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L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

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SION, 30 Novembre 1952.

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72ème Année.

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M. CI. BÉRARD, Rédacteur, LEVRON

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Page 2: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

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L'~COLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCŒT~ VALAISANNE D'mUCATION

SOMMAIRE: Nécrologie. - COMMUNLCATIONS DIVERSES: Avis. - Pro JUJVentute. - Le coin de la gymnastique. - Le métier c'est ce qui unit. - PARTIE PEDAlGOGIQUE: Au temps heU!I'eUIX où l'on lavait eIlJooce Je 1000lte de ÙJa tmlém01i're. - Du r.es­lPect de la vie et des IChoses. - Le rôle de Il' école [polPulaire dans <l'Etat. - Dostoïev,sky. - Le mouvement éducatlif à travers le monde. - PARTIE PRATIQUE: Centre d'intérêt. - Biblio­graphie.

: ~ • : t . • '" • • : " . : . .

t Monsieur Jean Glassey

En 'ce frileux di'luanche de novembre, une foule nOlnbr~use et émue acoompagnait au chaJIIlp du repo:s Ml' Jean G13JSlsey, anden instituteur ,et ancien membr,e ,de !La Com1llÎ:ss1i'On scolaire, pieas'enllent décédé ~,e 7 nOViemblie 1952.

Né le 3 août 1858, il fit Isün école norn'lale -à Sion. Devenu ré g·ent , il s'adonna ,entièrement et s:ans compter,

t~'eg.t ~·e cas de l,e dire, à son éco}.e. Ay.ant débuté à Fey-Nendaz, il fut Ibi,entôt aJpp'elé à .la tête

de fécole ,de son viHag,e nata:l, 'c'est-à-d.h'e à Basse-Nendaz. P.endant 45 ,aIllS, fidèle à son püslte, il y donna toute la me·

'Sure de sa générosjrté ·et de son talent. Mons:i'eur Gla:ssey a. bien c01npris 'les obligations de sa voca­

tion: form'er de~ âmes conformes aux désirs· de notre s·aintc Eglise ·et des hommes a:ctifs, dévo'Ùés, fidèl·es aux lois, à la com­mune ,et à la 'Patrie.

Les l~ésultats de son acti'Vité ,sont là vivant's : nous.. h'ou'VOH'S de ses élèves dans les hauts échelons ecclés.ia'StiqUte:s et civils.

,Citoyen a1ctÏlf, ,clairvoyant et dévoué, il sie 'Ûon~salcra s.ans cOill1IPtel' au ervi,ce de ,s'es concitoyens-.

Ayant élevé une ·fami!l1e de six enfanbs, demt l'lm furt pré­sident de cammrune, il} T'eçut la récompense déjà sur oette terre en voyant les ,enfaJ:1~s des IC"nfants de ses ,enfants..

A ·sa farniil!1e 'V·a toute notI"e ,sympathi,e.

Page 3: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

A VIS Pour toute réc}amiation conceTnant l,es abonlIlJements, s'adres­

ser directmnent à l'lmpriomerie Beeger, à Sion. Les personnes qui l~ecevTai,en1 lIa revue à double ou par .er­

reur nous J'iencmaient servke ,en ,J;a Tefrœs1ant.

~ AVIS Par suite de l''a,bondanl0e des matièr;es, nous 'avo'llis, dû ren­

voyer ,ûert·ainlS 'artlcles à plus tard. Ce lIluméro üOIDIp'rend 40 pag.es.

A VI S T.out ce qui concerne la publication doit êtTle ·adDes'Sé à

1\1r Cl. BéT.ard, rédacteur, Levron.

Pro Juventute se penche sur les berceaux Pro Juventute n'.a:ccorde pas 'seülement une ,aide Inatériélle

aux 'foyers panv.res; leS! heroeaux et ,les 'lay.ettes, les médicaments et l!es forrtilfiants dont ,e]J}e ,f,ait .don 'aux foyers néoessiteux consrti~ tuent un préôeux 'slecoums; en pay.ant des hO'Ilorairre:s de méde­cins et des fr.ai·S! d'hôpitaux, e1J1le .3Jocomplirt ,aussi un rôle des plus bienf,ai'sants. 'Mais ·eUle va P[UIS loin ·et Vieut ,mœr.cer une .ÏJnftl'UJenoe éduoaii:v,e.. La s!ection « ;Mèl~e et entfanJt» du :secrétariat .général envoie régUllièrement :dans r]:es dive:r:s:es régions du pays. des· pué­ricultrkes v1s'Ïrteusiffi qUJi donnent des ·cours,. C'est à c:et ens,eign1e­ruent 'systématique, aux ,cenrt:r,es de puéricu:tture et rauxconsUllta­tiODJS poU!r nOUlITislsons ·qu'il faut 'Sur.toutathibuer Ja notahl.e diminurtÎon de ~'a .InOT1a'1i1é infantileenlI'IegÎ,strée ·aucourS! dee ,ces dernières années.

Lies 'expérrienoe.s .faites 'lors de 'celY 'COUT!S montrent s,aJlJS ICOlU­tesrlation pOls:sihLe f:a v.a:l1eur de ·ce trav.ail édUicatif accomprli pal' .Pr.o Juventut·e ·en f.aveur de la 'Santé de nortpe population. Lai:slslÜ'ns un instant J'a p,aro}.e à une de 'ces inf.iTlnièrres, :

« J'.épTouVie ~cihaque ,foiS! lIa même émotion à 'VOiT, le üOUTS . .fini, les mères ·s'·en .a111er -avec Il,euTs. ~~anteTnes danS' ~e brouiWLa'rd. Gal' Je Iles ·connais bien, ,oes sentiers es,carpés, pour:Les ·avoir SUIVIS .plus d'une foÏiS. Elles s';en vont, co:u;ra:g,euses, « mes» nl·anTans,

- 107-

bien que que1ques-unes, 10Tsqu'eHes ,arrivent chez eUes près de minuit, doivent encore aHaifter ~eur 'petit».

C~~ment 'P~UI~r~it-on s·e lp'ass-er :auj<YUrd'hui des:' pubUcations d:e puer:I'cultm:e editees par Pro Juveniute? EUes .sont à 'La fois sl~ples et cl·ru·res. Un~ maman y trouv·e l'essrerlltiel : comment s'y ~lendre q~and 'le Ipe~It est ·maJade, com·ment le vêtir,comment

. Jouer et faIre 'av<{~lc lUI de J,a gytmnasiique ? Ajouter une de 'ce'i pub1.kations aux fleurrs qui ornent la

chambre ~dre 'La jeune a ccouohée , c'eslt joindre rutile à d'agréable, et !lOUS n y JI1anque:ons pais quand i' occasion s,e prés'entera. Sou­halion:s que ~es .offI'Ûes d'état-d·vil toujours plus nombreux re­'lnette?'t ,gr,atmtement oes broohureS! à to.urtœ les mamans lors de la nalSlsanlCe de Il'eur prenüer enfant.

POUiT La Inèfle et le petit enfant! Cett·e année .où eHe a fêté . Son 40me annivers,ake, la Fondation Pro Juvent~te compte sur l'aide des éducateurs. Sans eux, qu'aurait-el,le pu faire? Merci donc à tOUIS pour hier, pour auj.ourd'hui, pOUII' denlain.

~:~.~~~~~~~~~~~~~~~~~

il LE COIN DIE ]LA GYMNASTIQUE ~

'COURIS POUIR LA GYMNASTIQUE EN HIVER ET DE SKI

Le Déiparter~'ent de 1'I.l1IstITllctiolI1l pubHque O!rganÎ:se un ·COIlJ!l~S pOUir ,la gy.m'DJasttlque en hiv'eT (luges, etc.) et !l'e ~ski 1'es 26-27-2S déc<eml)1~e 1952.

Lieu du cours: proibablemlent MorO'ins. Indemnités: r:emfboulislement des °f'rais de ,noyage, fT. 8.·50

p.ar joua' et fT. 5.- !I);aT nuit. Inscriptions :~vant Ille 7. 12. ·aupTè~ de MT P. Oœrdy, d11Jspec­

teuT de IgymlIlJaJsttl'que, Sion. Les IDSicTipüa.nls taTidi'Ves ne pour­ront pas êtIie pT:ÎIses 'en 'c0nsidéra,tion.

. fI. rn. G. \7. R. L' A~ls:Ülc~'atioiIl des l\If,aî.tT1es .de :gy.mlJ:1aJsrtique du V:a!l.ais 1~0-

nl.and O;g:~n:Is'e un üOUTS de gymn~stiqUre fiJle~ à "Afartigny-Ville, le 1.4 decemibre: Cp; cours ,est destIné aux TieligieulSes, aux msti­tutnrces et aux lilfifsrt,1tuteur:s qUie iLa gy:m'fiiaJsti:que filles intéres'~e.

Le T. C. :a [lait ,a;p'p'~l là Monsieurr D. Blanchet, Iprofess·eur à Laus'aIIDJe, . pour ~a paTtue « E-c.oll,e dru Icorps » ,et P,as. Des. eX'eT­doos très &i'mples et tp'Datiques VOUI:Y seTOllt démontiré par 'ce

Page 4: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

- 108

spé'cL~1i!Slte en lia ,matière, ,et n'O!UJs 'sommes pensuadés que vous slerez nomlbreUlse.s à p:rofiter de 'cclte Ü'ocalsi'On pour enri'ornr vos connaiss-anoes en éducation physique.

Les exeflcilCJes ipopul,aifles et jeux ser'Ont d'Onnés par notre coUègue E. BovÎJer.

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Vuignier, 'ITIaîtTe de ,gymnastique à St-.M,aflUi,ce. Pour Ile C. T. : Vuignier Jos.

COURS DE GYMNASTIQUE DU DISTRICT D'ENTREMONT

lil y 'a mu p1'oihl ème ! En lC'oloJlil1Je paT 4 LŒ'squ'on n 'est qUie tr'Ois

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1 ifIllsrtituteur! 2 i'll'sfti.tulri'ces !

Chers -co:lilègues, tout de iIlliê1ue, un peu d',am'Our POiUiI' ILa ,cuJl­ture phy:üque ! NoUis no'll!S ':>'Ü'm1m'es débattus 'avec Iles « iSlllippos'ez que» pursque pour j'eux et bien d'autres exel'ôces i[ 'aurait fallu 'au ·moins êtfle dix. Nous auri'Ons eu b1en du plaisi'!' à ne pas de­vo i r vous Il'emplalCJer paT des piquets !

N'Ous vous donnons rend·ez-v'ous ipour un prochain COUTS 'Où 1l1J0iUJS 'l·,etrouV:e!l'o'llS, :s'if n'OUiS est 'PaTd'Onné üe peu de zèl,e, ,le mên'1e 'moniteur dévoué .et ,C'o:IDpT<éhel1'sif.

Une des trois.

HARMONIUMS, PIANOS RADIOS

Vente

Location

Echange /f~~~ Réparations

Révisions

tél. (027) 2.10.~ SION

,

- -l LE MÉTJ[ER eEST CE aUJ[ UNJ[T 1 , - -

notre Retraite , Nou'Y ne S'Oll1l11es pa's des traîneuses de 'Oroix par COll­

rlamnation, mais d'e,; bâtisseuses d'éte.rnÎté par voc'ation, T el était le thème de notr'e retTaite, prêchée aux Mayens de Sion, -du 28 au 31 octobre, par Monsieur 'le chanoine A .. lexi,s Rouiner, de Abbaye de St-MauTke,

ILa InaÎ'son Bon Accueil, grâ1ce 'uu SOUTire dislcret et au dé­VOUElm,ent des religieuse,s, gTâce aussi à 1'heureus:e distrihution de ses locaux et à sa m,erveilleuse si,tuation, est un vrai sanctuaire de paix ct de prière, Vingt-huit pa'Dticipante.s y ont ·communié 8 une aimo'sphère de joie et de déücate charité.

Da ns le 'sHence, à !l'abri des occupations, quotidiennes, 'la vi,e coule ,e:n plénitude. Le ,grand l11es's'age du Ohrist devient plus ac­cessible. Pui:s'que 1a volonté de Dieu, c'es.t que nous SOy'Ü'HS saint ... , une :retra,ite CJhe-r!Ohe à indiqu.er leS' grandes 'l:ignes du p.ropos de la divine volonté. M'ais la sainteté d e la ;f,em3.ne n e saurai,t être '<:ene de l'ho'mn1.e . Car ~ 'hOmIl11e et la fen1'me ne ~ont pas inter­Ch3Jlg1oobles dans 'le plan divin. C'est pourquoi ,en Iméditant d 'a­hord ~:e .récit de la Genès'e, vér.itahle ,charte de fondation de ,1'1111-m·anité, en ap.profondis'sant ensuite iJ.'E'vangJJe de l'Annonciati'Ülll 'et Je Tôle rédemp.t,eu:r de la Vierge Mlarie, il est pos-s.Ï'bl'e ,de décoll­"l'il' Je 'sec.ret divin de la sainteté de ~a tfeunne,

En -eH'et, 'l'e corps ,et J'àme de 'la tfem!Ill'e, 'S'a psycholngi'e na­.Lll're,l'le et se~ dons 'suTnatur,els indiquent assez à quelle miss ion Di'eu la ,convie d.ans 'la société et dans l'Egl'i-se, Com.m e Marie dIe ,sera entièrmnent feIll'lUe et ne jouera :pas à 'la tentation cl e « joue1r )} ,à l'hoffill1.1le, Vierge, épous,e ,et mère , voilà les trois étapes de s a s'anctitficatiol1. Sainteté cachée que lia 's,ienne. s oit qu'-eH~ nourri's,e de son ,sang -et de son 1ait 'les -enfances d e':>' hün1JIUeS par .sa 'l11'aternité physique, soH qu'eUe protèg'e :et cléveloppe 'les ger­mes de ,gTâoe déposés pal' l'Eg'Iis'e dans l'ânle des baptis'és. Cette dernière lTIiiSlsion 'es't irrempl,aç,ahl,e, EUe n 'est p as 'objet de ,con­seil, mais le précepte. C'eS't par ila 11l1aternité spi'ritue'lil'e 'avant tout que 'la femme .réponc1:ra à 1'ordre du Christ: « Soyez saints c.Olnlnl,e le Père 'est .saint ».

Il :conviÏ!enrt de se l'éjou:ir que .l'il1'S'titutdce, dont ]a voca.tion est d'éduquer ,et d 'instrui.re 'ks futurs élus de la -cité de Dien, ait, dans ,s.a pr'O.f.ess[on ln êm'e , une oCJcasion con'Srtant'e ,de jouer un rôle pleinenleni lna-ternel. Ge Tôle si haut 'c{)JTIJuandera toute ':ion ac.tivité reHg'Ï'euse et profane, sa prièœ COlnme sa cl1'H'ur.e , Elle

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110 -

'eTa voilée ,emlll1u-e lU1e vi1erge, toute -recueillie en la con.templa­tion .reconnaissante d:es Tilchesl,S€<s que Dieu hIi a d-onnées. · Avec la doci<l,ité de Il'épouse, ,eHe sera ,attentiv-e' ,a:li ~Chris:t "et sOUluist' il son EtgH'se. S'il ne lui est .pas pel'mis de ·mal · ,connaitre sa re­Hgion qui ,eSlt ,lien d'aanlo.ur, ,eHe se · s·o'lllv.iendl~a qu'il .eSlt grand d é li1e 'Pas 'savoir beaucoUip de ·oho.ses 'PrOlf.anes. Edifier n'les;!: pas 'en­la,s,sler, ,et il n 'y a pais de 'cll'HllIPe v'Vaire 'S'ans un choix sévèrle. Elle 'accepteI)a dOllC de consrtl'uire sa vie en fonction du Christ. et des hOBl!lUeS, ·ce qui 'loin de l':ap!pauvrÏ'r, ,la 'libérel:a de ,son égoïs'lll,e et Jui donnera ,cette lilberté vna,ie et ,consciente qui est à }a hasE' d'un don de soi authenHque. ELLe prolgl'esS'el'a ,ainsi chaque jour s'e]on 'i'·ax.e de soa vD'cafion de femme, 'réalisant la fmme de s.aiu­ie·té que Dieu ·a prévue !pour .e;]tl.e.

Il ·eg.t bon de ·s.'entendre T:appeler Ices vérités . Nu:l doute que HOUS so<mmes .soTties de ·cette l'eh'aite avec une grande fierté de notre vocation de fenl111eS( ,et d'ins'Î'Ïtutrices.

[los Conférences Diu1:a'llche, 7 décemb:r.e à 14 h. 15, à .}'Eocol,e Nonnale, IVLon­

sileur ~'e .pTofess'ellr R. B. Chél'ix) de l'Unive:nité de FriboUI.g, nous parle-Da de « Chateaubriand, ou :le surnaturel suggéré par les as­piTations du ·cœur ».

* * * Nous voudrons .toutes bénéficier de cette « aubaine» qui n 'a

été passible ·que grâoe à 'la générosité de MT le Profes's'ell'r Ohél'ix; llo.lliS l,e cOIuprenons bi'en! Celui-d, ·en ·effet, veut. bien rep'I'en­dl'e au cours des quat,lie ,conférence-s qu'i~ nous< donnera cet hi'ver le t.hème rt'ra!Ï.té pendant 1a Su:m,mer School 1952 : :( Le surnaturel chrétien dans la littérature française ») thèm'e qui a rencontré la fav·eur -d'Ul1! hri:Hanit .a;udMolre, .tant par 'la rl'chess-e de ,son Icon­trenu que tp·ar le Italent de üelui qui le présentait. C"est là pour r' ous toutes une o:ccalsion unique de nous eT1.1richi:r de Ja 'cultur-e d 'un v'rai hUllllalnÎ:slte qui, selon ,la Hne définition d'un Bré'mond, «( .s'enc'hant1e de 'la s'eule spécll'l'ation qui peDllltet d'entreteniT ·et de s1ilTIUrier 'la vile intéri'elu'le ».

n a naturellement fai]Ju « choisir «, Icar }'amp.}'eur magni­fique d 'un ,te:l ,slujet dé,p:as'se 1e ·cadre de 'quatr'e contférences. Mons,ieur ühérix ·a l)ien 'Voulu nous ,co'l1rseiI'~er dans cet ad déli'cat.

