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Les aspects relationnels de la scolarisation
handicapé
Claire Goulet – CPC ASH - 2012
Plan
La parentalité
Développement classique
Les incidences de la situation de handicap
Les relations avec les parents
L’enseignant et la situation de handicap
Quelques fils conducteurs pour trouver sa place
Le handicap dans la classe
Sources
Maurice Ringler : Comprendre l’enfant handicapé et sa famille – DUNOD
Conférence et vidéos de Jacqueline Liégeois, directrice d’IME et formatrice à l’INSHEA
Theo Peeters : L’autisme, de la compréhension à l’intervention – Dunod
Bande dessinée : Sessad Goélettes - 2008 Témoignages : Moi, l’enfant autiste – Judy et Sean Barron – J’ai lu Emission « Impatiences » Radio Télévision Suisse
:
L’annonce du handicap est toujours traumatique. Tous les parents d’’enfants
handicapés disent qu’elle a été mal faite. Les parents ont besoin d’effectuer tout un
parcours intérieur dont certaines étapes sont repérables. Mais il n’y a pas une seule
manière de vivre cette difficulté.
J’aime avoir peur avec toi Catherine Chaine Seuil, 2004
Catherine Chaine
Seuil, 2004
Marc est revenu avec un jeune pédiatre qui portait Clémence dans ses bras. Je me souviens d’un bonjour rapide et d’un visage sérieux, presque sévère. J’étais étonnée qu’il ne sourie pas, qu’il n’ait pas un mot chaleureux ou
aimable, mais il en fallait plus pour entamer notre bonheur. Il a posé le bébé sur une petite table à côté de la mienne et s’est mis à l’examiner
longuement, minutieusement, toujours sans un mot. Il palpait, il auscultait, il inspectait les bras, les jambes, la nuque, la bouche, la langue, et nous
supportions ce silence têtu comme des parents appliqués, pleins de bonne volonté.
Et puis ce silence est devenu insupportable, intolérable une seconde de plus, et je me suis rendue à l’évidence : ce silence était anormal. « Mais docteur, elle est normale ? ai-je alors demandé. « Madame, je suis là pour l’examiner. » Je me suis alors dressée sur la table d’accouchement et les mots ont tracé leur chemin envers et contre tout : « Mais, docteur, elle est mongolienne ! » ai-je
presque crié. « C’est la question qu’on se pose », a-t-il répondu. Ce qui nous a atteints là, un jour peut-être arriverai-je à le dire, mais vingt deux
ans plus tard je ne peux toujours pas.
Elle est souvent tardive et culpabilisante
Le syndrome d’Asperger est encore mal connu
Extraits de « Moi, l’enfant autiste » : trois consultations … p 45, p 54, p 68
La parentalité
Développement classique de la
parentalité
Préoccupation maternelle infantile
Fonction paternelle
Filiation
Développement classique de la parentalité :
Dans un premier temps, les parents ont la tête prise par la naissance. C’est un état fusionnel non pathologique qu’on appelle « préoccupation maternelle infantile » mais ce rôle peut être vécu/tenu par un homme.
Cet état ne dure pas pour l’adulte : la réalité prend le dessus. La tête est moins prise. C’est ce qu’on nomme la fonction paternelle (mais cette fonction peut être vécue/tenue par une femme) : je me dégage de l’enfant et c’est bon pour lui. On s’occupe de l’enfant, mais d’une manière moins fusionnelle. Il y a de la distance. On entre dans l’altérité.
L’enfant est naturellement intégré dans une filiation. Il y a un contrat implicite de transmission entre ses parents et lui. C’est l’enfant attendu.
La parentalité dans la situation de handicap :
L’enfant est autre tout de suite. La période fusionnelle n’existe pas car ce n’est pas l’enfant rêvé ni attendu.
Le contrat implicite de filiation est rompu. Les parents mettent en place des mécanismes de
protection qui sont variables selon les personnes. Il faudra un itinéraire, propre à chacun, pour construire sa
parentalité. La fonction de parent d’enfant handicapé ne diffère pas
de celui d’un parent d’enfant bien portant. C’est ce qui est difficile, puisque le handicap pèse lourdement sur la structure émotionnelle de la famille. (M. Ringler )
Exemples de défenses :
Cinq stratégies, qui sont souvent toutes présentes à des degrés divers chez les parents. Les sentiments
d’un parent sont naturellement ambivalents.
Sur protéger
Réparer
Se comporter en victime
Faire comme si
de rien n’était
Se punir soi-même
Exemples de défenses :
Cinq stratégies d’administration des affects, qui sont souvent toutes présentes à des degrés divers chez les parents. Les sentiments d’un parent sont ambivalents.
