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87 e année - Hebdomadaire 3286 - 16 décembre 2011 3 france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Les « chaînes intergénérationnelles » d’Alliance V ITA dans 60 villes

Les « chaînes intergénérationnelles

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Page 1: Les « chaînes intergénérationnelles

87e année - Hebdomadaire n° 3286 - 16 décembre 2011 3 €franc

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Les « chaînes intergénérationnelles » d’Alliance VitA dans 60 villes

Page 2: Les « chaînes intergénérationnelles

BRÈVESFRANCEpolitiquE :  François  Bayrou, président  du  Modem,  a  offi-cialisé le 7 décembre sa can-didature  à  la  présidentielle. Selon un sondage LH2-Yahoo, les  intentions  de  vote  en  sa faveur  sont  passées  de  7% à  13%  en  quelques  jours.  Ce qui  le  place  en  quatrième position  derrière  Marine  Le Pen...  Dominique  de  Villepin a  confirmé  sa  candidature  à la présidentielle,  le dimanche 11  décembre  sur  TF1.  Quant à  Christine  Boutin,  elle  a,  le même  jour,  menacé  l'UMP d'une  «  bombe  atomique  »  si on lui interdisait d'obtenir les 500 signatures de parrainage.L’ancien maire d’Hénin-Beau-mont, poursuivi pour sa mau-vaise  gestion,  a  dénoncé  un financement  occulte  mettant en cause  la  fédération socia-liste  du  Pas-de-Calais  ;  une enquête  préli  minaire    a  été ouverte.  Arnaud  Montebourg qui  avait  alerté  le  PS  sur les  dérives  du  clan  Guérini à  Marseille,  avait  également prévenu  Mar tine  Aubry  des faits  de  corruption  dans  le Pas-de-Calais  ;  il  a  mis  en cause  Jack  Lang,  député  du Pas-de-Calais, qui va le pour-suivre en diffamation.DRoit DE VotE : Les sénateurs ont débattu le 8 décembre de la proposition de loi socialiste d’accorder  le  droit  de  vote aux  étrangers  non  européens lors  des  élections  locales  ;  la proposition a été adoptée par 173 voix contre 166 à  l’issue d’un débat houleux.ÉlECtioNS  :  La  Convention nationale du PS a validé le 10 décembre  420  candidatures pour les législatives de 2012 ; une vingtaine de cas difficiles seront tranchés en janvier par le Bureau national. NuClÉAiRE : Des militants de 

Greenpeace se sont introduits le  5  décembre  dans  la  cen-trale  nucléaire  de  Nogent-sur-Seine.  D’autres  militants ont  tenté  sans  succès  de s’introduire  dans  les  sites  de Blaye et de Cadarache. SoCiAl  :  Le  Sénat  a  adopté le  9  décembre  une  proposi-tion  du  groupe  communiste «  garantissant  le  droit  au repos dominical ».RAtp  : Révélé  le 6 décembre, un  rapport  de  la  Cour  des 

comptes  réclame  l’ouverture d’une  enquête  pénale  sur  les dysfonctionnements du comi-té d’entreprise de la RATP.SNCF  :  C’est  dans  la  nuit du  10  au  11  décembre  qu’a eu  lieu  la  modification  des horaires  des  trains.  Trois  rai-sons  ont  justifié  ces  chan-gements  :  un  programme  de grands  travaux  de  moderni-sation touchant 6 000 km de voies sur quatre ans ; la « mise en cadencement » permettant de  simplifier  la  circulation et  d’accroître  la  capacité  du réseau ; l’ouverture de la ligne à  grande  vitesse  Rhin-Rhône entre Di jon et Mulhouse.ÉColE  :  Une  quinzaine  de parents  d’élèves  de  CM1  ont séquestré  le  6  décembre  la 

directrice et trois institutrices d’une  école  de  Berre-l’étang afin  d’obtenir  le  départ  d’un professeur jugé incapable ; ils ont obtenu satisfaction.pRoStitutioN  :  Droite  et gauche ont voté le 6 décembre à  l’Assemblée  nationale  une résolution  réaffirmant  la position  abolitionniste  de  la France  en  matière  de  prosti-tution ; une proposition de loi sur la pénalisation des clients devait être déposée. 

