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L’enjeu social des normes comptables internationales : La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 1 REMERCIEMENT Cette page répond à une exigence morale bien plus qu’à l’habituel souci d’honnêteté formelle. Il serait difficile d’établir une liste exhaustive des personnes ayant, d’une façon ou d’une autre, permis la réalisation de ce rapport. L’absence d’une référence explicite à chacun d’eux ne saurait, en aucun cas être interprété comme un manque de reconnaissance Cependant, nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance à notre marraine, Mlle Sanaa HARIT pour son soutien et le temps cons acré malgré un emploi du temps chargé. Nos sincères remerciements vont également aux auditeurs : Mme Hinda BENJELLOUN, Mlle Imane NINIA, Mlle Bouchra MOUTMIR et Mlle Ibtssam BENACHER, M.Mehdi ROUZAQUI, M.Khalid EL KABOUS, M.Othmane BENKIRANE, , pour la g entillesse et la patience dont ils ont fait preuve lors des missions effectuées sous leur supervision Enfin, nous remercions M. Patrick Monlahuc ainsi que l’équipe du cabinet ERNST&YONG pour son accueil et pour son aide.

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L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 1

REMERCIEMENT

Cette page répond à une exigence morale bien plus qu’à l’habituelsouci d’honnêteté formelle. Il serait difficile d’établir une liste

exhaustive des personnes ayant, d’une façon ou d’une autre, permis laréalisation de ce rapport. L’absence d’une référence explicite à chacun

d’eux ne saurait, en aucun cas être interprété comme un manque dereconnaissance

Cependant, nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance à notremarraine, Mlle Sanaa HARIT pour son soutien et le temps cons acré

malgré un emploi du temps chargé.

Nos sincères remerciements vont également aux auditeurs : Mme HindaBENJELLOUN, Mlle Imane NINIA, Mlle Bouchra MOUTMIR et MlleIbtssam BENACHER, M.Mehdi ROUZAQUI, M.Khalid EL KABOUS,

M.Othmane BENKIRANE, , pour la g entillesse et la patience dont ils ontfait preuve lors des missions effectuées sous leur supervision

Enfin, nous remercions M. Patrick Monlahuc ainsi que l’équipe ducabinet ERNST&YONG pour son accueil et pour son aide.

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DEDICACES

Aux professeurs dévoués qui partagent généreusement leur savoir,

Aux amis et aux proches qui nous soutiennent,

À nos sœurs et frères que nous aimons tendrement,

À nos parents, puissent-ils comprendre à travers ce modeste travail quenotre seule et unique préoccupation est de leur procurer fierté, maigreconsolation aux sacrifices qu’ils ont consentis à notre égard.

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«« DDiiss--mmooii eett jj’’oouubblliieerraaii,, eennsseeiiggnnee--mmooii eett jjee mmee ssoouuvviieennddrraaii,, iimmpplliiqquuee--mmooii eett jj’’aapppprreennddrraaii »»

PPrroovveerrbbee cchhiinnooiiss..

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 4

DDEEDDIICCAACCEERREEMMEERRCCIIEEMMEENNTTSS

SOMMAIRE

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN………………………………....…………………………………………………………………………………….... 88

PPRREEMMIIEERREE PPAARRTTIIEE :: LLeess nnoorrmmeess ccoommppttaabblleess iinntteerrnnaattiioonnaalleess

Section 1 : Les enjeux de l’harmonisation comptable internationale 10I. La comptabilité dans un contexte internationale ......................... 10II. Le choix d’un référentiel et ses implications ................................ 12

Section 2 : Les normes IFRS ................................ ......................... 16I. Une technique d’experts… ................................ .................... 10

1. 1er constat : les acteurs ................................ ................................ ....................... 162. Des normes complexes sujettes à interprétations ................................ ............... 18

I. …au service d’un enjeu social ................................ ............... 10

1. Une meilleure comparabilité des entreprises ................................ ..................... 192. Une meilleure information financière ................................ ................................ 203. Un processus global ................................ ................................ ............................. 22

DDEEUUXXIIEEMMEE PPAARRTTIIEE :: LLee ccoonncceepptt ddee jjuussttee vvaalleeuurr

Section 1 : Du coût historique à la juste valeur ............................. 26I. Principes et limites du coût historique ................................ ....... 26

1. Les principes de base................................ ................................ ........................... 262. Limites du modèle du coût historique ................................ ................................ 27

II. Emergence de la juste valeur : évolution ou révolution ? ............. 30

1. Notion de Juste Valeur ................................ ................................ ........................ 302. Utilisation de la juste valeur ................................ ................................ ............... 313. Les apports de la juste valeur ................................ ................................ ............. 32

a. les avantages de la juste valeur ................................ ................................ ................. 32b. les inconvénients de la juste valeur ................................ ................................ ........... 32

4. Enjeux de la juste valeur ................................ ................................ ..................... 33a. Vers une optique investisseur ................................ ................................ ..................... 32b. Enjeux pour les autres parties prenantes de l’entreprise ................................ .......... 32c Préeminence de la substance sur la forme ................................ ................................ ... 32

5. Limites du modèle de la Juste valeur ................................ ................................ . 35

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 5

Section 2 : Application de la juste valeur au bilan ........................ 26

I. Juste valeur et actif ................................ ................................ . 38

1. Les immobilisations incorporelles ................................ ................................ ...... 38a. Les frais de R&D................................ ................................ ................................ ........ 39b. Marques et brevets d’invention ................................ ................................ ................... 40

2. Le goodwill ................................ ................................ ................................ .......... 40a. Adoption de la méthode de l’acquisition (purchase method) ................................ ...... 40b. Abandon de la réestimation partielle des actifs et passif s................................ ............. 41c Le traitement de l’écart d’acquisition en IFRS ................................ ............................ 41

3. Les immobilisations corporelles et la juste valeur ................................ ............. 424. Immobilisations financières ................................ ................................ ................ 43

a. les titres de particiaption ................................ ................................ ............................ 43b. les créances à long terme ................................ ................................ ............................. 44

5. Traitement de l’actif circulant................................ ................................ ............ 44a. les stocks................................ ................................ ................................ ..................... 44b. les créances à court terme ................................ ................................ ............................ 45c Les titres de placement ................................ ................................ ............................... 45

II. Le passif et la juste valeur ................................ ........................ 461. Les capitaux propres ................................ ................................ ........................... 46

a.Imputations de la contrepartie des réévaluations sur les réserves .............................. 46b. Juste valeur et augmentation de capital ................................ ................................ ....... 47

2. L’évaluation des provisions ................................ ................................ ................ 473. Le traitement des dettes en juste valeur ................................ ............................. 48

a. les dettes à long terme ................................ ................................ ............................... 48b. les dettes à court terme ................................ ................................ ............................... 49

III. Les engagements hors bilan, les impôts différés et les écarts deconversion ................................ ................................ ................... 491. Le crédit-bail ................................ ................................ ................................ ....... 492. Les instruments financiers dérivés ................................ ................................ ..... 503. Les impôts différés ................................ ................................ .............................. 514. Les écarts de conversion ................................ ................................ ..................... 51

TTRROOIISSIIEEMMEE PPAARRTTIIEE :: LL''iimmppaacctt ddee llaa jjuussttee vvaalleeuurr ssuurr ll''aauuddiitt ffiinnaanncciieerr

Section 1 : La méthodologie de l’audit financier … … ................. 54

I. Le rôle de l’audit ................................ ................................ ..... 541. Définitions, caractéristiques et enjeux de l’audit ................................ ............... 542. Les normes et objectifs d’une mission d’audit ................................ ................... 563. Aperçu sur le secteur marocain ................................ ................................ .......... 57

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 6

II. La démarche d’audit ................................ ............................... 581. La planification ................................ ................................ ................................ ... 582. Evaluation du contrôle interne ................................ ................................ ........... 593. L’examen des comptes ................................ ................................ ........................ 604. Les travaux de fin de mission ................................ ................................ ............. 61

Section 2 : …est-elle impactée par la juste valeur ......................... 64

1. Une évolution des normes d’audit ................................ ......................642. Un changement au niveau des éléments soumis au contrôle ............653. Plus de subjectivité................................ ................................ ..............664. Mais une méthodologie globale inta cte ................................ ..............67

CCOONNCCLLUUSSIIOONN………………………………....…………………………………………………………………………………………..6688BBiibblliiooggrraapphhiiee ………………………………..........…………………………………………………………………………………………..7700TTaabbllee ddeess aannnneexxeess…………………………………………………………....…………………………………………………………..7711

Annexe1 : Analyse du rapport PBR des sociétés cotées sur la BVC : limites du coût historique

Annexe2 : conditions de classification en location financement

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 7

INTRODUCTION

Intérêts de l’étudeProblématiques envisagéesMéthodologie adoptée

L’économie mondiale traverse depuis quelques temps une « crise deconfiance » dont l’une des principales composantes est la défiance desinvestisseurs, des marchés et de l’opinion public en général vis -à-vis descomptes des entreprises. Dans ce contexte, les normes comptables qu’utilisentles opérateurs économiques Intéressent aujourd’hui tout le monde. La qualitéde l’information financière reste au cœur du bon fonctionnement des marchésfinanciers dont les dérèglements récents n’ont fait que rappeler la cruellenécessité : l’affaire Enron laisse des traces d’autant plus durable s qu’elle a étésuivie d’autres « chocs » relevant de la même veine, aux États -unis (Worldcom)mais aussi en Europe (Ahold). En réponse à ces exigences économiques, maisaussi politiques, l’adoption d’un langage comptable unique constitue un enjeuessentiel de la vie des entreprises.

Permettre d’améliorer sensiblement la lisibilité et la comparabilité descomptes des sociétés ainsi que la pertinence de l’information financière, tel estdepuis l’origine l’objectif majeur que la communauté financi ère a assigné auxnormes comptables internationales IFRS. Toutefois, ce nouveau langage,résolument fondé sur de grands principes et sur l’analyse en substance desopérations, constitue une véritable révolution culturelle dont l’apprentissagen’est pas aisé et la mise en œuvre parfois délicate. Son adoption n’est pas nonplus sans conséquence sur la communication financière et les politiquesopérationnelles des entreprises. Au terme de ses premières années de pleineapplication, il n’est pas certain que l’u nanimité se fasse si la question poséeest : l’objectif a-t-il été atteint ? Les préparateurs ainsi que les utilisateurs desnormes témoignent «une satisfaction en demi -teinte » (expression de Gilles deCOURCEL, président de la commission Formation CNCC). Cela tient sansdoute à la complexité des normes, aux difficultés de mise en œuvre qu’elles

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 8

engendrent et aux questions d’interprétation qu’elles soulèvent, autantd’éléments qui incitent à considérer les IFRS comme une affaire de spécialistes.Dès lors, il nous a semblé primordial de nous interroger dans un premiertemps: lleess nnoorrmmeess ccoommppttaabblleess iinntteerrnnaattiioonnaalleess ssoonntt--eelllleess eexxcclluussiivveemmeenntt uunneetteecchhnniiqquuee dd’’eexxppeerrttss oouu rreepprréésseenntteenntt--eelllleess eenn eennjjeeuu ssoocciiaall ?? QQuueellss ssoonntt lleessaappppoorrttss ddeess IIFFRRSS eett ppoouurrqquuooii lleeuurr mmiissee eenn aapppplliiccaattiioonn eesstt--eellllee aauussssiipprroobblléémmaattiiqquuee ??

Pour illustrer de manière concrète les apports de ce jeu de normes etétayer sur le plan pratique notre analyse, nous nous intéresserons à l’un desaspects les plus novateurs du référentiel en nous penc hant dans une deuxièmepartie sur la problématique de la juste valeur . En effet, la « faire-value »constitue la clé de voûte des normes IFRS . L’étude et la compréhension de ceconcept nous permettront de comprendre l’ampleur des réformes introduites parles IFRS et le bien-fondé de leurs principes.

A la lumière de ces éléments, il s’agira pour nous dans un troisièmetemps de s’interroger sur l’influence de cette juste valeur sur le métierd’auditeur, métier que nous avons exercé et appris à conna ître durant cettepériode de stage. A partir de nos expériences lors des différentes missionsauxquelles nous avons participé, nous tenterons de répondre ou du moinsd’apporter des éléments de réponses à la question :

EEnn qquuooii llee ccoonncceepptt ddee ffaaiirr--vvaalluuee iimmppaaccttee--tt--iill llaa ddéémmaarrcchhee ddee ll’’aauuddiitt ffiinnaanncciieerr ??

Ces problématiques revêtent un intérêt particulier dans la mesure où elle snous permettront non seulement d’analyser lleess aappppoorrttss ddee cceess nnoorrmmeess aauunniivveeaauu ssoocciiaall eett lleess ddiiffffiiccuullttééss iinnhhéérreenntteess àà lleeuurr aapppplliiccaattiioonn mais également decomprendre ll’’iimmppaacctt ddee llaa jjuussttee vvaalleeuurr ssuurr llaa vvaalloorriissaattiioonn ddee ll’’eennttrreepprriissee ppuuiiss ssuurrll’’aauuddiitt ffiinnaanncciieerr. Une telle étude implique au préalable la compréhension desenjeux et des motivations à l’origine du projet IFRS . Par la suite, une analysecritique du concept de juste valeur nous permettra de déterminer dans unedernière partie de définir les retombées de ce concept sur le travail del’auditeur.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 9

Première Partie :

Les Normes Comptables Internationales

-Les enjeux de l’harmonisation comptable internationale

-Les normes IFRS

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 10

Section 1 : Les enjeux de l’harmonisation comptable internationale

I. La comptabilité dans un contexte internationale

La comptabilité est un instrument permett ant d’établir des états financiers qui

reflètent de manière fidèle et sincère la situation d’une société. L’un de ses principaux

objectifs est de servir les besoins en information des dirigeants, des actionnaires et des

tiers, à la fois pour prendre des dé cisions et pour permettre la comparaison des

performances des entreprises. Dans un contexte marqué par l’internationalisation des

sociétés et une ouverture de leur capital à un nombre sans cesse croissant

d’investisseurs, le problème qui se pose est que ce tte comptabilité se trouve inscrite au

sein de plusieurs référentiels comptables qui présentent des différences significatives

entre eux. En effet, le traitement de certaines opérations, les méthodes de présentation et

bien souvent la logique de comptabili sation diffère d’un référentiel à l’autre. « L’autorité »

de chaque référentiel ne s’étend pas au -delà des frontières du territoire national (les

règles et pratiques comptables utilisées par un pays sont établies par des organisations

nationales qui relèvent du droit privé ou public) si bien que les comptes des entreprises ne

sont comparables qu’au sein d’un même pays.

Aujourd'hui, un raisonnement à l’échelle mondiale et non plus seulement à un niveau

national est indispensable. Il est légitime de s’inter roger sur l’utilité d’un référentiel

comptable reconnu nationalement s’il ne l’est pas dans d’autres pays. Dans une même

logique, quel est l’intérêt de disposer de comptes reconnus par les autorités boursières

d’un pays mais non par celles d’un autre ? Cependant, la principale préoccupation posée

par une différence de référentiel est la suivante : peut-on admettre que des comptes

arrêtés selon un référentiel comptable présente une situation différente de celle obtenue

en considérant un autre référentiel. Ai nsi, des comptes faisant ressortir un résultat

bénéficiaire pourraient éventuellement dégager une situation moins favorable (voire un

déficit) dans un référentiel comptable différent. L’enjeu est de taille dans la mesure où la

prise de décision pour un investir

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 11

par exemple sera différente selon qu’il considère l’un ou l’autre des référentiels :

l’interprétation des états financiers (au niveau de l’analyse et du diagnostic) peut conduire

à des points de vue radicalement différents. Dans ce sens Colette Ne uville affirme :

« nous sommes en présence actuellement de la coexistence de plusieurs systèmes

comptables qui rendent les comparaisons difficiles, entre secteurs, entre entreprises et

aussi dans le temps » (la normalisation comptable : subir ou maîtriser ; juillet 1995). La

solution à une telle problématique semble évidente : il est essentiel de disposer d’un

référentiel mondial unique.

