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Editorial Améliorer la connaissance du problème des armes légères en Afrique francophone Biannuel n°1 – 2003 GRIP - Rue Van Hoorde, 33 B - 1030 Bruxelles Tél.: (32.2) 241.84.20 Fax: (32.2) 245.19.33 E-mail: [email protected] Website: www.grip.org. Ed. resp.: Bernard Adam (Dépôt 1030 Bruxelles 3) Cette publication est réalisée dans le cadre des projets du GRIP sur les armes légères, la prévention des conflits et la construction de la paix en Afrique, avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, de la Direction générale belge de la Coopération internatio- nale, du Ministère de la Communauté française de Belgique et de l'International Action Network on Small Arms. LA LETTRE DU Bernard Adam, Directeur du GRIP. Bulletin d’information du Réseau africain francophone sur les armes légères, pour la prévention des conflits et la construction de la paix L’argent, nerf de la paix Soutenez nos actions en Afrique. Aidez-nous à réunir les fonds nécessaires pour permettre à nos partenaires africains de mener ce long et difficile combat. CCP 000-1711459-67 D’avance, un très grand merci. Exonération fiscale : tout don de 30 euros ou plus donne droit à une attesta- tion fiscale. C haque année, les conflits armés provoquent la mort de plus de 500.000 personnes. Selon les lieux, entre 50 et 70% d’entre elles sont victimes des armes légères, véritables « ar- mes de destruction massive». L’Afrique est sans doute le continent le plus touché par ce fléau. La communauté internationale vient seulement de prendre conscience de l’importance du problème depuis la fin des années 90. Une étape marquante a été franchie avec l’adoption d’un « Programme d’action » par la Conférence des Nations unies sur le commerce illicite des armes légères (New York, juillet 2001). Bien que non contraignant, ce Programme établit une liste assez précise des actions à mener pour lutter contre la prolifération des armes légères. Ce texte est donc une référence fort utile pour guider gouvernements et ONG. Du 7 au 11 juillet 2003 se tiendra la première Conférence de suivi, qui examinera sa mise en application. La sensibilisation des décideurs politiques et des populations ne pourra subsister et s’ac- croître que grâce à l’action résolue des Etats et des ONG tant du Nord que du Sud, chacun ayant un rôle propre. Celui des Etats est de bien contrôler les transferts, les stocks et l’utilisa- tion des armes, ce qui implique notamment en Afrique un renforcement des institutions dé- mocratiques et des capacités à assurer la sécurité publique. Les différentes composantes de la société civile ont un rôle de surveillance, d’information et d’éducation auprès de la popula- tion, afin d’appuyer le fonctionnement démocratique des institutions publiques. La recherche et l’information sur les flux d’armes et sur la conséquence de leur utilisation sont importantes pour améliorer cette sensibilisation. Autre objectif : la diffusion des idées d’une « culture de paix » par la promotion de pratiques concrètes telles que la médiation, les négociations ou les échanges lors de conflits d’intérêt (à tous les niveaux : individus, groupes, communautés, régions, pays). Ce contexte a amené le GRIP à proposer aux ONG intéressées par ces thèmes la constitu- tion du « Réseau africain francophone sur les armes légères, pour la prévention des conflits et la construction de la paix», en abrégé RAFAL. L’objectif est de faire circuler des informa- tions sur la réalité de la prolifération des armes légères et de ses conséquences en Afrique, et notamment d’insister sur les « bonnes pratiques » qui permettent de lutter contre ce problème en renforçant la société civile. Pourquoi se limiter aux pays francophones ? Surtout pour renforcer une partie de ce con- tinent qui, dans le domaine concret des armes légères, ne nous semble pas suffisamment sou- tenu. Mais cela ne signifie pas que le RAFAL veuille s’isoler. Des relations permanentes de coopération sont entretenues tant en Afrique centrale qu’en Afrique de l’Ouest avec les autres réseaux (Réseau pour la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, Réseau d’action sur les armes légères en Afrique occidentale) au sein desquels des contacts ont lieu entre ONG anglophones et francophones. L’objectif que s’est assigné le RAFAL est important et ne pourra se réaliser que grâce au soutien de tous ceux qui pensent qu’il est temps que l’Afrique puisse, enfin, vivre en paix. Et ceci passe par la lutte contre la prolifération des armes légères et le développement d’une culture de paix – éléments importants dans la prévention des conflits et la construction de la paix.

Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

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Page 1: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

Editorial

Améliorer la connaissance du problèmedes armes légères en Afrique francophone

Biannuel n°1 – 2003GRIP - Rue Van Hoorde, 33B - 1030 BruxellesTél.: (32.2) 241.84.20Fax: (32.2) 245.19.33E-mail: [email protected]: www.grip.org.Ed. resp.: Bernard Adam(Dépôt 1030 Bruxelles 3)

Cette publication est réaliséedans le cadre des projetsdu GRIP sur les armes légères,la prévention des conflitset la construction de la paixen Afrique, avec le soutiendu Ministère des Affairesétrangères du Luxembourg,de la Direction générale belgede la Coopération internatio-nale, du Ministère de laCommunauté française deBelgique et de l'InternationalAction Network on Small Arms.

LA LETTREDU

Bernard Adam,Directeur du GRIP.

Bulletin d’information du Réseau africainfrancophone sur les armes légères,

pour la prévention des conflitset la construction de la paix

L’argent,nerf de la paixSoutenez nos actionsen Afrique. Aidez-nous àréunir les fonds nécessairespour permettre à nospartenaires africains demener ce long et difficilecombat.

CCP 000-1711459-67D’avance, un très grandmerci.Exonération fiscale : toutdon de 30 euros ou plusdonne droit à une attesta-tion fiscale.

C haque année, les conflits armés provoquent la mort de plus de 500.000 personnes. Selonles lieux, entre 50 et 70% d’entre elles sont victimes des armes légères, véritables «ar-

mes de destruction massive». L’Afrique est sans doute le continent le plus touché par ce fléau.La communauté internationale vient seulement de prendre conscience de l’importance du

problème depuis la fin des années 90. Une étape marquante a été franchie avec l’adoptiond’un «Programme d’action» par la Conférence des Nations unies sur le commerce illicite desarmes légères (New York, juillet 2001). Bien que non contraignant, ce Programme établit uneliste assez précise des actions à mener pour lutter contre la prolifération des armes légères. Cetexte est donc une référence fort utile pour guider gouvernements et ONG. Du 7 au 11 juillet2003 se tiendra la première Conférence de suivi, qui examinera sa mise en application.

La sensibilisation des décideurs politiques et des populations ne pourra subsister et s’ac-croître que grâce à l’action résolue des Etats et des ONG tant du Nord que du Sud, chacunayant un rôle propre. Celui des Etats est de bien contrôler les transferts, les stocks et l’utilisa-tion des armes, ce qui implique notamment en Afrique un renforcement des institutions dé-mocratiques et des capacités à assurer la sécurité publique. Les différentes composantes de lasociété civile ont un rôle de surveillance, d’information et d’éducation auprès de la popula-tion, afin d’appuyer le fonctionnement démocratique des institutions publiques.

La recherche et l’information sur les flux d’armes et sur la conséquence de leur utilisationsont importantes pour améliorer cette sensibilisation. Autre objectif : la diffusion des idéesd’une «culture de paix» par la promotion de pratiques concrètes telles que la médiation, lesnégociations ou les échanges lors de conflits d’intérêt (à tous les niveaux: individus, groupes,communautés, régions, pays).

Ce contexte a amené le GRIP à proposer aux ONG intéressées par ces thèmes la constitu-tion du «Réseau africain francophone sur les armes légères, pour la prévention des conflits etla construction de la paix», en abrégé RAFAL. L’objectif est de faire circuler des informa-tions sur la réalité de la prolifération des armes légères et de ses conséquences en Afrique, etnotamment d’insister sur les «bonnes pratiques» qui permettent de lutter contre ce problèmeen renforçant la société civile.

Pourquoi se limiter aux pays francophones? Surtout pour renforcer une partie de ce con-tinent qui, dans le domaine concret des armes légères, ne nous semble pas suffisamment sou-tenu. Mais cela ne signifie pas que le RAFAL veuille s’isoler. Des relations permanentes decoopération sont entretenues tant en Afrique centrale qu’en Afrique de l’Ouest avec les autresréseaux (Réseau pour la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, Réseau d’action surles armes légères en Afrique occidentale) au sein desquels des contacts ont lieu entre ONGanglophones et francophones.

L’objectif que s’est assigné le RAFAL est important et ne pourra se réaliser que grâce ausoutien de tous ceux qui pensent qu’il est temps que l’Afrique puisse, enfin, vivre en paix. Etceci passe par la lutte contre la prolifération des armes légères et ledéveloppement d’une culture de paix – éléments importants dansla prévention des conflits et la construction de la paix.

Page 2: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL2

out commence toujours par une rencon-tre. En juillet 2001, dans les couloirs feu-

intitulé Armes légères – Recueil de documentsofficiels utiles en Afrique (disponible sur http://www.grip.org/pub/rap/rg02-hs2_algafri.pdf )mais aussi le livre Trafics d’armes vers l’Afri-que (voir article de Georges Berghezan).

D’autres vont suivre, produits dans la me-sure du possible par des auteurs africains. Parailleurs, le GRIP a assuré la traduction et l’édi-tion du premier livre du RASALAO décrivanten français et en anglais la genèse de ce réseau.

Devant un tel développement des activi-tés, il n’était plus possible de se contenter d’unregroupement informel de partenaires franco-phones.

C’est pourquoi le GRIP a pris une série d’ini-tiatives ayant pour but d’identifier, de struc-turer et de dynamiser le réseau. D’abord en luitrouvant un nom en quelque sorte prédestiné :le RAFAL (Réseau africain francophone surles armes légères, la prévention des conflits etla construction de la paix). Ensuite en lui con-fectionnant une charte en consultation avec sesmembres les plus actifs (voir le texte completen encadré).

Un instrument d’échangeLa mission du RAFAL y est clairement dé-

finie comme «un instrument d’échange d’in-formation, de recherche, de formation, de publi-cation et de diffusion en vue de renforcer lescapacités de la société civile africaine franco-phone. Le but poursuivi est d’améliorer les con-naissances communes en matière de prolifé-ration des armes légères dans une perspectivede prévention des conflits et de constructionde la paix en Afrique».

Les objectifs du réseau sont notamment deproduire, publier et diffuser des documents ori-ginaux sur les armes légères en Afrique et lalutte contre leur prolifération, la prévention desconflits en Afrique et la construction de la paix;de promouvoir la formation des acteurs de lasociété civile; d’échanger les expériences etles bonnes pratiques sur les thèmes traités.

Un défi bien sûr, mais un défi somme touteréalisable qui permettra peut-être aux ONGafricaines de disposer de certains outils indis-pensables à leur action.

