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L’enfanceretrouvée

MichaëlBRETÉCHÉ

L’ENFANCERETROUVÉE

ouLalibertédelagloire

Artège

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18.Lelecteurquiveutyvoirplusclairausujetdecetteenfanceconcrète que le Christ nous donne à contempler, pourrapoursuivresaréflexionaveclesannexes2à5.Cettepartieplusexplicative,pourtantnécessaire,aétéplacéeàlafindel’ouvrageparsoucidefacilitédelecture.

Chapitre2L’enfanceprophétique

« L’enfance prophétique » : en quoi l’enfance est-elleprophétique,etd’abordqu’est-cequ’unprophète?

LeprophètenousestdonnéparDieucommel’instrumentdesa Parole. Il est associé corps et âme à la parole efficace deDieu, tel un glaive à double tranchant qui « pénètre jusqu’aupoint de division de l’âme et de l’esprit, pour juger lessentimentsetlespenséesducœur»(cf.He4,12).Iladoncunedoublemission:désignant lemal, iléclairelesconsciencesennous remettant sous le regard de Dieu, et il annonce uneheureuse promesse qui se réalisera selon une condition : « Sivousne redevenezpaspetitcommemoi,dit l’enfance,vousnerentrerezpasdansleRoyaumedesCieux.»

Devant cette vocation et cette mission, le prophète estconscientdesaproprefaiblesse,maisDieul’assured’êtreaveclui pour le délivrer (cf. Jr 1, 6-8). Être comme un enfant,désarmé, permet au prophète de ne mettre sa confiance et saforce qu’enDieu seul : tout devient alors possible. La craintedemeurelégitimefaceàl’incompréhension,àlaséduction19etàlapersécution.L’enfanceseratoujoursaccuséed’êtrecequ’elleest,sansqu’ilyaitderemèdeàcela.

Enfants, « ces gens ne haïssent pas votre simplicité,ils s’endéfendent,elleestcommeuneespècede feuquilesbrûle.Vousvouspromenezdanslemondeavecvotrepauvrehumblesourirequidemandegrâce,etunetorcheaupoing,quevous semblezprendrepourune

houlette20.»

C’est que le prophète nous met devant un choix crucial,décisif:lavie,enembrassantsonmystèred’abandoncourageuxenDieu,oulamort,cettemauvaisehainedesoi,quiarriveplusfacilementque l’oncroit21.Telleest lavocation, lamissiondel’enfancequ’elleaccomplitpar lesimple faitdecequ’elleest,commeelleest,avecentêtementetsansdétour.

Laquestiondel’enfance

L’enfance répondàsavocationprophétiqueparunesimplequestiondontnousnesaurionsnousdétourner.L’enfancenouspose sa question aujourd’hui, tout comme elle la posa à cetancien:

Un jeune frère demanda à son abba : « Y aura-t-ilpeut-êtreicilamiséricordedeDieu?»Partroisfois,l’enfantposacettequestion.Saisi,l’ancienrépondit:«Dieunous aide,mon enfant ! »Puis, quittant toutsur le champ, il conclut : « Allons chercher lamiséricordedeDieu.Siunpetitenfantm’ainterrogésansquejepuisseluidonneruneréponse,queferai-jequandjeseraiinterrogéparDieu22?»

«Yaura-t-il peut-être ici lamiséricordedeDieu?»Cettequestion,l’enfancelaposeparcequ’elleenestpétrie,tellementuniequ’elleestaumystèrede l’AmourdeDieu, liéeauChristquiselivrelibrement,volontairement,pourquenouspuissionsappelerDieu«Père».Cettequestiondel’enfance:«Yaura-t-ilpeut-êtreicilamiséricordedeDieu?»nousconduitaucœurdu

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Sejeterdanslapauvretéest laseuleréponseàl’iniquité,àcommencerpar lanôtre.Ce fut lepointdedépartde l’élandusaint. L’amour du Christ dont il fut épris ne se conjuguaitqu’avecDamePauvreté : d’elle jaillit la gratitude embrasée del’Amour54.Ainsisollicitépartouteschosesàl’AmourdeDieu,il se réjouissaiten tous lesouvragessortisde lamaindeDieu(Ps 91 5), remontant ainsi jusqu’à celui qui est la causevivifiantedel’univers.ContemplantleTrès-Beauenlamoindrecréature,ilpoursuivaitàlatracesonBien-Aimé(cf.Jb23,11etCt 5, 17) en tout lieu de sa création, se servant d’elle commed’une échelle pour atteindre celui qui est tout désirable (Ct 5,16).Cetamourleconduisaitau-delàdelui-même,enDieu.

Ainsi,«danslavéhémencedesonamourextatique55il désirait être entièrement transformé en ce Christcrucifié. […] Le sacrement du Corps du Seigneurl’enflammait d’amour jusqu’au fond du cœur : iladmirait, étonné, une miséricorde si aimante et unamoursimiséricordieux56.»

Ilnedésiraitalorsplusqu’uneseulechose:«s’yconformerentouspoints»,cequeDieuaccomplitenlui57.

Le secret d’une telle vigueur s’appelle joie parfaite, quinousfutpromiseparleChristjusteavantdes’offrirpournoussur laCroix (cf. Jn17,13)58.LaCroixnousengendrecommedes enfants nouveau-nés à la vie éternelle et au Royaume desCieux, à la plénitude de la joie. Ainsi, « dans la croix de latribulationetde l’affliction,nouspouvonsnousglorifierparcequecelaestànous59.»C’estenraisondecettejoieparfaitequesaint François, parmi les grandes amitiés de l’enfance, estnommécommeunprophètedecelle-ci.

L’humilitéestaussiliéeàl’enfanceprophétique,acquiseparl’humiliationvécuedansl’EspritSaintquiunitauChrist:elle«rendplusintrépideuncœurgénéreux60.»Telleest l’enfancede saint François et sa force prophétique faisant de lui « parexcellence,l’hommedudéfiaumondemoderne61.»Mondequisanscesse,parsystèmedepensée,consciemmentounon,volelagloiredeDieupourl’accuserdenotrepropregloire,c’est-à-direnotre faiblesse. Car c’est une révolution, un grandchamboulement, une totale perversion des choses ! Au nommêmed’unejusteinspirationenl’homme.

« L’homme veut devenir Dieu (Gn 3,5) et il doit ledevenir.Mais chaque foisque, commedans l’éterneldialogue avec le serpent du Paradis, il essaie d’yparvenirens’affranchissantdelatutelledeDieuetdesacréationpournepluss’appuyerquesursoi-mêmeets’installersoi-même,chaquefoisque,enunmot,ildevienttoutàfaitadulte,toutàfaitémancipé,etqu’ilrejette totalement l’enfance comme état de vie, ildébouchesurlenéantparcequ’ils’opposeàsaproprevéritéquiestdépendance.Cen’estqu’enconservantce qu’il y a de plus essentiel à l’enfance et àl’existencedefils,vécued’abordparJésus,qu’ilentreavecleFilsdansladivinité62.»

C’estcequesaintFrançoisrévélacorpsetâme,ensachairaux yeux de tous. Cette révélation de la dépendance donne àl’enfance sa force prophétique, à la manière de saint Michel,luttant sans autre glaive que cette question : «Qui est commeDieu?»

Enfin, une autre dimension de l’enfance prophétique de

saint François nous arrive directement de la relation entre lesaint et le Pape d’alors, Innocent III, qui reconnut en luil’enfanceévangéliquequisauveraitl’Église.LePape«avaitvula basilique du Latran prête à s’écrouler ; mais un pauvrehomme,petitetd’aspectmisérable,lasoutenaitdel’épaulepourempêcher l’effondrement63. » Il reconnut frère François. Si ensaintFrançois, « c’est un enfantqui sauve labarquedePierrealors ballotée par les hérétiques de tout poil64 », l’enfancespirituelle a d’autant plus actuellement un rôle urgent à jouerpour l’Église et le monde. Mission confiée à celle que l’onappelle autant la petite Thérèse que la plus grande sainte destempsmodernes.

SainteThérèsedel’Enfant-JésusetdelaSainte-Face

Sainte Thérèse ne vit et n’enseigne rien d’autre quel’enfancedel’Évangilequinousrend«accessiblelechemindesCieux.»Laconséquencecouledesource:«Ilfautdoncrevenirà la simplicité des enfants, parce que, établis en elle, nousporteronsautourdenousl’imagedel’humilitéduSeigneur65.»Cependant,lorsquecetteenfance-làs’accomplitaveclamissiondonnée par leChrist d’entraîner à sa suite tous les enfants deDieu, et tous ceux qui ne le connaissent pas encore, il y acommeunenouveauté,etnouscourons(cf.Ct1,3).

Nouscourons:nonpasselonunprocessusnaturel.Nousnecouronspasaprèscette«faussemonnaie»des«bellesparoles»dont sainte Thérèse se défie radicalement66. Nous couronsattirésparlagrâcedontelleestlecanaléprouvé,choisiparDieupour nous unir à lui. En cela, sainte Thérèse est réellement

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soit épouse, mère de famille ou un « monsieur très affairé »,évêqueoualcoolique,on«peutbienresterpetit,mêmedanslescharges les plus redoutables91. » Que l’on soit religieuse oupécheressepublique(commeMadeleine),ilsuffitdesavoirquelespetits«serontjugésavecuneextrêmedouceur92».Quel’onsoitunenfantouunancien,«l’âgen’estrienauxyeuxdubonDieu»,onpeutvivredel’enfancespirituelle«mêmeenvivanttrès longtemps93 ». Nul ne peut donc prétendre être uneexception, àmoins d’être « une grande âme »,mais craignonsalors que l’espérance soit un peu plus compliquée…« Il y enaura pour tous les goûts, excepté pour les voiesextraordinaires94.»

Quelques inquiétudes peuvent cependant demeurer, qu’ilimporteicidelever.

