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4 JANVIER 1960 IVME ANNÉE L·ECOLE VALAISANNE

L'Ecole valaisanne, janvier 1960

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Page 1: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

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Page 2: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

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N° 4 - Janvier 1960 L'ECOLE VALAISANNE IVe Année

SAVOIR DIRE NON

Le 22 décembre dernier, le Conseil général de Sion, après un débat ' animé, prenait la décision d'interdire à tout enfant en âge de scolarité certaines compétitions «sportives» de genre spécial comme la boxe et le catch, ainsi que toutes manifestations nocturnes en période scolaire. Bravo pour ces Messieurs, Président de la ville, Commission scolaire, Conseillers géné­raux et lnunicipaux, qui ont eu cette sagesse et ce courage!

Tous les vrais éducateurs, tous les parents soucieux de l'avenir moral de leurs enfants approuveront cette décision.

Avec le personnel enseignant du canton, l'ECOLE VALAISANNE $e réjouit de cette m e::u.re.

Certains ont protesté avec véhémence, au nom du sport et de la liberté des parents.

Mais ni le Sport ni la Liberté ne sont des absolus.

On pourrait fort bien appliquer au premier ce que Madame Roland disait de la seconde: «0 Sport, que de crimes on commet en ton nom!»

En quoi est-ce servir le Sport que, d'autoriser des enfants et des adolescents à s'exciter autour d'un ring, cl stationner jusque vers 23 heures sur les gradins d'une patinoire, dans l'immobilité ct peu près complète, dans le froid, parfois sous la pluie, cl s'égosiller pour ou contre des joueurs jusqu'à en perdre la voix, ct endurer les réflexions sans aménité de tel adulte chauvin sur la malchance d'un hockeyeur ou les «coups tordus» d'un autre?

Nous, les maîtres, nous sommes bien placés, le lendemain, en classe, pour en constater les résultats: somnolence invincible, leçons pas sues, attention et concentration impossibles ... quand ce n'est pas une grippe ou un gros rhume qui retient l'élève cl la maison, sans surcroît d'explication! Et chez les adolescentes, ces conversations et ces rêvasserie~ langoureuses sur leur vedette préférée, cet athlète si complet, ce beau ravisseur de puck, dont on apprendra plus tard les étonnantes faiblesses.

Un soir de février que je l'entrais à Sion par l'omnibus de 22 h. 40, je trouvai la gare littéralement envahie par une foule de 400 cl 500 jeunes qui se précipitèrent vers les wagons, gesticulant, hurlant, s'agrippant aux marchepieds, invectivant le personnel de la gare et récla­lnant des voitures supplémentaires. C'était un beau chahut, né spontanément de la griserie d'une victoire ou de la rancœur d'une défaite, je ne sais, un beau chahut dont furent peu édifiés les voyageurs du train: il y avait eu derby de hockey Sion-Sierre.

Je ne suis pas ennemi du sport. Comme tant d'instituteurs suisses, j'ai même fait un diplôme à Macolin. Durant trente ans, je fus plus souvent sur le stade qu'autour des barrières. Je pOLlrrais dire C01mne d'autres la joie tonifiante de l'effort, la valeur éducative du fair-play ct du jeu d'équipe. Mais quel pauvre plaidoyer quand on n'a pour défendre la cause du sport Cjue sa carte de supporter!

La liberté des parents est évide111ment un argument dont il faut tenir compte.

En théorie, les parents sont libres d'élever leurs enfants cl leur guise, de leur permettre - ou non - l'assistance à un combat de boxe, à un match de foot ou de hockey «en nocturne».

Mais si l'on abuse de cette liberté, si les parents sont assez aveugles pour ne point voir les conséquences fu.nestes de leur conduite, la société, par ses représentants, a le droit et le devoir d'intervenir.

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Que ce soit au chef-lieu, dans les villes et bourgades de la plaine, ou dans les stations de la montagne, trop de parents ne font plus leur devoir. Des garçons de quinze ans à peine, des adolescentes de même âge courent les rues jusqu'à une heure avancée de la nuit, s'incrus­tent au bar, autour des machines à sous, en écoutant des rythmes trépidants. L'été, c'est la piscine matin et soir, tandis que papa et maman vont chacun à leur travail. La piscine, c'est si commode! Et on est en sécurité: il y a un surveillant! L'hiver, on les envoie à la patinoire, à Sierre, Sion ou Martigny. C'est encore très commode: il n'y a pas de contrôle d'âge, comme au cinéma. « Tiens! voilà pour ton train et pour ton petit goûter. Mais tu rentreras pour le souper, n'est-ce pas? »

Dans tel jardin public, les soirs d'été, les gamins s'amusent à surprendre les couples avec des ... lampes de poche! C'est un jeu bien innocent, diront les gens aux idées larges, qu'y voyez-vous de mal? Aucun mal naturellement, pas même cette découverte un peu brutale de l'amour que peut faire un gamin de douze ans, ni ce travail inconscient qui s'opère en lui les jours suivants, ni ce désir inavoué d'agir comme les adultes dès que ['occasion s'en pré­sentera, dût-il brusquer et provoquer cette occasion. Tout est parfaitement innocent, comme vous le voyez. On m'a parlé d'autres scènes, innocentes aussi, qui se passent en appartement privé, où de petits jeunes gens et jeunes filles renouvellent à leur échelle LES TRICHEURS ou LES QUATRE CENTS COUPS. Ne croyez pas que j'invente; c'est la triste réalité.

Dans son sermon de la messe de minuit, à la cathédrale, Mgr Adam, en des paroles très dures, a condamné l'esprit de démission de certains parents. Venant après la décision du Conseil Générale, les paroles de notre évêque ont en quelque sorte valeur d'approbation.

Tout le monde a entendu parler des «Blousons Noirs », cette jeunesse dorée, gavée, trop libre qui a désappris - ou n'a jamais appris - la vie de famille, l'obéissance, le renon­

cement à une fantaisie ou à un plaisir.

Récemment encore, les Blousons noirs ont fait parler d'eux, la nuit de St-Sylvestre.

Lisez plutôt :

Copenhague : « La jeunesse barricada des rues, arracha des pavés pour briser d'innom­brables vitrines de magasins et vitres de voitures, alluma de nombreux incendies sur la chaussée dans divers quartiers de la capitale . .. »

La Haye: «Des bandes de jeunes voyous ont allumé des bûchers m:ec des sapins de Noël, puis les ont entretenus avec les planches des ponts qui enjambent les canaux, des pla­ques d'asphalte arrachées des trottoirs, de vieux pneus. Rapidement les flammes sont devenues menaçantes; les pompiers et la police ont dû intervenir, mais ont été reçus à coups de pavés par les jeunes voyous. La police a dû charger au sabre et les pompiers ont mis en action leurs lances à incendie contre les assaillants. La lutte a duré jusqu'à 4 h. du matin .. . » .

Lisbonne : «Après les douze coups de minuit, des bandes de jeunes gens ont manifesté bruyamment, cherchant à renverser les voitures et à arracher les trolleys des tramways ... La police a dû charger. Il y a des blessés de part et d'autres .. . »

Paris : La nuit de St-Sylvestre, certains voyous s'attaquent aux femmes et aux jeunes filles , cherchant à leur arracher leur sac à main, brisent les vitres des voitures, crèvent les pneus, rouent de coups les passants qui les prennent à partie ... »

Naples: La police s'empare de cinq tonnes de pétards et de feux d'artifice fabriqués illégalement afin de restreindre le volume des explosions qui marquent les fêtes de l'An et en font un véritable pandémonium ».

« Toutes ces manifestations écrit René Leyvraz présentent le même caractère d'absurdité. On rosse le passant non pas parce qu'on lui en veut, mais pour faire quelque chose. On ren­verse l'autobus afin de démontrer une présence collective . Les barricades 5, 'élèvent pour rien.

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On sent derrière ces excès un mortel ennui, le poids d'une société vidée de sa substance vitale .. . Ces jeunes? on ne leur donne rien à aimer, rien à servir. Leurs aspirations confuses s'expriment par l'alternance de passivité et de brutalité ».

Quel beau monde que le nôtre !

Il serait intéressant de savoir ce que font les parents en cette même nuit de Saint­Sylvestre. Les imaginez-vous dormant du sommeil du juste? Si oui, n'est-ce pas l'esprit de démission, l'infraction majeure à leur devoir de VIGILANCE? Sont-ils eux-mêmes dans qllelque restaurant sélect avec menu à sa fr., champagne et cotillon? Ils se sont débarrassés des plus jeunes en les envoyant au lit et ils ont donné un billet à chacun des aînés:

- Tiens! voilà pour ta Saint-Sylvestre. Va où tu voudras. Mais pas d'excès, hein! »

Et quand le lendemain la police leur ramène leur grand garçon matraqué ou leur fill e compromise, la maman lève les bras au ciel :

« Mais qu'est·ce que j'ai fait au Bon Dieu pour avoir des enfants comme ça?»

Ce serait parfaitement ridicule, si ce n'était d'abord infiniment triste.

Démission des parents d'abord.

Des fa its récents prouvent que la génération des blousons noirs r.ontient d'immenses réserves de générosité et de désintéressement. Après la catastrophe de Fréjus, des milliers de garçons et de filles proposèrent leurs serv ices; des centaines passèrent leurs vacances de Noël sur les lieux du désastre, aidant les sinistrés, remuant la terre et la boue pour remettre un peu d'ordre sur le terrain encombré ...

Les premiers coupables sont donc les parents, oublieux de leurs devoirs, égoïstes, jouisseurs et faibles, qui n'ont pas su donner le bon exemple . ..

Dieu merci! Tous les parents n'en sont pas là!

Il en est qui savent encore dire NON.

Il en est qui ne démissionnent pas devant les exigences de leurs enfants, qui mettent la fOr/nation morale d'un garçon et d'une fille avant l'égoïste paü:-à-tout-prix .

Ceux-là sont les meilleurs collaborateurs des maîtres.

Je voudrais dire un jour leurs mérites et les citer en exemples.

Quant aux autres, les démissionnaires, ceux qui ne savent pas dire non aux caprices de leurs enfants, qui les soutiennent ouvertement contre les maîtres, la v ie se chargera, demain, de leur ouvrir les yeux .

Ils ont eu peur de faire pleurer leurs gosses.

Ils pleureront eux-mêmes plus tard.

Crocus

L'adolescent méprise ceux qui lui demandent peu ou pas assez ; il ne suit

que ceux qui lui demandent trop.

F. Charmot

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Page 4: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

A L'ADRESSE DES PARENTS TROP FAIBLES

Les «demi-Forts» sont le nom qu'olt a donné aux jeunes dévoyés d'Allemagne. Quel drame que celui d'une jeunesse abandonnée dont le mal.heur est l'absence d'une authentique éducation familiale!

Dans une revue de Hambourg, un de ces Demi-Forts reproche à ses parents et à la société leur faiblesse de caractère et de volonté.

Cette traduction est empruntée à l'excellente revue belge: «Famille, Collège et Institut» (abonnement Fr . 6.-, Oeuvre St-Augustin, Fribourg) .

Parce que vous êtes faibles, vous nous avez nommés les « demi-forts », et ainsi vous maudissez une génération, contre bquelle vous avez péché, parce que vous êtes faibles. Nous vous avions donné 20 ans de notre vie pour nous rendre forts, for ts dans l'amour et dans la volonté du bien; mais vous avez fait de nous des « demi-for t s », parce que vous êtes faibles ! V ous ne nous avez montré aucun chemin qui ait un sens, parce que, vous-mêmes, vous ne connaissez pas de chemin, et vous avez omis de le chercher, p::ll'ce que vous êtes faibles. Votre «non» bien frêle se plaçait timidement devant les choses interdites, nous n'avions qu'à crier un peu fort, et vous taisiez votre « non» et disiez « oui », pour ménager vos nerfs fragiles, ct vous appeliez cela de l'amour! Parce que voas êtes faibles, vous vou s êtes acheté la paix, tant que nous étions petits, en nous donnant de l'argent pour le cinéma et les crêmes à la glace Ce n'est pas nous que vous serviez ainsi, mais vous et vos aises, parce que vous êtes faibles : faibles dans l'amour, faibles dans la patience, faibles dans l'espérance et faibles dans la foi! Nous sommes des « demi·forts », et nos âmes n'ont que la moitié de notre âge, l1.ous faisons du chahut parce que nous ne voulons pas pleurer après toutes ces choses que vous ne nous avez pas apprises. No:.J.s savons calculer et lire, et 1'0::1 nO"13 a appris à dén ombrer les étamines d'une anémone; n O:2S 5 :1'.-0118 comment vivent les renards et nous connaissons la structure d'une

No:.w m -Oi1J .2u:;:; i appris Q :.'cstel' assiG en silence et à l ever le doigt; D ':lÏC, d~ms EOS villes, il n'y a p as d'anémones, c';: pilJ de renards, ct i: c! sonne ne nous a appris CG~ll.!.I.C:-:~ :rC:l ::- ontrer la vie!

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feuille.

Nous voudrions même croire en Dieu, à quelqu'un d'infiniment fort, qui comprend tout, et qui veut que nous soyons bons. M:lÏs vous ne nous nvez jamais montré quelqu'un qui EDit bon parce qu'il croit en Dieu; vous avez gagné de l'argent avec ferveur, ct murmuré, comme des prières, les résultats des tombolas ! f.:!Iets tes pistolets de côté, Monsieur l'Agent, ct cite-nous une occupation qui soit récompensée. Aimes-tu vraiment l'ordre que tu sers, on bien aimes-tu ton droit à la pension et à l'avancement? Montre si tu es fort comme homme, Monsieur le Ministre, et combien de bonnes actions ~u m acco~nplies dans le secret, en tant que chrétien. Ne sommes-nous pas les caricatures de vos existences trompeuses? Nous faisons du bruit en public et nous chahutons, mais, vous, vous luttez sans répit et en cachette, les uns contre les autres. V O l.lS vous tordez le cou dans les affaires, vous intriguez pour des postes mieux rétribués. Pour chacun d'entre nous faisant du vacarme, ::::on t:.'ez ·nous quelqu'un d'entre vous qui soit bon dans le secret. l _u lieu de nous menacer de vos matraques, lâchez V81'S nous des hommes qui nous montrent où se trouve le chemin, ;lon pas avec des mots, mais avec leur vie ! M:ais vous êtes faibles. Ceux qui sont forts s'en vont vers les forêts tropicales pour la santé aux noirs, parce qu'ils vous méprisent aussi bien que nous. Car vous êtes faibles, et nous EOmmes des demi-faibles. Mère, essaie de prier, car les débiles ont des pistolets.

Si courte que soit la vie, vous laissez longtemps après vous le bien ou le mal

dont vous aurez rempli vos jours. N'eussiez-vous gâté qu'un cœur, combien en

gâtera-t-il d'autres? N'eussiez-vous préservé qu'une âme, combien d'autres ne

préservera-t·elle pas?

M. Rendu

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Page 5: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

LA CORRECTION FRANÇAISE

Conférence donnée par Mme Ferrier, Institutrice à la Chaux-de-Fonds,

à l'assemblée des Institutrices du Valais Romand

Avant d'aborder le sujet, il est utile, je

pense, de le situer, de le limiter, de le définir, de vous indiquer brièvement ce qu'est chez nous la ge, quels sont les pro­blèmes qu'elle pose, justifiant ainsi l'aspect

particulier de notre enseignement, et vous permettant d'établir entre vos classes et les nôtres, ces parallèles fructueux sur qui

s'étayera, je l'espère, un échange de vues profitable.