Xavier Zeebroek,Coordinateur du RAFAL.

RAFAL

Un réseau francophoned’information sur les armes légères

Ttrés de la Conférence des Nations unies surles armes légères, plusieurs chercheurs duGRIP font la connaissance de neuf représen-tants d’ONG d’Afrique francophone. Venus enordre dispersé, nous apprenons vite à nousconnaître. Et à nous poser la même question:comment faire entendre une voix africainefrancophone dans une symphonie anglo-saxonne?

La réponse: en osant élaborer une Déclara-tion des ONG africaines francophones qui seraprésentée par Christiane Agboton-Johnson (MA-LAO/Sénégal) devant toutes les délégationsdu monde en séance plénière lors de la journéedes ONG. Le début d’une belle aventure...

Le début aussi d’une série d’activités me-nées en Europe et en Afrique sur le sujet. Dèsle 4 octobre 2001, le GRIP organisait à Bruxel-les une nouvelle rencontre entre une dizainede partenaires issus d’Afrique centrale etd’Afrique de l’Ouest. A cette occasion, les par-ticipants ont convenu de former un réseau d’in-formation et de recherche et ont exposé leursattentes dans ce domaine.

Plus de trente membresDès lors, le réseau ne cessera de croître au

gré des contacts, des voyages d’informationainsi que des rencontres d’ONG pour attein-dre 34 membres aujourd’hui.

Certains d’entre eux furent à l’origine deregroupements d’ONG sous forme de coali-tions nationales (voir article sur le Togo parexemple) ou de réseaux locaux (voir articlesur le Sud-Kivu). D’autres se sont lancés dansla formation et la sensibilisation en organisantdes séminaires locaux ou sous-régionaux (voirarticle sur le réseau de journalistes pour lapaix).

Parfois avec l’aide du GRIP, la plupartd’entre eux ont respectivement pris part à laconstitution de deux grands réseaux sous-ré-gionaux : le RASALAO pour l’Afrique del’Ouest (voir l’article de Conmany Wesseh) etle Réseau IANSA-Afrique de l’Est et des GrandsLacs (voir l’article de Mutere Kifara).

Les premières publications ont égalementété éditées. Par exemple, le Rapport du GRIP

Le comité de pilotagedu RAFALAu 1er décembre 2002,le Comité de pilotage estconstitué des personnessuivantes :•Christiane Agboton-

Johnson (Mouvementcontre les armes légèresen Afrique de l’Ouest,MALAO-Sénégal),[email protected]

•Fatoumata Maïga(Association des femmespour les initiatives depaix, AFIP-Mali),[email protected]

•Rodger Glokpor (Ligueinternationale pour lesdroits de l’enfant, LIDE-Togo),[email protected]

•Mutere Kifara (Missiondes Jacobins sages,MIJAS-République dé-mocratique du Congo),[email protected]

•Jacques Ntibarikure(Colonie des pionniersdu développement,CPD-Burundi),[email protected]

•Kalliopi Ango Ela(Fondation Paul AngoEla, FPAE-Cameroun),[email protected]

Page 3: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

3LA LETTRE DU RAFAL

1. PréambuleLa présente charte expose la mission, les objec-

tifs, les activités et le fonctionnement du Réseau afri-cain francophone sur les armes légères (RAFAL).Tous les membres du RAFAL souscrivent à cette char-te et en acceptent les termes. Tout nouveau membredevra préalablement en prendre connaissance et ysouscrire par écrit.

Cette charte s’applique du 1er décembre 2002au 30 juin 2004.

2. ContextePlus de 500.000 personnes meurent chaque an-

née des suites d’un conflit armé, et on dénombredeux à six fois plus de blessés. Selon les différentesinformations, 50 à 70% de ces victimes sont frap-pées lors de conflits locaux par des armes légères,qui ne sont contrôlées par aucun traité internatio-nal et dont la prolifération n’est que trop raremententravée par les législations nationales.

Dans les pays du Sud, qu’il s’agisse de conflitsarmés ou de criminalité, les armes légères sont leplus souvent les armes des pauvres contre les pau-vres : c’est donc sans surprise qu’on y retrouve leplus grand nombre de victimes des 550 millionsd’armes légères en circulation de par le monde. Etl’Afrique, qui offre la plus grande concentration denations très pauvres, paie un des plus lourds tributsà ce fléau. Au Congo, au Soudan, en Somalie, auLibéria mais aussi, on le sait moins, au Zimbabwe,en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

Bien sûr, les armes légères ne sont pas la causepremière de ces affrontements. Des désaccords, desconflits, il y en a toujours eu au cours de l’histoiredes hommes. Mais on sait aujourd’hui qu’une situa-tion de crise débouchera plus facilement sur un con-flit violent si des armes sont disponibles. Leur présen-ce en nombre aux mains de milices, de gangs, defactions, de groupes d’autodéfense rend rapidementla situation incontrôlable.

La communauté internationale commence à serendre compte du danger. Les Nations unies ontadopté un Plan d’action sur les armes légères enjuillet 2001. Les dirigeants politiques de 15 paysouest-africains ont fait un premier pas fort remar-qué en adoptant un moratoire sur la production,l’exportation et l’importation d’armes légères en oc-tobre 1998 et en le renouvelant pour trois ans enjuillet 2001.

Dans la foulée de ces initiatives internationales,la société civile africaine se montre particulièrementactive dans la mobilisation des énergies pour luttercontre la prolifération et la circulation illicite des ar-mes légères sur le continent. Des ONG sensibilisentla population, interpellent leurs gouvernements etleurs responsables militaires, proposent leur média-

tion dans des conflits locaux, collectent et détruisentdes armes, échangent leurs expériences. Elles sestructurent également au niveau sous-régional avecla création du Réseau d’action sur les armes légèresen Afrique de l’Ouest (RASALAO fondé à Accra le21 mai 2002) et avec le Réseau sous-régional deIANSA pour la Corne de l’Afrique et la région desGrands Lacs (lancé à Nairobi le 27 mars 2002).

Du fait de cette prise de conscience et de l’inquié-tante facilité d’accès aux armes légères, les conflitset la criminalité ne sont plus perçus comme des ques-tions où les militaires et la police détiennent un mo-nopole de fait. Beaucoup d’informations et d’expé-riences transitent maintenant par la société civile.Toutefois, ce matériel exceptionnel est souvent peumis en valeur, sous-exploité et circule mal. Du faitdu manque de moyens financiers et électroniqueset de la faiblesse des capacités d’édition et de dif-fusion, les problèmes se posent avec encore plusd’acuité au sein des pays francophones. Bien qu’el-les participent activement aux deux réseaux sous-régionaux, les ONG francophones ont besoin d’unsoutien plus affirmé en matière de recherche, d’ac-cès à la publication et de diffusion dans leur proprepays et à l’étranger.

3. MissionLe RAFAL est un instrument d’échange d’infor-

mation, de recherche, de formation, de publicationet de diffusion en vue de renforcer les capacités dela société civile africaine francophone. Le but pour-suivi est d’améliorer les connaissances communesen matière de prolifération des armes légères dansune perspective de prévention des conflits et de cons-truction de la paix en Afrique.

Le RAFAL n’a pas pour but de financer les acti-vités de ses membres.

4. ObjectifsLes objectifs du réseau, définis en concertation

avec ses membres, sont les suivants :1. Produire, publier et diffuser des documents

originaux sur trois thèmes:- les armes légères en Afrique et la lutte con-

tre leur prolifération,- la prévention des conflits en Afrique,- la construction de la paix.

2. Collecter et diffuser les informations pertinen-tes sur ces thèmes parmi les membres.

3. Publier et diffuser une lettre d’informationcommune.

4. Promouvoir la formation des acteurs de la so-ciété civile amenés à traiter ces thèmes.

5. Echanger les expériences pertinentes concer-nant les initiatives, les échecs et les bonnespratiques sur les thèmes traités.

Réseau africain francophone sur les armes légères, pour la prévention des conflitset la construction de la paix

Charte du RAFAL

LA CHA

RTE

Page 4: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL4

6. Repérer et identifier une série d’actions sus-ceptibles de favoriser la maîtrise des armeslégères en Afrique.

7. Dans chaque pays, faire connaître le réseauet ses membres.

5. FonctionnementAfin d’assurer son fonctionnement, le réseau

adopte la structure suivante:1. Les membres adhérents du RAFAL regroupent

toute organisation non gouvernementale(ONG) appartenant à la société civile despays africains francophones et marquant unintérêt sincère pour les problématiques rele-vant de la mission du réseau. Ils sont informésdes activités du RAFAL et de la situation inter-nationale en matière d’armes légères. Ils ontun accès privilégié au Site web et au Forumde discussion du RAFAL. Selon leurs capaci-tés, leurs centres d’intérêt et les moyens dispo-nibles, ils participent aux activités du RAFAL.

2. Les membres effectifs du RAFAL regroupentdes organisations non gouvernementales(ONG) choisies au sein des membres adhé-rents par le Comité de pilotage qui décidesur base d’un dossier de candidature intro-duit de façon volontaire. Celui-ci devra faireétat d’une manifestation claire d’intérêt pourles problématiques relevant de la mission etdes objectifs du réseau, notamment au niveaudes statuts et des activités. Le Comité de pilo-tage tient également compte de la pertinencedes activités et de la notoriété des candidats.Les membres effectifs sont informés des acti-vités du RAFAL et de la situation internatio-nale en matière d’armes légères. Ils ont unaccès privilégié au Site web et au Forum dediscussion du RAFAL. Ils participent aux acti-vités du RAFAL. Ils désignent en leur sein lesmembres du Comité de pilotage.

3. Un Comité de pilotage, composé de 6 mem-bres effectifs reconnus pour leur expérienceet leur dynamisme dans le réseau, choisit etprogramme les activités en fonction des moyensdisponibles et en conformité avec la missionet les objectifs du réseau. Il recommande lesauteurs des publications et fait fonction decomité de relecture. Il prépare les rencontresannuelles et détermine les membres effectifset adhérents.

4. Un(e) Président(e) est désigné(e) en son seinpar le Comité de pilotage pour préparer etdiriger les réunions du Comité, les rencontresannuelles et pour représenter le réseau vis-à-vis de l’extérieur. Son mandat a une durée d’unan, renouvelable.

6. Rôle du GRIPLe Groupe de recherche et d’information sur la

paix et la sécurité (GRIP) se penche sur les ques-tions de sécurité dans le sens le plus large en étu-diant notamment la prévention, la gestion et la ré-

solution des conflits, surtout dans les pays en déve-loppement (et en particulier l’Afrique subsaha-rienne). Deux des aspects sur lesquels s’est spécia-lisé le GRIP concernent la prolifération des armeslégères et le contrôle des transferts d’armes.