1. Peut-être qu’en se mettant à l’école d’une sainte,partageons-nous le même sentiment que sœur Thérèse quiconstatait qu’entre elle et les saints, il y avait « la mêmedifférencequiexisteentreunemontagnedontlesommetseperddans les cieuxet legrainde sableobscur foulé sous lespiedsdes passants ». Cependant, au lieu de se décourager, elle sedisait que « le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirsirréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à lasainteté95».

D’ailleurs,« si toutes les âmes faibles et imparfaitessentaient ce que je sens, pas une seule nedésespérerait d’arriver au sommet de lamontagnedel’amour, puisque Jésus ne demande pas de grandesactions, mais seulement l’abandon et lareconnaissance96…»

2.Unautrecomplexepeutnouséloignerdel’enseignementde notre sainte : il semble queDieu a des préférences et quenousnesoyonspasdecesâmesprivilégiées.Thérèses’estaussiposé cette question, mais après avoir observé la nature, ellecomprend«quel’amourdeNotreSeigneurserévèleaussibiendans l’âme laplussimplequine résisteen rienàsagrâcequedans l’âme la plus sublime. » Il n’importe donc pas de secomparer97.Dieunouslerappellesanscesseàtraverslesâmeselles-mêmesqu’ilchoisit:iln’yenapasdeuxsemblables.Dieusedonneànoustelsquenoussommes.

3.«SainteThérèse à l’eaude rose» : il arrive souvent eneffet qu’elle agace par son vocabulaire.Elle aime« les petitesfleurs»!Lasymboliquedesfleurslaplacepourtantdanstoutela grande tradition spirituelle masculine elle-même. Par« symbolique », il ne faut pas entendre « simplementimaginaire».Le symbolepermetd’atteindre la réalité invisibledemanièreplus forteque les concepts eux-mêmes.Le langagesymbolique a cet avantage de tenir ensemble le visible et lespirituel. Sainte Thérèse était très consciente du vocabulaireimagé au sujet duquel on pourrait en rester aux sentiments.C’estpourquoielleprécise:

«LessaintsInnocentsneserontpasdepetitsenfantsau Ciel ; ils auront seulement les charmesindéfinissables de l’enfance. On se les représente“enfants”,parcequenousavonsbesoind’imagespourcomprendreleschosesspirituelles98.»

Lespremiers chrétiens tenaient la rosepour le symboleduparadis. Son parfum nous attire et nous unit au Bien-Aimé,selonleCantiquedescantiques,etsacouleurvermeillesignifie

l’ardente charité duChrist et desmartyrs99. L’âmemue par lacharitéenrevêtlacouleuretenexhalelesparfums:elleest labonne odeur du Christ (cf. 2 Co 2, 15 ; Ep 5, 2), devenantirrésistiblepourDieu.LaroseparexcellenceestalorslaViergeMarieappeléeRosemystiquedansles litanies,etpourlaquellenouseffeuillonslerosaire.Demême,lepropredel’enfanceestde s’effeuiller, sans chercher à être une « belle rose »,mais à« réjouir le bon Dieu. Un point, c’est tout100 ! » L’offrandetotale et sans retour sur elle-même est pour le moins virile…LorsquesainteThérèseparlede laviolettede l’humilitéoudulys de la pureté, ce n’est pas en raison de son imaginationjuvénile, à la manière d’un Lamartine et autres poètesromantiques : authentique fille du Carmel, ce n’est pas lesentimentalismequilaguette…

4.Lapetitevoien’est-ellepasinfantile?Quel’onsemetted’accord:«bébé»,c’estpourrire,histoiredenepasseprendreau sérieux, même dans les heures les plus difficiles. Si elles’appelaitparfois«bébé»avechumour,c’estensachantqu’ellen’enestplusun101:lapetitevoie,«ladoctrinede“bébé”102»estpleined’unevirilematurité!

Thérèse est très consciented’être prisepourune«gentillefille » par certains, d’être infantilisée par le Père Pichon lui-même,alorsqu’elleluidoittant.Celal’agaçaitunpeu:«LeP.Pichonme traitait trop comme une enfant103 », dit-elle. C’estque l’«on juge lesautresd’aprèssoi-même104 » (etnon selonDieu).ToutcommesainteJeanne,selonlesapparences,qu’est-elleauxyeuxdumonde?Etpourtant…105

Êtrepetitcommeunenfantn’estpasdelapusillanimité.Lapetitessedel’enfancevientdufaitqu’elleseconsidèredupointde vue deDieu106.Cette petitesse nous vaut « cœur de feu et

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Lacompréhensionnaîtdelasouffrance

Ladécouvertedelavéritéarriveainsipetitàpetit,nonpourla seule satisfaction de notre raison, mais pour noustransformer:laVériténousenfante,douloureusement154.Nousfaisonsd’ailleursl’expériencequenousfuyonslavéritéouquenous l’arrangeons par crainte de la souffrance. C’est pourtantcette même Vérité qui nous rendra libres (cf. Jn 8, 32). Cerapportàlavéritéestbienceluidel’enfance,venueencemondepourledépouillerdesadécrépitude,yfaisantl’expérienceque«lasouffranceseulepeutenfanterlesâmes155».Peut-êtrenousrebiffons-nouscommesœurMariedelaTrinité,novicedesainteThérèsequi se fitpatienteavecelle sanspourtantarranger sonenseignementsurlerôledelasouffrance.Carellesaitque«lasouffrance est incomprise, méconnue, regardée comme inutileparlesyeuxprofanes,maisfécondeetpuissanteauxregardsdeJésus156 ». C’est en voyant les fruits chez Thérèse, que sœurMariedelaTrinitéfutconquise.Thérèseavoueelle-mêmeavoirmisdutempsàlecomprendre157.

Lasouffranceestinséparabledenotrevie.Aprèslamortdesa maman, la petite Thérèse perdit sa seconde mère, sa sœurPaulinequirentraitauCarmel.Desannéesplustard,ellerelateainsicesrudesépreuves:

«Commentpourrais-jedirel’angoissedemoncœur?Enuninstantjecompriscequ’étaitlavie,jusqu’alorsjenel’avaispasvuesitriste,maisellem’apparutdanstoute sa réalité, je vis qu’elle n’était qu’unesouffranceetqu’uneséparationcontinuelle158.»

Cette souffrance reste incompréhensible, mais elle semble

développerl’espritplusqu’ilnepeutlesupporter:

« […] je ne comprenais pas et je disais au fond demon cœur : “Pauline est perdue pourmoi !!!” Il estsurprenant de voir combienmon esprit se développaau sein de la souffrance, il se développa à tel pointquejenetardaipasàtombermalade159.»

UniesàcellesduChrist,nossouffrancesnousengendrentàl’intelligencesurnaturellede la foi,à laVérité toutentière (cf.Jn16,13).Cettevérité est alorsd’autantplus crédiblequ’elleestsansapparencedegloirehumaine:

«Qu’importesijeparaispauvreetdénuéed’espritetdetalents…Jeveuxmettreenpratiquececonseildel’Imitation:[…]“pourvousnemettezvotrejoiequedansleméprisdevous-mêmes,dansmavolontéetmagloire”;[…]Enpensanttoutcelaj’aisentiunegrandepaixenmonâme, j’ai sentiquec’était lavéritéet lapaix160!»

La souffrancedenepasêtrecomprisn’estpas lamoindre,quipeutnouséloignerdelavéritéencherchantàplaire:

«Monamourn’étaitpascompris,jelesentisetjenemendiaispasuneaffectionqu’onmerefusait,[…]nesachantpasgagnerlesbonnesgrâcesdescréaturesjenepusyréussir.Ôheureuse ignorance!Qu’ellem’aévitédegrandsmaux161!…»

La souffrance n’est surtout pas un but. Pourtant, si nouscherchonsàtoutprixànousendispenser,nousserionsabusés

par l’illusion et les déceptions. L’expériencemontre que celuipourqui« toutvabien»est toujoursdénuéd’intelligence : lerefus de la souffrance va de pair avec celui de la vérité et lesdeuxsontalorségalementscandaleusespourlevieilhomme.Iln’envapasdemêmepourl’enfancespirituelle:elleconnaîtlavéritéenraisondesasouffranceunieàcelleduChrist.C’estcequi lui permet de dire à la fin de sa vie : « Je sens bienmaintenantquecequej’aiditetécritestvraisurtout162…»

Pour éprouver encore notre attachement à l’enfancespirituellecettegratitudethérésienneestexcellente:

« Qu’elle est miséricordieuse la voie par laquelle leBonDieum’atoujoursconduite,jamaisIlnem’afaitdésirer quelque chose sans me le donner, aussi soncaliceamermeparut-ildélicieux163…»

S’être « livrée à l’Amour » Miséricordieux et n’avoir«jamaischerchéquelavérité»nefontqu’un164.

Lacompréhensiond’un«enfantdelumière»

«Cequejedisc’estlavérité,vousleverrezauCiel.»Carnetjaune,9août,4

L’enfant de lumière165 considère cette vie en vue du Ciel.Cette orientation donne seule à notre vie sa consistance, et ànotre intelligencesonobjetqui ladépasse infiniment166.Cettecontemplationnousfaitentrerdansleréel,elleengendrelavraieconnaissance de soi sans crainte de notre propre imperfection,nous permettant ainsi d’accomplir le mystère de notre vie quinousdépasse:

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aussi, mon Jésus, le mien s’élance vers vous, ilvoudraitcomblerl’abîmequil’attire,maishélas!Cen’est pas même une goutte de rosée perdue dansl’océan223!…»

C’est d’un abîme à l’autre que l’enfance nous conduitmaintenant.

Ladevisedel’enfance

«Voilàbienlemystèredemavocation,demavietoutentièreetsurtoutlemystèredesprivilègesdeJésussurmonâme…Iln’appellepas

ceuxquiensontdignes,maisceuxqu’illuiplaît.»

