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L'Ecole primaire, 15 décembre 1928

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partement de l'Instruction publique à Sion.

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Page 2: L'Ecole primaire, 15 décembre 1928

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Tout le monde ne peut /,((S /JI tJ un inventeur Ott un

poète de génie, rnais les /j7'(ln l !s //"m,1nes, qui sont des

hornm,es comme les autres, Ollt IOlfjo nrs des côtes accessibles

et imitables,. ils sont en general simples et m,odestes~

travailleurs ,et perséverants.

La seconde partie 'contient divers articles qui retien­

dront votre attention. Que ce soit une descript'l'on~ une

relation de voyage~ teœpose d~une innovation, les jeunes

lecteurs trouveront en tout quelque chose d'intéressant.

47me Année No 13 10 Décembrd 1928

Organe de la Société t/alaisanne d'éducation

gOMMAIRE. - Nativité, - Communiqués, - Coup d'œil rétrospectif. _ Chronique de l'Union. - Assainis-sement social f·ar l'antial .. coolisme. - En glanant. - Les Noëls de mon enfanc\". -- Le mauvais livre. - Leçon de calcul. - NOS PAGES. - Néel'olGgie. _ Bibliographie.

~ nativité ~ Le doux et fort Jésus, rami des humbles cœurs, Le grand réformateur de notre histoü'e humaine, Le VI'ai consolateur, sauveur de l'âme en peine, L'Enfant miraculeux ouvre ses ~leux vainqueurs

Les brumes de Noël voilent de leurs rigueurs La glorieuse nuit qui s'étend sur la plaine, Mais l'étoile du mage aux clartés souveraines, Et la pâle veilleuse ont d'étranges lueurs.

Qu'est-ce que le soleil suspendu sur les mondes, Auprès de ce falot qui, SUl' les pailles blondes, Eclaire le Messie CLUX deux bras grands ouverts?

Au fond de l'hypogée où naît le fils de l' homme, Se lève un nouveau jour in.extinguible comm e Le principe de vie, animant l'univers! ...

Conlmuniqués

Arithmétique, Cours moyen et supérieur.

La brochure contenant les réponses des Problèmes de l'Arith­métique cours moyen et supérieur est épuisée.

Avant de réimprimer cet opuscul,e, nous nous permettons de prier le Personnel enseignant de bien vouloir signaler au Secré­tariat du Département de l'Instruction Publique les réponses er­ronées qu'il a · pu constater.

Il y va de l'intérêt général, aussi chacun voudra bien se donner la peine de communiquer ses remarques pour le 20 crt.

(Comm.)

Page 3: L'Ecole primaire, 15 décembre 1928

- 390 -

Manuel de comptabilité.

~e Département n'a pas encore pu faire imprimer la liste des reponses des calculs contenus dans ce manuel.

. A ce~ effet, il adresse un nouvel appel aux instituteurs, il les prIe. de bIe~ vouloÎl~ lui commu~iquer pour le 20 décembre pro­cllam, les reponses des calculs qLU ont été résolus dans leurs classes tespectives . (Comm.)

L'annuaire de l'Instruction Publique

, ' L'ann.uaire de l'Instruction Publique vient de sortir de pl~esse. L :xemplaue de 1928 est particulièrement intéressant. Le Valais gr ace à la collaboration de M. L'Inspecteur Dr Mangisch, r o'ccupe' une large place. .

, ~. part ]a ~hroni~f1,-le habituelle, l'Annuaire publie en 20 pages, un aI h~le sur l ExposItIon cantonale de Sierre, ce qui constituera un souvemr de cette remarquable manifestation. On lira également avec. non ~oins, d'intérêt une étude sur l'enseignement de la langue maternelle, œuvre de M. Delaloye le très regretté Recteur du Collège de Sion. . ,

.L'annuaire est fourni par le Département à raison de fI'. 3.­au heu de fI'. 6.- , prix de librairie.

Pour Géronde.

Grâce à la générosité des écoliers valaisans un certain n0111-l d' ' )Te e souras-muets de famil1es pauvres bénéficient des avantages que procure l'Institut. -

C~1aquf année.' l'œu~re du «Sou de Géronde » procure environ 1500 f.rancs. DepUIs quelques années, il y a fléchissement dans le pr?dmt de l,a c?IIecte. Op pourrait faire davantage sans pour cela r~nner nos ecoh~rs. EnvH<:m 22.000 enfants fréquentent les écoles, SI chacun versaIt .10 centImes, on atteindrait la coquette somme ~e 2200 francs, qUI est encore bien minime en face du nombre des lTIalh~ureu.x qui, ,!aute d~ place et de suhsides, ne peuvent jouir des blenfmts de ImstructlOn.

~ne statisti~ue , établie par le Département , de l'InstructWii PublIque a permIS de constater que notre canton compte près' d'e 2BO enfan.ts sourds-muets et anormaux, alors que Géronde ne peut en receVOIr que 95, c'est ce qui a justement ému notre distingu'é Chef du ~épartement. Aussi a-t-ll fait œuvre sociale méritoire au plus haut degré en proposant l'achat de l'Hôtel d el' Aiglon, au Bouveret, où, l'automne prochain tous nos pauvres deshérités ,po},uront trouver ,une place, si leurs camarades plus favorisés leur fendent une main secourable. '

- 391 -

,, ' ' L 'œuvre du «Sou de Géronde » prie le Personnel enseignant' d 'adresser un appel' pl~essant à la jeunesse écolière. Ce faisant ,­il l'habituera à la belle pratique de la char'ité.

Coup d'œil rétrospectif C'est le 15 décembre 1828, donc exactement un siècle, que'

parut, en Valais , le premier décret sur l'instruction publique.

Nous croyons que bon nombre de nos collè'gues liront avec intérêt ce document que nous nous proposons de publier in extenso d'ans 1' « Ecole Primaire ». Ils pourront en comparer les , dispositions principales avec celles de notre loi actuelle. Ils constat~ront que le Décret de 1828 contient en substance ce que nous avons' au­jourd'hui. Si toutefois le~ progrès de l'instruction n'ont pas, jusque vers les années 1880 répondu à l'attente du législateur, c'est qu'il ne sUffit pas de ,faire des lois, si sag·es soient-elles , il faut en assurer

, l'exécution. '

0..1', c'esl précisément parce que cette loi est restée la plupart du temps lettre nlorte que le Valais s'est trouvé pendant si long­temps dans un rang d'infériorité en matière d'instruction popu­laire. Il a fallu que la loi de 1873 et l'inh~oduction des examens du re~rutement pour obliger les communes à sortir de leur apathie vis-à-vis d'es ' choses d'école. '

Les deux plus grands obstacles au progrès étaient, 'pendant' longtemps, la formation insuffisante du personnel enseignant et lafréq.uentation irrégulière de l'école par les enfants que les parents , retenaient à la maison pour les motifs les pIlis futiles.

Pour renverser le premier obstac!e, on créa, en 1875"des Ecoles normales sagement organisées.

On s'attaqua sérieuseITIent au second lors de l'in'troduction des examens du recrutenlent. La publication des tableaux com­paratifs des résultats de ces examens fut, en effet,' un aiguillon~ puissant pour réagir contre la routine et la négligence des COlTI­munes dans le domainen scolaire.

DECRET SUR L'INSTRUCTION PUBLIQUE

La. , Diète de la République et Canton du Valais) Sur la ~Jropo&ition (,0~1~titutiçmnelle du Conseil d"Etat,

Considérant que la nécessité d 'améliorer l'éducation dans le c'anton ~8t ,généralement sentie par toutes les personnes éclairées et amies du bien public;

Que le moyen le plus efficace pOl11' y paT'venir est d 'établir cie

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- 392 -

bonnes écoles élémentaires, où les enfants soient formés à.,la connais­sanCe de la' religiqn, à l'amour de la vertu ainsi qu'aux éléments des sciences humaines qui peuvent êtI;e utiles da.l~S les différentes. . cir­constances de la vie;

Ar,rès avoir conféré avec le Révérénd,issime Evêque sur des dis­Posi~ions qui, embrassant à la fois . l'ensiegnemel1t religieux et civil, demandent l'ui1i~n .de l'autorité ecclé8,i~stiq~e avec l'autorité civile ;

Le Conseil d'Etat est autorisé à décider ce cIU'il trouvera conve­nable à cet égard, suivant que les localités l'exigeront, après en avoir conféré avec le Révérendissime ~vêque.

, C~s- décisions devront tendre à réunir, pour autant que les localités le .('omporteront, _ plusieurs communes ou plusieurs villages à une même école, en ordonnant dans> ce cas, relativement au local de l'école, ce qui conciliera le mieux les ,convenances et les inérêts des parties réunies.

Aucune commune ni aucun village ne pourra se refuser à cette réunion, à moins qu'il ne fasse les fonds nécessaires pour assurer à un régent un traitement proportionné à l'instruction qu'il est oblig"é de donner conformément à la loi.

CHAPITRE II.

Des régents et de leur traitement.

Art. 6. - Dans les paroisses qui auront des fonds suffisants pOUl' faire face au traitement d'un régent ainsi qu 'aux frais de l'école, l'instrurtion élémentaiI~e sera entièrement gratuite.

. A,rt. , 7.. - Dans les .c:ommunes -qui 8·eront dénuées de fonds poUl'

former le_ s~~ÇLire .de, ,leurs régents e,t SUbvenir aux frais de l'école eu tout ou en 9artie, jl sera permis d 'y suppléer au moyen ',d'une' rétri­bution payable pal' les pal'ents des enfants qui seront appelés, d'après leur âge, à se rendre il l 'éco le et , par les pel's-onnes qui la fréquenteron t volontairement.

Le conseil de la commune fixera la somme nécessaire à fournir pour compléter le traitement du régent, poUr l'achat des 1ivres et tab~ea ux nécessaires, le local 'de l'école, son chauffage', et autres frais. ,n en établira la répartition en égale part et ·par tête eritre -tous le',s enfants appelés à fréqu enter l'école ·,et autres pe1'8'Onnes qui y assis­teraient:

La quote-part des enfants appartenant à des pal;ents pauvl'es sera payée par la , commune. '

Art. 8. - Sont abandonnées à la ' caisse des écoles, pour aider à fonclel' leur dotation, les amendes pour contrayention à la police des c'abarets et à l'usage de la p~pe, et toutes celles. attribuées aux corn .. munes par la loi ou prononcées par les règlements locaux, qui n'ont pas été spéc~alemen~ affectées à là': caisse des :Qauvres.

q

- 393 -

- l ' . !\:rt. 9. - " Les ' conseils de ' commUnes son"t ch,?-rg:és de l'açlmùii::,L_l'a­lion' des fonds des écoles, de la rentrée des amendes et autre's' ac­cessoires.

