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a.ON, 18 ... nvler 1935 No 1 64 me Année Dt LA Sceiété d'iduaation" L'ECOLE PR MAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire t) ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- Les abonnements se règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout CI qui CODcerDe la pUblicaUoD doit itre adress6 directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Département de l'Iastructlon publique à Sion. Les annonces sont reçues ex'clusivement Dar PUBLICITAS. Sociét6 AaoDyme" Salsse de PubUclt6. S10D Rue de Lausanne 4: - Téléphone 2.36 ,

L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

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a.ON, 18 ... nvler 1935 No 1 64me Année

~JRG1tAl"1 Dt LA

Sceiété vatai~av"e d'iduaation"

L'ECOLE PR MAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

t)

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.-

Les abonnements se règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout CI qui CODcerDe la pUblicaUoD doit itre adress6 directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au

Département de l'Iastructlon publique à Sion.

Les annonces sont reçues ex'clusivement Dar PUBLICITAS. Sociét6 AaoDyme" Salsse de PubUclt6. S10D

Rue de Lausanne 4: - Téléphone 2.36

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Page 2: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

que vous choisirez, Chacu"e représente un chocolat plein d'arome et de ftnesse.

SION, 15 Janvier 1935. No 1. 541ne Année.

L'ÉCOL p IMAI E ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION

SOMMAIRE : PARTIE OFFICIELLE: Société valaisanne d'éducation. _ Radiodiffusion scolaire. - Cours d'enseignement de 18" gymnas­tique. - Chronique de l'Union. - PARTIE THEORIQUE: Un grave devoir de l'éducation. - Exercices crobservation. - La gymnastique au cours complémentaire. - PARTIE PRATIQUE: Langue maternelle. -_. Collection de petites poésies. - Analyse littéraire. - « NOS .pAGES». - DIVERS.

PARTIE OFFICIELLE

Société Valaisanne d'Education COMPTES DE L'ECOLE PRIMAIRE

Sa ld e .

du 31 mars 1933 au 31 décembre 1934 Fr. 2396.55

Abonnements 1933 Publicitas 1934 Intérêts 1933 ,et 34 PD,yé à l'imprimeur Contribution à S.V.E. Solclr- à ce jou-r

» 3060.-»

»

667.85 114.75

Fr. 6239.15

COMPTES DE LA S.V.E. mêine période

8qlde . .... Bon Dép. 1. P. pl' Si81"re fntérêts 1933 et 34 Cotisations 1933 SubventIOn pour Cours de chant 1935 . Frais Ass. générale Sierre Imprimerie • ., . Vacations du Comité Conseil juridique . . Frais représentations et divers . Secrétariat et bureau Solde à ce jour

Fr. 732.65 » 1472.-» 42.15 » 406.50 » 800.-

Fr. 3453.30

Fr. 3589.70 » 300.85 » 2348.60

Fr. 6239.15

Fr. 1298.90 » 17.90 » 239.10 » 40.-» 286.30 » 133.50 » 1437,60

Fr. 3453.30

Page 3: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

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IMPRIMERIE DU JOURNAL Facture .iuillet 1934

» fin avril 1933 » .i anvier 1934

Payé par Caisse Payé par Chèque~ postaux

Fr. 2292.95 » 2175.05 » 1498.95

Fr. 5966.95

Fr. 3589.70 » 2377.25

Fr. 5966.95

NOTA. - Le solde disponible au Compte de Chèques ne figure pas dans ce compte.

Radiodiffusion scolaire

Avec le Sulletin des élnissions or·ganisées à l'intention des Ecoles primaires, le Départeulent a adressé un formulaire « Rap­port du Corps enseignant ».'

·Ce l'appol't devra contenir les rmnarques et suggestions que les én1Ïssions qui ont eu Eeu du 3 novem,bre au 12 janvier ont sus'citées.

Nous prions donc instalnn'lent les iCo!l1unissions scolaires et les ·membres du ICorps enseignant qui ont pris des écoutes de hi en vouloir nous transmettre leurs l'ell1arques pour le .2-0 jan­vier.

Il est de toute ÎlTIiportance que le P.E. nous transmette ses observations 'qui seront 'comn'luniquées à la 1C00nmission ron'lande qui tient à 'perffectionner cette nouvelle technique et là connaître le rendenlent des différ·entes émissions scolaires.

Le 'Département peut encore fournir les ,formulaires ad ho-c ~I ceux qui les auraient ,égarés. Il remercie les personnes qui nmdrnnt bien donner suite au présent rappel. Communiqué.

Cours d'enseignement d e la gymnastique

Le cours donné à Sierre par 1}'1. Grand, professeur de gyn'l-11 astique, a été suivi. par un petit nombre d'institutdces et d'ins­tituteurs, ,ces ·derniers ,fonmant une toute petite iminorité. Et ce­pendant, une fois. -de plus, les absents ont eu tort.

.ce 'cours a ét,a des plus int,éress-ant et surtout très pratique. On nous a démontré , un grand nOlTI'pre d'exer·cices pouvant s',exé­cuter soit dans la salle de ,c.Jas s'e , soit dans une cour ou une prairie, sans besoin d'une salle appropriée. '.Yi. Grand, aidé pa'r sa lo.ngue eX'Périence, a cherché . surtout à nous incuLquer les principes de J'enseignen'lent ,de cette .branche telle qu'elle se pra­Uque ·actuelleanent en Suisse; la réalisation pratique est ' venue

sous fOrIne de leçons t)rpes avec les élèves des écoles prin'laires

de Sierre. n serait à souhaiter que des cours selnblables. soient donnés

plus souvent tà l'avenir 'et que le pers~nnel en.se~gnant un, J?eu éloigné puisse y assister en aya.nt conge la, Inat;uee. IP~ur .. ~vIter toute perte -de temps, on .devraIt -donner s e'parelne~,t 1 e~'lse~gne­ment pour 'Classes de garçons ou pour das~;s Ide fIlles. PUIsque le Valais oc'cupe actuellen'lent une des der~le~'es plac.es .aux, ex~­mens physiques de 'recruten'lent, ne! sermt-ll pas mdlqu~ d y convier aussi les maîtres spéciaux des cours compléllnen~a~res? Il y va de l'honneur de notre canton. Un pOl'tzczpant.

Chronique de l'Union

Responsabilité civile

Nous cOIl1ptons aujourd'hui près de deux a~s. ~ep~i~ la signa-ture de contrat de notre Assurance Hesponsablhte CIvIle, .

N~us cl''Ûyons uti}e de m·ettre à nouveau sous ,les , yeux de nos lecteurs les 'Principales clauses de ce c-ontrat.

Les lnenlbres de l'Union , du personnel enseignant, ainsi que les 'lnaîtres et n'laîtr,esses qUI ont adhéré à notre assurance, seu~s sont couverts contre . leur responsabilité civile jusqu'là un InaXI­.mum de garantie -de 10,000 fr. par personne tuée ou blessée, i10,OOO pour un événen'lent atteignant pl.usieurs personnes et 50'00 pour la responsabilité -des dégâts matérI'els. -' - '

L'assurance paie: _ cc) 'LorS'que, par suite de punitions, des . élèves sont blessés

oru 'que leur santé est c01npro~nise. b). ,Lorsqu'au cours d'ex'péri~n'Ces, :de pr?mena'~es, d 'ex~ur-

. sions et d 'exercices de gyn'lnasbque, Jel!-, bam, nat~hon, luge, ski, de soir.ées, fêtés scolaire,s, visites d'établisse­Inents de récréations, de retenues après l'éeole, etc., des é'lèves' sont victin'les d'aoddents im.putés ~ des d~spositiol)s nialheureuses erronées ou insuffisantes de l'ins.tituteur ou là un manque 'de surveillance ou de contrôle de sa patt.

c) 'Lorsque, quelles que soient les circonstanees, les élèves . se sentant insuffisalnment surveillés, se font du mal -entr·e

eux se blessent eux-m.!ênles . ou blessent des tièrs avec .des 'pierres, des !boules. de neige, ' :des p'lumes: des ar,mes , etc. . '

" _ En ql~e}ques n'lots, s;nt couverts t Ç>.u s, le,s cas q.e res~a.'?sa­bilité"civilequ'un instituteur pèut encourIr ,en. vertu ~e :la leglsla­lion suis·se dans l'ex-ercl1ce d(1 'ses fronctions professIOnnelles;

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l'assurance s'étend également là l'action récursoire que l'Etat .et - la commune peuvent ,exer:Cer contre l'instituteur.

Nous attirons cependant bien l'attention de nos 'l.nembres sur l~ ~ait Iq~e seules .so~~ cou,;,ertes les indemnités de responsabilité cIvIle. L assurance n IntervIent pas dans le .pénal dont les frais restent entièrem'ent là la charge de l'assuré.

Ainsi un Imaître se voit-il conldaInné là une amende - dans le cadre -évidenlment des .exemples cités plus haut - à des indem­nités en .« évitation }) d '·emprisonnement, à des procès-verbaux, tous ces ,frais et ceux qui les accompagnent: assignation, indem­nités aux témoins. etc., ne sont point payés par l'assurance.

. Une ,mauvaise histoire toujours pendante, dont a été la vic-tune un de nos collègues et pour laquelle l'assurance ·avait été invitée à intervenir, a lnis en relief cette procédure. .

·Ce petit ·exposé doit éviter toute déception à 'l 'avenir.

.En terIninant, nous rappelons à tous les Inclnbres du 'Corps enseIgnant, quels 'qu'ils soient, qu'ils peuvent ·adhérer à notre assurance r·esponsabilité civile, en s'adressant au secrétariat de l'V. P. E. V. ; SieN'e. . M.

PARTIE THËORIQUE

Un grave devoir de l'éducation On répète sur tous 'les tons que les temps sont 'mauvais non

seule~ent au point de vue éconolnique, mais aussi et surtout au · P?lllt, de vu~ -Inoral. Et ce n 'est que trop vrai. Peut-être que la crIse . economlque actuelle est en grande partie la conséquence logique de la décadence morale.

