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Année !NIo 7 15 Avril 1928 ORIA1)1Jl Dt LA Soc:iété valai,av"e d védu€-ation L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les abonnements se règlent chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36 ,

L'Ecole primaire, 15 avril 1928

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Tout ce qui con~erne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion.

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LIBRA.IRIE PAVOT Lausanne - Genève -- Neuchâtel .- Vevey - Mcntreux - Berne

COURS D'A RITHMÉ1'I Q -eTE

par Louis GROSGURIN et André CORBAZ à l'usage des Ecoles primaires.

Les ouvrages de MM. Grosgurin et Corbaz, en usage dans les écoles du canton de Genève et avantageusement connus dans le reste de la Suisse romande, forment un cours complet d'arithmétique et de géométrie élémentaires.

:\!. Grosgurin, chargé à Genève de la formation mathématique des jeunes maîtres, a codifié les principes du calcul à récole primaire, et :VI. André Corbaz a rajeuni ses manuels en les harmonisant avec les Méthodologies. Les deux auteurs se sont efforcés, dans une colla­boration attentive, de donner à renseignement mathématique élémen­taire l'unité nécessaire en même temps qu'une base ,soli,de et ra­tionnelle.

MÉTHODOLOGIE D'ARITHMÉTIQUE par Anùré GROSGURIN'.

1 vol. in-8° cart.. . . . . . . . . . Fr. !:J.-Cet ouvrage qui forme la partie didactique et qui est ainsi le

Livre du maître s'attache à développer graduellement les opérations, à en préciser le sens au cours de leurs aspects successifs Il montre comment le maître peut tirer des faits les notions abstraites. Sa mé­thode souple et claire oppose sans cesse au calcul passif le calcul réfléchi et aux préceptes routiniers ces réactions constantes de l'esprit qui donnent au c-alcul sùreté et sécurité. Ce volume de 300 pag'es abonde en faits. en notions originales, en illustrations qui jettent un jour nouveau sur la matière et provoquent des suggestions dont tout maître retirera le plus grand profit. On y trouve aussi rIe nom­breux prohlèmes d'observation inédits.

PROBLÈMES D'ARITHMÉTIQUE CALCUL ÉCRIT

par André CORBAZ 3 vol. in-Hi cart. . . . . . 1re série Fr. 2.20

2e et 3e séries, chacune » 2.50 L'ouvrage comprend trois séries de deux années d'études{ soit tout

le cycle primaire, de 7 à 13 ans. Cette nouvelle édition (1921) est le développement harmonique du programme genevois. C'est la partie pratique qui suit pas à pas la théorie. Des notes au bas des pages renvoient le maître aux paragTaphes de la Méthodologie. Il y trouvera le commentaire de maints exerC'Îces encadrés dans le livre de l'élève. Chaque année d'études comprend de 350 à 400 problèmes.

SOLUTIONNAIRES D'ARITHMÉTIQUE A chaque série de Problèmes d'arithmétique correspond un recueil

rle solutions. 3 vol. in-16 c·art. 3 séries, chacune Fr. -.75

4:7me Année No 7 15 Avril 1928

Organe de la Société Valaisanne d'éducation

SOMMAIRE: Caisse de retraite, - Chronique de l'UnIon. - De l'au­torité personnelle de l'instituteur. - Langue française. - En glanant. - Le Cinéma. - L'enseignement de la géographie. -Quelques principes disciplinaires. - Etapes scolaires. - Variétés.

NOS PAGES. La Question sociale: Le contrat de travail.

Caisse de retraite

La Comm.ission de la Caisse de Retraite a le plaisir de porter à la connaissance de ses nlembres que le Département de l'Ins­truction publique vient de lui remettre le montant de fI'. 56,951.60, plus intérêts dès le 1er janvier 1928.

En plus de cette ,aleur, le Département a versé dans le courant de l'exercice, fI'. 10,000.- . C'est donc fI'. 66,951.60 qu'il a remis à la Caisse pour sa part de rachat d'années de service fait par le P . E. Si l'on tient cOlupte qu'en 1927, l'Etat a payé en outre fr. 56,560.- pour sa part de cotisatiO.ns à la Caisse, en une année, le Département a versé à notre institution plus de 110,000 francs.

Chronique de l'Union:

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~t5r'~

Dans quelques jours, les élèves de la luontagne prendront la clef des champs . En plaine, la plupart des écoles se ferment en juin; ainsi, pendant quatre, cinq ou six mois, les enfants ont.1eurs congés, heureux de ne plus être à un travail suivi, heureux sur­tout de vagabonder,. de folâtrer loin 'de toute surveillance.

Les vacances sont bien longues; elles sont trop longues. Nulle part en Suisse la scolarité n'est aussi réduite qu'en

Valais, La durée moyenne des classes n'atteint pas '7 mois. Pen­dant cette courte période, l'instituteur doit donner .à ses élèves des connaissances étendues, car nos progralumes sont aussi char· gés que ceux des cantons à scolarité annuelle.

Alors qll 'arrive-t-il ?

Ou bien le maître néglige certaines parties du progtamme, et ce sont souvent les plus intéressantes pour la formation générale qui sont ainsi sacrifiées, ou hien il les passe toutes rapidement en

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revue et l'école devient alors un véritable bourrage n'ayant ~UClll1e des qualités ' de l'école acti ve. En aucune façon, dans les CIrcons­tances actuelles il n'est à même de donner à ses élèves une édu­cation profonde, une connaissance complète des disciplines sco-laires. . . '.~ O~ pourra - relater aussi bien qu'on voudra ' les progrès' .ré­j~missants et indéniables accomplis par le Valais ?~ns le. dOmaI!le scolaire; ils sont trop tangibles pour qu'un cnhqu~ .Impa~·hal puisse se refuser à les reconnaître. Mais no,us dev(~ns fane Inieu x encore, car qu'on ne s'y" trompe pas, cette ll1struchon est souvent plus apparente que réelle, elle est superficielle, le temps ,ayaI~t manqué pour faire des répétitions suffisantes ou pour approfondIr les matières.

En général, nos élèves acquièrent de bonnes connaissanc~s en mathématiques; car, le bon sens pratique, la justesse du ra~­sonnement, l'esprit positif sont des qualités innées chez .le ':' alaI­san. Enfin, ils connaissent assez bien l'orthographe, l'hIst01re et la géographie. Voilà pourquoi beaucoup se laissent prendre par les résultats d'un examen superficiel et, jugeant sur ces appa­rences fallacieuses, ils déclarent: « A quoi hon augmenter la sco­larité ? les élèves des classes de six mois ont d 'aussi bonnes' notes que les autres ». ' .

Mais est-ce là tout le savoir? A-t-on appris à l'enfant à lIre dans le livre de la nature? L'esprit d'observation a-t-il été éveillé? A-t-on fait état de la curiosité native chez l'enfant, qualité si précieuse pourtant entre les mains d un maître atte.ntif? .Non, malgré la meilleure volonté des éducateurs, cela .est Irr:POSSIbl~ ,: il faut du temps po.ur réaliser une synthèse, une ll1duchon. VOIla pourquoi aussi, l'institu~eur qui a été n.~t.~n:i des excellente~ IUé,­thodes modernes d'enseIgnement peut dIffICIlement les applIquer, faute de temps.

* . * *

Nul n'ignore com.bien les longues vacances d 'été sont.néfast.es à l'instruction et à l'éducation de l'enfant. Pendant SIX mOlS, l'écolier oublie ses livres, ne fournit plus le moindre effort intel~ lectuel. A la réouverture des classes, il faut recominencer à !tu donner des connaissances qu'on avait réussi à asseoir dans son esprit, après mille peines. Quelle perte pour l'intelligence et le savoir des élèves. .

Et au point de vue moral ? Que deviennent ces enfants ainsi livr~s à eux-mêI?es pen­

dant de longues journées? Quelle aberrat~on de voul?u' laIsser vagabonder ainsi dans les rues, sans sur~'eIllance, c~s etres d?nt la volonté est encore à l'état 'embryonnaIre! Il suffIt alors d un mauvais compagnon pour corrompre tout un groupe d'enfants. Et -vojlà . compromise, pour ne pas dire détruite, toute 'l'œuvre

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d 'édùcation péniblement édifiéé à l'école. Que chacun consulte ses souvenirs et if pourra se convaincre que les vacances ont 'été dé­favorables au point de vue moral. Les enfants qui échappent alor s­à l 'influence du maître subissent inéluctablelnent une autre in~ fluence, néfaste celle-là, influence d'un mauvais camarade qUI leur offre l'attrait du mal, attrait mystérieux parce qu'inconnu, auquel ils résistent difficilement.

