Leguay, La Rue Au Moyen Age - Review

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  • 7/25/2019 Leguay, La Rue Au Moyen Age - Review

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    Mdivales

    Jean-Pierre Leguay,La rue au Moyen AgeMonsieur Didier Lett

    Citer ce document Cite this document :

    Lett Didier. Jean-Pierre Leguay,La rue au Moyen Age. In: Mdivales, n7, 1984. Moyen ge, mode d'emploi. pp. 118-

    120.

    http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978

    Document gnr le 16/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/medihttp://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/author/auteur_medi_588http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/author/auteur_medi_588http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1984_num_3_7_978http://www.persee.fr/collection/medihttp://www.persee.fr/
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    J.

    Bourin

    est

    celui d un auteur succs

    qui

    sait que

    ses

    lecteurs,

    malgr

    leur dsir

    d tre

    charms par des mondes tranges ont surtout besoin

    d tre

    conforts

    dans

    leurs certitudes.

    Franoise

    Sabban.

    Jean-Pierre Leguay, La rue au

    Moyen

    Age. Ouest

    France,

    Rennes, 1984.

    Depuis quelques

    annes, grce

    diffrentes

    tudes

    sur la

    socit

    mdivale

    et

    de nombreuses monographies urbaines,

    la

    ville

    et le

    citadin mdival

    nous

    paraissent un peu moins

    obscurs.

    J.-P.

    Leguay,

    se propose de

    porter

    un clairage nouveau

    sur

    le paysage urbain

    et

    les

    individus qui y

    passent

    et y vivent, en s attachant

    la

    rue,

    microcosme

    de la ville.

    L auteur

    limite

    son

    tude

    dans

    le temps (de Ph. Auguste au

    XVI* sicle)

    et

    dans l espace

    (la

    France).

    Dans

    un premier

    temps,

    l tude

    porte sur la rue

    dans

    le

    paysage

    urbain : s appuyant

    sur

    de nombreux documents,

    J.-P.

    Leguay

    nous

    confirme,

    qu au

    Moyen Age,

    les

    matresses rues

    (plus de 6 mtres

    de

    large) sont rares

    et

    les

    sections

    rectilignes,

    exceptionnelles

    (rue

    de

    l Angle Droit

    Agen)

    ; d autre part, les riverains

    empitent

    sur la

    rue

    par

    le

    haut (les encorbellements des tages

    pignon)

    ou

    par

    le

    bas

    (les tals dresss par le

    commerant)

    : les

    rues

    se

    prsentent

    comme

    une succession d tranglements

    et

    d largissements, semblables aux

    verrous et

    aux ombilics des valles glaciaires

    (J.-P.

    Leguay). Elles

    sont, pour la

    plupart,

    formes transversalement de deux plans inclins

    vers un caniveau

    central

    pour permettre

    l coulement

    qui, lorsqu il est

    trop violent, oblige

    le

    piton

    tenir

    le

    haut du pav .

    L une

    des richesses

    de

    l ouvrage

    est

    de

    s attacher

    souvent

    la

    toponymie, rvlatrice

    de

    l aspect

    de

    la rue

    :

    les

    immondices, ordures,

    et

    autres

    fiens

    qui engendrent

    pestilences

    (et qui peuvent

    tre

    l origine

    de grandes

    infections)

    se

    devinent

    dans les

    Rue

    Sale ou

    Foireuse

    (Angoulme), Passage Merdeux (Chartres), Rue Merdire

    (La-

    gny), etc.. Pourquoi cette salet et ces odeurs

    dans

    la rue mdivale ?

    Problme d ducation

    du riverain

    ? Oui,

    rpond l auteur, mais

    pas

    seulement

    ;

    cette

    cause,

    viennent s en ajouter beaucoup d autres : les

    enceintes

    empchent l coulement hors de

    la

    ville,

    les insuffisances

    des

    retraits

    ou

    chambres

    courtoises

    (latrines),

    l abondance des mtiers

    nuisibles

    la

    salubrit

    publique

    (bouchers qui

    gorgent

    dans

    la

    rue

    ( Rue de l Ecorcherie Paris), foulons, teinturiers,

    etc.),

    des habitudes

    encore

    rurales

    (levage d animaux

    sur

    la

    chausse) et

    enfin, les

    tenta-

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    tives trop

    timides,

    de la

    part des autorits urbaines,

    d une ratio-

    urbanistique

    (J.

    Le Goff). Elle se limite

    la cration

    de dpotoires

    (fosses),

    d gouts, quelquefois d un service d boueurs

    (ds le

    XIII*

    sicle

    Montpellier

    apparaissent des

    probi

    homines ), au pavage

    de

    quelques rues Leguay note,

    avec

    beaucoup de justesse, que

    les

    premires

    mentions de chausses paves

    concident avec l essor urbain

    des

    XIe et XIII*

    sicles

    et

    le

    dveloppement du trafic

    commercial ;

    le

    passage

    de plus en plus frquent des sabots des animaux, des grosses

    roues

    ferres dgradent

    vite les sols mal protgs des

    rues

    principales.

    Le

    pavage

    devient

    alors

    une

    ncessit (ds

    1270 Troyes, on lve un

    nouvel

    impt: le

    denier

    de la

    chausse). Les

    dits traitant

    de

    l hygine publique, se multiplient

    la

    fin

    du

    Moyen

    Age et sont

    plus

    nombreux (souvent mieux appliqus) dans les

    grandes villes

    ,

    mais

    leurs

    rptitions peuvent

    faire

    douter

    de

    leur

    totale

    application.