Les faits scandaleux se Illultiplient avec une progression non :p~s arithmétique, .mais géOlllétrique. Les journaux relatent quoti­dIennement des rIXes, des lneurtres, des assassinats, des failHtes frauduleuses, des escroqueries, dont queLques-unes de très grande en\ergure, des crimes passionnels, 'etc., etc. Tout cela se succède comme des vues cinématographiques sur le vaste écran du monde.

IMlême dans notre petit coin valaisan où l'honnêteté la SiUl­plicité, l'amour du travail et la foi reÙgieuse sont e~core les vertus ~()!lll~na~tes 'de la .grande, de l'immense l11ajorité de la populatIon, Il. n est pas rare de constater, d epuis un 'certain nom­br~ d'années sluiout, des faits qui portent atteinte à notre répu­tatIon.

Quelles peuvent donc être les causes de ce lascisme dans la conduite morale de tant d 'individus, appartenant pourtant à des

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nations de civilisation plus ou moins raffinée? L'absence d'én­seignement religieux? C'est vrai pour certains pays, où une légis­lation impie a banni la religion de l'école, et où d'innombr.ables familles vivent dans l'indifférence ou l'ignorance religieuse la plus complète.

'Mais là où le catéchisme figure encore dans les programnles scolaires oUidels, comme c'est le cas chez nous ·et dans beaucoup d'autres pays? Cet enseignement y serait-il insuf,fisant? trop th éorique et pas assez pratique? Comment eXJpliquer que des jeunes gens qui ont reçu régulièrement des cours de religion durant leur scolarité~ désertent l'église dès leur sortie de l'école, et se contentent ensuite de quelques rares pratiques religieuses , réclam'ées plutôt par l'usage ou l'étiquette que par un sentiment religieux sincère ?

Les faits délictueux dont nous parlions plus haut, quoique plus rares dans les régions restées chrétiennes, n 'y sont-ils pas d 'une fréquence surprenante?

N'arrive-t-il pas trop souvent que des chrétiens encor·e prati­quants, qui ne lllanqueraient pas la messe du dimanche sans un motif gra've et qui font régulièrement leurs pâques, ce qui, du reste, n 'exige pas de sacrifices bien héroïques, ne se gènent guère de donner des entorses à la consdence professionnelle, à la plus élémentaire honn'êteté dans leurs affaires, de violer la charité en conservant dans leur cœur des .sentiments de haine et de ven­geance, de se laiss·er dominer par l'aInbition, qui entraîne après elle tout un cortège de moyens bas ·et ,parfois injustes, crilIllinels Inême?

!Malgré ,la connaissance plus ou 'lnoins Iparfaite de .1èurs devoirs, beaucoup d'hom·mes sont les esclaves d'une des trois -concupiscences, et souvent des trois à la fois : le désir des biens matériels, le désir des jouissances sensuelles, le désir des hon­neurs et des dignités. \C'est donc un signe que leur éducation morale, c'est-à-dire la formation du c'œur et de la volonté, a été insuffisant.e ou totalement négligée; que, soit la famille, soit l'école, peut-'être les deux ensemble, n 'ont pas rempli entièrement leur devoir. Sans doute, si bonne qu'ait été l'éducation nlorale, elle n'empêchera .pas certains individus de commettre des actes gravement coupables, car il y a parfois pour eux des cÎlX'.ons­t ances plus fortes que la volonté. IMais il nous se.mble qu'.avec une éducation lllorale plus sérieuselllent do nuée à l'ensem'ble de la j eunesse du pays, on changerait le niveau ·moral de' ce . pays.

Et id, nous nous dClIl1andons si l'école, même chrétienne, se préoccupe suffisalnnlent de cette importante question? Si elle ne voue pas trop exclusivement son attention là 'l'instruction, surtout profane, au détriment de ,la vraie et intégrale éduéation 111orale, spécialement de la culture de la volonté.

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Que de gens ,qui savent pertinemnlent que telle chose est illicite et qui la font quand luêlll1e, qui n 'ont pas le 'courage de dire hardinlent non.

. ri ne suf.fit donc pas de ·faire étudier la lettre du 'catéchisIne, ni de J'expliquer .plus ou 'moins clairelnent, il s'a.git aussi d 'exer­cer les enfants, dès leur jeune âge, ,à l'a,cconlplissenlent de leurs devoirs et de continuer ce travail aussi .10ngtenl'Ps que possible, lnême après .Jeur libération de l'école, en utilisant alors les socié­·tés de jeunesse 'catholique -ou les œuvres de jeunesse sous toutes leurs formes.

A côté des instructions religieuses, il se présente une foule d'occasions de donner une leçon Inorale ou de ·mettre en prati­que les conseils sur la fornlation ~morale, de refréner un appétit trop sensuel.

Est-ee que sous le rapport de la triple concuptscence les 'parents et les maîtres ne se font pas 'Parfois ' les instruments inconseients des dérèglements dans lesquels tonlberont plus tard leurs enfants ou leurs élèves? ,Pourquoi, par exe'lnple, leur re­<,ommandent-ils de bien travailler, de bien se conduire, si ce n 'est souvent que 'pour être capables de gagner un ,jour beau.coup d'argent, d'arriver oÙ une situation honorable? Sans doute, ,ce n'lotif n'est pas intrisèquen'lent blâmable, mais n 'existe-il pas de stimulant d'un ordre plus élevé, d'un ordre surnaturel? Le travail ne doit-i,l ,pas 'être envisagé comIne une obligation divine .

·un moyen d'expiation, un'e Û'c'casion d 'acquérir des mérites pour le ciel, une sauvegarde contre les mauvaises tel1tations, un déri­vatif aux instincts COrrOll'lpus ? 'Seulen1.ent, pour invoquer ,ces motifs il faut être un hon'ln'le de foi. Voilà pourquoi nous affir­ll'lOnS qu'un édueateur sans .piété, san~ esprit de foi, n iest pas à sa platce dans nœuvre de l'éducati-on morale. Il peut être un excellent :Il'larchand de connaissances profanes, COlnme l'étaient les Inaîtres dont parle St Augustin, mais un éducateur dans le vrai .sens du IInot, non. ICar éduquer veut dire élever, et on [1'élève pas quand on condalnne les enfants là ran'lper, c 'est-à-dire où n e s'occupér que de -leurs intél~êts n'latér.iels, à .abaisser leurs yeux vers la terre ·comm·e les anÎlnaux.

Qu'on fasse donc comprendre que ces biens auxquels le cœur de l'hO\ll1me s'attache si falCÎlement et si solidelllent sont passagers, périssables, qu'on n'en enlportera pas la moindre par­cé1le dans l'au-delà, qu'il faudra rendre 'cOlllpte de leur gestion à . C-elui là qui ils appartiennent réellelment et qui les a seulement prêtés; que ces biens doivent servir ,à rnériter le ciel par le bon elnploi qu'il faut en faire. .

Les·. ;parents et les n'laîtres reluplissent-ils . tout leur devoir ({'uand, ils ferment les yeux on restent indi.fJférents 'a. tO)1t ce qui peut engendrer ou exdter la ,convoitise des s,ens : le·ctures, gra-

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'\'ures ou tableaux, spectades dangereux, fréquentations louches; lorsque, COnlln'le ' récOlllpense, ils recourent à toutes sortes de gâte­ries de fria'ndises, de satisfactions sensuelles, dont naissent le plu~ souvent la vanité, l'orgueil, le goût du luxe et du plaisir '; lorsqu'ils ont peur d'appliquer une corre:ction pour ne pas faire de la peine; qu'ils usent d 'une indulgence coupable à l'·égard de certains n'lanquelll'lents contre l'o'béissance, le respect .de l 'auto­rité, l'honnêteté, la loyauté, la pudeur, etc. ?

Certes, tce n 'est pas là l'éducation à la spartiate) c 'est plutôt celle des RO'l1.1.ains de la décadence. Aussi quelles ·en 's'ont les conséquences? Le jeune hOn'll11e se lance dans les jouis­sances ; il les poursuit avec avidité; il évite ou repousse avec horreur tout ,ce qui le contrarie ou -le fait souffrir .

Qu'-on apprenne à la jeunesse à se mortifier, à se renoncer, ct -les 'Û'ccasions n'en l1.'lanquent pas; 'qu'eHe sadle que la vie .n'est pas un banquet où l'on mange et boit bien, où l'on s'amuse. Il faut la convaincre que le chrétien digne de ,ce 11'011.1 est un dis­ciple ,du IChrist; qu'il doit II11archer là la suite d'un Maître 'cou­ronné d'épines et chargé d'une croix; qu'il n 'y a que les lutteurs qui Inériteront la couronne des victorieux.

Les parents et ~es Inaît\res n :'ont-ils rien à se reprocher quand ils distribuent inl,pruden'llffient des éloges et ,font valoir outre n'lesure les bonnes qualités de leurs enlfants; quand ils leur fournissent l'-occasion d'exercer précocement une sorte de domination sur leurs camarades, sur leurs frères ou sœurs? Lorsqu'ils ne réprÎlnent pas certains caprices ou fantaisies, plus ou moins tyranniques, certaines explosions d 'irasdbilité ou de Yengeance dont sont déjà ca,pœbles beaucoup d 'enfants?

Qu'on ait soin de persuader les jeunes gens de la vanité des honneurs dont l 'a'0quisition 'coûte 'cher et 'qui sont dhargés 'de bien lourdes responsabilités. Alors, ils les .rechercheront avec Inoins d'âpreté, et recourront nloins, p'Our se les procurer, à la déloyauté, ê1 l'intrigue, à la cabale ou à d'autres ,moyens parfois 'pIus bas -ou plus coupables 'encore.

Nous ne voulons 'Pas abuser davantage de la patience de nos lecteurs ·et nous nous excusons auprès d'eux d'avoir été déjà si long. N-otr·e but,en écrivant ces lignes, a été d'éveiller l'atten­tion .des éducateurs sur un ipoint qu'on est tenté de trop négU.g-er: l'éducation Inorale, spécialement la formation de la .volonté. Quand on veut, on peut,. le Ilnot inlpossible n',est pas français ; dit-on. C'est parlce qu'il nlanque des caractères bien tr.empés que les passions nlauvaises font tant de victin'les

Avec Il' enseignen'lent religieux, le secours de 13. prière et rune Jor,mation sérieuse et suivie des caractères, les éducateurs doÎ'Vent

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üertainmnent arriver à fornler une population non pas idéale­Inent bonne, 'l11ais au nloins honnête, ipanni laquelle on' ne risque pas à chwque Inoment d''être leurré, exploité, volé, assaini, ,diffanlé, etc.