MoNDE  

EuRo  :  L’agence  américaine Standard  &  Poor's  a  placé le 5 décembre la note de 15 pays  de  la  zone  euro  sous surveillance  ;  six pays, dont la  France  et  l’Allemagne, pourraient  ainsi  perdre  leur triple A. CliMAt : Les négociations sur le  réchauffement  climatique ont  abouti  le  11  décembre à  Durban    à  une  «  feuille  de route  »  vers  un  accord  mon-dial  prolongeant  le  protocole de Kyoto et obligeant notam-ment  les  plus  gros  pollueurs (Chine,  états-Unis,  Inde)  à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

RuSSiE  :  Plusieurs  centaines d’opposants ont  été  interpel-lés  le  5  décembre  à  Moscou au  cours  d’une  marche  de protestation  contre  les  irré-gularités  constatées  lors  des élections  législatives  rempor-tées  par  le  parti  de  Vladimir Poutine. Selon certains obser-vateurs,  le  score  réel  de  ce parti est de moins de 30 % des suffrages  au  lieu  des  49,5 % annoncés.  Le  rassemblement organisé  le  10  décembre pour  contester  la  victoire  de ce  parti  a  mobilisé  des  mil-liers  d’opposants  à  Moscou et  en  province,  du  jamais  vu depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000.SyRiE  :  Les  opposants  ont lancé  le  8  décembre  une cam pagne  de  désobéissance civile avec grève générale.liBAN  :  Cinq  Casques  bleus français  ont  été  blessés  le  9 décembre  lors  d’une  attaque visant  leur  patrouille  dans  la région de Tyr.RDC : Le président sortant de la  République  démocratique du Congo, Joseph Kabila, a été proclamé le 9 décembre  vain-queur  de  la  présidentielle  du 28  novembre  avec  49%  des voix  ;  les  observateurs  inter-nationaux ont  jugé  le  scrutin entaché  d’irrégularités,  mais n’ont pas demandé son annu-lation. tuNiSiE : Après cinq jours de débats  houleux,  l’Assemblée nationale  tunisienne  a  adop-té  le  11  décembre,  par  141 voix  contre  37,  une  consti-tution  provisoire  permettant «  l’organisation  des  pouvoirs publics ».CÔtE  D’iVoiRE  :  Les  opéra-tions  de  vote  pour  les  légis-latives  ont  débuté  le  11 décembre ; elles sont boycot-tées  par  le  parti  de  l’ancien président Gbagbo.                                                                    

J.L.

2 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Page 3: Les « chaînes intergénérationnelles

Si l'on prend quelque distance par rapport aux contro-verses actuelles, que retenir de la contestation qui est faite de la personne de Jésus par ceux qui projettent sur la scène leurs hantises et leurs obsessions ? Simplement le scandale de la Croix, dont parlait déjà Saint Paul.

Un scandale qui associe la figure du Fils de Dieu au mystère du mal dans ce qu’il a de plus insupportable. Sur ce point, Romeo Castellucci ne manque pas d’arguments pour invoquer la théologie de la kénose, c’est-à-dire celle de l’abaissement inouï de celui qui s’est livré à la condition d’esclave et à la mort la plus ignominieuse. On peut comprendre aussi qu’un Rodrigo Garcia, imprégné de la sensibilité et de l’iconographie hispaniques, veuille communiquer une violence intérieure qui semble ne pas s’être apaisée depuis l’enfance.

Que tout cela dégénère en contestation et provocation n’étonne pas non plus. Jean-Michel Ribes n’a pas tort d’affirmer que Gólgota picnic a le mérite de marquer la présence tenace de Jésus en notre temps. Même s’il s’agit du Christ aux outrages, du Christ souffleté, c’est toujours l’envoyé du Père, venu manifester l’amour divin pour l’humanité à travers l’offrande absolue de soi-même. Sans doute avons-nous affaire à des exhibitionnistes satis-faits de susciter émois et manifestations. Ils posent néanmoins de vraies questions. C’est pourquoi il fallait que le scandale éclate, à la fois pour réveiller la conscience des chrétiens, mais aussi pour révéler au monde que son oubli de la Rédemption ne l’a pas guéri d’une blessure qui affecte notre humanité profonde.

C’était déjà un sujet de querelle entre le païen Celse et le chré-tien Origène aux premiers siècles du christianisme. Celse refuse de toute sa sensibilité et de toute sa culture que Dieu fût esclave ou malade, qu’il dût mourir. Cela dépassait son imagination et sa compréhension, parce qu’il était invraisemblable que la divinité ait été associée à des « choses sales et mauvaises ». Voilà qu’elles sont aujourd’hui exposées violemment, comme une forme de déni, ces choses insupportables ! Que les chrétiens en souffrent, cela se conçoit parce que la charité du Dieu vivant demeure absente de ces spectacles, alors que c’est elle qui s’est affirmée dans le para-doxe violent de la Croix. Et s’il leur faut manifester, c’est au nom du Vainqueur de la mort, afin d’aller plus loin que la protestation, jusqu’à l’attestation de la foi au Dieu qui a envoyé son Fils dans ce monde blessé et pécheur. n

