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48rne Année 110 2 31 Janvier 1929 ORQA1"l IJ " 1 DE LA ooe -J€ 0 d'édua-ation L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours- scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les se ,règlent par chèque postal Ile 56 SIOn, ou a ce defaut contre remboursement. ce qui concerne la publication doit être adressé dIrectement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction publique à Sion. annonc:s sont reçues exclusivement par Société Anonyme Suisse de Publicité Sion ue de Lausanne -4 - Téléphone- 2.36 '

L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

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Page 1: L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

CHAMPERY Michelet .T ean-.T oseph , inst. Champéry

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Instituteurs Valaisans!! Remettez toutes vos annonces pOUl' n'importe quel journal suisse

ou étranger à

PU LI(JIT -SOCIÉTE ANONYME SUISSE DE PUBLICITÉ

Rue de Lausanne 4 S ION Téléphone 2.36

Régie {les nllllOllees {le l' "Ecole Primaire" Renseignements gr~tuits

48rne Année 110 2 31 Janvier 1929

ORQA1"l ~ IJ " 1 • DE LA

ooe-J€ 0 valai~at)"e-d'édua-ation

L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours- scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.50

Les a~onneme?ts se ,règlent par chèque postal Ile 56 SIOn, ou a ce defaut contre remboursement.

T~ut ce qui concerne la publication doit être adressé dIrectement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion.

PUBLI~es annonc:s sont reçues exclusivement par I~AS, Société Anonyme Suisse de Publicité Sion

ue de Lausanne -4 - Téléphone- 2.36 '

Page 2: L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

LIBRAIRIE PA VOT Lausanne -' Genève - Neuchâtel Vevey - Montreux _ Berne

Ct btau "ovadt autour du mondt PA~ LE D~ F~ÉD. BLANCHOD

1 vol. in-16 illustré, broché . . . . . . . . . . . " Fr. 4.-relié .............. » 6.-

C'est le livre d'un médecin, d'un homme qui possède une décision rapide et la vision J.'récise des choses; le livre d'un voyageur curieux et enthousiaste.

II y a tant de récits de voyage; nombre d'auteurs, ces dernières années, ont promené leurs états d'âme en des pays lointains, em­portant un lourd bagage littéraire ou traînant parfois derrière eux leur nostalgie de blasé. Et certes, parmi ces récits, il en est d'admira­bles.. Mais «Le beau voyage autour du monde» est autre chose. Le livre entier est illuminé d'une flamme de jeunesse et d'entrain. C'est un guide vif et sûr, qui nous entr"aîne du Maroc aux Etats-Unis, ' des îles Hawaï au Japon, de la Chine au Tonkin, de la Cochinchine au Cambodge. Il ne perd pas son temps à des conversations inutiles, à de vaines rêveries, il va droit au but et nous. fait bien voir tout ce qu'il a vu lui-même. Avec lui, vous ne manquerez pas un bateau, et il vous déposera à la; gare du retour, un peu essoufflé, mais ravi. En fermant le livre, on trouve le tour du monde bien court, la fièvre des voyages vous gagne, on souhaite un nouveau départ.

L'Hetel des Neuchâtelois PA~ CHA~LES OOS

1 vol. in-16, broché, illustré . . . . . . . . . . . .. Fr. 3.50 Dans l'histoire de la. conquête des Alpes, l'héroïque épopée d'A­

gassiz, au glacier d'Unteraar n'a d'équivalent que les hardies. expédi­tions alftestres qu'accomplit à la fin du XVIIIme siècle Horace­Benedict de Saussure. Mais si les annales de l'alpinisme se sont an­nexé depuis longtemps l'illustre pèlerin du Mont Blanc, elles négligè­rent la grande figw'e de Louis Agassiz, l'une des gloires scientifiques du XIXme siècle, dont le' nom cependant demeure inscrit sur les neiges éternelles des Alpes suisses.

M. Charles Gos, avec le vigoureux talent qu'on sait, vien de resti­tuer à la littérature alpine, la vie attachante de ce pionnier de l'al­pinisme. Empruntant au bivouac d'Agassiz, fruste voûte au pied du Finsteraarhorn, le titre de son livre, il a reconstitué à la lumière des récits oubliés de l'époque, la pittores.que et dure existence que menè­rent à l'I{ôtel des Neuchâtelois Agassiz et ses jeunes disciples. En­thousiasme généreux. Travail passionné. Bonne humeur débordante. C'est par ces traits si humains, auxquels la grandeur du décor prête une émouvante simplicité, qu'Agassiz, Desor et Dollfus-Ausset se révèlent d'une bonomie charmante.

Avec Charles Gos, on ne peut s'empêcher d'admirer ces hommes qui, dans les annafes. de l'alpinisme commençant, accomplirent avec une telle simplicité, un tel courage, les gestes que leur discipline -scientifique leur dirtait et contribuèrent à pi'éparer dans les âmes l'avènement de la beauté des montagnes.

48rne année Nu 2 31 Janvier 1929

1.~[COlE PRnll~RE Organe de la Société Valaisanne d'éducation

ft t .-. Caisse de retraite du SOM1VI AIRE: Conférellces des Ins 1 u eur '::'. - . , U E S cI e Géronde. - Des programmes scolan es. - n e

P .. - ou f' l 'Entre ' . " . , - Comme chez nous. - Con el'ence c -eClltUl e latent~. l l'U~ion _ « NOS PAGES». _ En glanant.-monCt.· ~ Chroa· ml~le~c·eOlcee (suite) .. _ Notes .pédagogiques. _ Miettes ] ~ m ema - J ' l ' l l c{iverses. - Les grands Educateurs: Mgr Dupanloup. - ..,e te ep 101 e à. l 'école. Bibliographie.

Conférence des Instituteurs du district de Sierre, à Granges, jeudi ~1 février,

avec J'ordre du jour sui,;ant : Ste Messe. 30, Séance de travail :

<;) h., <;) h .

a) h)

Renouvellement du bureau; . 1 et ulÎs à L dure des travaux des Instituteurs sur . ~ su.1 .

) :tude: « Quelles sont les causes ~le la faIbless.e cons ~ tatée d"ns la Composition françaIse et quels sont les

Cl, eml)loyeI' l)our l)arer à cet état de choses? » lllovens a c) Dis~ussîon sur le sujet traité. d) Divers.

] 2 h. Dîner.

La participation à la Conférence et. la ,Préparation ,~crite ~.~~ l. . t t 01 ligatoires pour tous les InstItuteurs de 1 eoole plI Sll]e son .

maire et des Cours compMmentaues.

1 t nt leur livre de chant. 2. Les membres de la Chora e appnr ero , 1 t à la l)artie récré-::3 . MM. les ins~ituteurs coopérer;)nt ega emen .

ative et en assureront le sucees.

A Troistonents} le 8 heures <;)

12

L} Inspecteur ..

ST-MAURICE· MONTHEY

18 février. 30 Messe. 00 Conférence. 00 Banquet.

Page 3: L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

- 50-

CONTHEY A Clwll1Oson) le 20 février.

9 heures 00 Messe. 9 30 Conférence.

12 00 Banquet.

SIERRE A Granges) le 21 février.

9 heures 00 Messe. 9 30 Conférence.

12 00 . Banquet.

Caisse de Retraite du ·Personnel enseügnant Communications diverses.

1. Dans sa dernière séance, la Commission a nommé M. le Dr Galetti, â Monthey, médecin attitré de la Caisse, en remplace-111ent de M. le Dr de Cocatrix, démissionnaire.

2. Lorsqu'un membre de la Caisse demande sa mise à la retrait~, ~l doit se procurer un questionnaire spécial auprès de la COlumlsslOn, Ce formulaire sera rempli , signé et retourné à la commission, avec la déclaration des médecins traitants.

Ce questionnaire ,comme aussi les certificats médicaux ai­deront J'e médecü; de la Caisse daris l'élaboration de son rapport.

3. Aux membres de la Cai'sse qui abandonnent l'enseignement faute de n'avoir pu se procurer un poste, la Caisse remboursera les cotisations versées, augmentées des intérêts. I1s devront tou­tefois justifier qu'ils se sont inscrits sans succès au Département de !"Instruction publique en vue d 'obtenir un poste. .

4. Frais cl) expertise médicale,' En séance du 22 av l'il 192ï Ja COllllnisison a décidé de supporter la moitié des frais POUl.: honoraires d 'expertise et itinéraire du médecin. Les frais sont mis entièrement ù la charge du demandeur si celui-ci n'est Pris admis à la retraite . ~

5. En assenlbl'ée générale du Il juin 1928, M. M. Blatte;' Th(~ophile , ù Naters et Barras François , à Chermignon ont été nommés .\'érificateurs des comptes. MM. Raoul de Riedmatten, ha nquier , il Sion, et Emile Bourdin, à Hérémence, ont été élus \'h'ilîcatenrs suppléants. .

Sou de Céronde Le personnel enseignant n 'ignore pas que l'œuvre de bien­

faisance connue sous Je nom de «Sou de Géronde » [-l été fondée

- :')1

en 1908 par Iv1. Pignat, ancien secrét.aire ,d;t Dép~r~ement d'e l'Instruction. Or, depuis cette époque, II a ete recueIllI dans le~ écoles , en chiffres ronds, la somme de 30.000 francs , ce qm donne une moyenne annuelle de 1500 francs.

Cette moyenne a été sensiblement dépassée dans .les années 1920 - 1924. Malheureusement, elle a fléchi depuis et en 1927 , le total recueilli n 'a atteint que 1358 francs. C'est peu quand on considère qu'en ce nloment l'argent a au nloins 1.5 fois luoins de valeur et que les besoins de l'établissement des sourd-muets deviennent tous les , jours plus pressants.

Aussi engageons-nous vivement Mmes les Institutrices et MM. les Instituteurs à redoubler d'e zèle en faveur de cette œuvre éminemment philanthropique.

«L'a umône, dit le poète est sœur de la prière ». Donnez) pour être ~imés clu Die~. qui. se fit homme, Pour que le méchant D1êm,e en s znclznant vous nomme) Pour que votre foyer soit calme et fratel'nel,.., Donnez) afin qu'un JOUl', à votre heure dernzel'e) Contre tous vos péchés vous ayez la pri,ère D'un mendiant puissant au ciel!

es programmes scolaires

Combien n'avons-nous pas l'tl. ou entendl1 dire que nos prà~ 0'l'ammes scolaires sont surchargés! Que leur réalisation exige ~n effort herculéen de la part du maître et des élèves. Que ces

·derniers sont condamnés à un gavage, à un surmenage nuisible autant à la santé physique qu'à la santé intellectuelle.

On demande, en conséquence, un allègenlent au tra:rail f~rcé des élèves par t'élagage des progralnmes, par la substitutIon dans l'enseio'nement de la qualité à la quantité, conformément au princi;e de Montaigne qui préfère «une tête bien faite à une. tête bien remplie ». Nous avouons en toute loyauté que ces plaIntes répétées ne nous paraissent pas suffisamment fondées; que trop souvent elles sont l'argument dont on se sert pour justifier l'in­succès dü à des causes qu'on ignore ou qu'on n'ose pas avouer.

Nous avons examiné un jour, à tête bien reposée, notre pla~ d'études actuel de l'enseigneinent primaire, afin de voir ce qUI pourrait en ètre r etranché sans préjudi~e pour l:i.ns~ruc~ion . ?es enfants, eh bien! nous avons constaté qu a1:1cune ehmlnahon n en pouvait être faite sans créer Îlnmédiatement une lacune assez sensible.

J Du reste, pendant notre carrière d'enseignement, déjà p'~s- • sablelnent longue, et qui s 'est d'éroulée ailleurs encore qu'en ValaIS , nous nou s sommes conformé scrupuleusement aux programmes

;;

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établis par l'autorité compétente qui, soit dit en passant, a tou­jours été composée de praticiens de l'enseignement ou, du moins, a recouru aux lumières d'hommes expérimentés dans l'art d'ins­truire.

Ce qui fait qu'un certain nombre de maîtres s'en prell nent aux programn1es et les chargent de tous les péchés commis dans l'enseignement, c'est que le plus souvent ces programmes sont mal interprétés, appliqués d'une manière irrationnelle et que les leçons sont données sans préparation suffisante, sans méthode logique.

Qu'on nous permette donc à ce sujet quelques réflexions dictées par l'expérience.

D 'abord , un programme est un indica teur , un guide qui nous montre le chemin à suivre et nous empêche d'e prendre une fausse direction. Mais le voyage destiné à nous conduire à notre but, nous pouvons le raccourcir ou l'allonger, soit en diminuant ou en augmentant l'itinéraire, soit en accélérant ou en ralentissan ~ la marche. '

Ce programme renferme d'es directions générales qui ne nous en1pêchent pas simplement de nous égarer , mai s qui nous laissent une grande liberté d'allure et de choix. Nous ne sommes donc point par rapport à lui des esdaves é lroitement liés ou des \"()ya ­geurs qui , une fois installés dans un train , ne sont plus libres d'en régler la marche, d'en fixer les haltes et leur durée.

Il nous laisse la latitude d"y puiser ce qui est essentiel ou important, tout ce qui s'adapte le mieux aux besoins de nos élèves et aux conditions de leur existence future .

Et c'est bien ainsi que doivent aussi l'interpréter les inspec­teurs , les commissions ~; c()J:Jires , bref tous ceux qui , ù un titre quelconque, ont à exercer un contrôle sur la marche de l'ensei ­gnement dans une classe ou une école.

L'important , aY8.n i la mise ù exécllbiol1 d 'un programm.e, esl donc que le maître étudie le milieu où il est appelé à donner l'enseignement , la force inteUectuelle de ses élèves, leur degré d'avancement. Autres, par exemple, sont les besoins d 'une localité industrielle ou commerciale, autres ceux d'un milieu agricole. Les enfants d"une ville sont, en général, plus précoces que ceux de la campagne. Pour les premiers, on insistera davantage sur telle partie du programme, pour les derniers sur telle autre. C'est là une question de tact. Les uniformes pour une même catégorie de personnes ont tous la même forme et sont de même étoffe mais les dimensions diffèrent et doivent s'adapter aux tailles. '

Un autre point est à considérer ensuite: c'est la manière d'enseigner.

Il y a des maîtres qui ont de la méthode, qui possèdent la

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théorie et la pratique d 'un enseignement rationnel, qui sa vent communiquer leurs ,connaissances et les graver d 'une façon presque indélébile dans la mémoire des enfants. Ils donnent des explications claires, observent dans leur marche une sage lenteur, rafraichissent constamment les notions déjà enseignées sans pour­tant ennuyer les élèves par de monotones, et de fastidieuses redites.

