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«LES 400 COUPS» de FRANCOIS TRUFFAUT (1959) Une abondante documentation pédagogique existe sur cette œuvre ( en particulier un dossier prof «collège au cinéma» )dont une copie DVD libre de droits pour l'utilisation pédagogique est disponible dans la collection «EDEN Cinéma»(CNDP 29€ ) La présente fiche propose un exemple de travail sur le film en trois points .Elle n'a, bien sur,aucune prétention à l'exhaustivité. 1 UN FILM TEMOIN DU DEBUT DES TRENTES GLORIEUSES Nos élèves, nés dans les années de crise, ont un peu de mal à se figurer ce que furent les années 50, période de forte croissance,certes, mais dans un contexte difficile On peu attirer leur attention sur -le paysage urbain parisien : avec peu de voitures et pas de néons, des publicités rares et désuètes 50:10:17 -travail : comparer l'imprimerie(0:34:46), installation industrielle vétuste et le modernisme des bureaux (1:3:16), manifestation de la tertiairisation en cours de l'économie. Relever aussi les remarques sur l'emploi des femmes dans la bouche du père d'Antoine (0:46:52) -le baby-boum : ce phénomène inséparable des «30 glorieuses» est évoqué à deux reprises : 0:16:15 et 0:13:51 -la crise du logement : qui est autant quantitative ( manque de place ) que qualitative (manque de confort, d' équipement ) est visible dans l'appartement de la famille Doisnel mais aussi dans les conversations ( 0:10:43 ,0:17:21 , 0:26:200:27:0 ) -l'école : est débordée par les classes nombreuses du «baby boum» : 0:5:59 36 élèves par classe ; 0:44:5 manque d'installation pour l'EPS ;cours d'anglais : 0:39:54 -les loisir d'avant l'age de la télé : flippers et fête foraine (0:19:9) théâtre Guignol (1:1:19) et surtout cinéma (0:58:50 et 0:48:45 ) sans oublier les jeux de société : jacquet et petit chevaux ! 2 UN FILM EN PARTIE AUTOBIOGRAPHIQUE, PREMIER ELEMENT D'UNE EXPERIENCE CINEMATOGRAPHIQUE SANS EQUIVALENT : LA SAGA DOISNEL A la sortie du film une polémique à propos du caractère autobiographique de l'œuvre éclata En particulier les parents de F.Truffaut s'indignèrent de la façon dont étaient décrits les parents d'Antoine Doisnel et F.Truffaut fut obligé de démentir tout rapport entre les parents de son héros et les siens ! Une scène de «Domicile conjugal» se fait l'écho de cette polémique. En effet « Les 400 coups » sont le premier maillon d'une entreprise unique dans l'histoire du cinéma « la saga A.Doisnel» un ensemble de 4 films longs + un court avec les mêmes personnages interprétés par les mêmes acteurs, évoluant au fil du temps réel. Dans le dernier épisode de la série «L'Amour en Fuite» A.Doisnel a écrit un roman autobiographique «Les Salades de l'Amour» ce qui multiplie encore les effets de miroir. Sur cette question on se reportera à mon article « F.Truffaut et son double» dans «La Faute à Rousseau» n° 43 et aux compléments (bonus) des 4 films de la série dans l'édition DVD de MK2 qui contient d'intéressantes interviews de Truffaut. 3 UNE OEUVRE CARRACTERISTIQUE DE LA NOUVELLE VAGUE Les 400 Coups sont une des œuvre manifeste de la nouvelle vague, cette manière nouvelle de faire des films inaugurée à la fin des années 50 par de jeunes réalisateurs issus des «Cahiers du Cinéma» Cette nouvelle manière de filmer est rendue possible par des innovations techniques ( cameras plus légères et donc portables, pellicules plus sensible permettant de se passer d'éclairage artificiel magnétophone léger et performant ( Nagra ) rendant possible l'enregistrement du son direct ) mais

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«LES 400 COUPS» de FRANCOIS TRUFFAUT (1959)

Une abondante documentation pédagogique existe sur cette œuvre ( en particulier un dossier prof «collège au cinéma» )dont une copie DVD libre de droits pour l'utilisation pédagogique est disponible dans la collection «EDEN Cinéma»(CNDP 29€ )La présente fiche propose un exemple de travail sur le film en trois points .Elle n'a, bien sur,aucune prétention à l'exhaustivité.

1 UN FILM TEMOIN DU DEBUT DES TRENTES GLORIEUSES

Nos élèves, nés dans les années de crise, ont un peu de mal à se figurer ce que furent les années 50, période de forte croissance,certes, mais dans un contexte difficileOn peu attirer leur attention sur-le paysage urbain parisien : avec peu de voitures et pas de néons, des publicités rares et désuètes50:10:17 -travail : comparer l'imprimerie(0:34:46), installation industrielle vétuste et le modernisme des bureaux (1:3:16), manifestation de la tertiairisation en cours de l'économie. Relever aussi les remarques sur l'emploi des femmes dans la bouche du père d'Antoine (0:46:52)-le baby-boum : ce phénomène inséparable des «30 glorieuses» est évoqué à deux reprises : 0:16:15 et 0:13:51-la crise du logement : qui est autant quantitative ( manque de place ) que qualitative (manque de confort, d' équipement ) est visible dans l'appartement de la famille Doisnel mais aussi dans les conversations ( 0:10:43 ,0:17:21 , 0:26:200:27:0 )-l'école : est débordée par les classes nombreuses du «baby boum» : 0:5:59 36 élèves par classe ; 0:44:5 manque d'installation pour l'EPS ;cours d'anglais : 0:39:54-les loisir d'avant l'age de la télé : flippers et fête foraine (0:19:9) théâtre Guignol (1:1:19) et surtout cinéma (0:58:50 et 0:48:45 ) sans oublier les jeux de société : jacquet et petit chevaux !