Pour enlever l'enfant au danger de la rue, pour lui donner les connaissances générales si nécessaires et pour permettre l'ap­plication rationnelle des méthodes moderI?-e~ d'enseignemeI?-t, il n 'y a qu 'une solution: augmenter la scolante. Tous ceux qUI ont à cœur d'arracher l'enfant aux influences pernicieuses, -de déve­lopper son éducation et son instruction, doivent se faire les apô- , tres de cette idée et comprendre que c'est là un devoir moral crui leur incombe. - Mais ici nos braves campagnards vont .se récrier: « Nous ne

pouvons nous passer de nos enfants », disent-ils. Pourtant, pour réaliser cette œuvre, nous comptons sur leur bon sens et sur J'esprit de sacrifice qui doit les animer envers leur enfants. Il faut.. que le bien de ces derniers .passe avant le leur, le bien général avant le bien particulier. Il le faut pour l'avenir de la société qui sera dem.ain ce que l'école la fait aujourd'hui.

Jusqu'à l'âge de 10 ans, les enfants ne peuvent apporter qu'un secours illusoire à leurs parents. On commence d'ailleurs à le comprendre, puisqu'il existe déjà dans le canton plus de 40 écoles d'été, aussi bien à la montagne qu'en plaine.

Le canton d'Uri, placé dans des conditions plus défavorables que le Valais, a introduit depuis 10ngteInps déjà la scolarité an­nuelle obligatoire pour les enfants des classes inférieures. On pourrait aussi astreindre chez nous les eni'aüts de 7, 8, 9 et 10 ans à la fréquentation des classes d'été. Inutile de dire que Vaud ét Fribourg ont la scolarité annuelle.

. Enfin, la fréquentation annuelle de l'école serait-elle réelle­ment une Ïlnpossibilité pour les grands élèves? Leur serait-il absolument impossible de suivre la classe 3 -heures par jour, le matin par exeInple, de 6 heures à 9 heures? Les résultats en seraient considérables; le lnaître conserverait le contact avec ses élèves, son influence morale serait grandie. De la sorte, il pour­rait consacrer tout son temps à l'enseignement, il sei'ait réelle­l11.ent éducateur.

Nous espérons que, lors de la révision de la loi scolaire, on étudiera en toute ob.iectivité la question de la scolarité annuelle.

Sur les bases que nous venons d'énoncer, il y' aurait possi­bilité de la rendre obligatoire. Sinon , on pourrait tout au moins laisser aux parents la faculté de demander l'ouver'ture des classes d'été avec obligation de la créer si une participation. de 10 à ,15' élèves est assurée. :' . l. !

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Tout évolue ici-bas. Le Valais s'est développé d 'une façon extraordinaire durant ces 20 dernières années. L 'école ne doit pas être immuable non plus; elle doit fournir les pionniers indis­pensables au progrès. Voilà pourquoi l'évolution doit se faire dans son sein d'abord, afin qu'elle se fasse par elle dans tous les do­maines' de l'activité humaine.

Clément BERARD.

De l'autorité personnelle de l'instituteur

En vertu de ses fonctions, l'instituteur esl dépositaire d'uue autol'ité l'éelle; mais qui ne lui suffit point pour exercer sur ses élèves l'ascendant et l'influence indispensables au succès de son œuvre éducatrice. Il lui faut encore ce 'que l'on nomme l'autol'ité pel'sonnelle, qui impose le respect, capti\ e l'attention, gagne les cœurs et les volontés.

Il suffit à certains maîtres de paraître devant les élèves pour que ceux-ci éprouvent imluédiatement une crainte respectueuse, compriment toute velléité de résistance ou de désordre et se sen­tent comme fascinés et dominés.

Pour d'autres, au contraire, ces mêmes élèves se luontrent réfractaires à toute discipline, à tou t travail sérieux; malgré les menaces, les punitions, les éclats de voix et les rappels aU devoir.

Ce phénomène assez fréquent, s'explique aisément. En effet, les enfants ne se gouvernent pas comme la foule des

hommes. Ils sont peu sensibles ù l'opinion que le public se fait de leurs maîtres, ils se soucient peu des avantages du corps, de la naissance, de la nationalité, de la fortune, ni même de la science celle-ci fût-elle très vaste.

Les gens peu au courant des m:œurs écolières se figurent par­fois qu'un homme à l'air distingué et noble, à la taille avanta­geuse, à la voix sonore, en possession de tous les diplôlues requls , va d'emblée réussir et s'imposer.

Erreur grande! A peine les élèves ont-ils observé un jour OH

deux leur nouveau maître qu'ils se mettrent à babiller, à S'alTI,l" sel' sous ses yeux ahuris. De temps en temps, le calme se rétablit momentanément, à la slùte d'un grand geste, d'un éclat de voix ou d'un coup de règle ou de poing appliqué sur le pupitre ; puis le ,désordre continue dans un crescendo désespérant. Rien ' n'y fait, pas plus la violence que l'exposé de savantes leçons de notre fin lettré qui, découragé, donne sa démission ou reçoit son congé.

Voici qu 'un autre homlue le remplace. Celui-ci ne possède aUcun des avantages dont semblait se prévaloir son prédécesseur, pas même au point de vue instruction. Il se présente devant une bande d'écoliers qui ont la réputation d'être peu COlumodes. Mais?

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Ô surprise, à peine s'est-il montré, à peine son regard s'est-il arrêté un instant sur cette jeunesse turbulente, que les causeries cessent, que le cahue s'établit. Pourtant, le nouveau venu n'a pas enc~re ouvert la bouche. Un geste, un regard, une attitude a suffI. Son âme s'est révélée. Ce sont les qualités luorales en effet que les enfants cherchent à découvrir par leurs recrard~ attentif~ et scrutateurs. Avec une rapidité et une sûreté déc~ncertantes ils apprennent à connaître le caractère de leur maître. Celui-ci e~t-il calme et ferme? Son regard, sa parole, son geste dénotent-ils la décision et l'énergie? Son œil exercé voit-il tout sans trouble? l'enfant est subjugué instinctivement.

Mais que le luaître prenne garde. Si son premier contact avec ses él~ves lui a donné le succès, il peut arriver que peu à peu l~s vaIncus prennent la revanche; car ils sont restés aux aguets pour découvrir les points faibles et pratiquer les brèches dans le mur de la discipline.

, Qu'il ~it donc l'œ~l à tout ,~t sur tous , non pas un jour ou 1 autre, malS tous les Jours; qu Il rappelle à l'ordre avec tact et cahue, mai~, aus.si avec énergie; qu'il ne se laisse troubler par aucune espleglene l aucune boutade; que toute faute soit imluan­quablement suivie d'une répression juste, mesurée. Et si à cette attitude sage et fernle, il joint des leçons bien préparées, données avec goût, une préparation et une correction soignées des devoirs les élèves se prendront à aÎlner leur maître ainsi que l'école et les exercices qui s'y font.

On l'a dit: les enfants aiment à faire le désordre mais ils ne se plaisent que dans l'ordre. '

. , Il pou.rra encor~ ?T avoir des manquements, des dérangements )sol~s, malS les pOSItIons conquises restent inexpugnables. L'es­sentIel, nous le répétons, est que le maître ne se laisse pas sur­prendre par les délices de Capoue, c'est-à-dire par la satisfaction du succès emporté, les témoignages de sympathie ou de confiance que, parfois, on lui prodigue dans un but intéressé.

. , l!ne surveil~~nce ~ct~ve e~ ininterrompue, lU ais discrète; l'éga­hte d h~n~e~r, ~ energle ~ f~I~'e respec~er to~s ~es jours le règle­men~ dlsc,Iphnaue, u~e equIte et .une ImpartIahté sans reproche; en resume, une conSCIence professIOnnelle minutieuse tels sont les l~loyens infailli~l~s de succès. dans l'œuvI~e si difficil~ de l'éduca­t~on et les condItIOns nécessaIres de l'autorité personnelle de 'l'ins­tItuteur.