Le GRIP est un centre de recherche basé à Bruxel-les et, à ce titre, n’est pas membre du RAFAL. En re-vanche, il apporte, dans la mesure des moyens dis-ponibles, son soutien à la mission et aux objectifsdu RAFAL, son appui intellectuel et sa coordinationtechnique dans le but de faciliter le fonctionnementdu réseau et la réalisation de ses activités.

De ce fait, il participe de façon consultative auxRencontres annuelles et aux réunions du Comité depilotage.

En outre, le GRIP:1. s’engage à être à l’écoute des membres, spé-

cialement lors des rencontres annuelles, desréunions du Comité de pilotage et en perma-nence à travers le Forum de discussion duRAFAL;

2. s’engage, dans la mesure des moyens dispo-nibles, à mettre en oeuvre le programme desactivités du réseau arrêté par le Comité depilotage;

3. recherche, dans la mesure de ses possibili-tés, des financements pour le réseau RAFAL.Le GRIP assume la responsabilité des projetsqu’il introduit auprès des donateurs au nomdu réseau RAFAL ;

4. informe régulièrement le Comité de pilotageet les membres du réseau de l’exécution desprogrammes et de l’état de la recherche definancements.

7. ActivitésSans revêtir un caractère limitatif, les activités

du RAFAL sont les suivantes:1. Rencontres annuelles : une rencontre du ré-

seau RAFAL se tient chaque année.2. Lettre d’information : pendant les trois premiè-

res années, une lettre d’information sur lesarmes légères et sur les activités du RAFALest produite et diffusée une fois par an. Elleest ouverte à la collaboration de tous les mem-bres du réseau.

3. Autres productions : le plus souvent possible,les publications des membres ainsi que cel-les du GRIP s’ouvriront à des contributionsprovenant de l’ensemble du réseau sur lesthèmes traités par RAFAL. Des productionsoriginales, sans limitation particulière au ni-veau des médias, sont aussi envisageableslorsque c’est jugé nécessaire.

4. Site web : un Site web RAFAL sera créé dontla coordination technique sera assurée parle GRIP. Il contiendra au moins la liste dé-taillée des membres, la charte du RAFAL etles productions qui y sont liées. Un Forum dediscussion permettra de dialoguer sur toutesles questions importantes et d’échanger desinformations sur les activités de chacun.

LA C

HART

E

Page 5: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

5LA LETTRE DU RAFAL

ette année verra vraisemblablement lelancement officiel d’une large coalition

Création d’une coalition nationale de lutte pour la paix

Ça bouge au Togo

C - initier des actions de développement pouraccompagner et consolider le processus desécurisation et de lutte contre la proliféra-tion des armes légères.Les actions de cette Coalition contribue-

ront à créer une synergie entre les différentsmécanismes existants et établir des passerel-les entre les différentes composantes de la so-ciété civile qui oeuvrent dans le domaine de lapaix durable et du développement. Un Comitéde suivi a été mis en place avec pour objectifessentiel de préparer la structuration et l’ins-tallation rapides de la Coalition.

Préparer l’assemblée généraleRéuni pour la première fois le 17 juillet

2002, le Comité de suivi a été chargé de pré-parer l’assemblée générale constitutive de miseen place de la Coalition togolaise. Par consen-sus de ses membres, le Comité a été structuréde la manière suivante:

Présidence: Ligue internationale pour lesdroits de l’enfant (LIDE)Vice-présidence: Union musulmane duTogoRapporteur général: Social Alert TogoVices-rapporteurs : Fédération desorganisations non gouvernementales duTogo (FONGTO/APER), Eglise catholi-que du TogoTrésorier général: Eglise évangéliquepresbytérienne du TogoVice-trésorier: Cercle des jeunes pourune société de paix (CJSP)

Les activités identifiées par le Comité sont:- Le recensement des différentes composan-

tes de la société civile togolaise et l’établis-sement d’une liste assez large.

- La facilitation des contacts au niveau del’administration togolaise.

- La mobilisation des ressources financières,matérielles, techniques et humaines néces-saires à l’organisation de la conférence delancement de la Coalition.

- La rédaction des projets du document fon-dateur ou charte de la Coalition et de sonprogramme d’action.

Rodger Glokpor,Secrétaire général de la LIDE.

de la société civile togolaise contre la prolifé-ration des armes légères. Celle-ci regrouperaaussi bien des organisations issues des com-munautés chrétienne, musulmane et laïque.L’ONG initiatrice de ce regroupement est laLigue internationale pour les droits de l’en-fant (LIDE).

Le 10 juillet 2002, à Lomé, s’est tenue uneréunion d’information de la société civile to-golaise sur la construction d’une paix dévelop-pante et la non-prolifération des armes légè-res et de petit calibre, à l’initiative de N’TiminaK. Kolor et de Rodger A. Glokpor, tous deuxresponsables de la Ligue internationale pour lesdroits des enfants (LIDE, lide.lid@ ifrance.com),avec l’appui technique du Centre des Nationsunies pour le désarmement et la paix en Afri-que (UNREC).

A l’issue de l’information et des débats, lesquinze organisations et associations participan-tes de la société civile togolaise se sont décla-rées extrêmement préoccupées par la prolifé-ration et le mauvais usage des armes légèreset de petit calibre, mais aussi désireuses de sou-tenir la mise en œuvre effective du Moratoirede la CEDEAO ainsi que les efforts de la Com-mission nationale togolaise de lutte contre lesarmes légères et de petit calibre que les parti-cipants désirent plus opérationnelle et plus vi-sible dans ses actions.

Mobiliser la société civileL’engagement a été pris d’établir une

«Coalition nationale des organisations de lasociété civile togolaise pour une paix fécondeet la lutte contre la prolifération des armes lé-gères». Cette coalition aura pour objectif de:

- mobiliser la société civile et servir de ca-dre de concertation et de dialogue;

- renforcer les capacités de la société civile,informer et éduquer les communautés;

- servir de lien entre les autorités et les com-munautés dans la mise en oeuvre du Mo-ratoire;

- contribuer à la prévention et la gestion desconflits, à une culture de paix et de tolé-rance;

- contribuer à la mise en oeuvre du Mora-toire sur les armes légères;

Bientôt le lancementofficiel de la CoalitionLe Comité préparatoirede la coalition togolaisea soumis à différentsfinanceurs un projet delancement officiel qui pré-voit notamment un atelierd’information de toutes lesorganisations de la sociétécivile togolaise sur laproblématique des armeslégères, un atelier d’éla-boration de l’avant projetde textes fondateurs et duplan d’action de la Coali-tion et une assembléegénérale constitutive.

Page 6: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL6

éunis à Bamako en atelier, des journalis-tes de la presse écrite et audio-visuelle

Premier séminaire de sensibilisation à Bamako

Un réseau de journalistes pour la paixcain, la Déclaration de Bamako et le Code deconduite de l’Union européenne, trois cas deconflits ont été exposés et débattus au coursde l’atelier : la rébellion arabo-touarègue de1991 dans la partie Nord du Mali, la problé-matique de la prolifération et de la circulationdes ALPC au Niger et la crise casamançaise

au Sénégal. Les intervenants ontsouligné une série d’écueils com-muns: les difficultés dans la cou-verture des événements en zone deconflit, la non-disponibilité de l’in-formation, la non-implication desjournalistes dans les actions, l’inti-midation, la censure, la torture, voi-re l’assassinat ainsi que le respectde la déontologie journalistique.

Cependant, les journalistes ontreconnu au cours des débats qu’ily a eu une nette amélioration de lasituation même si des blocagessubsistent. Compte tenu de leurrôle préventif, ils doivent fairepression sur les gouvernants, lestrafiquants d’armes et autres ac-teurs. A l’issue des débats, deuxautres points essentiels ont retenul’attention : le rôle déterminant queles femmes ont joué dans la gestiondes conflits dans certains pays del’Afrique de l’Ouest tels que le

Mali, et la situation dramatique que vit toutela sous-région à travers le conflit de la Côted’Ivoire. A ce sujet, les participants ont prépa-ré une déclaration à publier.

« Genre rédactionnel et plaidoyer » a été lethème de l’Atelier animé par les professeursdu CESTI de Dakar. Les journalistes se sontexercés à rédiger chacun un article sur le plai-doyer. L’élaboration d’un programme d’actionà court terme a été le thème du deuxième ate-lier. Après une revue non exhaustive des pré-occupations, ils ont identifié les objectifs, lesgroupes cibles, les activités et le calendrierd’exécution d’ici à novembre 2003.

Kama Sakiliba Camara,Enseignante malienne, Membre d’AFIP.

1. En partenariat avec Oxfam Grande-Bretagne, In-ternational Action Network on Small Arms (IANSA), leGRIP (Bruxelles) et le Centre d’étude sur les techniquesde l’information (CESTI, Sénégal).

Le soutien du PCASEDIbrahim Sall, le directeurdu Programme de coordi-nation et d’assistance pourla sécurité et le développe-ment (PCASED, [email protected] ), aévoqué les différentes évo-lutions en cours au niveaude sa structure. Plusieursprojets sont en train d’êtreétudiés, notamment laproduction d’études sur lesarmes légères en Afriquede l’Ouest. Il a égalementassuré l’assistance du sou-tien de son organisme auxinitiatives futures du réseauqui va se mettre en place.

Rdu Togo, du Niger, du Bénin, du Sénégal et duMali ont créé le Réseau des journalistes ouest-africains pour la sécurité et la paix. Objectif:mieux informer le grand public des ravages com-mis par la prolifération des armes légères.

Du 12 au 14 décembre 2002s’est tenu à Bamako un atelier deformation et de sensibilisation desjournalistes francophones del’Afrique de l’Ouest sur les armeslégères. Organisé conjointementpar l’Association des femmes pourles initiatives de paix (AFIP, Mali)et le Mouvement contre les armeslégères en Afrique de l’Ouest (MA-LAO, Sénégal)1, l’atelier a regrou-pé une quarantaine de participants.

Dans son discours introductif,Fatoumata Maïga, présidente del’AFIP, a évoqué l’ampleur duphénomène de la prolifération desarmes légères et a attiré l’attentiondes journalistes sur le rôle prépon-dérant qu’il doivent jouer dans lastabilité sociale et économique enAfrique de l’Ouest. Quant au pré-sident de la Commission nationalede lutte contre la prolifération desarmes légères, le colonel Sirakoro Sangare, ila insisté sur le rôle délicat que les hommes dela presse doivent jouer dans la prévention etde la gestion des conflits. Il les a exhortés àplus de courage, d’engagement et de détermi-nation afin que les objectifs de paix soient at-teints dans la sous-région.

