le FEW ne s'était pas encore beaucoup intéressé au vocabulaire contemporain et encore moins aux néologismes de l'époque de sa rédaction. On peut supposer qu'il en était de même des dictionnaires étymologiques traditionnels qui partent du français moderne, comme le Bbch/ Wartburg, le Dauzat/ Dubois/ Mitterand (DDM) ou le

Gamittscheg. Le Dictionnaire historique de la langue française de la Maison Robert, ou Robert

historique (Rob Hist), publié sous la direction d'Alain Rey, est le plus récent dans cette série d'ouvrages étymologiques du français moderne et une source pré- cieuse pour l'étude en question. Ε profite des recherches étymologiques des grands ouvrages et de l'état de la recherche en nouvelles premières datations pour lesquelles le Nouveau Petit Robert 2 (NPR) est toujours le meilleur dictionnaire. Le nombre d'entrées dans le Rob Hist ne dépasse, cependant, que très légèrement celui des ouvrages comparables, mais ses articles destinés à être compris aussi par un public non spécialisé sont plus riches en informations que ne le sont les dictionnaires traditionnels. En ce qui concerne les premières datations, il faut,

1. Cf. notre étude sur Das deutsche Uhngut im Französischen ab Zeugnis fiir Wissenstransfer im 20. Jahrhundert, 2001, Hamburg, Verlag Dr Kovac, Philologia Sprachwissenschaftliche Forschungsergebnisse, Bd. 46, 699 p.

La Linguistique, vol. 39, fasc. 1/2003

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bien sûr, ne pas oublier les Matériaux pour l'histoire du vocabulaire fiançais. Datations et documents lexicographiques1 publiés par Bernard Quémada.

Or, afin d'établir un corpus, L· Petit Robert (PR) électronique s'avère, sans aucun doute, idéal, puisqu'il permet la saisie rapide de tous les mots marqués comme d'origine allemande. Ainsi, on obtient une liste de 520 unités, dont 139 empruntées de 1900 à 1995. Il y a, cependant, quelques lacunes d'ordre étymo- logique comme, par exemple, le mot sials pour lequel le Trésor de L· langue fran- çaise (TLF) et la deuxième édition du Grand Robert (GR) indiquent bel et bien l'emprunt à l'allemand de silicium et aluminium, mais le PR électronique n'en dit rien. On notera çà et là, donc, certaines contradictions parmi les dictionnaires de la Maison Robert. Selon le NPR, le terme biochimique peptide vient de l'anglais, tandis que, selon le GR et le TLF, c'est un emprunt à l'allemand. De même, le terme chimique mole est, d'après le NPR, un emprunt à l'anglais, alors que le Rob Hist considère qu'il est issu, à juste titre, de l'allemand. Le TLF signale simple- ment qu'il s'agit d'une abréviation de molécule-gramme.

Ainsi, il semble indispensable de dépouiller également les volumes du Grand Robert, qui fournit assez souvent des informations sur l'origine des mots, cf. sial, même si elles sont brèves. La version électronique du GR est malheureusement peu utile pour cette recherche, parce qu'elle ne permet pas d'appliquer le critère d'origine pour le dépouillement.

Il est bien dommage que les deux dictionnaires les plus grands et les plus prestigieux de la langue française, le GR et le TLF, doivent toujours céder le pas, au plan électronique, au Oxford English Dictionary (OED), dont les vingt volumes sont informatisés et permettent un grand nombre de recherches, entre autres dans le domaine de l'étymologie. L'édition analogue du TLF, en revanche, ne donne que 206 mots d'origine allemande, sans préciser la date de l'emprunt, contrairement au PR électronique. La lettre A ne semble pas encore disponible dans la version électronique du TLF, puisque, parmi les 200 emprunts environ de la lettre A (mots étrangers, emprunts sémantiques et calques) que donne un dépouillement à la main, aucun d'eux n'est signalé dans la liste des éléments empruntés à l'allemand. Pour la lettre B, le dépouillement électronique du TLF ne donne que 9 emprunts, dont seulement 2 du XXe siècle, tandis que le dépouil- lement à la main permet d'obtenir plus de 70 emprunts dont beaucoup figurent bel et bien dans le TLF. Le résultat limité du dépouillement électronique du TLF s'explique, peut-être, par le fait que la mention « empr. à l'ail. » reconnaissable par le logiciel ne se trouve pas dans la légende des articles des emprunts en ques- tion, et que d'autres indications ne seraient pas identifiées par l'ordinateur. Ainsi, il est précisé pour bandonéon « terme formé à partir du nom de Heinrich Band, commerçant de Krefeld... » ou « instrument mis au point par l'Allemand Kil- lian ». On peut alors supposer que bronchoscope vient de l'allemand Bronchoskop, et ce jusqu'à la lettre Ζ comme pour zymase, « chimiste allemand E. Büchner » (sic ! au lieu de Büchner). Les choses semblent être encore plus compliquées, puisque, malgré la note « empr. à l'ail. » figurant dans l'article du TLF, un grand nombre d'emprunts ne sont pas saisis par le dictionnaire électronique, comme phénoméno- logie ou primat, termes du domaine de la philosophie. On ne peut qu'en conclure

1. 1959-1965, lre série, vol. A, B, C, Paris, Les Belles Lettres; 1970-1998, 2e série, vol. 1-47, Paris, Klincksieck.

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que l'informatisation du TLF, pour être comparable à celle du OED, ne sera cer- tainement pas terminée bientôt.