'C'est ainsi rqu"a!près. ,avoir évoqué un des aspects de la physiononüe Iuorale de Clwteaubl'iaIlld) ,il nous présente.ra Bau­delaire dont il es.t un des récents c'O'lumentateurs les phllY ap­rpT,éciés, puis Bernanos et ,enfin J\llaul'iac qui 'vient -de re:cevoir ,le Prix Nohell .de Httéfiartul'e.

- Ml -

COInlue VOltS le voyez, -chères 'coHègues, de ,q~l~i s'atisrfai.re le~ pl~.s diffi:cileset pOUT ceHes qui o.n~ tant a'pprecle la re.tralte ·de cette année, « p'rogvess1er »' dans la hgne ·entrevue!

* Robert-Benoît CHERIX, Ess'ai d'une Icriti,que ,intégra,le : Com­mentatre des « F,leurs du Mal », ay~c intl"lo;dUrctioI},. '·.~onco,r~.al1'ces et référence.s, notes et index. '. :Ed. PIerre Cailler.

Noël Noël a:ppl~oche. JI envahit l~s enfa.nts, ,les i'lhHnÏl~.e. ~a 'ca~ ~

cade colorée ·et affTiolante des .louet's se clerollie .au 1 ythlue c~~s cataloO'ues et des vit.rines. M-ais Noël -c~ n'est, p.as. seul,em:ent c~~~l. Il y 3.0 'la s,i'illplicHé profonde de .l'Enfant Jesl;l·s. Co'mment 'PI,e­parer dàns nos -classes un vral Noël vi'vant? A cl~'a~ue maIt~:~ de Tépondre clans son cœur. POUT vous aideT, peut-ehe, qllelql sugg,estions .

Je dis le poème de Noël

Pour Noël. Tl es't tout nu, H est tremblant, Je mie taiTai . donc, dit le vent. Pour qu'Il donne la nuit entièr,e, J.e 111'ét<eindrai, dit la Ill1l11ièr-e. Il est ·craintif, Il ,est petit, ·Chut, ['ait le rat à !la souris. Le bœuf se penche vers l'âness'e : Que noh'e s'Üuffle S'oit car.es,se ·! Enf'ant, ttes :rêves seront beaux, Cal' pOUlt toi, je veiN-e lau ca'l''l',eau, 'MUl'lllUlre une petit'e MoHe. Alors, lllOi je tend,rai n1:a to~le, DH 'l'ar·aignée, COIDflne un ndeau, Au-dessus du divin berceau.

Je prépare la fête de famille

La bonbonnière.

Via M w·tin.

Une boî.te à ,petits frOIua'ges . . De ].a peinture bleue ou j.aune. On trouve da.ns les dt"oguenes ,

de 1 Ip'ei:ntul~e en poudre qu'il faut s·eu].ell1rent dJolueT. aCoUer .]a 1110itié d'un petit bouchon au Imilieu du cO:1Ve,rcle

en œuis,e de poignée. La peindre en mml1ie ten~p's qu~ 1a hOIte et le cou~erde. Pendant que le'i' élèves se sUl~~ède~1t a ~ 'a, tabl~ ~.~ peinture, on ,f,ait découp'er d~s .Il1oitifs· de Noel qUI ?l~t "e~~ de.s9~nes. étojle, petit :siapin. Si les <enlflanrts ne peuv1e11:t deS\;)·mel, les ·COI nets

Page 6: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

- 112-

et les >elnil)alla'ges de Noël proourent des luotilf;s. Quand 'la peinture ·est .sèche, ooHer :les m'Oti!fs décolllpés.

Et m:a-inrenant Tem!plÏissez de bonbons!

J'habille les bougies

POUir garnir Œes J)ougies de Il"ad)re ·et de 'La table rien n"est 'Plu~ l~avi'S!slant! De pius c',est vite fai't et ne dema'l1d·e au­cune Opél\:'1:tion délkate .de coU'age, peinture, ,etc.

P'rendre un ·carton 'S'ouple 'argent, :si _possi'bl'e briUant des deux . c?tés. iLes p.apiers IbrilNants, épouv.anta~lls que l'on uüJ.is,e ,dans les vIgnes :all Ino.n'1ent des 'vendanges, vont très bien. Il y a ,aussi les papllel~S hl'rHtants, de .cou!leur, en 'rouleaux. '

. Découper tout ·ce .qui est lnarqué. Glissc-r rIa fente A dans la f·cnte B. Gl,i:<;lser Il'ange iréali.sé dans la bougie. J. F.

Pour apprendre à lire . . . \

(Suite)

La -confection de c.e nlatériel intuitif pour l'apprentissa,ge de la teohnique de , l,a :leoture peut êh'e faite pa'!' 'la nlaÎt'reesse qui dispose d'un peu de telnps.

Mai.~ à -côlté des lettres lnobües que nous 'connaissons toutes et qui üf.frent tant de pos'SibHités d 'intérêt et de dév.eloppement : cl a ss-elnents , -dktées, 'lotos, TC!p'rod:uctions, découpages, exeDcices d'a,s.s,enllhlag\e ,pour ,la fOJ';l11'ation .de diphtongues, de 1110tS, d.e -phr,ase~ -et, s~ .J'on a ,la 'OhaI1:oe de posséder un petit 1natériel en­crelu', à l'iullp'l'es'sion d'un texte, nous trouverons aussi auprès des 'maisons spécialisées, des jeux .de lecture.

- 113-

ILs ont, -en phv:y de J'inconvénient ·de .revenir à un prix a '.'S­

S'ez élevé, ce!lrui d'être vite épuisés dans leur :possibilité de 'com­hinai'Son.

Grâce ù l exh,ênle Qlbl~geal1'ce de M:ademüi's'Clle Magnenat, présidente de Il'association v·audoise des InaîtTes:<;·es d'é.c0'1e ·eTIifan-1ine -et s'ellll-enf:3JJJitine, j'ai pu d'abo.rd 'adm,i'rer, puis « €.9slayer »

celui édité p -ar la Inaison Labor de Genève sous les '3llispke.,. de :1a Société v.audoise ilnentionnée p!lus haut.

C"est un n1JagnMïqu-e lalfphahet de 200 im'ages qu'a!Ocmnpa­g.nent des :listes de 200 Illots inllpri.més.

Ces ima,ge9, œuvr,e d'une jeune artÏ<ste au tal,ent .très sensihle et déHca.t, l\1:ade'lTIoiselle Suzanne Aïtken, ·et ~les Imots du :répertoi­re COlT.e'spondant, ont été !longuernenrt étudiés et :sont le résultat d'une observation psychologi!que ,attentive et ,]<a f'Orm-ation du p'ro-cessus n0I1111:a ll d'-a-cquisHion de ].a 'l'ectUlre. .

ELles offleut de.,. cO!m·bina-Ïsons tmUlIüp'les, d'un intérêt péda­gogique indils·cutable :paul' ,amener .J'enfant à Ila !},ectufie COI11pré­henSlive d'un texte.

·Le I11-atérü~l, .uüs .g1'a-oieuseIl1ent Ù di,s;position 111'a Jl10ntré leur utilli.;;·atio.n. pratique.

EUes IpeI~rnettent ,entr'aurtre : 1) .de -confectionner un :loto destiné ·à déclancher -chez l'en­

fant l'intérêt pour l ''3pp.l~entiStS'a,ge d,e ,la 'lecture. 2) De tfabriquer un alphahet iUu!Sltré ·avec des '1eUres 1110-

bi'les pOUT apprendre à ,connaître celles-'CÎ. 3) De f.aire soi-Inênle de.s jeux de lettres &ervant d'exerdces

de -contrôle 'et de r~péti:(ion. 4) D'i1malginer des jeux d'.a<;lSodatiol1s d'idées, ·aidant la mé­

moi,ve visuelle de :l'-enf.ant, f,aiSiant appel il leur obseTva .. IHon -et :les invitant à la TéfleX,iion.

5) D'éta,bJ.ir des lotos de 1ectur.e sériant les diftfÏlcultés. 6) De diminuer pal' une présel11tation ingénieus-e et nouvelle,

Itoujours à haSie d'intuition et de rapprOChell11ents phoné-1ique.s l,a dif1'i'culté d'.a'S,s,imilation des équivalents (au = 0) 'etc.

J'e ve.DDai,s aussi l'eS !l11'0ts types étudiés, servir à la 'c0'l11'posi­li'on de !textes ,s!U:g,gérés par 'l,es irnalg,es, .groupés et tOllijoUirs !3'cro-I11-pagn~~ de l'iu1;age, 'constituer un voCah1.l11aJil'e illus'iré sus1ceptible de s'e rattacher à des -cellh'es d'intérêt très ·proche de l'enfant, comp'renant 'leçons de 'chos'e, élO!cumon, dessin, etc.

COI11lll1e on -aura pu .s'en l"endre 'cooupte, -(Je ternl·e de Jeu de lec,tur-e, loTsqu'i:1 ,s"applique .à une ré31li,s·ation pédagogique de ' 'l'o.rdre de celui que je viens de bien im,pa:rfaitelnent vous pré­senter, -s~,gnifÎie un -apprentiss-age l11ét.hodi;que 'et rigouT,eux de la ledul~ en solilidrt:lunt 'COIls.ta'l111uent le fadeur intérêt 'et en le provoquant. ILe dl'mnin qui mène à la -lecture 'en est tout éclaülé.

. Y. G. :;: Jeu de lec.tur-e. Editions Labor et F:~d€Js, Genève.

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~~~~ ..

f P ART][E PEDAGOG][QUE 1 flu temps heureux

ou l'on avait encore le culte de la mémoire

. C'étairt ,à ,l'a bénédiction et inaugiur:ation des nouveaux bâ-t~lnents du, ~Q1}ilège Sain1e:j\tI;ade .de Martigny, Momsi'eur Mia.rc ~!o:r:m:d, !J)Tesldent de 'la VlHe et 'ancien élève de l'insrtitution en fete , ht un, 'diS!c?ur,~ qui enchan~a, les nOIl1~breux invités·; i'1 .évoqua se'Y s.oUlVe'lUI'lS d enfance, Iles poeSIes appns'es con1'Ine peti1 écoHel' ·et , pa~ia du rbemp:s heureux où !l'on .a'vaÏt encore l,e ,culte de la 'lnemorre.

Est-il nécess'aÏI e de défendre l'a. mérnoire eontTe des détr,ac­t~lu~S ? hl 'semij~le 'qu~. o~Ii; on 'en a. dit du mal, beaucoup de Ina1, tant ·de 'InUil 'qu on ,a fun par la ,cr01re 'coupab'l.e de tous· 'les luéfaits de 0}' anci'enn.e écolle.

!'lllhu -de 'De lné:pris de la ilnéIlloü',e, on ·a donné peu de ,leçons appl'lSI~S pa!!' cœur. Ona CO!Ill1pté p 'eurt-êtresUir ~e géni.e de l'enfant pou~' ~oTlnUlI'er. Iles règles, les pTincip€is ,et 1es Ilois que des e,;;priL CUlt'IV€lS ont mIlS beaucoup de peine à revêtiT d'Uine forIne fina:le-1111 ent p al faiTe,

Bien entendu, les !l1lOr,Ceaux choisis étudiés 'mot à mo.1 onL ~té reM gués à ~J..a vieiHe rf,eTraia'l,e. BEer 'va jeual€ intelltg,ence au HlOuI1e d'un 'auteur, ,c'eût été violenter l'o.ri.gina.Ji1:é de Il'é1ève.

On ,a f,a,it des ,coupes- :sOIlnff)res dans les :hstes o'éo.oTa!phiclues t h':t ." b b ~. l ls. ?nq~es, 'SO'lllS rprètext,e 'que ,c'est là un poids lUO'1't auque,l

]1 val-aIt 1111,eux ISuhsTI,tuer :la .Iuagi,e du détail vivant et paJ/pitant. Foin aussi delS s'é-riesdu vocabulaire de l,a langue m·aterl1'eltr

et des l,angues étra'l1lgères ! A quoi servent dcm.,c les· dktio'l1il1aires·, groslses 'lnémoires .d',e.mprunrt ?

Et !les résultats -de <ces réductions suoce.S's,i'Ves? On -l,es cons­ta,1e dans l'eS cahiel'ls de rédaction, aux ex,am.ens 'et dans .la vie pratique. On 'a bel et bi,en ·oha·S'sé ij'e di,ab:l'e ,du verfbalis:me exécré par l,e Belzéburth du ,moindre effort, de Œla If.adl'itté et du farniente; ce dern:Ï'eT état n'éta'it certainement pa:S' llleiHeur que 'Je preluier.

, D,~5 pé,da-goi?uesont eu ,beau jeu .de trouver dans la psy­cho:logle .des pl~etext;es p'laulS'llbles. Us LferOll1't bi,en de voir dans 9ueHe 'm'~S'llIl'le, 1e. des·sdn. i'nav-o:ué -de 'se ,fad;]i1er 1a tâ'che et peu,t­etre ,auslSJ de Hatter l·es Jeunes 1es. a poussés à ,sulp;p-rim.eT 'l'ex'erd'ce de ,la ulémori'r,e.

..,

115 -

Ingrats qu'j,ls sont! Ils ont oublié que].a 'mémoiTe théS'aU'l~i,se ·et 'Lient à l~ disposi,tion des facuHés .. 'Y~péri,eJlre,s 'les 'lnatériaux qui vont servÏo!' ·à ;l',activité ·cré·atri'ce d.e ~' esp,rit. Cal' 'ce 'que l'on: eonfie à la Hdèle gardienne des effods inteLlectuels !Ille l'este pas kttre fm:orte . .LesconuaisiS'ance.s. ,apprÏoses .paT cœur s',enfoncent dans la .région 'Ûl~pUlSicUll,aire de l'âlue. COln'm'e .fou nuit, .Jou .suibcon­scienüe porte ,conseil. A i'impr-ovisTe, une pensée ,appal·-e.m,mènf ens-eve:lie dans :l'e .t01uheau de l'.ouibli reslsuS'cÏte '}J'lus üohe ,et plus lum:ineuse; à nlcm. Ü1S11, le tr,avail psy,cho'logique souten'ain J'a en.6chie et. iJ:l'Ulluinée. '

Tl ne serait pas s'Upenf.lu de rappel,e'!' les 111.érite.s de ,la 'lll'é-111 Ü'Îre.

Je 'lue promène ·sO'Ji.tah·e là tr'av,er9 chau1jps et bois, et voi.l~\ que . je ,me 'mets ,à .f:I';edonner Iles \Tiers d'une !poésü~ ou la 'Iné'lrOdi~ d 'un chant 'quia è@ayé Inon em'auce. Ce iSont des harmOllllies ,~m­tn~ deux état,s d'ânle sèp'arés par plus d'un denri ,siècle d'inter­vane qui -en ont .pév,eiHé 1',expres'siÎon ;première.

Je ne voudrais pas 'lue p:a;s'~'er des ja'lons fixés dans mou esprit par ~Ies dates histlO'rilCfues. Je puis ,ainsi .situe'!' iJes faits, lnul,ti­p'les que les Ilectur,e.s ou tant d'.auh~es ,sOUDces d"infonnat.ion all'et­t,ent devant mes yeux.

COI11lffieIlJt :lire ~e jour-lul'l ou entendre les der:nièr,es nOUy.etlle50 de 11a r.adio si Sa'loamanque, -Graz, D-eh:H, Os:lo (aH'a's Ohristiani,a et lplllS tôt déjà 0.5110) ,toill"'biHonnent dans ilnOl1l · imag,i.nation COri1!111e des flO'OOlliS de ne1lge? .

Je n 'ai 'oertes pas Tctenu tout üe 'que rai :a'ppds; il y a des ouhlis bi,enf.ais,ants, ne 's'eraÏt-'ce que pour f.aire rp~1ace à de nou­venes acqtlÏtsiHons. IM'ai'Y ce .que j'ai ouibHé n 'a pas été inuti'le; il .a lS'e'rviallltr,efois à 'Ina 'croiS's'ance intel,1emue}lle.

D.ans ,ce ,qui Iprécède, j' ai s~ppos'é 'le 'cas de n 'inl:porte quel hon1ll11le cultivé. M\ais quand :i1 ,s'agit Ide quelqu'un qui d.oit cul­Itiver les ,autres-, ins\tituteur, 'Professeur, 'confél~ender, etc., le rôle de Il,a 'l1léJn,o,h',e grandit 'encore. Vous ·avez beau -disposer dB dic­tionnah'.es', .de f:Ï<c;h.es et :de Itoutes sortes d'aides-1méInoi:r'e, 'Vous .se­r.ait hientôt à bout de :soufHe :si votre I~és'erv;e vi'Vail1lte ·est p·al~c1nl.o­nieuse. N'est-'ce pais une ,liberté et une joie enviables .de pou­voir ,ens'e1gner et p.a'l'l,er, 11es yeux ·dans 1089 yeux de 'Ceux qui vous éC'out,ent? Je ·me 'gaTde de pOUisser tes [email protected] trop <1Oiin. Mais il .faut l~econnaîtr·e Ique l'Uls:age~ habituel du TIl a nue! l, ,c'est 'COTIl'me un éc-Dan entre ,le .nlaÎtre -et l1es élèves.

J,e ne . c01uprends guère l'e maÎtI'e qui, joui!s:s:ant d 'une 1'0-

hu.ste ,slanté i:nte,JjectUle~l'e, 'lnécol1!naîtr,aÏt la v'aile.ur de ta Iué.IU'oi,r,e. .Je crois que noUiS devons l1!OiUIS :imlIll'Unis,er 'oont're 'les InÏocrO'bes dé­létères d'une dida:ctÏique :au r·a:bai.s ,et co.ntre 'la ,tuber,cU'lose 'ané­n1iante du 'Iuoinl<lr,e ·effort. La réaction ·con,h~e J,e :1,aoÎ:sls-er-,aHer .de-11liande du dés:i.'srtér.e:s'S'einent; car, il faut bien f ,avouer, ,celui qui

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dispens'e s'es élèves du travatl astreignant de la ilnémofi.~aJtion pa'Slse p-our un 'ch~c type parce qu'.i~ ~eur ,~ccOIde du temps pour JUU'ller, rêveT et haHTe ~a campa.gne. M,ais ,aJpTès ? Il faut à ,tout pr,ix défendre nos élèves 'contll"e la tenrtation .de :la fac11ité, nIais nous 'l}1!ettl~e ,aUlssi nous-luêm'es en Iga'rde :contre 'le lnê,me péril.