Le Dr Christiane Agboton-Johnson, prési-dente du MALAO, a présenté les grandes li-gnes du projet dont la réunion de Bamako n’estqu’une première étape: il s’agit de faire desjournalistes ouest-africains des vecteurs depaix. Après cette rencontre de mise en com-mun qui débouchera sur la création du Réseaudes journalistes ouest-africains pour la sécu-rité et la paix, il est prévu d’autres activités,notamment de formation et de production.

Etudes de casAprès plusieurs exposés sur le Moratoire,

le PCASED, le Code de conduite ouest-afri-

Christiane Agboton-Johnson (en haut)

et Fatoumata Maïga.

Un Comité de pilotageUn Comité de pilotagedu Réseau des journalistesouest-africains pour la sé-curité et la paix a été misen place. Son objectifprincipal est d’amener lespopulations de l’Afriquede l’Ouest à être mieuxoutillées et correctementinformées en matière delutte contre la proliférationet la circulation des armeslégères. Mamadou Koumé,directeur de l’APS ([email protected],Sénégal), a été désignécomme président et SadouYattara, directeur de laMaison de la presse([email protected], Mali),comme vice-président.

Page 7: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

7LA LETTRE DU RAFAL

Sud-Kivu

Une société civile dynamique, mais harceléeoeud stratégique, lieu de passage obligéde toutes les rébellions qui ont marqué

ticipé à ces deux journées de travail. Le GRIPsoutient le développement de ce réseau sud-kivutien, particulièrement indispensable étantdonné la prolifération anarchique des armeslégères dans la région et l’usage souvent cri-minel dont en font leurs possesseurs, qu’ils ap-partiennent à des armées étrangères ou aux di-verses factionscongolaises qui ysont actives.

Dans ce con-texte, la société ci-vile affronte demultiples difficul-tés matérielles etlogistiques (il n’ya par exemple pasde connexion In-ternet à Uvira),ainsi que souvent l’hostilité du pouvoir en pla-ce, rejeté par une écrasante majorité de la po-pulation.

Animateurs pourchassésNous avions déjà pu nous rendre compte

sur place des relations tendues entretenues parles ONG d’Uvira avec les autorités locales. Lanervosité de ces dernières s’est accrue avec leretrait d’une partie de l’armée rwandaise enseptembre dernier, en application de l’accordde Pretoria. Ainsi, au début octobre, MutereKifara était emprisonné pendant 24 heurespour un article publié dans Le Messager dupeuple, publication périodique de la MIJAS,dénonçant l’administrateur d’Uvira et d’autresdignitaires du RCD-Goma pour détournementde fonds.

Pourtant, l’information avait été originelle-ment diffusée par une radio locale contrôléepar le RCD-Goma. Mais il paraît que, comme« les paroles volent, les écrits restent », il est per-mis au Sud-Kivu de dire certaines choses qu’ilest interdit de coucher sur papier.

Quelques jours plus tard, la guérilla des Maï-Maï, soutenue par le gouvernement de Kinsha-sa, s’emparait d’Uvira et était accueillie avecsatisfaction par la population. Mais, grâce auxrenforts rwandais, le RCD-Goma en reprenaitle contrôle moins d’une semaine plus tard, pro-voquant l’exode au Burundi de milliers de ci-toyens craignant des représailles. Celles-ci n’ontpas tardé et une quarantaine de responsables

Nle Congo depuis son indépendance, Uvira estégalement un vivier d’ONG actives dans lesdomaines du développement, de l’enfance et,depuis quelques années, des armes légères. Unréseau d’action sur les armes légères Sud-Kivuy a même vu le jour l’année passée. Mais la li-berté d’expression reste très théorique danscette partie de la RDC.

Uvira est une ville du Sud-Kivu, sur le lacTanganyika, à quelques dizaines de km de Bu-jumbura, capitale du Burundi. Elle est actuelle-ment occupée par le mouvement rebelle «RCD-Goma», soutenu par l’armée et le gouvernementrwandais. Grâce au soutien financier de l’Inter-national Action Network on Small Arms (IAN-SA, [email protected] ), un séminaire s’esttenu les 15 et 22 mars 2002 afin d’examiner lapossibilité de créer un réseau d’ONG luttantcontre la prolifération des armes légères au Sud-Kivu. Organisé par le Centre d’éducation et deformation intégrés (CEFI, [email protected] ) et la Mission des Jacobins sages (MIJAS,[email protected] ), on pouvait y rencontrerde nombreux responsables d’ONG d’Uvira,mais également de Bukavu (notamment les Hé-ritiers de la justice), de Fizi et de Bujumbura.

Susciter des échangesLa première partie a surtout été consacrée

à l’information des participants. La secondejournée a également rassemblé une trentainede personnes, représentant une bonne vingtained’ONG.

Charles Nasibu Bilali (MIJAS) a rappeléque les objectifs de la réunion étaient de sensi-biliser la société civile d’Uvira et du Sud- Kivu,de susciter des échanges sur les moyens delutter contre la prolifération des armes légèreset d’étudier la création d’un réseau. Le repré-sentant du GRIP a ensuite exposé les tendan-ces et l’évolution du trafic international d’ar-mes, en particulier vers l’Afrique. Après destravaux en ateliers thématiques, il est ressortides recommandations faites aux ONG et auxautorités locales ainsi qu’à la communauté in-ternationale.

Le « Réseau d’action sur les armes légèresSud-Kivu » a été créé quelques semaines plustard et réunit une majorité des ONG ayant par-

Les participants duséminaire qui s’est tenuen mars 2002 dansla ville d’Uvira.

© G

eorges Berghezan.

Page 8: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL8

d’ONG étaient placés sur une « liste noire » etrecherchés. Parmi eux, se trouvaient trois desprincipaux animateurs du réseau sud-kivutien:Charles Nasibu et Mutere Kifara, de la MIJAS,et le pasteur Mathieu Kisose, coordinateur duCEFI.

Liste noireLe RCD-Goma leur reprochait des écrits ou

des déclarations à des stations de radio. Ainsi,Charles Nasibu était incriminé pour avoir don-né, lors d’une interview à la Voix de l’Améri-que, des détails sur la participation de troupesrwandaises à la reprise d’Uvira. Réfugiés à Bu-jumbura, ils apprenaient que les services derenseignement burundais avaient été sollici-tés par le RCD-Goma pour tenter de les retrou-ver et de les extrader. Le 12 novembre, un trans-fuge du RCD-Goma collaborant avec la socié-té civile congolaise était assassiné à Bujumbura.Il aurait été un des noms figurant sur la « listenoire » précitée. Le 30 novembre, un militantdes droits de l’homme, membre de Héritiers

de la justice, son épouse et leur fille cadette,tombaient sous les balles d’inconnus en unifor-me militaire dans leur village de Sange, à 35km d’Uvira.

Est-ce le résultat de l’alerte sonnée par leGRIP (communiqué de presse, contacts avecdivers responsables politiques belges) ? Tou-jours est-il que notre trio a pu rentrer, en no-vembre et décembre, dans ses foyers à Uvira,sans être maltraités ni subir trop de désagré-ments, à l’exception de quelques heures d’in-terrogatoire. Cet exemple montre en tout casque, dans certaines régions d’Afrique, l’actiondes ONG, surtout si elles se mêlent de dossiers« sensibles », comme les armes légères, n’estpas exempte de danger pour leurs responsa-bles. Mais ces mésaventures n’ont pas décou-ragé nos amis d’Uvira, de nouveau d’aplombpour poursuivre leur lutte contre la proliféra-tion d’instruments de mort.

Georges Berghezan,Attaché de recherche au GRIP.

Bruxelles, le 28 mars 2003 – Alors que le monde a lesyeux tournés vers l’Irak, des milliers de soldats rwandais, bu-rundais et ougandais ont franchi ces deux dernières semai-nes différents postes-frontière et se sont positionnés dans lazone orientale de la RDC.

Ces préparatifs de guerre à la veille de la clôture du Dia-logue inter-congolais en Afrique du Sud et de la mise en placed’un gouvernement de transition constituent une violation flagran-te des accords de paix et des résolutions des Nations unies.

Une réaction rapide et ferme de l’UE et de ses Etats mem-bres est essentielle pour éviter un nouveau bain de sang auCongo.

Selon nos informations du terrain, au moins 5.000 soldatsrwandais sont entrés depuis le 14 mars 2003 au Nord-Kivu(par Rutshuru), et au Sud-Kivu (par Ruzizi 2 à Bukavu, et parKamanyola). Ces troupes rwandaises se sont dirigées vers lesHauts-Plateaux de Minembwe, vers Bunyakiri et Shabundaau Sud-Kivu, ainsi que vers Walikale et Kanyabayonga auNord-Kivu et Lubutu près de Kisangani. Au moins 1.000 mi-litaires burundais sont entrés via Kanvivira et le lac Tanganykale long duquel ils sont déployés.

Les motifs de cette intervention sont sans doute multiples :briser la résistance des Maï-Maï et des forces banyamulengede Masunzu et renforcer le RCD ou d’autres groupes arméscomme Mudundu 40 et Serafuli en vue d’entretenir la confusionau Kivu, attaquer le territoire de Beni-Lubero au Nord-Kivucontrôlé par les forces du RCD-ML alliées au gouvernementcongolais, contrer les milliers de militaires ougandais qui ontrepris le contrôle de Bunia et de Fataki dans l’Ituri au détri-

ment de l’Union des patriotes congolais (UPC) alliée à Kigali,s’assurer le contrôle des immenses richesses naturelles...

Ces déploiements massifs sont contraires à tous les enga-gements des parties concernées ainsi qu’aux résolutions desNations unies, et font peser des menaces très lourdes sur leprocessus de paix et sur les populations civiles. La dernièrerésolution en date (1468 du 20-3-03) est explicite à cet égard:elle demande au gouvernement ougandais « de retirer sansplus de retard la totalité de ses troupes (...) comme il s’étaitengagé à le faire pour le 20 mars». Au gouvernement rwan-dais, le Conseil demande « de ne renvoyer aucune force surle territoire de la RDC et souligne que tout retour ou renforce-ment d’une présence militaire étrangère sur le territoire de laRDC serait inacceptable et irait à l’encontre des progrès réa-lisés jusqu’à présent dans le cadre du processus de paix ».

Les ONG membres du Réseau européen Congo (REC) etde la Concertation chrétienne pour l’Afrique centrale/ GreatLakes Advocacy Network (CCAC/GLAN) demandent que leursgouvernements prennent des initiatives concertées pour con-traindre les gouvernements rwandais, ougandais et burundaisà retirer sans délai leurs troupes du territoire congolais et pourrenforcer la présence de la mission d’observation des Nationsunies (MONUC). Cette dernière devrait vérifier le retrait effec-tif des troupes étrangères de la RDC et l’arrêt de tout soutienétranger aux groupes armés et aux rébellions congolaises.

