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L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

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4:5me innée No 13 15 Décembre 1926

Organe de la Société V'alaisanne d'éducation 1

SOMMAIRE. - Les punitions à l'école. - Echos du Congrès pédago­gique. - Langue maternelle. - Pages féminines . - Nuit d'espé­

_ rance. - Les bûches de bois. - Leçon de choses. - Rapport de M. Ant. Maistre. - Bibliographie. - Nécrologie.

Les punitions à l'Ecole' Pour qu'une école progresse, il faut le grand levier de l'amour

réciproque du maître et des élèves: on l'a dit et redit, ici Illême dans l'Ecole pl'imaire et, pourtant, on ne le répètera jamais trop.

Mais l'amour sérieux et sincère du Illaître peut se manifester de diverses Iuanières, par les punitions entre autres: et c'est d'el1es, en tant qu'el1es sont une preuve d'amour, que nous vou­lons parler.

Punir par aillour peut paraître un paradoxe, et pourtant rien de plus vrai. Le Saint Esprit l'enseigne dans l'Ecriture, et le dicton populaire exprime cette vérité par ces IllotS: « Qui aime bien châtie bien ». Notons, en passant, que ce proverbe ne signifie pas: qui aime bien châtie beaucoup, mais châtie avec tact, nle­sure, opportunité.

. Et, d'abord, la punition a-t-elle sa place à l'école? Sans aucun doute. L'éducateur a un but à atteindre: former l'intelli­gence et le cœur de ses élèves. Si les marques d'affection, si les récompenses ne réussissent pas à obtenir l'attention voulue et la discipline nécessaire à la bonne marche de l'école, il est certain qu'il faut recourir aux sanctions. Les parents doivent le faire dans la famille; la société doit user de moyens de répression; comment refuser à l'école les Illoyens d'inspirer une crainte salutaire à Çles sujets que n'impressionne aucune autre Iuesure? l\1ais le tout est de savoir bien punir. Quand une punition est-elle bonne? Lors­qu'elle provient de l'mllour. Com.ment le Illaître reconnaîtra-t-il que les punitions qu'il inflige sont dictées var l'aluour?

Ces punitions sont d'abord rares. Le véritable amour est plein de tact, et il crée une ambiance de confiance réciproque, qui amène les élèves à ne pas manquer pour ne pas faire de la peine au maître . L'instituteur qui obtient cela de ses subordonnés a tout gagné. L'aIllour a un flair luerveilleux, et sait, sous l'ins­ph'ation du bien qu'il veut à l'enfant, distinguer entre une faute de malice, pour laquelle il sera impitoyable, et une faute de légè­reté, pour laquelle il sera indulgent et usera de patience. Cela ne

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v~ut pas dire qu'il soit aveugle; loin de là. Le maître, parce qu'il aIme l'enfant, relèvera chacun de ses n1.anqueluents, les lui signa­lera pour qu'il s'en corrige, et s'il n'obtient pas une amélioration après quelques observations réitérées, il devra l'avertir du châti~ Inent qui suivra un nouveau n1.anquement. Cette rareté mêIne donne aux punitions leur véritable valeur, car les sanctions par trop multipliées, finissent par ne plus faire d'impression.

. Dicté par l'amour, le châtin1.ent sera infligé sans colère parce qu'Il ne recherche que le bien de l'enfant, et non la vengeance du maître, la satisfaction d'une rancune, l'assouvissement d'une colère. Cela ne veut pas dire que le maître ne puisse pas Inani­fe~ter extérieurement le déplaisir, l'élllotion que la faute de l'élève hu cause, n1.ais il le fera sans aucun sentiment de haine sans emporten1.ent de colère. Que la n1.anière d'àgir du prof~sseur amène l'enfant à cette conclusion: mon professeur est éinu à cause. de Ina faute, et non à cause dn désagrément que je lui occa~lOnne .. - Qu'on évite donc les gros mots, les seillonces pro­longees, qUI ne sont qu'une décharge, n1.ais ne produisent aucun effet helueux sur l'élève. L'enfant se rend vite compte de -la ma­nière d'agir de son maître. Très souvent, si son instituteur s'est habitué à faire des « scènes » à chaque instant devant l'OI'acre • , b

qUI approche, l'enfant baisse la tête et semble tout accepter; il prendra même un petit air de contrition, qui dépistera un maître peu avisé; mais, en réalité, il n'a que baissé la tête pour laisser passer l'orage, et le professeur qui" peut-être, se dit en lui-même: « ~ein! je .la ~ui ai fait voir » , s'il pouvait lire dans l'esprit du petIt, devraIt bIen s~ rendre compte qu'il a perdu son temps.

L'amour inspirera au maître des punitions utiles et raisoÎ1.­nables. Elles sont utiles quand elles réparent la faute. Un élève a-t-il .mal écrit son devoir? il le lui fera refaire en calligraphie; n'a-t-Il pas corrigé un exercice? qu'il copie un certain nombre de fois (cinq ou dix) les Inots faux; s'est-il dissipé en classe? Qu'on le prive de la récréation. Le Iuaître donne-t-il un texte à copier; qu'il choisisse un passage pris dans le programme de la classe. IVfais qu'il se garde de donner cinquante, cent fois ou plus nne phras.e quelconque à copier, fût-elle la plus belle du monde, car c'est un travail, n011 seulement inutile Inais bien souvent nui­sible. Volontiers je conseillerais au maîtr~ d'exiger de l'élève qu'il fasse signer sa punition par ses parents, après avoir lnis en tête de son pensun1. le motif qui le lui a valu. Cette manière d'agir renferme un triple avantage: elle nlet les parents au courant de la conduite de leur enfant; elle inspire plus de crainte aux élèves; pour le maître lui-même, elle est une sauvegarde qui le retient s~u' la pente où il ponnant se trouver parfois d'infliger des puni­tIons par trop multipliées. Elles seront raisonnables quand elles sont proportionnées aux manquements: on ne punit pas une dis­trq,ctIon COIume un mensonge; à la force de l'élève et au temps

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dont il peut disposer; que la punition ne nuise ni aux leçons, ni aux devoirs, car sans cela, elle atteint le contraire du but qu'elle devait se proposer. - Très bien! mais alors cela revient à sup­primer pratiquement les , punitions, car les élèves, crie-t-on de tous côtés, sont déjà sunnenés, surchargés de travail! - Outre qu'il y a diverses sortes de pensulns, il faut obtenir que l'élève prenne ce temps sur ses mOll1.ents de liberté , car il est évident que la punition doit coûter; sans cela elle ne serait plus un châ­timent, et nous ne sommes pas du tout partisan de l',éducation faite aux sons des instruments de musique. Ce que nous voulons obtenir, ce sont des caractères, et l'ori ne sera jan1.ais un homme de caratère sans s'imposer des sacrifices. .

Un dernier n1.ot: toute' punition doit être certaine dans son Inotif, c'est-à-dire il faut que la faute pour laquelle elle est infligée soit dûment constatée et de l'élève et du Illaître; que soient bien déterminées et sa teneur et la date de sa remise; que le maître soit moralement sûr que l'élève peut l'accOIllplir pour le jour fixé.

Toutes ces conditions seront facilement réalisées, si le Illaître se laisse guider par un sentünent d'amour quand il inflige un châ­timent. Mais qu'alors il soit sans faiblesse pour exiger le pen­sum tel qu'il l 'a imposé: il en va du prestige du maître, de la bonne marche, de la discipline de la classe.

Echo du dernier congrès pédagogique

Dans la réunion générale des instituteurs, tenue à Sion le 17 novembre dernier, on adopta la proposition de demandei-, lors de la prochaine révision de la loi scolaire, l'introduction d'nn article attribuant à l'Etat la nomination et le payement des insti­tuteurs qui, de ce fait, deviendraient exclusivement fonction­naires du gouvernement cantonal. Cette proposition, comine l'a fait remarquer avec raison M. le Chef du Département de l'Ins­truction publique, se heurtera , sans nul doute, à de sérieuses dif­ficultés. C'est aussi notre conviction, et nous prévoyons le sort qui l'attend.

