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LE VOYAGE DANS LA LUNE...LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH 2 Dans la société du Second Empire, Offenbach met en musique la vogue des rêves de voyages nourris par la créativité

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LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

2

Dans la société du Second Empire, Offenbach met en musique la vogue des rêves de voyages

nourris par la créativité sans bornes de Jules Verne et de son roman De la terre à la Lune.

Opérette féerique, Le Voyage dans la Lune illustre l’essor des techniques qui font imaginer au

monde des années 1870 que le progrès peut faire reculer toutes les frontières du possible.

Le metteur en scène Olivier Desbordes joue de ces frontières, dans l’espace et dans le temps.

Il replonge dans le noir et blanc et les images saccadées des débuts du cinéma muet, avant

de s’échapper dans une science-fiction digne des années 1960 à l’ambiance orwellienne, un

monde glaçant comme la guerre froide où l’amour n’existe pas. Les héros lunaires

d’Offenbach, privés d’amour, disposent d’une réserve de femmes consacrées à la

reproduction et d’une autre pour le plaisir… Critique acerbe du statut de la femme à l’époque !

Mais au final, grâce à la pomme, l’amour se libère et agite la lune en mode « peace and love » !

Odyssée dans la fantaisie du temps, voyage en absurdie aux résonnances actuelles sur la

bêtise des puissants, l’opérette d’Offenbach s’envole dans l’espace de l’ironie et de la

causticité.

SAMEDI 28 MAI : 20h30

DIMANCHE 29 MAI : 14h30

DUREE DU SPECTACLE : 2h30

SPECTACLE CONSEILLE POUR LES COLLEGIENS ET

LYCEENS

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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SOMMAIRE

PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA PAGE 5

SYNOPSIS PAGE 5

JACQUES OFFENBACH (1819-1880) PAGE 8

FICHE IDENTITE DE L’ŒUVRE PAGE 10

L’ŒUVRE ET SA GENESE PAGE 11

L’ŒUVRE ET SA RECEPTION PAGE 12

LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES PAGE 13

LA LUNE : OBJET DE TOUTES LES FASCINATIONS PAGE 13

LE MYTHE DU VOYAGE DANS LA LUNE EN LITTERATURE PAGE 13

LE MYTHE DE LA LUNE DANS LES ARTS DU SON PAGE 16

LE MYTHE DE LA LUNE DANS LES ARTS DU VISUEL PAGE 17

QUELQUES PROPOSITIONS D’ECOUTES PAGE 19

POUR EN SAVOIR PLUS PAGE 22

LE VOYAGE DANS LA LUNE A L’OPERA DE REIMS PAGE 23

LA PRODUCTION PAGE 23

ZOOM SUR LE METTEUR EN SCENE OLIVIER DESBORDES PAGE 24

LA NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE PAGE 25

LES DECORS DE DAVID BELUGOU PAGE 26

REGARDS SUR LA DIRECTION MUSICALE DE DOMINIQUE TROTTEIN PAGE 28

LES ECHOS DE LA PRESSE PAGE 28

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

4

« Une musique du déguisement de la mélancolie, de la

nostalgie d'une innocence perdue qui revêt pour cela l'habit de la gaîté la plus folle et la plus exubérante. »

René Leibowitz

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA

SYNOPSIS

ACTE 1

1ER TABLEAU : LE PRINCE CAPRICE

Au Palais royal et dans toute la ville, les préparatifs de la fête, que le roi Vlan organise en

l’honneur du retour de son fils, s’achèvent. Le Prince Caprice a effectué un long voyage pour

parfaire son éducation. Dès son arrivée, le roi Vlan souhaite céder la couronne à son fils qui la

refuse.

Caprice ne souhaite ni gouverner, ni se marier, il veut la liberté, le mouvement, l’air, l’espace. En

apercevant la lune, il y voit sa prochaine destination. Il demande à son père de le mener dans cet

endroit inconnu et inexploré. Vlan cède et demande à Microscope, le plus grand savant du

royaume, de trouver le moyen d’y aller. Celui-ci répond que cette mission regarde l’Observatoire.

2E TABLEAU : A L’OBSERVATOIRE

Les astronomes interrogés proposent de ne pas répondre et de nommer une commission.

Caprice, furieux, demande à son père de les renvoyer. Le Roi Vlan congédie les astronomes et

Caprice menace Microscope de la même sanction s’il ne trouve pas un moyen pour aller sur la

lune. Microscope leur donne rendez-vous huit jours plus tard, dans sa forge.

3E TABLEAU : LA FORGE

Les forgerons et les forgeronnes terminent leur ouvrage quand Vlan et Caprice arrivent

huit jours plus tard. Microscope leur dévoile son invention : un obus lancé par un canon.

En raison de la probabilité de l’échec de la mission, Microscope est convié à

accompagner Caprice. Le Roi Vlan est aussi du voyage, à la suite de la demande

insistante de son fils.

4E TABLEAU : LE DÉPART

Les trois voyageurs Vlan, Caprice et Microscope montent dans l’obus. Les artilleurs mettent le feu

et, dans une détonation formidable, l’obus s’en va vers la lune.

PHOTO DU SPECTACLE

ACTE 1

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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ACTE 2 1ER TABLEAU : DANS LA LUNE

Des voix mystérieuses se font entendre, une ville à l’architecture étrange apparaît.

2E TABLEAU : L’ARRIVÉE

Les sélénites observent avec inquiétude le ciel. Un point noir s’approche d’eux et va les réduire

en poussière. Cosmos, le roi de la lune, et son conseiller Cactus les contraignent à se calmer.

Dans un vacarme épouvantable, l’obus s’écrase sur une maison et les sélénites se cachent.

Vlan, Caprice et Microscope sortent de l’obus et observent cette planète désolée. Quelques

sélénites se montrent, Cosmos réapparaît et demande aux terriens d’où ils viennent. Ce dernier

ne veut pas croire que Vlan, Caprice et Microscope arrivent de la Terre. S’ensuit un échange

houleux entre Cosmos et les trois terriens condamnés à être enfermés en prison. Mais Popotte, la

femme du roi Cosmos, et Fantasia, leur fille, font leur apparition. Fantasia, dont c’est

l’anniversaire, prend en pitié ces prisonniers et demande pour eux la liberté. Cosmos accepte et

propose aux terriens une visite de son palais.

3E TABLEAU : LE PALAIS DE VERRE

Cosmos et Cactus présentent à Vlan, Caprice et Microscope le fonctionnement administratif de la

lune. Cosmos est étonné d’apprendre que Vlan aime être roi car, sur la Lune, personne ne veut

être candidat. Ils choisissent aux hasards dix des plus riches et le plus gros d’entre eux est

proclamé roi.