Réseau européen Congo (REC) et Concertation chrétiennepour l’Afrique centrale / Great Lakes Advocacy Network (CCAC/ GLAN)

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

A l’ombre de l’Irak : le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi préparent la guerre en RDC

Page 9: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

9LA LETTRE DU RAFAL

n Afrique centrale et en Afrique de l’Est,la société civile tente aussi de se structu-

sant à sensibiliser les paysans sur les méfaitset les conséquences de la détention illégale d’ar-mes légères.

A l’instar des délégués soudanais, PriscaMujawayezu (CCOAIB, Rwanda) et Jean-PaulNyirindekwe ont dénoncé la passivité de la so-ciété civile rwandaise, chez qui toute actionsur les armes légères est inexistante. AucuneONG rwandaise n’a à ce jour orienté son pland’action sur la luttecontre ce fléau. Seul legouvernement a ré-cemment mis sur piedune unité de contrôledes armes légères. Unprocessus de redyna-misation de la sociétécivile rwandaise estcependant en cours àKigali.

Le colonel Jan Kamenju, directeur du Se-curity Research and Information Center (SRIC,Kenya) est revenu sur différentes actions déjàmenées en vue de lutter contre la proliférationet le trafic illicite des armes légères en Afriquede l’Est en particulier, notamment la Déclara-tion de Nairobi, par laquelle les pays de la ré-gion s’étaient engagés à maîtriser la circula-tion des armes légères, et la Conférence de Nai-robi organisée les 28 et 29 mars 2002 par leSRIC.

Richard Nabundere a présenté le NationalFocal Point (NFP), une commission sur les ar-mes légères instituée par le gouvernement ou-gandais et dont il est le coordinateur. Le NFPest constitué de délégués venus de différentsministères et de quatre membres issus de lasociété civile. Parmi les grands projets figurel’adoption par l’Assemblée nationale d’une loisur les armes légères en Ouganda.

Après ce large tour d’horizon, les partici-pants de l’atelier de Kampala ont finalementappelé à mettre sur pied, à courte échéancedans leurs pays respectifs, des réseaux natio-naux. Un appel particulier a été lancé au Ré-seau du Sud-Kivu pour qu’il dynamise son ac-tivité en se ralliant d’autres ONGs des autresrégions du Congo pour former ainsi un réseaunational.

Mutere Kifara,Directeur de la MIJAS.

Réunion sous-régionale à Kampala

Bientôt un réseau sur les armes légèresen Afrique des Grands Lacs?

Erer au niveau sous-régional. Après une pre-mière rencontre à Nairobi, le dernier rendez-vous était à Kampala.

A l’initiative de Uganda Action Networkon Small Arms (UANSA), un atelier vient d’êtretenu à Kampala du 9 au 10 janvier 2003 sur lethème «Regional Workshop on Small Arms andLight Weapons: the Power of Networking».L’Afrique centrale y était présente en force.

L’objectif principal de cet atelier était deredynamiser le travail en réseau aux fins demener au mieux la lutte contre la proliférationdes armes légères dans toute la région.

Richard Mugisha, directeur de People WithDisabilities (PWD), une ONG ougandaise chré-tienne oeuvrant dans le domaine des personnesindigentes, a insisté sur l’importance d’une ac-tion en commun avec le seul souci de faire con-verger les efforts vers une solution durable auproblème lié à la prolifération et au trafic illicitedes armes légères dans la région. Il a reconnuqu’une telle ambition n’est pas facile à réalisercar elle fait appel à un certain esprit de béné-volat.

Six pays, un défiSelon M. Raymond Kamanyero, délégué

de la Compagnie des apôtres de la paix (CAP,Burundi), alors que son pays est en guerre ci-vile depuis bientôt dix ans, très peu d’organi-sations sont engagées dans la lutte contre laprolifération des armes légères et leurs moyenssont très maigres. Un réseau sous-régional dyna-miserait certainement le réseau burundais quia du mal à se mettre en place.

Pour Georges Tshionza Mata (SERACOB,Kinshasa, RDC), la lutte sur ce terrain passepar la démobilisation des enfants-soldats dansla partie sous contrôle gouvernemental. MutereKifara, de la Mission des Jacobins sages (MI-JAS, Uvira, RDC) a évoqué la situation desarmes légères telle qu’elle prévaut dans la zonesous contrôle rebelle.

Outre les difficultés à mettre sur pied unréseau national dans un pays en guerre civile,Joseph Ongala et Anisia K. Achieng, directricede Sudanese Women Voice for Peace (SWVP,Soudan) ont brossé un tableau des actions vi-

La démobilisation et laréinsertion des enfants-soldats : un défi pour tousles pays de la région.

© Betty Press –U

NIC

EF.

Page 10: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL10

près quatre ans d’acharnement et unedemi-douzaine de consultations au ni-

un pas supplémentaire à Abuja en décidant decréer un réseau d’organisations travaillant surles questions des armes légères. Elles mandatè-rent le président de la rencontre – le directeurexécutif du CEDE – à coordonner les efforts.

Un Comité fut créé avec d’autres membresdont le Centre for Democratic Empowerment(CEDE, Libéria), African Strategic Peace Re-search Group (AFSTRAG, Nigeria), le Mou-vement national des femmes pour la sauve-garde de la paix et l’unité nationale (Mali), leMouvement contre les armes légères en Afri-que de l’Ouest (MALAO, Sénégal) et Femmeet famille (FEFAM, Niger). L’ancien présidentdu gouvernement par intérim du Libéria, ledocteur Amos Sawyer, fut le conférencier prin-cipal de la rencontre. Les participants se ren-

dirent au Sommetdes ministres de laCEDEAO qui se te-nait au même mo-ment afin de fairepression en faveurde l’approbation duMoratoire. Ils lurentun message auxchefs d’Etat de laCEDEAO.

En mars 1999,une nouvelle consul-tation profita du lan-

cement du PCASED à Bamako pour lui adres-ser un Appel à l’action.

L’organisateur du Comité préparatoire or-ganisa, avec l’aide de FOSDA et le soutiend’IANSA, d’International Alert, d’Oxfam etdu GRIP, la Conférence fondatrice du RASA-LAO à Accra en juin 2002.

Celle-ci, regroupant plus de 40 ONG dedouze pays a permis d’approuver le Documentfondateur 2 contenant les objectifs, les structu-res de décision et de mise en oeuvre du RA-SALAO et de mettre sur pied de façon appro-priée les structures dirigeantes.

En outre, le Comité de pilotage fut chargéde préparer et d’adopter le Programme d’ac-tion du RASALAO.

Conmany B. Wesseh,Directeur exécutif du CEDE,

Président du Comité de pilotage.

Le Comité de pilotagedu RASALAOLa composition du Comitéde pilotage est la suivante :•Conmany B. Wesseh,

Président (Center for De-mocratic Empowerment,CEDE – Libéria) [email protected]

•Mariam Maïga Djibrilla(Mouvement national desfemmes pour la sauvegar-de de la paix et de l’uniténationale – Mali) [email protected]

•Général (e.r.) IsholaWilliams (African Strate-gic and Peace ResearchGroup, AFSTRAG –Nigeria) [email protected]

•Adelino Handem (Asso-ciation guinéenne d’étudeset alternatives, ALTERNAG– Guinée Bissau)[email protected]

•Florella Hazeley (Councilof Churches in SierraLeone, CCSL – SierraLeone) [email protected]

•Afi Yacubu (Foundationfor Security and Develop-ment, FOSDA – Ghana)[email protected]

•Christiane Agboton-Johnson (Mouvementcontre les armes légèresen Afrique de l’Ouest,MALAO – Sénégal)[email protected]

•Mariam Bayard Gamatie(Femmes et famille,FEFAM – Niger)

•Bafour Dokyi Amoah(Association des conseilsœcuméniques et des Egli-ses en Afrique de l’Ouest,FECCIWA) [email protected]

La Création du RASALAO

Contribution à la sauvegarde de la vieet à la construction de la paix 1

Aveau sous-régional, quelques leaders de la so-ciété civile ouest-africaine sont arrivés à réunirles forces vives des quinze pays de la CEDEAOpour fonder le Réseau d’action sur les armeslégères en Afrique de l’Ouest (RASALAO).

Au cours de ces dernières années, un cer-tain nombre d’organisations ouest-africainesont été fondées avec, parmi leurs objectifs, lamaîtrise des armes légères. Beaucoup d’autresont depuis intégré ce thème dans leurs activi-tés. Quelques-unes jouèrent et jouent encoreun rôle important dans l’arrêt des conflits vio-lents qui ravagent leur communauté, en dé-sarmant les combattants, en promouvant la ré-conciliation et endéfendant les droitsde l’homme, en pro-tégeant les femmeset les enfants et encombattant généra-lement pour une so-ciété juste et pacifi-que.

Deux de ces or-ganisations – le Cen-tre for DemocraticEmpowerment (CE-DE, Libéria) et leCentre for Conflict Resolution (CENCOR,Ghana) – participèrent à l’initiative d’Orillaau Canada en août 1998 dont allait résulter lafondation du Réseau d’action international surles armes légères (RAIAL-IANSA).

Le RAIAL a, depuis son lancement formelen mai 1999, attiré en son sein environ 400 or-ganisations de tous les continents. C’est main-tenant le leader incontesté des actions de lasociété civile concernant les armes légèresdans le monde. L’un d’entre nous, le CEDE,participe même à une des structures de direc-tion du RAIAL: le Comité de facilitation.Comme tous les participants de l’initiative, leCEDE et le CENCOR entreprirent d’encou-rager plus de participation africaine au réseausur les armes légères.

Après une première consultation régionaleà Accra en septembre 1998, quinze ONG is-sues de sept pays d’Afrique de l’Ouest firent

Mariam Maïga, Christiane Agboton-Johnson, ConmanyWesseh et Afi Yacubu (de g. à dr.), quatre membres

du Comité de pilotage du RASALAO.

1. Extrait de la commu-nication prononcée à la

Conférence fondatrice duRASALAO à Accra,

le 20 mai 2002.2. Voir Document fonda-

teur du RASALAO plus loin.

Page 11: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

11LA LETTRE DU RAFAL

I. IntroductionLa prolifération, la disponibilité et le mauvais usa-

ge des armes légères et de petit calibre mettent endanger la sécurité de la population, des communau-tés et des nations, et l’Afrique de l’Ouest ne fait pasexception à la règle. Les armes légères sont les plusutilisées lors des vols à main armée, des disputes ausein ou entre des localités, des guerres locales, desinsurrections armées, des actions rebelles et du ter-rorisme. Elles sont utilisées pour protéger le trafic dedrogue, la contrebande et autres crimes compara-bles. Les armes légères et de petit calibre participentaux violations massives des droits de l’homme, faci-litent la mauvaise gouvernance, les violations de laconstitution, les coups d’Etat, permettent d’établir oude maintenir un état général de terreur, d’insécuritéet d’instabilité.

