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IUFM DE BOURGOGNE Professeur des écoles L’éducation à la sécurité routière peut-elle participer à la formation du futur citoyen ? GASSELIN Karen Mr COMPOS Année scolaire 2003-2004 N° 03STA00023

L’éducation à la sécurité routière peut-elle participer à ... · Qu’est-ce qu’un citoyen ? Pour le Petit Larousse, un citoyen est « le membre d’un Etat considéré

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IUFM DE BOURGOGNE

Professeur des écoles

L’éducation à la sécurité routière peut-elle participer à la formation du futur citoyen ?

GASSELIN Karen

Mr COMPOS

Année scolaire 2003-2004 N° 03STA00023

L’éducation à la sécurité routière peut-elle participer à

la formation du futur citoyen ? RESUME : Les enfants d’aujourd’hui sont les futurs citoyens adultes de demain, c’est dans cet esprit que nous devons pouvoir les sensibiliser et les éduquer aux principales préoccupations de notre société. Ces dernières années nous ont montré le souci de la violence routière. Ce problème d’ordre civique peut être développé dès l’école élémentaire à travers l’interdisciplinarité. Ainsi, l’école permet de conduire l’enfant vers ses responsabilités pour vivre sa citoyenneté. MOTS CLES : Citoyenneté. Education. Sécurité.

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Sommaire Sommaire.................................................................................................................................. 3 INTRODUCTION................................................................................................................... 5 I. Pourquoi éduquer à la citoyenneté ? .............................................................................. 6

1. Les instructions officielles. ......................................................................................... 6 2. Qu’est-ce qu’un citoyen ?............................................................................................. 7 3. Eduquer à la citoyenneté pour générer des comportements et des valeurs. .. 7 4. Le rôle de l’enseignant. ................................................................................................. 8

II. Pourquoi une éducation à la sécurité routière ? ....................................................... 9

1. Répondre à une réalité. ................................................................................................. 9

1.1 L’enfant, un usager de la route particulièrement exposé. .............................. 9 1.2 L’insécurité routière. .............................................................................................. 9

2. La nécessité d’un partenariat. .................................................................................. 11 2.1 Une entreprise collective, un système complexe. .......................................... 11 2.2 L’école et sa mission éducative en liaison avec la famille. ........................... 11

3. L’enseignement à la sécurité routière conforme aux Instructions Officielles............................................................................................................................................... 12

3.1 Les objectifs d’une éducation à la sécurité routière à l’école primaire. .. 13 3.2 L’attestation de première éducation à la route. ............................................ 13

III. Liens entre éducation à la sécurité routière et éducation à la citoyenneté. 14

1. Education à la citoyenneté et éducation à la sécurité routière : des enseignements interdisciplinaires. ............................................................................... 14

1.1 La citoyenneté dans toutes les disciplines. ...................................................... 14 1.2 La sécurité routière dans toutes les disciplines. ........................................... 16

2. Sécurité routière et projet. ..................................................................................... 17 IV. Comportements et valeurs citoyens générés par l’éducation à la sécurité routière. ................................................................................................................................. 18

1. Séquence en cycle 2. ................................................................................................... 18

1.1 Présentation............................................................................................................. 18 1.2 La situation déclenchante. ................................................................................... 19 1.3 Les étapes et les activités réalisées................................................................. 21 1.4 Autres activités liées au projet fait en classe............................................... 23

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2. Séquence en cycle 3.................................................................................................... 24 2.1 Présentation ............................................................................................................ 24 2.2 Compétences langagières travaillés autour du projet. ................................. 25

3. Comportements et valeurs civiques développés autour de ces deux projets............................................................................................................................................... 30

3.1 Le respect de soi et des autres, la solidarité. ................................................ 30 3.2 Le sens critique. .................................................................................................... 31 3.3 Le sens de la responsabilité personnelle et collective. ................................ 31

CONCLUSION ...................................................................................................................... 33 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 34

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INTRODUCTION Eduquer à la citoyenneté est aujourd’hui une priorité dans la formation des enfants. Parce que l’école est un lieu de passage obligé pour les jeunes de notre pays, elle apparaît comme le lieu privilégié de l’éducation à la citoyenneté. C’est grâce à cette éducation que la Société fonde bons nombres d’espoirs concernant la lutte contre la violence, l’intolérance et l’exclusion. L’éducation à la citoyenneté dispensée et vécue en classe, permet de conduire l’enfant vers les responsabilités et l’autonomie dont il a besoin pour vivre sa citoyenneté. Le problème de la violence routière est, aujourd’hui au cœur des préoccupations de notre société. Depuis une trentaine d’années le parc automobile ne fait qu’augmenter et nous sommes chaque jour près de 33 millions d’individus à circuler sur les routes de France. Les dernières réformes répressives du gouvernement pour la lutte contre l’insécurité routière m’ont interpellées et je me suis demandée si une éducation à la sécurité routière à l’école élémentaire pouvait participer à la formation du futur citoyen. Nos élèves étant les citoyens d’aujourd’hui et de demain, il est important de les sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux problèmes de la route. Après avoir, défini les raisons d’une éducation citoyenne et d’une éducation à la sécurité routière, j’ai tenté de montrer leur complémentarité puis j’ai rendu compte des expériences menées en classe au regard des comportements et des valeurs citoyennes qu’elles peuvent développer.

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I. Pourquoi éduquer à la citoyenneté ? Un des objectifs de l’école primaire est d’éduquer les élèves à la citoyenneté. La classe est un lieu avec ses lois et son règlement qu’il faut respecter. Il est donc propice à développer des comportements de citoyen. C’est en apprenant à vivre ensemble que l’on prend conscience des contraintes de la vie en société. Le maître est là pour enseigner à ses élèves leurs droits et leurs devoirs. Il essaie de « socialiser » les élèves et de les intégrer à la société. L’instruction de savoirs civiques s’impose comme point de départ pour toute éducation à la citoyenneté. En effet, l’éducation civique permet de construire des savoirs civiques chez l’élève, indispensables pour mener à bien ses futurs devoirs de citoyen. 1. Les instructions officielles. Les programmes de 2002 insistent plus franchement que sur ceux de 1995 sur le rôle actif que peut jouer l’enfant citoyen d’aujourd’hui et de demain. Les objectifs de l’école primaire sont progressifs selon le cycle d’apprentissage. Au cycle 1, un des principaux objectifs est d’ « apprendre à vivre ensemble ». « [….] l’école maternelle offre à chaque enfant le cadre éducatif d’une collectivité structurée par des règles explicites et encadrée par des adultes responsables. [….] Il faut le conduire à prendre conscience des repères sur lesquels il peut s’appuyer et des règles à respecter dans chaque cas, mais aussi des façons d’agir et de s’exprimer qui lui permettront de mieux vivre les diverses situations rencontrées. » Au cycle 2, nous restons dans « vivre ensemble ». Les objectifs sont de « structurer la vie collective en explicitant [….] les règles qui permettent son déroulement harmonieux ». Au cycle 3, nous parlons d’éducation civique. L’objectif de l’éducation civique, pour ce cycle, est de « permettre à chaque enfant de mieux s’intégrer à la collectivité de la classe et de l’école au moment ou son caractère et son indépendance s’affirment. [….] Par les connaissances acquises, elle l’engage à élargir sa réflexion aux autres collectivités : la commune, la nation, l’Europe et le monde. » Quant à la durée de l’éducation civique, elle est de : - trente minutes de débat hebdomadaire au cycle 2 et 3, - une heure, répartie dans tous les champs disciplinaires au cycle 3.

