Lepage 1992

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Les fouilles du Châtelet de Gourzon (Haute-Marne, France) au XIXe siècle. Travaux réunis par Louis Lepage.

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  • LA VILLE GALLO-ROMAINE

    de Gourzon en Haute-Marne

    TOME II

    Les travaux et les fouilles des XIXme et XXme sicles

    Textes prsentes par Louis LEPAGE

    Prface de Jean Kaltenbach Prident du Conseil Rgional de Clzampngne-Ardenne

    CERPHM SAINT-DIZIER

    1992

  • Publications du Centre d'tudes et de Recherches de Prhistoire Haut-Marnaise

    - La ville gallo-romaine du Chatelet de Gourzon - les fouilles du XVlllo sicle

    tome 1,1990

    - L'Enqute diocsaine de 1844,

    archologie prhistorique, gallo-romaine, civile et religieuse, 1991

    -

    II tait une fois en Haute-Marne ... LA PRHISTOIRE, 1991

    Maquette et mise en page : L. et M.-Th. LEPAGE

    ISBN2-9505042-3-X

    01992 - CERPHM 15, av. Benot-Frachon 52100 SAINT-DIZIER

  • SOMMAIRE

    Pr6face par Jean KALTENBACH Prsident du Conseil Rgional de la Rgion Champagne-Ardenne

    Avant-Propos par Alain VILLES Conservateur Rgional de l'Archologie en Champagne-Ardenne

    Avertissement par Louis LEPAGE Prsident du Centre d'tudes et de Recherches de Prhistoire Haut-Marnaise

    INTRODUCTION

    Louis LEPAGE Historique des fouilles et des travaux

    Le Chtelet

    Antoine Phulpin,

    P.-Felix GELIN,

    L.-G. POTHIER

    P.-Felix GELIN

    BORDIER

    F.-F. GELIN

    Auguste FOUROT

    Auguste NICAISE

    alomon REINACH

    Edmond FREZOULS

    Yvon GAILLET

    Yvon GAILLET

    1"" PARTIE TUDES GNRALES SUR LE CHTELET

    Notes archologiques

    L'Enquete de 1844 Fontaines et Gourzon (crrtrnits)

    Le Chtelet et ses environs

    Les fouilles (feuilleton dons le journal "ln Hnute-Mnrne")

    Notes sur le Chtelet

    Les fouilles du cimeti6re

    L'oppidum du Chtelet

    Note sur un buste antique

    Bronzes figurs du muse des Antiquits nationales

    Fouilles diverses (Chronique de Gnllin)

    La Fosse Briot

    Les Epones du Chtelet

    III

  • Michel CHOSSENOT et Franois LEFEVRE Deux statues dcouvertes Fontaines

    Louis LEPAGE L'Age du Bronze au Chtelet

    Louis LEPAGE Les fibules du Chtelet d'aprs les collections du m m e sicle

    Louis LEPAGE Les ncropoles du Chtelet

    26- PARTIE LES FOUILLES COLSON

    Paul et Regis COLON Le Chatelet et ses environs i'epoque preromaine 311

    Paul et Rgis COLON Huttes gauloises du Chtelet 337

    Regs COLON Marques de potiers gallo-romains decouvertes au Chtelet depuis 1888 338

    J. DROUOT Marques de potiers gallo-romains du muse archeologique de Langres 342

    Regis COLON Note sur un buste en terre cuite trouve au Chtelet 350

    Hugues VERTET et Thrse ZEYER Les statuettes gallo-romaines du musee de Langres (extrait)

    Rgis COLON Tessre en ivoire trouve au Chtelet

    Regis COLON Les citernes gallo-romaines du Chtelet

    Rgis COLON Une table gallo-romaine

    Rgis COLSON Note sur les monnaies du Chtelet

    Rgis COLON Rapport sur les fouilles excutes au Chtelet en 1923

    Jules TOUTAIN et Rgis COLSON Note sur deux fibules avec inscription trouves au Chtelet

    Rgis COLON et G. DRIOUX Boucles circulaires

    Rgis COLON et Georges DRiOUX Notes sur les fouilles au lieu dit "La Foret"

    Georges DRiOUX et Rgis COLON Le dieu cornu du Chtelet

    Rgis COLSON Les amphores du Chtelet 368

    LEREUn. Compte rendu de l'excursion Fontaines-sur-Marne 372

  • Georges DRIOUX Ncrologie, Rgis COLON

    Georges DRiOUX La collection Colson au muse de Langres

    3"e PARTIE L'HYPOGE, L'AQUEDUC

    L.G. POTHLER Aqueduc de construction romaine sur les territoires de Fontaines et de Gourzon

    P. Felix GELiN Essai sur un aqueduc de construction romaine la montagne du Chtelet

    Nol SPERANZE Autour de la Haute-Borne de Fontaines-sur-Marne Yvon GAELET Le souterrain de Fontaines est-il un aqueduc ?

    T. PINARD

    B" U-IAUDRUC de O b U A N N E S

    T. PiNARD

    Georges DRIOUX

    Georges DRiOUX

    Pierre MOUTON

    Yvon GAILLET

    Yvon GAiLLET

    Claude STOCKER

    4eme PARTIE LA HAUTE-BORNE

    ET LES VESTIGES NOLITHIQUES

    Notice sur un monument COMU SOUS le nom de Haute-Borne

    Lettre sur la Haute-Borne

    Encore quelques mots sur la Haute-Borne

    Le prtendu cromlech de Sous-Porchien

    Notes sur Fontaines-sur-Mme

    Poignard du Grand-Pressigny en Haute-Marne.

    Chasse au silex Fontaines-sur-Marne

    Sur la trace des Neolithiques Fontaines-sur-Marne

    Quelques silex de Fontaines-sur-Marne dans la collection de M. Rene Fulbert

  • 5e*e PARTIE DIVERS

    Yvon GAiLLET La Charbonniere

    Yvon GAILLET Supports de vases

    Nol SPERANZE La pierre orne de la Charbonnire

    AUGUTE FOUROT GOURZON

    Louis RICHARD Aspect d'une ncropole antique Fontaines-sur-Marne

    Lettres et correspondances diverses

    Bibliographie du Chatelet, de Fontaines-sur-Marne et de Gourzon

    Index gnrai

  • PREFACE

    Si le patrimoine culturel est aujourd'hui la mode et que l'on cherche restaurer ou sauver ce qui, en d'autres temps, par sottise ou par inconscience, aurait pu tre allgrement dtruit, c'est grce au travail inlassable de ceux qui ont su redonner toute leur sign$cation l'archologie et aux monuments historiques.

    On a vu des sites miniers sauvs de l'oubli, des usines dsaffectes trouver de nouvelles fonctions dans la vie culturelle et le classement a prserv de la pioche bien des faades et bien des tombes, en Champagne-Ardenne comme ailletirs.

    Car l'archologie, en ralit, n'existe que pour faire durer ce qui n'tait pas fait pour cela. A l'exception de quelques vestiges tels les temples grecs ou les pyramides d'Egypte, lien n'a t conu pour I'ternit, pas mme la ville gallo-romaine du Chtelet !

    Jamais le matre d'oeuvre ou le sculpteur auxquels nous devons le patrimoine de la Champagne n'ont un instant pens que leur ouvrage tait le dernier et qu'on tenterait un jour de redcouvrir ce qui n'tait leurs yeux que l'oeuvre d'un temps.

    C'est pourtant ce qu'ont tent et russi la Fdration des Socits Archologiques de Champagne-Ardenne et le Service Rgional de l'Archologie en association avec le Conseil Gnral de la Haute-Mame et le Conseil Rgional de Champagne-Ardenne considrant, juste titre, que ce patrimoine champenois tait fait pour vivre.

    De telles entreprises sont indispensables car elles sensibilisent les habitants de notre rgion l'histoire des socits qui nous ont lgu leurs traditions.

    Puisse l'exemple de la ville gallo-romaine du Chtelet faire prendre conscience nos concitoyens de la richesse de leur patrimoine archologique et de la ncessit de le protger pour viter, soit par navet, soit par indiffrence, que leurs petits-enfants se retrouvent sans identit rgionale.

    Jean KALTENBACH Prsident du Conseil Rgional

    de Cllarnpagne-Ardenne

  • AVANT-PROPOS

    Le site du Chielet de Gou~um est exceptionnel deux t i m : les conditions particulirement bonnes de consmation des vestiges de son occupation et la succession de cherchean qui y pratiqurent des fouile depuisplusde200ans. On s'attendrait dds lois non seulement voir les objets, les documents de fouiles et les lments de p m archi-e exhums du Chielet cmsiiuer unepmtigieuse et riche collection publique proche du site, mais encore celui4 b.e auxssible au public et mis en valeur comme fleuron du p h o i n e antique de la HauteMame et de ses richesses toinistiques. Malh-enG il n'en est rien. Des fouilles de Grignon, oeuvre de prcurseur car bien qu'entreprises la fin de l'Ancien Rgime, eues ont t foa rigo- et subventionnes par le trsor myal, il mie hamstment dbprtantes et d'exemplh publications, quoiqu'incompltes. Mais la collection finalement lgue au hm, semble sans c o m m e mesure avec Iimpoitance des dooumtes publies. Le produit des fouiles de l'Abb Phulpin, peu mthodiques, a t p e r h Les travaux de l'Abb Gellli, de moindre amplm. ont t publis mais sont difiidement exploitables. Seules, les fouiles de la fin du sicle dernier et du dbut du sicle ont nourri le Muse de Saint-Dizier, quoique faiblement au aui.egard de la masse des vestiges issus du site, tandis que le Muse de Langes a fort heureusement hrit de la wiliectim Colson, m i t de fo ida &odiques, les mIep comparables celles menes sous l'Ancien R e e , m a i s m a i h m e n t mdites. Le Chtelet a fait l'objet de phisieurs monographies diin Tel intrt, m e celies de l'Abb Fomt et de Pothier. Mais il n'existe aucune monographie rcente fajsant la synthse des recherches anciennes etde fouiles s c i d q u e s modemes, jamais encore menes. Aujourd'hui. le Chtelet de Gomn, bien qu'en partie class Monument Historique, est muveit par la vgtafion et pill x6@1rement par des fouileurs clandestins avides d'objets mais foxt peu praocctq>s de paqmtives historiques. On ne peut laisser les choses en l'tat. Le Service Rgional de I'Archologie entend dsonnais q l i r samission sur ce point dlicat du patrimoine rgional. li faut, dans un dpartement par aillm riche en sites dont I'enmien et la mise en valeur sont coteux, mais dont I'inW historique et tomktique est vident (rnigahthes, d a s dlAndiUy et de Colmiers, -1e de Favmlles, foitifcations et monuments gallo-romains de L a n m faencene des Auges...), e n k p d r e aussi et sans tarder une sauvegarde du Chtelet de Gouizon. D'importantes difticults vont devoir tre leves pour faire cessa les pillages, a w m une surveillance, m e en valeur catains vestiges, valuer le potentiel archologique subsistant. complter l'tude du site, garantir sa pmtection, diter une plaquette et le prsimter au public. Une quipe, une mthode, des crdits publics et du temps sontncessaires. En f m i s m t il y a d m ans la rdition des publications des fouilles du XVIII- sicle, puis en a r m t aujourd'hui la panaion du recueil de toutes les &des du XLX? et du sicle, y compris celles qui po~tzi~t sur les vatiges plus aiiciens que I'pque gallo-ro11lai1e et sur I'a~WU~~nment du site, h u i s Lepage rend un semice considiable la recherche archologique et la protection du pahirnoine. n permet de rappeler tous Iwi tance du site et foumit des m e n & pour en plaider la cause. Il pose ainsi le premier jalon de cet action demise en valeur si ncessaire du Cntelet de G o m . ll doit en e vivement flicit et remaci.