Cette valeur pédagogique est évidemment affaire d'intelli­gence, de tact, de sens pratique " et surtout, d'études sérieuses et suivies.

Voilà pourquoi un n1aître, sous peine d'e s'enliser dans une funeste routine, de déchoir promptement jusqu'à une incapacité D1anifeste de donner un enseignement profitable, doit poursuivre .saI)S relâche sa formation professionnelle.

Ajoutons à la bonne méthode d'enseignement, certaines qua­lités morales, telles que la patience, l'énergie tempérée par la bienveillance, le dévouen1ent, et alors il est certain qu'on arrive à des résultats , sinon brillants, du moins satisfaisants.

Abordons un troisième point, celui de la prépar,ation soi­gneuse des leçons.

Cette préparation comprend d 'abord la répartition mensuelle du programme, puis sa répartition hebdomad'aire et enfin la distribution journalière de la lnatière d'enseignement. C'est pour ce Inotif que le Départen1ent de t'Instruction a remis au personnel enseignant un registre commode et pratique qui facilite ce travail de préparation et permet de le contrôler facilement.

Mais cette préparation schématiqu.e, donc très sommaire, ne ,;nffit pas. Les diverses leçons de ,la journée demandent encore un examen préliminaire, disons mieux une préparation do.nt dépend leur succès .

L'improvisation est chose particulièrement hasard'euse, lnême pour un orateur exercé, à plus forte raison pour celui qui s'adresse à de jeunes enfants dont l'intelligence, pour s'ouvrir, recevoir la semence et la faire fructifier, exige des procédés ingénieux et dé1icats. '

Voyez comment la nature prépare les fruits dans les plantes. Au printemps, la sève se remet en ' mouvement, avec une lenteur prudente; une tigelle s'élève insensiblement, développe des feuil ­les, puis des fleurs, enfin des fruits. Mais des jours, des mois se passent avant la maturité complète de ces fruits. Le travail, quoi­que imperceptible, s'est continué péamoins sans interruption avec ordre et méthode. Ainsi doit-il en être d'e la préparation des fr\lits intellectuels et moraux. Donc, point de hâte Inaladroite, de mou­vements brusques, d'arrêts ou d'interruptions fâcheuses.

Et de même que chaque plante, chaque fruit a sa saison, de même faut-il adapter les explications, le choix des ' leçons à l'âge, ü l 'intelligence et aux besoins futurs de l'enfant .

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. E~ procédant de cette manière, en enseignant peu à la fois , Inal;s bIen; en n1énag~ant des révisions, des répétitions fréquentes , agre~entees de formes nouvelles et de quelques notions nouvelles aUSSI, ~m parcourt n~anmoins, et pour ainsi dire sans qu 'on s'en aperçOIve, un chemIn ' considérable même dans une année à plus forte raison en 'sept ou huit al~s. '

.Pr~nons quelques exemples: la grammaire, l'histoire ,le chant enseIgnes dans une école de six mois. .

Admettons qu'à l'enseignelnent de ces branches on ne con­sacre que cinq années sur huit que comprend l'a scolarité actuelle de notre canton.

. ~es cinq années représentent trente mois. Or , dans chaque mOIs.Il y a ~~ moins qyatre semaines, ce qui équivaut à cent vingt s,emalnes d ecole. Mamtenant, supposons que chaque semaine, 1 eI?-fant apprenne, comme il faut, trois règles grammaticales, ce qUI, certes , n'est pas énorme. A sa sortie de l'école il connaîtra trois cent soixante règles! ce qui est un chiffre et 'il aura eu le temps de les étudier à fond.

Quels .sont aujourd'hui les élèves qui , à quinze ans, connais sent. parfaztement une cinquantaine de règles de grammaire?

. Si, en histoire, on se con lente de deux faits pa r semaine. cm ~r~Ive au bout de la mêII?-e période à environ deux cent cinquante evenements de quelque Importance. Ce n'est pas rien non plus .

, .Pour le .cha~t, à .raison de trois morçea~lX par ~n, on parvieIit a fa~re s~vOIr tres bieF'- q.e. 1uin7e à vingt .chants en six ou sept annees d é~ole. CombIen, ICI encore, y a-t-il aujourd'hui d'ado­les?ents qUI, à la fin de leut.,scolarité, savent par cœur deux ou trOIS chants avec to,us leurs couplet~ ?

. Il s 'lagit donc de bien répartir les nlatières d 'enseignement SUIvant ~ temps d'ont on dispose, puis de suivre une march e lente, malS sûre, sans s'attarder à des minuties oiseuses .

Si certains maîtres n'arrivent pas au bout de leur program­me durant l'année, c'est que bien souvent ils n1anquent d"or'dre et de méth.ode, 1?iétÏl~ent sur place et perq~t un temps précjeux dans des dIgreSSIOns Inutiles. Rien de plus naturel alors d'accuser l'étendue du programme.

D'autres, au contrair~', ' s.uivent une marche opposée. ~ls par­courent leur p~ogramme à grandes enjambées, passent comme un chat sur hraise sür des .parties auxquelles il faudrait pourtant s'arrêt.er un ~eu . Màis il vient un monient où ils constatent que de tout ce qUI ~ déj~. été ~u, les élèves n'ont retenu que très peu de chose ou meme rI.en du tout. Il s'agit alors de recommencer, de rec?mmencer plusIeurs . fois. mais le temps lui, n 'attend point, ne re~lent pas, en arr!ère ; la fin de l"année est là et le programm e reste macheve. On 1 accuse encore d'être long.

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, Pour novs résulner, nous conseillons donc 1. d'accepter les programmes tels qu'ils ont été élaborés dans leurs grandes lignes , quittes à laisser de côté certains détails peu utiles. Ainsi, par exeInple, en grau1maire, l'e . progralnme parle du pluriel dans le nom, du féminin dans les adjectifs. Est-il nécessaire pour cela d'enseigner toutes les exceptions aux règles générales, exceptions ·qui constituent souvent d'e vraies anomalies et sont d'un usage rare dans la vie pratiqùe; 2. d 'avoir une bonne méthode d"eu­s eignement jointe à certaines qualités mor~les; 3. de répartir convenablement Je programlne par mois , semaines et jours d'é-

, 'Cole.

Puis, souvenons-nous que les bons ouvriers ne se pl'aignent pas facilement de leurs outiJs ou de leur métier, ni des matériaùx qu'Hs ont à façonner .

Une écr ~ture iatente

La plaque photographique qui vient de subir lïmpression lumineuse ne porte aucune trace visihle de l'action reçue et paralt :intacte.

Mais, au contact d 'un révélateur , l'image latente se dessine progressivement, trait pour trait, et reproduira fidèlement l'ohjet photographié.

L'enfant, même le nouveau-né, n 'est non plus une table rase qui serait égalelnent sensible à toutes les impressions . L'hérédité a déjà inscrit d'ans son organislne une écriture invisible d'abord , Dlais dont les traits apDaraîtront au cours des années ,qui r é\'è­]e runt les tendances profondes des générations ancestrales .

Cette transmission 'des caractères physiques et moraux a une extrême importance pour l'hygiène de la race et l'éduca tion de la jeunesse.

Envisageons ' seulement l'hérédité alcoolique :

De nombreux observateurs ont déjà étudié ce phénomène nwrbide déjà fréquelnment signalé par les anciens. On connaît l'apostrophe de Diogène à l'adresse d"un débauché: <deune hom-111e, ton père t 'a engenà're étant ivre ;) , Plutarque affirme tout court; «Les i"vrognes engendrent des buveurs », L e langage ex­prime cette observation de mille façons.

Le Prof. Dr Demme, n1édecin d'enfants , ù Berne, a laissé llne enquête classique au sujet de l'hérédité alcoolique: pendant p lusieurs années, il a observé 10 familles sobres avec fil enfants e~ 10 familles de buveurs avec 57 enfants. Ces familles vivaient dans des conditio'ns sociales à peu près semblable~. Les résù1tats de son enquête peuvent ' se résumer dans le tableau comparatif -jui"ant :

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Enfants normaielnent constitués Enfants nlorts-àés Enfants morts en bas âge de maux d'es tomac Enfants épileptiques

sourds-muets difformes idiots

. bornés, non idiots Ivrognes par hérédité avec épilepsie Enfants nains

Familles sobres

50 3 2 2

2

2

F'amilles de buvëur~

g 12

13 2 3 8

5 5

Ces observations de Demme ne per:.vent pas servir de base à une généralisation , parce que les familles choisies constituaien l un milieu trop restreint. Elles montrent néanmoins que l'alcoo­lisme est un facteur tristement actif de dégénérescence.

Pour se faire une idée de l'étendue de l'héréd'ité alcooliqu e il sera utile de réfléchir aux faits suivants:

1. L'alcooî qui met plus ou moins longtemps à tuer sa vic­time en fait rapidement une non-valeur .

2. Il atteint plus fortem ent les élémen ts de l'ol'Œani sm e où s'élabore une vie nouvelle.

3. La période de plus forte alcoolisation tombe entre 30 et 50 ans, c'est-à-dire à un âge où l'homme songe à augmenter sa famille.

4. L 'acoolisme paternel entame profondément le capital vital des enfants.

Parmi les théoriciens de l'hérédité alcoolique, les uns insis­ten t davantage sur l 'altération, la dégénérescence d'es germes de la vie, d'autres accusent surtout l'ambiance défavorable et les conditions hygiéniques souvent mauvaises où grandissent les

enfants des buveurs . Dans les milieux pauvres et même un peu aIses, les à eux

causes agissent souvent de concert pour renforcer la déchéan ce alcoolique.

Pratiquement il faudra défendre les innocentes victimes con ­tre l'un et l'autre risque lamentable.

Parmi les Inultiples motifs qui doivent entraîner l'éduca teur à la lutte contre l'alcoolisme, ce ne 'sont ni les pertes d'argent ni les aépenses publiques qui exercent une action décisive;· c'es t surtout la conviction qu'il s'agit de sauver la vie naissante et grandissante menacée par la déchéance, la triste hérédité alcooli ­que.

L'hygiène de la race et le succès de l'école sont égaielnent intéressés à l'éducation abstinente de toute notre jeunesse.

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Comme chez nous D'nne chroniqu e iurassienne cl la « Liberté » nous déta­

chons les lig,nes ci-apI'ès qui n e sont pas sans intérêt documen­taire :

Il y a pléthore d 'instituteurs et surtout d 'institutrices dans tout le canton de Berne et principa lem el1t dans le Jura. Il y aurait, pOUl' la partie allemande du canton, s.oi xante instituteurs et 230 institu­trices sans emploi. P our le Jura, les chiffres sera ient d'une quin­zaine d'insti tuteurs et cl 'une quarantaine d'institutrices. Les asso­ciations pédagogiques proposent de r emédier à la situation en sus­pendant ou en r éduisan t les a dmis·sions au x Ecoles normales et en accordant de::: r etra ites anticipées.

Cette m ani èr e de voir est combattu e. On estime qu'il ne convien t pH.S de con trecarrer les aspirations de jeunes gens ou de .i eun es filles qui pour ron t, m u nis du diplôme, embrasser d 'autres carr ièr es que celle cIe l'enseignement officiel. L'Etat n 'a 'pas plus ' l'obligation du pla eement des r égen ts CJue celle de C8Sel' les suj ets d'au tres pro­fessions libér ales. Les univer sités n e se préoccupent aucunement de l 'encombrement des carrièr es et ouvrent à tout venant leurs fa cultés.

Il convient de dire qu e, au 3uj et des institutricC's, on !t déjà pr o­cédé à une importan te r éfor m e dans le Jura. Celles des écoles se­condaires de jeunes fill es qui possédaien t des sections pédagogiques d 'où sortait C'h aque année un assez fort contingent de jeunes fille s institutrices ont clù &upprimer ces sections. P ar contr e, l'Ecole no)'­male de Delémont s'organisa (le façon à monor-oliser la préparation d"s jeunes per sonnes à la carri èr e pédagogique.

Longtem ps c8lJ e .. ci fu t délaissée, de la par t des jeunes gens sur­tou t et c·ela. en raison .de l 'extrême m odicité des traitem en ts. Depu is qu'il s on t été am éliorés· les demandes d 'admission aux .écoles nor­m ales son nombreu ses ch aqu e année, et en gén ér a l, on n 'admet qu e le t iers des inscrits .

Autrefoi s, de nombreuses institutrices, trouvaien t à se pIncer à. l' étranger, et le Jura comptait un fort contingent de jeunes per­sonnes comme éducatrices dans des familles. d'Autriche, d 'Allemagne, de Pologne et même de Russie. Depuis la guerre, ces portes se sont fer mées. Sans cl ou te se rouvrirollt-elles progressivem ent.

11 résulte de cette pl éthore de dip'ômés que les places son t â r ·re ·· m ent di sputées, cal' l 'élection des membres du corps enseignant pri­m aire dépend du scrutin pOf"ula ire. Il n 'est pas r are de voir des candidats se r endre de maison en maison sollic-iter des suffrages·. C'est vraiment là le défaut du système. On y tient néanmoins parce qu'on craindrait que le favoritism e n e prévalût, autrement, contre les mi­norités. Il faut dire, du reste, qu'une fois nommé, un instituteur n e risque pas, à moins d'incapacité notoire ou de faute grave, de perdre sa- pla ce. Cette garantie n 'exis.tait pas autrefois, alors qu'un con­.cours était ouvert à l'expiration de chaque période sexennale. Des manœuvres pouvaient ainsi être facilement ourdies et des membres très clignes du corps enseigna.nt en souffrirent.

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Conférence d'Entremont

-Mardi, 22 janvier, le pittoresque' bourg de Selubl:alldH:~r, ré­unissait les instituteurs d'Entremont, arrachés pour un jour. ù leurs occupations professionnelles, pour retremper leur enthou­siasme au chaud foyer de l'amitié. C'est le sourire aux lèvres et ]~ 'joie au cœur que les modestes instituteurs s'abordent et s'ache­minent vers la grandiose maison communale, vrai hôtel de ,ille, qui étale, avec une noble fierté , son écusson à cinq branche:s, dont notre chef -lieu s'enorgueillit à juste titre.

Nous saluons avec un vif plaisir panni nous , M . \Valpen , Conseiller d 'Etat, notre dévoué et sympathique chef accompagné de son secrétaire, .M. Delaloye ; MM. les Révérends Curés de Sem­brancher, d'Orsières , de Liddes, M. Terrettaz, chapelain cl Bagnes; M. Delasoie, député; M. Moulin , secrétaire cOlllmunal de Vollèges ': Mesdames les institutrices de Sembrancher et de Liddes.