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2. Qu’est-ce qu’un citoyen ? Pour le Petit Larousse, un citoyen est « le membre d’un Etat considéré du point de vue de ses devoirs et de ses droits civils et politiques. » L’école doit préparer l’enfant à ses responsabilités, ses droits, ses devoirs d’adulte. Pour cela, l’enseignant doit lui faire comprendre son statut d’enfant- citoyen et le guider au mieux dans son apprentissage des valeurs civiques. Un citoyen doit être avant tout un homme instruit et connaissant les lois de son pays car « nul n’est censé ignoré la loi ». Un citoyen doit connaître les fondements de notre République, ses principes. Un citoyen ignorant est dans l’impossibilité d’exercer pleinement ses droits et d’assumer ses devoirs, au premier rang desquels se place le respect de la loi. Le citoyen instruit devient ainsi autonome. Il est alors apte à prendre des décisions pour bien se conduire aussi bien comme personne et comme être social. L’acquisition de savoirs spécifiques est nécessaire à l’exercice de la citoyenneté mais ne suffit pas car le citoyen, responsable dans une démocratie, respecte des principes qu’il a appris à reconnaître, à formuler et à mettre en pratique. L’essentiel pour les élèves est donc de construire des attitudes. L’éducation à la citoyenneté ne concerne pas seulement des savoirs mais aussi des savoir-être, des comportements. Etre citoyen, c’est acquérir des attitudes et des qualités humaines. 3. Eduquer à la citoyenneté pour générer des comportements et des valeurs. « L’éducation civique n’est pas, en priorité, l’acquisition d’un savoir, mais l’apprentissage pratique d’un comportement. Ce domaine n’est donc pas lié à un enseignement mais à tous. » (Programmes de l’école élémentaire cycle 3) Ces comportements sont le fruit de l’enseignement de savoirs théoriques spécifiques nécessaires à la vie citoyenne (connaissances sur la commune, le département, la région, les institutions à l’échelle nationale, etc.) et de l’apprentissage de valeurs morales individuelles et collectives qu’il apprend à reconnaître, à formuler et à mettre en pratique. L’école élémentaire est chargée de dispenser les savoirs indispensables à l’exercice de la citoyenneté.

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Les valeurs véhiculées par cette éducation civique sont principalement : - le respect de soi, - le respect des autres, - le sens de la responsabilité personnelle et collective, - la solidarité, - le sens critique. L’apprentissage du civisme commence par la découverte et la mise en pratique, à l’école, des valeurs sur lesquelles se fondent la société. L’organisation dans la vie de la classe et une pratique pédagogique adaptée sont le cadre des premières expériences de la démocratie. Elles s’appuient sur des comportements que l’enfant apprend à maîtriser et à réutiliser dans d’autres situations. La formation du citoyen est un objectif progressif qui s’inscrit en continuité au cours des trois cycles et devra être poursuivi dans la scolarité ultérieure. L’élève doit certes acquérir des connaissances mais les savoir-être sont aussi importants dans une société où il est nécessaire de s’intégrer afin de pouvoir être reconnu. Participer à la vie de la cité, être acteur dans sa ville, son pays font de l’individu un être actif, inséré dans u réseau de relations humaines. L’éducation à la citoyenneté vise surtout un développement d’attitudes notamment au niveau de la liberté de penser. L’école vise une construction de la personnalité dont les effets sont mesurables au-delà de ses structures. L’école doit contribuer à l’éducation à la citoyenneté de l’élève en lui faisant découvrir les responsabilités individuelles mais aussi collectives de chaque citoyen. 4. Le rôle de l’enseignant. L’enseignant essaie de construire des comportements et des attitudes citoyennes. Cette éducation se fait tout au long de la journée, en faisant respecter les règles de la classe, en favorisant la parole et la réflexion. Il doit donner les moyens aux élèves de raisonner par eux-mêmes, d’acquérir un esprit critique et d’être responsable de leurs actes. Le maître doit être un modèle pour ses élèves, il doit donc faire attention à son comportement et ses opinions afin de ne pas influencer ses élèves dans leurs jugements.

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II. Pourquoi une éducation à la sécurité routière ? 1. Répondre à une réalité. 1.1 L’enfant, un usager de la route particulièrement exposé. L’enfant est particulièrement vulnérable, tant en raison de son impulsivité, que pour des raisons d’ordre physiologique. Son développement, sensoriel et psychomoteur, l’empêche d’avoir une bonne perception des dangers. Jusqu’à 7 ans, l’enfant a du mal à estimer les distances et les vitesses. Il confond taille et éloignement : il ne peut que difficilement évaluer le risque. Avant 6 ans, il ne peut fixer son attention que sur une seule chose à la fois, comme le ballon après lequel il court dans la rue… ce n’est que vers 11-12 ans qu’il est en mesure de sélectionner rapidement ce qui est essentiel et d’interpréter pleinement la signification de l’ensemble des messages reçus. Avant cet âge-là également, il n’a que partiellement accès au langage symbolique (panneaux de signalisation, pictogrammes) et au vocabulaire de la sécurité routière. Le comportement de l’enfant est généralement dominé par ses émotions, ce qui le rend impulsif et imprévisible. Il vit dans son monde et oublie facilement les consignes. Bien souvent, il sous-estime ou surestime le danger et, dans une situation de peur, il paniquera, hésitera et ne prendra pas la bonne décision. Par égocentrisme, il interprète à partir de ses propres impressions : il confond souvent « voir » et « être vu ». Il faut comprendre que le long processus de maturation expose l’enfant aux dangers d’une circulation conçue par et pour des adultes. Ces différents constats ne doivent pas renforcer la résignation. Bien au contraire, c’est à cet âge sensible que se constitue le patrimoine « sécuritaire » de l’enfant. 1.2 L’insécurité routière. Quelques chiffres. Tout d’abord la circulation routière est un phénomène en expansion depuis ces trente dernières années : 33 millions de conducteurs quotidiens ou occasionnels. En France, l’insécurité routière est à l’origine de 4 millions d’accidents corporels dont 220 000 tués et 5 500 000 blessés dont 1 400 000 blessés graves.