4E TABLEAU : LE PALAIS DE VERRE

Caprice courtise Fantasia, mais celle-ci ne le comprend pas, elle ne sait pas ce qu’est l’amour. Il

tente de le lui expliquer, sans y parvenir : l’amour n’existe pas sur la lune. Cosmos le confirme à

Vlan : quand on souhaite un enfant, on le demande, il y a une région qui est spécialisée dans ce

commerce.

5E TABLEAU : LE PARC

Caprice, désespéré par la princesse Fantasia qui ne peut l’aimer, mange une pomme. La

Princesse Fantasia, qui est à sa recherche, s’étonne devant ce fruit inconnu. Elle le goûte et son

cœur devient sensible. Fantasia tombe immédiatement amoureuse de Caprice. Le palais est en

émoi : l’amour, c’est une maladie sur la lune.

6E TABLEAU : LES OMBRES ERRANTES

7E TABLEAU : LES JARDINS DE COSMOS

ACTE 3

1ER TABLEAU : LA CONSULTATION

Fantasia est enfermée dans sa chambre. Les Dames du Palais tentent de la délivrer après avoir

entendu ses appels d’amour destinés à Caprice. Mais elles sont repoussées par les gardes. Les

médecins du royaume examinent la princesse Fantasia. Elle leur échappe et retrouve Caprice.

Pour la sauver, Caprice lui propose de rendre Cosmos amoureux en lui faisant boire un élixir à

base de pomme. Cosmos, devant l’incurabilité de la maladie, décide de vendre sa fille : c’est

l’habitude sur la lune quand une femme a cessé de plaire. Caprice promet à Fantasia de la faire

acheter pour lui.

2E TABLEAU : LE MARCHÉ AUX FEMMES

Sur la lune, c’est le marché aux femmes qui tient lieu de Bourse. Caprice a chargé Microscope

d’acheter Fantasia. Voyant que le prince Quipasseparla, « le roi de la Bourse », risque de faire

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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monter les enchères, il lui propose de négocier. Quipasseparla fait mine d'accepter et le fait boire,

l’empêchant ainsi de participer à la vente. Vlan et Caprice arrivent costumés en charlatans. Ils

proposent un élixir faisant, entre autres, maigrir les gros. Cet élixir étant très précieux, seul un roi

en est digne et Cosmos en est l’heureux bénéficiaire. Cosmos le goûte et se sauve, se croyant

empoisonné. Il s’agit en fait pour lui de la découverte de l’alcool.

Quipasseparla gagne Fantasia à la vente.

3E TABLEAU : LE PAYS DES VENTRUS

Quipasseparla et son harem arrivent au pays des ventrus où ils font un arrêt dans une auberge.

Microscope arrive poursuivi par Popotte. Popotte est elle-même poursuivie par Cosmos devenu

fou amoureux d’elle. Devenu amoureux de sa femme et voyant que celle-ci ne l’était pas, il lui a

fait boire de l’élixir. Mais Microscope passant par-là, c’est de lui que Popotte est tombée

amoureuse ! Vlan et Caprice arrivent à la recherche de Fantasia. Vlan s’arrête pour déjeuner.

Caprice, ayant retrouvé Fantasia, fuit avec elle. Cosmos surgit furieux d’être amoureux et trompé

par sa femme… L’auberge est fouillée. Vlan et Microscope sont démasqués malgré leur faux gros

ventre. Les gardes se lancent à la poursuite de Caprice et de Fantasia qu’ils ramènent.

Quipasseparla renonce à la princesse. L’hiver succédant immédiatement à l’été dans cette

contrée, c’est sous la neige qu’ils regagnent la capitale.

4E TABLEAU : 50 DEGRÉS AU-DESSOUS DE ZÉRO

Grand ballet des flocons de neige.

ACTE 4

1ER TABLEAU : LE CLOS DES POMMIERS

Les femmes de la lune découvrent l’amour, mais le roi Cosmos ne l’entend pas ainsi. Vlan,

Caprice et Microscope sont amenés devant la Justice. Ils sont condamnés à passer cinq ans à

l’intérieur d’un volcan éteint où ils seront absolument privés de toute espèce de nourriture.

2E TABLEAU : LA GLACIÈRE

Amenés dans la partie supérieure du volcan, Vlan, Caprice et Microscope prennent place avec

Cosmos dans un panier qui les descend dans le cratère.

3E TABLEAU : LE CRATÈRE

Arrivés en bas, la corde retombe, coupée en haut par Popotte qui reproche à son mari de vouloir

faire périr Microscope. Paraît alors Fantasia qui s’était cachée pour mourir avec Caprice. Devant

sa situation désespérée, Cosmos leur promet la liberté s’ils trouvent une sortie.

4E TABLEAU : L’INTÉRIEUR DU VOLCAN

Ils cherchent une sortie au milieu des grondements et des détonations. Le volcan entre en

éruption.

5E TABLEAU : L’ÉRUPTION

6E TABLEAU : LA PLUIE DE CENDRES

7E TABLEAU : LE SOMMET DU VOLCAN APRÈS L’ÉRUPTION

Caprice, Fantasia, Cosmos et Vlan gisent sur le sol, évanouis. Ils se réveillent, Microscope sort

d’une crevasse. Popotte accourt. Ils sont sauvés.

8E TABLEAU : LE CLAIR DE LUNE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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JACQUES OFFENBACH 1819-1880

Né à Cologne (Allemagne) en 1819 dans une modeste famille juive,

Jacques Offenbach révèle très jeune ses dons pour le violoncelle. Son

père l’envoie poursuivre ses études musicales à Paris. À 14 ans, il est

admis en classe de violoncelle du Conservatoire et débute sa carrière

de soliste virtuose. L’année suivante, il rejoint l’orchestre de l’Ambigu-

Comique (qui s’appellera plus tard l’Opéra Comique).

Chef d’orchestre en titre de la Comédie française en 1850, il est vite

apprécié pour ses « petites » compositions : valses, romances,

arrangements.

En 1855, il ouvre son théâtre, les Bouffes-Parisiens, afin d’y

représenter ses propres œuvres. Influencé par Rossini et Mozart, il

invente l’opéra bouffe français à l’humour débridé et à la satire

mordante, avec la complicité des excellents librettistes Henri Meilhac et

Ludovic Halévy.

Entre 1858 et 1869, Orphée aux Enfers(1858), La Belle Hélène(1864), Barbe-Bleue(1866), La

Vie parisienne(1866), La Grande-Duchesse de Gérolstein (1867), La Périchole (1868) ou encore

Les Brigands (1869) font les beaux soirs du Théâtre des Variétés. Le célèbre compositeur

enthousiasme le public du Second Empire, avide de plaisirs et de dérision. Il obtient la nationalité

française en 1860.