Un chaleureux Inerci à tous ces MM. de s'être arrachés ;J leurs multiples occupations pour venir rehausser par leur présence. notre modeste réunion pédagogique.

,La séance s 'ouvre il 10 heures, par la prière.

- L'ain1able vice-président de Sembrancher, M. Delasoie, avec le langage du cœur souhaite la bienvenue aux braves instituteurs d'Entremont.

M. l'Inspecteur Carron procède ensuite cl l'appel nominal. La belle phai'ange des instituteurs d'Entremont est f,idèle ù son devoir. Après la lecture du protocole, et la confirmation du comité . . on passe à la lecture du sujet luis à l'étude .. .

9 'instituteurs, désignés par le sort, furent appelés à donner connaisssance de leurs travaux, traités avec soin, sagesse et bon sens. Ils luéritent res éloges de M. l'Inspecteur.

Voici les principales idées émises: 1. Difficultés inhérentes cl la composition,' De loutes les bran­

ches de l'ènseignement, la composition est celle qui offre le plus. d'e difficultés; car aucune ne demande à t'enfant autant de ré- ' flexi'on et d'efforts personnels. En effet, pour exprimer clairement et correctement une suite d'idées et de sen timents dans un ordre logique, l'élève est forcé d'obsen er, de réfléchir, de juger, de rai ­sonner ;" de meUre en jeu toute son activité mentale, ce qui est besogne difficile.

2 . .Le , patois,' Question toute particulière pour celui qui est appelé à vivTe au milieu ,<;les populations campagnardès . Les en­fants parlent patois. L'influence de ce langage est néfaste, profon ­de,. tenace. Les défectuosités de notre langage d'hier se retrouven t aujourd'hui et dureront tant que nous aurons le patojs à la base de la langue. /'

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;:3. lItJnllque d 'exercices d' élocution: Les exerc ices d'élocution so nt négligés; on ne leur accorde p as la place qu'ils devraient ,:n'oil'. On méconnaît le rôle de 1 idée sur les mots. Pourtant n'esl­ce pas illogique de ciemander ù l'enfant d'écrire comme il parle nu lien de 1'11abituer à pader comme il d'evra écri re ?

4. Manque de lllCltérùw x pOUl' leçons de choses,' Beaucoup de n()s classes sont presque totalement privées de tableaux muraux pour les leçons de choses . Pour 1 enseignement intuitif il n'existe aucun ohjet. (mohilier cependant indispensahle pour faciliter l"en­seignement) .

i). Choix peu iudicieu x dcs slljets d e composition,' Choisi s~ sons-nOLLS judicieusement les exercices de composition? Ne fai­.~()l1 S-nOl~s pas parfois traiter par nos élè, es des sujets vagues. lmaginmres, a])s traits , empruntés à un monde inconnu pour eux.

H.M éthod e j'ousse: Avons-nous soin, après étude d ' ull modèle de choisir et de grouper tous les sujets semhlahles d'en faire trai ter un certain nomhre de la même espèce? Ne sommes-nous pas lentés d e donner des su jets dictés par l inspiration du l1lomen!, sans le moindre souci des l()is de coordinaLi()n de gradation qui al'lègenL le travail et assurent le succès?

Le maître se co ntente parfois de lire le développement du slljel proposé. Procédé qui fait uniquement appel ù la mémoire des enl'anLs. Ce n 'est pas le maître qui suggère, ni l'enfant qui parle; c 'est le livre qui Je fait pour eu. -, détruisant chez l'un el l'au tre le prinCipe de l'activité personnelle.

7. J\Il od e de corl'cction,' Certains maîtres, cl 'a illerurs zélés, inondenl d'encre rou ge les rédactions cie· leurs élèves. Mode inef­ficace, parce que de toutes ces corrections , les élèves n'en onl c ure. 11s se contentent de les parcourir du regard , n 'ayant en vue que la note méritée.

8 . Nég ligence et insouciance des purents,' Bien ùes parents ü"::wjourd 'hui exercent peu ou point ,de surveiHance sur leurs enfants pour ce qui regarde l'école, soit par ignorance, soit par crainte de les surmener. Tl n 'est pas rare de rencontrer des parents q ui se déchargent totalement de l'instruction et de l'éducation de leurs enfants . Jouissant d'une lrop grande liberté, ceux-ci con-sacrent aux amusements : (jeux ,sports ... ) heaucoup trop de

temps. Ils étouffent le goùt ]Jour l'é tude et détruisent l'esprit de famille .

9. Etendue dZl progl'wnme,' Le programme surchargé limite le temps à consacrer à la composition française; de sorte que le ma'itre néglige certaines parties ou bien passe tout rapidement. Il raudrait approfondir les matières qui sont souvent superficielles par suite du manque de temps dont on dispose pour enseigner.

Relnèdes à apporter cl cet état :

1. Dé"e.Iopper l·'esprit d'observation par les leçons de choses.

Page 8: L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

'- 60 _ .

2. Ch:J.que leçon sera lIll exercice d élocution en un langage Crail> correct. et précis.

:3 . Exiger des enfants qu 'ils parlent Je français. 4. Faire coneour1r toutes les hranches de l'enseignement \'ers la

composition française. D. Le choix d'es su.iets à traiter doit être pris dans le cham.p d'ex­

périence des enfants tout en observant 1'a coordination et la gradation.

(J. La correction des devoirs doit faire l'oh.iel d ' une leçon spéci,ale au labl1eau noir. (correction collective).

7. Inspirer le goût de la lecture. 8. Le telnps de la scolarité étant réduit, dans le pl'lj'grammc il

faut veiller au nécessaire d 'ahord, à l ' utile ensuite, à l'acces ­soire en dernier lieu.

De la discussion qui suivit on peut tirer les conclusions: 1. Diminuer l'es heures des branches facultatives ; augmenter cel ­

les des branches importantes.

2. Dans J'enseignement, il faut veiller surtout ù la cOllstruction de la phrase (premier élément d'e la composition).

:,30 Former le vocahulaire en donnant la signification précise des mots.

4. En tout et partout exiger des enfants des réponses entières . claires, correctes. Notons en partjculier l 'intervention de M. "alpen, Conseiller d'Etat, qui nous parle de la préparation d~ films pour rensei­gnement par images et de la nécessité de la form.ation du voca­bulaire par les «centres d'intérêt».

5. Encourager la lecture. Etablir de petites bibliothèques scolaires . A midi, la discussion est terminée et la séance clôturée par

le « Cantique suisse ». L'heure avancée nous appel1e à la seconde partie de la jour­

née: le banquet. Toute l'assemblée se rend au Buffet d'e la Gare où un excel -._

lent banquet l'attendait. Les causeries roulent animées et joyeuses et bien LM les toasts

et les chants se succèdent avec un entrain adm.irahle.

L'heure du crépuscul'e vient rappeler qu 'il est, bien éloignées pour quelques-uns, des pénates qu'il faut regagner ce soir.

On échange de fraternelles poignées de lnains et l'on se quitte emportant de cette journée si bien passée, le meilleur souvenir; résolus, une fois de plus, à travaille1' vigoureusement à la bonne éducation de notre chère jeunesse. «Echo du l'OC de Cornet» ..

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Chronique da l'Union

Loi scolaire et Caisse de Retraite Par suite d 'une loi aussi ancienne que l'origine de l'homme,

le droit à la nourriture découle de l'obligation <du travail: Tu mangeras ton pam à la sueur de ton front.

Depuis la guerre, l'a lutte pour l'existence n'a pas perdu de son acuité et le droit au travail, à la rémunération équitable des sueurs de l'employé, sont devenus des lieux communs que . l'on . claironne à tous propos et hors de propos, Le personnel enseignant réclame aussi depuis longtemps l'application du principe imposé à Adam au Paradis terrestre , le droit au travail rémunéré d'après les bases chrétiennes fixées par Léon Xln dans son immortelle encyclique, et l'assurance pour les "ieux jours d 'une situatioll convenable.

Or, cette situation, les instituteurs valaisans ne l'ont pas encore acquise, la Caisse de retraite ne la leur confère pas du tout.

Cependant, les dispositions de notre Caisse, dans leur géné­ralité, ne sont guère plus défavorables que cel'les qui régi1ssent les institutions similaires fondées en faveur de nos collègues confé­dérés. Pourtant, la retraite servie aux instituteurs valaisans après 35 ou 40 ans d'enseignement, est notoirement insuffisante, et ne leur permet en aucune façon de se reposer en toute tra.nquililté, en toute sécurité.

En effet, du rapport de gestion d'e notre caisse ordinaire de retraite, il ressort que les instituteurs pensionnés reçoivent en moyenne, en ce moment, 560 ou 580 fr. par an. La situation de la caisse spéciale est plus précaire encore.

Quelques-uns de nos dolIègues croient. qu~ l"on pourrait porter les prestations de la caiss~ à un minimum de 1500 francs par an. Loin d'être exagérés, ces chiffres seraient plutôt en-des ­sous des nécessités. Cependant, nous n'hésitons pas à déclarer que, dans les circonstances actuelles, la réalisation de ces désirs serait une véritable utopie, une exécution sommaire de notre caisse de retraite.

En 1930, si les disponibilités d'e la Caisse l'e permettent, le règlement devra être révisé, c'est pourquoi nous reviendrons plus tard sur cette importante question. Toutefois, nous voulons au ­jourd'hui relever deux points et les résoudre dans la mesure du possible.

Quelles sont les charges et les disponibilités de notre caisse? Comment la révision de l'a loi scolaire peut-eUe l'améliorer

d'une façon considéralHe? Pour savoir à combien s'élèveront les charges maxima de

Page 9: L'Ecole primaire, 31 janvier 1929

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notre caisse il faudrait connaître le nombre d 'instituteurs qui d'ans 15 ou 20 ans, en bénéficier'ont. Comme la chose est impos ­sible, nous deyons nous pOl'ner à quelques prévisions hasées sur certaines constatations.

Il y a en ce moment, dans les deux. cai'sses de retraite, 100 instituteurs pensionnés. De nombreux collègues en activité de service ou qui ont quitté l'enseignement ont refusé d 'ad?érer à la caisse de retraite. Tel ne sera pas l'e cas à l 'avenir, pUIsque la caisse actuelle est obligatoire pour tous les nouveaux menlbres du corps enseignant. C'est pourquoi le chiffre indiqué ci-dessus sera largement dépassé, certainement mêm.e doublé .

Or, quelle est la fortune de la caisse? quelles sont ses res ­sources?

El'Ie possède en ce moment, un peu plus de 1.000.000 de francs. Les cotisations d'es Inembres et les subventions de l'Etat ascendeni, si nous ne faisons erreur , à 110.000 francs environ. En ajoutant à ce montant les intérêts, en déduisant les impôts et les frais, il reste un revenu annuel de 150.000 francs. Or, pour servir une retraite moyenne de 1500 fran cs à chacun des 200 assurés supposés, il faudrait disposer d'un chiffre de 300.000 fI'. Nous sommes loin, pour le moment; de posséder une telle somme.

Nous admettons volontiers que, pour un certain nOlubre d" années encore, le capital augmentera, par suite du nombre res ~ treint d'instituteurs jouissant d'une retrait~ en ce moment, qu'o~ pourrait majorer ce revenu annuel ~n y atfec~ant u~e ,somme de 10 ou 20.000 franos prélevée sur les subventIOns federales .

Mais, quoi qu'il en soit, il ne raudrait pas se leurrer, la caisse de retraite n 'est nlalheureusement pas un fonds inépuisable et si ses avantages peuvent être anléliorés à partir de ce mmuent déjà, d'une façon appréciable, ils ne peuvent l'être ~l'une façon radicale et toutes les mesures ne seront plus ou mOIns que des palliatif~. Il existe un moyen, un seut selon n?us~ d'acquérir une retraite convenahle, c est d'augmenter les cotIsatIOns et les suh-ventions.

Or, la luodification de la loi scolaire, en améliorant l'a situaLiOli matérielle du personnel enseignant, permettra de verser chaque année à la caisse, sans modifier le chiffre de ;) %, un montant bien plus élevé, (180.000 fr . par exemple) et de verser a~u~. re­lraités un montant appréciable. On voit dal1s ces condItIOns , combien le capital de la caiss'e augmentera rapidement durant les premières années. Voilà pourquoi tous les instituteurs sont intéressés à la modification de cette loi scolaire, les n"1embres du corps enseignant qui songent à prendre leur retraite aussi bien que ceux qui viennent . d'embrasser la carrière. Les collègues qui font partie de la caisse ,spéciale eux aussi, par rico~het, retireron t des avantages de cette amélioration, car tout se hent et, d~va~t l'insuff.isance d'e leur situation .comparée à celle des autres lnsÎl-

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tuteurs , il sera facile de faire appel aux sentiments d'équité des pouvoirs publics pour modifier la pension servie à ces vétérans et la rendre convenable.

Voilà pourquoi nous pensons bien que le corps enseignant sera unanirrie à entreprendre une campagne active afin de faire accepter par l'e peuple un nouveau projet de loi scolaire.

C. Bérard.

Communication du Secrétariat Les ll1eIubres de l 'Union du Personnel Enseignant Valaisan

sont informés que les Assenlblées des Districts en vue de la dis ­cussion sur la réfornle de la loi scolaire auront lieu aux lieux et dates ci-après indiquées.

A Monthey ) le 7 février, à 13 heures, au Café «Helvetia ,) pour l'Assemblée du District de Monthey.

A St-Maurice ) le 10 février, à 14 heures, à la Maison d 'école des garçons pour l'Assemblée du District de St-Maurice.

. A Martigny-Vine) le 14 févrieT, à 15 heures au café Moret, pour l'Asselublée du District de Martigny.

A Châbles et à Orsières, pour les instituteurs de l'Assemblée du District d'Entrem:ont, selon décision prise à la Conférence de Qistrict du 23 janvier.

A Sion, le 14 février, au Café Tav~rnier , Ù 14 heures, pour les instituteurs des Districts de Sion, Hérens et Conthey.

Les abstentions à ces Assenlblées sont interdites pour les membres de l 'Union! Que chacun prenne au préalable connais­san ce de la loi qui n ous régit à l'heure .ac tuelle et prép a re à l'a ­vance ses propositions de nlodificatlon . Le nouveau projet sera présenté partout à ces assemhlées par un membre du comité cantonal.

Les men"1bres du corps enseignant désirant se procurer un exemplaire des statuts de J'Union peuvent en adresser la comman -de à notre secrétariat . 1\1 ...

os Pages ~~ COURRIER DES INSTITUTRICES . II~

S OlvIMAIRE. - Le temps perdu. - Les deux méthodes. - Restez c'h ez' vou~, . · - 11 est méchant, le vent! ~ensées.