Ceci est d’autant plus d’actualité au niveau des marchés financiers : les grandes

entreprises multinationales, qui souh aitent être cotées aussi bien sur les places boursières

américaines que françaises et dont les actionnaires sont aussi bien américains

qu’européens, doivent utiliser le même référentiel comptable dans la perspective de

permettre la comparaison des états f inanciers qui seraient alors arrêtés selon les mêmes

règles. L’affaire ENRON, cette société américaine parmi les plus importantes qui a cessé

ses paiements en décembre 2001 (alors que les comptes consolidés de l’exercice 2000

dégageaient un résultat positi f plus substantiel que celui des deux années précédentes,

des capitaux propres conséquents et un actif courant supérieur au passif courant) a fait

prendre conscience à la communauté financière et comptable de la nécessité d’aller vers

une convergence mondiale de l’information. L’hétérogénéité des systèmes comptables est

en effet considérée comme l’un des plus importants facteurs d’inefficience des marchés

financiers. Cette hétérogénéité nuit aux comparaisons entre entreprises, introduit le doute

chez les investisseurs et favorise une communication opportuniste, voire trompeuse.

Ainsi, dans le contexte actuel d’internationalisation des capitaux, des marchés etdes entreprises, une comptabilité « internationale » est nécessaire pour atteindrel’objectif de comparaison des performances. Les référentiels les plus connus et lesplus utilisés (outre les IFRS) depuis le début des années 1990 sont le référentieleuropéen et le référentiel américain (anglo -saxon)

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 12

II. Le choix d’un référentiel et ses implications

Deux grandes familles de culture opposées peuvent être identifiées parmi les principauxpays industrialisés :

Les pays dont la culture comptable est orientée par la pratique : il s’agit de l’approche

anglo-saxonne qui repose sur l’utilisation des "US GAA P" (Generally Accepted Accounting

Principles). Ainsi, les règles comptables américaines ne sont pas explicitement

déterminées par des textes législatifs ou réglementaires. La responsabilité de la définition

des règles comptables a été déléguée en 1973 au F ASB (Financial Accounting Standards

Board) qui est considéré aujourd’hui comme l’organisme le plus important du monde

anglo-saxon en matière de recommandation concernant la publication des états

financiers. Le FASB publie un ensemble de textes qui constitu e les US GAAP :

- les SFAS (Statements of Financial Accounting Standards)

- les SFAC (Statements of Financial Accounting Concepts)

- les Interpretations (commentaires)

Les pays dont la culture comptable est plutôt basée sur la réglementation ou la loi : il

s’agit du référentiel comptable européen. Les directives européennes en vigueur visent

l’harmonisation des comptabilités financières des entreprises de l’Union Européenne.

Elles ont permis d’améliorer la communication financière et la qualité des états financ iers

individuels et consolidées sans pour autant permettre la comparaison des entreprises. En

effet, ces directives comportent de nombreuses options qui autorisent la comptabilisation

ou l’évaluation d’une même opération de manières différentes.

Les différences fondamentales entre ces deux modèles sont, de façon générale, liées à

l’environnement économique et social et aux objectifs de la comptabilité. Ainsi, la

conception et l’utilisation des états financiers sont approchées différemment selon le

système dans lequel on se situe. Ces disparités concernent la qualité des utilisateurs des

états financiers, l’application des principes comptables et enfin une conception différente

du rôle de la fiscalité et de la relation fiscalité -comptabilité. On peut considérer que la

plupart des pays de l’Europe continentale ont une vision élargie de la comptabilité. Ils

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 13

perçoivent l’information comptable comme un instrument destiné à plusieurs catégories

d’utilisateurs ayant des intérêts dans l’entreprise (investisseurs, créanciers, administration

fiscale, fournisseurs, clients et grand public) alors que les pays anglo -saxons se

concentrent principalement sur les besoins d’information des apporteurs de capitaux, et

en particulier des investisseurs. En référentiel européen , la comptabilité est orientée vers

tous les partenaires (stakeholders) de l’entreprise et vise avant tout à protéger les

créanciers, alors que dans les pays anglo -saxons, elle épouse le point de vue des seuls

actionnaires (shareholders). La culture anglo -saxonne considère l’information financière et

la déclaration fiscale comme obéissant à de règles différentes et adhère par conséquent

au principe d’indépendance entre la comptabilité et la fiscalité : la culture européenne,

quant à elle, s’efforce d’adapter au mieux la comptabilité à la fiscalité (le résultat publié

sert essentiellement de base d’imposition).

Ces référentiels comptables et les différences significatives entre leurs principes, leur

application et leur philosophie posent la problématique du choix de référentiel, et ce

notamment pour les grandes entreprises internationales. Cette problématique est la

suivante : ces entreprises se doivent, en toute logique, d’utiliser le référentiel de leur pays,

c’est-à-dire celui dont elles ont la national ité. Cependant, étant constamment à la

recherche de nouveaux capitaux, ces sociétés doivent être cotées dans plusieurs bourses

de valeur : chaque place boursière peut alors imposer le référentiel comptable de son

choix. Ainsi, une entreprise française souh aitant être cotée à New York est tenue de

présenter ses comptes en référentiel américain, c’est -à-dire conformément aux US GAAP.

Cette décision de changement de référentiel, quand elle est prise, engendre des coûts

conséquents dans la mesure où elle impliq uerait une transformation annuelle, à l’aide de

tableaux de passage, des comptes arrêtés en référentiel européen en comptes conformes

au référentiel américain. Si l’entreprise envisage d’adopter définitivement les US GAAP

comme système de référence, ce cha ngement resterait très onéreux quand bien même le

coût annuel de transformation serait supprimé. En effet, le choix d’un référentiel

comptable, ou celui du passage annuel d’un référentiel à l’autre, ne se limite pas à des

charges "directes" : un important effort de formation doit être mis en œuvre en amont

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 14

aussi bien qu’en aval de l’entreprise. Les comptables et les responsables financiers sont

les premiers concernés. La formation doit concerner non seulement le volet technique

mais également les principes et concepts du nouveau référentiel. Il faudra également

former les informaticiens, les contrôleurs de gestion et les analystes à la compréhension

des états financiers élaborés conformément au nouveau référentiel.

C’est sur la base de ces constations et dans le contexte d’internationalisation

croissante du marché des capitaux, qu’est né, dès 1973, l’IASC (International

Accounting Standards Committee)

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 15

SYNTHESE : Les enjeux de l’harmonisation comptable internationale

« N’étant pas de formation comptable, je faisais le parallèle (entre les normes locales et

IAS) avec la mesure de température où certains la mesurent avec le degré Celsius et

d’autres avec le degré Fahrenheit. Néanmoins, chacun comprend que quand il fait plus

chaud, l’indication augmente sur les deux systèmes. Réci proquement, quand il fait plus

froid, l’indication diminue sur les deux systèmes. Ce parallélisme dans les indications

produites par les deux systèmes que j’avais intériorisés s’est effondré le jour où j’ai constaté

que sur un trimestre, les résultats aux normes locales étaient positif et en croissance, et qu’ils

étaient en sens inverse aux normes IAS et le résultat était même négatif.

J’ai compris ce jour que les deux systèmes n’étaient pas parallèles par simple conversion,

mais qu’ils étaient différents dans leurs fondamentaux, leur structure et leur philosophie. »

Allocution de M. Said AHMIDOUCH Président du Directoire de la Société de Bourse

des Valeurs de Casablanca (SBVC)

« Les IFRS, un référentiel de qualité incontournable ».Journée d’études janvier 2008, ISCAE

Internationalisation des marchés de capitaux, mondialisation

différents environnements sociaux, économiques et culturels

différents référentiels comptables (US GAAP, référentiel européen…)

les états financiers ont une pluralité d'objectifs et sont construits sur des principes différents

différentes perceptions des états financiers et de

l'information comparaison des performances impossible

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 16

Section 2 : Les norms IFRS

Les établissements financiers et de crédit sont tenues présenter leurs comptes

consolidées conformément aux normes comptables internationales et ce depuis le 1er

janvier 2008. De même, les filiales des so ciétés européennes cotées ont adopté ce

référentiel depuis 2005. L’adoption de cette langue comptable internationale unique traduit

une nécessité cruciale unique : l’harmonisation comptable dont les enjeux ont été traités

en première partie. Cependant, cet te conversion entraîne un changement culturel et

technique majeur.

I. Une technique d’experts…

La mise en application du référentiel IFRS pose de nombreux problèmes et constitue

indubitablement un défi technique pour les parties prenantes. On reproche à ce corpus de

normes leur grande complexité et les difficultés d’apprentissage et d’assimilation. En effet,

les concepts tels que la juste valeur, la prééminence de la substance, le transfert de

risques et avantages … se révèlent difficiles à appréhender concrètement. De plus, la

place grandissante du reporting financier dans la gouvernance et la nécessité d’une

adaptation à tous les niveaux du management sont des obstacles supplémentaires à

l’adoption du référentiel IFRS. Toutes ces difficultés, combinée s aux besoins importants

de formation et de pédagogie qu’exigent ces normes, nous poussent à nous interroger

(légitimement) : les normes comptables internationales sont -elles uniquement uneaffaire de spécialistes ?

1. 1er constat : les acteurs

Le premier argument qui nous inciterait à considérer les IFRS comme une technique

d’experts relève du simple constat : les protagonistes à l’origine de ce nouveau référentiel

sont tout simplement des experts.

L’IASB (International Accounting Standard Board) a, dep uis 2001, l’entière responsabilité

de toutes les questions techniques, notamment la préparation et la publication des normes

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 17

comptables internationales. Le Board (Conseil) qui a donc en charge le travail de fond

relatif à l’émission des normes, est actue llement composé de quatorze membres salariés

(douze à temps plein et deux à temps partiel), d’expertise internationalement reconnue.

Parmi ces membres, sept assurent la fonction de liaison member avec un organisme de

normalisation national, à savoir : USA, Allemagne, France, UK, Japon, Australie, Canada.

Pour être membre du Conseil, la qualification requise avant tout est l’expertise technique.

En effet, dans la perspective de contribuer à l’élaboration de normes comptables de

qualité applicables au niveau mondial, le Conseil est désigné de telle sorte que celui -ci

regroupe des personnes offrant une meilleure combinaison possible de compétences

techniques et d’expériences des affaires internationales ainsi que de la situation des

marchés. Dans cette optique , les statuts prévoient les dispositions suivantes :

Au minimum cinq membres du Conseil doivent avoir une expérience de l’exercice de

l’audit. Actuellement, le Conseil comprend trois auditeurs (KPMG France,

PricewaterhouseCoopers USA et Japon) et cinq no rmalisateurs comptables.

Au minimum trois membres doivent avoir une expérience de la préparation des états

financiers et au minimum trois une expérience de l’utilisation des états financiers.

Enfin, un membre au minimum doit avoir une expérience universit aire.

Les informations concernant l’organisation de l’IASB ont été exploitées depuis le site :

www.iasb.org/about/iasb_board.asb

Outre l’élaboration et la publication des normes, le Conseil (d’après l’art. 36 des statuts)

« fixe à son entière discrétion le programme de travail de l’IASB et les affectations de

projets sur les questions techniques : dans l’organisation de la conduite de ses travaux, le

Conseil peut sous-traiter les recherches détaillées ou d’autres travaux aux normalisateurs

nationaux ou à d’autres organismes ». Ainsi, les normes sont élaborées dans un cadre

très privé et fermé, et de manière peu concrète et pratique. L’IASB est souvent et

abondamment critiqué sur le fait qu’il ne prend pas en compte les spécificités des métiers

et des activités et qu’il communique peu avec le monde des entreprises, les régulateurs,

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 18

les utilisateurs des comptes et les normalisateurs nationaux. Ce manque de concertation

pose d’importantes difficultés pour l’application de ces normes.

D’un autre côté, les grands cabinets d’audit et de conseil (KPMG,

PricewaterhouseCoopers, Ernst&Young, Deloitte…) et les experts financiers (cabinets

comptables, experts comptables, commissaires aux comptes…) se sont imposés comme

acteurs à part entière dans la mesure où ils o nt rapidement acquis les expertises

nécessaires pour accompagner leur client dans ce type de projet.

2. Des normes complexes sujettes à interprétations

« Les enjeux et la complexité de ce nouveau référentiel imposent le recours à des

experts possédant une expérience pratique et concrète, adaptée aux contraintes

spécifiques de chaque entreprise. » Jean pierre Colle, expert comptable, associéGrant Thornton France.

La complexité des normes IFRS est un des principaux obstacles à l’adoption de

ce nouveau référentiel. Ceci est principalement le fait de la difficulté d’appréhender

concrètement les concepts (parfois nouveaux) introduits par ce référentiel. A titre

d’exemple, la juste valeur (« fair value »), principe clé des normes IFRS qui sera traité

ultérieurement, est l’une des questions les plus controversées et débattues à l’heure

actuelle dans la mesure où elle pose certains problèmes (de volatilité, non objectivité…)

notamment dans les secteurs de la banque et l’assurance. Cette complexité, due aussi

parfois au manque d’exemples concrets, se traduit pour l’entreprise par la nécessité

d’étudier les interprétations et les annexes y afférentes, d’obtenir des informations

complémentaires et bien souvent in fine recourir à des spécialistes externes.

D’un autre côté, il convient de rappeler que l’application d’une nouvelle réglementation

comptable constitue toujours une phase délicate dans la présentation des comptes d’une

entreprise, car chaque nouvelle règle est forcément sujette à interprétation. Ceci est

d’autant plus d’actualité pour les normes IFRS dans la mesure où ce corpus de règles

n’établit que des principes généraux et non des règles précises. Il est donc difficile de

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 19

répondre à tous les cas et à tous les profils d’entreprise, d’où la place laissée au «

jugement » des préparateurs de comptes et des auditeurs. Si les référentiels anglo -

saxons, notamment l’IASB, sont en général fondés sur des principes et s’ils privilégient la

réalité économique d’une opération, en dehors de toute considération provenant du droit

commercial et fiscal (cf. p.3 : le choix d’un référentiel et ses enjeux ), il n’en résulte pas

moins un risque. Celui -ci est lié, outre aux malversations internes, aux erreurs

d’appréciation (volontaires ou involontaires) des auditeurs, ou tout simplement à l’absence

d’expériences sur tel ou tel cas. Les principes généraux donnés par les IFRS

n’empêcheront pas non plus, parfois, les «arbitrages comptables».

Une des preuves les évidentes de cette complexité est l’investissement

conséquent en formation qu’exige une conversion au référentiel IFRS. Un effort de

formation et de sensibilisation de tous les acteurs de l’entreprise est nécessaire de la part

de la direction financière, non seulement pour que l’ensemble des collaborateurs saisis se

les enjeux de ces nouvelles normes, mais aussi sache quel est le rôle de chacun, à son

propre niveau dans cette application.

II. …au service d’un enjeu social

Le référentiel IFRS est un défi technique et un « chantier » énorme à mettre à

place, nécessitant une mobilisation de tous les acteurs de la société et un effort

conséquent de formation et de sensibilisation. Dès lors, il est primordial de s’interroger

quant aux apports d’un tel référentiel. Quelles sont les incidences de l’adoption des

normes IAS/IFRS et plus précisément, quel est l’enjeu social ?

1. Une meilleure comparabilité des entreprises

L’adoption d’un référentiel comptable unique va naturellement favoriser l’homogénéité

des informations financières produites. L’enjeu soc ial est de taille puisque ce référentiel

permettra de fait, en limitant les options offertes, de comparer plus objectivement les

données financières de plusieurs entreprises. L’objectif de la norme IAS 1 par exemple est

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 20

de prescrire une base de présentat ion générale à tous des états financiers, afin qu’ils

soient comparables tant aux états financiers de l’entreprise pour les exercices antérieurs

qu’aux états financiers d’autres entreprises. Pour atteindre cet objectif, la norme établit les

considérations générales de présentation des états financiers, porte des commentaires

sur leur structure et établit les dispositions obligatoires pour le contenu des états

financiers. « La présente Norme doit s’appliquer à la présentation de tous les états

financiers à usage général établis et présentés conformément aux Normes comptables

internationales. »(IAS 1). Dans cette même perspective, IAS 8 vise à prescrire le

classement, les informations à fournir et le traitement comptable de certains éléments

dans le compte de résultat de façon que l’ensemble des entreprises établissent et

présentent leur compte sur une base cohérente et permanente. Cela renforce la

comparabilité, tant avec les états financiers de l’entreprise relatifs aux exercices

précédents qu’avec les états financiers d’autres entreprises. En conséquence, cette

Norme impose la classification et l’indication des éléments extraordinaires ainsi que

l’indication de certains éléments du résultat provenant des activités ordinaires. Elle précise

également le traitement comptable applicable aux changements d’estimations

comptables, aux changements de méthodes comptables et à la correction des erreurs

fondamentales.

