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Supplément du JVo S de ,,f &cole'' (1922) Pour la Toussaint Chères âmes que Dieu a unies à nous par des Li(!ns de famille et qui avez été :re- çues dans ·la demeure des saints, ne JtOU·S cutbliez pas! Du haut du Ciel, vous s,i heureuses, vous nous voyez au mi.H'eu des luttes de cette vie; vous êtes témoins de nos péril& et de nos épreuves. Priez .pour nous, vous toutes que nous aimons nous nombreuses auprès de Dieu. Gardez notre place au mi'lieu de car un .jour avec vous nous voulons contempler JéSills et Ma- rie· nous vo·ulons vous contempler aussi, nous n'avons point connues et qui êtes les âmes de nos ancêfires. En songeant a'UJjiOurd'hui à nos .proches qUJi souffrent au p; urgatoire, rme contenterai- je de dire: «Void la chambre de ina grand' mère voiici Je domaJine de mon aïeul! » Non, mon 'Dieu, fa!jouterrui: c Voici l'église i'ls ont prié et 'OÙ à mon tounje veux prier aus- si.» Ma.is ont-ils tous bien p!iié, mes grands· parents? N'ont-ils pas encore à satisfaire à cette !jus filee de 'Dieu, veut q.u'en ce monde ou en l'a.u1lre nous a·cquittions nos dettes? 0 de mon Dieu, 1je vous a-ppelle sur ceux qui furent mes ancêtres:! Laissez tomber sur eux un ·regard de pitié .. . Si l'un d'eux souffre encore dans le 'lieu d'expiation, allégez sa peine, Seigneur, ou plutôt mettez-y un terme. Ouv· rez-IIUJi OEe Ciel; acoeeillez-y cette âme pour qui montent vers vous mes voeux et mes prières. -··· Mois des morts en .consacrant le m·ois de Novembre .au souv· enilr de nos , oher.s dé- funts, s'est JPr.oposé un double but: norttJs r.ap:peler la pensée d'es membres ' de no- tre 'famille ·et des. amis que nous avons 'Per.cf:us et nous avertk en mêm·e temJYS de n!Otre mort proldhlaline. AUJ milieu des préoooupations du monde, des affaires et des .plaisirs, on oU!blie vite ceux •qui ont d!ispa.ru, •q,uand leUir . priésence . n'est ,plus l'à vour .rani- mer 'lellJf souvenir. Si l'on excepte .quel- ques mères désolées ·qui, à l'exem,iple de Rachel. ne peuvent ;retrouver leur j-oie, pavee ·que · ceuoc ont aimés ne sont plus, on ,percJJ vite la pensée des amis et .des !proches. 0111 habite la mai- , son q.u'ils ont hâtie; on s'assied à leur p-lace; on jouit des ·champs .qu'ils ont cultivés; on porte leur nom; au [pied de leur · co.udhe on .a promis, en pleurant, de se souvetür. et de prier. 1 Mais, bientôt, le temps a :fait un pas, ' ô du ·coeur !humain! et l'·oubli 1 est · venu... IHeutfeusement. Pf:iglise n'oublie pas; eUe es.t mère. 1 En ce mois en partiiculier. elle à tous ses enfants d'rci ... bas ses ;plus toucll.antes supplications en faveur des âm· es 1 qui ne sont plus. 'Elle évoque poutf ainsi di- 1 re ses ·chers défunts, et leur met dans la booahe d'e dowces plaiflltes. « Ayez ' pitié de moi, ayez die moi, vous 1 au moins ·qui m'avez atmê. » 1 L'EgHse en metne temipiS nous rap- pelle une g'rande Vléritié: l'instJa: biHté de notre vie. EUe no,us prend en sorte I Pél!f la main et nous ·conduit dans le vaste tant d'es- pérances évanouies. 'Elle noos age- , nouiller au: pied d'une t-omlbe, et noo.ts diu 1ces ml()its: <11 Au:jour- ·c'est moi ; d0011ai'n, ce sera toi. {H odie mihi, oras tiiJt). C'·est la leçon dies mo-rts. - ·oema'in! demain! ce sera notre tour. . Noilre tra- · ce aussi ;Sera effacée, et noUts descen· dirons dans la te11re de l'· oulbH. Car la vie ·est une infidele 1qui êch!a;ppe au mo- .ment l'on ICOimJpte le .plus st1Jt1 eUe; et elle emporte en tout ce . qu•i s'appelle sur la ter.re g-J.oire. neur, distinctions., rridhesses. Elle lat·sse l'hom: me seul ... 'devant l Dieu.. seul avec ses . oeu'Vires.? • . • Souvenons-nous

L'Ecole primaire, 1922, annexe

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vant nous en .rangs de quatre, le défilé du.re­ra:i t .six ans et demi!

Pour convertill" cette multitude d'infidèlest FEglitSe ca·tholique dispose d rune armée de 15,630 prêtres missionnaires.

A côié de 5630 prêtres indigènes, ·i:l y a près de 10.000 missionnaires odginaires de pays civÏilisés. Ils sont assistés par environ ·26.000 Frères et Sœurs missionnaires (5300 Frères et 20,850 .religieuses) parmi lesquelles un trèis grand nombre d'inldi.gènes.

Cela donne une moyenne de 1 prêke mis­siiOnnaire poUJr 65.000 païens, dis.persés sur une Slllrperifi'cie de plus·ieull"s centaines de kilo· mètres carrés.

[a inoi·~son est donc lbien grande; elle es·t irmmense.

S'it y ava-i1t d'ix faits autant de prêtres, H n'y en Jaurait encore qu'un seu1 pour 7,000 païens·.

Voilà 1~ <pr<>.olème! Quelle attitude prenons-nous en 'îace de

lui? L'attitude de la «pitié». Une compassion

immense saisit l'âme du chrétien fervent qui réfléchit sur cette sta~istique, la compassàon de l'homme ritehe, & fi'IS de famille, qui voit, qui toU!che, qui sent :la misère, veut la sou· lager ,et ne sait par où commencer, tant elle Jui appruraît grande!

Ef enfin l'att:Hukle que nous adoptons Qlf­

dinairement, « l'insouciance », « l'indifférence,» le fmen'fou.tiSIJ11e. «Tiens, tiens, ils sont tant que ·ce1a qud n'ont pa•s la foi! Je ne :l'aurais pas cru. Dommage! A<h! bah! Le Bon Dieu au·ra des miséricordes spéciales pour ces mal­hewreux. Et pui1s s'en pol'ltent.:.ils plus mal? Une responsahili~é de moins su!r leu,rs épau­les: faut-il 'les plain'dre? » Et -chacun retourne à ses affai.res, à ses passions, à ses bagate·t­Ies, ·sans plus s'apitoyer sur cette cécité ·ntO·

:raie des cinq sixièmes de l'humanité vivante.

LA -BENEDICTION DES POISSONS

Chaque année, l'église de St-Mia;gnws le Martyr, à 'BiHingsgate-Londres, est le rthéâtre d'une curieuse cérémonie qui rappelle beau-

coup la Bretagne. On y célèbre en ·effet un service r.eligieux c;,ui n'e:st autre que la bé­nédiction des pois·sons. fl y accou~rt une fou­le de .pêcheurs qui viennent reme11cier l'Eter­nel de la belle moi.SlSon qu'i1ls onif: faite en mer. L'autel est ·couvert de poissons de tou­te sorte: anguilles, ha~reng.s, S'aJUJ110ns, sardi­nes, m'aquereaux, soles, . raies, de homa!l"ds ct d'huîtres aussi.

Une fois fe service terminé, tous ces pois­sons, que Ies pêCheurs ont eux-mêmes appor­tés, sont donné'st ~ 'Uill: hôpital v01isin nù ils font le •régal des ma1ades.

~ UN TEL;ES'COPE OEANT

J usqu~à présent le plus grand télescope du monde était celui de l'observatoire du Mq,nt \Vilson, en Oalifomie; cet appareil a pour réflecteur un miroir de 2 m. 54 de diamètre. Ensuite, venait celui de l'observatoire cana­dien à Victoria avec un mi.roir de 1 m. 83 de diamèt.re. Mais le Canada va détenir le record, car le nouvel observat~ . .'ire que Fon construit actuellement sur la côte du Pa:cifi­que, sera doté d~un télescope d'une longueur de 15 m. 25, avec un mi·roir de 3 m. 05 de d~amètre. Le transport et l'instal1a ti on de cet apparei-l coûteront un million et denli de fr., somme qui a été donnée par ·M. Frye, fon­dateur de cet observatoire qui portera s0n nom. On s'occupera sur~out de photogra­phie céleste, et le public au.ra toutes facilités' pour visiter l'observatoire où des experts en la matière feront régulièrement des cours de vulgarisati'(!)n.

ILe lbo!Il Qure d' h.S reçut Ull jour une let­tre où on le traitait de sœllér.a.t et une autre où on l'~ait Saint. U sourit: Voyez, dit­il comme i[ f3Jtli se fier à l'estime des hom­n;es! Une 'leftre, œ matin, me chargeait d'in­ljures; une autre, ce soir·, m'aœaiblait de corn· p'liments. Ni ce1~e de ce matin ne m'a rendu plus maUivais, ni celJJle de ce soir ne me ren­ma meiŒŒewr. . . . « Que c'est peu de dhose que le jugement des hommes! »

Supplément du JVo S de ,,f &cole'' (1922)

Pour la Toussaint

Chères âmes que Dieu a unies à nous par des Li(!ns de famille et qui avez été d'é~â :re­çues dans ·la demeure des saints, ne JtOU·S

cutbliez pas! Du haut du Ciel, où vous ~tes s,i heureuses, vous nous voyez au mi.H'eu des luttes de cette vie; vous êtes témoins de nos péril& et de nos épreuves. Priez .pour nous, vous toutes que nous aimons :à nous fi~rer nombreuses auprès de Dieu. Gardez notre place au mi'lieu de vous~ car un .jour avec vous nous voulons contempler JéSills et Ma­rie· nous vo·ulons vous contempler aussi, vo~s q~e nous n'avons point connues et qui êtes les âmes de nos ancêfires.