}Il y a quelque trente ,ans, un 'lnédecin voulut me ,convaincre av'ec force ar:guluents qu'il faUit prév,enir 'l'e ,surmenage. Après son :long .plaidoyer, je ,lui -ai concédé qu'il y a ·en effet des ,~dules­cent5J ,surmenés, 'lllJai,s non pas 'pm: Je tT,a vai;]. sérieux et bien réglé de !J'écale; ceux 'qui sont à ·bout de ,s'ÛUJflf.l,e ont dé:pensé ou p-Lutôt ga'spiHé iell'l'ls jeunes éner.gies .aiUetirs, dans un sport 1mprudent et inl'l110déré ou dans des jouiss'ances. ·épuismlItes.

J·e ne 's'ais pas si Montai,sne ,est de ,Illon ,côté; .jil seJ1uhle plaoer ~'e nlaître dal1Js Ulle ialternative quand i ll di,t: « Je vou­drais ... ,qu'on furt soigneux de l'll.y ,choisir un ·conducteUir qui eU"'i-l p-JutO'st lIa rteSite bien f,aicte que !bien pleine».

E'st-'ce qu'il n'y ,a .pas là une équivoque? On aplprend pour ·connaître la vérirf:<é et pour devenir capable de 'la vo:ir et d~scerner de mieux en ulieux. L'étude ,compl'end une 111atière et une fOT1ue. Nous ne pré,sentons pas .aux 'el1:falll;ts des fo.l'1ue"io vides ni des Ina­tières informes. Nous avons Ile ,souci constant d',enseigner des cho'3'e!s ·qui 'mI v.aJl-ent J:a peine et d.e :105 IprOpOSlm" 'aux jeunes ,esprits en lill,e fOrIl1e claire, s'ÏIl1pfe, 'correct'e et, .si rpos'sibl,e, aUrayante. Ce faisant, nous nous efforçons de !prép:arer 'ce qu'on peut ap­pel,er des têtes bien ,faites et bien pl:eines.

Je !souhaite 'que tout Ilnaître va~'ai'S'an, d~pui'31 la ,cla~se des débutants jusqu'à !la philo.sophie, cultive ainsi Ile c'hmnp de ,la l11.é­

moire ,en y j'etant :le. bon gliain de COIllIl!aÎ'ss·anees hien élaborées. li faut banIür .de nos heures de ,classe !J'es. bav,ardages et 'les ·exer­cice,s :insÏJgnifi'anÏJs e1 aussi les leçons et l,es 'cours où ,Les idéeç;. arrivent rare'ln:ent à IuahU'ité.

Honneur :aux pel'sonnes ensei.gnantes qui :ü'3'SUTent à notl"e­j.eunes'se Il,a jouissance ,du patrinl0in.e spirituel en lé ,col1'firult à 1a garde fidèl'e de 1'a luémoh:e !

Ain.sli, lOIis:que :l'enfant a eu la ·cha·l1I0e de 'recevo.ir une beLle leçon biblique, ·qu'il ailt. le plai.sir -d \apprendl'e par cœur cette «hilstoi1~e 's'a~ntte». Avons--noUis 'en aSlsez haute es,tÎlme ce petit

;livI~e où s'Ont r,acontées ~,es nlerveiUes de Di'eu ? Je crains que ,la 1110desrte bihl'e Hlusrr.ée 'ait été é clipsée par -les livres syutptueuse­ment ,coiorés du ,marché encom1br'ant.

Et les mor,ceauxchoisi's, véritabl,e dlOix' dans ,la .'production presque irr.Ii'lnitée des puis,g'antes rotatives et du 'conWlllU chan­geant des IHvres de Ilecture ? Vous ·avez préparé, prés·enté,expliqué et ,faÏIt l.i1"e une de lces< .poésies ou un de ,ces ;nlŒ:·ceaux en prose .où 'raute1.lJ." a ·mi~ t'Ûute s'Ou âme s'ensd:ble qUie vous Ia'vez . tâché de. faiTe revivre. Est-:ce que VOUIS cons'enti.riez à ,lâcher ,cette hO']1 ne

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Vl'oie pour l'abandonner à Il'omhl~e .de ,l'-oulbli ? Un SeIneur S~ croi­rait inseIl!sé s'il :ne se 'P'I,éoccup-ait p 'lus< du ,gl~aiTI qu'il 'Vient dl' jeter. D3JUS J'étude ŒJar 'cœur, Il',enfant suÏJt 'longuement l'écrivain dans tous les dét'Ûurs de Isa !lal~gue ohâtiée, 'e~pressi'v,e, 'et sans< Tien perdre de son 'Ûri,sinalit-é, il reç.oit une .elupr.eint'e bienfaisante. A 'la :longue, 'l'e Jel,lne esprit 'cÛ'mmence à !sentir que~lque ,chose de 1a beauté :littéraire et fait des 'ex,périences esthétiques que nnUe théorie .ne peut 1~emp:1acer.

Il 'Ine se.mhle qu'un maîh~e qui res"~e ind~ftférent à tl'as,si'mHa­tian et à l'incoT,pOl"'ation du s'3'voir par 'le tl'avai'l de :la .lllémoire a quelque ,ana:logie ,avec ;le père de fami~l}.e qui .alhandonner·ait seS enfants .

Ce plaidoyer 'en faveur de la InénloÎ're ne signifiie nullement que nous n'avons qu"à suivre une or.nièl~e ,creusée pal' :le r,ubàcha­ge. N'Ûus a'Vons tous besoin de nous renouvCller 's·an's 'ces,se, ·111·êm'e après 'Cinq ou dix ans seu~len1'el1't d'·activité didactique. Nous- re­connaissons de !bonne grâ'ce que nou'!;! devons dav,antage stimulel~ le ha v,aill rperSJonnel et demander ,à nos élèves une 'contrilbution plus :assidue à tr;avers toutes 1es phases de 11.05 lleçons et cours. iVlais soyons ijogiques ·et 'continuons de leur iInpos'er ce travail persoIl!nel dal1Js 'l'étude en dehO'l~s des heures de dasse, bien entendu avec 'llwsure et dis!oréti'Ûn.

Pour la 'y.itaHté de féco'l'e va'l'ai,sa'l1'ne à tous ,les de~ré~, je .ouha-ite que revienne

Le temps heureux où l'on aUl'a de nouveau

le culte .de la mémoh'e.

Gg.

Du respect de la vie et des choses Les ,enfants sont natU'reHe.Illent portés à saliT, à gâter et ù

détruire. Ans'soi La Fontaine, :l'a,mi des ibêt'es et ,grand amateur de 'la nature, aff.ipnlJait-i1 que cet âige ·est sans pitié. En effet, que de fois n'est-on pas t.éInoin d'.actes de ,cruauté 'exel~cés par des goss'es .s'lU de petirts anÎln:aux domestiques ou sa:uva'ges, de vanrdalistllle à .J"égard de pJ'a'l1tes ou d"c)lbj-ets à l·eur usage, de détériŒ:'ati'Ûns daIlJS les 'locaux où ih ISie rtorouvent. H n'y a qu'à VOiT 'COl11l1nent i:ls traitent .a'S'sez souvent lell!1\S habits, J,eun:; 'livres, leurs :cahiers, les talbles de ,classe, etc. C'est là une bien 'mau­,aise habitude, qui a rarement ,pour cause la 'méchan,ceté ou le désir de vengeaJl1'ce. EUe est plutôt .atll'ÎibuaJb'le à finco'l1's,cj.ence, Ù l'i'gnoranoe de l'utilité des ,choses ,auX'queHes on s"attaque, ù un besoin i'l'résisÜble -de curiosiM, de l110UVe.Illenrt, de déploie­ment de fupce ou d''habHeté.

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Ici, la fa'ln:üJ.d.e et l'école ont 'le devoir Ïlllpél~ieux de luUer con­tre de pareiLs instincts. MaÏJs COlfilm'ent ,s'y PTendre? Ce n'est pa,s, dès ,le début, !par l,a répression violente; 'oeHe-ci ne doit j,nterve­niT que dans les ,cas de 'mauvaise volonté évidente, quand ·t.es. <1verNs'seJ.nents ,et les conseiLs sont restés inefficaces. Ordinaire­nlellt 1'enfant est 'Pilutôt étourdi, inconscient que Inéchant. Il s'.agit d'abord de l'éolairer en profitant de 'quantités d'occasions. pour lui IllOutrer les services que 'lui rendent les ohoses dont il fait si peu de cas et aux,queHes il sPen pl~en:d. Montrons-lui que tout ce 'qui 'ex:Î1S1e a été créé par un Dieu infiniment s'age, puis­sant 'et Ihon, que les anim,aux, ~es végétaux, les 'minéraux ont été mis oÙ notre di'sposlition pour nous en serviT. JQue tous :les êtres, 111êu'le inanil1l1és, semlb]ent avoir une âlne à ']a'queHe s'attache la nôtre, COlniIue l'a si bien dit le poèt,e déli,cat qu'était Lalllartine .. Et oette ân'le p01U'l"raH nous Teprocher notre ingratitude, notre n'la­nière brut,ale ,de la traiter. Oui, répétons-,lui que Diel.l a bien faH loutes' choses, 'C0'1l11l11e l'ont reconnu Rousseau et le Garo de la fab1e.

On od)jectera qu'il existe des êtres nui1s!Ïlbl'es ,qu'i;} faut dé­truire. C'est vrai. Ma'is qu'appeUe-t-on êtres nuisibles. Ce sont ceux qui nous' ,causent des d01TI<lnages'; .s·ellleIll'ent ne n'Üus ren­dent-ils pas, par 'con:tl~e, des services que nous ignorons? Nous dOlttons fort que Dieu ait ·créé des ohü:ses' tout à fait -inutBes ou exclusivelTIent nuisibles. N'yen .aurait-rI pas de ,ceBes dont j\

se sert pour 'chât.ier les crim·es des honlJlues, des nations? Le~ stlutel'eUes n'ont-eHes pas été une des dix plaies' d 'ggypte qUI ont puni .l'olb..s1inalion du Phara'on. E<st-üe ,qu'en 1846 Notre-Daule de ta Sa;lette !l'l'a pa's annoncé que -des insectes rava.geraient cles récoltes pal'ce qu'on violait trop certainSCOll1l11mlclements de Dreu et de l'Eglise.

Pénét<r'üns donc l 'esprit de 'l 'enfant de l'idée que tout Imérite Je re.spe,ct, ex,cetpté le péché; encourageol1!s-le ,à se ,montrer re­eonnais'sant et jus1te ,envers les êtres dont il retire un ,profit Ima­tériel oil nloraI. L'encolu'a'g,ement aUTa pIus de succès que -les re­l1poches ou les châtiul'ents. On fait observer par exe'lup:le qu '" pour la culture de la piété et de la pur·eté, les entretiens' sur la beauté de ']a vertu obtiennent de lIl'eiHeurs résultats que les ser­mons sur les 'conséquences du vice contraire. Ains,i en est-i! d'autl"es vices ou ·défauts.

Quand Napoléon préparait ses soldats ù une g'l'ande et pro­chaine 'ba1aHle, il ne l:ançai,t pas ses foudres ,sm: ,ceux que 'Ia lâcheté ferait faiblir devant .l'ennel1'1'i. Non, il les encourageait par de bel:les perspectives. En Egypte, il leur disait que du hal~t des Pyr,a)nides qUaI'ante sièCiles les conrtenllplaient ; à NIa'rengo Il leUT ,prol1'lettait Iles Iplus b elles plaines du monde ; à Aus!terli,tz , la o'Joire d'avoh' agpartenu à une année de hér.o.s. Nous di,s'Îons tOll~ fl 'l'heure qu il faut saisir toutes les ooca'sions pour inciter

- 11,9 -

les ,entfants au resl)c<ct de la 'vie et des choses. Ivlai,s Ic'esrt s'urtout pendant les :leçons .de choses, si nOlnbreuses d.ans ile de.gré infé­rieur, qu'H faut lParti,cU'lièrernent insilster sur J'utilité des êtres qui nous 'entoupent.

Dll'r·ant :ces l,eçons on a l'oC'caS'ion d'entrer da'Hs t.outes 'sortes de détails en Iparlant :soit d'un anÎ1na'l, soit d'un végétal, soit en­cope d'un 'minéral! ou d'un autre êtTe inanÎ'lné. S'il s',a,git d'un êtr·e vi'v.ant, on ne ·s'.arrêtera pas seu~ement à ses qualirtés phys.i­que.s, 1111!ais on f,era ,connaître aussi ses IJllœUrS, s'erS halbitudes vi,s­à-vis de l'hoID'me, :lc<s servÎ<Ces qu'il :lui rend. Pour les végétaux, on ne m·anq,uera (pas de s~gna'Jer leurs bienfaits: parure de 'la nature, o'mlbre et f'raicheur, protections conhe vents, ,avalanches et éboUl.eIIlients, fruJts comes.tibles, boilS de ,consh'Uiction 'et de chauffag,e, etc . .Les 'lninéraux, s:i variés, rendent, ' eux aussi, d'in­nomlbrahles Iservices. T,ous ,ces' êtr,e.s, à queLqu,e Tègne ·qu'Hs appar­tiennent, ,s'0nt dOill'C nos lamis, puis1qu'ils nous font du bi'en; i'l est alors juste que n'0us, Iles; ·aimions et respections.

La géographie aussi fournit des suJets d',enh-etiens intéres­sants, 'ca'pa'bles de dé~e'lOiplPer le 'sens et le :goût de ,oe qui est beau et r ,espectabl'e.

Si cette p.relnière 'cuilture du :vespect }'Iéussit, on peut es:pérer une alué1ioration dans 1!CrS r.apports des élèves entre eux; Hs re­e,ourront 'ln oins aux apgUiments hrutaux, 's'e nl0ntperont 'plus polis ·Ies uns 'il l'égard des .aurk ·es; puis HiS ,finiront p.ar Tespecter da­v'antag'e .auss,i tout le monde; ies, mœurs :s':adouciront p 'eu à peu. Devenus plUJS ,grands ils auront 'moins souvent recour.s aux procès ; ils abhorreront ,a'llSiS.ï 'ces guerpes 'meurtrièTes :Où .des milliers d'hOlmlmes se 'lna.S1s,acrent dans la fOTloe de ila jeunes'se et la vi­gueur -de râg€ lTIÎlr. On. -Rm"a ,ainsi travaiHé tout doucement · et ,patielDJm1ent à faire la guerre à la guerre. Et si ce tra'vail :S'C gé-néralis'e, le 'résuH-at n'en sera pas Inince. J.

ùe rôle de récole populaire dans l'Etat (Suite et fin)

Les écoles publi'que.s doivent pouvoir êtTe fréquentées par les adhérents 'de toutes les 'co.l1f:essiorus,s'ans qu'ils aient à s'0uf­frir d"aucune façon dans leur überté de 'Cons'Cience ou de croyan­ee.

Prinoipe de J'obligation,' L'Etat ve.ut que l'instruction sc ré:p.ande le pŒllIs !po:s'sihle de 'manière que ,chaque .citoyen ait un ba.g.ag.e de connai'S1s:anoes élémentaires fixé par les program­me.s.

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Plil1!cipe de neutl'alité: L'écol'e pri'lnaire ofifideIJ·e pour ré­rpondre à son but et l'ester dans son rôle, se ga'pdel~a dvuc ave-c sojn d'offrir un ense.Ï!gnement n'ayant à aucun degré lm ,cara'ctèrc de tendance. La neutral}ité lui es1t jrmpOlSée dans 'toutes ILes ques­tiOIlJS de ,croyances ou d':üpi'l1ions ·qui divisent les hon1Jmes. Elle sera. donc l.aique. Gela ne veut pas dire qu'on laislseT13. de ,côté 'l'instruction 'l110ra'le, (ni 'lllêlne l'instruction Teli.gieuse ,donnée dans ,les écoiles protestantes auS's~ hien que dans les ·écol,es ca­tholiques, 'llTais les élèves d'auh'es ,confeslsions ne s'eront pas te­nus d"asfS~.ster à ~'a ieçon .de Telligion. Réd.) Mêlue J. Ferry dans s'On arrêté du 27 jui:llet 1882 disait: « Il y aura 'chaque jour, dans ,les deux pr1eIIlJÏ:ers cours, :au nloilllS une 'leçon qui, sous forme d'en­tretien fa-Inilier, ou .au Ul.oyens d'une 'lre~ture ,appro.priée, sera consa'c'l'ée tà Il'in:sh'uction 11lO'rale. »

,Par ·enseignenl.ent de .l'a l11D'rale nous pensons par exemple ù ceci: Le maître veiHera à ,ce ,que :ses élève.s ·agissent dans leurs relations :av'oc lui et dans ,lieurS' T.app'Or1Js ,entre eux COnfOl"'lll'élnent à ee ,code de la vertu que nous disions être le terrain -COlll.!lnun où se rencontrent ILes .gens de 'bien. Il 'leur inspi'l'era l'.amour de la vertu, la haine du vice. n ,condanrnera' et poursuivra ,l,e ll.l.ensong'e sous tout'es :8'es ,fonues et à tous ses degrés; il se nl.onh~era Îlnpi­toya'hle pour tous les actes qui ·constituent une infra,cti'on au respect de 'la prop.piété: Il fornlera .ses jeunes auditeurs aux bonnes manière's'; i'l leur 1110ntrera qll',en fait de convenance ·et de ·polit.esse, on ne saul"ait tb'op v:eiUer sur soi. Si l'enfance est sans pitié, il ,chel~cher.a au 1110Lll.S à éveiller dans les cœurs les s'ell'Htlnents g.énéreux; i;J y feT,a naître 1.a sy111pathie pOUl' l'infor­tune, pour la souffrance; 'i:l prendra la -dM,ense des faibles, des petits; ,qu'il voie un .de ses élèves abuser de s,a fo.roe envers un enfant p'lus jeune, .ou qu'H 'le sUliprenne tounnentant un animal 1

i.I fera sion devoir de mOTalii,s'Ïe 'austère et affectueux. Est-il té­moin d'un acte de v,engeance, ·de jalioUisie, de bas'se délation, j 1 le cOnda,lTIner'a avec la sévérité 1l.1éTitée; il laiss·era paraître la joie qu'j'l éprouve à la vue d'lUl trairt decour:age ou de désintéresse­ment.