ManuscritA2r

Petitesse de la créature et Dieu qui est infini : l’orgueilhumainn’aimepasdu tout !C’est pourtant cet écart quimeutl’enfance spirituelle, qui lui donne sa force et son élan.L’Évangile foisonne de cette vérité. C’est à Marie Madeleinequ’il revient de marcher en tête des petites âmes, d’être leurporte-parole, lorsquedevant lesnombreuxconvives,ellearrosedeseslarmeslespiedsdesonMaître(Lc7,36-38):

« Son cœur a compris les abîmes d’amour et demiséricorde du Cœur de Jésus, et […] toutepécheresse qu’elle est ce Cœur d’Amour est nonseulementdisposéà luipardonner,maisencoreà luiprodiguer les bienfaits de son intimité divine (Lc10,39),àl’éleverjusqu’auxplushautssommetsdelacontemplation224.»

Cetabîmenousdonnetoutenotreraisond’être225.Dieu,par

l’Incarnation, s’abaissant jusqu’à nous, est véritablement cetabîme infini attiré par notre abîme de petitesse226. Il faut dutemps à la pauvre créature pour admettre un tel Amour, pourpasser enquelque sortede l’étatdegrainde sable anonyme, àcelui«d’ATOMEsensible[…]auxyeuxdeJésus227!…»Quelsaint, à commencer par laViergeMarie228 en sonMagnificat,n’a-t-il pas été embrasé par cette découverte ? L’enfancespirituelle ne doute pas alors que « Notre Seigneur s’occupeaussiparticulièrementdechaqueâmequesiellen’avaitpasdesemblables229.»EllevitcemystèrespécialementenprésenceduSaintSacrement,oùelleycontemple là l’abaissementdeDieuverssacréature230.

C’est simple, si simple…ce trésorde sagessede l’enfanceest à portée demain, mais pour en jouir, « il faut s’humilier,reconnaître son néant, et voilà ce que beaucoup d’âmes neveulentpasfaire231…»Jésussefaitalorsmendiantenversnouspour gagner notre orgueil. Il vient frapper à la porte en nousposant la question de l’enfance : «Y aura-t-il peut-être ici lamiséricorde ? » Entendant cela, l’enfance ne peut résister,recevant « la grâce de comprendre plus que jamais combienJésus désire être aimé232. » Éclairée sur son besoin réel, surl’origineprofondedesesdésirs,l’âmereconnaîtalorsqu’ellea«besoind’uncœurbrûlantde tendresse /Aimant toutenelle,mêmesa faiblesse…»Cequ’ellene trouvequ’enceDieuquiprend sa nature, qui devient son frère, quimeurt pour elle233.Dieu, en s’incarnant, en s’abaissant, montre « sa grandeurinfinie»,etc’estjustementdesdeuxdontl’enfanceabesoin234.QueDieuait«voilésagloireineffablesouslestraitsd’unpetitenfant235»nous lerévèleetrépondconcrètementànotredésirinfiniliéànotrepetitesse.

« Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi sipetit…jel’aime!…carIln’estqu’amouretmiséricorde236 !»TelestletestamentquesainteThérèselaissaàl’abbéBellière.

L’âme comprend alors que « s’humilier » la conduit àpartagerl’humiliationduChristpouravoirpartavecluidansleRoyaume desCieux237. SiDieu s’est humilié par amour pournous, il n’y a rien de plus glorifiant que de partager sonhumiliation par laquelle notre petitesse devient glorieuse.S’humilierneconsistepasalorsdansleméprisdesoi,maisdansl’oublidesoi,enraisondelafoliedeDieu.Iciladoctrinedelapetitevoiesepréciseencore:

« Je ne suis qu’une enfant, impuissante et faible,cependant c’est ma faiblesse même qui me donnel’audacedem’offrirenVictimeàtonAmour,ôJésus![…]l’Amourm’achoisiepourholocauste,moi,faibleetimparfaitecréature…Cechoixn’est-ilpasdignedel’Amour ? Oui, pour que l’Amour soit pleinementsatisfait, il faut qu’il s’abaisse, qu’il s’abaissejusqu’au néant et qu’il transforme en feu cenéant238…»

L’abîme de la faiblesse est sûr parce qu’il attireirrésistiblementl’amourtransformantdeDieu.

Lafoidel’enfanceopèredoncenl’abîmedesafaiblessequis’offreàl’abîmedel’Amourmiséricordieux,fruitdelaPassion.Lafoiyvoitlafoliedel’AmourdeDieuquiestl’essencedesonabaissement(commentdireautrement?),etelleluirépondparlafoliedesonoffrande:«L’amournesepaiequeparl’amouretlesplaiesdel’amourneseguérissentqueparl’amour239.»

«L’Amournesepaiequeparl’Amour240»:elleenfaitsa

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du repos. Chaque découverte du trésor nous invite encore àl’enfouir, c’est-à-dire à nous donner encore et sans cesse –répétition de l’incessante nouveauté de la grâce –, selon cetteincessanteloispirituelledel’Évangile:«Quiauratrouvésavielaperdraetquiauraperdusavieàcausedemoilatrouvera260.»

La tentation peut être alors de se débattre contre laProvidencequi se charge très concrètementdenousdépouillerde nos défauts et de nos innocentes joies261 pour croître dansl’espérance.Mais toujours la force d’âme262 consiste à perdresanscessesavieàcauseduChrist:c’estlavertud’espéranceenacte.

Lagrâcedesortirdel’enfance

UnegrâcefitsortirThérèsedel’enfance:

« […Jésusqui se faisaitenfantparamourpourmoidaignamefairesortirdeslangesetdesimperfectionsdel’enfance,Ilmetransformadetellesortequejenemereconnaissaisplusmoi-même263.»

Lapetitevoienousengagedoncàperdrenotreenfance:«Lorsque j’étais enfant, jeparlais enenfant, jepensais en

enfant,jeraisonnaisenenfant;unefoisdevenuhomme,j’aifaitdisparaîtrecequiétaitdel’enfant»(1Co13,10-11).

«Fairedisparaîtrecequiétaitenfant»estparadoxalementlepropre de la petite voie, qui n’a rien d’une simple continuitéavecl’enfanceselonlanaturequidoit«disparaître»aucreusetdelagrâce264,selonsavéritablevocation.

L’enfancesurnaturellesegreffesur l’enfancenaturelle,ellel’accomplit.Àceteffet,cettedernièreconnaîtuneperteféconde

permettantl’avènementdel’enfancespirituelle:

« Cette simplicité de l’âme, ce tendre abandon à laMajesté divine […], nous consacrons notre vie àl’acquérir,ouàleretrouversinousl’avonsconnu,carc’estundondel’enfancequileplussouventnesurvitpasà l’enfance…Une fois sortide l’enfance, il fauttrèslongtempssouffrirpouryrentrer,commetoutaubout de la nuit on retrouveune autre aurore.Suis-jeredevenueenfant265?…»

Ils’agitmoinsdeseposerlaquestionquedeselivreràcetteautre aurore par cette « sortie » : « Tu dois quitter cettecampagne /PourobéirauDivinRoi266.»ToutchoixvraimentlibrequiengagenotreviesousleregarddeDieuàsasuite,nouslance dans l’espérance. Et toujours en même temps nousconnaissons un arrachement : il s’agit d’entrer dans la libertédesenfantsdeDieuenétantà lui.«Quitternotrecampagne»consisteàquitternosvueshumaines,pournousenremettreàlaProvidence267. C’est un premier pas qui nous fait passer del’étriqué à l’infini pour lequel nous sommes créés.En aurons-nouslaforce?

« Bien des âmes disent : “Mais je n’ai pas la forced’accomplir tel sacrifice”. Qu’elles fassent donc cequej’aifait :ungrandeffort.LebonDieunerefusejamais cette première grâce qui donne le couraged’agir ; après cela le cœur se fortifie et l’on va devictoireenvictoire(cf.Jdt15,10-11)268.»

Marchonsdonc : «Dans cettevoie il n’y aque lepremier

pas qui coûte269. » Sans ce premier pas répété sans cesse, lanaturesereplieraitsurelle-même.

Mais«aprèsavoir toutquitté il fautsurtoutsequittersoi-même270»,cequiestunfruitdenotreparticipationàlaCroix:

«Lematindenotrevieestpassé,nousavonsjouidesbrisesembauméesdel’aurore,lorstoutnoussouriait,Jésus nous faisait sentir sa douce présence, maisquandleSoleilaprisdelaforce,lebienAiménousaconduites dans son jardin, Il nous a fait recueillir lamyrrhe de l’épreuve en nous séparant de tout et deLui-même,lacollinedelamyrrhenousafortifiéesparsesparfumsamers271…»

Cetteforceestcelledel’espérance.

Variationssurl’espérancedel’enfance

L’espéranced’unepécheressepublique

ÀCélineéprouvée,Thérèseécrit:

« Pourquoi t’effrayer de ne pas pouvoir porter cettecroixsansfaiblir?Jésussur larouteduCalvaireestbientombétroisfoisettoi,pauvrepetiteenfant,tuneseraispassemblableàtonépoux272?»

L’espérance commence à être effective dans l’épreuve, etsansdoutemêmelorsqu’iln’yaplusd’espéranceàvuehumaine.

C’estalorsquel’enfancecommence«d’espérercontretoute

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les hommes » (cf. Lc 2, 51-52). Il n’est pas question d’unedésertiondutemporel,maisd’unappelàlevivreselonsaportéevéritable.Ce silencene retirepas l’épreuve : ilnousdonnedel’uniràl’œuvredelaRédemptionenlaquellenousdisonsavecJésus:«Maintenantmonâmeesttroublée.Etquedire?Père,sauve-moidecetteHeure…»Poursuivantaveclui:«Maisc’estpour cela que Je suis venu à cette Heure. Père, glorifie tonNom ! » (Jn 12, 24-28). Cachée dans ce silence, l’espérancerencontre le Christ comme saint Pierre qui s’est enfin laissévaincre,devant«leplusbeaudesenfantsdeshommes»(Ps44,3) défiguré, silencieux et plus puissant que jamais :Miséricordieux.Danscesilence,Jésus«veutnotreamour,Illemendie…Ilsemetpourainsidireànotremerci321.»

