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SI ON, 28 Février .935 No 4 64 me Année ORIA)lJI: DE LA 5()(!,iélé d -édueation L'ECOLE' PRIMAIRE , paraît 14 fois pendant le cours scolaire ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- Les abonnements se ,règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou ce défaut contre remboursement. Tout ca qui eoncame la pUblication doit être adressé directement à Il. LOUIS DELALOYE, Secr6!aire au Départemttllt de l'mstrucHon pubUque', à Sion. Les annonces sont reçues DM' PUBLICITAS, Boel'" A.aonyme Saisse de PlIbHclt6. Sion Rue de Lausamlle - Tél'éphone 2.36

L'Ecole primaire, 28 février 1935

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Page 1: L'Ecole primaire, 28 février 1935

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SION, 28 Février .935 No 4 64me Année

ORIA)lJI: DE LA

5()(!,iélé vaIai,a1}"oe ~'\ d -édueation

L'ECOLE' PRIMAIRE , paraît 14 fois pendant le cours scolaire

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.-

Les abonnements se ,règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou là ce défaut contre remboursement.

Tout ca qui eoncame la pUblication doit être adressé directement à Il. LOUIS DELALOYE, Secr6!aire au

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Les annonces sont reçues e~cluBiv,emeni DM'

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Page 2: L'Ecole primaire, 28 février 1935

MéthQde

dat - Pin~oud Tableaux de lecture illustrés

Une collection de:

a) 12 tableaux lithographiés au recto et au veri'{S, grandeur 45X35 cm. - soit 24 leçons - en écriture droite avec un album de 4-~onde8 Fr. 20r-

b) 24 tableaux - oSoit 42 leçons - imlU"imés en carac-tères typographiques . . . • • . . »40.-

Ces 66 Jeçons étudlent., sous fortne de phrases ou de réoits, les sons siftliples, les diphtongues, les SO:Q.S ~uiv8;leDW, les Etlsonnes et syllab~ muettes. Ces phrases et récits n.'nnt :Ras de pré: ktiop litté-raire. Lel\l"-seul but est de faciliter); é na de de la 1 éeture, tout en éveiHaent J attention et r 'lntél'M e !fin .

SION, 28 Février 1935. No 4. 54me Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION

SOMMAIRE: PARTIE OFFICIELLE: Association des maîtres d~ gymnastique du Valais romand. - COl1Jférence des districts de Monthey et St-Maurice. - PARTIE THEORIQUE: Surmenage scolaire. - Le piège de la nature. - Combattre l'inattention. -PARTIE PRATIQUE: Composition. - Analyse littéraire. - Cal­cul écrit. - Les ISciences. - « NOS PAGES». - Divers. - Nécro­logie.

PARTIE OFFICIELLE

Association des maîtres de gymnastique du Valais Romand

En séance du cOlnité du 10 !février 1935 il a été décidé d'or­ganiser les 'cours suivants: v Vouvry: nir. Bertrand, le 1411l.a'rS 1935 (uTaison d"école);

· St-~1aurÏ>ce : Dir. IPignat, :le 14 mars 1935 (salle de gY'ln.) ; ~/Iartigny : Dir. Addy, I,e 7 'mars 193'5 (salle de gym.); Orsières : Di'r. Hubert, 'le 14 'lT. 'ars 193,5 (fMaison d 'E,cole); Chanl.oson : Dir. Dela,loye, le 14 :lnars 1935 (I)!laison d'E,cole) ; Vcx: Dil'. Boh'ler, le 14 nl.ars 1935 ((Maison d'Ecole); Ayent : Dir. Delaloye, le 7 !lnars 1935 CMaison ,d'Eleole) ; Viss'oie : !Dir. Grand, le 14 nlars 193-5 (lMaison d'Ecol'e) ; Les instituir-ÏJces sont vivenl.ent invitées à participer égale-

111ent à 'Ces cours. L'asselnhlée annuelle de la Société a été fixée au 2'1 mars, à

Martigny. L'ordre du jour ,et les renseignements -complélnentaires paraîtront dans le prochain nUl1l.éro de l'Ecole PrÏInaire et nos ,nl.embres recevront persünnellenl.ent la convoeation. Nous c01np­tons s~u une beNe participation.

Par ordre du cOlrtÏté: Hubert.

CONFÉRENCE Districts de Monthey et St-Maurice

La Con1férence annuelle des Instituteurs des districts de Mon­they et ISt~Maurice est fixée au jeudi 28 mars, à 14 heures, 'a CoTIo'l11lhey, av'ec l'ordre du jour suivant: 9.00 lMesse Ipour les Imelmbres défunts. H.30 Ouverture de la 'Conférence:

1) ~ffaires administratives;

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2) Lecture des .travaux sur .le sujet fixé: La Protection de la natur,e;

3) Causerie de !Mr le ;Recteur IMa'riétan; 4) \Divers.

PARTIE THËORIQUE

Surmenage scolaire , .On parle fréquelnment de SUflnenage scolaire et pour y re­

l1:edzeI: on propose, si on.ne l'a déjà pas mis en pratique, de.'! Icductzons de program'mes, d'heures de classe ~' on profite de toutes les occa~ions pOUl' accorder des congés, sans compter qu'on allong~ volontzers ceux qui sont déjà fix és pal' [es règlements, à tel pomt ~ue l'autorité supérieure doit d e temps en temps réfré­ner ce relachelJnent dans le travail scolaire.

Les sports, eux aussi, se font les conlplices du fléchissement dans l'appUcotion p ersévérante que r equiert le succès dans les études.

. Là où le .surmenage est dénoncé avec le plus d e vigueur, c·.est dan~ les znt,ernats. Que de jérémiades à propos de ces soi­d1sant pnsons, ou l' on est frustré de toufe liberté et de toute ini­t.!ative:· où l' o.n. e~t accab!é par la monotonie, la régularité et l, ex a.ct!tLzde mzlltazre du reg/ement, pal' la quantité de leçons cl eindzer, par la 'longueur des étH'des, alors que tout attire au-dehors: chants des oiseaux, fanfares qui passent, va et vient de gens bruyants qui passent sous les fenêtr es d es pauvres reclus. Et puis, n'entend-on pas quelquefois aussi des plaintes SUI' le ré­qime, [' ~ntretien des locaux, etc. , etc. ? Il Y a vraiment de quoi emouvozr les cœurs les moins sensibles.

N' yen a-t-il pas parmi nos lecteurs un certain nombre qui ont connu ces misères, qui les ont dans certaines occasions dénon­cées avec ·une vigoureuse indignation cl l'oreille indulgente de leurs camarades d' études!

A ceux. qui ont vécu cette vie !héroïque, avec ou sans m érites, IlOUS voudrzons m e.ttre sous les yeux .fa page suivante sortie d e la plUJme de l'éminent professeur d '11istoire lM. J.ean Guiraud. Elle a été écrite il n ' y Cl pas très longt e.mps et elle montrera que la vie scolaire d'aujourd'hui, ,même ce,[fe des p ensionnats , n' est pas si dure qu'on veut bien le dire.

HIER ET AUJOURD'HUI

Nos en fants sont surmenés; leur dévelop,pem·:mt physique r- t in te ll ectuel est .arrêt é ou faussé p a r le tra.vail qui leur est imposé

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au collège et la vie antihygiéniqu e qu'ils y mèn ent. Tel est le cr i d 'a larme qu e poussent paren ts et m édecins, professeurs et' élèyes.

Ces d el'nier s t emps, nombre d'assemb lées et d'associations ont délibéré sur cette grave qu estion, 'par exemple, l'Aca démie de m éde­cine, les divers Con gr ès pédagogiques qui se son t tenus ·pendant les vacances de Pâqu es à Paris, celui d es Syndicats .de l' en seign em.ent libre qui a eu li eu à Rouen , où n ous avons entendu sur ce suj et un excelleut r apport de M. l'abbé Le · Thuilliel' , directeur de l' école de Mesnières les Associations de par ents d'élèves. A l'affût des qu es­ti on s actu elles, la presse a r empli nombre de colonnes d'ar t icles et rI e vœu x sur le surmenage, et le·s grandes revu es ont. exanli né ce problèm e en des études documentées; citons cell e de M . Hunziker , président -des. Associations de par en ts d 'élèves de lycée.s, dans la « Revue des Deu x .Mon des» et c~ll e d'u n maître en pareille matière, le P . Datin, dan s .l es « Etud es ».

Une Commi.ssion présidée pm' un u niversita ire, M . Victor Bérard, sén ateu r du J ura., a été n onul1ée 'pour étu dier ce problème et pré­sen ter ses conclusions au Parlemen t, et, touj ours attentive au x pro­b lè~lles scol aires et désireu se de do cumenter n os amis de la Cha.nl­bl' e et ·du Sénat, la Société d 'éducation et d 'enseignement a mis cètte question à l'ordre du jour de son ·Comité de l 'enseignement secondai-

re . D'ailleurs, ell e n est pas no uvelle : il y a quelque trenLe ans, u ne

Commis::. ion officielle a été déjà cl'éée pO U l' étudier les causes de sur­menage et y remédier; mais, comme il a r r ive souvent aux Commis­sions, ell e 11 a pas trou vé la solution 'ch erchée, pu isqu 'on la cherche toujour s ! S'il en est ainsi, il fau t reconnaîtl'e que le problème n 'a. de nouveau que l'acuité et la générali té des plaintes qui s'élèvent de tou-

tes parts. :j:;ji *

Tr availl e-t-on aujourd'hui p lus qu '.au trefo is, et le régim e des éta.­blissements scolair es est-il devenu ,p lus é\7ère encore que par le'

passé? J e n e le crois pas, si je cornpRr e la vi e de l' écoli er d'auj ou d 'hui

? cell e que n ou s ' avons menée n ous-mêmes il y a un demi-s iècle, avant qu'on n e parlâ t d e sur m enage.