Sous la Troisième République Offenbach se tourne vers la féerie, tout en se consacrant à son

testament romantique, Les Contes d’Hoffmann, créés quelques mois après sa mort. Il est enterré

au cimetière de Montmartre et son tombeau a été réalisé par Charles Garnier (architecte de

l’Opéra de Paris).

Offenbach composa 90 opérettes, opéras-bouffes ou « bouffonneries musicales ».

Ses œuvres scéniques reflètent la joie de vivre du Second Empire ; elles sont comiques,

satiriques et parfois même immoralistes (éloge du mariage à trois, dieux démystifiés, bourgeois

débauchés…) d’où son côté populaire.

La musique de son Orphée aux enfers (le « galop final »), récupérée par le french cancan, est

devenue l’une des musiques les plus mondialement connues, symbole de la vie parisienne de

l’époque.

Malgré la légèreté apparente de ses sujets, sa composition musicale n’en est pas moins des plus

abouties et digne des grands maîtres de l’opéra.

« Bourreau de travail, il dut torturer son corps, atteint par la goutte, par une incessante activité

créatrice et par un souci de la perfection auquel il sacrifiait tout – santé, amitié, repos, temps

libre. Il s’est battu jusqu’à la nuit de son décès, remboursant des dettes considérables dont il

n’était pas le seul responsable. Sans doute quelques-uns de ses personnages prêchent-ils

l’abandon ; la vie d’Offenbach a été celle d’un lutteur acharné. »

Robert Pourvoyeur, Offenbach, « Solfège », Seuil, 1994, p. 22.

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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.

JACQUES OFFENBACH PAR LUI-MEME

Mon cher Bourdin*

Vous me demandez quelques détails sur ma vie, pour L'Autographe ; les

voici : Je suis venu au monde à Cologne : le jour de ma naissance, je me

rappelle parfaitement qu'on me berçait avec des mélodies.

J'ai joué de toutes sortes d'instruments un peu, de violoncelle beaucoup. Je

suis arrivé à Paris à l'âge de treize ans. J'ai été au Conservatoire comme

élève, à l'Opéra-comique comme violoncelliste, plus tard au Théâtre-

Français comme chef d'orchestre.

J'ai frappé avec courage, mais vainement, pendant une dizaine d'années à

la porte de l'Opéra-Comique pour me faire recevoir un acte. J'ai créé, alors,

le théâtre des Bouffes Parisiens : dans l'espace de sept ans, je me suis reçu,

monté et joué une cinquantaine d'opérettes. J'ai abdiqué, comme directeur,

il y a deux ans. Comme compositeur, j'ai commencé par les Deux Aveugles et

je viens de finir par les Géorgiennes.

Il me sera beaucoup pardonné parce que je me suis beaucoup joué. Je suis

Français depuis trois ans, grâce à l'empereur qui a daigné m'accorder mes

lettres de grande naturalisation. J'ai été nommé chevalier de la Légion

d'honneur, il y a deux ans. Je ne vous parle ni de mes nombreux succès ni

de mes quelques chutes : le succès ne m'a jamais rendu fier, la chute ne

m'a jamais abattu. Je ne vous parlerai pas non plus de mes qualités, ni de

mes défauts. J'ai pourtant un vice terrible, invincible, c'est de toujours

travailler. Je le regrette pour ceux qui n'aiment pas ma musique, car je

mourrai certainement avec une mélodie au bout de ma plume. Bien et

toujours à vous.

Jacques Offenbach (25 mars 1864)

*journaliste au Figaro

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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FICHE IDENTITE DE L’ŒUVRE

Le Voyage dans la Lune, opéra-féerie en 4 actes et 23 tableaux de Jacques Offenbach sur un

livret d'Albert Vanloo, Eugène Leterrier et Arnold Mortier d'après Jules Verne, fut créé le 26

octobre 1875 au théâtre de la Gaîté.

L’HISTOIRE EN BREF

Le jeune prince Caprice, las d’avoir parcouru le monde,

demande l’impossible à son père, le roi Vlan : aller dans

la Lune ! Les moyens balistiques les plus modernes sont

mis à contribution par le savant et intendant du roi,

Microscope : un obus habité propulsé par un canon

servira d’aéronef au roi, au prince et au savant. On

passe sur les péripéties de l’ascension pour se retrouver

sur une Lune. Les astronomes découvrent alors une

société sélénite sans amour, où l’on ne fait pas les

enfants mais où on les achète, où les femmes sont

ménagères ou objets de luxe. L’arrivée des Terriens qui

amènent avec eux la pomme, l’amour et les

complications qui s’ensuivent, va bouleverser l’ordre

établi dans une succession de situations comiques. Le

prince Caprice tombera amoureux de la Princesse

Fantasia et le pauvre Microscope sera poursuivi par la

reine Popotte, femme du roi Cosmos !

RÔLES ET VOIX

Le roi Vlan, baryton

Le prince Caprice, soprano

Microscope, savant, ténor

Le roi Cosmos, roi de la lune, basse

La princesse Fantasia, fille de Cosmos, soprano

La reine Popotte, femme de Cosmos, mezzo-

soprano

Le prince Quipasseparla, «roi de la bourse», ténor

Cactus, conseiller de Cosmos, ténor

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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L’ŒUVRE ET SA GENESE

Offenbach a 56 ans quand il compose la féérie fantastique Le Voyage dans la lune.

DE JULES VERNES A OFFENBACH…..

Les librettistes d’Offenbach se sont inspirés du roman de Jules Verne De la Terre à la Lune.

Simple inspiration ou plagiat ? L’auteur du roman ne relève, sur les 23 tableaux de la pièce, que

trois emprunts : la construction du canon (tableau 3), le départ du boulet (tableau 4) et la sortie

par un cratère de volcan (tableau 20) (Voyage au centre de la Terre). Le plagiat apparaissant

difficile à démontrer, il n'y eut pas de procès.

En vérité, l'opérette se présente davantage comme une parodie plutôt qu'un plagiat.

- Elle ne reprend aucun des personnages de Jules Verne.

- L'histoire, mis à part l'utilisation du canon, est fort différente.

- Contrairement aux romans de Jules Verne, la pièce est une fantaisie sans caution

scientifique ni recherche de réalisme. Selon Robert Pourvoyeur et Piero Gondolo della

Riva (1978) :

« L'opérette ne suit que de très loin l'œuvre de Verne : elle préfère

l'atmosphère – typique de la scène lyrique – d'une baroque histoire

d'amour et elle se plonge avec délice dans la tentation de suivre la

ligne des voyages utopiques au pays d'ailleurs, propice aux satires

sociales chères à Offenbach. »

La partie la plus réaliste est peut-être la reconstitution de l'Observatoire de Paris (tableau 2), qui

ne semble pas avoir eu la faveur de son directeur Leverrier.