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Langue fra'nçaise

L'Habitation La chaumière. '

La bicoque, cJwume et torchis, vit sous la roche, Entre la route en pente et la rivière proche.

Une cour est derrière, un courtil est devant. Sur des cordes, du linge usé clapote au vent. Au toit, quelques pigeons donnent, roulés en boule. Pal' les trous de la haie, entrent, sortent des poules. Au vieux tuyau de fer de la source, un fil d'eau Coule entre de la mousse et déborde d'un seou. Tandis qu'assise à l'ombre, une fille superbe, En coiffe à bavolet, plume un cmwrd dans l'herbe.

Adolphe Hardy.

Rédaction.

l. La roulotte. - Décrire une roulotte arrêtée au bord du chemin: la voiture, les annexes, la bâche, le tuyau du poêle ... Vos iInpressions.

Développement. - C'était une roulotte comme en ont les errants de la route, les vanniers nomades, les saltimbanques, qui vont de pays en pays et donnent des séances dans les salles d'auberge, par les soirs d'hiver.

Vermoulue et tombant en ruines, on l'avait fabriquée avec de vieilles planches volées sans doute dans les amas de démolitions, parmi les terrains vagues, aux abords de grandes villes. Certains morceaux de bois même, qui avaient dù être primitivement des clô­tures de guingettes, gardaient encore des inscriptions, des enseignes naïvement enluminées, œprésentant des amoncellements de victuail­les, des traces de peinture ancienne qui, avivées par la pluie, avaient repris, ce soir-là, une coloration plus éclatante et comme' neuve. Sur le derrière, une espèce de râtelier contenant des paquets d 'osier donL les tiges étaient dépouillées de leur écorce et r ecouvrant le tout, une toile mince, rongée par l'usure et criblée de trous, étendait sur des cerceaux sa blancheur grelottante. Un tuyau de poêle rongé rIe rouille en sortait à l'avant, oscillant dans leS cahots d'une façon la­mentable. A voir cette toile élimée, on se pr'enait tout de s:uite à penser malgré soi qu'il ne devait pas faire chaud là-dessous, par les nuits d 'hiver, alors que les toits des maisons sont tout brillants de gelée blanche, alors que les bruits vont au loin, répercutés sur la tranquillité dormante de la terre durcie, alors que les vieux arbres se fendent dans les vergers a·vec des craquements sous l'invisible étreinte du froid ' pénétrant jusqu'aux fibres profondes du cœur.

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2. Les familiers de la lnaison. -- Le chien: il a sa niche, mais il court aussi dans la maison: où, quand, pourquoi .. . Son ennemi, le chat: son portrait, ses habitudes .. .

3. Les hôtes ailés de la maison. - La poule: ses attitudes, ses occupations . Elle est surtout intéressante quand elle a des poussins: ses démarches ... Parmi les hôtes ailés il y a des oiseaux: moineaux et hirondelles ... Et peut~être un pinson ou un canari ...

4 . Explorateur! - Le voyage se borne ·à explorer le gre-nier. Découvertes qu 'on ' y fait. .

. 5. Corvée. - C'est une belle coutume, dans nombre de nos villages du Valais, de consacrer une journée de travail à quel­que personne dans l'impuissance' : une veuve, un pauvre, Sup­poser que les ouvriers d 'un hameau relèvent ainsi la cabane d 'une pauvresse détruite par l'incendie. Raconter et décrire.

6 . La villa de Ines rêves. - Je me permets parfois de rêver .à une villa future . Com.ment je la voudrais.

q ~===:=:==E=N==C=L=A=N=A==N=T~

ùe long du ' grand jardin ...

Le long du grand jardin qui borde le lac bleu, Mon bel enfant s'amuse avec des feLzilles lnortes. Il les jette en riant au vent qui les emporte Et suit des yeux leur vol épars couleur de feu.

Le tout petit s'Clllluse. Au ciel, l'azur est pâle Avec tout (/lZ loin des reflets d'or sur les lwuteurs. Des cygnes SUI' le lac glissent avec lenteur; Une barque Se perd clans la brume automnale .. .

L'enfant qui l'aperçoit veut se faire un bateau. Vite il saisit dans sa menotte maladroite Une feuille d'o1'1nemz, déjà fanée et moite, Et de toute sa force . il la jeUe sur l'eau .

~Mais le vent souffle, un joli vent tiède et paisible, Et la feuille retombe cl ses pieds près d~ bord. Il s'étonne ... Il sourit. Puis il la jette encor . A1Clis la feuille revient sous le souffle invisible.

Sans cesse elle revient sans .tCllnClis toucher l'eau! Les yeux tristes soudain, plissant sa bouche tendre, Le tout petit regarde à l'entour sans comprendre Et ses lèvres défit retiennent un sanglot.

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Quand tu saas plus grand, n10n cheZ' Q1nour, peut-êtl·e). Vers quelque rive hew'euse et VeZ'S de nouveaux cieux) Tu voudl'as élancer ton rêve audacieux Et tu le jettaas aux vents de tout ton être.

Tu jetteras aux vents de la lJie) ClUX vents froids) Aux vents rudes, cruels pour les oiseaux de fête) Le l'êve frén1issant de ton cœur de poète Que ne contiendront pas les hol'izons étroits.

Il ira) fiel' et délivré des servitudes) Vers la l'ive lointaine aux bords émerveillés ... Puisse-t-il, libre et fort) p1us fort que les vents rudes­Ne pas venir s'abattre et moul'ir à tes pieds.

Emilia CUCHET-ALBARET.

----/Q h'homme de bien ES'--

Il n'était pas de ceux dont la patrie est fière! ... Son non1 ? Aucun n'était moins connu que le sien: Mais tous ceux qui suivaient son corps au cimetière Se disaient à voix basse: « Il fut un homn1e de bien! »

C) était pauvre et pourtcmt un beau cortège Que Ices petits du monde) enfants peZ'dus du sort, Que ces hommes de bien conduisant pal' la neige Un autre homme de bien, leur frère) au chQ1np de mort !

Le cercueil n'était pas recouvert de tentures! La croix n'était pas d'or et le prêtl'e était seul! 'Alais les fenl1nes pleuraient en cachant leurs figures E~ les hommes étaient plus blancs que le linceul!

Celui qui s'en allait avait été brave hOllune! Il avait marché droit tout le long du chemin ... Aucun rêve mauvais n'avait troublé. son SOlnme Calme et vivant hier comme il eût fait demain!

Cet homme avait raison! ... cet homme était un sage! Le ruisseau qui s'en va sans sortir de son cours '

Vaut mieux que le torrent qui marque son passage , ... Le_ vent ne rompt jamais que le SOlnmet des tours!

mill;' I -~ II! : ' II:

Soyons humbles aussi! - Suivons droit notre l'oute Et vivons comme lui, CQl' Inoi .te ne sais rien

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De plus doux pour le Inort, si le mort nous écoute, Que d'entendre ces mots: « Il fut l10lnlne de bien! »

Eugène LE lVIbuL.

Le Ciné:naa Et si !lOUS parlions un peu, chers lecteurs de l'Ecole, de ce

'grand roi du jour qu'est le Cinéma? C'est un sujet qui doit sûre­luent beaucoup intéresser vos élèves toujllllrs si avides des lTlyS­

tères de l'écran. Comment s'exécute l'édition, la production d'un film? Voici:

"l'éditeur étudie un scénario. Il choisit un me~teur en scène, des artistes, des décorateurs, des opérateurs de prises de vues, etc.

Cela étant, on conl.mence par tourner le négatif. Nous compa­rerons celui-ci à la plaque photographique ou à la pellicule après leur développenl.ent en chaInbre noire par des révélateurs. Souvent -plusieurs appareils de prise de vue filment la même scène de façon à ne pas devoir la recomm,encer quand son négatif est dé­fectueux, ce qui arrive par suite du mauvais état de la pellicule ou des bains ré, élateurs , ou à cause d'irrégularités dans le lnéca­nislne de l'appareil enregistreur d'images.

