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Maison des Mérode Maison des Isenghien Maison des Oignies . LES NOUVELLES ONYACUM N° 27 JUILLET 2017 Mot du président Ce 3 ème numéro de 2017 est consacré à différents aspects des 2 conflits mondiaux du XX è siècle : 1914-1918 :présentation du char français, , les troupes coloniales et les Réunionnais, la mort de 2 députés du Pas-de-Calais à Bapaume. 1939-1945 : les vacancesde Mme Gamand en 1944. 1870-1871 : Présentation de la guerre aux jeunes élèves de CE 2 en 1922 (extrait de manuel scolaire) Enfin, nous retrouverons Jules Mousseron avec L’ pain d’alouette. Bonne lecture NOS RENDEZ-VOUS : Le dimanche 27 août 2017 : exposition sur le sport à Oignies lors de la journée les vieilles voitures, organisée par Rencontre & Loisir à la Fosse 9/9bis. Les samedi 16 et dimanche 17 septembre 2017 : Journées du Patrimoine : à la salle Maximi- lien Robespierre, exposition : de Garguetelles au N°1 en passant par l’Empire.

LES NOUVELLESsite.compoz.fr/onyacum/CMS/modules/dl/2003037111/N27.pdf · 2018. 3. 7. · mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm et un modèle avec un canon de 37 mm SA18. Il est équipé

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  • Maison des Mérode Maison des Isenghien

    Maison des Oignies

    .

    LES NOUVELLES

    ONYACUM

    N° 27

    JUILLET 2017

    Mot du président

    Ce 3ème numéro de 2017 est consacré à différents aspects des 2 conflits mondiaux du XXè

    siècle : 1914-1918 :présentation du char français, , les troupes coloniales et les Réunionnais, la

    mort de 2 députés du Pas-de-Calais à Bapaume.

    1939-1945 : les ″vacances″ de Mme Gamand en 1944.

    1870-1871 : Présentation de la guerre aux jeunes élèves de CE 2 en 1922 (extrait de

    manuel scolaire)

    Enfin, nous retrouverons Jules Mousseron avec ″L’ pain d’alouette″.

    Bonne lecture

    NOS RENDEZ-VOUS :

    Le dimanche 27 août 2017 : exposition sur le sport à Oignies lors de la journée ″ les vieilles

    voitures″, organisée par Rencontre & Loisir à la Fosse 9/9bis.

    Les samedi 16 et dimanche 17 septembre 2017 : Journées du Patrimoine : à la salle Maximi-

    lien Robespierre, exposition : ″de Garguetelles au N°1 en passant par l’Empire″

    .

  • Vie du club Comme chaque année, le club restera ouvert tout l’été aux horaires habituelles car nous avons trois

    expositions sont en préparation :

    le dimanche 27 août : exposition sur le sport dans le cadre de la journée ″ voitures anciennes″ »

    organisée par Rencontres & loisirs à fosse 9/9bis.

    les 16 & 17 septembre : dans le cadre des Journées du Patrimoine, exposition « de Garguetelles au

    N°1 en passant par l’Empire » à la salle Robespierre.

    et en novembre : dans le cadre de la commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918, notre

    4ème

    exposition : 1917 : ″lazarets et cimetière allemands″.

    Le compteur à gaz, don de M. Debeauquenne : compteur datant de l’époque de l’usine à gaz (1869 à

    1918)

    Dans le N° 26 de mars 2017, nous avons présenté les travaux d’archéolo-gie

    réalisés dans le prolongement de la rue Casimir Beugnet, par la Direc-tion de

    l’archéologie préventive de la Communauté d’agglomération du Douaisis.

    Nous venons de recevoir le rapport final de ses fouilles qui s’intitule :

    ″ OIGNIES Z.A.C de la Maille verte″, cette zone est délimitée par la rue C.

    Beugnet et la RD 306.

    Ce rapport très technique mérite une lecture approfondie et nous vous

    communiquerons, ultérieurement, les principaux résultats de ces fouilles.

    AVIS DE RECHERCHE : l’archivage des documents (papiers, photos, informatisés) est en route depuis très longtemps, mais, le temps pris par les autres activités (expositions, montage-chansons …)

    ne nous l aisse pas la possibilité de le mener à son terme. Après les expositions donc après novembre,

    nous souhaiterions relever le défi d’achever cet archivage ; mais il n’y a pas de secret, il nous faut de

    l’aide ! Si un thème ou une période vous intéresse, venez nous rejoindre, vous ne vous engagez que

    pour un temps limité, vous venez selon vos possibilités (le club est ouvert 3 fois par semaine).

    N’hésitez pas à venir vous renseigner !

    NOS DEUILS

    SIMON MULCAN nous a quittés le 19 mars 2017, dans sa 84ème

    année.

    Il a, durant de nombreuses années, soutenu notre action, et venait, tant que sa

    santé le lui permettait, nous rendre visite le mercredi.

    Nous présentons à son épouse et à sa fille, nos plus sincères condoléances.

    2

  • 1914-1918 : Les chars français 1

    Les Français, sous la conduite du général Jean Baptiste

    Eugène Estienne, développaient leurs propres versions d’un

    engin blindé, le char Schneider CA1 testé en février 1916,

    puis le char Saint-Chamond.

    C'est à Berry-au-Bac que les Français utilisèrent des chars

    d'assaut pour la première fois dans l'histoire militaire.

    Char Schneider CA1

    Ces chars furent péniblement amenés sur place pour la grande

    offensive du Chemin des Dames le 16 avril 1917. Les

    Français firent une douloureuse expérience. Sur 132 chars

    Schneider engagés, 35 furent brûlés et 17 immobilisés par

    l'artillerie allemande, 18 eurent des pannes mécaniques ou de

    terrain.