En songeant a'UJjiOurd'hui à nos .proches qUJi souffrent au p ;urgatoire, rme contenterai­je de dire: «Void la chambre de ina grand' mère voiici Je domaJine de mon aïeul! » Non, mon 'Dieu, fa!jouterrui: c Voici l'église où i'ls ont prié et 'OÙ à mon tounje veux prier aus­si.» Ma.is ont-ils tous bien p!iié, mes grands· parents? N'ont-ils pas encore à satisfaire à cette !jus filee de 'Dieu, qui~ veut q.u'en ce monde ou en l'a.u1lre nous a·cquittions nos dettes? 0 miséricot~de de mon Dieu, 1je vous a-ppelle sur ceux qui furent mes ancêtres:! Laissez tomber sur eux un ·regard de pitié ... Si l'un d'eux souffre encore dans le 'lieu d'expiation, allégez sa peine, Seigneur, ou plutôt mettez-y un terme. Ouv·rez-IIUJi Œe Ciel; acœeillez-y cette âme pour qui montent vers vous mes vœux et mes prières. :~:t.t

-··· Mois des morts

L~Egli'Se, en .consacrant le m·ois de Novembre .au souv·enilr de nos ,oher.s dé­funts, s'est JPr.oposé un double but: norttJs r.ap:peler la pensée d'es membres 'de no­tre 'famille ·et des. amis que nous avons 'Per.cf:us et nous avertk en mêm·e temJYS de n!Otre mort proldhlaline.

AUJ milieu des préoooupations du

monde, des affaires et des .plaisirs, on oU!blie vite ceux •qui ont d!ispa.ru, •q,uand leUir .priésence . n'est ,plus l'à vour .rani­mer 'lellJf souvenir. Si l'on excepte .quel­ques mères désolées ·qui, à l'exem,iple de Rachel. ne peuvent ;retrouver leur j-oie, pavee ·que ·ceuoc ~qu'elles ont aimés ne sont plus, on ,percJJ vite la pensée des amis et .des !proches. 0111 habite la mai-

, son q.u'ils ont hâtie; on s'assied à leur p-lace; on jouit des ·champs .qu'ils ont cultivés; on porte leur nom; au [pied de leur ·co.udhe ~f.unèJhre on .a promis, en pleurant, de se souvetür. et de prier.

1 Mais, bientôt, le temps a :fait un pas,

' ô h~g·èreté du ·cœur !humain! et l'·oubli 1 est ·venu... IHeutfeusement. Pf:iglise n'oublie pas; eUe es.t mère. 1En ce mois en partiiculier. elle ~adresse à tous ses enfants d'rci ... bas ses ;plus toucll.antes supplications en faveur des âm·es 1qui ne sont plus. 'Elle évoque poutf ainsi di-

1 re ses ·chers défunts, et leur met dans la booahe d'e dowces plaiflltes. « Ayez

' pitié de moi, ayez ~Pitié die moi, vous 1 au moins ·qui m'avez atmê. » 1 L'EgHse en metne temipiS nous rap-pelle une g'rande Vléritié: l'instJa:biHté de notre vie. EUe no,us prend en ·quel~gue sorte IPél!f la main et nous ·conduit dans le vaste ~champ où ~reposent tant d'es­pérances évanouies. 'Elle noos îai~t age-

, nouiller au: pied d'une t-omlbe, et noo.ts mon~re diu dlo~:gt 1ces ml()its: <11 Au:jour­d':hui~, ·c'est moi ; d0011ai'n, ce sera toi. { H odie mihi, oras tiiJt).

C'·est la leçon dies mo-rts. - ·oema'in! demain! ce sera notre tour . . Noilre tra­·ce aussi ;Sera effacée, et noUts descen· dirons dans la te11re de l'·oulbH. Car la vie ·est une infidele 1qui êch!a;ppe au mo­.ment où l'on ICOimJpte le .plus st1Jt1 eUe; et elle emporte en dli~ar.aisSiani: tout ce .qu•i s'appelle sur la ter.re g-J.oire. ~on­neur, distinctions., rridhesses. Elle lat·sse l'hom:me seul ... 'devant lDieu.. seul avec ses .œu'Vires.? • . • Souvenons-nous

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donc, en exer;çant l·a ·aharité enverS! ceux qui ne sont l]:)l·us, de m~rirt:er pour 'lliQUs-miêmes, ,par l:a pratique ~constante des vertus, la J.rrâce d'une bonne mort.

:ttt 'La prière pour les morts est plus agréable

aux ·yeux de Uieu; que la prière pour les vi­vants, car les •dé'funts ont un plus grand be­soin de .secours, puiSiqu'ils ne peu:vent s'ai­der eux-mêmes, comme le font les vivants.

S. TIHOMA:S 0' AQUIN.

La première intronisation du Sacré-Cœur dans la famille

~~a première fois _que Jésu:s vint demander l'hospitali..té à Béthanie, on ·le reçut - La­zare et Marthe seulement, :Madeleine avait quitté le foyer - on le reçut, dig..,je, ave'c une certaine !féserve, un mélange de timidité, d~honneur et de curiosité . . . C'était cet hom­me fameux, ce faiseur de miracles dont tout le monde parlait. Que pouvait-il être? ... Un ·Rabbi! . . . On se sentit honoré, -curieux ... mai•s ce fut tout; on ga·rda des distances res~!

pectueu:ses et, sans doute, on se contenta de l'écouter et de le servir . . . Néanmoins quel­<iUe chose d'attirant dut émaner .de la person­ne du Sauveur, car, lorsqu'i·l partit, Lazare et Marthe osèrent lui dire timidement: « Maî­tre, revenez! 7>

~Et Jésus revint. Cette seconde foi,s, un sen­timent nouveau se ifaisait 1jour dêj~, dans les cœurs. On s'était pré'pa!fé à ~e recevoir, on désirait .son arrivée ... on l'attendit même sur le se~il. . . et quand n fu:t Nt on osa s'approcher plus près,. . . la conversation se Ht pllus intime, plus fami1ière, plus tlloyeu­se. . . Le Maître était si bon, si simple ... Quand Il pa·rtit, cette fois, les cœu.rs étaient . gagnés... et ce fu1 avec insistance que · le frère et Ja 'S'œllir supplièrent: « 0 'Maître, re­venez!. . . . daignez faire de notre demeure votre pied-à-terre » . . • 'Et Jésus promit ...

Ah! cette trois•ième réception de Jésus à

Bévhanie, comme elle f.ut dinérente des deux autres! ... Ecoutez-la bien, c'est l 'INTRONI­SATION: Les âmes étaient <tans l'allégres­se ... on s'était mis en fête ... 'Il y avait des fleurs partout! Lazare et ·Marthe comptaient les heu:res. . . Oh! que •le Maître tardait à venir!... Bientôt on n'eut plru.s la patience d'attendre, on alla alli ldevani de !Lui ... , puis, après l'avoi·r introduit et installé à la meil­leure plaœ, on s'approCha tout près,. . . tout près;. . . .plus de distances auljourd'hui ... c'est 'l'amour, 'C'es~ la frumi'liarité. La conver­sation se fit tout Jntime, les cœu!fs se ver­sèrent les uns dans les autres. . . et telle­ment ... qu'à. un moment donné, Lazare vo­yant le •Maître •si dOÙx, si bon, si compatis­sant, si puiss'ant, se ieta 'à genoux ... puis. · · ~oignant les mains sur ·les genome de Jé­s•us,. . . des sanglots dans la voix, il confia le dowlourreux secret de la fam~hle: « Maî-tre! ... nous sommes deux! ... nous étions troi,s ... M!arie! ... notre sœur, qu'on nom-me au1joordbui 'Madeleine, n'est plus avec nous. . . eHe est ·la honte de notre foyer. 0 'Maître!. . . faites qu'e~le revienne!!! . . . » Et Jésus mêla ses larmes :à œlles de ,Lazare, et' guand i~ quitta :ses amis, œ soir-là, il .laissa tomber dans leurs âlmes 'la parole d'espérance: « Je vous 'le promets,... Madeleine revien­dra!»

On sait le reste,. . . la pécheresse aux .pieds de 'Jésu:s, chez Simon, et s-on admira­ble conversion.

La quatrième fois 1que JésuiS ·revint à Bé­thanie Hs étaient trois de nouveau. Elle était là, M~•rie-'Madeleine, la grande ressuscitée du Maître . . . et, désolimais, l'Evangile nous la montrera ne quittant plus les pieds du Sau·

'.veur. ! · ' j i -i 'T'T~! Jésus savait bien, Lui qui sait toutes cho~

ses, la peine de cette famille; cependant Il a attendu, pou'l" y porter remède, que œtte pei­ne lui ait été confiée. Il a attendu pOll•r faire son grand miracle, d'avoir été il'eçu au foyer et :d'y avoir trouvé ... l'amour ·confiant!

Cette scène n'est-el•le pas adorabl'e de beau­té et de simplkité? . . . c'est celle de 1 'Intro­nisation. Tous les jours, 'les miracles les p1.us

14't

éclatants, les p1us ina~tend.us viennen:t répon­dre à la confiance des familles\ qw: ont .su di·re: «Oui, demeurez avec nous! Seigneur, restez ... , fermez la :porte. . . nous voulons vous garder. »

!D'après ~e 1Père MIATEO.