    L auteur conclut son observation de la

    rue

    dans le paysage urbain,

    par l tude trs

    judicieuse

    du dcor de la chausse (enseignes,

    mont-

    joies ...) et

    des noms de rue o l vocation religieuse prdomine ( Rue

    de la Cathdrale des

    Cordeliers

    ...)

    mais o s exprime

    galement

    la

    vie conomique

    ( Rue

    de la

    Draperie

    ) ou la topographie ( Rue

    Pentu

    Rue Courbe

    ).

    Pour l auteur

    il

    semble

    que la sgrgation

    sociale horizontale se dveloppe

    la

    fin du Moyen Age

    et

    donc que la

    distinction entre les rues bien

    frquentes

    et les

    zones

    de taudis,

    s accentue. Mais la sgrgation

    sociale

    verticale (au sein d un mme

    immeuble) reste largement

    prdominante

    riches et

    pauvres

    coexistent

    dans

    la

    mme rue.

    D ailleurs, la seconde partie de l ouvrage s attache

    dcrire le monde

    de

    la rue

    :

    description trs minutieuse, trs documente, trs

    raliste de

    la sociabilit mdivale, qui

    corrobore

    et prcise

    les

    superbes tudes

    d A.

    Farge

    (1) et

    de

    J. Kaplow (2)

    pour le

    Paris du XVIIP

    sicle (il

    est

    trs

    intressant de comparer ces deux mondes

    que

    sparent quatre

    sicles

    et

    de noter les

    trs

    faibles volutions).

    Quelles sont les remarques de l auteur ? Les activits artisanales

    dbordent

    sur

    la

    chausse.

    Les

    mtiers

    se

    regroupent

    (

    Rue

    des

    Tanneurs ) par

    obligation

    matrielle

    ou

    technique (proximit de l eau)

    ou

    pour faciliter les oprations de contrle :

    le travail au noir

    est

    juridiquement et moralement inacceptable pour l homme

    mdival.

    On

    pntre ensuite dans le

    monde

    des

    petits mtiers qui

    dambulent dans

    la

    rue, toute

    cette masse flottante du travail, si

    difficile

    saisir pour

    l historien. La rue est

    aussi le domaine des

    loisirs, du

    jeu, de

    la

    fte

    (on

    s esbaudit

    aisment au

    Moyen Age). Mais c est galement

    le

    1.

    A.

    FARGE

    :

    Vivre

    dans

    la

    rue

    Paris au

    XVIII*

    sicle, coll.

    Archives,

    Paris,

    1979.

    2. J. KAPLOW

    :

    Les noms

    des rois,

    les

    pauvres

    de Paris

    la veille de la

    Rvolution,

    Paris,

    1974.

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    rendez-vous des

    sans

    logis, ne

    adveu,

    ne

    mestyer

    ,

    le domaine de

    la

    marginalit, de la

    violence,

    de la dlinquance, des

    truands,

    dsormais

    mieux connu

    grce

    aux travaux de Br.

    Geremek

    (3). Face aux

    dangers

    que

    reprsentent

    ces dernires

    catgories d individus, J.-P. Leguay

    s interroge sur

    l attitude

    des autorits et note que la

    rpression

    l emporte sur la

    prvention, que

    la proprit

    semble

    mieux protge que le

    corps

    (la

    socit

    mdivale est intraitable vis--vis du vol).

    La

    rue

    nous permet

    enfin de

    saisir le

    collectif

    :

    le bon peuple

    qui

    manifeste

    son

    dvouement aux grands de ce

    monde

    (lors d une

    entre

    princire

    par exemple) mais aussi

    le

    peuple en

    moi

    celui

    qui se rvolte (la

    Harelle

    Rouen

    ou les

    rebeynes

    lyonnaises).

    Le grand intrt de l ouvrage de J.-P. Leguay

    est

    de se consacrer

    uniquement

    la

    rue.

    Aprs

    la

    lecture

    de

    ce

    livre on

    ne peut plus

    passer

    dans une de nos vieilles rues mdivales sans

    s interroger sur

    son

    nom,

    son aspect, son dcor.

    Didier Lett.

    Franoise

    Ferrand,

    Esprit

    et

    fonctions de

    la

    danse

    au

    XIII*

    sicle

    ,

    La Recherche

    en

    danse,

    Universit de

    Paris IV, n 1 juin 1982, pp.

    29

    38.

    L article de F. Ferrand fait le constat pralable d un manque des

    recherches

    historiques

    sur

    une part

    importante de la vie quotidienne

    et

    de

    la culture

    mdivales : les travaux modernes

    sur la

    danse au

    Moyen

    Age sont trop

    peu

    nombreux.

    Cependant, les

    difficults

    mthodologiques et

    la

    raret

    des sources, qui expliquent essentiellement cette

    lacune, ne suffisent

    pas

    dcourager

    le

    chercheur.

    Une

    tude des

    sermons,

    par

    exemple,

    claire rapidement

    le

    mdiviste

    sur un certain nombre de pratiques gestuelles, tandis que

    toute

    une

    srie de documents iconographiques reste

    inventorier

    et analyser...

    Quoiqu il

    en

    soit,

    le

    XIII*

    sicle

    voit

    vritablement se fixer les grandes

    formes

    potiques et musicales accompagnant la

    danse

    dsigne le

    plus

    souvent par

    le

    terme

    carole

    mais surtout on

    dansait

    m nifestement beaucoup et

    souvent

    cette

    poque.

    Aprs une dfinition

    tymologique

    de la carole (de l tymon cho-

    raula

    :

    fltiste

    de chur),

    F.

    Ferrand nous

    en

    donne une description

    concrte.

    Il s agit d une danse collective en

    chane,

    circulaire

    ou

    demi-

    3.

    Br.

    GEREMEK:

    Les marginaux parisiens au XIV

    et au XV sicles,

    Paris, 1976.