« La vue intérieure de la coupole de l’Observatoire de Paris.

Copie très fidèle. Partout des télescopes braqués sur le ciel,

d’énormes instruments astronomiques, des sphères, de grands

registres. Le peintre de ce décor, M. Cornil, a eu des difficultés

inouïes pour prendre son croquis à l’Observatoire même. M.

Leverrier avait absolument refusé de le recevoir. L’illustre

directeur avait-il le pressentiment des plaisanteries que les

auteurs du Voyage dans la Lune ont prodiguées aux

astronomes ? »

Le Figaro, 27 octobre 1875

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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L’ŒUVRE ET SA RECEPTION

La première de l'opéra-féerie Le Voyage dans la Lune

eut lieu le 26 octobre 1875 au théâtre de la Gaîté à

Paris. Le succès fut immédiat et jamais démenti.

De 3 898 francs à la première, la recette du théâtre

passe à 10 018 francs à la septième représentation.

Le Voyage dans la Lune est monté à Londres, au

théâtre de l'Alhambra, le 15 avril 1876, et à Vienne,

au Theater an der Wien, le 16 avril 1876.

La dernière au Théâtre de la Gaîté a lieu le 25 avril

1876 au bout de 185 représentations et 965 000

francs de recettes.

CHRISTIAN (VLAN) ET ZULMA BOUFFAR (LE

PRINCE CAPRICE) DANS LE VOYAGE DANS LA

LUNE, SCENE DES CHARLATANS.

PHOTO DU SPECTACLE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES

LA LUNE : OBJET DE TOUTES LES FASCINATIONS

Depuis l’antiquité, notre satellite fait rêver les hommes : de Cyrano de Bergerac (Histoire

comique des états et empires de la lune, 1650) à Jules Verne (De la terre à la lune, Autour de la

lune), de H.G. Wells (Les Premiers hommes dans la lune, 1902) à Fritz Lang (La Femme sur la

lune, 1929) en passant par Hergé (On a marché sur la Lune, 1954). Chacun a, comme

Offenbach, mis en scène son « voyage dans la lune », mélangeant les connaissances scientifiques

de son époque aux fruits de son imagination.

La réalité tuera définitivement le rêve lorsqu’en 1969 les premiers hommes mettent le pied sur la

Lune, événement suivi par des millions de téléspectateurs et auditeurs de par le monde. Les

vidéos et les photos de la mission Apollo montrent alors notre satellite sous son jour le plus cru

et le plus décevant : un océan de sable et de cailloux, loin des rêves luxuriants d’un Jules Verne,

un désert vide de tout et surtout de Sélénites !

EN CLASSE

ETUDIER, le mythe du voyage dans la lune tel qu’il peut se décliner dans les différents

arts : arts du son, arts du visuel, arts du langage. Cette étude peut s’insérer, en histoire

des arts, dans la thématique « arts mythes et religions » pour le collège ou « arts, réalités,

imaginaires » pour le lycée.

LE MYTHE DU VOYAGE DANS LA LUNE EN LITTERATURE

ROLAND FURIEUX, POEME HEROÏQUE DE L'ARIOSTE,

CHANT XXXIV, STANCES 69-71

« Le saint évangéliste attacha au joug quatre

chevaux plus rouges que la flamme : puis, s'étant

assis avec Astolphe, il prit les rennes et les dirigea

vers le ciel. Le char s'éleva en roulant à travers les

airs, et il arriva bientôt à la région du feu éternel. Le

vieillard obtint, par un miracle, que pendant leur

passage il ne fut pas ardent.

Ils traversèrent toute la sphère du feu, et de là ils

entrent dans l'empire de la lune. Ce lieu leur parait

être pour la plus grande partie comme un acier

brillant et sans tache. Ils le trouvent égal, ou à peu

près, à tout ce qui se rassemble dans notre globe, à

tout ce globe lointain de la terre en y comprenant la

mer qui l'enveloppe.

Ici Astolphe eut une double surprise : que ce pays, vu

de près, fut si grand, tandis qu'il ressemble à un petit

disque pour nous qui le regardons depuis notre

planète ; puis qu'il fallût cligner les deux yeux, si de

là il voulait distinguer la terre et la mer qui s'étend

autour ; en effet, comme elles manquent de lumière,

leur image ne va pas bien loin. »

DESSIN DE GUSTAVE DORE,

GRAVURE SUR BOIS DE CHARLES

BARBANT POUR UNE EDITION DE 1879.

«SAINT-JEAN ET ASTOLPHE ARRIVENT SUR LA LUNE POUR Y RECUPERER LE BON SENS DU PALADIN

ROLAND»

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

14

HISTOIRE COMIQUE DES ETATS ET EMPIRES DE LA LUNE

HECTOR SAVINIEN CYRANO DE BERGERAC.

Ce conte initiatique relate un voyage

imaginaire sur la lune, prétexte à une satire

de son temps. Le personnage s’envole

jusqu’à la lune en attachant autour de lui

des fioles remplies de rosée, qui ont été

attirées par le Soleil. Il trouve sur la lune

une civilisation d’êtres qui paraissent

humains, mais dont les mœurs sont le

contraire de ceux de l’homme. Ce récit à

visée philosophique, établit une critique des

préjugés européens ainsi que de

l’intolérance religieuse de l’époque.

Ecrit en 1650 et paru en 1657

CYRANO FACE A LA LUNE. ILLUSTRATION (1900)

D’HENRIOT POUR UNE EDITION DE L'HISTOIRE COMIQUE

DES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE.

L’ŒUVRE DE JULES VERNE

Jules Verne y a apporté une contribution majeure avec ses

deux premiers grands romans astronomiques De la Terre

à la Lune (1865) et Autour de la Lune (1870) en y

introduisant pour la première fois un réalisme scientifique

saisissant.

DE LA TERRE A LA LUNE

Dans ce roman d'anticipation Jules Verne imagine une

aventure extraordinaire et palpitante : après la fin de la

Guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore aux États-

Unis tente d'envoyer un obus habité par trois hommes sur

la lune. Un pari complètement fou qui sera relevé avec

succès. Même si le livre présente quelques incohérences

scientifiques, il n’en sera pas moins considéré comme l’un

des piliers de ce que l’on appellera la science-fiction.

AUTOUR DE LA LUNE

Faute d’atteindre la Lune, l’obus tiré dans De la Terre à la

Lune s’est mis en orbite. Barbicane, Nicholl et Ardan

tentent néanmoins d’en découvrir les secrets : est-elle

habitée ou habitable ? Après avoir découvert la face

cachée de la Lune, l’obus finira par sortir de l’orbite pour

revenir vers la Terre...