    Alain Villes, Conservateur Rgional de l'Archologie

    en Champagne-Ardenne

  • Avertissement

    L'accueil favorable rserv la rdition des travaux de Grignon nous a confirm dans notre intention de poursuivre la mise disposition des textes concernant le Chtelet au plus grand nombre de personnes. Que celles-ci soient de simples amateurs d'histoire locale intresss par le patrimoine rgional ou des archologues dsireux de complter leur documentation sur ce site bien connu, mais pour lequel jusqu' ce jour la documentation est reste disperse et difficile rassembler. Les textes concernant les trouvailles faites sur les territoires des communes de Fontaines-sur-Marne et de Gourzon ont t joints ceux concernant le Chtelet car, runis, ils forment un ensemble qui montre la vie et ses environs immdiats.

    Avant de poursuivre ces propos, nous nous devons de remercier les personnes qui ont permis la ralisation de ce projet. Entre autres, les bibliothcaires qui nous ont aids dans la collecte des documents, que ce soit Chaumont, Langres ou Strasbourg. Les auteurs d'articles trouveront ici le tmoignage de notre reconnaissance. Il faut y joindre les diffrentes socits savantes et revues dans lesquelles ces articles sont parus il y a bien longtemps. Nous trouverons d'ailleurs avant chaque texte son origine prcise.

    fin de rendre cet ensemble plus attrayant, nous avons joint une iconographie la plus abondante possible. Celle-ci est la plupart du temps indite. Nous trouverons les objets du Chtelet conservs au muse de Saint-Dizier, les objets dessins par Emest Royer au sicle dernier et ayant seM illustrer un document de Pothier rest manusait ; ce dernier a t rsum en 1856 dans la Haute-Mame, -Revue Champenoise. Par ailleurs, nous avons slectionn quelques dessins qui servent la comprhension du texte de Pothier. Les objets parus dans l'article de l'abb Fourot ont pu tre reproduits tels quels, la qualit des lithographies le permettant. Nous nous devons de remercier ici les conservateurs des muses de Saint-Dizier et de Langres, Messieurs Marc Barbier et Benot Decron qui nous ont permis d'accder aux collections dont ils ont la charge et qui ont facilit le travail de dessin La majorit des dessins de l'ouvrage a t effectue par le personnel du Centre d'tudes et de Recherches de Prhistoire haut-marnaise et plus particdirement par Madame Anna Marciset qui a apport beaucoup de soin la ralisation des tracs.

    Qu'Yvon Gaillet trouve ici le tmoignage de ma reconnaissance pour m'avoir accueilli, il y a trente am, sur ses chantiers de Narcy et de la Charbonnire o j'ai fouill pour la premire fois ; qu'il soit aussi remerci pour les renseignements indits concernant le cimetire des Plantes.

    Il n'a pas t possible d'insrer d a m cette compilation l'ensemble des dcouvertes des frres Colson. Cela, par manque de place et aussi du fait de l'inaccessibit actuelle des notes Colson, le matriel tant lui mme d'un accs maiais. Cet ensemble devra tre repris ultrieurement en s'appuyant sur le travail prsent ici.

    Enfin, l'impression de cet ouvrage un prix raisonnable a t possible grce l'apport financier du eMce Rgional de l'Archologie dpendant de la Direction Rgionale de la Culture, de la Fdration des Socits Archologiques de Champagne-Ardenne, du Conseil Rgional de Champagne-Ardenne (0.R.C.C.A) et du Conseil Gnral de la Haute-Marne. La planche couleur est due la gnrosit de l'Association milie du Chtelet - Mcnat Haute-Marne. Que tous ces organismes soient ici remercis.

    L.L.

  • Historique des fouilles et des travaux

    Le Chtelet est situ sur la rive droite de la Marne, essentiellement sur le temtoire de la commune de Gourzon (Haute-Marne). Cette dernire est actuellement comprise dans le regroupement de communes de Bayard-sur-Marne. La "Montagne du Chtelet" couvre vingt-deux hectares situs sur les territoires des communes de Gourzon, heuville--Bayard et Fontaines- sur-Marne. Une partie de l'ensemble a t classe Monument historique.

    Les premires fouilles semblent avoir eu lieu en 1772 et se terminrent en 1775. Par la suite, des fouilles furent excutes avec plus ou moins de mthode par messieurs l'abb Phulpia L.-G. Pothier, l'abb Glin, l'abb Fourot, les frres Colson, Paul et Rgis, le docteur Chaussinand etc ... Sans compter les innombrables fouilles sauvages de ces dernires annes.

    Les vestiges consenrs se trouvent dans les muses de Langres (collection Colson), de Saint-Dizier (fouilles Glin et Fourot) ; de Chaumont ; une partie des objets dcouverts par Grignon se trouve rpartie dans les collections des muses du Louvre Paris et des Antiquits Nationales Saint-Germain-en-Laye.

    D'aprs Pierre-Clment Grignon, premier fouilleur du Chtelet, il semblerait que l'existence d'une vilie romaine s u la petite montagne soit connue ds 1240. En effet, dans un article de dnombrement de la Principaut de Joinville, insr dans le cartulaire de Jean de Joinville, se trouverait la mention suivante : " Doit Chateler de sou Boyard qu'on dit tre de Go~ze que la maladrerie de Boyard tient du seigneur de Joinville, le Michad, Doyen de la Chrtiennet fas savoir tous ceux qui veront ces lettres, que Messire Michaul, Prtre de la Maladrerie de Boyard, et Tulzere de cette maison : on reconnu pardevant moi, que quand qu'ils tiennent en la montaigne dou Chateler de sous Boyard, l o l'on dit que la cit de Gorze ft anciennement, ou quand qu'ils pourront acqurir que ils le tienne dou Seigneur de Joinville pour quarante deniers c e d s que cy devant etc. etc. qui fut faire en l'an de l'incarnation de notre Seigneur M. CCXL et mois de Fvrier." Nous ne savons pas quelle autorit il faut apporter ce document que dj Grignon jugeait suspect. Toutefois, il semble bien que l'on ait connu l'existence de ruines bien avant les travaux de Grignon

    En 1772, Pierre-Clment Grignon entreprend des fouilles sur un site qu'il dcrit ainsi ds 1770 : " Le Chtelet est un cteau formant un cne tronqu en son milieu, d'environ quatre-vingt toises de hauteur, sur lequel les romains avaient un petit fort, castellum, dont ce monticule tire son nom. Il subsiste encore sous la terre labourable des parties de caves encombres. Les mdailles en petit bronze du Bas-Empire que l'on y trouve assez communment prouvent que les romains ont sjourn dans ce canton". Aprs quelques sondages, P.-C. Grignon entreprend des fouilles qu'il poursuivra durant trois ans avant que la jalousie et la btise viennent faire cesser cette entreprise.

    Ces fouilles seront poursuivies en 1774 par ordre (avec l'autorisation) du roi, mais qui plus est, aux frais de Sa Majest. La conduite des fouilles pourrait presque servir de modle un archologue actuel. Le financement de ces fouilles est li des proccupations de solidarit dans le cadre de la rduction du chmage. En effet, les fonds fournis par le gouvernement permettaient d'employer des personnes ncessiteuses ne trouvant pas de travail.

  • Pierre-Clment GRIGNON (1723-1784)

    C'est Saint-Dizier que naquit Pierre-Clment, le 24 aot 1723, de Pierre Grignon, chevin de la ville et Marie-Anne Marisy. La famille Grignon tait dj tablie Saint-Dizier en 1642. De sa jeunesse nous ne savons que peu de choses : il eut comme matre le chimiste Guillaume Rouelle (1703-1770) et il frquenta son laboratoire jusqu'en 1744, anne o il se maria Saint-Dizier, avec Marie-Reine Mathieu. Aprs avoir voyag dans plusieurs provinces pour y 0bse~e r la nature et les arts, Grignon devint matre des forges de Bayard et marchand de bois en gros pour la provision de Paris. II travailla de nombreuses annes puis se mit crire, tout d'abord sur la mtallurgie, les sciences naturelles; il tentera alors l'aventure archologique. Grignon tait membre correspondant de I' Acadmie des Sciences ainsi que de I' Acadmie des lnscriptions et Belles Lettres (cette dernire s'est scinde pour devenir I'Acadmie Franaise et l'Acadmie des lnscriptions et Belles Lettres de I' Institut de France). Mtallurgiste de talent, il tait ami de Bouchu et de Buffon qui voyait en lui "un homme intelligent et probe" ; tous deux taient matres de forges. Ses comptences en la matire seront d'ailleurs recannues : il sera nomm !nspc!e~r gnral des Manufactures fer du R~yaume. Nous savons que Grignon possdait t~ Saint-Dizier un "cabinet relatif surtout la partie minralogique et aux antiquits qu'il a dcouvertes dans les ruines de la petite ville du Chtelet en Champagne" (Dezallier d'Argenville, La conchy/MMgk?, Paris, 1780). Le 17 juillet 1772, il lit I' Acadmie des lnscriptions et Belles Lettres de Paris un mmoire sur l'ancienne ville du Chtelet en Champagne. A la suite de cette communication, Grignon est nomm membre correspondant de cette Acadmie. Le 18 janvier 1774, lecture d'un mmoire sur le monument de la Haute-Borne. Au mois de mars, 1774, recommand par le ministre Bertin, Grignon est prsent Louis XVi. Des ordres furent alors donns pour que le trsor royal fournit aux dpenses des fouilles nouvelles. La premire campagne de fouilles subventionnes eut lieu du 6 avril au 31 mai 1774. Puis, du le r juin 1774 au 11 novembre 1774, deuxime campagne de fouilles subventionnes. En 1774, Grignon publie un bulletin sur les premiers rsultats des fouilles du Chtelet. (Grignon Pierre-Clment, Bu/!f/! des fou17&s, h&sp~fod?~ du m4 sur /spef/L+ Monfgne du ChBfe/t entre SainDkkf el JOIBYIK~ en Champagne, dBcouveI/e en 7772 Bar-le-Duc, 1774. Un second bulletin est publi en 1775. La mme anne, Grignon reoit des lettres de noblesse du roi, il est nomm chevalier ; il se voit attribuer le cordon de Saint-Michel et une pension. II meurt Bourbonne-les-Bains le 2 aot 1784 d'une maladie aigu inconnue. Son acte de dcs porte les mentions suivantes : - Membre de I' Acadmie des Sciences, - Membre de I' Acadmie des lnscriptions et Belles Lettres - Membre de 1' Acadmie de Dijon, - Membre de I' Acadmie de Chlons - Membre de l'Acadmie de .......... en Espagne. (II s'agit de I'Acadmie de Biscaye, Bordera).

    - Commissaire du Conseil pour 1'Inspection Gneraie des Forges et Fonderies du royaume, puis Inspecteur G6nrai des Manufactures feu.

    - Domicili au Jardin du roi.

    m

  • Figure 1. Plan du Chtelet et de ses environs - 1, Fouilles de Grignon. 2, Trac de l'aqueduc (d'aprs Potliier. 3, Pile trouvfe eii 1823.4, Point miminant du Clitebt. 5, Fouilles de 1848. 6. Maison sur le giron de la montagne. 7, Cimetire. 8, Autre Cimetire. 9, Charrire. (.,t,itdu dresse

    XII

  • Aprs ces recherches, il excute quelques sondages et ds que le roi lui accorde une subvention, il commence des travaux de grande envergure. A l'issue de ceux-ci, il labore des rapports bien structurs qu'il transmettra ensuite l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, seul organisme officiel de l'poque susceptible d'en dbattre.

    Grignon fait dresser des plans par son fils et propose parfois des reconstitutions graphiques. Dans ses rapports, il est assez bref, pensant que cet ensemble sera couronn par une publication de synthse avec observations et rflexions historiques.

    A dfaut de fouier lui mme, il semble avoir utilis des quipes qui ont tout relev, jusqu'au moindre fragment mtallique : il dclare d'ailleurs que ces travaux ont t excuts avec une "attention religieuse". D'aprs son plan, il parat avoir quadrill le terrain en carrs de cinquante toises de ct. Parfois, une stratigraphie a t repre.