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En 2001, 120 000 accidents corporels ont tué près de 8000 personnes sur les routes de la France. La population jeune est particulièrement touchée par l’insécurité routière. Ainsi, chaque année, les accidents de la circulation sont la cause de près du quart des décès chez les 5-14 ans et de près d’un décès sur deux chez les 15-19 ans. Dès l’âge de 10 ans, les accidents de la route sont la première cause de mortalité des enfants. Parmi les tués de cet âge, la moitié le sont en tant que passagers de véhicule, un quart en tant qu’usagers de deux roues. En 2002, 6224 enfants de moins de 11 ans ont été victimes d’accidents de la route. Parmi eux, 161 sont morts et 833 ont été gravement blessés ; beaucoup en garderont des handicaps définitifs. 50,3 % ont été accidentés en tant que simples passagers de voitures, le plus souvent dans la voiture de leurs parents, sur des trajets quotidiens. Quels que soient l’âge et le mode de déplacement, les garçons sont plus touchés que les filles ; ils représentent près de 2/3 des victimes. En France, le coût de l’insécurité routière est estimé à 27,8 milliards d’euros par an, soit environ 464 euros par habitant. Les principaux facteurs des accidents. Les causes sont multiples et variés : La vitesse intervient dans 50 % des accidents mortels ou graves, l’alcool, la fatigue, la non maîtrise de certaines situations, le non port du casque ou de la ceinture. D’autres facteurs peuvent intervenir comme l’infrastructure, le véhicule, les conditions météos. Enfin, un accident de la circulation est rarement imputable à un seul facteur. Il résulte en général de l’interaction d’une multiplicité de causes liées aux usagers, aux véhicules, à l’infrastructure et à des circonstances particulières. Seulement, dans 92 % des cas, le comportement de l’usager est un facteur de l’accident (vitesse, alcool, fatigue…). Peut-on accepter ce constat sans réagir ? Car au-delà des chiffres, l’accident reste avant tout un drame humain qui concerne chacun. La société dans son ensemble est directement impliquée. Cependant, premières victimes, les jeunes représentent l’enjeu majeur de la sécurité routière, la lutte contre l’insécurité routière passe par une évolution des comportements.

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Après le bilan catastrophique de l’année 1972, les grandes mesures de sécurité routière ont permis une baisse importante du nombre des accidents et des victimes. La politique de sécurité routière mise en place depuis un quart de siècle a permis de diviser par deux le nombre de tués sur les routes, alors même que l’indice de circulation était, pendant le même temps, multiplié part cinq. L’évolution de long terme de la baisse du nombre de tués n’est que de 2 % par an sur les trente dernières années. Le bilan 2002 (dernier en date) a été marqué par deux fortes baisses du nombre de tués, situation remarquable si elle se confirmait dans les années à venir. 2. La nécessité d’un partenariat. 2.1 Une entreprise collective, un système complexe. Les acteurs intervenant dans le domaine de la sécurité routière sont multiples : instances communautaires, Etat, collectivités territoriales, associations, auto-écoles, assureurs, constructeurs, médias, publicitaires. Annexe 1 Leurs modes d’intervention diffèrent : législation, réglementation, contrôle, répression, sanction, éducation, formation, communication, mais se complètent. Les décisions prises par certains intervenants dans un domaine donné entraînent souvent des conséquences dans un autre domaine. 2.2 L’école et sa mission éducative en liaison avec la famille. L’éducation à la route, pour prendre tout son sens, ne saurait concerner le seul espace scolaire. Elle suppose une sensibilisation de la communauté éducative tout entière aux finalités qu’elle poursuit. Le conseil d’école constitue un lieu privilégié pour cette sensibilisation et cette réflexion collective qui peuvent également trouver leur place dans des réunions spécifiquement dédiées à ce thème. Pourtant l’école ne doit pas être seule à conduire cette éducation. La famille, où naissent les habitudes de vie, se forgent les mentalités, s’expérimentent les notions apprises, joue un rôle primordial. Ce sont bien tous les parents qu’il convient d’associer à l’utilisation de l’outil « attestation de première éducation à la route » : l’enjeu est en effet, qu’au- delà de la seule validation scolaire, l’élève soit à même d’avoir des comportements adaptés dans l’ensemble des situations de la vie quotidienne. C’est en effet la convergence des pratiques scolaires et familiales qui pourra conforter la lutte contre l’insécurité routière.

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3. L’enseignement à la sécurité routière conforme aux Instructions Officielles. Dans les écoles, les collèges et les lycées, les enseignants ont non seulement la responsabilité d’assurer la sécurité des élèves qui leur sont confiés, mais également de prévoir, dans les activités d’enseignement, une éducation à la sécurité. La sécurité routière en constitue l’un des volets qu’il convient de replacer dans le cadre de l’enseignement des règles générales de sécurité (décret n°83-896 du 4 octobre 1983). Institué par la loi n° 57-831 du 26 juillet 1957, codifiée par l’ordonnance 2000-549 du 15 juin 2000, l’enseignement du code de la route est mis en œuvre sous la forme d’une éducation dans le domaine de la sécurité routière. Le décret n°93-204 du 12 février 1993 relatif à l’enseignement des règles de sécurité routière et à la délivrance du brevet de sécurité routière a précisé les modalités d’organisation et de mise en œuvre de l’éducation à la sécurité routière dans les établissements scolaires. La circulaire n°2002-229 du 25 octobre 2002 (encart au bulletin officiel n°40 du 31 octobre 2002) vient de définir, pour le primaire, une attestation de première éducation à la route (APER). Les programmes pour l’école primaire (arrêté du 25 janvier 2002) définissent les compétences à acquérir au cours de chacun des trois cycles de la scolarité primaire. Ces programmes prévoient un apprentissage de la sécurité intégré aux différents domaines d’activités ou disciplines de l’école. Si l’éducation à la route ne constitue pas un champ disciplinaire particulier, elle doit cependant faire l’objet d’un traitement spécifique du cycle 1 au cycle 3 à travers les différents domaines d’activités ou les différentes disciplines de l’école. Les programmes de l’école primaire déterminent les contenus et les compétences sur lesquels prendre appui pour mener à bien cette éducation. Objet transversal par excellence, elle s’inscrit naturellement dans le cadre d’exercice de la polyvalence des maîtres et se construit sous leur responsabilité à travers une programmation rigoureuse du cycle 1 au cycle 3. Cette éducation se poursuit au collège, elle est complétée par la préparation des attestations scolaire de sécurité routière passées en classe en 5ème et en 3ème.

La sécurité routière n’est pas une discipline spécifique mais, néanmoins, elle demande, pour être pleinement maîtrisée, des apprentissages notionnels et comportementaux menés progressivement.