Art. 10. - Dans les paroisse8' où les révérends curé~ sont dans l'obligation tl.'enseignëi', les fonds ' affectés à cette destination pourront.,

,' s'ur la demande des coÎnmllnes et avec ] autorisation ,du .r~vérenll i~ ­sim-e Evêque, être attribués à la caissé des écoles, en décharg:(;(-Ji1t ,leur: ', l;" asr.,eurs de l'obligation d"enseigner.

J\.l't. 11. - Dans' 'les communes où i l Y a des fondations 0cclé ~{"itl =;­

tiques et des confréries religieuses dànt l 'objet serait moins utile qÙ<-l

l'instruction des -enfants, elles , pourront également, de l'aut0I'isation . É<Piscop~le-. être appliquées. au profits des éc01es, ' après avoir ' p-ntenLlI]

les communes. "

Art. 12. ~ Les recettes provenant d'amendes, de donations ' ou , de t!ollectes en faveur des écoles seront réunies en capital et les Intérêts seulement qui en proviendront pourron.t, être employés aux dépenses apn:\lelJe$.

Art. 13. ~' L'exemption du service militaire est accordée aux , ré.: gents qui profess·eront dans leur propre commune et pour le temps qu'ils continueront cette r-rof,ession.

L'exemption des eharges communales pour~'a aussi y être ajoutée en supplément de dotation.

'CHAPITRE III.

De l'instruction des , régents.

Art, 14. - n sera ouvel' t à Sion, aux frais , de l'Etat, deux instituts, -ou C'ours d'instruction pour former des. régents à l'e'nseignement, en hmgue allemande. et en langue h~ançaise -et 'deux" 3.'utres instituts, pareillement dans 'les deux langues, pOUl' former dès mà'Ît.resse d'école des jeunes filles:

Art. 15. - Les professeurs de ces ins.ütuts sont nommés par le Conseil d'Etat, ' d 'accord avec le révérendissime Evêque.

, Leuj> 'ti'aiternent '~st à la charge de l'Et~tt.

~\.l't. '16'- - Pour être admis au cours, les candidats deVI'ont aVOir let:; 'notions préÎiminaires de~ , matières énoncées à l'article 1er, faire

. ~~nstate'r de mœur~, irréprochables et d'exactitude à. pra.t.iquer les devoirs de la. religion.

Ils produiront à cet effet. cles certificats des révérends curés et (IRS autorités de le,ur' commupes.

.':\..rL 17. - Les . aspirants r'égents Seront défrayés i)a,r les communes . CJ ui le.s , a.uront. envoyé8', pendant leur présenC'e au cours d'inst.ruction.

Le Con'seil , cfÊtat 'est autorise à ·àccorder c~es - secours aux com­munes qu'il reconnaîtrEl dénuées de ressources ' suffisantes.

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Art. 18. Tous ceux qui désiréraient suivr~ le cours d 'instruct.ion y ~·eront admis gratüitement, en remplissant les conditions exprimées à l'article 16.

Art. 19. - Les sujets dont la moralité est suspe'cte ou qui manque­raient des qualités l'equises, seront renvoyés par le conseil cantot1al d 'éducation, sur l'avis des professeurs de l'institut, qui. i3.eront tenu de lui en ' donner de suite connaissance.

Art. 20. - Ceux qui auront reçu l'instruction convenable, soit dans le canton, chez leurs parents ou aux collèges, soit à l'étranger, pourront également être admis a'ux places de tégents, en produis.ant les 'cer­tificats ' exigés' Ijal~ l'articlé 16, et en -justifiant dévant le cons eH centtal d'éducation de leur capaCité, sur laquelle ils subiront un examen. et de l'apprObation du révérendissime évêque et de celle du Conseil d 'Etat.

Art. 21. - Il sera rédigé, sous la direction du conseil cantonaI d 'éducation, un manùel à l'usage des, régents, contenant les principes. d'une bone éducation, la méthode convenable pour l'avancement cleo l'instruction et le règlement des classes qui sera prescrit pour les écoles.

Ce manuel et ce règlement seront soumis à l'appl'obation du Con­seil d 'Etat et du révérendissime . Evêque. ·

Art. 22. - Le cours d'instruction subsistera aussi longtemps qu 'il sera nécessaire pour que toutes les paroisses soient pourvues de régents.

Il pourra ètre renouvelé par le Conseil d'Etat, quand il le jugera convenable, ainsi que sur la demande du révérendissime Evêque, ou sur l'avis du conseil cantonal d'éducation.

Art. 33. - Les r égents qui auront été entretenus à l'institut aux: frais des comn;i\.ll1~s ou par l'intervention de la caisse publique, seront tenus de professer pendant dix ans.

Dans le cas où ils voudraient ~e retirer avant ce terme, ils e'xpo­seront leurs, motifs au Conseil d'Etat qui déciderâ:, sur l'avis du conseil cantonal d'éducation, ' s 'il y a lieu de les délivi'er de leur obligation La l'etraite ne leur sera permise qu'à charge de rembourser les frais de leur instruction, dans la proportion du nombre d'années d'exercice· qui leur resterait à remplir.

CHAPITRE IV,

Des moyens d'avancer l'instruction.

Art. 24. - La rédaction et l'impression du manuel des régents seront aux frais, de l'Etat, ainsi que l'impression de l'abécédaire, des tableaux et des exemples d'écriture. .

Art. 25 . ....:... Les livres classiques à l'usage des écoles élémentaires limités aux objets d'instruet,ion pratique désignés à l'art. 1er, seront

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})l'ocurés par la trésorerie d 'Etat, qili fera l 'avance de leur pl'ix. EUes. en gardera le dérôt pour que les dixains et communes puis­

sent s'y pourvoir cle ceux qui leur seront nécessaires, en remboursant leur valeur.

Art. 26. - L0S pR.rents, tuteurs et curateurs sont tenus d 'envoyer ·à l'école élémentaire les enfants dont iJs sont chargés, sous peine de cinq batz, a,u profit de la cais·se de l'écol e. poUl' chaque semaine où 'un 'enfant aura manCjué deux jours de travail, clans le cas où ce serait par la. négligence des dits parents ou tuteul's, ou pour les avoir retenus sa.ns motifs légitimes.

Art. 27. - Les enfants CjU i 11 'assisteront pas à l'école, par clés.obéis­sance à leurs parents ou tuteurs, pourront être personnellement con­traints pal' les arrêts ou toute autre mesure C'onvena,ble sur l'ordre du conseil local d'éducation. '

Art. 28. - Les régents feront prévenir les parenb· toutes les fois ·qu'un écolier aura manqué l 'école et rendront FlU conseil local d'édu­cation un compte nominatif des absences des écoliers par semaine.

\..rt.. 29. - Ils tiendront en outre un registre, où ils inscriront les noms des enfants dont l'instruction, tant religieuse qu 'élémentaire , aura été jugée suffisante par le conseil local d'éducation.

Art. 30. - Ceux qui ne seront r ·as en état de faire preuve. de lem' instruction au révérend curé de leur paroisse, dans ce qui concerne la religion, ne pourront être admis au mariage qu'après s'être person­nellement constitués par devant le révérendissime Evêque, qui jug'era

. dr. leu]' capadté à remplir les devoirs de l'état CIU'ils se proposent cl\embra~.sel'.

Art. 31. - Les pal'elüs ou tuteurs devront envoyer à l'école leurs ·enfants et pupilles, depuis l'âge de sept ans révolus, jusqu'à l'âge de Cluatorze ans accomplis.

Cependant les enfants d 'un âge plus tendre sont admis, et, en cas clf' c0l1te3.tation, le conseil local d'éducation en décidera.

Ce conseil peut dispenser un enfant de fréquenter l 'école, soit à ra ison de son défaut de dévelor·pement, soit à cause de la difficulté qll e la mauvaise saison peut apporter à l 'accès du lieu où se tient r école. Il lui appartient de même de décider, d 'après le degré d'ins­truction des élèves, si le cours d'étude doit être prolongé ou f!·'il peut être abrégé. '

Art.. 31. - La durée du cours annuel élémentaire sera: de cinq mois au moins. Cependant, le conseil local d 'éducation pourra l'abréger de quinze. jours, qlwnd les besoins de l'agriculture l'exigeront absolument.

Art. 33. - Un des jours de la semaille sera employé à faire des répétitions, de la quinzaine écoulée, une semaine pour les garçons une ~"3emaine pour les filles,

Art. 34. - Le mod e cl'enseignement sera individuel clans les écoles

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peu nombreHses et simultané . dans celles, où le nombre des étol iel's le conseillera.

Le Conseil d 'Etat, de concert avec le conseil cantonal d 'éducar.ion, c1étermineTa pour chaque paroisse lequel ' de ces deux modes y b ':'I' <'l

suivi.

CHAPITRE V.

Des conseils 'd'éducation.

Art. 35. - Il Y au ra un conseil central d 'éducation au chel·li eu rlu canton, et un conseil d'éducation dans chaque commune ou paroisse où il sera étab:ie une école élémentai r e.

Art. 36. - Le conseil can(onal est e01nrosé ùe cinq memln'es , t8.u t ecclésiastiques que ' laïcs. Il y en aura nécessail'ement un de c1;i:t([Ue êll'rondissement et deux de chaque état. Leul' nomination sera fait e d'u!} commun accord entre le Conseil d 'Etat et le Tévérenclü;sime . Evêque. Le choix du prés,ident se fera de la mêm(~ man 1 l'l't'.

Les membres de ce conseil sont amovibles après cinq ail~ dl~ fOl1 e­tions, et leur renouvellement aura lieu chaque ann/ e par dnqui ènle,

Le sort décidera des membres sortants .iusqu'à ce l-lue leul' l'all g'

soit établi. Le président sortira toutefois le dernier. Les membres sortants ne sont rééligibles qu'au bout ft un ::ln

Art. 37. - Les attributions du conseil central sont :

De nommer les consei ls locaux d'éducation;

D'examiner les régents et de leur donner des certificatH de c;l"pat:iLé pOUl' se présenter à l'approbation du révérendissim e Evôque pL à ('plle du Conseil d'Etat;

De proposer les livres, élémentaires à employer dans les das~es,

le choix en sera ,déterminé par le révérendissime Evêque et le Consei 1

d'Etat;

De surveiiler l'instruction élémentaire relative a.ux régents, <Hl '\

objets d'enseignement et au choix des moyens;

De proposer les règlements pour les éroles, ;

De corre&pondre avec les conseils locaux d'édueation ;

De fail'e au Conseil d'Etat et au révérendissime Evêque l de:::> rap­ports sur tout ce qui intéresse les, écoles en général;

Art. 38. - Le conseil cantonal s 'assemblera lorsqu'il sera convo­qué 1"ar le Conseil d'Etat, qui fixera la durée de sa réunion, suivaltt le nombre et la nature des affaires à traiter.