-----·-·~ • 1 - ••

Les chantres au temps passé

L'Jmportanœ pri.se par les c scholae can­torum (écoles de challltres) sous l'impulsion

. de ,Pie X, en 1903, invHe à i"eohercher quel cas l'Eglise a fait dadis de cewc: qui exécu­taient [e ohant liturgique. AUKlessous des 7 ordres de la hiérarchie sacrée, re.conn.us pal' le Concile de 1~rente, on !rencontre déjà les chantres dans l'an-tiguité chrétienne. Le 4me conci'le de Carthage (398), S. Isidore de Sé­ville, le c Canon diU pape Léon » parlent d'eux. D'après lUlle conS'titution et une lettre d'Innocent :UI, il semble que la tonsure et l'ordre des chantres ou psabnistes se confon­daient, taudis qu'au 1Vme :siècle et aux siè­cles suivants, l'office de dlantre paraît com­pris dans le lectorat. Au ~llbne siècle, à Ro­me les » scholae Jedorum » sont nettement di.sünctes des « soholae canto.r·U!IIl ». Les chan­tres sont appelés c cantores, psalmitae, con· fessores » (condle de Tolède, 400). Autre nom plus pittoresgrue: c fabari.i » ou mangeurs de fèves, .puce que le r~me végétarien pas­sait pour favoriser le développement de la voix. Les c scltolae cantorum » avaient une place spéciale dans l'égli·se. Les vêtements des chantres étaient œuac des au~tres ministres sa­crés. Au IXme siècle, ils commençaient A re­vêtir la chape. PLus tard, leur chef porte en ma·in un bâton plus Olll moins orné, in-signe de sa dignité. L'initiation des ohantres et leur admiss·ion COI11jprenaient des cérémonies par:--

·tiwlières,. Le prêt!l"e d!tsait à l'élu: c Fais at­tention que tu 'dois croire dans ton cœur ce que tu dlantes de bouche, et confirmer par tes paroles ce que fu orois de cœur. • Cepen-

dant le c ·Liber pontifiœ li-s » de 'Noyon rema·rquè que c'est de prêférenœ l'évêque qui! doit être le ministre de œtte sorte d'ordina:tion et re­mettre l'antiphonaire aux mains du candidat. A cette occasion, i·l récitait la Mie oraison que voici: « Daignez bénir vos serviteurs id presents dans Ieur office de ohantre, afin que rassid!Uité all!x s·aintes lectures soH leur ca­chet lc1is~indif et leur ornement, et que leurs gracieuses cantilènes résonnent dans nos é­glises et 'portent à nos âmes une nouvelle ef­fusion de grâce. •

Sur ce sujet, les liturgies orientales se mon­trent beaucoup plus exubérantes, suil'tout le rite maronite. Une oraison grecque dit à Dieu: « Votre serviteur se réfugie dans votre égli,se. ;J.lluminez-le pour qu'il ohante gracieu­sement, qu'i'l fasse entendre de mélodieux can­tiques. Rendez-le digne de votre .serviçe saint et spirituel. » L'office de chantre eut donc longtemps un cara:ctère ecclésiastique. S'il ne l'a plus de nos jours, H n'en reste pa-s moins que les chantres ont un beau rôle à tenir dans la prière pulb'lique et qu'ils peuvent y acquérir ·beaucoup de mérites aux yeux de Dieu.

Le huitième enfant

Il y a vingt ·ans, dans une chaumière ouver­te à la neige et au vent, un enfant naquit. C'éiait ·le huitième de la famille, et déjl l'on ava,i1 hien de la peine à fairre vivre ·les sept premiers. Cette famille, d 'aiHeur.s estimée, avait eu toutes sortes de malheu!fs, et ~Ile était tombëe à la dernière indigence. Point de feu: dans la cheminée, point de pa~n dans la huche; ·le père était malade, la mère pres­q.ue mourante; les enfants, qui n'avaient point soupé, .gre1otta.ient, entassés :sur ·la :paille, tâ­chant de se récha.u.Uer mutuellement un peu .

Heureusement pour les pauvres, il y a des pauvres, et ils s'assistent entre eux avec une charité céleste. Une pauvre voisine se trO'U­vait •là. Ayant enveloppé d'un chiffon le nou­veau-né, qui semblait n'avoir pas de ,,souffle,

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eHe courut 'Chercher 1e curé pOUl" qa'il le baptis·ât tout de suite, ca.r elle craignait qu'il ne pftt viv:•r.e 'jusqu'au 1j.our. Le curé ne ·tarda pas.

- M. le Cu·ré, dit tii·stement le père, void un .pauv·re petit qui arrive mal à propos. Comment le nonnnerons~nous?

- Nou.s le nommerons Dieudonné, .répon­dit le curé, car .c'est Bieu qui vous .le donne très à propos pour :votlJS -consoler et vo.us se­courir. Jamais un enfant ne vient dans· une famille sans apporter avec lui de quoi vivre. Vous allez voir .cela tout de suite, mon ami, et vous le verrez tous les qours.

T..andis que le .curé par1ait, sa servante en­trait dans 1a chaumière, portant un grand pa­nier, d'où elle tira du linge et des provisions. Retournant ens·uite à la porte, elle revint avec , du bois.

-: A'h! M. le Curé, s'écria 1e bonhomme, que nous vous ~remercions!

_, Remerciez Dieu. J'ai quêté dans le vil­lage, et Oieu ne permet pas qu'on rencontre des ~cœl:l!fs assez durs powr ~efuser d'assis­ter .un pauvre ménage .où il y a huit enfants.

La servante fait un bon feu. On enveloppe le peti.t, on le haptise, on le met auprès de s-a mère q.uii· pleure de .joie; le curé se retire en oubliant son mantea:u. En même temps la voisine s'en va dans l'autre ochambre les mains d1argées de pain, de viande et de fruits, et elle dit aux sept enfants:

- ·Mangez .ce que vous enveie ·votre peti1 frère Oieudonn'é.

Dieudonné c-ommença d'êtife en grand cré­dit d'ans la famille.

On 'l!ut quelque temps ·sans trop savoir s'i,l voudrait viv.re. Il était faible à fai.re pitié, mais il n'en tenait que mieux sa place dans la maison et dans le pays. Tout le monde s'intéressait à lui et à .ses parents. Son père et sa mère, ind~ndamment des petits ca­deaux qu'on leur faisait, avaient 1owjours du travail. ·La cha.r~ les préférait même aux ou­vriers plus habiles.

- 'Ils ont huii enfants!· d~sait--on. Cette ~raison tranchait ·tout en leur faveur.

Ils justifiaïent d'aHle·lllfs la bonne vo1onté gé-

nérale. 'Laborieux, honnêtes, ;bons chrétiens; d'autant plus ,fidèles à. demander le pain quo­tidien que !jamais a-ien ae ~eur restait du pain tie .la veille. lls ne devenaient point ·riches, mais, en somme, ils avaient ·1e ·nécessaire: et fréquemment quelque aubaine les mettait :au large.

- C'est Dieudonné, disaient-ils, qui nous v.aut cela. \M. le !Cur8 1'a hien nommé.

Une des grnndes choses que Dieudonné firt ,poll!r ses parents, même avant de savo1.r parler, fut ide placer son f.rère aîné. 'Une ex­cellente ·chrétienne des environs, voulant atti­rer la protection de !Dieu sua ·son pauvre fils, résolut de faire élever à ses frais ïquelque petii garrçon ch.oisi dans ·une famille nom· brreuse 'et indigente. L~s familles n@111breuses et indigentes ne manquaient pas; il y avait· là c-inq enfants, Jà jiix; mais chez Dieudonné ils étaient luuH, et de la pauvreté à revendre! Le ~kère de Dieudonné f·l,lt cho1si. Il ne coûta plus rien à ses par.ents; il apprït un état, et l'on en~revit le moment où H viendrai't lui­même au secours de la maison, comme il y est fidèlement ·Venu, le brave enfant. ·En atten­

.dant, la famille n'y perdit pas. L'absent comp-tait towjourrs, Dieudonné était to:ujours le hui Hème. Au !bout de peu de temps, la neige et Je vent n'entrèrent plus dans la pauvre de­meure où le bon Dieu avait mis hui1 enfants.

Cependant, ce fameux IDieud.onné ne se hâ­tait poinlf: de devenirr grand et f0rt. Son 1~re craignait de •le (pel'.dre.

- S'.i•l1meurt, ce sem un .petit ange, disait le cure; il vous iprotègera tou!jO'UJrS. Nous avons .besoin de protecteurs au ciel. .Mais, so~ez tranquilles; j'ai l'.idlée qu'i,l v-iV'I'a.

- n ne ,pèse pas q.uinze livres, disait le· père. -~

- S'il était plus lourd, disait le curé, sa sœur aurait de la peine à le porter.

- Jamais H ne pourra manier ·la pioche et conduire la Cha!ffue, iTeprenait le père.

- Eh! reprenaH ,Je curé, 111'y a-t-il du. ,pain que pour le 1laboureur'? Nous Jlui apprendrons à -'teni·r un outre ou~il. 1Laissons farure Ja bon­ne Providence; je ve»ois qu'elle ne mène ,paiS si mal les affailf~CS de Dieuldonné.

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Dieudonné commença.it â causer gentiment. Il était gai, caressant, aimable, il apprenait tout ce qu'on vouJait lui montrer. A six ans, il fais·ait lire ses sœurs plu~ âgée.s gue Lwi.

;fous les enfan~s de cette pauvre famhlle venaient bien, s'aimant entre eux, aimant leurs parents. Dieudonné, préféré de tous, sem· blait aussi aimelf davantage. La pauvreté les avait rendus ingénieux; ils s'employaient à diverses choses utiles et gagnaient honnête­ment leur vie; Dieudonné, <:Gmme les autres; il ëta-lt enfant de ohœur.

Le dimanche soir, il lisa·it la vie des .saints et les « Annales de la Progagation de la Foi» à. la famille lféunie. Conduit paa- le curé, qui l'a.i ·mai~ de plus en plus, son esprit et sa mison se clével<i>!ppa~Ïent rapidement. Père, mère, frères, sœurs, ne faisaient plus rien que par ·ses conseils et s'en trouvaient bien. On commença de viwe à d'aise.

Mais ce fut un peu plus tard que son père et 1sa mère <:onnllJl'ent te don que Dieu leur ava1i~ fait

A mesure qu'iLs devenaient vieux, leuts enfants s)éloignaient: œux...ci étaient :placés, ceux-là mariés· ~l'un 'était soldat l'autre ma­rin. Dieudonné resta :Seul pour' les consoler et les servà.r. U est ,parvenw à créer un petit commerce, dont les bénéfices su'ifisent à leurs modestes besoins. Tout le monde veut se fournir chez !Oieud'Onné. On sailt qu'i~ ne 1rompe personne; et pwi·s .il nourrit son père · et sa mère qui ont élevé huit enfants.