Exercices d'observation

« L'esprit d'observation est à la anode »; c'est pourquoi il est urgent d'en préciser le caractère et le rôle, de dire à quelle condi­tion on observe et on fait observer. Observer, il est peu de mot qui recouvrent plus .mal que celui-là leur contenu, et il n'est pas jus­qu'aux nouvelles directives sw' la part prépondérante à donner a l"enseignement des sciences qui ne soient de nCltW'e à achever d'en fClusser la notion. » (N. D. L. R.)

« 'L'esprit d'observation » est à la nlode. Le 1not a fait for­tunu. Tout 'le lJ11<ol1de en veut. l.e nonnalien qui, tinüde, donne ses premières leçons là :l'école d 'application, se cr·oit sauvé 'Pour peu qu'il ait invoqué cet esprit-là. \La jeune institutrice gardienne se soucie avant tout de faire observer et dans 'Ce but inlagine les exercices les pJus inattendus. Depuis la Inlontessorienne intégrale jusqu'à la vieiEe '1l1aîtresse d'ancien réghne, il n'en est aucune qui ne tprétende baser sur 'l'observation toute l'activité des petits. Tan­tôt c'est l'anailyse d'une gravure que l'on ·croit conforule à Ia sa­crosainte méthode, tantôt .se sont les exercices sensoriels présentés sous forme de jeux. Que beaucoup d'entre ·eUes aient parfaite­m·ent compris où conduisaient les leçons ainsi orientées ·et à quoi était dû le succès visible de leurs efforts, on n 'oserait peut-être pas l'affif.lller, Inais c'est une autre question. ,Ce qui est Icertain , ('~est l'intention nettenlent lnanifestée sous toutes 'les ,fonnes.

Quant aux instituteurs, ils ont tel'lenlent entendu répéter les mènles fonnules; avec une telle unani,mité que les plus défiants Ol~t Jini par y croire. A chacune de ses visite~, J'inspecteur in~is­taIt; aux conférences il revenait à la charge lon~menl·ent - ou­bliant ulême que 'l'heure du dî'ner avait' sonné depuis lung .. temps-; toutes les revues en faisaient de :la copie et les nl0in­dres réunions pédagogiques étaient reInplies des TIlènleS propos

On avait dit d'abord: les notions acquises aux leçons de sciel1ces natur,eHes doivent toutes s'ortir d'oDseTVlatiÎol1s f,aites par l'enfant. C'est lIa méthode i)ropre des sciences naturelles ·et il n'y en a point d'autre. Faire étudier des classifications de bêtes et d'e plantes à des miQiches qui n'ont ni vu ni palpé les animaux .et les plantes dont 'On parIe, est-ce autre chose. lque verbiage? ,L'insti­tuteur, à 'mesure qu'il réfIéèhissait, 'était obligé de se rendre à l'é­vidence. - ~l I?r.enait e~ dégoût le manuel trop s'cientitfique, trop sec, trop l'l1>dlgeste ·et 1<1 tournait vers la vie le regard des enfants.

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L 'herbier lui apparaissait nlênle COilnnle un instrument d 'un au­trie âge pal"ce qu'il desséchait la vie palpitant1e vers quoi ·s'e tendait le désir de l'enfant de dix ans. ILa dasse y gagnait en intérêt, les notions acquises ·en précision; la n1Jénl0ire se trouvait allégée ct le nlaître content. Prenlière et illustre victoire.

L'inspecteur faisait ensuite relnarquer que la géographie se cangeait, e}:le aussi, panui 'les sciences ·naturelles, et que la nlêlue méthode s'Îlnposait. Plus de longues et fastidieuses énumérations de golfes, de caps et de détroits; plus de --:-définitions .apprises par cœur en ipure perte et qui n' é-v eillent rien dans l 'imagination' de 1 enfant. -On sentait - confusé'l11ent d 'abord, puis de façon de plus 'en )pJus nette - que le « 'connu» d''Üù Je nl'aÎltre devait paT­tir , ce n 'étaient pas des éléments 'logiqu€llnent siilup:les - pour l'adulte - nlais la richesse du village nlÎnutieus·elnent observé. On adlnirait alors la sagesse du programme-type élargissant à partir de ·cette hase les investigations de l'enfant... et l'on Ular­chail. Les manuels se trans.f.ornlaient 'paraNè'lement ·et ,faisaient reposer sur l'iulag·e attrayante ce que l'observation dir.ecte et personnelle ne pouvait plus donner.

Et J.'étude ,de l'hist'Üire nationale, ajoutait encore l'inspe·c­leur , doit se ,faire d'après les luênles principes. ISeules .les idées issues d 'une olbservation préa'lab:le auront chance de prendre corps et de vivre \parce qu'elles sont concrètes; les autres ne don­neront rien. lee qui, dans un programnle, doit retenir l'attention de l'éducateur, de préférence au reste, doit 'être déterminé ·en vertu de ce princirpe-1ià. La suite des fait,s n'·évCJilllle rien de con­cret; 'bornez-vous là poser quelques jalons. ILes tém'Üins du passé (stèle, église, château-fort) que l'enfant a vus, serviront de points d 'attache. Faites revivre les époques évoquées en ne ,;ous attar­clant qu'aux II11iŒUrS, ·à lIa ,façon de vivre du peup'le. ISa~oir com­ment « les .gens de ce t:eIups-Ià » se déplaçaient, conlm·ent ils construisaient ,leurs ha!bitations, quel était le vêtelnent, le iIu'Üde d'éclairage et la nourriture, dans queHes associations ils se groupaient: autant d 'éléInents assin1Î'lahles par un esprit d'en­fant p:arce que les sens y ont leur grande paTt. L'o!bserlvation d'es télnoins (IllOnunlents, chartes, costUl11eS, ek.), la représentation draIna tique, le filnl et l'image vous assureront Un cours d'his­toire qui portera ses fruits. En doutez-vous? Si l'un ou -l'autre de vos 'c'ÜUègues se 'l110ntre sceptique, croyez bien que c'est at­titude habile: ce scepticisme de surface le dispense de faire ·effort.

Ainsi continuait IM'Ûnsieur l'Inspe·cteur. Les conférences suc­cédaient aux con'férences ,et, tour à tour, Iles lnaîtres, là CO>l1llnencer par 'les plus jeunes, se convertissaient.

Pour ce qui ·est du dessin, la chose était trop évidente pour ,que pareilles directives pussent arrêter les plus dÎlf'Üciles. Les

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luaîtres se rendaient bien cOlT1pte -de la nécessité de faire- voir l'obj'et 'à dessiner, de le fajre observer -et de 1l11ettr-e là 'Ia réalisa­tion esthétique le 'l11'ininlul1l. d'entraves. ILa copie pure et simple fort en. usage alors étouffait -la personnalité -et les résultats mon­traient qu'on 'avait .fait fausse route. Il fai11ait se lancer dans une représentation de la nature -qui laissât ,le chaulp libre à la spon­tanéité de l'enfant qui, observe et qui rend son observation dans un dessin personnel. Que ce dessin fût -plus gauche, -on s'y ha­butua vite et l'on se rendit cOll.1lpt.e ;qu'on était enfin dans 'la bonne voie.

Mais quand on voulut appHquer là la réda'ction cet esprit d'observation qui opérait des prodiges, on sentit que cela n'irait pas tout seul. EUes étaient si belles, les rédactions d'après le lTIO­dèle impeccable de lM. 'le (Maître, elles étaient si pratiques, les fonm_ules de ldtres apprises ipar oœur, eLles étai'ent si logiquern1ent agencées ,les dissertations à ,développelnent-type d'après un plan stéréotypé 1 Un Ilnalaise régnait parmi le personnel. Si les en­fants se n1ettaient à observer eux-'lnêmes, où puiseraient-ils leur vocabulaire; et si le nl.aître fournissait les n10ts et les phrases, l'observation donnerait-el1leel1'core -des résultats? On trouva en­cor~ desl co-mpTon1ÏS\ et les hésitants Is-e rallièrent. ICar, lM. l'Inspecteur, tablant sur le culte -de l'observation bien assis dans les cerveaux -et les cœurs, venait -de -dén10ntrer pére111iptoirenl.ent que l'esprit d'observation si précieux dans ses applications n1é­ritait d'lêtre cu:Itivé pour lui-mên1.e. La rédaction devait servir de truchement. Alors on se lnit :à observer. :Les autorités, soucieu­ses toujours d'assurer un bon rendement au travail de l'école, décidèrent de Ifaire sortir l'enfant une delll.i-journée par mois et d'or,ganiser ainsi pendant deux heures et de'l11ie ou t:rois heures. ofificiellem-ent, sous la direction du nlaître ou ,de 1a olnaîtresse, une observation systé,lnatique de la 'pleine nature. o.n pourrait trouver là le comp:Iélnent nor-lnal des observations spontanées réalisées­en dehors des heures de dasses. !La réda:ction ne rpouvait qu'y gagner. Nous gageons bien qu'elle y gagna -beaucoup. On trouva mèlne des instituteurs qui entreprirent plusieurs -excursions ,par lnois,mais c'était un excès de zèle.

De tenl.ps là autre, un vieil instituteur posait des « colles » -et déclarait qu'il voulait savoir si lIa n1éthode d'observation s'iden-­tifiait avec la fanl.euse «induction» dont le professeur de logi­-que l'avait entretenu autrefois. La réponse de l'Inspecteur ét~it bien un peu elnbrouillée, 'lnais on se -r-endait compte que, rall1C­née à sa plus simple expression, elle eût été af'fil'1mative.

Il demandait encore si le nl.ême esprit s'adaptait au cours de gra·mllnaire :et à l'étude des text~s des grands auteurs. A ce dernier point il était répondu très dairenlent que .le choix des textes s'ada.pterait au n1Ïlieu observable, suivant le rytlllne des.