Internes, nous étions enfer més cl an s d e v ieill es co.n structions qu e l' on a de.puis sin gulièremen t aérées et transformées, selon les loi s de l'hygième m odern e. Que l'on compar e, p ar exemple, le vieux ly cée Louis-.le-Gr and de 1885, don t la grande cou r, puits entourés de quatr e corps de b âtimen ts fort élevés, remontant _Çl. U XVIme siècle, au lycée d'aujour d'hui. y avait- il a lors un ly cée Lakan al, u n lycée ·IvIi ch elet, avec leurs p arcs vastes et m agnifiques d.onn ant un a il' ivifi an t et reposant à la fois? Nos vieux collège~ " i1i'ésentai ent- il s ces vast es es­paces a daptés aux jeux et m êm e aux sports ?

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I?ans ces ma:sons sO~bres, froides, insalubres, le régime était austere: une ,sortIe en famIlle par moiss le jeudi et le dimanche, une p~om~nade ou, deux à deux, on allait en rang à un kilomètre de la vIlle Jouer une heure, et revenir en rang deux -à deux' des vacances assurément moins longues, ,puisque les grandes ne 'com-mençaient ~ue le 10 ao~t: pour se terminer le 1er octobre, tandis que, de nos Jours, le 14 JUIllet met en déroute, pour des vacances de deux mois et demi, toutes les bastilles scolaires.

Rien de plus austère que notre vie ,quotidienne: lever à 5 heures en été, à 5 h. 30 en hiver, ce qui nous faisait dormir encore moins que le collégitm d'aujourd'hui; l'étude du soir durait - sans relâche dl' 5 il 8 heures; des classes de deux heures matin et soir et, par­dessus tout cela, une dure discipline qui, par des privations de sortie, des « ~ete~.ues)} de promenades et de récrations, remplaçait par un sureroit d mternement et de travaux forcés les moments de détente. De fêtes scolaires, jamais, sauf la distribution solennelle des 'Prix.

Si je prends les « cahiers de textes)} où sont inscrits les « devoirs )} que j'ai faits de 1876 à 1885, je vois qu'ils étaient aussi nombTeux et aussi longs que ceux que l'on donne aujourd'hui, car si, dans les hautes classes, nous faisions moins de problèmes, nous avions à composer, d'autre part, plus de discours français et" en outre des discours latins et des vers latins qui ne sont plus aUjourd'hui que des souvenirs antédiluviens.

La nourriture et l'hygiène étaient alors d'une simplicité mona­cale, en prenant comme type de -cette simplicité non pas ces couvents qui ont aujourd'hui le chauffage centr.al, mais les cellules et les cité monastiques de l'antique Thébaïdes: un quart d'heure pour se lever, après avoir assiégé au nombre de trente dix 'petits robinets répartissant entre trente bouts de serviette la valeur d'un broc d'eau' le bain de pieds tous les mois; le bain tous les trois mois dans u~ établissement de la ville. Les jeudis, jours de promenade, « le veau rôti et salade» distribué avec- une telle parcimonie Ique dans notre lit nous dévorions du -pain assaisonné d'oignons crus qUe nous avions achetés subrepticement en promenade là quelque maraîcher.

Voilà quel fut mon régime de vie depuis l'âge de dix ans, pendant neuf ans, et comme, en ce temps-là, J'Université marchait comme un régiment, au son du tam'bour, j'imagne ,que c'était aussi celui de la plupart des lycéens de France. Tout cela, je le retrouve d'ailleurs dans les « Souvenirs d'enfance» de M. ,Louis Bertrand; -son lycée dE'! Bar-le-Duc, ,bien que fort éloigné du mien, lui ressemblait comme un frère. On en était encore à cette uni'formité qui faisait dire sous l'em­pire à un ministre de l'Instruction publique, tirant .sa montre de son gilet: « 6 heures! En ce moment, tous les élèves de mes collèges font leur version latine!»

Eh bien! avec Ce 1:iystème austère, C1UI~, antihygienique, il n'y avait pas plus ,qu'aujourd'hm de cancres usant inutilement leurs fonds de culottes -sur les bancs, de paresseux indecrottables qu'une

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discipline de fer ne pouvait ,pas -plus mettre en mouvement que la discipline paternelle d'aujourd'hui; peut-être plus de travailleurs, surtout dans la categorIe des bourSIers, à qui on présentait leur bourse non comme un droit pour le dévelo'ppement intégral de l'es­prit, mais comme une grande ,faveur qui leur était faite, et dont ils devaient se montrer dignes par leur tr.avail et leur conduite, en servant d'exemple à leurs camarades.

Il y avait moins d'élèves à l'infirmerie et 'surtout moins de li­cenciements pour cause d'épidémies; je n'ai pas le souvenir d'avoir bénéficié d'une seule de ces vacances exceptionnelles pendant mes neuf ans d'internat, et -cependant, s'il y en avait eu une, elle aurait été un fait si important au COUDS de ma longue et austère claustra-

- tian que je m'en souviendrais toute ma vie comme d'un événement capital de mon existence!

J'ajoute que j'ai vu moi-même l'adoucissement de ce régime, et, quelque austère qu'il fût ,sous la férule de notre 'proviseur, M. Gidel, et de maîtres aussi peu dépourvus d'agréments intellectuels que mon professeur de rhétorique - qui forma aussi ,par ses sévères di~ ciplines mes camarades Romain Rolland, Fortunat Strowski et Vic­tor Bérard, - l'ail' extérieur pénétrait dans notre vieux lycée Louis­le-Grand beaucoup plus que dans celui de Carcassonne; encore y considérait-on comme l'abomination de la désolation la lecture de Labiche pal' des candidats à l'Ecole normale; j'en fis un jour l'expé­rience.

M. Victor Bérard, président de la Commission du surmenage, doit avoir ces souvenirs présents ,à l'e-sprit, et j'imagine qu'en les évo­quant. devant ses collègues il leur 'posera cette question préliminaire: « Pourquoi, avec un pareil régime, se ,plaignait-on si peu du surme­nage, alors qu'on en dénonce de nos jours avec tant d'uanimité et de force la coupable malfaisance.» Jean GUIRAUD.

Le piège de la nature L'expérimentation a per,mis aux ,sciences naturelles de réaliser

d'énormes progrès; parallèlement, les élèves ne pourront acquérir une -connaissance précise de ces sciences qu'à condition d'observer eux-mêmes 1a nature qui -s'offre à leur sens et de répéter pour les comprendre les ,expériences les plus fécondes.

Tout le monde est d'accord là-dÛlssus, du moins en principe. C'est pourquoi les tenants des méthodes d'observation à J'école primaire ont poussé plus loin leurs prétentions. Faites observer les enfants, nous cli3ent-ils, tournez leurs regards ver,s la nature. Rien ne les in­téresse comme la vie des animaux et des plantes; rien, par consé­qllent, ne peut davantage capter leur attention; rien ne sera plus fé­cçmd en résultats intellectuel,s puisqu'aussi bien la source du pro­cessus intellectif est encore ,dans le Isensible.

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Ainsi raisonnent beaucoup de gens qui prétendent étayer leurs dires SUl' des bases scientifiques et .philosophiques d'une rési.stance à toute épreuve.

La portée de la thè6e est très vaste puis'que ses défenseurs préten­dent ,provoquer chez les é'clUicateuTs une attitude' générale: amener l'enfant à prendTe contact avec la nature. Daris l'étude des différen­tes branches du progTamme, comme dans l'organisation de l'enseigne­ment, ce souci - d'après eux - ne devrait pas être perdu de vue, mais déterminer les gestes et dictel~ 18s conclusions. Cette t.hèse i11é­rite donc un ·examen attentif. Tâchons d'y voir clair, écrit un lnspec~ teur scolaire de Belgique, M. Fourneau.

Et tout d'abord, qui mettra jamais en doute cette affirmation: la ltature intéresse l'enfant? que les petits aiment la verdure et les fleurs, qu'Hs se :sentent ,attirés pal' le ruisseau, qu'ils aiment. caresser lu chat, le chien, les lapins ou l'agneau, rien de plus vrai. Les ma­nuels ont exploité cette mine.

Les recueüs de lecture abondent qui ont été composés dans le même sens. Il ,semble même, à pm'courir ces pages abondamment il ­lustrées, enrichies de multiples « exercices d'observation », que l'en­fant ne s'intéresse vraiment qu'aux bêtes. Ses ,amis, on les trouve à la basse-cour, à l'étable, à l'écurie; il faut y ajouter le chat, le chien, le perroquet, les souris et les .limaces. N"oublions pas les papillons, les mouches, les moineaux et le canari.

On pourrait continuer. Au nom de l intérèt que présente pour l'enf,ant le spectacle de la vie animale, on le parque au milieu de ce petit monde-là. Il apprend à lire sur le compte de Fifi, .de Coco ou de Loulou des histoires à' dormir debout. On parle de Mme Poule qui est une tendre ma.ma.n et la page s'intitule « Scène de Fa.mille».

C'est une bonne aubaine pour les « neutres » que l'intérêt de l'en­fant pour les bêtes. Le papa, la manman, les frères et sœurs, St-Ni­colas lui-même 'sont enfoncés. Vivent les bêtes! Que viendrrait faire le Jésus de la crèche d.ans tout cela? Pourquoi l'Histoire Sainte? Pourquoi le merveilleux de vies des saints? pourquoi la liturgie de l'Eglise? Nous avons les bêtes. NoUis avons même une morale: trai­tez les animaux avec douceur. En, ajoutant la sincérité et. l'obéissance, nous obtenons un code m'chi-complet, un code sans amour.

Vous pensez peut-être que tout ceci est exagération ou fantaisie? Belisez plutôt certains manuels français destinés ,au degré inférieur des écoles primaires et vous serez' convaincus. Si c'est cela qu'on veut obtenir quand on nous Idit: « Regardez donc la nature», sachons rtire: Non! Si l'enfant d.oit observer -la vie, que ce soit avant tout la "ie chTétienne infiniment plus riche, et non seulement la vie des bê­tes. Si l'enfant ne saisit pa,s l'homélie du dimanche, il voit les céré­monies de la première cOll11nlUnion ou des funérailles, il prend part aux processions, il fleurit les autels et chante son cantique.