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Ces apprentissages ne sauraient se réduire à l’assimilation de règles préétablies à travers une analyse et une présentation formelles. L’essentiel des apprentissages s’acquiert par l’exercice effectif, en situation vraie, vécue, concrète. Ainsi, la sécurité routière et son « enseignement » impliquent l’élève, parce qu’il agit, anticipe et améliore ses comportements dans un milieu familier progressivement élargi. Piéton, passager d’une voiture ou usager de transport en commun, cycliste, cyclomotoriste, l’enfant puis l’adolescent doivent, pour acquérir un comportement responsable, savoir décrypter les situations, faire des choix en gérant les risques et en connaissant les dangers. Tout au long de la scolarité et sans discontinuité, la sécurité routière constitue un des thèmes de l’éducation civique s’intégrant au projet d’école ou d’établissement. 3.1 Les objectifs d’une éducation à la sécurité routière à l’école primaire. L’apprentissage des règles de sécurité routière par les élèves de l’école maternelle et de l’école élémentaire relève de plusieurs registres d’objectifs : des objectifs de l’ordre des savoirs : connaître des règles de circulation, de sécurité, des objectifs de l’ordre des savoir-faire qui supposent la mise en œuvre d’opérations cognitives de haut niveau : anticiper, traiter l’information, mener en parallèle plusieurs actions et des objectifs comportementaux : être respectueux des autres usagers. 3.2 L’attestation de première éducation à la route (APER). Annexe 2 La circulaire définit une évaluation de cet apprentissage, instaurant une attestation de première éducation à la route. L’attestation est destinée à valider les savoirs et les savoir-faire acquis du cycle 1 au cycle 3 et régulièrement inscrits par les élèves et les enseignants sur une grille d’évaluation intégrée au dossier scolaire. Cette grille comporte la décision du conseil de cycle 3 de l’école et concrétise une première étape de l’éducation à la sécurité routière. L’école la transmet au collège afin de permettre la poursuite du travail engagé.

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III. Liens entre éducation à la sécurité routière et éducation à la citoyenneté. 1. Education à la citoyenneté et éducation à la sécurité routière : des enseignements interdisciplinaires. 1.1 La citoyenneté dans toutes les disciplines. A l’école, il n’y a pas de « leçon » d’éducation civique à proprement parler. Chaque discipline est susceptible de proposer des savoirs, des situations pour engager une formation aux valeurs morales et à la citoyenneté. L’éducation civique fait partie des domaines transversaux, c'est-à-dire qu’elle est transférable à toutes les disciplines.

En français L’étude du français permet d’apporter des connaissances nouvelles sur la langue, l’expression, la communication, le raisonnement, ce qui permet, par exemple, de mieux argumenter lors des débats oraux. Par la lecture d’ouvrages d’information comme de littérature de jeunesse, l’esprit critique est développé. Le travail écrit permet de s’exprimer avec ses propres mots sur divers sujets et à travers l’oral, nous travaillons, l’interprétation, la prise de parole, le respect de l’avis d’autrui…

En histoire L’enseignement de l’histoire permet d’aborder la vie des hommes du passé jusqu’à aujourd’hui mais aussi la vie sociale et politique. Cette discipline est fortement liée à l’éducation civique puisque la citoyenneté a été façonnée au fil de l’histoire. Les méthodes employés pour étudier l’histoire (lecture de textes d’époque, lecture de documents en tous genres..) développent l’esprit critique des jeunes citoyens.

En géographie La géographie, qui est l’étude des espaces aménagés par les sociétés humaines, occupe une place privilégiée dans l’éducation du futur citoyen. Elle aide à comprendre les enjeux de l’aménagement du territoire. Des articles de journaux, des statistiques, des cartes… servent de point de départ à la construction du savoir géographique. Savoir se documenter et savoir critiquer les informations recueillies sont des compétences utiles à l’exercice de la citoyenneté.

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En sciences Le monde d’aujourd’hui est confronté à de nombreux problèmes : problèmes environnementaux (dégradation de l’air, de l’eau, accidents technologiques), problèmes épidémiologiques (sida, « vache folle », grippe avière), problèmes éthiques (clonage). Dans tous ces problèmes se retrouvent l’implication ou la responsabilité des sciences, des techniques et des industries. Un manque de débat public et une méconnaissance des sujets ont rendu les citoyens méfiants. Pour permettre aux citoyens de demain de participer pleinement à des débats et à des choix, il est nécessaire de développer à l’école un minimum de culture scientifique et technique. De nombreuses activités éclairent le jugement et la prise de responsabilité de l’enfant citoyen : la démarche expérimentale lui permet de faire des choix et d’évaluer leurs impacts ou non, l’observation de cycle de vie, la santé et l’hygiène, un travail sur l’environnement car une meilleure connaissance du monde vivant, de la santé, de l’environnement permettent à l’enfant de prendre conscience du respect dû à toutes formes de vie et à la nécessité de les protéger.

En éducation physique et sportive L’éducation physique et sportive participe pleinement à la construction de l’identité de la personne. L’activité physique favorise les comportements autonomes : prendre conscience de ses responsabilités, de ses limites, accepter ses erreurs pour progresser. Les sports collectifs font comprendre la nécessité de règles dans un jeu et la nécessité du respect de ces règles. Ils favorisent l’esprit critique, les initiatives personnelles dans l’intérêt du groupe, l’esprit critique lorsqu’il s’agit de changer une tactique inadéquate mais aussi l’importance de l’arbitre, garant des règles.

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1.2 La sécurité routière dans toutes les disciplines. L’éducation à la sécurité routière se construit, elle aussi, grâce à toutes les disciplines. Les disciplines fournissent à l’éducation civique le savoir scientifique dont elle a besoin pour faire découvrir aux élèves l’environnement naturel et humain, les dangers qui les guettent, ainsi que les moyens de se protéger. Si l’éducation à la sécurité routière se détournait de ces disciplines d’enseignement, le danger serait grand pour elle de se cantonner à un apprentissage du code de la route.

En français Un travail sur la lecture et l’analyse de différentes sources d’informations : presse, récit, vidéo, affiche publicitaire qui permettent d’approfondir les compétences langagières dans la pratique de l’oral et de l’écrit (exposer, questionner, décrire, argumenter….).

En mathématiques L’observation des panneaux de signalisation peut permettre ensuite des activités de classement en fonction de différents critères : matière, couleur, forme. Les mathématiques favorise aussi un travail sur l’accidentologie avec des lectures et des constructions de diagrammes, tableaux à double entrée.

En sciences

Les enfants peuvent s’attarder sur la description et fonctionnement de la bicyclette dans le cadre de la technologie ou bien sur l’étude de la vision et de l’audition, l’étude des facteurs pouvant porter atteinte aux facultés des usagers de la route (alcool, fatigue, prise de médicaments) en biologie.

En géographie Les sorties permettent en géographie un travail sur la découverte de l’environnement, la topologie, la toponymie et la topographie des lieux et un travail sur la construction et la représentation du plan est possible.

En histoire L’histoire montre l’évolution de l’Homme mais aussi de son milieu et de ses objets ce qui permet d’observer et d’analyser l’évolution de la bicyclette et, ou de l’automobile.