Dans le combat spirituel, la première disposition del’espérance consiste donc à se cacher dans le Christ. « Pourtrouverunechosecachée, il fautsecachersoi-même,notreviedoit donc être un mystère, il nous faut ressembler à Jésus, àJésusdont levisage était caché…322 »Se cacher auxyeuxdumonde ne consiste pas en une abnégation psychologique, quiserait une démission tout autant qu’une extinction. C’est aucontraire une détermination de l’âme pour la gloire : « J’aicompris ce qu’était la véritable gloire. Celui dont le royaumen’estpasdecemondememontraquelavraiesagesseconsisteàvouloirêtreignoréetcomptépourrien323.»

Serait-cealorsquenotrevieestméprisable,ainsiquenotreenfanceavecsesdonsnaturelsetsesdésirsquilesrévèlent?Ilne s’agitpasde les retrancher,mais toujoursde les«cacher»dansleChrist:sainteThérèseneprêchepasunperfectionnismecontrelanature.Ilneluiviendraitpasàl’espritdemépriserlanatureetsesdons324.CettenaturedonnéeparDieu,Thérèsel’aexercée,ellel’atravaillée,nonpourlaforcer,maisenvuedela

vaincre,c’est-à-direde l’offrirà lagrâceensecachantdans leChrist:l’espéranceestlàseulement,danslesalutaccompliparleFilsdeDieu.L’enfancespirituelleestàDieuqui« l’acrééederien.Il l’aime,etIl luidemandesonamour.Etpourquecetamourvaillequelquechose,Illuiafaitdondelaliberté325.»Laliberténenousestpasdonnéepourautrechosequepournouslaisser façonnerpar lagrâce,afinde luiplaire.Avec l’exercicedelaliberté,naîtaussiceluiducombatspirituel.

Introductionaucombatspirituel

«Jenesuisqu’uneenfantetcependantjedoislutterchaquejourafindeconserverl’inestimableTrésorquisecacheenmonâme…

Souventjedoisrougirdusangdemoncœurl’arèneducombat…»

(Prièren°18)

Nous entendons « combat spirituel » et nous « courbonsl’dos ». Ou bien, selon le tempérament, nous « bombonsl’torse ».Ce n’est pourtant pas plus au niveau du dos que dutorsequeçasepasse…Lachoseregardenotreâmeunpeutropraidieouramollie,tropenfléeourétrécie,seprotégeantainsidumalquipasse.Notrepauvrenaturen’enpeutd’ailleursplusdeson masque, de ses raidissements, des spécialistes qui sepenchent surelleaveccuriositépour l’optimiser selon telleoutelle idée de perfection trop souvent psychologique ousociologique.Ils’agitalorsde«vaincrelanatureetnonpasdela forcer […]. À vouloir forcer la nature, on ne réussit qu’àmanquerdenaturel,etcequeDieudemande[…],cen’estpasde donner chaque jour la comédie à Sa Majesté, mais de leservir326. » Notre nature est vaincue par la seule grâce, sameilleurealliée.Saseulealliée,d’ailleurs.Notrenatureabesoin

d’être vaincue, parce que tant qu’elle s’obstine seule, laperfection de l’enfance pour laquelle elle est créée lui estimpossible.

Oùlecombatdel’espérancesenoue-t-ilennous?Lavertusurnaturelled’espérancen’agitpasextérieurementà

notre nature : elle se greffe en elle. Elle se greffe sur cettepassionquiestennous lacapacitéd’affronter ladifficultéquis’oppose au bien désiré. Lorsque notre but est difficile àatteindre, s’il y a des obstacles ou si unmal s’oppose, il y aalors en nous une « agressivité » qui cherche à vaincre ladifficulté ou à retrancher le mal. Cette agressivité est toutenaturelle, elle fait partie de nos réactions psychologiques avecleurs répercussions corporelles. Notre intelligence et notrevolontésonttrèsvivementimpressionnéesparlemouvementdespassions souvent encombrantes, sans lesquelles pourtant notreviespirituelle tourneraitàvide.C’estbiensurcesmouvementsde l’irascible que sont l’espoir et l’audace, que la vertuthéologale d’espérance se greffe, pour les réorienter et lestransformer, et non pour les forcer. L’espoir en nous est lié ànotrevolontéàlaquellel’espérancedonnesafinalitéetlaforcedel’atteindre327.

Quelestl’objetdececombat?Ce qui empêche notre faiblesse de se livrer, c’est notre

amour-propre, qui détourne la gloire de Dieu. C’est cettefaiblesse-là que Dieu éprouve328. Vaincre la nature est donctoujoursfondamentalementuneœuvredel’humilité.Cependant,«êtrehumblenesignifienullementrechercherleshumiliations,ce qui ne va pas sans beaucoup d’imprudence et d’orgueil ; ilsuffit d’être ce qu’on est, ni plus, nimoins, sous le regard deDieu329.»L’humilitépourraitêtreconfondueavecunesortedecomplaisance dans nos faiblesses. Cette fausse humilité se

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mériteneconsistepasàfaireniàdonnerbeaucoup,maisplutôtàrecevoir,àaimerbeaucoup…»Cetteprécisionestdetailleetsainte Thérèse va plus loin dans le renversement de notremanière de penser : « Il est dit que c’est bien plus doux dedonner que de recevoir (Ac 20, 35), et c’est vrai, mais alors,quandJésusveutprendrepourLuiladouceurdedonner,ceneseraitpasgracieuxderefuser.»Lesactesd’espéranceconsistentdonc à laisser Jésus « prendre et donner tout ce qu’Ilvoudra367 ». Elle acquiert alors les mérites du Christ dit-elle,« mais pas pour moi ; pour les pauvres pécheurs, pour lesbesoins de toute l’Église, enfin pour jeter des fleurs à tout lemonde,justesetpécheurs368.»Lesactesdel’espérancedonnentà l’enfancede« faireplaisir aubonDieu»,c’est-à-dired’agirselonlavolontéetlagratuitédeDieu.D’ailleurs,précise-t-elle,« si j’avais amassé des mérites, je serais désespérée tout desuite369».Cetterechercheprométhéenne,esteneffetécrasante.EllenousplacefaceàDieudanslatentationdel’égalerparnosactes,afind’êtreainsirendusdignesdelui(oudenous-mêmes,tant nous sommes faits pour un bien infini), ce qui estlittéralementimpossible.

« Faire plaisir » : l’expression paraît banale, voire même«gentille»…Il fautdu tempspourpercevoircombiendans laboucheetsouslaplumedesainteThérèse,cetteexpressionestd’unevirilitétoutecarmélitaine370.Àbienyregarder,«plaireàJésus»nousconduitauvraidétachementdenous-mêmes,pournous aimer non selon la nature seule, mais selon la naturegraciée…

La préoccupation de soi-même est une véritable plaie (medirez-vous le contraire ?) dont seule la gratuité de l’Amour deDieu nous délivre. Voilà qui échappe aux regards humains etdélivre des illusions de leurs jugements : « Je suis lasse de la

terre!Onfaitdescomplimentsquandonn’enméritepasetdesreprochesquandonn’enméritepasnonplus.Toutça !…toutça371 !…»Les jugementsdeDieusontdifférentsdeceuxdeshommes(cf.Is55,8-9):«C’estainsiquenousnoustromponssouvent sur la terre,prenantpour imperfectiondansnos sœurscequiestméritedevantvous372!»Lapetitevoierépondàcettetentation demanière déconcertante en cherchant à ne « plairequ’àJésusSeul».C’estsimple,accessibleàtousquelquesoitnotreétatd’âmeounotreétatdevie:

«Comme c’est facile de plaire à Jésus, de ravir soncœur,iln’yaqu’àl’aimersansseregardersoi-même,sans trop examiner ses défauts… » C’est ainsi queJésusluiapprend«àtirerprofitdetout,dubienetdumalqu’elletrouveensoi373.»

Laseuleprécisiond’aimer«sansseregarder»nouséloignedetoutinfantilisme.

«PlaireàJésus374»est l’actepar lequel l’enfanceravit leRoyaumedesCieuxqui lui estpromis : ellea tantdepouvoirsur lecœurduChrist«qu’ellepeutenobtenir lepardonpourmille criminels. »Nous pourrions en rester là, avec ces bellesparoles,etalors?Leproblèmeestpourtantdetaille:«Nulnesaitsiilestjusteoupécheur(Qo9,1)»rappellesainteThérèse,qui nous donne alors directement deux principes dediscernement:

« Jésus […] nous fait la grâce de sentir au fond denotrecœurquenousaimerionsmieuxmourirquedel’offenser, et puis ce ne sont pas nos mérites, maisceux de notre époux qui sont les nôtres que nous

offronsànotrePèrequiestdanslesCieux375.»

Encorefaut-ilêtreassezredevenuenfant–maturitéselonlagrâce–pouravoirceregardvraietsansillusionsursoi…

«FaireplaisiraubonDieu»donnedoncàl’espérancetoutesaforce:

«Après l’exilde la terre, j’espèrealler jouirdevousdanslaPatrie,maisjeneveuxpasamasserdeméritespourleCiel,jeveuxtravaillerpourvotreseulAmour,dans l’unique but de vous faire plaisir, de consolervotre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vousaimerontéternellement376.»