Chez nous, l'année primaire comprend un

cycle de 9 années, numérotées de l, les

plus petits, à 9, les élèves de 15 ans environ.

Mais, la cinquième finie, de nombreux élèves quittent notre école pour les classes latines: 1er écrémage. Après la 7e, toutes

les têtes de classe et même bien au delà, s'en vont en section secondaire moderne.

li ne nous reste plus que 4 classes de 8e régulières, contre 8 ou 9 classes secondaires de même degré.

Otons encore les jeunes gens qui termi­

neront leur scolarité en suisse allemande. A ce stade, l'école primaire ne garde donc plus que le 30 % des jeunes gens de 14 à 15 ans.

Ceux-là, scolairement parlant, sont des

éléments mal développés, faibles, mais nor­maux: ils n'ont pas doublé plus d'une classe. Ils sont souvent sensibles, quelque­

fois intelligents, mais sans ambition intel­lectuelle aucune, et supportent difficilement le joug de l'école.

Au point de vue social, la situation est

tout autre. Là, d'énormes différences: la fille d'un industriel fort riche y voisine

avec celle dont la mère, veuve ou divorcée, se tire d'affaire par les moyens les plus ....

étranges. La classe compte une majorité d'enfants de milieux modestes et honnêtes,

mais aussi trop d'enfants laissés, en grande

partie, à eux-mêmes, ceux que dès la pre­mière, on appela les gosses à clé, parce qu'ils portaient, pendue à leur cou par une ficelle, la clé d'un appartement où,

personne, au sortir de l'école, ne les atten­dait. Maman, elle aussi est à l'usine.

La Chaux-de-Fonds est, vous le savez, une ville uniquement industrielle. L'horlogerie,

qui absorbe les forces de tous, paie bien.

Mais l'aisance dont on jouit à cause de cela, certains enfants, élevés selon la for­

mule du Panem et circenses, traduction bons repas et cinéma, le paient durement.

La ge garçons prépare au technicum et aux branches de l'artisanat. La ge filles,

elle, est pour les parents qui n'ont pas pu, ou qui n'ont pas voulu, envoyer leur fille à l'école secondaire, une année d'attente, d'attente forcée, quelque chose comme une

voie de garage. Les examens semestriels que nous y faisons sont sans valeur. Nous

composons nous-mêmes les épreuves de notre seule classe, nous les évaluons et personne ne s'enquiert du résultat. Aucun

diplôme de sortie. Mais l.lussi le programme est presque ce que nous voulons. Nous n'avons d'autre devoir que de boucher des

trous. Ecole ménagère, couture, dessin, mo­delage, gymnastique mang~nt 20 heures par semaine. Heures incontestablement utiles.

Mais mesurez le peu de temps qu'il reste pour y loger français, allemand, arithméti­

que, géographie, histoire, solfège et scien­

ces naturelles... Faire un travail appro­

fondi, impossible. Qui porte fruit tout de même? c'est déjà une gHgeure. Dans cette bousculade, cette constante reprise en main,

cette fin d'année toujours trop proche, rien qui rappelle les possibilités de l'école secon-

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daire où avant mon mariage, j'enseignais. Et puis, tant de choses essentielles sont mal

sues, à demi oubliées, qu'on sent, sous ses pas, un terrain toujours mouvant... Re­faire? répéter encore? c'est effroyablement ennuyeux. Mieux vaut céder, reprendre par la bande, chercher à tout prix, pour un mets trop usé une sauce nouvelle ...

Ayez un enseignement pratique, nous dit-on. Il faut voir en ces jeunes filles les

ouvrières, les vendeuses qu'elles seront demain. Evidemment. Mais... pourquoi seulement cela?

Qui m'empêchera, moi chrétienne, de voir sur tous ces petits visages, frais, attentifs ou

trop tôt fanés, un reflet d~ la face de Dieu? Qui m'interdira de souffrir, si je le vois offensé par tout ce que la vie contraint ou

flétrit dans ces regards d'enfants?

Tel est le problème. Après bien des

essais, nous tentons - géographie, his­toire, musique, sciences - de lier tout cela

en un faisceau unique, dont chaque rameau soutient les autres et en tire lui-même un

peu de force. Et, brochant sur le tout, en assurant l'expression et la vie, c'est essentiel et vivace, l'enseignement du français.

Qu'on me pardonne un préambule aussi long. Qu'on y voie seulement, face a des

difficultés psychologiques et sociales par­ticulières, une volonté de simplification, d'unification, de solidité.

Ainsi Claudel, désirait que ses œuvres rassemblassent l'univers pour l'offrir enfin,

tel, dit-il, une belle pomme rouge et ronde à son créateur.

Le français. J'y arrive enfin. Sufets de virulentes disputes, pierre d'achoppement,

terrain de recherches aussi. Bien que chez nous l'esprit soit moins vif et la langue

plus lourde que dans votre allègre Valais, plusieurs, à coups d'inventions aussi diverses que fructueuses, réussissent.

J'aurai's voulu, moi aussi, présenter une

méthode vraiment nouvelle, étincelante, or­

donnée et couronnée dc réussites écla­tantes. Force m'est de voir que je n'ai rien de cela, qu'un peu d'expérience, de la bonne

volonté et un profond amour de nott'e belle langue française.

Que signifie le sujet, 1[1 Correction fran­çaise ?

Une liste de recettes pour arriver à une écriture correcte, un style convenable, un ordre suffisant des idées? je ne le crois

pas. Je suis trop persuadée que la correction n'est pas un but en soi, mais le résultat obligé d'un enseignement du français large,

aéré, global, et que nous voudrions con­duire de telle manière que les fautes d'elles­mêmes s'éliminent et que peu à peu s'éla­

bore une langue souple, pure, soucieuse d'exactitude et de vérité.

Qu'on me permette de rappeler ici quel­tlues pensées, très connues mais à qui je

voudrais emprunter la fcrce et la couleur de mon exposé.

D'abord, le riche, le vrai, le fort, le ma­gnifique «le style, c'est l'homme même >~ mot d'une géniale pénétration s'il en fut.

De Vinet: «le langage n'est pas la forme de la pensée, c'en est le fond ».

Et enfin le célèbre: «Indignatio facit verba ». C'est l'indignation, l'émotion, la passion qui crée la parole.

Pour moi je considère une belle langu~ comme mi développement de l'être, une

découverte de soi-même, une libération peu à peu disciplinée en culture. Et que la correction est le signe de la fameuse

tête bien faite, plus qLle d'une tête bien pleine.

Une belle langue, encore faut-il, pour la former - et surtollt chez nous où l'éloquence est rare et le parler très pau­

vre - l'aide extérieure que seule une lec­ture attentive peut donner. Or nos grandes

filles ne lisent plus depuis qu'elles ont atteint trop tôt l'âge du cinéma. Peut être

Tintin, Bouquet ou Confidences, plus sûre­ment les Complets sur bandes dessinées où

la photo du baiser en :ZO images remplace sans fatigue pour elles du moins, car pour

nous la lecture de telles histoires est haras­

sante, les descriptions dont les romans de

Hugo ou de Jules Verne coloraient notre adolescence ...

J'ai rencontré chez mes grandes filles et pour la première fois, tout un ordre de "

difficultés. Etroitesse du fond, faiblesse des

- "83 "-

Page 6: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

moyens, intérêt médiocre. Il y a des valeurs

positives aussi: grande liberté, homogé­néité de la classe, sentiment d'être entre soi, stimulant des bonn\~s notes maintenant

accessibles, et surtout, grâce aux efforts des maîtresses précédentes, une base d'instruc­tion cohérente, utilisable. Devoil' tout tracé:

obtenir des tt'avaux corrects, bien sür, mais surtout continuer, éveiller des goüts, des curiosités, entr'ouvrir des portes, donner leur dignité aux travaux et aux sentiments qui les attendent au sortir des classes. Tout

cela, c'est l'enseignement du français, et de la correction française, ayec sa valeur de signe, qui m'aideront à l'atteindre.

D'abord, faisons le point. Il semble bien que la grammaire des accords apprise, les

élèves de 6e, 7e, 8e, selon les cas, atteignent un plafond qu'ils ne franchissent qu'après un arrêt plus ou moins IJfolongé. Certaines

fautes, certaines difficultés trahissent la nature de l'obstacle rencontré.

A ce point du développement, l'ortho· graphe contrôlée est convenable, sauf dans

les mots inhabituels que mes grandes filles - seules élèves dont je fais état ici - ne rattachent pas aux mots connus. Elles tom·

bent dans les moindres Fièges de logique: Je vous verrez... ils nous donnerons ... nous les verront. Ici, j'ouvre une parenthèse et je fais remarquer qu'une réforme ortho­

graphique qui supprimerait ces difficultés, supprimerait en même temps le signe d'une

confusion intellectuelle grave. Notre ortho­graphe française, dans sa paradoxale diffi·

culté, n'est·elle pas un révélateur extrême· ment sensible du travail de l'esprit?

D'autre part, . ces élèves confondent les

espèces de mots: Le trèfle blanc éclair l'herbe des prés (19 travaux sur 22).

Les pronoms relatifs sont mal emplQyés : Voici la dame dont j'ai parlé... Voici

l'homme dont j'ai vu.

La lecture est bonne mais linéaire, sans paliers, ni reprises. Toutes les propositions

sont au même niveau. L'articulation des phases n'est pas sentie.

La rédaction est à peu près correcte, mais très pauvre. Le manque de fautes à l'air de venir de l'indigence même du fond. Elles écrivent des phrases absolues seulement. A l'arrivée, j'ai compté 3 relatives et 5

circonstantielles dans tout le paquet des premières compositions. Dès que les élè· ves sortent de leurs petites histoires, (farces, gronderies, mésaventures), le style fléchit, s'embarrasse. Elles se méfient d'ailleurs de

tout élan comme un piètre nageur des hau· tes eaux. Elles évitent d'être ou de paraître émues . L'élocution, étonnante dans leurs

revendications, est misérable dans leurs

comptes rendus.

En grammaire, elles connaissent les ac· cords de base, mais confondent les mots invariables, ignorent leurs fonctions et s'em­

hrouillent dans les temps composés des verbes. Si la règle du participe est connue,

elles analyseront: Les rubans que m'a donnés ma mère ... Donné quoi ? ma mère,

placé après, pas d'accord.

Attaquez les fautes, elles reparaîtront. Expliquez, peine perdue. Une routine peut

s'établir, l'intelligence suit mal. Elle. est parvenue à une étape, honorable certes, sans doute suffisante aux ouvrières que ces

jeunes filles veulent être. Elles le croient. Leurs parents le croient aussi ... D'ailleurs, l'école quittée, elles n'écriront jamais, ou

si rarement. Un jeune homme ne m'a·t·il pas affirmé qu'il ignorait quelle écriture

avait sa mère?

Et pourtant ...

Faut·il en rester là ?

Qui aime la musique, ou les couleurs, s'émeut de rencontrer tant d'aveugles et

de sourds qu'il ne peut associer aux joies qu'il éprouve. Monsieur Jourdain, voyant

s'entr'ouvrir devant lui les portes du savoir

s'écriait: «Ah, mon père et ma mère, que

je vous veux de mal... et que j'ai perdu

de temps .... »

Et nous qui devons à 111 langue française,

à la mélodie de ses phrases, à l'acuité de sa pénétration, à tout ce que le temps a gravé

-84-

sur le visage de ses mots tant de plaisir, noUS ne pouvons admettre que le bébé pour qui tout vocahle nouveau était conquête,

extase, signe de puissanee ou balbutiement d'amour, qui dépensa une si joyeuse éner­gie à faire son bien de tout, une telle logi. que aussi, employant moi et toi à propos, tout à coup s'arrête, se ferme, néglige un

domain e qu'il n'a fait qu'entrevoir. La sève mystérieuse tarit. Pourquoi? sans doute, on parle trop mal, ou trop peu dans bien

des maisons. Les parents, si fiers des pre· mières syllabes des petits, cessent leur ef­fort; quand l'école prend la relève, veut fixer sur le sauvageon la vigoureuse greffe de la lecture, l'enfant parle quelquefois si

mal, et si faux, que s'implante dans les petites cervelles l'énorme malentendu sco­laire ; deux langages différents, un pour la

vie, un pour l'école, et on sera un bon

élève, et on aura de honnes notes, si on n'y exprime jamais rien hors de ce qu'on a

appris à l'école. Ainsi l'enfant dérobe au maîtres les profondes racines affectives du

Verbe, et dans notre civilisation, tarissent les sources de la poésie spontanée.

Comment recréer I;e jaillissement, se servir de cette force naturelle, faire sentir à

l'élève comme c'est beau, qu'on ne pense rien sans n10ts, qu'on n'n pas d'amis sans

échange de paroles, et qut.! toutes les belles

choses de la vie nous les sentirons telle­ment mieux, nous les posséderons d'une façon tellement plus ample, plus ricbe quand nous aurons su les exprimer, ou sim.

plement nous les raconkl' à nous·mêmes ...

D.isons n'importe quoi, un rayon de soleil, une fenêtre dans la nuit, une allumette qu'on frotte, un filet d'eau qui sourd entre

deux tas de neige, des gouttes d'eau qui dansent sur la plaque chaude; apportons surtout de beaux textes, de beaux poèmes,

110n plus enfantins - les élèves au fond

ne les aiment pas et nous méprisent de les leur proposer - mais de ceux qui chantent

dans le cœur tout au long de la vie ; les enfants, comme les primitifs, sont sensihles à l'incantation; mes grandes filles, écoutant

à la radio un acte de de la «Machine

infernale» de Cocteau, restaient haletantes, éblouies ...

Lisons heaucoup, essayant de répéter par cœur de longs passages, en vérifiant les mots tomhés, pour s'habituer à tout lire d'un texte; racontant les aventures d'un

mot, frappant ou chantant les rythmes, mi­mant les scènes, créant les images. Que l'a·

nalyse de textes .soit légère, courte, ait l'al- ' lure d'une promenade, d 'un intermède ou d'un jeu, mais pas d'une leçon. Que sans y

prendre garde, les élèves s'imprègnent de

notre beau génie français, écoutent des sonorités, se hercent au déroulement des périodes somptueuses, frémissent au bl'ef

claquement des phrases haletantes, se repo­sent aux lacs paisibles des lentes descrip. tiolls. Le théâtre nous aidera, qui rompt

si bien les réserves et les pudeurs inutiles. J'ai noté chez mes grandes filles, dont le

registre est, il faut l'avouer, très étroit, de

soudaines perspicacités qui les ravissent elles·mêmes :

Ainsi, dans un texte d'Anatole France, « Le jongleur de Notre-Dmlle» que 'je leur donnais en dictée, cette phrase :

« Il prenait des attitud0s qui n'étaient pas Ilaturelles ... »

Elles m'ont dit: Elle fait vieux, cette phrase. .. Vieux? Comment? Mais on

dirait pas ça, on dirait il prenait des attitu­des pas naturelles... El1es avaient donc perçu le ralentissement amené par «qui n'étaient ... »

Souvent ainsi, on s'arrête, on bavarde un peu, on emploie de petites ruses. Je dis:

« Prenez vos cahiers d'arithmétique . . .. Longues figures... Travail écrit?.. Et j'enchaîne «Tiens, hier soir, je lisais tel

livre, j'y ai trouvé ceci pour vous ». Ouf, on se détend, on écoute, on retient, l'atmo­

sphère est créée. On n'a rien fait, disent les élèves ravies. L'arithmétique ne perdra rien pour attendre.