Principe de la gl'atuité :

Déorét'er que l'instruction est obli.gatoire, c'es·t décider par là-luême que la fréquentation . de l'écÜ'l,e :sera gr.atuit'e. L 'Etat a bes10in de l'gcÜ'le; l'instruction populaire se TeCOlll1m·anrle à la sollkitude de l'Etat en raison de l'intéa.,êt national qu 'elle pré­s·enle. Ce s'erait une erreur .de penster que les éco.les o.fficieUes profitent !s,eulement à oeux ,qui ·s'·en servent; ,elles sont utiles au p~ys tout entÎ!er ·dont les dii:flférente.s :dass-es s'e trolHT,ent les unes vjs-'à-vis de,s autres dans une étroite :sa.Hdarité, et, ù ·ce titre, elle~ doivent pouvoir 'compter sur l'appui 'lH3'tér.iel de tOllS .les contri- ­burubles (i'l11pÔtS).

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Renlal'quons 'en p 'a:s'Siant que l'Etat n'a paiS 'le luonopole ·de l'enSJei:gnem'ent tpTi'll1aÏ1·.e en Suis's'e. DelS insti,tutions cHverses : congrég.ations cathoHques, écoles réfomuées, donnent lin ens:ei­gnement libre sous ,le eontrÔ'le .de l'Etat.

MT Lucien ROlnier dit de rEcoi1e 'populaire: « On ne saura·it hXlpeXiaHer l'école. On ne l'ennobl'1ra, l'·enridüra, la .pel~fection­nera jarm:a;is 'autant qu'j;} Ifaudl'ait. S.a tft'ohe en S'oi est ,souver.aine parce qu'·eUe rfOt'lnl·e l-e 'cal~ac.tèl~e. Une nation qui a de .lnall'vaises écoles pOl~te les [lUênleS tares que l'individu qui n'eut pas de mère ou n'eut qu'une luarâtre, le.s instincts .dés'Ordolltl1'és -de l'a­nhlllial dOilninent en ,cette nation, 'CO'lnme en ,cet individu, le.s C3Jrac­tèr,es de l'hul1'lan'Îté.

L'éc.ole ex'epce une dOUlbl'e empreinte, d'a'bo'l'Cl sur l'élève par l'ensei,gnelnent personnel, pui,s sur la nation tout ·entière par les idées 'co'nl.munes qu'elle donne à l"ensemJble des· élèves. Seule la deuxièlne 'empl einte ,est décisive: l'individu pourra se r·ebeHe!', n'tais il n'échappera pas aux tendances pennanentes du n1.i­lieu ,qu'aur.a faço-nné l'éeo.le. Les préjUrgé.s de ce milieu constitue .. l'ont les c.adr,es le.s plus :s'ÜJides dè l'opinion popu,laire La logique des .principes rprocI.alnés p:ar ~'école se traduira inéluc-tahlement dans les tendances, les réflexe·$ ct les aotes de la nation.

_-\ucune réfonne sociale ne prévaut contre l'école. Rien de grand ne réussit sans l'éco,J.e. Le patriotisll1'e est vain qui ne se s·oude -en prell1ier lieu, de .J'écO'lie. L'Etat l110derne exi'ge d'être 'Plus ou niüins consenti.. Il ne survivl~ait pas à la rUlpture trop COllll­,pIète de t}'unité d'inspiration s'colaire. On 'eût .au·tant affaibli l'Al­lemagne en brisant S'a pédagogie qu'en InÛ'l'celant son teTritoire.)

Nous avons examiné la question école qans de nonlbreux cantons nous avons re.naTqué que partout l,es nlaît.res ont Ï1n­primé l~on seulement 1..1'ne· eI11Jpreinte décisiv·e sur l'école Inais !.lussi 'SlU' la fOl'lne politique de l'Et'at. Un peu partout les critiques que l'on formule au sujet de J'école s'Ont 'les 'll1ênl.es.

1111' Chevallaz dit oeci : Notre toclnrps, avec les bouieversemoC1üs qui le nl8,rqnent _ .

crise écononùque, crise politique, ·crise ,nlorale - pOISe d ' une façon aiguë le ~)1~ohlèn'1e de l'écol.e. Non qu'il y ait à c.herch~r dans récole les causes du dés'arroi des idées et des 'cœurs, lItaLS

parce que, .aujolu~d'Jhu:i c.Œnme toutes :les f.ois que quelque cho,'e va 1ll3'1 dans· la vie du nl.onde, les luédecins de l'h'lhlllainité se tour­llent vers .l'école et 'lui dictent leur,s ordonnances, :sÎ1r,s que ·leurs l\eul'èdes pJ'épar·eronrt, par une jeUll.1ie.ss·e ,mieux acla,ptée, une géné­ration qui t'rlrompher,a de tOUIS ,les obsta,des au honheur et à la paix.

Crise éconoJ1zique: récÜ'le ne prépar,e plus' que des fonc­tionnail'es 'et des ,emip}oyès; eLle détouTne de l'aTti's'anal et dl' l'agrkulture et cOll'tTilbue au 111anque d'ouvriers quali'fiés et a,11

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'llwill'tien - pour ne 'pas di.re p.lns - de ,\:a séparation et de la haine ,des class'es.

Crise politique: l'école .a lJuanqué à !Sa 'mission ,de ,prépa-rer de's dtoy;ens ,clairvoyants et jndépendants; au 'contraire, :par un cnsei,gnement trop intellectuel, elle fait des jeunes .gens préten­tieux et bla:sés, pleins d'idées toutes f:aÏ-ûes, vite aigris' par :là vie.

Crise morale: l'école ne donne ni le Ig,oùt du travail bien fait, intelleétuel 'et 1111lanuel, ni o}',a'lllOUr de :1:a patrie et ,la vo,lonté de :la s'crvir p.ar tQute ,SOill ,actÎ'virt·é, ni le ,sens ,des :r,eSlponsahilités et l'amouT de la v,ertu; eHe a ,arplpauvd .Je peuple en l'ml1enant à rom­pre avec Ison pas's'é (disparition p rrügr,eS'sive des pc~toi'S, de l' a­mour du So.}, r,elâ'Oheul.,ent des Il'Ïens f ,a'l1l'iJliaux, etc.)

Les Tép,uhHques ,sont exi'geantes et ingrates, eHes denl.andent aux j'l1Istituteurs de les 'püurvoiT de .citoyens éclai'rés, ,de ,défells·eurs coul'ageux, :de réJpa'rtir judid,euseluent les jeunes gens dans l es divers 'Corps de métier, de .donner un .ense1gnenlient 'sur les rè­gle.s de ,lia ,ciecUJl.ation, sUlr les Inéfaiùs des ho,is's'ons alcooliques, si pos'silble de tra.iter la question: slexueHe, d':incldtquer 1e goût du tir, de fOrTne,r d"ex'ce1.1ents ,chantel1'r,s ,et ,d'éblou:iss'ants gyil11nastels. On denrandera aux ouvrÎ'er,s .de l'écol'e populaire de ,cul,~iver ,dans les ha'nllbins de .leurs da:s,ses les rupt:itude.s l.atentes, insoupçon­nées - et peut-êt,re insoupçonnalbles - .dont la natuTe a bi:en pu 'les doter. Il seliait f,acile de continuer lIa lÏ'st'e de 'ceS' eX'Î'ge'l1'ces. Ne IS'Ulflfiit-il 'Pas d 'envisager une œuvre à 'Pro'mouvoir, ;une calUs,e di.gne d'intérêt, po'ur qu'aussitôt on s onge à 1'é·cole 'pri1mair,e? Or, .J',école ne :peut ip,a:s tout if:air,e. En qualité d"artisan de l:école popu!laire, ,quand nous ,consi~dérons, dans toute son a'l11.plllude, l,a gr,andelUr et la ,gra'VHé de :l'œuvre ,de 'l'éducation, nous nouS sent'ons irrélsi:srt~bleInent. s'a,isis d'une' ,profonde ém'Otion. Est-'ce cl dire que oette œlw're nous iiIl!coJn'1be lp'leinelnen t et entière,ment s'Û-us toutes s'els fOlïnes ? L'afd'inner :s'er,aH 'COlllJl1ettr,e une lourde erreur. ,Ce se:r,ait ,méconnaître ,le Tôle prilnordial de '~a fmnille :'t qui :les eni,ants .appa,rtÏoen'l1ent av.an:t d'être à l'Etat. La frunil1e et l'E'g'lise sont les éducateurs naturels de l'emance; s'i:l,s éohouent (1.ans lelhlls ntlssiolJ1.s no:uS' ne sa'uri:ül1s en êtr,e rendus r.estp'on­>' ,œbl'es. Nous ne IS'Üln1J~nes et ne pouvons êh'.e que leuTs auxiliaire ". Trav,ailler à la f'o:rmation 'Ïnt'eU'ctuelle .des Jeunes' générations, te1 est bien lie hut ess,enti'el de l'éco,J,e prinlaire, 'nTais « cmnme science sans ,cons'cienoe n '.es,t que ruin,e de 'ânle », il 'S',algit aussi de for-111er de,s peTs'onnalités 'et -de fl1'eth'le l'écatIe 'au service de :la vie. Nous estinlons 'oependant 'que quand ,la ,f,allni.lle luanque à ses devoh s, à 's'a nrils:slÎon élènl-e'ntaire d"éclucat1on: lnoral'e, il est de toute iUliporta'l1ic-e que l'éco'le s'en charge jusqu'au 1110ment où la .f.a,lniJlle au:na à nouveau compris 'S'on Tôle.

,Monsieur G. Oheval.l:az, l'élninent ·diTecteur de l'Ecole nol'-111,3)1e de La Us.rulne a posé ,au puhlic la qu'esti'On Isui van te : « Notre école prÏln:aire r'en:cl-'eHe ,les :s,ervices' 'qu'on en attend, sou's 1:a for111(,

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d'enfants bi'en préparés à la vie, aninîés d ' un patriotÎ'sl11e vivant. doués d'une ,con.science éclairée et 's'crupu:l.eus'e ? )

L:es l'éponses IfU1~ent très va'l~i'ées : Un papa voit a~r ec chagrin dans :l'éeole « un SÜll'ci de démlCYlitio'l1. 'Systématique», un autre éCT:irt que notpe éco,lle prilnaire « Î11Jcontesta:bl'ement Inérite des ,re­Iproches. MJails" ,wjoute-t-i,l, n'exagérons pas; regardons ai:lleulis et ne l:U!i f~tÏ!sons p.a,s jouer ,le rô:le du baudet de ,l,a fa'ble. » Un troi­sièl11'e dit: « Notre écol,e vaudoise a .de grands n1:érites, de pa r son organisation, ISDn esprit, la plupart des maître.s qui y ens'ei­gnent, ,et - ne -l'oublions pas - les s'acrifiees pas trop élevés, ll'1aiS cO'llIs\idél~alble,s, que 'cons·e'l1tent :pOUl' el:le .l'Etat ,et les ,COlm­nlunelS. » L'on si,gnale ,auS's'i que l,es 'CÎrconstanoe'S dans lesquelles trav,aiHe J'école ont bien ,changé: les el1Jfantssont nerveux, 'in­capable.s de persévérance - ,leurs éCl'ihtres, constate un luaîtl c depuis quatT,e ~IJulStl'es da DIS' ol'enseignenrent, . sont plulS nl.auvaises qu'ant/refois -, ils .sont instables, « HiS se déoour,rugent vite » et ne peuy,ent « fournir un ,effort ,soutenu».

A qui la faute? A nob~e époque -certainemen1, à la vie tré­pidant1e . ,et ince.rtaine d'auj/ourd'hui, aux ,mlùtiples cause,s de L'l. dis'persion de o}"e!sp!rit, par les affiches, ,la r,adio, :Je cinèm,a, les ~oeiétés, la diffusion des j01.u<nau;x., la sUTalbondance des CO'l1.ll11U­D'iqnés, nOUJv.eHes, faits dtiveps, s'Canda1les .et événem,ent:s décon­certants et troubl:ants, 'qui Q)'eu à :peu éhr·anlent 1'équillib.r<e n er­v.eux ou l"mnpêchent de ,se 'c.ontinue,r. Notre époque ,est c.eHe du LruH. La f.aute en 'est peut-être ,aussi aux 'prtOgrm11!nws surchaDgés de Yécole. On n'a plus 'le temps de 'lais'ser les élèves av,ancer 'sans ,S'e pl~eS!Ser, de J.aisseT Les idées et les ,connaiss'ances g,eTl11le.r et D1Û­Til' dans leca'lm.e. La faute r,evienrt aUISls1 pour une g,r,ande part ,aux paTents. « Trop de parents négliigent !leUll·s devoirs env-erS leurs enlf'ants, 'l,es :sacri,f,i.ent à 'leurs 'Plaisirs et à leur égOÏ'SIl11Ie, dé­.Jaissant l'éducation des enf.ants et leur foyer, ou y ruppo.rtant toute tLa lfièvl'e de la vie extérieure sans ,souci de contan1Ïlner 'l,es jeunes » .

Une 1l11a'lUan s·e plaint ,avec une {J.i,gnité qui recouvre beau­coup d'anîertUilue des 'l11'aîtres qui, par Ja nl0querie, !.Semblent pren­dr,e à 'cœUIJ' de 'lutter ,couhe 'les :enseilgneluents re.ligieux donnés il la Huüson; ces nlaîhieJs-là heur.eUls'enl-e'nt sont peu no'mbreux ; par contre, l'on ,s1gna;le aUJsls'Ï la di<ffusi'Ü'l1 par les parent.s de théuri'es en dés,a'Clcord cQ!l~p:l,et av'ec l'enseignmnent 111ora1 ,et pa­triotique de J'éco'Ie. « Or, plutôt que de Ichel"ohe.I' à s'an',acher l'en­fant >l'une à i}"auh'e, le devoir et ;la dignité de l'école 'et de la fa­nülle s ont dans ,l,a 'collahoration et l'ent'ente ». Pour :l'instruction que donne l'écoJe prinl'ai:rle, les éloges sont unanimes - sauf quel­que.s rés'erv0s; luais pour S'on insuffisaJll'Ce dans l.a fOr:llltation du cœur 'et du 'ca,r a,ctère , l'on n'es,t, hélas! p:as IHoins unanhne. 0.1' , c'est là précisément que la 'col:l,aboration est ~a !plus nécessairf'. L'école et 1.a fmniUe doÏ'v,ent chercher ù s',entendre dans un es-

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prit de -charité et un réel ef.f~ort de cOlTIlp.réhension. «( li faut ré­v-einer .l'indi!Nérence d.e beaucoup de parents, -comJbattre l'hosti­lité d'un g.rand no:mbTe, ,stinlul,e.r le zèle; tâche ingrate et diffivil ~ eH bien des .endroits, m,ais indi'8pensrubl'e. »

Cert-es noUiS vivons dans une Ipériode de désa'l'roi. Beo.ucoup d 'hO'n1Jmes ne sav,ent plus aujourd'hui :\ -quels ' principes :se l',ac­-crocher. « Esr\: juste ,ce qui ,est utile au peuple allemand», disaient les nazis. « Est juste ·ce qui fait avancer la .révolution proléta­rienne », ·enseigne aujourd'hui à des m.iUions d'h01umes une .au­lr-e idéoilürg.ie. « Est jus'te ce qui .sert no,tre ,c1aSls'e, HotTe p.arti, notre 'pays», ,aJffiI"lnent 'certains g.roUjpes. « E:st just'e ,ce qui sert mon pO'rtelnonnai'e, 'In.a rfaul!irl1e », tel :est Œe rCTi,tèr·e qui nous guride .souvent, ~lnênl,e SIÏ n·o.us ne v,ou10ns pas ~ 'e reconnaître.

De tels principes peuv·ent permettre de se tir,er d'.aflfaire Ù une frumi1ile , une entTeprise, un ,parti, une cla,s'Se ou nlème un pays. ~tLais ils ont ,tous un nlème défaut: ils divisent, pal'ce qu'ils n'enrvis-agent que ,le bien de ,quelques individus ; ils portent aÎ'nsi ,en eux les IgeI~m.es de l,a ,g.uerre et de la destruction. Cela est d'autant plus dangereux 'que ,la t-erchni'que a .rétréci .I.e monde et ({lle ,la 'l11-enaCe de ,la bOlTtbe a,ton1i.que pèse sur nos têtes.

Il nous faut ,aujourd'hui des '.principes uni'V.ers'el'S vis'ant le hien de tous. Nous l es trouvons dans les 'ensei'gnelll'ents du Christ.

« Tu 'lnérites de la reconnaissance 'pour 'avoir donné un ci­toy·en à ]a patrie, ,au p 'eupJe, <oui, pourvu que rtu ].e Tendes ca ­pable d ,e .servir la patrie, d'être un hon1Jme utile aux ch a mip's , utile dans .]Ies tr·a:vaux de la guerre COIll'IUe ceux de la ,paix. Ce qui inlportera le :plus ,en ,effet, c'Iest de savoir 'qnel,s principes et que:lle forluation m'orale tu lui donnes. » Juvénal.