C’est pourquoi le mauvais usage des armes légè-res et de petit calibre provoque des résultats catas-trophiques, causant de graves blessures physiqueset psychologiques à de nombreuses populations,poussant des millions de personnes à se déplacer,en condamnant des millions d’autres à vivre une viede réfugié, brisant des familles et des communautéset détruisant les économies et l’environnement. Lesconséquences immédiates sont des souffrances hu-maines indicibles, une pauvreté endémique, un sous-développement accru, davantage de conflits violentset l’absence de paix.

Les conflits en Afrique, et spécialement ceux dela sous-région ouest-africaine, prennent des propor-tions incontrôlées et sanglantes du fait de la disponi-bilité et de la facilité d’accès aux armes légères. Ens’attaquant au problème posé par la prolifération desarmes légères et de petit calibre, on est confronté àla logique de l’offre et de la demande de ces armes.La demande est suscitée par une mauvaise gou-vernance, par l’insécurité et la pauvreté. L’offre pro-vient essentiellement de sources extérieures pousséespar le profit, l’égoïsme et le désir de domination.

Quelles que soient les motivations poursuivies parl’offre et la demande, les armes légères et de petitcalibre tuent, détruisent des biens, causent des souf-frances humaines incalculables.

Chaque pays de la sous-région ouest-africainea connu un conflit armé sous une forme ou une autreau cours duquel les armes légères jouèrent un rôlecrucial. On estime que sur les 550 millions d’armeslégères en circulation dans le monde, l’Afrique del’Ouest à elle seule en compte environ 8 millions.

Le monde s’est rendu compte du danger que re-présente cette menace. L’Afrique a pris position. L’Afri-que de l’Ouest a commencé à agir. Les dirigeantspolitiques ouest-africains ont fait le premier pas enadoptant un moratoire sur la production, l’exporta-tion et l’importation d’armes légères en octobre 1998et en le renouvelant pour trois ans en octobre 2001.

La société civile en Afrique, et en Afrique del’Ouest en particulier, a été poussée, du fait de l’ex-

périence spécifique vécue par ses différents pays, àintégrer la maîtrise des armes légères comme unecomposante importante de son mandat individuel etcollectif. Les organisations de la société civile travail-lant dans tous les domaines coopèrent et contribuentà sauver des vies en combattant la prolifération desarmes légères et les conflits armés.

Depuis 1998, de nombreuses organisations sesont concertées afin de mettre sur pied un réseau quirendrait leur travail plus efficace. Parmi les principa-les rencontres, on peut citer les suivantes :

• le Conseil mondial des Eglises, le NorwegianChurch Aid/Norwegian Initiative on Small Arms Trans-fers (NCA/NISAT) et l’Association des conseils oecu-méniques et des Eglises en Afrique de l’Ouest (FECCI-WA) ont organisé la Concertation oecuménique surle micro-désarmement dans la sous-région d’Afriquede l’Ouest, tenue à Accra en septembre 1998 ;

• la rencontre des ONG ouest-africaines mise surpied à Abuja avec le soutien du NISAT et du Centrerégional des Nations unies pour la paix et le désar-mement à l’occasion du Sommet de la Communautééconomique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)qui adopta le Moratoire sur la production, l’exporta-tion et l’importation d’armes légères en octobre 1998;

• la consultation organisée à l’occasion du lance-ment du Programme de coordination et d’assistancepour la sécurité et le développement (PCASED) à Ba-mako en mars 1999;

• le Centre for Democracy and Development, leCenter for Democratic Empowerment, la Campaignfor Good Governance et le Groupe de recherche surles stratégies et la paix en Afrique ont organisé unatelier sur les interventions militaires privées et la proli-fération des armes dans les conflits en Afrique à Mon-rovia en juillet 2000 ;

• l’UNREC a organisé une Consultation sur lesarmes légères à Lomé en décembre 2000 ;

• le PCASED, la Foundation for Security andDevelopment in Africa, l’ASDR ont organisé une Con-sultation sur les armes légères à Accra en juin 2001;

• de nombreux autres événements et rencontressur les armes légères ont eu lieu en Europe et en Amé-rique entre participants ouest-africains depuis 1998.

Certaines organisations de la société civile ouest-africaine ont pris part aux efforts en vue de créer leRéseau d’action international sur les armes légères(RAIAL-IANSA) dont ils sont maintenant des membreset des participants actifs. Ils font pression sur les gou-vernements pour endiguer le commerce illicite et lacirculation des armes légères. Réalisant qu’un travailefficace sur la maîtrise des armes légères peut êtreentrepris grâce à la coopération et à la solidarité,les organisations ont convenu qu’il était nécessaireet urgent de créer un réseau sous-régional.

II. AppellationLe réseau des organisations de la société civile

qui coopèrent pour combattre la prolifération des ar-

Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest (RASALAO)

Document fondateur du RASALAO

DOCUM

ENT FO

NDATEUR

Page 12: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL12

mes légères et sauver des vies humaines s’appelleraRéseau d’action sur les armes légères en Afrique del’Ouest (RASALAO).

III. VisionPour le RASALAO, la population doit vivre dans

une société juste, équitable et démocratique, libéréede la présence des armes légères illicites et de leurmauvais usage, et dans une sous-région ouest-afri-caine où règnent la paix et la sécurité.

IV. MissionLe RASALAO servira d’instrument de coopération

à la société civile en matière de non-prolifération etcontre la production, le commerce, la circulation etl’usage des armes légères et de petit calibre en Afri-que de l’Ouest.

V. ObjectifsLes objectifs du réseau seront :

a) de servir de forum pour l’échange d’informations,de points de vue, d’expériences et de stratégiesdans le combat contre la prolifération des armeslégères et de petit calibre en Afrique de l’Ouest;

b) de travailler à réduire la demande en armes lé-gères et de petit calibre en Afrique de l’Ouest;

c) d’être source de solidarité pour tous ceux et tou-tes celles qui travaillent sur les questions des ar-mes légères et qui peuvent en être affectés du faitde leur travail ou qui en sont victimes.

VI. Membres du réseauLe RASALAO sera ouvert aux organisations et aux

personnes suivantes qui souscriront à la vision et àla mission du RASALAO:a) les organisations nationales de la société civile;b) les coalitions ou les réseaux nationaux regrou-

pant des organisations de la société civile;c) les coalitions ou les réseaux sous-régionaux re-

groupant des organisations de la société civile;d) les experts, les dirigeants issus du monde politi-

que et social, des personnalités remarquables oupopulaires, des célébrités du monde sportif, desarts, de la culture ou d’autres domaines, sur re-commandation du Comité de pilotage du RASA-LAO.Les organisations qui ne travaillent pas néces-

sairement sur les armes légères mais qui souscriraientà la vision du RASALAO pourront devenir membresassociés.

La qualité de membre d’honneur peut être accor-dée par le Comité de pilotage à des personnalitésinfluentes et distinguées.

VII. Nature du réseauLe RASALAO sera un réseau souple regroupant

des organisations et, lorsque c’est nécessaire, desindividus unis pour sauver la vie.

Chaque organisation maintiendra son identitépropre et travaillera seulement sur les programmesde son choix et sur les politiques qu’elle soutient, pour-vu cependant qu’elle reste cohérente avec la visionet la mission du RASALAO.

VIII. Structure du réseauLes structures de décision et d’action du RASALAO

seront les suivantes :1. La Conférence générale : Cet organe sera l’ins-

tance suprême du réseau qui décidera des optionspolitiques fondamentales. Elle élira le Comité de pi-lotage du réseau et contrôlera son travail. La Confé-rence générale se tiendra une fois par an en présencedes membres, des membres associés et des membresd’honneur du RASALAO ainsi que de toute autre per-sonne qui aurait été invitée par le Comité de pilotage.

2. Le Comité de pilotage : Il sera le deuxième or-gane en importance du réseau. Il prendra des déci-sions entre deux Conférences générales afin d’assu-rer le fonctionnement courant du réseau. Il engagerale ou la responsable principal(e) du Secrétariat, con-trôlera le travail du Secrétariat, assurera son proprefonctionnement et approuvera le budget du RASA-LAO. Le Comité de pilotage sera constitué d’individusreprésentants des organisations qui font partie deréseaux nationaux ou sous-régionaux. Une seulepersonne par pays, issue d’une organisation ou d’unréseau national, peut être élue au Comité de pilotage,de même qu’une seule personne issue d’un réseausous-régional. Sauf décision contraire de la Conféren-ce générale, le Comité de pilotage comprendra neufmembres et sera dirigé par un(e) président(e) secon-dé(e) par un(e) vice-président(e). La durée du man-dat de chaque membre du Comité de pilotage est dedeux ans, renouvelable une seule fois. Le Comité depilotage se réunira en session ordinaire tous les sixmois.

3. Le Secrétariat : Cet organe appliquera les dé-cisions de la Conférence générale et du Comité depilotage. Il sera mis en place par étapes par le Comi-té de pilotage sur base des besoins et des ressourcesdisponibles. Le Comité de pilotage déterminera les pro-cédures de création du Secrétariat ainsi que les be-soins matériels et humains nécessaires à son fonc-tionnement. Dans l’attente de l’installation complètedu Secrétariat, le Président du Comité de pilotageassumera les fonctions du Secrétariat avec l’aide desmembres du Comité de pilotage si cela est jugé né-cessaire.

4. Le Conseil des sages : Cette instance conseil-lera le Comité de pilotage concernant les options poli-tiques fondamentales et ses membres assureront lapromotion du travail du réseau selon leurs capacitéset leur inclination individuelles. Il sera constitué depersonnalités éminentes désignées par le Comité depilotage.

IX. Emplacement du SecrétariatLe Secrétariat sera installé par un des réseaux

nationaux membres du RASALAO. Le ou la respon-sable du Secrétariat sera recruté(e) par le Comité depilotage et ne proviendra pas du pays d’accueil. LeComité de pilotage recommandera à la Conférencegénérale – qui décidera en dernier ressort – d’un em-placement approprié pour le Secrétariat.

Adopté ce 21 mai 2002 lors de la Conférence fonda-trice du Réseau d’action sur les armes légères en Afriquede l’Ouest, tenue à Accra au Ghana.

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Page 13: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

13LA LETTRE DU RAFAL

es armes légères sont la cause chaque an-née de morts violentes, de blessures gra-

le commerce. Il comprend également des étu-des approfondies sur un très grand nombred’aspects, depuis la collecte des armes et lesprogrammes de destruction jusqu’aux con-séquences humanitaires liées à la disponi-bilité et à l’utilisation de ces armes.