Art. 39. - Le Conseil d 'Etat e&t autorisé à attribuer aux membres du conseil cantonal d'éducation, à chaque réunion, une indemnit~

proportionnée à leur tra.vail et à l~urs frais de voyage et de séjour.

Art. 40. -'- Le Conseil d'Etat, de concert avec ' le révérendissin~ e Evêque, pourra charger les membres du conse.il central d'éducatiolJ,

c

- 397 -

ou d 'autres personnes, à leur défaut, de faire l 'inspection dans le~" éco­

les de leur arrondissement.

Ils seront également indemnisés de leurs frais et vacations pOUl' ces tournées,.

Art. 41. - Il y aura un conseH d 'éducation près des écoles de cha­que paroisse ou commune.

Il sera composé du révérend curé et d 'un nombre de membres (létorminé par le ConseH d'Etat, suivant la population ressortissante d e l'école.

Les, m embres du conseil local d 'éducation seront nommé's' par le conseil centra.l et choisis SUl' la. présentation de deux candidats poUl' ch,aque personne appelée à en faire partie. Un candidat raI' chaque m embre à élire sera désigné par le eonseil de la commune, dans une ~éance convoquée à cet effet et où assistera)e révérend curé, qui fera en même temps la nomination d'un pareil nombre de ca.ndidats·,

Ils seront portés SUl' la même liste. Le conseil cantonal nomme le président.

Les membres de ce COll sei 1 rest.eront quatre ans en fonctions et. seront toujours rééligibles,.

Art. 42. - Si l'école réunit plusieurs communp.s, chacune d'ell es a.ura un nombre de membres proportionné à sa population, dans le conseil local d'éducation.

Art. 43. - Les attributions du c-onseil local d'éducation sont;

La nomination des régents parmi les sujets qui auront été reconnus admissibles par le conseil cantonal d 'éducation, et approuvés par le Conseil d'Etat et le révérendissime Evêque, exce1',té pour les endroits où la nomination des régents appartient de droit à sa Grandeur;

La survei llance sur la conduite morale des régents, leur exactitude da ns l es devoirs de leur profession et la méthode d'enseignement;

Sur l'assiduité des el1fants à fréquenter les écoles; leurs mœnrs et. leurs progrès ;

Sur l'observance exacte des règlement d 'école.

Ces dispositions ne changent rien aux attributions que les révé­tends curés tiennent de leur ministère.

Dans le cas où les révérends curés auraient de$ exceptions à faire contre le personnel des régents, ils les déférElront au révérendissime' Evêque. .

Si un régent devient suspect au révérendissime Evêque et au COI).seil d'Etat, soit à raison de ses principes, soit à raison des ses ·mœurs, ou qu'il apporte de la négligence. à remplir ses devoir&, l'un où l 'autre pourra: lui retirer son apprObation et le régent auquel l'une de ces approbations aura été retiré, deviendra par le fait, inhabile il continuer ses fonctions. .

Art. M. - Le conseil local d'éducation s'assemble lorsqu'il est

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convoqué pal' le président. Il doit l'ètre au moins trois fois da ns le­cours. de l'année scolastique.

La réunion a lieu particulièrement:

1. Pour s assurer à temps d 'un bon régent clans le cas où H est à· nommer ou à changer.

2. Pour conc'erter les -améliorations d'enseignement, s'il y a li eu d'en faire.

3. Pour dresser la liste des enfa{lts appelés à l 'école élémentaire. 4. Pour faire provision des livres, tableaux, exemples et autres

objets nécessaires à l'école et en fixer l'ouverture. S. Pour délibérer, dans le courant de l'année scolastique, sur tous

les objets placés sous leur surveillance et prendre les mesuret:, convenables ou en déférer au conseil cantonal. Chaqu'e membre , du conseil local d'éducation est en outre appelé à communiquer directement ses observations au conseil cantomll.

6. Pour l'examen des écoliers et la clôture des écoles·.

Art. 45. - Il n 'est point dérog'é aux privilèges des communes et des familles à qui appartient la nomination aux bénéfices, dont les ecclésiastiques qui les desservent sont en même temps régents.

Art. 46. - Le Cons,eil d 'Etat est autorisé à prendre toutes les mesures nécessaires pour l'exécution de la présente loi.

Donné en Diète, à Sion, le 14 décembre 1828.

Le Grand-Baillif : de Sépibus.

Les secrétaires de la Diète : Morand - Roten.

Comine on le voit, la loi de 1828 laisse au clergé une part an Inoins égale à celle de l'autorité civile, dans la surveillance et la direction de l'enseignement. Du reste, à cette époque, nombre de prêtres sont instituteurs (environ le V3 du personnel enseignant car les institutrices ne sont en tout qu'une douzaine).

Les traitements étaient assurés par des fonds provenant de donations ou de quêtes. Quand ces fonds ne suffisaient pas, on exigeait une rétribution de fI'. 2.- environ par enfant. Les régents étaient très inégal,ement payés. Les plus favorisés touchaient quel­que cinq cents francs et ceux qui, sous ce rapport se trouvaient au has de l'échelle, de vingt à cinquante francs, en tout et pour tout.

Plusie.urs des dispositions de ce décret se retrouvent sous une fornle ou sous une atitre dans notre loi scolaire actuelle (1907), entre autres, l'engagement pour , l'instituteur d'enseigner pendant un' certain nombre d'années en retour des subsides qu'il a reçus de l'Etat pour sa formation à l'Ecole normale. (.Cette disposition n'est plus appliquée depuis que l'Etat n'accorde plus de subsides, aux élèves d'es Ecoles normales) . '

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Ce qu'on appelai t conseil loc'al d'éducation est 3ujourd'h ui la commission , scolaire, dont les attributions sont ,à peu près les mêmes.

Le conseil central d 'éducation se retrouve' dans la commission cantonale d'enseignement primaire à qui sont dévolues à peu près les ulêmes attributions .

Comme aujourd'hui , le curé ou le pasteur de la paroisse faisait de droit partie du conseil local d'éducation .

L'âge d'admission à l'école et l'âge de sortie n 'ont guère subi de modifications. La durée scolaire comprenait sept années au lieu de huit.

L 'année scolaire devait compte{' cinq mois au lTIll11mum. 'Malheureusement, dans la pratique, elle se réduisait le plus sou­yent à trois ou quatre mois.

A remarquer le stim.ulant particulièrement !efficace établi pour obtenir un minimum d'instruction religieuse. L'ignorance crasse en cette nlatière constituait un empêchement de nlariage. Certains se récrieront devant une pareille sanction. Et ' pourtant ' ce n 'était que justice. Les parents n'acceptaient-ils pas en se 1nariant, la grave responsabilité de donner à leurs enfants une éoucat.ion chrétienne et de remplir consciencieusement les autres (1eyoirs conjugaux? Or, la connaissance des éléments à'e notre religion n'est-elle pas à la base des devoirs familiaux? La loi civile a bien établi .des empêchements pour raison d'hygiène. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'hygiène morale et sociale ph1S importante que celle qui concerne la santé du corps.

Le décret de 1828 est muet sur l'éducation physique, les con­(htions hygiéniques des locaux, du Hlatériel de classe. Il est vrai que les enfants n e passaient qu'un temps très court da11s les salles d'école. '

Le conseil local d'éd'ucation pouvait astreindre un élève qui, ù l'examen, n 'avait J'las obtenu des résultats satisfaisants , il une prolongation de la fréquentation de l'école.

C'est le cas encore aujourd'hui pour ceux qui ne réussissent pas l 'exanlen d'émancipation .

La loi ci-dessus avait institué un cours pour la préparation des futurs régents. Ce cours a fonctionné plus ou moins réguliè­Tement jusqu'à la création des écoles normales proprement dites , par la loi de 1873 et se tenait durant le mois de juillet et d'août tantôt à Sion, tantôt à St-lVlaurice.

. On n'en sortait ni bachelier ni licencié . On s'y efforçait d'al)­prendre à lire et à écrire un peu moins péniblement, à connaître le livret et à faire les «évolutions » qu'on devait exécuter plus tard crans les écoles primaü·,es .

Du reste, qu 'on ne rie pas trop de cette science rudimentaire!

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A la même époque, l'instituteur , de FTunce, quoique plus avancé, n',était pas, lui non plus, un fin lettré. Nous savons, en effet, qu'une Ordonnance royale du 29 février 1816 exigeait un «Bre, et · de capacité » de tout particulier qui voudrait se dévouer aux fO'nc -' tions d'instituteur primaire ».

Or, ce diplôme comprenait trois degrés: a) un «Brevet supérieur » accordé à ceux qui. possèdent par

principe, la grammaire et l'arithmétique, et sont en état de donner des notions d'e géographie, d'arpentage et d'au­tres connaissances utiies àans l'enseignement primaire» .. .

b) Un autre brevet est délivré «à ceux qui possèdent bien l'orthographe, la calligraphie et le calcul et qui sont en état de donner un enseignelnent simultané analogue :'r celui des Frères des Ecoles chrétiennes ».

c) Un brevet plus élémentaire «à ceux qui savent suffisam -· ment lire, écrire et chiffrer pour en donner des leçons ».

Nous ne saurions terminer cette relation sans rendre hom ­mage au chanoine Berchtold, curé de Sion j «qui par son influenct' éclairée a totalement changé la face des choses, et qui continue à leur donner de nouvelles impulsions », COlnme s'exprime un rapport d'a Conseil municipal de Sion, en 1828.

Chronique de l'Union

Traitement du Personnel Enseignant en Suisse

A différentes reprises , nous avons eu l'occasion de discutel· avec bon nombre de nos collègues de la situation nlatérielle du Personnel ensèignant valaisan. Presque t,ous estiment que les. ' traitements du maître d 'école ne sont en rapport ni avec le travail que l'on e:?Cige de lui, ni avec la situation qu'il doit oc­cuper, ni avec la dignité de sa Inission. Car les temps sont révolus où l'on croyait que le dévouement est en raison inverse du traite­ment.

On nous a reproché d 'avoir trop d 'appétit, de ne pas assez compter avec la situation financière du canton , de ne tènir aucun compte de la crise dans laquelle se débattent nos paysans et de vouloir comparer notre situation avec ceBe des instituteuTS de Vaud', Berne et Zurich, etc. où la population vit dans l'aisance.

Nous pensons donner la Ineilleure réponse à ces critiques et en même temps intéresser les lecteurs de l'Ecole Primaire en indiquant ci-après, les traitements des instituteurs des cantons placés dans des conditions plus défavorables que le Valais et, en regard, ceux de certains grands cantons.