Nous voudrions cependant, exposer aujourd'hui, d'une ma­nière très brève, notre opinion à ce sujet. Nous le ferons avec d'autant plus d'objectivité que le n1.ode de nomination et de ré­tribution des instituteurs ne touche nullement à nos intérêts. De plus, nous déclarons exprimer ici une opinion pureluent per­sonnelle, et n'être le porte-parole d'aucun groupement politique ou pràfessionnel; nous déclarons également que nous accepterons très volontiers toute contradiction, d'où qu'elle vienne, heureux, au contraire, de donner à quelque instituteur l'occasion de four­nir l'un ou l'autre article à l'Ecole pl'imail'e,

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D'abord, queUe est, en l'espèce, la situation actuelle? Celle­ci, conllne le disait très justement le correspondant du « Nou­veUiste » , dans son intéressant compte rendu du congrès du 17 novembre écoulé, est en ce monlent « hybride ») c'est-à-dire que l'instituteur dépend tout à la fois de l'Etat et de la commune, qu'il est le fonctionnaire de l'un et de l'autre. En effet, en vertu de la loi actuelle, la nomination du personnel enseignant pri­maire de chaque commune se fait par le conseil municipal, sous réserve de la ratification du Département de l'Instruction, qui veille à l'observation de la loi en cette matière et aux garanties d'aptitudes des candidats, En ce qui concerne les traitements, la moitié incombe à l'Etat, et l'autre, à la commune,

En· réalité, l'instituteur dépend donc plus directement de l'autorité communale que de celle de l'Etat,

Or, c'est contre cette situation que la majorité des institu­teurs senlble s'élever aujourd'hui; nous disons semble) car, dans la dernière réunion, la discussion sur cet objet ne s'est pas en· gagée à fond, et nous ignorons l'opinion réelle que s'en font bien des instituteurs.

Et maintenant, quels sont les nlotifs des promoteurs de cette modification? Nous avons entendu dire que la nomination des instituteurs par les communes donne assez souvent lieu à des marchandages, à des illégalités, "voire à des injustices; que le fa­voritisme, le népotisme, les rancunes politiques ou autres n'y restent pas étrangers.

Nous nous garderons de contester ces allégations qui ne sont que trop fondées; vivant depuis 10ngteInps dans le Valais, nous n'i~norons pas ce qui s'y passe. Du reste, chaque année, des faits nouveaux viennent confirmer notre conviction que les rap­ports entre communes et instituteurs ne portent pas toujours l'empreinte de la loyauté ou de l'honnêteté, et que la loi subit, dans sa lettre et dans son esprit, des entorses parfois violentes au profit, généralement, du plus fort. Dans cette lutte, c'est le pot de terre, c'est-à-dire le modes'te instituteur ou la timide institu­f"rice , qui reçoit les coups et les mell.rtrissurés les plus graves,

Si nous ne craignions d'éveiller d'onlbrageuses susceptibili­tés, nous pourrions illustrer notre affirnlation d'exemples élo­quents, dont la fréquence scandaleuse finit presque par suppri­mer l'étonnement et anlener l'indifférence,

Donc, la situation présente ne donne pas satisfaction à nom­bre d'instituteurs, c'est entendu. Mais est-ce que la modification proposée servirait de panacée? supprimerait-elle tous les incon­vénients actuels? et, supposé qu'il en fùt ainsi, les avantages obtenus compenseraient-ils les inconvénients d'un autre genre qui en résulteraient?

Nous reconnaissons ~isénlent que la stabilité des instituteurs à leur poste deviendrait , dll fÇl.it de le"\..lI' nomination par l'Etat,

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moins précaire, qu'eUe échapperait à bien des causes « renver ~ santes ou cassantes » dont on se plaint aujourd'hui; leur dépla­cement dépendrait surtout de motifs professionnels, nous di.sons surtout) car l'Etat, pas plus que les communes, ne fait pas tou­jOlU'S, dans la nomination de ses fo~ctionnaire~) abstraction ·com­pIète de motifs étrang~rs ali mérIte profeSSIOnnel, les prot~c~ tions, les recominandahons ont de tout teInps et en tout heu eu une certaine efficacité.

Et la question des traitements? Sans doute, ils se feraient avec plus de régularité; mais cette régularité serait-elle toujours celle d'une horloge? La caisse de l'Etat est-elle toujours en nle­sure d'effectuer les paiements au temps désiré ou prescrit? Nous admettons aussi que l'Etat ou plutôt le Département de l'Ins­truction est plus à même que les comlnunes de connaître les aptitudes des candidats aux postes d'instituteur. Il tient, en effet, à sa disposition les notes de discipline, de travail et d'examel~s cIue les candidats ont nléritées à l'Ecole normale; de plus, Il prend chaque année connaissance des rapports des, inspecteln~s scolaires, Les COlnmunes, elles, procèdent souvent a des nomI­nations sans connaissance des qualités intellectuelles ou ITIorales des candidats qui ont exercé ailleurs ou qui débutent dans l'en­seignement; rares sont celles qui prennent préa,lablelnent quel­ques renseignements auprès de personnes competentes,

Donc, pour nous résulner : célérité plus grande dans la no­mination du personnel enseignant, stabilité nloins précaire dans le poste assigné, choix plus judicieux, diminuti~n ?u nombre des recours et des difficultés entre communes et InstItuteurs.

Abordons maintenant l'examen des inconvénients qu'entraî­nerait la nlodification de la ~itl1ation actuelle dans le sens indi­qué ci-dessus,

En premier lieu, cette modification porterait, nous sembl~-t­il , atteinte au principe considéré aujourd'hui comme sacro-saInt d~ la démocratie, N'a-t-on pas, ces dernières années, évolué da­vantage encore vers les droits populaires dans notre Valais, où pourtant le sentiment démocratique a trouvé ~epuis ~ort long­temps sa réalisation la plus large? N'~-t-on pas Intro~;llt l,e refe­renclum obliaatoire pour toutes les lOIS cantonales, l elechon du Conseil d'Et~t par le peuple? D'aucuns n'ont-ils pas proposé aussi l'élection par le peuple des juges à tous les degrés? et, ô signe des temps! ne s'est-il pas trouvé de~'nièremen~ dans un congrès, pédagogique tenu dans le Haut-Val~ls d~s p~rhsans pour la nomination des instituteurs par l'assemblee prImaIre? A quand la proposition de la nonlination par la même autorité des gardes­champêtres, des ramoneurs, des balayeurs de rues dans les

villes? Et c'est au moment où se produisent de si beaux mou vc­

ments ou de si généreuses initiatives démocratiques qu'on vou-

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drait rétrograder et centraliser la nomination des instituteurs! Quelle belle occasion pour les députés démocrates du Gra.nd Conseil, lors de la discussion à laquelle la proposition des insti­tuteurs donnera lieu, de foncer sur les promoteurs de cette idée antidémocratique! Et les comlTIUneS se laisseront-elles enlever un de leuTs droits , qui sont déjà si réduits?

Il en est ici com.me dans le dom.aine fédéral. Aujourd'hui, les cantons, du moins les fédéralistes , luttent âprement pour la con­_servation de leurs derniers lambeaux d autonomie. Le domaine qui est resté encore comIne sacré, et auquel on a le moins touché, c'est celui de l'école. Et c'est dans le Valais qu'on donnerait

. l 'exemple d 'une centralisation au petit pied!