DE LA TERRE A LA LUNE, FRANÇOIS

PANNEMAKER, GRAVEUR, HENRI DE MONTAUT,

DESSINATEUR

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

15

Au XIXème siècle, LES POETES, et plus

particulièrement les romantiques, s’intéressent à

cet astre dont la pâle et nocturne lumière possède

deux significations : Une tristesse mélancolique

(« Tristesses de la lune », Les Fleurs du Mal de

Baudelaire) ou une chaleureuse bienveillance

(« Heure exquise », La Bonne Chanson de

Verlaine).

LA BANDE DESSINEE s’empare aussi du sujet avec

Objectif Lune (1953) et On a marché sur la Lune

(1954) d’Hergé qui travailla dans un souci de

réalisme saisissant refusant d’intégrer tout ce qui

pourrait relever de la plus pure imagination ou

fantasmagorie. Il s’entoura pour cela d’experts,

l’astronauticien Alexandre Ananoff et l'astronome

Armand Delsemme comme consultants et effectua un

énorme travail de préparation.

Pour dessiner la fusée à damiers, par exemple, Hergé s’est inspiré de la fusée A4-V2 de Wernher

Von Braun, qui était souvent à damiers noirs et blancs. Pourquoi ces damiers ? Grâce à eux, les

techniciens au sol qui observaient l’ascension de la fusée au travers de jumelles pouvaient ainsi

vérifier si elle ne tournait pas sur elle-même. Et pourquoi rouges ? Hergé a situé la base de

lancement de sa fusée dans un pays imaginaire, la Syldavie. Là où se trouve en fait la Croatie. Le

rouge et le blanc sont les couleurs nationales de la Croatie.

POUR ALLER PLUS LOIN

http://www.museeherge.com/images/pro/ObjectifLune.

Tristesses de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;

Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,

Qui d'une main distraite et légère caresse

Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,

Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,

Et promène ses yeux sur les visions blanches

Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,

Elle laisse filer une larme furtive,

Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,

Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,

Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.

BAUDELAIRE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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LE MYTHE DE LA LUNE DANS LES ARTS DU SON

1) De nombreuses chansons évoquent la lune à commencer par le célèbre chant populaire

datant du XVIIème siècle : « Au clair de la lune ».

Quelques propositions d’écoutes :

Le soleil et la lune de Charles Trenet, 1939

https://www.youtube.com/watch?v=RShIJvrjD80

Hijo de la luna, Mecano, 1986

https://www.youtube.com/watch?v=dK_FHUe5UiE (version en espagnol)

https://www.youtube.com/watch?v=0iq9NeOCSNs (version en français)

Le petit Clair de Lune, Dalida, 1960

https://www.youtube.com/watch?v=ffqwLblbk9k

La lune est morte, Les Frères Jacques, 1968

http://www.dailymotion.com/video/x1y5vf_freres-jacques-la-lune-est-

morte_music

La Ballade à la lune, Brassens 1972, poème d’Alfred de Musset

https://www.youtube.com/watch?v=CQMH7am1JfQ

Walking on the Moon,The Police, Sting, 1990 https://www.youtube.com/watch?v=zPwMdZOlPo8

La lune, Isabelle Boulay, 1998

https://www.youtube.com/watch?v=MctGBcDI924

J’ai demandé à la lune, Indochine, 2002

https://www.youtube.com/watch?v=KAOmC5qT02w

EN CLASSE

Ces différentes chansons peuvent faire l’objet d’un apprentissage vocal en classe dès le

cycle 3 pour celles notamment en langue française.

2) L’opéra fait aussi une petite place à cette thématique à travers, bien sûr, Le voyage dans

la lune d’Offenbach, mais aussi Il mondo della luna de Franz-Joseph Haydn sur un livret

de Polisseno Fegejo Pastor d’après celui de Carlo Goldoni.

SYNOPSIS

Ecclitico, le faux astronome, aidé de ses comparses

Ernesto et Cecco, fait croire au vieux Buonafede que,

là-haut, les demoiselles aiment les vieillards, et que

les hommes règnent sur les femmes. Bref, que le

passage de la Terre à la Lune corrige les méfaits du

temps et signe la paix virile des sexes.

En réalité, on en veut à son argent, et à ses filles,

qu'il souhaiterait marier avec le haut du panier.

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

17

LE MYTHE DE LA LUNE DANS LES ARTS DU VISUEL

EN PEINTURE, le thème de la lune a inspiré de nombreux peintres qui ont vu, dans la pâle clarté

qu’elle diffuse, matière à jeux de lumières. Voici trois exemples :

CASPAR DAVID FRIEDRICH (1771-1840)

HOMME ET FEMME CONTEMPLANT LA LUNE

Les deux personnages, représentés à contre-

jour, au sein d’une nature sombre et solitaire,

regardent la lune au couchant du soleil.

Baignée d’une lumière de fin de journée, ce

tableau contemplatif dégage une impression

de mélancolie accentuée par la présence d’un

arbre mort, déraciné et en déséquilibre.

HUILE SUR TOILE, 34 × 44 CM,

1824

NEUE NATIONALGALERIE, BERLIN

WILLIAM TURNER (1775-1851)

PÊCHEURS EN MER

Ce tableau reflète, avec magnificence, les

reflets de la lune sur la mer. Sa large clarté

contraste avec la vulnérabilité délicate d’une

lanterne vacillante, soulignant ainsi la

puissance de la nature sur l’homme. Cette

nature se fait ici menaçante sur des pêcheurs

prisonniers d’une houle déjà bien formée. Les

silhouettes dentelées et fantomatiques sur la

gauche sont les rochers perfides appelés « les

Aiguilles » au large de l’île de Wight.

MANET (1832-1883)

CLAIR DE LUNE SUR LE PORT DE BOULOGNE

Ce tableau, jouant sur les contrastes de

lumières (clair-obscur) représente l’attente des

femmes de marins au port, sous la lumière

laiteuse de la lune.

HUILE sur toile, 82 × 101

1869

MUSEE D’ORSAY

HUILE SUR TOILE, 91×122

1796

TATE GALLERY

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

18

AU CINEMA, le thème du voyage dans la lune a fait l’objet de nombreuses adaptations dont Le

Voyage dans la Lune de Georges Méliès, directement inspiré, comme l’opéra d’Offenbach, par le

roman de Jules Verne De la Terre à la Lune.