    Char Saint Chamond

    Le général Jean-Baptiste Eugène Estienne, qui porte à bout de bras le projet des chars français depuis

    le début de la guerre, a acquis une certitude, il faut que le char soit petit et léger pour répondre au

    mieux aux contraintes du terrain. Par ailleurs, un véhicule plus petit est moins couteux à produire et

    l'on peut par conséquent, en produire un plus grand nombre. Il prend contact avec l'industriel

    automobile Louis Renault, et conçoivent ensemble, dans les usines Renault de Billancourt, le

    premier blindé léger français,

    le char Renault FT-17

    En juillet 1917, un prototype est

    achevé. Ce petit char est révolution-

    naire par sa conception. Il est notam-

    ment muni d'une tourelle pouvant

    pivoter à 360°. Ce système de

    tourelle sera utilisé sur la plupart des

    chars jusqu'à nos jours.

    Ses caractéristiques sont : longueur =

    4 m 95, largeur = 1 m 73, hauteur = 2

    m 13, Poids = 4 tonnes. Son blindage

    est composé de plaques allant de 6 mm à 22 mm. Son armement est de 2 types, un modèle avec une

    mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm et un modèle avec un canon de 37 mm SA18. Il est équipé d'un mo-

    teur essence Renault 4 cylindres de 40 chevaux pouvant lui permettre d'atteindre la vitesse de 12 km/h.

    Son autonomie est de 35 km. Son équipage comprend 2 hommes, le commandant/tireur et le pilote.

    Suite aux tests, le char remporte un franc succès auprès des autorités qui sont séduites par le faible

    coût de production. Une première commande est passée pour 10 000 exemplaires. Elle est rapidement

    portée à 1 150. Louis Renault se lance alors dans un gigantesque plan de production s'il veut honorer la

    commande dans les temps. Dans les mois qui suivent, il ne cesse de réclamer au ministre de l'arme-

    ment, les matières premières et la main d'œuvre qualifiée, nécessaires à la fabrication. Cependant, les

    livraisons des plaques d'acier se font lentes et seulement 84 chars sortent des usines Renault entre août

    et décembre 1917. Source : les Français à VERDUN (à Suivre)

    2

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baptiste_Eug%C3%A8ne_Estiennehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baptiste_Eug%C3%A8ne_Estiennehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Char_Schneider_CA1https://fr.wikipedia.org/wiki/Char_Saint-Chamondhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Berry-au-Bachttps://fr.wikipedia.org/wiki/Char_de_combathttps://fr.wikipedia.org/wiki/Char_de_combathttps://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_des_Dameshttps://fr.wikipedia.org/wiki/16_avrilhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Avril_1917https://fr.wikipedia.org/wiki/1917

  • LES TROUPES COLONIALES DURANT LA GRANDE GUERRE

    Il y a deux ans, Jean SCHINCARIOL nous présenta l’un de ses amis, directeur d’école à la retraite,

    Paul BASSON, originaire de LA RÉUNION. Nous apprîmes qu’il était ... descendant d’esclave.

    Comme tout le monde nous savions que de telles pratiques barbares avaient existé : connaissances

    livresques. Ce fut autre chose que d’avoir devant nous l’arrière-petit-fils d’un esclave ! d’avoir devant

    nous un témoin (oral) ! Nous avons donc correspondu avec M. BASSON et nous sommes intéressés de

    très près à l’histoire de l’esclavage et de l’île de La Réunion. Au fil des Nouvelles, nous aimerions

    vous faire partager nos découvertes sur ce département mal connu des métropolitains et sur ces pages

    sombres de l’histoire de l’humanité.

    Les commémorations du centenaire de la Grande guerre nous ont amenés, dans un premier temps et

    dans ce numéro des Nouvelles, à voir quel avait été le rôle des colonies françaises durant les années de

    guerre et plus particulièrement celui de La Réunion. Dans les numéros suivants, nous vous inviterons à

    découvrir l’histoire générale de La Réunion et l’horrible histoire de l’esclavage.

    ******************** L’historique retracé ci-après est largement tiré de l’ouvrage de Raphaël GRANVAUD ″ Que fait

    l’armée française en Afrique″ et de Wikipédia.

    L’ARMÉE FRANCAISE DURANT LA PÉRIODE COLONIALE ET À LA

    VEILLE DE LA GRANDE GUERRE Pendant la période coloniale, l’armée française était composée de trois ensembles aux fonctions en

    principe distinctes : l’armée métropolitaine, composée de conscrits encadrés par du personnel de

    carrière, est en charge de la défense du territoire national

    - l’armée d’Afrique du Nord —dite simplement ″armée d’Afrique″— était liée

    à la conquête et à l’occupation de l’Algérie, puis de la Tunisie et du Maroc

    - l’armée coloniale —dite aussi ″la Coloniale″— était en charge de la conquête

    ou de la ″pacification″ des autres colonies.

    En 1918, l'Armée française disposait d'un peu plus de cent divisions dont six divisions composées de

    troupes de l'Armée d'Afrique et sept divisions composées de troupes de l'Armée coloniale, la

    moitié des effectifs de ces treize divisions était d'origine métropolitaine.

    ▪ L’ARMÉE D’AFRIQUE La création de l'armée d’Afrique fut liée à la conquête de l'Algérie (le nom ″Afrique″ pouvant désigner

    à l’époque ce pays aussi bien que le continent entier). L’armée d’Afrique n’était pas

    institutionnellement distincte de l’armée métropolitaine, comme l’était la Coloniale, mais :

    - L'éloignement prolongé des soldats hors de la métropole permettait de maintenir une – relative –

    discrétion sur les méthodes de conquête et de ″pacification″.

    - Le développement de ces troupes évitait aussi le recours à des conscrits pour des expéditions

    lointaines (taux de mortalité élevés surtout à cause des maladies). La perte éventuelle des soldats qui

    composaient ces troupes spéciales (engagés volontaires, délinquants, mercenaires étrangers, et supplé-

    tifs recrutés de force) était en effet beaucoup moins impopulaire, voire indifférente, à la population

    métropolitaine, et donc sans risque du point de vue électoral. C’était aussi un moyen de se débarrasser

    d’un certain nombre d’indésirables sociaux, de «la partie la plus agitée, la plus instable» de la société.