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Il aime la crèche illuminée qui vaut cent fois la nature, comme le montage du carrousel vaut cent foLs les grenouilles et les épino­ches. Le petit qui .observe le geste généreux de sa mère offrant l'au­mône sent naître en -lui la pitié avec la bonté de ·cœur. Ce sont des observations qui « rendent». Nous l'oublions trop. Et ·sur la foi des neutres, trop de braves gens sont portés à admettre qu'il n'y a d'ob­servation féconde que celle de la natuTe brute et du monde animal. C'est le contraire qui est vrai. Il importait de faire connaître le danger.

Si la vie des plantes et des bêtes intéresse l'enfant, il ne s'ensuit nullement qu'elle l'intéresse plus que tout le reste et qu'il faille cons­tamment tourner vers l'animal toute son aHention. Il ne faut ·sur­tout pas en conclure que c'est là le seul intérêt puissant chez les pe­tits et que l'observation qui porte sur la vie des h01n'l11 es, sur les fêtes et les deuil.s, sur les so'lennités religieuses et les occupations profanes est une ·observation de moindre qualité. Ce serait tout bon­nement ridicule. Et pourtant ceux-là qui ont composé ces manuels l'admettaient implicitement.

Les catholiques ne se sont pa.s la.issé prendree au piège .de la na­Lure parce qu'ils savent que l'âme de l'enf,ant révèle de bien autres puissances dont l'objet est infiniment plus haut; l'enfant apprend à ubserver plus humainement. A neuf et douze ans surtout, l'élève de­mande ù'abord à ses maitres l'aide nécessaire pour s'élever au-.des­f'iUS du terre à terre dont l'emprise n'est que trop forte.

Au lieu de le tenir le l'egar.d fixé sur ce qui est en dessous de lui, faites-lui voir ce qui est plus haut, lels vertus auxquelles il peut at­teindre et le Dieu qu'il veut aimer. ,L'.observation de la nature, si elle usurpe la place d 'une observation plus humaine ou d'une réfle­xion plus profonde, déforme l'enfant.

Osel'ait-on dire que nous n'avons pas déjà dépassé la mesure? Observation de la nature à propos de sciences nature.lles et de géo­graphie, observation de La nat'ure aux leçons de choses, de vocabu­laire et de rédaction: c'est elle qui reçoit la plus grande part.

Vous répondrez peut-être que seule la nature nous livre ses se­crets et qu'il n'y a de connaissances à acquérir que par une observa­tion bien dirigée, le reste n'étant que verb1age. Ce qui revient à dire que le catéchisme n'e,st que verbiage et que la mo·rale, n'étant pas tirée de la nature ,sensible, n'a p.as de valeur. Les neutres pensent ainsi, mais on trouve des catholiques qui posent les prémisses et refusent de tirer les ·conclusions. Ce qui. importe" ce n'est pas l,a con­naissance des choses, mais celle des hommes et les id'ées morales et les sentiments l'emportent ,de beaucoup sur les perceptions. Que l'en­fant pense les idées morales et les vérités religieuses, qu'il s'imprè­gne l'ame de charité et. de justice, voilà l'essentiel à l'école. Qu'il ouvre son âme a tout ce qui est bien, que son inteUigence apprenne à

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regarder plus haut, lais1sa.nt a l'arrière-plan la connaissance de la nature brute, des plantes et des bêtes; son bonheur est à ce prix.

La nature ne nous foU'rnit que fort peu d'idées; ce sont le·s hom­mes qui nous transmettent les biens de culture, et dédaigner ceux-ci pour celles-là c'est tout bonnement travailler à rebour.s. Que de gens qui se croient éducateurs et qui sont hantés par la peur 'de l'abstrait, de La réflexion, de ,tout ce qui ne se palpe pas, de tout ce qui ne s'ob­serve pas, par la peur du spirituel. Qu'ils prennent garde, la revan­che de l'esprit pourrait bien être terrible. Allez voir en U. R. S. S. !

Co mbattre l'inattention

L'attention eSlt le point de dépa,rt de toute ,étude, eUe est la condition sine qua non du p ,rogrès .. ,Sans ellle, le savoir-JaIre, le dévouen:.'ent du maître son't quasi stériles.

Le défaut d'atte~tion est néfaste aussi à 'la formation du jugenlent ,et. du Taisonnelnent. T,el enfant inattentif ser~ taxé 'Cl'üwapah:le de s'instruire, d'arriéré; aussi aura-t-il l'école ·en horr-cur ·et par ce fait, SOn développement intellectuel sera conl­pronlis.

Si tel 'enfant nornla/lelnent doué prétendqu 'il ne .':lait pas faire son devoir, qu'il n'a pas compris les exp1Î'cations données. ne doit-on pa.s voir 1Jà l'indice de rr'a distra,ction. Dès lors il faut trouver le llloyen de fixer l'attention, car le [naître qui ne cherche pas ,à ex·citer ,et à soutenjr 1'.aUention des élèves, peut être !a cause indirecte de hien des désordres qui pourraient se prüduire chez ·eux.

,Comanent cOll1hattre l'inaNention?

En premier lieu, Il'élève doh trouver ,en dass:e un séjour ag,réab'le, la c:1asse ne sera pas cette ;prison noire, le maître s'ef­forcera de rr'a ren'dre gaie, Ide faire ainlier l'école, de s'attacher le cœur des -enfants.

Le Inaître parvien.'dra airsoélY.:lent là obtenir de l'a dis'C'Î.ipline et de l'o;fldre si par des procédés- intuitifs il slairt exciteT Ua curiosité natuT.e1le 'et l'intér·êt chez fenfant. La das'se sera :animée, pleine de cet't·e f'l'anche g'a~eté; l'être -le 'plus renfrogné, 'le plus distrait vibrera à l'unisson de maître -et des bons -éléInents.

Pourquoi Ides -enfants se cabrent, confi'llenit dans le illlutisme, se refusent à donner une Téponse SUT une question pourtant fa­cile? 'C'esif: Iparce que \le Inaître les a peut-être Tebutés, ridilcu­lis'és qu'il s"est moqué d'une répons'e incorrecte 1 Encourag·er l'é­lève,' recueillir avec tact s·es réponses, c'est contribuer ,à 'le !Inettre sur le bon èhemin, là lui donner confiance de sa for,ce, c'est forti­fier sa volonté, c'·est faire ·son telffipéranlent.

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Si 'encore nous voulons 'que les élèv,es s'intéressent à l'école, il faut ·exlclÎter une .s'aine élnulation, ·et surtout éviter 1a lassitude, le décourageilnent engendrés par des tleçons trop 'longues. Au cours .des ·ex'plicalions, ~1fif'Ü'rm.ons-nous si nous avons ·été COffiIPTis, posons des questions à l'un ou -/l'autre élève. En tout cas, éviter J'.excès, dans 'l'école ou le Ill'aître pade trop, 'la pensée est ab­sente.

Le moyen 'le plus ·ef,fka,ce d'alrener Œ'enfant à aÏ1n.er l'étude, c'est de Inontrer SOi-ll1.'êm.e .du plaisir et du zèle à enseigner. L. D.

PARTIE PRATIQUE

Composition L'été. Description de cette saison.

Plan. - 1. L'été. ISa durée. - 2. Aspect de la nature. Le oieL Le.s cham'ps. - 3. T,ravaux des ch<a.lll1Jp·s. - 4. Agréments de l'été.

DEVELOPPEMENT 1. Nous 'SO'l1Hl1'eS -en été, Ila plus chaude, la plus longue des

quatre saisons, cali.' ,eUe üonlpte un jour de plus que le printemps ct. quelques jOUTSI ,de plus .que [':autdnlne -et l'hiver. L'été conl­imeIJ.ICe 'le 2'1 ju~n et se ternline le 22 septeIl1\]x·e.

2. A ce nlonlent, la nature est da<ns üOlYIp'let épanouiss1elnent, dans toute sa beau'té. 'Les champs 'sont couverts 'de verdure ,et de récoltes; [,es g:azons du printemps ont Ifait place à une herbe haute et drue; les bIlés mûrissent ·el se dorent sous les chauds -rayons du soleil. iLes 'adwes sont dha,rgés de fruits. ·C'-est 'le t~mps des cerises, des flJ.'aises, des abricots, des prunes, des groseaUes; les jardins sont pa,rés· de fleurs.

Si tes jours sont longs et les nuits courtes, Jes Imatinées et les soirées sont ·dé:li'Cieuses. ILe so[-eil, dont 'l'éclat -est ·éblouissant, rayonne dans 'le ciel :bleu, 1a 'Chaleur est ardente, lTIiais qu'lil fait bon rêver aUlptl'ès d'une Sloupce, sous :les grands arhres, p ,endant crue les oiseaux chantent dans le feuil!age. .. 3. Daus les c'ha'lnlps, l'alCtivité est paTtout 'et l1e cul'tivateur ne

perd pas une minute. :Levé 'bien .avant le .soleil, il fau~he ;J'herbe des prairies, rentre 1e foin parfulné à la grange, ffi()llSSOnne les bMs d'ür, soigne ses vignes et ne prend de repos que lorsque la nuit est tombée depuis longtemps. lMlais il ne regrette pas ses sueurs; ses greniers se remplissent et il reçoit ila récompense de SOIl laheur. .

4. L'été est une s'aisO'll des plus agréables. Sli parf01s .la cha­leur nous accable, nous pouvons nous 'reposer sous .f oonbra?e ; ",,'il pleut, s'il fait de !l'omge, le mauvais terr.1psest VIte ,passe et

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le soleil ranlène lIa gai.eM. lC?n peut -entr'epr'endr,e d-e longue~ pl'O-1l1l~nades dans les. '~ 'OlS" fmr-e de bonnes parties de pêche, se baIgner dans -la rIVIère. rC'eslt la sa1ison bénie des pauvres ' gens.

Un incendie au village . Plan. - 1. L,es ha:bitants du vimage sont réveillés pa'r les

CrIS: Au feu! ,Au feu! Une fernl,e <Ïnlportante ·esten flamInes. -2. Cause de J'incendie. TOUscolu~ent iau lieu du sinistre. - 3. Les p0l111)iers arT\i'vent. ILeUIJ:s efforts pour arrêter le feU. Une gange est brû'lée. ILes Inaison voisines sont plI:,éservées. - 4. Inlprévoyance du rf.ernlÎ-er.