Les normes IFRS, dans la mesure où elles imposent une présentation précise,

des dispositions obligatoires, un certain nombre d’informations à fournir et des options

limitées, offrent assurément une base pour la comparaison entre entreprises. L’enjeu est

de taille dans le contexte actuel (cf. partie I : les enjeux de l’harmonisation comptable

internationale). Mais le corps de normes IFRS va largement au -delà de cet objectif.

2. Une meilleure information financière

L’ensemble des acteurs de l’économie financière s’accorde à considérer que la

mise en application de ces nouvelles règles apporte une vision plus réaliste de la valeur

des entreprises grâce à une plus grande transparence dans la valorisation des capitaux,

des engagements et des flux financiers. Cette amélioration de la qualité de l’information

est le fait de quatre éléments nouveaux majeurs :

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 21

a) La prééminence de l’économique sur le juridique

En privilégiant la substance sur l’apparence ( substance over form) et en

instaurant dans certains domaines, l’actualisation et la juste valeur, le référentiel IFRS

opte définitivement pour la priorité accordée à la réalité économique des transactionspar rapport à l’apparence juridique , en vue de fournir une information plus riche et plus

transparente : la manière de définir et délimiter les actifs et passifs va donc changer.

b) Communication financière et pertinence de l’information

Le référentiel IFRS propose une présentation différente des états de synthèse

par la production de cinq états financiers : un bilan assis sur la réalité économique, un

compte de résultat orienté sur le coût d e revient (laissant de côté de nombreux soldes

intermédiaires de gestion, un tableau de flux de trésorerie visant à communiquer sur la

transparence financière, un tableau de variation des fonds propres (pour mesurer

l’enrichissement des actionnaires, des a nnexes étoffées en information. De plus, les

normes IAS/IFRS permettent d’améliorer le droit à l’information en imposant un ensemble

de principes parmi lesquelles : l’engagement de produire des informations fiables et

vérifiables, en authentifiant les syst èmes d’information internes, la publication

d’indicateurs de liquidité de l’entité et de sensibilité à certains risques. Ainsi, la norme IAS

14 a pour objectif d’établir les principes de la communication d’une information financière

sectorielle (l’information sur les différentes lignes de produits et services que propose une

entreprise et sur les différentes zones géographiques dans lesquelles elle opère) pour

aider les utilisateurs des états financiers à porter des jugements mieux fondés sur

l’entreprise dans son ensemble.

c) La juste valeur (fair value)

Les états financiers établis en normes comptables internationales sont prédictifs

et font systématiquement référence au mot « valeur ». Il convient de s’attarder sur la

notion de juste valeur dans la mesur e où ce concept constitue la clé de voûte du

référentiel IFRS. L’objectif est d’apprécier pour chaque actif les avantages économiques

futurs qui justifient leur valeur. Ainsi, à l’enregistrement comptable basé sur le coût

historique, il faut substituer une évaluation basée sur des flux de trésorerie projetés en

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 22

norme IFRS. Cette approche a fait couler beaucoup d’encre et le débat est complexe et

loin d’être clos. Elle est sans doute source de volatilité (les actifs financiers doivent être

évalués à leur valeur de marché, c'est à dire pour le montant récupérable en cas de

cession, ce qui implique une volatilité importante, due aux fluctuations du marché et une

réévaluation régulière du bilan), mais d’un autre côté, la comptabilité en coût historique a

largement démontré ses limites : elle se révèle totalement non pertinente pour refléter la

valeur d’un actif après son enregistrement initial. Résolument tourné vers les

investisseurs, le corps de normes IFRS privilégie donc les évaluations en juste valeur,

permettant de mieux appréhender le patrimoine du groupe à la date d’arrêté des comptes .

d) La primauté du bilan sur le compte de résultat

Le cadre conceptuel des IFRS définit avant tout les actifs et passifs d’une entité qui

doivent être identifiés, évalués puis comptabilisés. Le compte de résultat se conçoit

comme un tableau de variation et les charges et produits apparaissent comme les résidus

des variations des actifs et passifs du bilan.

3. Un processus global

La mise en application des IFRS relève d’une démarche concertée et réfléchie,

initiée par la direction générale, les commissaires aux comptes, les responsables

consolidations et reporting, et tous les acteurs directement impliqués dans la valorisation

de l’entreprise. La démarche doit perm ettre au-delà des simples processus financiers, de

documenter les règles de valorisation à la « juste valeur » retenue par l’entreprise en

fonction des éléments concernés : stocks, immobilisations, titres… Il est nécessaire de

prendre en compte l’environne ment de l’entreprise et la valeur marché des éléments de

bilans susceptibles d’évolution plus ou moins rapide pour établir une présentation sincère

de la situation économique de la société. L’adoption du référentiel suppose une

implication active de tous les acteurs de l’entreprise.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 23

III. Conversion aux IFRS : cas d’une société industrielle

Les informations figurant dans cette partie ont été collectées lors d’une mission au sein

d’une entreprise industrielle opérant une conversion aux normes IFRS. Pour des raisons de

confidentialité et par respect au secret professionnel, aucune indication chiffrée ni précision

explicite ne sera fournie : seules les données démontrant concrètement les difficultés

d’application du référentiel et ses avantages seront communiquées.

L’entité concernée par l’adoption des normes IAS/IFRS reconnaît assurément

leurs avantages: une meilleure transparence, une information financière plus fiable…

Cependant, le changement de référentiel est difficile à mettre en oeuvre et le s résultats

demeurent encore peu prévisibles. De plus, le coût estimé d’un tel changement (coût qui

se chiffre en dizaines de milliers de dirhams) est un « frein » supplémentaire. Ainsi, la

difficulté de l’application et la charge financière que constitue l’adoption du référentiel

IFRS sont autant d’éléments expliquant le scepticisme des entreprises marocaines qui ne

comprennent pas toujours les enjeux d’un tel projet.

Les principales difficultés que nous avons relevées sont les suivantes :

La mise en place des normes exige un travail conséquent de collecte et de

traitement d’information et une mobilisation globale de l’ensemble des collaborateurs est

indispensable pour assurer le succès d’un tel projet.

La mise en œuvre du référentiel est problématique en raison de la complexité des

IFRS dont les interprétations demeurent difficiles. Il est alors nécessaire d’effectuer des

comparaisons entre les entreprises du même secteur (pratique contraire à l’esprit des

normes marocaines)

Un effort important de fo rmation est indispensable pour sensibiliser l’ensemble des

acteurs de l’entité aux enjeux des normes IFRS d’une part et au rôle qu’ils seront amenés

à jouer.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 24

L’adaptation des systèmes d’information existants (assimilé à une véritable

« refonte ») demeure l’un des points les plus problématique.

Par ailleurs, l’entité ressent des problèmes au niveau de la collecte

d’informations nécessaires pour l’application du référentiel IAS/IFRS. En effet, elle fait part

notamment de la difficulté pour l’obtention de s données nécessaires relatives au

traitement des régimes de retraite à prestations définies par exemple, et en général des

données nécessaires pour le traitement d’éléments spécifiques au niveau de quelques

normes ainsi que les données historiques indisp ensables pour la première application des

normes IAS/IFRS. Elle souligne aussi également l’aspect évolutif de ces normes

applicables. La société industrielle invoque les éléments suivants :

La nécessité d’étudier les interprétations (SIC / IFRIC) et les annexes afférentes aux

normes pour bien les comprendre

La nécessité d’obtenir des précisions complémentaires pour certaines normes ;

Le manque d’exemples concrets d’application ;

La nécessité de demander des explications à des spécialistes externes

La complexité des normes, leur contenu ainsi que les interprétations qu’elles

impliquent engendrent un coût élevé qui risque d’impacter la rentabilité de la société. Ce

coût comprend particulièrement les formations de personnel, l’acquisition et le

développement des systèmes informatiques ainsi que les honoraires des consultants

externes.

Après avoir évoqué les apports et les enjeux des normes comptables internationales ainsi

que les difficultés inhérentes à leur mise en œuvre, il convient désormais d’étaye r cette

analyse et d’illustrer concrètement les réformes introduites par les IFRS en se penchant sur

un de leurs aspects les plus sujets à polémique, à savoir la juste valeur.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 25

Deuxième Partie

Le concept de Juste Valeur

- Du coût historique à la juste valeur

-Application pratique de la juste valeur au bilan de l’entreprise

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 26

Section 1 : Du coût historique à la juste valeur

Un système de normes comptables comporte non seulement des règles de

présentation des états financ iers, mais aussi et surtout des normes détaillées en matière

d’évaluation des actifs, passifs, charges et produits.

Dans beaucoup de pays comme le Maroc, l a méthode de valorisation des biens est la

comptabilisation au coût historique , méthode qui tend à être remplacé par le modèle de

juste valeur avec l’application des normes internationales IAS/IFRS, notamment les

normes IAS 32 et IAS 39 sur la comptabilisation des instruments financiers, aujourd’hui

au cœur de débats.

I. Principes et limites du coût histo rique

La comptabilisation au coût historique impose que la valeur attribuée aux acti fs soit

égale aux dépenses effectivement consacrées à leur acquisition. On comptabilise donc

le coût d’acquisition ou le coût de fabrication du bien au bilan. Ces coûts demeurent la

référence par rapport aux valorisations ultérieures éventuelles de ces mêmes lignes

comptables.

Ce modèle a connu un réel succès auprès des entreprises du fait de sa

simplicité, son faible coût de mise en place ainsi que son objectivité. En effet, ce modèle

ne consiste qu’à la transposition au bilan des coûts subis par l’entrepris e pour

l’acquisition d’un bien, ces coûts s’imposant à l’entreprise sans manipulation frauduleuse

possible. Cette valeur d’actif est donc jugée objective et fiable dans la mesure où elle

correspond tout simplement au coût d’acquisition.

1. Les principes de base

Le principe du modèle comptable fondé sur le coût historique repose sur le concept

de la valeur-coût (autrement dit, sur les coûts antérieurement accumulés) ass ocié au

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 27

principe de prudence. Les réglementations comptables donnent le détail des coûts à

prendre en compte en complément de la dépense principale pour l’évaluation initiale de

la valeur d’une immobilisation . En effet, le coût de l’immobilisation, en plus du prix

d’achat proprement dit, peut aussi comprendre des frais d’acquisition, de transport, de

douane voire des frais financiers afférents.

Le modèle du coût historique est par ailleurs en parfaite cohésion avec le référentiel

marocain (Code Généra le de la Normalisation Comptable CGNC) car il répond à un des

plus importants principes de base de la comptabilité marocaine : le principe de prudence.

En effet, on retrouve les lignes directives de ce principe dans le coût historique qui inclut

dans la valeur d’un actif la reconnaissance des pertes potentielles et reporte celle des

profits à la réalisation effective d’une transaction. Il renvoie ainsi à une conception

prudente et peu volatile de la mesure du résultat et du patrimoine.

Au Maroc, le coût historique est la conséquence de deux notions

fondamentales :

- le principe de nominalisme : à leur date d’entrée dans le patrimoine, les biensacquis à titre onéreux sont enregistrés à leur coût d’ acquisition et les biensproduits à leur coût de production.

- le principe de prudence : « la plus-value constatée entre la valeur de marchéd’un bien et sa valeur d’entrée n’ est pas comptabilisée .Seul les bénéficesréalisés à la date de clôture d’un exercice peuvent être inscrits dans lescomptes annuels »

Malgré l’engouement des entreprises pour ce modèle, il présente de nombreuses

faiblesses qui ont encouragé l’apparition de la valorisation à la juste valeur, la notion

d’inflation, d’évolution du pouvoir d’achat, de variation du prix du marché et autres

concepts n’étant pas pris en compte.

2. Limites du modèle du coût historique

La première limite que l’on peut attribuer au modèle du coût historique est la non

prise en compte des effets de l’inflation. En effet, l’environnement économique est

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 28

variable et en disposant de ce mode d’évaluation, l’entreprise semble considérée comme

vivant dans un univers fermé et stable. De plus, si un stock n’est jamais épuisé, l’analyse

de sa variation sur plusieurs période s risque d’être erronée: entre en stock des valeurs

prises à des époques différentes, des unités monétaires de pouvoir d’achat différent sont

ajoutées, ce qui rend la comparabil ité temporelle de l’information non pertinente.

En outre, le principe de prudence, en écartant la réalité des bénéfices incertains,

tendrait à protéger le patrimoine mais aussi à le masquer. Les informations sont

diffusées dans une atmosphère que certains auteurs qualifient de « pessimistes » : les

pertes potentielles sont toujours prises en compte mais non les bénéfices incertains. Le

patrimoine est alors minoré, comme si les variations négatives de la valeur d’éléments

d’actif étaient plus certaines que les variations positives. Ceci relève du principe de

protection des actionnaires et des tiers, mais l’objectif de l’image fidèle import ée par les

normes internationales n‘est pas tout à fait compatible avec ce principe.

En fait, si les comptes doivent donner une image fidèle de la situation patrimoniale,

économique et financière, l’omission de l’existence de bénéfices potentiels apparaît

comme une atteinte à la fidélité d’informations. Les lecteurs ont une vision minorée de la

situation de l’entreprise qui n’est pas vraie. Dans le même ordre d’idées, on peut dire que

le principe de prudence s’applique à un outil de faible certitude puisq ue les pertes et

dépenses potentielles sont prises en compte par le biais des provisions, évaluées selon

la connaissance des faits au moment de leur constitution. Au moment de leur réalisation,

ces pertes et dépenses peuvent avoir une valeur différente, l’ estimation peut s’avérer

trop faible ou trop forte.

La critique du principe du coût historique porte également sur le fait qu’il provoquerait

une déconnection entre la valeur comptable et la valeur boursière (exprimée par la

capitalisation boursière) et donc une mauvaise information pour les actionnaires. La

valeur boursière représente plus la réalité de l’entreprise puisqu’elle traduit la vision du

marché à l’égard de l’entreprise et la confiance qu’ont les investisseurs dans ses

perspectives de croissance. Le déphasage entre la valeur comptable et la valeur

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 29

boursière est exprimé par le rapport entre ces deux valeurs, autrement dit, par le ratio

communément appelé Price to Book Ratio (PBR).

Le tableau ci-dessous illustre les PBR moyens constatés su r les principales bourses

mondiales depuis 1989 jusqu’à 2001:

Source : VERNIMMEN P., Finance d’entreprise, 5ème édition.

Le PBR moyen entre 1989 et 2001 varie entre 2,2 et 3,8 sur les principales places

financières mondiales : la valeur de l’entreprise est donc minorée si on se réfère à la

valeur comptable de ses capitaux propres. Ce qui veut dire que la valeur comptable, au

coût historique, des capitaux propres ne traduit pas souvent la valeur boursière

supposée être juste aux yeux des investisseurs puisque donnée par le marché.