    - Avant 1914, cela permettait aussi de réduire progressivement la durée de la conscription dans l’armée métropolitaine, sans pour autant renoncer à une politique belliqueuse.

    ▪ L’ARMÉE COLONIALE Le terme ″Troupes coloniales″ ou ″Armée coloniale″ ou ″Troupes des colonies françaises″ eut

    plusieurs sens. D’abord, ce furent les troupes françaises devant assurer la défense des colonies puis,

    3

  • assez rapidement, ce terme désigna les troupes recrutées dans les colonies françaises, hors Afrique

    du Nord (celles-ci constituant spécifiquement l'Armée d’Afrique).

    Avant 1900, on ne parlait pas encore d’armée coloniale, mais de Troupes de marine (création sous

    Louis XIV pour sécuriser les navires, les ports et les comptoirs coloniaux). On y distinguait :

    - les «marsouins» pour l’infanterie - les «bigors » pour l’artillerie.

    Les Troupes coloniales apparurent en 1900, lorsque l'ensemble des troupes terrestres dépendant du

    ministère de la Marine, appelées troupes de marine, furent transférées sous les ordres du ministère de la

    Guerre. Elles disparurent en 1958 lorsque, les colonies ayant acquis leur indépendance, la mission de

    ces troupes fut redéfinie. Elles reprirent alors le nom de troupes de marine, tout en restant dans l'armée

    de terre.

    Les Troupes coloniales, ″la Coloniale″ qui dépendaient d'un seul état-major général, regroupaient deux

    grands types d'unités :

    l'infanterie coloniale française et l'artillerie coloniale entre 1900 et 1958 appelées «Coloniale blanche» et composés en majorité d'engagés métropolitains

    les tirailleurs indigènes (hors Afrique du Nord) : (tirailleurs sénégalais, tirailleurs malgaches, tirailleurs indochinois) formés de ″sujets″ français des colonies commandés par des officiers français.

    Le terme «Tirailleurs sénégalais» est parfois utilisé au sens large pour désigner les troupes

    recrutées dans l’ensemble des colonies françaises et de ce fait inclut ainsi les troupes d’Afri-

    que noire (Zouaves, Chasseurs d'Afrique, Spahis, Tirailleurs algériens, marocains et tunisiens,

    artillerie nord-africaine, légion étrangère et services des affaires indigènes).

    On ne doit cependant pas confondre les soldats de l’Armée d’Afrique avec ceux des

    Troupes coloniales.

    À leurs débuts, les troupes coloniales étaient méprisées par les officiers métropolitains, mais leur

    prestige ne cessa de croître, parallèlement à l'importance prise en France par l'idéologie coloniale. Au

    départ, les Troupes de marine attiraient surtout les officiers en mal d’exotisme et d’aventure. Mais leur

    commandement devint de plus en plus recherché : en temps de paix, c’était l’occasion d’«exploits» qui

    permettaient de se distinguer plus rapidement qu’en métropole. C’était pour certains officiers, le

    tremplin d’une carrière militaire et parfois politique. Après 1880, elles offrirent également l'avantage

    d'une solde majorée et d'un déroulement de carrière accéléré.

    En 1857, un décret de NAPOLÉON III officialisa la création par FAIDHERBE du premier corps de

    ″tirailleurs sénégalais″ (terme qui, comme dit précédemment, désignera ultérieurement toutes les

    troupes issues de l'Afrique noire quelle que soit leur provenance). Les premiers tirailleurs furent

    constitués par achat d'esclaves, à qui on promettait l'affranchissement, et par enrôlement des prison-

    niers de guerre. Des engagés volontaires surtout attirés par les perspectives de pillages furent ensuite

    recrutés.

    Après la défaite de 1870, certains pensèrent que la politique de conquête et les troupes coloniales

    faisaient diversion face à la priorité de la ″Revanche″ et de la reconquête de l’Alsace-Lorraine. Ces

    reproches s’estompèrent entre 1880 et 1914 : les conquêtes coloniales contribuèrent au contraire à

    effacer l’humiliation de 1870 aux yeux de l’opinion publique. L’intégration progressive des troupes

    coloniales à la défense nationale les firent apparaître comme un renfort d'abord utile, puis indispensa-

    ble, d’autant plus que leurs qualités guerrières, comparables à celle d'armées professionnelles, étaient

    jugées supérieures à celles de l'armée métropolitaine composée de conscrits.

    Quand la guerre de 1914 éclata, les officiers formés aux colonies (GALLIENI, FRANCHET D’ES-

    PEREY, JOFFRE, LYAUTEY) arrivèrent aux plus hauts grades et, au sein de l’institution militaire,

  • leur influence rivalisa avec celle des officiers métropolitains.

    La ″Force noire″ Peu avant 1914, il apparut de plus en plus clairement que les rivalités impérialistes menaient à une

    nouvelle guerre. S'ouvrit alors un débat sur l’utilisation des tirailleurs pour la défense nationale. Le

    principal artisan de la campagne en faveur de cette option fut le lieutenant-colonel MANGIN, officier

    de la Coloniale qui avait longtemps servi en Afrique occidentale. Ce dernier publia en 1910 un ouvrage

    demeuré célèbre, «LA FORCE NOIRE», dans lequel il proposait de faire de l'Empire un réservoir de

    soldats pour économiser le sang français. Il mit en avant les prétendues qualités guerrières de la ″race″

    noire pour constituer des troupes d'assaut. Les résistances à ce projet furent nombreuses : la conscrip-

    tion était en principe liée à la citoyenneté dont les colonisés, soumis au Code de l’indigénat en Algérie,

    et à des variantes dans les autres colonies, devaient demeurer exclus. On craignait aussi de former des

    soldats qui pourraient se révolter demain contre l'ordre colonial. Mais l’approche de la guerre emporta

    les réticences. Symboliquement, les tirailleurs furent mis en avant lors de la célébration du 14 juillet

    1913. Cette «force noire à consommer avant l'hiver car ne supportant pas le froid», selon le propos

    de Mangin, fut massivement envoyée en première ligne. Des bataillons entiers furent massacrés lors de

    l’offensive Nivelle de 1917 mais il y eut une autre importante cause de mortalité : le froid auquel

    n’était pas habitués ces soldats des colonies.