SOMMAIRE

ACTUALITÉ4 EURO Encoreunaccord

5 gRAndE-bRETAgnE Splendideisolement

6 EUThAnASIE Uncombatintergénérationnel

8 RÉvOLUTIOnARAbE Lesvraismusulmans

9 ECCLÉSIA Premièrede"gólgotaPicnic"àParis

dOSSIER10IdÉES ninaturalisme,niconstructivisme

ESPRIT15 SOLIdARITÉ UnaccueilfraternelauLiban

16 LECTURES 4esemainedel'Avent

18 COMMUnAUTÉS Mélodiesgrégorienneset hongroises21 LIvRES MèreTeresa:retrouverdieu

22 ThÉOLOgIE dumitruStaniloae

MAgAZInE23STOLyPInE Centenaired'unemortannoncée

26b.d. Lehasardn'écritpasdemessages(12)

28ExPOSITIOnS LaSagradaFamília:uneforêtdesymboles

31LIvRES SélectionAlbumsnoël

32ThÉâTRE Pourlesenfants

33ThÉâTRE Untourbillondesouvenirs

34 CInÉMA «hugoCabret», «Mission:impossible-ProtocoleFantôme», «desventscontraires»,«Sweetgrass»

35TÉLÉvISIOn «Lemondedenarnia2», «Eugénie,ladernièreimpératrice», «Templegrandin»,«Labelleetlabête»

36 TÉLÉvISIOn votredébutdesoirée

38 bLOC-nOTES vieassociativeetd'Église

LeChristfaittoujoursscandale

ÉdITORIAL

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 3

par Gérard LECLERC

ÉcoutezlachroniquedegérardLeclerc,dulundiaujeudi.

Page 4: Les « chaînes intergénérationnelles

ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Rien de nouveau, quant à la doc trine qui définit les règles communes et les disposi-

tifs techniques mis au point par des experts. L’équilibre budgétaire est réaffirmé comme solution à la crise de la dette. Pour y parvenir, les États signataires acceptent le contrôle de la Commission et de la Cour de justice euro-péenne.

Cette stabilité, principe indiscutable en Allemagne, était déjà inscrite dans la déclaration finale du sommet de la zone euro, tenu à Bruxelles le 11 mars dernier. Elle a été traduite de manière très précise dans le « paquet sur la gouver-nance économique » — qu’on appelle paquet de six — voté par le Parlement européen le 28 septembre et entré en application en décembre. Ce paquet renforce le « pacte de stabilité et de croissance » par un contrôle accru des déséquilibres budgétaires et de l’ensemble de la politique économique puis par l’obli-gation faite aux gouverne-ments d’y porter remède avec menace de sanctions quasi-automatiques.

L’accord du 9 décembre

n’innove pas sur le fond mais il durcit les règles. Le projet de traité d’« union de stabilité budgétaire » instituera une souveraineté limitée pour les États qui s’engagent à inscrire dans leur constitution une « règle d’or » garantissant le respect de l’équilibre budgé-taire, ceci sous le contrôle de

la Cour de justice européenne. Un mécanisme de correction automatique sera enclenché en cas de déficit. De plus, les États se sont engagés à adop-ter les projets de règlements déposés par la Commission européenne le 23 novembre et qui prévoient une mise en tutelle des gouvernements fautifs. Cette « union de stabi-lité » devra prévoir une harmo-

nisation de la législation des États membres en matière de fiscalité, de sécurité sociale et de marché du travail ainsi que l’examen en commun de « toutes les grandes réformes de politiques économiques ».

Sur le plan financier, le sommet a décidé que les banques ne seront plus obli-

gées de contribuer au règle-ment de la dette publique d’un État comme ce fut le cas pour la Grèce. Mais rien n’a été dit sur les euro-obliga-tions — anticonstitutionnelles en Allemagne — ni sur une éventuelle augmentation des fonds du Mécanisme euro-péen de stabilité (MES) qui sera installé en juillet 2012 car l’Allemagne ne veut pas

augmenter sa contribution financière. La Banque centrale européenne (BCE) est laissée libre d’agir, conformément au principe d’indépendance qui la régit, et l’institut de Francfort a décidé de soute-nir les banques par des prêts massifs afin d’éviter que la crise du crédit ne s’aggrave.

Les gouvernements les plus menacés par la crise de la dette espèrent que l’accord du 9 décembre et le secours apportés aux banques par la BCE provoqueront la baisse des taux d’intérêts obliga-taires, la relance du crédit aux entreprises et la bienveillance des agences de notation.