Un autre jour, elles ont écrit des portraits d'une m,énagère. Certains sont charmants. «Vos textes, leur dis-je, me rappellent des vers que j'aime beaucoup, un beau poème

d'amour, pour une femme peut-être plus

- 85-

Page 7: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

toute jeune, ni très belle, mais à qui le

poète, Péguy, parle avec une immense ten­

dresse; dites-moi si vons ne voudriez pas

qu'on vous parle ainsi un jour? je leur lis

alors ces vers fervents :

o vous qui pourchassez jusqu'au fin fond [des coins

La poussière, et l'ordure, et toute impureté, Toute disconvenance et toute improbité Maîtresse des labeurs, des veilles et des

[soins . .• etc.

Voyez-vous cette femme? elles la voient,

elles seront, elles sont cette femme.

Qui range... les palais et les tours, Et la vieille tendresse et les nouveaux

[amours .. . Les alternements et les sollicitudes Les gouvernements et les vicissitu.des.

Bien sûr, elles n'aiment pas tout, il y a

dans Péguy de longs mots ennuyeux, disent­

elles, mais qui font un rythme. On relit le

poè.ne, on le copie. Que pensez-vous de ce

«fin fO :ld des coins ?» Mllis on dit comme ça

q uand on fait le m énage. « On dit a ~ ssi la

pOélssière, et l'ord:ue, mais pas toute impu­

reté ? » Elles trouvent: <; Mais c'est pour

parler mIssi des choses du cœur ... » Il

change d'étage », dit une autre. La maîtresse

est contente de ses élèves ».

La dictée procède de III même préoccu­

pation de beauté humaine et vivante. On

la fait sans inquiétuJe, moins comme

test orthographique que pour fixer un texte,

que, peu t-être, la classe elle-même a r.om­

posé. Y a-t-il des mots, des tournures dif­

fi ciles? Pourqcoi laisser faire des fautes

presque inévitables? La dictée de Mérimée

n'a j:r:wis rien appris à versonne, je pense. ,).1 ',C"! ir . l. ."; te a,' p:l,,5a ~e d\ n accent,

1\. 1 r ,'d h,hl cl l en t de conSO;1 l CS, d, liaisons

exagérécs, d 'ex pl icatio ns hrè" s . Seules les

inattentives et les étourdies auront des

marges constellées. Si on a le temps, on

corrige chaque cahier, l'élève près de soi.

Q'1Î d isait qne nos programmes consacrent

trop d 'heeres à l'orthographe? Comment

donc! L'orthograp~le «pure» est-elle pos­

sible ? séparer d es mots, des notions et des

idée:;? Qu'on me montre cette abstraction,

et sans doute je m'inclinerai. D'ici là, j'y

verrai notre plus belle heure de culture

générale, où le texte ,lU ralenti se laisse

pénétrer, où les mots révèlent leurs liens;

notre langue française n'aurait pas cette

finesse, ce nuancé, cette mesure, elle ne

serait pas la première langue du monde s'il

n'avait fallu à tous la tenir si longtemps

sous le microscope, étudier les linéaments

de ses mots et sur eux les traces de son

histoire.

Certes, l'orthographe, .relle-même se sim­

plifie, des mots se perdent, d'autres se

créent. Il faut expliquer aux petits, mainte­

nant, ce que dit la grand'mère du Chape­

ron rouge. « Tire la chevillette et la bobi­

nette cherra ». Notre civilisation remplace

par émotionner le beau verbe émouvoir,

et fait ainsi son propre pl'ocès.

Les enfants haïssent-ils l'orthographe?

Tous mes petits garçons de 4.e, ont voté

contre l'orthographe p!lûnétique le jour où

j'ai mis au tableau, côte à côte, oreur et

horreur. Ils ont senti la violence de rh et

des l'doubles; ils ont cherché de jolies

choses: monotone, on dirait un mille-pattes

qui va tout doucement ... Amesettes si on

veut mais qui touchellt au génie de la

langue et la font aimer.

«Je ne veux pas, disait, comme eux,

Colette, qu'on m'abîme mes mots ». 1)

Et Sainte-Beuve, de son côté rêvait: « la

scintillation des étoiles s'éteindrait, si l'on

écrivait cintillation ».

Mais quoi, dira-t-on, ri~n que des lectures,

des poèmes, des pièces de th éâtre, des tex­

tes? De la persuasion, de l'imprégnation,

bien sûr, mais le savoir? La grammaire?

j'y viens. Nous avons des grammaires ahon­

d ,I ; 1t é~s , tOc.fLes, farcies d 'exercices int("res­

sants. Pourtant, je ne m'en sers que de

temps à autre et pour boucher les trous. Je

ne garde, pour l'étude approfondie et systé­

matique, que 4 exercices fondamentaux,

choisis parce qu'ils embrassent un vaste

cha:n p et prêtent à toc te sorte de d évelop­

pements. Ce sont:

1) cf. texte de Colette dans feuillets prati­ques.

-86-

Les familles de mots. - Les associations. - La conjugaison. - L'analyse.

La famille de mot.s, suhstituée dans notre

degré, à la liste de mots, qui je ne sais

pourquoi, ne rend plus (rarement les élèves

emploient un mot étudié ainsi) crée solide.

ment, et avec clarté, les notions du sens

fondamental, de la dérivation, des préfixes et suffixes, et rattache souvent un mot nou­

v~au à , ~n groupe connu. Le plus difficile, c est d Implanter cette notion de famille

à la fois par le sens et la forme (les élèves

groupent au hasard les mots qui se rassem­

blent). Il faut commencer par des mots assez

disparates quant à la forme, et très proches

quant au fond; le mot mf'me de famille y

aide, avec tous les liens de pat'enté proches ou lointains, qu'il suppose.

Le mot EAU, par exemple.

D'abord, on ne trouve rien. Ce mot est un

vieux garçon, apparemment sans famille. Il s'attache quelquefois. Il des adjectifs ...

Eau-forte. - Eaux-vives. A t'il des frères,

des cousins? Q:"li donc est son père?

C'est un latin, aqua. Ah? Cela fuse de

tous côtés. Aquatique ... aquarelle ... aqua­

rium . " aqueduc... Il y en a beaucoup,

mots d'art ou d'architecture. La liste s'al­longe.

Est-ce tout? Non. Ce mot aqua, s'est pro­

mené en Gaule avec les conquérants ro­

mains. Adouci aux bonches gauloises le

voilà devenu aigue ... Aigue-marine, crie

une voix. On aide un peu. Noiraigue ... Bal­

laigue . .. Aigues-Mortes... aiguière... Ai­guail ...

Le mot s'adoucit à mesure qu'il monte au

Nord. Il a un parent dans nos cuisines.

Où coule l'eau? L'évier . .. Mais ça ne ras­

semble pas ... Attendez. Il y a une chanson

de geste où les preux r<lE:semblés pleurent

les chevaliers morts. Et le poète dit: L'eve du cœur coulait sur lear visage ... L'eve

du ' cœur ... Ce sont lës larmes .•. 1)

Devons-nous ajouter que nos paysans

disent : le canal ne peut plus avondre, ou,

ailleurs, evondre, quand il a trop plu ?

1) , cf, Evolêne, les Evouettes.

Les associations mesurent l'étendue et

fixent les limites du sens des mots. Disons.

par exemple mortel. Dans quelles expres­

sions peut-il entrer? une créatt re mortelle

(qui doit mourir), un vellin, une blessure:

un coup ... un ennui mortel (qui fait mou­

l'il') un ennemi mortel, lme haine mortelle

(qui désire la mort) ... etc. Le sens s'affirme

mais se d époétise avec le verhe être. L 'hom:

me est mortel, l'uni nal es t mor tel, etr .

Lu conjugaison fixe dans l'oreille et la

sensibilité, les concordances, les ' étapes dans le temps, et pousse à l'emploi des phrases

complexes. Les formes verbales ne ' s'isolent

pas, mais restent toujours enchussées dans une expression qui les précise.

On transpose à différents temps un texte

aux actions simultanées. Puis, on complique,

introduisant du discours indirect ou des

actions successives pur d es phrases comme

celle-ci: J'ai 16 ans. Hier, la porte de l'école s'est fermée sur moi. Demain, ce

sera .... J'avais ... La veille ... .

Quand j'aurai ... quand j'eus ... ou Il fait

beau. les nuages qui tralnaient se dissipent;

la journée sera chaude.

Et enfin l'analyse.

La magnifique, l'indispensable, la rigou­

reuse analyse française, tIlle l'Institut neu­

châtelois souhaite voir l't~mise en honneur,

accusant son demi-abandon de toutes les

catastrophes: pataugeages en première la­

tine, mollesse du style, journalistes caco­

graphes, et j'en passe. J'en passe mais

j'en ajoute: il faut à nos élèves tl'ois ans

pour apprendre les 4 misérables cas d'alle­

mand, des mois pour assimiler la règle des

participes, sans compter les règles de quel­

que, même, tout, etc., et se corriger des

fautes énumérées au début de ce travail.

Pourquoi l'abandonner? est-elle difficile? ennuyeuse? Au contraire. ' Etude ~du -lang~ge vivant, elle est' aussi pas'sioùnailtë que, -'pour

un ami de la nature, celle des bêtés et ' des

fleurs. La grammaire dépend de ses décou­

vertes, la sûreté de la langue, de sa pratique.

Donnons-là très .simplifiée, ramenée à des

lignes de , forc'e',- si ,je , puis dire. ,C'est un· jeu.

-'117-

Page 8: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

Il arrive même à mes ge, qui n'aiment qu'à

rester tranquilles, de dire: Fait beau faire

ça ....

Chosissons une phrase absolue, mais

assez longue, par exemple :

Tous les vieux habitants du village avaient connu dans leur jeunesse Miraut, le chien de la Forestière.

Chacun l'écrit sur un mi-carton, sépare

les mots aux ciseaux. Mêlons, alignons. La phrase n'a plus de sens. Sa signification dépend donc, non seulement des mots qui la

composent, mais de l'ordre de ceux-ci. Peut­être pouvons-nous, avec les mêmes mots, former une phrase de sens différents? ou

contraire?

La nécessité de la construction s'impose à

l'esprit, en même temps que l'idée de groupes de mots, et d'une fonction détermi­

née que rempliraient ces groupes.

Que je voudrais, dis-je, être quelqu'un

comme Mac Laren dont vous avez vu les ravissants films sur l'arithmétique, et faire en dessin animé la grammaire ...

Comme les relations et les métiers des mots se verraient aisément ... Chacun d'eux serait un personnage mobile et actif. Pour

comprendre l'adverbe, par exemple, on ver­rait le verbe manger, au ("(\ntact de l'adverbe beaucoup, s'enfler, éclater avec énormément

pâlir, s'émacier en faisant la petite bouche, si «peu» l'accompagne. L'adjectif belle, à

l'approche de très, resplendirait. Le verbe

marcher modifierait son allure, selon que vite, ou lentement, feraient route avec lui.

L'adverbe modifie ...

Mais je ne suis pas cinéaste et ne sais même même pas 'dessiner. Qu'il me suffise

donc de jouer les régisseurs, devant une scène imaginaire, en l'occurence le tableau

noir.

Notre phrase découpée:

«Tous les vieux habitants du village,

le chien de la Forestière >~ va se mettre en

Puis vient «de la forestière », brun aussi, ordre à notre appel.

Le verbe est là, seul, important et vêtu de

rouge comme il convieilt au maîtl'e de la

phrase. Il appelle son su.jet. C'est alors Un

groupe entier «tous les vieux habitants»

nom, article, adjectif, - tous accordés entre eux et vêtus de la couleur verte qui, dans notre classe, distingue les sujets, (et, en alle­mand, les nominatifs) qui accourt, se place devant le verbe avaient connu (et aussitôt le

verbe condescendant s'accorde). Puis sujet et verbe ensemble appellent Qui? C'est

alors le groupe jaune du complément direct, le chien Miraut, qui se rue à la suite du

verbe.

Ici la phrase pourrait être finie. La porte

se ferme. Seules des prépositions, porteuses de clefs, ou des adverbes qui se faufilent partout sans qu'on sache comment, pourront

l'ouvrir.

Voici dans, qui introduit son groupe,

dans leur jeunesse, circonstanciel, vêtu de

bleu. Deux prépositions s'impatientent en­core. De . .. et de . .. La première introdui­

sant du village, (on voit à la contraction que la préposition fait partie intégrante de son groupe) et le plaçant auprès d'habitants

qu'il complète. Il est brun, couleur de complément de nom, mais porte un cha­peau vert, puisqu'il complète un sujet.

Puis vient «de la foreEtière, brun aussi, mais avec un chapeau jaune, puisqu'il com­

plète chien.

Notre soi-disant théâtre s'éteint. Mais vite on mettra aux petits cartons les couleurs

convenues, qui resteront les mêmes pour toutes les analyses de l'année, les mêmes encore à la leçon d'allemand. On ajoutera;

complétera, au hasard de nos découvertes. Un jour par exemple, on verra qu'un nom, occupé déjà mais sollicité de prendre une autre place dans la phrase, la délègue à un pronom qui tiendra lieu d'un groupe

entier portant la couleur de sa propre

fonction, mais un chapeau de la couleur du

groupe remplacé. Il exigera souvent une place aVCL/tt le verbe, et le participe pourra

s'en émouvoir ....

Puis on abandonne les cartons pour ' ne l'lus analyser que par traits de couleur ...

dans les vieux livres çIe lecture pleins

- '88-

d'histoires héroïques que nous avons un jour arrachés au feu, où, comme le sapin

d 'Andersen, ils allaient terminer leur car­ri ère ...

Bientôt, on aborde les traquenards :

Voici deux phrases: Louise a une pou­pée. Jeannette est une petite fille. Analysez ... Pour nos élèves cela n'a l'air de rien, tout juste si elles ne se moquent pas ouverte­ment. Les crayons partent avec une assu­rance dédaigneuse.

Louise, sujet, vert, a rouge, une poupée, jaune. Puis: Jeannette vert, est, rouge, une petite fille, jaune.

C'est faux, mais on ne dit rien, sinon, des­sinez les perso~1l1ages .. . .

Voici Louise, la poupée ...

Jeannette . . . mais on ne peut plus, elle est déjà dessinée... L'attribut s'explique

On remplace est par tous les verbes d'état ...

Jeannette semble, paraît, reste, devient demeure une petite fille. Rester et demeu­rer ne seront plus synonymes d'habiter.

Quand paraît le verbe pronominal, c'est

un miroir qui nous en fera préciser le sens.

Et voici notre pont-aux-ânes, le participe avec avoir, dont la règle, si anormale qu'elle paraîsse, a résisté depuis Marot à cinq siècles d'attaques incessantes. De quelle

profonde raison, de quelle connivence se­crète tient-elle sa solidité? Et ne découvri­rons-nous pas, même chez nos élèves, d'in­conscientes complicités à cette tyranie?

Voyons. Mais d'abord, si elles savent la règle, qu'elles l'ouhlient.

C'est vite fait. Puis, sans le moindre cOIn­méntaire, proposons à leur analyse en cou­leurs une phrase de ce genre: cette image, je l'ai peinte. Les crayons s'affairent: Je, sujet, vert, ai, croix rouge, peinte, verbe, trait rouge, cette image et l', c. d. jaune. .Immédiatement, des voix protestent: non,

peinte, jaune, comme image.. Une discus­

sion s'engage; on l'apaIse en donnant rai­

son à tout le monde. Comment? oui, peinte est aussi un verhe, et mérite un trait rouge.

