Les 100 Portes Du Proche-Orient

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Les 100 Portes du Proche-Orient:

1997 se prsente, pour le Proche-Orient, comme une anne dcisive. Annonc comme imminent depuis plusieurs semaines, l'arrangement isralo-palestinien sur Hbron suffira-t-il sauver les accords d'Oslo ? Les fragiles acquis de la normalisation entre l'Etat juif et ses voisins arabes seront-ils prservs ? La pax americana subira-t-elle, du Kurdistan au Golfe, de nouveaux assauts ? Pour vous aider vous y retrouver dans cette actualit, nous avons dcid de mettre en ligne Les 100 Portes du Proche-Orient. Publi pour la premire fois par Alain Gresh et Dominique Vidal en 1986, ce livre vient d'tre actualis pour la quatrime fois aux Editions de l'Atelier. Avec l'accord de l'diteur et des auteurs, il se trouve ainsi la libre disposition des internautes fidles au site du Monde diplomatique. Cette dition a t ralise en septembre 1996. Les textes seront rgulirement revus (la date de mise jour sera alors indique). AVANT-PROPOS SOMMAIRETous droits rservs - ditions de l'Atelier. Ralisation : Philippe Rivire.

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CHRONOLOGIE

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ARABE

ARABES ISRALIENS

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ARAFAT (Yasser)

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ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE

ASSAD (Hafez Al)

AUTONOMIE

AUTORIT PALESTINIENNE

BAAS

BAGDAD (pacte de)

BALFOUR (dclaration)

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BEN GOURION (David)

CAMP DAVID (accords de)

CANAL DE SUEZ

CHIISME

CISJORDANIE

COLONISATION

COMMERCE EXTRIEUR

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CURIEL (Henri)

DEIR YASSINE (massacre de)

DRUZE

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GYPTE

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EXPULSION

FINUL

FORCE DE DPLOIEMENT RAPIDE (FDR)

FRANCE

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GAZA (bande de)

GNOCIDE

GOLAN (plateau du)

GOLFE (crise et guerre du)

GRANDE-BRETAGNE

GUERRE CIVILE LIBANAISE

GUERRE DE 1948-1949

GUERRE DE 1956

GUERRE DE 1967

GUERRE DE 1973

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HABACHE (George)

HAMAS

HARIRI (Rafik)

HAWATMEH (Nayef)

HERZL (Theodor)

HUSSEIN (Saddam)

HUSSEIN IBN TALAL

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INDPENDANCES

INFITAH

INTIFADA

IRAK

IRAN

IRANGATE

ISLAM

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KHOMEYNI (Ruhollah)

KOWET

KURDES

LAWRENCE (colonel)

LIBAN

LIBYE

LIGUE ARABE

LOBBY

MARONITES

MASSADA

MINORITS

MOUBARAK (Hosni)

NASSER (Gamal Abdel)

NATIONS UNlES (rsolutions des)

NGOCIATIONS FINALES

NETANYAHOU (Benyamin)

ORGANISATION DE LIBRATIONDE LA PALESTINE (OLP)

ORIENTAUX (Juifs)

OSLO (Accords d')

PALESTINIENS

PARTAGE (plan de)

PARTIS POLITIQUES ISRALIENS

PNINSULE ARABIQUE

PERES (Shimon)

PTROLE

RABIN (Itzhak)

RUSSIE

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SADATE (Anouar Al)

SANCTIONS

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SARTAOUI (Issam)

SEPTEMBRE NOIR

SIONISME

SOUDAN

SYKES-PICOT (accords)

SYRIE

TAF (accords de)

TAL AL ZAATAR

TERRORISME

TURQUIE

UNION EUROPENNE

YMEN

YICHOUV

Alain Gresh - Dominique VidalTous droits rservs - ditions de l'Atelier.

AVANT-PROPOS" Tournant " : voil un de ces termes dont raffolent les mdias, dsireux de rsumer d'un mot une ralit complexe. Encore faut-il, s'agissant d'histoire, en user bon escient. Seuls des vnements transformant durablement le paysage national, rgional ou international mritent cette caractrisation - ainsi la Rvolution franaise, l'indpendance de l'Algrie ou la chute du mur de Berlin. Au Proche-Orient, la cration de l'tat d'Isral, en mai 1948, marqua assurment un tournant ; la prise du pouvoir, en gypte, par les " Officiers libres ", en juin 1952, galement - encore qu'on ne s'en rendit compte que plus tard ; de mme la dfaite arabe dans la guerre des Six Jours, en juin 1967. Il est sans doute trop tt pour dire si la poigne de main entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat, le 13 septembre 1993, marque une tape dcisive dans l'histoire des relations isralo-arabes. Il aura en tout cas suffi de quelques mois au nouveau Premier ministre d'Isral, Benyamin Netanyahou, pour remettre en cause les fragiles acquis du processus de paix et provoquer une explosion de violence sans prcdent depuis l'intifada... La guerre du Golfe a assurment rebattu les cartes dans la rgion. Elle a, entre autres consquences, mis sur les rails de ce qu'on a appel le " processus de paix " entre Isral et ses voisins arabes, en premier lieu les Palestiniens. Rompant avec la ligne suivie depuis prs d'un demi-sicle, l'tat juif dt reconnatre l'OLP, conclure avec elle un accord d'autonomie pour Gaza et la Cisjordanie, retirer ses troupes des principales villes des Territoires occups, transfrer une partie de ses pouvoirs une Autorit lue au suffrage universel, etc. Paradoxalement, ces avances se sont produites dans un rapport de force plus dfavorable que jamais au mouvement national palestinien et, plus gnralement, arabe - on pourrait mme dire grce lui : par-del les pressions de la Maison Blanche, ce qui a dcid les dirigeants israliens, c'est sans aucun doute la certitude de la supriorit crasante, conomique, technologique et militaire de leur pays. D'emble, la paix tait pige, mme si l'on n'en prit conscience qu'au fur et mesure des reculades de Yasser Arafat face un Itzhak Rabin intransigeant. Le rsultat, c'est l'accord dit Oslo II : l'Autorit palestinienne ne contrle pleinement, outre les deux tiers de Gaza, que 3 % du territoire de la Cisjordanie et gre une conomie totalement dpendante d'Isral, comme l'illustrera tragiquement le " bouclage " rptition des enclaves autonomes. Sans parler du report 1999 de toute dcision sur les questions cls : colonies juives - le nombre de colons est pass en Cisjordanie, entre 1992 et 1996, sous le rgne travailliste, de 105 000 145 000 -, rfugis, statut dfinitif de la Cisjordanie et de Gaza ainsi que de Jrusalem... C'est d'ailleurs aux limites de l'accord que le dirigeant du Likoud dt de l'emporter au printemps 1996. Quatre ans plus tt, le gnral Rabin avait pass un contrat avec l'lectorat : payez le prix - minimum - de la paix avec les Palestiniens, promettait-il en substance, et vous aurez en change la scurit et la prosprit. Il n'en a rien t. Humilie politiquement et asphyxie conomiquement, l'Autorit palestinienne ne put empcher les islamistes radicaux de relancer leurs oprations armes. Dans une opinion isralienne trouble, la droite la plus extrme redevint agressive - Itzhak Rabin est tomb sous ses balles. Et son successeur, Shimon Peres, se suicida politiquement, le 5 janvier 1996, en donnant le feu vert l'assassinat du terroriste Yehia Ayache : il offrit ainsi la direction extrieure du mouvement Hamas le prtexte d'une vague d'attentats qui allaient, avec l'intervention au Liban, compromettre les chances des travaillistes. D'autant que, si les perspectives de paix ont effectivement dop la croissance (+ 6 % par an, en moyenne, depuis 1990) d'une conomie isralienne saisie par la fivre des nouvelles technologies, seule une mince couche de la population en a recueilli les fruits... Port par les peurs et les frustrations de la majorit des Israliens, le nouveau Premier ministre isralien pourra-t-il renverser le cours de l'histoire ? L encore, parler de tournant serait pour le moins prmatur. Fils du plus proche collaborateur de Zeev Jabotinsky, Amricain autant qu'Isralien, Benyamin Netanyahou a grandi dans le srail du sionisme extrmiste. Le " rvisionnisme " se conjugue, chez lui, avec l'ultra-libralisme. Il s'appuie sur les faucons historiques du Likoud (Ariel Sharon en tte), les ultra-orthodoxes orientaux de Shas et l'extrme droite laque de Tsomet. Ses premiers mois au pouvoir ont confirm qu'il entendait bloquer les ngociations avec l'Autorit palestinienne comme avec la Syrie, tout en relanant la colonisation sur le terrain... Pourtant, aussi dcid qu'il puisse tre, le Premier ministre doit compter avec les consquences envisageables, intrieures et extrieures, d'une dtrioration rapide des relations isralo-arabes. Si le dsespoir des Palestiniens dbouche sur un nouveau cycle de violence, l'instar des vnements de la fin septembre 1996, l'lectorat isralien demandera des comptes celui qui lui a promis la paix dans la scurit. Comme il lui reproche d'ores et dj amrement l'austrit mise en oeuvre : acclration des privatisations, coupes franches dans les budgets des services publics et les programmes sociaux, dmantlement des acquis sociaux. Les gens, dans leur grande majorit, s'indignent de voir accorder gnreusement aux colons les budgets qui font cruellement dfaut la vie quotidienne en Isral. De surcrot, si l'affrontement avec les Palestiniens compromettait la normalisation en cours avec les pays arabes, Benyamin Netanyahou devrait aussi s'expliquer avec cette nouvelle bourgeoisie avide de capitaux trangers et de marchs proche-orientaux - car l'afflux des uns et la pntration des autres passe par la stabilit rgionale. Stabilit : c'est aussi le but de l'administration amricaine. William Jefferson Clinton passe, juste titre, pour le prsident amricain le plus favorable l'tat juif depuis 1948. Quant au lobby pro-isralien, mme s'il a perdu de son influence, il pse d'un poids non ngligeable dans les dcisions du Congrs. Toutefois, comme toujours, seuls comptent, en dernire instance, les " intrts vitaux " de l'Amrique. Aprs la disparition de l'URSS comme acteur majeur sur la scne proche-orientale, les tats-Unis, devenus superpuissance unique, raffirmrent magistralement leur leadership, mondial et rgional, l'occasion de la guerre du Golfe. Washington a travaill depuis en confirmer les acquis - c'est, vue d'outre-Atlantique, la principale vertu de l'autonomie palestinienne. Pas question de laisser qui que ce soit menacer l'ordre amricain, ni Saddam Hussein, ni Hachmi Rafsandjani, ni... Benyamin Netanyahou. Une nouvelle intifada - quelles qu'en soient les formes, ncessairement renouveles - pourrait dclencher des ractions en chane. L'embrasement des Terrioires occups, fin septembre 1996, a donn la mesure du danger. Et la rvolte jordanienne contre le doublement du prix du pain, les attentats en Arabie Saoudite ainsi que les troubles persistants Bahren le rappellent : les rgimes arabes sont fragiles... Nous voici ainsi au coeur de notre problmatique : si rien n'est irrversible au Proche-Orient, c'est que la rgion subit un dsordre chronique, structurel. La mondialisation, c'est--dire l'adaptation force de toutes les conomies la loi des marchs financiers, bouscule les socits. A constater les dgts que ces changements occasionnent dans les socits relativement solides d'Europe occidentale, on imagine sans mal les ravages qu'ils produisent celles, fragiles, du Proche-Orient. Or tout concourt les affaiblir plus encore. L'conomie, car leur croissance n'est pas suffisante pour les arracher au sous-dveloppement - mme dans le Golfe, o le miracle ptrolier appartient au pass. Le social : gnralise toute la rgion, l'infitah (ouverture conomique) a engendr la coexistence explosive d'une minorit scandaleusement riche et d'une immense majorit s'enfonant dans la misre. Idologiquement, l'chec du modle libral vient s'ajouter celui, antrieur, du modle no-socialiste (nassrien ou baasiste) pour riger l'islam en seul recours. D'autant que, politiquement, l'autoritarisme de rgimes bout de souffle exclut tout dbat dmocratique - ils prfrent opposer la rpression, souvent sanglante, un intgrisme qu' terme ils renforcent ainsi. Ptrifis : l'adjectif n'a rien d'excessif pour qualifier des pouvoirs aussi immobiles - Saddam Hussein dirige seul l'Irak depuis 1979, Hafez Al Assad la Syrie, depuis 1970, Mouammar Kadhafi la Libye, depuis 1969, le roi Hussein la Jordanie depuis 1953, le prince Sultan est ministre de la Dfense d'Arabie Saoudite depuis 1962... Le Moyen-Orient est la seule zone du monde o, malgr la chute du mur de Berlin, les mmes rgimes se maintiennent aux affaires depuis les annes 60, alors que la majorit de la population a moins de vingt ans. ces facteurs de dstabilisation s'ajoute la question nationale et confessionnelle. De l'Empire ottoman puis des mandats occidentaux, le Proche-Orient a hrit un extraordinaire imbroglio de peuples et de sectes. La rivalit entre sunnisme et chiisme, leur rapport avec les religions minoritaires marquent toujours la rgion. l'exception de l'gypte, aucun tat ne correspond exactement une nation historiquement forme, aucune frontire n'a de lgitimit incontestable. De plus, une rivalit permanente pour le leadership rgional oppose Riyad, Le Caire, Bagdad, et Damas. La violation persistante du droit l'autodtermination des peuples kurde et palestinien constitue une bombe retardement - et si le monde arabe s'accorde abandonner les premiers leur triste sort, il ne peut ignorer le deuxime. Plus : l'avenir de la Palestine reste, dans les opinions publiques du Machrek et, un moindre degr, du Maghreb, une cause o se joue une partie de l'identit arabe. Il s'agit donc l d'une question centrale. Autrement dit, si son rglement ne suffit pas surmonter tous les problmes de la rgion, elle reprsente la condition sine qua non de leur solution. Brosser ainsi, grands traits, un tableau du paysage proche-oriental suffit expliquer pourquoi le grand public, confront une actualit qui fait si souvent la " une ", s'interroge sur des vnements qu'il comprend mal. La dmarche qui nous guidait, voici dix ans, en concevant Les Cent Portes du Proche-Orient, a donc gard toute sa ncessit. L'accueil que presse et lecteurs rservrent ce livre - en 1986, comme lors de la parution des ditions actualises (1989 et 1992) et des ditions trangres - a renforc notre conviction d'alors : le besoin de " points de repres " qui " n'ont pas pour vocation de dissimuler la complexit du rel proche-oriental, mais d'aider l'apprhender, en donnant les moyens de sa comprhension ". D'o la conception de l'ouvrage : travers les dates, les chiffres, les noms, les faits et les textes, fournir le maximum d'informations de tous ordres dans le minimum de place ; tre accessible sans dnaturer pour autant la ralit ; offrir une vision globale, mais en respectant les dimensions spcifiques ; mettre en rapport le prsent et le pass, en s'ancrant dans l'actualit tout en vitant l'phmre. C'est pourquoi nous avons voulu, avec les ditions de l'Atelier, proposer ici une quatrime dition des Cent Portes. Pour actualiser largement les " mots " qui le mritent la lumire des vnements survenus entre 1992 et 1996. Pour complter, grce Alexandre Darmon et Philippe Rekacewicz, l'appareil cartographique. Pour ajouter de nouveaux documents en annexe, notamment la Dclaration de principes sur les arrangements intrimaires d'autonomie du 13 septembre 1993. Pour prendre en compte les remarques, critiques et les suggestions formules par les recensions du livre ou par ses lecteurs. Pour tenir compte des modifications des dernires annes, avec l'introduction de treize nouvelles entres : " Autorit palestinienne ", " Deir Yassine ", " Expulsion ", " Frres musulmans ", " Hamas ", " Hariri (Rafik) ", " Ngociations finales " " Oslo (accords d') ", " Peres (Shimon) ", " Rabin (Itzhak) ", " Russie ", " Sanctions " " Union europenne ". Sur le fond, la dmarche qui nous inspirait n'a pas chang : dsenchevtrer l'enchevtrement proche-oriental, dcoder ses codes, dmythifier les mythes. Comment ? Avant tout en faisant appel l'ensemble des niveaux d'analyse. Le national, le rgional et l'international. L'conomique, le social, le politique, l'idologique, le religieux, le stratgique, le militaire. Le minoritaire, l'ethnique et le confessionnel. Le gographique et l'historique. L'historique, par-dessus tout : car le prsent, au Moyen-Orient plus sans doute qu'en aucune autre partie du monde, ne se comprend pas sans le pass. Carrefour de trois continents, charnire entre le Nord et le Sud autant qu'entre l'Est et l'Ouest, lieu de passage de tant de migrations, berceau de l'criture et de quelques-unes des plus prestigieuses civilisations, coeur battant des trois grandes religions monothistes, c'est une rgion dont chaque arpent de terre, chaque pierre, chaque visage aussi portent en eux des millnaires de cration - et de destruction - humaine. Les ignorer, c'est se priver de toute possibilit d'intelligence de la ralit prsente. C'est aussi pourquoi nous avons opt pour un ouvrage entres multiples, afin que le lecteur puisse trouver, le plus simplement, son chemin : chronologie des principaux vnements survenus au Moyen-Orient depuis la Seconde Guerre mondiale ; puis dictionnaire proprement dit, comportant cent quinze mots classs par ordre alphabtique ; annexes, ensuite, reproduisant les principaux textes consacrs au conflit isralo-arabe, de la dclaration Balfour du 2 novembre 1917 l'Arrangement sur le Sud-Liban du 27 avril 1996 ; index de tous les noms de personnes cites dans le livre ; biblio- graphie par thmes et pays ; enfin sites intressants sur la Toile (le World Wide Web). Concluant notre prface, en 1986, nous formulions le souhait que le lecteur, spcialiste comme nophyte, constate, dans Les Cent Portes, " un effort pour dpasser, non bien sr les sensibilits qui sont les ntres et dont nous ne faisons pas mystre, mais les a priori et les passions souvent tales ds lors qu'il s'agit du conflit isralo-arabe ". la sortie du livre, parmi les observations qui nous ont le plus touchs, figure assurment la reconnaissance de cet effort. Nous l'avons poursuivi dans cette quatrime dition. Pour des raisons de principe. Et parce que l'espoir de paix suscit, malgr les dangers qui les menacent, n'a pas de meilleur aliment que la tolrance et la connaissance rciproques. Comme le chante ce vers de Paul luard, qui nous sert d'exergue : Nous avons accept autrui Comme autrui nous a accepts Nous avions besoin l'un de l'autre. Et maintenant, c'est vous d'ouvrir les portes ! Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs

BRVE CHRONOLOGIE (1947-1996)1947 * 29 novembre : L'Assemble gnrale de l'ONU adopte, la majorit des deux tiers, le plan de partage de la Palestine (voir annexe). * 9-10 avril : Massacre du village palestinien de Deir Yassine par les troupes de l'Irgoun. * 14 mai : Proclamation de la naissance de l'tat d'Isral. Les tats arabes ont refus le plan de partage et leurs armes pntrent le 15 en Palestine. * 1948-1949 : Guerre de Palestine, qui se termine par la victoire de l'tat hbreu. Armistices signs entre Isral et ses diffrents voisins arabes. 1949 * 11 mai : L'tat d'Isral devient membre de l'ONU. 1950 * 24 avril : Annexion de la Cisjordanie par la Transjordanie. L'gypte assure son contrle sur Gaza. * Mai : Dclaration tripartite anglo-franco-amricaine sur le Proche-Orient. 1951 * 20 juillet : Assassinat du roi Abdallah de Jordanie. * Octobre : Isral refuse le plan de paix de l'ONU, accept par l'gypte, la Syrie, le Liban et la Jordanie. 1952 * 23 juillet : Prise du pouvoir en gypte par les " Officiers libres ". Deux ans plus tard, Nasser devient le chef incontest au Caire. 1955 * Fvrier : Signature du pacte de Bagdad (le 24). Attaque isralienne contre Gaza (28 fvrier). * Avril : La confrence de Bandoeng, qui marque la naissance des Non aligns, soutient les " droits du peuple palestinien ". 1956 * Mars : La pression nationaliste amne en Jordanie au renvoi du gnral britannique Glubb Pacha. * 26 juillet : Nationalisation du canal de Suez par Nasser. * Octobre-novembre : Agression d'Isral, de la France et de la Grande-Bretagne contre l'gypte. 1957 * Janvier : Prsentation de la " doctrine Eisenhower ". 1958 * 1er fvrier : Union de l'gypte et de la Syrie au sein de la Rpublique arabe unie (RAU). * 14 juillet : Chute de la monarchie irakienne, suivie d'interventions " prventives " (britannique Amman, amricaine Beyrouth). 1959 * Octobre : Premier congrs du Fath, cr au Kowet. 1961 * 29 septembre : Scession de la Syrie d'avec l'gypte dans la RAU. 1962 * Septembre : Rvolution au Ymen du Nord. 1963 * Mars : Un coup d'tat militaire porte le Baas au pouvoir Damas. * Juin : Levy Eshkol succde David Ben Gourion la tte du gouvernement isralien. 1964 * Janvier : Prsentation du plan Bourguiba pour la paix en Palestine. * 13-17 janvier : Premier sommet des chefs d'tat arabes au Caire. * 29 mai : Cration de l'Organisation de libration de la Palestine (OLP). 1965 * 1er janvier : Premire action militaire du Fath contre Isral. 1967 * 5 juin : Isral attaque l'gypte, la Syrie et la Jordanie. la suite d'une guerre clair de six jours, occupation isralienne du Sina, du Golan, de la Cisjordanie, de Gaza, de Jrusalem-Est. Ds l't, leur colonisation commence. * 22 novembre : Le Conseil de scurit de l'ONU adopte la rsolution 242 (voir annexe). 1968 * 21 mars : Bataille de Karameh, en Jordanie, entre les troupes israliennes et les Palestiniens. * 10-17 juillet : Runion du quatrime Conseil national palestinien de l'OLP. Modifications de la Charte nationale. * Juillet : Le Baas prend le pouvoir Bagdad. 1969 * 1er-4 fvrier : Cinquime Conseil national palestinien. Yasser Arafat devient prsident du Comit excutif de l'OLP. * 25 mai : Nemeiry prend le pouvoir Khartoum. * 1er-8 septembre : Kadhafi prend le pouvoir Tripoli. * Novembre : Accords du Caire entre le gouvernement libanais et l'OLP la suite de nombreux incidents au Liban. 1970 * Fvrier : Graves affrontements entre l'OLP et le gouvernement jordanien. * 30 mai-4 juin : Septime Conseil national palestinien qui fixe l'objectif d'une " Palestine dmocratique ". * Juillet : Acceptation par Nasser et le roi Hussein de Jordanie du plan amricain Rogers, qui prvoit l'application de la rsolution 242. * Septembre : Affrontements entre l'OLP et l'arme jordanienne. Septembre noir. * 28 septembre : Mort de Nasser. * 16 novembre : Hafez Al Assad s'empare du pouvoir Damas. 1970-1971 * Expulsion de l'OLP de Jordanie. La direction de la Rsistance palestinienne s'installe au Liban. 1972 * 5-6 septembre : Massacre des athltes israliens aux Jeux olympiques de Munich par un commando de l'organisation palestinienne Septembre noir. 1973 * Avril : Opration isralienne Beyrouth et assassinat de trois importants dirigeants de l'OLP. Grandes manifestations de solidarit avec la Rsistance palestinienne au Liban. * Aot : Constitution du Front national palestinien dans les Territoires occups. * 6 octobre : Offensive des troupes gyptiennes et syriennes contre Isral. Dbut de la guerre d'Octobre, dite aussi guerre de Kippour. * 22 octobre : Adoption de la rsolution 338 du Conseil de scurit. Les combats cessent quelques jours plus tard. * 26-28 novembre : Sommet arabe d'Alger. L'OLP est reconnue comme " seul reprsentant du peuple palestinien ". La Jordanie s'abstient sur cette rsolution. 1974 * 1er-9 juin : Douzime Conseil national palestinien. L'OLP accepte l'ide d'une autorit nationale sur " toute partie libre de la Palestine ". Quelques semaines plus tard se cre le Front du refus. * 26-29 octobre : Sommet arabe de Rabat. La Jordanie se rallie au point de vue majoritaire et reconnat l'OLP (voir annexe). * 13 novembre : Discours de Yasser Arafat l'ONU. L'ONU reconnat le droit des Palestiniens l'indpendance et l'autodtermination. L'OLP obtient le statut d'observateur. 1975 * Avril : Dbut de la guerre civile libanaise. 1976 * Janvier : Premires ingrences appuyes de la Syrie au Liban. * 30 mars : Journe de la Terre en Galile, avec de puissantes manifestations violemment rprimes (six morts). * 13 avril : lections municipales en Cisjordanie occupe. Large victoire des candidats proches de l'OLP. * Juin : Intervention massive des troupes syriennes au Liban contre l'OLP et le Mouvement national libanais. * 12 aot : Reddition du camp palestinien de Tal al Zaatar (Liban) aprs cinquante-sept jours de sige. * 6 septembre : L'OLP est admise comme membre part entire de la Ligue arabe. 1977 * 12-20 mars : Treizime Conseil national palestinien de l'OLP au Caire. Acceptation de l'ide d'un tat palestinien indpendant difi sur une partie de la Palestine. * 3-4 mai : Premire rencontre officielle entre l'OLP et le PC isralien Prague. * 17 mai : La droite gagne pour la premire fois les lections en Isral. Son leader, Menahem Begin, devient Premier ministre. * 29 juin : Le Sommet europen reconnat Londres la " ncessit d'une patrie pour le peuple palestinien ". * 1er octobre : Dclaration amricano-sovitique sur la paix au Proche-Orient ; elle bnficie de l'appui de l'OLP. * 19-21 novembre : Voyage du prsident gyptien Anouar Al Sadate Jrusalem. * 1er-5 dcembre : Cration Tripoli du " Front de la fermet " regroupant la Libye, l'Algrie, la Syrie, le Ymen du Sud et l'OLP. 1978 * 14 mars : Isral envahit le Sud-Liban. * 17 septembre : Signature des accords de Camp David entre l'gypte, Isral et les tats-Unis (voir annexe). * 5 novembre : Fin du sommet arabe de Bagdad qui condamne les accords de Camp David. 1979 * 1er fvrier : Retour de l'ayatollah Khomeyni Thran. * 26 mars : Signature du trait de paix entre l'gypte et Isral Washington. * 6 juillet : Rencontre entre Arafat, le chancelier allemand Brandt et le chancelier autrichien Kreisky Vienne. 1980 * 2 juin : Attentats contre trois maires palestiniens ; ceux de Naplouse et Ramallah sont grivement blesss. * 30 juillet : Le Parlement isralien vote une loi fondamentale proclamant Jrusalem " runifie " capitale d'Isral. * Septembre : Dbut du conflit irako-iranien. 1981 * Juin : Attaque isralienne contre le racteur nuclaire Osirak Tamouz, en Irak. * Juillet : Guerre isralo-palestinienne la frontire libanaise. Bombardements israliens de Beyrouth. * 7 aot : Plan de paix propos par l'mir Fahd, prince hritier d'Arabie Saoudite. * 6 octobre : Assassinat du prsident Sadate. * 25 novembre : chec du sommet arabe de Fs, qui est suspendu sine die. * 14 dcembre : Au lendemain de la dclaration de l'" tat de guerre " en Pologne, Isral annexe le Golan. 1982 * Mars-avril : Insurrection palestinienne dans les Territoires occups. Destitution des maires lus. * 25 avril : Fin de l'vacuation du Sina par Isral. * 6 juin : Dbut de l'invasion isralienne du Liban. Le sige de Beyrouth commence quelques jours plus tard. * 21 aot : L'OLP entame sous la protection de la Force multinationale l'vacuation de Beyrouth. * 1er septembre : Discours du prsident amricain Reagan prsentant son " plan de paix ". * 9 septembre : Adoption de la rsolution finale du sommet arabe de Fs (voir annexe). * 14-18 septembre : Assassinat du nouveau prsident libanais Bechir Gemayel. Entre des Israliens Beyrouth-Ouest. Massacres de Sabra et Chatila. * 15 septembre : Discours de Leonid Brejnev prsentant Moscou son plan de paix. * 20 septembre : Proposition par le roi Hussein de Jordanie d'une " Confdration jordano-palestinienne ". * 21 septembre : lection d'Amine Gemayel la prsidence du Liban. 1983 * Janvier : Rencontre entre Arafat et les pacifistes israliens Avnery et Peled Tunis. * Fvrier : Seizime Conseil national palestinien Alger avec adoption du plan de Fs et des propositions sovitiques. * Avril : chec des ngociations entre Arafat et le roi Hussein. * 10 avril : Assassinat du Palestinien Issam Sartaoui au Congrs de l'Internationale socialiste, runi au Portugal. * 17 mai : Accord de paix libano-isralien. * 25 mai : Dbut de la dissidence dans le Fath. * Aot-septembre : Relance de la guerre civile au Liban ; les druzes prennent le contrle du Chouf. En Isral, Begin dmissionne ; il est remplac par Itzhak Shamir. * Novembre : Dbut du sige de Tripoli par les Syriens et leurs allis palestiniens " dissidents ". * 24 novembre : change de six Israliens contre prs de 1 500 prisonniers palestiniens dtenus par l'tat juif. * 20 dcembre : Dans les bateaux grecs et sous protection franaise, dpart de Tripoli des 4 000 " loyalistes " et de Yasser Arafat. * 22 dcembre : Rencontre entre Arafat et le prsident gyptien Moubarak. 1984 * Fvrier : Dbcle d'Amine Gemayel. Dmission du gouvernement Wazzan. Prise de Beyrouth-Ouest par les milices d'Amal. Les combattants du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt investissent la montagne. Dpart de Beyrouth des marines, suivis par les contingents britannique et italien. * 5 mars : Abrogation de l'accord isralo-libanais du 17 mai 1983 par Amine Gemayel. * 19 mars : Chute du gouvernement Shamir aprs un vote de censure. * 27 mars : Accords de rconciliation d'Aden entre le Fath, le FDLP, le FPLP et le PCP. * 1er avril : Dpart des soldats de la Force multinationale du Liban. * 16 mai : Formation Beyrouth d'un gouvernement d'union nationale. * 23 juillet : lections lgislatives en Isral, dont les rsultats sont si serrs qu'ils contraignent les deux grands partis former, aprs plusieurs semaines de tractations, un gouvernement d'" union nationale ". * 22-29 novembre : Dix-septime Conseil national palestinien Amman, sans le FPLP, le FDLP, le PCP et les pro-Syriens. Yasser Arafat, rlu prsident du Comit excutif, sera reu une semaine plus tard, Rome, par le pape. 1985 * Janvier : Opration de transfert des Juifs thiopiens, les Falachas, en Isral. * 15 janvier : Annonce d'un retrait " par tapes " des troupes israliennes du Liban. * 11 fvrier : Adoption Amman par le roi Hussein et Yasser Arafat d'une dclaration commune, dite " accord-jordano-palestinien " (voir annexe). * Printemps : Nouveaux massacres Sabra et Chatila, et dans les autres camps palestiniens du Liban, cette fois du fait des miliciens chiites d'Amal. * 6 avril : Chute de Nemeiry au Soudan. * Juin : Fin du retrait isralien du Liban, l'exception de la bande frontalire au sud contrle par l'Arme du Liban-Sud du gnral pro-isralien Lahad. * 1er octobre : Raid de l'aviation isralienne sur le quartier gnral de l'OLP en Tunisie (70 morts). * 7 octobre : Dtournement du navire italien Achille Lauro (un mort). * 27 et 30 dcembre : Attentats terroristes contre les aroports de Rome et Vienne. 