Schule.

uostoïevskN (Suite)

6. Comme un poisson sous la glace

Féodor joue au bilhl'l~d et aux d Oluiin OS , perd de grosses :-i01l111ll'B8'. lVla1s son cœur cou1Jluarnde. L',argent qu"éventueUement il gagne passe aux 'malheureux qui ,1ui TaCO'l1't-ent ŒeUl' vie. Il tra­duit Balzac, traduit S.chi:ller, déInis'sioll1!ne de sla ,char,ge de fon~,­tionnaiTe. Son port,e-!lnonnaie ,est toujours vide. PremièTe atteinte de :S011 In31 ,ohron1que, 'l'épilepsie. Il écrit ·alO'rs un 1ÏvTe, un }.ivre est étonnarnIllIenrt s.imple, si 'loin de ses premières envolées' lyri ­ques l Un fonctionnaire rpauvr,e ,entoure de son aide affedueusé une jeune fine Ip'l'llis ,mal!heur·euse que lui ... jlU:SlqU'Ù ce qu'eUe en épouse un aurtre. Il s,'eff'ace devant le ibonheuT des heureux.

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« Oeuvre de tend res·s e, écrit de 'Cle ,Hvre ,le Vicomte ,de Voguë, ~ (Jrti e du cœur tout d'lm jet. Dnstoïevsky y a déposé toute ·sn. na-

, lin'e, sasensilbiHté ,maladive, son besoin de pitié ·et de dévoue­ment, son amère conception dé la vie, s'On orgueil farouche et toujours 'endolori ». Oui, 'conception am'ère de la V'ie; n'lais juste,

.. en ce qu'eUe n'élude pas le prohlème de la douleur humaine. Ld , réponse ne viendra que beaucoup rplt'Us tarel.

Après l'a lecture des Pauvres Gens, Grigorovikh, rami des Dostoïevsky, s'e lève tout en larmes et le .serre dans ,ses bras. H Je lit au cr,itique Nékrassov, qui est Slaisi d'une pareille émotion. ,Nékrassov se '.présente .chez Bielinsky et lui dit :

- Un nouv,eau Go,gol nou.s est né . - Ohez vous les Gogol poussent comme des chru.nrpignons. Cependant il consent à lire. Biélinsky est un occidentaliste,

ne jln~e Ique .par le sociaLis'lne et les progrès de }Ia s'cience. - Comprenez-vous 'ce que vou,s ,avez 'éc.rit là? dreclnande-t-

11 ù Dosltoievsky. Av€z-voUS ·lneslu·é toute l'ampleur de la t-er,ri­hIe vé.rité que vous avez dép.einte? ... La vérMé vous est révélée

·,et annoncée en tant qu'artiste; vous ravez reçue en don; ,SRchez .apprécieT ce don, restez-lui fidèle et vous serez nn grand écrivain.

B:i'élin.sky n"a oCOlnpi'is du l'aman que la donnée sodale, rien ,~al1 t.résor intime des vertus- passives: effacem-eTIit, honté, rés1igna­tion, héroÎ's:me calché, qui seules intéres'sairent Dostoïevsky. Où l'un 'Voit un p.rOlblèn'le social, l'autre voit un p.T<oblèIne humain.

Avant .filêll1€ ;Ja .publi,cation, le !Suocès fait perdre 'la tête ,à Do.stoïe vsky; ill dev1ient I1rdicule, i,l s'en .l'end 'compte et il en ,souffre. P.our ,comble, il tomrbe ,amoureux ,de lVI:me Panaïev. Le travail, peut-être, :le S'3"ll'v'era. A peiil1le les Pauvres Gens j,mpâmé, il amm'ce un nouveau l'oman qui lui donnera sa .direction .défini­tive, Le Double. Le fonctionnaire Gordlialdne, « odieux ù f01~ce de tÎlmidité ipû.Iüssante ,et d'.effa'cem:ent hesogneux », T,encontre un jour ,son douihle: un 'aurtn~ -GodHakinre qui ,est 'lui-m,ême, mais audacieux, p:réten trieux , m'léchant, 'Illtenaçant, envahi's'sail:t. Et ce double fini,t par tuer :le vrai Godliakine. Id nous ,pénétrons ù l'illltéTieur des profondeurs humaines: Il y a deux hom'lues en nous.

ToUis les .ronlans .de Dostoï-evsky 'po.rteront la t.I~arce .de cette iJl11111e11'S,e détcouvert,e. lVIrailheureus'ell1l!ent, Le Double slent trop. qnant au 'Procédé, l' influence de Gogol, ·et ·c'est un désa,stre. Deux autres romans ·de cette époque: N etotchka N ezvanovCl ,et Lu LogeuSe, situés aux 'confins du Têve ,et de .J'exa1i{:'ation sentimen-1 ale, ne pl'aisent pa,s davantage à un pUJblic qui ne pensle réa­lisme let revendilcartions sociales. BireHnsky, Nekr,assov, Tourgue­niev, tout,e 'la criHque !S'acha:rne .s'Ulr .Dost'Oïevsky. D.eux Blondes s-ont ,en prés,enroe : .celui de la lll'atière, relu progrès, de la 'révolution e t celui de l'finle, du sens intérieur, de la p1'ésenlce de Dieu et du

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Christ. Lequel :l'emiportera? Dostoïe,r.sky lutte seu.l contre une­marée ,mont'ante. Pauvr,e, :sans 'argent, 'luak~de: ·en proie à des lelTeurs et .des angoisse SI, sans ,con.fiwnlCe dan.s s'On ,génie, il s'e­riébat « 'COl11'l11e un poissorn sous la ,g,l'a,ce· ».

7. Le révolutionnaire malg'ré lui

Napo.Iéon attira les lSoldats russes au cœu!].' de l'Europe. Sé­duite p 'ar la culture oooidenta'le, la Rll'sisie s'év·eHle d'une servitude' léthargique au désür de la liberté. Des sociétés secrètes se for­illent. ayant 'conlllUe pr'o.gramnne d'abolir l'·es·clavag-e, ,de sllppri-

. mer les ,chfltill11·ents corporels, de réduir,e l'absolutÎ's'l11e d'A'lexan­,dre 1er. La prel11ièr,e phas'e de cet,te a1ction ,est .l'él11'eute du 14 décembre 182.5, dont les 'l11enelU'oS .furent pendus ou dé'Portés~ En 1840 la.. fef'lnentation s'ÜutelTaine 1l1t'a 'P'3JS ces.sé, entretenue par Iles deux ·ca.mps oppO's'é:s ·des « O'ocidenta'listesl » et des « slavo­philes ».

« Des livres passent en contrebande. Les étudiants se gargarisent de Georges Sand, de Fourier, de Louis Blanc. Chacun va vers le peuple sans rien savoir de lui. Chacun imagine des phalanstères transparents bondés d'hommes heureux, polis et sympathiques. Chacun s'attend.rit à l'idée d'un partage égal de biens entre toutes les classes. L'économie.­politique se teinte de poésie. La révolution perd son fumet de bouche­rie. Le progrès scientifique s'allie aux dogmes de la religion orthodoxe. La conspiration devient presque un .devoir civique pour la jeunesse d~s.. universités ». (Troyat, p. 151) T,abléau idyllique, auquel répondent me-­lancoliquement les réalisations de 1917 à ce jour.

En -lnai 1846, Dostoievsky l'encontre l,e révolutionnaire Pé-· tra'C!hevsky -et T'ejoi-n>t ,chez -lui un g:roupe d'étudia:nts dont le 'pro-­grauune, tout négatilf 'encore, est :de « critiquer le régime».

Dostoï-evsky n»'av1ait aucunem,ent !l'â~m,e d'un r,évolutionnail'e ;' s'il fl'équeutait I.e du1b de Pétraehevsky, ,c'éta-i~ pour tr~nlper ~a sO'litude et JÏlre .d,e;s livJ'C!s défendus, car jl voulaIt tout VOIr et tout connaîh'e. lVUai,s « Je n'ai j.a'll1a'is trouvé rien de ;p1us absurde que la conception d'un ,gouveTueluent révo'lutiO'nnair:e en Russ,ie » , ré­pondra-t-il ·à 'la CÛ'lnn1.i,s,sion d'enquêt·e. ,La vie ,dans un phalans T

tère lui slemhlait plus aff-l'eus·e 'et p'lUJs répugnante 'que les travaux for·cés. Ce n'est .pas 'qu'i'l ne .dés'irât aucune réforme, 'mais ces. rèf'O'l~nl'e,s -dev,aitent venir du Tzar et non de Ta Révolution. « Le Tzar est l'inearnation de ,son pe-up:1e lm,ême, de sa foi et de se-~' espéran1ces ». Pour lu,i, tuer l'anl0ur du Tzar, c'·es't tuer la Rll::i­

-;ie. Adnürons dans cette position l'int-elli.genoe .du génie. Il a .VlI

que le -peuple rUSIse n 'est pa:s asse~ rat~o'~l:aUsrt~ pour ne pas In~ earnerSOl1 idéal d.ans un homnl'e; Il predl'l',a, d '!al'lleLws, dans Le~­Possédés) que 1a révolution ne ·s,e fera it jam,ais 'au profi.t du 'peu­pl e' ,filais au ,profit d'un hO'lTl11l'C.

Seule l 'impatience devant ].a lenteur des réfor.lll'e's lui arrad1(> quelque.s alccent-s révo:lutionnaire.~. lVIais l'engrenage. l'entraîne ~: ux conclusions extrêmesl ,de l'a1gItateur Spechnev, qUI 1 envoùtp· COIn pl ètem ent, 'COJll'l111e I.e « douibl,e » envoüte GodIiakine.

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Or, ,clans le g'r-üuJpe se ca'Che un traître .. AntoneHi a entendu D-ostoï-e-vsky lire une ·copie -de la leUre révolutionnaire de Bié­tinsky à Gogol. C'en est as'sez.

Nicolas 1er se ,s'Üuvient de,s décembris1tes ,qu'il a faHu exter­miner, i,l ifil·édite un ohâtin1ent exempla:ire. Arrêté dans son lit , Dostoïevsky est ill1lcarcéré da<fis la forteresse Pierre et (Bau1.

Ce séjour humide et sÛ'mtbre pend 18. plupart des' pri.sonniel~"i fous ou neura,sthénioques; Do's1'Oïevs'ky .s'esti,me heureux et bémt S H .so,},itud e .

MlalÏ.s l'enquête traîne, l'es 'interrO'g'atoires ,se nwltiplient, 'iDs1.dieux let 'lars\s'ants, .guère di.ffé-l'ent!S de ,ceux .que rapportent Kra,~ch:enko, Kl{)Iriakov et Ko.stler. La ,CO'l11Imi-s,s·ion, tout en recon­nai.ssant Il';inrnocence des iu'cU!1pés, juge néces,saire de châtier les « c.onlspü~ateur:s ». Pour ,sa par,t, Do,stoïevs<ky récolte huit ans de trav'aux f.o,füés en .sibérie.

·Le 22 déoen1hre, dan.s ;l,e froid et .la neige, s 'éb-ranlent le:.,; troïkas qui emportent les prisonnieTs, ils ,ne ,savent pas où . On 's'arrête S'Ur une place d'armes p:l-eine :de monde; :au fond une 'estrade. Les 'p'risonniers, ·au garde à vous, ,aUendent .Jeur sentence. L:auditeu:r énUJluère le·s nom:s et à 'c.ha'cun il .ajoute: Conda'mné ,ù la peine de JuO'rt ! Dos-toï,evs'ky : 'condau1Jné à la peine de mort!

On fait agenoluU'er :les jeunes gens, on leur rabat le ·capuchon ,')ur les yeux. Do-s't.oïevsky a oCinq lninutes à vivre. C'est une {~ternité.

- Feu! (Mais quoi? Rien ne répond que. I.e sitlel1'c.e. E.st-.ce ainsi qu on

E= ntre dans l'éternité? Non, \c'es,t !la vie qui continue. On sonne la retraite. L 'audi­

teur lit 'g'r:av,ement : - ,Les ,coupables, :ayant mérité la Luart aux te.nmes n1.ê'mes

de la loi , sont graciés 'PaT la démence infinie de Sa Majesté l ' E1nip,er·eur.

8. ,( Je me transformerai pour le mieux»

En l'oube Ipour la Silbéri'e. Plusieur.s des cooupagnons de Dos­toïevsky .ont p 'ayé cIe leur raison ce1;te ,sinistre pl'aisanteri·e. Lui s'en .souviendra, non s'eulement pour raconter, ,dans L:ldiot ces denlÎoe-rs instants avec une émotiol1i .qui vous 'prend aux entrail­les" nulis pour Sicruter jus'que dans les profondeurs que donne l'expérience, ,le sens' de ;la vie et de la nl0r,t.

Il .s'en va la rag,ë ·au 'cœu,r, ·croyez-vous ? Nl1'Umnent. « Quand je regaJ_de le p.a's·sé, quand je pense à tout Ile tem'Ps .qu~e j'ai gâ,c:h~ , :'[ tout le t-en'lps que rai perdu ,en ,er.l'emerrt.s, ,en fautes, .en futI­lités, par ignorance de la vie., un Hot de slang envahit mon ;cœl~r. ..J e me transformepai pour [,e ll1ieux. C'est rà tout mon 'esipol'r

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toute Ina consolation)). Il pmtit en réconfortant ceux qui res­taient :

Tu me ,connais, dit-il à son frère Nfiiohel, je ne desc nds. pas dans 'la tOlmlbe, oe n',est pas :111.on 'convoi .fu'llèbl'e que tu ac­cODlipagnes, et oe ne .s.ont pas des bête.s que Je trouverai au ba­gne, InaiÎ,s ·des hommes, peut-être 'IneiHeu11s que moi, peut-être supérieurs à nloL .. ))

C'est le soir d 'e Noël 1849. COll1lmencent 18 jours de tr·ajet dans la neilg,e ,et ,la tourm,ente, par 40 degrés !S'Üus zéro.

A Tolb'Üils'k, :lels 'condalmnés reçoivent la ,ri!site de décelnhrÏtste.s. déportés depuis 24 ans. Leurs fem'Ines ont sluhri !ces valeureux et ,partagé leur exH. Elles 'c-o,mlbl,ent de .g,âteries les 'Il'Üuveaux ar­rivés ·e,t Telll'ettent à ,chacun d',eux un évangile, S'eul,e lecture au­tOl'iÎlsée daIlls l',exlitl. DostoïeVlsky ra,contera tout Icela da'n~s' le Souvenir de la ·.Maison des ~Mol'ts.

Pour déorire :les ba'gnes de Sihérie nous pourrions ajouter bO'll't à. bout 'oe qui 'a été dit de trop fanleux ,camps de Dachau, de Buchenwald, ,etc.... Peu importe .iroi 'le ré·gj'me: 'l,es calIllps s'ont des 'enl.fel~s où s'e déploient ,sans ,contrainte ,l,es instÎ'nct's de 'la bête hunla~ne: ég a iSlm·e , :s'adis'me, 'Cruauté. P.eu d'âlme.s y rés1is·tent IUaiS 'oeLles-,lù en s'Ürtent purifiées-, Icomn1e d'un bain de s'ang_ Telle fut ceBe de DO's'toïevsky.

N.ous 'le trou,vons ,dans une foule ,cÛln~pacte de vÛ'leurs, dl" tl'aîtr·es, d'as:sassü1:S-, de tous les 'crÎ:lllinels de -droit pub,Ji'c.

Le froid, la vermine, la puanteur ne sont rien auprès de ,la· hôdeur 'm'Orale qu'il faut slwprporter. AiPrès avoir trouvé aux ,con­fins :de !la 'Inort ile s'ens de J.a vie, i,l 'C'hel~chera sous les 'cÛ'mpor.te­ments de la bête ,ce qui reste d'hUJ.nanité. Il trouve ,mieux encore. L 'évangile, toujours à 'la portée de sa main, !lui révélait que par la nl!iséricorde de Dieu l'holmme ,est ·ca'Dabl'e d',autres profondeurs; jl revoit ·en eSlprit 'ces paysans de s.on el1lfance qui lui dis'aient si l.endrernent: « COlInllne tu as eu peur! Le Christ S'oit avec toi! » L'évangile ,qui in:spil'era 'cet,te résignation qui 'lui vaut le n1épris de IS'0S 'Camarades, cOlnpell'sé par une joie intérileur,e inexprin1a­hIe. Pour ,celui 'que Iles jeux de hasal,d dépouiHeront matérielle­ment, c'·eslt id ;le grand jeu. « Il peut gagner, dit Troyat, parce qu'j,l avait aocepté de perdre )).

« Tout coopère au bien de Iceux qui ai'luent Dieu ) . Le bien que DostÛ'ïevsky th-,e de sion 'm·al, Troyat ,le vnit dans 'ce qu il appelle une triple révélation: rencontre du peuple, rencontre de la Russ ie, 1'€TI'CO'llÜ'e de 'l'Evangile »).

Nune part :l'e peuple ne f'Ûrme une tell,e dualité qu'en Russie. Pa's de nülien enh-,e une élite cu.ltivée et la 'l11a'SSe barhaTe. A ce' I Jl:~ lIple infér'Ïeur qu'enfa1l1:t i'l avaÏ't connu ù la ·ca.mpagne et ù l'hô­l'itai Marie, Dostoï,evsky n'av.ait pas pensé jusque-là que comme· une maS'se malheureuse dont il fallait a:m:éliorer les conditions,

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l1latérielles. C'était, en s'Û'mlme, ,le point de vue des 'socialü;allb ocddentaux. n -décoll·vT,e ici que l'e peurple :l une il'me, une â.nw nette des élucllbr.ations inteHectueIJes, si'l11ple, près de la nature et pTès de Di,eu. DostoïeV'sky l"aim,e et s'humBie devant lui.

·C'est par le rpeUJPle qu'il ·connaît la vraie Ru:s'si,e et qu ' i.l 'con­naît Dieu. QuatTe années· a'vec ,ce qu'i'l y ,a de p-Ius misérabl,c dans . le peuple, ,et isans autre livre que l'E'vangi,le l'allnènent, par de:lù toute dis'cuss1ion intellectuelle, ,à une ·prof.ession de foi 10ute SiUl­ple : croire qu'i:l n'y a rien de plus beau, ,de p.lus sympat,biqne et de phlS rai-sonnahle., de plus p,aI~fa-it, de Ipluscourageux que le Chris't.