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,. Pour. -arriver à Illodifier la situation actuelle, ' il faut, en premier lieu, que les instituteurs le veuillent. Et ils le vou'dront d'autant Inieux s'ils connaissent ' la piac~ humiliante qui nous' est faite, 's'ils savent ce que ron peut ailleuTs.

Tout d'abord quelques contatations générales et intéressantes au plus haut point: .

1. Nulle part, sauf en Valais, le traite'ment n'est mensuel. , 2: Les cantons de St-Gall et Grisons qui ont le minimum le

plus bas payent aux débutants 2400 francs .pour 6 m.ois de. classe, donc deux fois plus que le Valais. Lès iristitute:ùrs y reçqivent aussi le logement, etc. .

3. Dans presque tous les cantons, les prÎlnes d'âge et autres allocations sont payées par l'Etat.

4. Dans la plupart des cantons, la paTticipation de l'Etat au traitement du personnel enseignant varie selon le taux d'impôt de la commune, ses charges et le sommaire imposable divisé par le nombre de classes.

Voici donc ces ' traitements. Nous attirons plus particulière­ment l'attention sur la situation qui est faite à nos collègues des cantons du Tessin et d'Uri, où les finances cantonales sont réel­lement inquiétantes puisque, à différentes reprises, on a d'ft de­Inander l'aide de la Confédération. D'autre part ,dans ces deux cantons, la population vit dénuée de toutes ressources et le ma­laise y est autrement redoutable que chez nous.

Valais) luinimuln: 1200 fl

Tessin ) minimum: 3000 fI'. pour les écoles de 7 Inois. 3200 fr. pour les écloes de 8 mois. 3400 fr. pour les écoles de 9 mois. ~~600 fI'. pour les écoles de lb mois.

Inaximum: Les 4 augmentations triennales de 200 fr. portent après 12 cens dé}à) le maximum respectivement à fr.. 3800, 4000, 4200, 4400, A cela s'ajoute encore une majoration de 500 fr. ou 800 fI'. suivant l'importance d'es localités, soit un nHlx,imum de 5200 fr.

Uri ) l11Il1ln1.Um: Jusqu'à ~iO semaines de classe, 2500 à 3000 Jusqu'à 40 3000 à 3ôOO

Inaximum: Jusqu'à 30 3700 Jusqu'à 40 4300

Schwytz ) minimum: 3000 fI'. plus une indeInnité de logement de 400 fI'. Il y a ensuite 10 augmentations annuelles de fr. 100. Ce qui porte après 10 cens dé}à le

maximum: à fI'. 4400.

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,Saint-Gall) minimuITl: Instituteur~ porteurs du brevet provisoire et enseignant dans les classes à 6 mois , 2400 fr .. Après l'obtention du brevet ,défi­nitif, le minimum est porté à 2800 fI'. ' Classes ouvertes pendant les % de l'année 3400 et 3800 fI'.

luaxiulum: 3800 pour les classes à 6 mois et 4800 fr. pour l,es autres classes. Le logement est fourni gratuitement.

Fl'ibolll'ÇJ) luinimum: de 2900 à 4500 suivant les classes.

maxilnum: de 3900 à 5500 fr. Il est en outre accordé au personnel ensei1gnant le logement, un jardin et 10 ares de terrain.

NeuchâteC minim,um : 4000 Fr. pendant 2 ans. Ensuite 4500 h.

Genève)

A partir du 5me semestre, les Instituteurs touchent les augmentations successl,ves de 150 fr. par an, ce qui porte le

Inaximum: à fI'. 7200.-

minimunl: 1re année stagiaires 1800 fI'. 2me année stagiaires 3000 fI'. 11 y a ensuite 3 augmentations annuelles de 250 fr. sous-régents 4000 fI'. régents 5200 fI', Les sous-régents touchent ensuite 4 aug-

mentations successives de 200 fr. Maxi­Inmn : 4800 fr. Les régents voient leur traitement s'aug­mente!' dans l'espace de 12 ans de 2400 fI', Le lnaximulu est donc de 7600 fI'. auquel peut encore s'ajouter une majoration de 400 fr.

Les chiffres ci-dessus nous paraissent assez éloquents sans qu'il soit nécessaire de les faire suivre de commentaires. No~ 'ap­pétits sont aussi luodestes que nos besoins. Nous ne perdons pas non plus le souvenir d'u milieu dans lequel nous vivons. L'excel­lence de la cause que nous défendons, la bienveillance que M. le Chef du Département de l'Instruction publique nous a ~ou.i.ours témoignée lorsque nous lui avons présenté des re.venchcatlOn: l'influence considérable qu'exeTce le personnel enseIgnant valal -­san et surtout l'esprit d'union qui nu.I.Ïntenant nous anime tous, nous pennettent les plus grands espoirs et nous en entr,evoyoB'i la réalisation dans un a venir fort rapproché.

Ce jour-là la cause de l'enseignement aura fait un grand pns en Valais.· Cl. Bérard.

-'

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,La collaboration des Educateurs suisses à l'œuvre d'assainissement social par

l'antialcoolisme

Les 19 et 20 mai dernier, a eu lieu, à Liestal, l'asselnblée des d1élégués de la Société suisse des luaîtres abstinents, C'était une sorte de diète antialcoolique d'irigée par le Vorort argovien, où chaque groupement cantonal, avec l'unité de but, garde la diversité >des luoyens d'action.

L'audition des rapports de sections procurait aux délégués une joie bien réconfortante; elle montrait qu'une partie ÏIupor­tante du corps enseignant suisse a une conscience nette de son ' devoir social de prémunir la jeunesse éontre les dangers alcooli­ques et de collaborer au relèvement d'es énergies nationales at­teintes par les excès 'très répandus de boissons enivrantes. '

Pourquoi des millieTs d'éducateurs suisses étendent-ils leur apostolat professionnel à un domaine qui seInble dépasser le cadre scolaire?

. Parce qu'ils ont reconn,u que, s'il faut éneTgiquement pro­Inouvoir une législation protectrice contre la marée d'eau-de-vie et 'rehausser les idigues de 1886, il faut 'enmêlne temps et surtout rééduquer l'opinion publique.

C'est la raison pour laquelle 1268 édùcateur's suisses de tout d'egré, 'en lnajorité de l'école prinlaire, ont uni leurs expériences' et 'leurs efforts en une société en vue d'intensifier leur travail antialcoolique. Il y a dans notre pays, plus de 2000 éducateur's qui joignent à l'abstinence joyeusement acceptée, ]e 'souci de lutter contre l'empire du mal.,

Mais tandis que certains cântons, tels que Betne avec quel-' que 700 éducâteurs' abstinents, disposent de phalanges conlpactes' et entreprenantes, d'autres n'ont pu "mettre sur pied qu'une poi-" gnée de luilitants décidés, et ailleurs encore ne s'élèvent que des voix isolées contre ]e nlal grandissant.

'Existe-t-il chez nous, en Valais, un entraînement général' assez fort et une atmosphère assez s)Tnlpathique à , une ' œu,rre antiaicoolique efficace '?

Des tentatives répétées, d'ues en particulier à la section va­laisannede la ' Ligue catholique 'd;abstinence, ont abouti à des résultats qui durent encore dans les 'sections ~ôcàles de la Croix d'Or.

. . A plusieurs "reprises, le Département de l'Instruction publique

a fait parvenir au personnel enseignant des avis et d~s brochures pour seconder les bonnes volontés et pour stinluler les apathiques. A l'Asseinblé'e génél'ale de la Société valaisanne d'Educatio'n , à

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Monthey, en 1921, a été traitée la question de la lutte contre l'alcoolisme par l'école, En 1926 a été remis au personnel des classes supérieures et des cours complémentaires, l'excellent ma-nuel de Denis, .

En 1927, s'est formé le noyau 'de la Société valaisanne d'Edu­cation abstinente, Au cours du printemps passé, les conférènces régionales avec les conférences de ·M, Sermoud sur le danger de l'eau-de-vie, ont fourni l'occasion propice d'insister encore sur l'aspect éducatif du devoir ant'ialcoolique, Enfin , la brochure du Département fédéral des Finances va servir aux cours com­plélnentaires.

On ne peut donc pas d'ire que rien n 'a été fait chez nous, Mais cette action sans continuité suffisante et sans emprise pro­fonde ne réussit pas à créer le mouvement libérateur qui, en Angleterre, en Suède, en Norvège, en Finlande et aussi en cer­taines régions de la Suisse, a abouti à l'habitude générale d'élever les enfants dans les principes de l'abstinence.

Chez ceux qui veulent. sincèrelnent ramener noLre peuple à une vie sobre, il existe une diver4gence profonde dans la tactique: les uns comptent atteindre leur but avec le palliatif de reCOlll­mandations timides, compliquées de toutes sortes de réserves. Contre le grand mal , d'autres préconisent Je grand remède.

C'est là une , divergence séculaire. 'L'histoire de la lutte anti­alcoolique avec ses difficultés éno-rmes, ses péripéties, ses fausses manœuvres et ses échecs, ses recommencements, ses erreurs et aussi ses succès, voire même ses victoires, nous offrè ses fortes leçons et nous dit sans ambag.e : Dans cette lutte, il faut J'attitude décidée du soldat, .

Cette disposition athlétique n'implique ni cond'amnations injustes, ni fanatisme intolérant, ni méconnai.ssance de la réalité ni enfin étroitesse de vue; c'est l'état Joyal d'e l'homme qui su­bOl'donne des côtés accessoires de sa vie à la réalisation d'un but élevé. .

Pour ce qui concerne en particulier les moyens, on ne place pas le salut dans le travail négatif seul et dans l'abstinence uni­quement; mais on préconise un antialcoolisme constructif qui remplace l'alcool par des joies saines et des boissons hygiéniques tout court.

Danc;; les cantons où l'activité antialcoolique du corps ensei­gnant a acquis une grande intensité, beaucoup d'éducateurs pro­pagent les m'éthod'es d'utilisation non alcoolique des fruits, Si beaucoup de confédérés alélnaniques ont appris à estimer le~ fruits et les jus de fruits conseTvés, c'est en grande partie grâce au travail intelligent de nombreux éducateurs.

Nous ne pouvons pas, sans autre transposer dans un pays

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viticole les méthodes des régions où prédomine l'arboriçultur'e. Mais une réadaptation s'iInposera à nous ,tôt ou tard,

C'est le mérite de quelques éducateurs avisés d'avoir nlontré à l'arboriculture une voie sur laquelle les intérêts économiques du cultivateur. se concilient parfaitement avec les exigences de l'intégrité spirituelle du peuple, G.

q= =v (l======: :===E==N=====C==L==A==N==A=:N==T====: ~

~ L'Enfant chantait ~~~

L'enfant chantait; la mèl'e, au lit, exténuée, Agonisait, beau front dans l'ombre se penchant; La mort au-dessus d'elle errait dans la nuée, Et i'écoutais ce râle et j'entendais ce chant!