( C’est déjà difficile à admettre et à supporter avec un enfant habituel, alors !)
Réparer pour s’en sortir ensemble : essayer de voir la situation comme elle est et chercher à faire au mieux avec son empathie, sa générosité, sa patience, son intelligence.
La surprotection avec prise de contrôle de tout ce qui touche l’enfant, dont l’enfant lui-même. Cela peut causer des conflits avec les équipes qui s’occupent de l’enfant et cherchent au contraire à lui permettre d’expérimenter pour qu’il se développe.
Se soulager de sa culpabilité sur les autres. Le parent se pose en victime et reproche aux autres ce qu’il pourrait se reprocher à lui-même, éventuellement même à l’enfant. C’est un parent fragile, qu’il faut ménager, car il risque de s’écrouler.
Ne rien savoir pour ne rien ressentir : La blessure est si forte que les parents étouffent leurs émotions et s’appliquent à ne plus rien ressentir, ni joie devant les
progrès, ni peine. C’est souvent très mal compris par l’entourage qui trouve que l’enfant est à l’abandon. Faire comme si tout était normal : donner à l’enfant des responsabilités qu’il ne peut assumer ? refuser qu’il montre ses
faiblesses … hors l’enfant a besoin d’être accepté dans sa réalité, c'est-à-dire à la fois dans sa normalité et dans sa déficience.
Un besoin de punition : les parents se comportent comme s’ils étaient coupables et avaient besoin d’expier. Ces parents n’aident pas leur enfant à aller mieux. Ils peuvent même avoir besoin de ses symptômes pour se punir.
pour se développer sont les mêmes :
Il a besoin qu’on l’aime tel qu’il est, dans sa normalité et sa déficience, pour pouvoir s’aimer lui-même. Il a besoin d’être
reconnu comme beau et bon dans certains secteurs de sa personnalité, au moins.
Il a besoin comme tous les enfants d’être en sécurité affective et que l’on ait confiance en lui, qu’on croie à sa capacité de se
lancer dans le monde. L’enfant handicapé a besoin d’égalité et de réalisme. Pas de
statut privilégié, pas de déni de la difficulté. On ne doit ni dramatiser les réactions de l’extérieur, ni les gommer en faisant semblant qu’elles n’existent pas. L’enfant
a besoin de comprendre ce qui se passe autour de lui.
Extraits du livre de Maurice Ringler
la situation de handicap
Enseigner à des élèves en situation de handicap nous confronte à nos limites d’enseignant. Cela nous oblige à faire le deuil de l’élève idéal. Un
élève handicapé, on ne peut pas avoir le fantasme de le guérir …
On est obligé de déplacer la norme. Ce n’est plus
l’élève moyen. La norme de cet élève, c’est lui-même. A nous de viser avec lui un ambitieux
projet … à sa mesure !
Accepter que l’on ne peut pas tout et l’élève non plus, mais qu’on ira tous au plus loin
de ce qui nous est possible …
Cela permet d’être fier avec l’élève de petits progrès qui ont demandé beaucoup de
temps et d’efforts.
Cela permet de ne pas en vouloir, aux élèves ou à nous-mêmes, de nos limites
communes.
Parole de psychologue
Accompagner un autre en souffrance exige qu’on travaille
sans sacrifier en soi la partie malade et sans sacrifier en l’autre
la partie saine.
Mireille Cifali, Le lien éducatif, contre jour psychanalytique - PUF
Le rôle facilitant du professionnel
Accompagner l’évolution des parents, en comprenant que leurs postures sont des moyens de s’en sortir.
Les informer pour leur permettre de se projeter dans l’avenir.
Leur donner les moyens d’exercer leur responsabilité.
Leur permettre de nous interpeler.
Ne pas accentuer la démarche des parents En surprotégeant l’enfant à notre tour
En entrant dans une escalade de celui qui sait le mieux,
En les dépossédant de leur rôle.
Guide pour les entretiens avec les parents :
Cadrer l’entretien d’une manière professionnelle : Je vous ai demandé de venir pour … L’entretien va durer … A la fin, je vais résumer notre entretien et vous demander si nous sommes d’accord
Eviter le jugement : On ne sait pas quel parent d’enfant handicapé on serait. C’est déjà très difficile d’être un parent tout court. Ne pas penser qu’on sait mieux et toujours rester conscient que c’est le parent qui décide dans son domaine de responsabilité. Respecter la place des parents.
Chercher à faire alliance partir de l’idée que chacun veut le bien de l’enfant et qu’on doit pouvoir s’entendre. Chercher à comprendre la position de l’autre.