La prise de vue exige d'ailleurs, une connaissance technique spéciale. Depuis quelques années, on a créé à Paris et en Amé­rique des écoles où les futurs opérateurs reçoivent une instruc-tion et une éducation appropriée à leur emploi. ,

Le nl.etteur en scène n'hésite pas à faire tourner plusieur::i fois le même tableau jusqu'à ce que les artistes le reproduisent avec le plus de perfection possible. On comprend alors que pour réaliser une bande qui mesure, sans les titres, 2000 mètres , il faille employer jusqu'à 4000, 5000 ou 6000 mètres de pellicules.

Il va sans dire que les producteurs et les principaux artistes se déplacent d'une localité à l 'autre suivant les nécessités de l'éla­hOl'ation d'un fihn. Toutefois, quand le site le permet, on tourne de préférence les scènes d'extérieur dans le midi, à Nice par exemple, où l'intensité de la lumière est constante et où les rayons l)Ossèdent un pourcentage élevé de radiations chimiques.

Les scènès d'intérieur se filment dans les studios. Ceux-ci dans nos pays sont éclairés 'par des lampes Jupiter: des phares électriques d'une puissance extraordinaire. Seuls les studios, comme ceux du midi où la lumière demeure la lnême, utilisent les l'ayons naturels et la lumière artificielle. Le travail du studio est long et très coûteux. Si l'on dit que telle bande absorbe autRnt de millions de francs, il s'agit du coût de la production du négatif. C'est l'argent dépensé en cachets d'artistes, en décors, en pelli­cule en voyage, en droit d'auteur, 'en éelectricité, parfois en loca­tion de studio, etc.

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Le négatif achevé, on tire le positif, c:est-à-dire le film tel que le projette l'appareil cinématographique. Cette opération res­semble à celle qu'accomplit le photographe en se servapt du m.ême cliché pour imprimer des centaines de copies positives. Avec le même négatif on obtient un grand nombre de copies positives. C'est une raison pour laquelle le mêIlle film peut se voir au nlême moment dans les principales villes du globe. Le négatif ' d'une production accomplit son tour du monde, car les loueurs de films le demandent en prêt à l'éditeur pour tirer les copies positives que le commerce leur réclmlle. .

Certains laboratoires sont industrialisés au point de livrer tous les jours plusieurs milliers de mètres de pellicule. Ils pos­sèdent d'immenses cuves pour le développement automatique, pour le fixage, pour le teintage et pour le lavage à l'eau cou­rante. Sur des tambours ayant 3 Illètres de diamètre et 6 mètres de long s'enroulent les films nlouillés à la sortie du lavage. Ces cylindres tournent avec une vitesse vertigineuse qui sèche la pel­licule en quelques minutes.

L'éditeur vend ses films aux Illaisons de location. Celles-ci alimentent en films, par le procédé de la location, les exploitants de cinéma des villes et des caillpagnes .

L'enseignement de la Géographie

L'enseignement de la géographie acquiert une importance de jour en jour plus considérable. Et cette importance vient sur­tout du fait que les relations commerciales entre Etats, entre lo ­calités voire Illême entre particuliers ont pris une intensité fOI'mi­dable durant les dernières décades.

On a appelé le 19me siècle, siècle des Nationalités. Mais de­puis que la vapeur, la benzine, l'électricité jouent dans le monde le rôle que l'on connaît, les barrières des Etats se sont ouvertes à la circulation qui devient de jour en jour plus intense. La Presse elle-même pénètre partout, jusque dans les plus humbles hameaux, apportant dans les foyers les nouvelles de tous les coins des continents; et il n'est pas un paysan qui reste aujourd'hui indifférent aux grandes questions de la politique, du commerce ou de l'industrie.

On émigre beaucoup de nos jours; les nécessités de la vie obligent tout le monde à s'occuper d'affaires qui, il y a cinquante ans, eussent été une simple préoccupation sans résultat pratique.

Les cités colossales comme New-York, Londres, Paris, Berlin et Illille autres encore sont des centres d'activité dont l'influence se fait sentir jusqu'aux extrémités de la terre.

~i l'on devait dresser une carte et souligner les régions où se trouvent des personnes de telles ou telles localités, ou des Valai­sans, on verrait peut-être que tous les pays devraient y figureL

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On pouvait autrefois considérer le Sanetsch .ou le .Grimsel camIlle plus importants que la Manche ou le. DétrOIt de ~I~)l'a~tar. Les petits ruisseaux ne devaient p.as être omIS, d~ns les ~'ecitatlOns des enfants tandis qu'on pouvaIt encore neghger les noms de Danube ou 'du Nil. Les bourgs de 2 ou 3000 habitants isolés dans les Alpes ou seIllés sur ~e Plateau étai,ent emma.gasi,n~~ s~lon ordre dans la cervelle des enfants, alors qu on pOUVait neghgeI de men­tionner les capitales mêmes de l'Amérique.

On a même doté les écoles primaires valaisannes d'une carte de l'Europe sur laquelle les cités d 'un Illillion d'habitants ne se I~econnaissent que par l'initiale de leur ~O~ll !! A ,, ' •

Il est bien nlieux ,' ce Ille semble, de faire connaItre l Afnque avec ses prodilits qui sous une ~~nne ou une autr,e, se tr~uvent dans tous nos villages, que de faIre apprendre qu une petIte lo­calité d'un canton voisin fabrique des cigares que personne ne fume; il est préférable de.faire connaître l'existence de Chicago à celle de Sissach ou de Moutier; de mentionner dans les leçons le canal de PanaIua, cause peut-être tôt ou tard d'une guerre entr~ les grandes nations du monde, plutôt que de punir l'élève qUI oublie d'indiquer le col de la Flüela.

N'attache-t-on pas trop d 'importance aux mêmes détails de notre géographie nationale au dépens ,des not~ons essentielles d.e la géographie européenne ou mondIale. Ou vont les ValaI­sans qui émigrent? Que vont-ils chercher 'ailleurs? Qui les pro­tège en cas de difficultés dans les lointains pays? D'où viennent le riz, le sucre, le café? Qui nous envoie le fer, la houille? Quelle est l'importance de la Suisse au poi.nt de vue com~llercial ? ,P?ur­quoi l'Afrique est-elle entre les Illains des Europeens? Qu est-ce Moscou? Que peut-on penser de l 'Utopie internationaliste? etc.

Il y a là un champ immense très propre à élargir l'imagina­tion des enfants et à leur donner une opinion exacte de notre pays, de sa situation à divers points de vue dans le monde.

Quelques principes disciplinaires

enseignés par Saint Jean-Bte de la Salle, éducateur de la jeunesse

L 'expérience, fondée sur la doctrine constante des saints et sur leurs exemples, prouve que pour perfectionner ceux que l'on conduit, iJ faut se comporter d 'une manière douce et ferme à la fois.

::: * L 'heureuse alliance de la fermeté et de la douceur consiste à être

ferme dans le but que l 'on poursuit et doux dans la manière d 'y parvenir, à joüidre une grande charité à un zèle soutenu.

* * * L 'autorité s 'acquiert plus par la fermeté, la gravité et le silence que par les coups et la dureté.

.'.- 212 -

. Les choses qui rendent la conduite d'un m aîtr e dure et insup­portable à ceux dont il est chargé, sont: 1. Lorsque les pénitences sont trop rigoureuses et le joug qu'il leur impose trop pesant ; 2. Lors­qu'il enjoint, commande ou exige quelque chose des enfants ~vec des paroles trop dures et d'une manière trop impérieuse, surtout lorsque cela provient de quelques mouvements déréglés d'impatience ou d e colère ; 3. Lorsqu'il presse trop l'exécution d'une chose à un enfant qui n'y est pas disposé et qu'il ne lui donne pas le loisir, ni le temps de se reconnaître; 4. Lorsqu'il exige avec une même ardeur les petites choses aussi bien que les grandes; 5. Lorsqu'il rejette d'abord les actions et les excuses des enfants, ne les voulant nullement écouter; 6. Lo'rsque, ne se considérant pas lui-même, il n e sait pas compatir 8.U X infirmités des enfants, exagérant leurs 'défauts, et lorsqu'il les )'eprend ou punit, lui semblant plutàt mouvoir ou agir sur un instru­ment insensible qu e sur une c'réature capable de raison.