L'enfant avait cinq ans, et, près de la fenêtre, Ses l'ires et ses chants faisaient un chm'mant bruit Et la mère, à côté de ce pauvre dOllx être Qui chantait tout le jour, toussait toute la nuit.

La mère cilla dormir sous les dalles dn cloitre. Et le petit enfant se remit cl chanter, La donleur est lill fruit: Dien ne le fait pas croitl'e SUl' la branche tl'Op faible encore pOUl' le portel'.

Victor, Hugo.

+~ L'flmitié ~

Vivre en soi, ce n'est l'ien, il fanl vivre eil auirui. A qLii pnis-je être utile, agréable aujourd'hui? V oilà, chaque malin, ce .qn'il fCll.ldrail se dire: Rt, le soir) quand des cieux la clarté se retire, FI eureux à qni son cœf1r tout bas a l'épandu: Ce jour qui va finir) je ne l'ai pas perdu; Grâce à Ines soins, j'ai vn SUl' une face humaine La trace d'lin plaisir on l'onbli d'nne peine? Que la soçiété porterait -de. doux fl'uits, Si pal' de tels pensers nous étions tOllS conclllits ?

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~ Le semeur d'idées ~

Avant l 'aube, à. sa tâche austère, .Mais on se repose au printemps: Le semeur s 'en va solitaire, A vril sera sa récompense! Sans regarder derrière lui S'il sent son bras faiblir, H pense Si déjà le soleil a lui, \ la prochaine floraison, Sans écouter dans la campagne Et son ges,te emplit l'horizon! Si l'alouett.p. l'accompagne, Et toi, vaillant semeur du rêve, Et ne songeant qu 'à. son labeur! Que l 'espoir aussi te relève, Car c'est lui, le rude semeur, Songeur qu'on dédaigne 'aujourd'hui Qui tient dans ses mains, ô nature, Demain ton printemps aura lui. L'espoir de ta moisson future, Dem:'lÎn ta moisson sera mùre : Et c'est ce pauvre homme en haill011f~La plus tardive est la plus sùre. Qui fait pleuvoir l'or aux sillons. Poùr l'idéal, en attendant, Il sait la g:randeur de sa tâche, Sème, ô reveur, ton verbe ardent Va) vient) et revient sans relâche, Sème le mot, sème l 'idée Fendant d'un mouvement égal Dont tu sens ton âme obs,édée' ; Les vapeur de l'air matinal. Sème aux sillons de la d0uleur Le soir, S8ns lass,er son courage, Tout ton amour et tout ton cœur ; Le retrouve encore à l'ouvrage. Sème, et le temps fera ta gerbe: L'automne est dur aux pauvres gens;Le blé n'est d'abord que de l'herbe.

\chille Paysan t.

Les Noëls de mon enfance A mon cher Ami, le Chanoine B. C. R'el Prieur, à. M.

Noël est un de oes nlots qui Il1ettent comme une clarté d'ans la vie. II est de ceux qui évoquent avec le plus de fnrce et avec le plus de grâce, la paix, l'espérance et la bonté. II sourit conlme Je doux .nom de Iuère, il attendrit le cœur le plus insensible et projette dans toutes les ân1:es un rayon de cette joie consolatrice qui énlane des grands nlystères de la Foi.

Noëls de Iuon enfance, je vous revois tout illuminés, dans le lointain des années . A l'nrphelin que j'étais, vous réappreniez le sourire, vous montriez l'Etoile de la sainte espéranee .. .

Auprès de la crèche dressée dans un coin die l 'église, .le me sen tais tout à fait le frère de l'Enfant Jésus. Nos ·deux pauvretés nous rapproéhaient et j 'éprouvais je Ile sais quel sentÏIuent de fierté et de consolation à cûluparer notre COIumune misère. Et, -faut-il le dire? - à tout peser, je le trouvais eneor,e moins nlal­heureux que moi ... « Jésus a au moins une ' n1ère - combien bonne! - tandis que, dès l'âge d'un an, je suis privé de toute affection maternelle. Il possè'de aüssi un père plein de sollicitude; le mien dort depuis longtemps sous les cyprès du cimetière ».

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Ainsi raisonnais~je. Et j'en. venais à envier le sort du gros bébé rose qui, die sa couchette rustique, tendait à la Vierge SOl~­riante, ses deux bras potelés. « Peut-on être malheureux quand on a une mère et que' cette mère s'appelle la Sainte Vierge? »

Il In'arrivait fréquemment d 'aller prier et pleurer auprès de la Crèche. Je parlais aux Inembres de la Sainte Famille comme s'ils eussent été vivants, je leur contais lues petites peines, je leur i'ecommandais la vieillesse de mon grand-père paternel qui m'a­vait recueilli. Et ceux qui nl'avaient prématurément quitté n'étaient pas ouhliés, certes , dans ces longs entretiens d'où je revenais toujours réconforté e~ meilleur.

. No~l ne m 'apportait pas ces joujoux que j 'admirais parfois dans les mains de mes compagnons de jeu. Mais je ne les .jalou­sais pas , parce que je ne me jugeais pas digne de ces riches. ~tren­nes. Un orphelin pauvre est inévitablement pour son vOIsmage un «méchant garçon » ; il est souvent méprisé et. délaissé. Ce n'est pas encore assez d'être privé de ses soutiens naturels , il faut en­core porter le poids de toutes les fautes d'autrui. On peut le charger impunément de tous les méfaits , parce que personne ne prendra sa défense .

.J 'étais du nOIubre de ces pauvres petits à qui l'on n 'adresse que des reproches, alors qu'ils auraient tant l?esoin d 'eI?c~?I~a ~ gement et à"affection. J 'étais tellement persuade de mon Infeno­rité en tout, qu'il me para'issait naturel que les enfants de mon âge eussent , avec les caresses d'un père ou d 'une nlère, les bon­bons et les joujoux que l'Enfant Jésus était censé leur apporter pendant la ~1e~se de Iuinuit. Je n'en aimai.s pas moins Noël, ses sapins constellés d'étoiles que j'entrevoyais de la rue, son houx aux haies écarlates, son gui piqué de perles nacrées , son encens. ses carillons, sa belle nlesse nocturne avec un «Gloria » tout neuf et un «Minuit , chrétiens » qui vous remuait l'âme.

Il me souvient pourtant d'un réveillon plus doux que les autres .. . Je le dois à l'ami bon et dévoué à qui ces lignes ' sont dédiées . Il me pardonnera cette indiscrétion dictée par la recon-naissance.

Nous avions servi ensem.ble la messe d'e minuit. Au moment de quitter la sacristlie , Bruno me dit: » Où vas-tu? »

-- Me coucher. -Et tes étrennes?

Je n'en reçois pas, Inoi. - Tu n'en reçois pas? pourquoi ? Je ne répondis pàs et haussai les épaules, confus, presque

humilié. _ Alors, ajouta-t-il gaîment, viens avec moi! Je suivis mon camarade jusqu'à la denleure de ses parents .

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J'hésitais à y entrer, mais il i11'entraîna par la main. Un'e de s,és grandes sœurs allumait l'arbre surchargé de friandises; deux 'où trois ' tout petits enfants trottinaient autour' d'u sapin et gesticu" laient en poussant des cris d'admiration. De la cuisine, se 'déga­geaient des odeurs appétissantes qui se traduisirent bientôt en bricelets dorés, larges tranches de gâteau aux fruits, viandes' arômatisées. Je pris place à la table COlnmune, j'eus ma large part de toutes ces bonnes choses et je sentais qu'on étaH vrai~ent ­heureux de 1110n bonheur. J'eus, ce soir-là, et assez souvent depuis la joie inestimable d"avoir un frère el une mère, el cette joie, c ' es~ Noël qui Ine l'a procurée.

* * * Bien des ans ont fui depuis lqrs, el avec eux l'enfan,ce, l'ado ­

lescense, la jeunesse ... Mais ces Noëls d'autrefois restent gravés dans ma méInoire. Je les revois dans tous leurs détails; à vingt­cinq à trente ans de distance, j'en goûte encore la mélaneolique mais ineffable douceur.

Et chaque année, lorsqu'en mon foyer que Dieu a daigné féconder et bénir, s'allume le sapin traditionnel, .le songe avec émotion aux Noëls d'e Inon enfance, à la crêche de l'église de V . , ., aux belles messes de n1inuit, aux joies du premier réveillon. Comme .le ne parvenais pas, un soir, à refouler des larmes, un des enfants observa: «Papa, il ne faut pas être triste, c'est Noël! »

Pauvre petil, si tu connaissais ton bonheur! Oh! que Noël ne trouve pas un orphelin sans sourire , pas

un foyer sans, flamme ni une seule huche vide! Car, voyez-yous, Noël c'est surtout la fête des enfants et des pauvres. C'est pour eux qu'Il est venu, c'est pour qu'il y ait sur cette terre plus de eharité, de fraternité , de justice. AH. D .

Le mauvais livre La parole, dès le moment où elle tombe de nos lèvres, est déjà

redoutable. Elle ressemble à l'épée: elle en a les éclairs, elle en a les fureurs superbes, elle en a la puissance pOUl' venger le' droit et la vérité.

Mais, de même que l'épée devient parfois sournoise et méchante, se raccourcit en poignard, s'effile en stylet et assassine, de même la parole devient parfois l'erre'ur, le mens.onge, la calomnie, et elle assas­sine comme le poignard. Tous ceux qui jettent le doute, la haine, la désespérance dans les foules, sont des assassins : les beaux parleui's, ils tuent avec une lame d'or, mais ils tuent le8, âmes.

Cependant, le nombre de leurs victimes ne serait pas très considé­l'able s'ils n'avaient le moyen de multiplier leurs disco,urs. La parole art.iculée ~'atteint qU'Ul~ petit nombre d'âmes cirronscrites par l'es!="ace

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qu 'ébra.nlent se8, ondes sono~'es, puis elle meur.t. POUl' qu'elle produise­un effet durable, il faut que l'homme la saisisse ,dans son vol, la couçhe et la fixe sur le papier, et qu'en la faisant prisonnière il la rende' immo~·telle: en un mot, il faut qu'elle devienne libre.

Le livre, c'est donc le verbe de l 'homme, d'éphémère et vola.ge qu il était, devenu maître du-temps et de ' l'espace: infatigable semeur" il s'en va par le monde, jetant à ,pleine volée de ses pages ouvertes de8· ~em-ences de vie et de mort sur les champs d'âmes; c'est le verbe hu­main élevé à sa. plus haute puissance.