On recueille ce qu'on a semé Vous explliquerrez ce proverbe et vous f-erez voir par des

exemples ce qu'il signifie. Plan. - 1. Signification du proverbe au sens ,pr'Opre et au

sens figu.ré. ----. 2. IApprli'cation à lia vie des élèves. - 3. App'lica­tion à la vie Ides honltmes.

La moisson Dites comnlent se fait :la nloisson des bilés dans votre village. Plan. - 1. Epoque de la oluaisson. 2. Les rr.'oissonneurs au

travail. - 3. Le repas des lll-oissonnewrs. - 4. La nüsè -en ger­bes. - 5. ,La r,entrée à 'la grange. - 6. lReconnaissance au ,Maître de toutes chos'es.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières Expliquez Ile sens de ce Iproverbe et nl'Ontrez par quelques

exemples Ice qu'il signifie. Plan . - 1. Sens prrop're du prbverbe. 'Filet d 'eau. IRuis­

seau. Rivière. 2. Sens figuré. AppJication ,à la vie nlatérielle. ~. Application à 'la vie intëllectuel1e. - 4. Conclusion.

Un soir au village Décrivez le village que vÜ'us habitez au ,moment où, le soir

d'UB heau jour, Ile travail ter.m':né, chacun se repose des fati­gues de 'la journée.

Plan. - 1. ,C'est le soir. Aspect du ciel. - 2. ILes vieillards. . Les enfan'ls. Les nlénagèr'es. - 3. Le retour des travai'lleurs. Le bruits des chariots. ,La rentrée des troupeaux. - 4. La nuit tombe. Le repas du soir. - 5. Le vHlalge s'endort.

La joie de l'examen Plan. - 1. Les dernièr,es recommandations du lmaître. -

2. Lever le jOlU' de l"exuulen. Déjeuner. Départ. 3. InstaNa,tion dan.s la sa]le d'exalnen. - 4. ,MatÏntenant je fais nla conlposi­tion française. Les questions orales.

·· Pourquoi . je veux être cultivateur Dites que'ls sont le.s motifs qui vous portent là choisir le

métier de ·cultivateur.

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. Plan. - 1. Je dois ,faire choix d'une carrière. Je 'Yeux ,être cultIvateur. - 2. M,es parents sont 'cultiVluteurs. Je veux les Îlni­ter .. - 3. J 'ainl~ .ra ,campagne. ,Ses agréments. - 4. 'Les Û'ccu­patlOns du ,cultIvateur - 5. Son indépendance. - 6. Utilité du laboureur. - 7. Conclusion. '

La chose qui m'a le plus effrayé Ra,contez l,a · chose qui vous a Ile iplus ,ef.ff'ayé. Dites ce que

vous avez éprouvé. ,Comnlent agiriez-vous si vous vous trou­viez en pareil ',cas. Que pensez-vo~s de la peur '?

La fin de l'année scolaire

Void 'la fin de l'année s'cdlaire. Réflé:chissezà 'ce 'que vous [IVCZ fait pendant cette année-ci, c'est-'à-dire depuis .Je ,mois ,d'oc­tobre. Interrogez-vous, dem'andez-vous si vous avez été bon élève et si vous avez rcnlpli tout volTe Idevoir.

Plan. - 1. iLa fin de 'l 'année s,colaire. - 2. Réflexions sur J'emploi de n:'on tel11ps. - 3. -Progrès 'que j'ai faits. J'ai obtenu rnon 'certifircat d'élnancipation. - 4 . .Repruches que je puis me faire. - 5. Conclusion.

Un por~rait

.J e suis d 'une taille l11édiàere, 'libre et 'bien proportio'nné. J'ai le tient brun et d 'une Taisonnable gral1deur ; ,les yeux noirs, petits et enfoncés; les 'Sour·cils éJpais, II11ais bien tournés. Mon nez n'esrt ni 'camus, ni aquilin, ni gros, ni pointu, au ly10ins à <ce que je crois; tout 'ce que je s·ais, c'est qu'il est plutôt grand que petit 'et qu 'il des'cenld un peu trO'p hoRS' J 'ai 'la houche forte, et 1es 1èvr·es assez rouges d"ordinaire, et ni bien, ni mal taillées . J'ai Iles' dents blanches et passab~el11ent hien 'rangées . On 'm'a dit autrefois que j'avais un peu tr'QI]) de menton; .le viens de nl'e regarder dans Je 'luiroir pour savoir 'ce qui en est, et je ne sais pas trop bien qu'en juger. Pour le tour du vis'age, est-il carré 'Ou en ovale'? il me s'erait fort diffitCile de Je ·dire. ~t{·es c'heveux noirs sont naturellement frisés, et ave'c 'ce1a assez épais et ass'ez 'longs. Voilà naïvement canllne je pense que je suis 'fait au dehors. La Rochefoucauld.

Questions SUI' le texte. - Expliquez: taille libre - CClJ.InUS -aquilin - en ovale - ncLÏVe'lnent.

Que si'gnifient les eX'P'r,essiO'ns : rai le teint d'une raisonnable grandeur - Voilà COl1lInent .te perise que .te suis fait Clu dehors? _ Ce portrait est-il rphysique ou nloral '? - -- ICitez iles adjectifs qui ex'prin'lent la fjrcmdeul' , la cOl.Zleur, 'la forme.

:\1ontrez l'ordre suivi par L 'a IRochefoucaulld dans .ce portrait. Exercice écrit. - Relevez les . adje-Otifs du texte qui ont un

a.dverbe de nlanière ,corr,espondant; écrivez cet adverbe. E'crivez les adverbes de lllanière correspondant aux adjectifs

suivants: · . Goülu , diffus, jo'li , gentil, éperdu, o'bscur, élnünent,. obstiné,

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opportun, posé, aveugle, résolu, indéfini, poli, étourdi, indu, iS()llé, abondant, a'Ïsé, absolu, bref, profond, uni, hardi, ingénu, arrdent, énorme, diligent, inopiné, savant.

Vocabulaire. - Le corps hUD1ain. - Ajoutez à chacun de'l 1101US suivants deux adjectifs expdmant des qualités opposées ou différentes.

. :Modèle : La taille est haute ou petite.

Le teint, les dIs, la bouche, les joues, les bras, ,le [Tant, les sourdIs, les dents, les o'reilles, les mains, lIes yeux, le nez, Œ·e men­ton, le cou, les ja'lllbes, les lèvres, les cheveux, les d-oligts, les on­gles, [es pieds.

Elocution. Faites votre Iportra-i1: iphysique en vous inspi-ra~t du texte.

Le lever du soleil

La nl~tinée ·est délicieuse, l'air est remp'Ii du parfuln des jeu­nes TJOlnmlers. Les aI~bres qui pressent les rives de l' Indre dessi­nent sur "les prés des nléandres d'un vert édatant que le soleil commence à dorer au faîte. On vient d 'ouvrir ,l'écluse de la ri­vière ; un brui>! de cascade qui l1le ra'Ppelile la continuelle har­monie des Alpes, s'é'lève dans le -silence. !Mille voix d'ois·eaux s"(;v('ü'lent à ,leur tour; void la '0adem~e voluptueuse du l'assigna'!; lù, ,dans Ile buisson, "le trille m.oqueur de la fauvette ;là-'haut, ·dans les airs, l'hym·ne de l'aloueUe ravie qui Inonte avec le sole il. L'astre lIll'agnifique hait les vapeurs de l,a vallée et plonge son rayon dans la ,rivière dont il écarte .le voile brumeux Tout s'em­brase, rf:out chante; les coqs s'évei1lent mutuellement et s'appeUent d'une chaumière là l'autre; la c loche de ,lia ville sonne l'Angelus; un pays-an, qui recèpe sa vigne au-dessous de Ir'oi pose ses outils.

Georges Sand.

Questions SUl' le texte. - Expliquez les mots: méandre -écluse - cadence - trille - recèpe.

COlunlent vous représentez-vous ce qu'exprÏIne la deuxième phrase? - Lisez et expliquez la phrase -où 1e -so,lei'l a été person­nifié par l'auteur.

Pourquoi écrit-on: s'élève - s'appellent - recèpe? ReInarquez: Parfum - dessinent - faite - alouette

s'appellent. -Quelles sont les scènes suocessives de ce lever de soleil ?

HcJeyez les épithètes et donnez-en .Je s-ens.

Décomposez, ,les trois premières phrases du texte en pro po­sitions. - Relevez les motifs, les verbes, les cOlmpMments directs d'objets.

Copiez le texte à partir de « l'astre magnifique ... » en sépaI;ant les propositions par un tir·et ,( -) et les phrases .'PaT deux tirets (=).

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Dans ces propositions, soulignez d'un trait les sujets, Inettez une croix (+) sous les verbes, et deux traits sous 'les compléments d'objet.

·Sur le Illlodèle -de la :phrase: on vient d'ouvrir ... , continuez les phrases suivantes: on a -ouvert la porte de l'usine ... - On a sonné la cloche de la récréatioIl. .. - Le chef de gare donne le signal du dépol'l. ..

Vocabulaire. - Avec ,chacun des non lS suivants ,eInplloyés C01nme sujets, farInez des pTopositions ·en ajoutant: 1. un verbe seul; -- '2. un verbe et un objet; - 3. un verbe et un attribut. 1. p:.ufunl, 1. -casca'de, 1. rossignoI, 1. aloueHe, 2. pOlumier, 2. silence, 2. fauvette, 2. coq, ~t doche, 3. vigne, 3. soleil, 3. pré.

Donnez à chacun de ces verbes un sujet et un complément d.~ lif-m:

Gazouiller, roucouler, fredonner, siffler, gronder, glapir, beu­gler, grogner, hurler, croasser.