~ Le temps perdu ~ Si peu d 'œuvres pour tant de fatigue et d'ennui! De stériles sOllcis notre ,fournée est pleine,

.!

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Leur meute sans pitié nous chasse cl perdre lwleine, Nous pousse, nous dévore et l' heure utile a tlli.

« Demain! rirai voir ce pauvre chez lui " « Demain, je reprendrai ce livre ouvert à peine) « Demain, je te dirai mon âme où .te te mène, « Demain, je serai juste et tort . .. pas au/ourd' hui . l>

Aujourd'hui, que de soins, de pas et de visites, Oh! l'inlplacable essaim des devoirs parasites , Qui pullulent autour de nos tasses de thé!

Ainsi chôment le cœur, la pensée et le livre, Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre, Le vrai devoir dans l'onlbre attend la volonté!

Slilly-Pl'udlwmme .

Les deux méthodes Elles étaient jolies, les deux petites sœurs, dans leu!,s robes

bleu de lin. Les boucles blondes de l'aînée, les boucles brunes de la cadette voltigeaient autour de reurs frimousses m.u tines; et chacun se retournait pour les regarder le l'ong des allées du Lu­xembourg.

Comme deux petites pies, elles jacassaient, sous lœil attendri de leur maman. C'était si amusant de promener au bout d'un fil luinuscule les deux ballons rouges qui traçaient, sur le ciel bleu les arabesques d'e leur course. Aline regardait celui de Louise, et Louise celui d'Aline ... Et les comparaisons fusaient de ces lèvres de trois et cinq ans :

- Ton tien, il est plus gros! . . . - Ton tien , il va plus haut! .. . Pour l'abaisser vers elle, Aline ouvrit la main; mais voilà

que, dépassant les grilles . . . dépassant les arbres ... le beau bal­lon rouge, que plus rien n 'attachait à la terre s 'en fut si haut, si haut, qu 'if devint une toute. petite bulle, perdue dans l'air immen­se.

- Ah 1 dit seuI'ement Aline. Mais Louise prit la chose au tragique:

- Le ballon de ma petite sœur . . . le ballon d'e ma petite SCt. .. ' llr

est parti! cria-t-elle avec lar.mes et trépignements. En vain sa nlère essaya de la calmer ; en vain promit-elle un

autre ballon; en vain menaça-t-elle de rentrer ù la maison si l'on ne se taisait: Louise continua à crier . ..

- Moi, .le veux bien rentrer! dit doucement Aline en éteig­nant une brusque flamme sous sa paupière hrune.

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La maman pri t donc chacune de ses petites filles par la main, et durant les cinq cents mètres qui la séparaient du hU1l1C,

elle sentit sa psychologie quelque peu àéroutée par t'attitude des enfants :

Lousie pleurait toujours. Elle interpellait les passants pour expliquer avec indignation:

- Ma petite sœur a perdu son ballon! ... Aline ne disait rien; elle lnarchait les paupières haissées,

l'air crâne .. . Et la mère se demandait avec inquiétude:

- Cette petite serait-elle indifférente aux joies si naturellès de son âge? . . . Ne sent-eUe rien? ... N'aurait-elle pas de cœur? .

Mais voici la maison... Brusquement, Aline échappe à ln. main de sa mère, 1110nte en courant les trois étages, se suspend, comme un petit arc tendu, à la sonnette ... Elle franchit l'anti­chambre d'un bond ,ouvre une porte, celle de la pièce où deux. lits jumeaux allongent leurs couvertures bl'anches .. . Sans hésiter , elle se dirige vers la cheminée dont la plaque est baissée depuis le dernier avril ... Elle s 'agenouille, et , coll'ant sa bouche au ras de cette plaque noire, comme pour parler à quelqu'un qui serait de l'autre côté, .. elle implore avec une voix qui, cette fois, est pleine de sanglots:

- Petit Jésus ... tu m e le rendras à Noël , mon ballon . . . Dis .. . Puisqu'il est dans ton ' ciel !

. .. Oh ! chère maman d"Aline, ne soyez pas inquiète: votre petite fille ne manque ni de cœur ni de sensibilité. Elle a seule­ment compris, très jeune, quelle est la bonne méthode à prendre pour retrouver, avec certitude, son beau ballon perdu.

Vous avez, vous aussi, essuyé une larke en écoutant la naïve prière, et au Noël suivant, dans la cheminée noire, le beau ballon rouge est revenu.

Aline et Louise ont grandi. Elles ont eu des chagrins de jeunes filles ... , elles ont eu des chagrins de femmes .. . les bulles de leurs illusions se sont envolées de leurs cœurs malhabil'es à les garder, et toutes deux, en face de la souffrance, ont conservé leurs attitudes respectives d"enfants :

Louise s'est révoltée. Elle a crié sa détresse aux passants de la vie, et les passants de la vie n 'ont pas su }fa consoler: ses che­veux ont commencé à blanchir sans qu'elle ait trouvé la paix . ..

Aline a fermé les lèvres sur ses chagrins; elle a dédaigné les larmes bruyantes; ;mais on l'a. vue un peu phlS souvent à l'église, ardemment penchée vers le tahernacle: sans doute confiait~elle Ù

Celui qui ·garde nos dépôts tout ce qne la vie lui arrachait , afin de le retrouver un jour.

. . . Chère maman des deux sœurs, il n 'es t plus en votre pouvoir de re~titueT , le 21) décembre les bonheurs envolés de vos

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filles. Aline l'e sait hien . " Mais elle sail aussi que, de là -hauL, le Père attentif et tout-puissant l'écoute pour lui 'rendre au cen­

"tuple, plus tard, tout ce qu'e]Je a perdu.

Alors elle attend avec certitude les Noë)'s du ciel. El sa m é­thode n 'est-elle pas la meilleure puisqu elle y gagne dé.i8 , dès ici-bas, la paix du cœur? Yvonne Estienne.

Restez chez vous

NIl le Marguel'ite PeJ'foy 1) donne aux Davidées des conseils pertinents et expérimentés sur les procédés à Jll'endl'e pour essayer de retenir les enfants à la campagne.

Nous croyons faire œuvre utile en les suggérant à nos lec-trices . (Note de la Réd.)

On y parviendra en instituant un h abil e et !",uissant effort d 'in­fluenc e, à la fois n égatif et positif. Détruire le mirage des cités, cl'éel' clans)'àme une vision juste et ennob 1issante cl e la Vi f et d e l<:t fonctioll rurale féminine, voilà ]e but.

Contre chaque cause de désertion, l 'éducatrice luttera , tout 811-

~·emble, par les arguments dissuadant de la. d-ésertion et pal' d es initiatives, des réalisations, dont le réseau, fort et subtil, l'attachent la jeune fill e à s a. terre natale.

Ce double "travail se r éfère aux trois principclUx motifs de lu d ésaff ection féminin e pour la. vie à la campa.gne :

a) on dedaigne comme inférieurs, les labeurs de la fermière. L'intelligence, le savoir-faire signifient aptitudes aux emplois citadins. Les pa r ents, des institutrices même, opèrent da ns ce sens un e sélee­tion préjudiciable à la prospérité des fermes. d 'un e fillett e débrouil­la rde , on dit:

- Oh! celle-là, elle a bien ,trop d 'idée pour fair e une pay,sann e ! Ou encore :

- La petite? elle f era son chemin apr ès son certificat. Fine com­m e elle est, ça serait dommage de traîner derri ère les vaches.

On va m ême, et j'en ai vu un exemple frappant, jusqu à contrlll'ipl' le penchant vers le travail rural d 'une enfant dont la santé réda mnit le grand air.

Il importe donc d'éviter soi-mème et cIe r eprendre chez les enfants et ju::;que dans leur entourage le~', expressions péjoratives sur la vi p et la tâche tùriennes, sur le travail en général. Certains mots jJélssés en dictons font ,plus de m al qu 'on n e croit en dépréciant la noblesse paysanne. Allant résolument à l'inverse, que d occasions de louer le

1) Auteur ,le «Sous le Signe de l Idéa.1»,

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tntv a il en soi, tout gain mis à. part, en ce quïl collabore avec Dieu, cl. de célé))l'er l'association plus étl'Oite du labeur rural , essen tiel '" la vie de tous , à l'œuvre créatrice! On choisira les livres dans ceux qui vropagent ces idées. A proscrire éga lem ent les récits honnètps où d 'allécha ntes aventures r écompensent en ville des vertus, genre salamandre, et ceux qui rarodient le langage ou )'abais::;ent les mœur:::, cl es villageois.

POUl ' qu e les fillett es a iment d 'avance leu!' rôle de fermi èr e, il fn ut. en dégager 1 utilité, la beauté, cachées sous l 'apparente vu:garité d es besognes; leur expliqu er qu el champ d'a ction s 'offre là aux «maîtl'esses femmes ' dont le coup d 'œil juste, l'initiative, l' espl'it CL'ol'gani f-;.ation concourent largem ent à la prospérité cl'une exploitat.ion. Qu'en es envisagent cette tâche, non comme Uli servage, mai 8' comme leur «r ègne», selon la belle expression canadi enn e.

h) moins de fatigu e, un meill eur ga in , ce double avantage des m étiers citadins aimante vers eux la jeunesse. Les bureaux surtout font prime: «Çà gagne mieux, c·'est plus IJl:opre.» On cite en exemple tell e ou 'telle qui a réussi, san& trop avouer comment, et l'on ne com­pt.e pas les éraves. «On ne fait que ses huit h eures, on n e s esquinte pa.s comme aux champs.» Voilà le refrain.

De ces attraits magiques, comment n eutraliser l 'action ,? En dis­s ipant par un e vue n ètte du r éel, la part d 'illusion qui trompe les imaginat.ions juvénil es. A propos des leçons de choses, si en honneur aujourd'hui, on peut exposer la vie des métiers. On montrera la jour­n ée d'une ouvrière, d 'un e employée, journée allongée en ville, clans les plus grandes surtout, par les allées et venues fatigantes à pi ed ou étouffantes dans les trams et les métros: une demi-heure, un e h eure pa.rfois; le déjeuner, par conséquent, hâtif, souvent froid, ou pris au restaurant, c10nt le m enu use l'estomac ou du moins l'appétit. On 'relèvera le travail intensif, les heures supplémentaires, la vie anémiante des a te:iers et bureaux surchauff és, S.Qus les toits ou dans les sOUS-SolS mal aérés, éclairés d'une lumière factice . ' Les nuits r eposent mal en une chambre exigué où les bruits de la rue ou c1u voisinage gênent le sommeil.

Ces précisions peuvent être le coup d 'épingle dégonflant le rêve.

De m ême n e faut-il pas défalquer du salaire l e coût plus élevl' de la vie: loyer, frais de locomotion, u sure plus ra.pide des eff ets, médecinsl et remèdes r[ue n écessite-nt trop souvent nntel1.se SUl' ,

mena.ge, l' a il' vicié, l'alimentation inféri eure? Etablir un budo'et d 'ou­vrière, sous prétexte de comptabilité, et comparer, serait excellent.

Mais voici quelques suggest.ions positives. à m ettr e en œuvre :

1° Faire comprendre quelles améliorations facilitant le travail de la ferme une femme experte peut promouvoir.

2° Obtenir des parents pour les grandes fill ettes une sorte d e participation a ux bénéfices en r etour de leur travail, en vue de con ..

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- 68-, ~,,-::,~,~

stituer uhe bourse de jeune fille pour leur entretien, leur trousseau et l'épargne, trop négligée à présent.

3° On cherchera pour les enfants de petites sources de revenus: la cueillette des plantes à vendre aux herboristes, par exemple. Le jeudi, en promenade, une institutrice s'y livre avec ses élève8'. Le bénéfice sert à une œuvre collective, à un pélerinage, etc., mais plus tard chacune peut continuer à son compte. Des élevages aisés ou des travaux tendent au même but. Les travaux de luxe réussissenl mal aux paysannes, leurs doigts malhabiles n'y avancent pas, et le goût de la toilette', 'le dégoût des labeurs qui abîment les mains s'en­suivent. 1ais il existe de la couture simple, des industries 10cale8' : les jouets, les paniers, la gros~e broderie, le tissage, etc., seraient des professions SaiS.Qllnières à réorganiser. L 'atavisme entretient une dex­térité que les travaux des champs n 'altèrent point. Ce serait un emploi rémunérateur des heures d'hiver.

c) La vie citadine fascine surtout par ses multiples plaisirs. L'ins­titutrice s'efforce d 'inspirer le goût du solide, le mépris du clinquant , du faux, le désir des distractions saines qui ne troublent 1='.oint l 'àme et ne mettent en péril ni son salut ni son honneur,

Il importe qu 'une' sérieuse formation morale détourne les fillettes de la frénésie du plais.ir. Mais on ne saurait trop innover pour satis­faire leurs aspirations légitimes vers des jouissances normales:

ln ,On pourrait réorganiser les veillées antiques, égayées de lec­tures et de chants.

2° Par des promenades en groupe, apprendre aux jeunes pays·an­nes à admirer les souvenirs de leur pays au lieu de n'apprécier un l'·aysage que selon le rendement des terres. A Besançon, les cercles d 'études ont dû tous., par une heureuse initiative, étudier les ressour­ces, l'histoire, la légende, les beautés de la petite patrie. Voilà un thème d'entretien, de lectures, de rédactions. Toute la formation intellectuelle et morale de l'enfant peut être ainsi orientée vers le culte des réalités parmi lesquelles sa vie doit s 'épanouir. Ce milieu providentiel doit lui apparaître, non comme une geôle, mais comme une prédestination. Là, sa dignité d,e femme, son bonheur, l 'union familiale présente et future, rencontreront le maximum de s,écurité ; là, sa vie obtiendra son maximum de rendement dans le sens même tracé par la volonté de Dieu.

«Où Dieu nous a. semé, il faut savoir fleurir.' Apprendre aux jeunes filles de nos villages, à fleurir sur le sol

natal dont la sève merveilleuse offre d inépuisables res8.Qurces, voilà. l'efficace et désirable mission des institutrices chrétiennes.

Il est méchant le vent

Elle est hien méchante, en effet, la hise qui met les larmes aux yeux de nos petites. Sans pitié, elle vous fouette, vous lance

1

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au visage la neige fine qll elle s0,ulève ; elle passe en sifflant pour s'achever au loin dans une plaInte .

MarD'ot est arrivée en dasse, sac au dos, hien enveloppée dans sono D'l'OS manteau, une écharpe de laine autour du cou et le bonnet jusqu'aux yeux. De sa petite figure de. poupée, on ne voyait qu'un hout de nez tout rouge, ,deux pehtes pommettes toutes bleues et cï,e grands yeux ... noyes de larmes.