Un outil indispensable pour lutter ef-ficacement contre ce fléau et évaluer lesdifférentes mesures élaborées dans cebut, dont un des défis majeurs résidedans le maintien d’un équilibre entre les ac-tions portant sur la limitation de l’offre (au seindes Etats producteurs du Nord) et celles vi-sant à la réduction de la demande (au sein desEtats du Sud).

Caroline Pailhe,Chargée de recherche au GRIP.

1. Nations unies, Assemblée générale, Programmed’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le com-merce illicite des armes légères et de petit calibre soustous ses aspects, 20 juillet 2001, reproduit dans le docu-ment des Nations unies A/CONF.192/15.

L

Small Arms Survey en français

Mieux connaître le fléau des armes légèrespour le combattre plus efficacement

ves et de traumatismes psychologiques pourplusieurs milliers de personnes, notamment enAfrique, dans le cadre de conflits nationaux etrégionaux à caractère politique, économique,social, religieux et/ou ethnique. Cette année,le GRIP a traduit pour la deuxième fois un an-nuaire devenu incontournable sur le sujet: ce-lui de Small Arms Survey.

Dans ces zones de tensions, les armes in-tensifient et prolongent les hostilités, compro-mettent leur résolution et les efforts de déve-loppement. Et l’Occident n’échappe pas à cefléau. Aux Etats-Unis et en Europe, les armeslégères favorisent les crimes, les suicides, lesaccidents et la violence domestique.

Depuis la seconde moitié des années 1990,de nombreux efforts sont déployés, tant au ni-veau gouvernemental que non gouvernemen-tal, pour résoudre les problèmes issus de la pro-lifération et de l’utilisation des armes légères.En 2001, le « Programme d’action », adopté parconsensus lors de la Conférence des Nationsunies sur le commerce illicite des armes légè-res et de petit calibre sous tous ses aspects or-ganisée par les Nations unies1, met en lumièreun vaste éventail de conséquences négativesassociées à la prolifération et à l’utilisation deces armes, et entend accroître les contrôles surles trafics licites et illicites.

Un ouvrage de référenceDans cette dynamique, la communauté

scientifique n’est pas restée inactive. Depuis2001, le projet Small Arms Survey, qui dépendde l’Institut universitaire de hautes études in-ternationales de Genève, publie un annuairequi entend livrer des informations et des ana-lyses fiables sur tous les aspects du problème.Publié initialement en anglais (http://www.smallarmssurvey.org/Yearbook.html ), le GRIPassure la traduction, l’édition et la diffusionde la version française (http://www.grip.org/pub/sas2002.html ) vers un plus large public.

La dernière livraison, l’Annuaire sur lesarmes légères 2002 – Evaluer le coût humain,fournit notamment des informations nouvel-les et actualisées ainsi que des analyses sur laproduction des armes légères, sur les stocks et

Indices révélateurs• Plus de 1.000 sociétés dans au moins 98 pays à travers le monde sont

impliquées directement ou indirectement dans la fabrication d’armeslégères et/ou de munitions.

• 13 pays seulement dominent le marché des armes légères.

• Il y a actuellement au moins 639 millions d’armes à feu en circulationdans le monde, dont 59% sont détenues légalement par des civils.

• Les civils achètent plus de 80% des armes fabriquées chaque annéedans le monde.

• A l’heure actuelle, plus de 20 pays communiquent des statistiques offi-cielles sur leurs exportations d’armes légères.

• Les Etats-Unis et la Fédération russe sont les plus grands exportateursd’armes en termes de valeur.

• La disponibilité et l’utilisation d’armes légères peuvent avoir desrépercussions humanitaires de tous ordres, provoquant le déplacementdes populations ou encore portant atteinte à la satisfaction des besoinsvitaux.

• Les armes légères peuvent accroître et accélérer le processus de violencemeurtrière.

• La falsification de documents indiquant l’utilisation finale est un moyensouvent utilisé pour contourner les embargos des Nations unies sur lesarmes et pour les détourner vers les marchés illicites.

• Lors de la dernière décennie, 4 millions d’armes légères ont été détruitesdans le cadre de différents programmes de collecte et de destruction,réduisant ainsi le stock global d’armes légères.

L’annuaire 2002,un ouvrage de 330pages.

Page 14: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

LA LETTRE DU RAFAL14

acques Monsieur, vous connaissez? EtGeza Mezösy, Marty Cappiau, Ronald De

venait d’abattre. En collaboration avec JacquesMonsieur, il avait été l’un des principaux arti-sans du contournement de l’embargo infligé àla Croatie, alors en guerre.

Ronald De Smet, associé de Victor Boutalors qu’il faisait ses premiers pas de sa carriè-re de trafiquant international à l’aéroport d’Os-tende, semble ne plus quitter ses repairesd’Afrique centrale.

Enfin, Ronald Rossignol, ancien avocatproche de l’homme politique belge Vanden Boey-nants, compte parmi ses clients des pays com-me le Libéria, le Rwanda et le Soudan, ainsique les rebelles sierra-léonais et congolais.

Ces cinq personnages ont également com-me point commun d’être tous suspectés d’avoirlivré, à un moment ou un autre de leur carrière,des armes en Afrique, en particulier à des en-tités sous embargo. Bien entendu, il y a unepart d’arbitraire dans le choix de ces trafiquants:il y a en effet bien d’autres Belges impliquésdans des trafics d’armes ces dernières années,mais le temps et les moyens nous ont fait dé-faut pour une étude plus exhaustive.

Le numéro unLe journaliste Sergio Carrozzo s’est lui in-

téressé à Victor Bout, probablement le princi-pal trafiquant d’armes de ces dernières années.Disposant de dizaines d’avions et compagniesaériennes, basé aux Emirats arabes unis, maisdisposant de liens étroits avec le régime de Ki-gali, ce citoyen d’origine tadjik alimente enarmement notamment les rebelles d’Afriquecentrale dont il transporte également les trou-pes et les minerais exploités illégalement.

Pierre Richard, journaliste lui aussi, dépeintquelques trafiquants israéliens, souvent d’ori-gine ex-soviétique, comme Arcadi Gaydamak,un des principaux acteurs de l’Angolagate. Ildécrit ensuite le rôle important de certains di-rigeants africains dans des livraisons d’armesà des mouvements rebelles ou des Etats sousembargo.

L’AngolagateLe livre offre enfin un récapitulatif de l’Af-

faire Falcone ou Angolagate. Sandrine Santoy examine l’enquête judiciaire ouverte en Fran-ce fin 2000 suite à des ventes d’armes litigieu-ses conclues en 1993 entre l’Angola et PierreFalcone, alors représentant de la Sofremi, so-

Trafics d’armes vers l’Afrique

Le « savoir-faire » belge

JSmet ou Ronald Rossignol? Quels peuvent bienêtre les points communs entre ces individus?Le GRIP en a trouvé trois: ils sont belges, ilsse livrent au trafic d’armes et tout le mondeest au courant. Enquête.

En collaboration avec les éditions Comple-xe, le GRIP a publié en novembre dernier un

livre collectif consa-cré aux trafics d’armesvers l’Afrique.

L’approche choi-sie a été de se pencherprioritairement surl’implication des au-torités et de ressortis-sants belges ou fran-çais dans les transfertsdouteux ou illicitesd’armes vers le conti-nent africain. La guer-re en République dé-

mocratique du Congo (RDC) a également donnélieu à un important chapitre.

Une spécialité belgeUne conclusion qui s’impose est que l’épo-

que dorée du trafic d’armes est derrière nous.Cependant, certains personnages continuent àbénéficier d’une étonnante mansuétude desjuges.

Ainsi, Jacques Monsieur a été libéré à l’is-sue de son procès à Bruxelles, après avoir passéprès de deux ans dans des prisons en Turquieet en Iran. Ayant travaillé pendant plus de quin-ze ans pour l’OTAN, de nombreux servicessecrets et des multinationales comme Elf, il anotamment été impliqué dans l’Irangate etdans d’importantes violations de l’embargo surles armes à destination de l’ex-Yougoslavie etest sans conteste le principal trafiquant d’ar-mes belge de ces dernières décennies.

D’origine hongroise, Geza Mezösy n’en fi-nit pas de fréquenter les tribunaux belges pourrépondre de diverses affaires. Mais notre étudesemble indiquer que ses exploits ont peut-êtreété gonflés par certains médias.

Marty Cappiau, proche du Front nationalfrançais et de l’état-major croate, a été tué l’anpassé par le garde du corps d’un mafieux qu’il

Sur les 51 pays ducontinent africain, 18

sont victimes de conflitsarmés ou de guerre

civile et 13 autressont confrontés à une

violence meurtrièreimportante. Cette

situation dramatiques’explique notamment

par la grandedisponibilité d’armes

légères.

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oger

Job

.

Page 15: Les armes légères en Afrique francophone - Rafal

15LA LETTRE DU RAFAL

ciété d’exportation du ministère de l’Intérieur.L’affaire a surtout attiré l’attention des médiasà cause de l’implication de Jean-ChristopheMitterrand, fils aîné de l’ancien président. Onpeut discuter la légalité de ces transferts d’ar-mes slovaques à l’Angola, alors en pleine repri-se de la guerre civile. Aujourd’hui, ils contre-viendraient clairement au Code de conduite del’Union européenne entré en vigueur en 1998.

Cette affaire met en tout cas en lumière lemanque de transparence des ventes d’armeset de la politique africaine de la France (réseauxFoccart, Mitterrand, Pasqua) pendant des dé-cennies. Elle pose également la question de laresponsabilité des intermédiaires, intouchablestant que les armements ne sont pas passés parle territoire français.

De l’huile sur le feu congolaisEnfin, le livre aborde également les trans-

ferts d’armes vers les acteurs impliqués dansle conflit en RDC, que ce soient le gouverne-ment de Kinshasa, ses alliés ou les diverses fac-tions le combattant. Il s’agit d’une recensionde plusieurs dizaines d’affaires donnant uneidée des mécanismes alimentant une des guer-res les plus meurtrières de ces dernières dé-cennies et des complicités internationales per-mettant leur continuation. Ce chapitre pour-rait être utilement complété par le récent rap-port de l’ONU sur lepillage des ressourcesnaturelles de la RDC.

Changementde contexte

En conclusion, leGRIP constate que,dans certains pays dumoins, il est de plus enplus difficile d’exer-cer la profession detrafiquant d’armes.

En effet, pendantla Guerre froide, puis pendant les guerres d’ex-Yougoslavie, les trafiquants ont souvent été to-lérés, couverts, voire recrutés par les servicessecrets de divers Etats, notamment occidentaux,dont ils servaient les intérêts. Les dernièresannées ont été marquées par diverses tendan-ces, dont l’importance accrue du transport aé-rien, les énormes stocks libérés par l’effondre-ment des pays d’Europe de l’Est, l’émergencedes mafias de ces pays et la part de plus en

plus grande des conflits africains sur le marchéillicite. Avec la disparition de la confrontationentre deux superpuissances, les pays occiden-taux ont moins intérêt qu’auparavant à soute-nir l’une ou l’autre partie d’un conflit en l’ap-provisionnant ouvertement ou clandestine-ment en armes.