Mais on voit bien qu'il est adjectif, accom­pagnant image. Doublons donc le trait rouge d'un trait jaune ...

La notion de participe est née.

Une autre fois, on donnera: j'ai lu un conte. ]', vert, ai, croix rouge, lu, trait

rouge, un conte, traits jaunes... Jamais mes élèves ne m'ont joué le mauvais tour de faire la moindre remarque. Ici, le participe a son plein sens verbal. Plus tard,

et après beaucoup d'exercices, on rappro­chera les deux phrases pour-énoncer, appren­dre la règle. On remarque alors que le participe avec avoir est bien trop orgueil­

leux pour se soucier de ce qui vient après lui, et ne participe réellement qu'à ce qui le précède.

Je n'allonge pas, j'ai heaucoup auguré de votre patience jusqu'ici. Je voulais montrer

comment, du connu à l'inconnu, on pouvait parcourir toute la grammaire. L'analyse grammaticale - d'abord celle du verbe à

toutes ses formes - suivra, rejoindra l'ana­lyse logique et ne s'en séparera plus. On

classe les mots après avoir perçu leurs fonc­tions. Quelque, même, tout, ne seront plus des capricieux obéissant à des règles con­tradictoires, mais des mots que le hasard a pourvus d'homonymes ... . Par ces démar­

ches toutes naturelles d~ l'esprit, la gram­maire a, je crois, le maximum de chances d'être, peut-être, compris ,~, et appliquée ....

Il est évident d'ailleurs que tout ceci ne peut se faire même aussi pareillement que

dans nos classes de fin d'études, pour éviter une répétition harassante de formes trop nombreuses, par un appel à ce don verbal qui dicte, mystérieux, les premières paro­les ...

J'en arrive rédigé.

ma conclusion, le texte

Il est, sans aucun doute, la pierre de touche de tout l'enseignement du français,

et celui qui fait passer le maître par les plus nettes alternatives de déception ou

d'espoir. Textes étriqués et corrects, textes

riches de sensibilité, mais aussi de mala­

dresses, que choisir? Je ne cesse pourtant d'être frappée par la merveilleuse universa­

lité du don littéraire. Je reçois souvent, d'amies paysannes, ou femmes de tout sim­ples pêcheurs, des lettres p'arfaites de

-89-

Page 9: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

style, de mesure et d'abandon. Nos élèves

sauraient-elles les écrire? Sans doute, si elles aussi, formées par une vie simple et digne, puisent dans la quotidienne noblesse de leurs soucis la fierté de leur parole. De tout notre tenace Hcharnelnent, nous

avons tendu à cette fierté, et aussi, à ce que j'appellerais un «commerce affectueux» avec les mots, les styles, les mélodies ver­hales; quand l'enfant écrit, nous le vou­

drions tout enveloppé de chantantes hanno­nies où puisse s'accorder et se fondre son émoi. Qu'il comprenne le langage comme sa chose, sa création, les mots comme ses mots (Voyez Giraudoux et le mot acacia) et,

libre, il mettra dans ses textes toute son ardeur, tout son amour- propre, toutes ses confidences. Très souvent, on lui laissera le choix du sujet, en lui demandant de faire

·vrai, et de faire beau. On l'exige de lui, il

faut qu'il l'exige lui-même; il sent obscuré­ment que de ne pas savoir s'exprimer est une faiblesse, peut-être une tare; mais il

sait aussi qu'il se découvre, qu'il se révèle, et peut-être comme tout écrivain - pour­quoi pas? éprouve-t-il -ce désarroi où l'ins­

piration fait douloureusement crouler les certitudes. Ne posons pas de plan, car, si tout va bien, la rédaction emportera la plume, l'élève écrira, tout surpris, ce qu'il

ignorait penser. Le brouillon rapide est une découverte, et le plan le suit. Ne mettons

uos élèves en garde contre rien; banalité cliché, sensiblerie ou grandiloquence, ne sont pas des travers de même gravité chez eux que ' chez nous. Lentement, nous avons

élaboré nos gOÎlts et nos modes ; laissons­leur du temps. L'originalité à tout prix non plus n'est pas leur affaire; elle les désaxe et les effare; qu'ils soient eux­nlêmes tout simplement, sÎlrs d'une sympa­

thie vigilante et sérieuse. Avec quelle dis­crétion faudra-t-il corriger les textes! ...

~'enf~nt . souffre plus d'une critique litté­

raire que d'un problème . raté. Ne barrons pas de rouge les compositions, cela ne sert strictement à rien. Notre ardeur combattive

peut utilement s'employer contre une paresse manifeste, une solide mauvaise volonté ...

, ~'n ,:nÙWl".ivl? pllr._.ex,em,ple de. déd.a:r~r que

' -:-.~~

toutes les compositions dl. jour sont insuffi­santes, bâclées, indignes de mes élèves et de nos efforts, et qu'il faut les refaire. Elles acceptent cela avec un peu d'effarement,

mais bien mieux que des critiques indivi­duelles. Pour cela, un mot gentil, un conseil, un peu d'aide, une indication, c'est assez.

Beaucoup de fautes tombent d'elles-mêmes.

Mais, pour moi-même, je note toujours,

soigneusement, toutes les remarques faites: imagination, sensibilité, maladresses, fautes

de style, pauvretés ou impropriétés; je classe les fautes, les insuffisances, et choisi­rai d'après cela le devoir collectif ou l'exer­

cice de rhétorique utile: Développement d'une phrase, construction, recherches de comparaisons, de définitions, de synonymes,

d'ellipses, élaborations de périodes, de con­structions inversées, départ sur une phrase donnée, jeu des mots forcés, conjonctions

obligées. .. En commun, il y a encore les rés~més et les comptes rendus, mais cette

fois avec plan au tahleau, pour éviter

l'éparpillement et l'incohérence.

Ce plan, je l'inscris amsi, quand j'exige, en deux minutes, l'expos4 oral d'une tâche

d'histoire, de géographie ou de sciences

naturelles ....

Le RESULTAT aujourd'hui?

Je n'en sais rien. Je suis au beau milieu de mon tt'avail, encore tâtonnante, quelque­fois empêchée, souvent déçue, amusée ou

surprise par les ordres d'émotion qui; chez mes élèves, soulèvent l'enthousiasme ou la réprobation boudeuse. Il m'arrive quelquefois d'être heureuse aussi, quand '

je vois des plumes fébriles, des joues brÎl­lantes, et que l'heure de rédaction est une hem:e de profond silence. Je ne m'attends

pas à ce que mes demoiselles de ge s'écrient, comme autrefois mes grands garçons de se­condaire à qui j'annonçais une «analyse

monstre» : «extra» ! »

Il me suffit qu'elles me disent de temps

à autre « Tiens, l'heure a vite passé» pour que je reste persuadée que tout l'en­seignement du français est non seulement

sav.oir, mais aussi et surtout, culture, sen-

sihilité et cœu!'. ; ..

.-90 -

E.V. nO 4 janvier 1960

(Couverture: bois gravé d'André PONT, Sierre. Mésange charbonnière)

LA MESANGE CHARBONNIERE

La nuit se dissipe 'à peine, l'orient s'éclaire seulement derrière les arbres encore nus, qu'une . cadence argentine tinte gaîment: C'est février et pour la mé::;,ange charbonnière, toujours vive et décidée, c'est temps de liesse et d'entrain.

Apparition familière autour de nos maisons, et jusque sur nos fenêtres en hiver, elle mont~e à chacun sa tête noire à joues blanches, son manteau verdâtre et son ventre jaune soufre que partage une raie noire. C'est l'espèce la plus grande, et aussi la plus courante.

Son régime alimentaire n'a den de particulier, sinon sa variété. Du côté animal, on trouve toutes les proies dont la mésange charbonnière 'peut se rendre maîtresse au cours de ses incessantes pérégrinations, surtout en été; les insectes y figurent en grandes quantités, surtout sous forme de larves et de chenilles.

Dès l'automne, le règne végétal nourrit les Charbonnières dans une large mesure. Baies, fruits dont elles piquent la pulpe sucrée, petits pois, pépins de pommes pourries,

graines de pins, de sapins et d'autres arbres, de céréales et de plantes oléagineuses, amandes

de noisettes et de faînes, ' tout leur est bon, même des bourgeons, des jeunes pousses et des boutons de fleurs, qui contiennent souvent des parasites, il est vrai.

Les aliments riches en graisse sont préférés durant la mauvaise saison, et l'on sait comme les mésanges se jettent alors sur le marc de raisin, sur les tourteaux de · n~ix, sur le lard et les diverses graines qu'on leur offre.

Tiré de Les Beautés de la Nature de Paul Géroudet Delachaux et Niestlé S.A., Neuchâtel 4, Rue de l'Hôpital

LA MESANGE CHARBONNIERE

La charbonnière est la plus grande des mésanges. Son nom lui vient de la sombre calotte

qui lui couvre la tête. Elle est richement vêtue, de couleurs variées et choisies. La joue blan­che brille encadrée de noir; le dos vert et l'aile bleue res'sortent sur la gorge noire et jaune. Chaque plume a SOI1 système de coloration, sa note, sa nuance. Et cependant, l'ensemble ' n'a rien de discordant: ce n'est pas le costume d'un arlequin, ni d'un perroquet, mais d'un petit

. oiseau joyeux, qui se fait fête de son innocente parure. Au reste, pour peu que le soleil s'en mêle, tout est plaisir dans la vie de la mésange. Elle ne sait que jouer et s'ébattre.

Elle sautille de rameaux en rameaux; elle s'accroche d'une patte, se suspend, ~e relève, frétille, bat de l'aile, pique du bec, et n'est jamais à bout de postures folâtl'es et de jolis tours ingénieux.

Nous rencontrerons les mêmes instincts, plus développés encore, chez les petites espèces

du genre; mais la grande charbOlUlière, quoique moins légère, est déjà étonnante d'agilité.

Parfois un accident met fin à la vie de la mésange : un chat, un épervier; parfois la fin vient d'eile-même, le cœur cesse de battt:e. II n'est pas impossible que la mésange soit surprise en pleine chasse, et qu'on la trouve accrochée à une branche, morte comme elle a vécu.

Eugène Rambert - Léo-Paul Robert Nos oiseaux. Edité par chèques club, Neuchâtel

Page 10: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

E.V. nO 4 janvier 1960

Enseignement secondaire 1er degl'é Dernière année primaire

DICTEE

FRANÇAIS

Chalifour était serrurier. Je l'ai connu dans mon enfance. C'était, disait·on, un humble artisan de province. Pourquoi laisse·t·il dans ma mémoire le souvenir d'un homme riche et puissant? Son image demeure à jamais pour moi celle du «maître des métaux ». Il travaillait dans une salle basse et encombrée où régnait l'âcre odeur énergique de la forge. Que j'aimais à le voir, avec son petit tablier de cuir noirci! Il saisissait une barre de fer et ce fer devenait aussitôt sa chose. Il avait une façon à lui, pleine d'amour et d'autorité, de .manipuler l'objet de son travail. Ses mains noueuses touchaient tout avec un mélange de respect et d'audace.

Je le revois, activant d'un air pensif le soufflet secoué de sanglots, et surveillant le métal dont l'incandescence était comme transparente. Je le revois à l'enclume: le marteau, manié avec force et délicatesse, obéissait comme un démon soumis. Je le revois devant la machine à percer, lançant le grand volant selon les exigences mesurées d'un rite. Je le revois surtout devant la verrière fumeuse inonClée de clarté blême, considérant, avec un fier sourire barbu de blanc, la pièce de métal domptée, chargée d'une mission, et qui paraissait sa créature.

o vieil ouvrier, ô grand homme simple, comme tu étais riche et enviable, toi qui n'aspi. rais qu'à une chose: bien faire ce que tu faisais. •

Georges Duhamel (la Possession du Monde)

Quelques mots sur l'auteur

Né en 1884, Georges Duhamel mène d'abord de front ses travaux de médecin·biologiste et sa carrière littéraire. Après la guerre de 1914, il se consacre entièrement à la littérature, exploitant sa formation médicale au bénéfice de l'humanisme, Membre de. plusieurs académies, Président de l'Office du vocabulaire français, récemment créé, Duhamel se fait surtout le défenseur de l'honnêteté et de la culture française.

Duhamel a débuté par des œuvres poétiques et théâtrales. La guerre a épanoui son talent d'écrivain. Au contact de la souffrance des autres, il écrit des essais: La Vie des Mar· tyrs, Civilisation. Parmi ses romans, il faut signaler ses deux œuvres maîtresses : Vie et aven· tures de Salavin et la Chronique des Pasquier.

Le texte cité est tiré de son ouvrage «Possession du Monde », où il exhorte à la conquête du bonheur qui consiste, non dans la jouissance matérielle des choses, mais dans la sauvegarde et la possession des trésors spirituels.

ETUDE de quelques mots.

Pour enrichir le ' vocabulaire de nos élèves et les mettre en mesure de bien employer les mots étudiés, il faut circonscrire l'idée qu'un mot exprime après en avoir donné la défi· nition. Pour cela, signalons trois procédés : 1. mettre en lumière le sens des mots en leur opposant, toutes les fois que cela est possible,

le mot et l'idée contraires ; 2, détacher nettement l'idée contenue dans un mot en le rapprochant de seg synonymes pour

distinguer les nuances qui l'en séparent; 3. mettre en relief la signification d'un mot en se rapportant à une page d'un bon auteur, en

recherchant les expressions consacrées, les proverbes, etc.

Rechercher la signification, les synonymes et les antonymes éventuels des mots suivants ainsi que les expr,essions et les proverbes s'y rapportant

Artisan: Celui qui exerc~ un art mécanique ou un métier manuel et cela pour son propre compte. s. fig. : auteur, cause de quelque chose: il est l'artisan de son bonheur. prov.: A l'œuvre, on connaît l'artisan; au pied du mur, on reconnaît le maçon, on . reconnaît le lion à la griffe.

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E.V. nO 4 janvier 1960

Syn. : Artiste: Se dit de celui qui travaille dans un art où le génie et la main doivent concourir. Ouvrier: Se dit du travailleur salarié, employé dans un travail manuel. Employé: ....

Forge: atelier où l'on travaille les métaux au feu et au fOUl'neau. prov: : C'est en forgeant que l'on devient forgeron. exp. : Forger un conte; se forger des chimères; récit forgé de toutes pièces; forgeur de nouvelles; ronfler comme un soufflet de forge. vocabulaire se rapportant à la forge: Les forges: batterie; forge de campagne; usine; fonderie; hauts fourneaux; ferronnerie; serrurerie; armurerie; forges de Vulcain. Outillage: enclume, marteau, pinces, soufflet, foyer, hotte, bUl'e, tuyère, étampe, chasse­ronde, fonçoir, taillet, davier, étang (à tremper). Travail: forger, frapper, marteler, contre-forger, battre le fer, limer, tremper, tarauder, écrouir, larder, charger le fer, donner une chaude, façonner.

Dompter: subjuguer, forcer à obéir, apprivoiser. s. fig, : dominer, vaincre, maîtriser: dompter ses passions. syn. : dresser, mâter, maîtriser, brider, asservir, subjuguer, soumettre. exp. : mettre la bride au cou; mettre un frein; tenir la bride haute; chanter victoire; lacher la bride ; laisser la bride sur le cou ; à bride ab~ttue.