Elocution. - ,Ra'contez un coucher de soleil que vous avez adrniré. - Notez avec soin ce qui a frappé vos sens (couleurs du cid, de Il'eau, des arbres; chants des oiseaux, bruits, l110uvelnents des personnes, des aninlaux; parfums, etc,

Un bizarre vieillard Il portait un gilet hlanc, brodé d'or, à l'ancienne ,mode. Un

jahol -de dentelle, assez TOUX, formait des ruches jaunes sur S8. poitrine; [mais sur lui -cette 'dentelle était plutôt un haillon qu'un ornement. Au lnilieu de ce jabot, un dialnant d 'une valeur incal­culable s'CÏntihlait conl~ne le soleil. Ce luxe suranné, ;ce tr~sor intri­~pqlle et san~ goût faisaient encore n1Ïeux ressortir la figure de cet rêtre biz'arre. ILe cadre étai t digne du portrait. ,Ce visage noir étaH all!!uleux et creus-édans tous les sens. Le menton était CTeux; les tell1pes étaient creuses; les yeux étaien t perdus en de jau­nâtres orhites. Les os :maxiIiaires, rendus saillants par une lnai­greur h1Cles'criptihle, dessinaient -des cavités au Inilieu de chaque joue. Ce.s ,gibbosités, plus ou nl-oins éclairées par les lumi(~re:;, pr')cluisaic:- nt des onlbres et des reflets curieux. Puis les années avaient si ,fortement coUé sur les os la peau jaune :et fine de ce visagE:, qu'ene y décrivait partout 'une multitude de rides circu­lajres C01nme les Teplis de l'eau troublée par un caillou 'lue jette un enfant ou étoilées CO!l.Unle une fêlure de vitre, IL'als toujours prOfOIl(lcs ) E:t aussi serrées que les feuilliets ':lans .Ia tranch~ d'un livre. Balsac.

Questions SUI' [e texte. - - Expliquez: .ia~ot - r~lcJz(' .C; . -:-­suranné - infrins/:quc - orbites - ,os maxillazres - glbbosltes.

Que sÎ(1nifie: Sur lui cette dentelle... un ornement, - le cadre' était digne du portrait? - ExpHquez les images de la der­nière phrase.

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Dans quel ordre se slmc.èdent les détails de te port-rait ? Quelle impression l'auteur a-t-il voulu donner?

Analyser les attributs dans les phrases suivantes. Dites de q~lels. ie~m es ils .~?nt attriJ~uts .. 'Müdèle: Le ciel était magnifique. L ,adJectIf magnztzqzze est 1 attnbut du sujet ciel. , . Le 'cü:,,'l était l:la?llÏif.ique. - La porte s ouvrit , bruyante et

ctane. _ . ILe vent etaIt d 'une grande violenc,e. - La nTatinée ,est d élideusc. - ILe soleil est de plomb. - Un naturel ardent rend le -chien ?a uv<age r edoutable à tous les animaux; mais le chiel1 ?Oln~stJiq.ue est tout zèl.e, tou,t ardeur, tout ·ob éissance. - Quand ~ e SUIS -b~en dans Illon .fa-ute~lll, que je songe à m es parents et 'que .l e .Jes VOIS .couverts de guenIlles, l 'air déso'lé, .minables, alors si je SUIS seul, .le pJeur e. - L e senleur tenait la po'ch e de son semoir ouverte e t 1l1'ar-chait seul, en avant, l'air grandi. . V?cClbu!aire . - 'Em'Ploy~z 'comlme attribut ,chacun ,des adjec-

tds SUIvants. - Vous clupTOlrez les a1djectifs des trois 1)renlière~ c~lonnes CQilllnle attributs de sujet, et les adjectifs ,des deux der­nIères ,colonnes 'camnle attributs d 'üb.ieL préci,s, sombre , solita ire, magnifjque~

puissant, triste, em1::lOurpré, ferm e, clail' , léger, maj estu eu x, naturel, fourré , étourdi

" élastiJqu e, sérieux,

désert, . stérile, robuste, rai'sonnable,

La Méditerranée

all'dent, féroc e, sanguinaire, domestique, sauvage.

_. Le. plus gr~nd ,chan11'e de la '~1élditerranée, c'est q ue ·chaque fOlS qu ' O~l. la V?Jt, on la trouve dilff.érente ,de la veiEe, et que plus on la vOIt , 11101ns on 'la Iconnaît. E Ue a d es ,changelnents qui lui son! pro~)res et 'qu 'on peut Ibien appe'ler ses ,caprices. E lle insClisis­sabl e ?ans s,es aspects sans nOJmtbre, dans les 'l'aipides suc'cessions des temt.es 'q'ue prennent ses If~o ts lllobiles . Tandis que le deI au ­dessus d'elle est pur et sans nuages, d'où vient -ce souffle écral et doux qui c-h asse devant lui Ices petits 'flots et 'les ll1ène 1110urir· sur Ir sable fin du .rivage? EI'1e balance les em,bar,cations avec la grâ,ce d'une Imère ,qui ber-ce son enfant , et Ce roulis, hop 'faible pour soullever le loœur, l'endort 'CQ;l1l111e une boisson assoupissClnte. Son !petit flot argentin ne gronde pas; il Inurmure ; il n e fouille pas les Icail10ux Idu 'l'ivage et ne les r emue .pas avec un bruit de râle, il giliss'e dessus et les polit. D. 'N-isaz-cf.

. Ques.t~~:1S SUI' 'le text~. - IExpliquez : charge - caprice -temtes (diHerence entre ,fel11te et teinture) -4 contre-coup - J'ou­lis --'- boisson assoupissante - râle. ---J Quelle diHér e'l1'ce , a -t-il entre gronder et \muJ',mUl'er ? .

. Que 'signifie: eUe est insaisissable c!Cl11S ses asjJects sans nOI111-bre. - La M:'é1diterranée est-elle touJours auss,i calnle que Ile dit l' auteur ? - En -quoi dirffère-,t-elle de rOcéan? - Quelles sont les eXlpr ess ions qui exprÎlrent le calme et n'a douceu r de la I:\ifédi­terranée ?

~ 111-

A l'aide des nOlUS suivants et de sUlflfixes formez des adjec­tifs dérivés et ajoutez-les à un nom au féminin pluriel.

i:;\1odèle: mer; des herbes Inarines. filer, cristal, dent,

aile, caiUou, fourche, argent, âg'e/.. da?,s'e, joie, 19éographie, croc, his~oire, héros, croix,

Fornlez desadjelCtilfs dérivés ,maT'quan't .l'origine, là l'aide des nonl'S suivants et ajoutez chacun -d'eux à un nOln ll1as'culin piluriel. Portugal, ami, torr,ent, Inatière, théâtTe, providence, canton, .glace, ,musique, vi'llage.

FOlullez des adjectifs dérivés des adjectifs suivants ,et ajoutez chacun d"eux là un nŒl1 fén1Ïnin .singulier: gris, vert, jaune, hleu, doux, blanc, nlaigre, pâle, clair, vieux, noir, ,aigre.

Vocabulaire. - Que signifie les expressions suivantes: du. bois incombustible, une amitié indissoluble, une substance 'Înlputres'Cibile, un Inlétal infusible, une joie indicible, un héros invuTnérable, une satisfaction inef'fable, un ifllonunlent indestructible, un langage intelligible, une soi'f inextinguible, une figure im1passible, des diftficuiltés inextricab'les, une maladie incurable, une vo'lonté inflexible.

Analyse littéraire

"Le Lac" de Lamartine

Aperçu SUl' l'auteur. - Alphonse de La:martine (né en 1790, mort en1869), est regardé, avec Vidor Hugo" 'comme le ,prince des poètes romantiques. Bien que sa muse soit avant tout lyrique, ill n'a pour­tant pas négligé les autres genres. Il a cultivé le roman (Geneviève, Le Tailleur de pierres, Graziella) ; le poème èpiqu'e : Jocelyn, La Chute d'un ange. Ces deux poème's, bien qu'i ls Q'enferment des pages su­perbes, ne sont pas sans danger au point de vue moral; mais il serait injuste de dire, ,comme on l'a .parfois prétendu, que la Chute d'un ange annonce ila chute -de Lamartine. Le Ipoète ,s'est aus'si exercé clans le genre historique. Nous avons de lui , à 'ce point de vue, l'His­toire des Girondins, œuvre qui, à cÔté d 'exagérations et d'enreurs, con­tient des aperçl~s de -fine psychologie. Ses œuvres lyriques sont: Les Harmonies, Les Méditations, Les Nouvelles Méditations. L'originalité de Lam.artine fut d'avoir toujours marché seul darls 'sa voie" n'obéis­sant jamai-s qu'à sa propre inspiration; c'est lui qui a créé la poésie ll1.oderlle, 'mais sans prétendre être chef d 'école. La ,constante éléva­tion de 'pensee, voilà ce qui le caradérise. Dans sa vie ,privée, il 'man­qua toujOUl:S .cl'êquilibr·e et ,(l 'organisation. Lui, Ile lyrique par excel-

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lence, il 'songea quelque tel11ipS à 'se faire ... mar.chand de vin! On com­prend s'il réussit! Ce fut une débâcle complète et qui eut une in­fluence vraiment fâcheuse sur les .dernières années du poète. Celles­ci furent franchement malheureuses; on dut, à un moment donné, ouvrir une ;souscription pour venir en aide à l'illustre .auteur des Harmonies. Et cependant celui-ci garda toute sa vie ' 'son aimable sûréni té.

Lecture provisoire du morceau. - LE LAC (Extrait des «Méditations»). (Nous suivons le texte 'que donne l'anthologie de F. Loise)

1. Ainsi toujo~rs, poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuz.t eternelle emportés SClns retoul' Ne pourrons-nous jcunais SUI' l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour ?

Il. 0 lac! L'année à. peine a fini Sa carrière, Et près des flots chéris qu'elie devait revoir, Regarde! Je viens seul In'asseoir SUl' cette pierre

Où tu la vis s'asseoil' !

Ill. Tu mugissais ainsi sous ces l'oches profondes; Ainsi tu te brisais SUl' leurs flancs déchirés; Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

SUI' ses pieds adorés. •

IV. Un soir, t'en souvient-il? Nous voguions en silence; On n'entendait au loin SUI' l'onde et sous les cieux, Que le bruit des l'ameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

V. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage c1w.1'·mé frappèrent les échos; Le flot attentif et la voix qui m'est chère

Laissa tomber 'ces Imots "

VI. « 0 Temps, suspends ton vol! E.t vous, heures propices, . Suspendez votre COUI'S !

Laissez-nous savourel' les rapides délices Des plus beaux de nos jours!