    Des dtails sont finement observs : usure des deux faces d'une marche rutilise, citernes repres grce un dpt gristre qui les diffrencie des caves. La faune a t note, la recherche des macro-restes vgtaux faite avec identification de chne, de sapin, de noyaux de cerises, de grains de courge, de lin, de bl. L'tude des objets est minutieusement conduite, en essayant d'en dcouvrir l'utilisation ancienne : enclume, bigorne (pour ouvrier sur cuivre), clous, limes, scies, serpes, truelles, lments de serrurerie, ustensiles de cuiine, chanes, armes, hameons, etc ... Il faut dire que sa profession de matre de forge le poussait tudier plus particdirement l'outillage en fer. il remarque des creusets de bronziers contenant encore des culots de rgule. Parfois, il ignore l'usage des objets (il s'agit essentiellement d'objets prhistoriques) mais la description qu'il en donne est suffisamment prcise pour dterminer certains d'entre eux : haches, couteaux, etc ... les dimensions sont trs souvent notes, ainsi que les dtails inhabituels : peinture sur sculpture en pierre, etc ...

    Il cherche connatre l'origine des matriaux utiliss et fait appel pour cela des comparaisons avec les chantillons de sa collection d'histoire naturelle. Il note l'utilisation de la pierre de Savonnires (carrires situes moins de six kilomtres du Chtelet), dtermine du granite des Vosges. A propos d'une masse de zinc, il indique l'existence d'une mine de fer situe dans les environs, "forte contenance en zinc" .

    Sa soif de savoir le conduit Yexprimentation archologique. Lorsqu'il dcouvre des "fosses potier", il ajoute "nous en avons tir une terre grise, verdtre, lgre, ardoise, d'un grain fin, un peu sablonneuse, se ptrissant assez bien, sans faire une liaison exacte : nous publierons nos expriences sur cette terre". La mtallurgie l'intresse et il crit : "Enfin une quantit de vieilles ferrailles, en plus grande partie dcomposes et ronges par la rouille, avec lesquelles nous avons rpt le procd des Celtibriens, rapport par Diodore de Sicile et duquel nous rendrons compte".

    Des dessins d'lments d'architecture ont t excuts ; ils comportent le plus souvent une chelle graphique. Les vues en plan des principaux monuments ont t utilises pour la publication dfinitive; dam quelques cas, des coupes ont t releves et elles compltent alors la description de notre auteur. Dans le dessin du menhir de la Haute-Borne, il utise un procd qui sera souvent utilis par les photographes et qui consiste faire figurer un personnage auprs du monument pour matrialier l'chelle. (1) D'aprgs Henri Bordier, un manuscrit comportant en plus du texte du memoire deux plans de la fouille, l'un

    manusait. l'autre grave, et une serie de 168 dessins et lavis, tous, sauf trois ou quatre la fin, representant des groupes d'objets tmuves au Chatelet, avait et6 pesent des 1772 : Bulletin de la S o d d a Antiqemre de Frmce, 1876, p. 7475.

    xlv

  • Plan oenrirnb~. ds ~ ~ c a ~ i n s du c1>51ilst

    p l f i i ve dea l o u i ~ e s d b v e l o p p ~ ~ ~ W O M d Plrn dsa loui8.. excufi.r depvis novsmb

  • En aot 1775, Grignon demande des fonds. Le 9 septembre 1775, une lettre de Turgot, contrsleur gnral des Finances Rouill d'Orfeuil, intendant de Champagne CMons- sur-Mme, mentionne qu'il a fait payer les "dbourses" avec ordre de suspendre les travaux. Eiles cessrent cette anne-l, la suite d'une visite d'un prince de Rohan qui trouva les ruines insiphantes.

    "Trente rues, un grand temple, dix huit aedicules, cent vingt huit maisons, soixante trois caves, quarante deux citernes, soixante treize puits, deux fours de potier, une fosse de fonderie pour les mtaux, quatre conduites d'eau en pierre et en bois, deux places spacieuses et un vaste btiment pour les bains publics" : tel est l'inventaire la Prvert, donn par Grivaud de la Vincelle.

    Un "Dis Patet" en bronze et une inscription votive au dieu Oumiorix sont au Louvre, tandis qu'un Jupiter la Roue, une Vnus et un Hercule sont conservs au Muse des Antiquits Nationales. Grignon composa un manuscrit de 168 dessins et lavis en neuf cahiers. Ce manusait tait en possession de M. Bordier en 18'6, qui le prsenta une sance de la Socit des Antiquaires de France.

    Ce qui fait tout l'intrt de l'oeuvre de Grignon, c'est la publication de ses deux bulletins o il rapporte l'essentiel de ses trouvailles que ce soit en matire de structures ou d'objets (1).

    Le cabinet de Grignon hrt rachet par l'abb de Tersan (ar&o!ogl1e et gyptologme renomme, n Marseille, mort Paris le 11 mai 1819, g de 83 ans) qui en fit dessiner une partie en vue d'une publication Ce fut Claude Grivaud de la Vinceiie (n Chalon-sur-Sane en 1762, mort en 1820) qui acheva l'oeuvre commence et qui publia 130 planches en 1819, le texte qui devait accompagner ces planches est maiheureusement rest incomplet (2).

    En 1820, le chevalier E. Durand acquit en vente publique la collection de l'abb Campion de Teran Il en fit don en 1825 au Muse du Louvre o, d'aprs les recherches de fibules effectues il y a peu de temps par madame Isabeile Fauduet, quelques objets semblent toujours exister.

    m Nous citons ici un texte reproduit par Pothier qui montre l'existence de travaux la mme

    poque que ceux de l'abbe Phulpin : "Un prtre dont la mmoire est encore vnre dans le pays, l'abb Pierret, qui, deux ans aprs

    la cessation des travaux de Grignon, fut nomm cur de Gowzon et Laneuville--Bayard et y habita pendant quarante ans, nous fait connatre dans une lettre qu'il crivait M. le Prfet de la Haute-Marne, le 30 janvier 1806, que, depui les fouilles de 1775 jusqu' cette poque, il n'en a t fait aucune autre sur le Chtelet : "Seulement, dit-il, les habitants des communes qui me sont confies, en dfrichant le haut de la montagne, ont dterr quelques tombeaux de pierre : les uns

    (2) GRIGNON PierreClment.- Btilletin dffi fotiilles faites par ordre du Roi dune ville romnole sur la petite montngne dti Chtelet, entre Sant-DuiPr et Joinville en Chnrpagne, dcouverte en 1772. Bar-le-Duc 1774. par Grignon, maimaitre des forges A Bayard, Bar-le-Duc, 1774, in-8: LXXX p. - Second bulletin des fouilies ..., 1V5, in-83 LXXX et CCXLN p., avec plan grave de i'emplacemait des fouilles.

    (3) GRNAUD de La VINCELLE.- Arts et Mfia des anciens r e p r h t s par les monuments, ou Recherches archologirlues, m a n t pminpalement R i 'q l i cn t ia d'un grand nombre d5mtiquitk recueillies dans les niinffi dune ville grniloise ef mmnine, drouvertes entre Saint-Dizier et Joinville, departentent de la Hrnite-Mante, Paris, 1819,131 pl. GRNAUD de La VINCELLE.- Catalogue des objets d'untiquit et de curiosit qui composaient le cabinet de feu M. l'abb Cmnpion de Taan , ancien n~chidincre de Lecture, par Grivaud de La Vinceiie (Imprimerie de Nouzon, Paris, 1819) et Catalogue des antiquit; gyptiennes. pcques, m a i n e s et grniloises qui composent la collection de feu M . Grivmd de la Vincdle, par L.-J.-J. Dubois (l'mis, 1820).

    XVI

  • 1 Abb Antoine PHULPIN (1 748-1 845) Antoine Phulpin est n le 4 octobre 1748 Mathons (Haute-Marne). Son pre faisait le commerce du bois, de la laine et exploitait pour son compte une mtairie assez considrable. Aprs avoir frquent l'cole de son village, il commena ses premires tudes Brachay, prs du cur Durand. Il continua ses tudes A Pans o il resta six ans et obtint le grade de bachelier en Sorbonne le 24 aot 1782.11 fut ordonn prtre du diocse de Chlons l'ge de 25 ans. II fut vicaire de Monsieur Barthelemi Montier-en-Der pendant 18 20 mois. II fut alors envoy Fontaines comme cur dans le courant de l'anne 1785. 11 parait qu'il aurait dsir et demand ce poste, entran qu'il tait par l'amour des monuments antiques et par l'esprance de faire quelques dcouvertes utiles la science sur le Chtelet dont il avait dj entendu parler. II y avait deux comptiteurs, mais l'influence de madame la Marquise de Choiseul restant au chteau de Sommeville, annexe de Fontaines, fit pencher la balance en sa faveur. La cure, sous le rapport matriel tait fort avantageuse puisque le cur avait dmit toute la dme qui portait sur le bl, le vin et sur plusieurs autres denr6es. Les biens de l'glise et de la fabrique ayant t vendus comme biens nationaux en 1792, la maison presbytre de Fontaines fut vendue et l'abb Phulpin fut oblig de se faire construire une maison. L'abb Phulpin prta serment B la Constitution civile du clerg ; il fut alors en butte bien des inquitudes et des vexations. II se rtracta ultrieurement. D'aprs l'abb Gelin qui fut son vicaire, il commenca ses travaux ds 1785 et c'est cette poque qu'il constitua son beau mdailler. II entra en relation avec grand nombre d'amateurs d'antiquits. II n'y avait pas de semaine qu'il ne fut visit par quelque savant. Un jour, il y eut une "infidlit" commise dans son mdailler par quelque visiteur ; ce qui se connut bientt car Monsieur le Cur se montrait plus difficile laisser voir son mdailler. L'abb Phulpin avait aussi un faible pour l'agriculture. II fit faire un certain nombre de plantations sur le Chtelet et sur Sommeville. II tait, parat-il, assez spirituel et racontait plaisamment B plusieurs personnes l'histoire d'un petit chien auquel il avait enseign l'art de trouver des mdailles d'or. II ne voulut pas prendre sa retraite et resta Fontaines malgr une vue affaiblie et une certaine impotence. II y dcda le 3 octobre 1845.

    taient vides, d'autres renfermaient des ossements. On a dcouvert aussi des bagues ... On avait trouv bon nombre de pices de monnaie qui n'tant point d'un mtal praew, ont t ngliges o u perdues par nos dtivateurs. Cependant, j'en ai rassembl une quinzaine qui taient encore dam leurs mains et dans celles de quelques curieux des communes voisines ... On m'avait intniit, Monsieur le Prfet, que des pices d'or et d'argent, gaiement venues de notre montagne, avaient t achetes Joinville, et il me tardait d'aller les voir pour en faire un article de ma lettre ... J'ai vu plus que je n'attendais, les mdailles de presque tous les empereurs romains et de quelques impratrices, tires pour la plupart des ruines du Chatelet. Cette intressante collection, la plus complete, peut-tre, de tout le dpartement est la proprit de M. Paillette, administrateur de i'hpital."

    (4) PHULPIN (abbe).- Nota n~choIogUiues mr les fmiillffi fuites et les ntmumenis dcouverts s i r ln montagne du Cktelef siiue prs de Fonfmnffi (Hmrte-Marne), Neufchtenii, 1840, VIiZ - 147 p.,

  • En 1785, l'abb Antoine Phulpin est nomm cur de Fontaines. il dit avoir commenc ses travaux sur le Chtelet cette mme anne. Il semblerait qu'en ralit ses travaux ne datent que des annes 1809-1810. D'aprs la relation de ses fouilles (3) l'abb Phulpin parat avoir t anim au dbut d'une certaine rigueur puisqu'il envisageait des fouilles mthodiques partant de deux tranches perpendiculaires coupant le site. Il nous rapporte que ses projets ne se poursuivirent pas du fait d'une msentente avec les cultivateurs. Ds lors, il fou& pisodiquement et sans plan prtabli. La chance lui sourit un beau jour en lui rvlant un trsor montaire compos essentiellement, semble-t-il, de monnaies d'or.