D'autre p art, nom; estim.ons que le premier el le principal rôle dans l'éducation de 1 enfant appartient à la famille; nlais cornIlle celle-ci se trouve le plus souvent dans 1 impossihilité de ~uff~re à cette grande tâche, elle recourt à des remplaçants, aux InstItuteurs. Il importe donc que ceux-ci agissent en harmonie avec les fanlilles. Or, ce concours de la famille se pratique plus ai~ément quand la COmITIUne, qui est une agglomération de fa­mIlles constituée en raison J'intérêts communs, se trouve en liai­son étroite, intime avec son personnel enseignant. Lorsque ce personnel est choisi librement par les représentants des familles, c'est-à-dire les conseillers Illunicipaux, lorsqu'il jouit par consé­quent de la confiance des autorités et des parents, son influence sur la jeunesse s'exerce d'une lll.anière heaucoup plus féconde . Supposons maintenant que la nomination des instituteurs se fasse p.ar l'Etat. Comment celui-ci procédera-t-il? lIuposera-t-il d'of­fIce aux COlumunes les régents ou régentes dont elles ont besoin, sans préavis aucun? Repourvoirc -t-il une place d 'instituteur comiue on repourvoit un poste de gendarme ou d'officier d'état civil? Qui ne voit d'ici la méfiance avec laquelle on accueillera dans la comlnune le nouveau fonctionnaire; nléfiance dange­reuse, car s'il importe médiocrement au public' d'avoir tel gen­darme, tel officier d 'état civil, il n en va pas de même pour celui qui a charge d'ânles et qui assure la mission très importante de former la jeunesse, l'avenir de la conlnlune et du pays. Cette œuvre difficile et délicate exige la collaboration étroite et inces­sante du maître, des parents et des autorités locales. Nous' plain­drions le régent qui serait en quelque sorte imposé à la COl1lIUune. Où trouverait-il l'appui moral si nécessaire, le concours des pa-1'ents et de l'autorité pour l'application des règleluents scolaires, l'observation de la discipline à l'école et au dehors de 'l'école? Puisque l'Etat nomme tel ou tel instituteur sans notre avis, sera-t-on porté à dire, eh bien! qu'il se charge entièrement de lui, qu'il l'aide et le soutienne de Iuême.

Puis, l'instituteur ne se sentira-t-il pas plus ou moins indé­pendant vis-à-vis de la commune? Ne sera-t-il pas exposé parfois

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à le prendre de haut avec ceux dont le concours lui est pourtant nécessaire? N'y aura-t-il pas entre lui et les autorités communales une simple juxtaposition d'élénlents presque répulsifs au lieu qu'il faudrait une liaison, une cohésion intime, une conjugaison des efforls vers un nlêIue but.

Et si la divergence des opinions politiques venait encore cOlnpliquer ou envenimer une situation déjà tendue? Cet état de choses ne manquerait pas d'éveiller des suspicions, de susciter des dénonciations, des tracasseries. Dans ces conditions, on de­vine ce que deviendra le prestige des uns et des autres devant les enfants des écoles, ténloins de cette petite guerre civile. Il existe déjà pour l'instituteur assez d 'autres causes qui nlenacent son prestige sans qu'il soit nécessaire d 'en auginenter le nombre. En ­fin, ce nlOde de nomination risquera aussi d'incliner les COUl­munes vers un certain désintéressement des choses scolaires. Nous en avons un exemple en France, où les nlunicipalités n'ont que l'obligation de veiller à la régularité de ln. fréquentation de l'école et de pourvoir à la fourniture et à l'entretien des locaux, du mobilier, etc.

Leurs droits, en nlatière d'école, sont quasi nuls, et parfois' il faut de leur part mille démarches ou protestations pour obte­nir le déplacelnent d'un instituteur devenu gênant.

Si déjà maintenant, en Valais, on reproche à plus d 'une commission scqlaire de se soucier trop peu de la bonne marche de l'école et de mal seconder les efforts de l'instituteur, qu'ad­'viendra-t-il quand on diminuera encore lelU's cOlnpétences? Il est gros à parier qu'elles jetteront le manche après la cognée.

Mais, nous dira-t-on , la nomination des instituteurs par l'Etat pourra se faire sur la présentation des candidats par les communes avec indication des préférences. De deux choses l'une: ou l'Etat acceptera, dans la règle, les candidats présentés ou il les écartera totalement ou partiellement. Dans le premier cas, on retombe à peu prèss dans le systèlne actuel, et, dans le second cas, on s'expose à la plupart des inconvénients que nous venons de signaler.

La perte du droit de nomination des instituteurs par la COlll­Inune entraînerait logiquement la suppression de la part qui leur incombe dans le traitement du personnel enseignant. Qui paye cOl1lmande, a-t-on coutume de dire; que celui qui conlmande paye, dira-t-on. Il est logique, en effe t, que l'Etat paye lui-même ses fonctionnaires. Et alors se pose la question épineuse d'une augmentation considérable du budget de l'Instruction pullique, et le souci de trouver de nouvelles ressources financières.

Donc, atteinte au principe démocratique, diIninution des droits communaux, manque de cohésion dans la collahoration de la famille, de l'autorité communale et de l'instiLuteur à l'œuvre de l'éducation, ten~ion fréquente entre l'Etat et les communes,

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charges nouvelles inlposées aux finances cantonales, tels sont les principa~x inconvénients du système nouveaux qu'on préconise. La solutIon du problème en question présente des difficultés sé­rieuses, et l'autorité compétente qui devra le résoudre aura be­soin de toute sa sagacité pour que soient sauvegardés les intérêts du corps enseignant et ceux de l'éducation de la jeunesse.

Nous coyons, en finissait, que le mode actuel de nOlnination et de rétribution du personnel enseignant, qui existe depuis fort longtemp,s, n'est pas aussi mauvais que certains l'affinnent. Jus­qu'ici, la marche générale des écoles n'en a pas souffert beau­coup, témoins les progrès réjouissants dont dernièrement encore ?n !élicitait les instituteurs. Ce qui, à notre avis, nuit davantage a l'ecole valaisanne, c'est l'instabilité des maîtres dans l'enseigne­]ne~t en l'~ison de l'insuffisance des traitelnents, insuffisance qui oblIge maInt régent qualifié à chercher des occupations ou une carrièI:e plus lucratives. ' . Du reste, quoi qu'on fasse, on n'atteint jamais la perfec­tIon et on ne réussit pas à contenter tout le Inonde. Chaque sys­t~me a ses avantages et ses inconvénients. Souvent, après plu­SIeurs changelnents suc,cessifs, on finit par regretter les oignons d'Egypte et revenir au point de départ. La Fontaine nous en donne un exelnple saisissant dans sa fable intitulée: Les souhaits où la. nlédiocrité, qu'avait remplacé l'abondance, est priée de revenIr avec la quiétude qu'elle procure.

A une autre fable du mêlne auteur, nous elnpruntons les deux vers qui la ternlinent et qui en forment la luoralité, que nous pouvons appliquer à notre sujet en rerllplaçant le roi par un système:

De celui-ci contentez-vous De peur d 'en retrouver un pire.

Maintenant que nous avons exposé loyalenlent et objective­lnent notre opinion sur la proposition votée à la réunion du 17 novenlbre dernier, nous nous en remettons avec une entière tonfiance à la sagesse des autorités qui, nous en avons la cer­titude, prendront la décision la plus conforme au bien général.

Langue maternelle.

Cours élémentaire.

La maison (Suite.)

Chaque jour, après la classe, vous rentrez à la maison. Vous embrassez vos parents; vous jouez avec vos petits frères et vos petites sœurs. Vous les amusez avec un pantin, un tambour, une poupée, un cheval en carton.

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Les soirs d'hiver, à la veillée, vous prenez place au coin du feu. Et vous vous endormez en souriant dans la bonne maison chaude comUle un nid, où l'affection de vos parents vous a pré-paré un si "doux abri. , '

M on habitation. - La maison est située sur le bord de la route. Elle est bâtie en pierres et couverte de tuiles rouges. Un beau jardin l'entoure. J 'aime bien ma maison.