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En éducation physique et sportive L’éducation physique et sportive permet de mettre les enfants dans des situations réelles et concrètes d’observation, de mise en problème, d’analyse ou d’entraînement : la randonnée pédestre, des repérages et des exercices de latéralisation, des épreuves de maniabilité et déplacements à bicyclette. L’éducation à la sécurité routière trouve sa légitimité et sa cohérence dans la complémentarité et la diversité des disciplines. Leur contribution est au service de la formation du citoyen. 2. Sécurité routière et projet. Au carrefour des disciplines, la sécurité routière favorise un réinvestissement des connaissances et des savoir-faire. De plus, elle offre des situations d’apprentissage motivantes où s’articulent étroitement pratique et théorie. Pour éduquer à la sécurité routière, la pédagogie du projet peut être un bon outil. Cette méthode pédagogique met les apprenants en situation d’élaboration et de mise en œuvre d’un projet éducatif. Ils deviennent ainsi maîtres de leurs apprentissages, s’impliquant dans des activités concrètes, aidés par leur enseignant et par des partenaires extérieurs. De ce fait, la pédagogie du projet est considérée comme un apprentissage autonome et créateur. En effet, la connaissance acquise n’est pas une reconstitution de savoirs antérieurs mais la construction de connaissances nouvelles grâce à l’expérimentation. Cette pédagogie induit des comportements civiques : savoir chercher, analyser, créer. Le projet doit aboutir à une production finale. Mes séquences ne correspondent pas à de véritables projets, d’abord parce qu’elles n’ont pas été conçues avec les élèves, ensuite aucune intervention extérieure menée. De plus, trois semaines sont trop peu de temps pour mener à bien et à terme une telle pédagogie.

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IV. Comportements et valeurs citoyens générés par l’éducation à la sécurité routière. L’éducation à la sécurité routière est, dès l’école maternelle, un domaine d’action et de réflexion qui développe des comportements responsables, et permet de les exercer dans un environnement qu’il convient de maîtriser, en relation permanente avec les autres. L’acquisition de ces comportements est nécessaire, voire primordial si nous voulons aboutir à une évolution des comportements. Nous sommes responsables envers les générations à venir. Nos élèves doivent le devenir à leur tour. Notre travail est de générer des comportements responsables durables ce qui implique pour nous de leur apporter une très bonne connaissance des problèmes, une capacité d’appréciation, un esprit critique et un choix éthique. L’enseignant doit aussi leur signifier très clairement qu’ils ne devront attendre aucun avantage ni aucune gratitude de ces comportements. A travers les séquences menées en classe, j’ai cherché à savoir quels types de comportements citoyens développaient une éducation à la sécurité routière. 1. Séquence en cycle 2. 1.1 Présentation. Mon premier stage en responsabilité s’est déroulé fin novembre, début décembre dans une classe de GS-CP-CE1 de 24 élèves à Huilly sur Seuille. Les enfants venaient essentiellement de deux villages : Huilly sur Seuille et Loisy. Je voulais mettre en évidence le fait que sur la route, suivre certaines règles (le code de la route) est obligatoire mais ces règles comportent plus qu’une signification obligatoire puisqu’elles sont avant tout nécessaires voire même indispensables au bon fonctionnement de la circulation des individus. J’ai construit alors une séquence sur trois semaines avec comme objectif général: « A partir d’une situation la plus naturelle possible, un parcours simple délimité par des plots, cerceaux et traits à la craie, rendre l’enfant capable de comprendre la nécessité de la mise en place de règles communes et la nécessité de les appliquer. »

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Séance n°1 Annexe 3, 4

- Découverte du parcours, discussion. - Rédaction des règles.

Séance n°2, 3 Annexe 5

Construction des panneaux.

Séance n°4 Annexe 6

- Premier essai sur le parcours, vérification. - Discussion, modification, ajouts.

Séance n°5 Annexe 7

- Dernier essai sur le parcours. - Bilan.

Séance n°6 Annexe 8

Production finale.

1.2 La situation déclenchante (séance n°1).

En EPS sous le préau dans la cour : Début d’après-midi, les enfants remarquent que j’ai construit un parcours sous le préau dans la cour, ils me questionnent rapidement dessus. Le regroupement se fait directement autour du parcours, je sépare les enfants en deux groupes puis je donne la consigne suivante : « je vous ai construit ce parcours, vous allez vous y balader. Je vous demande juste de ne pas sortir des limites. Le groupe qui n’est pas dans le parcours observe ce que font les enfants puis nous échangerons les rôles ». Je reste au contact du groupe observateur et je leur mentionne le fait que s’ils observent des problèmes ils essaient de les noter dans leur tête. Je soumets quelques remarques à haute voix pour inciter les enfants à regarder précisément. Au bout de quelques minutes les groupes intervertissent leurs rôles. Après que chaque groupe est fait un passage dans chaque groupe, je leur demande sur le vif s’ils ont des remarques à faire concernant le parcours par rapport à ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont pu observer. Les premières minutes sont un étalage de : « Michaël a fait ceci, Mégane n’a pas fait cela….. » puis un élève mentionne que souvent ils se rentraient dedans parce qu’ils étaient trop nombreux dans le parcours. Certains élèves confirment en ajoutant que c’était difficile de se balader sans se faire bousculer.

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Je propose alors de mettre un plus petit groupe dans le parcours pour voir si l’effectif va changer quelque chose. Je choisis des enfants calmes et d’autres beaucoup plus excités. Le passage se fait sans qu’il ne s’observe un réel changement. Un second moment de discussion s’installe sur ce non changement. Une nouvelle remarque émerge : « je pense qu’il faudrait que l’on ne puisse pas courir, ni sauter car sinon on peut bousculer les autres élèves. » Cette affirmation a été le déclenchement. D’autres ont alors suivis sur le fait de devoir dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire pour pouvoir réaliser le parcours sans problème. Nous discutons de tous les problèmes que nous devons résoudre puis je propose un retour en classe afin d’écrire ces règles.

En classe : La consigne était d’écrire les actions à ne pas faire dans un premier temps puis dans un second temps de réfléchir à un moyen d’indication ou d’affichage pour retenir toutes ces règles sur le parcours. Les GS et les CP restent avec moi pour faire une dictée à l’adulte tandis que je demande aux CE1 d’essayer de les écrire seuls en deux groupes. Puis après 20 min de recherche et d’écriture nous nous regroupons tous ensemble pour comparer les travaux et faire une mise en commun. Les CE1 n’avaient pas eu le temps de faire des propositions pour les moyens de remédiation aux problèmes exposés mais ils ont vite adhéré aux propositions des GS, CP en les complétant. La synthèse a fait apparaître les mêmes problèmes puis pour remédier à ces problèmes et faire apparaître sur le parcours les règles, les élèves ont rapidement proposé de mettre des panneaux. Nous avons proposé des idées sur ce que nous pourrions éventuellement mettre sur ces panneaux puis nous avons affiché nos écrits et nous avons décidé de répartir pour une prochaine séance, le travail de fabrication des panneaux. Cette première séance a été riche en interactions et j’ai été agréablement surprise de l’opérationnalité de la situation problème. J’avais peur que les enfants ne rentrent pas dans le jeu de se balader dans le parcours sans consigne plus précise, ce qui n’a pas été le cas.

