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de Paris Les raisons de la colère Premier degré Page 4 Pour une véritable formation des personnels Page 8 N° 111 JUIN 2011 La méthode du presse citron

L'enseignant de Paris

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Le journal du SE-Unsa Paris de juin

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de Paris

Les raisons de la colèrePremier degréPage 4

Pour une véritable formationdes personnelsPage 8

N° 111 JuiN 2011

La méthode du

presse citron

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L’ enseignant de Paris n° 111 • Juin 2011

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n L’École maternelle constitue un élément essentiel et original du système éducatif français.

Ses effets déterminants sur le dé-veloppement des enfants, sur les premiers apprentissages et sur la réussite scolaire ultérieure sont établis.

Alors que 99% des enfants la fréquen-tent, l’école maternelle doit être recon-nue comme la première étape incon-tournable du socle commun.

La rendre obligatoire dès 3 ans acterait une situation de fait et l’instituerait défi-nitivement comme « vraie école » aux yeux de tous : familles, élus locaux et pouvoirs politiques :

- les familles, pour qu’elles investissent pleinement cette première scolarité,- les élus locaux, pour qu’ils recon-naissent ses besoins de fonctionne-ment,

- et les pouvoirs publics, pour qu’ils cessent de la dépouil-ler.

Le SE-Unsa revendique de-puis plusieurs années déjà que la scolarité obligatoire débute dès trois ans.

Dans un contexte idéo-logique et budgétaire de

tension, il choisit de saisir l’opinion pu-blique en lançant un appel à diffusion très large. La maternelle, c’est essentiel ! www.se-unsa.org

Action

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EDITO

La méthode du presse citron

L’Éducation nationale, en cette période esti-vale, a décidé de nous presser le citron pour se rafraîchir.

En effet, entre les annonces sur les rythmes scolaires, l’usine à gaz du livret de compé-tences, un bon quart de collègues sans poste au sortir des mouvements... nos supérieurs, à tous les niveaux, ajoutent une pression de plus presque chaque semaine! C’est décidément notre tournée car l’État s’offre, à nos dépens, des classes surchargées, une formation réduite à moins que le minimum (surtout pour les dé-butants) ou encore la poursuite des réformes du lycée sans moyens à la hauteur.

Le souci c’est qu’en procédant de la sorte, on commence à se rendre compte, en moins d’un an, que la profession, au-delà de l’épui-sement mesurable des collègues, n’attire plus. Le Ministère n’a rien trouvé de mieux que de se payer une campagne de publicité « opéra-tion séduction des jeunes » pour s’inscrire aux concours, affichant 17 000 postes... Il ne leurre personne: nos salaires n’en sont pas moins ge-lés et « l’envie de transmettre [notre] savoir » ne supplante pas non plus les violences et le non respect de notre statut que l’on subit au quotidien.

Les congés d’été, tels qu’on les connaît depuis de nombreuses années, seront peut-être les derniers. Profitez-en bien! De notre côté, nos locaux seront fermés du 12 juillet au 25 août. Toutefois, l’équipe parisienne du SE-Unsa continuera de se placer en ordre de bataille pour affronter la ren-trée et son lot de surprises à vos côtés.

Pauline Le ClercqSecrétaire générale du SE-Unsa Paris

n Versement de l’Isoe à tous les enseignants !

Le SE-Unsa porte la revendication de l’attribution de l’Indemnité de suivi et d’orientation des élèves (Isoe) à tous les enseignants, de l’école maternelle au lycée. Cette indemnité, de près de 2 500 euros bruts annuels, perçue par les enseignants de collège et de lycée, correspond bien à une mission assumée par les enseignants du premier degré ! Elle se compose d’une part fixe, versée à tous, et d’une part modulable versée aux professeurs principaux.

n Le Ministère recrute : «Laura» rêve et «Julien» est ambitieux !

La campagne de recrutement lancée par Luc Chatel coûtera 1.35 million d’euros aux contribuables. Elle a pour objectif de faire oublier la désas-treuse carte scolaire et tente de faire croire à l’opinion publique que les 17.000 recrutements vont compenser

les 16.000 suppressions d’emploi. n Non aux ECLAIR, Oui à une vraie éducation prioritaire !