V Il. Assez de 'malheul'eux ici-bas vous rmplol'ent, Coulez, coulez pOUl' eux;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent; Oubliez les heureux. »

VIII .. Temps jaloux, se peul-il que ces moments d'ivresse Où .fa vie à longs flots nous verse le bonheur S'envolent loin de nous de ·la même vitesse

Que les jours de malheurs? IX. Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace?

Quoi! passés pour jamais! quoi! tout entiers per.dus ? Ce temps qui les donna, ce telmps qui les effaça,

Ne nous .les rendra plus?

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X. Eternité, néant, passé, sOlnbres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez? Parlez: nous l'endrez-vous ces extases sublilmes

. Que vous nous ravissez?

XI. 0 lac! rochel's muets! grottes! forêt obscure! Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, bez,ze nature,

Au moins le s01..wenir !

XII. Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect d-e tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent SUI' tes eaux!

XIII. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords pal' tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit la surface

De ses molles clartés!

XIV, Que le vent qui géJnit, le roseau qui soupire, Que ,zes parfums légers dont l'ail' est caressé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire

T a 1...1.. t dise: Ils ont passé!

Préliminaires histol'iques. - Vers l'âge ·de vingt-sept ans (1817) , La.martine avait fait en Savoie la connaissance d'une jeune et .char­mante personne, Julie Bouchaud, dont il s 'était épris avec toute l'ar­deur juvénile de son â:me enthousiwste. Il avait ôJ.uême eu l'occasion, lors d'une tpartie de canotage, de lui sauver :la vie. La rpersonne en question était 'malheureusement d'une constitution faible. Le .danger qu'elle av,ait couru, la. bronchite qui en résulta compromirent encore davantage sa santé déjà chancelante. Elle ne ·survécut que de quel­ques mois à ,son accident. Et l'année suivante quand Lamartine re­vint au lac du Bourget, elle était morte. C'est donc le trépas si cruel­lement prématuré de Julie Bouchaud que ]e 'poète chante en ces stro­phes pathétiques.

Lieu de l'inspiration. - D'après une tradition locale qui a. eu quelque crédit, c'est .dans la ,châtaigneraie de Tresserve, voisine du célèbre lac 'que Lamartine avait tracé la première ébauche de son poème. Pour étayer cette thèse, on invoque l'existence -d'un tableau" œuvre du peintre E. A. Demahis qui représente Lamartine écrivant le Lac sous un groupe de trois ,châtaigniers. Seulement ·ce tableau n'a été peint ,que vers 1830, :donc douze ans au 'moins .a~rès l'événement qui l'avait ins·piré. Dès lors, il y a quelque lieu tpour l'historien litté­raire d'être sur ses gardes. Car, en suppo·sant même que Lamartine ait fourni ceftaines indkations au peintre Dehamis, nous ne sommes pas sûrs que sa mémoire ait été absolument fidèle et lui ait retracé après douze ans une description exacte de l'endroit.

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Idée dominante du morceau. - Ce que le ,poète regrette, c'est que ies heures, les jouDS ,de :plaisir et de joie s'écoulent avec la même vi­tesse ou Iplutôt se 'passent plus vite encore que les jours d'infortune et de déceptions. -

Moyens de mettre en relief cette idée do.minante. - Notons d'a­bord que Lamartine est le poète le pIns opiniâtrement et le plus sin­cèrement optimiste et idéaliste. Nous entendons ICI par idéaliste l'homme qui est beaucoup plus frappé des beautés de tout Ol~dre que des ,laideurs: l'homme qui s'élève volontiers à la conte111lplation d'un triomphe permanent du Beau ,dans l'ensemble des choses créées. Et c'est bien daI~s ,ce sens l.<'\. que l'auteur du Lac e-st idéaliste et opti­m iste.

Cependant la première strophe respire déjà une certaine amer­tume, un certiün désenchantement. La vie est comme une barque ballottée sur des vagues toujours en mouvement. Jamais ,d'uniformité ni d 'équilibre! Notre 'situation change sans cesse. Dans la suite (2mu strophe), cette idée se précise, se concrétise: L'an dernier nous étion3 deùx à nous asseoir sur cette :pierre et 'maintenant je suis seul. Et pourtant la nature a:mbiante reste la même. L'écU1.11e, les flots, le ve)1t mugissent com'me autrefols. L'auteur rruppe11e une soirée détel'­minée: nous voguions en silence. A ce silence s'ovposent tout 3: coup !les accents my1stérieux. On entend formuler ce vœu: 0 temps, -sus­pE'nds ton vol, pour ' que nous :puissions goûter plus longtemps ces ins­tants de joie tranquille: fais ,paraître les heures 'plus longues aux heureux et plus courtes aux infortunés.

Ce vœu n 'est pas exaucé hélas! Le temps s'écoule, impit~yable,

cruel; iJ. ,passe rapide pour les heureux" lent, morne, désolent pour ips affligés, ,pOUl' ceux qui souffrent. Cependant le caractère optimiste du poète ne lui :permet pas de rester sans espoir, de s'abandonner au découragement. ComiLue dernier relÎl..lge il s'adre,sse aux rod1ers, aux 1.1'bres de la forêt pour qu'ils ga.r.dent le souvenir de cette soirée, le Bouvcnir de celle qui n'est plus. L'auteur prête donc ici une à'me aux cbjets inanimés. Il dit en su'bstance: « Puisque nous, les hommes, nous sommes sujets à: péril' bien vite et que vous, forêts, grottes, 1'0-

eher,s, vous vivez plus longtem'ps que nous, gardez Ile souvenir de ,cette heure inoubliable.» Il s'adresse même pal' une sorte de ,poétique in­conséquence à ce qu'il y a dans le monde aérien, de plus fugitif, cle 'plus subtil: le souf,fle du zéphyr. Encore est-il vrai que cet élé­ment si fugace, s'il bruit ou s'il ,soupire de la même façon que dan,,> une circonstance qui nous fut 'particUilièrement .,chère, peut jusqu'à uu certain point faire revivre dans nos âmes cet événement.

Remarquons ki, ' en passant" que la conception de la nature telle qu'elle se trouve chez La\martine est bien .différente de ,celle d'A. de Vigny. L'autèur du Lac regapde la nature comme ·susceptible de ~ ' intéresser à nous, de cCJImpâtir à nos 'maux; Vigny la considère com­me indifférente à tout ce 'qui nous concerne. Il .dit ':

-115 -

Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse Sou's nos pieds, SUl' nos fronts, puisque c'est votre loi, Vivez et dédaignez, si 'vous êtes dées'se. L 'homme humble 'passager, qui dut vous être un roi.

(La maison du Berger.) Pour Lamartine, c'est la ({ belle nature»; pour Vigny, c'est .ln.

'( froi.de nature», 'parce qu'elle est insensible. Intérêt du morceau. - Le Lac emprunte son relief et son intérêt

au fa.it que l'auteur y ,chante le trépas d'une femme enlevée en Ipleine .i cune.s'se; .c'est une fleur ,fauchée an printemps, Or, nous éprouvons, ·(] 'instinct- une vive symlPathie Ipour tout être précocement ravi par 12.. lllort. En outre, le poète" 'pal' son sujet même, est amené à toucher nu grave Iproblème de l'Eternité et de l'Au-delà. Mais ici il y a une réserve à fOI'muler . Au lieu ·d'exprimer ,d'une façon directe et vrai­ment chrétienne l'es,poir de revoir un jour 'da.ns l'Au-delà celle qu'il a. aimée ici-bas, Lamartine se contente d'inviter les arbres, les ro­chers, les zéphyrs - autant dire: les Naïa.des et les Dryades de r an­ci enn8 mytho/logie grecque - à garder et à perpétuer le souvenir dl' celle qui n 'est plus. En d'autres ' termes, notre poète subit ici l'in­fluen ce de l'hellénisant et paganisant André Chénier qui poussa, dit­\)n, des soupü's si délicieusements païens.

Style, - Les 'qualHés habituelles de Lam.artine sont la noblesse, l'harmonie et la variété. Et ces qua/lités se retrouvent ici à un degré bien visible.

L~ noblesse. Hir~n de vulgail'e, cie bas, en~ore moins rle trivial; ce "'1ylr. a une empreinte essentiellement ariskcI'::ttique. C'est bien l (\,

façon de s exprimer de l'homme qui lorsqu'on lui demande : « Où !3iégerez-vous au Parle.ment ? » ré,pondit: « Au P18Jond? })

I,'harmonie. i \ ucune su.ccession de mots dés.a.gréable~'. ; rien q:ui dé­plaise, rien qui choque l'oreiHe, si délicate soit-elle ,

La variété résulta autant -du choix des figure s que de ln COllf.5 -

ll'llction des phrases. COIJ.1TIue l'auteur se trouve en présence d'un lac, se::; mét3.lphores se res>sentent tout naturellement de cette ambial1-'::e ... toujours 110nssés vers de nouveaux rivages.

'/' ne pourrons jamais sur l'Océan des âges Jeter l'ancre un seul jour?

c'est-a-dire: ne pourrons-nous jamais nous fixer, nous stabiliser? Remarquons la belle synecdoque ,contenue dans les mots: Tes

flots harmonieux. De Inême: du rivage charmé. - Le flo.t fut aHenHf. ._ Ceci ne rappelle-t-il pas le ùJeau vers racinien: Le flot qui l'ap-

port8. recule élJOUv:1.nté (?) Signalons aussi la personnification ,du ten1'pS : a temps, suspends

hm vol! Heures propices, suspendez' votre coups! Répétition a effet: Coulez, coulez pour eux;.· Les a.postro,phe.s sont 1)articulièrement nombreuses: 0 lac!

Ten.'1ps j.aloux ! Eternité, néant, - que faites-vou s des jours que vous engloutissez? Rochers 'muets, grottes, forêt obscure!