Voilà pourquoi l'Eglise a toujours considéré)e livre comme l'allié le plus fidèle ou l'ennemi le plus redoutable de la vérité.

Le christianisme était à peine né que ses adversaires répandaient contre 111i la calomnie écrite.' Aussi lisons-nous dans les Actes des apô­tres que les premiers fidèles brûla.ient publiquement le8· nombreux li­belles qui attaquaient. leur foi.

Témoin des ravages que l'hérésie exerçait par le mème moyen" ~aint Jean Chrysostome avait déclaré une guerre impitoyable aux mauvais livres: il les appelait les armes du démon, le fléau de l'Eglise. Et rependant les ouvrages qui excitaient ain8,i la colère de saint Jean' Chrysostome étaient des manuscrits sur papyrus. ou parchemin, donc nécessairement limités. en nombre. Qu'aurait-il dit s'il avait pu voir l'immonde végétation de livres délétères qui pullulent aujourd'hui dans notre société comme des champignons vénéneux &ur un tronc d'arbre pourri!

Au XVIe siècle, l 'invent.ion J'écente de l'imprimerie fournit à l'er­t'eur et aux passions révoltées un moyen de propagande dont elles s'emparèrent avidement. Elles multipliaient les livres ~ corrupteurs; elles les distribuaient sous le manteau. Saint François de Sales en gé­missait, et cet homme si doux et si bon dénonçait le péril en termes énergiques: Très Saint Père, écrivait-il au Souverain Pontife, le péril est tout entier dans la diffusion d'infâmes libelles ... Puis il indiquait un remède que nous ('iterons plus loin et qui coïncide substantielle-­ment avec celui que nous regardons enrore aujourd'hui comme le pl us efficace.

Au XVIIIe siècle, l'imprimerie servit a.u public du Voltaire, du Rousseau, du Diderot -et autres poisons. Les gardiens de l'Eglise pous­sèrent le cri d'alarme, écrivire'nt des réfutations ,et Saint Alphon8·e de Liguori, entre autres, publia un traité pour protéger les âmes contre le danger de ces productions épouvantablement impies.

A,ujourd'hui, le mal est plus grand encore, C'est par millions que les livres s 'abattent sur le monde et circulent dans toutes le8. mains. Jamais les hommes n 'avaient eu tant de goût, je pourrais dire tant de frénésie pour la lecture. E. Drumont a écrit: Les Français ne pensent plus, n'onlt · plU\s le temps de penser; ils ne pensent que par len,r, journal; ils ont un cerveau de papier ... Si les hommes qui fournissent

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ce papier sont vendus9 qui ne devine le désordre intellectuel et moral qui s'ensuivra?

Or c'est un 'fait, be'aucoup de ces hommes sont vendUE:', vendus à l'elT~ur qui les encense, vendus à la pornographie qui les enrichit, vendus à cette grande agence d'irréligion, la franc-maçonnerie, qui leur distribue des .places et le pouvoir. Aussi le désordre intellectuel et moral qui s 'ensuit est lamentahle! Allez donc dépenser des, tréso~s de dévouement pour élever votre enfant dans l 'innocence et l'honnê­teté; un jour un camarade lui glisse entre les mains un petit livre , et voilà une conscienee qui se trouble, des yeux qui perdent leur candeur, une âme en qui meurent le respect et la riotion du devoie, et en quelques 'jours peut-être, voilà détruit.e l'œuvre ' de plusieurs années de vigilance!

Le peuple n'a plus à chercher bien loin pour apprendre Tathéi:::,m e et l'e blasphème; le livre les lui jette à pleines pages.

... Le mauvais livre s 'empare' de l'être moral tout entier. Il remplit l'esprit d'erreurs et d 'illusions: il met le feu dans l'imagination e t. les sens, il pousse l'âme ('omme irrésistiblement à réalis.er les idées ou à reproduire les exemples qu 'il lui offre en pâture.

Un juge d 'instruction, M. Guillot, raconte, dans une remarquable' étude sur les prisons de Paris, que la plupart des jeunes débauchés,

" voleur~, et assassins, qui lui ont passé par les mains pendant plus de vingt ans, avaient été pervertis par les mauvaises lectures, surt.ou1 par celle des romans. .

Un fameux écrivain socialiste, Jules Vallès , a fait la même cons­tatation: Combien j'en ai vu de ces jeunes gens, dont un passage, lu un matin, a dominé, défait ou refait, perdu ou sauvé l'existence!

'Balz~c, par exemple, comme il a fait travailler les juges et pleure~ les mères! Sous ses pas que de consciences écrasées! Combien parmI nous se sont perdus, ont coulé, qui agitaient au-dessus du bourbier où ils allaient mourir une page ar:t;achée à la «Comédie humaine». Beaucoup de jeunes criminels ont avoué qu 'après certaines lectures, ils avaient l'esprit hanté par l 'idée d 'en reproduire les scènes ignobles ou sanglantes, et qu'ils n'avaient péché que par esprit d'imitation . J. Vallès le constate aussi: Amour, vengeance, passion, crime, tout est copié, tout. Pas une de leurs émotions n'est franche. Le livre est là.

Oui, le livre est là ! Et c'est enc'ore ce que disait en plein tribunal l 'avocat de Ravachol. Un mauvais livre, s'écriait-il, lui a tourné la tête et l'a perdue. Un mauvais livre avait fait de cet homme un faus­saire, un déterreur de cadavres, un assassin de femmes et de vieillards! Coupable Ravachol, mais plus coupable et plus exécrable qu e lui l'auteur du livre qui l 'a perdu, de ce livre qui nous prépare pe,ut- être à cette heure, de nouveaux Ravachols !

Un autre scélérat, Vaillant, a écrit qu'il était devenu anarehist e en lisant les œuvres évolutionnistes de Darwin, de Spencer et du docteur Létourneau.

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Tout homme qui veut rester chrétien doit être dai1s la disposition de ne jamais lire les. productions de la littérature immorale et impie .. Je ne parle pas de c'eux qui ont une' raison sérieuse de se 1.en11' au courant des publications modernes, comme sont, par exempJ!.~, lus 'écrivains catholiques qui se proposent de réfuter l'erreur. 'Mals en dehors de ce cas, il n 'y a aucun avantage et il y a de graVês. ·langers à se plonger dans la lecture de certains romanciers et. cl(~' ce.l't:t.Îns . philosophes modernes.

S'il s'ag'it d'écrits impurs, on a beau dire: . « Je 8.uis insensible, invulnérable, immunisé» ; on ne l'est jamais complètement. Une pein­ture lascive, laisse toujours dans l'âme de subtiles 'impressions qui diminuent son horreur pour le mal. Si l'on ne ' s'en aperçoit pas, 'ne s'el;ait-ce pas qu'on est déjà bimi malade et' que la maladie a émoussé ce sens délicat qui fait tressaillir l'âme saIné au moindre souffle'. impur? Une tache de plus ou de moins ne se remarque pas sur une étoffe toute maeulée. Mais cette inconscience n 'autorise pas l'âme a' contracter de nouvelles souillures.

. On dit encore pour se disculper, que l'art purifie tout. C'est une . "des formules les plus. en honneur de nos jours, mais qui ne témoigne pas - d'une profonde psychologie: Est-ce que le poison cesse' d'être poison parce qu'il est bu dans un vase d'or ciselé? Est-ce qu'un beau style, loin de rendre inoffensive une idée impure, ne la. rend pas cent fois. IJlus p.énétrante et donc plus meurtrière?

". Les ouvrages qui attaquent la foi sont encore plus pernicieux,. parce que la foi est le plus précieux de tous les biens et celui que l'on retrouve le plus malaisément une fois qu'on l'a perdu. Or, la foi n'a pas ' de pire ennemi que le mauvais livre. L'esprit h'Uma~n est ainsi fait. que l'objection l'impress·ionne plus vivement que la simple expo­sition de la vérité. Et quand le doute l'a blessé, la: plaie est souvent douloureuse et lente à se l;efermer.

Aussi, l'Eglise nous défend de lire des livres irréligieux. Ce n 'est pas qu 'elle leur reconnaisse par là une valeur intellectuelle ou qu 'elle aH peu de confianee en celle de la foi. Non, mais elle redoute pour nos âmes débiles la force destructrice que possède toute négation et qu'il ne faut pas confondre avec la force persuasive de la vérité. Dé­truire ne suppose pas le droit, ni même la force réelle. Un fou ou un enfant peut détruire un chef-d 'œuvre. Qu'est-ce que cela prouve contre le chef-d'œuvre? Ainsi un sophisme enfantin et idiot peut détruire la foi dans une à,me , mais cela n e prouve rien contre .la vérité de la religion.

Vainement prétexterait-on le dé8,ü' de s ~ éclail'er et d'examiner par soi-même la valeur d 'un ouvrage _ qui attaque le christianisme. Celui qui parle ainsi ressemble à un enfant qui dirait: «Je veux manger ce fruit pour s'assurel' si c'est un }:'-oison. - Non, mon enfant,. lui répondrait sa mère, tu peux le savoir autrement qu'en le mangeant au péril de ta vie. D'abord, tu pourrais en croire ta mère. Tu pourrais

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en croire les chimiste!:!, qui l'ont analysé. Tu pouITais èn rroiré \ les cadavres, étalés sous les yeux, de ceux ' qui en ont goûté ' jusqu'ici ».

De même l'Eglise vous fait très justement ·r .emarquer que vous n'aVez pas besoin de lire un livre irréligieux pour savoir qu'il contient l'er­reur. Ce livre nie Dieu. Or, mille fois on vous' a prouvé' Dieu, et l'âme et la divinité 'du Christ. Ce livre a faît des victimes, il a jonché sa route de cadavres en tuant les , âmes de ses lecteurs, en détruisant en elle tout ce qui faisait leur vie supérieure, la force virile, la dignité morale, la: vertu, la paix. C'est .un fléau. Il est jugé. Cela doit vous s'Vffir.e si vous êtes de bonne foi.

Vous abstenir cIe toute lecture dangereuse, c'est le C'ommence­ment de la sagesse; mais ce n'est pas suffis~:\.Dt. Vous devez, autant que possible, détruire tout livre mauvais qui vous' tombe sous la main . Joseph de Maistre a écrit: Un chrétien ne ' doit pas lire de mauvais livres, il perd son argent à se les procurer, son temps et son intel­ligence à les lire; s'il en a, un devoir lui reste) de les jeter au feu.