Enclume: Inasse de fer où les métaux sont forgés au marteau. Sortes d'enclumes: enclumeau, enclumette (de faucheur), tas (portative) tasseau, bigorne, étaple (de cloutier). Détail de l'enclume : bigornes, table, billot, tête, tige, tronçon, arêtes, tranche. Usage: battre le fer, emboutir, écrouir, forger, marteler, donner une façon.

Souvenir: Impression que la mémoire conserve de quelqu'un, de quelque chose. syn. : mémoire, réminiscence, souvenance, évocation. ant. : oubli, amnésie, tomber dans l'oubli; mémoire de lièvre.

R EMARQUES grammaticales. o vieil ouvrier, ô grand homme simple : groupe de mots en apostrophe. Toi qui n'aspirais ... : 2ème pers. du singulier; toi: reprise du sujet (tu) fonction: apposition à tu. fonction de et dans la phrase: Je le revois ... créature? a) unit deux adjectifs: fumeuse et inondée; b) coordonne la subordonnée relative (qui paraissait sa créature) au participe-adjectif

(domptée). La subordonnée relative joue ici le rôle d'un adjectif, ce qui justifie la coordination.

Je le revois / activant d'un air pensif le soufflet secoué de sanglots / et surveillant le métal... : deux prop. sub. participes. (Rapprocher: Je vois / qu'il active le soufflet / et qu'il surveille ... : deux sub. conj. c. dir. d'objet. ; ou Je le vois / activer le soufflet / et surveiller ... : deux sub. infinitives.

INTELLIGENCE du texte. Quels titres pourrait-on donner à ce moment? Le serrurier; l'ouvrage bien fait; le maître des métaux; le métier de Chalafour ; l'artisan conscencieux. Le meilleur titre? Justifiez. Le maÎh'e des métaux. Pourquoi Chalifour était-il «riche et puissant?» parce qu'il aime son métier, le connaît bien; il est riche en talent plutôt qu'en argent. Donner un titre à chaque paragraphe : Présentation de Chalifour ; son travail ; invoca­tion au serrUl·ier. L'auteur souligne avec art et émotion cette opposition: un humble artisan, un vieil homme qui pourtant est riche et puissant, le «maître des métaux ». Relevez les détails propres à l'un et à l'autl"e de ces traits caractéristiques. Son petit tablier de cuir noirci ; Ce fer devenait sa chose ; une façon, à lui, une salle basse et encombrée; antre, pleine d'autorité; une puissance souveraine; sourire barbu de blanc; ses mains noueuses; le marteau manié avec force et délicatesse; il obéissait comme un démon soumis ; la pièce de métal domptée et qui paraissait sa créature.

Page 12: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

REDACTION

1. En suivant le plan indiqué dans la dictée, décrivez un artisan au travail.

2. Il vous est sûrement arrivé d'observer un groupe d'ouvriers à l'œuvre ou un travail d'atelier ou d'usine. Faites part de vos remarques et de vos réflexions.

3. «Bien faire ce que tu faisais» : il y a là pour le serrurier, comme pour tout .ouvrier de la main et de l'esprit toute une règle de vie. Montrez-le en vous aidant du texte que vous illustrerez par des exemples.

GLANES D'AUTEURS

Jamais le forgeron ne se plaignait. Je l'ai vu, après avoir battu le fer pendant des jour­nées de quatorze heures, rire le soir de son bon rire, en se frottant les bras d'un air satisfait. Il aurait soutenu la maison sur son épaule, si la maison ava'it croulé ... Le forge­ron plaisantait souvent. Il disait que toutes les terres qu'on voit de sa forge lui appar­tenaient, que la forge depuis plus de cent ans fournissait des charrues à tout le pays. C'était son orgueil; pas une moisson ne poussait sans lui.

Zola.

Le maréchal et son ouvrier, l'un soufflant la forge, l'autre battant If- fer, jetaient sur le mur de grandes ombres brusques ... De temps ' à autre, le travail paisible et régulier de la boutique s'interrompait pour un instant. Le maréchal laissait à petits coups pesants et clairs retomber son marteau sur l'enclume; il regardait, en l'approchant de son tablier de cuir, le morceau de fer qu'il avait travaillé. Et, redressant la tête, il nous disait, histoire de souffler un peu: «Eh bien! ça va la jeunesse? »

Alain Fournier.

REMARQUE: La plupart des réponses aux questions de vocabulaire, de grammaire ou de compréhension du texte ont été trouvées par les élèves à l'occasion d'un travail en équipes.

Rémy Zuchuat.

E.V. nO 4 janvier 1960

Classes de 6ème et au-dessus. Etude de texte. Principes et Rudiments.

LE LANGAGE DE L'ENFANT DICTEE

J'avais huit ans à peine. Le mot «presbytère» venait de tomber, cette année-là, dans mon oreille sensible et je devais lui donner des sens dont on n'a pas idée.

Loin de moi la pensée de demander à mes parents ce que c'était qu'un presbytère! Je voulais garder pour moi seule le mot mystérieux, comme brodé d'un relief rêche en son commencement, achevé en une longue et rêveuse syllabe ... Enrichie d'un secret, je préservais ma trouvaille de tout contact étranger, je dormais avec le mot, je l'emportais sur le mur de la basse-cour, dont le faîte large comme un trottoir, dallé à plat, me servait de terrasse inac­cessible au commun des mortels. Du haut de mon mur, le mot sonnait comme un anathème. Je le jetais par-dessus le poulailler, vers l'horizon brumeux au delà des bastions et des jardins maraîchers. «Allez! vous êtes tous des presbytères!» criais-je à d'invisibles ennemis.

Un peu plus tard, le mot perdit de son venin, et je m'avisai que «presbytère» pouvait bien être le nom scientifique du petit escargot rayé jaune et noir. Une imprudence perdit tout. - Maman! regarde le joli presbytère que j'ai trouvé! - Le joli .... quoi ? Je me tus. Trop tard. Il me fallut reprendre. - Un presbytère, voyons, c'est la maison du curé!

J'essayai encore de réagir. Je luttai contre l'effraction de mon secret. Je serrai contre moi les lambeaux de mon extravagance et je voulus obliger M. le curé à habiter dans la co­quille vide du petit escargot dénommé «presbytère » ...

Et puis, je cédai. Rejetant les débris du mollusque écrasé, je ramassai le beau mot, je remontai jusqu'à mon étroite terrasse décorée de cailloux polis et de verroteries comme le nid d'une pie voleuse, je le baptisai «presbytère» et je jouai au curé sur le mur.

ETUDE DU TEXTE

(La maison de Claudine) Colette

1. Expliquez les termes ci-dessous. Trouver des synonymes, des contraires: Les faire entrer dans des phrases : rêche, relief, trouvaille, contact, faîte, inaccessible, anathème, aviser et s'aviser de, bastion, maraîcher, effraction, extravagance, verroterie.

2. Reconstituez la famille des mots suivants (Etymologie, préfixes, suffixes) : sensible, achever (chef ... ), trouvaille, terrasse, inaccessible (accès), commun (un, uni).

3. Quels adjectifs viennent des mots suivants: tomber, année, idée, loin, mur, venin, nom, obliger.

4. Relever les mots du texte qui sont à la fois noms et adjectifs. 5. Etymologie du mot cure (cura, soin).

Expressions : sinécure, n'en avoir cure . .. , faire une cure. 6. Analyse grammaticale du mot tout (tous) chaque fois qu'il se rencontre dans le texte. 7. Conjugaison: se taire (je me tus ... ), falloir (il fallut ... ).

ETUDE DES IDEES

Faire raconter ce texte, après lecture, pour en vérifier la compréhension.

Tout le récit tourne autour d'un mot: lequel? Quel est le premier sens que la petite fille donna au mot « presbytère,> ? (ce sens n'est pas très précis, mais ce dut être une sorte d'injure, un «gros mot» - cf. texte: il avait du «venin... elle «criait'> ce gros mot à «d'invisibles ennemis» .•. comme un «anathème », une malédiction). Quelles expressions montrent que la fillette gardait pour elle seule ce mo1 mystérieux? Quel deuxième sens donna-t·elle plus tard au mot presbytère ?

Page 13: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

A quelle occasion trahit-elle involontairement son secret?

Quelle fut son premier sentiment quand sa mère lui révéla le sens du mot presbytère ?

Ayant fini par accepter le sens exact du mot, elle se vengea tout de même à sa façon : comment cela ?

Quelle leçon pourrait nous donner ce texte charmant?

Ex~érience : 1,1 es~ des ~o,ts qui par leur consonance même, l'arrangement de leurs syllabes ... pl~~sen~ ou dep~als~~t a 1 enfant; Dire à chaque élève de réfléchir et d'écrire 4 ou 5 mots qu Il. aIme Aparttcuherement, parce que jolis, tendres, rêveurs... et 4 ou 5 mots qui lui paraIssent reches, sauvages, durs, heurtés, antipathiques ...

~. B.'l:- La leçon de ce texte est claire pour le maître: se défier des mots que l'on croit sus ,es e, eves! A toAus les de~rés de l'enseignement, on pourrait faire d'étranges constatations a cet egard. Controler, controler encore, contrôler toujours !

L'Office de l'Enseignement serait heureux de connaître vos expériences dans ce domaine.

E.C.

E.V. na 4 janvier 1960

Problèlnes pour le degré i.l~férieur, l ,ère année

37. IDaI1!s Ile horuqUeil de Olaude, on comptle 12 chrysanthèmes mauv~s et 7 jaunes. Dans c~lui de Serge ,il y 'a Ile qum. t .d'e chrys'anthèmes mauves et ,le double de chrYl8anthèmes jaune·s. Quel bouqUiet a Ille pllus 'gr-and noll11!bre de fileUDS ? Explique ta réponse.

38. Fl"anço'Îs la ,acheté des ,branches de chocolat pOUl' 5 fr. à 4 pour l f.r. U en donne le quart à Ison f;rère et pal,tage l'e IJ. oote avec ~es 4 petites sœurs. Gombilen le frè,re a-t"iI l'ecu d'e blJ.·~.n.ches de chocolat? DeSlsline la paN d'une f,Ulene.

39. Robel,t lavai,t un 'Sachet de Œ1'o~'se'ttes. li !en donne 4 à chacun ,de IS'es 6 ,frères et !Sœurs; j,]

'COl1lstatre al!or.s qu'il lui reslte 7 noisettës.> D~SlSline ,les no~setJtes que Rohm1t à données. Combien Robert ava·it··il de noi.g,ettlies ?

40. Lorui's 'a ·acheté dl~s boites 'de carameJlrs pour 4 6 ... à 5 boîtes pour l fil'. Il en donne le X à sa petite Isœur et partage Je Ireste avec '8~S 2 petits ainis. Bess<Ï!ne la p.allt de chacun de 'Ses dèux petits amis.

41. Michel et Jules ont vidé leur tü'elire. Michel compte 3 pièces de 5 fr., 8 pièces de l fI'. 'etl 16 pièces de 50 'ot. J.uJes 'a une pièce d'e 5 fil'. en plus que Michel, ma'is .n a 2 piècC's de l f.r. en moins et n'a que lb mOIÎltié de pièCies de 50 ct. Quel ,enfanlt ·a tIre plus d':argen't ? EXip[ique /t'a rbpolls'e.

4,2. No~l a vidé 'S'a Uit,eilÎlie telt ~ t\Jrouvé 6 pièces de l fr., 9 pièoes de 50 ct. elt 12 pièces de 20 ct. Sa maman .lui di,t: «Donne·moi toute ta monnaie 'et je 100 donnerai 3 pièces de 5 fr. ». Cl'o)nez·vous que Noël ,acceptera ? Di,t~s pourquoi.

4,3. Mi'cbel voudll.'a'Ït mfu'etell' une Iboi,te àe Neoco'loJ.' 'de 16 fr. Il vide :sa 'tirelir:e elt trouve une ,piè~e ,de 5 ltir ., 3 ,pièc;es de l Ifil'., 7 pièces de 50 Cit., 14 pièces de 20 'ct. oet 7 pièces de 10 clt. Mich~l a.t-il iSuff'LS'!mlffilenit d'&"g'ent p 'our tache/ter la !boîte de NeocoloŒ.' qu'lÏll IdésJil'Ie? Explique ta réponse.

44. Alain à 12 fr. dans sa II1Îr.elli1re. Iil a aimsi 5 li'. de p~us 'que Jean Ielt 2 fr. de moins que Jacques. Combien Jean a44if1 ? Et J'acques ? . ,

45. _ ..Albert a 8 (Livre.g' d:ans 'sa biM,io'tlhèque. Irl a ainsi 2 liw:es en moins quJe Louis elt 3 de moins qwe Jacques. Hessme ~ClS ilii-v.rles que .chaque garçon p'O's'sè:de elt écris Ile prénom 1S0000S 'eh:a'que part.

46. ChiJ.iisrian mang'e Uill œu;f >il J'a co'qU'e chaque jour. Combien en a-it-j~ mangé en 3 semaines, 'en 5 ,semafi!nes ? ,P'endant Itou!!: Ile mOÎls d'octoooe ? DClSsÎnle l:es œuflS mallgés ,pendanlt le mois d'oCiltohre en ~es group'ant ;pwr 7.

47. Gilles met les fourchettes à table. 8 convives seront réunis ce soir. Gil1es met une four­chette pour 'Chaque participant et, en plus, en met une 'poUJr Ile plat au miJieu de la 'table. Gilles avait <sorti une douzaine de fOUTchetltes du tiroir. . Dessine les fourchettes prises par Gilles dans le tiroir et barre celles qui ne serviront pas.

48. Christian a 16 caramels. Il en donne le X à Aimé et partage le reste avec sa petite sœur Nico'le. D.esSlÎne Ila Ip·a.lit de 'OOl'iU.n:eils die c:haqwe enfant et éCl'i'S ie pr.énom ,de chacun à gauche de sa Pall't.

49. Gilles '8 18 noix; il en dOnn'e le tiers à Joseph oeJt paI'tage [e reste avec ses deux petits frères. Dessine les noix 'l'eQU'~s 'Pail' 'chaque pe1lit ifll"èl'e et ,par JO'S'I'iph. Et Giltes coonMen B-t-dfll"eçU de uo:ix ?

Page 14: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

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50. ,MiaI1l1l.1i'de a 24 nailS'elUlles dans un sachet. Il 'en donne ,~e % ,à J,a'cques, puris [HtJ.ita~e iLe [lestlJe U<Vlec \Som 'P;e1tilt fl'm',e Guy .. D.~Slsirne Ilia ,pa'l't ,die noils6~1le.s ,de ohaqU'e 'enfalTl1t 100 ind,i'quarnrt ILe 'P11énom ,die dhaioun il dro,ÏIIle d'e lS'a pailit.

51 St-Nicolas a lancé des noix chez Claude. Marcel en a ramassé 10 ; Claude en a ramassé 2 de moins et Jean en a ramassé 2 de moins que Claude. Des:sÏnie Iles nolÏx T!U[naS's~es P'a!l' 'ohaqUie ,enf'ant. Us ,"m1Senit :torull1es Ileu11s notix <d.MlIS un seuil

<S'achelt ,pui's ·s'e ~es pal."t<agernt. . Oom!liiIen Ichaque (enfant a·u-lill ,die no:ix ?