Le dispositif Eclair constitue un véritable laboratoire de dérégu-lation en matière de gestion des personnels ! Avec un profilage accru des postes, une rémunération différen-ciée, une sorte de contrat gré à gré avec le chef d’établissement, le ministère teste ainsi un nouveau mode de fonctionnement de gestion des ressources humaines avec, sans aucun doute, l’idée de l’étendre à plus ou moins long terme à l’ensemble des établissements.le ministère teste ainsi un nouveau mode de fonctionnement de gestion des ressources humaines avec, sans aucun doute, l’idée de l’étendre à plus ou moins long terme à l’ensemble des établissements.

Pour en savoir plus , rendez-vous sur http://se75.wordpress.com/

Se syndiquer !Le SE-Unsa ne vit que grâce à ses adhérents,Adhérez en ligne sur www.se-unsa.org

L’enseignant de Paris Journal de la section de Paris du SE-Unsa

69, rue du Faubourg Saint Martin 75010 ParisTél.: 01 44 52 82 00 - mel : [email protected]

http://se75.wordpress.com/Directrice de la publication :

Pauline Le ClercqMise en page : Thierry Foulkes

N° CPPAP : 0911 S 07642 - N° ISSN : 0982-5339

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Actu

Sur le blog

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L’ enseignant de Paris n° 111 • Juin 2011

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Premier degré

n Témoignage

Cette année je suis T3 !

I n s p e c t i o n faite l’année d e r n i è r e ; me voilà affectée en tant que t i t u l a i r e du poste

dans l’école que j’ai demandée en 1er voeu au mouvement. ZEP de niveau 4, dans un quartier dit difficile, MON quartier.

Motivée par une équipe de jeunes en-seignants je prends mes fonctions en CE1-CE2. Ce double niveau a été créé par l’équipe pour séparer dans 3 classes différentes les 6 élèves de CE2 posant des problèmes de comportement fré-quents et intenses. Ils sont deux dans ma classe et je dois adapter constam-ment ma pratique à ces deux élèves pour éviter toute crise ou débordement de violence. Habitant dans le quartier je gagne rapidement la confiance des familles et notamment ces deux-là. Ouf!!

Mais chaque jour est différent: dans quel esprit vont-ils arrivés? Malgré un sou-tien très relatif de notre hiérarchie, nous arrivons à mettre des choses en place efficaces avec une équipe soudée et un réseau d’aide amputé mais motivé !!

Ce que je souhaiterais serais que nous gardions nos effectifs à 22 (faute de ne pas pouvoir les diminuer) car il est clair que l’énergie perdue d’un côté est une énergie qui n’est pas utilisée pour plus d’efficacité; je pense notamment aux 20 autres élèves.

Je voudrais avoir un soutien quel qu’il soit de ma hiérarchie et je voudrais que notre métier soit un peu plus considéré dans une société où l’on oublie que les enfants représentent l’avenir !

Lucie

n Les raisons de la colère

Nos conditions de travail se dégra-dent…Les enseignants du premier degré tra-vaillent plus que partout ailleurs en Eu-rope, dans des conditions plus difficiles, pour gagner moins ! C’est le constat de la Cour des comptes paru en juin 2010 qui compare la situation française aux autres pays de l’union européenne.- Nous avons une charge d’enseigne-ment plus lourde : 914 heures par année, contre 794 en moyenne dans l’Union européenne.- Nous avons plus d’élèves que nos ho-mologues (+23 % environ).- Nous sommes moins bien rémunérés (le ratio obtenu en rapportant le niveau moyen de rémunération des ensei-gnants au PIB par habitant aboutit, par rapport à la moyenne de l’OCDE, à un résultat inférieur en France de 17% pour le primaire). Conclusion de la Cour des comptes : «Ces résultats montrent donc dans l’ensemble une situation comparativement défavo-rable des enseignants dans le premier de-gré, alors même que c’est à ce niveau que l’échec scolaire se constitue et s’installe durablement». Mais sans se soucier de la situation, et avec le dogmatisme qui le caractérise désormais, le gouvernement continue à supprimer des postes : - 16 000 postes à la rentrée dans l’éducation nationale, dont 8 967 dans le premier degré. Ce qui correspond concrètement à la fermeture de 1 500 classes ainsi qu’à des coupes sombres dans les postes de remplaçants et des réseaux d’aide no-tamment. Dans le même temps, 4 900 élèves supplémentaires sont attendus. A Paris, ce sont 77 postes qui disparaissent encore. Conséquences : classes surchar-gées, listes d’attente en maternelle pour les enfants de trois ans, taux de scola-risation des moins de trois ans réduit à néant, réseaux d’aide démantelés, rem-placement sacrifié. Nos conditions de travail se dégradent un peu plus chaque jour, à mesure que notre charge de tra-vail, elle, s’alourdit !