Elle ne méprise pas plus qu’elle ne nie les mérites377 :l’enfanceestseulementonnepeutplusprodiguedesesmérites.Elle n’en garde pas un en poche, mais les place aussitôt à labanquedel’Amour:

Jésus[…]luiapprendàjoueràlabanquedel’amourouplutôt,nonIljouepourellesansluidirecommentIls’yprendcarcelaestsonaffaireetnonpascelledeThérèse,cequilaregardec’estdes’abandonner,deselivrer sans rien réserver, pas même la jouissance desavoircombienlabanqueluirapporte378.»

Et toujours, mais il faut le répéter car elle craignait elle-mêmequecertainsprennentlapetitevoiepourduquiétisme,lagratuitéporteàl’action.Uneactionenracinéedanslagratuitédelagrâce,donnantàcettecourtevied’agirselonsaraisond’être,l’offrandedesoi:«Faisonsdenotrevieunsacrificecontinuel,un martyre d’amour, pour consoler Jésus, il ne veut qu’un

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faiblesse » en expérimentant « par lui-même ce que peutl’homme sans l’aide de Dieu » afin qu’il puisse « gouvernertoute l’Église qui est remplie de pécheurs ». Lorsqu’avant sachute,Jésusluidit:«Quandtuserasrevenuàtoi,confirmetesfrères,celavoulaitdire :Persuade-lespar tapropreexpériencedelafaiblessedesforceshumaines.»Id.cf.Lc22,33;Mt26,69-75;Lc22,32.352.C’estparlesoupiraildelatristessequelediablesoufflesapoussière d’orgueil dans nos consciences. Cf. Thomas DECELANO,Vitasecunda,chapitre88:élogedelajoie.Méfaitsdelatristesse.SaintFrançoisd’Assise,Documents,op.cit.p.430.353.Lettre205àsœurMariedeSaint-Joseph.354.BERNANOS,DialoguedesCarmélites,op.cit.p.1601.355.Lettre165àCéline.356.«[…]jemesuisofferteàJésusnoncommeunepersonnequidésirerecevoirsavisitepoursapropreconsolation,maisaucontraire pour le plaisir de Celui qui se donne à moi. Je mefiguremonâmecommeunterrainlibre…»ManuscritA79v.357.Carnet rouge rédigépar sœurMariede laTrinité,2-3, inPère DESCOUVEMONT op.cit. p. 122. Il est à la mode de seréclamer de sainte Thérèse tout en cherchant à écarterabsolument de notre vie le mystère de la souffrance lié sansdouteaumal,maisrachetécependantauprixdusangduFilsdeDieu : « L’hiver c’est la souffrance, la souffrance incomprise,méconnue, regardéecomme inutilepar lesyeuxprofanes,maisféconde et puissante aux regards de Jésus et des Anges… »(Lettre132,àCéline;Cf.Carnetjaune,3août,2)358.Pélageestcemoinequidéfendaitlathèseselonlaquelledesespropresforcesl’hommepouvaitparsesactesbonsmériterleCiel. Pour lui, « l’œuvre bonnemérite de par sa nature la vieéternelle ». Saint Augustin a heureusement réagivigoureusement, et sainte Thérèse arrive à point pour nous

délivrer tant du pélagianisme que du quiétisme qui serencontrent actuellement dans les mêmes personnes. Lasécularisationenestunecause,etsainteThérèseleremède!359.Lettre142,àCéline.360.DernièresParolesàMèreAgnèsdeJésus,juillet,2.361.Lettre65,àCéline.362.Cf.Lc9,62;Gn19,26etLc17,32.363. Carnet jaune, 8 août, 8. Autrement dit : « Je veux enM’EFFEUILLANTteprouverquejet’aime»(Poésies51,5)364.Lettre143,àCéline.365.Carnetjaune,5juin,4.Cf.BERNANOS,Journald’uncurédecampagne,op.cit.p.13259.366.Cf.ManuscritB4r-v.367.Lettre142àCéline.cf.ManuscritC35r.368.Carnetjaune,18août,3.369.DernièresparolesàSœurMarieduSacréCœur29juillet.370. Et pour une lumière aussi théologique que limpide : cf.SaintTHOMAS D’AQUIN,Bref résumé de la foi chrétienne, éd.N.E.L.1985,lagrâceduChrist,chap.213-216,pp.333-354.371.Carnetjaune,29juillet,12.372.Carnetjaune,6avril,3.373.Lettre142,àCéline.374.Cf.Rm12,1-2;15,1.375.Lettre129àCéline.376.Prière6,Acted’Offrande.377. Ne plus en parler reviendrait à nier la communion dessaints,cequiestradicalementopposéàlapetitevoie!Lefaitdene plus parler des mérites est l’un des obstacles directs àl’enfancespirituelle…378.Lettre 142, àCéline.Cf. saintLÉONLEGRAND,Homélie92:«Sil’onaimeDieu,onsecontentedeplaireàceluiqu’onaime,caronnedoitpasattendreunerécompensemeilleureque

l’amourlui-même.Eneffet,lacharitéquivientdeDieuesttelleque Dieu lui-même est charité ; l’âme religieuse et chaste seréjouittellementd’êtrecombléeparluiqu’ellenedésiretrouversonbonheurenriend’autrequelui.»379.Lettre96àCéline.380.Lettre165.381.Cf.ManuscritA62v.382.Carnetjaune,11août,3.383.PèreDESCOUVEMONT,op.cit.p.169.384.Lettre89àCéline.385.Poésies50,5.386. Lettre 87 à Céline. Cf. Is 55, 8 et Mt 20, 22-23. Nousretrouvons toujours ce point de départ dans l’espérance, labrièvetédenotrevieplacéedupointdevuedeDieu.387.Cf.Poésie3.388.Lettre87àCéline.389.ManuscritC7r.Ps91,5.390.Cf.Carnetjaune,25juillet,13etJn5,44.«J’aicomprisquepourdevenirunesainteilfallait[…]s’oubliersoi-même.»ManuscritA10,1r391.Cf.BERNANOS,DialoguedesCarmélites,op.cit.p.1581392. Lettre 103 à sœur Agnès de Jésus. Il importe donc de«bienfaireattentionànepasserecherchercaronauraitlecœurblessé.»Carnetjaune,25juillet,13.393.Carnetjaune,8juillet,16.394.Lettre261,àl’abbéBellière.395.ManuscritA75r.396.ManuscritA45vetLettre96,àCéline.397.ManuscritC18v-19r.398.Cf.RécréationsPieuses,7,4,Letriomphedel’humilité.399.Prière6,Acted’Offrande.400.Carnetjaune,23juin.Lc17,10.

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Pourmoi,jenel’aiéprouvéqu’unefoisetqu’unseulinstant, puis je suis retombée aussitôt dans masécheressehabituelle446.»

Unefoissuffit:cequeDieudemandeàsonenfant,c’estdes’offrir. Le reste de l’offrande se fera dans l’absence deconsolations sensibles, puisque «Vivre d’Amour, ce n’est passurlaterrefixersatenteausommetduThabor(Mc9,5)447.»Surcetteterre,nousvivonsd’Amourdanslafoi,tempspendantlequel le vigneron émonde sa vigne bien-aimée : l’âme « estdéchiréemais je sensquecetteblessureest faiteparunemainamie,parunemaindivinementjalouse448!»Etce,enraisondel’exil que les anges nous envient, puisque ses épines nousunissent à l’ardent Amour du Verbe de Dieu en sa Passion.Unionpar laquelleauCiel«nousverrons levisage inconnuetaiméquinousravitparseslarmes449».

Il ne viendrait pas à l’idée de l’enfance spirituelle de sedurciraumalde tellesortequ’elledeviendrait insensibleàsesblessures.Ellene faitpas la fière,etbien loind’elle l’illusionde se croire « au-dessus de tout ça ». Aussi avoue-t-elle biensimplement : « Jésus nem’a pas donné un cœur insensible etc’est justementparcequ’ilestcapabledesouffrirquejedésirequ’ildonneàJésustoutcequ’ilpeutdonner450.»Lasensibilitéentre donc dans l’offrande de l’hostie. C’est même dansl’enfancespirituellequelasensibilitéretrouvesaparfaiteraisond’être, celle de l’union au Christ en notre chair. L’enfance neravit pas autrement le Royaume qu’en blessant le cœur deJésus:

«BlessonsJésus,[…]parlaplusgrandechoseetparla plus petite. Ne lui refusons pas le moindre

sacrifice.Toutestsigrandenreligion…ramasseruneépingle par amour peut convertir une âme. Quelmystère451!…»

L’enfance spirituelle est unie à cemystère selon lequel lespluspetitsactesdel’humanitéduChrist,unieàsadivinité,ontune valeur infinie capable de nous sauver. Mystère del’AbaissementdeDieudontvitl’enfance,parlequelelleblesselecœurdeJésusenfaisantavecluiunemêmehostie.L’enfancespirituelle commence ici à ressembler à son modèle, et nouscomprenonsmieux en quoi cet enfant que Jésus nous désignedansl’Évangile,c’estlui-même,etqueluiêtresemblableestlaconditionduRoyaume.