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1.3 Les étapes et les activités réalisées (séances 2 à 6). Suite à cette première séance, nous pouvons définir trois grandes étapes : 1ère étape : construction des panneaux. Les enfants travaillent par deux et construisent environ un ou deux panneaux, ils choisissent une forme, un motif ou un dessin, un sigle, les couleurs. Ces choix sont personnels. Cette construction s’est faite sur deux séances d’arts visuels. Les enfants savaient la règle qu’ils devaient transcrire sur leurs panneaux et ils décidaient à deux de comment la mettre en valeur. Cela a bien fonctionné pour les CP et les CE1 mais ce fut plus difficile pour les GS. L’intérêt de ce passage à la fabrication des panneaux, fut d’observer que certains élèves ont réussi à s’affranchir du monde extérieur et de ce qu’ils connaissaient déjà pour créer et réaliser leur propre panneau tandis que d’autres ont décidé de reproduire des panneaux déjà existants (ex : le sens interdit). Je ne suis pas intervenue dans leur construction sauf pour les problèmes techniques. J’ai installé aussi un moment de mise en commun à la fin des séances pour que chaque groupe puisse montrer ce qu’il venait de faire.

2ème étape : essais sur le parcours. Une fois les panneaux terminés, nous sommes retournés sur le parcours. Dans un premier temps nous nous sommes demandés comment utiliser ces panneaux sur le parcours. Il fallait les accrocher mais avant cela il fallait leur trouver les emplacements les plus appropriés. Certains enfants sont devenus les porteurs de panneaux que les enfants décidaient de placer à tel ou tel endroit, puis les autres testaient et nous discutions pour voir si nous arrivions au résultat escompté. Les enfants ont pu aussi vérifier s’ils manquaient des règles donc des panneaux. Après plusieurs discussions les élèves se sont mis d’accord sur les emplacements des panneaux sur le parcours et sur les changements à effectuer sur les panneaux.

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En classe, les enfants en avance ont terminé les modifications sur les panneaux. Nous avons effectué un dernier essai sur le parcours. Cette fois-ci les panneaux étaient accrochés par une ficelle sur le parcours ou scotchés sur le mur du préau. J’ai à nouveau formé deux groupes, un exécutant le parcours et l’autre observateur. Les élèves ont admis qu’il fonctionnait bien mais pas parfaitement.

J’ai laissé le parcours en place jusqu’à la fin de la semaine, les enfants pouvaient l’utiliser pendant les récréations. Ces essais sur le parcours se sont faits pendant deux séances d’éducation physique et sportive. Ces passages sur le parcours ont permis de créer une forme de co-évaluation, je gérais les prises de paroles mais je n’avais pas besoin d’intervenir dans leur réflexion, ils restaient maîtres de leurs choix et le fait d’agir directement sur le parcours donc directement sur les problèmes leur donnaient rapidement tort ou raison. 3ème étape : production finale et bilan. Suite à notre dernier essai sur le parcours, nous avons discuté en classe de notre travail et j’ai proposé aux élèves de réaliser un affichage pour retenir notre travail et le montrer au maître car nous ne pouvions pas laisser le parcours éternellement sous le préau.

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Nous avons dans un premier temps récapitulé tout ce que nous avions fait puis nous l’avons écrit en dictée à l’adulte sur une affiche. Cette affiche se découpe en quatre parties :

- la situation de départ : le problème à résoudre - les règles établies pour le parcours - les panneaux faits à partir des règles - la conclusion, le bilan.

Cette production finale a beaucoup plu aux enfants, ils ont bien insisté sur le fait que je devais m’appliquer pour écrire et changer de couleur entre les quatre parties. Elle a permis de se remémorer le travail effectué et de discuter sur les causes et les conséquences des actes de chacun. La conclusion a permis d’extrapoler le sujet sur la route des grands (de nos parents) et d’introduire quelques notions de sécurité. Suite à cette discussion, les élèves m’ont demandé s’il existait un endroit où toutes les règles de la route étaient marquées. Après confirmation de ma part, ils ont souhaité le voir. J’ai amené un exemplaire du code de la route le lendemain, nous l’avons observé et ils ont été très impressionnés. 1.4 Autres activités liées au projet fait en classe. En parallèle dans des séances intermédiaires, j’ai proposé deux types d’activités. Une lecture d’album : un album produit par la Maif pour des maternelles sur la sécurité routière, « le canard Anastase ». Ce type d’activité permettait de raccrocher le travail élaboré par rapport au parcours à la notion de sécurité routière et de me rendre compte des acquis et connaissances que les enfants pouvaient avoir sur ce sujet.

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Un temps par petits groupes : « jouons aux petites voitures ». Ce type d’activité a permis aux enfants d’établir un changement de point de vue pour prendre celui de quelqu’un d’autre. Ce fut aussi un moyen d’observer les règles qu’ils avaient pu intégrer et comment ils les réinvestissaient dans le jeu de petites voitures. 2. Séquence en cycle 3. 2.1 Présentation Mon deuxième stage en responsabilité s‘est déroulé à l’école élémentaire du Breuil dans une classe de 26 élèves de CM1 fin mars, début avril. Au cours de ce stage, j’ai souhaité travailler sur un projet qui permettait à la fois de développer des compétences langagières (parler, lire, écrire) et une éducation à la citoyenneté. Ma séquence s’est construite autour d’un travail sur les faits divers concernant les accidents de la route. Séance n°1 Débat collectif : sur la sécurité routière et les causes des

accidents (hypothèses).

Séance n°2, 3 Annexe 10

Travail de lecture de faits divers : qu’est-ce que c’est ? Construction d’une fiche outil sur ce type d’écrit.

Séance n°4, 5 Lecture et recherche des causes des accidents dans des faits divers d’accidents de la route. Relevés et classements.

Séance n°6 Annexe 11

Lecture et analyse d’image : une affiche de prévention routière.

Séance n°7, 8 Annexe 12, 13, 14, 15

Production écrite : expliquer ce que nous avons fait et découvert pour mettre dans le journal de l’école.

Séance n°9 Débat collectif : conclusion et vérification des hypothèses du départ.

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2.2 Compétences langagières travaillés autour du projet. PARLER : - donner son avis, justifier son point de vue - argumenter. 1. Le point de départ : la demi-heure de débat collectif. (Séance n°1) J’ai proposé de parler de la sécurité routière et je leur ai demandé de me dire ce qu’ils savaient dessus, ce qu’ils en pensaient par rapport à eux-mêmes puis par rapport à leurs parents. Ce premier moment m’a montré que les enfants analysaient beaucoup les actions de leurs parents et qu’ils avaient conscience de certains dangers : «… mon papa a dit à ma maman de conduire au retour, mais il ava t bu et i ne serappelait plus qu’il avait dit ça alors il a voulu quand même conduire… »

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« … mon papa ne met pas sa ceinture car ça le gène ». Je n’ai pas condamné ou jugé, j’ai écouté mais malgré tout des fois cela fait un peu peur. Puis nous avons discuté des causes possibles d’un accident de la route. Les élèves ont fait des propositions qui n’ont pas toujours fait l’unanimité. Ils se contredisaient beaucoup sur « les conduites à risques » par rapport à leur vécu. Exemple : un enfant propose le fait que fumer en conduisant peut créer un accident, d’autres refusent sous prétexte que la maman le fait et qu’elle n’a pas eu d’accidents. Idem pour le fait de téléphoner, manger ou se maquiller. J’ai noté toutes les propositions sur la gauche du tableau et j’ai clos la discussion en expliquant que nous allions essayer de vérifier les propositions en étudiant des faits divers sur les accidents de la route. Quelques élèves m’ont demandé ce que c’était qu’un fait divers et où nous pouvions en trouver. J’ai sorti des journaux et nous avons regardé ensemble. Le lendemain, les trois quarts de la classe avaient découpé et apporté des faits divers sur les accidents de la route de chez eux sans que je n’ai mentionné de le faire. Cette première séance qui s’est déroulé le premier jour à la première heure a été une manière de briser la glace, de discuter, d’apprendre à se connaître. Les enfants ont été intéressés et enchantés de cette proposition de travail.