… notre charge de travail augmente…Des programmes 2008 plus lourds que ceux de 2002 dans un temps scolaire amputé de deux heures ; une aide per-

sonnalisée à caser dans un temps sco-laire réduit ; des évaluations nationales CE1 et CM2 mal conçues qui mangent du temps d’enseignement ; une multi-plication des heures passées à remplir les documents de suivi des élèves. Et certains IEN en rajoutent avec des in-jonctions à remplir de nouveaux docu-ments, en dehors de tout cadrage natio-nal (tableaux de bord ; évaluations en GS ou en CP ; documents supplémentaires de suivi des élèves). On nous invente des livrets d’entrée en sixième qui néces-sitent de recopier ce qui figure déjà dans le livret personnel de compétences qui a précisément pour fonction de suivre les élèves en sixième ! On nous multi-plie aussi les « outils de pilotage » issus des résultats des évaluations nationales (dont ce n’est pourtant pas la fonction !) à intégrer dans les projets d’école… Ré-sumons : nos conditions de travail se dé-gradent, notre charge de travail s’alour-dit… et tout cela bien évidemment sans aucune reconnaissance financière !

… et notre bulletin de salaire fait grise mine !Au moment où nous nous rassemblions, le 31 mai 2011, à Bercy devant le minis-tère des Finances pour demander une juste augmentation salariale (10% de perte de pouvoir d’achat en cinq ans et des salaires gelés jusqu’en 2013), nous apprenions que le ministère de l’Educa-tion nationale de son côté lançait une campagne publicitaire de 1,35 millions d’euros pour tenter d’attirer des jeunes vers les métiers de l’enseignement. Et oui, effet prévisible de la calamiteuse réforme de la formation, le métier n’at-tire plus ! Peut-on encore parler d’un métier d’ailleurs quand le rectorat orga-nise des recrutements de contractuels pour le second degré via Pôle Emploi ? On les comprend les jeunes : cinq ans d’études à minima, un concours sélec-tif pour gagner quoi au final ? À peine plus du Smic en début de carrière et une situation professionnelle déconsidérée. Si l’Ecole est encore debout aujourd’hui, c’est grâce à ses enseignants et au sou-ci qu’ils ont de leurs élèves. Combien de temps encore tiendrons-nous dans ces conditions ? L’indignation n’est pas qu’à la Bastille. Elle gagne les salles des maîtres aussi. Alors indignez-vous… et syndiquez-vous !

Séverine Schenini

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Premier degré

n CAPD du 19 mai sur le mouvement intradépartemental 2011

Des constats dont certains alarmants :- Un nombre important de collègues sans poste à l’issue du mouvement : 754 contre 1003 en 2010- Des affectations plus nombreuses par le biais de commissions dont les cri-tères et les procédures de sélection de-meurent opaques (postes à profils : di-rection d’école, divers postes dans l’ASH, postes de Conseiller pédagogique…) - 30 postes de maîtres-formateurs va-cants- Environ 50% de demandes de muta-tions satisfaites contre 43 % l’an dernierPendant plus de 3h, avec l’ensemble des représentants des personnels, nous avons démontré que les postes à pro-

fil de direction d’école ne répondaient aucunement à des spécificités nécessi-tant l’aval d’une commission (composée d’un seul membre : l’ICC….). Il s’agissait de répondre soit à la demande d’une

mairie d’arron-dissement pour une des 5 écoles soit aux deside-rata de certains ICC. Nous avons for-tement dénoncé ces pratiques qui consistent à choisir le can-didat travaillant déjà dans la circonscription concernée ou à refuser tel can-didat pour des

motifs obscurs. La lecture des avis que nous avons deman-dés, a confirmé le dispositif discrimi-natoire et inéquitable mis en place par l’Inspecteur d’Académie.

L’atteinte la plus grave au fonctionne-ment de l’école publique est venue de la fiche de poste de l’école élémentaire E.Reisz dans laquelle était spécifiée qu’une participation financière serait demandée dans le cadre d’un projet avec la Finlande. Ahuris par une telle demande, prove-nant de l’inspectrice de la circonscrip-tion, nous avons dénoncé un critère inadmissible de sélection des candidats

par l’argent. Face à l’ampleur de nos réactions, l’IA a renoncé au profilage du poste. Le seul collègue ayant demandé l’école l’a obtenue…..