    Leur utilisation comme troupes d'assaut pendant la Première Guerre mondiale était justifiée par leur

    prétendue incapacité à ressentir la peur par anticipation, du fait, comme l’écrivait déjà Faidherbe, d’un

    «système nerveux très peu développé». Leur instruction était extrêmement sommaire, fondée essentiel-

    lement sur l'exemple («Tu fais comme ça») et conduite en utilisant le ″français tirailleur″ ou ″petit-

    nègre″ (« Y'a bon Banania »), toujours en vigueur en 1939. Leur carrière était limitée au grade de

    capitaine et souvent bloquée avant. À ce grade équivalent, c'était l'officier français qui conservait le

    commandement.

    Pendant la guerre de 1914, les tirailleurs n'avaient pas de permission, à la différence des soldats

    français, et ne pouvaient retourner au pays (d'où certains étaient partis depuis sept ans). Les noms des

    tirailleurs tombés aux champs d'honneur n’étaient pas conservés, contrairement à ceux des soldats

    français. Il est donc possible que le soldat inconnu de l’Arc de Triomphe soit un ″tirailleur sénégalais″.

    **********

    LES RÉUNIONNAIS DANS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

    Compagnie d’Infanterie Coloniale de la Première Guerre Mondiale 1914-1918.

    Mobilisation des militaires à la caserne de Saint-Denis de la Réunion

    — plus tard la future Caserne Lambert —

    5

  • En 1914, La Réunion avait encore le statut dit de "vieille colonie". Ses habitants étaient donc

    français, mais ils n’étaient pas encore intégrés, dans un contexte où d’ailleurs le racisme était la norme,

    et où l’on retrouve dans tous les documents des références à la "race créole". Par exemple, les

    Réunionnais n’avaient pas le droit au service militaire. Pourtant beaucoup d’hommes se portèrent

    volontaires pour prouver leur appartenance à la Nation, notamment au début de la guerre - quand on

    pensait encore qu’elle serait courte et glorieuse…

    En 1914, La Réunion était plongée dans une crise très grave dont on ne soupçonne pas

    aujourd’hui l’ampleur : il y avait beaucoup de maladies, les gens avaient faim, la mortalité infantile

    était effroyable. L’île allait beaucoup plus mal qu’à la fin du 19e siècle. À cause de ces problèmes,

    beaucoup de volontaires furent déclarés inaptes pour raisons de santé - mais (comme en France) les

    autorités devinrent moins regardantes à mesure que le conflit s’enlisa…

    Dès le 2 août 1914, la Compagnie d’infanterie coloniale de La Réunion ainsi que quelques jeunes

    engagés partirent sur le vapeur l’Oxus pour rejoindre Diégo (Madagascar), via Tamatave. Là avaient

    lieu les sélections et les formations, car au moment de l’entrée en guerre, il n’y avait que trois officiers

    en poste dans ce qui est aujourd’hui la caserne Lambert à ST-DENIS, le gros de la troupe française

    dans l’océan Indien étant stationné sur la ″Grande île″, Madagascar. Là, certains furent maintenus dans

    les casernes malgaches pour tenir les positions stratégiques qu’occupaient précédemment des militaires

    repartis en France mais aussi pour contenir des troubles qui se manifestaient sporadiquement dans

    certains secteurs de Madagascar.

    Le 4 août 1914, le câblogramme annonçant l’entrée en

    guerre de la France arriva à LA RÉUNION. A partir du 16

    août 1914, après quelques rudiments de maniement des

    armes, près de 15 000 Réunionnais (14 355), quittèrent la

    ″vieille colonie″ sur la période de la guerre (chiffre

    important lorsqu’on sait que l’île comptait 170 000 habitants

    à cette époque).

    Après plusieurs mois de navigation, leur débarquement se fit

    à MARSEILLE. Beaucoup n’avaient jamais quitté leur

    village : ils découvrirent le froid, la curiosité des regards des

    Français, les conditions de vie, les trains, et les paysages loin

    de la réalité de leurs régions natales. Ils furent répartis selon

    leur profil dans les différents corps de l’armée coloniale, les

    Zouaves ou les bataillons sénégalais (qui étaient recrutés

    dans toute l’Afrique coloniale et pas seulement au

    Sénégal). Certains furent envoyés sur le front oriental des

    Dardanelles, les autres sur le front nord.

  • PRÉSENCE DES RÉUNIONNAIS SUR LE FRONT D’ORIENT

    C’est en pensant éviter le problème d’acclimatation que

    l’État-major décida d’envoyer près des deux tiers des

    Réunionnais sur le front d’Orient, dans les Dardanelles.

    On pensait aussi qu’ils seraient plus résistants au paludisme

    qui sévissait dans ces régions Cela se révéla un échec total.

    L’hiver étant à peine moins rude dans cette partie de

    l’Europe et le paludisme étant lié à un parasite, les

    Réunionnais furent aussi affectés que les autres soldats par

    la maladie. Nombreux sont ceux qui périrent près de

    Salonique, en Grèce, au tristement célèbre “Camp de la

    fièvre”.

    Malgré le quotidien effroyable vécu là-bas par les soldats

    français, dans l’esprit de la population française, l’image

    "d’embusqués" profitant des charmes de l’Orient était très

    forte en France. Georges Clémenceau, ministre de la Guer-

    re, se moqua de ces soldats et les surnomma "les jardiniers

    de Salonique". "Ils les avaient appelé ainsi car ils avaient

    construit des tranchées et des routes autour de Salonique.