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2. L’analyse de l’affiche de prévention routière. (Séance n°6)

- Description de l’affiche : date, image, texte, logos, nature du document. - Interprétation :

La femme conduit Quelqu’un va la tuer, elle va se tuer ce message est une menace de mort Elle va avoir un accident elle peut éviter la mort Elle ne va pas aller très loin Donc l’image nous dit : Il ne faut pas conduire trop vite ! Il y’a de la violence. Ce qui indique la vitesse : le pistolet La voiture de course Ce qui indique la mort : le pistolet La vitesse « Cessons de jouer avec le feu » : arme à feu Coup de feu 1ère personne du pluriel Feux tricolores Il faut être prudent ! « sur la route » : voiture route dans les lunettes « CHANGEONS » : comme charger une arme, guerre, violence verbe au présent = tout de suite = URGENCE 1ère personne du pluriel = concerne tout le monde (même moi), implication totale. Conclusion : cette femme peut éviter la mort, comment ? Il faut changer notre comportement, combattre les accidents et la violence routière. Cette analyse a été surprenante et cela a été pour moi le moment le plus fort de toute la séquence. Ils m’ont littéralement impressionnée par leur lecture et leur interprétation. Je n’ai pas eu besoin de leur souffler mot de quoi que ce soit.

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Cette séance a aussi été forte dans le sens qu’elle a permis de lier les conclusions de l’étude des faits divers à cette affiche, les comportements dangereux du conducteur. Je pense que beaucoup ont compris l’impact de ce message. « Nous » devons changer, « nous » serons les conducteurs de demain, « nous » pouvons tuer avec une voiture. 3. Conclusion et vérification des hypothèses. (Séance n°9) LIRE: - s’initier à la lecture de la presse (un type d’écrit) - participer à l’observation collective d’un texte pour comprendre la manière dont il fonctionne - chercher des indices dans un texte - lecture d’image. 1. Etude de faits divers. (Séance n°2 et 3) Nous avons cherché dans des journaux des faits divers, nous les avons découpé puis lu. Ils étaient différents (pas seulement sur les accidents de la route). Nous nous sommes alors intéressés à la structure de ce type d’écrit, comment le reconnaît-on ? Qu’a-t-il de particulier ? Ce travail d’analyse nous a permis de faire une fiche outil dégageant les principales caractéristiques de cet écrit. De plus, en grammaire j’ai pu travaillé sur les compléments circonstanciels à partir de ce type d’écrit puisque nous avions observé que nous devions connaître certaines choses comme le temps, le lieu… Cette étude a beaucoup plu aux élèves, certains d’entre eux ont même passé 3 semaines à m’amener quotidiennement des faits divers. Lors du bilan, j’ai même été impressionné par le nombre d’élèves qui avaient retenu presque par cœur la fiche outil du fait divers. Je suis sûre d’être partie en laissant des enfants connaissant ce qu’est un fait divers. 2. Recherche des causes des accidents. (Séance n° 4 et 5) Après le travail sur le fait divers en général, nous sommes revenus sur les faits divers relatifs aux accidents de la route. J’avais distribué aux élèves une banque de faits divers (environ 6 pour un groupe de 6) mais pas commune à tous afin d’avoir un maximum de données. La consigne était de retrouver les causes des accidents et de les classer dans un tableau. Ce tableau avait été décidé ensemble, il comportait quatre colonnes :

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Le comportement du conducteur

Les problèmes des véhicules

La météo Autres causes

Chaque groupe a ensuite fait part de son travail aux autres élèves puis il remplissait le tableau commun sur le tableau noir. Au fur et à mesure des passages, la colonne du comportement du conducteur se remplissait abondamment. Les enfants ont alors vite découvert et conclu que les principales causes d’accidents imputées en premier lieu au comportement irresponsable du conducteur. Ce travail de recherche des causes fut un exercice très pointu, en effet il n’était pas toujours facile aux enfants de repérer la ou les causes dans la masse d’informations (le nom, le lieu, la date et l’heure, la description de l’accident). Certains se sont trouvés en surcharge cognitive, ils en oubliaient ce qu’ils devaient chercher. C’est pour cela que j’ai mentionné de les classer dans un tableau simplifié (4 colonnes) car au départ ils avaient proposé trop de colonnes. 3. Lecture d’une affiche de prévention routière. (Séance n°6) Cf. analyse de l’affiche. ECRIRE (séance n°7 et 8) : produire un texte court qui relate le travail effectué. C’est lors d’un conseil de coopérative que j’ai appris l’existence du journal de l’école. Les enfants devaient proposer des idées de travaux à mettre dans ce journal. C’est une élève qui a alors proposé de « parler de la sécurité routière ». Les CM2 comptaient faire un article sur la sécurité routière puisqu’ils avaient passé le parcours à bicyclette avec la gendarmerie. Les CM1 ont souhaité alors ajouter eux aussi un article sur le thème de la sécurité routière par rapport à notre travail. Avant de les faire écrire, nous avons pris une dizaine de minutes pour se remémorer ce que nous avions fait et ce que nous avions appris, à l’oral puis j’ai écris la consigne d’écriture au tableau. Tous les élèves ont produit un écrit mais un vote a été fait pour choisir celui qui serait dans le journal, deux écrits ont été sélectionnés. Je ne suis pas restée assez longtemps pour voir le résultat final dans le journal de l’école. Les élèves ont souhaité aussi introduire l’affiche de prévention routière aux deux articles.

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Cette phase d’écriture a été très favorable pour moi. Dans un premier temps, parce qu’elle m’a permis de me rendre compte de ce que les enfants avaient retenu de ce travail. Dans un deuxième temps, j’ai pu observer deux élèves en difficultés sur des apprentissages notamment en lecture qui se sont sentis à l’aise dans cette écriture contrairement à d’autres qui ont produit un écrit correct mais pauvre.