Du 'bagne, « que,lque part ,en Sibér.ie )), Dostoïevsky est trans­féré COm!lne soLdat de lL@ne à Sem.ipalatiIlslk.

9. Amour et pitié

Ces quatre longues années ,grises ,sont iuterr0111pues par un événement: le p-renlier !anlour.

I~i[,a:ria Dmitrievna Issaïev est une jeune feITIlll1e de trente ans minée par la turbe~'culO!se, épouse de l'ins'tit'!lteur lssaïev, « qui n'Oyai1 dans l'a'lco'Ol -le 'chagr.in d'une vie mlanlquée»). Ce Inari deviendra J·e ~1:aTlneladov de Cl'im.e et ChâtÎlnent. « PenselY-tu clonc, nloer'call1ti, que ta demi-boutejrHe Illl',ait procuré un soulage .. ment? C',est de la tri'ste5'se, de Il'a tristes-se -que j'ai ,ohel'Clbé au fOÎl,cl de ce verr'e - de ,la tristesse ·et des l'3..rnlles. )) Mnle Issaïev conçoi t pOUir Féd'Ür une cÛ'lnpa'ssio11l qu'il rprend .pour de l'amour. 11 est heureux de donner des 'leçons à son ,fUs \Paloh'a. Mais 1'S's'aÏev obtj,el1t -Ile poste d'adjoint 'au tdlbunal de Koutznetzk, une bour­gade Ù 700 'verstes de Sénripalatinsk_ Séparation ü1évita1ble, tous les tOUl'J.nents de il,a jalousie. Le 14 août 1855 !HW lettre apprend à Fédolr ,que M. Is,saïev est Im·ort. 'Couune pour son père, Dos­loïevsky se reprochera d'av.oir ignoblmnent s'Üuhaité cette Hlort. On h'ouvel'a des traces de 'ce senti·ment dans Ivan Karam.azov.

La ,comiprus·sinn, cette fojs, est ,du ,côté de DÛlSltoï.ev,sky. C'est Ilu.i qui envoie de l'.ar,g-ent pour secourir la veuve. Mm.e lss'aiev, ,e,l'le, est éprise d'un instituteur anlÎ ,de son 'mari. Nouvelles jaJnUJSlÎes, nouveaux désespoi.rs. Il accepte enfin le sacrifice, en­courage les deux ·anloureux, fai,t tout "ce qu'il ,peut pour l'avan­cement -de son rival. Cette histoire ' extra'Ordiil1laire eSlt transfor-mée dans le r0111'an HUlnilié:} et offensés. \

Coup de théâtpe. Fédor est noullmé lieutenant. Possihilité d'mnnisilie et de retour en Rus:sie. Mais OO'lnJne-nt sans elle ? Heureusement eUe .se d'ép.rend de l'-instituteur. Us s'épous·ent et vÎennent 'en:sen1ib.Ie s'.instaUer à SélnipaiatinSlk. Mais toutes ·le. · (:'motions ont us,é les nerfs et Fédor subi1 sa pl"emière crise d 'é­pilepsie ,en présence de sa ·fem:me, g.Ia'cée d 'b.orT-eu!' et ·de dégoùt. El1e se repr,encl néann10ins et le .ménage m'arche tant bien 'que mal. Le deux jui:Uet 1859 l'exil :prend fin. Eon route 'pour la H.us!sie.

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10. Souvenir de la Maison des Morts

Toujours ,SOUIS ,Slulr'V,eilIanlce :de la Ipoli'ce d 'Etat, n 'ayant l'au­torisat,ion de séjourner ni à Müs'cou ni à St-Péters1b0 llPg, ils .s'éta­hlis,sent à Tv·er .avec ,des ressources lTIodestes. De plus en plus la maladie révèle en M'aria nmitrievna un caractère colérique. jaloux, ,calprid·eux, tandi~ 'que Fédor voit ·se InultitpEer ses crises d'épilreipiSlie. En nov'emlbre 1859 il obtient enfi.n..la permislsion d 'ha­hiter Ja ·crupHale et encore S'DUS 'c!1ution.

L 'atlnO'sphère politique n 'a guère changé depui,s son départ. Les ,conc,essions cl' Alex'andrc II ne font. qu ',exaspérer '~es exi ~ences libéra'les, les aUaques contre le tzar et l'église. Entre l,es '-partis €xh'êlTIre'S : TéadiOinn.aÜ'e:s ,s!la'vophi;les ,et li;bér.aux progressi.sbes, Do~toïevsky établit sa position, il est :libéral l'USlse. Intenahle. L~l jeunesse attend du 1111Jal~tyr ·de Ira :révolution qu 'il soit révolntion­naiTe. Les sl1avOtphHes ,conservateurs le tTauvent dangereux , Mais déjà l'écTivain ne se place plus entre, n1ais au-dessus d es lIns et des autres. Les Souvenirs de la il/aison des l\1orts } pulbliés à ce 111 nIn ent , 'sont une œu.vr,e 'littéraire p:rofondéirnent hum.aine. Et Dostoïevs'ky 'Co:Il1meuce .son 'prenuer .gl~ancl rOU1'an, Humiliés et Offensés où, 'plu.s Il'Üin 'que la donnée romanesque, jl f.aut ,chercher une étude tpsycholo'gique du peuple l'USSle ,et d e son â'llle '~ippriInée.

Il. L'Occident et le Progrès

E:x.cédé de travai:l et de tristesse, Do:s:toievsky entreprend nn voyage à il"étpangeT. La 'pauvreté ne pennet Ipas à SOIl1J épouse de l'accompagner, il 'pali ,s,eUll.

Parils .Je déçoit. Londlres un peu 'l110ins. Genève eSlt « sOlnbre et lllaus·s'ade. Dos,toïevsky ne ,s'ait p.as ou sait trop bien voyager. Le ip.ays 'l'intéTes;s'e peu, il ne ·c.hel'cthe que la vision intérieure.

« On lUe peut ô:ter à un Frartç.ai!s, ,c'eSlt-'à-diTe à un Parisien ... ridée qu'ill ·eslt le prenüer h'Ü'l1une du ,globe. D'ailleurs, .ft l'·excep­tion de P1a1rÏJs, île ,g;~olbe lui ,est fOTt peu connu et il ne tient TIlùle­m-ent à 'le cOIl1naître » ... « ,Chaque année, en ten'lJP's utile, on di:s-cu te à 'la ·Cha.mbre les qu.estions politiques les :plus inlportantes et le Parilsien ·es1douce.luent élll!U. H sait qu'il y 'arUTa de l'éloquence' et s'·en 1~éjouit ». « ... ,Pour le Padsien, Le p'lus: s'auvent, une bonne si'l11ulartion :de l'amour vaut -le vél'i.talble 'alllOUT ».

Ayant relnpla'cé Dieu .pa·r 'le IProgrès , 1'0cci.dent Jui :pal"ait irrénlédiab'leluent peldu. C',est l a Russ'ie qui sauvera l'Occident.

12. Une saison ' en enfer

M.aria Dmitrievna n'ain1e pas Fédor et .le :lui dit. Dos,toïevsky s'épr,end de la c.ounédienne Schubert, ,fem!m e .frivole qui .l e regar,rlc 00n1llne Is'on 'cavalier .servant Tout ,alUtre est la r encontre d e Pauline Sous'Sllov,a, Ique Rosanov, S011 .futur époux., d écrira ainsi: ~( Elle ress'emblait à Catherilne de .Mé.di'Ci·s ; c'est. de bon cœur qu ' elle aura.it co-mntÏis UJ11 ·crime, qu'elile aurait tué ... Elle était 111a-

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jestueuse; je 'Cmmais des geI'l'S qui ont éM définiÜve:1l10nt sé-­duits, dominés Ipar leUe. » Et Henri Troyat: « pauline re;prés·ente exactement 'le type de .la g-ran.de [,iUe exaltée. EUe est fèlniniste en diable, ·eUe prône ,l'amoul)' 'libre et 'l'ég.aEté dlev,ant -la loi. El'le n e croit pas en Dieu. ».

C'est eHe q~ü va encŒ11br-er .le ·ohem.in de Do.stoÏ:evsky avec le charm,e -de ,S'es 'capTi'ces 'cérébraux. FaHgué, 'lnalIUJde, incom­'pTis et 'méprisé de .sa fen1Jffie, « il cède, avec ,la cons'Ci,ence atroce de' son Crin1€».

Résultat de la ,chute, la femn1.e ll1éiprise celu.i qui, 'au lieu de ré.Jever jusqu"à lui , s':abaisse jusqu'à -el,l,e. n devient « son ennemi in dilsp ens'able ».

EUe ,s'UTv;ra DOSltoïev'sky dans ,ce vOyUJge qui sre:r·a une vrai'c ~, aj :son ,en enfeT. H faut de l'ar,g,ent. Dostoïevsky :s'a:rrête à \iVies­baden pOUir JOUler, eependant qu'eUe continue sur Pari,s,. De là , eUe lui annonce bruta.lem,ent qu'i,l est trOip ta:l~d, qu',eHe s'est épris1e d'un ,autre, -l,e ihellâtr·e espagnol Salvador. Pourtant ell~ ,le s upp:lie d,e t1a s·au:v,er de cet bon1lm'e, qui ne l'ailn1e pas. Effeotive­ment Sa'lv'a.doT la quitte et eUe suit Fédor à tI~aver.s la France, l ' Italie, iJ' Allmna'gne, pOlU' -l'abandonneT enfin, 'CiOIJ.T1111e il était à prévoÏ'l'. A ve;c 'son feu et ,sa gil,a:ce, oette .f.em'm·e hYlstérique aura fourni ù :l'écriv,ain l'un des ,gr.ands ,tJhèl11res de 'son œuvre. Elle sera la Dou:n:ia de Crime et Châtiment, l'Agloaé de l'Idiot, ,la Lis·e des Vé1nons, la ]{athel'ine Ivanovna des Frères !ÙLTc!1nCl'ZOV et la Pauline Alexandrovna du Joueur: ILa ,femme fabale , orguei.lleuse et s'adique, Ira tentatrice par ex,ceUeuce.

13. L'homme soute1'l'ain

A son r.etou:r, Do:stoievska trouve :son èpouse .au p.l'lliS 111al et la fait transporter dans un hôpitall de M·os\cou. Lui-mêlne ·s·e r end ù St-P.étersbour.g s'oocU'pe:r de son rpériodi'que L'Epoque, en diffi­culté d'.ar,gent. H ,f,ait la nave,rte enbr·e ces deux villes et, au chevet de son èp'O'llJSe il rédi,ge une ·con.fession atroce, i'l1ititu1ée Mémoi­res écrits dans un souterrcLÎn.

L'hoJl1lIne souterrain est. une duplique simplifiée de God:lia­kine et de son « double ». ,Ce n'est :pas une l'ouang'e à Dieu com­me les ·ConfeSlsions de St. Augustin, pas davantage une provoca­tion cmHlne '1a fausse siQ;eérité d e Jean-J.acques Rouss,eau ou de (iide. C'est Ile ·cri d e honte et de d égoùt d'lm hou11m e tomhé au fond cIe 1',atbjectiol1 ,et là (rui Dieu n 'est paSl assez prèsent rpo,ur qu'il ne che.l'che pas, dans l'abjection Imiêlue, une s'ecTète joi·e.

Et cet hOlJ.lllnle .fait la première pTo.fes.s.ion de foi exisbentia­li ste cOIinue dans 'l-a :littér.atur'e lnO'clel~ne: .le Tefus du Inonde, n on p:J.r 1'aJhnégation ,chrétienne qu.i fait la l)lace ù Dieu, mais .pal" un ,ade de 'l:évoHe cIe l'hoU1'l11e contre toutes l es priSions que lui imnos'ent. ici-rba:s la ·lo.giqu,e eudidienne et les exi,gel1'ces de .la mo-

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l'ale. La ,cons:oiel1!oe du ,péché est un état d 'où aucun .raisonneluent hUlll'ain n'an'iv.e à nous s'ÜlùeVel'. Il faut autre 'cho'se. La méthode :), x 2 = 4 ne joue plus id.

«On se résigne immédiatement devant l'impossible. L'impossible signifi'e un mur de pierre. Quel mur de pierre? Evidemment les lois de la nature, des sciences naturelles, des mathématiques. On vous a dé­montré que vous êtes issu du singe, inutile de faire la grimace, accep·· tez-le, c'est mathématique. Ess,ayez un peu de discuter! Que dites­vous là? vous répliquera-t-on. Deux fois deux font quatre! La nature ne vous demande rien, elle se moque de vos désiTs et ne se préoccupe pas de savoir si ces lois vous plaisent ou non ...... Mon Dieu, mais qu'ai­je à faire 'avec les lois de la nature ou de l'arithmétique si, pour une raison ou une autre, ces lois me déplaisent. Il est évident que je n'arri·­verai pas à enfoncer ce mur si effectivement je n'en .ai pas la force , mais je ne me résignerai pas à l'accepter uniquement parce que c'est un mur de pierre et que je manque de force. Comme si un mur de pierre était un apaisement...»

Nous nous sonrmes arrêtés iP1us longuement sur l'holllme sou­tenain parce que ,c'est la prmnière grande percée de Dustoïevsky snI' 'la métaphy.sique - disons SUT :le tmystère. ,Car ,les ,dtlne~" que Do.stoïevsky :aperçoit 'ne sont pas ·claiTes et découpées cümme les somm'etsdes Alpes dans J'azur; eUes per,eent .les nU3!ges- et plon­gent dans un deI terri:b!J..e ·et inconnu. Le suivre là-haut siera l'ob­jet d'une autre étude; no.us n'·en SOilThnleS qu'aux ,approches ele ,la Inontagne. Notons seulement que la Tévélation de ,ces vertiges sublilnes lui est dDnnée au 'Plus profond de s'a ·misère. L'orgueil rationaliste 'et pos itiviste ne tient aUCUne111ent -devant les problè­mes de 'la do>u~eur et du péché. L'existentiarlistemloderne s'enfuit dans ,l'absurde et 'l'e dés'e:spoiT. Devant ~e lnur de pien'e, devant l'invidl:aible paroi nOl,d, DostoïeVJsky ,cherche ,d'autres chemins et d ;au.tres moyens. C'est déjà un appel de la 'monta~ne eHe-mê'me, car il n'est point de secours hum.ain. « Levavi oculos meo'S in montes, unde veniet cnzxilium n1ihi » . Au-delià du Tatiounel , du mathématique et du physique, une oreille entenelra, une voix Té·­pondTa.

L"algonie de lVI.arie Dmâtrievna, la lfelJlime qu'i'l a aimée expirant dans un flot de sang, et la mort coup sur coup de l'IOn frère Mi­{'hela'chèvent, dans l'ordre vis·ible, une étape de ,cette vie Ill0U­ven1Jentée.

14. Anna, la « sœur de charité»

IVIichel .ladJs,sait 25,000 roubles -de dettes que Féodor LSSll'lUa pOUl' sauver s'a Inémoi:re. De plus, il prit ,à !S:l ,charge la veuve et 'les quatre 'eruf'ants de son frèr,e. iI/Epoque, jo urnal de Miche.l, chav.ir.ait; Féodœ' ·se ,tuait à la tâdl·e. Un 'éditeur, SteHovsky, propose tr:ois mille roubles pour Ile droH de 'Puhlier l'en:s'emble -de ses œuv:res; i;} ,ex,ige en plu.s Uln rO'II1an inédit 'av,ant le leT no­vembTe 1866. Pas1sée ceUe -date, Dostoïevsky .devrait 'payer une ,amende. A,cculé à la saisi,e, DosotoïevS'ky ,signa.

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Au Heu de travai.J1:er il entrepre-ncl un Inouveau voyage en EurolPe, rencontre ;J'a fatalle SOUisslo'V:a, ' joue là la roulette et perd ,tout 'l';aJ.~gen:t .qui lui reste. H 'TIl'endie ,chez des amis, chez Tour,gue­niev lui-'même. Il connaît la fai,m, il Vlit de thé p,endant une se­oluaine. C'est alors .qu'il pos·e le ,canevas de C1'Îlne et Châtiment, livl'e qui entre bien dans l'unité de 1son 'Inonde: un étudiant pau­vre, ipour se donner ,1'.assuœaniCe de sa ülberté, aS'Slassine une vièil­le ulSurière et, pri-s1onnier déso'mnais de .son péché, :se vou e à l'ex­piation qui te déHvrera.

l\t1!ais l'échéance de nov-eullbre ,apprO'che et le livre promis ù l'éditeur SteUDVlsky n'est pa'S ·comJmencé. Son ,almi ,Mtilioukov lui suggère de ~e dkter à une sténographe.

Il :lui alm:ène une jeune fiHe. Anna G6gorievna, tremblante sous la nervosité de Dostoïevsky, sténog.raphie -les' 300 pages .de son nouveau :roman, Le Joueur.

L'anecdote n 'en est 'que l',aventure de Dostoïevstky .avec F,au­Iina SoU!sslov-a; lnais nous ,en retiendrons ,},e sens prOlfond et lué­taphysique : l'hOTIllTIe ;s'e mes!ur,e ,avec Il'e ISOl:t, ~e défie, lui tire 'la langue. C'est un tmoyen de ,S'Ü'ltü' de :son emlborurgeoisem·ent, de quitter le domaine ,de lIa l;aison !pour 'e'llitrer dans ,le Toyau.lue ,du hasard. Ici le mUT est tombé, 2X2=L! ne signifie plus Tien.

Le 'roman terminé en 25 jours, Dostoïevsky ne peur\: plus ·ou­blier sa jeune sténographe; il lui pr'Oipos·e de « collaborer )) aux derniers 'cha,pitres de Cl'ime et Châtiment ·et -lui dé'c1.are son :unour. EMe accepte. EHe s-m'a sa fmnin'1e. EUe a vin.gt ans pt lui 44.