Sortes d) habitation. - Elles sont très différentes. Les unes sont grandes, jolies: les châteaux; les autres sont petites et par'.. fois grossières: les huttes ou les cabanes.

Le bûcheron se construit une hutte, l'humble villageois une chaumière, le riche de belles maisons, le seigneur des châteaux.

Idem pour: Pièces d)une habitation. Matériaux de 1'1wbitation. Constructeurs de l'habitation. Pour construire une maison. - Pour construire une mai­

son, il faut qu'un architecte trace un plan, que des terrassiers creusent le sol, que des maçons élèvent des murs, que des char­pentiers posent les poutres et les solives, que des couvreurs dispo­sent les tuiles sur le toit. Avant ces travaux, il a fallu des car­riers pour extraire les pierres, des bûcherons pour abattre les arbres. Que d'efforts accomplis dans l'intérêt d'une seule fa­mille!

Explication. - 1. Elocution. Que fait l'architecte? Que font les terrassiers? les maçons? les charpentiers? les

couvreurs? ' Quels autres ouvriers prennent part à la construction de la

lnaison? Non~mez les ouvriers qui travaillent avant la construction de

la maison? Quand nous sommes au chaud, dans notre maison, à qui

nous devons penser? 2. Vocabulaire: Iuaison, Inaisonnette, maisonnée; logis, de­

meure, bâtiment, habitation, édifice, chalet, pavillon villa, hôtel, palais, etc.

3. Grammaire et conjugaison. Trouver les noms. Conjuguer au présent: je trace un plan, je creuse les fondements, j'élève les murs, etc.

La maison paternelle. Heureux les fils du paysan! Ils grandissent à l'ombre du toit

qui abrite aussi leur père. Le soleil du matin les salue à leur réveil; le chant des oiseaux égaie leurs travaux; les fleurs leur souhaitent leur fête; les bons vieux arbres sont leurs amis et éten-dent sur leur sonllueil des bras protecteurs. C. Wagner.,

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1. Elocution . Qu'est-ce que la maison paternelle? A l'ombre : à l'abri. - De quels bras veut-on parler dans la

dernière phrase? - Pourquoi les fils du paysan sont~ils heureux? Ceux qui habitent les villes ont-ils souvent le bonheur de vivre dans la nlaison paternelle? Leur vie est-elle aussi calme, aussi saine, aussi heureuse que s'ils habitaient la campagne?

2. Vocabulaire. La nlaison paternelle; l'amour maternel; le respect filial; l'aide fraternelle, l'affection familiale; les relations amicales. Le pays, le paysan, le campagnard, le villageois, le citadin.

3. Gl'ammaire et exercices. - 4. Confugaison. La construction d'une maison. Un bûcheron coupe des arbres dans la forêt, un voituriel~ les

transporte, un charpentier les équarrit et les assemble pour faire une toiture. Un plâtrier cuit le plâtre qui revêtira les murs. Un menuisier rabotera les planchers, les portes, les fenêtres . Un pein­tre étend sur ·le bois plusieurs couches de couleurs. Que de mi­racles accomplis dans l'intérêt d'une seule famille!

E. About. 1. Elocution. Quels ouvriers sont cités dans ce passage? N'y

a-t-il que ceux-là qui travaillent à la construction des maisons? Que veut montrer l'auteur dans ce passage? - Que les hommes s'aident les unes les autres; que nous devons beaucoup aux ou­vriers qui vivent autour de nous . Qu'est-ce qu'un miracle?

2. Orthographe: Attirer l'attention sur charpentier, équal'rit, revêtir (vêtement), rabote, accomplis, etc.

3. Gl'cl11unaire. Mettre la première phrase à l'imparfait, ou passé simple, en soulignant la dernière lettre du verbe. - Indi­quer le suje~ de chaque verbe.

Une chaumière. La chaumière était blottie au creux d'un vallon. Son toit

était ombragé par deux énormes châtaigniers. Sa façade éclairée et réchauffée par le soleil levant. Ses fenêtres étaient encadrées par une glycin·e aux fleurs bleues. Ses vieux murs noircis étaient lézardés. Son unique porte était en partie disloquée.

Une salle à manger. Les quatre murs de la salle à lnanger étaient ornés de jolies

assiettes peintes. La grande table était dressée au milieu. Elle était recouverte d'une nappe blanche, fraîchement sortie de l'ar­moire. Le potage était contenu dans deux vastes soupières aux deux bouts de la table. Les cuillers , les fourchettes étaient ali­gnées tout autour.

Une cabane. Un toit de roseaux, des murs de roseau1:. desséchés. et jaunes,

c'est. la cabane. Elle se compose d 'une unique pièce, haute, vaste,

- 263 ~

sans fenêtre et prenant le jour par une porte vitrée qu'on ferme le soir avec des volets pleins. A. Daudet.

Les cavernes. L'existence des prelnÏers hOHllues était rude. ·Contre le mau­

vais temps, ils avaient besoin d'abris; les grottes naturelles en of­fraient de tout prêts, mais les ours, les lions, les tigres, les léo­pards, les hyènes les occupaient parce qu'ils étaient plus forts. Armés de haches en silex et associant leurs efforts, les premiers homlnes acquirent les cavernes. Guéchot.

Le chantier du charpentier .

Les charpentiers ont installé leur chantier dans un pâturage, derrière la ferme. Un ouvrier détache à coups de hache, l'écorce d'un tronc d'arbre, étendu sur le sol. Un autre équarrit une poutre. Le maître charpentier prend des mesures avec son mètre et son compas. Il perce les chevrons avec sa tarière; il les assemble avec de grosses chevilles qu'il enfonce à coup de maillet.

Le trClvail que coûte une maison. (Dictée de récapitulation.)

Cette maison que nous habitons, songeons à tout le travail qu'elle a coûté. Les murs ont été bâtis par le maçon, mais les pierres ont été arrachées du sol par le carrier. La charpente, qui dresse fièreluent au-dessus des murs sa coquette couverture de tuiles rouges, a été posée par le charpentier. Les solives, les che­vrons, les poutres qui la composent proviennent du chêne que le bûcheron a abattu et ébranché à coup de cognée, et que le charretier a transporté . Ces tuiles dont la vive couleur égaie notre toit, proviennent de l'argile qui a été extraite, pétrie, lnou­lée èt mise au four par le tuilier. Ces portes, ces fenêtres, un me­nuisier en a raboté les planches; la peinture qui les recouvre est due à la science d'un chimiste; le verre de ces vitres a été fondu dans des fours ardents et le vitrier l'a découpé avec un diamant apporté du Brésil.

Pensées La douleur est comme l 'amande amère qu'on jette au bord du

chemin: elle y tombe, on l'oublie, elle y germe; quand on repasse au même endroit vingt ans après, on trouve un amandier en fleurs.

René BAZIN.

Ce qui ressemble le plus au bonheur, en ce monde, est la paix de la conscience et la màle sérénité d'une âme tout au devoir.

Octave FEUILLET.

L 'accomplissement du devoir n'est qu 'une route un peu rude pour se retrouver à jamais. P. LACORDAIRE.

Page 8: L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

- 264-

Nos Pages COURRIER DES INSTITUTRICES

Noël! Mot plein de mystère dont l'évocation seule fait éclore de l'adieux sourires sur les lèvres l'oses ou pâles, brillel' de lumi­neux l'ayons dans les pl'unelles bùznes ou bleues des gl'Clcieux chél'ubins de la tel'l'e !

Noël! c'est pOUl' eux la cl'èche l'ustique l'appelant celle de Béthléem d'où l'Enfant-Jésus leur tend ses petits bras. Noël! C'est le sapin illuminé autoUl' duquel - pendant cette nuit n1ystériezlse où ils voient le ciel en rêve - le petit Jéslls vient dé­poser ses menus pl'ésents! Oh! ces cadeaux de Noël, quel l'ôle important ils jouent dans l'existence enfantine et comlne le lnys­tère qui les entoUl'e les l'end doublement précieux!