L 'an a lyse so teI"lTline 'pal' la lecture express ive. H. Glaesener.

Page 12: L'Ecole primaire, 28 février 1935

- 116-

Calcul écrit Admission ' de 1934

1) La pla>ce de Ja 'Planta a une superficie de 1 ha. Elle a été couverte cet hiver d'une couche de neige qui, tassée, aurait eu une épaisseur de 3 CIn. et une densité de 0,65'0. Quel aurait été le poids de üette neige et lconl.hien de litres d'eau aurait-eHe fournis par la fusion? - ,Si chaque 1itre d'eau provenant de cette 'fusion avait ·entraîné 0 gr. 2 de s~ble, dont la densité est 1,95, Iquels se­raient le poids et le volunle du sable entraîné?

2) Un elnployé paye les 2/7 de son revenu pour son loyer; il peut ainsi épal~gner 375 fI'. ,chaque année, après avoir payé les autres dépenses. (Mais .Je prix du loyer ayant augmenté de son 1/9, il n peut pIus épargner que 50 fI'. par an. Quel est son re­venu?

3) Une personne a placé au taux de 5 % une SOnl.lne dont 'le revenu lui pennet d'acheter un cha1mp rectangulaire au prix de 75 fr. l'are. Le pérÏlnl.ètre de ce champ a 2-62 nl.. et sa ,longueur a 39 nl.. de pJus que sa largeur. ün demande la SOllnlY'e placée à fi % ?

4) On fait ·douhler un ta'Pis re,ctangulaire de 3 m. 2'5 de long sur 2 im. 2'Û de ,large aveC une étoffe qui a 0.65 ln. de large et ,qui vaut 0 fr.75le mètre courant. On 'le fait ensuite bopder avec un galon valant 5 d. le mè'tre. Trouver le prix total de la doublu­rf: et du galon.

5) .on a vendu les 2/7 d'un terrain pour 3600 fI'. là 45 ct. le In2, 115 là 5 ICt. de moins ipar n1.2

, et le reste là 12 fI' . rare en plus que la 2'lne vente. Combien a-t-on reçu en tout et queUe est la !;urface du terrain?

6) Une caisse contient une SOlUnl.e 'conl.posée de pièces de 20 ct., de ,pièces de 10 ct. et de 'Pièces de 5 ct . .Les pièoes de 20 ct. valent ensemble 1/8 de cette SCIDnne et les pièces de 10 d· 'en constituent le 1/4. 'Calculer 'Cette SOŒ1nl.oC sachant que 'le nonl.bre des pièces de 5 'ct. surpasse de 266 le nombre des pièces de 20 ct.

Les Sciences Elles sont à l'ordre du j.our. Dans quel esprit faut-il en aborder

l'étude? Quel en sera le pr.ogramme? V.oilà, à côté de bien d'autl'Bs, les points auxquels il imp.orte de réfléchir.

'Jn trouve dans les manuels classiques une leç.on qui se pré­sente à peu près comme ceci: Le corps se compose de la tête, du lr.onc et des membres. Les parties de la tête s.ont ... Dans le tr.onc, .011

- 117-

rC'marque ... , etc. Est-ce là une leç.on de sciences? :Mais n.on, c'est t.out au plus un exercice de v.ocabulaire.

Que penser aussi - la chose s'est vue, hélas! - d'une leç.oll sm" los .os du pied? A qu.oi rime l'eff.ort de mém.orisati.on qui est ensuite demandé?

Ne c.onf.ond.ons pas « sciences» ct « v.ocabulaires ».

En étudiant l'écureil, .on peut examiner les parties du COl'ps, les caractériser dans leur .f.orme et leur couleur, décrire les m.ouvements de l'animal, d.onner quelques détails c.oncernant ses mœurs, Ainsi, .on met en acti.on les sens et l 'imaginati.on. C'est ,quelque chose, mais c'est insuffisant.

Ne confond.ons pas « sciences» et « description» pure et. simple.

L'éveil de la curi.osité scientifique, la culture du jugement et du r aisonnement, v.oilà. ce qu'il imp.orte de viser. Et dans ce but, on fera découvrir les relati.ons entre l '.organisation et le genre de vie. La ten­rlance n'est pas neuve. Un auteur écrivait en 1878: « Les facultés de réflexion et de jugement s'exercent ·particulièrement SUl' les relations' qui existent entre la c.onformation de l'animal et son genre de vie ».

Envisagée s.ous cet angle, la leçon sur l'écureuil prend une autre' allure. Les élèves ont constaté (fait d'observation) que l'écureuil, un quadrupède, vit ·sur les arbres, domaine réservé aux oiseaux. Quelle en est la raison? (éveil de la curiosité scientifique). Qu'est-ce qui,. dans l'.organisation de l'animal, le rend 'propre ,à ce genre de vie? (voila l' bservati.on dirigée dans un sens déterminé avec l'interven­tion du jugement et du raisonnement). L'écureuil a des pattes, mais ce sont des pattes présentant des particularités qu'.on n'observe pas chez d'autres animaux; il a une queue mais ce n'est pas une queue .ordinaire; qu' a-t-elle de particulier? Quel est son rôle? Comment est­elle adaptée .à, ce rôle?

Cette manière d'envisagel' l'enseignement des sciences est forma­trice; elle est humaine 'puisqu'elle dépasse l'activité des sens et fait appel aux facultés qui s.ont le pr.opre de l'homme. Elle est aussi inté­ressante, car la découverte d'une relati.on est toujours une jouissance poUl' l'esprit.

La fonction et l'organisati.on c.orresp.ondante, tels sont les deux éléments entre lesquels nous établissons un rapp.ort.

Dans nos leçons, n.ous p.ouvons partir tantôt du 1er terme pour' a Uer vers le second, tantôt du second p.our aller vers le ·premier.

EXEMPLES. _. a) Démarche: fonction, organisation. Les f'nfauts· ont observé un chien 'p.oursuivant un .lièvre (fonction). Quel était ~on but? Un mouton, un cheval le font-ils? Un chat lui-même s~· jj "\Te-t-il à semblable poursuite? Qu'y a-t-il dans l'organisati.on du chien qui expUque cette poursuite? Ainsi nous avons été de la fOllC-· tion à l'organisati.on.

b) Démarche: organisation, fonction. L'étude du chien est termi ­née. On remet à l'élève une mâchoire de renard en lui disant: voici

Page 13: L'Ecole primaire, 28 février 1935

-118 -

. la m àchoire d'un r enard, d'un animal sauvage qui a vécu dans le.3 bois. Si, examinant cette mâchoire, l' enfant parvient à donner quel­·ques parti cularités concernant le genre de vie de l 'anima l, i l a été d8 l'organisation à la fonction.

Lor.squ'il s'agit de la m atière inorganisée, la fonction devien t l'usage et l'organisation les propriétés . 1re démarche: u sage, proprié­tés; 2me démarche: l)ropri étés, usage.

E XEMPLES. - 1re démarche. Le tu yau de drainage, la brique, etc., sont fabriqués avec de .la terre (argile); quelles sont les propri é ­t É:3 qui expliquent cet u sage?

2:me démarche: Où y a urait-il dans la localité de la terre qu'oll pourra it utiliser pour faire des briques?

La 1re démarche abo u tit en quelque sorte à. une loi, qui n' est pas énoncée expli citement, qui est sentie phltàt, c'est une espèce d 'a­na lY3e; la 2me démarche appliqu e, c'est plutàt une synthèse .

L 'analyse et la synthèse sont les deux procédés de la méthode , une méthode est boîteuse lorsqu'ell e néglige l 'une des doux démar­ches. Un esprit est formé dans la mesure où il est rompu R, ce double travail. A quoi sert-il d'avoi r des idées génér a les, de poss8der des principes s i on ne peut en faire l 'application?

Tels sont caractérisés à grands tr aits le but et la rnéthoc1e gé­nérale des leçons de sciences . Que pouvons-nous faire à l'école pri­maire? Lorsqu'il s 'agit d'éla.borer un programme, il importe avant Lout de tenir compte du facteur temps. •

Quels sujet3 choisir? Dans les I3 lasses de fi lles, l 'enseignernent sera mis en rapport avec le programme d 'écollolflie clom.estiqup; clan;,; i(J,s clas3es rurales , on s'alTêtE' J'a de préfér ence ~:t des sujets en rap­port ave c le progrrtmme d'agriculture; clans toutes les écoles, les n o­tians de sciences serviront, autant que possible, d'appui aux conseils clE; l'hygiène.

App liquons la méthode e qui ssée plus haut à de ux cas particu-li ers. (A suivre).

0 U <- N PAGES • - Il) . ~

COURRIER DES INSTITUTRICES / ~

0 0

SOMiVIAIRE : Vers l 'Idéal. - Vers le Bonheur. - Comment rend!'!] nos enfants sincères. - Pensées.

~ \7ers l'Idéal ~ rai tunt laissé de moi partout où j'ni passé) rai tani mis crinfini .q.a.[lS le rêve éphéIl1ère, J'ai tant lui la laideur hostile et ,meurtrière Et j'a i trl11t ennobli tout ce que j'ai pensé!

.~{

- 119-

Comprendre ei compatir, vivre au-dessus des choses, Sur le métier du temps tisser nos jours futurs, Ne penser que le bien, ne croire qu'aux cœurs purs, Respirer le parfum des âlnes et des l'oses.

On agit comme 'on parle; on parle comme on pense; Ne sois qu'une harmonie et qu'un vivant bienfait. Reçois (mec ferveur le message secret, Accomplis ton devoir, ton destin eH silence.

La uie est belle! Elle est ce que nous la faisons. C'est le chant intérieur qui colore la vie, (}ui faii germer les fleurs SUI' la route suivie, Comme l'ardent soleil dore les horizons. M. de L.

~ Vers le bonheur ~8J

« Plus on réfléchit et plus on trouve que le bonheur e.'it ex­clusivement un produit de la vie morale » a ·dit avec raison 1111

jl1dicÏl~ux et profond penseur. ]J .faut 'quotidiennement préparer sa propre vie. comme 011

le ferait cl 'une ci:'ielure d 'art, avec patience, consej(~nc~ et persèvé­rance, as~ur·ées que tout notre bonheur inijlme vient de cetk pré­p'uation et dt' CL IY'inuLieux labeur.