52. St·Ni'COIlas ,a o 'épo:sré /Un sa'oh'et He oa!l1amels dhez GiUeJ.s. Gineis !fm ISlUlC'e 2 '6t son ,frè!l'e 6. m lIeur 'lie'ste a!l0J.1S 9 cart.1amems. Oomlbiieill y aVJalÏit-ill die 'cal'aJIll!et1s Ida'Hs l1!e \slachelt ?

. Si, ay,anJt de 'S/U'Oet· dies oal'amells, rles 'enf,aJIl~s lS'e h~s él'ai:enlt ,par1t,agés, d'eJSlsine les caramels qu'liIl. ilieistef1aÏJt là 'ch,a'qUJe 'enIf.arn:t rmarÏJ[)I~enant.

53. St-Ni<col1as a \)lancé ole.s noÏx chez IBle.J.1ll'wd. J.~n~LofUli'S 'en oroq'1le 3 'et Hernall'd 4. Il 1001' ,en lr'esll1e a,loil1S 11 'P'OUil" 'eUX d ,eux. Combi:en St-Ni:co~'as a J t41llancé td,e noix? Si, 'a'V'ant Ide ,oroqu'er ,J~ noiÏx, i~es ,em:f,an/Ils se les étaient pal.'1liagée's, .dessine Œ,~ n()iix qu'lÏJl

'l'Bs~el'aÏit ll1'lafÏlll!OOll'anlt !à cha'qu:e en1f,anIt.

54,. mans InasslÏ!elHle Id:e M.Î'ohell., 'St-Nii'colloU's a ,dépasé 7 01"angle5, 6 lTItan.d,art'li<n~s et 14 CJa!l'amlel1s. Nicole a reçu 4 mandarines de plus que Michel, 2 oranges de moins et 2 fois autant de oa'l'am'els. DesSlÎ.!nJe oe qu'lU l'Ieçu Nicole. CO'lTIlb~en 'lets id,eux lerrf,aJIllUs onlt-diLs 'l1eçu die .oal'am'B1s il oox 'œeux ?

55. nanfs I$on ,aS'Sie~te, !le 'jour de 'La St~Nicolars, !Marc 'a ~rou'Vé 15 'ohâ,t.aÎ,g'nles, 7 mand,a!l1Înes ~t IIlbonbons ,foll1.'d'Ml'ts. Ja'cqu!es ft 00 Œ-e dorulblLe ,die manda!liil1!e's de ij\f,alroc, 5 'bolllih'OIItS fondmtls '00 plus, maiÏJs ,le 1~~eTls de 'ohâtai'gue's. D~ss,iT1e ce qu'a !).1eçu Jiacqu~s. Combien les enfants ont-ils reçu de bonbons fondants à eux deux?

56. Oh:dst:Ï'an a 'l'eçu 16 no'Ï'se~telS d'e 'St·Ni,colla's. n len Idonne Ile X il ]taoques 'et 'PUJl1tal~e l1e l'Ieiste ,aVlec 'ses Itl'o'Ïs peltiitJes Sœ'UirlS. Dessine l1a part ,de 'llo'ÏJseJtltes Idle :dhaque enf'ant. Oomlhilel1 ya.:t-i'l d'enflan'tls ? Com!Men 'Y a~t-ô.l o 'e pBt~t:e/s sœUloJs ?

57. Jean met un verre à chaque' convive, sauf au bébé qui a un gobelet incassable. Il a mis 6 verres et 1 gobelet. Il arrive des amis. Jean ajoute 2 verres et 2 gobelets. Gorn!bi~n 'Y a·t.M .de 'g11an:d:es p'eIl'isonnes let Ide Ibébés à 'l1a:b11e ? GOiInlhÎJel1 Bsit-àll 'UJl'il".ivé de .bébés ? Dessine L~s ""e\lu"es elt l,e's golb'Blet<s.

5R. RoIbIm1t a 16 ' oM1a'lTI~ls . ]1 '00 donue ILe X ,à son ami Dan:iIeil 'elt tpall"ta,~e !le IJ.'IeIsl1e aJVe'C éels 4 pelÙltes sœm1S. Doessme ~Ia rparft ,dle ca;l.1ameJls ,die chaque ,enf.anlt. Comlbioo y a~t-ô.l d'<e~ant81 ? Oomlhioo. y a~to{j.ll die ·sœu1".8 ?

59. Dans sa itJiiflelill1e, IGilJJ1es la 20 [il". n achèlte 'Un ~e là 3 fIr. et un '8l1Jhum à 7 fr. :El 'V1eO."se Œa ~ de ce qui 1l1eJs\le à Ilia -GaIi!sse .d"Eparg.nle 'e>t <donne 1'l8ultl'1e mo'i'lli,é à un 'pauVil'e. Gombien 'Gi<Lll~s a~tJhl dêpenlsé ? GomMen ,aJt~ill placé sur LS'on 11i'V'il.1Bt ? ,OoŒnlMen a.Jt-ill dûnn'é au pauVll1e?

60. Ma:rcel la ,ach~é I1.ID paqUe1t de ·24 hisouÏll1s. Il en ,donne Il'e ItÏJems à sa maman et p8ll1tage l'e l1e'S\le aVl~c lSelS 3 pell1Ïllls {'rèl1es. Combien la maman a-t-elle eu de biscuits ? Dessin:e Œ,es M 'scurits qu'ill'\eslla:i't là 'Pllll'ltla~eT wtJl"e Itous les len~an'lls. Combien ohaque "enf:ail1J1 a~t-ûll ,r·eçu de bliiScufilts ?

Page 15: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

61. Maman .découpe un gâlieau en 'qua'tire m01rce:aux, puis e\lile pal'lta~e encove chaque mor:ceau en 1JroiJs p·an.il'Ï!es. Il y a neuf personne à table. Des'sine le gâlttelau découpé. .,. , Dessine ce qu',hl i1.'.estJe quand chaqu'e 'conVilve s 'e!S:t se'l.~J. d un mOll'cearu,

62. .Maman Hécoupe une 't'a;rite aux ,pll'unes en 6 mlQl'c·e:atIlX, puis eUe 'Coup;e encore chaque 1lI10rc:eau len d'eux, S'dl y 'a 4 'convive·s à Nl!blle, 'comb:iJen cha'cun pourraJt-.iIl pl,endI1e de mO!l'.ooaux?

63. Dans s·a ·tlll'ellÎil'e, l GiJ.l~s à 12 f il'. Il a ,a,in~i 6 fil', de moins que Jufles. Combilen ra Jules ?

M. J'acq'Ues 'a 2 ~r. de .. plus qule ~;a % de Ju'l~ qui po'Ssèd~ 14 fil'. Combi'en a -t-hl ?

65. Fl'cddy 'a mangé 3 biscuits elt 'chalcun de s'es 2 fil' Bres qualtJrte. LI l'eiSlte 5 oblÎ'scuilts sur le plat. Dessi'11!e h!IS biscU!Î,ts maIl~és par Iles deux frères. Combien ;la m 'aman 'av·ailt-ClI11e acheté de hiecu!ÏIJS ? .Dess,~ne 'tous Iles bilscuJlts groupés 4 pan.' 4.

66. Michel a -acheté 2 Ilivl"CIS à 3.50 fil .. Ip'ièce elt 1 al1hum à 5 fI.'. Comh:i:en Michell a4t-'Ïll dépensé? Com1bien Mi'che,l avaÏlt-U!l 'avant d"entmell' dans ~'e magalSlm ?

67. Maman a -aol1!Clté 'Une ~ livre ·d'e vlj·and·e hachée à 8 fil'. Ile kg. ,et rune !lJ1Vil":e de dla,rd à 4 fr. ,le le.« 'Maman a ,a'lOl~S dans 'son pO!I't1emonna:i'e 16 fir. Co;J~ien maman avait-elle avant d 'entrer chez le boucher -?

68. lB oUt· ISCiS éllirennelS, Marc '~ Il1eÇU Idle 'SOn pal"ram run IbtiHeJt d ie 100 f,r. III dé~ell!S:e la % de C'eltre soonm'e 'Pour Is"U'cheiter unie 'paill e d'e paJ~ins. li! pall'iba~e lIte il~esJ1e avec S'on fil"el"e. . Que c:oûttell1t (\tes pallÏ.'lls ? Gonl'hi'en Ile f'rèl'e de MaJl1C a,t-'Ï.tlœçu ?

69. Gia.les ~CIl".8'e ,La molÎ-ti'é Id;e Ises é\l!I.'enn~, soit 40 ~r. à 'l,a IOailsse d"EpargIl'e. Combien GiJ1:e;s .a~NM 'lieçU ipour S'es é~lie1ll1e:s ? . ' Si G'Hlle's ,donne 5 f!J.·. de 'oe quIÎ [ui ['ClSte à un IpaUJVll'le, com}nen 'aUJ.·,a~t~I11 encol"e en iPoche ap'rès ·avo1Ïor Ifali,t 'cebte aumôn'e ?

E.V. nO 4 jal~ier 1960

TRAVAUX MANUELS

NAPPERONS DE PAPIER NOIR SUR FOND DE COULEUR

\

\,

Un carré de papier noir 16,5 x 16,5 que l'on plie 3 fois en diagonale avec précision, sans perdre de vue ce qui deviendra le centre du napperon, On entaille 'au ciseau, un peu au hâsard, on déplie et on est étonné de la rosace obtenue.

Pour économiser le papier noir, on fera les premiers exercices avec de simples carrés de papier journal ou des feuilles de cahiers scolaires. Dès qu'on a obtenu un joli motif, on cherchera à le refaire en papier noir

Ci-dessus, trois schémas facultatifs à 3 et 4. plis. Le pliage à 4· plis est plus difficile

pour les petits, à cause de l'épaisseur du papier. Pour coller la rosace bur le fond coloré,

se garder d'encoller toute la surface: quelques mouchettes de colle blanche suffiront; mettre ensuite sous presse (pile de livres ou de cahiers).

Epingler sur les murs de la classe les plus beaux napperons.

Ce passe-temps artistique est passionnant: il y a bien des chances pour que l'enfant poursuive ses recherches à la maison durant des heures! Chez les filles, ces trouvailles en papier pourront servir de patrons il de vrais napperons en tissus divers.

Page 16: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

E.V. nO 4 janvier 1960

Page 17: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

E.V. nO 4 janvier 1960

FRISES «EN RIBAMBELLES»

Bandes de papier coloré de 6-7 cm. de hauteur; on les plie en accordéon, de 2 en 2 cm. Puis sur le premier pli, o.n dessi~e la moitié d'un sujet décoratif (arbre, fleur, animal, person­nage). Choisir des motifs symétriques par rapport à un axe central. Découper et replier.

1 on:::l1'gQ. :z bLw c.lair

.; bl~u fonc.é - 4 blczu tré$ foncé ('hoir)

4

1 blo..u clair - 2. bTun l'ouge 3 blQ,u. trds tOl1(.i - 4 hoir (tlOllmÎec) ~Qla.i l et r~fLds : Ol"Qno~

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PAYSAGES EN PAPIER DECHIRE OU DECOUPE. -

En découpant d'après un axe de symétrie, on réalise personnages, animaux et plantes qui pourront servit- à décorer des textes ou des rédactions.

On peut aussi combiner de très jolis paysages avec 3 ou 4 papiers colorés. Commencer toujours pal' les arrière-plans et finir pal' le premier plan. Se défier des teintes imitant les couleurs réelles de la nature; choisir des contre-jour aux contrastes violents. (On trouvera d'autres exemples dans PERRELET: PLIAGE, DECOUPAGE, p. 118 et suiv.)

Page 18: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

E.V. nO 4. janvier 1960

ELOGE DE LA MÉNAGÈRE

(Nous donnons ici la suite du texte de Péguy cité par Madame Ferrier, dans sa conférence sur la Correction française. On fera remarquer aux grandes filles comment le poète, selon l'expression savoureuse d'une élève, « change d'étage»

fréquemment, pa.ssant de la poussière à l'impureté, des préoccupations matériel­les eu.x sollicitudes morales).

o vous qui pourchassez jusqu'au fin fin fond des coins '

La poussière et l'ordure et toute impureté,

Toute disconvenance et toute improbité,

Maîtresse des labeurs, des veilles et des soins,

Vous qui prenez ce bois pour allumer la lampe

Et la mettre au milieu de la table servie,

Et qui prenez ce lin pour essuyer la rampe,

Et qui rangez les fleurs et qui rangez la vie,

o femme qui rangez les travaux et les jours,

Et les alternements et les vicissitudes,

Et les gouvernements et les sollicitudes,

Et la vieille charrue et les nouveaux labours;

o femme qui rangez les palais et les tours,

Et les retournements et les iniquités,

Et la je~nesse détresse et les antiquités,

Et la vieille tendresse et les nouveaux amours ...

Péguy. LES TAPISSERIES EVE

Edit. Gallimard, 1946. (p. 33/34)

Page 19: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

Bibliothèques scolaires Nous fournissons tous les livres figurant dans la sélec.·

tion que vient d'établir l'Office de l'Enseignement,

D'autre part, notre abonclantè documentation et notre

expérience en ce domaine, nous permettront de guider

judicieusement votre choix.

$-tI MARTIGNY

Téléphone 026/6 11 59 1

'-------~

CO MMUNICATION S OFFICIELLES

EXTRAIT DU PROTOCOLE DES SEANCES DU CONSEIL D'ETAT

SEANCE DU 22 DECEMBRE 1959

LE CONSEIL D'ETAT,

vu les dispositions de l'art. 1er, lettre c, du décret du Grand Conseil du 17 m ai 1957 complétant et modifiant celui du 12 mai 1955, concernant le traitement du personnel enseignant, en vertu duquel toute adaptation future des traitements et des allocations sociales concernant le personnel de l'Etat sera applicable au personnel enseignant;

considérant qu'en séan ce du 10 novemhre 1959, le Grand Conseil a accordé au personnel de l'Administration cantonale une majoration moyenne de 12 % du traitement servi actuellement;

attendu qu'il est équitable dès lors d'allouer au personnel enseignant une m ajoration équivalente;

sur la proposition du Département de l'Instruction puhlique,

décide:

Art. 1._ - Le traitement du personnel enseignant des écoles primaires, m énagères et complémentaires ainsi que des différents cours, est majoré de 12 %.

Art. 2. - La majoration de 12 % est calculée sur l'ensemble du traite­m ent actuel qui devient le nouveau traitement de base.

Ce nouveau traitement ainsi que les allocations sociales correspondent à l'indice du coût de la vie de 160 points.

Art. 3. - Le Département de l'Instruction publique est compétent, en accord avec le Département des Finances, pour déterminer le nouveau traitement et ses modalités de répartition et de paiement.

Art. 4. - Pour les maîtres affiliés à la Caisse de retraite du personnel enseignant, l'augmentation introduite dans le nouveau traitement de base n'est p as comprise dans le traitement assuré auprès de la Caisse.

En vue d'intégrer ultérieurement cette partie du traitement dans l'assu­r ance, il est perçu de l'Etat et des membres une cotisation calculée selon les dispositions des art. 9, lettre a et de l'art. Il du règlement de la Caisse du 31. 10. 1957.

Al't.'5.~- L'al·t. 15 -du règlèment -du 10 décembre 1955, se rapportant à la modalité du paiement, est abrogé et remplacé par une disposition qui sera étahlie par le Département compétent .

. '. 1rt.'_ ~ .. ~_~~: pl'é.~~e~te: décisi~n prend effet le 1er janvier 1960.