Louis VEUILLOT.

Les curiosités du chauffage

ù question du chauffage est d'.une telle importan-ce dans ·la voie sociale, que les mots feu et foyer sont cowramrnent employés conr me synon}'lmes de ·rna.i,son et de 1amiUe. On dirt d'.tm petit village qu'il est composé de ian1 .de feux. On dit que créer le foyer, c'est créer la iamhl!le. ·Le plUJs grand ma.Iheur d'·un êt.11e humain est d'être sans feu ni lieu. Les an·oiens ava.ient di;v;in·isé ·le feu et, dan·s .quel-

ques coins de province, on allume encore des feux de joie, 1la nuit de la Saint--Jean, qui ne sont autre chose qu'un souvenir d'anciens usages. nans les .pays où 1le foyer, le doux foyer, est l'objet d'un attachement pilirticutier, le soin du feu passe avant fout .. On a cité rexemplé d'une mod.este habitation de :pay­sans de GaUes où, pendant 250 ans, le feu du foyer ne s'était pas é1eint un seul jour, une seule minute. Mieux encore! Près de Newcastle, on montre avec Jierté aux tou­ristes une petite ma.i~son, à .·la :façade •hâlée et comme ratatinée ,par les siècles, où habite la même famille depuis 600 ans et où le feu de la cwisine ne s'est damais éteint.

Le me~lleur s·ystème de chauffage est sans contredît la « cheminée du roi. ·René», c'es.t­à·dire le bon soleil. M~üs comme le 1soleil bril·le souvent par son absence; comme la température de nos hivers est parfois assez rigoureuse, il a ,fallu lui donner des .rempla­çants. Le bois a été le premier maître chauf­feu.r de Phuma.nité. Puis est venue la houH­le, avec ses dérivés; pui.s le gaz, !plllis l'élecw tricité, etc . .. Tous ces moyens de chauffa,ge sont connus et il n'y a pas grandrchose à ap­prendre maintenant su:r leur compte. .Mais il en est d'autres, qui furent expérimentés lja­dis, avec plws ott moins de succès, et qui mé­ritent, au moins à titre de curios-ité, à être rappelés. Le ,plus sérieux peut~tre, est celui qui avait été conçu, voilà près d'un siècle, en tVUe « d'utiHser la température ·intérieure de la ter·re ». On sait que plus on s'enfonce d~ns l'intérieur .de la terre, plus la tempéra­ture s\élève. On sait aussi, qu'en maints en­droits, jaimssent des sour<Jès d'eau chaucre. I.e prdblème en~isagé était donc, soit de cap­ter ces sources naturelles, seit de creuser à une prG>fonideur suffisante pour en trouver cPautres et de les runener à Ia ·suaiace, en les ~ppropDiant à un mé'canisme de chauffage qui1 ·eût eu, mieux que tou,t autre, le droit d'être nommé ·«chauffage centr.al ». Commentant ce projet, un jollll'nali.ste du temps s'é-criait avec enthousiasme:

« Est*rons que l'homme powrra un jour tniompher des variations . de la chaleur solai•

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·re et fake veni;r, .tous •les hivers, du sein de la terre ·à la surface, une chaleur ooffi.sante pour compenser celle que .les révolU:tions de l'année tui enlèvent. 'Vhomme ainsi devien~ drai.f maître 'de faire régner autour de ~ul un éternel printemps. »

Un autre procédé, :tenté en Amérique, fut celU!i eLu: « chauffage par le frottement ». Par­tant de ce principe que deux corps frottés J'un contre l'autre engendrent de la chaleur, .son jnventeur avait imaginé d'ingénieux ap­parei1•s, pourv'ant s'adapter aux cheminées ou servir de poêle, et qui:, par leur seul mou­vement de :rofla·tion, étaient capables d'échauf­fer -tou~ un appartement.

Comme 1e précédent, ce projet dut être abandonné, en raison de-s tinconvéniènts qu' its · présenta~ent l'un et l'autre et surtout des frais considérables qu'Hs ent·raînaient.

Un orig1ina~ eut 'Ùdtée, un rour, de mettre en cage le · ·soleil. Il a:vait .construtirt une caisse en bai•s, fermée d'un ·côté par une vitre qu'il exposait aux rayons solai.res. Et, ·lorsque ceux-ci avaient •pénétré dans •son récipient, H .se fais·aiil: fort de les empêcher d'en sortir , concentrant ainsi, en un petit esparce, une quanüté de calories dont i·l préierudai•t dispo­ser :à son gr'é. Mais ·son « ;piège à ra y ons »,

comme H l'appelait, ne put jama~s entrer dans le domaine !Pratique, ni même concur­rencer la !fameuse « marmite norvégienne ,. .

.PlutS extraordinati.re encore, fut ·la tentative d 'un autre or.i~inal qui, en 1857, préconisait le t« chaùffage ~ la glace» . A la vérité, ce sünguHer caloi.ifère n'était pa-s destiné aux êtres humains, mais simplement aux plantes. Se basant sur cette loi · phystique que l'eau, en se congelant, latisse d'égager .une partie du calorique qu'eHe cùntient, l 'inventeur assu­-rait que, pour préserver les plantes des froids rigoureux, dl ·sru:ffi.sait de les entotllrer d 'eau, cette eau, en se solidifiant par la. gelée; bi­·sant profite·r de sa cltaleur perdue tous ~es corps q:ui l'entowraient.

Les !bra·ves poiLU!S .qui, pendant la guerre, étaient de s·i! fervents aàeptes dtu: .système 0 mettaient, eux, en !Pratique, le « chauffage par l'eau »,· bien connu aœs·si des touristes. Ils

se .servaient, pour éela, de boîtes de conser­ves à double fond, contenant à 11eur partie Jn­·férieu.re -un peu de ca·rbure de calcium, dans lequel étarit introdlu:i,te une mèche de coton. Dès qu'ils se .gentaient en appétit, i.Is n ·a­vaient ,qu'à tremper Je hoot de cette mèche dans .I'ea·u et, par •suite de ~a combinaison chimi1que diu liqlllide et dUJ ,carbure, gén~ra­

.ffli'Ce de chaleur, ils .pouvaient manger leur « sin~ » œit à> point. Lell!fs chères marrai­nes leur envoyaient parfois des « chaufferet­tes .japonaises», petHes briquettes se consu­mant lentement dans ·leurs étui.s méta11iques, se mettant dan:s la poche et combatta.nt vic­to!!ieusement ['onglée.

'Privat d' An~lemont, . dans ,ses «Industries inconnues», a parlé .longuement du «mar­chand de feu » qui f.H foliune en approvision­nant les chauHerettes en !boirs, doublées de tôle, des dames de la Halle et :les « horribles petits pots en grès » qu'on nommai.t des « gueux ». Auljourd'hui.

1 les « escanfa•illes »,

les « ohaufioirs » à mains de nos aïeules, sou­vent si déli'catemeni ouv.rag'és, .si artistiques, ne sont plus guère que des pièces de musée. Mais il n'est ipa:s rare encore, en province, de vai·r de bonnes vleiHe.s sortir 'de l'église, le dimanche, avec leurs bons vieux << couveaux »

au rbras. . . . Henri: NICOLE.

Les grands cœurs rLA IPREMIBRE NEIGE

Adieu, promenades! 'Voil' la be11e atnlie des enfants, voilà la neige qui est arr·ivée! ...

Depuis hier soiT, elle tombe serrée, en la1l"ges flocons, comme les fleurs dtt aasmin. ' Ce matin, à 1'école, c"était plaisir de iJa voir s 'aba1ttre contre les vitrages et s'amonceler sur le-s corniches. 'Le maître, .J.uii aus·si, re~ gardait en se f.rottant les wains; et nous étions tous contents, en pensant à faire des. boules de neige, ~ 'la glace qU!i viendlra en­suite,· et a.u feu qu'on ailumera à la maison. 1'1 .n'y avai>t ,que Sa·rlcJ.i - tout occupé à la

161

leçon, les poings serrés aux tempes - qui n'y faisait pas attention.

Quelle belle [ête ce 'rut à 'la sortie! Tous de dégri·ngoler dans la rue en criant,

de brasser la nei'ge et de barboter dedans, comme les petits chiens que l'on ~ette à l'eau. Les parents qui attendruient dehors avaient leurs pa·rapluies tout poudrés, ,le garde mu­nicipal avait son casque tout blanc, et nos gibecières en .un ·rien de temps furent blan~ ches aussi. Tous ·les élèves éta·ient dans le ravissement, jlllsçu'à !Precossi, le :fi1 dru .ser­r'urier, ·le peHt ,pâl'01: qui ne rilt tlamaï·~, et ·RO· betti, celui qui· s·auva iJ.'enfan-t de dessous l'omnilbus: il sautait, 'le .pauvret, petit avec ses Wqu.i'lles! Le Calabrais, qui n'avait Ja­mais vu la neige couvll"i.r la terore à ce point, s'en fit une pelote, qu'hl mangea ni plus ni moins que .si c'eO.t été une pêdhe. Crossi, le ms de Ja fru1'ière, en rempli-t sa gibe­Siière; et ile «petit maçon,. éclata de rire grand mon père l'in vi ta â v'eni'r demain à 1'a mari son. Iil avait alors la . bouche pleine de neige, et, n'osant ni Ja cra<:~her ni J'a­valer, il restai-t ~~' nous !l"egardant sans pouvoi!r nous répondre. ·Les maîtres·ses, elles aus:si, .•riaient en sortant de lelllr école; mon -ïn·stitutrice de « première », elle-même, ~ui, la pauvreMe, courait à tra~rs la neige et toussait, .s'abritant le vi·sage de son voile vert. . 1

Une ceniaine d'enfants de 'Ia section voi­sine vinrent â pa'Ssell', en criant et en galo.! pant su11· le tapis .immaou:lé. 1Les maîtres, les portiers et les .gardes criaient: « Rentrez chez vous·! .rentrez chez vous!» 'ILs ne ri:ûent pas moins, eux aussi., de cette êdhappée d'éco­liers qui Œêtaient Phiver .