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sa,isonset des intér-êt,s de ,l'enfant. Quant où la_ question concer­llant la graul.'ill.aire, elle nécessite de 10n,gues -eiiplilcations qu'il ­serait i'nutile de reprendre id, nlais d'üù on pouvait conclure que l'induction y gardait tous ses droits -et que, d'ailleurs, J'ün- ­portance ~e la gralnmair·e avait été for~ exagérée.

Les pro'hlèl11es d'arithmétique étaient traités de la ImêIne fa­çon, 'ce qui n'étonnait plus personne, les esprï'ts ayant reçu 'la préparation néces'sairè pour avaler le 1ll.0r-ceau. L'observation est donc reine de la 'lnéthode, elle ,est la vérité. . .

D'aucuns trouveront en tout ced une char'ge. Vous vous 1l10-quez, diront-ils. Pqs du tout. Les I.ecteurs intelli,gents savent bien que eette histoire n'est pas arrivée. Si -elle était arrivée, -.les péda­gogues de tout poil exulteraient et nous n'aur,ions plus rien à ajouter que des alctions de grâ-ces . .or, prédsélnent, voHà que ile prOlfess:eur de ilittératu:re ·crie à qui veut 1',enbendre, que les élèvent qui lui viennent d-e récole ,priInaire -ne savent Ipas obser­\ er et sont incapables de mettre du leur dans la plus éilélllentaire ­descri'ption. Ils ajoutent aussi que les l11'ênleS élèves ne savent ­plus mettre l'orthographe, 11lais ,c'est ,l'à un point :qui nous in- ­téresse beaucoup 'lnoins. ILe professeur de mathéllnatiques se plaint de :l'Î'll1.lprécision des notions acquises et va jusqu'à dire -n'en croyez rien - que ses élèves de quatorze ans ne peuvent plus résoudre un problème qui ne présente que'1que diffkulté.

Vous voyez bien que cette histoire n'est pas arrivée.

Un Inspecteur.

La gymnastique au cours complément aire ... Dans un des derniers numéros de l'« Ecole Primaire », un article

-consacré à la gymnastique, on soulevait la question de l'enseignement de cette branche dans les cours complémentaires. Pour donner suitc' .à ce modeste exposé, qu'il me soit permis, en tant qu'intéressé, d'y joindre un complément que je juge utile et nécessaire.

Puisque nous parlons de gymnastique au cours complémentaire c'est déjà vous dire que celle-ci n'a rien de commun avec la gymnas­tique scolaire, tant dans son application que dans son but it pour­suivre.

Est-il nécessaire de s 'y arrêter sérieusement? J'y crois d'aut.ant plus que cette matière n'est pas traitée directen1ent dans le maÎlUel fédéral de gymnastique à la disposit.ion du per~onnel enseignant.

En quoi cet enseignement peut-il différer? D'abord dans son ap­plication.

Si nous parcourons le manuel fédéral; nous constatons qu'à cha­que âge correspondent des exercices spéciaux dont la fOrme et la diffi­-culté varient avec le degré de développement physique des erifailts.

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Cette classification n'est pas sans importance, car un exercice trop difficile amène naturellement une mauvaise exécution, qui peut 'de­venir plus nuisible Iqu'utile et, avoir des conséquences fâcheuses sur le développement de ces frêles organismes. Un exercice trop simple, s'il évite de fâcheux effets, risque d'être sans valeur. Il serait plus logique et plus exacte de prendre en considératiçm le degré de déve­loppement et de résistance phYRiques des enfants plutôt que l'âge dans l'application des exercices. Deux sujets, du même âge, peuvent avoir des différences physiques très prononcées. Il est très difficile de procéder à ce classement sans un examen sérieux, c'est pourquoi il est préférable de s'en tenir aux exercices indiqués dans le manuel fé­déral qui reste toujours le précieux guide pour éviter de dangereux ~karts. Si ces exercices sont ainsi appropriés, combien ceux-ci, là plus forte raison, doivent-ils être différents pendant la période post-sco­)faire, c'est-à-dire de 15 à 19 ans, au moment où le jeune homme est l'objet de transformations physiques et psychiques considérables. C'est une nouvelle vie qui commence ce sont de nouveaux besoins qui se font sentir. Si, jusque là, on a cherché à aider la croissance de l'enfant t ,out en surveillant sa tenue par des exercices avec effet principal sur le d'éveloppement du système osseux, par la traction des fibres musculaires sur les cartilages, des exercices de ce genre se révèleront impuissants au moment où le corps s'est conti tué une charpente forte et résistante. Je dis impuissant, quoi'qu e par des exercices correctifs souvent répétés, on arrive cependant à rendre malléable le squelette déjà presque entièrement ossifié; mais c'est toujours avec peine qu'on obtient un résultat car c'est pendant que le fer est chaud qu'il faut le frapper si l'on veut obtenir la forme désirée.

Que faut-il donc faire avec les jeunes gens des cours complémen­taires? Tout en conservant un certain nombre d'exercices correctifs, il faudra surtout développer chez eux la force, la souplesse, la dexté­rité et la résistance. Des exercices tels que le lever d'haltère, le jet d€' boulet, la course, le saut d'hauteur, le saut longueur et le travail aux engins, pratiqués avec prudence et réserve jusqu"a 15 ans, pour­ront être travaillés sur une plus large échelle. Tout en répondant aux hesoins physiologiques du jeune homme ces exercices seront une préparation sérieuse aux examens d'aptitudes physiques exigés lors du recrutement. Chacun sait les milliers de francs que la Confédéra­tion verse chaque année pour l'organisation des cours de gymnasti­que préparatoire. Malgré cette prèparation, les résultats ne se mon­trent guère concluants, surtout pour le Valais ,qui se classe l'un des derniers.

Est-il permis de rester indifférent? On m'objectera que malgré ce point faible les Valaisans ont le renom d'être de bon soldats; je le concède mais ne sommes-nous pas en voie de perdre cette répu­tation de guerriel's si redoutables? Si nos an'cêtres o'nt acquis ce re­nom dans leurs exploits militaires, sommes-nous dignes de jouir ,de leur réputation? Je n'ose répondre négativement, mais si à la force

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et à l'endurance du soldat valaisan on pouvait associer énergie, sou­plesse et agilité, on pourrait' peut-être le comparer aux anciens che­vaÏim's romains... .

Rappelez-vous quelques heures de « l'Ecole de recrues»: c'est une course de vitesse, un obstacle à , ,franchir, un torrent à sauter. « Le dernier, annoncez-vous?' » Et souvent dans un langage aussi lourd que sa démarche, c'est un compatriote qui se présente!

! C'est à vous donc, chers instituteurs, de supprimer cette infério­rité. Vous voyez le but à atteindre: il suffit d'en avoir la volonté. Nous l'avons prouvé en 1932. Sept instituteurs qui terminaient l'Ecole normale se sont présentés au recrutement, six ont obtenu les pre­mières notes à l'examen d'aptitudes physiques alors que sur 835 re­crues appelées, 31 seulement ont mérité la note 4. Je me permets de relever ce petit -fait 'qui n'a pu que flatter l'honneur du personnel en­seignant. Si chaque année les instituteurs se présentaient au recrute­ment avec une bonne préparation, on ne viendrait plus nous dire qu'ils sont incapables d'enseigner la gymnastique. Il faut donc réagir et se mettre là l'œuvre. Aux cours complémentaires l'enseignement obligatoire astreint tous les élèves, mais les trois heures consaçrées à la gymnastique ne peuvent donner des résultats satisfaisants. Partagez] vos trois heures de gymnastique en ajoutant cinq minutes à chaque récréation, ce qui vous fera vingt minutes; pendant ce temps prenez vos jeunes gens. C'est vous réclamer un peu de dévouement supplémentaire, mais vous serez les premiers à en bénéficier. Lais­sez-les libres en récréation, ils vont se grollper pour entamer des conversations dont vous connaissez le thème; d'autres se permettront les jeux de mains les plus vulgaires etc. Essayez cette méthode. lVIettez-y de la vie et de l'énergie. Soy~z exigeants sous le rapport de la discipline et rapides dans les exercices d'ordre. Ce sera une excel­.lente école de discipline, de caractère et de soumission au commande­ment.

PARTIE PRATIQUE

Langue maternelle

Les divisions du temps. L'heure. M·atél'Ïel: Une montre, un réveH: si possible, une pendule.

Aller voir en promenade l'horloge de l'école ou de 1'église.

EXERCICE D'OBSERVATION ET DE LÀNGAGE Cours' maternel.

La montre. ,Présenter et faire n'Omrnlel~ la montre. f~ir,e ,en" tendre son joli tic-tac. J'entends le tic-tac de la montre, La ·mon-

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tre Ifait tic ta'c. Faire touchel." sa fonne:: La ~11011tre est r~nde, pe·-. tite, celle de papa est plùs grosse q\le celle de maman. La n1.ontre porle un verre rond sur ~n côté. Un co~ve~'c!e s'ouvre et se fer'lne en appuyant sur un petIt bouton. ,A !llnteneur se tro uve le ca­dran de·fonne ronde ·sur lequel sont inscrits des chiffres; au cen­Ü'e on relnarque un petit pivot autour 'duquel tournent les aiguil~ les. _. Faire nonllner les parties du rév eil. IMontrer les eléfs qUI rpermeUent de rel1lOnter le réveil, de le faire sonn~l'. L.es ::Liguilles marchent; il y a · une grande aiguille et une petlte . mguzlle. La grande aiguilÎe va vite; la petite aiguille Inarche lentelnent.