Heureux âge! Que ne peut-on à ce n1Ome;"t s'écrier: Jours heureux, Cll'1'êtez-vous! - Mais chacun doit vivre le cycle de sa vie et... le telnps fuit, fuit... l'apide et ilnpitoyable.

Pour nous, qui gravissons péniblement le rocailleux sentier de l'existence, Noël nous apparaît COlnme une halte bienfaisante, halte pendant laquelle nous allons nous prosteI'ner devant l'En­fant-Dieu et déposa à ses pieds notre lamentable fardeau de lni­sères hUlnaines ....

Puis, le cœur plus léger, l'âme confiante, nous nous relevons pleins de courage et d'espoir et, bravement, gaîment, nous l'epl'e­nons nol1'e l'oute vel'S l'inconnu.

8 décembre 1926. CHRYSALE,

Un cinquantenaire

Bourgeois de Sion et environs Accourez tous sur le Grand-Pont Pour assister au défilé Des pédagogues du Valais.

V qici d'abord les sommités: Le Grand Vicaire et le Préfet; Près d'eux, le visage énergique Le Chef de l'Instruction Publique.

Les vétérans sont à l'honneur Et prennent des airs vainqueurs. Les Inspecteurs ont fait toilette Eux aussi, sont de la fête,

Viennent ensuite les Régents, Alertes, pimpés et fringants. Ils ont vraiment très fière allure! Admirez leur belle tournure.

On les prendrait pour des guer-[ri ers :

C'est que beaucoup sont officiers, Et c'est presque au pas de parade Qu'ils traversent la Promenade ...

Tous les régents ont défilé Mais nous n'avons pas vu passer Leurs zélées colla.boratrices : J'ai nommé les Institutrices!

Que signifie cette abstention, Plutôt cette ... élimination? Les juge-t-on indifférentes Ou bien peut-être incompétentes?

Non, là n est point la raison! Si on les laisse à la maison C'est .par mesure de prudence. (Je vous le dis en confidence!)

Les vins de Sion sont capiteux, Et quand la paille est près du fell Il en résulte un incendie: Voyez d ici la tragédie ! ...

265 -

Tout émues par le lVlontibeux Elles feraient de trop doux yeux Les braves petites régentes! En les voyant si pétillantes

Messieurs les orateurs du jour Perdaient le fil de leurs discours Sur l'allocation familiale Et d'autres questions générales.

Mais je me suis laissé conter Qu'il avait été décidé De nous inviter, grave affaire, Pour le prochain cinquantenaire!

Ainsi, mes sœurs, préparons-nous A ce très prochain rendez-vous. Vierges sages et avisées Tenons nos lampes allumées! ...

A. R., Monthey. Nov. 1926.

Les Institutrices n'ayant pas été appelées à participer au Congrès, ce fait a suggéré à une aimable collègue des réflexions ... pleines d'humour qui alTIUSeront nos lectrices: c'est, du reste, le seul hut de l'auteur. (Note de la Réd. de « Nos Pages »'.)

De la tenue La tenue est une des manifestations de la force morale: .

lorsque nous sommes capables de contenir notre élTIotion ou notre douleur, nous sommes bien près d'être maîtres de nous-mêmes et supérieurs au sort qui nous atteint.

Avoir de la tenue, ce n'est pas seulement garder un visage souriant quand une rage de dent nous torture, c'est garder l'âme sereine devant la crainte, le succès, l'épreuve.

Le premier n~ouvemen~ de l'être humain qui reçoit un choc est de s'abandonner à son trouble et de le laisser se répandre au dehors; sa peine ou sa joie l'occupe tout entier, et son instinct l'entraîne à céder à cette impulsion. Les enfants n'y résistent pas, nous les voyons sans cesse se laisser aller sans contrainte à tous les mouvements de leur sensibilité.

Les adultes se maîtrisent plus ou lTIoins. · Je ne saurais trop vous engager, amies lectrices, à vous exercer dans ce sens et à circonscrire vos impressions à l'intérieur d'une barrière de di­gnité et de calme.

Il ne faut pas se raconter à tout venant, se plaindre sans raison grave, laisser s'écrouler les sentiments tumultueux et dé­sOl'donnés qui nous agitent en dedans.

Page 9: L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

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Cette belle tenue, que .le \ ous demande de garder aussi bien devant le froid et la chaleur que devant l'échec ou le triomphe, le chagrin' ou la félicité, est une marque de respect à l'égard de vos frères, vis-à-vis' desquels \ ous ne voulez point être enco~­brants; mais cet effort produit sur vous-mêmes d'heureux e1"­fets; en vous obligeant à contenir votre propre émotion~ vous la matez, vous la dominez, vous la ramenez à des proportIOns Ino­dérées; ail lieu d'en être le jouet, vous en demeurez le régulateur et c'est là un' bénéfice inappréciable.

Notre condüite ne peut être sage et bien réglée que si nous suivons ces principes de Inesure.

Oh! je ·conviens volontiers que ce travail moral est pénible, chèl'es lectrices, ne pas se répandre en lamentations, ne pas éta.ler son bonheur, ne point décrire tous ses nîaux, gran?s et. ~)~t~ts, ne pas se plaindre du sort ou du prochain, paraît bIen düflc!le; beaucoup d'entre vous n'arrivent point d'un seul coup à cet etat de sereine dignité; mais il faut y tendre, inlassablement.

Voici UI.\ procédé assez pratique dont vous pourrez essayer: une fois ou deux fois par jour, suivant votre courag.e, vous VOL~S astreindTet à réprimer un de ces mouvements de faIblesse; arre­tez'-vous à ' l'instant où vous vous surprenez à vous divulguer sans modération: Puis, progressivement, vous tenterez trois, q:uatre ou cinq efforts semblables, les jours suivants, et vous arnverez ainsi à un résultat sérieux.

Cette belle tenue n'est entachée ni d'hypocrisie ni de séche­resse; elle est toute de dignité, et, quand vous l'aurez acquis~, vous sentirez votre personne morale fortifiée par une autonomIe et ' ~lne intégrité supérieure.

" ' M~is . ~1'alle~ p~~ , vous laisser gagner par l'orgueil dan~ .cette voie; si vos frères plus faibles ou moins bien aiguillés n'atteIgnent pas à cet état, de . vigueur, s'ils se laissent aller à toutes leurs émotions sans frein, ne soyez pas sévères, penchez-vous sur leur faiblesse et secourez-les.

. Ecoutez les cris ' d'émoi des autres; prêtez une oreille ami­cale à 'leurs récits; essayez de les comprendre et de leur prodiguer une tendl'e sympathie.

Votre effort personnel ne méritera le non~ de vert.tl que s'il vous an~èrie à être plus généreuses et plus chantables; SI vous de­veniez hautaines dans votre belle tenue, si la contraint~ que vou,s sav~z vous imposer vous rendait dures, vous n'auriez 1"1en gagne, a~l, 'c'ontn;tire:: .

Il s'agit là, en réalité, d'une lutte contre l'égoïsme, toujo~rs prêt -à 's"étaler et à se mettre en avant; en le r.éfrénant, vous ~aIs- ' serez plus de ' place aux préoccupations altrUIstes et vous reser­verez une meilleure part de votre intérêt à vos frères.

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Ne croyez pas, ch~res lectrices, que je songe à vous pri\ el' ~le ce soulagement, si nécessaire aux humains, de -la confidence; .le vous engage seulement à vous confier rarement à des êtres de choix capables de vous comprendre, de vous secourir et de vou~ éclairer; mais: vis.-à-vis des indifférents, des faibles, gardez le sIlence sur vos emohons pour ne vous occuper que des leurs.