    Que faut-il penser des fouilles de l'abb Phuipin ?

    Dj, la relation qu'il en fait est des plus sommaires. De ses travaux, nous ne retiendrons que le fait qu'il ait vu deux couches distinctes. La premire gallo-romaine, la seconde sous-jacente tait caractrise par la prsence de nombreuses monnaies gauloises, si nombreuses qu'il ne daignait plus les ramasser.

    Des travaux de l'abb Phulpin, nous mentionnerons galement la dcouverte qu'il fit de ce qu'il a appel "l'hypoge Celtique". La fouiUe de ce monument h t reprise, comme nous le verrons ultrieurement par Pothier, puis par l'abb Gelin. L'abb Phulpin s'est alors totalement mpris sur la. destination de cette construction qui n'est en ralit qu'un aqueduc souterrain.

    La description qu'il fait des objets dcouverts est assez lacunaire et de peu d'utilit. La description des monnaies d'or n'est pas non plus d'un intrt majeur. Premirement, il mlange les monnaies issues du trsor montaire et celles provenant des fouilles ; deuximement, si nous avions l'inventaire du trsor, il ne serait pas exhaustif et donc d'un intrt moindre.

    Qu'est devenue sa collection ? Nous ne saurions le dire. Nous savons par contre qu'une partie de son mdailler chut son neveu Phulpin, cur de Fronville, mort du cholra en 1854. Il a t vendu vil prix quelques amateurs de Reims.

    m

    C'est cette epoque que toute une srie de textes relatifs la Haute-Borne seront labors. Beaucoup d'antiquaires s'intressent alors aux monuments mgahthiques et la Haute-Borne avec son inscription est un monument qui prtera une abondante littrature. Nous citons et publions dans ces pages titre d'exemple les articles de Pinard et de Chandruc de Chazannes parus dans la revue archologique qui montrent bien la fantaisie de ces crits.

    Peu de temps aprs le dcs de l'abb Phulpin, Monsieur Paillette de l'Isle, matre de forge Bayard et riche propritaire terrien laissa ses bcherons faire des fouilles sur la colline du Chtelet se rservant les beaux objets et les mdailles qui l'intressaient. Il hrita ainsi d'une aiguire en bronze et d'autres objets aujourd'hui disparus.

    Comme nous l'avons dj fait, nous citons ici Pothier : "Vers le temps des principales dcouvertes de M. Phulpin, quelques excavations ont t pratiques sur la montagne par d'autres propritaires, et, un peu plus tard, un de nos Prfets, M. le vicomte Delassalle, par l'intermdiaire de M. Le baron de Klopstein, maire de Prez-sur-Marne fit ouvrir ses frais de nouvelles tranches dans les parties qui n'avaient point encore t fouilles : elles ont fait dcouvrir des constructions, des caves, des fosss, des restes d'aqueducs ; mais on n'y a recueilli que des antiquits de peu d'importance."

  • Abb Pierre-Felix GELIN (1816-1885)

    l ' N Langres le 23 juin 1816, de Vennebant Gelin et de Franoise-Laurette Maquari. II fut ordonn prtre vers 1840 ; aprs avoir t un an vicaire Joinville, il fut engag Fontaines o il aida, titre de vicaire, I'abb Phulpin, son prdcesseur et lui succda quatre ans plus tard. Monsieur I'abb Gelin, aprs de fortes tudes, amen par les circonstances aux pieds du Chtelet, o son prdcesseur avait fait de si riches dcouvertes, s'prit son tour des ruines qu'il avait sous les yeux et consacra une grande partie de son temps I'tude du sol qu'il foulait tous les jours. II reprit les fouilles d'un aqueduc de construction gallo-romaine, qu'avec une persvrance infinie et malgr le peu de ressources dont il disposait, il put dbarrasser presque entirement des dbris qui I'obstruaient. Aprs des annes de sollicitations, il obtint enfin du Conseil Gnral une subvention qui lui permit de continuer des travaux devenant trop onreux pour sa modeste fortune. II dcrivit I'aqueduc qu'il avait dcouvert, en faisant suivre cette description de ses apprciations personnelles. II eut souvent lutter pour soutenir sa manire de voir ce sujet ; il le fit, jusque dans ces derniers temps, avec une ardeur toute juvnile, mais avec une convenance parfaite. II prouvait beaucoup de plaisir faire visiter ce monument ses collgues de la Socit des Lenres de Saint-Dizier dont il tait un membre tr&s actif. Vers 1882, une nouvelle source d'observation fut offerte a Monsieur Gelin par la dcouverie fortuiie du cimetire gallo-romain et mrovingien situ prs et I'est du Chtelet. II fit excuter de nouvelles fouilles avec courage pour un homme de son ge. II donna de ses collections au Conseil Gnral de la Haute-Marne qui les remit au Muse de Saint-Dizier. Seuls quelques objets furent disperss ; ils furent donns aux mcnes qui avaient permis les fouilles de la ncropole des Plantes. Dcd le 23 mai 1885 Fontaines-sur-Marne.

    (d'aprs l'hommage de Charles de H4douville, Pr6sident de la Soa't des Lettres de Saint-Dizier). l En 1842, l'instituteur primaire de Fontaines, maire de cette commune vers 1856, qu i est au pied

    de la montagne, creusant dans le bas du village les fondations de la maison qu'il y possde, y dcouvrit parses beaucoup de mdailles romaines, la plupart l'effigie des Constantin de nombreux fragments de la belle poterie rouge des anciens, et divers joyaux, notamment une jolie cornaline."

    L. A.-G. Pothier (n le 11 mars 1801 Chaumont), juge de paix Chevillon puis Andelot s'intressait- particulirement l'archologie. A partir des travaux de Grignon il rdigea une monographie qui sera publie en plusieurs livraisons, en 1856, dans l a Haute-Marne, revue champenoise. Ce texte correspond pour l'essentiel au texte du manuscrit de Pothier conserv la Bibliothque municipale de Chaumont. Ce dernier est agrment de quelques planches indites dues au crayon expert d'Emest Royer (+1885), matre de forge Cirey-sur-Blaise.

    (5) La bibliotheque de Chaumont (Haute-Marne) conserve son manusmit, (ms 147) intitul Monographie du Chtelet et de ses environs avec de nombreux dessins. - Pothier, Le Chatelet et ses environs, dans Ln Hmlte-Mmne, m i e chnmpoioise, 1856, p. 123. - Pothier, Aqueduc de construction r o d e , dans Mm. de ln Soc. Hist. et Arcfil. dc L w r f f i , 1186, t. ii+ p. 6876.

  • Cette monographie est certainement le medleur travail s u le Chtelet et ses environs, si Son excepte l'erreur magistrale concernant l'aqueduc. En effet, Pothier dcrit bien la partie souterraine de ce monument dont il a suivi la fouille en dtail ; il s'est malheureusement lanc dans une hypothse trs risque lorsqu'il a imagin une partie arienne cet aqueduc. Ernest Royer a d'ailleurs bien interprt les ides de Pothier dans le dessin reproduit la page 1 du prsent ouvrage. Cette hypothse d'un aqueduc arien ne peut pas se concevoir en l'absence de restes visibles. Quant au massif retrouv en 1823 la Fosse Bnot, il peut s'agir d'un enclos funraire du type de celui mis au jour par Yvon Gaillet et dont nous retrouverons la relation des fouilles pages 223 et 228 .

    Quelques autres erreurs sont relever. Ainsi par exemple, au sujet du cimetire trouv sur la colline lors des fouilles de 1848, il y a une erreur de datation : il ne s'agit pas de tombes gallo-romaines mais de tombes mrovingiennes.

    Au cours de la priode qui va suivre, les travaux sur le terrain vont se rarfier. L'abb Geiin sera nomm vicaire de l'abb Phulpin, puis il le remplacera aprs son dcs ; il se contente d'crire quelques articles. Dans l'enqute paroissiale de 1844 (l), nous trouvons quelques notes concernant le Chtelet, la Haute-Borne et Sous-Porchien. Ces notes sont un bref rappel des trouvailles faites avant cette date. Il publie en outre, sous forme de feuilleton dans le journal "La Haute-Marne", une petite monographie du site inspire du texte de Pothier o il signale quelques trouvaiiles indites et o il fait part de quelques ides personnelies. Vers 1880, l'abb Gelin se lancera dans les travaux sur le terrain en dblayant l'aqueduc dgag partiellement par Pothier au milieu du sicle. Il fera de bons comptes rendus de ses travaux.

    Certainement encourag par ses dcouvertes, il suivra les fouilles de la ncropole des Plantes situe proximit de la vue. Les relations qu'il en donnera, bien que succinctes, sont d'un gmnd intrt. De plus, le matriel recueilli pendant ces travaux a t presque totalement remis au muse de Saint-Dizier. Bien sr, il n'existe pas d'inventaire tombe par tombe, mais l'abb Gelin fut conscient de cette lacune et il dit avoir dessin la fin de la fouille les objets au fur et mesure de leur dcouverte. Malheureusement, ce cahier n'a pas t retrouv.

    En mme temps que l'abb Gelin, l'abb Fourot rcuprera quelques objets du cimetire gallo-romain et mrovingien des Plantes ; il a mme financ personnellement une partie des travaux. Quelles que soient les qualits de l'abb Fourot, il ne peut tre considr comme un fouilleur mai uniquement comme un collectionneur.

    (6) Abbe P. Gelin, Fontaines et Sommeville dans 1'Enqirte diocffinine de 1844, p. 59-74. Edition du CERF'HM, Saint-Dizier, 1991.

    Abbe P. Geli,Essai sur un aqueduc de construction romaine A la montagne du Chatelet prs de Fontaines- sur-Marne et de Gourzon, dans Bull. de la Soc. Archol. et Hist. de Lmgres, 1877-1878, t . 1, et 1880, t. Ji, p. 43,198,303 et 336, avec un exhait du proes-verbal des fouilles de Pothier. Aprs celles-ci, tout fut rebouch. Abbe P. G e h , epultures du Chtelet, Bull. de la Soc. Archol. et Hist. de L m p , t U, p. 1%'-200. Fontainessw-Marne, Bull. de la Soc. Archol. et Hist. de Lmgres, t. II, p. 304-316. Le cimetire gallo-romain p&s du Chatelet, Bull. de la Soc. Archol. et Hist. de Lrn~grs, t. II. p. 336-345.

    (8) Abb Auguste Fourot, L'oppidum du Chtelet Mmoires de ln St des Lettms de Saint-Dizier, t. 4,1890-91, p. 7-103.

  • Figure 3. Materiel de la collection Fourot (d'aprs une planche gouachee de Houdard)

    XXI

  • Abb Antoine-Auguste FOUROT (1 829-1 907)

    L'abb Fourot, n Esnoms (canton de Prauthoy) le 18 avril 1829, y dcda le 30 dcembre 1907. Ordonn prtre en 1853, il passa la plus grande partie de sa vie I'autre extrmit du dpartement, Saint-Dizier. Professeur de rhtorique au Collge de Saint-Dizier (actuellement I'ESTIC), c'est une figure du dernier quart du XIXme sicle. II tait trs estim par les lves qui ont reu ses leons. il devint chanoine honoraire de la cathdrale de Langres. Membre fondateur de la Socit des Lettres, des Sciences et des Arts de Saint-Dizier, il en fut le secrtaire de nombreuses annes durant. II s'intressa assez tt I'archologie et plus particulirement au Chtelet. Mais c'tait avant tout un collectionneur. Ce qui est malheureux chez lui, c'est son dsordre. Les fouilles qu'il a menes dans la fort de Champberceau Esnoms-au-Val en sont un bel exemple. Comme il pratiquait seul, au cours des vacances d't, elles furent tales sur plusieurs annes et il ne s'y retrouvait pas d'une anne sur l'autre. C'est ce que nous pouvons dduire de ses notes de fouilles qu'il rassembla aprs coup. Ce mme dsordre fut constat par Raoul Bouillerot iorsqu'il prpara sa collection pour la vente. Pour y voir plus clair il dut faire appel Rgis Colson qui connaissait la collection. Dans cette collection se trouvaient un certain nombre d'objets du Chatelet proprement dit et de la ncropole des Plantes ; il en donna d'ailleurs quelques uns au muse de Saint-Dizier. Le reste provenait de la rgion imm6diate dont il tait issu : Esnoms-au-Val et ses environs, avec les produits des fouilles des tumulus des Montoilles et de Champberceau. D'autres objets, pour l'essentiel, provenaient de Saint-Dizier et de ses environs (Chamouilley, Perthes). En dehors de sa monographie sur le Chtelet, il publia assez peu. On lui doit un article trs document sur les Origines de Saint-Dizier paru dans les M&mo/&sde /a &c@HdesLetflesde cette mme ville et plusieurs notes qu'il adressa la Revue de Champagne et de Bnio sur les trouvailles archologiques locales. Ce qu'il crivit est gnralement bien structur, bien document et exempt d'erreurs.