Savoir que tout prend du temps : Il faut du temps pour se faire à la situation et le parent peut ne pas se rendre compte de la gravité des choses parce qu’il en a besoin pour le moment pour tenir le coup.
Ecouter et montrer qu’on a entendu en reformulant : C’est très important dans tous les entretiens, surtout quand on n’est pas du même avis. Cela montre à la personne qu’on l’a entendue et prise en compte. On reformule: Beaucoup au début pour montrer au parent qu’on écoute ce qu’il dit Un peu en cours d’entretien quand on a besoin de vérifier qu’on a compris Beaucoup à la fin pour faire le point et se séparer sur un contenu commun
Le handicap dans la classe :
Les effets sur le groupe
Des ressources pour l’aborder
L’aspect relationnel spécifique de l’autisme
Les effets sur le groupe :
La difficulté à accepter les adaptations : Une prise en compte généralisée de la différence est
facilitante L’information des élèves sur les particularités cognitives de
l’élève autiste également
Les difficultés de comportement Le groupe doit comprendre qu’on ne peut pas les reprocher à
l’élève. La difficulté ne doit cependant pas être minimisée pour la classe comme pour l’élève.
L’attitude de l’adulte est le modèle
Le rythme des apprentissages Anticiper les adaptations permet de beaucoup limiter cet effet La loi nous impose de changer de point de vue
Les difficultés de comportement :
Une forte résistance au changement et une mauvaise gestion de l’anxiété :
L’enfant Asperger a peu de troubles du comportement. Cette idée qui préjuge du refus des règles chez l’Asperger demeure totalement erronée. Néanmoins, il peut avoir des comportements inappropriés et des accès de colère et des pleurs qui traduisent son immense anxiété lorsque des changements trop inattendus surviennent qu’’il ne sait pas gérer seul ou qu’il n’en comprend pas le sens profond ou n’a pas su demander de l’aide.
La gestion des difficultés de
La prévention est la meilleure réponse.
Observation de ce qui provoque les crises : Incompréhension d’une consigne Changement imprévu Excès de bruit ou autre cause sensorielle Moquerie Difficulté à accepter les erreurs … Renforçateur
L’élément déterminant peut se situer immédiatement avant ou immédiatement après. Il faut croiser ses informations en équipe pour leur donner un sens et chercher des réponses cohérentes
Adaptation du milieu pour éviter la crise
Ressources : Diaporama intervention pédagogique : Asperger Aide
BD SESSAD
La gestion des difficultés de comportement
La réponse à la crise :
Rester calme patient et rassurant
Dédramatiser le problème sans le nier (quand on l’a identifié). Selon la cause : reformuler la consigne, faire cesser la moquerie … Il faut protéger la classe ainsi que l’élève autiste, en anticipant la gestion
des crises. Repérage des signes avant coureurs (l’élève peut ou non y participer) Liste d’actions à faire pour éviter la crise (construite avec l’élève) Éloignement ou mise à l’écart préventive ou réactive à la crise (chacun doit
en être informé) avec un objet ou une personne sécurisante. Rester attentif à éviter l’effet renforçateur.
Ressources : Comprendre l’élève avec un syndrome d’Asperger
BD
Hypersensibilité sensorielle
« Quand j’étais petite, le bruit était une source permanente de problèmes. ..
Enfant j’étais attirée par les couleurs vives et les objets en mouvement … »
Témoignages de Temple Grandin, autiste de haut niveau, La pensée en image
Hypersensibilité sensorielle « Quand j’étais petite, le bruit était une source permanente de problèmes.
C’était comme si la roulette du dentiste avait touché un de mes nerfs. Cela provoquait une réelle souffrance. J’avais une peur bleue des ballons qui éclatent ; le bruit semblait « exploser » dans mon oreille. Les petits bruits qui semblent d’ordinaire facilement évacués me rendaient folle. Quand j’étais à l’université, le sèche cheveux de ma camarade de chambre me semblait faire le même bruit qu’un avion à réaction au décollage.
Quand deux personnes parlent en même temps, il m’est difficile de me concentrer sur l’une des voix. Mes oreilles ressemblent à des microphones qui capteraient tous les sons avec la même sensibilité. Chez la plupart des gens l’ouie ressemble à un microphone unidirectionnel qui ne capte que les sons de la personne vers qui il est dirigé. Lorsque je me trouve dans une pièce bruyante, je n’arrive pas à comprendre ce qui se dit, car je ne filtre pas le bruit de fond. Quand j’étais petite les fêtes de famille bruyantes m’affolaient ; je n’arrivais plus à me contrôler et je piquais des crises de colère. Les goûters d’anniversaire étaient une torture pour moi… »
Enfant j’étais attirée par les couleurs vives et les objets en mouvement qui stimulaient mon système visuel, comme les cerfs volants et les avions en miniature. J’adorais les chemisiers rayés et la peinture fluo, et j’adorais regarder les portes coulissantes des supermarchés. Quand je voyais le bord de la porte traverser mon champ visuel, je sentais un agréable frisson courir le long de mon dos.