GEORGES MELIES (1861-1938), LE VOYAGE DANS LA LUNE (1902)

« L'idée du Voyage dans la Lune me vint d'un livre de Jules

Verne intitulé De la Terre à la Lune et Autour de la Lune. Dans

cet ouvrage, les humains ne purent atterrir sur la Lune, ayant,

en effet, raté leur voyage. J'ai donc imaginé, en utilisant le

procédé de Jules Verne (canon et fusée), d'atteindre la Lune,

de façon à pouvoir composer nombre d'originales et

amusantes images féeriques au-dehors et à l'intérieur de la

Lune, et à montrer les monstres, habitants de la Lune, en y

ajoutant un ou deux effets artistiques (femmes représentant les

étoiles, comètes, etc., effets de neige, fond de la mer, etc.). » Georges Méliès, 1933

SYNOPSIS Le Club des Astronomes, présidé par Barbenfouillis, organise une expédition vers la Lune.

Adoptant la solution proposée par Jules Verne, ils construisent un canon géant permettant de

lancer une fusée-obus. A son bord embarquent une équipe de voyageurs de l'espace. Ils se

plantent en plein dans œil de l'astre des nuits et y découvrent monts et merveilles : des

danseuses... étoiles, des champignons à croissance accélérée, des habitants à tête de crevettes.

Comme l'endroit s'avère, à la longue, inhospitalier, ils redescendent sur Terre, où ils sont

accueillis en triomphateurs.

EN BREF

Le Voyage dans la Lune marque une étape dans l'histoire du cinéma. Il arrive six ans après la

projection des frères Lumière du 28 décembre 1895 au Salon indien du Grand Café officialisant

la naissance du cinéma. Tout le savoir-faire en matière de magie, trucages, illusions d’un

cinéaste aux dons multiples transparaît dans ce film. Œuvre et chef-d’œuvre le plus célèbre de

Georges Méliès, modèle du genre «féerique», il est le premier des films de science-fiction dont il

ouvre brillamment la voie.

EN CLASSE

VOIR

Le voyage sur la lune de Georges Méliès dans une version

colorisée à la main avec bande son musicale rajoutée sur le

site :

https://www.youtube.com/watch?v=L-xKECueJPo

ou, dans sa version originale noire et blanc :

http://www.dailymotion.com/video/xbv03c_georges-melies-le-

voyage-dans-la-lu_shortfilms

Un dossier pédagogique très complet sur ce film est disponible sur le site :

www.zerodeconduite.net/dp/zdc_levoyageextraordinaire.pdf

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

19

QUELQUES PROPOSITIONS

D’ECOUTES

Il n’existe toujours pas d’enregistrement intégral du Voyage dans la lune, pourtant une

des plus belles œuvres d’Offenbach. L’ouverture et le Ballet des flocons de neige ont

souvent retenu l’attention des orchestres ou des pianistes, mais Le Voyage dans la lune reste

très peu diffusé et ses enregistrements ne sont que partiels.

De même, aucune analyse musicale de l’œuvre n’est disponible.

Malibran-Music vient de sortir un CD (2015, Réf : MR786) mais avec

beaucoup de suppressions :

- Il faut, dans cette version, se contenter de quatre chanteurs en

plus de l’orchestre.

- Il manque donc tous les morceaux où interviennent les chœurs.

- Tout le final du premier acte passe à la trappe, comme tous les

ensembles, les ballets.

EN CLASSE

VOIR

Pour préparer les élèves au spectacle, à la

fois pour la mise en scène vintage très

colorée et le musique « offenbachienne »

légère et enlevée, le professeur pourra faire

visionner un pot-pourri du Voyage dans la

lune réalisé par les artistes de la production

sur le site :

https://www.youtube.com/watch?v=4BGfvB

NLy78

« Vlan, Vlan, Je suis Vlan, C’est moi le roi Vlan, Vli ! vlan ! Vlan ! Rataplan ! Je suis le roi Vlan ! »

ACTE 1

PHOTO DU SPECTACLE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

20

ECOUTER les fameux couplets du roi Vlan du premier acte sur le site :

https://www.youtube.com/watch?v=4BGfvBNLy78

Le texte, humoristique par ses jeux de répétitions de la syllabe « Vlan » rimant avec « rataplan »,

est chanté dans un tempo « allegro vivo », avec une rapidité étourdissante. Le chanteur, dans ce

babil irrépressible, semble comme frappé d’une incontinence verbale ! L’effet comique est

garanti.

A en croire Robert Pourvoyeur, Offenbach manie syllabes et mots comme un enfant s’amuse avec

ses jouets :

« Il me semble qu’il s’agit d’abord d’un abandon quasi physique, de la part du

compositeur, à cet effet grisant émanant des mots et des syllabes de la langue française.

On trouvera cet effet dans les écoles d’« opérettes » dérivées de l’esthétique

d’Offenbach (Londres, Madrid, Berlin, Vienne), sans parler des déluges syllabiques dans

l’opéra bouffe italien. Mais chez notre musicien, cela verse dans l’ivresse pure, comme

dans ce passage de Ba-ta-clan où les personnages ne semblent plus pouvoir se lasser de

répéter à l’infini « Il demande une chaise. » (…) Cette étrange ivresse verbale, fondée sans

doute en partie sur la découverte tardive de la langue française, dont il semble user

comme un jouet, est probablement aussi l’une des raisons pour lesquelles les poètes

surréalistes - Breton en tête -, généralement peu férus de musique, vouaient au

compositeur de La Belle Hélène un culte tout particulier. »

Robert POURVOYEUR, Offenbach, « Solfèges », Seuil, 1994, P. 170.

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

21

DECOUVRIR

Dans le même esprit, on découvrira dans la bonne humeur le rondeau de l’obus du

second acte. Là encore, Offenbach utilise la langue française comme un jeu, usant sans

modération du comique de répétition sur les mots se terminant sur « ent » chantés sur le

même motif mélodico-rythmique, repris en boucle tel un ostinato :

Avec les élèves :

- A partir de l’exemple ci-dessus : poursuivre les jeux de mots sur le motif

mélodico-rythmique utilisé par le compositeur.

- Puis, demander aux élèves de créer leur propre ostinato à partir d’un champ lexical

évoquant le monde lunaire.

- Plus largement, l’étude du rondeau de l’obus permettra d’aborder le domaine de la

forme : le rondeau avec son alternance couplet, refrain. Les élèves percevront avec

facilité le retour différé du refrain si celui-ci a été préalablement chanté. Une transposition

à la tierce mineure inférieure (dans la tonalité de Ré Majeur) permettra un apprentissage

aisé :

ECOUTER CE RONDEAU DE L’OBUS SUR LE SITE : https://www.youtube.com/watch?v=HOcs3-Kj2f0

REFRAIN

D’ABORD

CHANTE EN

SOLO PAR

CAPRICE PUIS

REPRIS EN

TRIO PAR

CAPRICE,

V’LAN ET

MICROSCOPE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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POUR EN SAVOIR PLUS…

BIOGRAPHIE

POURVOYEUR, Robert, Offenbach, « Solfèges », Seuil, 1994.