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3. Comportements et valeurs civiques développés autour de ces deux projets. Ces deux projets menés différemment se rejoignent autour des comportements et des valeurs liés à la citoyenneté amenés et travaillés auprès des enfants. Ces séquences ont permis aussi un travail de socialisation puisqu’elles ont fait intervenir : - du travail de groupe - de l’écoute - l’émission d’avis personnels et leur justification - l’émission d’hypothèses. Plusieurs séances incluaient du travail de groupe. Même s’il est souvent chaotique à mettre en place, il permet de bons résultats. Il nécessite des règles : écoute de l’autre, implication active dans le groupe mais implication non exclusive. 3.1 Le respect de soi et des autres, la solidarité. Cette notion de respect a été très vite un des points forts du travail avec les cycles 2. En effet, une fois les règles établies sur le parcours, celles ci ne pouvaient être effectives que lorsque les enfants les respecter. C’est une remarque qui leur a montré surtout sur la fin (le dernier essai) qu’ils devaient tous être en mesure de respecter les règles pour pouvoir utiliser le parcours. Ce qui n’a pas été tout le temps le cas, deux ou trois enfants préférant faire le parcours à leur guise. Avec les cycles 3, la notion de respect s’est construite au fur et à mesure des séances pour apparaître clairement avec l’affiche. Ils ont été interloqués par la lecture de : « si je roule trop vite c’est comme si je prenais un revolver et que je tirais sur quelqu’un et/ou sur moi ! » cette remarque est plus parlante et significative que : « rouler trop vite, c’est un danger pour le conducteur et pour les autres usagers de la route. » La solidarité s’est exprimée dans le travail de groupe où chacun a eu un rôle à tenir et dans les conclusions communes. Nous avions tous une tâche à remplir en travaillant sur un objectif commun, sur le parcours au cycle 2 et sur la vérification des causes d’accidents au cycle 3. La solidarité, c’est aussi la prise de conscience du destin commun à tous et de la volonté de le préserver mais aussi du fait du partage de la route entre différents usagers : piéton, cycliste, automobiliste, motard, skateur….

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3.2 Le sens critique. C’est en favorisant la parole et la réflexion autour des travaux que l’on peut éveiller le sens critique des élèves. Au cycle 2, les temps de discussion après les essais sur les parcours étaient de véritables moments de réflexion où les enfants pouvaient s’exprimer à leur guise. Ils soumettaient des idées ou des avis que nous discutions. Il y’avait aussi un grand travail d’écoute des camarades puisqu’il fallait pouvoir rebondir sur les idées des autres et suivre la ligne directive de la discussion. Ce n’était pas toujours évident, je devais souvent recentrer le sujet surtout avec les GS qui avaient tendance à dévier sur des sujets personnels. Cependant, dans l’ensemble l’attention est restée bonne même quelques fois beaucoup plus longtemps que je ne pouvais le penser. Au cycle 3, c’est au cours des moments de débat que les enfants connaissaient que nous avons pu travailler le point de vue et sa justification. L’analyse de l’affiche de prévention routière a été un travail fort en argumentation au niveau de l’interprétation. Les élèves devaient pouvoir justifier leur lecture : « on dirait qu’elle va mourir. Ah bon ? Qu’est- ce qui peut te faire dire qu’elle va mourir ? ». Le meilleur dans ce travail, c’est qu’il y’avait une grande participation de la part de tous les enfants. Du coup, ils se renvoyaient les idées et la parole. La réflexion menée au cours de ces deux séquences sur comment et pourquoi faire des règles pour le parcours et, quelles sont les causes principales des accidents de la route et peut-on faire changer ces raisons, a participé à développer leur sens critique et les a aider à prendre conscience « des dangers de la route ». 3.3 Le sens de la responsabilité personnelle et collective. Avoir un comportement responsable : être responsable de ses actes, se sentir responsable de soi et des autres se construit en liaison avec les valeurs et comportements vus précédemment c'est-à-dire le respect, l’esprit critique, la parole… Mais être responsable, c’est une attitude qui s’observe au quotidien. Je ne peux pas mesurer au terme de trois semaines de stage, si les enfants ont acquis un comportement responsable, surtout qu’il aurait fallu prendre le temps de sortir en milieu naturel pour s’en rendre compte.

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Cependant, je pense qu’au travers des séances faites avec eux, j’ai développé leur sens de la responsabilité au regard de la sécurité routière et pour certains en liaison vis-à-vis de leurs parents. L’ensemble de ces valeurs et de ces comportements concourent à mener l’enfant vers plus d’autonomie, l’autonomie qui construit l’individu en tant que personne et en tant qu’être social.

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CONCLUSION

Certaines préoccupations de la société sont des enjeux majeurs pour nous, adultes. Les enfants, qui auront en charge ces problèmes dans quelques années, doivent y être préparés, avec intelligence et sensibilité. Une éducation apportée dès le plus jeune âge donne de bons résultats puisque l’enfant grandit avec ces idées, se les approprie et agit en conséquence, en toute liberté, à l’âge adulte. Ces deux séquences m’ont permis de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’éducation à la sécurité routière participait à la formation civique de l’enfant. L’éducation à la sécurité routière présente aussi un intérêt pédagogique en alliant ouverture sur l’extérieur et interdisciplinarité, en favorisant le travail collectif et la communication. C’est un domaine qui peut susciter une multitude et une grande diversité de travaux et de projets. Je peux conclure que l’éducation à la route donne à l’enfant des valeurs civiques et engendre des comportements (responsabilité, respect, solidarité, écoute, esprit critique, autonomie) nécessaires à la formation du futur citoyen. L’enfant acquiert ainsi l’autonomie d’agir et de penser. Il faut éduquer l’individu en tant que personne mais aussi en tant qu’être social, vivant au milieu de ses pairs. Cette éducation pourrait-elle viser alors à une meilleure qualité de vie pour tous?

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BIBLIOGRAPHIE

▪Textes officiels :

- BOEN 40 du 31/10/02 « APER » Décret 2002-675 du 30/04/02 - Les programmes de l’école élémentaire

▪ Livres et brochures :

- La sécurité routière à l’école primaire : information et pédagogie réalisé par le ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche en partenariat avec la prévention MAIF, 2002.

- Brochures prévention routière, 2003. ▪ Sites Internet :

- http://www.violenceroutiere.org/ : site de la ligue contre la violence routière

- http://www.securiteroutiere.equipement.gouv.fr/: actions de la sécurité, usagers, statistiques

- http://eduscol.education.fr/D0159/: site Eduscol exemples d’actions. - http://educnet.education.fr/securite/index.htm: site du ministère avec

exemples d’actions et fiches pédagogiques - http://www.securite-pour-tous.com/enseignants/fiches.htm: site Renault - http://www.preventionroutiere.asso.fr: site de la prévention routière - http://www.maif.fr/site1/index1.html: association prévention MAIF

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ANNEXES

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Annexe 1

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Annexe 2

37

Annexe 3

38

Annexe 4

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40

Annexe 5

41

42

Annexe 6

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44

Annexe 7

45

46

Annexe 8

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Annexe 9

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Annexe 10

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Annexe 11

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Annexe 12

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Annexe 13

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Annexe 14

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Annexe 15

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