Ma .iolie petite a dù lutter contre la bise pour. arriv~r à l'école; ne dirait-on pas qu'elle est colère, en. yent~ndant f ~'apper ses socques sur l'escalier, en voyant ses petIts porngs serres dans ses mitaines? «lI fait bien froid, ~a petite, tu ~s toute bl~ue ? » Au~ cu ne réponse, pas même l'habItuel et sounant: ~on.lour, Ma.d moiselle! Mais, posant ,son sac et serrant plus fort ses petIts poings: « L'est bien méchant, le vent! » Je lisai~ da~s son ~'e.garcl \ oilé de larmes, comhien la bise cruelle avaIt faIt souffrIr. la mignonne; j'entendais dans sa voix , la s()urd~ colère de lia. petIte. à cause de ce vent, contre lequel, malgré la force de ses SIX ans, elle ne pouvait rien.

Oui, ma petite Margot, il est bien méchant le vent, puisqu ' il L'à fait pleur'er !

l t 't d'œil qu'il J'ai ju'gé de la rancune (e ce. pe 1 c~ur au. coup tl:avers la vitre, elle jeta au tourhillon qm passall. S.

<&~ Pensées ~~~

Laissons à Dieu 1e choix des accidents de notre vie et, sans trop songer où nom: marchons , n e songeons qu'à bien marcher,

Mme Swetchine.

L 'inquiétude c'est porter la nuit dans son àme ; la confiance c'est portel' son âme dans la. nuit. X.

[=========E==N====C==L==A==N==A==N==T==:~] ~ nOS rires

Malgré l'amour, la vie et l'heure et les périls: Nous l'ions quelquefois de l'ires puérills, Des l'ires dont le son doit étonner nos âmes, Pour rien, pour un détail nou,s nous avisâmes, Des rires fous qui sont des fOlTS rires vraiment! Et nons ponr qui l'amonI' est nn déchirement, La vie un songe en pleurs, l'heure une fuite pâle, Et pour qui les périls ouvrent un long dédale,

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:M algré [' ((moul' , ln pic et r heure et les périls, Nos rires ont pal'fois de si brusques aV1'l71s , Nos rires font sous bois des musiques si franches Si fraîches , qu'entendus de loin entre les branches Pal' le passant qui rêve et relentit le pas. Ils doivent lui donner - hélas! il ne sait pas / -L'illusion que là le bonheur simple habite, Que la tendresse est calme et la maison petite, Et ,qu'on ignore tous 'lèS mauvais frissons . Mais nous, nous cependant, lorsque ninsi nous laissons Gourmandes de gaîté après de trop longs .jeûnes, Rire un peu, malgré nous, nos lèvres . . . qui sont jeunes, TouJours nous évitons avec les plus grands soins, De laisser se croiser nos yeux . .. qui le sont moins, Et riant ,nous n 'o sons nOLlS regarder en face , De peur qu'en un sanglot le rire ne se casse.

Ed. Rostand.

Celle qu'on ne paie pas Cell e qu'on ne paie pas, dont on oublie trop souvent l es fatig ups.

et les peines" c'est la femme m ariée clans son modeste travail d li foy er sans lecllHü notre monde tout entier disparaîtrait clans la boue.

Nous empruntons au «Scot's Observer» qui le cite du « Man­chestre Guardian », l 'amusant entrefilet suivant que nous pouvons méditer avec profit :

«Une fermière 8mél'icaine a publié un état cle ses travaux pen, dant trente années de sa vie de femme mariée; pendant ce laps de temps, ell e a cuit 33,19() pain .. :., 5930 gàteaux et 7960 pâtés. Elle a servi 235,425 repas, baratté 554·0 livres de beurre, fabriqué 1761 litres de confitures, élevé 7660 poulets et, passé 33,461 heures à balayer, épousseter, laver, etc. Elle estime de taux mOfen des salaires que son ouvrage aurait été payé 115,485 dollars, dont, bien entendu, ell e n'a. jamais reçu un centime.»

Cette simple note est trop éJoquente par elle-même pour que nous lui a joutions ùn commentaire qui ne ferait qu 'en affaibli r la portée. Nous rouvons cependant en tirer une leçon. Remarquons tout d 'abord que la délicatesse de cette fermi ère, la sœur de nos paysannes dont la tâche et le labeur n e sont pas moindres, n 'a pas m ême mentionné son ràle de mère de famille; le temps, l es soins et les peines prodigués avec amour à ses enfants n 'entreront mème pas en ligne cl e compte. Son magnifique privUège est soigneusemen t tenu à l 'écart de ces chiffres. Nous n'avons pas le droit d'oublier combien de mères sont · éc-rasées et même succombent sous cette tâche.

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L'épouse rêvée

Un journal de Kabylie nous livre un moyen de ja uger les qua·· lités de la fi ancée idéale.

Voici ce que ce journal consei]]e aux célibataires:

«Quand un e jeune fill e vous plaît, ' arrangez-vous pour la voir éplucher des pommes de terre. Si elle fait de grosses pelures, c'est (IU 'eli e est dépensière; si elle n 'extirpe pas les germes avec la poin1 e de son couteau, c'est qu'elle est paresseuse; si elle lave ses patates ch\.l1s une eau malpropre, c'est qu 'ell e est 8·ale; si ell e met heau cour' cie grais·se po~r les cuire, c'est qu'elle est gourmande. Ne l'épousez pas; elle vous r endrait m alheureux ».

Le Cinéma à l'Ecole

A l'école, la projection animée, avons-nous dit1 présente deux formes bien discinctes : il yale cinéma récréatif et il y a; le cinéma instructif. Dans la derni èr e chronique, nous avons noté quelques observations ayant rapport à l'opportunité du cinéma récréatif, à la fréquenCe' des séa nces et a u C'110ix des films pour que ces exhibiti.ons a ient un caractère franch em ent éducatif. C'est la: première partie de notre étude. Nous abordons au.iourd 'hui la seconde, la valeur di­da ctique du cinéma pédagogique.

Si l'on étudie l 'évolution dans les méthodes d'enseignement depuis cinq siècles, on obs.erve les trois stades que voici.

Le premier. L 'enseignement est verbal. Le professeur ne fait usage que de la parole et d e l 'écriture pour instruire les enfants ; il dicte la leçon ; les élèves copient et apprenn ent les textes par cœur. A la fin du XVme siècle, l'inven tion de l'imprimerie soulage l a mémoire, délivre les étudiants des copies : l' enseign em ent est à la fois verbal et livresqu e. On a appelé «psittaclsme» l'exagér ation de ce mode didactique.

Le second . Le premier manuel illustr é paraît au XVIIme siècle, en 1657. Un pédagogue tchèque, J. A. Comenius publie l '«Orb is sen ­sualium pictus», ou le mode sensible en images, «réalisant son ad mi­r able formul e pédagogique: les mots avec les choses, les choses avec les mots». Un e centa in e d 'a nn ées l'lpr ès P estalozzi m et ses élèves, en présence d.es i'éa lités et crée la méthode intuitive basée SUl' l'ob30r· vation des choses et l'association de leu rs imag s mentales avec l e langage. On inaugure l es. musées sC'olaires l'l.vec des objet <d n na tUl'H li. des modèles, des estampes. C'est la. ncdssance (le l 'intuitivism €. P 9 U

après, c'est l'école Fl'œbeL Au XIXme siècle, la «lan tern e magi(fl..1 8» projette sur l'écran l'ima ge des obj ets. Enfin, vers la fin clu XIXme siècle, le cinématograph e met sous les yeux des élèves. des scon es animées.

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Le troisième. Plus récemment, avec l'étude du SlXleme sens, du sens musculaire et du sens kinestésiclue, l 'école se transforme Fm salle de travaux manuels" en laboratoires a.yant instruments de mensuration, fourneaux et réactifs.

Le cinéma frappe le sens de la vue. S'en servir à l'école (",'st faire de l'intuitivisme, de l'enseignement par l 'a.spect. Agir de. la sorte, n'est-ce pas rétrograder et revenir à des méthodes que ce 'l~ tains ont qualifiées de désuètes?

Nous avons parlé de la valeur éducative du cinéma à l'école. Nous résuJnerons brièvement notre pensée en quelques lignl~s.

L'enfant est un être essentiellement intuitif et ' réaliste. üurant ses premières anné'es, jl ne fait que s'emparer des objets, explorer leurs contours avec ses doigts, faire et ·défaire., construire et démolir, édifier et abattre. Son attention, bien difficile à fixer, ne s'arrête que sur ce qui a vie, que sur ce qui marche, court, voIle, lutte, se meut, bref que sur le concret. Parlez-lui d'une question abstr~dte où les figures et les choses n'apparaissent pas à son imagination, sa pdite têtése fige, son attention s'envole, son esprit vous laisse parc(,l1rir seul le dur sillon de la 'métaphysique où vous· vous êtes si int l3mpes­tive'meht . engagé. Parlez-lui , en matérialisant votre discours tout de suite son attention rejoint la vôtre, son esprit passe aux cl;~ses, aux ob.iets dé.ià vus, pour élaborm' la compréhension de votre pense;:l. ,

, Ce qu'il comprend le mieux, c'est le langage de 1 objet que vous decrivez ou, à, son défaut, de s.an image. Tout. le monde admet au.iour­d'hui la supériorité de la méthode intuitive dans l'enseign,;ment. D'ailleurs l'image ne' perd rien de son efficaC'Ïté chez i'éLl;liant de 20 · et, de 40 ans. L 'élaboration .des, idées utilisant comme point de départ les connaissances sensibles, l'abstrait. se déduisant du concret, l'universel du particulier, le s,pirituel du matériel, <d'homme rlerne'.lre sur le terrain de l'acquisition des idées un perpétuel enfant»,

Cette argumentation explique la cause des efforts tentés r',our illustrer toujours plus abondamment et avec plus de variété les manuels scolaires. Elle fournit aussi la raison du succès. qui CI - ac­cueilli les projections fixes dans les conférences et dans certaines leçons. Elle c'onstitue enfin la meilleure démonstration en faveur de la projection animée, du cinématographe scolaire.

Nous avons dit le danger que court le détail ~oncret danf!' les manuels illustrés: n risque de n 'ètre pas assez mis en relief; l esprit souple mais fugace de l 'écolier verra peut-être l 'image sans y ,pel'­devoir grand'chose.

Nous avons dit également l'intérêt de la projection de vues dia­positives, mais aussi la crainte d 'encoura.ger par ce procédé la paresse nat.urelle de l'enfant qui, inconsciemment, peut-être, remet. à l'instant d'après l 'a.nalyse de ce qu'il regarde superficiellement et d'un œil distrait. L'image reçue dans lB mémoire senl. floue. Elle ne ta.rdel'[l

pas à disparaître. L 'image animée, au contraire oblige l'enfant à regarder, elle excite sa curiosité, éveille son attention~ développe son esprit d'observation en même temps qu'elle le conduit à une puissance cl assimilation peu ordinaire. Elle a sur l'image fixe une supériorité

éducative incontestable.

Si nous l'etenons que la projection lixe ne montre d'un être qu'une «pose», qu'un «moment» de son existence et que l'image animée, au contraire, décrit les vies. les plus complexes, nous ne pouvons non plus oublier les progrès réalisés ' ces dernières années par la technique cinématographique et les applications qu'on est en droit d'en retirer pour l'enseignement. Signalons raridement: la cinématographie de l 'infiniment petit: l'objectif de l'appareil de prise de vues s'est rivé à l'oculaire du microscope; la cinématographie de l'infiniment lent:

. en quelques minutes, on reproduit des phénomènes d'une durée de cinq et d e six années; la cinématographie de l'ultr'a-ra-pide, la prise de vues décompose le galop du cheval, suit l'obus sortClnt du canon, émalyse le vol mY3-térieux des insectes.

Cette énumération, quelque peu rapide, affirme la multiplicité et la variété des applic"ations de la cinémathograrhie à l'enseignement; le cinémathographe possède un domaine d'inquisition fort étendu. Ne serait-ce pas un tort de lui interdire l 'entrée de l'école, de ne pas r a.ssocier au matériel didactique déjà en activité pour parfaire les mé­thocles d 'instruction et d 'éducation.

Devons-nous encore ]'C-prendl'e notre thèse avec détails et répondre à l'ob.iection si s,ouvent formulée contre le cinéma, à savoÏl' qu'il sub" stitue à. l'observation directe des choses le défilé vertigineux d'images innombrables? Nous sommes d'accord que l'observation immédiat.e des objets, dirigée et contrôlée par la parole du professeur, se classe au premier ra.ng des procédés d'instruction et qu'il ne faut utilisel' la pro.iection animée que dans les cas où cette observation n'est pratique­ment pas possible. Mais il faut savoir reconnaître que dans certains domaines de l'enseignement, ces occasions se reneontrent de temr·s à autre. Elle varient d'ailleurs avec les circonstances de lieux, selon que l' écolier habite la ville ou le vi1l8,ge.

Convient-il encore d 'ob.iecter que le cinéma mont.re aux élèves « le défilé vertigineux d'images innombrables»? Nous ne le croyons })as. Sans prétendre qüe le film est pour l 'écolier une panacée uni­verselle, nous estimons qUe cette objection est démodée, C8r l'arrêt de la pellicule aU cours de la projection permet au professeur d'inter­roger ses élèves, de conduire l'analyse de l'image figée sur l'écran, de leur faire trouver le détail concret, bref, d'affiner leur attention et d'allumer leur curiosité.

Reprochera-t-on encore au cinéma de plonger la classe dans l'ob­scurité et d'occa.sionner à côté d'une surveillance difficile des troubles TnOl'aUX et. disciplinaires parfois graves' Non, car l'invention du

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Ciné-clair a définitivement éca'rté ces ennuis.

Si nous nous dé 1 f , carons avorable à la cause du cinéma scolaire, nO~lS C10!OnS cependant utile d'apporter quelque!=-', réserves à tout ce qUI précede. '

f Une pre,~1ièl:e. Il .convient d'Llser clu cinéma av ec discrétion , cLe a~?n ~ue 1 ecolIer SOit, apte à acquérir cles idées sur des questions ~u ~l n a p~s vue~ et a passer sans peine de l'observation sensible a 1 abstractIOn et a la généralis,ation de la; pensée.

lfne deuxiè~e. !outes les branches des programmes ne se prêtent pas egalement bIen a la collaboration du film.

n n.e viendra ~ans doute à l'idée de personne, même parmi les enth,?USlastes~. du cm~~a, d: filmer un cours d'arithmétique, de gé'o­mét: le, de, tIl~AonometrIe ,cl algèbre, de desc-riptive, d'analytique. Ces C~Ul s ne se pl eten~ pas p:us à la cliffusion par le dnéma que pal' le hsque phonographIque. '

Nous écartons aussi du domaine propre au ciném~ d"étude des lang~es ,et de la. morale" L'éducation morale occupe la toute première place, c, ~st u~eA œuvre eminemment spirituelle; c'est une correspon­cla~lce cl ame a ame. Que peut faire dans ce domaine de l'âme IR ma ­chll1e brutale, le mécanisme inintelligent qu'est le cinématographe '!