Au Maroc, cet écart est d’autant plus sig nificatif du fait de l’aspect très spéculatif de la

Bourse de Casablanca. Cela est dû à un contexte monétaire national marqué par une

surliquidité et un engouement récent vers la spéculation. L’analyse du rapport PBR des

sociétés cotées sur la bourse de valeurs Casablanca, classées par secteur, démontre la

véracité de ces propos. En effet, le rapport entre la capitalisation boursière et l’Actif Net

Comptable (ANC) oscille entre des valeurs extrêmes 0 ,17 pour Maroc Leasing et 10 353

Année RoyaumeUni Allemagne France Italie Espagne Pays-

Bas Belgique Suisse USA Japon

1989199019911992199319941995199619971998199920002001

1,82,11,72

2,22

2,32,42,42,72,13

3,2

4,25,15,15,14,22,44,23,84,32,42,83,32,8

2,12,92,11,81,61,91,81,82

2,53,14

4,3

2,83

2,11,81,61,71,51,51,62

2,14,44,7

3,43,12,22,41,61,52,11,92,33,23

3,63,4

1,82,11,82,22,11,72,52,83,33,22,93,43,9

3,12,92

1,81,61,91,71,71,82,22,33,12

4,13,71,92

2,11,82,42,82,62,22,54,75,1

1,92,62

2,52,71,92,52,82,93,43,14,13,6

6,67

3,83,72,75,73,23,12,92,61,43,22,1

Moyennes 2,3 3,8 2,5 2,4 2,6 2,6 2,2 2,9 2,8 3,7

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 30

pour Maroc Telecom avec une moyenne de 263,15. Cf : Annexe 1 : Analyse du rapport

PBR des sociétés cotées sur la BVC

En substance, le principe du coût historique paraît obsolète compte tenu des

faiblesses mentionnées précédemment. Les actionnaires, les créanciers, les

investisseurs, ainsi que les analystes financiers préfèrent des comptes qui reflètent le

mieux possible l’image fidèle de l’entreprise et les dernières débâcles de grands groupes

mondiaux ne font que renforcer le souci des tiers de se rapprocher de la juste v aleur de

l’entreprise. Le concept de fair value , qui apparaît tout d’abord aux Etats -Unis puis dans

toute la comptabilité anglo -saxonne avant d’arriver en Europe avec l’introduction des

normes IAS-IFRS, trouve donc toute sa légitimité.

II. Emergence de la juste valeur : évolution ou révolution ?

1. Notion de Juste Valeur

La juste valeur est définie par l’IASB comme : «le montant pour lequel un actif peut

être échangé ou un passif émis entre deux parties volontaires et bien informées dans le

cadre d’une transaction à intérêts contradictoires » (IAS 32). Ce concept est plus large et

d’un usage plus général que celui de valeur de marché. En effet, à défaut du prix de

marché observé sur un marché actif, l’évaluation sera déterminée par le calcul de la

valeur actuelle nette des flux futurs. L’évaluation à la juste valeur concerne aussi bien

l’actif que le passif. De cette définition, on peut ressortir deux modèles de détermination

de la juste valeur :

valeur de marché : « Market value / Mark-to-Market »

La valeur de marché est le prix auquel un bien peut être vendu ou la dette acquittée

s’il existe un marché d’échange liquide pour le même actif ou le même passif ou pour

d’autres actifs ou passifs à caractéristiques similaires, net de frais de cession.

Cependant, tous les produits ne sont pas échangés sur un marché actif…

valeur d’utilité : «Use value / Mark-to-Model»

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 31

Ce modèle concerne les biens qui ne sont pas échangés sur un marché actif. Cette

valeur est égale à la somme des avantages économiques futu rs estimés, obtenus par

l’usage de l’actif concerné. Plus généralement, on procède par actualisation des flux de

trésorerie (cash flows) futurs auxquels on ajoute une valeur résiduelle. L’estimation des

cash flows futurs doit être fondée sur les prévisions et budgets les plus récents du

management, élaborés sur des bases raisonnables et documentées. Le business plan

ne peut, en principe, être établi sur un horizon explicite supérieur à 5 ans, sauf

justification. En outre, l’actif doit être évalué dans son é tat actuel, sans tenir compte des

flux de trésorerie susceptibles d’être générés par des restructurations non encore

engagés, ou des investissements de performance et de capacité (en revanche, les

investissements de maintenance doivent être intégrés). Les cash flows générés lors de

la sortie de l’actif correspondent à la valeur de sortie nette des frais de cession, ou à la

valeur terminale, dans le cas où l’actif à une durée de vie économique indéfinie. Dans la

mesure où la norme se place au niveau avant im pôt du taux d’actualisation et ne tient

pas compte de la structure fin ancière, le taux le plus adapté pour l’actualisation des cash

flows est le Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC).

Cette notion de juste valeur présente un enjeu majeur aussi bien pour le premier

lecteur des états financiers visé par cette réforme, à savoir l’investisseur, que pour les

autres parties prenantes (stake holders).

2. Utilisation de la juste valeur

Selon le type d’actifs et de passifs, la juste valeur est :

déjà appliquée ou viendrait remplacer une comptabilisation effectuée au coûthistorique,

ou encore remédierait à une absence de prise en compte dans les états financiers,comme par exemple dans le cas des stock -options et de certains actifs financiersdérivés, que le coût historique ne pouvait qu’ignorer, étant donné sa définition.

Dans les normes IAS, la juste valeur concerne de nombreux domaines comme les

regroupements d'entreprises, les engagements sociaux, les actifs incorporels, le portefeuille

de titres, la réévaluation des immobilisations…

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 32

3. Les apports de la juste valeur

e) Les avantages de la juste valeur

Une meilleure estimation

La "fair value" permet une prévision pertinente d es flux de trésorerie futurs car elleintègre, par construction, ces flux financi ers futurs. Les objectifs des investisseurs sontprivilégiés au moment de la publication des informations comptables.

Une valorisation globale

En se basant sur le coût historique, tout ce qui n'a pas de coût n'est pas comptabilisé.Ce principe implique de ne pas comptabiliser certains instruments financiers notammentles produits dérivés (engagement de couverture) qui, par définition, ne nécessitentgénéralement pas de flux financier à l'origine.

La juste valeur permet donc une comptabilisation globale de la valeur ce qui impliquela comptabilisation de gains latents. En coût historique, seul les transactions réaliséeseffectivement sont comptabilisées.

Une uniformité au service de la comparabilité

La "juste valeur" permet de présenter des actifs équ ivalents pour des valeurscomparables, quelle que soit leur date d 'entrée dans les comptes. Cette notion permetde calquer les systèmes comptables sur les systèmes de gestion qui sont utilisés parl'entreprise.

Une objectivité

La « juste valeur » étant déterminée par référence à des données externes, soitdirectement par des valeurs de marché, soit en l'absence de marché actif, par référence àun modèle fondé sur des paramètres issus de données externes, elle apparaît commeétant une valeur "neutre" c'es t-à dire non influencée par l'entreprise elle -même.

f) Les inconvénients de La juste valeur

La volatilité

La juste valeur suppose une réévaluation régulière du bilan. La volatilité introduite par

cette évaluation en juste valeur ne reflète pas toujours de s modifications réelles des

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 33

événements économiques de l'entreprise et ne permet pas toujours de traduire

fidèlement la réalité des transactions et de la situation financière.

La mise en place du modèle de la JV : des coûts importants

Le plus grand nombre des actifs ne fait pas l'objet de cotations externes. Dans ce

cas, la juste valeur doit être déterminée en interne au moyen de modèles (qui peuvent

toujours être acquis auprès de concepteurs externes eu égard aux spécificités de

certains actifs et il l'étroitesse du marché) don t la conception, la réalisation, le contrôle...

sont très onéreux et peuvent être prohibitifs pour certaines entreprises par rapport aux

avantages que leur procure la connaissance de la juste valeur de ces actifs.

4. Enjeux de la juste valeur

a) Vers une optique Investisseur

La notion de juste valeur opère un véritable retournement de la problématique

comptable traditionnelle. Il ne s’agit plus de contrôler le rendement du patrimoine mais,

au contraire d’évaluer la valeur de l’ent reprise à partir de son rendement. L’important

n’est plus de créer des biens mais de faire progresser la valeur marchande de

l’entreprise.

L’interlocuteur privilégié est l’investisseur. Ce dernier se substitue même à

l’actionnaire au sens traditionnel. L ’objectif recherché est de répondre aux besoins des

investisseurs en informations proches le plus possible de la réalité.

b) enjeux pour les autres parties prenantes de la vie de l’entreprise

Bien que les normes IFRS ne soient pas en premier lieu destiné es à servir les

besoins informationnels des autres parties prenantes de la vie de l’entreprise, à savoir

les banquiers, les clients et fournisseurs, les dirigeants et les salariés, cela n’empêche

que la juste valeur présente un enjeux majeur pour ces diffé rentes parties.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 34

Pour les banquiers , le jugement sur la capacité de remboursement des fonds avancés

ou sollicités sera plus complexe. Par contre, les banques auront une vue économique

sur le patrimoine potentiel de l’entreprise.

Pour les clients et fournisseurs, les informations qui leur sont délivrées par les états

financiers en juste valeur seraient difficilement lisibles et interprétables puisque ces

états sont plus dirigés vers les marchés financiers qu’ils ne le sont vers les

partenaires commerciaux.

Pour les dirigeants , la prise de décision sera influencée par des éléments externes

retenus dans les documents financiers. Les décisions devront prendre en compte

l’évolution des marchés financiers au même titre que l’évolution de l’activité interne.

Enfin, pour les salariés, ceux-ci perdront les informations concernant l’emploi. En fait,

l’activité productrice n’étant plus l’objet principal de la présentation des états

financiers, il est hautement probable que le contenu informationnel destiné aux

employés se trouve compromis par les nouvelles normes.

c) Prééminence de la substance économique sur la forme

Selon ce principe, les traitements comptables doivent refléter la substance des

opérations en traduisant le plus fidèlement possible les opérations en tirant toutes les

conséquences des droits et obligations issues des accords ou des contrats, sans

s’attacher à la forme juridique apparente. De nombreuses il lustrations de ce principe

peuvent être relevées dans les développements du référentiel IFRS se rapportant à la

juste valeur et notamment :

- l’enregistrement en bilan des biens financés par crédit -bail,

- actualisation des dettes et créances à long terme.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 35

En substance, on pourrait dire que la notion de juste valeur est une véritable révolution

comptable qui est en train de changer l’optique du bilan de l’entreprise. L’optique n’est

plus comptable mais financière : en témoigne le changement de la terminologie pour les

nouvelles normes IFRS (« International Financial Reporting Standard » qui remplacent

les IAS :International Accounting Standards ).

5. Limites du modèle de la Juste valeur

Les praticiens reprochent au modèle de la juste valeur la difficulté de sa mise en

place de manière concrète. En effet, son application en entreprise peut se révéle r très

coûteuse. De plus, seuls les biens cotés sur des marchés actifs peuvent prétendre à la

qualité d’objectivité. Or, un grand nombre d’actifs et spécialement d’actifs financiers n’ont

pas de marché organisé ou assimilé. Leur évaluation repose en conséquence sur des

modèles internes ou des expertises externes. Ces évaluations comportent donc une

large part de subjectivité.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 36

Synthèse : apports et limites de la juste valeur

Avantages recherchés Limites et difficultés

pour le normalisateuraccélération de l'harmonisation des normesinternationales, début de standardisation descomptes consolidés

Coexistence des normes nationales pour lescomptes individuels et des normesinternationales pour les comptes consolidés,d'où un volume plus important d'informations àtraiter

Amélioration de l'objectivité, de la neutralité,de la transparence, de la pertinence et delafiabilité des informations comptables, donc deleur crédit.

Divergences entre le PCG et les normes IFRSpour les immobilisations (amortissements, créditbail,)entraînant un double suivi

Réduction des options offertes dansl'application des normes pour simplifier lacomptabilité et favoriser la comparabilité

Priorité donnée aux principes sur la simplicitéet l'applicabilité.

Renforcement de l'efficacité du contrôleprudentiel des autorités de tutelle

Méthode mixte complexe pour l'enregistrementdes instruments financiers (juste valeur pourcertains, coûts historiques pour d'autres).

Meilleure approche du risque encouruprincipalement sur les instruments financierset les engagements hors bilan

Principe de prudence en retrait en traitant lesgains latents comme les pertes latentes.

Modernisation des pratiques decommunication et d'analyse financières

Volatilité accrue des données comptables nonmaîtrisable par le nouveau modèle.

Meilleure information des apporteurs decapitaux et des créanciers par uneréférence à des prix des actifs et passifsplus pertinents que les valeurs historique

Manque de repères externes pour les actifsnon valorisés sur des marchés efficients, commeles actifs incorporels.

Neutralité incertaine du principe de justevaleur compte tenu de la non efficience desmarchés.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 37

pour l'investisseur et l'analyste financier

Meilleure appréhension de la réalité del'entreprise en tentant de rapprocher savaleur « bilantielle » et sa valeur de marché

Manque de recul et d'études sur lesavantages réels et les conséquences duprincipe de juste valeur, surtout sur le longterme

Approche plus économique de laperformance et de la valeur de l'entreprise(résultat par destination, analyse sectorielleet géographique, réévaluation des postes dubilan,…).

Perception difficile de la significationéconomique des gains et pertes latents, du suividans le temps des actifs et passifs, de larentabilité opérationnelle incluant des élémentsexceptionnels.

Informations financières plus riches et plusnuancées, prévisions facilitées

Ambiguïté de la performance de l'entreprisemesurée à partir d'une variation entre deuxexercices du résultat en juste valeur.

Comparaison des entreprises plus aisée ycompris à l'international

Changement des habitudes desprofessionnels et complexité de la mise enoeuvre.

pour l'entreprise

Pilotage de court terme de l'entreprise plusaisé

Coûts élevés de l'obtention des informatio nsen juste valeur et de la formation desprofessionnels.

Discipline imposée aux dirigeants en matièred'opportunisme relatif aux plus ou moins -valueslatentes et de création de valeur partenariale

Interprétation difficile de la signifi cationéconomique des gains et pertes latents.

Application aisée pour des actifs dont lesvaleurs sont observables sur des marchésliquides.

Plus grande part laissée à l'interprétation parlesdirigeants ou les auditeurs dans l'évaluati on

Analyse simplifiée des comptes desconcurrents.

L'objectif d'un dirigeant n'est pas seulementd'accroître à court terme la valeur de marché deson entreprise

Source : Le référentiel IAS /IFRS, Jacque Portelli, Ed 2004

Du fait de l’enregistrement en juste valeur des éléments du patrimoine del’entreprise, des changements majeurs vont affecter la majorité des postes dubilan. Il s’agit maintenant de s’interroger sur les réformes introduites par la fairvalue et ce, à travers une analyse critique des incidences sur les postes du bilanainsi que les engagements hors bilan. Quels seraient donc, plus concrètement,ces impacts ?

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 38

Section 2 : Application pratique de la juste valeur au bilan del’entreprise

I. Juste valeur et actif

1. Les immobilisations incorporelles

De par leur caractère abstrait, les immobilisations incorporelles présentent des

problèmes délicats en ce qui concerne leur évaluation. Il fa ut en effet estimer des

éléments qui ne sont en première approche que virtuelles. L’IAS 38 définit un actif

incorporel comme un actif identifiable non monétaire sans substance matérielle, détenu

pour la production ou la fourniture de services, pour une location extérieure, ou dans des

buts administratifs et qui génère des av antages économiques futurs. L’IAS 38

s’applique, entre autres, aux dépenses de publicité, de formation, de lancement d’activité

et de recherche et développement. Elle oblige une entreprise à enregistrer un actif

incorporel (hors goodwill) si et seulement si :

il est probable que les bénéfices économiques futurs qui sont attribuables à

l’actif, parviennent à l’entreprise,

le coût de l’actif peut être évalué de façon fiable,

Une immobilisation incorporelle a deux critères fondamentaux:

Identifiable :

Séparable individuellement ( l’élément peut être vendu, échangé ou loué

séparément),

Séparable conjointement avec un groupe d’actifs ;

Fait l’objet de droits contractuels ou légaux.