    Ils avaient aussi fait des plantations près de leurs camps en

    attendant l'offensive allemande", explique Vlasis Vlasidis

    (Université de Macédoine), en faisant référence aux plants

    de salades cultivés par les poilus pour échapper au scorbut.

    Après guerre, les ″jardiniers de Salonique″ furent ainsi lar-

    Source R. Mnémosyne-Fèvre gement oubliés au profit des héros de Verdun ou du Chemin

    des Dames.

    Cimetière de Zeïtenlick où sont rassemblés les corps de 8 310 soldats morts pour la France sur le front

    d'Orient : 8 102 en tombes individuelles et 208 dans l'ossuaire

    PRÉSENCE DES RÉUNIONNAIS SUR LE FRONT DU NORD

    Le premier hiver se révéla une catastrophe. Le froid auquel ils n’étaient pas habitués leur était

    parfaitement insupportable. On retrouve des soldats réunionnais : 7

  • - en Artois, à Vimy, en Champagne, en Argonne en 1815 - à Verdun, dans la Somme en 1816 - dans les Flandres, au chemin des Dames en 1917

    Présence des Réunionnais sur les fronts Nord-Est. Source R. Mnémosyne-Fèvre

    L’armistice fut signé le 11 novembre 1918 : 1693 soldats réunionnais manquaient à l’appel,

    Morts pour la France.

    Les survivants repartirent au début de l’année 1919, infectés sans le savoir du virus de la fièvre

    espagnole, importée en Europe par les troupes américaines.

    Les conséquences furent terribles pour l’île : 7 451 personnes périrent en deux mois dont la

    plupart dès les premiers jours de l’épidémie.

    ROLAND GARROS, le Réunionnais Roland Garros est un aviateur français né le 6

    octobre 1888 à ST-DENIS de LA RÉUNION. Le

    23 septembre 1913, le jeune pilote, réalisa la pre-

    mière traversée en solitaire de la Méditerranée

    sans escale (FRÉJUS/BIZERTE enTunisie) aux

    commandes de son Morane-Saulnier H . Dans les

    mois qui suivirent, il fut crédité de trois records

    du monde d’altitude, mais également de la pre-

    mière liaison aérienne entre La Havane et

    Mexico. Garros entra dans la légende des airs.

    Alors qu’en qualité de Réunionnais il n’était pas

    assujetti au service militaire, il s’engagea lors de la

    Roland GARROS devant un avion ″Demoiselle*″. [ Grande guerre.

    8

  • Il fut intégré dans les unités de chasse : il descendra quatre avions allemands. En avril 1915 il inventa

    le système de tir au travers des hélices de chasseur ; ce système permit aux alliés de remporter

    plusieurs victoires aériennes. Roland Garros et son avion tombèrent entre les mains des Allemands. A

    cette occasion, il fut obligé de collaborer avec un des autres grands noms de l’aviation : Anthony

    FOKKER. Après trois années de captivité, il réussit à s’évader et à regagner la France.

    Malgré ses qualités de pilote, il fut abattu un peu plus d’un mois avant

    la fin de la guerre, le 5 octobre 1918, la veille de son trentième

    anniversaire. Il est enterré à Vouziers dans les Ardennes françaises,

    où une stèle a été érigée en son honneur.

    La légende raconte que le jeune pilote allemand qui descendit Garros ne

    se remit jamais d’avoir tué ce pilote de légende. Le nom de Roland

    GARROS a été donné à la base aérienne locale et à l’aéroport

    international de SAINT-DENIS à la Réunion.

    *L’avion léger ″La Demoiselle″ était surnommé la ″tueuse d'homme″ tant il était fragile : il pesait moins de 60 kg, son épine dorsale était réalisée en bambou et faisait 8 mètres de longueur, l'aile était faite de bois de sapin recouvert de toile de soie vernissée.

    LA GUERRE DE 1870 : extrait de

    ″HISTOIRE DE FRANCE″

    de E. LAVISSE

    — cours élémentaire — 1922 —

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  • QUELQUES ILLUSTRATIONS DE LA GUERRE DE 1870

    Prisonniers de guerre en Allemagne

    Fantassin français, fantassin allemand, Uhlan

    Bataille de Reischoffen Siège de Paris

  • ″Les Vacances″ de Jacqueline Trompat En 1940, Mme Gamand, née Jacqueline Trompat a 9 ans ; la maison de ses parents, rue d’Epinoy, fut

    brûlée le 28 mai 1940. Elle est, ici, photo-

    graphiée avec sa petite sœur Janine, devant

    les ruines de sa maison.

    En 1944, grâce au Secours National dont

    la présidente locale était Madame Bou-

    langer, elle est accueillie pendant trois

    mois, dans une famille de Bretagne. En

    février, elle part pour Paris, au centre du

    Secours national —rue Monsoury— où

    d’autres enfants de victimes de guerre ou

    de sinistrés sont regroupés et les convois organisés pour diverses directions : Bretagne, Suisse,

    Savoie… La voilà partie pour Louvigney du Désert, chez M et Mme Desvaux, plus précisément dans

    le hameau Le Planty, pour y mener une vie simple, feu dans la cheminée et lampe à pétrole, mais au

    "bon air" et avec un ravitaillement plus conséquent. Mme Gamand a conservé les lettres que lui

    envoyaient sa mère et sa sœur Janine.

    Voici quelques extraits de ces lettres qui, non seulement, évoquent des faits se passant dans la région

    mais qui parlent aussi d’une préoccupation importante de l’époque : le ravitaillement !