C'est dans les leçons de ch08es que le cinéma présente pour les enfants une aide précieuse.

, . N'~us n'?sons guère préc'Oniser le cinéma pour l 'enseignement de 1 hlstOlr~. BIen souvent les reconstitutions historiques tournées dans les, ~,tUdiOS. sont empreintes du truquage dont on use pour les produire. Quelq~es fIlms, cependant, méritent de retenir l'attention des maîtres' l~ «,MIracle des loups» le « Joueur d'échecs », la « Passion de Jeann~ d ~l C»,. «Ben-!lur», «l'dbelungen», peuvent subir la cdtique de l'hi 8,-

tOl'1en ImpartIal. '

Pour les leçons de chimie et de physique; rien ne peut évidemment remp~ ace.r le. labor~toire .. Le cinéma ne sera utilisé que dans quelquel'l cas l:artIcuhers: ll1suffIsance du professeur dans l 'al·t de l ._ pulatI?n, di,ff~cul~é de produire telle expérience importante f:u7ea~le mat~rlel specIal, l~possibilité de. conduire les élèves aux usines métal­lurgIques et aux mmes de minerai et de çharbon.

C'es~ s~rtout dans l'enseignement de la 'géographie et des sciences que~e cu~ema ap~orte une aide puissal?-te. Avec la projection anini.ée le pl ~fesseur d~ geographie mènera ses élèves clans les plaines a~~ide~ du d,esert, dans l'atmosphère torride des colonies, sur les sentiers · es­car~:s des haute.s montagnes, dans les coins du p~ys où se cachel~t les. llches~ses natIOnales. Le cinéma vivif~è le cours de géographie qUI .ne. sel a pl us dès lors une accumula ti on de noms et de détails une statistIque monotone. '

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En botanique, en zoologie ,en anatomie et en physiologie, le Cll1e­ma triomphe de toute autre méthode. Grâce au cinéma, le professeur de sciences reprOduira devant ses élèves bien des phénomènes qu'il n e pourrait que déc-rire ou schématiser.

Une troi8ième. Une question mérite à elle seule tout une étude; faut-il passer - le film avant la leçon, pendant la leçon ou après la leçon? Cela dépend du sujet traité, de la nature du document 'dont on dispose. Pour nous, d'une' façon générale, nous croyons que le film doit accompagner la leçon. Nous supposons que l'école possède un appareil permettant l'arrêt du film au gré du maître. Si l'exposition orale, le dessin au tableau noir ou même l'expérience sont , impuis­sants pour faire comprendre un mécanisme, c'est, nous semble-t-il, à ce moment-là que le film doit ar,paraître et apporter à l'enfant ce que le professeur ne peut lui servir. Dans tous les cas le film devra être court et ne pas durer plus de 5 à 8 minutes.

Une quatrième. Le film scolaire ne sera plus le résultat de l 'activité d 'un cinégraphiste, habile dans son art,peut-être, mais peu averti dei? méthodes et de8' nécessités de l 'enseignement. Il sera tourné d'acc'ord avec un pédagogue expérimenté qui en élaborera le scénario: Ce travail en collaboration s'impose, surtout si le film illustre un manuel. Certaines pages ne se prêtent guère à la projection animée, d 'autres au contraire, réclament un surcroît de développement. C'est aû professeur à guider l'opérateur de prise de vues dans l'abondance des matières des livres classiques.

Notes pédagogiques D'un Ol!' rage de Jules Payot, nous extrayons les passages

suivants: Examens: Ce qui prépare le plus directement les élèves à un

examen, ce S-ûnt les travaux et les lectures de pure culture, et qui n 'ont rien de commun avec l'examen. Le meilleur moyen de manquer le succès est de faire de l 'examen le but bassement utilitaire des études. Lorsque l 'horizon se rétrécit à ce point, toutes les études sont avilies: au travail intelligent personnel, aux efforts tentés avec amour et si féconds en joie intime et en résultats encourageants" on substitue une besogne hâtive, fièvreuse, sans joie et sans profit durable, analogue à ces repas qu'on engloutit à la hâte, dans un buffet entre deux trains et qui pèsent toute la 'soirée, mal digérés, sur l'estomac. Nous devons convertir les aliments de l'esprit en muscles de l'esprit, raI' un travail d'assimilation intime qui c'onstitue le vrai travail intellectuel. Ce travail demande un grand calme et l'absence des pi"éoccur,at-ions angoissantes de l'examen. On le l'econnait 8 l'éveil rapide des idées, à la vigueur de l'intelligence, à l'énergie de l'attention et à un contentement intime, qui fait contraste avec l'irppressio'n . cléprîmaüte et ave-c le sentiment de dégoût que laisse la besogne de la préparation direrté à 'J'examen.

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l'OS élèves sont pour l'Ol'dina Ïl'e plus lisposés à des effor ts ci e m émoire considérables qu 'à des efforts de pén étration intenses. Le:,. élèves apprennent li ttéralem ent au li eu de ~s e pén étrer, par une att en ­tion ardente, du sujet de leur étude. . C'est pourtant la chose capitale: faire l'éducation de la volonté,

l'l1abituer à généraliser et à saisir les différences essentielles et les ressemblances les plus cachées des choses et des idées,.

Montaigne avait donc r aison quand il rec~mmandait de «s 'enri­chir et se par er au dedan s» quand il clis,üt : «Le soin de- notre étude c'est en être devenu m eilleur et plus sage».

De l'autorit~. L'autorité est par elle-même haïs8·able lorsqu'elle n 'est que l'autorité, c'est-à-dire la; force. L'autorité doit être l'expr ession de la justice et toutes ses manifestations doivent s 'in::;.pi1'e1' du respect sinC'ère de la personnalité d'autrui.

L 'irritation, le ton coléreux sont la marque d 'un caractère faibl e et d'une volonté pusillanime. Les gens à volonté faible crient pour donner l'illusion de l'énergie qui leur manque. Le chef qui a de l'énergie et de l'autorité est calme ; il n'a jamais d'animosité contre les personnes; il voit les cho::;.es de haut et son expérience l'a rendu indulgent pour .les imperfections humaines; aussi , jamais ses parole ' ne blessent ses subordonnés ; sa. bonté est ::;.incère et toutes ses r e­commandations ont pour b'ut le bien. Il s'adresse à la raison, au cœur de celui qui a m al agi ; H a r ecoun-· à la per suasion, parce qu 'il sait que le caporalisme ne produit que révolte et qu 'hypocrisie. Il évite de rendre la vérité odieuse; il est large et tolérant pour les petite ' choses et porte tout son effort sur les choses importantes; il n 'est n i méprisant, ni fier et 11 s 'efforce d'être doux et charitable.

Quand il doit infliger une punition (disons mieux une correction) il a les yeux fixé sur l'aven ir, il a le devoir de préparer dans l'enfant l'homme responsable de demain. Il es,t un redresseur et non un justicier, et aucune punition ne peut le laisser indifférent. Que l'en­fant sente donc que .son maîtr.e est chagriné de le punir, mais bien déc·id é. à toujours r éprimer sans fa.ibl esse ce qui doi t êtr e r éprimé».

M iet tes diverses

Savoir lil'e, c'est saisir promptement les pensées et montrer qu'on les a saisies, en rendant chacune de leurs nuances par le ton. et par les inflexions de la voix, par l'accentuation, par l'usage ratIOnnel des pauses et des repos, etc.

*** - L 'étude de la 1ittérat~lre présente deux avantages capitaux: 1. Ell.e donne à l'homme ce fini, ce .le ne sais quoi de distingué

qUI s~ .r~vèle d'ans les créations littéraires les plus parfaites; 2. -Elle InItIe à l'art de parler et d'écrire, c'est-à-dire à l'art re­

doutable et nécessaire d'agir efficacement sur l'âme de nos

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semblables par le nloyen de la parole.

* * :1: «J'ai à mon balcon, grimpant du bas de la maison jusqu'à

ma fenêtre, une clématite qui m'intrigùe fort. Elle est blanche,. du blanc le plus pur; ses pétales· se terminent en un fin ovale', un peu allongé ; Tnais , chose étrange, son parfunl ne se développe que lorsqu'elle commence à se fan~r. Voilà comment il faudrait tâcher de vieillir: Remplacer l'éclat par le parfum.

:!: * *. La société qui ne donne pas au peuple une éducation chré-·

tienne abdique logiquement le droit de punir (L. Veuillot) . «Rien n 'est plus près d'es mœurs féroces qu'un peuple dont

les mœurs sont voluptueuses. Quand il vadans quelqu'un du tigre,. il y a aussi du cochon ». (Bonald).

* * * Il faut beaucoup de mérite pour sentir vivement celu i des' autres.

* * :1:

L'honnête homme qui va à la messe est plus honnête homlne' que l'honnête homme qui n 'y va pas; mais l'e fripon qui y va es t aussi plus fripon que te fripon crui n 'y va pas.

* :;.: >.: Le plus grand défaut d 'une femme, c'est d 'être homme.

Le goût et l'instruction, voilà le domaine des femmes. Elles ne' doivent. point chercher à s'élever jusqu'à la science.

:1: * ,~ \ L 'exagération est le nlensonge des honnêtes gens.

* * :;.: Pour savoir bien une chose, il faut en savoir un peu mille ..

Les g rands Educateurs Mgr. Dupanloup.

Le XIXe siède fut fort agité: la Révolution avait détruit les vieilles organisations; les gouvernements civils luttaient contre l'Eglise; les doctrines religieuses, morales, sociales, pédagogique·;, étaient en conflit. L'unité des âmes apparaissait brisée et vour

l'ongtem ps. De temps à autre, sans doute. apparaissaient d'es hommes de

synthèse tâchant de renouer tant bien que mal les ti ssus cassés; parmi eux, il faut distinguer Mgr. Dupanloup qui dépensa tant d'efforts pour remettre sur un bon pied l'éducation. .

Il est mort il y a cinquante ans. Il con,;ient de rappeler son œuvre. On s'est souvènu de Pestalozzi; peùt-on oublier Mgr Du­panloup qui delneure si moderne '?

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La Savoie à qui l'on· doit saint François de Sales et J. de Mai-.stre a donné aussi le jour à Mgr Dupanloup. n naquit le 3 janvjer 1802 aU village de Saint-l':' élix sur le yersant des coUines qui d'é­valent de Bouges à RUlnilly. Son intelligence se réyéla prét")ce: il se dépeint à «irois ans, dans le J.1!agasin dcs Enfants) la tête dans les mains, à genoux devanl une chaise ». Conduit aux catéchismes de Saint-Sulpice, il fit sa première communion à treize ans. Il y ressentit des émotions que l'on retrouve dans l'Oeuvrc pf/l' excel-1(nce.

En 1821, il est ù la maison de Saint-Sulpice ~u lrain (~e se ['ormel' à la vie cléricale.

II est quelque temps vicaire à Saint-Boch puis, en L8;) 7, de­,ient supérieur du Petit Sénlinaire de Saint-Nicolas. Il lui ~era dl~:' lors permis de clonn~r sa mesure, Déjà, il jette Sti parolç ar­dente dans les débats sur la liberté de l'enseignement et S:1 pPllsée ne quittera plus ce grand objet.

En 1849, l'abbé Dupanloup était nommé évêque d·Orlé_w,. Evêque, il continua son étonnante activité. Il eut vrainlent le don d'ubiquité, comnlevient de le dire M. Gayan: « Je me r.onn;lÏs, ava;l-il dit, je me croirai obligé de faire par nloi-ll1ême I()ut c.e qn'on n'aura pas réussi. » Il d'éfend à la fois l'Eglise de Frn.nce et J'Eglise de Rome; il réorganise son Petit Séminaire, eu détermine les programmes de la vie; dans l'e domaine de l'éducation, il pou,rfend, avec une vigueur peut-être un peu vive, les adversaires ù{'~\ classiques; surtout, il veut composer un grand traité sur l'E­ducation qui ne comprendrait pas moins de six vnlumes dont trois seraient réservés à l'Education en génél'al et les trois autres ù b Haute éducation intellectllelle.

En 1870, se tint le concile du Vatican et Mgr Dupant.ou]) y jOllc.l un rôle que l'on a diversement apprécié. Ensuite, il devint membre de l'Assemblée nationale et prit une part notahlè ù la confection de la loi sur 1 enseignement supérieur. Sous l 'égide cl une liberté que l'on devait bientôt restreindre, les Faculté"i (;:lthu­li.ques s'ouvrirent. L'évêque d'Orléans avait livré un dernier grand C'oll1hat pour conserver les jeunes âmes à l'Eglise. Il pouvait s'en­dormir dans la paix d 'une existence bien remplie.

Dans le domaine de l'éducation, Mgr Dupanloup fut II n maî.lre de cuI'ture totale et saine. 11 demeure élonnuIï!Wcllt 1i1,)­

dane par sa connaissance pr%nde et son W1Wlll' dé l'clIfunl, par son culte de la force et de la liberté. Il l'est aussi, nOl1<; OSOHS

l'espérer, par son m1l011r de la mesure. Ce sont les qut'lques points que nous voudrions développer un peu.

Un des grands m.alheurs de l'éducation, le plus grand peut­être, réside dans l'incompréhension mutuelle des parents et des enfants, des maîtres et des écoliers.

Or la vérité douloureuse, c'est qu'en fait, les parents en particulier, et souvent les maîtres retardent sur la précocité de

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leurs enfanls ou de leurs discipl'es, aussi hien dans l'ordl'e du sentiment que dans celui de l'observation et de la pensée. Ils ne se rappellent généralement rien ou pas grand-chose des faits de leur jeune âge et ne comprennent pas le jeune âge nouveau; leur incompréhension de, ient. d'autant plus facile que les go(Us éyoluent avec un rythm.e souvent saccadé; en un mot, les édu­catelll'tS demeurent d'un autre temps.