<<Vous fêtez 1'1hiver ... , me dit papa. Mais il y a des enfu~nts qui, n'ont ni vêtements, ni souliers, nï feu! ·ri y en a des .mi'lli&s CiUi descendent des vit:11ages, .par ,un long chemin, portant dans leurs mains, meurtries par les engfitu,res, le rmorcea.u de bois q:uir doit ,ré­chaulffer l'école. Ill y a des centaines d'écdles presque enseve1ies sous la nei,ge, nues et ohs­CU!res rcomme des ' cavernes, où les enfants sont suffoqués par la fumée et grelottent de

froiij; ils regardent avec terceur, ceux-Il, les Hocons blancs qui tombent sans .fin, qut s'a­massaient sans trêve sur leurs cabanes loin­taines,, les men.açant 'des avalanches. Fêtez 'l'hiver, enfants, c 'est lbien! mais pensez aux miUier.s d'enfants auxquels l'hiver a:pporte des souffrances. lEd. de NMICIS.

(,Feuille d'Avis de 1Laus:anne'l ·---- -- _ _,_ • .. 1 •

Chiffres implacables et effrayants

Rien n'est :brutal elf: tranchant comme un chiffre. A l'heure où, derrière le Pontilfe ro­main tous les ouVlriers de :la plume et de la prurole mènent 1une croisade ar1dente pour fournir aux missions :les bras et les· ressour­ces qu'elles attendent dans l'angoisse, il nous a paru exceUent de mettre .sous les yeux de nos 'lecteurs la statistique ·religieuse de l'Uni­v~r.s. Elle vaut tous ·les arguments; et, même froidement détaiUée, el,Je ne peut laisser indif .. férent un .cœu;r vraiment chrétien.

La population globale du monde est ap­proxima1iivement de 1,726 miUions d'habi­tants.

Vous Hsez bien, n 'est<e pas? Un mji]Ji·anl, sept cent villgt-six mi'llions. Sur ce nombre, on peut 'Compter 665 mil-

lions de chréHerrs. Mails .parmi œs 665 millions de chrétiens,

H n 'y a que 305 miHions de œtho'liques. 305 millions de catho1iques contre un mil­

Hard 421 mimons de païens, d'hérétiques· ou de schiSimatiques! C'est-'à-dire ·seulement un peu plu1s du sixième de notte ,peti~ astre est guidé par le Symlbole de Nkée et le Conci'le de Trente.

Voici d'après l~dHion de 1922 de l'« An­nuaire pontifical », le détai'l de cette stafisti­que religJeuse: ·

,Popu~aifion du .globe, 1,726 millions; ca­tholiques, 305; ·protestants, 202; schismati~ ques, 158; i:uif.s, 16; ma•hométans, 230; lbou­dhistes, 500; hin1dous, 200; féti(:histes, 100.

Si nes .païefts seuls, qui forment une armée de un miUiard' trente mHI.ions, pa.ssaient de-

Page 5: L'Ecole primaire, 1922, annexe

18,

Variétés JURONS OE NE PLUS JURBR

Ue MaUJrice Prax, dans le Petit Parisien: On annonce .]a naissance d'une IJ.igue nou­

velle. Cela fera, va-t-on d·ire, une ligue de plus et quelques ligueurs ~supplémentaires.

;Mais la ligue ·qui vient de voir te · .jour va, du moins je le veux esPérer, avoir une action immense et bienfa-isante. C'est la -Li­gue contre le lj,uron. C'est ·la ligue contre le gro.s mot. C'est la ligue contre b grossiè­reté inconsciente et h31biiuelle.

C'est .Ja ligue qui devrait purifier l'at­mosphère de nos viUes et de nos campagnés.

Le juron, il faut hien le reconnaître, jouH d'une vegue regretta'ble et détestable. Nous sommes comme intoxiqués de gros mots. C'est une sorte d.'alcoolisme verbal. Les vieux mots honnêtes de notre lan:gage, sain et clair, paraissent fades et sans gotlt. Il nous faut du raide. Il nous ~aut du s-chni'Cik et dUJ vi­triol. n y a de braves gen-s qui croient au­jourd'hui qu'ils se remon·tent en prono11çant cles gross.ièretés eotmne en buvant du, troi.s· six. Et, le plus natu!l"ellement du monde, ils profèrent des ordures ignobles, des horreurs, des j~Urons imbéciles. Les .ga}etés qu'ils lan­cent n'ont plus du reste auoun sens pour eux. Us sont comme alcooli:ques; ils ne sen­tent plus rien. Et c'e.st ainsi que, dan.s les rues, dlans les cafés, dans ·les ateliers, parfois même dans certains cercles des propos s'é­changent qui empestent, qui ·semblent sortir de l'é:gout. n ne suffit .pas de se boucher les oremes quand on entend ça. n faut aussi se bo:ucller le nez.

Les alcooliques verbaux devraient essayer de faire ce que font certains courageux ·in­toxiqués de .J'alcool. Ils· devraient essayer de se mettre au t"égimè pendant quelque temps, au régime des mots décents, discrets et francs. fls verraient! Au bout de quinze jours, ils seraient g1uéri·s et le moind!fe ?gros mot ~leur brOierait la gorge comme un akool frelaté et empesté. Ils s'apercevraient que c'est en· usant des mots les plus doux qu'on peut dire les choses les plus fortes.

Je pense à une 1phrase exquise du pauvre Tau.tet, ,Je cher auteur de «Mon amie Nane •· Je ta cite de mémoire, peut-être en l'alté­rant: ·

« Elle avait une bouche si petite qu'elle ne pouvait pas dire un gros mot. ,. H~as! nous avons de bien J.a.rges bou­

ches, all!lijourd'hui.

PENSEES Quand on tienlt dJans ses !!nains le por­

trait d 'une personne qui nous est cJhère, ne se rappelle-t-on pas miHe traits de sa vie, ses actes, ses paroles? Notre cœur n'éprouve-t-il .pas un :redoublement d'amitié et de .respect pour cet être bien-aimé? :Lald[slas, roi de Po­lagne, élevé dès l'enlfance !dans la plu.s tendre piété, portait tou~ours, suspendu à son cou, le portrait de son père, et dans ~outes les cir­constances difficiles de sa ;vie, H le prenait dans ses mains et il lui disait: «Mon ,père, que dirais-tu s,i fit voyais .ce fils, que tu as tant aimé, se livrer à ses passions e1t défigu­rer par le crime cette âme que tu as embel­lie de tant de vertus?,. Cette pensée suffisait pour le maintenir dans le devoir. •Lorsque nous sommes sur le poinJt de su~omber à une tentation, saisissons a:vec empressement l'image de !Marie et disons-lui aussi: « 0 ma !Mère, que diriez-vous de votre enfant s'il souiHait par le pédhé son âme qU:i porte la ressemblance de votre lcLiJVin Fils? 'Je veux reslter pur! lt • • • •

Pourquoi le bon Dieu ·met-il les épines en faction awtour du cœur comme autour des roses? C'est que ·le cœwr est :parfois si fougtreuoc dans les féeries du printemps et les ivresses ~e l'été - été de l'année et été de la vie ---'! IJ...es bonnes 1petites épines des épreuves ont raison de ·planter leurs dards acérés pour faYi.re couler un peu de sang. Saignée providentielle qui a retenu dans le devoir, l'honneur, et partant dans le OOJ!· !heur, tant d~ommes, de femmes, de jeunes gens. de 1eooes fiUes! Ce son·t les morsures des épines: il n'est pas de plus belle rose que le cœur empowrpré par le s·ang du .sacrifice. Nul jardin de la terre n'en vit éclore de ,plus embaumée. , •••

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I,e Mois des Morts

Les mods ont un' m~ois à euoc et t'est l'.Egli1se qrui re lea!l" donne. Elle est I~eur ·Mière ·et une teHe mère .ne saurait ou­blier ta foule innombi1alble ·de ses ·enfants qu:i ont précédé, au ~and rendez-vous, ceux ,q,u;i restent :swr 1a ter~re, attendant leur t<mr .pouJr le dernier :Passa,g·e.

1f.oul,e innombrable aru·près de laquel­le, nous, les vivants, nous ne formons qu'une p-oignée, qu'un noyau impercep­tible, les morts s0<nt de tous les siècles, de toutes les ·races, de toos les âges. Sur eux. en ce mois, .La prière univer­selle va tomber comme J.lne rosée bien­faisante, ·comme -un.e ,promesse de béa­titude, un avant...go~t de la bienheu­reuse resurrection

Penohons-nOUJS ~don!c sur ces tombes couvertes de f.Leurs. · ceux qui y sont couchés, hier encore nous ~arlaient, leur main p'ressait la nôtre, no1us leur promettions de ne les oublier jamais, et nous recueilH01ns :}eulfs dernières volon­tés ~coninie un le~s inviolable et sacré .... Awjourd'hui 1que .pensent-ils .de nous? Ont-ils à se louer de notre assiduité à Jes soulager, de notre vraie et constante affection à .leur endroit? ... Ou bien plu­tôt doiveDt-ils nœs ~appliquer .ce vers bien ·conoo: Sur les alles du temps la tristesse s'envole,

et av~c la tristesse le souvenir, les .. pro­messes ....

'Regar-dions 1ces ~ombes. Nombreuses sont les :pierres funèbres qui .r·ecou­v:ren:t les ce111dlres die !Personnages que n:ous avons connus vivants, q·ui nous ·ont ·aimés, que nous ,avons aimés, que nous aimQns toujours et dont nous avons ,parta~ les peines, les .illu ... sions, les }oies, les :fau~es .peut-être ... Les uns ont VUJ venir. la m·ort. Elle est t'OIJllbêe SUili ~les ootres comme un voleu.r.