Mais l’enfance est le plus fortement blessée par l’AmourlorsqueJésusluidonnedecontempler«sespieds,sesmainsetsoncœurembellisdelumineusesblessures»,pourentendredesapart:«Regardecesplaies,cesontcellesquej’aireçuesdanslamaison de ceux quim’aimaient 452!…»Plutôt que de s’enpétrifier(ilyauraitdequoi!),l’enfancedemanded’autantplusfortement d’être totalement attirée pour courir dans la voie del’AmourdeDieu. «Qu’est-cedoncdedemanderd’êtreAttiré,sinon de s’unir d’une manière intime à l’objet qui captive lecœur?[…]voicimaprière,jedemandeàJésusdem’attirerdanslesflammesdesonamour,dem’unirsiétroitementàLui,qu’Ilvive et agisse en moi. » Ainsi blessée d’Amour, en parfaitehostie, l’enfance est comparable àMarieMadeleine qui, dans«sonétonnanteouplutôtsonamoureuseaudace,[…]charmeleCœur de Jésus453… » En cela, l’enfance est irrésistible pourDieu…Cen’est plus seulementune« aubede juin», c’est lemystèreduplusbeaudesenfantsdeshommes(Ps44,3)qu’elleporteenelle!…

L’enfanceprodigue

L’enfance,commeunehostie,estdoncgracieuse.AgréableàDieu,ellesedonneàluigratuitement,sanscalcul,délivréedelaprudencehumaine.Enelle,l’amouraretrouvésasourcepropredontellevit.Mueparl’AmourdeDieu,Thérèsepeutenfindire«Jen’attendssur terreaucunerétribution: jefais toutpour leBon Dieu454. » Gagnée par l’Amour, l’enfance devient cettehostieterriblementactiveetefficace:«Quandlefeudel’amourestdansuncœur tous lesmeublesvolentpar les fenêtres455.»Etdefait,lasuitedesalettrelemontrebien.L’enfanceestalorsprodiguedansleseulbutdel’AmourdeDieuetduprochain:

Jésus « fit de moi un pêcheur d’âmes, je sentis ungranddésirdetravailleràlaconversiondespécheurs,désir que je n’avais senti aussi vivement… Je sentisenunmotlacharitéentrerdansmoncœur,lebesoinde m’oublier pour faire plaisir et depuis lors je fusheureuse!»

Enbref, «Tout ceque j’ai fait c’était pour faireplaisir aubonDieu,pourluisauverdesâmes456.»

Cette joyeuse charité embrase jusqu’à désirer ardemmentquel’Amoursoitconnudetous,qu’ilsoitentous.

…offerteauprochain

Avançantselonl’espérance,l’Amournecessedes’unirsonhostie offerte à l’amour fraternel457. Qu’est-ce que l’amourfraternelselonl’évangéliqueenfancespirituelle?Notredocteur

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L’enfance rentredoncainsidans le jeude laMiséricorde :«Jetâchedeneplusm’occuperdemoi-mêmeenrien,etcequeJésus daigne opérer en mon âme je le lui abandonne…485. »Vivantpourlesautres,l’enfanceneserecherchepaselle-même,elleestdonnéecommeinstrumentdelaMiséricordeaumonde.C’esttoutsimplementlepropredel’enfance.

Ce détachement de soi, la Miséricorde l’opère à traversl’épreuve. À sa sœur Céline empêtrée dans les liens de sessentimentsetquivoudraitvivreunplusgranddétachementpourêtrepluslibrementauChrist,Thérèseécrit:

«[…]souventlebonDieuneveutquenotrevolonté,Il demande tout et si nous lui refusions la moindrechoseilnousaimetroppournouscéder,maisdèsquenotrevolonté seconformeà la sienne,qu’ilvoitquec’estluiseulquenouscherchons,alorsilseconduitànotre égard comme il se conduisit autrefois pourAbraham…(Gn22,12)»

Dieuneveutquenotrevolonté,prouvéecertespardepetitsmoyens concrets. Nous nous livrons cependant à lui non passelon une conception idéalisée de nos sentiments, mais bienplutôtavecceux-ci,commeilssont,mêmes’ilsnousempêchentd’êtreencoredanslapleinelumière.C’estDieuquiœuvrepourtransformernossentimentshumains,afinqu’ilsnereposenteux-mêmesquesurlui:

« Je pense que tu es dans l’ÉPREUVE, que c’estmaintenantques’opèreleretranchementdonttusensle besoin… […] Tu crois peut-être que je ne tecomprends pas ? Et moi je t’assure […] que tu esfidèle à Jésus, ne voulant que sa volonté, ne

recherchant que son amour, ne crains rien ; dansl’épreuveprésentelebonDieuépurecequ’ilpourraity avoir de trop sensible dans notre affectionmais lefondmêmedecetteaffectionesttroppurpourqu’illabrise…»486

Dieupasseparnotrenature,sanslanier,avectoutcequisemêlededésintéresséetd’intéressé,maisilémondenotrenaturepournous larendre transformée.Aucœuraimant,petitàpetit,Dieu « enlève les appuis humains » pour que nous trouvionsenfin notre appui en la seule Miséricorde. Cela se fait parétapes:

« Je ne dis pas de se séparer complètement descréatures, demépriser leur amour, leursprévenances,maisaucontrairedelesaccepterpourmefaireplaisir,des’enservircommeautantdedegrés,car,s’éloignerdes créatures ne servirait qu’à une chose,marcher ets’égarerdanslessentiersdelaterre…Pours’élever,ilfautposersonpiedsurlesdegrésdescréaturesetnes’attacherqu’àmoiseul487…»

Ilne s’agitpas tantdenier lescréatures,quede s’appuyersurellessanss’yattacher488.

LaMiséricordedeDieumènealorssonenfantainsipréparé,boire au calice du Christ. L’enfance est certes libérée de lacrainteégoïste,maispasdecettepeurqueleChristlui-mêmeaconnue au Jardin des Oliviers489, en laquelle s’accomplissaitsonœuvredeMiséricorde.

LorsqueledivinSauveurnous«demandelesacrificede tout ce qui est le plus cher en ce monde, il est

impossible àmoins d’unegrâce toute particulière dene pas s’écrier comme Lui au jardin de l’agonie :“Mon Père, que ce calice s’éloigne de moi…cependant que votre volonté soit faite et non lamienne.” (Lc 22, 42) Il est bien consolant, poursuitThérèse,depenserqueJésus,leDieuFort(Is9,5),aconnunosfaiblesses,qu’ilatrembléàlavueducaliceamer, ce calice qu’autrefois il avait si ardemmentdésirédeboire…(Lc22,15)»

ÀceuxquipartagentcetremblementduChrist,Thérèsedit:« votre part est vraiment belle puisque Notre Seigneur l’achoisie pour Lui et que le premier il a trempé ses lèvres à lacoupequ’ilvousprésente.(Mt20,23)»490

C’est alors que l’on sait que notre appui est la seuleMiséricorde…dontBernanosnousrévèlelefruit:

« Pourquoim’inquiéter ? Pourquoi prévoir ? Si j’aipeur,jedirai:j’aipeur,sanshonte.[…]L’espècedeméfiancequej’avaisdemoi,demapersonne,vientdese dissiper, je crois, pour toujours. […] Je suisréconcilié avec moi-même, avec cette pauvredépouille. Il estplus facileque l’oncroit de sehaïr.La grâce est de s’oublier. Mais si tout orgueil étaitmort en nous, la grâce des grâces serait de s’aimerhumblement soi-même, comme n’importe lequel desmembressouffrantsdeJésus-Christ491.»

Joie propre de l’enfance492, sans autre appui que laMiséricorde…La Miséricorde ne se fonde donc ni sur nosrichesses humaines ou spirituelles, ni sur les consolations queDieudonne…

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encore,infinimentplus!–,etsansdouteaussileurespérance…L’enfant selon la grâce n’a donc rien à craindre. Méprisé parl’orgueil, iln’estplus inquiétépar lui.Humble, ilmetenfuitelesdémonsensesachantsousleregarddeDieu.

L’Abandon procure cette paix du pauvre, pour qui aller àDieuc’estsentir«auprofonddel’âme,etjusqu’àlamoelledesos,ledélaissementsacré,seuiletporchedetoutesainteté538.»

«Oui,c’estbiencela!–confirmesainteThérèse–Jene suis plus en effet, comme dans mon enfance,accessibleàtoutedouleur;jesuiscommeressuscitéeje ne suis plus au lieu où l’onme croit…Oh ! Nevousfaitespasdepeinepourmoi,j’ensuisvenueànepluspouvoirsouffrir,parcequetoutesouffrancem’estdouce539.»

Que toute souffrance lui soit devenue douce ne dit riend’autre, chez elle que l’Abandon, ce délaissement sacré àl’Amour de Dieu bien proche de la résurrection… C’estl’uniquesourcedetouteévangélisation…

L’enfanceoul’antidoteàunetentationcontemporaine

L’Amour et la Vérité de Dieu, sa grâce, dépassent notrenature540 à laquelle ils sont donnés gratuitement. Gratuité quichamboule toutes nos vues humaines, toute notre vie. Notrenaturenesauraitréduireàsespetiteslimiteslafoliedel’AmourdeDieu.Lepointdevuepsychologique,lui,estpragmatique.Ilchercheunesolutionàunproblèmetrès limité.Nousyréduirenous détourne de notre véritable raison d’être en nous livrant

désespérément à nous-mêmes, et rendant la perfectioninaccessible541. En passant par la dimension psychologique,tout l’art est de ne pas nous y arrêter car devenant alorsaccusatrice, ellenousdétourneraitdubut.Alliéedenotrevieilhomme, elle a tendance à « faire la morale » à la folie del’Amour:

«Vivred’Amour,quelleétrange folie !» luidit-elle,« Ah ! Cessez de chanter, / Ne perdez pas vosparfums,votrevie, /Utilement sachez lesemployer !…»

L’enfance répond à cette tentation en tranchantjoyeusement:«T’aimer,Jésus,quelleperteféconde!…»542Cen’est pourtant pas sans notre psychologie, ni contre nosfaiblesses,quelapetitevoienousmène.Lapsychologieavecsesfragilités y est comme la matière de la grâce. Si notrepsychologiecraintlagrâce,l’enfance,detoutesonâme,s’ylivreenentraînantavecellesespropresrésistances.EllefaitcommeMarie-Madeleine qui ne craint pas lemurmure de ceux qui lavoient«faireplaisiràCeluiqu’elleaimait»encassantsonvasepourrépandresonparfumsurlatêtedeJésus:

« Qu’importe que nos vases soient brisés puisqueJésus est consolé et que malgré lui le monde estobligéde sentir lesparfumsqui s’enexhalent et quiservent à purifier l’air empoisonné qu’il ne cesse derespirer543.»