Soyons juste pourtant: toute la culpabilité ne porte pas cl un seul côté. Est-ce totalement la faute des parents et des maîtres s 'ils ne connaissent pas leur enfants? Non pas; il y a aus-si un grand obstacle au succès de l'éducation dans . l'inviolable « quant Ù soi » de l'enfant. N'oubli.ons pas que l'enfant aussi bien que le jeune homme ou la jeune fille, il partir de la connaissance même très rudimentaire, ne livre rien, comme on dit, que ce qu'il veut bien perdre. Tout un vaste domaine de son lnonde intérieur échappe à l 'investigation paternelle ou maternelle, plus encore à l'investigation des maîtres. L'enfant ne croit guère à l'expérience des grandes personnes. Il' ne peut s'im.aginer que d'autres, comme disait à peu près Sully-Prudhonlme, aient eu son cœur avant lui. n se donne à lui-même l'illusion flatteuse autant qu 'intéressée, qu'il invente tout. En un mot, il ne se livre guère.

Nous ne croyons pas que cette incompréhension ait brouillé les rapports de .Mgr Dupanl'oup et de ses di'scinles. Il a compris l'enfance et la jeunesse et il a été cOl11pris. Voyez plutôt comment il les dépeint:

« L'enfant, c'est l 'homme lui-même avec tout l'avenir renfermé dans ses premières années; c'est l'espérance de la famille et de 18 société; c'est le genre humain qui l'enaît, la pat)'j e qui se perpétue, le renouvellement de l''humanité clans sa fleur. »

D'autre part, « l'enfance est un âge curieux inquiet, mobile, avide de jouissances, ennemi de la contrainte; c'est cet âge qui ouvre avec un si dangereux empressem.ent les yeux à l'a vie pour en d'écollvrir tous les charnles . . . L'enfance est légère, in­appliquée, présomptueuse, violente, opiniâtre ... » Nous pour­rions all'onger ce dyptique car l'auteur a regardé longuement et connaît fort son sujet.

Ensuite, comme nos conteniporains, Mgr Dupanloup a porté un culte fervent à la force, an développelnent de l'homme.

Qu'est-ce que l'éducation selon sa pensée? Qllel'le est son idée .à la fois la plus haute et la plus siniple ? Voici:

«Cultiver, exercer, développer, fortifier et pOlir toutes les facultés physiques, intellectuelles, morales et re~igieuses qui constituent dans l 'enfant la nature et la dignité humaine; donner à ces facultés leur parfaite intégrité, les ét~blir clans, plénitude de leur 'puisance et de 1 eu!' action; , .

Par là lormer l'homme et le 'préparer à servir 1ft patrie dans les' diverses fondions sociales qu'il sera appelé un jour à remplir pendant sa ' vie sur la terre;

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Et ainsi, dam:. une pensée plus haute, préparer l'éternelle vie en élevant la vie présente, telle est ] 'œuvre, tel est le but _de l'éducation».

S'il s'agit de la vie de l'esprit, la recherche de la force est indispensable: , , , . ,

«Si les soins de maîtres et les efforts des eleves n aboutlssent a déve ~opper, à étendre, à élever, à affermir les 'facultés, s 'ils se bornent, par exemp~e, à pourvoir l'esprit de certaines connaissances, à les y emmagasiner, sans ajouter à sa force, à son étendue, à son activité naturelle, l'éducation n'est pas faite; il n'y a là que l'instruction' il n 'y a pas cette grande et belle chose qu 'on appelle l 'Education». -

Et voici qui est encore pIns énergique et plus clair si possible: «L'Education est une œuvre dé forc e, en ce sens qu'elle a surtout

pour but de fortifi er celui qu 'ell e élève: elle doit fortifier son esprit , son cœur, sa volonté, sa conscience, son caractère, fortifier en mêm e temps son corps et ses facultés physiques;

Développer sans fortifier et mùrir, ne serait qu 'un e éducatioll vaine et sans vigueur, une œuvre trompeuse, E'-ans consci ence, Sél ilS

fruit et sans vertu.

Développer sans fOl'tifier, c'est le plus souvent anéantir. Et cp­

pendant, quoi de plus commun! Je ne sais en vérité, si en fait d'éd ll­cation , il y a péril plus fréquent vice plus universel. N'est-ce pas le péril de toutes ce~ études multipliées et par là même si superficjelle;;; à l 'aide desquelles aujourd 'hui tant d'éducations imprudentes chel'­chent à donner aux enfants un dévelor-pement exagéré dont ils ne son t capables qu'au détriment de l'intégrité naturelle de leu es hl,­cuItés? petits prodiges à quinze ans, au temps des examens, ensllite sots toute leur vie, aurait dit Mme de Sévigné.»

Cette œuvre de force qu'est l'éducation doit se faire au profi~ de tous , des paun'es comm.e des riches; voici à ce sujet de qUOl

réjouù: nos démocrates les plus ardents . «L'homme du peuple t\'applique à d'autres choses, il étudie d'au­

tres choses que le négociant et)e magistrat; il en étudie, il en sait moins, c'est dans 1 ordre ; mais qu'il sache bien , qu 'il sache même mieux ce qu 'il doit savoir, qu'il ait autant d'esprit et quelquefois plus! . '. Si ses connaissances ne t'Œ1t. pas aussi variées, il faut qu ' elles soient aussi exactes, aussi vraies; H importe que son esprit soit aussi juste, que son bon sens, ce grand maître de la vie humaine. c-omme dit Bossuet, soit puissant et fort; en un mot, il ne lui faut dans son instruction ni dans son esprit rien de médiocre , rien d'imparfait, Tien de faux, de faible, de défectueux». Et que tout le re~tE:- chez lui , cœur, volonté, corps, aille de lavant!

Allons plus loin; Mgr Dupanloup n'est-il pas bien lTIoderne même par son culte du jeu, de la vigueur physique?

Sa vie rapporte à ce sujet une scène fort belle: «Un jour, il menait une palpitante partie de barres au cerceau: dix d'un côté, dix de l'autre; neuf de ses compagnons étaient prisonniers; il ne restait que lui à prendre. Hélas! la fin de la récréation arrive, au grand regret

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des enfants de n'avoil' pas le temps d 'achever leur victoire. Alors, il ordonne, non pas au soleil, mais à la cloche de s 'arrêter jusqu'à ce que la partie soit ac'hevée. Cris de joie, trépignements des enfants; toute la. maison se groupe 3ur deux rangs pour assister à cette lutte suprême; les dix riva.ux étaiel~t là, leurs cerceaux en arrêt, gardant toutes les avenues de leurs pl"isonniers. Le prendrait-on? Délivrerait­il ? Après quelques minutes d'une fièvreuse anxiété, tout-à-C'ouI- -, il lance avec une -vigueur et une adresse égales son eerceau à travers tous les cerceaux adverses et délivre. Applaudissements universels. »

Le tableau n'est-il pas charmant et comment un tel maître n 'aurait-il pas été aimé, comment n'aurait-il pas apporté des soins soutenus à la bonne formation de la santé des jeunes?

Il réclamait, en effet, ces soins avec une constance remar­quable: « La société humaine, déclm'e-t-il, a fait d 'incontestables progrès dans l'ordre matériel. Sans donner à ces progrès une im­portance et une place qui ne leur est pas due ., nous ne devons pas leur refuser celle qui leur revient ... L'éducation physique n 'a sans doute pas pour but de flatter ici-bas les sens et leurs mau­vaises inclinations, mais bien de rend're l'homme, corps et âme, aussi sain, aussi fort , aussi indépendant que possible des accidents extérieurs . Sans une constitution forte, l'homme le plus intelligent et le plus laborieux est réduit à l'impuissance. Triste jouet des' maladies, il se trouve arrêté à chaque pas dans la carrière. Les lettres, les sciences, les arts , les métiers les plus humbles comme les professions les plus élevées, rien n 'est possible sans le sec urs d'une bonne santé.

«Les instituteurs dont la religion inspire le dévouement, n e doivent pas laisse!' le privilège exclusif de l 'éducation physique aux institu­tions mondaines et aux prospectus fastu eux de certaines maisons d'éducation».

C'est bien dit et fortement, et l'évêque d'Orléans ainsi COl1-

valincu entre en des détails infinis sur le bon air, la bonne nour­riture, la vie rég'lée, l'exercice et les jeux, l'a température COll-·

venable, la propreté, les soins médicaux. L'autoritaire Mgr Dupanloup est modeI'ne encore par nO'

principe d'éducation assez contradictoire, semble-t-il, avec sa na ­ture et tout à fait du dernier cri. Il veut que la formation se fasse­par le respect de ra liberté de l'enfant. Oui, il réclame la liberté" aussi bien et mieux que Rousseau, avant les écoles -nouvelles, avant tous les libérâtres de notre temps.

On respectera dans l'enfant la dignité de sa nature, la liberté de son intelligence et de sa volonté.

«Qui que vous soyez, s'écrie l'auteur, prêtre ou laïc, instituteur' ou père de famille, quand il est qu~stion de l'éducation religieuse ou morale des enfants, vous ne savez rien, si vous ne savez que comman­der, que contraindre, que faire exécuter la loi morale et évangélique~ Vous n'avez 'pas même compris les premiers éléments de l'éducation

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les âmes ... Quand il est question de Dieu et de la religion, de l'homme ,et de sa conscience, frapper, reprendre, corriger n'est rien; il faut aimer». Ce respect du ' maître pour l'enfaIit, POUl' la dignité et 18

liberté de l'enfant, éclatera, par exemple, dans la politesse du maÎtl'è à l 'égard de son disciple.

«Il est à regretter, dit notre auteur, 'que depuis quelque temps, la ruclesse et la vulgarité commencent à s 'introduire dans la plus ha.ut.e éducation elle-même, que l'impolitesse et la gros&ièreté collégiennes , tendent à devenir proverbiales .. . Quand le respect manque au fond cles âmes, la politesse doit manquer au dehors».

Il semble donc bien que la modernité de Mgr Dupanloup' est ,incontestable, que ses préoccupations sont les nôtres, que son lang~ge n'a 'pas vieill'i. Cependant combien de maîtr~s de notre temps ne le reconnaissent pas comme à l::l page! CombIen - nous nous en tenons _ au domaine pédagogique faisant volontairement abstraction d'es 4ivergences lnorales et religieuses - le croient dépassé, depuis longtemps périmé, usé, cléulOdé! C'est que Mgr Dupanloup fut un ami de la ll1csure dans son jugement SUl' l'en­j'ant dans son culte de la force et de la liberté, alors que trop de doctrines contemporaines pèchent par un exclusivism,e ou une ,outrance regrettables . l'é, êque d'Orléans demeure moderne, très moderne, lnais d'une saine modernité.

Pour lui, l'enfant nlêle les grandeurs et les débil'ités' il porte de r edoutables conséquences d'une faute commise autre­l'ois par l'e chef de sa race. L 'enfant, le vrai , celni que nous ren ­controns, que nous élevons, ne s appelle pas Emile. Ajoutons ·encore le portrait de la jeune fille .

«Les petites filles de neuf à clouze ans, nous dit-on , ont un e flam ­me vive et aimable, une sorte de virginité d 'impression et d' enthou ­siasme pour le bien qui s 'affaiblit avec l,es années; leurs organe~

délicats permettent bien plus que l'on ne seraH porté à le cl'oil'e: .. La précocité de leur esprit est étonnante et souvent redoutable. LeUt' vive nature éclate volontiers en rir'es et en larmes; leur curiosit(, appelle l'instruction ... ».

Pourtant appar,aissent déjà saillants certains graves défauts: J'6goïsme, la jalousie, l'entêtement, le mensonge, la vanité surtout.

Mais les voici à l'âge ingrat: «Toutes les institutrices dévouées et expérimentées des jeunes filles s'accordent à reconnaître qu'il n'y a pas de moment plus critique que celui de lem.' adolescence: l 'égoïs­me se déclare aloI':::' en elles avec une acuité nouvelle; elles feront tout pour la réputation . Il faudra proposel' un objet à leur imitation , un objet à leur amour, sous peine , de les voil" entrer dans le faux"l vide, peut-être à jamais.»

Puis voici les dix-sept ou dix-huit :lns et l'on vnlt deux caté­gories de jeunes personnes: les effacées, sans ,rien de ~olide, riel~ ,d'élevé, rien d'actif; les autres qui ont tr()l1"(~ déjà le pomt d appm de leurs progrès fu turs .

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Vraiment, la connaissance de 1 âme ne date pas tout ù fait de l'établissement des laboratoires de psychologie!

La mesure, le doigté, la raison, tout cel'a aussi est chose bonne dans le culte de la force, du développelnent des facultés. C'est qu 'il y a la force du corps , la force de l'intelligence ,cene de la volonté ; il y a les valeurs matérielles, les val'eurs d'e l'esprit, les valeurs morales et elles ne doivent pas être établies sur un mên~e degré. Quiconq,ue a le sens de la l11.esure l'etH donne la place qui convient. '

Or, Ii>ngtemps le XIXe siècle eut le culte exagéré de l'esprit, le culte de la science. Les conséquences en furent' fâcheuses: « Nons avons porté tous nos efforts sur la conquête du monde extérieur, disait Payot. Nous n'avons fait ainsi que doubler nos, convoitises, qu'exaspérer nos désirs et, en définitive, nous 'SOnl)lleS plus inquiets, plus troublés qu'auparavant. Les conquêtes exLé­rieures ont détourné notre attention des améliorations intérieures. Nous avons laissé de c<3té l'œuvre essentielle, l'éducation de l~ ,'olonté. )}

Ensuite, devant d'es périls grandissants , on "ollh~t se ressaisir. Payot lui-même, Eymieu, Guibert, Fonsegrives, Fœrster, Adler" Eucken, Saitschick, Dubois, Paulsen, d 'autres encore tentèrent de remettre en honneur la ,olonté. Il était sans doute trop tard , ou leurs efforts furent b:op peu soutenus: la grande guerre vint 'montrer l'insuffisance des dnctr-ines intellectualistes, d'u fétichis­me de la science.

Depuis, certains ont rêvé du salut , se levant au Nord ou ù l'Orient; d 'autres désespérant de l'idéal, descendent hourgeoise­m enl aux sports , à la culture physique presque excl'usive.

Mgr Dnpanloup avait réclamé comme toute la tradition ca­tholique, d'abord la formation morale du peuple.

«Un peuple bon, honnête, ehrétien, elit-il, est comme la base gni.-nit.ique d'une nation ... De mème que dans les couches profondes du '01, circulent quelquefois de puissants fleuves qui ne jaillissent p8~ toujours à la suface, mais promènent partout où i ~ s passent hl fé­condité et la vie, de même dans les familles ropulaires chrétiennes Dieu a déposé comme de grands courants" de merveilleux trésnrs d'humbles vertus, qui sont ce qu 'un peuple a de plus vital et cle plus précieux».

Puissent nos contemporains se rappeler cette leçon 1

Si Mgr Dupanloup est l'apôtre de la l'iberté, il est a llssi le' défenseur et combien chaleureux de la discipline. du trClvail, de ['Clutorité qui organisent la vraie liberté.