2 UN FILM EN PARTIE AUTOBIOGRAPHIQUE, PREMIER ELEMENT D'UNE EXPERIENCE CINEMATOGRAPHIQUE SANS EQUIVALENT : LA SAGA DOISNEL

A la sortie du film une polémique à propos du caractère autobiographique de l'œuvre éclata En particulier les parents de F.Truffaut s'indignèrent de la façon dont étaient décrits les parents d'Antoine Doisnel et F.Truffaut fut obligé de démentir tout rapport entre les parents de son héros et les siens ! Une scène de «Domicile conjugal» se fait l'écho de cette polémique.En effet « Les 400 coups » sont le premier maillon d'une entreprise unique dans l'histoire du cinéma « la saga A.Doisnel» un ensemble de 4 films longs + un court avec les mêmes personnages interprétés par les mêmes acteurs, évoluant au fil du temps réel. Dans le dernier épisode de la série «L'Amour en Fuite» A.Doisnel a écrit un roman autobiographique «Les Salades de l'Amour» ce qui multiplie encore les effets de miroir. Sur cette question on se reportera à mon article « F.Truffaut et son double» dans «La Faute à Rousseau» n° 43 et aux compléments (bonus) des 4 films de la série dans l'édition DVD de MK2 qui contient d'intéressantes interviews de Truffaut.

3 UNE OEUVRE CARRACTERISTIQUE DE LA NOUVELLE VAGUE

Les 400 Coups sont une des œuvre manifeste de la nouvelle vague, cette manière nouvelle de faire des films inaugurée à la fin des années 50 par de jeunes réalisateurs issus des «Cahiers du Cinéma»Cette nouvelle manière de filmer est rendue possible par des innovations techniques ( cameras plus légères et donc portables, pellicules plus sensible permettant de se passer d'éclairage artificiel magnétophone léger et performant ( Nagra ) rendant possible l'enregistrement du son direct ) mais

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c'est d'abord un question de style : les réalisateurs de la nouvelle vague veulent rompre avec la façon de travailler des cinéaste de la « qualité française » qu'ils ont pourfendus dans leurs critiques des «Cahiers».Pour faire prendre conscience de la nouveauté de la façon de travailler de Truffaut dans les 400 coups il faut faire la comparaison avec un film « de la qualité française» Pour ce faire nous avons choisi un grand film «Hôtel du Nord» de M. Carné Comme la plupart des films de son époque (1938 ) «Hôtel du Nord» est tourné en studio, même si son décor est inspiré d'un bâtiment réel ( qui sera, pour cela, classé monument historique par J.Lang ).Les 400 coups au contraire sont entièrement tournés en décors naturels y compris les scènes d'intérieurs (comparer HdN 0:10:8 et 400C : 0:57:34 .De même l'éclairage du film de Carné est très complexe, très étudié alors que Truffaut travaille, autant que possible, en lumières naturelles ( HdN : 1:6:30 et 400C : 0:36:26 et1:14:44 ) Les dialogues d'Hôtel du Nord (dus à Jeanson) sont très «écrits» ( «Atmosphère, atmosphère ......»)alors que ceux des 400coups font une large part à l'improvisation ( 1:25:1)Cette comparaison n'a pas pour but d'établir une hiérarchie entre deux grands film du patrimoine français mais bien de souligner la singularité de la méthode de travail de Truffaut qui est beaucoup moins évidente aujourd'hui qu'au moment de la sortie du film tant les procédés qui étaient alors révolutionnaires se sont banalisés depuis. Autre figure de style qui a perdu le caractère provoquant qu'elle avait en 1959 , le long regard camera – l'interdit par excellence de la cinématographie classique – qui clôt le film(1:32:30 )Pas classique non plus le long traveling latéral vers la liberté ((1:31:1 cette séquence mérite une analyse plan par plan ! ).Remarquable aussi la fluidité de la caméra ( par exemple 0:7:2 , ou 0:56:48 ou bien encore la séquence du «cours de gym» 0:44:5 )et du montage ( générique de début )Pour l'anecdote on remarquera que Truffaut multiplie les allusion à ses amis des cahiers ( Chabrol 0:39:54 ) Rivette ( l'auteur de «Paris nous appartient» )le film qu'Antoine va voir avec ses parents au Gaumont Palace : en réalité ce film écrit en 1957 et tourné en 58 ne sortira qu'en 1961 deux ans après les 400 coups)et aux cinéastes qu'il admire : la photo que vole Antoine au cinéma est extraite de «Monika» de Bergman J-F Martinon