~_N=u=it=d='=E=s=p=é=ra=n=c=e~~ C'est au cœur de la saison froide, lorsque la nature est comme

morte sous son linceul de neige ou roidie par l'étreinte du gel, que l'Eglise célèbre la Vie qui naît, l'Espérance de longs siècles enfin réalisée.

Puissant sym.bolisme! L'hiver et la nuit. La glace et les ténèbres, c est-à-dire la

mort et le tombeau! Mort que l'humanité a reçue en partage dès ' la déchéance

originelle et tombeau où elle coucha sa triste misère ... Pendant des dizaines de siècles la voix des prophètes avait

retenti. Les patriarches avaient ardemment désiré l'avènement de la Vie. Et le vent de Judée avait emporté ces prédictions et ces soupirs comme l'aquilon de novembre enlève les dei"nières feuilles qui frémissent à l'extrémité des rameaux.

Mais les échos de ces avertissements et de ces souhaits pas­sionnés avaient été recueillis telles d'amères larmes dan~ la pr'é­cieuse amphore du Père ...

Les jours étaient révolus. La longue et douloureuse attente d'un peuple, d'une humanité aux abois devait preùdre fin: le Messie est né ! . '

Ah ! ne le cherchez pas, pharisiens et scribes , rigides docteurs et interprétateurs de la Loi, dans les rangs de vos égaux, au sein de vos richesses, dans vos berceaux de pourpre et d 'or. Ne, l'entre'­voyez pas dans la royauté de vos splendeurs ni dans la magni­ficence de vos palais. Il n 'a que faire de votre opulence et ,de vos cœurs « métallisés » au, contact des sicles devenus vos idoles, ..

La pauvreté a to~ltes ses préférences, elle comble .les aspi­rations de son âme et les profondeurs de son amour ...

Une étable est son logement, Un peu de paille sa couchette.

C'est de là, chers Amis , que l 'Enfant-Dieu peut prêcher l'amour des privations comme deIuain il donnera l'exemple de l'action dans la bonté, du renoncement absolu , du support par­fait de la souffrance, de l'holocauste final pour la rédelnption de ses frères.

Page 10: L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

-'- 268

Quel sermon que celui qui est précédé de l'exemple! Et comme il porte loin dans les cœurs !

_ Je gémis dans le dénûment, dans la misère et la privation, dit l'enfant du pauvre en joignant ses mains décharnées par la misère et bleuies par la froidure.

_ Vois mon berceau de paille fraîche, regarde ces langes de tissu grossier. Et cette étable l'échangerais-tu contre ta pauvre chaumière?

_ Ah! que le pain est dur à gagner, soupire l'ouvrier; que l'outil ,pèse ax mains qui doivent 1 employer de longues heures!

_ Dans l'atelier de Nazareth, le travail était-il Iuoins pénible et la sueur moins abondante?

_ La méchanceté et 1 ingratitude humaines n'ont pas de bornes! s'écrient découragés l'apôtre et l 'homIl1e d'œuvres.

_ Quels mépris, quels affronts, quels déchirements de cœur n'ai-je pas connus, au cours de mes années de mission à travers la Galilée!

_ La souffrance m'accable, l'épreuve est à son comble, tout semble se conjurer pour remplir mon existence d'amertume et faire de ma vie un calvaire douloureux, exhalent le malaq.e et l'affligé au paroxysme de la torture.

_ Qui donc l'a gravi le premier ce chemin du Golgotha? Ma croix était-elle moins lourde que la tienne? Ton ago~ie sera-t-~~l~ plus terrIble et ta mort plus cruelle que celle, que, Innocent, J al endurée pour vous tous?

Amis Educateurs, devant l'humble crèche que « Chalande »

édifie chaque année à pareille époque, souvenons-nous de ces exemples.

Et si un rayon de bonheur a daigné vis~ter nos foy~r.s, n'ol~­blions pas la multitude des malheureux sevres de toute JOIe lumI­neuse qui inondera en ce soir de Christmas et nos cœurs et les sapins bénis, délices de nos enfants.

Pensons à ceux qui souffrent, aux indigents, aux orphelins. Que le sourire du divin Hôte de l'étable touche les cœurs com­

' patissants et ouvre les mains charitab.les;, qu'il soit .P?ur. tous, grands et petits, une pressante exhortatIon a la commIseratIon et à la bonté.

Mais que, surtout, les égarés, les prodigues retrouvent l'En­fant de la crèche et qu'ils écoutent à nouveau dans l'allégresse le doux: Gloire à Dieu dans les hauteurs célestes et paix sur la terre ClUX hommes de bonne volonté. - A. Dy.

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Les Bûches de bois

Les gl'osses bûches de bois Flambent dans la cheminée, Et, dans leurs flamm es, je vois Passer, tour à tour, les mois De l 'agonisante année.

Les grosses bûches de bois Chantent clans la cheminée, Et leur pétillante voix Evoque les doux émois Des chers bonheurs de l 'année.

Les grosses bûches de bois Pleurent dans la cheminée, Et leur douloureuse voix Evoque les cloux effrois Des deuils tristes de l'année.

Les grosses bûches de bois Meurent dans la cheminée, Et, dans leurs cendres, je vois Mourir, vaincus par les froicls, Les plus beaux espoirs de l'année.

Gentils enfants, dont les voix Fêtent les morts des années, Priez Noël qu 'aux jours froids Flambent les bùches de bois Dans toutes les cheminées.

Leçon de choses L'alimentation

( Suite.)

Règles essentielles d'une bonne alimentation.

Observation. L 'instituteur appuiera l'enseignement et l'hy ­giène sur les notions étudiées au cours de sciences naturelles.

Matériel intuitif. Appareil digestif (en plâtre ou tableau mu­ral montrant clairement la foune et la disposition des différents organes digestifs. .

Tube digestif d 'un petit mammifère (lapin) avec le foie et sa vésicule, le pancréas.

Collection de dents (incisi, es, canines, molaires); dents sai­nes et dents cariées.

Leçon. a) Introduction. Rappel des notions étudiées ,au cours de sciences naturelles: description de l'appareil de la digestion.

b) Nécessité de l'alilnentation. Rappel de ce qui a été enseigné au cours moyen.

L'appétit est une sensation légère et agréable du besoin d'ali­ments; si cette sensation devient forte et douloureuse, on a faim; il y a inanition, si-l'on éprouve de l'épuisement.

c) Mastication. Décrire les dents: a) racine et couronne; les sortes: incisives, canines, nlolaires; leur rôle; b) dents cariées (les causes) ; expérience: dent plongée dans un acide ou du vinai­gre, pendant quelque ten1ps: constatations.

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Conclusions: se rincer la bouche après chaque repas, enlever les restes d'·aliments· avec un cure-dents flexible; brosser les dents et se rincer la bouche chaque soir; consulter le dentiste à temps (nettoyage, plombage, extraction, fausses-dents).

Une bonne mastication est nécessaire pour une honne diges­tion; nombre de maladies: diarrhée, lTlaliX cl estomac, etc ., ont pour cause une mastication insuffisante, sans compter les ma­ladies n1.icrobiennes qui . s'introduisent le plus souvent par la hou­che dans l'organisme, donc il faut une honne dentition tenue en parfait état· de propreté.

d) Insalivation. L'insalivation se fait en lnême ten1.ps qne la mastication. La salive est produite par trois paires de glandes; elle se forme aux dépens du sang .

L'insalivation a pour effet: a) de faciliter le l)assage du hol alimentaire à travers l'œsophage; b) d'aider la digestion de cer-tains aliments.

Le rapport de M. Antoine Maistre, inst.

Au cours de l'Assemhlée générale du 1 i novembre dernier, il a été décidé de puhlier un résun1.é du rapport de notre dévoué et méritant collègue, M. l'Instituteur Maistre, :\ Evolène, sur les améliorations, ou plutôt l'orientation nouvelle il. donner à l'Ec()le

Primaire.