    Tout d’abord, les lettres de Mme Trompat- Maman-

    TROMPAT-MARCHAND Patrons Modèles du Petit Écho de la Mode

    OIGNIES (P.-de-C.) C.C. Postal Lille 68306

    18 février 1944 : «Nous avons eu aujourd’hui 450 g de beurre pour le mois. Si tu peux là-bas 1 kg de beurre, tu nous l’enverras par la poste,

    en postal et inscrire dessus : Librairie échantillon. »"

    26 février : « Nous avons mangé encore du bœuf en boîte, heureux

    qu’Anna va nous apporter un morceau ce soir, voici quinze jours qu’on

    n’a pas eu de boudin à Carvin. Heureux qu’on a acheté 4 kg de harengs

    que j’ai salés pour le soir. »

    22 mars : « Je viens de démêler des crêpes pour goûter, pas avec six œufs comme chez Mme Desvaux,

    car nous ne les avons pas tu le sais. »

    7 avril : « Je suis contente que nous allons recevoir du lard et du beurre et je te d-manderai, si cela te

    serait possible de refaire une expédition au plus tôt car le moment du retour sera bientôt arrivé et ici c’est

    toujours le régime des restrictions. On va encore passer une triste Pâques. »

    10 avril : « Cette nuit, il y a eu un terrible bombardement par avion ; la TSF annonce une grande ville du

    Nord et la région sud-ouest de Paris ; Gilbert s’est levé et a enfilé son pantalon, nous avons eu bien peur.

    Dernièrement c’était à Courtrai où il y a eu des centaines de victimes ; quand donc finira donc cette

    guerre ?

    15 avril : « nous avons déjà liquidé la boîte de miel, papa s’est bien régalé surtout ainsi que Jacques et

    Janine. Comme tu nous le dis, tu feras ton possible pour nous rapporter du beurre et du lard ; du

    mouton c’est pas nécessaire. »

    28 avril : « Tu nous ferais plaisir de nous adresser de suite un petit colis de quelques kilos de lard

    croisé. Nous sommes absolument sans rien ici, la viande est de plus en plus rare et nous n’avons pu

    trouver cette semaine qu’un cœur. As-tu des nouvelles pour le convoi, nous attendons impatiemment

    l’annonce de ton retour, car tu dois savoir que les bombardements augmentent toujours dans nos

    régions. Cette nuit la tuile rie de Libercourt a été incendiée par un avion ; il paraîtrait que le fils

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  • Pantigny de Lens qui était tenu pour tracts communistes, a été condamné à mort et probablement déjà

    fusillé. Il était à Loos. »

    29 avril : « Voici une semaine que nous n’avons pas reçu de toi aucune lettre ; tu dois penser que nous

    sommes inquiets. Nous supposons que tes lettres sont en souffrance, car depuis quelques temps les

    bombardements sont intenses dans nos régions. Il paraitrait que les trains ne vont et ne viennent plus

    de Paris depuis les bombardements de Creil, Longueau, Amiens et hier Arras et Douai. Hier le facteur

    n’avait aucun courrier venant de Paris et probablement aujourd’hui également. ..Il paraitrait que les

    gares principales de la ligne Paris-Lille seront détruites avant le débarquement dont on cause tant. On

    n’est pas gai, on a touché encore du bœuf congelé, et pas de viande sans tickets nulle part. Loez me dit

    que l’on perquisitionne depuis ce matin chez Napierala. On vient de goûter des crêpes, car on est

    toujours en retard aux tickets de pain. »

    3 mai : « Aujourd’hui 3 mai, nous recevons seulement ta lettre du 23 avril…La situation avait l’air de

    s’aggraver, à cause des incessants bombardements ; depuis hier l’aviation est plutôt calme et il faut

    espérer que cela va continuer ; je doute fort que l’on puisse effectuer un convoi en ce moment ou

    sinon il faudrait le rétablissement des voies de Paris-Douai qui ont beaucoup souffert. Il n’y a plus que

    les trains de Lens à Lille qui marchent pour l’ouvrier, mais il paraît qu’on est jamais certain du

    retour…D’après tes lettres nous constatons que tu ne manques de rien là-bas, c’est ce qui nous rassure

    au cas où tu serais forcée d’y reste plus longtemps. »

    8 mai :" « Je ne peux te décrire ici ma joie d’apprendre ton retour bien proche et je te souhaite que le

    voyage soit de courte durée pour que tu puisses rentrer à Oignies le 16 car le certificat d’étude a lieu le

    17… Si tu peux trouver 1 kg gras bœuf fondu, cela nous permettra de faire des frites à ton retour qui

    sera fêté tu peux le croire On attend ton retour pour tuer une poule ou le coq ; si tu peux en rapporter

    une tuée, tu pourrais l’acheter là-bas ou un canard, cela nous changerait un peu l’ordinaire. Le poste

    annonce à l’instant un bombardement d’une bourgade près de Rennes. C’est comme ici,

    bombardements par ci par là sans arrêter. Hier c’était encore à Arras. »"

    Le retour fut retardé car Jacqueline est restée un mois à Paris, au centre du Secours National,

    avant de pouvoir prendre le train pour rentrer.

    Janine, âgée de 10 ans, écrit aussi souvent à sa sœur ; elle mêle la vie de tous les jours aux événe-

    ments dont elle a entendu parler.

    15 février 1944 : 13tu dans une ferme ? J’espère que tu ne t’ennuies pas de trop devant ton feu de cheminée.

    ″Bravo″ est reparu et nous les gardons pour que tu les lises quand tu reviendras. »

    17 février : « Maman te fera un colis qu’elle joindra avec la robe, une plaque de chocolat et six bonbons que

    nous venons de toucher au ravitaillement ; nous en revenons nous étions chargés comme des baudets, mais

    nous n’avons pas eu beaucoup de beurre, nous en avons touché 450 grammes mais si tu peux nous en envoyer

    1 ou 2 kilos, tu nous l’enverras hein. Nous n’avons touché qu’un paquet de bonbons et en avons seulement 5 et

    papa et maman n’en ont eu qu’un. Nous avons touché de la confiture mais elle n’est pas bonne, c’est du pur

    tartina. »

    8 mars : « Tu as de la chance d’avoir du bœuf, du veau, des bifstecks et du pâté nous on a un malheureux petit

    bout de viande grand comme la moitié d’une petite main et on a ça pour toute la semaine. »