* * Les maîtres doivent être persuadés qu'un des principaux moyens pour bien régler une école et d'y établir un très grand ordre, est la rareté des punitions.

* * * Lorsqu'un élève aura commis quelque faute, le maître examinera d'abord par quel moyen il pourra efficac ement lui en inspirer le l'epentir et, si une punition paraît n écessaire, il choisira celle qui est l e plus en rapport avec le caractère de l'élève et la faute commise, et il aura soin de ne l'imposer qu'avec ] eaucoup de calme et de gravité.

* * * Toute correction pour être utile, doit être de la part de celui qui la fait: 1. pure; 2. charitable; 3. juste; 4. convenable ; 5. modérée; 6. paisible; 7. prudente.

Et de la part de celui qui la reçoit, elle doit être : 1. volontaire; 2. respectueuse et 3. silencieuse.

Etapes scolaires en Valais

En 1299, un recteur est n1.is à la tête des Ecoles de Sion. En 1344, le Chapitre nomlne un recteur aux écoles de Sion

et de tout le pays . Au XVIe siècle, l'évêque de Sion offre à Th . Platter la place

de régent en chef des écoles du Valais. En 1775, étaient adjoints des prêtres-régents aux curés des

paroisses de Sion, Loèche, Brigue, Vionnaz et Bagnes (Fondation de la grande école).

En 1802, Collombey-Muraz cherche un instituteur à raison de 80 fI'. par an. - Le plus souvent, le magister était nourri dans chaque famille à tour de rôle. - lVI. Louis Courthion, dans le

1

213 -

« Régent des Eterpays » parle d'une allocation de 20 fr. versée par la commune. Le régent trou, ait chez les particuliers: pen­sÎon, logis et, à la fin de la calnpagne, une « quartanrie » de seigle et un habit à pans en bon drap du pays.

La première loi sur l'instruction date de 1828. (Nous en parlerons plus tard.)

En 1840 paraît la seconde loi scolaire. Celle-ci ne plut pas au clergé, qui réclamait le droit de surveiller et d'inspecter les écoles, ainsi que celui d'approuver les régents et les maîtresses et d'examiner les livres classiques. Soumise au referendum, la loi de 1840 fut repoussée en 1841.

En 1848, création du dicastère de l'Instruction publique . En mai 1849, acceptation par le peuple d'une nouvelle loi

scolaire, qui introduisit la fréquentation jusqu'à 15 ans et la durée de l'année scolaire de 5 n1.ois au minÏlnum. D'après èette loi, les régents sont nomn1.és par les communes, sons réserve de l'appro-bation du Conseil d'Etat. .

Le 4 juin 1873, nouvelle loi sur l'enseignement primaire. Elle .est l'œuvre de M. Henri Bioley.

La dernière loi date du 1er juin 1907; elle est la cinquième et il est question de la reviser.

L 'endigu ement du Rhône, exécuté dans les années 60 (autour de 1864) a coûté plus de 7 millions de francs, dont la Confédération a pay~ 2 ~ millions, l'Etat du Valais 850,000 fI'. et les communes rive­raines, a u nombre de 56, quatre millions.

* * * En Valais, la longueur totale et approximative des « bisses» est

de ·1536 km. Leur construction a exigé une dépense d'environ 7 mil­lions de francs.

* * Voici quelques mesures anciennement utilisées en Valais et leur

va leur comparative avec les mesures actuelles: Denier mauriçois (0 fr. 42 de notre monnaie) sol mauriçois

= 120 deniers (50 fr. environ) - livre mauriçoise = 240 deniers (100 fI'. environ) - thaler ou écu (30 batz ou 4 fI'. 35) - billon cantonal (X kreutzer) - kreutzer (3 X ct.) - batz (14 ~ ct.) - florin du Bas­Valais (0 fI'. 58) - rappen (1 ~ ct.) - franc (1 fI'. 45 jusqu'en 1851).

Fichelin (27 litres) - muid (150 1.).

* :1: * Voici quelques catégories de personnes avec l 'espèce de papier

qu'on pourrait recommander à leur usage :

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Monarques papier

- couronne religieux - jésus bonapartistes - grand aigle canotiers - à la rame anglophiles - bristol dames - mousseline marchands de vin - raisin ivrognes - buvard amazones - cavalier

- carré - glacé

carillonneurs marmitons chinois gens grincheux débiteurs cordonniers amateurs de pi-

geons fumistes

papier - cloche - pot - porcelaine - chagriné - réglé -- à la forme

- colombier -- parcheminé - d'emballage-- végétal

géomètres patineurs électriciens buveurs grands fous jardiniers

- en bobine bloC' - collé

gens emportés légumiers soldats au éplucheurs danseurs aviateurs

- gris - pelure - ministre - quadrillé - timbré - toile - vergé

~ Nos Pages ~ t0~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~

=========================== SOMMAIRE: La marguerite. - C'est l'heure. - L'été paisible.

Pensée.

~ La marguerite ~ Au bord du sentier je cueille La marguerite, en rêvant, Et tout en rêvant 1'effeuille Sa corolle, au gré du vent... M a voix distraite Inlll'mln'e Et disperse cl l'c/Venture, Les mots naïfs et sacrés; La brise emporte l'augure Et la fleur aux tons naÇ1'és.

Et .te sème ainsi mon rêve, Au hasard, SUI' le chemin, Et lorsque le .tour s'achève, Que l'este-t-il dans Ina main? Hélas! hélas! l'abandonne A l'ail' du sail' qui frissonne Un brin cl' herbe tout meurtri: Le pauvre cœur sans couronne Qui sous mes doigts s'est flétri.

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De même, cm bord de la vie, Nous cueillons tous une fleur, Mais SUI' la route suivie, Nous l'effeuillons , ô douleur! Pétales de Inal'guel'ite, Au lTIoindl'e vent qui l'agite, Au moindi'e heurt de nos pas, Nos rêves s'en vont trop vite; Où vont-ils? Je ne sais pas ...

o rêves, chaste corolle! Restez, l'estez sous mes doigts! Méprisez la brise folle, La folle brise des bois, o ma belle fleur! Dieu veuille Que lentement, feuille cl feuille, Hélas.! je te livre cnl vent; A peine encor je te cueille, SUI' fl10n sentier en rêvant...

C'est l'heure!

O. d. M ..

Dans la chaude intimité du foyer, un départ se prépare. C'est le' fils bien-aimé qui va partir pour l'étranger d'où l'on ne revient pa s touj ours.

La mère a poussé sa cnaise tout près de lui, elle serre ses mains dans les siennes et semble boire ses paroles. Les frères et les sœurs Sp rapprochent aussi, ils veulent graver dans leur souvenir l 'image du visage aimé. Le père, nerveux, agité, concentre son émotion, se pro­mène à grands pas dans la pièce et, enfin d'un ton décidé, presque impérieux, il annonce : « C'est l'heure!» Et l'enfant brusque les adieux pour ne pas faiblir: c'est l'heure du départ, l 'heure où il faut cl u courage ! ...

- Une auto stoppe devant le portail d 'une autre maison, elle attend le malade qui doit être opéré, d'urgence, à l'hôpital. Dans la chambre, on se hâte de le vêtir, de préparer son petit bagage. Ahuri, . effrayé, presque hors de lui, le patient promène ses regards de-ci , de-là, dans la pièce; il cherche à surprendre dans l 'attitude de ses proches, dans leurs paroles, l'impression quïls ont de son état: crainte, espoir, tristesse ...

On frappe, l'infirmier entre, les pleurs coulent, chacun s 'em- · presse pour serrer la main du malade, lui répéter un mot réconfortant d 'amour et de pitié. C'est l'heure de l'angoisse: il faut être fort...

- Toute pâle sous son voile d'épousée, la jeune fille attend le départ pour l'église où Dieu va bénir son union. Elle s'appuie sur le ·

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bras de son père et lui répète sa tendresse. Elle comprend qu il a besoin de se savoir encore aimé, alors qu'on va lui préférer un autre amour. Elle a aussi pour sa mère le mot de tendresse et de grati­tude, mais tout son être déjà s 'élance au-devant de son fiancé, de celui qui a pris sont cœur.

Et l'avenir lui apparaît si beau qu 'elle en dévore à l'avance les .ioies. L 'heure désir ée, l'heure du bonheur entrevue sonne: il faut être pur pour la mériter et joyeux dans l'espérance ...