Lecture de l' hel.lre. - Nous n'apprendrons aux élèves des (·.coles enfantines qu'ù reconnaître les heures ent ièz·.es . Pell.dant une oDcupation silencieuse qui pennet -de fréque.nte.s InterruptIOns, un invite les enfants à observer la nlarche des a1guiHes. La grande al eruille fait le tour du ·cadran, la petite aiguille s'est . dépla·cée (l'~n chiffre à l'autre: Une {leure est ~)assée: « Il est maintenant 9 heures. »

C . . P. : Les demi-heures ,: les quants d'heure. Faire au préa­la]; le une pètite l'eçon sur la moitié, le quart, à l'aide d~ ponl1n.e~ qu'on coupe en nlOitié ct en quarts. Faire montr~r. et d Ir e : V mCl lUlP ponulle entière, void une denli-pollune, VOI·CI un quart de pOl11rn-e. Je donne la pomme entière à :Mal'guerite; moi je garde ICI clemi-polllIne; Louise reçoit un quart de pOlnme. Quand les enfants ne se trompent plus sur les parties ni sur les déno'l1lina­tians ' on ,fera voir qu'une pOll.1une à deux l1l0itiés , et quatre quarts . Fair~ rCCOlllposer la p01TInle coupée plusieurs fois; faire d ire: deux moitiés donnent une pülllme entière. Quatre quarts donnent une pO'lllIlle entière. ,j\{êlue exerci'ce de langage et d'observation en coupant en quatre lnorceaux un gâteau p lat. ,Après 'ces exel'­ci,ces ,concrets on passe là une fornle plus abs traite; un couvercle de 'holte ·cn cartün coupé 'en deux m'oitiés, puis en quarts. IRe­cOnlpOSf'r Je rond plusieurs fois.

Faire voir que le cadran de la montre ou de la pendul,e pour­rait être coupé en deux moitiés égales ou en quatre quarts. Un dessin au tableau nl ontre quelles en seraient les ,parties. Faire mar,cher le grande aiguille, l'arrêter au demi; la faire luar,cher encore et l'arrête au premier quart, à la deIl1ie-heure, au d ernier quart.

Placer les aiguilles aux heur.es indiquées: 1) une ~leure et demi, 2 heure-s ·et d 'enli, etc. 2) Faire placer les aiguiUes sur le prcruier quart ,: .2 heures et quart, 3 heures et .quart. (,Laisser J'expression « nloins le 'quart .» et la division ·en ,minutes jusqu'à ce que. les élèves, soient assez avancés ~n ,cal'culs pour les 'com­prendre.

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Cours élémentaire L'hiver, le froid, la neige EXERCICE DE LANGAGE

A. Le froid, la neige, la glace. - Uans quelle saison sommes­nous? Quelle est la saison la plus froide de l'année? Quels sont les nlois d'hiver? Conlment sont les jours? les nuits? IColunlent est le ciel quand il neige? (gris). ICOm'l1lent est Ja terre? -(blan­che). Que voyez-vous tonlber? (,des flocons de neig,e). 'Par une nuit froide et claire, qu'est-ce qui se dépose sur les -arbres? (du givre). Prenez un nlorceau de .glace dans la nlain, COlTIment 'est­il? Que fait-il bientôt? (il fond). Il a fait très ,froid cette nuit, que voit-on sur l'eau dtt' bassin? (de la glace). Une rmince coucl~e de glace est-elle résistante? Une épaisse couche :de g'lace? MalS précautions à prendre, dangers -à éviter. ILes rues de la ville ou du village après une chute de neig,e, ce qu'on fait. ILa C-a'l11pagne en hiver. 'L e grand silence. Les oiseaux (ils grelottent sur les branches) .

B. POl.l1' se protéger clu froid. - Que fait-on pour se protéger du froid? ("On s'habille chaudenlent avec de gros lainages, on porte des pardessus, des lnanteaux, :des ,pèlerines). Que fait-on pour lutter contre Ile froid? (On Inarche vite, on court, on tape des pieds, on souffle dans ses doigts, on fait du feu, nuclgré tout parfois, on grelotte, on claque des dents). Qu'arrive-t-il si l'on ne prend pas ·de 'Précautions? (On s'enrhume, on attrape la grippe, on a des engelures). 'Doit-on garder son .cache-nez en classe?

C. Les jeux d'h iv er. - Conlnlent s'anlusent les enfants quand / la terre est recouverte d e neige? (hatailles ,à coups de pelotes de neige, portraits dans la neige, bonsh01nmes de neig~ , glissades, ski) .

L'hiver est-il rigoureux tous les ans? Jusqu'à présent a-t-il lai t bien froid ? Y a -t- il déjà eu de la neige 'cette année ?

VOCABULAIRE

a) Les naIns. - L 'hiver, le froid, la neige, le lflncon , le givre, les frÏlnas, la glace, le glaçon, la gelée, le dégel, le verglas, la bise, l'onglée, les engelures.

b) Les acljectifs. - Un hiver rude, rigoureux, sec; une tenlpérature basse, glaciale; un froid vif, pénétrant, ,piquant; un vent glacial; une bise âpre; une rafale soudaine; le sol durci; la rivière gelée; un telllps gris, couvert, neigeux; le deI bas, la terre triste; des flocons légers, serrés; une couche épaisse de neige; la glace -dure et brillante; le verglas glissant; les arbres morts, dénud-és, 'dépouillés; l ,es gens' pressés, emmitouflés, frileux tran­sis, grelottants.

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c) Les verbes. - Il neige, il vente, la bise sOUiffle, nlugit, nlOrd, fouette et cingle le visage. Le froid pique, gerce, engour­dit; la glace, le ,givre scintillent; le -Rhône charrie des glaçons; le village dort; les chemins s'effacent sous la neige; on trace un chtmlin, on balaie les trottoirs, les rues, on claque des dents, on fait, on ,s,e lance des boules de neige, on 'confectionne un bonhon1.­me de neige, on souffle dans ses doigts.

d) La phrase. - Construire de petites 'P'hrases dans les ­quelles entreront les tern1.es ou expressions 'Ci-dessus.

ORTHOGRAPHE Matin d'hiver

Il était tard lorsque je ln) éveillai ... ) et -la prenlÎère chose que je vis, ce furent lnes petites vitres couvertes de givre ... ,C'·est le signe d'un grand froid , d'un froid sec et vrf qui succède là la neige; alors, toutes les rivières sont prises ) et n1.:ê.lne les fontaines; les sentiers hUlnides sont dUJ"ICis et les petites llaques d'eau sont conv:èrtes de ,cette gla'ce blanche et friable qui craque sous les pieds COln1ne des coquilles d'œufs. ErckInann....,Chatrian.

Questions. - 1. 1. Souligner les sujets des verbes. - 2. ,Ex­pliquer : les rivières sont prises, la gla'ce friable. - 3. IConjuguer s'éveiller au passé sÏilnple et au passé :COlllp'osé.

Paysage d'hiver Plus une feuille aux arbres, les 'Prés sont Inorts, gris,âtres et

tristes, la t erre est durcie par la gelée; les hetbes folles et les grands chardons desséchés sont blancs .de givre, et., dans les pe­th~ creux -où l'eau dort, la .glace est prise. En haut deq rochers, les squelettes noircis des grands châtaigniers se dressent, im.­,mobiles, sur le ciel couleur de plon1.b. Tout est endormi et repose.

Questions. - 1. Expliquer: les prés S'ont morts) Jes herbes folles, l'eau dort. - 2. Faire entrer les 11110tS soulignés dans d es phrases où ils auront un autre sens. - 3. IConjuguer dormir au passé composé.

RÉDACTION Répondre aux questions suivantes:

L' hiver. - nans ,quelles saisons Sonll11eS-nous? Quels sont les nlois d'hiver? Quel temps fait-il en hiver? AiInez -vous bien l'hiver?

Sujet traité: Une bataiHe à boules de neige.

DÉVELOPPEMENT 1. ,Hier, en s-ortant de l'école, nous avons trouvé la rue 'cou­

verte d'un épais 'l11anteau blanc. Nous Inar'chions, nous courions avec plaisir dans la neige.

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2. Tout à coup une boule de neige vint s'écraser sur la figure de Jacques. Ce fut le signal d 'une grande hataille, Divisés aussi­tôt en Ideux ca'lnps, nous nous bOllu\bardons avec ardeur.

3. Penchés sur le sol, nous mnassons dans nos nlains, d'a­bord glacées, rpuis vites brûlantes, de gl~oss·es boules de neige, que nous lançons à nos adversaires. Quel bonheur quand elles atteignent leur ,but; c'est aussitôt de grands cris de triOluphe aux­quels le calup adverse répond par d'autres cris" nous arrosant copieusement d'une volée de projectiles. Quelle aninlation!

La bataille n 'aurait jamais Icessé. Tout là coup Julien :poussa U11 cri . Son front saignait. Il avait reçu au-dessus de J'œil droit une boule de neige contenant sans doute un caillou. Qui l'avait lancée? Nous ne l'avons pas su. Heureusement ,la blessure n'-était pas grave.

4. Aussitôt nous avons cessé notre jeu. Nous SOlnmes bien vite rentrés chez nos parents, 'qui déjà étaient inquiets de notre retard.

Cours moyen et supérieur VOCABULAIRE

a) NOlns. - L 'hiver, le froid, la neige, les lnyriades de flo­cons, la glace, le givre, Je grésil, le verglas, les cristaux, le linceul , le suaire, le gel et le dégel - le gla'cier, les crevasses, l'avalanche, la toUrnlente - le pôle, Ja banquise, les icebergs.

b) Adjectifs . - Hivernal, un anÎlnal hivernant; un froid vif, piquant, cing,lant; un hiyer clélnent, inclément, rigoureux; une forme rigide, une pieiTe gélive.

c) Verbes. - Hiverner, hiberner , cingler , tourbillonner, s'a­lllOnceler, ens·evelir - cristalliser, frigodfier.

d) Expressions à expliquer. - Il gèle à pierre fendre. Il fait Un froid de loup. Un accueil glacial. :La neige des ans (les che­v,eux blancs). Oeufs à la neige.

ORTHOGRAPHE

En hiver

De gros flocons de neige tourbillonnaient contre mes vitres. Dehors régnait le silence; pas une ânle ne 'courait dans la rue, tout le Inonde avait tiré sa porte, les poules se taisaient, les chiens regardaient du fond de leurs nkhes, et, dans les buissons voisins, les pauvres verdiers, grelottant sous leurs 'plun1.es ébouriffées" je­taient ce cri plaintif de la lnisère, qui ne finit qu'au printemps.

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Questions. ~ 1. Expliquer: Ipas une â'me ne courait dans­la rue. ~ 2. Donner des adjectifs dérivés des noms suivants: neige, silence, lnisère, printemps. - 3. Quels détails du texte montrent que dehors règne le silence?

Jour de neige

L 'h.iver vint tout d'un coup.