    Son oeuvre relative au Chtelet est surtout remarquable par la monographie qu'il nous a laisse sur le site. Par rapport aux connaissances de l'poque, il n'y a pas d'erreur importante et cette monographie est utilisable.

    Le matriel issu du Chtelet et faisant partie de sa collection a t partiellement acquis par la Socit des Lettres de Saint-Dizier et se trouve donc inclus dans les collections du muse de Saint-Dizier. Seuls, les cartons portant une inscription manuscrite indiquant le Chtelet comme provenance, ont pu tre pris en compte.

    E n 1875, Bordier fait paratre Paris dans les Mmoires de la Societ des Antiquaires de France une tude qui lui permet de faire le point sur les travaux de Grignon au Chtelet et le devenir de sa collection et de ses documents. Malheureusement, les planches du premier fouilleur de cette ville ont depuis disparu.

    m

    C'est l a mme poque qu'Auguste Nicaise, l'archologue de la Marne, fait connatre un buste en Marbre du Chtelet.

    (8) Auguste Nicaise, Etude sur un buste antique en marbre ; Jupiter Srapis, buste en bronze dcouvert Cemay-lesReims, dans Compte rendu de i'Ac&ie des Insclq>fions et Bell.% L m s , XIV, 1886, p. 3,262-270, et Mm. Soc. Agr., Corn,, Sn. &Arts de InMnme, 1884-1885 (1886), p. 97-105.

    m

  • Figure 4. Materiel du muse de Saint-Dizier (fouilles diverses).

    XXIII

  • . . .

    O 5

    Figure 5. Tessons de cramique sigille du muse de Saint-Dizier (fouilles diverses).

    xxnr

  • Figure '. Crudie en terre blanche et vases depressions noirs d u musee de h t . ~ i ~ i ~ ~ (fouilles Colsoi,),

    XXV

  • Rgis COLSON (1 868-1 936)

    Rgis COLSON, n et dcd Sommeville (O 24 dcembre 1868, t 3 janvier 1936) tait professeur; il avait successivement enseign au collge de Sainte-Menehould o son frre tait rptiteur, h Luon et enfin, pendant prs de vingt ans, au collge Diderot Langres. II consacra I'essentiel de sa vie extra-professionnelle I'archologie du Chtelet. Rgis Colson fouilla pendant plus de quarante annes, avec son frre Paul d'abord, seul ensuite ... prs de 50 sous-sols, et 75 citernes environ ! C'tait un technicien de la fouille : il fouillait avec une patience mticuleuse, une conscience absolue, suivant une mthode impeccable. II ne fouillait pas "pour I'objef', il fouillait pour dcouvrir le "document", grce auquel il ressusciterait le pass, le pass de son cher oppidum du Chtelet, prs de Sommeville, son pays natal. D'ou I'intrt scientifique considrable de sa collection, les moindres objets permettant d'voquer un aspect de la vie religieuse, conomique ou sociale de I'antique agglomration. Sa collection ..., c'tait sa fiert I Aussi avait-il pris soin de la lguer, par testament olographe, I'Etat, charge, tmoignage du plus haut prix en faveur de notre Compagnie, de la dposer au muse de Langres. Aprs ses fouilles de 1923, il avait soustrait quelques objets tmuvs en faveur du muse de Saint-Dizier. M. Colson tait un modeste : "Je ne fais que glaner ; mon frre tait la @te, je ne suis que le bras ; si

    j'ai quelque mlhode, je le dois S mon pre et B ses quali%s d'ohsewateur ...", Trop mueeste, S n'en pas douter ! II eut pu, - il eut d - publier chaque anne le rsultat de ses fouilles ; le Chtelet n'en eut t que plus connu, l'gal de Vertault, d'Alsia ou de Vaison ... et le fouilleur eut t moins ignor ... II fut nomm en 1923, sur la proposition d'Ernest Babelon, Correspondant du Ministre de l'Instruction publique, et, quatre ans plus tard, sur celle de M. Adrien Blanchet, Auxiliaire de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres. Sa modestie, pourtant, n'excluait ni l'originalit, ni l'indpendance : ses observations minutieuses lui permettaient d'mettre un avis, et un avis parfois diffrent de l'opinion en faveur. D'instinct, il se dfiait, dfiance bien lgitime aprs tout, de ceux qu'il appelait les "INresques" ; il ne jurait point ~ f l ~efb8 /778g/~F7 Ses notes, du moins, et ses collections restent. Elles sont une des composantes et non des moindres des collections gallo-romaines des muses de Langres, Une salie du Muse du Breuil porte le nom des frres Paul et Rgis Colson (Paul - n galement Sommeville le 4 juin 1862 et emport, prmaturment, dans sa cinquantime anne). (D'aprBs ncrologie Btablie par Georges Drioux)

    m Concurremment l'abb Fourot et la mme poque, certaines personnes comme Houdard qui

    sera conservateur des collections de la Socit des Lettres, ont rcupr des objets du Chtelet. Ce matriel est connu par le catalogue du muse de Saint-Dizier.

    On connat aussi par les coliections du muse de Saint-Dizier et par la biographie des archologues du Chtelet tablie par Colson, les fouilles de l'abb Marchal. Celui-ci fut cur de Fontaines-sur-Marne avant d'aller Osne-le-Val o il termina sa vie. Il est surtout connu par la monographie qu'il crivit sur ce dernier village. Une partie des objets qu'il dcouvrit entra dans l a collection du docteur Chaussinand. Nous n'avons jamais su ce qu'taient devenus les objets de cette collection

  • Aprs l'abb Gelin, vint la famille Colson 11 semblerait que le pre ait fouiii avec l'abb Gelin lors des fouilles de la ncropole. Les deux fils fouillrent aussi sur ce site. D'aprs l'abb Georges Dnoux, il semblerait que les fouiiies Colson aient t d'une grande qualit. Malheureusement pour nous, l'essentiel d'entre elles ne fut pas publi. Les notes doivent se trouver d m les archives de la Socit Historique et Archologique de Langres, d'o nous esprons qu'elles seront exhumes un jour prochain La publication la plus importante est celle qui concerne les trouvailles prromaines du Chtelet et de ses environs. La description du matriel est bien faite. Pour les Ages des Mtaux, il faut tre prudent en ce qui concerne les attributions de Coison. Nous ne pensons pas que Son puisse attribuer l'Age du Bronze les lments de bracelets qu'il a trouvs ; toutefois, une partie d'entre eux est certainement attribuable la Tne. Par contre, quelques fibules dites protohistoriques par Rgis Colson sont en ralit de l'poque gallo-romaine ; elles apparaissent la fin du premier sicle et sont appeles par les archologues allemands "soldaten Fibeln" . Elles sont frquentes dans les forts du Limes. Son tude sur les signatures de potiers gallo-romains est des plus intressante ; le reste de sa bibliographie consiste en courtes notes o l'on trouve, presque chaque fois, la description du contexte. Ce dernier lment dome une certaine valeur ces tudes et les diffrencie de ses devanciers. La monographie du Chtelet crite par Colon aumit eu un intrt majeur ; elle reste crire.

    W*

    Aprs le dcs de Rgis Colson, on trouve une grande priode o il y a eu peu de travaux sur le Chtelet l'exclusion d'un inventaire sommnire de Drioux (10). Puis dans les annes 60, nous assistons un renouveau de l'archologie Fontaines-sur-Marne avec les travaux d'Yvon Gaillet, instituteur et ancien maire de la commune. Ce sont les fouilles de la villa gallo-romaine effectues dans la fort au lieudit "La Charbonnire" pus des travaux plus ponctuels avec les fouilles de la "Fosse Briot" o une partie d'une ncropole gallo-romaine prcoce a t mise au jour. Cette fouille a conduit Yvon Gaillet tudier magistralement l'ensemble des statuettes d'Epona dcouvertes sur le Chtelet. On notera aussi une fouille de sauvetage sur le site de la ncropole des Plantes. L, ce sont deux spultures gallo-romaines du Bas-Empire qui ont t bouleverses lors de travaux routiers. Nou citerons encore les restes d'une zone d'habitat. Une autre fouille de sauvetage eut lieu "demre la Grange" sur un cimetire du Haut-Moyen Age. Cette fouille laquelle nous avons particip avec Yvon Gaiilet a t relate par Louis Richard.

    Les fouilles menes par Yvon Gaillet ont toujours t d'une grande rigueur et les publications qui en dcoulent sont tout fait utiliables, ce qui n'a malheureusement pas toujours t le cas prcdemment. Nou devons galement cet auteur plusieurs tudes d'objets nolithiques dcouverts sur le territoire de Fontaines et ramasss au cours de nombreuses prospections de surface. Celles-ci sont compltes par les tudes de Pierre Mouton, ancien cur de Gowon et prhistorien et par une note de Claude Stocker. Nous devons encore Yvon Gaiilet la publication d'un texte relatif l'aqueduc qui met la disposition du public des documents indits.

    *W

    (9) Paul et Rgis Colson. Le Chtelet et ses environs B i'poque preromaine, Mmoires de ln St des Lettres de Snint-Dizier, t. 23, p. 7-37.

    (10) Georges Drioux, Repertoire archeologique du departement de la Haute-Mme, dans C ~ h i m Hat-Mnmnis, 1194. (11) Y . Gaillet Le souterrain de Fontaines est-il un aqueduc ? dans Cahiers Hnirt-Mnnmis, 1%5, p. 90-101. (12) Gnllin, 25,1%7, p. 290. (13) Ibid., et GnllUs 27,1%9, p. 309. (14) Y. Gaillet, La villa gallo-romaine de La Charbonnire Fontaines-sur-Mme, dans CBhiers Hat-Mnmms, 1%4, p.

    51-77,

    m n

  • C'est cette poque que Nol Spranze, qui se nommait lui mme chercheur indpendant, fit paratre une tude sur l'aqueduc gallo-romain (15). Cette note n'apporte rien de nouveau sinon le point de vue d'un celtisant inconditionnel. Nous conseillons d'avoir la plus grande circonspection vis--vis de cette curieuse relation qui n'est toutefois pas sans intrt. Depuis, les tudes sur le Chtelet et ses environs se font rares, nous signalerons toutefois le travail de J. Drouot sur les signatures de potiers et les quelques articles que j'ai commis concernant YAge du Bronze, les fibules du Chtelet et la Haute-Borne (16). J'en finirai avec le rappel de ma publication sur les travaux de Grignon (17).