E Ile p. îoudroyé le jeu.tte ~omme eHe a: couché diottrcement I.e vieil1<1>rd dans la tombe ... et tout ce spectacle devrait mous am~ener. à penser qu.e bientôt, de­main peutJêtre, le jou'f des morts sera n0tre j-our et ,q~~re noïUJs serons :perdus dans la f·orule de ces ~tombes.

:Mais que l'homme est Uille étran..ge créature! A peine sortis diUJ :cimetière nous semblt{ms pressés d'oublier les graVies leç(!)llliS !qtœ les morts nou~ don_­nent, (pOUif, retourner à nos affatTes, a not~re vie égoïste et sensuelle.

Jeu nes, nous entreve11rons à 'peine la mort -dans un loillltain swr lequel notre pensée glisse, et fruit sans s'arrêter.

Dans l'âge mû.r, nous nous -per,sll)ar don1s que l1a vi·ei11esse nous est -due.

Ohar,gés d'alllnées, la .tête blanchie, n·ous penserons avec complaisance aux extrêmes et vertes vieillesses :où sont ar­rivéS ,celui-ci ou eelle-là et Il!Ous nous demanderons pour:q!Woi de telles exoep­tion15 ne seraient .pas notre jpar.ta~e.

Ecoutons le leçon d'es :Mo'fts. Que notre vie soit une prêpaJ.'Iation à la m~ort, ·et ·qwand ·elle viendra, -noU's l'accueille­rons ~comme un an:ge de deLivrance: ce sera la fin des ,peines, la ·f.io. des sueurs, des secousses, des contre4emps, des dé­-ceptions, des ·abattements ·d'ici-bas pour éprouveJ.'I à jamais la ~réalité de ·oes pa­roles:

« 'BienheU'reux cewc .qui meurent dans le 'Seigneur.:.

Autrefois, ttn navire aJJlpelê 1a « Ré­demption » apportait JfoUJs les oos, 1d'~EIS­pagne en .Afrique, :ete l'ar.,gent ,pour le i achat des escl~MT.es dt~étiens. A son ar­rivée, leSI esclaves, sur le .ri'vag.e, "COU­raient a1.1l-devant du capitaine en di­sant: « 'Mlom pèr:e, ma mère, mon fils,

~mes .amis, vous ont-iLs IJ.'Ielilis le f)fix de m!a liberœl? :.

Quelle joie poWI1 ceux q,u1i aro»"e-

Page 6: L'Ecole primaire, 1922, annexe

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naient l'a nowvelle de leur déliv~ance! QueHe rdstesse .pooli les arut~es!

ISowvenrt:, 1pend!ant _oe mois de novem­bre ·consa,cré awc ·trépassés, l' ang·e .de Dieu, l'ange de la déHvr·ance, descend]_'la au sêjowr de l'épreuve et :de la pW"ifi­cation, Cihargé des mlêrH:es des fidèles 'Vli'Vlafllt ·SU!fi lai terlfe.

·A son af\rirvée, com,me au,trefois les. esdaJVes dha:-étielliS surr. les .côtes d' Af:ri­q·ue, res pauvres âmes d~ ]=>.UJrgatoitre vont s'élancer vers lwi.

« ·Ange de Dieu., 'lui ·Crieront-elles " ~ceuoc ,q,ue niQttts .avons lais·sés: sUJr la ter~ :re ont-i,Is pense à nous, ~ont-ils !Pavê no-t·re rançoo? » -

'Aih! .queUe douleuŒ" si l'ang·e .de la d!ét.ivran1ce n'a den ltJOUif eUe-s!

i\T ous n'in·fligerez :pras une si .cruelle déception .à ces -âmes si .malheUJr.eusœ et q u.i voos touchent -d'e ·si près·. ·

Pri;z d?nc poor vos ethers défunts, et que 1 EglkSe ne tasse pas retentir en v-ain 1à vos olfeiU.es œ ori dechirant: « IPiHé! Alh·! pitié, vo-us du moins ~ q-ui fûtes nos .paTents ·et no~ amis!» '

····-Les âmes abandonnées

Le ct,~.Té de ·B •.• , ;un tout petit vJUage du diocèse de Séez, rentrait ' à son presbytère après la messe, quand la porte de son i'ard:in sur la route se rouvrit pour .,donner place à la plus étrnnge apparHion. Un homme de ha·UJte sfatll!re, au teint fortement ba· sané, tenant dans sa maint m gros fouet, $'a­v·ança ·vers l'tri. 'L ~omme n'étaitt pas seul, car le bon curé, quii n'était pas plus -.raJssuré qu'H ne faut, .pouvait encore aperœvoir, sur la parte restée ouverte, ill1le femme aw type bo­hémien, tenant ,en lai&se !l11l g1"os ours brun, dont les grognements n'éta-ient palS des plus ra~sUŒ"ants.

'M. le Guré portai~ machinalement fa ma·in à sa bouŒ"",se pou,r faiŒ"e ['aumône à p!S étran-

ges visiteurs, quand ,i,l vit l'homme à l'ours foUJÎ.ller lui-111.'ême · dans la &a-coche de cuir penrdue à sa ceinture ·et en sorHr une .pièce d'argent, en lui' disant: ·

- Nous ne ven-ons pas pour mendier, M. le .Ouré; nou:s vowlons, au contraire, vous remettre le prix d'une messe poUT les âmes du Purgatoire.

- Gardez votre argent, mes amis, répon~ dit le !bon 10uré, je !VOUS dirai _cette messe avec p1aisi·r potl!I' "seconder V'OS pieuses in­tentions. ,Quel est votre nom?

- Antonio Rwiz; mais JCe n'est pas pour moi ni même pour un-- parent. Vous direz cette messe au nom de l'âme d!u pur-gatoire la ·pilus déllai,ssée.

1Le bon curé, towjours plus intrigué, eut la curiosité de demander à ces braves gens­d'où leur venait cette dévotion spéldale.

- Voici, 'M. " le cur'é: nous n'avons, ma femme et moi, ni parents, ni amis en ce mon-

. de, n-ous effmyons .même 'les gens qui nous font l'aumône, quand « Martin» a bien tra­vaillé · devant eux . .Nous ·sommes cependant de bons chrétiens, M. le curé; nous observons· notre reiLigion aurssi fidèlement Cille nous le pouvons; 1e dimanche, nous ass.i-Sif:ons au.x office!il dan's 'la paroisse -qrue nous .traversons. Nous ne savons pas oùj nous laisserons un io-ur nos pauv-res os dans œ monde, et voilà pourquoi nous tâchons de nous procurer des amis- d:ans Pautre. C'est rune hahi.tude que nous avons pdse ·toute& ~es foi·s que la' for­tune nous favor·i,se un peu; nous avons fait de bonnes affaires à 'la. foire d'A . . . et en 'pa·s·san-t devant votre ,égHse, ma femme vient de me rappclerr notre promesse.

- Eh bien: mes amîs, aljowta le ,bon .curé, vous pouvez être as~Surés que c'es-t a vec ferveur que lje m'unirai à votre si de"liloate intention; que 1e_ bon .Oieu v-ous aJde touljours et V'ous accorde la bonne mort, que vou,s .cherohez ~ vous assurrer ain­si et\' vous créant des protecteurs au ciel et en obsennant avec flid~ité ies loi:s de notre sainte Re1igion! . . -..

179

Travailler toujours; ne se décourager jamais

== --D'un artide :publié par tM. le vicomte d'A­

venel dans la },Revue des Deux-Mondes'', nous détachons cet intére&sant trécit de l 'évangéli­sation d 'une paroisse de la banlieue parisien­ne où l'on ne 1voulait « ni curé ni bon Dieu )),

<< On hésitait à tenter l'aventure au Petit­Ivry: une chapelle -simple et nue, capable de conten'i'l' 500 personnes· s 'y ounit en 1911. C'était peu pour les 12,000 habitants de cette locaolité, c'était beaucoup rpotl!I' ceux .qUJi éprou­vaient le besoin d~un culte: les 8 ou 10 per­sonnes qui allaient précédemment entendre la messe à deux kilomètres et qui constituèrent, dans l'église nouvelle, la maigre assistance des premiers dimanches. La vue de la sou ta­ne, au début, 'fais~it littéralement peur aux en­fants. Ils assourdissaient de [euT<s c.ris hosti­les -l'audadeux qui tla portait.

Quelques~uns pourtant s'approchèrent et constatèrent que « le :curé n'éta'it pas mé­chant». 'Le 'bruit courut ensuite qu'il donna.H « des petits bons Dieux » en images. Les en­fants vinrent pLus nombreux; en quatre mois, iLs ·étaient 236 inscrits au pa1:rona-ge. Ce n'é­ta'it que 1la dixième partie de la population scolaire, mais le curé recrutait aussi des néo-

-phytes adltrltes; une ,jeme fille 1ui amène un gr-and garçonnet pour qu'il le baptise. « Mais vous, Mademoiselle, interroge .le curé qui connaît les habitudes de la locaŒé, êtes-vous baptisée? - Non, M. le Ouré, mai,s ·à mon âge, p.uis-ffe enc-ore? Je ne demande pas mieux.» Elle s'en fut avec un catéchisme.

Pour apprendre a-ux !hommes le chemin de son église, l'ingénieux ecclésiastique leu.r of­frit, le dimanche soir, dans cet humlble édi­fice , des _, proijections lumineuses .qu,'iJ :com­mentait devant un public attentif et :silencieux. Un soir, c'était la v·ie tde Jeanne d'Arc quû se déroulait; une autre fois, les premières scè­nes de l'Histoire Sainte, et tels ont commencé 'par al1er 'à œ .qu'i·l& a.p:pelruent '« la mes·se du cünéma », qui, plus tard, sont venus aux pra­üques chrét·Îennes. (Depuis lors, la Sacrée

~ongr.égation Consistoriale a publié un décret mterd1sant les séances de projections et de Cinématographe dans les égllises.)