Questions diverses :Les postes vacants et ceux qui se libére-ront d’ici les vacances, seront attribués, à titre provisoire à l’année, selon l’ordre d’affectation suivant : en fonction du barème et des Vœux d’Ordre Général- Les collègues ayant une priorité médi-cale- Ceux réintégrant après un CLD- les maintiens sur poste ZEP/REP- puis les T2 qui doivent être inspectés pour la 1ère fois- T3 et plus (principalement des postes fractionnés donnant droit à 4 pts sup-plémentaires de barème)- T1Un mouvement complémentaire ASH, sur les postes vacants attribués à titre provisoire, se fera selon l’ordre suivant :- les stagiaires CAPA-SH n’ayant pas ob-tenu de postes - les enseignants spécialisés ayant for-mulé des vœux dans l’ASH sans en ob-tenir- les enseignants non spécialisés ayant formulé des vœux ASH

N’hésitez pas à nous contacter. Les élus SE-Unsa du personnelClaudie Arberet -Gilles Langlois-Hervé Lalle-Angela Dumas

n Aide administrative aux directeurs d’école (AADE)

6 audiences ont été nécessaires pour parvenir à un début de res-pect du protocole signé en 2006 par le SE-Unsa.

L’Inspecteur d’Académie s’est engagé à :

- réserver 30 postes d’AADE dès la ren-trée 2011. - Flécher ces postes dans chaque cir-conscription avec une double mission (AADE et aide aux élèves handicapés)

- Fournir la liste précise des écoles de 13 classes et plus concernées par ce dispo-sitif.

Si l’IA s’engage, pour la rentrée scolaire 2011-2012, à mobiliser ces postes, il ne peut les pérenniser sur toute l’année scolaire.

En effet, compte tenu des besoins im-portants d’EVS « aide aux élèves handi-capés », et des moyens nettement insuf-fisants alloués par le MEN, le rectorat pourrait être amené à redéployer des postes d’EVS sur la mission « handicap ».

Si cette solution ne nous satisfait pas, nous ne pouvons, cependant, nier qu’il s’agit d’une 1ère avancée, non négli-geable. Au « tout ou rien », nous préfé-rons cet aménagement, même insuffi-sant, au statu quo.

Concrètement, les directeurs et direc-trices des écoles de 13 classes et plus peuvent, dès à présent, faire une de-mande d’AADE auprès de leur ICC.

Nous les invitons à nous en transmettre un double ou à nous signaler tout pro-blème : [email protected]

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L’ enseignant de Paris n° 111 • Juin 2011

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n Carrière des personnels du 2nd degré : zéro pointé !

Mouvements des personnels chao-tiques, nombreux problèmes de sa-laires, adaptations aux réformes hors temps de travail, utilisation des ensei-gnants dans d’autres disciplines que la leur … ça suffit !

Entre l’urgence et les errances du Mi-nistère, les expérimentations de type ECLAIR et le cruel manque d’anticipa-tion de l’Académie, les personnels n’en peuvent plus, ne se sentent plus res-pectés dans leur mission et subissent de lourdes conséquences quant à leur carrière, leur avenir.A cette consternante réalité s’ajoute le pied de nez ultime de l’Académie qui a organisé une journée de recrutement d’enseignants avec Pôle Emploi !

Le SE-Unsa a dénoncé en instances ainsi qu’en audiences cette casse organisée du statut des enseignants et les pro-blèmes de gestion des personnels.Nous exigeons ce à quoi nous avons droit ! Des salaires versés en temps et en heure, une transparence sur la ges-tion des heures supplémentaires, des formations sur le temps de travail, des propositions de reconversion pour les enseignants dont la discipline est en « voie de disparition », des mutations pos-sibles et clairement organisées ainsi que la garantie d’une sécurité des person-nels dans leur établissement.

Toute l’année, le SE-Unsa a accompa-gné les collègues rencontrant des diffi-cultés et les a rétabli dans leurs droits.De plus, nous revendiquons la recon-naissance de nos compétences, l’accès à une formation pédagogique de qualité

et qualifiante, une revalorisation de nos salaires et un droit effectif à la mutation.

Nous avons des propositions, notre projet syndical est porteur de chan-gements qui permettraient la mise en oeuvre d’un vrai projet efficient pour l’Ecole Publique et une anticipation effi-cace de la gestion des personnels.Au niveau académique comme au niveau national, le SE-Unsa ne lâchera rien ! Pour nous, la précarité, le mépris et la simple logique budgétaire : c’est NON !