Le Chan.celier. d~Etat

-91-

Page 20: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

REGLEMENT D'APPLICATION DE LA DECISION DU 22 DECEMBRE 1959 CONCERNANT LE TRAITEMENT

DU PERSONNEL ENSEIGNANT

Les Départements de l'Instruction publique et des Finances vu la décision du ,Conseil d'Etat du 22 décembre 1959 donnant aux deux Dépar­tements .les competences voulues pour fixer les modalités de répartition du nou­veau traIten1ent,

1 décident: 1

I. MAITRES ET MAITRESSES DES CLASSES PRIMAIRES ET ENFANTINES

A Le nouveau traitement de base comprend:

B

Instituteurs Institutrices

a) Le traitement initial prévu par décret du 12 mai

1955 (pour 9 V2 mois de classe) . 6.400.- 5800.-

b) l'allocation de renchérissement de 12 % de a) 768.- 696.-

c) l'allocation spéciale de renchérissement, décret du 17 mai 1957

d) les primes d'âge

380.- 380.-

Traitement de hase, vacances comprises : total ~48.- 1~76.­

Conformément à l'article 2 du décret du 12 mai 1955, ces montants l'ému­nèI:ent 9 V2 mois de cl.asse et les congés. Pour une durée moins longue, le traItement est proportIOnnel à la scolarité, au regard de 9 V2 mois.

C En vue de simplifier les opérations comptables et de faciliter à chacun l'évaluation de son traitement, celui-ci est calculé au mois. a) Le traitement d'un instituteur part de fI'. 725.- pour atteindre fI'. 980.­

par mois de scolarité ; b) Celui de l'institutrice va de fI'. 665.- à fI'. 920.- ·par mois de scolarité; c) les primes d'âge, au nombre de 15, sont fixées à fI'. 17.- par mois de

classe; d) l'allocation de ménage est fixée à fI'. 46.- par mois de classe; e) l'allocation pour enfant à fI'. 35.- par mois de classe; f) A tous les montants sus-indiqués s'ajoutent:

1. Comme traitement de vacances: le 10 % de la somme totale l'eçue penc!ant l'année scolaire. Ce supplément est versé à tout le personnel enseIgnant au mois de juillet; il fait partie intégrante du traitement de base; (pour le présent cours scolaire - année transitoire - ce mode de calcul n'est p~'atiqué qu'à partir du 1er janvier 1960, date de l'entrée en vigueur du nouveau reglement. Pour les mois antérieurs, la part du traitement de vacances est calculée d'après les anciennes normes).

2. c?mme a~location de renchérissement: le 12 % du traitement global; 3. l'IndemnIté de déplacement n'est pas considérée comme faisant partie

du traitement,

~92 -

II. MAITRESSES MENAGERES La maîtresse ménagère qui remplit les conditions prévues à l'article 8 du décret du 12 mai 1955, reçoit le traitement servi à l'institutrice primaire, majoré de fr. 30.- par mois, plus le 12 % de cette dernière somme.

III. MAITRES DES COURS COMPLEMENTAIRES a) Le maître dirigeant les cours complémentaires reçoit Lill traitement qui va

de fI'. 825.- à fI'. 990.- par cours; b) la prime d'âge est de fI'. 11.- par année de service; c) l'allocation de ménage est de fI'. 50.- par cours; d) l'allocation familiale est de fI'. 38.50 par enfant; e) aux allocations et au traitement sus-indiqués s'ajoute une indemnité de

12 % de renchérissement; f) le traitement, fixé par le règlement du 10 décembre 1955 concernant les

maîtres enseignant dans des cours à effectif réduit, est majoré de 12 %.

IV. NORMALIENS ET NORMALIENNES Le traitement des normaliennes et des normaliens chargés (rune classe est respectivement de fI'. 600,- et de h. 650.- par mois; ce traitement est majoré de 12 %.

V. MAITRESSES D'OUVRAGES MANUELS a) Le traitement de la maîtresse d'ouvrages manuels, en possession d'un

diplôme reconnu par le Département de l'Instruction publique, est fixé à fI'. 140.- par mois;

b) celui de la maîtresse qui ne possède pas ce diplôme est de fr. 105.- par mois;

c) ces traitements sont majorés d'une allocation de renchérissement de 12 %.

VI. MAITRESSES DE COUPE ET DE COUTURE a) La maîtresse qui peut justifier de la maîtrise fédérale ou qui remplit les

conditions posées à l'art. 14 ,1er alinéa du décret du 12 mai 1955, l'eçoit un émolument de fr. 5.25 à l'heure;

h) celle qui ne possède pas les titres requis touche un émolument de h. 4.10 à l'heure;

c) ces émoluments sont majorés d'une allocation de renchérissement de 12 %.

VII. REMPLAÇANTS a) L'indemnité journalière pour un maître remplaçant est fixée à fI'. 31.~0 ; b) elle est majorée d'une allocation de renchérissement de 12 %.

VIII. CAISSE DE RETRAITE a) Les cotisations pour la caisse de retraite sont calculées SUl' le traitement

de base et sur l'allocation de ménage ; b) celles de l'A VS SUl' le traitement global, l'indemnité de déplacement non

comprise. La présente décision prend effet le 1er janvier 1960.

Sion, le 13 janvier 1960. Le Chef du Département de l'Instruction publique

Le Chef du Département des Finances M. GROSS M. GARD

- 93-

Page 21: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

BREVET DE CAPACITE 1960

L'examen du Brevet de Capacité pour 1960 est fixé comme suit: Jeudi 9 juin, dès 8 h. 30 : épreuves écrites et orales. Vendredi 10 juin, selon horaire à préciser: leç'ons pratiques.

L'examen écrit comprend:

1. une dissertation de 2 h. 30 sur un sujet général ou pédagogique;

2. trois ou quatre problèmes d'arithmétique;

3. une composition d'orthographe.

L'examen oral comprend:

1. une interrogation sur la langue maternelle (explication, grammaire, analyse);

2. une interrogation sur une discipline choisie par le candidat (branche à option).

Leçons pratiques. Chaque candidat doit s'occuper d'une classe pendant 45 minutes. Au cours de ces 34' d'heure, il donne 2 leçons de 20 minutes chacune, dont l'une est tirée au sort et l'autre laissée au choix du candidat. Les deux leçons sont données à des élèves différents et doivent traiter une matière différente. Comme la leçon tirée au sort ne peut pas être refusée, il est prudent de préparer à l'avance deux leçons au choix. Les candidats ont une heure pour préparer les deux leçons (l'une pouvant être prête depuis longtemps). On exige une préparation écrite des deux leçons. En principe, et selon les possibilités, les élèves sont du même degré que ceux à qui le candidat a fait classe durant l'année.

IMPORTANT. Il est rappelé aux candidats que nul ne peut se présenter à l'exa­

men du Brevet de Capacité s'il n'a remis les cinq travaux obligatoires prévus par le Règlement.

Ces travaux doivent être envoyés à l'Inspecteur à raison de un chaque année. Tout retard risque d'avoir des incidences sur le versement des primes d'âge.

On s'attache un enfant moins en lui faisant du bien qu'en lui en faisant faire

aux autres.

Thellier de Poncheville

·· ._·L_·_,;j ._ . . .. \. .. .' .

- 94-

A PROPOS DU BREVET DE CAPACITE

L'examen écrit.

Il n'y a pas lieu de se troubler outre mesure au sujet de l'examen écrit. Les épreuves d'orthographe et d'arithmétique sont généralement plus faciles que celles qui terminent l'Ecole Normale. Certains maîtres et maîtresses - les maîtresses surtout - qui n'ont enseigné qu'à des élèves du degré inférieur, ont oublié bien des choses en cinq ans. Et l'on est donc obligé d\~n tenir compte. En un sens, le témoignage des parents, des commissions scolair(~s et des Inspec­teurs est plus important qu'un test de dictée ou de calcul ...

Cependant il ne faudrait pas non plus minimiser cet examen du Brevet en le réduisant à une simple formalité. L'instituteur et l'institutrice se doivent de tenir leur rang, de faire honneur à leur diplôme, et cela durant toute leur vie. On ne conçoit pas une institutrice qui ignore tout des participes passés sous prétexte que ses enfants ne savent pas encore écrire, ni un instituteur qui ne sache pas extraire une racine carrée, parce que ce n'est pas dans le programme du degré moyen! Noblesse oblige!

C'est pourquoi les candidats auront à cœur de rafraîchir certaines notions oubliées, (la racine carrée, pour reprendre le même e~emple) quittes à demander l'aide d'un collègue dans le mois qui précède l'examen.

A titre d'indication, voici quelques sujets de dissertation et de problèmes donnés ces dernières années à l'examen du Brevet.

« Que pensez-vous de cette affirmation d'un contemporain: la vérité est dans les nuances ? » (1959)

«J'aime bien mieux ne pas connaître les parents de mes élèves, disait un instituteur. Qu'en pensez-vous? » (1959)

« Il ne faut jamais avoir peur du bruit. Le bruit, c'est l'activité. Pédago­gues, quel est votre avis ? » (1958)

« Commentez cette parole d'un penseur et faites-en l'application à votre profession: l'homme absurde est celui qui ne change jamais. » (1956)

Problèmes (1958)

1. On offre d'acheter au comptant à un propriétaire toute sa récolte de blé à raison de fI'. 44,70 le quintal. Il refuse et vend son blé 8 mois après au prix de h. 48,50 le quintal payable au comptant. A cette époque le blé, s'étant desséché, a perdu 2 % de son poids. Malgré cette clessication et la perte de l'intérêt de son argent calculé à 5 % l'an, il se trouve encore avoir gagné Fr. 192,96 en refusant la première offre. Trouver en hectolitres la quantité de blé récolté, le poids primitif de l'hl étant de 80 kg. Quelle est la valeur nominale d'un billet payable dans 4 mois (escompte 6 0/0) dont la valeur actuelle est égale au prix de vente du blé ?

(Insti tu teurs )

2. La surface latérale intérieure d'un vase cylindrique est égale à 628,32 cm2•

Le fond de ce vase repose sur un plan horizontal; on y verse de l'eau jusqu'à une hauteur de 15 cm et on achève de le remplir avec de l'huile dont la densité est de 0,915. Calculez la capacité du vase sachant que le poids de l'huile employée et les 0,305 du poids de l'eau qu'on y a versée. (pi = 3,1416)

( Instituteurs)

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Page 22: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

3. Une personne disposant d'une certaine somme veut acheter une maison qui vaut les 9/10 de la somme et un jardin qui vaut le 1/8 de cette même somme. N'ayant pas assez, elle laisse ce capital placé à 6 % pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'elle ait une somme suffisante pour faire l'acquisition. 1) Pendant combien de mois au moins la somme doit-elle rester placée

pour que le problème soit possible? 2) Trouver le montant de la somme placée, sachant qu'au bout de sept mois la personne a 1000 fr. de plus qu'il ne lui en faut pour faire l'acquisi-

tion. (Institutrices)

4. Un vase en fer blanc, ouvert à la partie supérieure, a la forme d'un prisme rectangulaire. La profondeur est de 0 m. 25 et les dimensions de la base sont entre elles connne 10 est à 7. Plein d'eau, il pèse 28 kg. 352. Plein d':un li­quide dont la densité est 0,92, il pèse 26 kg. 212. Calculez : 1) la capacité du vase; 2) le poids du vase vide; 3) les dimensions de la base;

4) le poids par dm2 du fer blanc qui a servi à le confectionner. (Insti tutrices)

L'examen oral.

En introduisant à l'oral une matière à option, le législateur avait en vue moins la répétition d'une partie du programme que l'approfondissement, l'élar­gissement de ce même programme.

C'est pourquoi il ne faut pas attendre le dernier mois avant de choisir la «branche» facultative. On doit se concel·ter avec le professeur qui enseigne cette branche, longtemps à l'avance, et préciser avec lui quelle partie on va travailler.

Le choix est très vaste: littérature, histoire, géographie, seconde langue, pédagogie, histoire de la pédagogie, psychologie, religion, sciences naturelles, physique, chimie, mathématiques, civisme, musicologie, etc.

L'an dernier, une candidate a présenté un travail remarquable sur les oiseaux de la région; une autre a demandé à être interrogéè sur le théâtre moderne, en relation étroite avec un cours suivi au Conservatoire; une maîtresse d'école enfantine a présenté une étude très complète sur Van der Mersch, ayant lu la presque totalité de ses œuvres.

Vous ne sauriez croire le plaisir que l'on éprouve à engager l'échange d'idées avec de tels candidats, car c'est plus une conversation familière qu'un examen.

Et c'est bien là l'esprit du Brevet de Capacité: provoquer une recherche personnelle, une étude particulière, régionale, locale, dont bénéficiera l'ensei­gnement en tout premier lieu. Sans quitter la commune ou le district, que d'études solliciteraient l'attention du maître! Flore et faune de la région, géo­graphie, histoire locale (bâtiments avec date, inscriptions, église, archives com· munales, chapellès et pèlerinages, coutumes locales) étude des lieux-dits et des noms de famille, industries, etc., etc. sont autant de thèmes qui pourraient être creusés en vue d'une petite monographie. Bibliothèque et Archives cantonales seraient toutes disposées à s'ouvrir à vos recherches et les responsables ne man­queraient pas de vous aider de leurs conseils et de leur eXpérience.

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Ce genre de travail vous donnera confiance en vous-même:3, en vos possibi­lités de chercheurs; il vous vaudra aussi la considération de votre entourage.

Si l'on use parfois péjorativement de l'épithète de « primaire », c'est que malheureusement certains instituteurs, accaparés par les exigences impérieuses de la vie matérielle, en restent définitivement au stade de l'Ecole normale. Le danger est encore plus l'éel chez les institutrices qui, une fois mariées, ne savent plus se ménager la moindre demi-heure pour lire et élargir leurs connaissances.

Et c'est pourquoi il faut maintenir l'examen du Brevet malgré le nombre imposant de ses détracteurs, ceux-là mêmes qui téléphonent huit jours avant pour demander la date et le programme ... ceux-là mêmes qui ont perdu après six mois d'enseignement l'enthousiasme initial, fixés, figés à un niveau qu'ils ne dépasseront plus. Ne soyons pas de cette confrérie!

E. Claret

ENSEIGNEMENT A NEUCHATEL 1960

Le canton de Neuchâtel engagera, pendant l'été et l'autolIlIle, un certain nombre d'institutrices et d'instituteurs valaisans.

1. Période du 1er mai au 31 octobre. Les engagements se feront par lettre personnelle adressée aux intéressés.

2. Remplacement pour service militaire. Durée d'engagement juin, juillet à fin octobre 1960, cette date pouvant être modifiée si les intéressés l'epren­nent l'école plus tôt en Valais.

Conditions: Instituteurs: fr. 31.- par jour effectif de classe, Institutrices: fr. 26.- par jour effectif de classe, donc sans les dimanches, mais, en revanche, avec payement d'un jour de vacances pour 3 jours de travail effectif.

Pour cette dernière catégorie, prière de s'inscrire auprès du Département de l'Instruction publique à Sion.

Sion, le 13 janvier 1960.

L'inspecteur des écoles du canton de Neuchâtel du 1er anondissement :

Ch. Bonny

Le Chef de Service du Département de l'Instruction publique :

M. Evéquoz

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Page 23: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

Les Consignes d'un Ancien

(A l'occasion de son 90me anniversaire, nous avons demandé à M. le Professeur A. Julier, qui fut durant 25 ans collahorateur fidèle de l'ECOLE PRIMAIRE, un bref mot d'ordre à l'in­

tention de ses nombreux amis.)