Après avoir rendu h~)lnn1.age à 1 activité et au dé, ouement du vénérable Fondateur de notre organe pédagogique, M. Paul Pignat, et constaté que son digne . successeur M. Louis Delaloye .marche sur les traces de son devancier, M. 'Ma'i'tre écrit:

Pourquoi la Société Valaisanne d'Education . n 'aurait-elle point sa revue largem/ent amplifiée qu~ ,serait, hU-ce même avec quelque appa­rente surabondance, à l'égard de chaque instituteur ou institutri ce, un catéchisme de persévérance pour son âme et sa conduite; un vade­mecum p~dagogique pour son activité journaUère; un mentor avisé? dans sa vie sociale; une documentation constante pour l'orientation de son activité extra-scolaire; un vulgarisateur de découvertes scienti­fiques; le trait d'union entre les organisateurs et collaborateurs crins­titutions d'agrémen't, de mouvement sportif, d 'œuvres sociales; la voix autorisée de nos . revendicat.ions corporatives; l'office de placement pour les instit.uteurs qui cherchent. emploi en ét.é ou même en hiver; en un mot., l 'ami, le conseiller du régent., dès son entrée ' à l 'Ecole Normale jusqu'à son ent.rée dans la vie meilleure; ou eIicore le reflet, l'expression' \rive, attrayante et distinguée de la vie d 'un ;bon inst.i-

tuteur.

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Dès le début, je tiens à mettre en évidence une ]'d" d " j , . "1 f t ee omlnan~e , a savoll~ qu 1 ~u chercher des collaborateurs compétents chacun dans sa partIe. Je tIens. pour une erreur de faire appel aux seuls institu­teurs pour les artIcles de fond et de doctrine 'Jédag'og'I'q Cl ' . ,. . ' .t ue. e III qUI veut de ]l1, theorle aIme mieux se plonger flans un aut.eur qui fait. a.utorité.

Ce que je voudrais, je l'ai dit, c'esL que notre organe pédao'oo'i­que sOi,t l 'expression vive, alerte et distinguée de la vie intégral: (fes 110ns regents du Valais.

. C.'est pourquoi 'vous permetLrez que je range sous trois chefs prmclpaux la matière de notre journal, conçu sur un style plus ét.endu et avec un programme mieux défini.

La première partie, la principale, aurait trEtit comme pal; le passé, à la vie sUI'naturelle et à. la vie PédagogiqU~ de l'instituteur.

La: deuxième partie s 'occuperait de sa vie sociale .

. La troisième partie s'ingénierait à. améliorer la. situation maté­rielle du régent..

Jusqu'à p~'ésent, la. Société Valaisanne d'Education a eu le su­perbe avantage d 'être dirigée d 'une ma.nière souvent officielle et très effective toujours, par des prêtres choisis parmi les plus di~tino'ués du clergé diocésain. Les ainés se rappellent encore M. le chan~ine Nantermod, qui fut un initiateur magnifiqu'e, et tous, nous avons dans le cœur le dévouement inlassc .ble et l 'éloquence de M. le Vicaire-général Delaloye. '

J'espère bien voir continuer cette helle et fructueuse tradition d~ bonne entente et de colaboration féconde entre le prêt! e et le regent.

, Mais je vo~drais .plus encore: ' c'est que la sève . vivifiante qui decoule des Samts LIvres nous soit communiquée chaque semaine dans notre journal pa.r la plume autorisée d'un vénérable ecclésiasti­que débordant de charité et de savoir: que notre âme d'éducateurs ch~'é~iens trouve à la première page de notre périodique un aliment de VIe surnaturelle, et un men1ento de doctrine chrétienne dorit l'en­semble constitue un vrai catéchisme de persévéra.nce, ou encore si l'on veut, le trait de lumière divine qui illum'ine la vie de cha~Lln de nous.

Je me gal:derai de m 'appesantir sur la partie pédagogique, 'pour­tant ~a plus e~endue, la. plus importante, et me bornerai à . indiquer que ]e voudrals y voir régulièrement:

10 un bref aperçu des idées nouvelles apportées en pédagogie;

2° 'une analyse succincte des meilleurs ouvrages connus cie péda­gogie et d'enseignerpent;

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3° des exercices pratiques da.ns le sens de ceux que nous trouvons dans l' « Ecole Primaire»;

4° la. préparation aux examens: examens d'émancipation, . <le cours complémentaires, de recrues, d'admission à l'Ecole Normale, d 'accès aux diverss brevets, examens d'apprentis, d'écoles de com­merce ... , avec questionnaires, critiques des travaux, corrections d'épreuves, solutions demandées;

5° une place ouverte aux correspondants occasionnels, instituteurs et autorités scolaires, sur des questions d'école.

La seconde partie s'occuperait de la vie sociale de l'instituteur, soit de son activité en dehors de l 'école prima.ire.

Je me rappelle une idée maîtresse qui m 'est restée du très re­gretté M. Hopfner, à savoir qu'il aurait voulu voir le régent à la tête du progrès dans tous les domaines.

De fait, nombre d 'instituteurs se sont distingués comme magis­trats, comme officiers, comme promoteurs ou collaborateurs choisis de multiples organisations d 'ordre économique ou artistique.

Je désirerais que notre journal servît de trait d'union ' entre les instituteurs intéressés à ces groupements; que clans chaque groupe­ment, un collaborateur attitré y allât de sa petite chronique, avec indication des sources d 'idées et d'informations, avec signalisation de cours et de conférences, avec courtes biographies de patriotes par­ticulièrement méritants.

Il sera, facile de rendre cette partie féconde et intéressante, caf nous aimons à connaître les bonnes têtes qui se passionnent pour les mêmes questions qué nous. Le journal nous les découvre, facilite les relations et donne l'occasion à tous de bénéficier de l'expérience et des connaissa.nces acquises par un chacun. Quoique loin de l'abécé­daire, n'est-ce point là un enseignement mutuel par excellence?

La troisième partie, qui vise à l 'amélioration de la situation ma­térielle de l'instituteur est peut-être celle qui offre le plus de diffi­cultés à se traduire sur une feuille, et à se réaliser, en partie du moins, par le moyen de cette feuille périodique.

Par la voie de 'notre journal on peut néanmoins:

1° ouvrir des horizons nouveaux aux jeunes instituteurs inte1li- · gents et laborieux;

2° signaler aux instituteurs des emplois qui leur soient accessi­bles et ce qu'ils doivent apprendre pour y être agréés et y savoir travailler;

3° enseigner aux jeunes et aux vieux des moyens d'a.ugmenter leurs ressources à côté de leur activité scolaire;

4° mieux affermir le sens corporatif de notre Société, soit par la création d'institutions dans l'intérêt de tous, telles qu'ùn office

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de placement, une caisse-ma.ladie, une assurance collective ... , soit par une participation digne et pondérée aux principales manifesta­tions de la vie nationale: participation aux fêtes et aux deuils offi­ciels, initiatives heureuses dans le domaine législatif, attitude fran­che, éclairée, ferme et homogène dans la tourmente des idées et des opinions.

Un mot d 'explication au sujet de ce que j'appelle horizons nou­veaU7(.

Souffrez, chers Amis, que je ne partage pas l'avis de certaines per­sonnes qui, afin de parer à l'inconvénient d'une pléthore momentanée d'instituteurs, ne trouvent rien de plus simple que de restreindre les portes de l'Ecole Normale aux dimensions du trou de la serrure.

Pourtant, quel est l'établissement d'instruction qui procure, dans le même nombre d'années d'études, autant de connaissances et de bonne éducation que l'Ecole Normale? Quelle belle floraison de bons citoyens, d'officiers, de magistrats n 'a-t-e11e pas déjà produit?