Dans d'autres cas, l'origine allemande du mot n'est pas du tout mentionnée. On renvoie seulement à un nom, à un auteur ou à un inventeur, qui aurait créé le terme en question, sans préciser la nationalité ou la langue maternelle de la personne citée. Quelques noms, comme Freud, Jung, Heisenberg, Kafka, etc., sont connus et ne posent pas de problème de reconnaissance. D'autres, cepen- dant, sont plus difficilement repérables, et l'on peut attendre longtemps avant de pouvoir identifier certains noms, en particulier dans le TLF. Ainsi, gonocoque est caractérisé comme étant « une bactérie découverte par Neisser » ; Y alacréatine a été inventée par « Strecker », sans autre précision. Ce travail de recherche bio- graphique et bibliographique concernant les noms cités permettra, sans aucun doute, de découvrir l'origine d'un grand nombre d'emprunts, inconnue jusque- là, notamment d'emprunts sémantiques et de calques. Il s'agit souvent de noms de personnes de langue et de nationalité inconnues, qui ne figurent pas dans les grandes encyclopédies allemandes ou françaises. Il importe d'améliorer les infor- mations fournies par les dictionnaires dans ce domaine.

Les 50 volumes des Datations et documents lexkographiques sont aussi une source précieuse pour connaître la date à laquelle les emprunts ont été effectués. Néan- moins, il est utile parfois de vérifier l'origine des mots fournis par les Datations : un mot issu de l'allemand, comme beschwipst, est donné comme « anglo-chinois ». L'analyse et l'interprétation de certains de ces emprunts sont donc difficiles. Le problème se pose, en particulier, lorsqu'il s'agit de mots venant de traductions françaises portant sur des ouvrages allemands. D'une part, les Datations ne men- tionnent pas le titre du texte allemand original qui a été traduit. Ainsi, il faut chercher parmi les douzaines de livres rédigés par Konrad Lorenz celui qui est susceptible de correspondre au titre français, Tous les chats, tous les chiens, et qui est, en l'occurrence, So kam der Mensch auf den Hund. D'autre part, quand il existe plusieurs éditions revues et augmentées d'un ouvrage, comme c'est le cas pour le Manuel de ski de W. Paulcke, on ne sait jamais quelle est l'édition traduite, ce qui complique la recherche du mot d'origine. Ce dernier ne figure pas dans les Data- tions, seules les traductions ayant été dépouillées et non le texte original. La situa- tion est encore plus complexe, lorsqu'il s'agit de premières datations de comptes rendus français concernant des livres publiés en allemand. On ne sait alors jamais si un mot retenu par les Datations est une création de l'auteur de la recen- sion, un emprunt du texte original, ou encore un calque d'une expression alle- mande qui n'avait jamais été mentionnée auparavant. Ainsi, le néologisme cato- phobe a été utilisé dans un compte rendu pour traduire le terme Katzenfeind employé dans le texte allemand.

Ces quelques remarques devraient suffire pour donner une idée de la com- plexité des problèmes rencontrés lors de la constitution d'un corpus relatif aux emprunts linguistiques. Aux difficultés concernant l'utilisation des sources lexico- graphiques s'en ajoutent d'autres que nous évoquerons en conclusion. L'état de la recherche sur les premières datations n'est pas le même dans toutes les lan- gues, de sorte que les datations ne peuvent être que provisoires, tout comme Γ « étymologie proche », qui en dépend largement. Le sigle français LSD est considéré comme un emprunt à l'américain, alors qu'il s'agit de l'abréviation du terme allemand Lysergsäurediäthylamid. Mais il est impossible de savoir si l'abrévia- tion ne se trouvait pas déjà en allemand, puisque la recherche des premières

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datations n'existe pratiquement pas en linguistique allemande. Il faudrait recou- rir à la littérature scientifique touchant au domaine de la chimie, et encore... En outre, l'analyse linguistique peut donner une réponse sur l'origine de l'emprunt, mais il arrive que celle-ci ne corresponde pas à la conscience métalinguistique de celui qui a emprunté le terme : Blitz est considéré par les Français comme un terme d'origine allemande, bien qu'il soit peut-être arrivé par l'intermédiaire de l'anglais, où l'allemand Blitzkrieg aurait été abrégé en Blitz. On pourrait citer encore l'exemple du français stokes, analysé naturellement par les locuteurs fran- çais comme un terme issu de l'anglais, mais classé comme étant d'origine alle- mande, parce qu'il a été employé par un Allemand en référence au physicien irlandais Stokes. Gomment peut-on alors concilier ces deux approches, nécessai- res l'une et l'autre, quand on veut expliquer le fonctionnement des emprunts dans la langue d'accueil ? Cette question concerne aussi la distinction entre « emprunt » et « mot étranger ». De manière analogue, il n'est pas toujours facile de différencier Γ « emprunt sémantique » et le « calque », sans parler de la divi- sion en sous-catégories de cet « inneres Lehngut » ou « Lehnprägungen » que l'on a toujours voulu établir32, et qui vont de la traduction simple, cf. acte de parole < Sprechakt > ou relation, principe d'incertitude < Unsicherheitsrelation, Prinzip > de

Heisenberg, jusqu'à la création d'un néologisme plus ou moins indépendant de la langue d'origine, cf. l'allemand Weinbrand pour le français cognac, ou le français gatissmètre, en référence à l'inventeur Gauss, pour l'allemand Bifilarmagnetometer.

Il s'avère de plus en plus impossible de maintenir ces distinctions, si l'on veut rendre compte de toute la réalité de l'emprunt.

32. Cf. Walburga Sarcher, 2001, Das deutsche Lehngut im Französischen als Z^gnisßr den Wissenstransfer im 20. Jahrhundert, chap. 3 . 1 et 3 . 3.

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