Contrôlée

Un actif incorporel doit être évalué initialement en coût. Après son enregistrement

initial, l’IAS 38 requiert qu’un actif incorporel soit évalué selon un des deux traitements

suivants :

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 39

- traitement de référence : « après l’enregistrement initial, un actif incorporel doit

être porté à son coût minoré des amortissements et des dépréciations accumulées »

- traitement alternatif accordé : à partir de la deuxième année de sa présence au

bilan, le chiffre retenu pour un actif incorporel est son montant réévalué moins les

dépréciations et amortissements consécutif s accumulées. Le montant réévalué doit

être la juste valeur de l’actif. Toutefois, ce traitement est autorisé si, et seulement si,

la juste valeur peut être déterminée par référence à un marché actif pour l’actif

incorporel. De plus, si une entreprise retient ce traiteme nt, la réévaluation doit être

faite régulièrement.

Lors d’une première consolidation, les actifs incorporels sont évalués à leur juste

valeur. L’actif incorporel est amorti sur sa durée de vie qui correspond à la durée sur

laquelle les avantages économiq ues de l’actif rentrent dans l’entreprise. Dans le cas où

la durée de vie de l’actif incorporel est indéfinie, l’amortissement est remplacé par un test

de dépréciation.

a) les frais de recherche et développement

Les dépenses engagées lors de la phase de recherche d’un projet sont des charges

de l’exercice durant lequel elles surviennent et ne peuvent être immobilisées. En effet, au

stade de la recherche, une entreprise ne peut savoir si cette recherche réussira et pourra

donc lui apporter des avantages écon omiques.

En ce qui concerne la phase de développement , les dépenses sont immobilisables et

suivent le traitement consacré aux immobilisations incorporelles si :

- le produit est clairement défini

- le coût de l’actif est identifiable de façon fiable,

- la faisabilité technique est établie

- l’entreprise a l’intention d’utiliser l’actif,

- le produit dispose d’un marché et peut générer des avantages

économiques,

- l’entreprise dispose de moyens adéquats pour financer le projet

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 40

Les activités de développement sont cell es qui sont exercées pour mettre en œuvre

la concrétisation de travaux de recherche ayant abouti. Il s’agit par exemple du dessin,

de la construction et des essais de production de prototypes. Lorsque les frais de

recherche ne peuvent être dissociés des fr ais de développement, ils sont traités en

charges de l’exercice pour leur totalité.

b) Marques, inventions et brevets

Lorsque les marques et éléments similaires sont générés en interne, ils ne doivent

pas être enregistrés comme des actifs. Par contre, les marques, inventions et brevets

acquis à l’extérieur peuvent être pris en compte dans les actifs. Les règles à leur

appliquer sont alors les mêmes que celles décrites pour l’ensemble des actifs

incorporels.

2. Le goodwill

La norme IFRS 3 sur les regroupemen ts d’entreprises introduit des modifications

substantielles dans les règles de regroupements d’entreprises. Les principaux

bouleversements apportés par celles -ci concernent la suppression de :

- la méthode du « pooling of interests », une seule méthode, cel le de

l’acquisition, étant désormais possible,

- l’amortissement systématique du goodwill qui est remplacé par un test de

dépréciation au moins annuel.

a) Adoption de la méthode d’acquisition (purchase method)

La méthode correspondant au « pooling of interests » permettant de comptabiliser à la

valeur comptable les opérations d’acquisition principalement rémunérées en titres et

d’imputer l’écart d’acquisition directement sur les capitaux propres est désormais

interdite selon les normes IFRS. Une seule méthode est autorisée par l’IFRS 3, celle de

l’acquisition. Dans cette dernière, un acquéreur doit être identifié. Les actifs acquis,

passifs pris en charge de la cible doivent être comptabilisés pour leur juste valeur dans le

bilan de l’acquéreur.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 41

Habituellement, dans les opérations d’acquisition donnant lieu à échange de titres,

l’entité juridique qui émet les titres est l’acquéreur. Toutefois, dans certaines opérations

dénommées acquisitions inversées, cette apparence est trompeuse et le véritable

acquéreur, c’est-à-dire l’entité qui dispose du pouvoir de conduire les politiques

financières et opérationnelles, et donc du contrôle, n’est pas l’entité juridique qui a émis

les titres mais l’entité juridique absorbée, ou dont les titres ont été apportés. La norme

IFRS 3 requiert d’examiner l’ensemble des faits permettant de déterminer quel est, en

substance, le véritable acquéreur et de comptabiliser l’opération en conséquence. Bien

souvent, l’acquéreur est l’entité la plus significative. Cependant, pour identifi er

l’acquéreur, il conviendra d’examiner plus en profondeur en vérifiant les parités

d’échange et déterminer quels sont, dans la nouvelle configuration, les poids respectifs

des anciens actionnaires des entités parties prenantes à l’opération.

b) Abandon de la ré-estimation partielle des actifs et passifs

La méthode de la ré-estimation partielle des actifs acquis et passifs pris en charge,

qui consiste à limiter la ré -estimation des éléments identifiables à la quote -part acquise

par le groupe, n’est plus possible en IFRS. Seule la méthode de ré -estimation à 100%

des actifs acquis et passifs pris en charge est admise. Cette évolution des IFRS est en

ligne avec les projets en cours portant sur la comptabilisation du « full goodwill », à

savoir la prise en compte de la part des minoritaires dans le goodwill.

c) le traitement de l’écart d’acquisition en IFRS

L’écart d’acquisition ou goodwill est constitué par les éléments incorporels non

identifiés lors de l’acquisition, autrement dit, ceux qui ne répondent pas aux critères de

reconnaissance des immobilisation s incorporels cités précédemment.

Les parts de marché et le fonds de commerce, ne remplissant pas ces critères, ne

peuvent plus être comptabilisés séparément à l’actif et devront être reclassés en

goodwill. La norme IFRS 3 a supprimé l’amortissement systématique du goodwill. Ce

dernier est désormais affecté, à la date d’acquisition, à une ou plusieurs unités

génératrices de trésorerie (UGT) et soumis annuellement au test de dépréciation

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 42

(impairment test) visant à s’assurer que sa valeur recouvrable n’est pas inférieure à sa

valeur nette comptable. Les écarts d’acquisition négatifs sont enregistrés immédiatement

en résultat.

3. Les immobilisations corporelles et la juste valeur

La comptabilisation des immob ilisations corporelles par composants est obligatoire à

depuis le 1er Janvier 2005 en application des normes IFRS dans les comptes consolidés

des filiales des groupes cotés en europe. Selon l’approche par composants, les éléments

principaux d’immobilisations corporelles devant faire l’objet de remplacement à

intervalles réguliers, ayant des utilisations différentes ou procurant des avantages

économiques à l’entreprise selon un rythme différent et nécessitant l’utilisation de taux

ou de modes d’amortissement propres, doivent être comptabilisés séparément dès

l’origine. Lors des remplacements, L’IASB prévoit qu’une dépense ne peut être inscrite

en immobilisation que si elle est génératrice de flux futurs pour l’entreprise. Dans la

même logique, si la perspecti ve de flux à venir disparaît, l’immobilisation devenue stérile

doit être retirée du bilan.

Selon l’IAS 16 : « un bien immobilier, une installation, un équipement qui sont

qualifiées pour être reconnus comme une immobilisation sont initialement évalués à leur

valeur de coût ». Dans le cas où une immobilisation est acquise par voie d’échange d’un

autre bien détenu (qui peut être en lui -même, une immobilisation ou un autre type

d’actif), la valeur de coût retenue pour l’immobilisation obtenue est celle de la valeur

vénale du bien remis. Les dépenses relatives à une immobilisation déjà existante sont

traitées en charges, sauf si elles ajoutent des avantages économiques qui reviendront à

l’entreprise. Dans ce dernier cas, leur montant est porté en majoration d’ actif.

Postérieurement à la constatation initiale à l’actif, une immobilisation corporelle peut être

comptabilisée soit au coût historique (diminué de l’amortissement et de toute

dépréciation cumulée), soit à un montant réévalué, à savoir sa juste valeur à la date de

l’évaluation. Cette juste valeur est en général la valeur de marché. Quand la valeur

comptable d’un actif est accrue à la suite d’une réévaluation, le surplus constaté à l’actif

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 43

génère une contrepartie passive qui doit être portée directemen t aux fonds propres sous

la rubrique « réserve de réévaluation ».

En cas de baisse de valeur, le régime à appliquer distingue deux situations, selon que

la réévaluation a ou non un antécédent de sens contraire. En effet, la réduction de la

valeur d’un actif suite à une réestimation doit être reconnue comme une charge.

Toutefois, une telle réduction peut être imputée directement en contrepartie d’un surplus

de réévaluation existant afférent au même actif jusqu’à concurrence du montant porté

dans le surplus de réévaluation.

Les annuités d’amortissements relatives à une immobilisation réévaluée sont

corrigées pour prendre en compte la différence entre la valeur réévaluée de l’actif et sa

valeur précédemment enregistrée au bilan. Les amortissements sont don c soit majorés

soit diminués selon le sens de variation de la juste valeur de l’actif.

En outre, les tests de dépréciation peuvent se substituer aux amortissements si

l’immobilisation n’est pas amortissable.

4. Immobilisations financières

Les immobilisations financières comprennent essentiellement :

- dans les comptes consolidés, les titres de participation relatifs à des

sociétés non consolidées ;

- dans les comptes sociaux et consolidés, les titres d’investissement

durables, les dépôts et cautionnements (qui ne nécessitent pas de

réévaluation) et les créances à long terme.

a) les titres de participation

Les normes applicables aux titres de participation sont l’IAS 27 et l’IAS 28.

Dans les comptes sociaux de la mère, les participations dans les filiales consol idées ou

exclues de la consolidation doivent être :

- soit comptabilisées en coût,

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 44

- soit comptabilisées par mise en équivalence,

- soit comptabilisées comme un actif financier disponible à la vente

conformément à l’IAS 39 : enregistrement initial au coût histo rique et

valorisation à la juste valeur ultérieurement.

Dans les comptes consolidés, n’apparaissent bien évidemment que les titres de

participation dans des entreprises demeurant hors consolidation. Il s’agit donc de filiales

trop petites pour être conso lidées ou d’entreprises dites associées ( c’est à dire celles

dans lesquelles l’investisseur n’a qu’une influence notable). Dans ce dernier cas, la

méthode retenue est la mise en équivalence. Selon cette méthode, la participation est

initialement enregistrée au coût et la valeur comptable est augmentée ou diminuée pour

comptabiliser la quote-part de l’investisseur dans les réserves et les résultats postérieurs

à la date d’acquisition de l’entreprise détenue. Les distributions reçues de l’entreprise

viennent en diminution de cette valeur comptable.

b) Les créances à long terme

Dans la norme relative à la consolidation (IAS 22), il est prévu que lors de l’entrée

d’une nouvelle filiale dans les comptes consolidés, les créances figurant dans son bilan

sont traitées aux valeurs actuelles des montants à recouvrer, déterminées aux taux

d’intérêt actuels appropriés, moins, le cas échéant, les provisions pour irrecouvrabilité et

les frais de recouvrement.

5. Traitement de l’actif circulant

a) les stocks

Concernant la valorisation des stocks, on distinguera d’une part les stocks classiquesde marchandises, de produits finis et matières premières et d’autre part, les en -cours deproduction. Pour les stocks de marchandises ou de produits finis, la norme IAS 2 stipulequ’ils sont évalués à la plus basse des deux valeurs suivantes : coût ou valeur netteréalisable (le montant censé être réalisé par leur vente ou leur utilisation). La norme IAS22 relative aux comptes consolidés prévoit aussi que les pr oduits finis et marchandises

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 45

soient évalués, dans le cadre d’une première consolidation, « au prix de vente moins lasomme :

des coûts de cession, D’une marge raisonnable de bénéfice pour rémunérer l’effort de vente de

l’acquéreur sur la base du bénéfice constaté sur des p roduits finis etmarchandises analogues ».

Les matières premières sont à évaluer « aux coûts de remplacement actualisés ». Anoter aussi que la méthode de valorisation en LIFO est interdite par les normesIAS/IFRS. Pour les en-cours, l’IAS 11 relative aux contrats à long terme (révisée en1993) prévoit l’enregistrement, au prorata de l’avancement de travaux, des dépensesengagées à la date d’arrêté des comptes (arrêts à l’avancement). Lors d’une premièreconsolidation, la valeur des travaux en cours d’un e filiale est à évaluer « aux prix devente des produits finis moins la somme :

des coûts d’achèvement, des coûts de cession et d’une marge raisonnable de bénéfice pour l’effort d’achèvement et de vente

basés sur les bénéfices pour des biens finis analogue s » (IAS 22).

b) créances à court terme

Le problème d’actualisation se pose évidemment beaucoup moins pour les

créances à court terme, puisque la brièveté de leur échéance rend faible l’incidence du

temps et des montants d’intérêts théoriques qui y sont attachés. Dans la norme IAS 22, il

est indiqué que « l’actualisation n’est pas nécessaire pour des créances à court terme,

lorsque la différence entre le montant nominal de la créance et son montant actualisé

n’est pas significative ».

c) les titres de placement

En ce qui concerne les titres de placement, une première série de dispositions

allant dans le sens de la juste valeur, avaient été prises par l’IASC avant la misse en

place de l’IAS 39. l’IAS 25, révisée en 1994, prévoyait en effet les dispositions

suivantes : Les placements classés comme actifs à court terme doivent être

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 46

comptabilisés au bilan soit à la valeur de marché, soit à la valeur la plus faible des deux

montants suivants : coût d’acquisition et valeur de marché.

Par ailleurs, la norme IAS 22 relative à la consolidation prévoit à propos de l’évaluation

des actifs à consolider pour la première fois après une acquisition de société, le dispositif

suivant d’évaluation à la juste valeur pour les titres :

titres négociables à la valeur de mar ché,

titres non négociables à des valeurs estimées qui prennent en compte des

caractéristiques telles que le ratio cours/bénéfice, les rendements sur

dividendes et les taux de croissance attendus de titres comparables des

entreprises ayant des caractéristi ques analogues.

La question de juste valeur est surtout posée et traitée au niveau des postes de l’actif.

Cependant, elle se présente également au niveau du passif. Il est bien certain par

exemple, que sur le plan économique, une dette à très long terme et à taux fixe peu

élevé représente une charge différente d’une dette à plus court terme et à taux d’intérêt

plus fort. On examinera donc également, dans la suite de ce travail, le traitement du

passif dans le cadre de la notion de juste valeur en normes i nternationales.

II. Le passif et la juste valeur

1. Les capitaux propres

La juste valeur a un impact sur les capitaux propres à différents niveaux. Cetteincidence concerne notamment les imputations sur réserves dues aux variations d’actifsévoquées précédemment et, dans un domaine assez différent, les processusd’augmentation de capital, notamment par le biais de la mise en place de l’actionnariatdes salariés (stock-options).

a) imputation de la contrepartie des réévaluations sur les réserves

Comme on le constate lors de revalorisations dans les différentes rubriques du bilan,la réévaluation a presque toujours une incidence sur les fonds propres, soit parimputation directe sur ceux-ci, soit par l’intermédiaire du compte de résultat auquel l’écart

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 47

de réévaluation est d’abord affecté, en produit ou en charge. En effet, dans ce derniercas, la variation de résultat (consécutive à cette entrée d’un écart d’évaluation dans sonmontant) parvient ensuite sur le chiffre des fonds propres avant distribution du fait del’inclusion des résultats de l’année dans ces fonds propres. Elle y demeure aprèsl’affectation des résultats, hormis la part éventuelle qu’elle peut également comporterdans la distribution de dividendes.

b) Juste valeur et augmentation de capital

Les droits offerts aux salariés au titre des stocks -options ou des options d’achat dans lecadre des plans d’épargne se présentent sous deux formes principales :

droit pour les salariés de souscrire à tout moment des actions de leur

entreprise, à un cours fixé au-dessous du cours de bourse,

droit pour ces mêmes salariés de souscrire pendant une période donnée à

un cours fixé à l’avance (cours du jour où le plan d’options est accordé ou

autre prix fixe).

L’attribution de stock-options et autres possibil ités de souscription entraîne toujoursun avantage potentiel aux futurs nouveaux actionnaires dont il faudrait éventuellementtenir compte. En effet, le prix de souscription proposé est attrayant et, en généralinférieur au cours de bourse supposé à la clô ture du plan d’options.