RISSIN, David, Offenbach ou le rire en musique, Fayard, Paris, 1980.

YON, Jean-Claude, Offenbach, Gallimard, 2000.

Cette biographie est la première à retracer la carrière d'Offenbach dans toute sa richesse. Elle

restitue l'ensemble des œuvres scéniques du maestro des Bouffes-Parisiens, leur genèse, leur

fortune, leur postérité.

YON, Jean-Claude, Les spectacles sous le second empire, Armand Colin, Paris, 2010.

WEBOGRAPHIE

Un musée virtuel dédié au compositeur ; de nombreuses images et caricatures :

http://www.offenbachmuseum.com/

Un site très complet sur le compositeur et son œuvre :

http://www.jacques-offenbach.de/

Le centre de documentation Jacques Offenbach : http://www.jacquesoffenbach.org/

Jule Vernes et l’astronomie

http://www.lesia.obspm.fr/perso/jacques-crovisier/JV/verne_TLAL_a_l_ecran.html

Partition piano / chant disponible sur le site :

http://imslp.org/wiki/Le_voyage_dans_la_lune_(Offenbach,_Jacques)

Présentation de l’opéra par Alain Duault et Jérôme Savary lors de la projection de l’opéra pour la

nouvelle année (1989) sur FR3.

https://www.youtube.com/watch?v=J6dIHTdmXDo

Le livret de l’opéra

https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Voyage_dans_la_Lune

L’ouverture, direction musicale Marc Soustrot pour le Grand Théâtre de Genève :

https://www.youtube.com/watch?v=QPP5UHpuNZg

Rondeau de l’obus, acte II

https://www.youtube.com/watch?v=HOcs3-Kj2f0

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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LE VOYAGE DANS LA LUNE

A L’OPERA DE REIMS

LA PRODUCTION

Direction musicale : Dominique TROTTEIN

Mise en scène : Olivier DESBORDES

Décors : David BELUGOU

Costumes : Jean-Michel ANGAYS

Le Prince Caprice : Marlène ASSAYAG / Sarah LAZERGUES (en

alternance)

La Princesse Fantasia : Julie MATHEVET / Cécile LIMAL (en alternance)

Le roi Cosmos : Jean-Claude SARRAGOSSE

Microscope : Eric VIGNAU / Thierry CANTERO (en alternance)

Le Roi Vlan : Christophe LACASSAGNE

Le prince qui passe par là : Juan Carlos ECHEVERRY

Cactus : Yassine BENAMEUR

La reine Popotte : Hermine HUGUENEL

Chœur et orchestre : OPERA DE REIMS

Coproduction :

Opéra de Fribourg, Opéra de Lausanne, Opéra Éclaté.

En collaboration avec le Centre Lyrique Clermont Auvergne.

PHOTO DU SPECTACLE

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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ZOOM SUR LE METTEUR EN SCENE

OLIVIER DESBORDES

Licencié de littérature française, Olivier Desbordes suit une

formation d'art dramatique au cours Simon et à Nanterre

où il obtient une licence de littérature comparée. Il réalise

un long métrage Requiem à l'Aube, sorti à Paris en 1976.

Au Palace jusqu'en 1984, il met en scène et participe à des

spectacles avec Tina Turner, Grace Jones, ainsi que des

performances pour Lagerfeld, Dior, Paco Rabanne et

réalise des créations audiovisuelles pour Maurice Béjart.

En 1981, il crée le Festival de Saint-Céré et en assure

depuis la direction artistique où il invite des metteurs en

scène comme Jean Luc Boutté ou Ariel Garcia Valdès.

En 1985, il crée Opéra Eclaté, structure de décentralisation

lyrique qui, en 20 ans, a donné plus de mille

représentations en France, en Espagne et au Maroc. Il

collabore avec l'Opéra de Québec, les Opéras de Nantes,

Massy et Besançon avec des mises en scène de : Tosca, Le

Roi Malgré lui avec Nathalie Dessay.

Entre 1996 et 1998, il a été Conseiller artistique à la programmation lyrique de l'Opéra de Massy

et y participe à la programmation et à la création des opéras. En hiver 1998-99, Opéra Éclaté

reçoit du Ministère de la Culture le label de « Compagnie Nationale de Théâtre Lyrique et Musical

». En décembre 1999, Olivier Desbordes crée en France, à l'Opéra de Massy, Le Lac d'Argent,

conte musical de Kurt Weill sur un livret de Georg Kaiser, précédant une tournée nationale avec

Michel Fau, Francine Bergé et Eric Perez. Il a créé en avril 2001 à l'Institut Français de Marrakech

le spectacle Une Carmen Arabo- Andalouse qui sera joué plus de deux cents fois au Maroc et en

Tunisie. En 2003, L'Opéra de Quat'Sous au Théâtre Silvia Monfort à Paris et au Grand Théâtre de

Dijon. De 2002 à la saison 2007/2008, il a dirigé la programmation du « duodijon ». Parmi ses

dernières mises en scène pour le duodijon : Le Brave Soldat Schweik opéra rare de Robert Kurka.

En novembre 2007, il crée Le Roi Carotte d'Offenbach. En 2009, il signe la création du spectacle

Berlin années 20 ! Une revue de 1925 en 24 tableaux de Mischa Spoliansky et Marcellus Schiffer

sur les grands magasins, ainsi que «Les Nouvelles du Jour» d'Hindemith (création en France).

Il a mis en scène à Fribourg Madame Butterfly en 2011.

Depuis 2011, il a repris avec Michel Fau les destinées du festival de Théâtre de Figeac, où il a

mis en scène en 2012 Lost in the Stars de Kurt Weill et Maxwell Anderson. Il a l’ambition avec

Michel Fau de faire du festival de Figeac un festival de création autour de textes importants, et de

grandes figures du théâtre. Il met en scène le Malentendu d’Albert Camus pour le festival de

Figeac 2013 avec Francine Bergé, prix d'honneur du jury des palmarès du théâtre 2013 et Farida

Rahouadj entre autres.

Olivier Desbordes est chevalier des Arts et Lettres.

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

25

LA NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE

« Offenbach profite dans cette opérette féérique de l’influence de Jules

Verne, très à la mode à l’époque. Jules Verne, lui-même, montait des « grands »

spectacles à partir de ses romans permettant aux gens de voyager !

Dans Le Voyage dans la Lune, il y a une part de rêve et de féérie, le rêve des

autres planètes. La science en plein essor permet d’envisager tous les progrès

possibles. On part donc d’un monde des années 1870, post commune de Paris, où

la bourgeoisie conquérante se passionne pour les nouveautés techniques et le

fameux progrès scientifique.