D'autre part, qui oserait prétendre que la pédagogie ne constitue pas un enseignement précieux pour quiconque, soit comme chef de fa­mille, soit comme membre d'administration, devra s'occuper des enfants?

Dès lors, qu'où ouvre toutes larges les portes de l'Ec:ole Normale, aussi larges qu'il est possible sans lui faire perdre de son caractère de « séminaire )}.

Par cOlltre, qu'on ouvre aussi aux instituteurs capables et labo­rieux les chaires d'enseignement aux branches spéciales.

Les promoteurs de cours industriels, commerciaux ou autres pour­raient nous dire combien de fois ils se sont trouvés dans la nécessité d'improViser de 'toutes pièces un professeur ou de faire appel à un étranger admis sous la foi de pressantes recommandations.

Parce qu'il a reçu une meilleure formation pédagogique, un insti­tuteur, quoique de plus modeste apparence, serait certainement en état de rendre de meilleurs services, pourvu qu'une perspective pleine de promesses l'oriente et le soutienne d.ans ses études personnelles.

Des échos me sont parvenus suivant lesquels, même dans nos col­lèges, on déplore que maint professeur n 'ait pas reçu une meilleure formation professionnelle.

Loin de moi la pensée que des laïcs empiètent sur l'enseignement secondaire que notre clergé dirige avec un admirable dévouement et une distinction incontestable. Mais, à côté de l'enseignement classi­que, un vaste champ d'études les plus variées est ouvert à notre jeu­nesse, qui doit apprendre si elle veut savoir travailler, et c'est là que je voudrais voir s'exercer l 'esprit d'initiative, de travail et de persé­vérance des j eunes régent~.

Je me plais à croire que des investigations suivies sur ce qui se fait en d'autres cantons et en d'autres pays et relatées dans notre journal; qu 'un contact étroit avec les services d'apprentissage, avec

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les sociétés d'arts et métiers, avec les chambres de commerce, avec les organisations agricoles .. . , rendraient les services les plus précieux à notre jeunesse avide de conquérir sa place au soleil, et les jeunes ins­tituteurs qui sauraient lui mettre entre les mains un tra\{ail rému­nérateur seraient les premiers à y trouver leur profit.

Voilà dans quels sens on devrait pouvoir orienter les jeunes.

. Quant au second et au troisième point, qui concernent les gains accessoires de l'instituteur, il y a lieu de considérer ce qui rentre dans l'économie domestique et regarde plus spécialement les institutrices et les ménagères, mais aussi les mille occupations à la portée de tout le monde, où le régent aura.it la préférence, et sur lesquelles l'office de placement est- chargé d'informer.

'Mais, pour réunir cette abondance de matière, pour avoir une re­vue hebdomadaire toute l'année, mais surtout pour avoir des colla­borateurs compétents cha 'cun dans sa partie et assidus à une ponte régulière de chaque semaine, il faut de l'argent. Et les régents ne sont pas riches.

Je ne me dissimule pas la difficulté. Cependant, je r.este per­suadé qu'avant la fin de l'année, chaque lecteur aura retrouvé tant de profit et d'agrément dans ' cette minuscule encyclopédie pédagogique, qu'il ne regrettera nullement les 12 à 15 francs qu'elle peut lui coûter. D'autre part, les autorités scolaii'es, les professeurs, les intellectuels de tout ordre viendront fournir un appoint d'abonnés qui réjouira la ré­daction et dégrèvera sensiblement le compte d'administration.

Nul doute que la Société Valaisan'ne d'Education, forte de l'appui moral et financier du gouvernement., se fera ui1 honneur cl assurer une vie abonda.nte et les ressources nécessaires à son organe périodique, moyennant qu'il réponde largement à ses besoins et à ses aspirations.

La proposition que je me permets de soumettre à la Société Va­laisanne d'Education se résume donc à ceci:

10 étendre et préciser dans le sens indiqué le pl'ogramme de notre journa.l;

2 créer. un office de placement pour les instituteurs, pendant les vacances et même pendant l'hiver pour ceux qui doivent se contenter d'un pis-aller provisoire.

Ant. MAISrRE, instituteur.

TABLEAU SY OPTIQUE des titres d'un numéro de

L'ECOLE PRIMAIRE et Journal de la Société Valaisanne d'Education

paraissant à Sion le samedi

L - A) Vie surnaturelle de l'instituteur. 2. Page cle cloctl'in o chrétienne. 1. Pensée à méditel' ChRCl\le jour de la. semaine. 3. Trait.

- 275-

B) Vie pédagogique de l'instituteur. 1. l ouvelles pédagogiques. 2. Les livres. 3. Partie pratique ... 4·. Préparation alix examens (dans l'ardre de leur rotation

pér.iodique): Questions posées, critiques des travaux, corrections d'épreuves, solutions .

,). Correspondances particulières.

II. - Vie sociale de l'instituteur. 1. Où il y a du bien à faire: a) idées à cultiver;

(ou du mal à empêcher) b) œuvres à soutenir; c) initiatives à encourager.

2. Chronique des E?ociétés. . 3. Coin de la sympathie: 'a) promotions;

b) nécrologie. III. - Vie matérielle de l'instituteur.

1. Horizons nouveaux: a) ce qu'on voit et fait ailleurs; , b) cours et conférences: inscrip­

tions, rapports. 2. Rappol't. de l'Office de placement: a) emplois offerts,

conditions;

3. Economie domestiqu .

IV. - Vie corporative de l'instituteur. 1. Chronique de la Société.

_ 2. Echos des conférences. 3. Institutions à promouvoü'. 4. Rapports des cUvers organes.

\ . - Varia (Délassements de l'instituteur). 1. Curiosités scientifiques. 2. Récréations.

BIBLIOGRAPHIE

b) organisation de cours spéciaux re­connus utiles,

l'

A. M. i.

Almanach Pestalozzi 1927. - Librairie Payot et Cie, Lausanne. - Un, o]ume relié toile souple; édition pour jeunes filles, Fr. 2.50; édition pour garçon, fr. 2.50.

p()(.ll'quoi l'Almanach Pestalozzi se pl'ésenLe-t-il cette année-ci sous une pimpante couverture toute nouvelle? Ce n'est pas sans raison: J'année 1927 marque Ulle date mémorable; il y aura, en effet, juste cent ans que mourut l"homme de bien, le pédagogue, l'idéaliste Pest.a­lozzi lont nous avons donné le nom au vacle-mecum préféré cle:=; ',coli ers.

Page 14: L'Ecole primaire, 15 décembre 1926

- 276 -

Nous voulions d 'emblée soulign er l'impol·tance de cet événement et ' en indiquer la portée sous une forme a.o-réable. Voilà pourquoi l'Almanach Pestalozzi 192'7 a fait peau neuve et pourquoi nous avons le plaisir d'offrir cette émnée trente-deux l)ages de reproductions d'œuvres d 'art au lieu les seize habituelles.

Nous serions heureux si - tout modeste qu'il soit - l'Almanach Pestalozzi remplissait auprès de la .ieunesse une mission bienfaisante en suscitant chez ses jeunes lecteur s l e sens de l 'observation, le goùt de la science et l'amour de la clarté.

NÉCROLOGIE

Vendredi a été ensevelie à Sion, Madame Morand, belle­mère de Monsieur l'Inspecteur Mangisch. Une foule nombreuse accOlnpagnait la défunte à sa dernière delueure. On y remarquait de" nombreuses institutrices, particulièrement du district de Sion , nlais aussi d'autres parties du canton. Ces institutrices tenaient il porter à leur si dévoué avocat-conseill'hOlnmage de leur profonde sympathie et l'expression de leur reconnaissance.

Je crois être Ï'interprète de tout le personnel enseignant fé-111inin e'n présentant à M. et à 'Mme Mangisch nos sincères condoléances et la promesse de prières pour leur chère disparue.

Sion, 10 décembre 1926. E. de S.

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