    21 mars : « Hier les garçons de Saint Joseph ont fêté leur école et M. Podevin leur a donné à chacun un gros

    pain blanc et de la confiture puis ils ont été se promener au bois de Libercourt et on leur a pas fait l’école. »

    24 mars : « Je vais te raconter quelques nouvelles du pays : hier il y a eu un coup de grisou à la fosse n°9, il ya

    eu 5 ou 6 morts et quelques blessés ; le frère à Aline Maubert, Robert âgé de 16 ans a eu 2 jambes broyées et 1

    bras broyé. Ils sont tous à l’hôpital d’Hénin. Hier un rat a mangé 9 lapins à Madame Desprez, elle est bien en

    colère et il y a de quoi ! »

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  • 29 mars : « Maman a fait un délicieux pain d’épice et puis quand elle a été partie à Lille, il était tellement bon

    qu’on a boulotté la part de papa nous deux. "Soulotte !" tu bois du vin. On va manger des haricots et un petit

    bout de boudin. Une dame a dit à Maman qu’il y avait 500 morts à Courtray. »

    2 avril (jour des Rameaux) : « À midi nous avons mangé des frites, c’était la première fois qu’on en mangeait

    depuis un an. On est obligé d’avancer la pendule d’une heure, ainsi 2H il est 3H.

    Hier on a enterré Robert Maubert qui avait été transporté à l’hôpital d’Hénin mais il est mort jeudi à 1 heure ¼ de

    l’après-midi. »

    5 avril : « À notre école, il y a 2 élèves nouvelles, ceux sont des évacuées, elles viennent du Gard en bas de la

    France, elles s’appellent, Marie et Olga, et elles parlent drôle. »

    10 avril : « Cette nuit, les Anglais ont bombardé la région parisienne il y a plus de 100 morts, ils ont bombardé

    aussi une grande ville du nord de la France et il y a eu aussi des morts ; on ne pouvait pas dormir et puis ça

    tonnait fort tu sais. »

    16 avril : « À midi on a mangé du vermicelle et des pommes de terre à l’étouffé avec un morceau de lard que tu

    nous as envoyé et de la tarte à la crème au chocolat …

    Les hommes comme : Martinet, Maragy, Erchuez, Topette, Loez , Descamp et des autres devront partir travailler

    sur le front et Monsieur le vicaire aussi et peut être M. le Curé. Ton miel il en reste encore pour 2 tartines. »

    27 mars 1917 : Mort de deux députés, Raoul Briquet &Albert Tailliandier

    dans l’explosion de l’hôtel de ville de Bapaume

    Au début de mars 1917, les soldats allemands reçoivent l’or-

    dre de s’établir sur leurs nouvelles positions. Bapaume est

    ainsi libérée le 17 mars. Les troupes de la 20th Australian

    Infantry Division entrent dans la ville, qui n’est plus qu’un

    immense tas de ruines. Elle a subi, comme de nombreuses

    communes, la tactique de la terre brûlée. Les soldats de la

    logistique australienne cherchent un endroit pour se loger

    et se protéger des intempéries. Ils choisissent l’hôtel de ville, qui n'apparaît pas trop endommagé.

    Depuis le début du recul allemand, les dons en argent et en nature affluent à Paris pour la population de

    l’Artois libérée. Le comité formé pour la répartition des secours charge Albert Tailliandier, député

    de la 2ème

    circonscription du Pas-de-Calais, de leur distribution. Celui-ci demande alors à son

    collègue de gauche, Raoul Briquet, député de la 1ère

    circonscription, de l’accompagner pour

    apporter le soutien financier. Le dimanche 25 mars 1917, en fin de journée, tous deux arrivent à

    Bapaume, porteurs de cinquante mille francs. Ils sont obligés par les circonstances d’y passer la nuit et

    de loger, comme bon nombre de soldats alliés, dans les caves de l’hôtel-de-ville, qui offrent une

    certaine sécurité contre un bombardement.

    Pendant cette nuit du 25 au 26 mars 1917, plus d’une semaine après le retrait des Allemands, une mine

    allemande munie d’un détonateur à retardement explose. L’édifice n’est plus que ruines. Les corps

    des deux députés et de dix-neuf Australiens sont retirés des décombres.

    — Source : Archives départementales du Pas-de-Calais—

    Dès 1924, une souscription est lancée pour la réalisation d’un monument aux députés Briquet et Tailli-

    andier, à l’initiative de l’Union Nationale des Combattants (UNC). Elle reçut de nombreux soutiens :

    de la Chambre des députés, de la population de Bapaume et de la part de nombreux conseils munici-

    paux. 13

  • Le monument a été installé et remis à la ville de Bapaume le 27 mars 1934, par Louis de Diesbach,

    député du Pas-de-Calais, président du comité de souscription.

    L’inauguration eut lieu le 16 juin

    1935.

    Le monument est un haut-relief

    en marbre de Carrare de 3m. 50

    de hauteur sur 2 m. de largeur.

    Au centre de l’œuvre, une fem-

    me de fière allure, représentant

    La France, pose ses deux mains

    Alain Tailliandier sur des médaillons dans lesquels

    ont été taillés les portraits des

    députés Briquet et Tailliandier.

    Ce monument est l’œuvre du

    sculpteur Augustin Lesieux.

    Source- Mémoires de pierres

    Raoul Briquet

    Albert TAILLIANDIER était le fils d’Henri Tailliandier, député du

    Pas-de-Calais pendant 25 ans. Il est né le 28 avril 1875 à Fresnoy-en-

    Gohelle. Il fit de brillantes études à la faculté de droit de Paris, docteur en

    droit es sciences politiques et économiques et devint avocat au Conseil

    d’État et à la Cour de cassation. Son père étant décédé le 28 avril 1914,

    au lendemain du premier tour des élections législatives dans la 2ème

    circonscription d’Arras, Albert Tailliandier se présenta au ballotage et fut

    élu. Puis il fut élu maire de Fresnoy. La guerre survint. Il se spécialisa

    dans la défense des sinistrés. Il est l’auteur du1er

    article de la loi sur les

    dommages de guerre qui pose le principe de la solidarité nationale pour

    les paiements des indemnités. Mais il n’oublia pas son devoir de combattant, sergent au 5è RIT, puis

    Sous-Lieutenant au 5è RIT, il prit part à la bataille de Verdun. —Croix de guerre et Légion d’honneur à

    titre posthume—.