La chute des flocons de neige con1n1ença, eU1portés d'un vol cinglant et capl'icieux, connne des lnoll'ches. 'Puis Hs tOlnbèrent si dl·U qu'on ne voyait plus les côtes, et les peupliers apparaissaient noyés dans une blancheur. Puis la tombée de la neige cessa: le deI s'éclaircit et les champs s'étendirent sous cette couche glacée.

Questions. - 1. Expliquer: vol cinglant et capricieux, si dru. _- 2. Souligner le pronÛ'ln indéfini du texte. - 3. Que veux dire: f..,'l1iver vint tout d'un coup.

COMPOSITION FRANÇAISE

A. Sujets proposés:

1. Vous êtes dans une chalnbre bien close; vous regardez par la fenêtre la neige qui con11meee à tOlmber. Dites ce que vous "oyez.

2. Les agréments et les clésagréInents de r hiver (traiter le sujet sous forme de dialogue. IPierre aÎlne l'hiver, Paul le déteste. Les faire parler)

3. Un lnatin, vous vous éveillez et courez à la fenêtre. Pen­dant la nuit, la neige est tombée en abondance et a tout recou­vert.. Dites ce que vous voyez, ce que vous pensez et ce que 'ii ous raites.

Sujet traité: Le bonhomme neige.

Vous vous êtes amusé, avec vos calJ11arades, 'là ,faire un bon­hOlllme de neige. Rappelez la scène.

DÉVELOPPEMENT

1. Aujourd'hui jeudi, il neige à gros flocons; la petite place du village est déjà couverte d'un épais lnanteau blanc. IMes ca­m,arades et moi, heureux de ce teu1ps, décidons ,de construire un bonhom.'lne ,de neige.

2. Nous voilà tous à l'œuvre: Les uns roulent des houles de neige; quelques tas ,placés ,J'un sur l'autre forment le corps de notre bonhomme; les autres vont à la recherche d'objets bizarres· c'est 'qu'il .faut penser à la tHe, aux bras, aux yeux, là la coiffure:

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.Jules hisse sur le buste une houle façonnée avec soin c'est la tête . Mais 'cela ne ressenl'ble guère à un visage. jPaul ar~'i'Ve avec deux n10l"Ceaux de charbons bien brillants, y·oilà Jes yeux n1Îs en place. Jean plante deux bâtons 'à hauteur des épaules, ce sont les bras lll·enaçants , tenant un vieux balai ·dont il ne reste guère que le lnanche. Louis ,enfonce là la place de la bouche un Inor­c.eau de rMeau auquel il Ilnanque quelques dents; il n 'oublie pas la grosse pipe en plâtre qu'il a dénichée, je ne sais où. 'Puis ILu­cien, d'un geste vif, coiffe le bonhOlnn1e d 'une -casserole trouée recueil.lie sur un tas d 'ordures; ·puis c'est le l1ez , les oreilles; quel~ ques boules bien confectionnées et bien appliquées y pourvoient. V ()j~à notre honhol1Ul1e au cOlnplet. Ce sont alors des 'cris et des trépignenlents de joie, et chacun, à son tour, vient lui tirer sa révérence.

3 . . .Mais l'esprit de destruction nous domine; le bonhO'll1ll11e né ~eu! subsi.ster. Vite, au bombardelnent! N otre provision de pro­JectIles faIle, nous nous plaçons à une -distance respectable; les boules de neige tombent dru, 111ais 'que Ide 111aladroits pour le grand plaisir des autres! ,Les blessures, peu graves au -début, vont s'a·ccentuant. Voilà une oreille qui vole, le nez disparaît ensuite, une houle bien lancée casse la pipe et fern1e la bouche ·du bon­hon1111e; une autre sur .J'œil droit, le rend borgne· enfin la tète , f ' s d ondre, en traînant ave·c elle les deux bras et le balai. A

coups de pieds, on dénlolit le reste, il n'y a bientôt plus qu'un tas de débris et nous nous quittons en criant: « Vive Phiver! Vh e la neige! »

Collection de petites poésies

~ \7o~age à la 'Iune ~

POUl' arriver jusqu'à la lune Je partirais pOUl' mon voyage Quelle grande échelle il faudrait! Vers la nuit, même un peu plus Je voudrais bien en avoir une; [tôt. Comme cela m'amuserait! Après un b eau jour ·sans nuage,

Et je serais vite là-haut.

Alors j irais visiter l'homme Qui dans la lune est en prison, Pour savoir comment il se nOffi-

[m~, Et s'il est bien dans sa maison.

L. Wuarin . .

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- 20 ..:-

~ Le hanneton ~ Hanneton qui, sur tes ailes, Nous amène le printemps, C'est toi qui sais des nouvelles Du muguet et du beau temps. Dis-nous si les prés De fleurs sont parés;

Dis-nous si les bois Ont repris leurs voix. Dis si les oiseaux' Ont des chants nouveaux, Si· le rossignol Dit: Fa, ré- mi, -sol.

IMlle Mongolfier.

~ L'enfant et l'oiseau ~ L'enfant

Petit oiseau, viens avec moi: Vois la cage si bien posée, Les fruits que j'ai cueilli.s pour

[toi; Les fleurs humides de rosée.

L'oiseau Petit enfant, je vis heureux Rester libre est ma seule envie, Mon humble nid me plait bien

- [mieux Que la cage la plus jolie.

Devoile.

~ La chanson des doigts ~ Le premier dit: J'ai grand'faim Le second: Il faut du pain. L'autre dit: Je n'en ai guère.

Le voisin dit: Comment faire? Le petit dit: Savez-vous? Il nous faut travailler tous.

Mlle H. Brès.

~ noël ~ Le ciel est noir, la terre est blan- Il tremble sur la paille fraîche,

[che, Ce cher petit enfant Jésus, Cloches, carillonnez gaiement, Et ;pour l'échauffer dans sa crè-Jésus est né la Vierge penche [che~ SUl' iui son Visage charmant. L'âne et le bœuf soufflent dessus ..

~ Image de la vie ~ .

« Où va le volume d'eau Que roule ainsi ce ruisseau ? Dit un enfant à sa mère. Sur cette rive si chère, D'où nous le voyons partir, Le verrons-nous revenir?

- Non, mon fils, loin de sa sour-. [ce~

Ce ruisseau fuit pour toujours! Et cette onde, dans sa course, Est l'image de nos jours.»

Mme Tastu.

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~ Le singe et la noix . ~ Un singe autrefois Trouvant une noix Encore recouverte De l'écorce verte, Et l'en dépouillant Très patiemment, Dit: « Qu'elle est amère! Mais consolons-nous, Le fruit qu'elle enser1'e

En sera plus doux.» Jeunesse volage Méditez ceci: ' L'étude, a votre âge, Est amère aussi: Mais prenez courage, Et dans peu de temps Vous direz, je gage: « Ses fruits sont charmants!»

Y. Van Holledeke.

Analyse littéraire

Le Rossignol, le Coucou et l'Ane

Un jour, au fond d'une forêt, n s'éleva une contestation sur le chant entre le rossignol et le coucou. Chacun prise son talent: « Quel oiseau, disait le coucou, a le ,chant aussi facile, aussi si'mple, aussr naturel et aussi mesuré que moi? »

- Quel oiseau, disait le rossignol, l'a plus doux, plus varié, plus éclatant, plus léger, plus touchant que moi?»

Le coucou: « Je dis 'peu de choses; nlais elles ont du !poids, de · l'or dre, et on les retient.»

Le rossignol: « J'aime ,à parler, mais je suis toujours nouveau, et je ne fatigue jamais. J 'enchante les forêts; le coucou les attriste. 11 est tellement atta-ché à la leçon de sa mère qu'il n'oserait hasar­der un ton qu'il n'a point -pris d'elle. Moi, je pe cOJ;mais point de maître. Je me joue des règles. C'est surtout lorsque je les enfreint qu'on m'admire. Quelle comparaison de sa fastidieuse méthode avec : mes h eureux écarts! »

Le coucou essaya plusieurs fois d'interrompre le rossignol. Mais­les rossignols chantent toujours et n'écoutent point; ,c'est un peu leur défaut. Le nôtre, entraîné par ·ses idées, les suivait avec r wpidité sans . se soucier des réponses de son rival.

Cependant, après quelques dits et contredits, ils convinrent de ­s'en rapporter' au jugement d'un tiers animal.

'Mais où trouver ce tiers également instruit et im-partial qui les jugeât? Ce n'est pas -sans 'peine qu'on trouve un bon juge. Ils vont en cher-chant partout. -

Ils traversèrent une prairie, lorsqu'ils y aperçurent un âne .des . plus graves et des plus solennels. Depuis la création de l'espèce,

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'aucun n avait porté d'aussi longues oreilles. - Ah! fit le coucou en le voyant, nous S0111n1.BS trop heureux, notre' querelle est une affaire d'oreilles; voilà notre juge; Dieu le fit pour nous tout expi'ès.

L'âne broutait. Il n'imagini1it guère qu'un jour il ' jugerait la lYmsique. Nos deux oiseaux s'abattent devant lui, le complimentent 'sur sa gravité et sur son jugement, lui exposent le sujet de leur dispute et le supplient très humhlement de les ent811dre et de décider.

Mais l'âne, détournant à peine sa lourde t'ête et n'en perdant l)as un coup de dent, leur fait signe de ses oreilles qu'il a faim et qu'il ne tient pas aujourd'hui son lit de justice. Les oiseaux insis­tent ; l'âne continue à brouter. En broutant, son appéÙt s'apaisa. Il y avait quelques arbres plantés sur la lisière du pré. Eh bien! leur elit-il, allez là; je m'y rendrai; vous ,chanterez, je dirigerai, je vous écouterai et puis je vous en dirai mon avis, »

Les oiseaux vont à tire d'aile et se perchent; l'âne les suit de l'air et du pas -d 'un président à mortier qui traverse les salles du palais. Il arrive, il s 'étend à terre et dit: « Commencez', la cour vous écoute.» C'est lui qui étàit toute la cour.