1986 * 19 fvrier : Les ngociations jordano-palestiniennes ne dbouchent pas sur un ralliement de l'OLP la rsolution 242, faute de garanties amricaines sur la participation de la Rsistance une confrence internationale. Le roi Hussein abroge l'accord jordano-palestinien. * 15 avril : Raid amricain sur Tripoli et Benghazi, suivi de sanctions europennes contre la Libye, accuse par Washington d'organiser le terrorisme anti-occidental. * 29 mai : Au Liban, dbut d'une nouvelle " guerre des camps " dclenche par la milice chiite Amal contre les Palestiniens " loyalistes ". * Septembre : Vague d'attentats terroristes Paris. Aprs le " clan Abdallah ", puis la Syrie, c'est vers l'Iran que mneront les pistes des enquteurs. * 5 octobre : Publication dans le Sunday Times des rvlations de l'ingnieur atomiste isralien Vanunu, selon lequel l'tat juif aurait dj fabriqu 100 200 bombes atomiques. Enlev et ramen en Isral, il y sera condamn dix-huit ans de prison. 1987 * 20-26 fvrier : Retour de l'arme syrienne Beyrouth-Ouest, dont elle avait t chasse en 1982. * 4 mars : Le prsident amricain Ronald Reagan reconnat que les livraisons secrtes d'armes l'Iran ont t une " erreur " et promet de mieux collaborer avec le Congrs. C'est le dbut du scandale de l'Irangate. * 20-26 avril : Runification de l'OLP (Fath, FPLP, FDLP, PCP) lors du dix-huitime Conseil national palestinien, runi Alger. * 1er juin : Le Premier ministre libanais, Rachid Karam, est tu par l'explosion d'une bombe dans l'hlicoptre qui le transportait. Selim Hoss lui succde. * 31 juillet : 402 personnes prissent dans les affrontements entre plerins iraniens et police saoudienne La Mecque. * 8-11 novembre : Sommet arabe Amman : condamnation de l'Iran et relgation au second rang de la question palestinienne. * Dcembre : Dbut Gaza, puis en Cisjordanie, de l'intifada, soulvement palestinien dans les Territoires occups par Isral. 1988 * 9 avril : Recevant Moscou Yasser Arafat, Mikhal Gorbatchev invite l'OLP la " reconnaissance de l'tat d'Isral et la prise en compte de ses intrts de scurit ". * 16 avril : Un commando isralien assassine le Numro deux de l'OLP, Abou Jihad, Tunis. * 4 mai : Libration de Marcel Carton, Marcel Fontaine et Jean-Paul Kauffmann. Tous les otages franais sont libres, sauf Michel Seurat, mort dans les geles des chiites intgristes de Beyrouth. * 31 juillet : Le roi Hussein de Jordanie annonce, la tlvision, qu'il rompt " les liens lgaux et administratifs " de son pays avec la Cisjordanie, annexe par son grand-pre Abdallah en 1950 et occupe depuis 1967 par Isral. * Aot : Cessez-le-feu entre l'Irak et l'Iran, aprs huit annes de guerre. * 1er novembre : lections en Isral, marques par les progrs des partis religieux. Itzhak Shamir reste Premier ministre d'un gouvernement d'union nationale qui sera form la mi-dcembre. * 12-15 novembre : Dix-neuvime session du Conseil national palestinien Alger : l'OLP proclame l'tat de Palestine, reconnat les rsolutions 181, 242 et 338, et raffirme sa condamnation du terrorisme (voir annexe). * 15 dcembre : Les tats-Unis acceptent d'ouvrir un " dialogue substantiel " avec l'OLP aprs que Yasser Arafat a reconnu explicitement le droit l'existence de l'tat d'Isral et condamn formellement toute espce de terrorisme. 1989 * 14 mars : Au Liban, le gnral Aoun dclare la " guerre de libration contre la Syrie ". * 6 avril : Itzhak Shamir prsente son plan en quatre points - centr sur l'organisation d'lections dans les Territoires occups. * 2-4 mai : Visite de Yasser Arafat Paris, au cours de laquelle le chef de l'OLP dclare la Charte palestinienne " caduque ". * 1er juin : Mort de Khomeyni. * 30 juin : Au Soudan, coup d'tat militaire du gnral Omar Hassan Al Bechir, alli aux islamistes. * 1er au 24 octobre : La runion des dputs libanais Taf (Arabie Saoudite) dbouche sur un document d'" entente nationale " prvoyant des rformes constitutionnelles. * 22 novembre : Le nouveau prsident libanais, Ren Moawad, lu le 5 novembre, trouve la mort dans un attentat la voiture pige, Beyrouth-Ouest. Deux jours plus tard, lias Hraoui le remplace. 1990 * Janvier : L'migration des juifs d'URSS vers Isral connat une brusque acclration. Le nombre mensuel d'arrivants ne cessera de crotre jusqu'en dcembre (34 000), portant le total pour l'anne prs de 200 000. * Fvrier-mars-avril : De violents combats opposent, au Liban, l'arme du gnral Aoun la milice, chrtienne elle aussi, des Forces libanaises, faisant plusieurs milliers de morts. * 15 mars : Devant le refus d'Itzhak Shamir de rpondre positivement aux offres de ngociations amricaines, le Parlement isralien censure le gouvernement d'union nationale. Mais Shamir sera nouveau investi par le Parlement, le 11 juin, la tte d'un gouvernement unissant droite, extrme-droite et religieux orthodoxes. * 1er avril : Dans un discours au Commandement gnral des forces armes, le prsident irakien Saddam Hussein annonce : " Nous avons l'arme chimique binaire. " Et de menacer : " Nous ferons en sorte que le feu dvore la moiti d'Isral s'il tente quoi que ce soit contre l'Irak. " * 15 avril : Premier des 29 vols d'Aeroflot prvus pour transporter un million d'exemplaires du Coran offerts par le roi Fahd d'Arabie Saoudite aux musulmans sovitiques. * 22 mai : Proclamation de la Rpublique du Ymen, fusion des Rpubliques du Nord et du Sud, avec Sanaa pour capitale. * 20 juin : Aprs la tentative de dbarquement d'un commando palestinien en Isral, le prsident amricain George Bush annonce la suspension du dialogue amricano-palestinien. La crise et la guerre du Golfe * 2 aot : Aprs plusieurs semaines d'escalade contre le Kowet, les forces irakiennes franchissent deux heures du matin la frontire de l'mirat, dont elles occupent dans la matine la capitale. Le Conseil de scurit de l'ONU - par sa rsolution 660, adopte par quatorze voix et une abstention (celle du Ymen) - exige " le retrait immdiat et inconditionnel de toutes les forces irakiennes ". Au total, d'ici la fin novembre, le Conseil adoptera - de cette premire condamnation jusqu' l'autorisation du recours la force, en passant par le boycottage et l'embargo - douze rsolutions contre l'occupation irakienne et ses consquences. Les tats-Unis et leurs allis glent immdiatement les avoirs irakiens et kowetiens en Occident. * 8 aot : Alors que l'Irak annonce l'annexion du Kowet, le prsident amricain George Bush rend publique la dcision, prise ds le dimanche 5, d'envoyer dans la rgion des milliers de soldats amricains, appuys par des avions de combat et des blinds. Par augmentations successives, ils seront finalement plus de 500 000 en Arabie Saoudite - autant qu'au Vit-nam. * 12 aot : Aprs la dcision de la majorit de la Ligue arabe d'envoyer une force multinationale en Arabie, Saddam Hussein, pour sortir de son isolement, propose " que tous les problmes d'occupation, actuels ou venir, dans la rgion tout entire soient rgls sur la mme base et selon les mmes principes noncs par le Conseil de scurit ". * 18 aot : L'Irak annonce qu'il " a dcid d'tre l'hte des ressortissants des nations agressives ". Plus de 10 000 Occidentaux se retrouveront otages, dont certains seront emmens sur des sites stratgiques pour y servir de " boucliers humains ". * 31 aot-2 septembre : chec des entretiens d'Amman entre le secrtaire gnral de l'ONU, Javier Perez de Cuellar, et le ministre irakien des Affaires trangres, Tarek Aziz, malgr la libration de 700 trangers retenus en Irak - ces dparts au " compte-gouttes " ne cesseront pas jusqu' l'annonce de leur libration totale, le 7 dcembre. * 9 septembre : l'issue du sommet amricano-sovitique d'Helsinki, George Bush et Mikhal Gorbatchev dclarent : " Nous serons unis contre l'agression irakienne tant que la crise durera. (...) Si les mesures dj prises chouaient, nous sommes prts envisager des mesures supplmentaires conformes la charte des Nations unies. Nous devons dmontrer sans aucun doute possible que l'agression ne peut pas payer et ne paiera pas. " * 24 septembre : Neuf jours aprs avoir annonc l'opration Daguet, Franois Mitterrand dclare, dans un discours l'Assemble gnrale des Nations unies : " Que l'Irak affirme son intention de retirer ses troupes, qu'il libre les otages, et tout devient possible. " * 30 septembre : L'URSS et Isral dcident de rtablir des relations consulaires et d'ouvrir une ligne arienne directe. Le consulat d'Isral Moscou sera effectivement ouvert le 3 janvier 1991. * 8 octobre : Tuerie des mosques Jrusalem (18 morts, 150 blesss). George Bush " dplore " la fusillade de Jrusalem, mais " ne croit pas que Saddam Hussein russira utiliser ce regrettable incident pour lier les deux questions ". Malgr le refus par Isral de la commission d'enqute nomme par l'ONU, la dlgation amricaine aux Nations unies manoeuvrera durant des semaines pour viter - sans faire usage de son droit de veto - toute rsolution voquant une confrence internationale de paix. * 13 octobre : Au Liban, le gnral Aoun, chass de son palais par l'arme syrienne, se rfugie l'ambassade de France. Deux jours plus tard, le gouvernement libanais annonce un plan de dissolution des milices qui sera mis en oeuvre tout au long des mois suivants, pour aboutir fin juillet 1991, avec la reprise en main des Palestiniens du Sud-Liban. * 29 novembre : Le Conseil de scurit - par la rsolution 678, adopte l'unanimit moins deux voix contre (celles du Ymen et de Cuba) et une abstention (la Chine) - autorise le recours la force partir du 15 janvier 1991 pour contraindre l'Irak relcher ses otages et se retirer du Kowet. Le lendemain, George Bush lance un appel au " dialogue " avec l'Irak, proposant que Tarek Aziz vienne Washington et que James Baker se rende Bagdad. Saddam Hussein accepte le 1er dcembre. * 29 dcembre : De nouveaux affrontements Gaza portent 730 le nombre de Palestiniens tus par des balles israliennes depuis le dbut de l'intifada, 322 autres ayant t excuts en tant que " collaborateurs ". 