Témoignages de Temple Grandin, autiste de haut niveau, La pensée en image
La problématique de
C’est un âge où les autres élèves ont du mal à accepter leur propre différence : Cela peut les rendre plus intransigeants Mais on peut aussi utiliser cela de manière positive
pour susciter leur empathie
Il faut être très vigilant pour éviter les moqueries voire le harcèlement Les élèves doivent être informés des difficultés
relationnelles de l’élève autiste L’élève autiste doit apprendre à se comporter grâce
à des conseils explicites
Pour réfléchir sur la différence et le handicap :
Des albums/BD/livres/films Simples et pour tous les âges : Un petit frère pas comme les autres – BAYARD Poche La petite casserole d’Anatole – Ed. Bilboquet
Au cycle 3 et au collège : Vivre ensemble les différences – Bayard jeunesse Qu’est-ce qu’il a ? Le handicap - Autrement junior
Pour les adultes : Une chance sur un million – DARGAUD Où on va papa ? Jean-Louis Fournier – Poche Accueillir un enfant différent – Magnard
Pour apprendre à connaître
Des albums/BD/livres/films Au cycle 3 et au collège : Le bizarre incident du chien pendant la nuit – Ed. NIL Autisme : jeu et film « Mon petit frère de la lune » BD du Sessad les Goélettes
Pour les adultes : Clémentine Leconte : Le sortir de son monde – Michel
Lafon Judy et Sean baron : Moi, l’enfant autiste – J’AI LU Film d’animation : Mary et Max Faire face – Marc Segar – Autisme Alsace Vidéos sur le site « participate.be »
Film et jeu : Petit frère de la lune
Littérature de jeunesse
Communiquer avec une personne autiste
Les personnes autistes ont un
rapport particulier au langage :
La compréhension du monde par des signes (Peeters p 36)
La parole comme un signe (Peeters p 72)
La découverte du rôle des mots ( Barron p 241)
Une utilisation étrange du langage (Peeters p 74)
Le langage est pris au premier degré sauf apprentissage explicite des expressions (Peeters p 76)
Le rôle facilitant de l’écrit (Peeters p 80)
Parler avec calme, sur un ton posé. Faire des phrases simples en formulant une consigne à la fois. Signaler à l’élève que l’on s’adresse à lui. « Tout le monde s’assied
et Stanislas aussi » Eviter les expressions imagées ou si cela arrive expliquer leur
sens. Si l’on est mécontent, le dire explicitement sans crier, en sachant
toutefois que l’élève y est très sensible. « Je suis mécontent » et dire de quoi précisément, car l’élève ne peut pas le déduire seul de la situation.
Si possible, dire plutôt ce qu’il faut faire. « Tu peux rester assis » « Tu peux te taire » « Tu peux travailler » que ce qu’il ne faut pas faire.
Pour favoriser les relations avec les autres élèves :
L’élève autiste peut bénéficier d'un système de tutorat. L'enseignant peut jumeler l'enfant à un pair afin que
celui-ci intègre l‘élève aux activités scolaires. Il est important d'encourager les activités de socialisation
et de limiter le temps à effectuer des activités isolées exclusivement selon leurs intérêts particuliers.
L'enseignant peut encourager un élève à stimuler l'élève autiste à participer à la conversation, non seulement à répondre aux questions des autres élèves mais aussi l'encourager à s'intéresser aux opinions des autres sur un sujet donné.
Lui donner des modèles de comportements et d’attitudes (notamment auprès de ses camarades), lui permettant de les reproduire et ainsi de faire pas à pas l’apprentissage des conventions sociales.
Aider l’enfant à mieux gérer les temps de pause ou de récréation car ce sont des mises en situation de groupe toujours difficiles et délicates à gérer pour lui. L’Asperger supporte difficilement les atmosphères bruyantes du fait de son hypersensibilité ….) : Se mettre d’accord avec l’enfant sur un signe qui lui permettrait de vous
faire comprendre de manière discrète qu’il a besoin d’aide quand on se moque de lui ou quand il est en conflit avec un pair
Lui donner parfois la possibilité d’être seul pendant les pauses afin qu’il se ressource.
Un enfant Asperger peut et doit apprendre à réagir aux réactions des autres. Lorsqu’il a été insultant, insensible ou qu’il a manqué de tact, il faut lui expliquer pourquoi ses réponses ont été inappropriées et quelles réponses il aurait dû donner.