    Saint-Dizier le 2 avril 1992

    (15) Nol SPERANZE, Autour de la Haute-Borne de Fontaines-sw-Marne, Cnhiers Hnllt-Mnmms, no 76,1%4, p. 8-16. 06) Louis LEPAGE L'Age du Bronze au Chatelet de Gourzon (Haute-Marne), Birll. St de Sc. Nat. et d'Axhologie de Li

    Haute-Mnme, t. >O(, fasc 4,1973, p. 6-64. Louis LEPAGE, Les fibules d u Chtelet de G o m o n d'aprs les publications du XK0 side, Bulletin de ln Socit

    Archol*ue Champenoise, t. 71, no 4,1978, p. 51-64. Louis LEPAGE, La Haute-Borne Fontaines-sur-Marne, Bulletin de ln Socit Archblcgia~ie Chmnpcn&, t. 82, no 4,

    1989, p. 7-14. (17) Louis LEPAGE, Pierre-Clement Grignon, membre de la SoQete litteraire devenue Acadernie de aidons,

    Ardieologue du XVEi " side, Mm. de la Socitd'Agriculture con^. Sc. et Aris de In Mnme, t. 103,1988, p. 193-209,2 fig, 2 Pl. H.-T.

  • L'occupation du Chtelet et de ses environs travers les ges

    Lorsque Rgis Colson a publi son article sur le Chtelet l'poque prromaine, il ignorait totalement l'existence de vestiges du Palolithique dans les environs de la Haute-Borne. En effet, dans la collection Claude Stocker Ville-sur-aulx (Meuse), on trouve un beau racloir biface appartenant sans ambigutt au Paleolithique moyen. La presence de vestiges de cette poque est confirme par quelques autres objets en silex de la mme collection, trouves prs de la Haute-Borne ou sur le territoire de communes voisines. A Narcy par exemple se trouve un beau biface et avonnires (Meuse) le territoire de la commune a fourni pendant la guerre de 1914-18 des pointes mousteriemes un archeologue mobilis, de passage dans la rgion. il convient aussi de rappeler ici les trouvailles faites d m la grotte du Perthuis de Roche Morancourt par Ren Joffroy et Pierre Mouton qui ont fouill vers 1948 et ramass de L'industrie lithique et des vestiges de faune assez nombreux o se remarquent des restes de mammouth, de rhinocros laineux, de hyne etc.

    Ji ne serait pas surprenant de trouver des vestiges du Paleolithique suprieur dans les terres de Fontaines-sur-Marne. Nous savons que des industries remontant cette poque ont @t repres sur le territoire relativement proche de Cousances-les-Forges (Meuse), en limite de la Haute-Marne et m@me legrement sur notre dpartement. Une station de l'Epipalolithique y tait mle.

    Ces quelques indications semblent prouver que les territoires de Fontaines et de Gourzon ont pu &tre parcourus depuis plus de 50 OW ans par l'homme de Neandertal puis par l'homme de Cro-Magnon.

    Le Neolithique (anciennement appel Age de la Pierre polie) est nettement mieux reprsent, que ce soit sur le Chtelet ou sur les plateaux de Fontaines aux environs de la Haute-Borne.

    D'aprs le maMriel recueilli en surface proximit de la Haute-Borne, il semble que quelques armatures de flches indiquent un Nolithique ancien, par exemple pl. 1, no 1 de l'article de Claude Stocker, ou no 19 de l'article d'Yvon Gaillet "Chase aux silex". Ces objets sont mettre en relation avec les traces de civilisation danubienne mises en vidence par les fouilles du Perthois Larzicourt, Orconte ou Norroy.

    La priode qui suit : le Nolithique moyen, se retrouve dans quelques objets ramasss galement en surface. L aussi, nous retiendrons quelques armatwes de flches comme caractristiques de cette phase, ce sont essentiellement les armatures de flches sub-triangulaires c6ts convexes et bases concaves. C'est ce m@me type que nous avons rencontr la Vergentire Cohons. Quelques outils en plite, sorte de quartzite micasse appele aussi aphanite, ont t bouvs sur le site mme du Chtelet, ils font partie de la collection Colson et ne denoteraient pas dans un ensemble du Nolithique moyen. Par les inventaires rcents que nous avons faits de ce type d'outils pour l'ude entreprise par Pierre Petrequin de la diffusion de cette matikre, nous savons que les voies commerciales issues de la Haute-a6ne remontent la valle de la Marne jusqu'aux environs de Saint-Dizier : Ancerville (Meuse) ou Hauteville (Marne). On en connat un exemplaire Juvigny (Mme) prs de Chlons-sur-Marne. Il ne serait pas du tout invraisemblable que des traces d'habitais remontant au Nolithique moyen subsistent au Chtelet sous les remparts plus rcents. Nous savons que les groupes de cette poque affectionnaient particulirement les sites de hauteur.

    Le Nolithique final est aussi prsent, tant sur le site du Chtelet que sur les plateaux voisins. Les armatures de flches de tous types, pdoncules et ailerons, losangiques, foliaces tmoignent bien de cette poque et doivent indiquer une prsence de la civilisation Seine-Oise-Marne ou (et) de celle du Gord. L'absence de cramique est bien gnante car l'industrie lithique seule ne permet pas de se faire une opinion bien prcise.

  • Quelques armatures plus volues pdoncules et ailerons quarris ainsi que les poignards en silex du Grand-Pressigny permettent de penser que l'occupation s'est poursuivie sans hiatus jusqu' 1'Age du Bronze ancien.

    Une hache en bronze ailerons mdians, conserve au muse de la Princerie Verdun, nous conduit au Bronze moyen et indique des influences atlantiques dans les voies commerciales.

    Le Bronze final est jalonn par quelques objets trouves par les divers fouilleurs du site, que ce soit Grignon ou ses successeurs. Nous citerons rapidement un couteau manche cod du type de Courtavant qui voque le Bronze final 1, un couteau soie et une pointe de flche cite par Colson.

    Du premier Age du Fer, nous ne connaissons rien de dterminant. Toutefois, deux dbris d'armilles trouvs par Colson et un disque crnel issu des memes fouilles voquent le matriel de cette priode mais il s'agirait d'une phase assez terminale. Une fibule malheureusement incomplte peut dater de cette mme priode.

    Dam l'Atlas de Grivaud de la Vincelle, planche LXXVI, figure un os du bras autour duquel sont passes deux bracelets et 30 armilles. Aucune mention indiquant " m h e cabinet" ne figure proximit de cette gravure ; il n'est donc pas impossible que cet ensemble provienne du Chtelet. Nous serions l en prsence d'une spulture du Hallstatt final, trouve par Grignon aprs la rdaction du second bulletin et avant l'interruption bmtale des fouilles. Ce type de parure est bien connu cette poque dans la rgion et se rencontre Nijon, Chamouilley mais aussi aux Jogasses Chouilly dans la Marne o une ncropole a donn son nom la civilisation jogassienne qui caractrise cette phase de transition. Les bracelets massifs et dcores d'incisions situeraient cette parure aux alentours de 550 avant J.-C.

    Quelques fragments de bracelets cits par Colson et faisant partie de sa collection pourraient bien tre de la Tne ancienne.

    De la Tne moyenne, nous ne reconnaissons aucun objet. Par contre, c'est la Tne finale qu'il faut rattacher un certain nombre de monnaies gauloises trouves sur le site. Dans l'tat actuel des recherches, il est bien difficile de se faire une ide prcise des monnaies qui ont circul avant la fin de l'Indpendance gauloise Nous savons que la plupart du montaire gaulois a perdur et que m&me certaines monnaies ont t codes ou frappes sous la domination romaine, mais toutefois, un certain nombre d'entres elles sont bien connues et dates et appartiennent la Tne finale ; ce sont esscnticllement les monnaies d'or et d'argent; bien que rares, elles n'en existent pas moins au Chtelet.

    Les autres objets mtalliques ne sont pas convaincants, les fibules donnes comme gauloises par Colson sont dj d'un gallo-romain bien avanc ; seules quelques fibules sans cache-ressort peuvent tre plus anciennes. Quant aux rouelles, elles sont certainement de tradition gauloise, mais certaines peuvent aussi tre gallo-romaines.

    La cramique : amphores ou tessons divers, serait l'lment le plus convaincant mais les fouilleurs qui se sont succds sur ce site se sont contentes de rcuprer les plus belles pices.

    L'poque gallo-romaine qui va suivre sera jalonne par une srie de monnaies romaines et par quelques lments cramiques bien caracteristiques.

    Pour les monnaies, il ne semble pas y avoir de hiatus d m la srie depuis Auguste jusqu' la fin de l'Empire. ll y a, bien sr, quelques manques mais cela est normal, surtout que la masse montaire atribuable certains empereurs tait trs limite.

  • L'outillage recueilli n'offre aucun lment de datation caractristique.

    Les seuls lments de datation, en dehors des monnaies, se retrouvent dam les fibules, la cramique et les verreries.

    Les fibules sont suffisamment caractristiques pour indiquer une occupation continue de -80 avant J.-C. (fibule de Nauheim) au milieu du iime sicle (fibules mailles skeuomorphes et zoomorphes). Quelques exemplaires plus rcents de la fin du Bas-Empire viennent complter cette srie.

    Pour les cramiques sigilles, d'aprs Georges Drioux, la srie commence certainement la priode des Flaviens et se termine vers 270. Colson tait convaincu que la &ramique sigille relief perdurait au Chtelet au cours du IVeme sicle et ceci, d'aprs ses trouvailles. Nous ne voyons pas comment le Chtelet ne possdant pas d'atelier de cramique sigille aurait seul continu utiliser couramment ce type de vaisselle. il n'est pas impossible que quelques vases aient chapp la casse et aient t transmis par hritage, mais cela ne peut en aucun cas constituer une rgle gnrale sur le site. Colson n'a pas signal de cramique sigille dcore la molette, alors qu'elle est prsente dans la ncropole et sur certains sites de la rgion, Saint-Dizier "les CrassB" ou Hallignicourt "Fontaine Saint-Martin". Que faut-il penser de l'absence des tessons de ce type 1

    Pour la verrerie comme pour la vaisselle metaIlique, nous signalerons son usage ds le premier sicle et son utilisation durant toute la priode d'occupation du Chtelet jusqu' la fin du IFme sicle.

    Il ne semble pas que les grandes invasions aient interrompu la continuit de l'habitat sur le Chtelet. Si les fouilleurs ne signalent aucune trace d'habitat mrovingien, cela n'implique pas forcment qu'il n'existe pas. oit, ils ne les ont pas vues soit la nature des vestiges ne les a pas incits en faire part. D m la srie des fibules ramasses et conserves par Colson, se trouvent deux fibules anses symtriques du V U * m e sicle qui ne se trouvaient pas avec le matriel de la ncropole. Elles sont peut-tre les *moins de ces habitats mconnus. De toute faon, le cimetiere des Plantes et l'autre cimetire situ sur le plateau mme du Chtelet ont continu &tre utiliss jusqu'au W * m * sicle.

    Voici en peu de mois ce que nous pouvons dire sur I'occupation de ce site prestigieux qu'est le Chtelet. Des fouilles srieuses, et non des fouilles clandestines entreprises en ces lieux, devraient permettre de prciser les priodes peu claires ou mme obscures de ces occupations successives. Nous pensons ici bien videmment aux poques qui entourent la priode majeure d'occupation du plateau, que ce soit au cours de la Frhistoire ou de la Protohistoire ou au dbut du Haut-Moyen Age. Nous revenons sur le problme des fouilles sauvages pour dire que, si elles apportent parfois quelques satisfactions aux fouilleurs, elles le dtournent le plus souvent de faire connatre la communauM ses trouvailles et privent par l m&me les savants et les amateurs de renseignements essentiels la comprhension d'un site.

  • NOTES ARCHOLOGIQUES

    SUR

    LES FOUILLES FAITES ET LES MONUMENTS DCOUVERTS

    SUR LA MONTAGNE DU CHTELET,

    SITUE PRS DE FONTAINES (HAUTE-MARNE),

    PAR M. A. PHULPIN, Prtre, Bachelier de orbome et Cur du petit village de Fontaines.

    Scilicet et tcmpus vmiet, quumfinibus illis Agricola innrruo terram molitus arntro, Exesa invmiet scabr ruhgine pila, Au t gravibus rastris gnleas pulsabit inanes, Grandiaque @ossis mirabitur ossa sepulcris.

    (VIRGILE. - GEORGIQUES, LN. le'.)