1991 * 9 janvier : Aprs une longue polmique sur les dates de leurs rencontres, le secrtaire d'tat amricain James Baker et Tarek Aziz se retrouvent Genve pour huit heures de discussions sans rsultat. Il en ira de mme, le 14, de la " rencontre de la dernire chance " Perez de Cuellar-Saddam Hussein. * 15 janvier : Assassinat, Tunis, du Numro deux de l'OLP, Abou Iyad, de son conseiller Abou Mohamed Al Oumari et du responsable la scurit Hayel Abdel Hamid. * 17 janvier : Au lendemain de l'expiration de l'ultimatum fix par le Conseil de scurit, vers deux heures du matin, dbut des bombardements massifs sur l'Irak et le Kowet occup. Ils dureront cinq semaines : jusqu'au lancement de l'offensive terrestre. Le lendemain, les Irakiens ripostent en lanant les premiers missiles Scud - on comptera au total 18 attaques de Scud sur Isral, qui feront deux morts et 304 blesss. * 24 fvrier : Malgr les plans sovitiques de paix, finalement accepts par l'Irak les 22 et 23 fvrier, l'ultimatum des tats-Unis dbouche sur l'offensive terrestre. Dans la nuit, les forces coalises pntrent en Irak et au Kowet. La rsistance des troupes irakiennes tant des plus limites, les soldats allis librent l'mirat et arrivent jusqu' Bassora en trois jours. Le 26, Saddam Hussein annonce la radio le retrait des troupes irakiennes. Le 27, le drapeau kowetien flotte nouveau sur Kowet-City. * 27 fvrier : Le gouvernement irakien annonce aux Nations unies qu'il accepte sans condition les douze rsolutions de l'ONU. Les derniers combats s'achvent dans la nuit du 27 au 28. * 3 mars : Accord provisoire de cessez-le-feu entre les commandements alli et irakien Safwan (Irak). * Mars : Soulvements populaires en Irak, d'abord au sud (chiites), puis au nord (Kurdes). Le rgime de Bagdad en viendra bout au prix d'une froce rpression, les Occidentaux s'tant contents d'interventions humanitaires. * 11 mars : Premire visite de James Baker Jrusalem depuis la guerre. De nombreuses suivront jusqu' l'acceptation par Isral, le 2 aot 1991, du principe d'une confrence rgionale de paix. * 22 mai : Signature du Trait de fraternit et de coopration entre la Syrie et le Liban. * 18 octobre : Aprs l'accord donn le 3 octobre par le Conseil national palestinien et une dernire tourne de consultations, James Baker, en compagnie de son homologue sovitique, annonce depuis Jrusalem la convocation de la confrence de paix pour le 30 octobre Madrid. Simultanment, Boris Pankine et David Levy procdent au rtablissement entre leurs deux pays des relations diplomatiques, rompues par Moscou en 1967. * 30 octobre : Ouverture de la Confrence de Madrid par George Bush et Mikhal Gorbatchev, suivie, le 3 novembre, des premires ngociations bilatrales entre Isral et ses voisins arabes, y compris Palestiniens. Celles-ci se poursuivront, non sans mal, en dcembre et fvrier, alors que les ngociations multilatrales s'ouvriront, Moscou, le 28 janvier 1992, en l'absence des dlgus palestiniens, syriens et libanais. 1992 * Janvier : Reprise des ngociations bilatrales et multilatrales sur le Proche-Orient lances par la Confrence de Madrid. Le Conseil de scurit enjoint la Libye de cooprer dans les enqutes sur les attentats terroristes contre le vol de la Pan Am 103 (dit de Lockerbie) le 21 dcembre 1988 et celui d'UTA le 19 septembre 1989. * 24 fvrier : Le secrtaire d'tat amricain James Baker lie l'octroi de garanties bancaires pour un prt de 10 milliards de dollars Isral l'arrt des implantations juives en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. * 9 mars : Mort de Menahem Begin. Le bilan officiel, publi Beyrouth, de quinze ans de guerre civile libanaise fait tat de 144 240 morts, 17 415 disparus et 197 506 blesss. * 7 avril : Yasser Arafat sort indemne d'un accident d'avion en Libye. * 15 avril : L'embargo arien contre la Libye dcrt par le Conseil de scurit de l'ONU en raison du refus de Tripoli de livrer les deux auteurs prsums de l'attentat du 21 dcembre 1988 contre le Boeing de la Pan Am entre en vigueur. * 16 mai : Rachid Solh prend la tte du gouvernement libanais. * 19 mai 1992 : lections, sous le contrle des Allis, au Kurdistan irakien. * 23 juin : Itzhak Rabin et sa coalition (Parti travailliste et Meretz) remportent les lections lgislatives israliennes. * 12 aot : George Bush annonce l'octroi de la garantie amricaine l'emprunt isralien de 10 milliards de dollars. * 27 aot : Les tats-Unis, la Grande-Bretagne et la France imposent l'Irak une zone d'exclusion arienne au sud du 32e parallle sous couvert de protger les populations chiites du sud du pays, rprimes par le rgime de Saddam Hussein. En vertu de cette dcision, un F-16 amricain abattra un MiG-25 irakien en dcembre. * 6 septembre : Fin des lections lgislatives libanaises, marques par une trs forte abstention. * 10 septembre : Itzhak Rabin envisage un " retrait limit " du Golan en change d'une " paix totale avec la Syrie " . * 10 novembre : L'enqute sur les livraisons illgales d'armes Bagdad en 1990, dites Irakgate, met en cause John Major. * 24-26 novembre : Au cours d'un voyage en Isral et en Jordanie, Franois Mitterrand dfend le droit des Palestiniens un tat et appelle les autorits israliennes considrer les dirigeants de l'OLP comme " des interlocuteurs qui s'imposent " . * 16 dcembre : Suite l'enlvement et l'assassinat d'un garde-frontire par le Hamas, le gouvernement Rabin expulse vers le Sud-Liban 415 Palestiniens suspects de sympathie pour les islamistes. Condamne par le Conseil de scurit, cette dcision va bloquer le processus de paix pendant plusieurs mois. 1993 * Janvier : En marge des ngociations de Washington, dont l'impasse est totale, des reprsentants du gouvernement isralien et de l'OLP commencent mettre au point un accord intrimaire d'autonomie pour les Territoires occups. * 15-16 mars : Les Territoires occups connaissent deux journes de violences sans prcdent depuis le dclenchement de l'intifada en dcembre 1987. * 11 juin : Rlection, avec 63 % des voix, de Ali Akbar Hachemi Rafsandjani la prsidence de l'Iran. * 14 juin : Tansu Ciller devient Premier ministre de Turquie. * 9-10 septembre : Isral et l'OLP se reconnaissent mutuellement. * 13 septembre : Signature par l'OLP et le gouvernement isralien la Maison Blanche, en prsence d'Itzhak Rabin et Yasser Arafat, de la Dclaration de principes sur l'autonomie palestinienne (voir annexe). * 11 novembre : Le Conseil de scurit de l'ONU renforce les sanctions contre Tripoli en dcidant de geler les avoirs libyens l'tranger. * 13 dcembre : Suite l'chec du sommet Rabin-Arafat au Caire, le dbut du retrait isralien de la bande de Gaza et de la rgion de Jricho est report. * 30 dcembre : Le Vatican et l'tat d'Isral concluent un " accord fondamental " la suite duquel des ambassadeurs seront changs en janvier 1994. 1994 * 16 janvier : Le sommet amricano-syrien relance les ngociations entre Isral et la Syrie sur la base d'un retrait isralien du Golan. * 25 fvrier : Massacre au Caveau des Patriarches, Hbron, o le colon Baruch Goldstein assassine 29 Palestiniens. * 29 fvrier : Accord de Paris entre Isral et l'OLP sur les questions conomiques. * Mai-juillet : Guerre civile au Ymen. * 4 mai : Accord du Caire entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat sur les modalits d'applications de la Dclaration de principes isralo-palestinienne. * 1er juillet : Retour de Yasser Arafat Gaza. * 25 juillet : Signature par Itzhak Rabin et le roi Hussein d'une dclaration mettant fin l'tat de belligrance entre Isral et la Jordanie. * 29 aot : Accord isralo-palestinien sur le transfert des pouvoirs civils en matire de sant, d'impts, d'affaires sociales, de tourisme, de jeunesse, de sport et de coopration internationale. * 26 octobre : Signature du trait de paix entre Isral et la Jordanie. * 18 novembre : Les affrontements entre policiers et manifestants palestiniens Gaza font une quinzaine de morts. 1995 * Janvier : " Bouclage " des territoires par Isral aprs l'attentat commis par le Djihad islamique Netanya. * Avril : Yasser Arafat fait arrter 170 membres ou sympathisants du Hamas aprs trois attentats revendiqus par les islamistes. * 22 mai : Menac d'une motion de dfiance que voteraient la fois les " partis arabes " et la droite, le gouvernement Rabin renonce s'approprier 53 nouveaux hectares de terres arabes Jrusalem-Est - malgr le veto oppos par les tats-Unis une rsolution du Conseil de scurit des Nations unies condamnant cette confiscation. * 24 juillet : " Bouclage " total des territoires aprs l'attentat de la veille, revendiqu par le Hamas, contre un autobus Jrusalem. * 28 septembre : Malgr un nouvel attentat Jrusalem, le 21 aot, Arafat et Rabin signent Washington, en prsence des prsidents Clinton et Moubarak ainsi que du roi Hussein, des accords sur l'extension de l'autonomie, dits Oslo II. * 4 novembre : Assassinat d'Itzhak Rabin par l'tudiant d'extrme-droite Yigal Amir. Il est remplac par Shimon Peres. * 9 novembre : Yasser Arafat se rend pour la premire fois en Isral afin de prsenter ses condolances Leah Rabin. * 13 novembre 1995 : Attentat Riyad contre une installation de la Garde nationale. Cinq soldats amricains sont tus. * Novembre-dcembre : Isral achve son retrait des villes palestiniennes - sauf Hbron. 1996 * 20 janvier : Yasser Arafat est lu prsident de l'Autorit palestinienne et ses partisans emportent les deux tiers des 80 siges au Conseil d'autonomie. * Mars : En guise de reprsailles aprs l'assassinat du terroriste Yehia Ayache par les services secrets israliens, le Hamas organise, Jrusalem, Tel Aviv et Achkelon, une srie d'attentats sanglants qui dstabilisent le gouvernement Peres. * Avril : Suite des tirs de roquettes du Hezbollah contre le nord d'Isral, Shimon Peres donne son feu vert l'arme isralienne pour l'opration dite " Raisins de la colre " contre le Liban. Le 18, 98 civils rfugis dans le camp de l'ONU de Cana, au Sud-Liban, prissent sous les bombes israliennes. Un cessez-le-feu intervient le 27. * 24 avril : Runi pour la premire fois en Palestine, Gaza, le Conseil national palestinien limine de sa Charte tous les articles mettant en cause le droit l'existence de l'tat d'Isral. * 26 avril : Le Conseil de scurit des Nations unies prend des sanctions contre le Soudan, accus de soutenir le terrorisme. Khartoum refuse en particulier d'extrader les islamistes souponns d'avoir tent d'assassiner le prsident gyptien Moubarak, en juin 1995, Addis-Abeba. * Mai : Accord sur la mise en oeuvre de la rsolution 986 vote en 1995. Il doit permettre l'Irak d'exporter pour 2 milliards de dollars de ptrole tous les six mois et d'acheter de la nourriture. * 29 mai : Benyamin Netanyahou et sa coalition regroupant la droite, l'extrme droite et les religieux remportent les lections israliennes. * 25 juin : Explosion d'un camion pig, le 25 juin 1996 El Khobar, prs de l'norme base militaire de Dhahran, en Arabie Saoudite, qui cote la vie dix-neuf soldats amricains. * 8 juillet : En Turquie, Necmettin Erbakan, leader du parti islamiste Refah, arriv largement en tte des lections lgislatives du 24 dcembre 1995, obtient la confiance de l'Assemble pour le gouvernement qu'il dirige en alliance avec le Parti de la juste de voie de Tansu Ciller. * 5 aot : Le prsident amricain Clinton signe la loi qui prvoit des sanctions contre les socits trangres investissant dans le secteur ptrolier en Iran et en Libye. Vives protestations des Europens. * Aot : Dbut des lections lgislatives au Liban. * Septembre : Affrontements au Kurdistan irakien. Intervention de l'arme irakienne. Bombardements amricains. * 3 septembre : Premire rencontre Arafat-Netanyahou. * Fin septembre : Jrusalem, la Cisjordanie et Gaza connaissent la plus grave explosion de violence depuis l'intifada. Les affrontements entre manifestants palestiniens et soldats israliens font plusieurs dizaines de morts. L'intervention de l'arme dans les Territoires autonomes provoque, plusieurs reprises, la rplique de la police palestinienne, qui fait usage de ses armes. C'est l'ouverture par la municipalit juive de Jrusalem d'un tunnel sous Jrusalem-Est, en contrebas de l'esplanade des mosques, qui a mis le feu aux poudres - les Occidentaux, tats-Unis compris, exigeront d'ailleurs sa fermeture. Au-del, ces journes tragiques expriment surtout la colre des Palestiniens devant la violation systmatique des accords d'Oslo par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Quatre mois aprs son lection, on est loin de la " paix dans la scurit " chre au leader du Likoud... * 1er et 2 octobre : l'initiative du prsident Bill Clinton, Yasser Arafat et Benyamin Netanyahou se retrouvent Washington, en prsence du roi Hussein de Jordanie pour ngocier la poursuite du processus de paix. Face l'intransigeance du Premier ministre isralien, le prsident Hosni Moubarak est absent - seul le ministre gyptien des Affaires trangres participe, mais en observateur, la rencontre. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs

ABOU NIDALSabri Al Banna (Abou Nidal) est n Jaffa, en Palestine, en 1937, dans une riche famille qui possdait plusieurs milliers d'hectares de terres. Rfugis Gaza aprs 1948, ses parents s'installent ensuite Naplouse. Le jeune Sabri migre en 1960 en Arabie Saoudite, o il travaille comme technicien. C'est l qu'il s'engage dans l'action politique, d'abord au Baas, puis au Fath (voir Arafat). Arrt, il est tortur, puis expuls. Aprs la guerre de 1967, il rejoint les fedayin Amman. Le Fath l'envoie Khartoum en 1969, puis il est nomm reprsentant de l'organisation de Yasser Arafat et de l'OLP en Irak, en 1970. En 1974, il se prononce contre la politique " raliste " adopte par l'OLP et pour la poursuite de la lutte outrance contre Isral. Il fait alors scission et cre le Fath-Conseil rvolutionnaire, qui dispose l'poque du soutien des dirigeants de Bagdad. Depuis, ses alliances arabes ont volu au gr des circonstances : il a trouv appui tour tour en Irak, en Syrie et en Libye. Le Fath-Conseil rvolutionnaire dispose d'une influence limite. Il participe divers regroupements d'organisations hostiles Yasser Arafat et s'oppose, bien videmment, aux accords d'Oslo. C'est surtout par l'efficacit de ses cellules terroristes que le groupe d'Abou Nidal s'est forg une rputation mondiale. son " actif ", l'assassinat de plusieurs cadres de l'OLP : Sad Hammami, Ezedine Kalak, Issam Sartaoui et, selon toute vraisemblance, celui d'Abou Iyad, le numro deux de l'OLP, en janvier 1991. Il a t galement impliqu dans l'attentat de la rue des Rosiers, en 1982, et dans l'attaque contre la synagogue d'Istanbul, en septembre 1986. On lui attribue aussi l'attaque, le 11 juillet 1988, en Grce, du City of Poros : une dizaine de personnes trouvent la mort durant cette action. la fin de l'anne 1989, de violents conflits internes affaiblissent l'organisation ; son dirigeant principal se rfugie, en 1991, en Libye. Depuis, on a perdu sa trace. Abou Nidal a t condamn mort par l'OLP, et plusieurs responsables de l'organisation d'Arafat ont rgulirement accus le groupe terroriste d'tre infiltr par les services de renseignement israliens. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