Le coucou dit: « Monseigneur, il n'y a pas un mot à perdre de mes raisons; saisissez bien le caractère de mon chant, et surtout daignez en observer l'artifice et la méthode.» Puis, se l'engorgeant et battant à chaque fois des ailes, il chanta: « Coucou, coucouroucou, coucou». Et après avoir combiné cela de toutes les manières ' pos­sibles, il se tut.

Le rossignol, sans préambule, déploie sa voix, s'élance dans les modulations les plus hardies, suit les chants les plus neufs et les plus recherchés; ce sont des cadences ou des tenues à perte d'haleine j

tantôt on entendait les sons descendre et murmurer au fond de sa gorge comme l'onde du ruisseau qui se per-d sourdement entre des cailloux, tantôt on les entendait s'élever, se renfler peu à peu, rem­plir l'étendue des airs et y demeurer comme suspendus. Il était successivement doux, léger, brillant, pathétique et quelque caractèl'e qu'il 'prit, il peignait; mais son chant n'était pas fait pour tout le monde.

Emporté pal' son enthousiasme, il chanterait encore; mais l'âne, qui avait déjà bâillé plusieurs fois, l'arrêta et lui dit: « Je me doute que tout ce que vous avez chanté là. est fort beau, mais ' je n'y entends rien; cela me paraît bizarre, ;brouillé, décousu. Vous êtes peut-être plus savant que votre rival, mais il est plus méthodique que vous, ·et je suis, moi, pour la méthode. » Did~rot.

Vocabulaire. - Il est d'usage courant; cependant certains mots rié'cessitent une explication.

L'adjectif fastidieux ne doit pas être confondu avec fastueux. FastidieuJi: vient du latin: fastidium, ennui; fastueux de fa.stum, la magnificence.

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Quelques remarques à propos du président à mortier s'impo­sent: Le mortier était l'emblème de la puissance souveraine; les seigneurs hauts-justiciers le mettaient au-dessus de leurs arn10iries, et les barons l'y ont conservé, muni de filets de perles. Les prési­dents des parlements portaient également le mortier, ainsi que les chanceliers. Ceux-ci avaient le mortier de toile d'or avec le bord et le rebras en hermine; les premiers président l'avaient de velours· noir, cerclé de deux larges galons d'or; les autres, dits président à mortier, le portaient avec un seul galon étroit. Ces mortiers sm'mon­taient les armoiries des magistrats. Aujourd'hui, (en France) le mor­tier, légèrement modifié, est porté par les magistrats de la Cour des COlnptes et ·de la Cour de Cassation.

Genre! traité. - Le morceau en question rentre dans le Genre fable ou apologue j seulement, il ne forme pas un tout isolé, puis­qu'il est extrait d'une lettre à laquelle il prête de la variété et de l'agrément.

Prélimin.aires historiques. - Au XVIIIe, dans les Salons, les discussions d'ordre esthétique étaient fort à la mode. Diderot, au moment où il écrit cette lettre à sa correspondante, Mlle Volland, venait d'assister 'a une de ces discussions; il ne nous dit cepen­dant pas exactement quelle part il y prend). La conversation avait eu pour objet la question que voici: Que faut-il admirer le plus: le' génie ou la méthode? Deux philosophes discutaient surtout: Leroy qui était partisan de la méthode, et Grimm (le philosophe -cl'origine allemande, mais qui passa presque toute sa vie à Paris) optait pour le génie. D'après Grimm, la méthode n'est que la pédanterie des lettres. Ceux qui ne savent qu'arranger feraient aussi bien .de rester en repos. D'après Leroy, sans méthode on ne profite de rien. Sur­vient alors l'a'bbé Galiani, un des plus spirituels ,causeurs du XVIIIe siècle; il imagine de conter un apologue pour clore le débat; c'est celui du Rossignol et du Coucou jugés par l'âne.

Synthèse. - Un jour le coucou et le rossignol ont une contes­tation au sujet de la valeur respective de leur chant. Comme ils ne parviennent pas à se mettre d'accord, ils décident d'en référer à un juge. Ils voient à quelque distance un âne qui broute; le coucou se propose de le 'prendre pour arbitre de leur petite querelle. L'âne ayant terminé son repas, accepte ce rôle de juge. Il écoute donc les chants des deux rivaux, et finalement se prononce en faveur du coucou.

Morale. -- Toute fable a une morale. Quelle est donc la conclu­sion qui se dégage de celle-ci? Le chant du coucou doit-il être re­g'ardé comme supérieUl~ à celui du rossignol? Et par voie de consé­C[11enc2 la méthode doit -elle être plus admirée que le génie ? ... Non,

. car le juge qui prononce ce verdict est ... une âne; celui qui se déclare de son avis mérite donc le même qualificatif. C'est le génie qui est supérieur, et de loin, à la méthode. Il suffit 'pour cela de connaître

Page 14: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

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Thistoire et de remarquer partout l'hommage d'enthousiasll1.e rendu au génie, alors que la ll1.éthode est simplement estimée, non pas ad­mirée. D'ailleurs il est assez arbitraire de prétendre dresser une

,cloison étanche entre le génie qui crée et la méthode qui dispose et ordonne. Plus d'une fois les deux se trouvet combinés che7, le même homme. N'avons-nous pas l 'exemple ·du grand Bossuet? Le cé­lèbre orateur-philosophe ne fut-il pas aussi haibile à créer qu'à dis­poser méthodiquemet les éléments de sa création? Voyez ses Orai­sons funèbres.

Personnages. - Le coucou est un de nos chantres les plus agréa­bles; il est regardé comme le prophète du printemps; c'est pourquoi nous aill1.ons à l'entendre. Sa voix nous est sympathique. On ne peut méconnaître cependant ceci. S'il fallait l'écouter pendant des heures sans discontinuer, son chant provoqueraIt chez l'auditeur une sen­sation de monotonie et -de lassitude, attendu qu'il n'y a chez lui au­cune variété. Sans doute le coucou se prévaut-il ici -de la sympathie dont il se sait généralement l'objet .de la part des hommes; cle là le prix qu'il attache lui-même à son chant. Il y a une certaine pré­somption à vouloir se comparer au rossignol. Notons aussi que c'est lui qui pro,pose de choisir l'âne COmllle juge. La longueur des oreilles de cet animal lui semble (est-il sincère ou parle-t-il d'après un cal­cul?) une garantie de sa compétence puisque l'affaire dont il s'agit est une affaire d'oreilles.

Le rossignol est le chantre par excellence. Fier de son mérite artistique, il veut faire reconnaître son talent et le faire proclamer par un juge. On comprend ce sentiment, il se justifie jusqu'à un cer­tain point. Cependant le rossignol met, semble-t-il, trop d'insistance à se faire valoir; dans la discussion qu'il soutient avec son rival, il ne laisse ' même pas à celui-ci le temps de répondre ni de pré­senter des arguments, ce qui est incontestablement un défaut assez grave.

L'âne est le tylpe -de l'hOllnm(, -positif ou, si l'on veut, du philis­tin terre à terre qui n'a pas l'idée de ce que c'est que l'art, et qui con­sidère la musique comme un vain délassement, sans portée sérieuse. Beaucoup de parvenus pourraient ici retrouver leur portrait. Après un bon repas, se disent ces gens, il est agréable d'8ntendre un 'peu de musique; cela facilite la digestion. En personnage pratique, l'âne place la satisfaction des besoins matériels ou .physiques plus hfl:ut que tout le reste. On ne peut cependant dire qu'il s'exagère à lui-m~me ses capacités; il reconnaît sans peine que certaines choses échappent ft son intellect.

Style du Morceau. - Diderot est doué d'une étonante facilité; c'est même là un de ses traits ,caractéristiques. Il écrit avec une grande aisance. Son style est simple, naturel; mais par suite :ulême de sa facilité, il est déparé par des négligences. Le morceau que nous étu-

. dions offre certaines répétitions plus ou moins Ghoquantes. Exemples:

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Mais où trouver ce tiers également instruit? Ce n'est pas sans peine' qu'on trouve un bon juge.

On rencontre aussi des phrases trop uniformément disposées. Exemple: Ils vont en cherchant un partout. Ils traversaient une prai­rie.

Cependant il y a des comparaisons qui ne· manquent ni de jus­tesse ni d'originalité. Exemple: Tantôt on entendait les sons des­cendre et murmurer au fond de sa gorge comme l'onde du ruisseau qui se perd sourdement entre les cailloux, tantôt on les tentend s'éle­ver, se renfler peu à peu, remplir l'étendue des airs et y demeurer comme suspendus.

Re.marquons aussi l'antithèse entre .l'enthousiasnle du rossignol et la sensation d'ennui de l'âne qui ne -peut s'C'm1pêcher de bâiller en l'écoutant.

Le morceau est émaillé de traits d'esprit qui lui donnent un charme particulier. Exemples: Un ane des plus graves et des plus solennels. Depuis la ·création de l'espèce aucun n'avait porté d'aussi longues oreilles. Dieu le fit pour nous tout exprès. L'âne leur fait signe qu'il a faim et qu'il ne tient pas aujourd'hui son lit de just~ce. Ceci est une allusion spirituelle au dais où siégeait le roi de France quand il tenait une séace solennelle au Parlement. Remarquons aussi le passage: Il arrive, il s'étend à terre et dit: « Commencez, la cour ' vous écoute.» En ce moment, Diderot accorde peut-être un peu trop d'esprit à son âne!

L'analyse terminée, on passe à la lecture expressive. H. G ..

~c.l'

~.(J): @.;

01=============================0 NOS PAGES

COURRIER DES INSTITUTRICES

0===========================0

~ ~

SOMMAIRE: Aube nouvelle. - Comprendre l'enfance. Pensées.

Nos mejlleurs vœuf{ pour la nouvelle année!

~ flube nouvelle ~ Au livre de la vie une page nouvelle 'F a s'ajouter encore à bien d'autres feuillets; Mais nos ,cœurs gardeJ'ont des jours ensoleillés De l'année expirante une image fidèle .

, \

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Nos heureux souvenirs voltigent pal' Inilliers, Et ces papillons d'or font un si giand bruit d'aile, 'Que les papillons noirs, ô douleur éternelle, Passent inaperçus et bien vite oubliés!

Haut les cœurs, espérez, voUs qu'un chagrin déchire! Dieu vous consolera, ICl terre va sourire, Déjà. dans les sillons tressaille Messidor!