    AlP

    NEUFCHATEAU, IMPRIMERIE DE VICTOR DE MONGEOT.

    1840.

  • Langres, ler novembre 1840.

    Dans le cours de l't dc l'annee dernire, M. Girault de Prangey, inspecteur des tnonu- mens historiques de la Haute-Marne (l), consacra plus de six semaines parcourir en tous sens ce dparternelit, dam le but d'avoir un aperu gnral des diverses richesses inonu- mentales qu'il renferme.

    C'est en faisant ces excursions scientifiques et archologiques que M. Girault de Pran- gey eut l'occasion d'admirer la magnifique collection de mdailles trouves par M. Phulpin, cur du petit village de Fontaines. 11 fut frapp, comne tous ceux qui les ont vues, de la beaut et de la inerveilleuse conservation de ces mdailles, toutes recucillies sur place. Ii engagea, lui aussi, M. Phulpin publier la relation exacte de ses travaux et de ses recher- ches, et fut assez heureux pour le dcider le faire le plus t6t possible (2).

    Mais les infirmits et le grand age de M. Phulpin (il a 83 ans) ne lui permettant pas de suivre les details minitieux que rclame l'impression d'un ouvrage, M. Girault de Prangey leva ces difficults en nous proposant de l'aider dans ce travail. Nous acceptames cette mis- sion laborieuse, et quinze jours furent consacrs par nous, dans le mois de septembre de l'anne 1839, tudier les lieux avec M. le cur de Fontaines.

    Tout en revoyant la rdaction, nous avons cru utile de joindre, toutes les fois qu'il a t ncessaire, nos observations et nos propres recherches celles du inanuscrit que nous tions charg d'editer, et aussi d'appuyer de citations indispensables certains points qui avaient besoin d'etre eclaircis.

    Nous avons divis ce travail en trois parties distinctes, entremles de petits chapitres, pour plus de clart. La premire partie renferme des dissertations historiques sur l'origine et la destruction du Chatelet ; la deuxime coinprend tout ce qui a rapport aux fouilles et aux dcouvertes faites par M. Phulpin ; enfin la troisime a pour objet la description de monu- ments existants prs du Chatelet, et une notice biographique sur Grignon.

    Un concours de circonstances, qu'il nous tait impossible de prvoir et que nous ne pouvons expliquer ici, nous a forc de suspendre inomentanrnent l'impression commence de cet ouvrage, que nous pensions pouvoir terminer vers le premier janvier de cette anne ; inais nous n'avons pas perdu ce retard, parce que, depuis lors, nous avons t mme de profiter de nouvelles observations qui nous avaient chapp, et de nouvelles dcouvertes dont nous n'avions pas connaissance l'anne dernire.

    Qu'il nous soit permis, cn terminant, de nous joindre aux personnes qui ont flicit M. Phulpin de la rsolution qu'il a prise de domer le jour ses intressantes dcouvertes du

    (1) Auteur du grand ouvrage sur les Monamais nrnbes et ntntrresqrles de Cordoiorce, Sville et Grennde. Ce magnifique ouvrage, un des plus remarquables que nous connaissions, sous le rapport scientifique, artistique et typographique, forme un cours complet de l'architecture arabe etudie dans toutes ses parties sur les lieux memes. Jusqu'alors ce travail avait manque l'art architectonique ; l'exactihide qui a preside son xenition en fait un ouvrage des plus prcieux et des plus curieux. Nous appre- nons que M. Girault de Prangey se propose de poursuivre cette belle et grande eilheprise. (Voyez le Rnpporf fait le 11 avril 1840 sur cet ouvrage l'Institut de France par MM. Hersent, Sdmek, Cortot, Nanteuil, Vaudoyer, Fontaine, Huyot, Debret, Leclre, Guenepin, Huv, Le Bas, rapporteur, et Raoul- Rochette, secrtaire perpetuel.) (2) Voyez le Rapport de M. Girault de Prangey, inser dans le Biillctin nzontima~fnl de ln Socit pour ln

    coiicwntioti ef In desciiption des Moni~nmzs 71kfoiiqnes de Frnnce, page 325, tome VI. - IMO.

    3

  • A. PHULPIN NOTES ARCHGOLOGIQUES

    Chatelet. M. Phulpin a non seulement droit notre reconnaissance, en publiant un docu- ment prcieux, nouveau sur l'histoire de notre departement, mais encore notre estime, en consacrant le produit de cette publication au soulagemeiit des inalheureux. Nous deinande- rons pardon M. Phulpin d'avoir rvle un secret qu'il nous avait dfendu de devoiler ; mais si nous avons te indiscret, c'est afin d'engagerdavantage les amateurs seconder sa noble ide.

    J.-C. Mougin.

  • AVANT-PROPOS.

    L'OLVRAGE que je publie est le fruit de mes loisirs et le rsultat des heureuses dcou- vertes que je fis sur la montagne du Uintelet, situe entre Joinville et Saint-Dizier, dans le dpartement de la Haute-Marne. Ce n'est qu'aprs les noinbreuses et pressantes sollicita- tions, trs souvent ritres, de savants distingus et d'hoinines honorables, que je ine suis enfin dcid le mettre au jour. -"Vous devez ce tribut la science et l'histoire de votre pays," me disait-on de toutes paris, "pourquoi laisser ignorer ces dcouvertes intressantes ? C'est un vol que vous faites l'archologie en les coliselvant pour vous seul." -Je dus donc cder ces insistances ; et je cdai.

    Mais j'prouve un regret, je l'avoue, et ce regret, c'est de n'avoir pu faire la descrip- tion bien complte des divers objets d'antiquits dcouverts par moi, parce qu'une grande partie n'est plus en ma possession ; d'un autre cot, mes infirmites et mon ge avanc ne in'ont pas permis de donner la nomenclature dtaille des indailles en argent, en grand, moyen et petit bronze, soit romaines, soit gauloises, que je possde, comine je l'ai fait pour celles en or. J'aurais encor dsir pouvoir joindre ce travail quelques dessins des objets les plus curieux, mais le manque de dessinateur m'a forc y renoncer.

    Quoiqu'il en soit, je livre au public ces notes archologiques telles quelles, et sans prtention aucune de faire de la science : ce sera toujours une page et un docuinent de plus pour notre histoire locale.

    Le premier ouvrage qui parut sur le Chtelet porte ce titre : Bulletin des Fouilles faites par ordre du roi, d'une Ville romaine, sur la petite montagne du Chnteret, entre Saint-Dizier et Joinville, m Champagne, dmirverte, m 1772, par Grignon, mntre de forges 13 Bnyard, correspon- dant de I'Acndmie roynle des Inscriptions et Belles-Lettres, de celle des Science de Paris, nssoci de celle de Chilons. -A Bar-le-Duc, chez Cliristoplie, imprimeur-lilirnire, etc., 1774. En 1775, il fit encore paratre un second Bulletin sous le m&ine titre.

    Depuis lors, quelques notes superficielles sur le Chtelet furent insres dans les Mmoires de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris, dans ceux de l'Acad- mie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, et dans d'autres ouvrages : les premires sont en partie relatives aux dcouvertes faites par Grignon, et les secondes celles qui ont t faites par moi.

    Sans doute, en entrant dans les dtails les plus minutieux sur les divers objets qu'il a recueillis, Grignon a rendu de grands services la science, car avant tout son ouvrage est savant. Mais on ne peut comprendre comment, dans un espace de terrain aussi vaste que celui sur lequel il a opr, il a dcouvert si peu de mdailles et d'objets en or. Soit que le hasard lui ait t dfavorable, soit encore que les fouilles aient t mal dirigees ou inal surveilles, ses recherches n'eurent pas tout le succs matriel qu'il en devait esprer. Plus heureux que lui, dans une zone assez resserre, j'ai pu recueillir de vritables richesses numismatiques, richesses qui ont dpass, mme de beaucoup, mes esprances.

    A. Phulpin.

  • NOTES ARCHOLOGIQUES SUR

    LE CHATELET. PREMIERE PARTIE.

    POSITION TOPOGRAPHIQUE DU CHATELET. En sortant de la jolie ville de Joinville, vous ment, mais sa base s'enracine au sud-est avec le

    apercevez, droite de la route qui conduit Saint- coteau de Fontaines ; elle est delimite au midi par Dizier, une petite montagne isole et presque pic, la rivire de Marne qui la baigne, l'ouest-nord et situe une gale distance de ces deux villes, sur le au nord par le vallon de Ruetz, au nord-est et territoire de Gourzon (3). C'est cette montagne, l'est par le ravin creus dans les terres de Fontaines. appele dans le pays le Chnfelet, qui a t, diver- "Le c6t de la montagne qui est expos au midi, ses poques, l'objet de plusieurs dissertations tant coup presque pic, est inculte dans la plus savantes plus ou moins curieuses, et sur le somnet grande partie de son etendue, excepte sa base, qui de laquelle on a dcouvert des antiquits romaines est garnie de vignes ; le c6t qui regarde l'ouest du plus haut intert. forme un angle, prolonge par l'boulement des ter-

    Voici la description qu'en donne Grignon dans res superieures sur une pente d'environ onze pou- le deuxime Bulletin de ses fouilles sur le Chatelet, ces par toise, ce qui la rend accessible aux voitures, et que j'ai cru devoir transcrire ici, parce qu'elle m'a et permet de la cultiver sur les deux tiers de sa paru exacte sous plusieurs rapports : hauteur ; le surplus est une rocaille couverte de

    "La petite montagne de Chatelet est situe au buissons. 48e de@ 32' 30" de latitude, et au 22e 32' de longi- "En tournant le vallon de Ruetz, au nord et tude, au bord de la rivire de Marne ....... ; elle est nord-est, le penchant de la montagne prend de la environne des villages de Gourzon, de Fontaines, raideur, et est couvert des bois communaux de de La Neuveville, de la forge de Bayard et de la Gourzon ; la partie expose l'est-sud est fort commanderie de Ruetz. La base de sa masse est un escarpee, mais cependant praticable pour les voitu- ovale allong, qui a, dans son grand diamtre res, qui traversent la montagne par le vieux chemin dirig de l'ouest-nord au sud-ouest, huit cent qua- de Bayard Fontaines." tre-vingt-dix toises de longueur, et trois cent qua- L'air qu'on respire sur le Chatelet est pur, mais ire-vingt-dix toises dans son petit diametre, du sud trs-vif. Depuis I'epoque laquelle Grignon fit la au nord, enfin deux milles cent toises de pourtour ; description que je viens de citer, l'aspect de la mon- elle s'lve de deux cents pieds au-dessus du tagne a peu chang : seulement une partie du som- niveau de la rivire, et se termine par une plate- met a t plante de bois, qui genraleinent ne crot forme d'environ soixaiite mille toises carres de pas bien, soit cause de la terre qui est trs-lgkre superficie, qui etaient entirement occupees par et sans consistance, soit peuttre aussi cause de la l'assiette de la ville, formant une espce de triangle violence des vents qui soufflent presque continuel- curviligne, dont les trois parties saillantes figuraient lement. trois espces de bastions, dont l'un est dirige au Du sommet de cette montagne, on dcouvre au couchant, le second au nord et le troisime au loin et presque d'un seul coup-d'oeil les diverses levant. Le haut de cette montagne est isol entire- localii+s qui l'entourent ; on est surtout inerveill

    (3) Canton de Clievillon, arrondissement de Wassy, dpartement de la Haute-Marne. Ce village fait partie de la Cham- pagne, et dependait autrefois de la principaut de Joinville.