Briser levase revientà l’espérancede lapetitevoie544.Leparfum est l’innocence rachetée par le sacrifice du Christ ettransforméeenagréableodeur,nedésirantplusqueserépandre

et s’offrir gratuitement545 : c’est l’Amour miséricordieux. Lapetite voie est cependant parfois utilisée aujourd’hui dans lavisée contemporaine de « la recherche de soi », dont elle estpourtant un antidote : « Si l’on savait ce que l’on gagne à serenoncerentoutechose546!»dit-elle.Etelleajoute:«Savez-vousquandvoustrouverezlebonheur?C’estquandvousnelerechercherezplus.Croyez-moi,j’enaifaitl’expérience547.»

Lapetitevoien’est-ellepasbienfaisante?Si,etcombien!Mais si l’amour est gratuit en lui-même, il s’y mêle toujoursquelquerecherchedesoi548.Ils’agiraalorsdenepasfairedecedétournement du bonheur un principe, ni d’éradiquer cettepauvretépardesméthodesnaturelles teintéesdeviespirituelle.S’yessayerest risqué.Le trop insistantsoucidenosblessurespsychologiquespourraitbiennousenfermerdéfinitivementdanscette nouvelle camisole psycho-conceptuelle à la mode où secôtoient les adeptes du « lâcher-prise » et de « l’abandon »sécularisé, du « donner-sens à sa vie » et des « sincères aveceux-mêmes »… L’abandon sécularisé, systématisé par lapsychologie, puis récupéré à la sauce psycho-spirituelle estl’exacteperversiondel’abandondesainteThérèsequin’ariend’uneméthode et dont le but diffère radicalement. Il s’agit denouslivreràl’AmourdeDieuquinousémondeàsonrythme.

L’AmourdeDieucomble,maisilnesauraitêtrelemoyendemon bonheur. L’Amour deDieu console, guérit, comble l’âmetout en la blessant549 : comment être uni à Dieu tout endemeurant indemne ? Quant à nos propres failles, elles sontl’intersticeparlesquelslagrâcepeutœuvrerennous,alorsquenous cherchons à les fermer pour notre confort.Nous sommesactuellement tentés de nous réduire au point de vuepsychologisantquiempêchelabienfaisancedel’AmourdeDieuen nous. Or la grâce et l’esprit d’enfance sont toujours plus

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le bonDieu épargne autant que possible à ceux quej’aimelessouffrancesinévitablesdanslavie,quitteàprendre pourmoi s’il le faut les épreuves qu’Il leurréserve559.»

Éprouvée,l’enfancedemandeconsolationàl’Évangile.Ellel’ouvre, lit…«Oh !Alors, j’ai versédes larmesde joie, et cematin, en me réveillant, j’étais encore tout embaumée560. »Chaquematindevientalorspourl’enfanceceluidel’inlassablejoyeuseespérances’approfondissantdeplusenplus.Alors«tuverras, nous dit-elle, que la joie succédera à l’épreuve et queplustardtuserasheureused’avoirsouffert561»etcettejoie,nelaretenantpas,ellenousenfaitunbouquet:«Jevousoffremespetits fruits de joie tels que le bon Dieu me les donne, » enattendantlematinéternel:«AuCielj’obtiendraibeaucoupdegrâces pour ceux qui m’ont fait du bien. […] il y en aurabeaucouppourvous“réjouir”562.»

Si la joiede l’enfanceestderesterpetite563,noschutesserévèlentpropicesàsonexercice:

«Quand j’aicommisunefautequimerend triste, jesais bien que la tristesse est la conséquence demoninfidélité.Maiscroyez-vousque j’en reste là?!Oh!Non, pas si sotte ! Je m’empresse de dire au bonDieu:monDieu,jesaisquecesentimentdetristesse,je l’ai mérité, mais laissez-moi vous l’offrir tout demême. Je regrette mon péché, mais je suis contented’avoircettesouffranceàvousoffrir564.»

Decequimanifestesonpeudefidélitéetdeferveur,ellenesedésolepas565.C’estqu’unepetiteâmene se jugepas selon

un idéal de perfection ressentie, propice à l’acédie566.L’invincible joiede l’enfance spirituelle est libreetviriledanssapetitesse:

«J’éprouveunejoietrèsvivenonseulementlorsqu’onmetrouveimparfaite,maissurtoutdem’ysentirmoi-même. Cela surpasse tous les compliments quim’ennuient567.»

Si la fine pointe de son âme est comblée, sa joie est del’ordredelafoietdel’espérance:

«Monespéranceestsigrande,ellem’estuntelsujetdejoie,nonparlesentiment,maisparlafoi,qu’ilmefaudra quelque chose au-dessus de toutes pensées,pourmesatisfairepleinement568.»

Lecontrastenousaideraàcomprendre:

« La joie que les mondains recherchent au sein desplaisirs n’est qu’uneombre fugitive,maisnotre joie,cherchéeetgoûtéedanslestravauxetlessouffrances,c’est une bien douce réalité, un avant-goût de lafélicitéduCiel569.»

Les mondains courent après les liqueurs exquises dunombrilisme, et ils croient que les saints, parce qu’ilstémoignent manifestement de la joie, boivent les mêmesliqueurs!Pastoutàfait.Laliqueurdel’enfanceestl’amertumeducaliceduChrist,sourcedesajoieetsadouceur570.Dequoitrompersonmonde.

Lajoiedel’enfanceestcelledeDieu:

« Ah ! Quelle paix inonde l’âme lorsqu’elle s’élève au-dessus des sentiments de la nature…Non il n’est pas de joiecomparable à celle que goûte le véritable pauvre d’esprit571. »Joiequinefaitqu’unavecl’Amour:«Iln’yaquelacharitéquipuissedilatermoncœur,ôJésus,depuisquecettedouceflammele consume je cours avec joie dans la voie de votrecommandementnouveau572…»

L’enfancespirituellepassepourfolleauxyeuxdumonde?Qu’importe ! C’est à elle qu’est promise la plénitude de lajoie573. La joie éprouvée est la preuve accomplie de l’enfancespirituelle.

L’amoureuseaudace

Venant de sa foi totale en l’Amour de Dieu pour elle,l’assuranceest inséparablede l’enfance.Ellenepeutdoncpasêtreconfondueaveclafausseassurancemondaine.

L’audace,lafranchiseoulecourageexprimentcettequalitéde l’enfance retrouvée dont Jésus fait preuve574, lui, l’Enfantvéritable.IlenestdemêmepoursaintPierreaprèslaPentecôte(Ac2,29),etsaintPaulentémoignesanscesse575.LalettreauxHébreux nous montre comment cette audace est le fruit del’espéranceetquetousnousysommesappelés576.L’amoureuseaudaceestpartoutprésentechezsainteThérèse.Iln’estpasiciquestion de tempérament audacieux. Un tempérament peureuxpeutbienêtreplusaudacieux,dansl’enfancespirituelle,qu’untempérament courageux. L’Amour deDieu, quand on se laissesaisirparlui,emportetout.Sanscalcul,lapetiteâmeselivreàchaque instant à la sainteté de Dieu. Le premier mouvementd’audacesurnaturelleestdéterminantpourtouteunevie577.Puis

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quevousnepourrezguèreyrépondrequepardesouiou par des non. » […] « Chrétiens, l’avènement deJeanne d’Arc au XXe siècle revêt le caractère d’unavertissement solennel.La prodigieuse fortune d’uneobscurepetitecarmélitemeparaîtunsigneplusgraveencore622.»

616.CHESTERTON,L’hommeéternel, IIè partie, chap. 3 :« Laplusétrangehistoiredumonde.»617.SainteCatherineDESIENNE,Lettre172,3.618.ManuscritB1v.619.«Écoutedanslanuit/LaFrancequigémit»RécréationsPieuses, 3, 24r. C’est actuellement un néo-totalitarisme qui semetenplacedontl’enfanceestlapremièrecible.620.BERNANOS,Jeanne,relapseetsainte,Op.cit.p.40.621.Id.p.41.622.BERNANOS,Lesgrandscimetièressouslalune;op.cit.p.506…522

Annexes

1.PrésentationdeVeraBarclay

VeraBarclayestnéeen1893dansunefamillede8enfantsd’un père pasteur et d’unemère écrivain.Dès 1912, elle entredans le scoutisme, et en 1916 (elle est une toute jeuneinfirmière), Baden-Powell la choisit pour mettre en œuvre lelouvetisme (les 8-11 ans) naissant. Elle se convertit aucatholicismedanscesannées.

Sonœuvreestimportante,maisc’estdansLeLouvetismeetla formationducaractère qu’elle nous livre singulièrement sapensée.Lebutdesonouvrageestdenousfairepenser:«Tantde gens de nos jours […] aiment à trouver leurs idées toutesfaites. […] tout l’objet de ce petit livre est précisémentd’apprendreauxgensàpenserpareux-mêmes.»Ilnefautdoncpas chercher chez Vera Barclay, des « petites théories »artificielles:«Aucontraire,dit-elle,j’aitravailléàlalumièredelanature;puisjemesuismiseàtirerdesconclusions.»Commeelle l’écrit elle-même au sujet de l’enfance : « Le sujet estcaptivant,etnousavonstousintérêtàl’étudierendétail…»Cequ’elle fit merveilleusement ! Ses vues reposent sur sonexpérience concrète des enfants et sur une formationhumaine,théologique hors pair. Le résultat est un équilibre – rarementatteint – entre la nature et la grâce, de telle sorte qu’à chaquefois que le Père Sevin aborde cet aspect dans le scoutisme, ilcite…Miss Vera Barclay ! « Chef-d’œuvre de psychologie ettrésord’espritchrétien623»,ellenousatransmislepointdevuedel’enfanceavecunejustesseinégalée.