Ce que je recommanderais avant tout aux maîtres valaisans, c'est la conscience profes­sionnelle. Je ne veux pas insinuer par là qu'ils ne font pas leur devoir; ils sont au contraire

des travailleurs infatigahles que j'admire. Mais il arrive à chacun de s'oublier parfois et de céder à la facilité. La conscience professionnelle est la marque royale de tout éducateur

chrétien.

Conscience professionnelle dans la préparation quotidienne el régulière de sa classe. Une simple inscription ou annotation de pages de lecture, de numéros de problèmes, de chapitres d'histoire ou de géographie, etc. est loin d'être appelée une préparation. Celle-ci demande

un examen attentif de ce qu'on veut donner à étudier. Il faut y déceler les difficultés que certains élèves peuvent y rencontrer; chercher des termes de comparaison, des exemples pour prouver telle ou telle affirmation; choisir convenablement les exercices d'application les

plus pratiques ; prévoir les questions qui permettront de constater si les enfants ont écouté

et compris ...

Conscience professionnelle dans la correction des devoirs écrits faits en classe ou à la

maison . A cet égard, il y a parfois, disons même souvent, des négligences coupables chez

certains instituteurs, sous prétexte qu'ils n'ont pas le temps ou que ces corrections n'ont

pas bea1lcoup d'utilité ....

Conscience professionnelle dans les relations avec les collègues. Il y a des maîtres qui

jalousent leurs voisins, cherchent à critiquer leurs méthodes, rabaissent leurs succès ... Com­ment faire un travail vraiment éducatif s'il manque cette indispensable collaboration entre

artisans d'une même œuvre?

La deuxième vertu que je vous recommande, c'est la bonté.

Votre classe doit être une famille, non une prison ou un lieu de dressage. Quand Dieu

créa l'homme, dit Bossuet, il lui donna premièrement la bonté. C'était une émanation de sa

propre bonté infinie. Dieu est toujours bon, malgré la méchanceté humaine. Et le Christ! quelles preuves de bonté n'a-t-il pas données! On ne relira jamais sans être touché jusqu'aux

larmes l'histoire de l'enfant prodigue, celle des brebis égarées que le Bon Pasteur ramène sur ses épaules. Educateurs, soyez compréhensifs, indulgents et bons! Quelqu'un disait un jour

qu'il faut souvent aimer trop pour montrer qu'on aime assez.

Sans doute, la bonté n'exclut pas la sévérité, mais elle fait éviter les excès de cette sévé­

rité. Les élèves doivent sentir dans leur maître un médecin qui prescrit quelquefois des remèdes amers, mais qui font du bien. Par la bonté, le maître s'attirera l'affection de ses

enfants; le travail sera moins pénible pour lui comme pour eux. Peut-être que certains élèves chercheront à abuser de ces bonnes dispositions, mais plus tard, ils reconnaîtront leur

errem' et seront portés à la bonté au souvenir de leur vieux maître. Car s'il suffit d'un jour pour s'apercevoir qu'un homme est méchant, il faut souvent toute une vie pour s'apercevoir

qu'il est bon.

Telles sont les consignes que vous donne un vieil homme d'école, qui a passé 60 ans

dans l'enseignement, dont 50 en Valais . Penché vers la tombe, il n'a qu'un vœu à formuler:

c'est que, grâce à vous, éducateurs, grâce aux efforts de nos Autorités responsables, notre école valaisanne devienne toujours plus rayonnante, plus attachante, plus agissante et plus belle!

Auguste JULIER

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PARTIE CORPORATIVE

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION - SEANCE DU COMITE

Sous la sympathique présidence de M. Marcel REV AZ, le Comité a tenu séance le 31 décemhre à l'Ecole Normale.

Voici les questions à l'ordre du jour et les décisions prises:

1. Revalorisation des traitements.

Le Conseil d'Etat, appliquant le décret du 17 mai 1957, entérinera un renchérissement identique à celui prévu pour les fonctionnaires et accepté par le Grand Conseil à la session · de nove:nhre dernier. Il représentera vraisemblablement une augmentation de 12 % ,de ia situation

globale actuelle . Le Comité tient à remercier Monsieur le Conseiller national René Jacquod, secrétaire fédératif, pour le rapport établi et les démarches entreprises (lui assu'rèrent le succès

que l'on connaît à nos revendications . Notre gratitude va également à nos Autorités pour leur décision empreinte de compréhension et d'équité.

2. Assemblée triennale.

Au printemps 1960, aura lieu l'assemblée générale statutaire. Le Comité procède à un échange de vues, sans prendre de décisions fermes. Parmi les nombreuses questions soulevées, signalons:

a) la date: première quinzaine d'avril; b) le lieu: Martigny ou Monthey;

c) l'ordre du jour : A côté des questions administratives, le Comité choisira un thème autour duquel graviteront tous les travaux, exposés et discussions. Une résolution ~ourrait · être

adoptée en fin de séance. Un certain nombre de thèmes d'actl,lalité ' dans le domaine éducatif, pédagogique et culturel furent proposés, mais le choix définitif n'inter~iend~~ qu'à la prochaine séance. ' 1

3. Office de l'enseignement et Ecole valaisanne.

Le Comité prend connaissance de la lettre que lui a adressé Monsieur le Conseiller d'Etat Marcel Gross en réponse cU rapport par la SVE et concernant l'O.E. Il tient à féliciter M. Claret pour l'orientation nouvelle donnée à la revue.

Chaque comité de district est appelé à désigner un correspondant chargé de relater les évènements d'ordre scolaire ou corporatif à publier dans l'Ecole Valaisanne.

A la demande de M. Claret, le Comité désignera quelqu,e·s Collègues désireux de l'aider à rédiger les pages pratiques adaptées aux divers degrés de l'ens~lgnemerit:

4. Divers.

Le drapeau de la SVE a besoin d'être restauré.

La classe prévue pour l'instituteur, dans l'échelle des; traitements . établie par le Service

de la formation professionnelle ne semble pas devoir donner satisfaction. Le Comité demande à ce que cette question soit examinée par le secrétariat fédératif.

Le Comité pense que les traitements devraient être versés avant le 30 · du mois et qu'un

bordereau devrait, comme par le passé, être remis à chaque élève au début de l'année scolaire.

Le Comité discute de l'organisation éventuelle d'une tOUl:~lée de ' cOI~·fél;ences en collabora­

tion avec d'autres associations pédagogiques. Sujet: Perspectives actuelles et futures de l'emploi et l'éducation. Conférencier: M. Pierre Jaccard, Directeur de l'Institut des Sciences politiques et sociales de l'Université de Lausanne.

Le Secrétaire.

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Page 24: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

BIBLIOGRAPHIE:

NOS ENFANTS LISENT

par Ls Empain et M. Jadin. répertoire des meilleurs livres pour la jeunesse, mis à jour en 1959. Editioll du Soleil Levant, Namur. Dépositaire pour la Suisse: Oeuvre St-Augustin, St-Maurice, Prix fr. 3.-.

Voici un ouvrage recommandé chaudement au personnel enseignant, surtout à ceux qui ont à s'occuper de bibliothèques.

- Il est d'abord d'un prix modique et d'un format «de poche» très commode.

- Il est encore moderne, récent, puisqu'une nouvelle édition mise à jour est publiée chaque année en novembre.

- Il est d'une ordonnance claire dans ses rubriques, allant des contes pour moins de dix ans aux ouvrages de formation artistique et religieuse en passant par les sciences, le bricolage, le tourisme, le sport, etc.

- Enfin, il est moralement sûr dans ses appreCIatlOns ; chaque livre recommandé a d'abord été sélectionné par un adulte, puis lu par des garçons ou des filles auxquels il est destiné, chacun devant faire rapport et donner une cote.

Une page extraite de l'introduction vous donne d'emblée «l'esprit» de cette sélection:

«On peut éprouver un plaisir à lire tels livres dont les aventures décrites sont passion­nantes ; mais le lecteur ne connaîtra pas la joie, cette nourriture de l'âme, si l'auteur contente la raison et l'imagination mais néglige le cœur. S'il y a des livres qui répandent cette joie, peut-on leur en préférer d'autres? Il ne faut pas oublier que toute lecture inutile a pris la place d'un bon livre qui aurait mieux formé l'âme de l'enfant.

C'est pour cette raison d'ailleurs que nous ne pouvons recommander les livres illustrés de bandes d'images où le texte est quasi inexistant: la grande vogue de ces illustrés fait un tort réel aux bons livres: que d'enfants de nos jours abordent l'adolescence sans avoir eu d'autres lectures!

Nous devons évidemment exiger le bon style. La trivialité, le mauvais parler sont le fruit d'un «snobisme» moderne qui envahit malheureusement beaucoup d'illustrés et de romans.

Il faüt que la lecture soit saine.

La moralité ne peut être malmenée: que le héros, qui sera admiré par le lecteur, soit humain, mais honnête et marqué de ces qualité que nous souhaitons à nos enfants. Ceux qui dans le roman joueront un rôle que l'adolescent envie ne peuvent admettre ni meurtre, ni suicide, ni violence, ni mensonge, ni lâcheté, à moins qu'ils ne se repentent de leurs faiblesses.

Nous continuerons à dénoncer les faux héros de notre époque: les Tarzan et les «super­man », les gangsters, les chefs de bandes, les «supersoldats» munis d'armes fantastiques de destruction ou les maîtres espions, spécialistes de la lâcheté et du mensonge.

Certaine littérature, écrite spécialement et commercialement à l'intention des jeunes, flatte les sentiments les plus malsains et les plus bas de l'âme humaine; il ne faut pas être médecin ou psychiâtre pour s'apercevoir que tous les garçons y trouvent un plaisir inacceptable.

Et nous connaissons dans une même collection certains romans mêlés à de très bons livres, où l'unique souci de l'auteur est de présenter à chaque page des scènl.!s de ligotage entre garçons, de garçons enchaînés ou flagellés, le tout baignant dans ùne écœurante atmosphère de sadisme.

Quant aux parents, qui se fient parfois aux titres des collections et aux images des cou­vertures où sont campés des garçons sains et forts, ils ne se douteront jamais de la pourriture que le livre contient.

Les images du cinéma passent; le livre peut être un livre de chevet. »

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DANS LA FORET JOLIE

par G. Durand et Florence Houlet. Livre l, 100 pages, Delachaux & Niestlé.

Le nom de Florence Houlet est pour nous une sérieuse et bien sympathique référence. Ses fiches de lectures individuelle, éditées chez Nathan présentent de petits textes délicieux, pleins de poésies, qui résolvent tous une difficulté alphabétique avec un sens averti de la gradation.

Le nouveau livre de lecture DANS LA FORET JOLIE qu'elle vient de signer en colla­boration avec Mme G. Durand, Directrice d'école maternelle, présente les mêmes qualités et les mêmes garanties.

En compagnie d'un aimable petit lutin Yodeli, l'enfant pénètre au royaume enchanté de la forêt et fait connaissance avec d'autres héros aux syllabes familières qUI lui dévoilent peu à peu les énigmes du langage écrit. Illustrations sobres, d'une seule couleur, alternativement en ver et en brun. Conseils pédagogiques judicieux. Contes d'introduction ou de mise en train qui seront lus ou racontés par la maîtresse avant d'aborder la page réservée à l'enfant. Récréations, devinettes et ritournelles.

Un livre de lecture qui fut sans aucun doute longuement pensé et qui convient bien pour la première année. L'éducation du sentiment est délicatement facilitée par le texte. Mais il n'a strictement rien, aucune allusion, aucun rappel, au point de vue religieux. Si c'est un parti pris commercial, c'est pour nous une lacune.

CH ARITE, 0 MA JOIE! Photographies de Benedikt Rast, texte de Marcel Michelet. Edité par les Sœurs hospitalières de Sion.

Nos maîtres et maîtresses se plaignent souvent d'un manque de documentation sur les choses du Valais. Pourtant, dans l es domaines les plus divers, paraissent parfois des ouvrages excellents, destinés à faire connaître telle région touristique, telle institution, telle industrie.

Un très beau volum e vient de par;lÎtre, qui raconte l'histoire et l'activité des Sœurs hospitalières de Valère. Magnifiquement illustré par l'artiste de la photographie qu'est Benedikt Rast, le volume s'ouvre sur un très beau texte du chanoine Marcel Michelet, si apprécié des lecteurs de l'Ecole valaisanne. Sous le titre «Charité, ô ma joie », il raconte, dans une langue très vivante et très élégante, la fondation de la Congrégation des Sœurs hos­pitalières du célèbre hospice de Beaune (Bourgogne), puis leur venue en Valais, à Fully, Sion, Montana, enfin leur départ pour la Guadeloupe. Indépendamment de l'intérêt documentaire que présente cet ouvrage, les qualités de son texte et celles de son illustration méritent l 'attention de nos lecteurs. A son tour, notre personnel enseignant pourra s'en servir pour faire con naître à notre jeunesse un ordre particulièrement sympathique en notre canton.

1-LA

F/lIT

DES HEUREUX .. .

- 101-

Page 25: L'Ecole valaisanne, janvier 1960

Crocus

Mme Ferrier

Communications officielles :

E. Claret

Auguste Julier

SOMMAIRE

Savoir dire non

A l'adresse des parents t,'op faibles

La correction française

Le nouveau traitement du Personnel enseignant

B revet de capacité 1960

Enseignement à Neuchâtel

A propos du Brevet

Les consignes d'un ancien

Partie corporative

Bibliographie

RENSEIGNEMENTS

77

80

82

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100

«L'E cole 'valaisanne» pa1r,aÎ1t à S~'Ol1. Il'e 15 'de 'chaqu'e mo~s ,de novemhre à julin. En éltié, ll1JUIIIléros doubles le 15 jui,uelt et le 15 septemhre.

Rédac~ioll E. Ohm et, Ecolle N o1'InIale

Edition e t adminü;tratioll Département d e l'Instruction publique, Sion

Impression e t ex pédition Imprllllel,ie FiOl'ina & Pellet, Sion

Publ ici té Publioitas, avenue d e la gare, Sion

Page de CGuverWre : Jl l Fr. 700.-1/2 Fr. 380.- ] 0 fois au minimum 1/4. Fr . 200.-1/1 Fr. 60.-

Page ordinaire: 1/2 Fr. 33.- S insertions rabais de 5% 1/4. Fr. 18.- 10 ins'ertions rabai,s de 10 % 1/8 Fr. 10.-

Prix de l'abonnemenrt annrud F,l'. 10.- (epte de chèques II c 12, Etat du Valais. Sion)

Délai de :l.'édac\JÏ'on Le 5 de 'Chaque moils.

CAISSE D'ÉPARGNE DU VALAIS Notre établisse ment traite to ute's ries opérations de ban­que. Il exerce son activité dans le canton dep uis 1876. Il ne poursuit pas de buts essentie l'Ieme nt lucratifs puis­que ses bé néfices, après les prélève ments nécessai·res à sa consolidation fina ncière sont e nt ièrement affectés à des œuvres huma nita ires et socia'les.

LE LAIT PASTEURiSÉ ET HOMOGÉNÉISÉ CONTIENT TOUT CE OU 1 EST NÉCESSAIRE A L'ORGANISME HUMAIN.

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Instituteurs, Institutrices . .. Notez la bonne adresse: --1

TABLES liT CH~AISES ~'OUIII ECOLES! Bâtiment «LA MA TZE », Pratifori - SION