« Tu es tout pour nloi dans l'av-enir, tu es 'l110nespoir et ma foi, 111'011 bonheur, rnDn tout)). Elle avait du cœur ,et un grand s,eus pratique. Ex'cel1'ente épouse et 'ménagèpe, eUe .fixeTa autan l que possible cet 'Îl1'corri,gilble av,enturier. Du 111üins, il lui S<Ci!'a fi­dèl,e. « Auprès de ce g'I":a!nid hÜllum,e, ,dit Troy.at, elle n 'a pas été .18. 11lus'e, Blais ,l,a sœur de charité )).

L'es débuts furent pénibles. Les par,enh de DO's1'oïev\sky «bat­tent froid ) . Les s,cènes de fanu,lll,e ,causent à l'écrivain de nOll­veNes . 'cris,es d'épile.psie. Les luédecins lui ·cons·eiBent encore un voyag.e à l'étmn.ger. Pas d',a,pgent, Iles ,créanciers ;pouTsuivellt. Anna engage tous les meubi}'s.

Hs :s'Ï'nstaHent à Dresde, louent un :3lprparteluent. Féodor tra-­vaine ~.a nuit ;et :se lève à 11 heures. Apl'ès :midi on vils,ite les 111U­

s ées, on Sie prolnène dans le par'ç, où :1'oTCihestre joue Beethoven, Mendelsohn, ·Mozart. Et la nuit, Dos1'ÜïevS'ky jet1e les notes d e son pTQlcha:Ï,ll' l'D'mml, Les Possédés. Mais il n'Iavance pas. Et l'.ar­gent manque :pour r,entr·er là St-PéteT1hour,g. Un eSlpoiT, (Il;le sa fem­me Jui pennet à contre-'cœur: filer s'ur Hmnb011 l"g, jouer à ,la roulette.

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NatureHeluellt il perd coup su.r 'coup, jom' après jour. Et 'ce­pendant ~i;l ne peut iP:}UJS cetSlser de jouer. n aime ,Je jeu pour .le jeu. C'est l'extase de l'instant unique où ]1 « f.ranchit ]'e mUil' » . Il fait si bon au seuil -de l'a folie.

Sa lfenune s'épuise à hù trouver de l',ar'gent; toutes les S0111-

lnes sont :englouties. Dosrtnïevs'ky Tevient à Dresde pâle, défait, anéanti. Mais il rencontre Jes doux yeux d'Anna et ·co.mprend qu'el1le a pardonné.

M'alis lIa séduction de la Toui1ette n'·eslt pas finie. Dnstoïevsky entraîne :sa fem!lne à Baden-Baden et continue de pepdTe.

Un à Uill, les objets du l11énage, les souvenirs précieux pas­sent .au nlont de piété. L 'al!liance du l11ariage. Les pendants d 'o­reiHes qu'Anna dètacl1e 'avelC une larme. Dos!toïevsky jure qu'il s'arrêteTa quand il aura .gagné. M!a:is tout gain entraîne le vertige . li perd rangent de l'ailli'anlce et des boucles d'o:reiH-e.s .. Dostoïev:s ­Ky ISlMligJlote ·et :s'a femane ,pard0111Il,e. Une ~lettrealJ.1nonce que les' 'meubles sont pel,dus si on ne les retire pas toui de suite. On perd les meubles. Une avance de 500 roubles due à l'obHgealllc.e de Katkov Jeur pennet de s'enfonoer vers l'Occident.

15. En Suisse

A Genève on voit passer Gariba'ldi rue du ,Mont-Bloanc, 011

assist'e à un Ineeting de :socialistes révorlutiollnaires, 'Sane du ,Con­grès.

« Impossible d'imaginer ce que ces messieurs les socialistes et les révolutionnaires ont pu débiter comme mensonges, du haut de la tribune, à 5000 auditeurs. Le ridicule, la faiblesse, l'incohérence, l'ab­surdité, les contmdictions de tout cela étaient inconcevables. Et cette canaille soulève les populations laborieuses. C'est triste. Ils commencè­rent par nous dire que, pour fa.ire régner 1a paix sur la terre, il fallait anéantir la foi chrétienne, détruire les grandes nations et les rempla­cer par de petites, supprimer le capital afin que tout soit commun à tous, et cela, S'ans aucune preuve à l'appui. .. »

Es,t-!ce la détT,es:se 'matérirel1e qui di'cte .à Fé.odor Dosrtoïevsky ces JUJgements désoib1!i:g.eants· sur les Genevois ?

« Tout, ici, est hideux, putrifié, hors de prix. Tout ici est ivre. A Londres même je n'ai pas vu autant d'ivrognes br,aillards et furieux. Et le moindre bloc de pierre est chez eux «élégant et majestueux » .

« Où est telle rue? - Voyez-vous, Monsieur, vous irez tout droit et, quand vous pas­

'serez près de cette majestueuse et élégante fontaine , vous prendrez, etc .... »

« Cette majestueuse et élégante fontaine » est une saloperie du style rococo, branlante et de mauvais goût. La vil1-e est «le temple de l'ennuh.

Anna G.ligo1ri:evna .croit 'conju.r,er 'ootte 111auv.aise hUrlneUT en ,conseiTIrant à 'Son 11liari de se 'rendre à la « vine ,d'eaux» de Saxon­les-Bains en V'aIlai1s, de :renou11Illée rmondiale (av'a111 les abrÎ'cols et la ,con.fiture !)

~ 1&5 ~

. . A S~xon la . roulelte fonctionne' Dostoïevsky per·d CO.J.11111 E

partout aIll~e~r.s l Il revjent à Genève -et brûle -l'e 1'O.o1a'n co;mmencé. Une a?-tre ldee geI'Il~e en lui, ,ce]]e (~e représenter un hom'ml' acln1.i­l'~e a tous les. pOInt,s de vue. C',e~t une gageure: cOl11.iù.ent ill­teres'S,e.r le puihh~. avec un honl'lue 'slans ,défauts? « li l1 ' y a al! ~l?nrd~ qu;u:ne. hgure positÎ1Inent admiraJ)le, c'est le C~hrisl » . ReusslTa, reUSSIra pas? Dostoï,ev'sky tente 'Sa ,chance, C0l11lme à la ~'ol1ilette. Dans 'oette détres1se la nalÏ!ss'anrce de :s'On premier enfant ~e r~,~ fou de joie. Cette joie ser,a ,oel'1e de Cha tov dans Les Possedes.

. ... (~ Il y avairt deux êtr,es . hu:J.nai'l11s et tout ,à ,coup il y en a un tIoI.s1eme,'" un ~10uv:el ·es1pnt 'cornp'l,et, a.chevé, tel que .main hu­m'aIne n len! a ,J'a'maIS créé ... un.e nOlllvel/Je 'Pensée et un nouve.J amour ... C'est rn1ênle ,effr'ayant... Et il n'y a :rien de plus o'!'and au Inonde ... » . b

. PO'UJ.' payer les fr,a,Ls. de l'a,ccoUrchmuent, Dostoïevsky reloul:-. ne .J.~uer ? . ,saxon-les-Balns. Et void le nlême refra'in' pour lIa cenhenle fOl.S :

- Annette, mon cher ange" j"ai ,tout perdu l

" Ma.i's '~ette fois l'iInage de la Providence hriHe ù travers son ?esesl~Q.l:r; I[ .espè1~e 'que Dieu le 's'auv.era du jeu. HéLas, le 24 'lnai Jia rpet.lte Sonta IneUlrt -dans sOn ber,eeau. Dostoïevsky « IP:leurait et h~'f11~! devant ]~ Icada:vre ... , 'le couvrait de tbaLs·e1.is ... Et quand les .pr 'elnlel~es ,pel11etees de terre sonnèrent s'Ur ile bois .du 'cOiU,verc.Je, ~,l crut qu on le -frappait ·en 'Pleine poitpine qu'on l'ensevelissait a son tourr. (Troylat.)

Dieu -lui anaohait la première joie qui d·eva'Ït le rendre mei 1_ .leur!

Il f~l~ut quitter les lieux témoins de tall1't 'Cle' ·soulffrance après tant de .lote et c 'est là F10rence 'que Dostoï.evs1ky ternünera ,son ro­man, L'Idiot.

16. L'Idio-t

De 'ce ·livre nous ne di'rons/ id ,que le dessin; nous y revien­drons plus ta.rd. A St-PéteT:Slbou:rlg Ie prince Muk:hkil1:~ revient d'une dinique en Suisse, où un médecin ra so,iO'ué. Sa ill'alladie l'a l'approché d~.g e-l1fa~;fJs, 1~ privant de oe que les,bhonlilnes appe].]ent le sens du reeJ, 'lUtaIS' qill est 'en vérité la 'con~'lais's'ance et l'-attrait du l111al. H 'tOlnbe dans une ,société de Tap.a'ces, de fouTlbes de vo­:luptueux, de bouffons ,et d'ivrognes. CO!Illlme il :Se lai,sse' fad le­m·ent trO'l111})e·r et ne ·se fâ,che jamari:s, OIli i1e ,prend pour un « idiot» .

~e~endant .an 'ne tarde pasi à lui '}",econnaîh'e une inteHig'en­üe. pet:netrallt~ ,et. bO,u~ever'sante, qui révèle .il eha:cun ·sa 'Pr~pre la~deur, et lm fmt deslrer secrètement de se 'convertir .

Guardi,lli prHend que Muis,chkiue est dans l'intention de ['.au­h~llr l'dilnage du Christ, do;nt ill n'osait pas écri'l'e ,la vie. En tout

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cas, -c ',est un Ipersonnage étrang,e, dont :les lois ol'dinair,es de la ~ritiqu:e rue permettent rp~s de ,compTendre 'et d 'exprnuer 'la qna~i1::é ~Illtèrieu:re. Il vjent d'un -autr,e 1uonde, il rentre dans un au­tre 'Iuonde, ,et s'On passage noUJS ouvre quel'que ,chose du tluystèr-e qui s'étend denière le mur des conv'entions. Et c'-est peut-être le livre qUii renfel'me ,le plus d,e la substance .de l'auteur. Qu'on lise les pag'ets ,SUlr J,a dernière ,lninute d'un 'con da-mué à mort et su!' l'ùlue des 'enfants.

Le sue,cès de J'Idiot fut nlDindl'e que celui de Crim,e et Châ­.li.ment, ,et pour Icause. Un peTsnllll11a'ge COlTl'lne l'idiot dépasse le public.

Anna Gdg'o:r.ievna 'est de nouveau enceinte -et le couple ren­tre d'Ita'lie. A Dresde, une ;fd~eUe -naît, qui s ',aJppeMera Ainlée. Tl faut ,obtenir um aco,Illlpte ISUT Je prochain rom'an : un récit COUTt et Hnéah~e, L'Eternel 111al'i. Un !autr-e .est déjà en 'ger,me, il ,s'agit d'un projet gl'andiose. Pour faire pendant à l'Idiot, qtÙ est la ,,,ie d'un '~aint, ,ce 'sera Ja vie d'un ,grand pécheur en 'Cinq rO'n1.3.ns , -de.slirné à !pTQ!UlVer Q'exiLstence de Dieu.

17. (( L'Occident a perdu le Christ»

'Mais ce projet est à !longue échéance; en attendant, Do~r;;toï­-evsky éJ'abore UJl1 nouveau Isujet ,sur la Révolution, qud retra,ce les .stupides ·essais des 'l110uv01u-ents nihilistes d 'ans les universités'. Ces-era un pa1m,phlet : Le Possédés ,ou Iplutôt Les Démons, C'O'mllH!

})orte ,le titre Tusse. . La guerre de 1870 stwpl'end Dos101.evsky à Dresde, où il

se débat contre son r01l11Jan et ,contre Iles dettes. « EHe est helle, cette école allenlande qui torture et piUe

COll1lUe une hOl~e de Huns! ... Non, ,ce qui a été bâti Ipar l'épée ne s-aw'ait -subsister. ." Et après cela jts crient: Lia jeune AUe­l11agne! Bien au 'contrailJ.'e, ,c'est une -nation qu:i :a épuislé .se~ for-ces 'p::u'ce qu',eiUe :se 'cQ.nfie à Il'idée du g1ai've, du slang, de .la violence; el1e n'a 'Pas la moindT.e notion :de ce que ,c'est que la vic­toire spiiritueHe -et ·elUe -en Tit avec Ull1'e !brutalité soldates.que. Non, c'est une nation 1110rte, une nation 's'ans avenir ! ... (Leth'·es).

Mlai,s les Francais S'ont battus 'et Paris -est 'l'ava'gé par ''la ÜOU1-nlune ... « tL'Ocoide.~tt a perdu le -Christ -et c',est pour -ceLa que roc­cident se 111elu·t, uniquement püur ,oola » .

Vite virt,e rentrons en Rus'sie. Il faut :de l'atgent. Bh'core 'hl rOll'lette 'à "Tiestbaden. n ,gagne une faible 'somlne ,et perd coup sur coup. Il 'sort de la s-aUe 'COlm'rne un égaré ,et s'e précipite ,chez un prêtre. Sa hâte l'égar,e, ill se trouv,e danS' une synagngue. Un symhole. Il ,ohel'chait le Ohrist -et trnuve... ceux ,qui ont tué ,le éhrist ! Il arrirve en sanglotant 'Collez Annette:

- Je ne jouerai plus jalIna'is , joa'lnai.:s !

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Cene fois H Hent parole. Non seulement .il ne jouera plu:s : Il n 'en :parlera plus. En route veros 1a vra,ie Russ1ie. Peut-être .al­tons-nous ·la sauver de lS'es « démons».

18. Les Possédés

Ce l'ül11.an reprend du Ipoint de vue de 'la société le p-roblèn)e que Crimle et ·Châtiment ·avait posé .du; /point de vue de .l'individu:

.. queHes sOint les ;}imites' ,de la Lilberté .sÜ'da~.e ? ILa'i'StSons-:en l'~n:a'lylSe à H. Troyat.

• . «. Les Dé.mons s?'nt l'aventw'e d'un peuple qui méconnaît ,le s .pnnclp-es SoOClauX ·et ·se perd en espérant se lS'auver.

« L'assas!S'Ï'nat -est pour ,l'individu ce que lIa révolution ·es,t pOUlr Ja c?Hec1Jivité. Raskoln.i'kov 'Veut se prouver qu'il n'est pas une vernune, a.cheter par un acte répréhensible ie droit de l'in­dépendance tota'I'e ,et devenÎl' en qU'eLq.ue '.Sorte !Son pro,pre Dieu. Les ,dén1'agogues de 'l'insurrection VieuJ-ent a'ccorder à la foule une

,digni1é 'S(urhUTIlaine, Imériter Il'ém'andpation ,par le rnassaClre et inst.ituer une Telig'ion de -la !mas'se au lieu :de la croyance en Dieu.

Et co.mU1!e Ra-skolnikov, I,e renégat, perd toute liberté dès .Je lendemain de sa faut'e et devient l'·eSocl'a~e d'une idée fix'e ainsi ;le pelllJ?=Le qui 's'e .~oulève lJle trouve au ~bout de -son é:preu~;e que la servItude humNNlinrt,e et il-a déso'lation. Ou~, lIa rtentation éternelle on « touri est pel"nris » Ipeut être p 'epsonneHe ou ,coUectiv,e. Les deux txpérienües sont parallèl,es .dans :leurs 'moi.ndp(~s détours ,et tou.te':Y deu~ ab~Ulti'ssent :à un ~êlne .échec !devant -l'infini. Il ~l ' y ,a pas de libeTte .sans DIeU. QUI'conq.ue cherche :la I~b-erté hors de Dieu 'ie ·cond-a111'ne à la .négation de Isoi-ullême. Le socialisme est une ,question relÏJgieUise et doit être tr-aité ,COlll.me tel.

En ef,f'et 1è . socia'li-sl11'e, 1e socialisme l'usse, ne prétend pas s eUl].'e1n:ent Ol',g,am.ser 'le bien-être de ;la classe ouvrière, i,l ne ,pré­t~n~ pa~ lS'€u'I,enl.~n:t .l'~g~'er l~ ,~ie terrestre de l'homme, il prétend hlnItel' a cette if;e:hClte ln1l1ued.l'ate toute notre vie. Le socia'li:sifne n'es,t pas une ét~pe dans le desltilll de ,J',htuuanité il esrt -la reli­gion ~e ~ 'h~na'l1i~é. H est 'la fin de l'hulnan:ité. Il' ne double pas le .c.hnstIanls,m1e, Jll le TelJ.11ipl.ace. Pas .de Dieu, pa:s d'Ï1nmortaHté de l'Mll1e, pas de rédemption, paiS .de bonheuT hors du bonheur 111.até l'Ïte,l, tanrgihlie, Hocessilble à chacun.

« Tout commence et tout finit ici-bas. Le monde se transforme en fourmili~re. Les, ~aleurs, in~ivi.~ueHes, la vie intime, les élans spirituels, 1es espolr,s supeneurs .s aneantlssent dans ces marais de l'inconscience et d~ la nullité. I:',Etat se charge de .pourvoir -le troupeau lamentable en pitance. en tameres et en petites joies quotidiennes. Et l'homme se croit heureux.

(~~-ais :'homme , n'~ pas seul~ment besoin d'être heureux. Le pain qu~tldlen n est pas l umque nournture à laquelle il 'aspire. Il a faim de ~r?lre .à chaque ~~s~ant qu'il existe une 'haute allégresse, ,absolument Immagmable et del1cleuse, dont il ne sera pas exdu. Il a faim de quel-

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que chose qu'il ne pourrait se procurer ni par le travail ni par la ruse_ Il a fain1 de l'incommensurable, de l'incompréhensi~le, de . l'infini.

« Toute 1a loi de l'existence humaine, dit Stépan Trophimovitch. dans le dernier chapitre des Possédés, consiste en ce que l'homme peut toujours s'incliner devant quelque chose d'immensément grand. Si l'on venait à priver les humains de cet immensément grand, ils ne pourraient plus vivre, ils mourraient de désespoir » . .

« Hélas, les faits ont prouvé que Stépan ' Trophimovitch suresti:... · mai t les hom,mes».