- L'autel étincelle d 'or et de lumière. Debout, graves, le front haut, les mains jointes, les ordinands, sous-diacTes, attendent le signal de l'offrande suprême. La dalmatique au bras et déjà revêtus de l'aube blanche, ils se recueillent. Et, quand la voix du pontife les appelle, d 'un seul pas, j'allais dire d 'un fond, ils s'a,vancent, puis se prosternent le front dans la poussière. C'est l'heure du sacrifice, l'heure la plus belle de la vie: il faut être pur et saint pour en mé­l'iter l'honneur! ...

- A l'ombre du cloître, dans sa stalle, la jeune novice va pronon­cer ses vœux. Evoquera-t-elle, à cette heure, les souvenirs de son passé? les êtres chers qu'elle va quitter pour toujours hantent-ils sa pensée? Non , ses yeux se fixent sur l'autel où l'Hostie blanche étin­celle dans son cadre d 'or, et qua nd la minute sacrée a sonné, fière d e sa part d'héritag;e, elle prononcera la formule sacrée qui la crée hostie et victime avec son Sauveur. C'est l'heure du saerifice, oh! qu'elle est belle. Il faut €lire pm:' pour la mériter.

Heures graves .de la douleur et du sacrifice, heures étincelantes (l'espérances terrestres ou de réalités célestes, vous n'avez pas encore sonné pour nos Enfants. La maison que vous avez quittée, chères élèves, vous attend, hospitalière et souriante, aux vacances pro­chaines. Votre avenir ~'est pas fixé encore: l'irrévocable volonté de Dieu ne vous est pas connue.

L 'heure qui sonne pour vous, c'est celle du devoir. Elle n'a pas de timbre douloureux, ni de joyeux tintements, et vous paraîtra souvent terne et monotone.

Qui sait si vous n'avez pas escompté l'avenir déjà et rêvé à l'heure du départ ou à celle qui fixera votre vie dans l'avenir?

Croyez-moi, ne gâtez pas votre bonheur par le rêve, goûtez plutôt ie charme de cette heure si douce où votre jeune vie peut s'épanouir dans l'étude et la prière, sans avoir à craindre le ,poids d'une responsabilité ou la charge d'un travail accablant.

Jouissez en paix de l'heure présente où le devoir s'accompagne de tant d 'amour pour vous, où une sollicitude maternelle vous enve­loppe toutes. Vous y penserez plus tard avec regret, appréciez-la et sachez en jouir! Sr H.

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L'été paisible

L'été paisible coule à pleins bords comme une eau brûlante,. avec les gouffres bleus de ses nuits étoilées, avec les larges plages lumineuses de ses Inidis écrasés de soleil. L'été coule, et emporte la barque où nous avons pris place. La brise qui gonfle la voile sent la rose et la fraise, et sur les berges, parmi la floraison ébouriffée des chèvrefeuilles, les oiseaux grisés se racontent d'in­terminables confidences.

COlume il serait doux de faire halte dans l'un de ces havres parfumés, et d'y demeurer imm.obiles à regarder couler l'eau blonde 1. .. Nous vivrions là des minutes dérobées au temps fugi­tif, de précieuses nlinutes de joie dont la douceur resterait -dans notre ânle COlnme subsiste, tenace, aux lèvres , le goût des grosses pêches d'or ...

Rêvons, mes bien-aünés, que cela fût possible ... Rêvons que la barque arrêtée ne s'en va plus au fil des jours, et qu'elle se berce au rythlne assoupi des eaux lentes. Le vol ronronnant des bourdons veloutés traverse le silence; les fleurs selnblent décou­pées dans des étoffes somptueuses; rêvons qu'elles ne sont plus guettées par l'effeuillement, et que les insectes ailés auront tou­jours ce nliel suave pour s'y rassasier chaque soir. Ah! rêvons que l'été ne coule plus vers les rivages de l'autOlnne et qu'il s'est élargi, ' calme, comlne un beau lac, captif à jamais entre la terre heureuse et les cieux bienveillants 1. .. Restons là, réunis dans la barque fleurie, qui, si petite, contient pourtant l'immense se­cret de votre a venir ...

... Votre avenir? ... Hélas ! ... .le sais bien que vous allez vers lui de tout l 'élan de vos jeunes forces 1 ... Je sais ' que mon rêve est illusoire et que l'été n'arrête pas son grand courant mysté­rieux. Il nous emporte, ô mes voyageurs, parmi l'exaltation de ses lèvres embrasées parmi la beauté des choses, parmi l'ampleur des grandes verdures retombantes qui frémissent doucement com­me si elles soupiraient.

Delnain, ce sera déjà le chenal plus étroit tout bordé d'asters nlauves. Un peu d'or marbrera la grâce des halliers. Le vol cin­glant des hirondelles ne viendra plus à la rencontre de notre nacelle alanguie, et le vent rafraîchi qui gonflera la voile sera tout embaumé de l'arôme des raisins mûrs ...

Je suis lnoi-mênle, voyez-vous, comlne une barque qui tra­verse le superbe été de la vie. Il coule à pleins bords autour de moi, si large, si lumineux, si puissant, que je n'ai jamais rien connu de semblable. Il est émouvant comme une belle harmonie. Que de midis ensoleillés, où les cigales se . répondent!... Que de roses sur les terrasses qui se penchent au bord de l'eau 1... Quels crépuscules éclatants, givrés d'or sur des fonds d'opale, et sitôt _ franchi l'arceau du soir, quelles tendres nuits étoilées 1 ...

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Arrêtez-vous, beau jour! Arrête-toi, n'la vie: Voici le temps Je plus doux que le Seigneur m'ait donné... Eté, paisible été, -élargis-toi comme un lac profond, et berce sur tes eaux brùlantes la barque lasse du voyageur ...

... Mais les passagers que j'emporte veulent poursuivre leur course vers l'avenir au visage voilé. Aucune halte n'est possible, et le fleuve, en miroitant, fuit.

Il m 'entraîne, ô mes bien-aimés, panui l'allégresse de vos vos jeux et la douceur de vos caresses, parmi vos rêves ébauchés déjà si vastes, si gonflés d'espoir ...

... Deluain, je passerai entre les rives mélancoliques où le couchant s'effeuille comme une grande fleur. J 'espère que les bois dorés seront beaux encore, et que dans le vent qui me chassera vers l'hiver je respirerai, de toutes mes forces, le chaud parfum des fruits que vous aurez cueillis ...

M. BARRERE-AFFRE.

~ Pensée ~19

Au découragement n'o uvrons .7amais nos portes; Après les lours d' hiver, viennent les .fours de mai! Et c'est souvent avec ses illusions 111Ol'tes Que le CŒm' se refait un nid plus parfumé.

La question sociale

Le contrat (le travail XI.

x .

Importance du Contrat de Travail. - L autre jour, je reçus la visite d'une jeune modiste qui venait me confier sa peine et son indignation: « Quel abus révoltant! s'écria-t-elle. Sous prétexte que c'est la pleine saison, ma patronne me fait travailler pen­dant onze heures par jour et sans lue payer davantage. - Pour­quoi, lui dis-je, avoir accepté semblables conditions de travail? - Quand je lue suis présentée chez eJle, il y a trois mois environ, il avait été dit que je serais au mois et que je serais payée connue les autres ... mais onze heures par jour, cela ne fait plus qu 'un sa­laire dérisoire. - Vous n'aviez pas précisé le nombre d'heures de travail, ni le payement des heures supplémentaires? - Je n'y avais pas pensé: dans le moment on faisait huit heures. - Cher­chez une autre place . . - C'est bien ennuyeux. - Eh bien! ai-je conclu, il faudra désormais être plus prévoyante; le jour où vous vous présenterez chez une autre patronne, ce sera le temps de préciser les conditions du contrat qui vous liera toutes deux. La

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patronne ne sera pas encore votre patronne, mais tout shnple­ment une personne avec laquelle vous discuterez librement, sur le pied d'égalité. Ainsi vous éviteriez ces déconvenues si pénibles: sachant très exactement ce à quoi eUes s'engagent l'une envers l'autre, patronne et ouvrière n 'auraient qu'à respecter un engage­ment réciproque pour vivre en bonne harmonie. »

Vous rendez-vous con'lpte, par ce simple fait que je viens de vous conter, fait bien fréquent et qui est le point de départ de tant de mécontentements, combien il est imprudent de traiter avec légèreté ce point capital de la vie ouvrière: le Contrat de Travail.