AMRICAINE (aide)Le Proche-Orient a toujours tenu une place importante dans l'aide amricaine, civile et militaire, la mesure de l'enjeu qu'il reprsente dans la stratgie des tats-Unis. Selon les statistiques officielles publies par Washington (Statistical Abstract of the United States 1995-1996, US Department of Commerce), les fonds consacrs la rgion ont, rcapituls sur la longue priode, de 1946 1993, d'abord profit Isral (environ 54 milliards de dollars), loin devant l'gypte (36 milliards) et la Turquie (14 milliards), soit un quart environ du total de l'aide amricaine, conomique et militaire. Les dernires statistiques officielles disponibles, qui portent sur 1993, consacrent d'ailleurs l'accentuation de ces priorits : Isral bnficie de 3 milliards de dollars d'aide militaire (1,8) et conomique (1,2) ; - l'gypte touche pour sa part 2,05 milliards (respectivement 1,3 et 0,75) ; - la Turquie obtient, quant elle, 653 millions de dollars (453 et 200) ; - dans la liste figurent notamment aussi - mais beaucoup plus modestement - la Jordanie (75 millions), la Cisjordanie et Gaza (30 millions), le Liban (10 millions), le Ymen (4 millions) et Oman (1 million). C'est partir des accords d'Oslo que les tats-Unis contribueront l'aide internationale l'Autorit palestinienne. Mais une partie des sommes prvues en 1996 sera " gele " par le Congrs. Ainsi Isral et l'gypte, avec un total de 5,05 milliards de dollars d'aide directe, conomique et militaire, trustent-ils eux seuls prs de la moiti de l'aide trangre totale des tats-Unis (en pleine diminution, avec 11,2 milliards en 1993) contre moins de 40 % dix ans auparavant ! Bien qu'en recul, l'aide trangre des tats-Unis parat nanmoins excessive leurs citoyens qui, tout en approuvant 80 % son principe, contestent 75 % son montant. C'est sans doute pourquoi, lors de sa premire visite aux tats-Unis, en juillet 1996, le nouveau Premier ministre isralien a pris les devants et insist sur sa volont de rduire progressivement la dpendance de l'tat juif l'gard de l'aide amricaine. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ALIYA" Monte " - traduction littrale de l'hbreu - des Juifs en Palestine. Aprs la Dispersion (Diaspora en grec) conscutive l'crasement par les Romains, en 135 aprs J.-C., de la rvolte de Bar Kokhba, la prsence juive en Palestine reste, en effet, des sicles durant, trs limite. Les petites communauts de Jrusalem, Safed, Tibriade et Hbron vivent, surtout partir du XVIIIe sicle, de la charit (Haloukka) des Juifs parpills. Elles ont vu grossir leurs rangs, la fin du XVe sicle, de nombre de Juifs chasss de la pninsule Ibrique. En 1835, la Palestine n'abrite cependant que 10 000 Juifs. Mais, d'ide religieuse, la renaissance d'Isral est alors devenue un objectif politique. Aprs les appels de Bonaparte, des saint-simoniens et de lord Byron, le mouvement sioniste en prend le relais. Avant mme Theodor Herzl, c'est le Russe Lon Pinsker qui imagine et organise, avec " Les Amants de Sion ", cette nouvelle " colonisation " des " terres bibliques ". Plusieurs aliyot vont la mener bien. Aux 25 000 Juifs - concentrs Jrusalem, Hbron, Safed et Tibriade - encore noys, en 1880, parmi un peu moins d'un demi-million d'Arabes, la premire aliya, entre 1882 et 1903, apporte le renfort de 20 30 000 autres, quasiment tous venus de l'Empire tsariste. De premires entreprises agricoles voient le jour, qui, jointes aux dix-neuf nouvelles colonies que crera le baron Edmond de Rothschild, abritent plus de 5 000 pionniers. Dans le mme temps, des bourgeois juifs investissent en Palestine, notamment dans la production d'agrumes. La seconde aliya, essentiellement russe mais d'origine socialiste, draine, de 1903 1914, 35 40 000 nouveaux immigrants. Des dizaines de colonies supplmentaires voient le jour. Tel Aviv surgit de terre, tandis que Jrusalem et Hafa grandissent. L'hbreu, de langue littraire et liturgique, devient langage usuel. ces Juifs issus d'Europe orientale se mlent les premiers Ymnites qui remplacent, dans les entreprises agricoles, les fellahs arabes. Car les kibboutzim, dont le premier est fond Degania en 1911, ne doivent employer que de la main-d'oeuvre juive. Ainsi, la veille de la Premire Guerre mondiale, compte-t-on environ 80 000 Juifs en Palestine - 2 3 millions, la mme poque, ont quitt la Russie et la Pologne pour l'Europe occidentale ou les Amriques... Des communauts juives anciennes et des deux premires aliyot, il ne subsiste, en 1918, que 60 000 membres en Palestine, soit moins de 10 % de la population totale. La " lgalisation " de l'immigration par la dclaration Balfour va permettre de tripler, en vingt ans, cette proportion. Le rythme est d'abord lent. La troisime aliya, de 1919 1923, entrane 35 000 Juifs originaires d'URSS, de Pologne et des pays Baltes, en grand nombre militants socialistes, travailleurs et pionniers. S'y adjoignent, avec la quatrime aliya, entre 1924 et 1931, qui rassemble 82 000 participants, des Juifs des Balkans et du Moyen-Orient, et, plus gnralement, des membres des classes moyennes. Fin 1931, 175 000 Juifs, soit 17,7 % de la population totale, sont prsents en Terre sainte. C'est la victoire du nazisme en Allemagne qui va stimuler l'immigration juive vers le Yichouv, et en bouleverser les caractristiques. De 1932 1939, la cinquime aliya apportera le renfort de 247 000 Juifs, soit 30 000 par an, quatre fois plus que depuis la fin du premier conflit mondial. Procdant moins d'un " choix sioniste " que d'une fuite face aux menaces nazies, cette nouvelle " colonisation " est en majorit allemande et bourgeoise - l'Organisation sioniste a, il est vrai, conclu avec Berlin, en 1933, une convention autorisant l'exportation des capitaux juifs d'Allemagne. En 1939, les Juifs sont, en Palestine, exactement 429 605, ce qui constitue 28 % de la population totale. Malgr le blocus britannique, 118 338 autres - c'est la sixime aliya - les rejoindront d'ici l'indpendance, le 14 mai 1948, parmi lesquels maints rescaps du gnocide, venus souvent clandestinement pour viter le drame de l'Exodus. Ainsi, lorsque l'tat d'Isral voit le jour, il comporte 650 000 citoyens juifs, un tiers des habitants de la Palestine. Ce nombre va quintupler dans les vingt-cinq annes suivantes, grce l'apport de nombreuses et massives aliyot. Leurs caractristiques seront cependant bien diffrentes des prcdentes, en premier lieu par l'origine de ces nouveaux Israliens : jusqu'aux annes 70, il s'agira dans leur immense majorit de Juifs venus d'Afrique et d'Asie. La dtente amricano-sovitique favorisera galement l'afflux en Isral de Juifs venus d'URSS. Aprs un apoge en 1979, cette immigration se tarira pour reprendre avec l'arrive au pouvoir de Mikhal Gorbatchev, puis la disparition de l'Union sovitique. De 1987 1996, elle apportera l'tat juif plus de 700 000 nouveaux citoyens - l'quivalent de l'arrive, en France, en dix ans, de dix millions d'hommes, de femmes et d'enfants ! Quantitativement important, leur rle l'est galement qualitativement : le haut niveau d'ducation ainsi que la forte proportion de professeurs, de chercheurs et d'ingnieurs qui caractrisent cette immigration en feront un atout majeur d'Isral dans le dveloppement des nouvelles technologies, coeur de son dveloppement conomique. Malgr le ralentissement de cette aliya, la Russie et les autres Rpubliques qui composaient l'URSS demeurent - en l'absence d'une large immigration en provenance d'Occident - le principal " rservoir " dmographique d'Isral. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ARABEOn dsigne par " Arabe " une ethnie (ou un peuple) compose des individus qui parlent une des variantes de la langue arabe, s'identifient l'histoire et la culture qui se sont constitues depuis l'mergence des grands empires omeyade et abasside au VIIe sicle - dont un des traits caractristiques est l'adhsion l'islam - et ont conscience de leur identit arabe. S'il existe un rapport troit entre les Arabes et l'islam, il n'y a pas identification. Les musulmans ne sont pas arabes dans leur crasante majorit (mais indiens, pakistanais, indonsiens, etc.) et il existe des Arabes chrtiens en gypte, en Syrie, en Irak, au Liban, etc. Le berceau des Arabes est la pninsule Arabique. De l, ils se lancent la conqute du monde au nom de l'islam. Petit petit, ils s'assimilent aux populations domines - qui se convertissent massivement la nouvelle foi - auxquelles ils empruntent bien des traits de ce que l'on dsignera sous le terme de " civilisation arabo-musulmane ". Aujourd'hui la zone de peuplement arabe se confond, grosso modo, avec celle des tats membres de la Ligue arabe. Des minorits arabes se perptuent sur les franges (Turquie, Afrique noire, Isral...), d'autres se sont installes en Europe ou en Amrique la suite de migrations. l'intrieur des pays arabes se maintiennent des lots non arabes : Kurdes, Armniens, Berbres, etc. L'mergence d'un nationalisme arabe est rcente. Elle a t largement influence par les ides europennes. Entre le XVe et le XIXe sicle, les Arabes ont accept d'tre sujets de l'Empire ottoman, dominante turque mais musulman. La dcadence de la Sublime Porte et l'agressivit des " puissances chrtiennes " - qui ont conquis des territoires arabes : Algrie, gypte... - provoquent une crise chez les intellectuels. Abdel Rahman Al Kawakibi, un musulman syrien, appelle la restauration d'un khalifat arabe au dbut du sicle. Un chrtien syro-libanais, Neguib Azoury, reprend ces ides, cre une Ligue de la patrie arabe et fonde une revue, L'Indpendance arabe. Son disciple, Edmond Rabath, crira : " Au vieil et archaque idal de la communaut musulmane se substituera peu peu, sous la pression des faits, la conception grandiose de l'unit et de la grandeur arabes retrouves. " Dj apparat la contradiction entre " solidarit musulmane " et " solidarit arabe ". Elle explique que, l'origine, de nombreux propagandistes de l'arabisme ont t des chrtiens. Il faudra d'ailleurs attendre la Premire Guerre mondiale pour que les lites arabes se rallient largement cette nouvelle doctrine. La grande rvolte arabe dclenche en 1916 - durant laquelle s'illustre Lawrence d'Arabie - permet d'envisager concrtement la constitution d'un royaume arabe uni. Londres et Paris dcideront finalement de diviser le Moyen-Orient en tats distincts, mais la perspective panarabe restera prsente au coeur de nombreux nationalistes. Il faut toutefois souligner que, ct de ce nationalisme arabe (Qawmiya) naissant, un patriotisme local (Wataniya), li tel ou tel tat (gypte, Tunisie, etc.), reste vivace. Aprs la Seconde Guerre mondiale et dans la lutte contre la prsence coloniale, le nationalisme arabe s'exprime avec une force nouvelle. Il acquiert, avec le baasisme et le nassrisme, une coloration rvolutionnaire. " La Voix des Arabes ", qui met du Caire, mobilise les peuples, du Golfe l'Atlantique. Ce mouvement se traduit mme par la cration d'un tat unique entre l'gypte et la Syrie, la Rpublique arabe unie (1958-1961). Mais cette exprience, comme celle de la constitution de diverses fdrations, sera phmre et sans lendemain : les divisions sont bien difficiles surmonter. La dfaite de juin 1967 marque la fin des grands rves unitaires. L'idologie du nationalisme arabe subit un double assaut. Le nationalisme palestinien - un " patriotisme local " ! - et les fedayin mobiliseront les masses arabes pendant plus de dix ans. La " pousse " islamiste, qui s'affirme surtout partir de la fin des annes 70, rejette toute solidarit qui ne serait pas fonde sur l'islam. Pourtant, bien que les organisations qui s'en rclament soient en profond dclin, le panarabisme reste une rfrence oblige de tout discours politique au Machrek et au Maghreb. Un signe, parmi d'autres, qu'il garde une grande emprise sur les peuples arabes, confirme par leur mobilisation durant la guerre du Golfe. Il faut remarquer que mme les organisations islamistes - par exemple le Hamas - ont un discours politique qui, sur de nombreux points, reprend le discours nationaliste arabe. Alors que l'arabisme politique semble en droute au dbut des annes 90, on assiste au renforcement d'une culture arabe commune qui englobe le Maghreb comme le Machrek, marque par des changes humains et culturels plus frquents, l'mergence d'une langue commune - de presse et de tlvision - au-del des dialectes, et la multiplication d'changes conomiques informels (contrebande). Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ARABES ISRALIENSLes Arabes d'Isral sont les Palestiniens qui n'ont pas fait partie de l'exode forc de 1948-1949 : 160 000 alors, et 900 000 en 1994. Ils sont pour l'essentiel regroups dans trois rgions : la Galile, le " grand triangle " autour de Oum al Fahm, le " petit triangle " autour de Tayb. En 1949, Isral a annex ces zones que le plan de partage attribuait l'tat arabe, et ses habitants sont devenus des citoyens israliens, mais de seconde zone, dans un tat qui se voulait avant tout juif. Jusqu'en 1966, les Arabes d'Isral sont soumis un gouvernement militaire qui les astreint des permis de dplacement, au couvre-feu, aux assignations rsidence... et qui favorise la colonisation juive travers la confiscation des terres arabes. La structure sociale de la population a t bouleverse en trente ans. Rurale plus de 75 % en 1960, elle devient majoritairement urbaine la fin des annes 80. La force de travail palestinienne sert, plus de 50 %, dans l'industrie et la construction. Plus de 15 % des Arabes d'Isral sont chrtiens et environ 10 % sont druzes. Ces derniers bnficient d'un traitement part puisque, seuls parmi les Palestiniens, ils sont contraints de faire leur service militaire. L'utilisation des divisions religieuses par les gouvernements d'Isral a t permanente. Elle n'a pas t suffisante pour arrter le dveloppement du sentiment national palestinien. Il s'est renforc aprs 1967 et s'est affirm avec clat lors de la journe pour la dfense de la terre, le 30 mars 1976, durant laquelle manifestrent des dizaines de milliers de Palestiniens. Une rpression sanglante s'ensuivit, faisant 6 morts et des dizaines de blesss. Dans les annes 70, le PC isralien devient, progressivement, le porte-parole de cette minorit nationale qui se bat pour la reconnaissance de ses droits : 40 % de la population arabe vote pour ses candidats aux diverses lections, et il dirige la plupart des grandes villes arabes, dont Nazareth. Le PC symbolise aussi la renaissance culturelle des Palestiniens travers sa presse en arabe (Al Itihad, Al Jadid) ou ses intellectuels (mile Habibi, mile Touma, Tawfik Zayad...). Une autre force, moins importante, exprime ce nationalisme : la Liste progressiste pour la paix de Mohamed Miari et Matityahou Peled. Les annes 80 voient la monte en puissance du mouvement islamiste. Aux lections municipales de 1989, ce dernier remporte de grands succs, s'emparant notamment de la seconde ville arabe, Oum al Fahm. Pourtant, dans les annes 90, beaucoup d'observateurs mettent en avant l'" isralisation " des Arabes, marque par une volont d'intgration et une revendication d'galit avec les citoyens juifs. L'affaiblissement des discriminations dont ils faisaient l'objet - le gouvernement travailliste a pris des mesures significatives pour aider les villes arabes toutefois encore dfavorises - encourage ce mouvement. Nanmoins, cette volution ne contredit pas l'affirmation nationale palestinienne dont tmoignent les rsultats des lections de mai 1996. Plus de 60 % des voix des Arabes d'Isral se portent sur les deux listes nationales : celle forme par les communistes et leurs allis - notamment l'Alliance nationale dmocratique de Azmi Bishara, qui prne l'autonomie des Arabes israliens - et celle constitue par le Parti dmocratique arabe uni aux islamistes. Elles obtiennent ainsi 9 siges (sur 120), un chiffre record depuis l'indpendance d'Isral. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ARABIE SAOUDITEEn 1744, un mir local du Najd - une rgion situe dans la pninsule Arabique -, Mohamed Ibn Saoud, signe avec un rformateur religieux un pacte pour faire triompher, " ft-ce par les armes, le rgne de la parole de Dieu " (Henri Laoust). Mohamed Ibn Abdel Wahhab a commenc sa prdication quelques annes plus tt. Il aspire restaurer l'islam sunnite dans sa puret premire un moment o s'acclre la dcomposition de l'Empire ottoman et se renforce le chiisme en Perse et en Irak. Il rejette toutes les sectes non sunnites, condamne les innovations dangereuses et le culte des saints. Sa doctrine, connue sous le nom de wahhabisme, sera le soubassement de toutes les tentatives de construction tatique par la famille Saoud, caractrises par l'alliance du sabre et du Coran. Le premier tat wahhabite, qui s'tendra jusqu' l'Irak, est dmantel par Muhammad Ali, le sultan d'gypte, en 1818. Le second, plus restreint, sera liquid en 1884. La troisime tentative fut la bonne. En 1901, Abdel Aziz, qui deviendra clbre sous le nom d'Ibn Saoud, conquiert l'oasis de Riyad, avant de s'emparer du Najd puis, l'est, de la province d'al Hasa. Aprs la Premire Guerre mondiale, il s'attaque son rival, Hussein, le chrif de La Mecque. L'ensemble du Hedjaz, sige des deux villes saintes de La Mecque et de Mdine, est conquis entre 1924 et 1926. En 1932, Abdel Aziz prend le titre de roi d'Arabie Saoudite laquelle il rattache en 1934, aprs une guerre contre le Ymen, la province du Asir. La dcouverte du ptrole dans les annes 30 et la cration de l'Arabian Oil Company (ARAMCO) changent la face du royaume. Elles assurent l'tat - qui flotte sur une vritable mer d'or noir (un quart des rserves mondiales) - des revenus substantiels et renforcent l'alliance avec les tats-Unis, dont les compagnies contrlent l'ARAMCO (qui ne passe sous autorit saoudienne qu'en 1980). L'entrevue Roosevelt-Abdel Aziz, en 1945, consolide l'axe Washington-Riyad, qui est - la guerre du Golfe le confirmera - la pierre de touche de la politique extrieure du royaume. la mort du souverain, en 1953, l'Arabie Saoudite traverse une zone de turbulences marque par les grves de l'industrie ptrolire, l'affrontement avec le nationalisme arabe rvolutionnaire et des luttes l'intrieur de la famille rgnante qui ne se calmeront qu'avec l'intronisation de Faysal, le 2 novembre 1964. Le coup d'tat qui met fin, en 1962, au rgime royaliste au Ymen du Nord et l'intervention des troupes de l'gypte nassrienne aux cts des rpublicains entraneront l'Arabie Saoudite dans un long conflit, qui ne trouvera de solution qu'aprs la guerre de juin 1967. Avec l'affaiblissement du nationalisme arabe conscutif la dfaite de Nasser en juin 1967, le rle du royaume wahhabite dans les affaires rgionales va croissant. Il dispose de deux atouts matres, le ptrole et l'islam. Aprs la guerre d'octobre 1973, les recettes de l'or noir ont atteint des sommets permettant au royaume - le troisime producteur mondial aprs l'Union sovitique et les tats-Unis, et le premier exportateur - un plan ambitieux de dveloppement, l'achat de matriel militaire ultra-moderne (plus de 20 % du PIB est consacr la dfense, contre 4 % pour la France) et, surtout, l'investissement de sommes considrables l'tranger : au sens propre, la famille royale est devenue une partie intgrante du capitalisme occidental. Les ressources servent aussi " acheter " la scurit du royaume en finanant aussi bien l'Irak que la Syrie, l'OLP que le Fath. L'islam reprsente un second atout pour la dynastie. En 1987, en pleine guerre irako-iranienne, le roi Fahd - qui est mont sur le trne le 13 juin 1982 - prend le titre de " Serviteur des deux Lieux saints, La Mecque et Mdine " ( partir d'aot 1990, la propagande irakienne transformera cette dnomination en " Tratre aux deux Lieux saints "). Cette garde de La Mecque et de Mdine donne un prestige sans gal la famille royale. Le plerinage - le hajj - est une des cinq obligations fondamentales de l'islam que tout bon musulman doit accomplir au moins une fois dans sa vie. En 1946, 60 000 plerins trangers accomplissaient ce rite ; ils sont plus d'un million en 1996. Djedda est aussi le sige de l'Organisation de la confrence islamique qui regroupe plus de 50 tats. Enfin, la Ligue islamique mondiale, fonde en 1965, constitue un forum de diverses communauts musulmanes et couvre le financement d'organisations islamistes. Ce rle de " puissance islamique " va de pair avec les proclamations sur la dfense de la Palestine et notamment de Jrusalem, troisime ville sainte de l'islam. L'occupation de la Grande Mosque de La Mecque en 1979, puis plusieurs affrontements sanglants et accidents ont cependant port un coup au prestige de la dynastie. C'est toujours par l'alliance des Al Saoud et de la hirarchie religieuse - recrute notamment dans la famille Al Cheikh, celle des descendants du fondateur du wahhabisme - que le roi Fahd entend maintenir la stabilit de son rgne. Gardiens du dogme - ils se sont opposs jusqu'en 1960 l'ducation des filles -, les oulemas veillent la conformit religieuse des dcisions du roi, dont ils servent lgitimer le pouvoir. Ils ont ainsi promulgu une fatwa approuvant la dcision d'appeler les Amricains la rescousse en aot 1990. Ils dirigent aussi la redoutable moutawa, la police religieuse qui " commande le bien et interdit le mal " : elle oblige les boutiquiers fermer l'heure de la prire, pourchasse les buveurs d'alcool ou les femmes qui ne respectent pas la " dcence ". Les oulemas font strictement appliquer la charia, la loi religieuse : amputations, chtiments corporels et excutions publiques sont monnaie courante. Aprs une lgre amlioration de la situation durant la guerre du Golfe, due la prsence massive de la presse et de centaines de milliers de soldats, ces pratiques ont repris de plus belle : le nombre de dcapitations en 1995 a atteint le chiffre record de 192 - dont 7 femmes. Grce ses ressources ptrolires, le pays a subi d'importantes mutations. En 1970, 26 % de la population vivait dans les villes ; la proportion atteint 73 % en 1990. La mortalit infantile qui tait de prs de 170 pour mille au dbut des annes 60, serait tombe 28 pour mille en 1993. Alors qu'en 1960, 2 % seulement des filles entraient l'cole, en 1981 ce taux grimpait 41 % et dpassait 80 % dix ans plus tard. Elles reprsentent mme la majorit des diplms, mme si le march du travail leur reste largement ferm. Leur confinement dans le milieu familial reste presque sans quivalent dans le monde musulman. Malgr de nombreux atouts, la faiblesse de la dynastie rgnante est apparue plusieurs reprises, notamment durant la guerre du Golfe o il a fallu plus de 500 000 soldats trangers pour " sauver le pays ". Depuis, au moins 5 000 soldats amricains y stationnent en permanence. En 1996, les relations avec l'Irak restaient tendues, tandis que les rapports avec la Jordanie s'taient amliors. Avec le Ymen, malgr une nette embellie marque par la signature du " document d'entente " le 26 fvrier 1995, les ngociations sur la dmarcation des frontires taient dans l'impasse. Le royaume ne compte, sur 2 240 000 kilomtres carrs, que 18 millions d'habitants (dont 3,5 millions d'trangers). L'arme, avec ses 65 000 hommes, est tenue en suspicion et " double " par la Garde blanche ou Garde nationale, issue des tribus les plus fidles aux Al Saoud. Pour la premire fois en juin 1988, l'Arabie Saoudite avait d lancer un emprunt d'tat pour faire face la baisse des cours du ptrole ; le cot de la guerre du Golfe a aussi largement entam les rserves du royaume. En 1995, la dette interne reprsentait prs de 80 % du Produit national brut, le budget restait en dficit, comme la balance des paiements. Le royaume a d procder des baisses des subventions accordes la consommation, ce qui risque d'branler le pacte social tiss entre la monarchie et ses sujets. De plus, l'unit des quatre rgions qui forment le royaume - le Najd, al Hasa, le Hedjaz et le Asir - reste fragile, et chacune est marque par sa propre histoire et par des tendances sparatistes. Ainsi al Hasa a connu de nombreuses grves ouvrires, et la minorit chiite opprime s'est plusieurs fois rvolte. Malgr un accord sign en 1993 entre le pouvoir et l'opposition chiite, de nouveaux signes de tension apparaissaient en 1996. Le Asir regarde vers le Ymen unifi. Quant au Hedjaz, qui joue un rle actif dans l'conomie et le commerce modernes, il s'accommode mal du caractre rtrograde du pouvoir. Enfin, depuis la guerre du Golfe, l'opposition a connu un essor important. En fvrier 1991, 41 personnalits librales lancent un appel au souverain pour une rforme. Pour rpondre ces demandes modres et aux pressions amricaines, le roi promulgue, le 1er mars 1992, une Loi fondamentale ainsi que deux lois dfinissant les attributions du Majliss al Choura (Conseil consultatif) et le fonctionnement des rgions. Aprs avoir rappel que le Coran et la Sunna (tradition du Prophte et de ses compagnons) sont la seule Constitution du royaume, la Loi confirme les pouvoirs discrtionnaires du roi : il nomme et rvoque les ministres, qui sont responsables devant lui, nomme et rvoque les soixante membres du Conseil consultatif, dont il peut ignorer les avis, nomme et rvoque les mirs la tte de chaque province. Plus important pour l'avenir, la Loi dfinit les rgles de succession. Traditionnellement, celle-ci se faisait au bnfice d'un des fils - en principe le plus g - d'Ibn Saoud. Dsormais le texte dispose que " le roi choisit un hritier qu'il peut rvoquer " et cette cooptation s'tend dsormais aux petits-fils d'Ibn Saoud. Par dcret, le roi Fahd a confirm le prince Abdallah, chef de la Garde nationale, comme hritier. Ce dernier a dj assur la rgence, pendant deux mois, au dbut de l'anne 1996, la suite de la maladie du roi Fahd. Ces rformes de faade ont permis la monarchie d'intgrer l'opposition librale d'autant plus facilement que celle-ci tait inquite de la monte des islamistes. En septembre 1992, 107 personnalits adressaient un mmorandum (non public) de quarante-cinq pages au cheikh Abdelaziz ben Baz, le plus haut dignitaire religieux du royaume. Bien que ne s'attaquant pas directement la personne du roi, les signataires avanaient des revendications rvolutionnaires : galit de tous devant la loi, responsabilit des officiels, limination de la corruption et de l'usure, redistribution des richesses, renforcement de l'arme et de l'indpendance nationale, restriction des pouvoirs de la police. Ces demandes se mlaient d'autres, empreintes d'un grand rigorisme musulman. Encore plus que leur plate-forme, c'est l'origine des signataires qui inquite les autorits : 72 % des ptitionnaires sont originaires de la rgion du Najd ; la moiti d'entre eux sont des hommes de religion (autant possdent un doctorat universitaire). C'est donc au coeur mme de la base sociale du pouvoir que se dveloppe une contestation radicalise par le refus du pouvoir de vritables rformes. La constitution du Comit de dfense des droits lgitimes (le nom arabe est la " dfense des droits de la charia "), dont Mohamed Al Masra'i devient le porte-parole depuis Londres, donne un cho sans prcdent la contestation, amenant Riyad exiger que le gouvernement britannique expulse le dissident : les conservateurs tentent de le faire en janvier 1996, mais la justice casse leur ordre. Avec l'attentat du 13 novembre 1995, qui visait un centre de communication de la Garde nationale Riyad et qui a fait cinq morts amricains, une partie de l'opposition islamiste est passe la lutte violente. L'explosion d'un camion pig, le 25 juin 1996 El Khobar, prs de l'norme base militaire de Dhahran, qui a cot la vie dix-neuf soldats amricains, confirme ce choix, sans qu'il soit encore possible d'identifier les commanditaires de ces attaques. Le PNB du royaume wahhabite, largement dtermin par une production de ptrole de 8 millions de barils/jour en 1995, est estim, en 1994, 7 240 dollars par habitant. Si d'normes travaux d'infrastructures, d'industrialisation ( Jubail et Yanbu) se poursuivent malgr les restrictions budgtaires, le rythme en a t considrablement rduit. Par ailleurs, le gouvernement a fortement taill dans ses subventions l'agriculture, notamment la production de crales. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ARAFAT (Yasser)N le 24 aot 1929 au Caire, o il passe la plus grande partie de son enfance, Yasser Arafat n'en est pas moins palestinien et li, par son pre, la puissante famille des Al Husseini, qui joue un grand rle politique Jrusalem durant la priode du mandat britannique. Il abandonne l'universit du Caire, en 1948, pour participer aux combats en Palestine. Il sera dsarm par les troupes arabes qui envahissent le pays aprs la proclamation de l'tat d'Isral : un souvenir qu'il n'oubliera jamais. Aprs la dfaite, il se rfugie Gaza, puis retourne au Caire en 1950 et reprend ses tudes suprieures, qui feront de lui un ingnieur des travaux publics. C'est dans la capitale gyptienne qu'il rencontre ceux qui fonderont le Fath avec lui, et deviendront ses adjoints la direction de l'OLP : Khalil Al Wazir (Abou Jihad) et Salah Khalaf (Abou Iyad). Ensemble, ils militent l'Union des tudiants palestiniens - que Yasser Arafat prside de 1952 1956 - et qui dite un magazine, La Voix de la Palestine. Arafat est arrt pendant quelques jours, en octobre 1955, lors de la liquidation par le prsident Gamal Abdel Nasser de l'organisation des Frres musulmans (dont Arafat est proche, mais non membre). En 1956, durant la guerre de Suez, il participe aux combats comme sous-lieutenant dans l'arme gyptienne. C'est dans la valle du Nil que se modlent les premiers fondements de ce que sera la doctrine du Fath : une mfiance certaine l'gard des dirigeants arabes qui refusent d'armer les Palestiniens et souhaitent les garder sous un strict contrle ; une grande foi dans la lutte arme, dont la gurilla mene Gaza en 1956-1957 contre les troupes israliennes - qu'il a contribu coordonner avec Abou Jihad - sert de modle. Menac nouveau d'arrestation, Arafat - dont le nom de guerre sera Abou Ammar - s'installe au Kowet, un des rares pays arabes o, malgr le protectorat de Londres jusqu'en 1961, les Palestiniens disposent d'une certaine marge de manoeuvre. C'est l que, en 1959, il fonde le Fath (mot forg partir des initiales arabes de Mouvement de libration nationale) et publie Falistinouna (Notre Palestine). Le point central de la doctrine de cette nouvelle organisation stipule que la libration de la Palestine est avant tout l'affaire des Palestiniens, et ne saurait tre confie aux rgimes arabes ou reporte une problmatique unit arabe. Cette doctrine est, l'poque du panarabisme triomphant, quasiment hrtique. Pourtant l'chec de la Rpublique arabe unie et la dissolution de l'union syro-gyptienne en 1961 renforcent les thmes du Fath. La victoire de la rvolution algrienne, en 1962, confirme, aux yeux d'Arafat, le bien-fond du principe " compter sur ses propres forces ". La prparation de la lutte arme s'acclre, et le 1er janvier 1965 a lieu la premire opration militaire contre Isral. Mais le Fath, qui est un mouvement sans rfrence idologique, a du mal s'affirmer... Il est condamn par la quasi-totalit des capitales arabes. Mme le rgime baasiste syrien, qui aide ponctuellement l'organisation, n'hsite pas s'attaquer ses militants : Arafat sera ainsi emprisonn en mai 1966. Ce n'est qu'aprs 1967, et la dfaite des rgimes arabes, que les fedayin vont devenir le centre de la mobilisation palestinienne. Deux jours aprs la fin des hostilits se tient Damas un congrs du Fath. Aprs de longs dbats, il dcide, sous l'impulsion de Yasser Arafat, de relancer la lutte arme. Ce dernier se rend cette fin plusieurs fois en Cisjordanie occupe. Il entame aussi, en novembre 1967, ses premiers contacts avec Nasser dont l'aide lui sera dcisive. Le 21 mars 1968 il participe la bataille de Karameh (Jordanie) o les commandos palestiniens tiennent tte l'arme isralienne. Cet accrochage, qui a montr la dtermination des Palestiniens et sera rpercut dans le monde arabe, donnera au Fath et Arafat l'autorit ncessaire pour prendre en main la vieille OLP en crise. En fvrier 1969, celle-ci est rnove, un nouveau comit excutif est lu. Yasser Arafat en devient le prsident. partir de cette date, et jusqu' la signature des accords d'Oslo, en 1993, sa vie se confond avec celle de l'OLP. La mise en oeuvre des accords sur l'" autogouvernement " palestinien marque un tournant important dans la vie de Yasser Arafat. Il rentre Gaza, le 1er juillet 1994. Il est lu prsident de l'Autorit palestinienne au suffrage universel, le 20 janvier 1996, mais conserve la prsidence du comit excutif de l'OLP. Sa place dans l'histoire dpend dsormais du rsultat du pari fait en 1993. Alain Gresh - Dominique Vidal Tous droits rservs - ditions de l'Atelier.