Mais c'est de l'intolérance, cela! Oui, c'est l'intolérance intellec­t.uelle, celle que tout esprit sensé doit professer vis-à-vis de l'errem', Ne nous lais&ons pas terrifier par le fantôme de ce grand mot. L'in­tolérance n'est pas mauvaise en elle-même. C'est la loi de toute vie, car c'est la condition de toute lutte. Il n'y a: d'intoléranc'e coupable que celle qui lèse un droit. En dehors ,de ce cas, il faut être intolérant; le patriote est intolérant, il ne souffre pas que l'on insulte le drapeau de son pays. L'homme est intolérant pour les animaux nuisible&, pOul' l'insecte qui ravage ses blés ou' ses vignes, pour le loup qui attaqm' 'ses trouf'eaux, ' pour le tigi"e qui le dévorerait lui-même. Ces bête", pourraient peuf·ê'tre bièn faire valoir leur droit à vivre. Mais l'errelll' n'en :=t pas, Un livre mauvais n'a pas le droit cl'exister. I~ est dû au feu.

Jetez-le donc au feu, comme fais,aient les premiers chl'étiens. D'où vient, hélas, qu'aujourd'hui dans des familles qui prétendent être chré­tiennes on voit traîner sur les m eubles certains romans plus qUé' frivole? Au feu, au feu, toutes ces ordures! D'où vient qu'on y trouve des ouvrages soi-disant historiques·, et qui ne sont que mensonge3, soi-disant scientifiques et qui ne sont qu'insanités et blaspnèmes? Au feu, au feu, toutes res infamies! Chanoine Coubé. (L'Idéal. )

'Lecon de calcul , '

Calcul au degré .inférieur

Division par 3.

Intuitions diverses destinées à fixer l'attention des élèves -et ·à leur mettre sous les yeux ,a'une ]TIanièl~e ' palpable, les résitltats ·de leurs opérations.

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1. Dessin , au tableau, du dessus d'une table portant un COHl­potiel~ et 3 as~iettes . Le cOf!1potier contenant 3 pommes.

'2:.' Quelques objets faciles ,à manier: boîtes à allumettes, bo-bines, bâtonnets ,. billes, etc .

Remarque. 3 : 3 se lit 3 divisé par 3 = 1.

Leçon. - A. - Analyse du croquis fait au tableau. Questionnaire. - Qu'y a-t-il au milieu de la tabJe? Que voyez-vous d'ans Je compotier?

, Combien d'assiettes voyez-vous sur la table? Si je place sur les 3 assiettes les pommes qui se trouvent

dans le compotier, combien de parts ai-je faites? Faire trois parts peut' se dire ' aussi diviser par combieri ? Par com,bien ai-je divisé les pommes? 3 pOl1l.lnes divisées par 3, c'est donc cOlubien de pOlnmes ?

B. - Trois élèves sont appelés sur l'estrade, un quatrième, auquel on remet 3 hoîtes, est invité à les partager entre ses trois condisciples.

Espacer convenablemènt les élèves afin cie bien laisser voir à combien de condisciples l'enfant désigné a remis de boîtes .

Faire aussi partager aux trois élèves: des billes, d~s bobines , des bâtonnets, etc.

Sur le bord' inférieur du tableau noir, bord auquel on a fixé une planchette horizontale destinée à recevoir les objets intuitifs , l'instituteur dessine 3 cases, chaque case po,rte un nom d'élève , ensuite il dessine 3 valises, 3 armoires, où les élè, es font également les partages durant la leçon.

C. - Passer il l'exercice graphiqu~.

Dessiner 3 pommes au tableau et les sépal~er par deux lignes verticales de façon à obtenir ;) parts.

Combien y a-t-il de pommes au tableau? Combien de parts ai-je faites? Combien de pomlues y a-t-il dans chaque part? Par combien ai-je divisé les 3 pommes? ;) pommes divisées par 3 égalent combien de pommes? Exercices avec 3 chaises, 3 pigeons ... En dessous de ces exercices avec objets, le maître écrit au

tableau, l'un à la suite de l'autre, trois chiffres 1. Durant ce temps ,.. les élèves cOluptent : une fois 1, deux fois 1, trois fois 1 = 3.

Le maître sépare ensuite les chiffres 1 par d'eux lignes verfi-­cales , 1 1 1 1 1.

En combien de parties ai-je d~visé 3 ?

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Montrez la 1re partie, la seconde, la troisième? Par combien ai-je divisé 3 ? J'ai donc divisé par trois. - «trois divisé par trois » s'écrit

'comme ceci: Le maître~écrit «3 : 3 « en dessous de 1 1 1 1 l.

Maintenant .que j'ai divisé par trois , combien ai-je dans (chaque part? ,

Eh bien 3 : :3 = Le maître écrit: « = 1 » .

Mê'mes exercices intuitifs et graphiques avec (j et 9 objets: 3. On pourrait à chaque changement d'intuition faire également

changer les élèves . qui doivent recevoir, ainsi. que celui q1,li doit partager les objets. ne cette façon, le plus grand nombre possible d'élèves auront pris part à la leçon et surtout" ils y auront tous porlé grand ' intérêt.

D . - Reprendre les exercices avec les élèves pour ohtenir ,en premier' lieu :

3 3-6 : 3 = 9 : 3 =

6 3 3 3 9 3

2me genre d"exercices . - Faisant constater la part reçue par ·chacun des élèves disposés en groupes de trois; ou bien faisant remarquer ·ce qui se trouve dans chacune des figures représentées en groupe sur le bord inférieur du tableau; demander ce qui ' :a été partagé et ohtenir les exercices graphiques suivaI'lts :

3 1 .... : 3 = 3 ... : 3 = 2

3me genre d'exercice. - Après avoir dit ce qui a été partagé, 'ce que chacun a reçu: demander à combi,en d'élèves on a donné.

Ce genre d'exercices se fera surtout au moyen de petit:.;. pr()­blèmes.

Exemple. 1. Une r'namari avait 6 pomm.es, elle en a dUllllé 2 à chacun d'e ses enfants . A combien d'enfants la mère ·a-t-elle -pu donner deux pommes?

La mère a pu donner deux pommes à 3 'enfants , parce cpw 6 : 3 = 2.

2. Jules a 9 bâtonnets, il désire faire des groupes de ~ hAto'n­nts. Co.mbien de (groupes pourra-t-il faire?

Jules pourra fa~re 3 groupes parce que 9 : 3 = :3. Les élèves auront les exrcices suivants à compléter:

6 3 9

2 1 3

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L 'application pourra consister à reprodùire les exercices 'avec lès: dessins de poinmes, de chaises, de pigeons, etc. et ensuite com-pJétei' les 3 colonnes avec chiffres . '

. .~ . Nos Pages ~ . ®~~ COURRIER DES . INSTITUTRICES ~

================:=' ========== SOMMAIRE. - Soir tombant. - La Prière de Manette. - Rêves c1 'én- '

fants . - Pensée.

~ Soir tombant (:; Le soleil s'est éteint dans sa gloire dorée Aux mille tons changeai1ts. Et là-bas) la forêt , Calme et silencieuse en sa .splendeur sacrée, S'~mplit de doux mlll'ml.ll'e et d'ombre et de secret.

La fleur au bord de l'eaLL, SUl' sa tig'e s~incline, L'oiseau sous la feuille a tu son chant d'amour, L' humble cri du grillon monte de la colline Et la voix clu berger s} éteint avec le .tour .

Voici l'heure · charmèuse où l'âlne Te.cueillie S'élève et se détache, ClLI mo{ns pour un z-nstant,­Du lien qui la retient à nos sens avilie Et plane dans l'aul]', tel l.W parfum flottant.

Heure de douce paix, propice . aux rêveries, . Tll sais sur les humains verser l'dubli des maux Tu fais luire à leurs yeux, adorable féerie, ' . ' Des songes de bonheur et des espoirs nouveaux.

Prolonge ta duree, hellre mystérieuse, Toi qui peux SUi' nos fronts effacer les douleurs, Vois là-haut, dans les cieux,-1't}toile lumineuse SOUI'it, indifféJ'ente} 'à nos .foies} à nos pleurs.

Suspend ton cours rcl'pide ' et v~is ~1.Otre faiblesse Tu parles à nos cœurs un langage apaisant . . . '

Mais la nuit est venue et le somlneil m'oppresse, 1)e mon lllth fatigué, le rythme ' est languissant.

Anita Tochet-Dal'bellay ) insL

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.. l'

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G'~ La nuit de , noël ~~ RÊVES D'ENfANTS

,Sitôt la bûche calcinéè, J.U essieurs "les bébés ont mis Leurs souliers dans la cheminée;

. Puis tous deux se sont endormi.Ii. Vers Ininuit, des sonr/es étranges Sortent du foyer patërriel. -Dormez enfants! Voici les cii1ges, Les ariges du petit Noël!

Le ' bon Jésus, suivant l'usage, Ne doit-il pas venir sans bruit, A chaque enfant docile et sage Offrir des cadeaux cette nuit? Avec lui les saintes phalanges Quittent le séjow' éternel. -Priez, enfant, ! Voici les anges, Les anges du petit Noël!

'"

.un essaim de chéJoùbins l'oses , Profitent de votre sommeil,

'Apporté.nt d'es cieux mille choses , Qui voUs charmeront au l,éveil. A vous ces jouets, ces Dl'anges, Ces Ibonbons plus doux 'que le miel! Rêvez, enfants' !' Voici les anges, Des anges du petit Noël!

Avant de reprendre sa course Le petit Noël généJ'eux, Saura glissel' dans votl'e bourse, Un peu d'or pOUl' les malheureux, .'. o cl1el'S inignons, qui, sous vO,ç frrtn-ges.

, Entl'evo-yez un coin dtl ciel, Rappelez-volis toujours 1es anges', Les anges du petit Noël!

La Priè're de' Monette Récit de Noël.

Â. J).

,:, Monette s'est. réveillée tard ce matin-là. Dans ' l'ail' tranquille , 's'égrènent ' de cla:ires 80n11e1'i 'es de' dorhe; de 1"are8, flocons ' hlanc-R

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'volètent, s'accrochent au passage aux rameaux dénudés des arbl'es du jardin et s'en vont. glis-~ei' ·.san8 bru,it sut le tapis épais qu 'a laissé sur le sol la: neige des jours précédents. Ce décor rigide a sa tristesse; .ainsi drapée dan8· ses valles 'irilmacufés, la terre semble porter le cleuil blanc des papilons morts et des fleurs fanées, de toutes les splendeurs de l'été défunt. Mo'nette , est t~·op p~tite e,ncore pour être impressionnée' par la mélancolie ambiante .. Ses sept ans ne sont pas accessibles au morne accf:tblement de ce p?-ysllge hiyernal" et puis c'est Noël, la fête par !3,xcellence ,le jour tant ' attendu des enfant.s sages. Monette le sait, elle n'ignore pas que ,le petit jésus aura pOUl' elle de ravissants rarleaux et c-ependant, elle est trjste, bien triste , la' mignonne! " . .