Courage! L'ouragan fait cabrer le navire; Il lutte: il est vainqueur, et quand l'orage expire Il glisse, plus hautain, SUl' les flots crêtés d'or!

C. J. A.

Comprendre l'enfance Je viens de passer quelques heures, ·en invité, dans une fa­

luille amie, ménage heureux que peuplent quatre frais balnbins : dix, huit, six et quatre ans.

Com.me je suis un a'llli de vieille date (on ne se gêne pas ave<..; ses amis) et que j'ai la réputation d 'aimer beaucoup les en­fants, on n'a donc rien lnodifié au train quotidien de la maison, et les enfants ont cüntinué d 'être mêlés, durant toute Ina visite, fi la vie familiale.

De vrai, j'en ai fait nlon conlplÏInent aux parents. Mais, grand Dieu, quel enfer! Quel tohu-bohu, où se croisent les 'cris de joie et d i'mpa­

tiCllCC, les .pleurs et les éclats de rire, les nlena·ces et les plaintes! Quel tintan1arre! Quel brouhaha perpétuel !

C'est à en devenir fou! p.ourtant, ces quatre nlioches , à ce qu'il ln'a semblé, n 'ont

Tien de désagréable. Ce ne sont ,point, C0'l11lme le redit si souvent leur injuste et

imprudente malnan, « quatre diables tels qu'on n'en a jamais 'vu » !

Au contraire, ils ont tous les ,charmes de l'enlfance. IMais ils ont :le tort, l'unique tort, aux yeux de leurs parents

. aveugles (si l'on veut bien llle permettre .cette eXlpression hardie), ils ont le tort d"être de leur âge.

Ils ont dix, huit, six et quatre ans ) ·et les parents l'ignorent. Ou du 'moins ils agissent 'comn~e s'ils l'ignoraient. Ces Iuioches s·ont rel~luants, ~t après dnq luinutes d'iÏ1-i.'l110bi-

1ité et de ~il~nce, .Jeu l' . petite langue leur ,démange; ils sentent ~des picotenients insupportahles dans les mollets; ils parlent, ils

- 27-

babillent, ils relnuent sans pr,endre garde à la conversation COlU­Inune, qu 'ils ne suivent d'ail.leurs pas (elle les intéresse si peu) ;. ils se lèvent et con1mencent un jeu au cours duquel h~s chaises renver sées deviennent tour à tour des autos , des ,canons, des tran­chées, des wagons.

T rois ou quatre fois déJà, Ol'dr·e leur a été donné d'avoir « à se tenir tranquilles ' »,

NIais cet ordre jeté presque inconsdelll1nent par la ma­luan, en 1J11anière de parenthèse, ils ne l'ont .pas entendu, et voici qu'éclate une voix ér·aillée, tant elle est courroucée :

- ~irais, insupportables gosses, demeurerez-vous tranquilles! Il y a dix -fois que je vous cO:lnmande de cesser vos cris et vos' jeux!

Un petit frisson d 'effroi les fait trel11'bler : c'est dur d ''être ainsi violemlllent arra'ché ù un jeu où s'exerce joyeus€!m~nt 'cette faculté d 'inlagination et, en un sens, d 'abstradion, si puissante' chez les ,enfants!

Et ,le courroux nlaternel, 111011 Dieu, n 'est point un spedade qui puisse .co.nsoler .de l'illusion brusquen1ent envolée!

Ced n~ pe~t que faire regretter Iplusencore cela.

Le calme renaît donc à l'instant, ,et voilà les en:fants q·ui · r e .. forment le 'cercle de faluille.

La 'Conversation des grands ou leurs occupations repren­nent sans q'u'on songe davantage :l. s'occuper des petits.

Deux nlinutes après, l'un des petiots, poussé par le ill'ê,me b e­soin d'activité, reCOlll'menCe à s 'agÙer.

Son exenlple devient contagieux, et .J'instant d 'après les qua­tre nlioches sont, sans qu'on sache comment, tout à un nouveau jeu, évidemment non prévu au manuel du bon tQn en société.

Et la l11arnan, incons'CÏenlment aussi. r eprend ses défenses dj,str~}tes". que les ,enfants n'entendent point, jusqu'au moment ou 1. enerven1ent 111aterne1. explose en... -_. pardon. ,'Madame -en vodférations époll'monnées, fleuries, hélas! d'injures parfois très m·alsonnantes.

~t le silence se fait encore ... pour q.eux minutes . Ah! chère Madame et alnie, pourquoi n'ai~je pas ' pas ~u

·le .courage de vous :montrer votre tort? . . Je vous ' aurais dit, avec le plus grand ménagemel,lt: «Vos enfants sont des enfants. » _

Efforcez,-vous donc de les comprendre! , L'immobilité et le silence ·leur. spnt insupport.ahles~ ne les y

forcez pas , ils en sont naturellelnent incapa'bles. .

Page 16: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

- 28-

Ne les rendez pas désobéissants en leur donnant des ordres 'contraires aux ordres plus impérieux, aux ordres inéluctables ' de 'leur nature infantile.

,Ces ordres vous les prononcez sans doute, n'lais vos en­fants ne les e~tendent pas et leur distraction est tout involon­taire. par conséquent non coupable.

Voulez-vous -qu'ils ne vous incommodent pas? Occupez-leSi.

Donnez à leur besoin d'activité un aliment convenable.

C'est une sottise de dire à 'lin -enfant et de lui répéter: « 'Mais tiens-toi donc tranquille! » si on ne lui ,permet pas de s'oc­cuper à quelque chose qui l'intéresse.

Cherchez des jeux,' des oQcupations qui cadrent avec l'âge de vous enfants et offrez-leur ces jeux au 'lTIOment où vous vou-1ez être tranquille.

Ne tentez pas -de refr-ener l'activité des petits, vous n 'y par­viendrez pas sans dommage pour leur santé.

Que 'Votre rôle soit plus actif: défendez moins, n'lais com­Inandez ave'c art.

Canalisez et orientez cette activité incompressible.

.oui. voilà ce que j'aurais pu dire, moins brusquement, sans doute.

,Mais lâchenlent je ne l'ai point dit et je n'l'en suis allé en plaignant leurs enfants.

Et je me suis surpris sur le chemin à fredonner la parodie de la romance célèbre: Les enfants) de 'Massenet:

Ingrats, querelleurs et gourmands; . Bavards, menteurs et volontaires, Ils font que les meilleurs parents Voudra.ient se voir célibataires!

JACQUES HERBÉ'.

+t~ Pensées ~ - l.a vi,) est comme un chemin bordé de fleurs, d'arbres et de

'buissons, d'herbes, de mille choses qui fixeraient sans fin l'œil du voyageur; mais il passe. Oh ! oui, passons ' sans trop nous en occuper à ce qu'on voit sur la terre, où tout se flétrit et meurt. Regardons en. haut, fixons, les cieux, les étoiles, passons de là aux cieux ' qui ne passeront pas. Eugène de Guérin.

- Aimons la volonté de Dieu dans toute son étendue, sans au­'cune exception. Acceptons tout ce qu'elle nous apporte avec la pel'-

--:-,29 -

suasi:n invincible que Dieu nous aime souverainement et qu'il veut tout pour notre plus grand bien. Abbé Perreyve.

Marcher dans la voie de Dieu, lui appartenir, être ce qu'il a voulu que nous fussions et nous perdre en lui un jour, voilà nos ~euls vreux raisonnables. Mme Swetchine.

DIVERS

Du choix d •• morceaux à faire étudier par cœur aux enfants

« Allons tout droit et sans hésiter à la belle littérature », disait Louis Barthou dans un de ses discours à l'Académie française.

« Tous les beaux-arts, toutes les ,formes supérieures de la beauté ~ littérature, peinture, sculpture, musique - sont solidaires les unes des autres, qu'elles se prêtent un mutuel concours qu'elles sont des sources d'inspiration réciproque, et ,que, finalement, elles se fondent en une magnifique synthèse pour nourrir les âmes et les élever vers l'idéal?

Et voilà bien pourquoi il est nécessaire que, dès l'âge le plus ten­cire, les enfants soient mis en présence de la beauté, sous tous les as­pects. Elle leur est accessible bien plus tôt qu'on ne le suppose géné­ralement. Sans doute, sous son aspect intellectuel, elle ne peut s'im­poser complètement à eux avant un âge a:ssez avancé; mais au point de vue sentiment, c'est autre chose. Elle les séduit et les charme im­médiatement. Et c'est là l'essentiel. Le reste viendra à son heui·e. Et faudrait-il toute une vie pour saisir à fond toutes les nuances de la pensée de nos grands génies nationaux, qu'il n'y aurait pas lieu de s'en plaindre.

C'est pourquoi il faut renoncer délibérément, même' dans les cours inférieurs de l'école primaire, à faire lire, apprendre par cœur et réci­ter des morceaux enfantins, qui, sous prétexte de sünplicité et de clarté, ne présentent aux élèves que d'insignifiantes niaiseries sans aucun profit pour l'esprit et pour le cœur.» ,

Ajoutons dans le même genre d'idées: que c'est une erreur de croire qu'il faut, -dans un conte pour enfants, un vocabulaire « rape­fissé» dont tous les mots soient familiers aux petits. Non, emljloyons sans crainte même expression littéraire qui parlera a l'inlagina tion ét ajoutera au mystère.

Page 17: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

- '30 -·

Une croix bien placée 7 ..•

Le « Journal officiel» nous a appris dernièrement que sur la pro­position de M. le Ministre de l'Education Nationale, M. Marcel Allain, feuilletoniste (auteur de « Fantomas »), a été nommé Chevalier de la

Légion d'Honneur. D'autre part, on lisait clans les journaux du 12 janvier 1933: « La

fllarq uise de Nedde est a demi assOlTnnée clans son appartement, par .son petit neveu ... Après de calmes dénégations, l'enfant ,qui a quinz.'e ans et demi, s avou e coupable ... Voilà, dit-il, j'avais lu « Fantomas »,

j'ai voulu en faire autant pour voir. » L'aüteur de ({ Fantomas» aurait mérité autre chose qu'une déco-

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Page 18: L'Ecole primaire, 15 janvier 1935

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