De [ait, SU!!" les 130 assistants de la messe dominicale, il y avait 123 femmes. Les hom· mes ne dépassaient pas encore le chiffre de 7 en 1912. Or, H y a 'l.ll1 an, lors d'une visite solennelle de Mgr Rolland-Gosselin, non seu­lement les hommes du Petit-Ivry se pressaient en -grand nombre là l'appel tde leur pasteur pour recevoir 11'aux!iliaire du (Jard:inal dans ·l'église, mais Jes conseillers municipaux é­ta-ient à leut tête et i ~Evêque ·les félicitait du bel exemple qu'ils donnaient d 'union sacrée. -.

-···-Ah? répéta Jean

Ce sont deux petits ga-s, fils de deux fa· milles habitant le même palier et portant le même prénom « Jean ».

Aussi, pour 'les distinguer, fes :voisins ap· pellent -l'un Jean ·1er, et l'autre Jean II.

C'est entendu, accepté; et quand on les croise dans l'escalier, on dit bontjouT à cha­cun s-uivant son numéro.

Jean 1er appartient à une Iamiil!le chrétien­ne. On va, chaque dimanche, à la messe en­semble; les -catéchismes surtout sont scrupu­leusement :suivis. Jean 1er sait le ibut de la vie, pourquoi telle chose est bien, et telle a-n­tre mal; il a 1des principes chrétiens comme il a des prinoipes patriotiques et sociaux· s-a vie est ·semblable à. un édiŒiœ bien pl~nté sur des 1pilier:s défini-t.ifs; il y aura des ré­parations comme partout, mais ni écroule­ment ni chaos.

0 Jean -Ill appartient, au contraire, à une fa­

miUe ni morale, ni immorale ce qui suppose­rait admis· oo terme de comparaison: sa fa· mi.ne est tout SJimplement «amorale».

'La religion n'étant pas une .chose cotée à la -Bourse, et n 'ayant pas cours dans :les épi­œries, .les' parents de Jean U ne s'en occu­pent pa-s .

C'est pour eux une « inexistence »,

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AassÎI Jean ill est ên marge de taut. Il n'est ni cathoJi.que, ni protestant, ni juif,

ni turc, ni bouddhiste; il est touif! simplement Jean U, ;pas méchan.t pM' ~illeurs.

JI se lève comme un ~elU;le veau, et se cou­che pal!'eit

,J'..e ciel peu4, le soir, étendre sur lui son voile ~umineux de mondes, Jean II regarde comme l'animal ll'egarde la barrière de sa pâ­ture.

Vautre jour, ayant reçu une torgnole parce· qu'il n'avait pas dit la vérité, il répéta sans s'en douter la question de PHate: c Qu'est-ce que la vérité? •

1Et pour répondre, son père lui claqua la porte au nez. ••

Or, cette. semaine, c'était grande fêt~ chez le& vwms, car Jean faisait sa Communion solennelle.

Jean Jil assista à tout eomme .un sauvage qwi, d"un coin de son vinage nègre, verrait une parade de ;remise de la Légion d'honneur.

Il regarda le catéchisme de son camarade, et y fut ~eSt questioa.s. étranges: « Qu'est-ce que Dieu? Qu'est-ce qu'un Sacr-ement? Com­ment Jésus-Christ a-t-il prouvé qu'il émit Dieu?»

- Et tUJ sais tout ça, toi, Jean 1er? - Ça !fait ,quatre ans que je vais au caté-

chisme-....

Jean 1lll"ega:rde le lbrassaJ.id; n vit les vieux parents qui arrivent, toute la famille en une joie intime et très douee ....

n voit Jean 1er embrasser .son père et sa mère en leur demandant pardon des fautes qu'i1l avaif cœnmi,ses contre eux ....

Il éprouva alors •une sorte de respect pour son camaralde. lneonseiemment, n le trouva, ce so~r-~, lumineux, plus pur, plus aérien·, . . . il ~unit dU c angélique :. s'il avait su ce que c'est qu'un ange.

- Au juste, que vas-tu faire demain? - tMa «première Communion •· - Et c'est quoi, la c communion • ? - C'est recevoir c Dieu ».

Jean U n'-insista pas; œs deux mots n'a-

yant pour lui auc.iln sens, lè restè devàit eti a voir encore moins.

«~)

Pourtant, il vowlut voir .... Comme c'était ~eudi, il n'y avait pas c· ly­

cée», il lui suiisait de c séeher » le football. ce qu'if nt. Dans un coin de l'église, il assista à toute

la maljestueuse cérémmt~ie: plus de trois cents e~anfs en !blan:e QU avec le brassard, parmi lesquelrs 1il reconnut une cinquantaine de ca-marades; les pères de ces camarades, dont deux étaient des généraux :fameux, debout daDs. le chœur de l'égHse; le proviseur d-u ly­cée dans la .sta.lle de M. 1e. Curé, à côté d 'un membre de l'Académie des sciences, toute une couœmme de parents, des chants inconnus et magnû~iques, un discouœs de M. le curé au.­q.ueL il ne comprend rien, absolument comme si on lisai:t « l'U'iade-» ~ un cheval.

... Mes Chers e~ants .... ~Pour entrevoir la puissance de 1Fade que iVOUS allez accom· pliT, reportez-vous à deux mille ans en ar­rière. . . . 'Le Christ va mourir. . . . A cette hel.llie· soletmelle, où tout acte est empreint de la .plus auguste gravité, il consacre c· l'Hos­tie •.

Et, depulis, cette Hos.fie est devenu le cen-tre de toute vie chrétienne.

·I:.es ·Martyrs la demandent ••. Tarcisius meurt pCi>ur elle .... Nos aïeux élèvent, pour l'abriter, la géante

beauté des cathéd.,;ales .••. Nos ancêtres l'appellent à leur Jit de mort. Et, pendant cette dernière guerre, les poi· .

lU!S la réclamaient au fond de leurs tranchées. . . . 'Devant. elle, i'ls se mettaient à genoux d-ans le sang et dans la boue; et, ensuite, ils se relevaient plus forts pour se 'battre et pour mouriT •...

C'est cette Hostie que vous allez recevoir. . . . Elle n'est donc pas .une sentimentalité, une plante de serre chaude. Elle est une force ... elle est la vérité ... elle est la Vie! ...

• Jean H n'a pas compris davantage la com-munion.

It a V·~· 'banc par banc, ses camarades alter

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s'agenowill.er ... des parents pleuraient ... les enfants revenaient, les yeux baissés, dans une extase .•..

Aussi. Jean H est-il rentré chez lui avec un çhaos d'interrogations se bousculant dans sa tête. Il rencontra dans l'escalier son père qui revenait de se faire barbifier et, brusque­ment, il lui demanda:

- T.1.1J as fait la première Communion, toi, papa?

- Evidenunent. - Alors~ pouxquoi que tu ne m'as pas fait

faire la mienne? Le pète ne s'attendait pas à la question.

H demanda â la majesté de son attitude de coLI;vrir le néa.nt de sa réponse, et mettant la main. sur la portion du paletot qui corres­pondait à .son cœur:

- 'Mon fils, j'ai towjou.rs eu pour ia Hberté le plus absolu respect ....

-Ab? - .Et c'est pour ne pas a-ttenter à cette li-

berté que à'ai . décrété de ne pas t'hnposer une religion. A 21 ans, tu choisiras!

- Ah? répéta Jean, en 'baissant les yeux, comme pour voiler à ceux de son père, l'é­clair de condamnation qui, subitement, venait d''Y flamber ....

La scène se passe, non l St-Ma·rtin-les­Pompiers, mais dans un bel immeuble près de l'Arc de Triomphe.

~Le père n'a pas l'air si bête, je crois mêime quïl est décoré.... Pierre L).ERM~11E.

•••• Autour de nos fenêtres

Il y a ·tou tes sortes de fenêtres : 1es granldes et Jes petites, celles des -caves qui ·s 'appellent soUJpir-aux,. cel1es des galetas nom­mées lucarnes; .les fenêtres d'église qu'on bap­ti~se du. nom de verL"Jères ou de ~vitraux; cel­les de la -tête qUJi ne sont ni plus ni moins que 1es yeux; œNes du cœ1lll' JG!UÏ -sont la bou­che, étant donné que ,]a bouche parle de ·l'a­bondance du eœur et .que Œes 'lèwes mo~trent

parfois ce qui se passe d~ns le cœur .... Mais je veux caJUser des fenêtres tout cou·rt, des FENETRES DE NOS MAISONS.

Veuillez ouïr avec rune paire d'oreilles bien attentives.

Habituez-vous il ouv.r,ir vos fenêtres .. · · . Qu1and, mini·stre de Dieu, j'entre d.ans cer­taines maisons de nos vi1lages, j'a·i raftreuse, l'abominable, na déconcertante SUiiprÎ'Se de pas1ser du bon air de nos chemins rus.~ic,ues, embaumés des aromes des pommiers en au­tomne ou dels senteurs des bou!l"geon:s au pnintemps, j~ai - entendez-VOUS? - aa .SUII'­

prise de passer du bon a~r- de 'J.a œmpagne d:ans des chambres empestées. Or, H faut bien vous remémorer que, dès le temps lointain de notre aïeul :Noé, g:rand arti1sœ dans l'act de coœtruire, i[ y avait, sur n'indi:cation de D:eu même, une fenêtre à .}'arche .... Et non pas une fenêtre dou~, ni eoHée, ni ma-sti­~quée, ni bitumée, ni .l'livée, ni boulonnée, mais une fenêtre avec des gonds. 'La preuve c'est ,que Noé ouvrirt l'arclte ;POUir .Jaisser passer le corbeau noir, .puis la blanche colombe. Donc -cette fenêtre était faite pour s'ouvrir.

Noé la fit ouvlîir, et si bien qu'elle resta ouverte: les oiseaux messagers pouvaient te­vernir à t~u~e heure du ~our et de la nuit. J'a~ vu ooe .contmdiction da-ns les mai1sons d"m­jour'd'hui: ta fenêtre est presque towjours fer­mée, mais on 1la!i1sse la porte ouverte, même la nlllit, afilll que les fils et les filles de la ma~son, chercheurs nocturnes de je ne sais quelle terre promise, rentrent quand !bon leur semlble, comme les ois~ux de r ·arche ... avec cette diftérence que souvent aJs ont :un peu de f:ange aux pieds ....