LE CONTRAT DE TRAVAIL

C'est la convention par laquelle l'ouvrier s'engage à fournir son travail à son patron dans des conditions fixées d'avance et acceptées librement par les deux parties.

Les conditions d'un contrat régulier. - La manlere dont le contrat est conclu peut varier beaucoup suivant les lieux et les prof essions.

Dans les entreprises importantes, quand un ouvrier va se faire embaucher, il peut lire à l 'avance le texte de son contrat et du règle­ment de l'usine; à peu près partout ailleurs on se contente de s'en­tendre verbalement et il est convenu, même si on n'en parle pas, qu'on se conformera pour le reste à tous les usages de la profession et de la localité. Qu'il soit écrit et signé, ou simplement verbal, le contrat fixe et définit les droits et l es devoirs du patron et du travailleur. C'est donc un engagement qui doit être pris très sérieusement et observé en conscience. La légèreté avec laqu elle il est si souvent ac­cepté et observé est cause de beaucoup de mal.

.Manquer aux obl igations créées par le contrat de travail se­rait n'lanquer à sa parole, manquer de conscience. Ces obligations doivent donc être acceptées des deux parties contractantes par un mutuel consentement complètement libre. Tant que le contrat est en discussion, il n'y a pas encore, peut-on dire, de patron et d'ou­vrier, c'est-à-dire de supérieur qui ait le droit de commander, et d'inférieur qui soit tenu d'obéir: il y a égalité de droits et par conséquent libre échange d'engagements.

La libel'té est une condition nécessaire poin' lÇl validité du contrat. Un contrat de travail imposé à un patron par un groupe d'ouvriers avec des n'lenaces serait sans valeur. Il en serait de même si Je patron profitait de l'ignorance d~n~ laquelle un ouvrier sc trouverait de ses droits, ou encore s'il tirait parti des besoins immédiats qui le pressent, pour lui faire accepter n'importe quelle besogne contre un salaire dérisoire.

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OBLIGATIONS NEES DU CONTRAT

Le Contrat précise les droits du patron et de l'ouvrier. Il doil êtl' e confonne à la justice. Pour cela le contrat doit sauvegarder les droits légitimes du pah'on : par exernple, son autorité et son indépendance nécessaires pour la direction de l'entreprise, le contrôle du travail, l'achat des matières à travailler et la vente des produits, etc.; un patron qui n'aurait pas ces garanties ne se hasarderait pas d'ailleurs à exposer son capital dans une affaire et on. ne P?~rrait p.as l'en blâmer, car il serait à peu près sûr de faIre faIllIte. MalS, d'un autre côté le contrat de travail ne" doit exiger de l'ouvrier rien qui soit co~traire à ses droits et tl sa dignité de chrétien.

Examinons donc brièvement les principales obligations du pa­tron envers l'ouvrier et de l'ouvrier envers le patron. Aucun contrat de travail ne sera juste, s'il impose des C'onditions contraires à ces obligations ou qui ne puissent pas s'accorder avec elles. En revanche si chacun, ouvrier et patron, s'applique à bien comprendre, à bien pra­tj~uer ces obligations, immédiatement beaucoup de discussions, de dIsputes, de procès, de grèves et de haines disparaîtront et tout le monde y gagnera.

Obligations du patron. - Le patron doit respecter: . 1. La peJ'sonne physique du tl'availleur, c'est-à-dire ne pas Imp?Se.r à l'ouvrier, à l'ouvrière, à l'apprenti, un travail dépassant les lImItes de leurs forces; faire exécuter le travail dans des condi­tion hygiéniques (éclairage, pureté de l'air, propreté, etc.) suffi­samment bonnes et exigées par les règlements officiels; réduire le~ ris9ues d'accident par les précautions prises et une bonne instal­latIon, etc., etc ... ) ;

2. La personne morale du ü'availleur, c'est-à-dire lui garantir la. bonne tenu,e. morale de l'atelier; la liberté religieuse (en lui l~lssa~lt la facIlI~é .d'obéir à la loi divine du repos dominical); la hberte de ses opInIOns politiques;

3. La justice, c'est-à-dire le payelnent d'un juste salaire. Dans le prochain entretien, je vous dirai ce qu'il faut entendre par là.

Obligations de l'ouvl'ier. - De son cÔté, l'ouvrier doit au patron:

. 1. L'exécution des ordl'es, en ce qui concerne le travail ; car SI, avant le contrat, il y avait égalité entre patron et ouvrier, après le contrat, le patron a le droit de commander et l'ouvrier le de-voir d'obéir; ,

2: La conscience dans le tl'avail, c'est-à-dire que le travailleur ne dOIt ~a~ perdre son temps, s'il est à la journée,"ni se permettre de .la neglIgence dans l'exécution du travail, s'il est aux pièces , ma~s apporter à sa besogne l'attention, le soin, l'esprit d'économie qU'lI y mettrait s'il travaillait pour lui;

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3. Le r espect d es biens qui sont la propriété du patron, c'est­ù-dire qu il ne doit pas gâcher les ITlatières premières , qu'il est lenu de lilénager l'outillage qui lui es't confié, de ne rien s'appro­prier des fournitures mises à sa disposition dans son bureau, etc .

FORMES DU CONTRAT

Il existe deux formes de contrat: individuel et collectif.

1. L e " controt individuel. - C'est celui qui est discuté et conclu personnellen'lent entre l'emplyeur et l'employé, après que le premier a fait connaître les conditions qu'il fera au second. Cest le cas, par exemple, quand un domestique s'engage au mois , 8 ' l'année chez un maître; quand un ouvrier entre dans un petit atelier ou luême quand il s'embauche dans une grande usine après qu'il a pris connaissance du salaire payé, de la durée et des r~,glements du travail.

Un d es inconvénients possibles du contrat individuel, c'est de ne pas sClLzvegarder toujours suffisamll1ent l'égalité entre ceLl X qui passent le contrat; cela peut arriver particulièrement dans les grandes usines qui occupent beaucoup d 'ouvriers.

Voici, par exemple, un ouvrier isol é qui est marié, a de jeunes enfants, n'a pas d'autre fortune que ses bras et sa bonne volonté; en face, une grosse société qui a des capitaux considérables. Celle-ci , surtout qua.nd le travail n e presse pa.s beaucoup, peut attendre, si elle tl'ou ve que cet ouvrier exige un trop fort salaire; l'ouvrier, au C"on­traire, qui a besoin de son salaire pour vivre, et qui en a besoin immédia t ement, pourra être forc é d'accepter du trava iJ avec un salaire trop réduit et dans des conditions trop dures. On a beau dire qu'il est libre d'accepter ou de refuser; il a l 'air d'être libre : en réalité il n(~ l'est qu'à moitié. J

2. Le contrat collectif. - C'est celui qui est en usage surtout dans la grande industrie (mines , fonderies, construction, etc.) . Il possède entre autres avantages celui de défendre la liberté de l'ou­vrier clans ICl conchzsion du contrat. Il y aboutit par un détour: en ren'lplaçant la discussion personnelle de chaque ouvrier isolé 'lvec son employeur, par la discussion d 'un représentant des luvriers groupés, soit avec le patron, soit n'lieux encore, avec le représentant des patrons groupés. Ces représentants des deux par­ties, qui vont traiter ensemble au nom de la profession, établissent un contrat collectif, c'est-à-dire qui sera valable pour la collec­tivité,autrement dit , pour l'ensemble des ouvriers, soit d'une usine, soit d 'une ville, soit d'une région et qui appartiennent à cette profession; désormais , et l'ouvrier qui sera embauché et le patron qui l'embauchera auront, chacun pour leur part, et les obli~ations et les droits fixés par le contrat collectif,

Mais vous vous apercevrez vite que, pour aboutir à ce contrat, il faut deux choses ':

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1. 9ue la. profession soit organisée, c'est-à-dire qu'au 1110ins l~s ouvrIe~"s SOIent ~roupés .en associations professionnelles ou syn­dIcats, SOIt par usmes, SOIt par villes, soit par régions, que les pab"?ns, de leur côté, parallèlement, le soient aussi, autant que pOSSI1?1~. Et a lors l.a commission mixte, dont je vous parlais dans le precedent entretIen, pourra facilement être constituée et établir elle-même ce contrat collectif.