Dans cet,te iIIlJ.lll1'ens'C 6t ter,ribJ.e ,fresque, DostoÏ'evsky n '.<\ pas s'Culem'ent préüguré )·e-s alboutlss,eUl'ent'Y thé<?riq~es de 'la révo­lution tels qu'Hs ,se sont 'ID-anifesrtés ,au 20e sièc:1~, :i!l a dres''Yé vi­vante toute une ,galerie de tpürh'aits 'l110dernes sous les'quels, on 'pourrait mettT'e des noms. T'Outes :les' ,méthod'e's .d'ahrutissement et d',extennina'tion, toutes le'Y techniques d'avit}i's:sel11,ent sont pré­vues jursrque dans 'les détails:, telle.s qu"elles rfurent 'uüses en œu­vre dans toutes 'les di'ctatuTes lJ11odeTnes, teUes enco're qu'eUe,). .<';O'11t -adoptées pa'r des idéologies qui prétendent lies combattre. Nous l~evi'endl~oD.s p 'lus tard sur ce gr,and li'vre; il fallait, pOLI 1" aeihever le portrait de Dos.toï-evsky, eh. donner les li,gn'es géné­rales, et nous ;ne pouv,ions le faire -lni-eux qu'en :suivant la magi-<;·-· traIe étude d'Henri Troyat. (A suivre) l1f. Michelet.

LIe mouvement éducatif à travers le monde~ provient du B. J. E.

ALLEMAGNE

Pour l'observation de l'enfance

Un « Institut pour l'observation de l 'enfance » a été cree dans le cadr-e d :e l'Aüadémie péda,gog,irque de PadeTborn, par le M-inistère de 'l'Education ,et le Ministièr.e des Affûr,es sO'ciales du pays fédéré « Rhin-dl1-Nor-d-i\MestprbaJi,e ». Parmi les tâches de l'Institut figurent la f.ormation psyoholo,girque cIe,s 'luaîtres, chefs de groupelll'en1.s de jeunesse, inst,itutrices- et jardins d'enfants" etc., ainsi que l'org,anisation d 'enquêtes .dans le do,maine de la psychologie enfantine. L'institut puhJi,e égalenl'enl une reVllC' inlitulée KindesbeobachtLlng Clis Al.lfgabe, sous la direction du Dr Theophil Thun.

NouveUe branche d'enseignement

Un 'nouveau 'COU1'SI ln,ti·tulé Gesellschaftswis:-.ensclwften a ét(> introduit -en 19-50-1951 dans les écoles de la zone a-dentale et fera p.alrti~, à titre Olbli'gatoire, du progr:a:mtme des universités el des hautes écoles. Un 'exaluen sera institué en cours d'études (fill du 3e ou du 4-e semestre); 1,es résultats obtenus dans Icette bran­che, qui cOTIliprendra entre autres J'étude des œuvres principa·le~

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~le lVI.arx et de Lénine, joueront LIll rôle décisif ,- , , . . etl~d0S spécialisées des étud/ tU . ,SUI ]a S.Ulte des

. , Ian 5-. n cours d un semesLI'e ét' Ol'g31use pour pré;p:arer ~Ies llliaîtres à ' . ~, . '3. 'e -~chafl. swissenschaften )} dans 'les écoles 'p.enf~eIo.nei 111 os « Gesell-1]1' . t t' P " ro eSSlOl1ne es et d'ad .' I~ms !'a IOn.. 'amni. les candidats s e trouVaient (les' , -

·~n ances de dIverses jrnrdustries. ' ouvriers

1 PARTIE PRATIQUJE

'LANGUE FRANÇAISE

Centre d'intérêt: SOUS LA LAMPE

1. RECITATION

Sous la lampe

Sous l'abat-jour de pa.'Pier ros'e, !La Ila'Inrpe, lUtes peNts. anlis Est dOUCie, -et sa -clarté ,se 'pOtse Sur tous les objets endonnis . E tUe n1:et des ronds de hl1luièl'e Au ,pl~fond blanc qu 'elLe 'f:letwit; Tra'V'al'l:lant bien .b rcl , notre 'mère Pense ù s'On enfant, et ,sourit.

P,enda'l1lt que -les- enfants ,somJlueillent Les 'mamans tra vaïHent pour eux' ' Les Ilnamans -e1 }es lampes v0~llel;t

I_Pour que -les petit,s 'soient heureux.

O. Aubert .

1

Il

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- 140-

Quand la lampe apparaît

Le jour baisiSe : la nuit tombe vite en décembre. Peu à peu 'le jM'din s ' en~p:lit d'obscurité; La vitre Isans< -regaTd ,a p ,erdu sa gaîté; L 'ombre teTne envahit 10uIS les coins de la chambre ...

IMais void que ,la 'lampe apparaît, rallumée, Chaque objet a Teplris sa fOl'me ,a1ccoutulffiée, La :lumière joyeuse a ,dissipé l'ennui.

L'un l'etrouVle ,son !l!Î.vr,e et 1':autre son aiguiHe ; Et l,es papiHons noi'l''Y qui .g,Q!l',taienrl de 'la nuit Se dispersent ,dev:ant la Imnpe de fan1iHe.

H. Clwntoine'.

Le marchand de sable

!Il ,esft un vieux InagilCÏlen Qui, .tous Iles, soirs, à 'la même heul"e, Se Iglis:sre danlS 'chaque denl'eure Si doucement qu'on n 'entend üen.

La ,famiUe est ·encore 'à rtable' 'Nlais, sous l'e g1eSlte du bon vieux, Tous les enf.ants ferm·ent 1es yeux: Ca'!' 'c'est :lui I,e Iltal"chand .de 'S'u.lJle.

D'une 111.ain sùre, il a la:ucé Quelquies graines à ,chaque paupière: « Au Ji.t, chers ,enifants 1 dit la mèl"e, « Le ma'i~ohand de 'S'alble est ,pa'ss~ » .

B(mdl'illal'd et [( l..llm.

II. VOCABULAIRE

NOMIS. - Le SOiT, la :soi'rée, la 'sérénade. La V'eil'lée, le~ veil-­h~UT,S. Une lüstoÜ'e, u.n 'conte, une légende, un :récit. La tOl'che, la chandeHe, 'l·a la,mpe à 11'lüle, à pètl~o~e, :la lU1mièpe éleotriqlle, l'am­poule la doud,He l'Iaa) at- jour 1'e COIffi!lll'utateur, une prise de cou­rant. 'L'Ü'mlbl"e, :l~ Ipénorn-bTe, ':!'obs'curité; :les ténèbre.s. Une lumière' .vive, hriHante, ü 'em1blo,-t'ante, s'Cintinanh~ , aveuglante, éblouÎs-"ante.

ADJiECTIFS. - Un éclaü'a!ge mode.rne, t3iIllisé, indirect.

VERBES. - L!a rla,mpe répand, .proJette la l'Ulmiè're; eUe écla 1"-. r e la pièce. La àunilière nou~ éblouit, nous 'av,eUJg~le. L'histoi're es r intéressante, touchante, captivante; eHe nous attendrit, nou~ é-m·eut nouiS ·arT3'ohe des 'll3.'l'1nes; on f'riS'sonne, on ·a peur. On écou;t~ bouche hée 'lIe nall~rateur; üll est tout yeux et tout orei.J1e"i -

- 141-

III. ORTHOGRAPHE

.a) Pl,épar.ation: S'·en réfère:!> -a~ nruméro 1.

Soirée en famille

Sur un ,canapé de paiUle t:r.es:sée est a'S!sise une f.ern'me qui pa­raît 'encÜ're très jeune, bi'ffil qu',eHe touche déjà à trlente-cinq ans. CeUe jeurne fernm'e à demi renversée ,SUir -des COruSlSlÏIlJS, tient une p.etÎrtle fiiH'e endo;rmie, la tête sur une de ses épaUJ1e'S'. L'enfant rou­le encore daIlJs ·les doigts une d&s !longmes tres,ses nniTes des 'che­veux de 'sa TIlère, :av,ec 'lesqueLles 'elle j<ouait tout là rheure avant de s',endormir.

Une veillée à la ferme

En ,ce temps :de ~'.année, l,es Ar.naiJ. avaient de :longues heures à eux, surtout pendant ,les veHlées. Ils Iles pa;sls!ai,ent réunis dan'S­lIa g,nande 'saHe, au rez-de-chaussée de ·la rf'erme. Devant 'lia table sans nappe, ,chargée de fTUilts d'hiver, ·de pomme.;;. et de .poires gr'enues, de IlJOŒX let d' amande:s , ils pro1ongeaient le 1'Iep:as- du SOiT com'me par jeu. Lels braiS ,aliiongés ils pelai!ent '1ente1TI>ent les fruits 'en '}.e.~ f.aisant tourner au bout de 11e'llT.s doigts ouc.as-saient des ,coqœiHre!s là paumle ouveIibe. Puis Hs se retournaientcontœ ,le feu, épaule IcontTe épaule, 'le flront ·coU1~bé sous la longue pièce de ·toi~'e à ,c.ar'lieaux 'hleuJS et blanos, ,clouée au bois, qui .:fiaisa<Ït le tour de 'Ia ,cheminée. A. Chamson.

Une veillée

Le 'Iiep.as .du s·oir -est terminé. ILa ma;n1:an a déshabillé les p:lus jeunes des enfants ,et les viQj'ltà Icouc.hé:s m 'ainftenant. La 'lum:iè­Tte éle:ctTilque inonde la pièce. Oha,cun 's'ins1:ail1e rpour l'a veô.W1èe. L,a bonne ,gr,and-mère Iserre ,contre ,eiQ'e ,son châtIe épais ,et a,pp-rüche ~·a chaise bass·e du Tadiat,etlr. La maman, . cilJ1génieuse, eSlSai,e -de faiTe du neruf dans du 'vieux et ·conf.e:ctio.n.ne une :rohe à :s'a pe­tite fi'l:le -dans une de ses vieililes jupes. On :entend ~e ,cliquetis des aigUJiH·es de lIa grande .sœur dan'!;! un tricot !bleu 'marine. Le frèfle aîné dislPose sa Iplanc:he !à deslSin SUT la tabl,e eJt lS,e met au tr.avail. L,e papa f1H.lle une .cigarette; iil tourne le bouton ·de la TSF., choisit un beau pI''Ü'gran1'Ine ... et une dOuce musique emp'lit la petit·e pièoe, Ilnus,ilque que tOlUS éCO'lwenrt 3'VieC :r.aVÏ:S''S,ement, sans interJ.'.fom,pTle leur besogne.

Autour de la cheminée

Nous écoutions 1e.s miHe petites voix .qtUi Ibruissent dans ~e bois .emhr,a,sé, ij,e tchant plaintif de lIa bùohe Iq.ue l,ereu éc'hauflfe et dirlarle, Il'e 'C'fl3Iquemern de Il'écoifice 'qui :se 'cri~pe et éc'lajle. De , te'illlp's à a.ooe, le hur1em'ent -d'un ,chi'en Vienait ,se mêl,er au faihle siffl.eITIl.enil: de la bise ,et au bruit de ~la pluie 'qui fOUiettait ~es' vi-tres. G. Sand.

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, - 142 -

La veillée

, On f,ait 'cefide autour du f,eu, 'l'hôte aJnfiuel au ,centr:e, I,e ber:g,er de l,a montagne des'cendu dans nos Ipay:s aux premières neiges ,et entre Jes chai'l'es :l'e CJruen et :l'e Ichat de la 'maiso.n, intéfie;sés' par l'éclatement ,des marro.ns 'p.oussés :sous ,la ,cendre chaude, après avoir été .flendU!s, Et 1a w~tiHée loooumence, Le~ ho.mmes fum,ent, ·les femmes :so.ng:ent. UIll grand sÎ'lence règne. Mais, s-o'Ni:cirté par .0111 ne saÎJt quel :besOiÎn de ;s'épancher, :1e !ber­ger se met à p.arler de ,lui-même ... J;I dit,,s,anlY éclats et sans ge.stes, let, ,devant ::LeS! y,eux enchantés de 'oes ho.lm;nH~tS de la terre, les Pyrénées ~ns.oupço.nnée.s pra:ss.ent, toute'\! -dentelées, .sUl' 'l',azur infini. J. de Pesquidoux.

Veillée rustique, vers 1830 , ,

Dans un angle du '{-oy,er 'lllo.fllU!Iuenta:l, no.ird paT la :sui'e, fai­sait sai~Uoe, à la haU!teur ·co.nvenabl,e, une ,laITue d'ardo.ise, luminai­re des veH'1ées. On y brûlairt de~ éc1ats de pin, ,cho.isis paTIlli les plus tI'aJIlIsilucides; Œ,es mieux ,imprégné.s de résine. H ,en ray.onnait ùans la pièce une 'Clarté 'ro.UJgeâh'e, fuligineus:e, .qui éco.no.misai,t J'hui,le de no.ix du lampio.n à bec.

L'aï,eille p''fIenait .s,a .queno.ui:l:l,e, ·au -co.in du f.eu, ,s'lllr un es­cabeau. No.us, ,le'Y petits .a!ocTourpi,s sur les ta'lons et tendant les mairus v:ers ia réj,o.iU~'s's'allite ·fl.amJbée de genêts, n.ous fais,io.ns !oer­cleauto.ur d',eHe récÜ'utant de tourtes no.s OIJ.'eiUes. EUe no.us ra­contait des hi'lt.~i:r.es merv'eihl:eUises, où l'e 'lo.up .interv,enait s-ou­vent, et qui :no.us -do.[)Jlai,ent :ta ,chair de po.llie.

Veillée sous la cheminée

Assis sur des 'cnai,s1es bass·es, les ho.m'lues y fumaient et y jouaient aux caTTte~. Au-deslsus ,de leurs têtes penchées, .des han­des 'de iLaTd, odes j,a'lnlbo.lll:s 'et od,esSiaucis'ses, pendus à 1'intédelU' de lIa ,cheminée, 'se pro.filaient dans une demi-ohs,crurité et, to.ut en haut par J'OUve:l'!tU1~e béante, o.n :apercevait un oQ,in du ciel o.Ù ,les érto.iles'l,cint:hl:laient. LetS lllillllPes à bec .a'CJcl'ochées au man­teau éc1ai'rai,ent faibl,em'ent ,la pl'o.rf'o.ndeur de la ,cuisine, mais de temps à :auh'e un jet de f:laomlne jaiHiss'ant de !l'âtr,e Hlun~inait t.out à co.up un l'eco.in iSomibr·e ,et l'.on di'Sltintguait des têtes ridées de fi,landièfles ,co.urbées au-deS''1lU:s des T'o.uets, tandis .que leurs doi,gts tiraient .aotÎvement le {~hanvfle 0'11 bi,en de fraî·ches figures de jeunes fiiHes Ü'ocrupée.s à leur trko.t.

b) ApP'lication : S'en référer au nU:lnéflo. 1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

1. Co.mposez des ph.r.aosle~ av'ec l,es mo.ts du vOicabuiLaire. 2. Co.njuguez ,da:ll's des phra'Sies 'les mots du vÜ'cabulaire.

- 143

3. En un pa:ragTaphe montr,ez les personnages autour de la lalup'e.

4. La réd,a,ctio.n: 1) Une veillée intéleS''1,ante; raco.ntez. 2) ,'fo.siane . to.urne l'interrupteur; la lumière par.aît; ·alors la !lrand­m~re palflle .à Is'a Ipetite-fHi,e; que lUJi dit-elle? 3) Le r ,epbas du SOIr 'en faIlliUe sous [a lampe; décrivez la s,cène depuis l'inslt.ant où vous 'eeS'sez vo.tre travail jusqu'au Iffio'm,ent o.Ù la table est deslservie. 4) R:aooo.nïl:ez Ullle hisrto.we que vous avez 'ent'endue à la veinée.

BIBLIOGRAPHIE

Cadet Roussel IJ'Ecolier romand

. L'imprimeri,e St-Augustin a édité pendant qu,elques, ,années « Francs Regards» à Il'usage de nŒS éco.Wiers'. C'.ét'ait une revue que l'Ü'n aimait !paT,c'OuTiT.

U~ joU!rna'l po.Ul' enfants d'Oit être ,abo.nda'lum'ent illustré cl d'un rpTix à :La .pO'rtée de toutes 'J.es bo.urses. Ces deux ,co.nditi.ons :ne 'peuvent oêtr,e l'éalisée,s que si 'le no.mbre des .abo.nnés est siUffi­,samanent élevé. Or, tel n'a p'as .été le cas pour « Francs R,egal'ds », m-algré to.us 'l,es effo.rts tentés, et le jo.urnal a dû ,ces's·er 'sa p,al'u­tio.n.

Pourtant, enbie 10 et 16 ans 'Surtout, 11es ,enfants o.nt besoin de <1echires, de bonnes ~,echlTes appTo.priées à 'leur â'ge. Cett.e nécessité n'a pas échappé à « Pro Juv.entute» do.nr!: l'e,s initiativres heureus'es en fav1eur de la jeuneslSe s-ont co.nnues de to.u't le m'On­de. ,C'est p.oul:rquo.!Î ,el1,e a ,créé, il y a 'longtemps déjà « L'Eco.lier ro.mand ». Cette ,pub:liJca:tion, à 1-aqru.eHe ,càflaho.T,ent actuellelll'ent d'·eX!oehlrents éducateuTs, a été transformée void deux ans et di­visée '00 tro.is ],eotures distinct,C!s : « Cadet Ro.Uts'Slel » püw' !les to.ut 'pe-tits, « L'gcolier ro.'llliand » p.our les moyens, et « Caravclle » pour ~e9 ,gr:ands.

Tel qu"tl :se présente 'actueHement, 'ce j'Üurnal co.nvient par­f.aHemellllt à nOis écoliers à qui 'On peut Je TecoII1'1nand'er slans ·cr,a1nte. ISo.uibenir de !tel[es pubnca.tÏ'o.ns ICOlIl!stitu:e d'aiilleUl's ~'e 'meil­[eur moyen de lutter co.lIltre Ja littérature immoI'lale dont no.s jeunes s'e montT'ent mallheur,eusement friands.

Vo.ilà po.urquoi no.us reco.mmando.ns. « Cadet Ro.us,sel », « L'Eco.lier Tom:and» et « CaT,avelle ».

Cl. Bél'Ql'd.

Page 22: L'Ecole primaire, 30 novembre 1952

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