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Drogues & Education permanente Des outils à l’attention des organisations d’Education permanente 25 octobre 2006 Réaction et appel à mobilisation : L'école mariée de force à la police ? Nouvel avatar du tout sécuritaire actuel, une circulaire du Ministre de l’Intérieur, discrètement parue au Moniteur ce 24 juillet 06, fait-elle office de bans officiels des futures fiançailles entre la police et l’école ? Il y est en tout cas question de « partenariats », d’« engagements », de « conventions »… Aujourd’hui, il est demandé à la police locale de créer un point de contact permanent pour les écoles de son territoire, comme première mise en œuvre d’un partenariat engagé, précise encore cette circulaire. Un grand nombre d’acteurs du monde scolaire s’inquiètent de la présence de plus en plus permanente des forces de l’ordre dans les lieux d’éducation et de leurs missions de plus en plus intrusives.

L'école mariée de force à la police

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L'école mariée de force à la police.

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Drogues & Education permanente

Des outils à l’attention des organisationsd’Education permanente

25 octobre 2006

Réaction et appel à mobilisation :

L'école mariée de force à la police ?

Nouvel avatar du tout sécuritaire actuel, une circulaire du Ministre de l’Intérieur,discrètement parue au Moniteur ce 24 juillet 06, fait-elle office de bans officielsdes futures fiançailles entre la police et l’école ? Il y est en tout cas question de« partenariats », d’« engagements », de « conventions »… Aujourd’hui, il estdemandé à la police locale de créer un point de contact permanent pour les écolesde son territoire, comme première mise en œuvre d’un partenariat engagé, préciseencore cette circulaire. Un grand nombre d’acteurs du monde scolaire s’inquiètentde la présence de plus en plus permanente des forces de l’ordre dans les lieuxd’éducation et de leurs missions de plus en plus intrusives.

La police, gestionnaire du décrochage scolaire ?

La circulaire justifie son existence par les récents événements dramatiques qu’aconnus notre pays. Dans ce cadre, cette circulaire traite spécifiquement de laviolence, de la menace avec violence et de l’extorsion (le « steaming »), de ladétention d’armes par les jeunes. L’Intérieur ne s’embarrasse d’aucune précautionpour désigner les fauteurs de trouble : « les jeunes en décrochage scolaire ». Lamission première du fameux point de contact sera donc d’obtenir une transmissiond’informations relatives à l’absentéisme. Ce qui disqualifie tous les dispositifspédagogiques… d’accrochage scolaire !

Toutefois, et selon la police, il existe encore d’autres déviants qui mettent endanger un environnement scolaire sûr. Ce sont des personnes ou organisations quiont un style de vie et/ou une vision "déviante" et qui pourraient influencer lesjeunes d’une manière négative. Il convient d’y mettre le holà en déterminant,d’une manière claire et conviviale (sic) les procédures de renvoi et decollaboration entre la police et les communautés scolaires.

La police sort de son cadre défini dans la loi sur la fonction de police. Il n’est plusseulement question de prévention d’un délit mais de la vision policière du déviantet du traitement qu’il conviendrait de lui administrer. Ce dernier est sans douteassez différente des missions officiellement reconnues aux établissementsscolaires. L’école a-t-elle à ce point renoncé à son ambition d’éducation dans ladifférence ? de soutenir et de stimuler le développement de toutes lespersonnalités, de tous les styles de vie ? Notre société acceptera-t-elle que l’écoleabdique son idéal émancipateur pour se transformer en vulgaire auxiliaire de policeprompt à la délation ? La police va-t-elle prendre en charge la mission d’éducation,laissant l’enseignement aux écoles ?

L’école est-elle consentante ou n’est-ce encore que le souhait d’un ministreéperdu de politique sécuritaire ?

Injonction est en tout cas donnée aux forces de l’ordre de mettre en place despartenariats, de prévoir un point de contact permanent permettant ledéveloppement de conventions pratiques. Il apparaît donc clairement que c’est lapolice qui est demandeuse et non l’école. Il est même précisé que si la zone [depolice] ne connaît pas de problèmes dans ce domaine, il est tout de mêmefortement préconisé de prendre certaines mesures et initiatives d’une manièrepréventive et proactive. Dès lors, il semble bien qu’aucune raison valable ne peuts’opposer à la création de ces points de contact permanent.

Cette circulaire illustre par l'absurde la dérive sécuritaire actuelle et les remèdesdangereux appliqués à des problèmes réels. En effet, comment maintenirl'ensemble des jeunes dans le parcours scolaire, parcours complet qui devrait êtresynonyme de socialisation et d'intégration réussie dans notre société ? L’action dela police à l’école doit être limitée aux cas de force majeure à la demande del’école. La police est certes très utile mais n’est pas un acteur éducatif. Si lesécoles ont des difficultés il convient avant tout de renforcer leurs structuresd’encadrement propres. Ces fiançailles doivent être rompues pour éviter lemariage qui verrait un policier au fond de chaque classe…

Appel aux structures et associations des secteurs de l'enseignement, de l'éducation,de l'aide à la jeunesse, du monde académique et de tout autre secteur face à ladirective PLP 41.

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Service éducation permanente