Plus que par le passé, les trafiquants nesont mus que par leur propre intérêt finan-cier, sans égard pour les intérêts géostraté-giques ou économiques des pays dont ilssont issus. Dans de nombreux cas, ils devien-nent donc gênants et indésirables, ce qui est undes facteurs principaux expliquant les poursui-tes ou les dénonciations dont ils font l’objet.

Quels remèdes ?Enfin, tout en se félicitant de la volonté po-

litique accrue de combattre les trafics illicites,le GRIP recommande aux Etats, et en premierlieu à ceux membres de l’Union européenne,de prendre diverses mesures, dont l’adaptationde leur législation pour rendre punissables lesdélits commis à l’étranger par leurs ressortis-sants (comme la Belgique vient de le faire),une révision profonde du système des certifi-cats d’utilisateur final (end user), souvent falsi-fiés par les trafiquants, une harmonisation deleurs législations nationales, un meilleur respectdu code de conduite européen, voire sa trans-

formation en un outilcontraignant.

Sur le plan inter-national, le GRIP pro-pose l’instaurationd’un système de mar-quage, d’enregistre-ment et de traçage desarmes légères. Un telsystème, dont l’ONUétudie la faisabilité,faciliterait, à long ter-me, l’identificationdes filières de trafic

d’armes et leur répression. Enfin, l’ONU de-vrait imposer plus d’embargos sur les armesaux régions en guerre et dégager davantage demoyens pour les mettre en oeuvre. Il est na-vrant de constater que, sauf l’UNITA angolaiseet les rebelles hutu rwandais, aucun des parti-cipants au conflit congolais ne soit l’objet d’untel embargo.

Georges Berghezan,Attaché de recherche au GRIP.

L’Assemblée générale des Nations unies : l’un des forumsqui se préoccupe du trafic d’armes.

Trafics d’armesvers l’Afrique – Pleinsfeux sur les réseauxfrançais et le « savoir-faire » belge,un ouvrage dirigé parGeorges Berghezan,192 pages.

© J. Isaac – O

NU

.

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LA LETTRE DU RAFAL16

Groupe de recherche et d’actionscontre la marginalisation au Kivu(Projet GRAM- Kivu)[Siège social : Bukavu, Sud-Kivu, RDC]B.P 50, Cyangugu, RwandaTél. : + 250 085 36 [email protected] Internet : http://www.heritiers.org/situqtionenfantsest.htmlResponsable : Victor Amisi Sulubika

Pyramide XXI[Siège social : Uvira, Sud Kivu, RDC]B.P. 2513, Bujumbura, BurundiTél. (257) 93 91 07 ou 95 61 [email protected] : Adrien KimanukaNjugumya ; Claudel Nkunda Rujuguma;Charles Nasibu

RDC – Non-violenceMayimpili n°76, Commune de Ngaba,Kinshasa-Ngaba, RDCTél. : + 243 99 18 347 et + 243 9936 [email protected] : Nzey Van Masala ; MundeleYamba

CONGO BRAZZAVILLE

Rassemblement national des blesséset victimes de guerres civiles(RANABLEVI)BP 2236 Brazzaville, Rép. du CongoTél. : +242. [email protected] : Abengovounet Raphaël

COTE D’IVOIRE

African Center for Human Security(ACHUS)22 BP 718, Abidjan 22, Côte d’IvoireTéléphone et fax : +225 05 33 45 [email protected] : Kignelman ThomasKabonama

GUINEE CONAKRY

Centre d’étude et de recherche pourl’intégration régionale et le développe-ment en Afrique (CERIDA)B.P. 2210, Kaloum, Conakry,République de GuinéeTel. : (224) 22 03 61, 29 60 52 (port.)[email protected] Internet : www.guicom.netResponsable : Sékou Mohamed Sylla

MALI

Association des femmes pour lesinitiatives de paix (AFIP)BP 2281, Bamako, MaliTél. : (223) 222 78 [email protected] : Fatoumata Maïga

Réseau d’action national contrela prolifération des armes légèresRANCPALBP E 1497, Bamako, MaliTel. : + 223 2216928/ 2244569/[email protected] : Fatoumata Maïga

BURUNDI

Association des jeunes chrétiensen Afrique centrale (AJeCA)B.P. 1762 Bujumbura, BurundiTél. : (00257) 21 03 [email protected] : M. Félicien Mirindi

Compagnie des apôtres de la paix(CAP)B.P. 2605 Bujumbura, BurundiTel. : + 257 21 [email protected] : M. Denis Nshimirimana

Nduwamahoro (Le non-violent actif)B.P 1390, Bujumbura, BurundiTél. : (257) 21 50 [email protected](s) : Abbé AdrienNtabona ; M. Zénon Manirakiza

Colonie des pionniers du développe-ment (CPD)BP 3562 Bujumbura, BurundiTél. : + 257 827 [email protected] : M. Jacques Ntibarikure

CAMEROUN

Fondation Paul Ango Ela (FPAE)BP 164, Yaoundé, CamerounTél. : 2 237 23 39 [email protected] : Mme Kalliopi Ango Ela

Commission diocésaine Justice et Paixde Yaoundé (CDJP)BP 1836, Yaoundé, CamerounTél. : (237) 21 04 [email protected](s) : Mgr André Wouking;Sœur Jeanne De Groote

Groupe de recherche sur la paixen milieu estudiantin au Cameroun(GRPMEC)B.P. 13.766, Yaoundé, CamerounTél. et fax : (237) 22 10 [email protected]ésident : Fochivé Fils Jeannot

REPUBLIQUE DÉMOCRATIQUEDU CONGO

Groupe AmosB.P. 724, Limete, Républiquedémocratique du CongoTél. : (243) 12 340 [email protected] : Flory Kayembe Shamba

Actions de solidarité inter-paysannespour un développement intégré (ASIDI)B.P. 1740 Bukavu, R.D.C. ou B.P. 335Cyangugu, RwandaTél. (250) 84 55 [email protected](s) : Rév. M. Mouke

Association des volontaires pourla récupération des enfants orphelins(AVREO)[Siège social : Uvira / Kiliba - RDC]B.P. 3634 Bujumbura - BurundiTel. : (+257) 923 [email protected] : Monsieur Kabwe Janvier

Centre d’éducation et de formationintégrée (CEFI)B.P. 3484 Bujumbura, Burundi[Siège social : Av. Président Mobutu18, Mulongwe, Uvira, Sud Kivu, RDC]Tél. : +257 93 66 [email protected] [email protected](s) : Mr. Kahindo RuraruraMr. Kisose Kasha Matthieu

Groupement de promotion intégrale(GPI)[Siège social : 3, av. de la Mission,Uvira, Sud-Kivu, RDC]B.P. 6021 Bujumbura, BurundiFax : (257) 21 08 [email protected] : Nkunda RujugumaClaudel

Grande vision pour la défensedes droits de l’homme[Bureau de liaison EuropeChaussée de Haecht 89, 1030 Bruxelles,Belgique]Boulevard Karisimbi, Bloc Kahehero,local 03 Goma, RDCTel. & Fax. : [email protected] : Jean-Pierre Samba Tele

Groupe de réflexion et d’échangessur la paix et la non-violence (GREN)[Siège social : Kasenga, Uvira, Sud-Kivu, RDC]Avenue Azuhuri II n°1, B.P. 3054,Bujumbura, BurundiTél. : (257) 94 82 [email protected] : Pierre Ravo Ndaruko

Fondation paix sur terre17, avenue Lac KisaleCommune Makiso, Kisangani, RDCTél. : +8816 314 [email protected][Pour contact et diffusion à l’extérieur :César Olangi, Av. E. Vandervelde, 391200 Bruxelles, Belgique]Tel. : +32.477 132 [email protected] : Maître Firmin Yangambi

Groupe Jérémie[Siège social : Avenue Kibombo, 12,Bukavu, RDC]B.P. 1612, Bukavu, RDC ou B.P. 3,Cyangugu, RwandaTél. (250) 85 36 875 ou 85 38 [email protected][Siège social : Immeuble Sofide, 2eniveau, avenue Ngalu 9/11, Kinshasa]B.P. 3064, Kinshasa 1, Kinshasa/Gombe, RDCTél. : (243) 12 34 [email protected] - [email protected](s) : M. Jean-BapisteMulengezi (à Bukavu) ; M. RigobertMinani Bihuzo s.j, (à Kinshasa)

Mission des Jacobins sages (MIJAS)B.P. 2570 Bujumbura, Burundi[Siège social : Kakungwe n° 04, Uvira,RDC]Tél.: (257) 94 41 [email protected] : Mutere Kifara

NIGER

SaphtaB.P. 11.309 Niamey, NigerTél. (227) 72 30 [email protected] : Souna Hadizatou Diallo

RWANDA

Agence de coopération et derecherche pour le développement(ACORD)B.P. 1019 Kigali, RwandaTél. : (250) [email protected] Internet : www.acord.org.ukResponsables : Dave Waller ; ChrisBatchelor ; Mukarubuga Cécile

Association modeste et innocent(AMI)B.P. 201 Butare, RwandaTel. : 250 [email protected] : Monsieur LaurienNtezimana

Ligue des droits de la personne dansla région des Grands Lacs (LDGL)3042 Kigali, RwandaTel. : 250 [email protected](s) : Dr ChristopheSebudandi ; Noël Twagiramungu

SENEGAL

Mouvement contre les armes légèresen Afrique de l’Ouest / Sénégal(MALAO)BP 5142, Dakar-Fann, SénégalTél. : (221) 824 09 [email protected] : Christiane Agboton-Johnson

Mouvement des jeunes pour la paixet l’intégration (MJPI)Kolda, SénégalTél. : + 221.996.14.02 ou [email protected] : Oumar Diamanka

TOGO

Ligue internationale pour les droitsde l’enfant (LIDE)110, Rue Bd 13 janvier, immeuble n°109, BP 7719, Lomé, TogoTel. : +228 22 40 [email protected] Internet : lide-lid.ifrance.comResponsable(s) : M. Kolor K. (coordin.général) ; N’Timina Glokpor A. Rodger

Club international pour la recherchede la paix (CIRP)BP 80973 Lomé, TogoFax : (228)[email protected] : M. Teko M.F.S. Jean-Jacques

Cercle des jeunes pour une sociétéde paix (CJSP)BP 20363, Lomé, TogoTél. : (+ 228) 226 32 90/ 229 0033/ 903 92 [email protected] ;[email protected] : Kpel AzoumaYaossim Koffi

Liste des membres du RAFAL

Conception grahique et mise en page : Marc Schmitz (GRIP).