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Sexologies (2008) 17, 204—206 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: http://france.elsevier.com/direct/sexol REVUE DE LIVRES / BOOK REVIEWS Les animaux amoureux, Pascal Picq, Chêne édi- teur (2007). Pascal Picq, dont nous connaissons les grandes compétences dans le domaine de l’anthropologie et de la paléontolo- gie, mais aussi son intérêt pour la compréhension de la sexualité, nous offre un remarquable ouvrage illustré sur les comportements sexuels animaux à travers sa lecture évolutionniste.De nombreux ouvrages ont été écrits dans le domaine de la sexualité non humaine - rappelons, notam- ment, le très beau et juste livre d’André Langaney, Le Sexe et l’innovation - celui-ci inscrit sa réflexion dans la perspective évolutive des transformations de la sexualité au fil de l’histoire de la vie sur la terre mais aussi dans la parenté de ces comportements avec celui de l’homme, pour mieux en comprendre la part naturelle et la part spécifique. « Les hésitations entre les formes de reproduction, faire de l’identique ou du différent, s’observent chez des orga- nismes pluricellulaires comme les plantes, mais aussi chez les animaux. Les plantes sont étrangères à l’amour, bien que les fleurs s’offrent sous prétexte d’amour, comme les orchidées qui imitent les odeurs et les formes sexuelles des insectes pollinisateurs. Les fleurs sont des objets d’amour souvent trompeur car séduisantes de forme, de couleur et de parfum ». Lorsque l’on monte dans la chaîne du vivant et chez les mammifères, le sexe prend des formes qui s’approchent de notre sexualité et nous permettent d’en comprendre cer- tains déterminants. Mais la sexualité a un coût et comporte des risques : « C’est pourquoi des espèces hésitantes sur les choses du sexe ménagent des formes de reproduction asexuées et sexuées. Les éponges appartiennent au monde des animaux, bien que leur vie se passe ancrée sur des récifs. Plusieurs espèces d’eau douce et d’eau marine choisissent de se reproduire par bourgeonnement d’une partie de leur corps grâce à une masse de cellules, qui se développe après la mort de l’éponge mère. C’est ainsi qu’elles colonisent rapidement de grandes étendues... Sinon, dans d’autres circonstances, elles passent dans la reproduction sexuée ». Chez les mammifères, la brièveté des rapports semble la règle, même si certaines espèces impressionnent par la longueur de leur coït (plusieurs heures chez les belettes et le putois). Les castors ne sont pal mal non plus et on ne saurait oublier les légendaires rhinocéros, qu’ils soient à une ou à deux cornes. Plus haut encore dans l’évolution, les primates nous ressemblent à tel point que nous pouvons comprendre certains de nos comportements par la proximité des leurs : « Il y a aussi des légendes usurpées, comme pour les gorilles dont les organes sexuels sont proportionnels à leur faible libido. Malgré quelques exceptions, les coïts sont rares et souvent brefs chez les espèces monogames, chez lesquelles l’amour passe plus par l’attachement que par le sexe. Il en est de même chez les espèces où les mâles se démènent plus pour interdire l’accès à leur harem qu’à faire l’amour. Non seulement ils copulent peu, mais en plus ils empêchent les autres de copuler. Quand l’amour n’est pas là, la frustration engendre les frustrations ». Ce très riche et passionnant livre de Pascal Picq est magnifiquement illustré des photographies d’Eric Travers, reprenant le film de Laurent Charbonnier. Un élément impor- tant de documentation et de divertissement pour notre connaissance sexologique. P. Brenot (MD, MA, PhD) 54, rue de Prony, 75017 Paris, France Adresse e-mail : [email protected] Disponible sur Internet le 8 aoˆ ut 2008 doi:10.1016/j.sexol.2008.07.002 1158-1360/$ – see front matter © 2008 Publi´ e par Elsevier Masson SAS.

Les animaux amoureux, Pascal Picq, Chêne éditeur (2007)

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ascal Picq, dont nous connaissons les grandes compétencesans le domaine de l’anthropologie et de la paléontolo-ie, mais aussi son intérêt pour la compréhension de laexualité, nous offre un remarquable ouvrage illustré sures comportements sexuels animaux à travers sa lecturevolutionniste.De nombreux ouvrages ont été écrits dans leomaine de la sexualité non humaine - rappelons, notam-ent, le très beau et juste livre d’André Langaney, Le

exe et l’innovation - celui-ci inscrit sa réflexion dans laerspective évolutive des transformations de la sexualitéu fil de l’histoire de la vie sur la terre mais aussi dansa parenté de ces comportements avec celui de l’homme,our mieux en comprendre la part naturelle et la partpécifique.

« Les hésitations entre les formes de reproduction, fairee l’identique ou du différent, s’observent chez des orga-ismes pluricellulaires comme les plantes, mais aussi chezes animaux. Les plantes sont étrangères à l’amour, bien

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Lorsque l’on monte dans la chaîne du vivant et chez lesammifères, le sexe prend des formes qui s’approchent de

otre sexualité et nous permettent d’en comprendre cer-ains déterminants. Mais la sexualité a un coût et comportees risques : « C’est pourquoi des espèces hésitantes sures choses du sexe ménagent des formes de reproductionsexuées et sexuées. Les éponges appartiennent au mondees animaux, bien que leur vie se passe ancrée sur des récifs.lusieurs espèces d’eau douce et d’eau marine choisissente se reproduire par bourgeonnement d’une partie de leurorps grâce à une masse de cellules, qui se développe aprèsa mort de l’éponge mère. C’est ainsi qu’elles colonisentapidement de grandes étendues. . . Sinon, dans d’autresirconstances, elles passent dans la reproduction sexuée ».

Chez les mammifères, la brièveté des rapports semblea règle, même si certaines espèces impressionnent par laongueur de leur coït (plusieurs heures chez les belettes et leutois). Les castors ne sont pal mal non plus et on ne sauraitublier les légendaires rhinocéros, qu’ils soient à une ou àeux cornes. Plus haut encore dans l’évolution, les primatesous ressemblent à tel point que nous pouvons comprendreertains de nos comportements par la proximité des leurs :Il y a aussi des légendes usurpées, comme pour les gorillesont les organes sexuels sont proportionnels à leur faibleibido. Malgré quelques exceptions, les coïts sont rares etouvent brefs chez les espèces monogames, chez lesquelles’amour passe plus par l’attachement que par le sexe. Il enst de même chez les espèces où les mâles se démènent plusour interdire l’accès à leur harem qu’à faire l’amour. Noneulement ils copulent peu, mais en plus ils empêchent lesutres de copuler. Quand l’amour n’est pas là, la frustrationngendre les frustrations ».

Ce très riche et passionnant livre de Pascal Picq estagnifiquement illustré des photographies d’Eric Travers,

eprenant le film de Laurent Charbonnier. Un élément impor-ant de documentation et de divertissement pour notreonnaissance sexologique.

P. Brenot (MD, MA, PhD)54, rue de Prony, 75017 Paris, France

Adresse e-mail : [email protected]

Disponible sur Internet le 8 aout 2008

oi:10.1016/j.sexol.2008.07.002