Il en résulte que l’on peut essayer de déterminer une juste valeur des options, parcomparaison avec le cours de bourse. Les normes IFRS prévoient l’inscription en chargede la différence entre le prix de souscription consenti et le cours boursier. Cette chargeest étalée sur une base linéaire s’étendant sur la période affectée au plan desouscription.

2. L’évaluation des provisions

La norme IAS 37 prévoit notamment le point suivant : le fait générateur d’uneprovision résulte de l ’existence d’une obligation actuelle à la date d’établissement descomptes. Si l’obligation en cause n’est que possible et non certaine ou si même, bienqu’effective, elle est difficile à estimer, seule une note explicative accompagnant lescomptes est à établir.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 48

L’IAS 37 stipule : « quand l’effet de la valeur monétaire du temps est significatif, lemontant d’une provision doit être la valeur actualisée des dépenses attendues requisespour couvrir l’obligation … Les provisions doivent être revues à chaque bilan et ajustéespour refléter la meilleure estimation du moment ». Le taux d’actualisation doit être untaux avant impôt qui reflète les estimations de marché en cours sur la valeur temporellede la monnaie et les risques spécifiques du passif en cause.

Concernant, plus particulièrement, les provisions pour retraites , les avantagesconsentis aux salariés en prévision de leurs futurs départs en retraites sont de deuxnatures. On distingue :

- les régimes à cotisations définies (pratiqués également en Fran ce, dans le cadredes retraites par préparation). Pour ces régimes, les charges correspondent auxcotisations versées,

- les régimes à prestations définies (pays anglo-saxons et indemnité de départ enretraite en France). Pour ces régimes, les provisions à c onstituer sont définiesselon des méthodes basées sur les valeurs actuarielles des versements futursaux retraités. Il faut en effet à la fois tenir compte de facteurs statistiquesprévisionnels (espérance de vie, durée de présence du salarié dans l’entrep rise)et de facteurs financiers prévisionnels (taux d’actualisation, taux de rendementdes fonds de retraite). L’entreprise fait apparaître dans son bilan une provisionégale au solde de ses engagements futurs minoré des actifs destinés à lescouvrir.

3. Le traitement des dettes en juste valeur

a) Les dettes à long terme

Lorsque les taux d’intérêt augmentent, la valeur de marché de la dette va baisser. Or,

pour apprécier la structure financière de l’entreprise, il est préférable de raisonner en

valeur de marché. Aussi, dans le cas d’une filiale nouvelle à consolider, les engagements

sont à évaluer à leur juste valeur. Deux cas de figure peuvent se présenter :

soit la dette est cotée (emprunts obligataires), on prend la valeur de marché de

l’obligation à la fin de l’année.

Soit la dette n’est pas cotée, dans ce cas -là, il va falloir valoriser la dette en

actualisant les intérêts et le capital à verser au taux auquel l’entreprise peut

s’endetter aujourd’hui. On considère donc que la dette qui figure au bilan est

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 49

une dette in fine et on utilise la maturité moyenne pour actualiser les flux de la

dette.

b) Les dettes à court terme

De façon générale, la juste valeur des dettes contractées à court terme est

considérée comme étant à leur valeur nominale. En effet, la brièveté de l’échéance de

remboursement élimine la question d’une actualisation éventuelle : l’incidence des écarts

entre les taux d’intérêt de la dette et ceux du marché est évidemment faible, puisque ces

taux sont presque contemporains.

III. Les engagements hors bilan, les impôts différés et les écarts de conversion

1. Le crédit-bail

Il existe différentes formules de crédit -bail (ou location - financement). Selon l’IAS 17

relative aux locations : « un contrat de location - financement est un contrat ayant pou r

effet de transférer substantiellement au preneur (c’est -à-dire au locataire), les avantages

et les risques inhérents à la propriété d’un bien, que la propriété soit ou non, finalement

transférée» , s’il n’y pas de transfert substantiel de ces avantages e t risques, on reste

dans la location simple (location exploitation ou operating lease). Concrètement, l’IAS 17

définit huit critères non cumulatifs (il suffit de remplir un seul d’entre eux) auxquels doit

satisfaire un contrat pour qu’il soit cl assé en location – financement (cf. annexe)

N.B : selon les règles IFRS, les contrats de location – financement qui portent sur desterrains sont assimilés à des contrats de location simples si la propriété des terrains n’estpas transférée au preneur à la fin des c ontrats.

Conformément au référentiel IFRS, seules les immobilisations louées en location –financement sont intégrées dans l’actif du bilan du locataire avec inscription en detted’une valeur équivalente. La valeur à inscrire est égale :

- soit à la valeur vénale du bien loué, après déduction des subventions et desavantages fiscaux,

- soit à la valeur actualisée des paiements minimaux exigibles en vertu dubail, si cette valeur est inférieure à la valeur vénale.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 50

2. Les instruments financiers dérivés

Les dérivés financiers sont régis par la norme IAS 39. Selon cette norme, tous les

instruments financiers dérivés, qui étaient considérés en « hors bilan » dans le cadre de

la comptabilité au coût historique, doivent être inscrits au bilan à leurs justes valeurs . Ils

peuvent revêtir des formes multiples et la diversité de ces formes ne cesse d’accroître à

l’échelon international avec le développement des marchés financiers. Parmi les

instruments financiers dérivés les plus utilisés, on peut citer les contrats à t erme

(forward), les futures, les swaps (de devises ou de taux d’intérêt) et les options. Ces

instruments ont pour objectif de couvrir leurs détenteurs contre les risques de devises,

de taux d’intérêt, de crédit, etc.

On distingue trois modes de couverture :

couverture de juste valeur : pour couvrir une exposition à des changements dans la

juste valeur d’un actif ou d’une dette enregistrée au bilan,

couverture de flux : une couverture d’exposition à la variabilité dans les flux qui est

attribuable à des risques particuliers associés avec un actif ou une dette

enregistrés (tels que tout ou partie de paiement d’intérêts à venir sur un taux variable)

ou sur une transaction prévisionnelle (telle qu’un achat ou une vente envisagés),

couverture d’un investissement étranger, dans des filiales dont la monnaie de

fonctionnement est différente de la monnaie de consolidation.

La norme IAS 39 répartit les instruments financiers en :

- instruments évalués à la juste valeur par résultat, qui sont des instrumentsdétenus pour motif de spéculation en vue de réaliser des profits à courtterme grâce à des fluctuations de marché ou à la réalisation d’une margesur l’opération ainsi que les instruments destinés à couvrir des élémentsfigurant déjà au bilan.

- Les instruments évalués à la juste valeur par capitaux propres, qui sont desinstruments destinés à couvrir des flux de trésorerie futurs.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 51

L’évaluation de ces instruments dérivés se fait à la juste valeur c’est à dire par

référence à un marché actif ou, à défaut, par un modèle d’évaluation comme

l’actualisation des cash-flows Black & Scholes.

3. Les impôts différés

Même si, en termes de calcul de l’impôt, l’administration fiscale se base sur les

comptes sociaux, la notion d’impôt différé permet de concilier la juste valeu r et la

fiscalité. A cet égard, certaines différences existen t entre le référentiel marocain et les

normes IFRS. La plus significa tive est que le CGNC interdi t la constatation d’impôt

différé passif sur des actifs incorporels non amortissables ne pouvant être cédés

séparément de l’entreprise. Il s’agit essentiellement des marques et parts de marché.

Par contre, l’IAS 12 ne prévoit aucune restriction sur la constatation des impôts différés,

qui sont calculés sur tous les écarts d’évaluation positifs.

4. Les écarts de conversion

La norme IAS 21 ne fait pas de distinction entre les différences de change

réalisées et les écarts de conversion : ces différences et écarts sont inscrits en résultat,

qu’il s’agisse de pertes ou de gains.

La révision de la norme IAS 21 supprime la possibilité de convertir les écarts

d’acquisition liés à des filiales étrangères selon la méthode du cours historique. La seule

méthode autorisée est la méthode du cours de clôture.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 52

SYNTHESE de la Partie 2

Tels sont donc les pr incipaux changements apportés par la notion de juste valeur

et qui vont affecter le bilan de l’entreprise. En effet, les normes IFRS, avec leur logique

tournée vers l’investisseur, préoccupé es avant tout par le patrimoine de l’entreprise,

privilégient le bilan par rapport au compte de résultat.

Nous venons d’examiner dans cette deuxième partie que la notion de juste valeur

est apparue pour remédier aux défauts du coût historique et donner une valeur plus

économique à l’entité. Mais nous avons également rem arqué que sa mise en œuvre

repose sur des techniques très fragiles en termes de fiabilité et surtout, sur des

techniques qui modifient la comptabilité actuelle dans ses principes, dans sa fonction

première et dans sa réalisation . Il est donc certain que la généralisation de la juste valeur

affecte les métiers qui établissent cette comptabilité ; mais ceux qui la vérifient et la

certifient, les auditeurs financiers, sont -ils affectés dans leur mission ?

.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 53

Troisième Partie :

Impact de la juste valeursur l’audit financier

- La méthodologie de l’audit financier…

- … est- elle impactée par la juste valeur ?

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 54

Section 1 : La méthodologie de l’audit financier…

La notion d’« audit » connaît depuis quelques an nées une ferveur croissante et le

terme s’est progressivement vu appliqué à toute une série de domaines. Outre l’audit

financier, on parle ainsi d’audit marketing, d’audit d’environnement ou d’audit social.

Le point commun à toutes ces approches est la vér ification du respect de normes ou

de critères définis dont une démarche critique d’évaluation doit s’assurer de la

correcte mise en œuvre. Cependant, les approches sur lesquelles se basent les divers

types d’audits apparaissent comme suffisamment différent es pour refuser toute

assimilation trop étroite entre eux. Ainsi, l’audit financier – qui est le domaine dans

lequel le terme d’audit a été utilisé à l’origine – est le résultat d’une évolution

historique qui a entraîné l’émergence d’une activité bien défi nie se distinguant d’autres

activités voisines.

Dans cette première partie, il s’agira pour nous de définir les termes d’auditfinancier et de méthodologie. En partant de la compréhension du rôle de l’auditet de sa démarche lors d’une mission, nous pourr ons discuter dans unedeuxième partie de l’effet de la juste valeur sur cette démarche.

I. Le rôle de l’audit

1. Définitions, caractéristiques et enjeux de l’audit

"L’audit financier est l'examen auquel procède un professionnel compétent etindépendant en vue d'exprimer une opinion motivé sur la fidélité avec laquelle lescomptes annuels d'une entité traduisent sa situation à la date de clôture et ses résultatspour l'exercice considéré, en tenant compte du droit et des usages du pays oùl'entreprise a son siège" (d’après l’Union européenne des experts comptables ). Ainsi, lamission d'audit conduit à exprimer une opinion sur les comptes conformément auréférentiel comptable utilisé : les comptes devant exprimer sincèrement, dans tous leursaspects significatifs, la situation financière de l'entité et les résultats de ses opérations .

L’auditeur vise donc à exprimer une opinion sur la qualité des principales

informations financières fournies. Cette qualité s'apprécie par rapport à des critères

précis. En matière d'information financière, les critères retenus, auxquels il est fait

référence dans les rapports d'expression d'opinion des auditeurs, sont la régularité et la

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 55

sincérité d'où découle la notion d’image fidèle donnée. Ces notions méritent d'être

précisées car elles constituent le point de mire de toute mission d’audit comptable et

financier :

La régularitéLa régularité correspond à la conformité des comptes aux règles comptables et

lois en vigueur par rapport auxquelles elle s'apprécie. Le contrôle de la régularité

suppose l'existence d'un référentiel comptable prédéfini qui, au Maroc, se compose

des 7 principes comptables que les entreprises doivent observer, du plan comptable

général et d'un modèle de présentation des états financiers qui, sous réserve

d'aménagements particuliers à certains secteurs d'activité notamment le secteur

bancaire, doivent être respectés par l'ensemble des entreprises marocaines.

La sincérité Elle vise le respect du principe de bonne foi dans la réalisation de leurs travaux

et leur abstention à commettre des fraudes ou des erreurs délibérées.

L’image fidèle Au-delà du respect des règles admises et de la bonne foi des salariés, les faits

traduits au travers de l'information financière doivent refléter fidèlement la situat ion

financière. L'image fidèle est une notion délicate à définir du fait que l'information au

titre de laquelle le commissaire aux comptes doit exprimer son opinion comprend non

seulement des informations quantitatives, mais aussi de nombreuses appréciatio ns

qualitatives matérialisées notamment dans le rapport de gestion soumis par les

administrateurs à l'assemblée générale des actionnaires.

La mise en œuvre de la mission repose sur l'appréciation des risques de nature à

engendrer des anomalies significati ves pouvant altérer l'appréciation du résultat, de la

situation financière ou de la présentation des états de synthèse. Ces risques sont

associés:

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 56

- aux décisions prises par les dirigeants et à la traduction chiffrée des événements

passés et futurs,

- aux limites intrinsèques du contrôle interne,

- à la situation de l'entreprise .

La démarche de l'auditeur emporte la mise en œuvre de diligences jugées nécessairesdans le cadre d'une obligation de moyens et non de résultat .

2. Les normes et objectifs d’une mission d’audit

Trois types de normes viennent régir l’activité d’audit pour en assurer l’efficacité :

Les normes générales qui sont des principes de comportement du professionnel àl’égard de la mission dont il a la charge, à savoir :

Indépendance. Compétence. Qualité de travail. Secret professionnel et devoir de discrétion .

L’auditeur est un professionnel compétent qui possède une connaissance suffisante

des activités et des informations qui font l’objet de son examen. Par ailleurs, il maîtrise les

méthodes techniques de l’audit. Les principes évoqués visent à assurer la neutralité

indispensable à l’émission d’une opinion objective quant à la sincérité et la régularité des

comptes de l’entreprise. Dans cette optique, l’auditeur ne peut en aucun c as s’immiscer ni

dans la gestion ni dans le traitement des opérations de la société pour éviter d’être à la fois

juge et partie. Il faut également noter que l’opinion qu’il formule l’engage de façon

personnelle.

Les normes de travail qui précisent la démarche d’audit et les diligences à mettreen œuvre :

Prise de connaissance de l’entreprise. Programmation des travaux. Lettre de mission. Organisation de la régularité en la forme. Contrôle de la comptabilité. Arrêté des comptes annuels. Utilisation des travaux d’autres professionnels. Documentation des travaux.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 57

Les normes des rapports qui standardisent la formulation de l’opinion.

Afin d’atteindre son objectif final l’auditeur doit s’assurer, pendant la durée de lamission, que les éléments audités respectent certains critères fondamentaux:

Exhaustivité : toutes les opérations réalisées par l’entreprise sont reflétées dans lescomptes annuels

Existence : expression d’une réalité physique (éléments matériels) ou traductiond’opérations réelles

Propriété : tous les actifs figurant au bilan de l’entreprise lui appartiennent Evaluation : toutes les opérations comptabilisées sont évaluées conformément aux

principes comptables généralement admis, appliqués de façon constante d’unexercice à un autre

Comptabilisation : les opérations doivent être correctement comptabilisées etcentralisées

Lorsqu’il émet une opinion finale sur les comptes annuels, l’auditeur court le risque

que l’un des critères précédemment définis ne soit pas observé et qu’il en résul te une

erreur significative non décelée .

3. Aperçu sur le secteur marocain

Au Maroc, il est important de rappeler que l'introduction de cette fonction dans

l'entreprise marocaine, même si elle est récente, n'est plus un effet de mode mais une

nécessité qui s'est imposée. En effet, dans le contexte de crise économique internationale

marquée par la rareté des ressources et des débouchés, le Maroc s'est vu obligé

d'appliquer depuis le début des années 80 la politique d'ajustement structurel (P.A.S).

Cette politique a introduit un certain nombre de réformes qui ont touché l'environnement

économique de l'entreprise marocaine. Les réformes fiscales, comptables, bancaires,

boursières, du commerce extérieur…etc., ont été conçues pour pousser l'entreprise

marocaine à s'ouvrir sur les marchés extérieurs.