Nathalie Dumesge

Second degré

n Etre et avoir

L’Education nationale va mal. Les organisations syndicales ne sont plus les seules à alerter nos conci-toyens. De plus en plus de parents d’élèves se mobilisent, à travers la France, pour lutter contre les sup-pressions de postes.

C’est, en effet, un des volets ma-jeurs qui ronge notre institution. Ce n’est pas le seul.

Depuis quelques années, la nature même du métier d’enseignant a été profondément bouleversée. Plus que jamais « L’Education nationale est sur administrée et sous encadrée » selon la formule d’Hervé Hamon, l’auteur du livre « tant qu’il y aura des profs ».

Ainsi, les enquêtes administra-tives fleurissent pour telle habi-litation, telle validation, telles

statistiques censées lutter contre l’échec scolaire. Les fameux tableaux de bord sont devenus les principales obses-sions de notre administration.

Nous sommes progressivement passés dans l’ère de l’éva-luation, dans le domaine des pour-c e n t a g e s , des ratios, des données brutes qui font mainte-nant office de projet éducatif.

La hiérarchie de l’Educa-tion nationale ressemble à un pilote dont l’avion décroche mais qui continue à se

fier à ses seuls instruments de bord. Quand on ne donne plus d’autres perspectives que l’hori-zon déshumanisé de tableaux Excel à remplir, on ne peut guère s’étonner de la lassitude de bon

nombre de collègues. L’Avoir a fini par sup-planter l’Être.

Il n’est, cependant, jamais trop tard pour retrouver notre Humanité, le « Pen-ser c’est dire non » du philosophe Alain, le dialogue nécessaire entre pairs. Les don-nées des tableaux Ex-cel ne formeront ja-mais une pensée ou un projet politiques.

C’est une chance.

Hervé Lalle

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Formation

n Formation : 2011, année zéro !

« Quand une société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner » Saint-Exupéry.

« La formation des enseignants est un facteur de réussite du sys-tème éducatif » osent écrire les rédacteurs de la circulaire de ren-trée 2011. Quel cynisme !

Vus les résultats probants de cette année transitoire, l’Education Nationale a décidé d’en remettre une couche et de « consolider le dispositif d’accueil et d’accom-pagnement des enseignants sta-giaires. Les orientations tiennent compte des bonnes pratiques observées… » Circulaire 2011-073 du 31/03/20011. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Estimer que l’an-née écoulée bénéficie d’un bon bilan démontre soit une réelle incompétence soit un refus dog-matique de voir la réalité en face. Tous les voyants sont allumés au rouge : manque de formateurs, PEMF excédés et épuisés par une année de galère, parents mécon-tents, PES plus que dubitatifs sur la « formation » dispensée, chute des candidatures aux concours de recrutement…

Nous assistons à la mort lente et annon-cée de l’Education Nationale. La mise en place du système de formation laisse de plus en plus de liberté aux recteurs (prime oblige ?) pour organiser ce fa-meux dispositif. Il est assez symptomatique qu’une circu-laire ministérielle foisonne d’expressions du type « dans la mesure du possible, sauf contraintes particulière, de préfé-rence… »

Quelle clarté, quelle lisibilité, quel flou artistique !Essayons de comprendre et d’analyser ce fameux dispositif s’articulant en 3 temps :

- la détermination des supports : Les en-seignants stagiaires seront affectés sur des supports complets devant élèves. Exit la formation en alternance. CP et classes difficiles seront à éviter. Une telle recommandation est à hurler de rire quand on connaît la réalité du terrain.- la dernière semaine du mois d’août

sera réservée pour un temps d’accueil. Ce rendez-vous sera donné sur la base du volontariat, les stagiaires n’étant pas fonctionnaires.Un accueil au niveau du rectorat avec la remise d’un livret du stagiaire inaugu-rera cette semaine de prise de contact.Un regroupement dans les circonscrip-tions, dans les écoles suivra. Regroupement au cours duquel les stagiaires pourraient, lors d’entretiens, faire part de leurs besoins. Il va y avoir du boulot ! Dans le même temps, une formation théorique à la tenue de classe sera dispensée. Par qui ? Originale, cette formation théorique d’un exercice plus que pratique !

Et pour conclure cette semaine très riche en découvertes, suivra un accueil dans l’école d’affectation.

- l’accompagnement des stagiaires : les tuteurs seront choisis dans le « vivier » des formateurs disponible. Le rectorat souhaiterait réunir ces formateurs avant l’accueil des stagiaires et leur remettre un livret avec les informations néces-saires à l’accomplissement de leur mis-sion.