Quelques ames de ,choix ont appris 1)ar 'Cê moyen, la \.' ie heureuse l't sereine. Il faut que celles-là l'apprennent à leur tour aux au tres .

Parler du bonheur, de son labeur, n'est-'ce pas un peu l'en­~eigner? Et prononcer son nnm , - le nom_ de pIdx 'intime, de quiétude bienheureuse dans le devoir aÜco111pli -- n'est·-ce pa~ un peu l 'appeler , l'attirer?

Donc, le devoir impérieux de celles qui ont trouvé la dé de ce honheur, c 'est de l'apprendre aux autres par la parole et par l'exen1.plc, en les acheminant à petits 'pas vers les fières al­titudes où nous contenlplons à l'aise un victorieux progrès.

Sans doute, chaque jour ne s'era pas un jour de triomphe. Plus d 'une fois , nous nous arrèterons , fatiguées, haletante sur le hord du chelnin. ,~IIajs la force sera en nous de reprendre ha­leine, .de rmnonter la pente raide et d 'atteindre les cimes entre­\ ues ; {'Oll1me récompense et consolante félicité.

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Page 14: L'Ecole primaire, 28 février 1935

- 120-

Gomment rendre Tes enfants sincères? Pour cultiver les bonnes dispositions et extirper les mauvaises

tenclance.s de :l'âme de l'enfant, il est évident qu 'il fa.ut, de toute nécessité, connaître ces dispositions et ces tendances. Or, si l'enfa.nt est hypocrites et menteur, la difficulté de les connaître devient ex­trêmement grande; et puis, sans la sincérité, les relations sociales .seraient impossibles,

A. Ce qu'il ne faut jamais faire:

a) Ne jamais donner l'exemple du mensonge: arrière l'hypocri­sie et le mensonge, même devant les tout petits, les mensonges ,qu'on appelle « conventionnels ou de politesse»; arrière aussi les « ruses» dont on se sert pour tromper l'enfant, « clans son intérêt », dit-on.

J)) NE! jamais mettre l'enfant dans l'alternative de mentir à son p:t.'Ofit ou de dire la vérité et d'être puni: donc, pas de sévérité ex­cessive.

c) Ne jamais laisser supposer à l'enfant qu'il pourrait mentir. Ne lui dites pas : « Je crois ,que tu mens.» « Ne mens pas!» dites plutôt: « Je suis certain que tu va·s dire la vérité », ou si vous soup­çonnez le mensonge: « Ne te trompes-tu pas?» I,.ui montrer qu'on 18 croit capable de mentir c'est faire germer en lui l'idée de la pos­sibilité du mensonge.

d) Ne jamais abusel' de la crédulité de l'enfant ou le ridiculiser: l'enfant trouverait vite alors le moyen de n'être plus ni trompé ni ridiculisé : il ,se mettrait en défiance, et pour éviter moquerie et trom·· perie, trolnperait à son tour.

e) Ne jamais vanter l'intelligence de l'enfant qui a pu, avec :adresse, mais grâce au mensonge, se tirer d'un mauvais pas ou bompel' un compagnon : ce serait l'encouragement direct à la récidive ·d'où naîtrait l'habitude du mensonge.

f) Ne jamais arracher l'aveu d'une faute par une promesse de 'pardon, surtout si l'on ne doit pas tenir cette promesse : ceci serait véritablement désistreux.

g) Ne jamais encourager les enfants au mensonge: le conseil n'est pas inutile; certains parents inconscients recommandent ex­pressément à leut,s enfants de tromper; tromper leur instituteur sur le motif d'une absence, « tricher» au cours d'une composition, etc.

B. Ce qu'il faut toujours faire:

a) Donner l'exemple de la franchise en parole et en acte: c'est une condition indispensable de la franchise des enfants.

b) Exalter la franchise courageuse: que l'enfant en soit l'au­teur ou le témoin,

- 121-

c) Accordel' à l'enfant le bénéfice de la vérité aussi longtemps que l'on est dans l'impossibilité 'de vérifier ses dires: cela le hausse à ses yeux et lui donne une hl1ute idée de la vertu de franchise.

d) Stigmatiser le mensonge: en montrer la bassesse ou la mé­chanceté .chaque fois que l'enfant le rencontre.

e) Se rendre compte, avant de punir ce qu'on croit un mensonge, de la culpabilité réelle de l'enfant: le contraire de la vérité est-il mensonge? ou ignorance? ou simple confusion dans l'esprit des petits entre ce qu'ils ont vu, entendu, ou ce qu'ils ont cru voir, Cl'U en tendre?

f) Punir les mensonges: et punir très sévèrement les :premiers, en ayant soin toutefois d'établir une juste proportion entre la cul­pabilité réelle et le châtiment. Les enfants mentent par timidité, par peur, par suggestion, par intérêt, par méchanceté parfois, mais on en a vu qui mentaient par charité, par exen1'ple pour sauver un coupa­ble. Tous ces mensonges sont de gravité dif.férente, donc doivent être différemment châtiés.

g) Faire acquérh' du tact à l'enfant: la franchise, a dit justement un écrivain, est un revolver qu 'il ne faut pas décharger au nez des passants.

C. Ce qu'il faut faire parfois: a) MonireI les cunséquences (lu mensonge: si les conséquences

immédiates sont en un sens 'profitables, il faut montrer aux en­fants les conséquences lointaines et cachées qui, tût ou tard, se produisent et sont funestes (éducation sociale) morale et religieuse).

b) Récompenser la franchise: pardonner, par exemple, une faute courageusement avouée, mais le pardon ne doit pas acheter l'aveu, il doit le sallctionner. De 'Plus, il ne faut pas ériger ce procécédé en système.

c) S'abstenir de questionner un enfant coupable de certaines fautes qu'il lui répugne trop d'avouer: une allusion claire mais 'pru­demment mesurée et un redoublement de surveillance discrète s'im­posent dans ce cas.

d) InvoqueI' le motif religieux quand on doit punir un mensonge :­le mensonge est défendu par le huitième commandement de Dieu; attirer l'attention sur les châtiments du mensonge rapportés dans, L'Histoire Sainte. J. Her.bé.

~ Pensées ~ Le médisant est un lâche. De quelle arn'le se sert-il? D'une arme

qui, de tout temps, a 'passé pour avoir quelque chose de honteux; la langue. Quel temps choisit-il pour frapper son coup? Celui où la. personne dont il médit ne peut se défendre. Bourdaloue.

Page 15: L'Ecole primaire, 28 février 1935

- 122-

Faire beaucoup, croire qu'on ne fait rien qui vaille, s 'encourager 'pourtant et toujours recommencer, c'est la marque d'un vrai esprit de Dieu. S. François de Sales.

Si quelqu'un veut être content en sa médiocrité, qu'il ne consi­dère pas ceux qui ont plus, mais ceux qui ont moins: car à qui ne suffit pas ce qui suffit, rien ne suffit.

DIVERS

Savoir choisir

Il y avait une bien jolie anecdote dans le récent discours du duc de Broglie, à l'Académie française, et qu'il avait trouvée dans les souvenirs de Pierre de La Gorce, son prédécesseur.

Un examinateur, Saint lVlarc Girardin, interrogeait un candidat sur la géographie et le candidat répondait bien. Alors il poussa les questions jusqu'aux détails les plus puérils et le candidat resta muet. Après un silence plein d'angoisse -pour le malheureux élève, le pro­fesseur le rassura: ({ Je vous donne une très bonne note pour ce que vous avez appris et une bien meilleure pour ce que vous avez' eu l'esprit de ne -pas apprendre. Quelle belle chose que de savoir dis­cerner ce qu'on doit igp.orer ! »

Ne pensez vous pas que cette p etite histoire devrait être affichée sur .les murs des salles d' examen s, non pas en face des candidats qui ont retenu ce qu'ils ont pu, m ais à portée des regards des exa­minateurs dont beaucoup ont une fâcheuse tendance à ({ pousser des colles », à proposer des ({ astuceS )i il leur victime pantelante? Quelle belle chose de savoir discerner ce que ce malheureux a le droit d'ignorer!

Bien faire est si doux

Enfants, bien faire est si cloux! Soyez bons, soyez dociles,' La volonté rend faciles Toutes vertus parDli nOliS. Vous êtes la tendre graine Qui deviendra l'épi d'or, Si vous gardez ['âme pleine D'innocence, heureux trésor!

- 123 .-

N ~.C.RO lOCIE

Deux vétérans disparus:

MOl"'sieur Marclay Edou~ rd

Le 15 fév ri er dernier, la üüol11\lllune :de Trois torrents faisait · dïu lp o.:mntes funéraiJles tà '~\L Mard ay ;Edouard, anden institu·­leur.

Le .vénéré défunt s'en est allô à l'àge de 65 ans dans 'lIn 111011-de m eilleur, r e·cevoir 'la réC0111penSe d une vie toute de travail. Notre col1ègue ·d:s'Paru avait a-ccOlnpli une bri1ilante 'carrière dans J.'enseignem·en t : 3ï an s" de pratique da-ns sa ·commune 111éritent une m ention spéciale. A ses 14 enfants, .-dont )\1}\1. les ins tituteurs Léonce et Isaa1c yont nos s3 mpath ies et fhomm age de nos ,con­doléances.

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Page 16: L'Ecole primaire, 28 février 1935

-124 -

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La commune de iLeytron vient de perdre son président. Avant d'entrer dans la nlagistraturel. lM. lRoh fut pendant de nonl­breuses années le régent Idu viltlage. Il quitta tout d'abord l'ensei­guenlent pour diriger un i'mportant com'merce de vin; comme mem.bre de la cOlTIImission scolaire, il continua à s'intéresser acti­verr.!ent de la cause de 'l'école. En sa qualité de président de la COUlmune de Leytron, il fit construire les trois maisons d'école des villages de la montagne: nugny, Produit et Montagnon. A tous les siens vont nos sincères condoléances.

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Page 17: L'Ecole primaire, 28 février 1935

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