    7

  • A. PHULPIN NOTES ARCHOLOGIQUES de la magnifique perspective que prsente la belle des autres parties, surtout dans le bois de Gourzon, et dlicieuse valle dans laquelle se trouvent les vil- o la portion qui exista a conserv son niveau, ses lages de Fontaines et de %mineville. La Marne diinensions et ses alignements. coule en serpentant au milieu des prairies, et vient "Je vis que le cordon du mur dont j'ai parl etoit arroser le pied de la montagne ; des bouquets de interrompu dans un endroit o l'on voyoit les tra- bois sont plants ct l, et l'horizon est bord par ces d'un ancien cheinin, rendu sinueux pour en de belles forts. diininuer le reinpant, lequel partoit de la valle de

    DESTINATION DU CHATELET A L'POQUE Ruetz l'ouest-nord pour monter la ville ; que GALLO-ROMAINE. cette sparation de mur toit sans doute l'entre de la ville, et que le pomrion, dans cet endroit, avoit

    plus de largeur et formoit une espce de place qui GRIGNON, soit pour donner plus d'importance avait quatre issues, aux fouilles qu'il fit faire sur le Chatelet, soit qu'il "Je vis aussi, sous le bastion l'ouest, un foss ft convaincu de ce qu'il avanait, elnit le premier de circonvallation au-dessus de ce pomrion, qui en l'opinion qu'une ville romaine avait t btie sur rendoit trs-difficile dans cette partie ; mais cet emplacement, et il appuie son opinion sur les ce foss s'est efface par la suite des temps dans le obsewations qu'il a faites sur les lieux. Au reste, surplus de son ; il formait une courbe sous voici sa description : le bastion et se prolongeoit au nord sur une ligne

    "Je jetai alors un coup-d'oeil attentif sur cette celle des montagne ; je reconnus que sa surface avoit t en On voit, d'aprks cet extrait, que Grignon avait partie aplanie mains d'hommes, quoiqu'elle soit wdi les localits avec beaucoup de soin et un Peu plus leve l'est qu' l'ouest ; le suplus d'attention, et qu'il tenait essentiellement prouver est horizontal, le ct du nord tant un peu inclin. ville romaine avait exist sur cette Je vis que l'espce de bastion au couchant tait ~~i~ la position particulire de cette place, sa form de terres rapportes ; qu' partir de ce point resserre, la difficult des abords, et le peu de il regrioit au Pourtour de la montagne, Sans inter- communications que cette prtendue ville devait ruption depuis l'ouest-sud jusqu' l'est-est-sud, en ncessairement avoir avec &autres, sont quelques- passant par le nord, un cordon saillant qui dlimi- ,,, des ,,,, qui toujours fait pemer toit toute cette partie et ressembloit aux ruines d'un y avait eu sur le plateau du chatelet non me ville, inur croul sur ces fondemens, mais masqu par seulement un camp les terres dont il est recouvert et par des buissons Au reste, je ne veux pas coinbattre avec ines qui s'y sont enracins. propres armes une opinion qui a t sanctionne

    "Ce cordon spare deux espces d'esphades, par y ~ ~ ~ d f i ~ des ~ ~ ~ ~ i ~ t i ~ ~ et Belles-Leth.es, de vingt-quatre pieds chacune de largeur, qui ,, poque, il est vrai, o la science archologique rgnent dans toute cette etendue : l'une, intrieure,

    ,,lavait pas encore atteint au degr de hauteur est entirement forme de terre rapporte Pour elle est arrive de nos jours ; mais je crois devoir, l'lever de niveau sur le penchant de la montagne ; pour plus de des savantes l'autre est extrieure ; elle est assise dix ou douze recherches faites par M. de caumont ce pieds plus bas que le mur et pratique dans le mas- sujet (4), sif de la montagne excave et rgale. On sait que "Les Roinains, dit-il, apportaient beaucoup de les Romains nommaient ces terrasses yomoena, qu'il soin dans le choix des lieu o ils tablissaient un n'toit pas permis aux habitants des villes de prati- camp, et ils obsenraient des que polybe, quer des jardins sur celle qui toit intrieure, et que Hygien, Vgte et plusieurs autres auteurs nous la charrue ne pouvoit approcher de l'extrieure. ont transmises. "Je remarquai que, du ct du midi, il existoit "...Le dedans de leur camp, dit l'historien Fla- des traces lgres de pareilles terrasses, mais bien ,oseph, est spar par quartiers o lfon fait les plus deformes Par cuculwre que logements des officiers et des soldats ; on prendrait

    (4) Coius d'Anti

  • A. PHULPIN NOTES ARCHOLOGIQUES

    la face du dehors pour les murailles d'une ville, la forme la plus ordinaire ; inais on les faisait aussi, parce qu'ils y lvent des tours galement distantes, suivant les lieux, circulaires, demi-ronds ou trian- dans les intervalles desquelles ils posent des inachi- gulaires." nes propres lancer des pierres et des trai ts... Le On voit, d'aprs ces observations et rn@ine dedans est divis par rues, au milieu desquelles d'aprs la description des lieux donne par Gri- sont les logements des chefs, un prtoire fait en gnon, que mon opinion sur l'existence prsume forme de temple, un march, des boutiques d'arti- d'un camp romain sur le Chatelet se trouve pleine- sans et des tribunaux, o les principaux officiers ment justifie, puisqu'elle runit toutes les condi- jugent les differei~ts qui s'lvent : ainsi on pren- tions que les Romains apportaient dam le choix de drait ce camp pour une ville faite en un moment, leurs camps. II ne reste donc maintenant aucun tant le grand nombre de ceux qui y travaillent et doute sur la disposition qu'a eue autrefois l'empla- leur longue exprience le mettent en cet tat plus cement dont nous nous occupons. Ainsi, Grignon a t6t qu'on ne le saurait croire ; et si l'on juge qu'il en pu fort bien s'tre trompe sur ses prtendues soit besoin, on l'environne d'un retranchement de dcouvertes de temples et de divers autres difices quatre coudes de largeur et de profondeur gale." publics, en attribuant ces constructions une desti-

    "Les Romains faisaient grand cas de la proxi- nation diffrente de celles qu'elles doivent avoir mit des rivires, qui fournissaient l'eau dont ils eue reellement, et il a d aussi induire facileinent avaient besoin, en m&me temps qu'elles defen- en erreur les personnes qui s'en sont occupees daient l'accs du camp. Us se plaaient ordinaire- alors, sans avoir vu la localit. ment sur un terrain en pente douce, expos au Au reste, M. Baudot, prsident de la Commis- inidi, afin de profiter de la chaleur du soleil, qui sion dpartementale des Antiquits de la Cote-d'Or, leur tait si utile en hiver ; ils cherchaient runir qui a visit les lieux, s'explique ainsi ce sujet, aux avantages prcdents celui de dominer sur les dans une lettre qu'il m'crivit en 1826 : contrees voisines, et se plaaient sur des points trs- "Permettez-moi, je vous prie, de vous exprimer, eleves d'o la vue pouvait decouvrir un vaste hori- d'aprs ce que j'ai vu, ma pense sur celui de ces zon. Les camps romains taient habituellement car- monuments (le Chatelet), duquel vous possedez le rs ou oblongs, ayant quelquefois leurs angles sol. Je ne pense pas qu'une ville entire ait exist arrondis. Lorsqu'il y a eu derogation cette rgle, sur la montagne du Chatelet, mais seulement un c'est que la configuration des eminences sur les- fort, une tour, une enceinte fortifie (castrum), ainsi quelles les camps taient assis, ou d'autres circons- que ceux qui, sous les Gaulois, comme sous la tances naturelles ont fait sacrifier la rgularit la domination romaine, taient placs prs des rivires force. et des fleuves. Le votre sparait deux peuples : il

    "Les camps taient de plusieurs espces : on servit ii l'un des deux de poste important pour le appelait cffitru stativa, ou stations, les camps fixes dfendre des entreprises injustes que pouvait tenter qui servaient de retraite B des troupes permanentes, l'autre relativement aux droits et la proprit du prposes la garde du pays ; ils ont souvent premier ; il servait galement de fanal celui chez donn naissance des villes ou B des bourgades. lequel il tait plac, pour l'avertir en cas d'invasion

    "Les enceintes fortifies dans lesquelles les trou- de l'ennemi ; il tait encore utile pour proteger la pes passaient leurs quartiers d'hiver s'appelaient perception du tribut de passage ainsi que celui de cffitrn hiberna ; ils sont aussi devenus quelquefois la pche, qu'ils possdaient ensemble ou spar- des stations, et par suite des villes romaines. ment.

    "Les castra s t i v~ ou camps temporaires, taient "Nous en avons plusieurs exemples en Bourgo- fortifis avec inoins de soin que les cainps d'hiver, gne, sur les bords de la SaCine, et particulirement et n'ont d servir que pendant un temps assez dans un village que je connais beaucoup, lequel, court. ainsi que votre montagne, conserve encore le nom

    "Vgce, qui crivait au IVe sicle, nous de Chatelet ; il est situe entre Saint-Jean-de-Losne apprend qu'alors les camps taient bien inoins et eurrez, et dans son territoire on a dcouvert un rguliers qu'auparavant : le carr long tait encore puits cach depuis bien des sicles, ainsi que des

    (5) Leme de M. Baudot, datee de Dijon le 4 mai 1826.

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  • mdailles de tous mtaux, et d'antiques matriaux de constructions.

    " ... II me parat donc certain qu'il n'a t, dans les temps antiques, plac sur votre montagne qu'un fort (cnstnrm), et ce, prs du cours de la Marne, parce que cette rivire sparait, dans cet endroit, la Gaule Celtique de la Belgique, coinme il arrivait souvent relativement aux jonctions des provinces, sparations dont parle Csar, mais qu'il ne faut pas toujours croire la lettre dans toute la Gaule ; et ce cours sparait galement les Lingons des Rmois ; ces derniers, tant allis des Eduens, tenaient dans la Belqique le mme rang que leurs amis dans la Celtique.(5)"

    Plusieurs autres savans antiquaires distingus, auxquels j'ai fait voir les lieux divers poques, ont exprim la mme opinion, et ont conclu tous, apres les avoir tudis, qu'il n'y avait plus de doute sur l'existence d'un camp sur la montagne du Chatelet pendant l'occupation des Gaules par les Romains ; que d'ailleurs le nom de Chatelet, conserv par la tradition A cette place, se retrouve dans un grand nombre de localits o l'on a constate de sembla- bles dcouvertes (6). NOMS PRETENDUS DONNS AU CHATELET

    A L'EPOQUE GALLO-ROMAINE.

    Lorsque Grignon publia le rsultat de ses pre- mires recherches sur la dcouverte d'une ville antique, cette nouvelle eut du retentissement dans toute l'Europe. Non seulement les savans suivirent les progres de cette dcouverte avec le plus vif inte- rt, mais encore les personnes trangres aux scien- ces archologiques. Chacun voulut mettre son opi- Non sur cette ville sortie d u sein de la terre ; cha- cun disputa pour dterminer sa position gographi- que ancienne, ou pour lui donner u n nom qu'elle n'a jamais eu.

    NOTES ARC&.OLOGIQUES

    Les savans de l'poque surtout se torturrent beaucoup l'esprit ce sujet, et la Gnzette de Frnnce fut l'cho fidle de ces dissertations scientifiques, plus ou moins raisonnabies. Parini ces derniers, un academicien de Vienne, noinin ceyb, alla juqu'a ~ e r l'existence antique de la ville actuelle de Lan- gres, et chercha prouver qu'Andomnhtnlrm, nom que portait cette ville sous la domination romaine, tait situ sur la montagne du Chatelet (7). D'autres crivains en font une civitas Lingonum. Une dame qui a gard l'anonyme, demandait si la ville dcou- verte sur le Chatelet n'est pas Alesia (Alise). Enfin, un auteur d'une histoire manuscrite de Joinville, qui crivait au XVIIe sicle, parat un peu plus rai- S 0 ~ a b l e : il mentionne, l'article Gourzon, village situ en face du Chatelet, sur la rive gauche de la Marne, qu'anciennement ln cit de Gorse (8) fut bitie sur ln montngne de Chatelet, finage dudit Gounon, sous Bayard, qui depuis, aumit t ruine, et sous ses mines se trouvent des mifnilles d'or, d'nrgent et de laiton des empereurs Arcndius et Xoncrirrs : de l est demntr le vestige du village de Gounon, ainsi qu'il se connat par un vieux titre du mois defhrier