Ainsi, l'entreprise marocaine s'est vue progressivement obligée de tenir compte d'une

réalité : une concurrence internationale de plus en plus vive, des marchés de plus en

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 58

plus agressifs…etc. Désormais, sa survie passe inéluctablement par une gestion plus

formelle, plus rigoureuse et plus méthodique. Cette gestion implique un recours de plus

en plus important vers les services d'auditeurs soit internes soit externes. Aujourd'hui, il

est confirmé que l'audit est un système moderne de gestion de l'entreprise, orienté vers

l'amélioration des performances de celle -ci. C'est la raison pour laquelle les entreprises

marocaines font appel aux services d'auditeurs, et ce quelle que soit la nature de leurs

activités.

II. La démarche d’audit

Encadrée par les normes citées précédemment, la démarche de l’audit financier est

toujours construite en respectant les mêmes étapes distinctes : la phase d’étude de

l’entreprise avec la collecte des informations comptables, financières et celles

concernant le management de l’entreprise ; la phase de vérification des informations

communiquées ; puis viennent les conclusions avec la rédaction du rapport d’audit.

1. La planification

Cette première étape est capitale dans la mesure où elle va orienter la mission

d’audit. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une phase préparatoire aux travaux d’audit

qui permet à l’auditeur de se rapprocher du client, de son environnement ainsi que de

son secteur d’activité dans le but de collecter toute l’infor mation nécessaire à la prise de

connaissance.

Ces travaux sont importants lors de la première année mais se résument à des mises

à jours par la suite. Les informations peuv ent être collectées grâce à des recherches de

1. Prise deconnaissance de

l’entreprise

Comprendre l’entité Activité secteur, environnement Organisation et structure Politiques générales

Evaluer l’environnement de contrôle Identifier les risques au niveau des états financiers Identifier les comptes signifi catifs

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 59

documentations externes et in ternes (base de données, organismes professionnels,

presse…), des entretiens avec les principaux responsables, l’examen des documents

juridiques, etc. …

2. Evaluation du contrôle interne

Selon l’ordre des experts comptables et comptables agrées d e France : « Le contrôleinterne est l’ensemble des sécurités contribuant à la maîtrise de l’entreprise. Il a pour butd’assurer la protection, la sauvegarde du patrimoine et la qualité de l’information d’unepart et d’autre part, l’application des instruc tions de la direction et de favoriserl’amélioration des performances. Il se manifeste par l’organisation, les méthodes etprocédures de chacune des activités de l’entreprise pour maintenir la pérennité de celle -ci ».

Les objectifs du contrôle interne son t donc les suivants :

La sécurité des actifs : un bon système de contrôle interne doit viser à sauvegarder et

à préserver le patrimoine de l’entreprise (actifs immobilisés, stocks, hommes de

l’entreprise, l’image de marque, la technologie et les informati ons confidentielles).

La qualité des informations : les informations doivent être fiables, vérifiables,

exhaustives, pertinentes et disponibles pour pouvoir donner une image fidèle du résultat

de l’exercice, de la situation financière et du patrimoine de l’entreprise.

le respect des directives : le respect des politiques, plans, procédures, lois et

réglementations.

optimisation des ressources : par une utilisation économique et efficace

2. Définition de lastratégie d’audit

DEFINIR LES OBJECTIFS D’AUDIT

Seuil de signification Déterminer l’approche d’audit Calendrier et équipe d’audit, y compris

les spécialistes KPMG Implication d’autres intervenants

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 60

Première phase de l’audit de terrain après la planification, l'éval uation du contrôle

interne de la société contrôlée a pour objectif d'identifier les risques liés à son

fonctionnement et d'adapter les travaux d'audit en conséquence. Elle repose sur

l'évaluation des procédures de l’entreprise (diagramme de circulation des documents,

utilisation de documents normalisés, instauration de systèmes de contrôle). Elle vérifie

en particulier la séparation des tâches entre les personnes chargées des fonctions

opérationnelles, de la détention des biens, de l'enregistrement comptabl e et du

contrôle.

3. L’examen des comptes

L’évaluation du système interne de contrôle apporte une présomption sur la qualité des

documents financiers mais elle ne la prouve pas. Aussi, c’est l’examen des comptes qui

permet un jugement définitif sur la qual ité des écritures comptables . L’examen des comptes

est l’étape qui permet de confirmer le ou les jugements sur toutes les opérations de clôture de

l’exercice comptable.

Les étapes d’un programme de travail d’audit consistent en la réalisation successive de

procédures destinées à recueillir des éléments de preuve. Cette collecte de preuves est

effectuée par les auditeurs de terrain ou – de plus en plus pour certaines catégories de

preuves – par des logiciels d’audit informatique qui recherchent l’informati on directement dans

les systèmes des clients. En fait, la recherche de preuves fait appel à un certains nombres de

techniques dont les plus utilisées sont ceux détaillées ci -dessous. Aucune preuve n'étant

irréfutable a priori, c'est leur combinaison et leu r recoupement qui va produire une démarche

d'audit de qualité.

a) L’examen analytique

L’examen analytique peut être défini comme étant un ensemble de techniques consistant à:

Faire des comparaisons entre des données résultant des comptes annuels et des

données antérieures, postérieures et prévisionnelles de l'entreprise ou d'entreprises

similaires et établir des relations entre elles

Analyser les fluctuations et les tendances

Etudier et analyser les éléments inhabituels résultant de ces comparaisons.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 61

b) L’observation physique

L’inspection consiste en l’examen des livres comptables, de documents (créés par les

tiers ou par l'entité), ou d’actifs physiques. L’observation physique quant à elle consiste en

l’examen des procédures et de leur mise en œuvre. C’est n otamment l’un des moyens

utilisés pour s’assurer de l’existence d’un actif. Les principaux domaines d’application sont les

stocks, les immobilisations corporelles, les effets et les espèces en caisse.

c) Confirmation directe ou circularisation

Cet outil permet d’obtenir directement auprès des tiers en relation avec l’entité contrôlée

des informations sur les opérations effectuées avec elle. Le niveau de preuve ainsi traité peut

être considéré comme fiable, l’information obtenue permettant de vérifier la réa lité et

l’exhaustivité des opérations

4. Les travaux de fin de mission

La synthèse des travaux menés par l'auditeur est une phas e majeure de fin de mission.

Elle vise à s'assurer que le plan de mission a été mené à terme et à ce titre, est de la seule

compétence du signataire. Les différentes étapes sont les suivantes :

1.Mettre enœuvre les

procédures desynthèse

Revue générale des états financiers, ycompris :

Revue analytique finale Autres informations intéressantes

Procédures finales concernant les thèmesspécifiques, y compris la fraude

Affirmation de la direction

2.Effectuer uneévaluationd’ensemble

Objectifs d’audit associés à des risquessignificatifs

Résultats et problèmes importants Réviser le seuil de signification Modifier la stratégie d’audit et les

procédures prévues Défaillances significatives majeures dans

les contrôles Questions d’indépendance et d’éthique

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 62

Le rapport de l'auditeur doit exprimer son opinion sur les états financiers pris dans leur

ensemble sur la base des conclusions tirées des éléments proba nts collectés au cours de la

mission. Il récapitule ainsi la démarche d'audit et les te rmes justifiant l'opinion émise.

L'auditeur peut être conduit en fin de mission à procéder à des communications (oraleou écrite) à l'attention des différents interloc uteurs identifiés dans l'entité (ce peut être : ladirection, le gouvernement d'entreprise, le comité d'audit). Ces communications prennent laforme de : lettre de mission, à l'origine de la mission lettre de recommandations (portant sur les procédures de collecte et de traitementde l'information, la présentation des comptes, le contrôle interne, les conditions d'audit) lettre sur les conclusions de la mission d'audit, les irrégularités et inexactitudesdécouvertes

Expression de l'opinionL'opinion s'exprime sous la forme :

D'une certification pure et simple, D'une certification avec réserve (pour raison de désaccord ou de

limitation), D'un refus de certifier (pour raison de désaccord important, de

restrictions à l'étendue des travaux ou d'incertitudes multiples).

3.Exprimer uneopinion d’audit

Evaluation générale du caractèresuffisant des preuves d’auditobtenues

Emission du rapport d’audit

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 63

SYNTHESE de la section 1

L’audit consiste en un passage en revue critique, et non une simple notation, qui seréfère à des normes qui constituent un cadre de référence objectif . La méthodologiede l’audit financier est toujours articulée de la même manière autour de ces troisprincipales étapes : compréhension, vérification et rapport d’audit .

Prise de connaissance de l’entreprise

Définition de la stratégie d’audit

Définition de l’approche audit

PLANNING1

Comprendre le système comptable et lesactivités de reportingÉvaluer la conception ET l’application descontrôlesTester leur efficacité opérationnelleEvaluer le risque de contrôle puis RoSM

Évaluation ducontrôleinterne

2

Planifier les procédures substantives

Les mettre en application

Examiner si les preuves d’audit sontsuffisantes et appropriées

Examen descomptes3

Mettre en œuvre les procédures desynthèse

Effectuer une évaluation d’ensemble

EXPRIMER UNE OPINION D’AUDIT

Travaux desynthèse

4

Après vérification du respect des normes comptables, l’audit financier fait sesconclusions et donne des conseils à l’entreprise , conseils qui sont directementfonction des normes servant de référence . Ainsi, s’il y a changement de normes,avec changement de méthodes comptables, il y a forcément modification du travail defond de l’auditeur. Mais y a-t-il pour autant changement de la forme de son travail,c’est-à-dire changement de sa méthodologie

Dans la deuxième et ultime section, nous examinerons en quoi l’application du

principe de juste valeur impacte la méthodologie de l’auditeur.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 64

Section 2 : …est-elle impactée par la juste valeur

Avec l’application des nouvelles normes comptables internationales, les principes

comptables se modifient, avec une préférence pour la juste valeur face au coût

historique ainsi que pour l’image fidèle fac e au principe de prudence. A quel niveau et

à quel point le travail de l’audit financier en est -il affecté ?

1. Une évolution des normes d’audit

L’arrivée du principe de juste valeur, comme valorisation principale des éléments

du bilan, est venue bouleverser la comptabilité, si bien que la profession d’audit, qui

est en charge de la surveiller, a été obligée d’insérer une nouvelle norme d’audit dans

son référentiel, qui ne traite que de la façon d’aborder un élément évalué à la juste

valeur. Dans cette optique, il est possible de citer l’initiative de l'International Auditing

and Assurance Standards Board (IAASB) de l'International Federation of Accountants

(IFAC), organisme international qui régie la profession d’audit et qui a publié une

nouvelle International Standards on Auditing (ISA 545) intitulée « Auditing Fair Value

Measurements and Disclosures ».

Cette nouvelle norme internationale d’audit précise les éléments à prendre en

considération lors d'une mission d'audit quant à l'évaluation, la prés entation et aux

informations à fournir au sujet des actifs et passifs présentés ou communiqués en

juste valeur dans les états financiers. Elle propose une méthode à adopter lors de

l’audit d’éléments en juste valeur. Ainsi, il faut tout mettre en œuvre pour assurer :

La compréhension de la manière dont l'entité détermine l'évaluation et les

informations en juste valeur, ainsi que les procédures de contrôle pertinentes ;

L'appréciation du caractère approprié des évaluations et des informations en

juste valeur

L'utilisation du travail d'un spécialiste ;

Les tests portant sur les évaluations et les informations en juste valeur de l'entité

L'évaluation des résultats de la mise en œuvre des procédés d'audit ;

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 65

Le processus adopté par la direction aux fins d e la détermination de la juste

valeur et les déclarations faites par celle -ci ;

La communication avec les responsables de la gouvernance. »

En outre, pour que le modèle de juste valeur soit fiable, les auditeurs doivent

obtenir les éléments indiquant que les évaluations et les informations en juste valeur

sont conformes et bien représentatif de la réalité économique, compte tenu du fait que

la valorisation à la juste valeur peut être traitée de différentes manières selon

différents cadres de présentation de l'information financière, selon différents modèles,

choisis par l’entité elle-même.

2. Un changement au niveau des éléments soumis au contrôle

La modification des principes comptables entraîne inéluctablement une

modification des écritures comptables en registrées. Il y a donc a fortiori des

modifications qui s’opéreau niveau de la façon de procéder, des techniques

employées, pour le contrôle de ces écritures. En effet, la phase de vérification des

comptes dans la méthodologie de l’audit financier, et plu s précisément la vérification

de la valeur des actifs enregistrés, est profondément modifiée et compliquée par

l’application de la juste valeur.

Avec la méthode du coût historique, il était plus facile pour l’auditeur de vérifier la valeur

des actifs inscrite au bilan ; même une entreprise malhonnête aurait des difficultés à tromper

l’auditeur en comptabilisant une autre valeur que le coût d’acquisition, plus avantageuse pour

la valeur de son patrimoine. En effet, comme il a été exposé en deuxième partie, le coût

historique implique l’inscription au coût d’acquisition de l’actif (coût d’achat ou de fabrication).

Or ce coût est facilement calculable : avec les postes de charges qui ont contribué à la

fabrication du bien, ou bien avec les factures de l’achat lorsqu’il s’agit d’une acquisition

auprès d’un fournisseur.

Contrairement au coût historique, la juste valeur est le fruit d’un calcul financier très précis

qui fait intervenir différents paramètres qu’il reste à déterminer de façon extrêmement

rigoureuse.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 66

L’auditeur doit alors contrôler :

- Si le prix de marché utilisé pour valoriser l’actif est pertinent et provient d’un

marché efficient, dans le cas d’une valorisation au Market -to-Market.

- Si le modèle d’évaluation, la suite de cash -flows ainsi que le taux

d’actualisation choisi sont fiables, dans le cas d’une valorisation de type

Market-to-Model.

Étant donnée que les éléments à vérifier ave c la juste valeur sont plutôt de l’ ordre du

choix financier que d’une application d’une règle comptable, l’or ganisation internationale

représentant la profession d’audit a établi des règles afin de réglementer le contrôle de la

juste valeur pour limiter au maximum son caractère subjectif.

3. Plus de subjectivité

L’une des plus grandes qualités exigée chez u n auditeur est la rigueur. Cependant, le

principe de juste valeur laisse une plus grande place à l'interprétation par les dirigeants

ou les auditeurs dans l'évaluation. A titre d’exemple, en considérant le coût historique, le

prix d’acquisition de l ’actif était utilisé, ce qui revient à considérer une transaction qui

laissant des traces et pouvant être retracée , et par conséquence une valeur fiable et

objective.

Par opposition au prix de revient, la juste valeur fait intervenir la notion de valeur

d’utilité qui est complètement indépendante d’une transaction et représente ce que

l’élément rapporte à son propriétaire.

Cette valeur est plus subjective car des anticipations de cash -flows vont jouer et la valeur

dépendra du moment de l’évaluation.

La comptabilité à la juste valeur implique une comptabilité subjective et volatile,ce qui est assez contradictoire avec les fondements de l’audit .

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 67

4. Mais une méthodologie globale intacte

On voit bien que la valorisation à la juste valeur a modifié les techniques de l’audit

financier mais uniquement par rapport aux éléments du haut de bilan d’une entreprise.

Les éléments à vérifier ne sont plus les mêmes, les principes à respecter sont

également différents.

Cependant, l’audit financier ne consiste pas qu’en la cert ification des valeurs des

actifs immobilisés. Il y a beaucoup d’autres postes du bilan ou du compte de résultat

et d’autres règles comptables à faire respecter (en ce qui concerne les stocks par

exemple ou les dotations aux provisions pour dépréciation…). Si la méthodologie de

l’audit financier est prise dans son ensemble avec ces principales phases

incontournables que sont la compréhension, la vérification et la conclusion, il apparaît

que cette approche est toujours d’actualité. Le rôle de l’auditeur sera toujours de

certifier les états financiers et sa méthode pour y parvenir sera toujours la même.

L’introduction de la juste valeur est assurément un changement un changement

majeur. L’audit financier doit faire respecter des règles selon une méthodologie

précise par souci de rigueur ; même si ces règles changent, l’audit financier

continuera sa mission selon la même organisation.