ARMES (ventes d')Client numro un des vendeurs d'armes, le Moyen-Orient l'tait depuis longtemps. Aprs une longue croissance, parallle aux dveloppements du conflit isralo-arabe et des autres affrontements dont il fut - et, pour certains, reste - le thtre, sa part a sensiblement recul dans la dernire priode. Mais, simultanment, il s'est engag dans deux nouveaux et inquitants domaines : ceux des missiles et, plus gnralement, des armes de destruction massive. Au total, de 1971 1994, la rgion a absorb prs de 45 % des armes vendues au tiers monde. Pour les fournisseurs, il s'agit d'une affaire la fois conomique, politique et stratgique - bien que, comme le montrent les expriences faites par l'URSS avec l'gypte ou par les tats-Unis avec l'Iran, l'influence ne d'une coopration militaire puisse se rvler prcaire... Dans le total d'armes conventionnelles majeures importes dans le monde, la part du Moyen-Orient, est passe de 31 % en 1985 24 % en 1994. La rgion devance encore de loin l'Afrique et l'Ocanie (1 %), l'Amrique latine (3 %) et l'Amrique du Nord (6 %), mais est nettement distance par l'Europe (31 %) et l'Asie (34 %). Ce recul s'explique notamment par quatre facteurs : la fin du conflit Irak-Iran, qui fut l'occasion de livraisons massives sur une longue priode ; l'embargo touchant l'Irak depuis la guerre du Golfe ; les consquences de la baisse du prix du ptrole sur les conomies de l'Arabie Saoudite et des pays du Golfe ; et l'effondrement - temporaire - du rle de la Russie, qui comptait nombre de clients voraces dans la rgion. Les statistiques sont moins loquaces quant la manire dont les principaux fournisseurs se rpartissent le gteau. Mais il est clair qu'un renversement s'est produit, au dtriment de Moscou et au profit de Washington. La Russie a dilapid une bo