Ecoutez bien, chefs de famme, vous sur­tout, ibonnes mamans, otllVl'ez plus smwent vos fenêtres. L'air de cr·a nature doit y en­trer à grandes !bouffées. Et fermez à temps vos portes le soir.

Ce ·n'est pas un conseil sans valeur: vous en aurez des potm1ons plus. sains, des fils plus forts, des fiŒiles plus &-aiches et rpO.us belles. Et ·voici un Gutre bienfa.Jit 'des fenêtres; ouvertes aussi sou!Vent et aussi longtemps que pos·sible: Ces âmes, eUes ·awssi, en devüennenf

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plus .saines, pUus f'Otrtes, plus frakhes et plus belles. Les fenêtres ouvertes envoient de 'vi­v.iviüantes bouffées d'air dans la ohamibre du cœur. On p.e pense .pas lbien dans les .cham­bres ,qUJi :senterut le renfe11mé; on n'y prie pas bien, .on n'y aime pas bien. ,Le bon Dieu met dan~s ia natUil'e d'immenses réserves de bon air: ses créa ttllfes ne son1 reconnaiss:an tes <iue llorsqu'ellles ne ferment pas opiniâtre-ment la porte à ce ibienfaH divin. ·

Ouvrez vos fenêtres. Ouvrez..,les même l'hi­ver, quelquefois pendlant ·le jour; les petites morsures du froid d.i~spruraHront ,bientôt; vous en aurez, ap1·ès, tin hien-être comme au sor­tir d'une douclle, G_uand vous remeHez le lin­ge !blanc surr vos membres grellottants.

Si vous lr3.imez le bon Dieu, aimez au.ss.i le bon air.

Si vous n'aimez pas 1e bon a;iiJ." le bon Dieu pourrait bien vou.s punir en ~ous fai­sant finir vos OOUirS dans une de ces détesta~ bles ruelles de villes où a'on ne respire plus que des miaiSil11es.

Voi'là œ que ·je voulais voUJS dire. Mais. ce que !je veux VOltS dire encore,

c'est <;:ue l'on devrait s'armer d'un ma'ftinet pour châtier les maîtrres qui· <tiennent, des journées durant, vos enfants dans la capti· v.ité de sai11es d'école soU1Vent insuffisantes déljâ, sans en ,C'hanger l'air à chaque nouveHe récréation.

Ceux-ID. tuent vlos f.iffis et vos filles. Ce n 'est ,paint à œtte f:in qu.e vous les avez

enfantés dans la douleur et noumis dans l'a-mour. - (1Exfll"ait du tt Bethléem».)

-···· Mes bijoux ? les voici 1

Un !jour, dans une de ces magnif.iques maisons ·11omaines, a·wprès desrctue11es nos. fa­meutses boites à loyer ne sont q:ue delS cages horribles, tout un es•saim de briilantes jeu­nes femmes était réuni.

Cette ma.itson étaH œ.Ne de Sempronius Ora·cohus, et œs femmes a~ppa!rlenaient tou­tes là ~a ;ha~te a•fi.stooratie romaine. Ellles de-

visaient des choses (Jil.lJ jour et se ,montraient ieua.-s bi~_oo.x.

- Ce collier vient d'Athènes, il était au cou d'une divinité égyptienne ....

- ·Et ce !bracelet, tou:t serti d'or, fut pris par rrron seigneUJr et maître sur un .chef nUr­

mide tué auiX portes de Garthage. - Ce Me lbag1ue avec la louve, ·appM·tena.i t

à Talf'quin, roi de Rome.

,Debou~ au mi.tieu d''elles, 1a maîtresse de maison sour.iairt:, et on remarqua qtielle n'a· v·ait ni coll11er aw cou, ni bracelets aux bras, ni :bagues aux doigts.

- Mais Corn~lie, où metrez-rvoUJS donc vos hitjoux, car enlfdn le lb.riUant Sempronius a dû vous en donner de Siplendides.?

- C'est vrai!. . . Sempronilll:s m'en a bf­fert ~uiÏ sont inrompamlbles.

- Où les ca'dhez;vous? ·Bt les yeux, piqués de nigrite, brillaient

?e désir sous la teniu!l"e des longs cils. ·, - ILs sont Ji, dans le cubirulœm.

- Oh 1 de grâce, Cornélie, nous moull"ons d'envie de les admirer. . . . Al'lez nous les cher.oher ... ?

Quell;ques inSJtants après, la lour.de tenture du cuibic.UJlum était ~ !Par Jd.eux escla· ves, et Oomélie apparaissait

Son cou était encore sans coU.ier et ses doigts ·sans bagu.es, mais ses bra;s reposaient SUl!' les épaules de deux beaux adoleSicents, ses fils, Caïus à droHe, Ti:bérius à gauohe.

- Mes lbi~oux ... ? les voici!

tl C'est ile ges1e magnitique que fait auaolllr·

d>hui cette autre Mère qU"on appelle fEglise. 1La vie mbndlaine .recommence; les maga­

s.ins font rwis·seler l'électrilci~ sur les écrins de leurr:s éta[ages; les grandes couturières passen1 les nuits pour leurs clients; les phares des l'uorueuses aiUJtos .vous aveuglent dans les :avenues. '

AHons, ·Eglilse ~e Oieu., :prenez la note du siècle! Vous aus·si, 'V'ous avez des .trésors, des pierres précieuses· su!l" vos œ·Hces, des

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gemmes sur vos osten,soi1rs, Ide l'or sur vos ornemen~s .... ,

Sortez tout cela! ... Montrez-nows vos hi-1oux ... ?

• L'Eglise a obé'v •••• Elle est apparue a-u jour de la ToUJSsaint,

toute radieuse au miJieu de ·ses innombra­bles enrfaillts.

- ·Mes ibi~loux, les ·voici! Et el~e nous montre ifOUJS ceux qui, avec

une âme puri~iée, ont passé la grande fron­tière. . . tous œux qUJi ·sont sortis vidorieux de la lutte ... tous ceux qui sont maintenant confirmés- atans :sa gloi;re ... ceux qui 'Sont ·sa consolation et sa fierté:

- Mes bijou~ ... les 'Voici! Ah! si nos yeux de chair pouvaient v ok

le ·spectacle qu'évoq1ue notre âme! ... . Tous ~s humains haJetants encore du pé­

nl couru, se regardant les unR< 1es autres se disant, avec rle l'effroi dans la voix: ~Je s·u.i.s aTri'Vé, 'je suûs au ciel, maintenant ... et pou'l' tout1ours!

Il y a ceux qu~ ont enlevé leur paradis lentement, méthodiquement ... .

Ceux qui ·se ISOnt battus. ... ceux qui ru· rent rou~és dan,s la poussière et dans la boue, et qui jamais n'ont « accept~ » d'être vaincus, qui ont guetté le mO'ment où se desserrait 1°étreinte pOUJr se 1lever et bonili:r en dehors du verti<ge ....

Ceux •qui se sont endormis dans la bana­lité et l'exigence des• choses humaines puis. tout d'un ·coup, se sont dressés parce ~ue 1~ mort :les tenait à1 :la gorge et, d~un sursaut du dernier moment, ont comme volé leur Parald:is .•••

'Mais en'tin, ils y son1! . . . et vainquetWs tou1 de ,même!

L'Eglitse est fière de tous, des hnma·culés et des •rescapés, de :Jean, de IJérôme et d'Au­~us1in .....

,_ Voiici mes biijowc:!

0 !Mais la ~oie de ce ~our a été toute bordée

lde noir.

IPOUfiCiUioi? IParce q:ue tous les entrants ne sont pas

.réunis 1~-'haut, à l'a table du .Père. INe protestez pas!... Car, à ces albsen·ts,

D~eu ouvrirait les portes de ·son ciel, qu'ils refuseraient d'y entrer.

Terrilble fata!Li~ de l'immanente ~justice!

Balanœ impitoyable, où l'expiation !doit compenser la .faute. '

ViniVité au festin s 'examine et, voyant la ta'Cihe de boue qui sa11t son vêtement, dé­clare: « Je ne pui:s me présenter ainsi, it faut que je ·me larve et que ~e me change. »

C'est ce que font les âmes dans le mys­tère du Purrgatoire.

1Vous qui !Ii~gez ces 1Hg.nes, êtes-vous sfrr de ne pa-s asvoir, de l'ootre 'côté du monde, ·une âme dtans œ cw}à ..• ? Une ·âme qui at~ tend le ·ré:oon'fort de votre prière ... ? Une âme c;ui appeHe toU'te seu1e de là-bas à ·son aide. « lMiseremin~ meM . . . Ayez pi~ié dte moi, vous du JthOfns q:ui êtes mes amis ... »

Qui dira Œa haute solennité, l'i<mportance de ces fê'tes c;·wi dres'sent !debout, de'V'ant ceux qui regardent et é'collltent, le mystère, sans ces·se ·s'approchant, de iJ'éternit~!

Que sert à l}'homme de gagner t'unirvers, si 'ja-mais H vient 'à perdre -son âme ... ?

'Méditez cela, lecteurS!! Méditez-fe dans le silence de vos dham­

bres ou à genoux a;u cimetière, •s:urr le tapis des feui11es mortes.

tMaJ.s ensuite, relevez-vous plus forts, par­ce que les défunts vous rega'l'dent ... parce c;.u'ils ont besoin de vous. . . pa.oce q11'i1 faut qu'un jour cette fête de la Tous.saint soit aussi la 'Vôtre ...•

Oui, tout le bien que produit une telle élvtocation au ·seui1 de l'année 'ÇUi vient ....

Car les morts •sont les meilleUirs conseil· lers des vivants.

Et aUICÛne prière n'a une saveur td'éter· ni~é, comme la prière qu'on fait, un jour d'automne, Sta" la .pierre froide des rom­beaux., .•

Pterre ~· l!Jt·mue.