    Raoul BRIQUET naquit le 4 novembre 1875 à Douai. Il fit ses études à

    la faculté de droit de Paris. Il conquit le grade de docteur ave une thèse sur

    le mouvement syndical ouvrier belge, qui marquait déjà les

    préoccupations d’ordre social qui allaient absorber une grande part de ses

    activités Il quitta le barreau de Béthune lorsqu’il devint le conseil du

    syndicat des mineurs du Pas-de-Calais. Il élu député en mai 1910. Au

    parlement, il se fit vite remarquer par son travail dans les commissions

    auxquelles il appartenait : législation civile, législation sociale et

    commission de l’armée dont il devint le vice-président. Officier de

    réserve, dès les premiers jours d’août 1914 il combattit comme lieutenant,

    puis capitaine-commandant d’une compagnie du 412è R.I. — Croix de guerre et Légion d’honneur —

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  • LE BRIQUET & LE PAIN D’ALOUETTE

    Le " briquet ": pause casse-croûte au fond de la mine, pris sur le chantier d'exploitation

    Une rumeur prétend que ce nom de Briquet vient de Raoul Briquet, député du Pas de Calais qui a

    obtenu que les mineurs puissent faire une pause casse-croûte au fond. Le gouvernement imposa aux

    compagnies minières qu'un temps pris sur le travail, donc payé, soit destiné à prendre une petite

    collation. Raoul Briquet ne peut être à l'origine de ce nom, le mot briquet apparaissant déjà dans Germinal en 1885 alors que Raoul Briquet n'avait que 10 ans ! Il semble plutôt que le mot

    proviendrait de l'anglais break, « arrêt, pause ».

    Le ″pain d’Alouette″ : le mineur emportait ce casse-croûte avec lui dans une musette qu'il descendait au fond avec quelques tartines de pain supplémentaires.

    Évidement, les tartines s'imprégnaient d'une "odeur particulière" liée à l'atmosphère chaude et humide

    du fond. En revenant à la maison, le mineur offrait les tartines qu'il n'avait pas mangées à ses enfants

    qui se disputaient ce pain emblématique, ce ″pain d'alouette″. Source mineurdefond.fr

    Notre poète- mineur, Jules Mousseron ne pouvait que se souvenir de : L’PAIN D’ALOUETTE.

    Bonheurs d’infants, oh ! joi’ naïve,

    Souv’nirs qu’in a l’ pus quière àn r’vive ;

    Leumièr’s qui vous inchant’nt incor

    Dins vos souv’nirs jusqu’à la mort.

    In frissonnant d’ais’, jé m’ rappelle

    L’ eune ed’ ces innochints mervelles :

    Un point d’ mes jours les plus heureux

    Qui m’ met toudis les larm’s aux yeux.

    Ch’est un festin d’ pain d’alouette.

    J’ vas chi vous dir’, tout à l’ coyette,

    El pain d’alouett’ chuss’ qué ch’est :

    Ch’est un pétiot restant d’ briquet.

    Ch’est deux dogts d’ pain, pas davantache

    Avec du burr’, du mou fromache.

    L’ mineur r’mont’ cha pou ses infants

    Du fond del min’, chaque jour ouvrant.

    Ch’est eun’ preuv’ qué, même quand i-est à l’

    fosse,

    El bon mineur pinse à ses gosses.

    Faut qu’i lieu warde un morciau d’ pain

    Quand ch’ s’rot qu’il arot cor pus faim.

    C’ pain tant pochéné l’ long del route,

    Qué l’ mie all’ débord’ hors des croûtes,

    In a tant goût d’ s’in régaler

    Qu’ l’infant i mainge avant d’ diner.

    Oui, c’ bout d’ briquet, - ej’ mé l’ rappelle !

    A eun’ saveur surnaturelle,

    Poutant, saupoudré d’ noir carbon… -

    J’ nai pus maingé rien d’aussi bon.

    Ch’est comm’ quéqu’coss’ d’eune îl’ lointaine, -

    Un fruit rar’ qu’in trouve avec peine,

    Qué l’infant s’imagine exquis,

    Qu’ in n’ dot mainger qu’au Paradis.

    In effet, c’ tiot morciau d’ tartine

    Vient du fond mystérieux del mine, -

    D’ un pays, pou l’ gosse, inconnu,

    Qu’il arring’ dins s’ rêve ingénu.

    Qu’i-étot content, min bon brav’ père,

    Quand, à l’ fosse, éj’ d’allos l’arquère…

    Du pus lon qu’i véyot s’ tiot fieu,

    I-agitot s’ mallette à ses yeux.

    I m’imbrassot d’eun’ bais’ marquante.

    J’impognos l’ pain d’ mes mains trannantes,

    Et, goulûmint, j’hagnos là-dins.

    Espitant l’ fromache dins mes dints !

    Jamais d’ la vi’ j’ n’ai pus connaître

    Pourquoi qu’in nomm’ pain d’alouette

    Cheull’ bouchi’ d’ pain, c’ becqui’ d’ pierrot…

    Mais qu’ éch’étot bon, cha, jé l’ connos.

    In n’ dot point trop tâcher d’ comprinte

    L’ douch’ secret des âm’s innochintes ;

    Car el bonheur, tout bin compté,

    Est, l’ pus souvint, dins l’ naïv’té.

    Coyette (être à l’) : se mettre à son aise (du mot

    ″quiet″)

    warder : garder — pochéner : presser contre soi

    trannant : tremblant — hagner : mordre

    espiter : éclabousser

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