Nous n’assistons pas à un changement de méthodologie mais à unélargissement des compétences de la profession pour s’adapter à une évolutionqui semblait inévitable face à la mondialisation.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 68

CONCLUSION

L’introduction des normes IFRS est beaucoup plus qu’un changement de référentiel

comptable. Certes, l’adoption de ces règles représente bel et bien un défi techniq ue

majeur qui peut nous inciter à considérer ce nouveau référentiel comme une affaire

exclusivement réservée à des experts : les normes introduisent en effet des concepts

nouveaux, énoncent des principes généraux qui se prêtent à interprétations et non des

règles précises, se distinguent souvent par leur complexité et leur manque d’exemples

concrets si bien que le recours à des spécialistes semble parfois inévitable. Cependant,

les IFRS constitue un référentiel de qualité dont l’apport est assurément proban t au

niveau de la communication et l’information financière. Le principal effet novateur de

ces normes est constitué par un recours accru à la « juste valeur » dans l'évaluation de

nombreux actifs et passifs de l'entreprise, en ce sens que ces éléments se ront évalués

à leur valeur de marché. Le bilan reflétera donc davantage la véritable valeur de

l'entreprise, puisque les normes IFRS sont essentiellement destinées aux investisseurs.

L’enjeu social d’un tel référentiel est incontestable dans la mesure où l es réformes qu’il

introduit permettent :

DD’’aapppprréécciieerr llaa mmeessuurree ddee llaa ppeerrffoorrmmaannccee ééccoonnoommiiqquuee eett llaa ssttrraattééggiiee mmeennééee ppaarr

sseecctteeuurr,, ffiilliiaallee,, zzoonnee…….. LLaa rreennttaabbiilliittéé ooppéérraattiioonnnneellllee ppaarr ffiilliiaallee,, llee rreettoouurr ssuurr

iinnvveessttiisssseemmeenntt ppaarr pprroojjeett eettcc.. ppeeuuvveenntt aaiisséémmeenntt êêttrree ccaallccuullééss..

DDee ddiissppoosseerr dd’’uunnee iinnffoorrmmaattiioonn ffiinnaanncciièèrree rriicchhee,, pprréécciissee eett rréégguulliièèrree ppeerrmmeettttaanntt llaa

ccoommppaarraaiissoonn ddeess eennttrreepprriisseess ddaannss llee tteemmppss

La démarche d’audit procède d’une méthodologie rigoureuse dont le respect

conditionne le succès de la mission. La logique adoptée consistant en la collecte

d’informations en vue d’apprécier les zones de risque sur lesquelles concentrer ses

travaux lors de l’examen des comptes permet à l’auditeur de donner une opinion qui

reflète de manière objective et pertinente la situatio n réelle des états de synthèse.

L’audit financier a donc pour mission de faire respecter des normes comptables qui lui

servent de base de travail. Si ces normes sont modifiées, son travail en est forcément

transformé dans la pratique, car l’objet de son travail n’est plus le même. Il faut

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 69

nécessairement qu’il réapprenne de nouvelles méthodes de contrôle de fiabilité des

informations publiées par les entreprises. Il en est ainsi avec la généralisation de la

valorisation à la juste valeur.

Cependant si on se borne uniquement à ce qu’on appelle la méthodologie de l’audit

financier, c’est-à-dire l’organisation de son travail, sa structure, on observe que la ligne

conductrice composée d’une succession d’étapes à effectuer subsiste encore. En effet,

il s’agit pour l’auditeur de prendre connaissance des informations à traiter, de vérifier

ces informations en appliquant les règles en vigueur, puis de conclure et conseiller.

Dans la forme, cette méthodologie reste inchangée avec l’application de la juste valeur.

Toutes ces étapes sont toujours effectuées dans le même or dre, seule technique

évolue. Tout métier est contraint d’évoluer avec le progrès, mais il n’est pas pour autant

différent. L’objectif de l’audit financier et la manière de l’aborder reste toujours les

mêmes. Ainsi ce métier est certes affecté par la généralisation de la juste valeur dans la

comptabilité mais sa méthodologie n’en est pas perturbée.

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 70

BIBLIOGRAPHIE

Les normes comptables internationales IAS-IFRS, Jean-Jacques Julian, collection LMD,édition FOUCHER, 2007

Lire les états financiers en IFRS, Grégory Heem, Éditions d’Organisation, 2004, Paris

Normes IAS/IFRS Application aux états financiers , Pascal Barneto, Éditions Dunod, 2004Paris

Dossier pratique : Normes IAS/IFRS, groupe éditions LEFEBRE-SARRUT, 2004.

Maîtriser l’essentiel des IFRS, revue : Gestion Finance, supplément du numéro 789 du 14juin 2005

Conversion aux IFRS , ERNST&YOUNG, communication financière 2007

Les normes comptables internationales, support de cours INTEC (Institut National desTechniques Économiques et Comptables); formation à distance 2007/2008

SITES INTERNET

www.iasb.orgIASB (International Accounting Standards Board)

www.focusifrs.com

www.ifac.orgIFAC (International Federation of Accountants)

www.ey.com/global/content/nsf/France/IFRSCabinet ERNST &YOUNG

AUTRE SOURCE

« Les IFRS, un référentiel de qualité incontournable ».Journée d’études janvier 2008, ISCAE

L’enjeu social des normes comptables internationales :La problématique de la Juste Valeur et son impact sur l’audit financier 71

ANNEXES

TICKER SOCIETE Capitalisation Total Actif Immo en NV Total dettes ANC αMNG MANAGEM 4 202 814 174,00 1 975 030 419,15 288 226,40 209 428 778,41 1 765 313 414,34 2,3807751

SMI SOCIETE METALLURGIQUE D'IMITER

1 153 208 090 1 075 445 078 439 919,20 282 287 532,17 792 717 626,83 2,8081921

ACR ACRED 856800000 1 030 257 310,77 701 550 364,86 328 706 945,91 2,6065771EQD EQDOM 2 889 532 500,00 6 143 387 000 1 043 570 000 3 487 777 000 1 612 040 000,00 1,7924695MAB MAGHREBAIL 665 432 680 3 847 624 174 0 2 499 014 542 1 348 609 632 0,4934MLE MAROC LEASING 566 526 240,00 2 652 450 790,51 2 568 477 348,82 1 460 722 794,35 -1 376 749 352,66 -0,411496SLF SALAFIN 1779402750 2 763 018 0 1601355 1 161 663,00 1531,7719SOF SOFAC 60916520 1 807 964,64 0 673 322,31 1 134 642,33 53,687861TSF TASLIF 529655000 416 562 610,20 247 802 813,05 168 759 797,15 3,14

ATH AUTOHALL 3 776 000 000,00 1 111 894 513,54 0,00 238 224 711,89 873 669 801,65 4,321999NEJ AUTO NEJMA 2 771 340 000,00 647 113 794,46 1 538 806,46 241 057 674,01 404 517 313,99 6,85 BER BERLIET 478750000 465 621 757,99 209 523 117,14 256 098 640,85 1,8693969FBR FENIE BROSSETTE 777 051 360,00 413 493 197,13 4 069 178,08 141 374 049,44 268 049 969,61 2,8989049FRT FERTIMA 364 550 000,00 550 048 876,72 3 389 702,03 135 876 194,05 410 782 980,64 0,8874516SRM REALIS.MECANIQUES 214080000 226146020,6 1431142,3 224 714 878,34 0,95

BNM BRANOMA 893000000 268 745 381,34 785 120,65 79 436 191,26 188 524 069,43 4,7367957SBM BRASSERIES DU MAROC 5579771975 2 019 747 447,81 128 240,00 306 190 513,49 1 713 428 694,32 3,256495CLT CENTRALE LAITIÈRE 6914280000 1 870 226 004,64 1 462 558,31 563555561,3 1 305 207 885,04 5,30 LES LESIEUR CRISTAL 2188415592 2314765025 1357067 666998924 1646409034 1,329OUL OULMES 1 881 000 000,00 949 215 264,38 3 549 628,54 539 534 358,31 406 131 277,53 4,63

ALM ALUMINIUM DU MAROC 396060900 614 127 352,98 909 766,19 237330165,2 375 887 421,56 1,0536689CMA CIMENT DU MAROC 16493134570 3 875 103 589,84 405 906 042,96 3 469 197 546,88 4,75 HOL HOLCIM (Maroc) 11 261 750 000,00 3 588 907 569,65 9 573 653,65 1 999 968 989,20 1 579 364 926,80 7,130556LAC LAFARGE CIMENTS 37873036984 5806066000 53055592 850616 5752159792 6,584MED MEDIACO MAROC 196 612 500,00 239 511 363,05 530 676,87 134 487 234,90 104 493 451,28 1,8815772SID SONASID 17351100000 4 897 796 454,34 2 290 097,72 1 476 772 717,54 3 418 733 639,08 5,0753003

ATW ATTIJARIWAFA BANK 63688666800 166366486 11310530 155055956 410,75

BCP BANQUE CENTRALE POPULAIRE 14720127500 74 897 393 63 816 169 11 081 224 1328,3846

BCE BMCE BANK 50086063545 77 704 939,00 3 026 828,00 74 678 111,00 670,69

BCI

BANQUE MAROCAINE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE 11 633 586 000,00 42 569 651,00 0,00 2 958 686,00 39 610 965,00 293,6961

CIH CIH 13137664526 21 633 587,00 13 879 103,00 7 754 484 ######CDM CREDIT DU MAROC 7546049280 27 818 847 574,35 1 220 836 914,14 26 598 010 660,21 0,2837073

AGROALIMENTAIRE

Annexe 1: Analyse du rapport PBR des sociétés cotées sur la BVC : Une des illustrations des limites du coût historique

DISTRIBUTEURS

BATIMENT ET CONSTRUCTION

MINES

FINANCEMENT ET CREDIT

BANQUES

ONA ONA 31 449 872 450,00 ########### 21 726 620,17 5 859 235 939,75 9 648 890 488,61 3,26

SNI SOCIETE NATIONALE D'INVESTISSEMENT 20 001 500 000,00 9 598 078 933,28 1 911 500,67 2 448 646 574,00 7 147 520 858,61 2,80

ZDJ ZELLIDJA 934316719 461272463,9 0 24412179,97 436860283,9 2,1387083

COL COLORADO 675000000 2 73 599 594,03 115191703 157890301 4,28 MOX MAGHREB OXYGENE 177 531 250,00 351 979 772,74 1 116 195,42 168 201 090,72 182 662 486,60 0,9719086

SCE

STE CHERIFIENNE D'ENGRAIS ET DE PRODUITS CHIMIQUES 207188172,8 298 453 833,18 170 810,74 63 623 142,84 234 659 879,60 0,8829297

SOT SOTHEMA 1 110 000 000,00 549 583 845,55 - 237 021 324,20 312 562 521,35 3,55

DTS DISTRISOFT MAROC 295 247 210,00 166 543 737,94 70 041,87 62 908 896,57 103 564 799,50 2,8508452

HPS HIGHTECH PAYEMENT SYSTEMS 650 000 000,00 166 592 645,78 710 846,13 52 088 393,67 113 793 405,98 5,71

INV INVOLYS 92 999 988 86 246 517,21 1 931 808,82 14 811 401,24 69 503 307,15 1,34 M2M M2M Group 505 266 060 136 556 766 0 52 691 899 83 864 867 6,0248MAT MATEL PC MARKET 381 689 143 472 881 991 108 282 194 241 565 278 532 145 1,3704

ADH DOUJA PROM ADDOHA 60328800000 2 245 484 647,00 13 082 316,00 477 753 868,00 1 754 648 463,00 34,382272BAL BALIMA 359961600 65563280,9 196174,82 4961400,88 60405705,2 5,96 CGI CGI 44 547 360 000,00 1 735 303 939,75 425 000,00 997 365 411,17 737 513 528,58 60,402092

GAZ AFRIQUIA GAZ 5 152 812 500,00 3 912 366 000 0,00 1 962 097 000 1 950 269 000,00 2,6421035SAM SAMIR 7853778900 7660638551 61217248,79 3637420064 3 962 001 237,89 1,9822757

AGM AGMA-LAHLOU TAZI 647000000 323 172 512,01 170 641 671,71 152 530 840,30 4,2417651MAV LA MAROCAINE VIE 549 320 625,00 3 256 455 731,40 21 123 230,45 73 986 759,10 3 161 345 741,85 0,1737616WAA WAFA ASSURANCE 9800000000 11680537958 20985,26 584365309,6 11096151663 0,8831891

IAM ITISSALAT AL MAGHRIB 169 665 400 620,00 26 279 322,00 0,00 9 892 108,00 16 387 214,00 #########LYD LYDEC 2 272 000 000 10 919 240 444 44 266 063 2 600 169 870 8 274 804 511 0,2746TIM TIMAR 76245000 61709742,72 438037,6 39258153,49 22 013 551,63 3,46

CTM COMPAGNIE DE TRANSPORTS AU MAROC 410089641 452369186,6 1517169,23 162021281,4 288830735,9 1,4198269

NEX NEXANS MAROC 752 700 960,00 1 318 021 800,25 227 193,01 330 691 651,48 987 102 955,76 0,76 LCT LE CARTON 82606340 34755218 11737 34743481 2,378PDT PAPELERA TETUAN 172 274 375,00 423 773 482,23 522 353,58 353 416 955,70 69 834 172,95 2,47 CRS CARTIER SAADA 66 300 000,00 87 178 215,60 2 342 238,40 16 328 375,58 68 507 601,62 0,9677758IBMC IB MAROC.COM 149 459 988 227 098 054,28 111 026,68 132 340 410,04 94 646 617,56 1,58

LGM LES GRANDES MARQUES ET CONSERVERIES CHERIFIENNES

482 479 040 267 875 699 285 883 77 625 732 189 964 084 2,540

PETROLE ET GAZ

ASSURANCES

DIVERS

LOGICIELS ET INFORMATIQUES

IMMOBILIER

CHIMIE

HOLDINGS

Annexe 2 : Critères de classification en location financement

• le contrat de location prévoit à son terme que la propriété de l’actif est transférée automatiquement au preneur,

• le preneur dispose d’une option d’achat sur l’actif à un prix suffisamment incitatif à la date de levée de l’option pour que, dès la signature du contrat, il y ait une certitude raisonnable que l’option sera effectivement levée,

• la durée du contrat de location couvre la majeure partie de la durée de vie économique de l’actif (le seuil convenu au-delà duquel le contrat sera qualifié de location - financement est de 75%),

• la valeur actualisée des paiements minimaux que doit effectuer le preneur au titre de la location est proche de la juste valeur de l’actif loué. Le taux d’actualisation à retenir est, s’il est connu, le taux d’intérêt implicite du contrat chez le bailleur (taux de rendement égalisant la somme des paiements minimaux – comprenant le prix d’exercice de l’option si l’exercice de celle-ci est raisonnablement certaine- et de la valeur résiduelle non garantie avec la juste valeur de l’actif augmentée des frais directs du bailleur) ou sinon, le taux d’endettement marginal du preneur ( en pratique on retient pour ce critère de couverture de la juste valeur par les paiements minimaux un seuil de 90%, au-delà duquel le contrat est qualifié de location – financement,

• les actifs loués présentent des caractéristiques tellement spécifiques que seul le preneur est en mesure de les utiliser sans leur apporter des transformations majeures,

• en cas de résiliation possible du contrat de location, le preneur est tenu de dédommager de façon très substantielle le bailleur (par exemple, le preneur devra payer une indemnité représentant la quasi-totalité des loyers restant à courir depuis la date de résiliation du contrat jusqu’à son terme),

• les risques liés à la variation de la valeur résiduelle sont supportés par le preneur. Ainsi, par exemple, ce dernier bénéficie, sous la forme d’une diminution de loyer, du profit dégagé par la vente de l’actif au terme du contrat de location ou inversement, le preneur peut être tenu au remboursement au bailleur, de tout ou partie de la perte dégagée par la vente de l’actif,

• le preneur a la possibilité de demeurer locataire pendant une seconde période moyennant un loyer sensiblement inférieur au prix du marché