Nous travaillons pour ce premier acte à partir de cette époque très sûre d’elle-

même mais qui va être terrorisée à la naissance du cinéma par l’arrivée d’un train

dans une gare ou par le voyage dans la lune de Méliès.

Un premier acte en noir et blanc avec ses images saccadées tel que les films

muets nous l’ont imprimé dans notre imaginaire. Ensuite au deuxième acte on

part dans la lune... avec ce départ on va traverser l’imaginaire et le temps et se

retrouver dans une science-fiction des années 1960... Un monde d’Orwell où nos

héros vont découvrir un univers glacé où l’amour n’existe pas comme dans

Barbarella ! Une science-fiction glacée comme la guerre froide !

C’est là qu’Offenbach prouve une fois encore, son acuité à observer son époque

: dans la lune l’amour n’existe pas. Il y a une réserve de femmes pour faire les

bébés et une réserve de femmes pour le plaisir ! C’est en fait le cœur de l’œuvre,

la définition du statut de la femme durant le 19e siècle et la première moitié du

20e, d’un côté l’épouse et mère chargée de la reproduction, de l’autre la femme

illégitime consacrée au plaisir.

On n’est pas loin de la description de la sainte famille idéale des vieilles valeurs

judéo chrétiennes ! Une pomme « ingurgitée » par la princesse va lui faire

découvrir l’amour au dernier acte de la pièce ! Et tout d’un coup c’est la

libération sexuelle ! La lune tombe dans sa période hippie, peace and love, c’est

Woodstock façon Offenbach...

Ce voyage est un voyage dans le temps avec une fantaisie et une perspicacité

qui lui donne d’une manière évidente des résonances actuelles... dans la joie bien

sûr, sans compter sur l’habituelle bêtise des rois, des politiques, des ministres

obséquieux, des conseillers roublards... le pouvoir donnant toujours matière à

parodie !

Notre terre ressemblera à celle de Méliès mais ensuite ouvrira la porte à une

traversée du temps, à l’aide de forgerons wagnériens, de savants hystériques, des

Monsieur Spok rigides, une sorte de voyage enfantin au pays des grandes

personnes ! »

OLIVIER DESBORDES

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

26

LES DECORS DE DAVID BELUGOU

Présentation des différentes maquettes, phase préparatoire à la réalisation des décors :

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

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REGARDS SUR LA DIRECTION MUSICALE

DOMINIQUE TROTTEIN

Après avoir été chef de chant (Opéra de Nantes, Opéra

de Nancy : création française de Billy Budd et de Mort à

Venise, création mondiale de Noche Triste), il se

consacre à sa carrière de chef et collabore avec de

nombreux opéras, théâtres et festivals (Tours, Nancy,

Saint-Etienne, Metz, Marseille, Avignon, Toulon,

Düsseldorf, Milan, Théâtre Mogador…).

Il dirige dans ces lieux différentes productions

notamment La Flûte Enchantée, Le Carnaval de Londres,

La dame Blanche, Le Pays du Sourire, La Grande

Duchesse de Gerolstein, Le Dialogue des Carmélites...

Il crée l’ensemble vocal Mille e tre. Il entame en 1999

une longue collaboration avec le festival de Saint-Céré

(Le Barbier de Séville, Le Roi Carotte…) tout en

continuant ses autres projets (invité par l’orchestre

philharmonique du Maroc, l’université de Yale, l’orchestre Verdi de Milan, le concert «Prom's»

avec le Royal Scottish National Orchestra). En septembre 2002, il est le directeur musical du duo

Dijon (Les Contes d’Hoffmann, Tosca…).

Passionné par la formation de jeunes chanteurs, il est chef principal invité du CNIPAL et le

premier chef invité de celui-ci (Orphée aux Enfers, Cenerentolla). De 2011 à 2014, il dirige

encore de nombreux opéras, opérettes et comédies musicales, dont Madame Butterfly, La Belle

de Cadix et Lost in the Stars avec Opéra Éclaté.

LES ECHOS DE LA PRESSE

« L’intérêt musical n’est pas en reste. La partition est étincelante, l’orchestration

plus travaillée que naguère, l’écriture vocale des rôles féminins plus exigeante.»

« Le propos d’ensemble est très cohérent (…) le procédé d’actualisation n’est

jamais lourdement asséné et, surtout, il reste constamment drôle. »

« Réalisation musicale de haut niveau ».

Jacques Bonnaure – Opéra Magazine – mars 2014

« Mariez un génial compositeur, Offenbach, tout en légèreté, malice et entrain,

avec un metteur en scène chevronné, Olivier Desbordes, qui connaît son

métier sur le bout du doigt et sait parfaitement tirer toutes les ficelles. De cette

union va naître un spectacle brillant, haut en couleurs et parfaitement

jubilatoire d’autant que sont conviés à la noce interprètes et musiciens de

talent. Ce voyage dans la lune est un enchantement, un véritable feu d'artifice

où décors et costumes rivalisent d’ingéniosité et de créativité » (…) « Si tous les

interprètes s'approprient leurs rôles à la perfection, jouant le burlesque sans

jamais tomber dans le grotesque, exercice ô combien périlleux, j'ai pour ma

part été complètement époustouflée par Julie Mathevet, extraordinaire

Fantasia, voix brillantissime et qui se permet même de rajouter dans l'air « Ah

LE VOYAGE DANS LA LUNE OFFENBACH

29

mon papa » quelques notes cristallines en cascade de la Reine de la nuit !

Virtuose. »

L'orchestre quoiqu'en formation réduite ne démérite pas, nerveux et précis,

dirigé avec maestria par Dominique Trottein, se permettant aussi un clin d'œil

facétieux avec, à l'ouverture du Marché aux femmes, égrenée au violoncelle,

la célèbre suite de notes de Money, de l'album des Pink Floyd The dark side of

the moon !

Un voyage dont on ressort heureux et enchanté. »

Nicole Bourbon - Regards - août 2014

http://www.regarts.org/saint-cere/saint-cere-jour4.htm

« Le metteur en scène rebondit sur la fable d’Offenbach pour dérouler la

métaphore d’un monde qui court à sa perte. (…) C’est la grande réussite de

ce spectacle, qui dépasse son cadre purement historique pour poser des

questions plus fondamentales (…) Bref, un joli cocktail qui fait son effet grâce

au jeu très animé des comédiens-chanteurs » (…)

« Offenbach signe une partition colorée, alternant mélodies entraînantes et

plages de lyrisme. » (…) « Costumes très réussis de Jean-Michel Angays »

Julian Sykes - Le Temps - 2014

PHOTO DU SPECTACLE