«La discipline, lisons-nous, est à l'éducatiori ce que l'écoree est à. l'arbre qu'elle entoure; c'est l'écol'èe qui retient la ~',è ve, qui la gal'cl'e qui la dirige, qui la force de monter au cœur cle l 'arbre, de se ré­pandre dans les fibre's et dans les rameaux pour les· nourrü' des sucs les plus purs de la terre.» «La discipline écarte les da'ngers que COUl'--

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rait l'innocence ... , elle maintient par là les bonnes mœurs ... Les bonnes mœurs conservées· donnent au corps une vigueur admirable; elles rendent l'es,prit plus vif le jugement plus actif et plus sûr, la mé­moire plus fidèle ... »

La dïscipline ,suppose le travail et c'est une nouvelle leçon dont nous avons grand besoin. L 'auteur la donne même avec une vigueur particulière:

«Il faut, rérétait-il, r etr emper dans le travail toute notre génér a­tion. C'est là qu'est le salut, et, avec la religion, il n 'est que là . Il y a même des moments 'Où la religion n e suffirait pas seule. Il y a des heures où la piété, la piété ordinaire du moins, devient com:rAe impuis­sante: il faut y joindre le travail le plus grave de l'esprit ... La loi du travail est la grande loi de l'éducation humajne. Nul n 'est fa i t ici-bas pour n e rien faire. Toute créature intelligente et libre est essentiel­l em ent destinée à l 'a ction ... Le talent principal de-l'instituteur consiste à faire entrer courageusem ent son élève dans la voie du travail et de l'application personnelle: travail ou exercice du eorps; travail de l'esprit qui forme le jugement, le goût, le l'ai s-onnement, la mémoire l'imagination; travail du cœur, de la volonté, de la conscience qui forme le caractère, fait naître les penchants honnêtes, les habitudes vertueuses. Da ns l'éducation, ce que fait l 'éducateur, par lui-même est peu de chose, ce qu 'il fait fair e est tout. Quiconque n 'a pas enten du cela n'a; rien comr'l' is à l'œuvre de l 'éducation humaine».

Mais la liberté et le tra vair supposent l'autorité, parfois ven­geresse, plus souvent bienveillante. L 'éducation est un e œuvre d'autorité.

«Un jour, racontent les «Souvenirs de Saint-Nicolas», c'éta it au moment de la distribution des prix, pendant une récréation d 'un quart d'heure qui la précédait; nou::" étions tous dans la cour, rangés sur deux rangs, le long du mur de la chapelle, attendant le signal des jeux. Les fenêtres de l'appartement de lYI. l e Supérieur (l'abbé Dupanloup) étaient ouvertes au-dessus d e nous. M. l 'abbé de Chauliac remarqua qu'un élève sortait de l 'alignement. Il invita, avec la plus parfaite convenance de langage, suivant l'habitude de toute' la clirec­tion, cet élève à rectifier sa position. 11 répéta son i'nvitation ;' l 'élèv e. refusa net d'obéir. En ce moment, une voix qui semblait venir du ciel, retentit au-dessus de nos têtes, appelant le rebelle par son nom 'avec un aecent dont nou.s avions eu le temps d 'étudie!' la signification. Il monta tout tremblant à cet appartement dont if1 n'?vait ras vu les fenêtres ouvertes. Quelques instants après nous le cherchions va in e­ment dans nos rangs, pendant la distributioll des prix.»

D'ordinaire, l'autorité en M. Dupanlonp était bienveillante. dévouée, toute faite pour aider, encourager les âmes.

«Il faut suivre les enfants, déclara it-il , les poursuivre san s cesse, avec douceur, tendresse, fermeté, indul genc e. Tant qu'un enfant ne

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\ 8 pas bien, il ne faut pas le pereire de vue; il faut qu 'il soit constam­ment. averti, exhorté, r epris, encouragé, partout, pa.r tous, en toute occaSIOn, et cependant toujours à propos Et sans le fatio·uer. Pour moi . ...... b ,

J ~ ne cessal~ JamaIs, J y m ettaIS le temps, quelquefois un long temps; J Y emplo~aJE: tout le monde, ]e confesseur, les professeurs, les élèves les r-lus .pIeux et les plus aimables de la maison, les parents; je m'y employa IS plus qu e pel'sonne; je r emporta is enfin; 18B âmes n e SE' gagnent qu 'à ce -prix».

«Il m'est souvent arrivé, dit-Ïl encore, de les faire venir cher. moi, de leur parler t endrement, patern e'J em ent. Vous êtes triste mon enfant; eela n e va pas" vous me semblez moins heureux' v~vons

' A t ' .J ,

nees-vous pas devenu moins bon ? .. J 'ai vu souvent a lors de pauvres enfa nts fondre en larmes, me regarder avec confusion et attendri sse­ment, se jeter entre me~· bras. Tout était sauvé».

9~·Ie ?e langage à la foi s ferme e t tendre nous remet de tant de lll~l~enes contemporaines et comme on prolongerait volontiers le plaISIr de 1 entendre! Mais il' faut se borner. Nous nous arrête· l'ons à ce trait. A entrer dans les détails, notre article se conti ­nuerait longtemps, toujours révélateur, croyons-nous, du bon sens et de la vraie modernité de Mgr Dupanloup.

Arrivé au terme de son traité, Mgr Dupanloup pouvait se rendre le , .témoignage d 'avoir étudié l'éd ucation profon.dém ent sous ses (!we]'s (/sp ects.

.«Nous avons considéré l'éducation, elit-il, dans sa plus haute ori­gine, dans celui qui en est le premier a u teur, Dieu; clans ceux qui e n sont les Obj ets, l es enfants, ces a im ables cr éatures elont on FI, pu clin' qu ïls font toujours tout craindre et tout es'pérer et erui sont tou t l' éwen il' ; dans ceux auxque's est confiée cette grande tâche cl'é:evel' les enfants, le père et la mère el 'abord , représentants et (Iéléo'ués im­médiats d e Dieu , puis les maîtres, rerrésentants et délégués rl e ~ pa­rents et nous n'avons pa.:· Cl'aült de consacrer un volume entiel' èlU :\

Hommes de l'éducation.

Nous avons considéré cette œuvre en elle-même, da ns ses g rnnds ca r actères qui en font une œuvre de respect, cl 'autorité, de clouc; ul' et d e force, de labeur surtout; clans son étendue, car elle ne s 'applique pas seulement à développer l'intelligence, mai s à élever l'âme toute entière, à former tout Filomme ; elle n 'e~t pas seulement l 'instructio n , ell e est l'éducation.

Ici, nous avons traité des grands moyens de l'éducation : la reli­gion, l'instruction, la disciplin e et léS soins physiques.

Nous avons pai'lé eles lettres si bien nommées les Humanités. r 'a l' ce qu 'elles nous font pl us hommes et nous avon s e&sayé d 'envisager ce grand sujet sous tous &es aspects, soit en lui-même, soit dans di­gnité et sa fécondité, soit au regard des autres moyens de culture intellectuelle, les arts et surtout les sciences.

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Kous n 'avons pas crain t cl'entrer clans tous l e~, d étails pl',,1 i ;(lU f..','

SUl' les moyens de r éc1 ueation, ses industries, ses méthodes, son 0 1 -

ganisa tion,

Nous n'avons pas cru devoir now:" en teni r là.; mais, consldt"l'Hnt. <IUC l'inf iu ence de l:éducat.ion peut se conserver ou se l"el'dl" >, 1 seS

meilleUl's résultats se consel'V81' ou se perdre ou se perfectionn er è ll­

core pal' la continuation ou la cessation de la culture illtelJ ectu ell' , qu'en un certain sens, l'homme doit continuel' toute sa vle ~,on é lul'n­Lion parce qu 'il peut et doit ,toujoUJ.'s s'élever, sou s pein e cl'oublil'I' eL de descen clr e, nous avons ' adressé sous une form e dil'ecte 8 \ l' , lf

manière cle le ttres ou d 'entretiens, ClUX jeunes gens et a ux honHil~ s

<lu monde un ensemble de con«, ils pratiques pour les guidel' Il:,'U1 i; I t-IS

étud es et les travaux que r éc lament l eur position et la clig LlÎ V> 1, leur â-ge mùr».

El voici ce que l'autenr aurait pu à jouler pour résumer de 'maîtresse façon la diversité de ses écrits sur l 'éducation:

« Tous avons étudié les qualités et les défauts de la femm CI '1 U x c1iverses étapes de son développement, sa destinée personn elle, fnwi- , hale et sociale; nous avons proclamé bien haut que pOUl' elle, sïns" truire est non seulement un droit, mais un strict devoir; (Ju e SOIl

ù1telligence l par exemple est faite po ur les connaissances les plu s hautes et les plus variées,»

Mgr Dupanloup a, en effet, exploré cet immense champ de j'éducation humaine et il a porté partout la lumière du christw,­nisme et celle de son expérience. II a beaucoup tra\'aillé, beau coup rérIéchi, beaucoup aimé. II fut très grand et le demel.1l e dans le domaine de la péàagogie qui est le point d'e yue où nous 11,o\ !S

s<imm.es placés.

Nul ne peut, aujourd'hui, contester l'utilité du téléphone. Il est indispensable au commerçant, à l 'industrie et à une infinité d 'entre­prise, comme aussi au médecin, à la sage-femme et aux hôtipa U:\:.

On peut affirmer que, suivant les circonstances dans le $,quelles .on se trouve placé, savoir téléphoner peut rendre d 'inar·préciables se\'­vices. La li ste officielle des abonnés au téléphone contient toutes les indications nécessaires pour apprendre à téléphoner, que l'on &e trouve dans un réseau à batterie locale ou à batterie centrale, ou q.ans un réseau à service automatique. Malheureusement, le public moderne, toujours pressé, ne se donne pas la peine de lire ces textes,

'\:le sorte que le but recherché ne peut être atteint par ce moyen.

On a aus3-i fa it savoir, en 1925, aux 160,000 abonnés du réseau suisse qu'ils peuvent visiter leur station centrale et se faire donner gratuitement les explications désirés. L 'invitation a porté ses fruits ,

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car nombreuses furent les 80ciété8., associations, é('oles ordinaires et spéciales qui , et tou t spécialement les dimanches d 'hiver, ont visité des bureaux. Mais de nouveau le but recherché n'a été atteint qu'en partie, cal' la jeunesse au-dessous de quinze ans ainsi que le public de ] 80 campagne n 'ont pas participé aux visiteE" des offices. Chaqup opératrice sait combien il est parfois difficile de satisfaire la clien­tèle, du fait que le demandeur d'une communication ne sait pas s ,~ , prendre. le trafiC' du dimanche est des plus instructifs à cet égard. Ce ne sont plus, comme les jours de semaine, 95 cümmerçant3' 'ou hommes d'affaires, clients habituels, et peut-être cinq personnes ' de la campagne, mais plutôt, à côté de quelques commerçants, 60 personnes privées (ménagères, l'es Laurant3., confiseries) et un bon nombre de personnes de la campagne venues 6n ville , dont' l 'habileté à se servir du t éléphone est moindre, On ne peut naturellement leur en faire un reproche, et le calcul de la présence du personnel' le di­manche est obligé de tenir compte de ces faits.

C'e8,t pourquoi l'administration suisse des téléphones estime qu 'ell e l'end service à la population clans son ensemble, non seulement en Rssura n t une bon11e exploitation téléphonique, - c'est du reste sa raison d 'être, - mais en l'initiant déjà SUl' les bancs de l 'école à l'usa­ge du téléphone. Aprè& une période d'es&ais, dont les résultats ont été taxés d 'heureux pal' les autorités scolaires elles-mêmes, les of­fices d 'exploitation ont reçu ces derniers mois , de leur Direction géné­rale, l'ordre de s'entrendre avec les autorités scolaires de leur région pour que l'us,age du téléphone soit enseigné à tous les élèves des écoles, c'est-à-dire qu'il soit inscrit au l:,rogramme scolaire, en com­mençant par les villes et en continuant à la campagn~ partout où l'on trouv'e un terrain favorable. A l 'avenir, aucun jeune homme ni au­cune jeune fille ne devrait, en principe, quitter l'érol e li, 15 ou lG ans sans avoh' eu l'oC'casion d 'avoir demandé et obtenu qu elques com­munications téléphoniqres locales et interurbain es. En outre, il est prévu de donnel' la même instruction , jusqu'à nouv el avis, dan ~' . les , écoles spéciales tell es qu 'éco'es cl 'agricultur e, écoles de comm erce, écoles hôteJières, etc,

L' enseignement aw·[\. avan1 tout un ca"actère pratiqu e; lc',-; r. :xp ' ~ .. ca Lions sur le fonctionnement du microphone et du récepteur, CCfi] !)l P

aussi des différentes parties de l'appare il , seront, suivant l C;c:gï'l; (lrs classe& et l'àge des élèves, soit r édui tes à un minimum, soit com­plèt '3ment supprimées. Par contre, on ne se bOl'nera p as t\ expliquer comment il faut s 'y prendre pour demander ~a communicAtion et dp quelle façon elle est ét.ahlie , mais on ' donnera aussi des rense jgne­ments SUl' la mélllière de procéder lors cl es ffi111i1l1es petits inci<l l'nt.~'3 r.t dérangements qui p euv8nt se produire , Cette instruction se dOIlll l'ra (le préférence par le maître de phYEique, auqnel l 'office téléphonlqllP Rdjoindra soit une surveillante qualifiée f'Oit un fonctionnaire bien <m courant ùCs menus faits du service. Il va sans dire que eette ins , truction compr enclra un e visit e à l'office. Les appareils seront ex-

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clusivernent du type de table ou du tyre mural avec microtéléphon e

. Chp'que écolier devra demander au moins une communication locale, une communication régionale .t une communication interurbaine à grande distance; si l'élève se trouve dans un réseau à service auto­matique, il apprendra à se servir du disque. Les communications internationales seront eXclues- Lors de ces essais, qui devront avoir lieu pendant les heures de faible tratic (après-midi) , les éco;\e

r,

pourront converser soit avec des connaissances, soit avec des écoliers d'autres localités. Toute, ces conversations seront gratuites. Les éeo­liers devront être absolument convaincuS que le téléphOne fonction

no

bien. La surveillance qui IJarticipera à l'em.eignement

fera rapport , à son chef, des observations et réflexions 'lue lui auront suggérées les questions posées par les écoliers, pour autant qu'e'les pourront être de quelque utilité pour le service. En outre, elle remettra à chaque écolier un exemrlaire cles cliverses brochures de propagande.

Bibl iogra P hie Petit Annuaire de la ConfédératiOn Suisse 1929 . . Edition Chocolats Suchard.

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