Hier soir, elle a été longue à s'endormir, retournant vainement sa petite tête fatig'uée sur l'oreiller :' dans· la 'pièce à côté montait le bruit ,d'une âpre discussion, La voix de son përe s'élevait ' rude cassante impérative, Puis il était paTti, faisant claquer la porte, ~t maman: restée seule', s'était mis à. pleurer, Monette avait tout entendu de son petit lit, et, lorsque le sommeil était enfin venu fermer ses paupières, (les larmes sillonnaient ses joues et allèrent se l:lerdre dans les dentelles de l'oreiller. '

Maintenant, maman vient dans la chambre de sa chérie, la fait bien belle en l'honneur de la fêt~ ~lu ' jour., Et e.lle l'emmène à l 'église voisine, où , dans la crèche rayonnante" le petit Jésus , sourit et tend les bras. Monette adJIlire silencieuse. Dans . sa .peÙte tête un laborieux travail se fait lentement. Cet Enfant-Di~\.l si bon, si' ~o,mpatissant, dont sa: maman lui dit chac!ue jour la douce mi~éricQrde doit écouter les prières des petits, 1,1 dQit aimer à les exaucer! JUSql~'à. présent, ell e ne lui lOt guère demandé que des joujoux; mais ces joujoux, toujours, ont été 'libéralement a.ccordés. Aujourq 'hui, IVlonotte désire autre chose' un gros chagrin pèse lourde~ent sur son petit cœur. Rl , müvpmf'n1. , elle confie sa peine au Fils de Ma r ie, lui dit son espoir pt "a con· fiance ... et il lui semble que sur les ,lèvres di,vines le sourire s 'esl fait plus doux, qu e la. mignonne main de . cir~ a esquissé un geste (l\~ bénédiction ... Monette' est .redevenue joyeuse! Dans la rue, elle sau­tille à côté de maman qui. rêveuse et triste, néglige ' de répondre ft son babillage de moineau heur~ux. ,Monette est tout étonnée çle ne pas voir plus tôt l'effet de ses prières, mais, ba,h! la 'surprise l'attend sans doute à la ma.ison .

A hl, maison !. .. Sitôt le seuil franchi, la lourde et pénible atmos­phère envahit de nouveau la petite âme de Monette. Le dîner est. sombre, silenrieux. Papa, en mangeant , lit son journal, ce dont la petite ést s'cand~lisé~ , car maman lui , a ~ppris qu'à table, les gens bien élevés ne re'g'arrlent ni livl"es ni images, ' p-arce que ce n 'est pa~ p{)li.

.J\rr'ais, en c'e' moment ,l)etite mère ne songe ,pas à donner ,une leçon ·rle. p{)litesse. Distraite, ell e oublie même, de servir à Monette -une

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seconde l'ation de crème, et l'enfant, n 'osailt pas protester, regarde s 'éloigner le 'plat 'av'ec unè tristesse âoissante. '

ApTès le dîner, on passe au salon où l'arbre de Noël a · été dressé. Le sapin est illuminé de petites bougies bleues et roses qui pleurent (les larmes de cire sur le tapis . Essayant de sourire, maman décroche des branches les cadeaux destinés à Monette, mais celle-cl soudain ne voit l'lus rien de ce qui l'entoure sous le brouillard des larmes qui obscurcit ses yeux. Elle s~ souvient des Nofils cl'R.utrefois, si joyeux, quand le' grand salon, vide à cette heure, était rempli d'invités, bruissant de conversations, et que . maman au piano chantait de sa ]J'elle v0ix douce: « Minuit, chrétie11s, c·'est l'heure solennelle! » ...

Maintenant cfue. la . discorde règne entre ses parents, les amis , les· membres de la famille eux-mêmes ont fui il, tire d'ailes; le piano s'est tu; tout e~t morne, silencieux et, comme si l'air était .chargé Ele vapeurs empoisonnées, les bougies s 'éteignent une ·à une avec un vacillement funèbre .. .

Ava1}t ' l'heure, on a mis· Monette dans' son petit lit, et là elle pleure doucement., déchargeant son cœur trop gonflé, saisie d 'une douleur au-dessus de son âge. Puis, tout haut, comme d'habitude, elle dit sa prière du soir· et ajoute, sans penser que derrière la porte ses parents écoutent silenci.eux: » Mais je ne vous aime plus, mon Dieu. Vous. êtes méchant! tantôt je ~IOUS ai demandé de réunir mon petit papa et ma maman chérie, ou sans cela de me prendre clans­votre beau cie l, parce que j'ai tror. de chagrin. Peut-être, il e3t vrai , n'a'vez-Vous pas entendu: j'ai prié tout bas .à l'église, mais main­tenant, .le Vous parle très haut, Vous m'eri.tendez, n'est-ce pas ? Et bien petit Jésus aimé, emmenez-moi aujourd 'hui! »

Brusqvement, la portè de la chambre s'esL ouverte; papa, la figure contractée, s'approche du lit de Monette, tandis· que, dans le fond de la pièce, maman sanglote ... douloureusement. « Que ra.contes-tu là? Qui t 'apprend ces sornettes? Tu es donc bien malheureuse avec nous pour vouloir ilous quitter? ... » - « Oui, quand maman pleure!» Oh non, ce n 'est pas une phrase apprise; les mots ont jailli spontanés de la petite poitrine oppress,ée. Le père comprend en cet. instant! L 'enfant, son enfant, souffre, et par sa faute ! ...

Un brusque trait de lumi-ère éclaire son cœur, et, tl"ès doucement, s 'adressant à sa femme: « Je t'ai fait bien du mal! Pour notre fille , notre Monette, veux-tu me pardonner?»

Et ce Noël , d'abord si sombre, finit en une radieuse apothéose! 'Monette sait maintenant que p~tit Jésus exauce tou.iours ceux qui le. prient. Mais, comme ell e le confie à une amie intime, jl faut parler' fort, ca.l' il a l'oreille un peu dùre ! X.

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lm Pensée g L'amitié sert à l'homme de solution et de consola'tion à travers

les périp~t~es et les, vicissitudes de la vie. Il fa.ut donc la respecteI; et la cherIr comme un bien précieux sans illusion s ou méfiances mesquines.

- L'enfant a' besoin de tendresse comme la. plant.e FI besoin clr chaleur.

- L'amitié est une union des cœurs si étroite que l'on n e saurait y rE.ma.rquer de jointures,

- Si l'amour a meurtri bien . dei'!· cœurs, il a aussi l'essucit.é bien .cle,s àmes.

La fidélité à travers l'épreuve est la plus rare des monnaies.

Si la vie pouvait se mettre en musique, les % des notes seraient des soupirs!

On a dit que la chasteté était la mère des verLus. Elle enchaîne en effet, la .plus ch~re et la plus impérieuse de nos passions·. L'âme' qu' e~ l e habIte acqUIert, par elle, une énergie qui lui fait surmonter fa­CIlement les obstacles qu'elle rencontrE, dans la route du devoir. Quand la chasteté est perdue, l'âme est molle et lâ.che: elle n'a plus que les veTt.us qui 11e lui coûtent rien.

Joubert.

, L 'amour est toujours pour beaucoup dans notre destinée 11 S'elTII;>are du ,cœu,r au' commencëluent de la vie; il l'embrase: ~e domIne et ~ en .loue com.me le vent d'une feuille légère. Le .~eune h?mIne lIvre ses beaux jours à ce maître perfide, il se donne a ce gUIde aveugle; il enh'e à sa suite dans des sentiers dont les a~:>ords, toujours aimables et fleuris, nlasquent des issues hien dnT~rses. Même pour les plus heureux, les fleurs vont se fanant, ]~ c~e~ perd son éclatant azur: la route, en se prolongeant, devient dlff.lC~le; mais jusqu'au dernier terme, ils ont eu des fru its il cue.dhr e~ à savourer; à l'ivresse passagère ont succédé des hiens m,OIns. brIllants In~i splus d,urables. Pour les autres! . . , que de dece~tlOns, que d amers mecomptes, que de longs soupirs .leur appretent ces courts .moments d'enivrants transports! Combien s aVal!Cent ~arJ ' ce sentIer f"Ieuri vers le.s bords idgrats, vers la grève désolee, V~l~ 1 affre,ux ab~l~~!, CombIen, sans même avoir goûté queI9ues Instants dune fehcIte pure, ne ' sortent du trouble de la pa~slOn ou des angoisses de la jalousie que pour n'atteindre plus :fU ~n, 'ca!me .sa,ns , douceur. Malheureux!' l'âme flétrie, le cœur epulse, depouIlle avant le temps des illusions qui eussent été long-temps encore Jeur partage et leur joie! . . . (Tœpffer)

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NÉCROLOGIE

t Victorien Darbellay, ancien instituteur

Le mois passé, on a enseveli à Liddes, un vétéran de l'ense i­gnement, M. V. Darbellay. Le regretté défunt était né en 1862 à Liddes ; il a fait son Ecole normale sous la direction de l'éminent directeur M. Hopfner et il a débuté dans la carrière en 1881. Il a enseigné successivement au Levron, à Martigny-Bourg et Ville , à Coll Olnbey, à Praz-de-Fort puis à Liddes. C'est dans son village n.atal, à Dranse, qu'il a terminé sa longue et laborieuse carrière. en 1918. Dès lors et pendant 10 ans, il a travaillé sans cesse à acquérir de nouvelles connaissances : les mathématiques , la poésie. la lecture, occupaient une partie notable de son temps. Penseur iwofond, esprit aux vues larges , caractère aimable et spirituel , il a laissé par son mérite ITlOdeste et vTai, le souvenir de l'institu­teur capable et dévoué, de l'homme loyal et hon, du eito~'en honnête et désintéressé.

R. 1. P.

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ALMANACH PESTALOZZI

Cette édition présente un asrect assez semblable à celle: de' l'année dernière, du moins en ce qui concerne la première pa.rtie . Chacun retrouvera avec plaisir des indication& utiles, lira avec profit ces vies de grands hommes et y puisera le désir de leur ressembler en quelque manière. Tout le monde ne peut pas ètre un inventeul' ou un poète de génie, mais les grands hommes, qui sont des hommes comme les autres, o'nt toujours des côtés accessibles et imitables ; Hs sont en général simples et modestes, travailleurs' et persévérants.

La seconde partie contient divers articles qui retiendront. votre attention . Que ce soit une description, une relation de voyage, l'exposé <.l'une innovation, les jeunes lecteurs trouveront en tout quelque chos.e d'intéressant.

Almanach Pestalozzi 1929. - 1 vol. relié toile souple, contenant de nombreuses illustrations. Edition pour garçons: fI'. 2.50. Edition pour jeunes filles: fI'. 2.50. Librairie PAYOT et Cie. Lausanne, Genève _Teu ­châtel, Vevey, Montreux, Berne.

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