. 2: Que l'oLLVl'~er ne reste pas isolé, mais fasse partie de ras­soclahon ou syndIcat de sa profession. Il se rend service à lui­même, tout en rendant service aux autres.

Depuis la guerre surtout, on a compris l'utilité rle ces c'ontl'ats collectifs : ils empêchent en grande partie la concurrence désastreuse que les ouvriers se faisaient entre eux, en temps de chômage, pour trouver du travail; la concurrence aussi entre patrons qui se dispu-' tent entre eux la main-d 'œuvre; comme ils sont étudiés sérieusement et qu'ils sont établis pour une durée déterminée, six mois un an et plus, ils facilitent la marche de l'industrie, ils suppriment des causes de conflits et de grèves ruineuses pour tous, ils donnent plus de sé­curité à l'ouvrier et même au patron à qui ils permettent d'établir plu~, ~xactement à l'avanee ses prix de revient. Et c'est pourquoi on en a de]a co~clu beaucoup; par exemple, rien que dans la région de Paris, des centames de milliers d 'ouvriers de professions diverses profitent de contrats collectifs.

CONCLUSION

, . D'après le. i)eu que je vous en ai dit, vous voyez combien est s,eneu?e, combl.en est grave ~a question du contrat de travail; pour 1 ouvrIer; le p~ll1 de sa famIlle, son bonheur quotidien, la retraite de ses vI,el!~ Jours, p.euvent . en dépendre;, et pour le patron, c'est ~a prosp.ente de .son IndustrIe, sa fortune personnelle qui peuvent etre en .Jeu. Un Juste contrat, consciencieusement étudié et établi loyaleme~t ob.s,ervé de part et crautre, supprimerait la plupart de~ causes d , ll1qu~etude, de . Inécontentement, de désordre, qui trou­blent et empOIsonnent SI souvent la vie de l'ouvrier.

LECTURE

LA COMMISSION MIXTE ET LES CONTRATS DE TRAVAIL

On entend par commission mixte la réunion des délégués des deux classes se rencontrant pour régler leurs rapports mutuels. Si les dé­légués patronaux et ouvriers sont vraiment les hommes prudents et intè,g~'es que désigne Léon XIII, la commission mixte sera l'orga11e paCIfIcateur par excellence. En écartant avec persévérance toutes les eauses de froissement, elle préviendra les conflits. Son rôle premier sera de prévenir le mal.

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'Pour prévenir le mal 1'ien ne vaudra un sage contrat de tr'avail.

Que si, malgré sa vigilance, un différend vient à se produire, elle interviendra pour concilier les parties ...

Durant les siècles chrétiens, jusqu'à l'avènement de la grande industrie, le monde ne connut guère que ' de petits patrons occupant un petit nombre d'ouvriers. Le patron, dans sa boutique ou son atelier, vivait en famille avec les compagnons: tous travaillaient ensemble, et souvent mangeaient à la table commune. On causait en travail­hmt: le maître tirait son profit des propos échangés; l'ouvrier mé­content s 'exprimait directement et sans détours. Quant au contrat de travaü, il n'était point l'œuvre du seul maître; les termes généraux en étaient fixés par les statuts de la corporation, les points de détail étaient débattus librement entre les parties. Donc, entre patron et ouvrier, perpétuel eontact, conversation ininterrompue, discussion li­bre, écnange de doléances mutuelles.

Dans l atelier moderne, l'employeur, ou le délégué de la société anonyme propriétaire, occupant des eentaines ou des milliers d'ou­\Tiers, n'a plus aucun rapport d 'homme à homme, aucun moyen d'en­trer personnellement en relations avec les ouvriers pour savoiT ce qu'ils critiquent, ce qu 'ils désirent.

Jadis' la paix régnait dans l 'atelier, aujourd'hui menace la

guerre .. .

N aurait-on pas avantage à revenir à la méthode du , passé, à la méthode des contacts, des relations? Ce n 'est pas une nouveauté dangereuse que la commission mixte recommandée par l'Encyclique, mais une vieille coutume, une antique organisation, revêtue d'un nom nouveau et adaptée aux conditions nouvelles du travail.

Les ouvriers sont graI~dement intéressés à la teneur de leur contrat de travail. Ce contrat engage en effet leur activité physi­que, intellectuelle, leur santé, leur temps, leur vie de famille, et par­fois leur vie morale et religieuse. Ils ne peuvent pas être indiffé­rents au salaire, à leur rémunération, au mode de paiement, à la durée du labeur, durée quotidienne et hebdomadaire, au travail de jour et de nuit, au repos dominical, à tout ce qui regarde l'hygiène, la sécurité, la moralité à l'atelier.

Il n'y a rien d 'étrange à ce qu'ils veuillent s'entendre avec leur patron sur ces divers points, ni à ce que, ne pouv;1nt entrer eux­mêmes en discussion, ils s 'en remettrent à leurS délégués ou man­dataires. Refuser de discuter avec l'ouvrier le contrat de travail est une inconséquence, Tel qui, tout naturellement, comme maître de maison admet de discuter avec un domestique le montant des gages et les obligations récriproques, refuse, non moins natul'ellement, com~' me employeur, de débattre avec ses ouvriers le taux du salaire et les C'onditions du travail! La logique et l'équité protestent contre cette diversité d 'attitude qui n'est justifiée par aucune raison valable.

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L'intérêt de tous, patrons et ouvriers, demande que les délégués se présentent à la commission mixte, le cœur ouvert et la main tendue; mieux on se connaîtra, plus on s'estimera. Des discussions cordiales de la commission sortira un contrat bien équilibré donnant aux deux classes le maximum possi.ble de satisfaction, et ce contrat sera valable pour tous, non seulement pour les ouvriers déjà admis au travail, mais aussi pour ceux que le patron embauchera par la suite; ce sera le contrat collectif~ instrument de concorde puisqu'il est un concordat réglant les rapports présents et futurs, résolvant les difficultés pendantes et prévoyant la solution des difficultés à venir ; tenu sans cesse à jour par des révisions périodiqües, il restera vivant et en état de s'adapter à toutes les nécessités.

Si les patrons et les ouvriers d une même reglOn sont groupés .r:lans leurs syndicats et reli és par la commission mixte, le cDntrat col­lectif s 'étend à toute un e province et d evi ent ainsi le code régional du travail. De là à éliminer les réglem entations toujours plus ou moins maladroites de l'Etat, il n 'y a qu 'un pas. Les profession­n els doivent fair e eux-mêm es la loi c1 e la profe'ssion, sous le contrôl e bi enveillant de l'EtaL.

(La Paix sociale par l'organisation chréti~nne du travail.)

(Mgr GERMAIN.)

RÉSUMÉ

1. Le Contrat de Tl"CllJ(lil est ln. con vention par laquelle l'ou­vrier s 'engage à fournir son travail à son patron dans des condi­tions fixées d'avance et acceptées par les deux parties.

L'engagement étant libre, manquer aux ohligations du con ­trat de travail, c 'est manquer de conscience.

2. Le contrat de travail précise les obligations du patron et de l'ouvrier:

a) Le patron doit: - respecter ]a personne physique du tra­vailleur, en ne lui imposant aucun travail dépassant ses forces; _ respecter sa personne morale, en lui garantissant la bonne tenue morale de l 'atelier, la liberté religieuse et politique; - s'inspirer de la justice, en lui payant un juste salaire.

h) L)ouvl'iel' doit: - l'obéissance ù son patron en tout ce qni concerne le travail; - la conscience dans le travail; - le respect des biens qui sont la propriété du patron.

3. Le contrat de travail peut être individuel ou collectif. Il est individuel, quand il est personnellement discuté entre' le pa­tron et l'ouvrier. Il est collectif, quand il est discuté et réglé, pour une profession, dans une ville ou une région, par les repré­sentants des syndicats ouvriers et les patrons, isolés ou groupés en syndicat, de la vine ou de la région. .

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