Les réunir ? Quand ? Quid des formateurs qui devront écourter leurs vacances esti-vales afin d’encadrer ces stagiaires. Il est d’ailleurs intéressant de signaler qu’à ce jour, personne n’a encore été convoqué. Aurons-nous recours à la réquisition ? Et que d’argent dépensé dans de beaux livrets que personne ne lit.

Inutile d’aborder aujourd’hui le suivi en cours d’année qui risque là encore de poser quelques problèmes dont nous ne manquerons pas de vous faire part

dans nos prochaines pu-blications.

Nous nous retrouvons de nouveau devant une usine à gaz. De plus, cette pseudo formation pro-pose une vision quelque peu déformée de l’élève qui est présenté comme un adversaire à conte-nir, à tenir, à brider. Drôle conception de l’enseigne-

ment. A quand le retour à ces bonnes vieilles punitions corporelles ?

Le ministère qui propose un tel brico-lage démontre une nouvelle fois sa vo-lonté de casser l’école, de saper les fon-dations de la république et son désir de transformer l’école républicaine en un système éducatif à l’anglo-saxonne avec toutes les dérives que l’on connaît.

Un usurier s’occupe de vous au présent, vous prête au conditionnel et vous ruine au futur. La politique éducative du gou-vernement actuel oblitère gravement les chances des générations futures. N’oublions jamais que l’illettré du futur ne sera pas celui qui ne sait pas lire. Ce sera celui qui ne sait pas comment apprendre. Ce dispositif de formation et d’accompagnement des professeurs stagiaires est donc un acte grave de conséquences. Il est plus que temps d’en dénoncer tous les risques potentiels et de reve-nir à un simple constat de bon sens « le métier d’enseignant est un métier qui s’apprend ! ».

René Etrillard.

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L’ enseignant de Paris n° 111 • Juin 2011

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la fédération des métiersde l’Éducationwww.unsa-education.org

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Pour une véritable formation des personnels !

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ELECTIONS OCTOBRE 2011

Pauline Le Clercq, professeur des écoles dans le 18ème

http://se75.wordpress.com/[email protected]

Hors temps de travail, hors de question !

Nous nous opposons :

- au raccourcissement de la formation continue

sur le temps scolaire,

- à la multiplication du compagnonnage

sans formation ni revalorisation,

- à la mastérisation en formation initiale.

Nous proposons :

- l’accès à une formation continue remplacée à

la hauteur des besoins des collègues,

- une quali�cation certi�ante pour les maîtres

formateurs du 1er degré et les conseillers

pédagogiques du 2nd degré,

- à une vraie formation initiale en alternance et

rémunérée donnant accès à un Master

Isabelle Martin-Pascual, in�rmière en lycée

[email protected]

http://snies.unsa-education.org/ http://paris.snpden.net/

Patrick Hautin, proviseur dans le 19ème [email protected]

http://www.aeti-unsa.org/

Béatrice Dupont [email protected]

Pour une reconnaissance

niveau Master !

Le SNIES revendique que les in�rmièr(e)s,

béné�cient, à leur entrée dans le corps,

d’une formation spéci�que à l’exercice dans

l’Education Nationale.

Cette formation doit être universitaire a�n

qu’elle aboutisse à la reconnaissance d’une

spécialité niveau Master.

De même, nous revendiquons la validation

des formations universitaires précédemment

acquises et leur prise en compte dans

l’évolution de la carrière.

Formation continue, formation initiale et précarité

Le SNPDEN réa�rme son opposition aux nouvelles modalités de formation et d’accompagnement des stagiaires.En e�et, un service complet rend di�cile et malaisé le début de carrière.L’installation répétée de ces stagiaires sur des postes, en grand nombre sur certains établissements, associée à l’emploi renforcé de contractuels, empêche toute construction d’équipes pérennes et fragilise la mise en place de projets pédagogiques qu’induisent notamment les réformes en cours.

La formation au coeur du service public

A&I rappelle :- que le rattachement des GRETA est legage d’un lien fort avec la formation initiale, vivier de la formation continue,- que les personnels qui exercent au seinde ce service public sont agents de l’Etat.A&I propose une réécriture du Code del’Education (partie législative) qui placela gestion de la formation continue au coeur du fonctionnement de l’EPLE. A&I dénonce la précarisation des personnels et les contrats de 10 mois.