Pour ce qui nous intéresse, nous pouvons lire d’elle Lelouvetisme et la formation du caractère,Sagesse de jungle etLaRouteduRoyaume.Cesouvragesn’étantpasencoreréédités,bienheureuxceuxquipourrontselesprocurer!

En septembre 1989, âgée de 95 ans, elle meurt aveugle…Oubliéedebeaucoup.

2.Distinctions

Nous avons défini l’enfance en la considérant dans sonensemble.Or,laréalitédel’enfance,pourêtremarquéedusceaude la simplicité, imprègne cependant notre être dans toute lacomplexitédesanature.Desdistinctionssontdoncnécessaires.

L’âgedel’enfanceetl’espritd’enfance

SaintPaulnousrecommandedeneplusagirenenfant,maisen homme (cf. 1Co 13,11). De même, Vera Barclay nousrappellequelesenfantssontappelésàdevenirdesadultes.Ilyaquelque chose de l’enfant qui doit passer, car leur croissance,faisantdisparaîtrecequiétaitdel’enfant,laisseralaplaceàunhomme,àunefemme…

Mais il y a aussi quelque chose qui doit demeurer. Car siVeraBarclayvisel’hommequenoussommesentraindeformer,l’esprit d’enfance est cependant appelé à demeurer, il sera lasourcevivedesvertusdans l’âge adulte.Reprenons la citationdanssatotalité:

« L’enfance est le printemps où les habitudescommencent à germer, et les habitudes de l’enfance

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d’en rester là. La cause profonde de notre caractère, de notrepersonnalité restera toujours liéeaucœurprofond,à la liberté.Oubliant(ouniant)cetteliberté,lapsychologieetlasociologiepourront rêverde«construire»unehumanitéàpartirdecette«matière»qu’estl’enfance.Onpourraaussiprétendreunjour,connaissant tous lescircuitsdecausesàeffetsdesexpériencesheureuses etmalheureuses dans l’être humain, « réparer » cesfailles : c’est une illusion, car la réponse est de l’ordre de laliberté. On ne peut donc pas enfermer les personnes dans lefatalisme d’un docte « Tout s’explique ! Vous avez vécu celadansvotre enfance, et doncmaintenant,etc. »Le lien est sansdoute exact, mais il n’explique pas tout. Chez l’enfant d’unemanière particulière, ce qui lui arrive sensiblement touchedirectementsonâmeetdonc,encoreunefois,saliberté.Cequinousentraînesurleterraindesdéfautsd’ordremoral.

Lesdéfautsnégatifs

«Dieuavouluquetouttourneàsonbien,mêmesesdéfautsqui,réprimésdebonneheure,luiontserviàgrandirdanslaperfection…»

(SainteThérèse,ManuscritA8v)

L’enfantnenaîtpasparfait.Nonseulementcela,maisilestaussi marqué par la blessure du péché originel, avec sesconséquences que l’on peut observer en ses désirstyranniques641. Les défauts négatifs sont les conséquences dupéchéoriginel.Laconséquencedupéchéoriginelpourl’âmedèssa conception est de la blesser de blessures que l’on appelle« péchés capitaux » : l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère,l’impureté, la gourmandise, la paresse (ennui ou acédie). Septfailles prêtes à s’élargir et à se creuser à l’occasion de faits

précisquisaisissentl’imaginationpours’insinuerdansl’âmedel’enfant en captivant son intelligence et sa volonté.Ces faillesde l’âme, parfois béantes, provoquent un combat spirituel quel’enfanceconnaît.

Lesdéfautsnégatifsnedéfinissentjamaispersonne.Sil’onparle du mal, ce n’est que relativement à un bien plusfondamental642.Sinon,laraisondeladistinctionentrelebienetlemalseraitpurementd’ordresociologique,culturel.Iln’auraitd’utilitéqu’unpetitdressage(trèsenvogue)del’hommesocial.Pournous,expérimentonssimplementqueconfessernotrepéchérevient àprofesser la bontédeDieu et l’étonnantedestinéedenotreviehumaine!

Lesdéfautsnégatifsconcernentdonclemalmoral.LeChristne fait pas de la poésie, lorsqu’il nous présente un enfantconcretcommemodèle. Ilnousplacedevantcetenfantetc’estlui,leFilsdeDieu,qu’ilnousfautcontempler,luiquiaprissurlui nos péchés, lui l’Innocent qui s’est fait pour nous leServiteur souffrant (cf. Is 53, 4-6 ; 1 P 2, 20-24). Non quel’enfant soit innocent de tout mal, mais il est une figure del’Innocentqu’injurielemaldel’intérieur(cequin’estpaslecasduChrist) etde l’extérieur.Or«… lapremièreexpériencedumalheurestféroce!Bénisoitceluiquiapréservédudésespoiruncœurd’enfant !C’estunechoseque lesgensdumondenesaventpasassez,ouqu’ilsoublient,parcequ’elleleurferaittroppeur643. » Aucun être, comme l’enfant, ne peut recevoir ceférocemalheuravecautantdevérité, sicen’est lepauvreet lesaint.Lacompassionvraieestlaseuleréponseaumalmoralquifrappe l’enfance. Si les recettes psychologiques ne suffisaientpaspour lesblessuresde laformationducaractèrede l’enfant,ellessonticitoutàfaitinopérantes,voirenociveslorsqu’ellesseprésententdemanièreàremplacerlemouvementdeconversion.

L’innocence même de l’enfance, qui suffirait à prouverl’existencedeDieu,atteinteparlemalmoral,devraitdoncfairenaîtreennouslacompassion.C’estbiendansl’expériencedelamorsuredupéchélui-mêmequenoussommesappelésàdevenircommedespetitsenfants:

«Seuleunecertainepureté,unecertainesimplicité,ladivineignorancedessaints,prenantlemalendéfaut,pénètredanssonépaisseur,dansl’épaisseurduvieuxmensonge. Qui cherche la vérité de l’homme doits’emparer de sa douleur, par un prodige decompassion644.»

C’est ici, du cœur des mystères douloureux, que naissentensemble – étonnamment ! – lesmystères joyeux, lumineux etglorieuxdel’enfancedanstouteleurvérité.

Carenfin,

«D’oùvientqueletempsdenotrepetiteenfancenousapparaîtsidoux,sirayonnant?Ungosseadespeinescommetoutlemonde,etilest,ensomme,sidésarmécontre la douleur, la maladie ! […] Mais c’est dusentiment de sa propre impuissance que l’enfant tirehumblement leprincipemêmedesa joie645. »Car ilest tout proche de « la puissance infinie du faibleEnfant646»deBethléem.

Et avec cet Enfant, tirant leur joie du sentiment de leurpropre impuissance, nous entendons les enfants dire auxsoucieux:

« Ah ! Vous, les forts, qui n’avez pas besoin de

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Chapitre4:Ladécouvertedutrésoroulafoicommeportedel’enfanceL’enfanceàlarecherchedelavérité

Lesillusionsetleréalismedel’enfance

Oùchercherlavérité?

Lacompréhensionnaîtdelasouffrance

Lacompréhensiond’un«enfantdelumière»

Lesgrandsdésirsdel’enfance

«JechoisisTOUT»:ledésirdeDieu

Maisilyaun«mais»

Nosdésirscomblés

L’abîmeappelantl’Abîme:l’enfanceetleChrist.

Ladevisedel’enfance

La«Folie»deDieuetcelledel’enfance

Chapitre5:L’enfancecommeespéranceoulapetitevoieLesmatinsdel’enfanceespérance

D’unmatinàl’autreenpassantparlanuit

Lagrâcedesortirdel’enfance

Variationssurl’espérancedel’enfance

L’espéranced’unepécheressepublique

L’espérancedansletemps,pourl’éternité

Laconfianceouleclimatdel’espérance

L’imprudenteespérancedelapetitevoie?

L’espérancedel’enfancecommeuncombatspirituel

L’espéranceouletrésorcaché

Introductionaucombatspirituel

Lapetitefilleespérance,hardiecommeunchevalier!

L’espérancedel’enfancecommeuneroseempourprée

L’espérancecommeuneroseeffeuillée

«FaireplaisirauBonDieu»

L’enfance,docteurdelaPassion,sonespérance

Lagrâcedel’oublidesoi

Chapitre6:L’enfanceretrouvéeoulacharitéIntroductionàl’Amour

L’Amourchasselacrainte

L’Amouroul’épreuvedécisivedel’enfance

Lapuissancedel’enfance

L’enfanceblesséed’amour

L’enfanceprodigue

…offerteauprochain

LaMiséricorde,perfectiondel’enfance

L’enfancelivréeàlaMiséricorde

L’enfanceretrouvée

L’enfance,flambeaudelaMiséricorde

LaMiséricordeaumondeoul’enfancemissionnaire

L’enfanceabandonnée

L’enfanceoul’antidoteàunetentationcontemporaine

Chapitre7:Àquoisereconnaîtl’enfanceretrouvée?Débordantedejoie

L’amoureuseaudace

La«libertédelagloiredesenfantsdeDieu»(Rm8,21)

Conclusion:«ÀcauseduChrist,leshommesontvul’enfancedansuneautrelumière.»

Annexes1.PrésentationdeVeraBarclay

2.Distinctions

L’âgedel’enfanceetl’espritd’enfance

L’enfantdelachairetl’enfantdel’Esprit

3.L’enfance,Dieuetlapsychologie

4.Lesfaiblessesdel’enfancecommeuntrésor

Lesdéfautsgénéraux

Lesdéfautsparticuliers

Lesdéfautsnégatifs

5.Lacroissancedel’enfance

Premiermouvement:l’élandel’espérance

Deuxièmemouvement:l’assurancedelabénédiction

Troisièmemouvement:lejaillissementdelajoie

6.Extraitdel’acted’offrandedesainteThérèsecommeVictimed’Holocausteàl’AmourMiséricordieux