à Berlin, à Paris, à Rome, à Madrid, on croise les doigts en espérant les marchés financiers vont se calmer. Les discussions techniques sont vives mais les experts accré-dités sont au moins d’accord sur un point : les populations concernées par les plans de rigueur ne bougeront pas ou peu et les principaux partis d’opposition n’oseront pas s’opposer aux accords euro-péens pour ne pas provoquer une cascade de notations négatives. En France, il est vrai, François Hollande n’est pas du tout prêt à reprendre les thèses d’Arnaud Montebourg. Mais la Grèce est en état de révolte permanente, l’Espagne et le Portugal sont en ébulli-tion et en Italie les syndicats sont très capables de mobi-liser massivement. L’opinion publique reste un facteur de risque non calculé. n

eUro

(

Après une nouvelle semaine de dramatisation, le sommet européen du 9 décembre est parvenu à un accord. Présenté, comme une planche de salut, il ne fera pas l’unanimité.

encore un accord

Un mécanisme de correction automatique sera enclenché en cas de déficit

par Alice TULLE

Page 5: Les « chaînes intergénérationnelles

Le R o y a u m e -u n i s’est retrouvé seul le 9 décembre au s o m m e t e u r o -péen de Bruxelles

pour refuser un nouveau traité. Trois pays, la Suède, la Hongrie et la République tchèque font attendre leur réponse mais l’un ou l’autre devraient rejoindre la majorité. Londres se voyait déjà prendre la tête d’un groupe composé des dix États membres hors euro. à l’arrivée il n’y en a que quatre et peut-être in fine Londres sera-t-il complètement seul : vingt-six contre un. Par exemple, la Pologne, qui assume la présidence semestrielle, n’a pas suivi, qui reven-diquait pourtant un droit de regard sur la zone euro pour les États qui n’en sont pas ou pas encore.

Le Premier ministre David Came ron n’a pas, comme il l’a indiqué, opposé son veto à l’extension des pou voirs des institutions. Il en a au contraire été privé. L’extension se fera quoi qu’en dise Londres. Le cabinet britannique n’a même pas pu défendre l’idée d’un « opting-out », c’est-à-dire d’un soutien sans participation. Londres est tout simplement « out ».

La délégation britan-nique n’a pas eu le choix. Ou

plutôt elle s’est vu imposer le choix entre rester sous le régime commun ou partir. Maladresse politique et diplo-matique d’une équipe inex-périmentée qui a marginalisé ses européistes ? Dissidence d’un quart des parlementaires

du camp conservateur, qui n’aurait pas été anticipée ? Mais elle était évidente au Congrès du parti en octobre. Pressions des financiers de la City menacée dans ses fondements ? Mais pas plus que les paradis fiscaux ou les banques suisses… De toute façon, la régulation par la Commission (Michel Barnier)

se discute de l’intérieur et pas en se mettant hors-jeu ! Préservation du rôle de monnaie de réserve de la livre sterling qui affiche le portrait de la Reine ? L’argument sert depuis les années soixante.

Nombreux sont ceux

qui dans tous les milieux 0utre-Manche (et Outre-Atlantique) croient profon-dément à l’irrationalité éco nomique et financière de la monnaie unique, l’euro, et pensent donc être les premiers à en recueillir les débris. Jouer contre l’euro peut se défendre quand on se veut un simple spécula-

teur mais politiquement ici, au moins pour cette fois, c’est une défaite totale, 23 sur 27 et sans doute plus ayant préféré se ranger sans hésitation dans l’axe franco-allemand.

Le fait pour Berlin d’avoir complètement lâché Londres alors que jusqu’à présent Angela Merkel continuait de s’en servir comme alterna-tive ou contrepoids à Paris

et aux pays du Sud est révélateur de l’absence de réelle crédibilité de ce pouvoir britannique.

Pour autant, Londres de meure membre de l’Union. Est-ce que cela va continuer de faire sens longtemps ? S’il n’acceptait pas que les institutions existantes servent à gérer l’euro, l e Royaume-Uni a déjà échoué ; pourquoi lesdites institutions accepteraient-elles la présence et a fortiori un droit de regard aux représentants britan-niques quand elles fonc-

tionneront selon les nouvelles règles ? Reste à savoir comment Bruxelles gardera la confidentialité des débats à 23 ou 26. De son côté, vers qui Londres se tournera-t-il : la relation privilégiée avec Washington ? Ressusciter le Commonwealth ? Une union anglophone ? Ou le splendide isolement ? n

ACTUALITÉGrANDe-BreTAGNe

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 5

Suprême habileté de la perfide Albion qui se pose en recours d’une zone euro en faillite ou humiliation en rase campagne d’une diplomatie dépourvue de toute vision d’avenir ?

Jouer contre l'euro peut se défendre quand on se veut un simple spéculateur )

Splendide isolementpar Yves LA MARCK

Page 6: Les « chaînes intergénérationnelles

ACTUALITÉ

6 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Chers amis,Pourquoi sommes-nous

rassemblés ainsi, au même moment, au cœur de soixante villes de notre pays ?

Pourquoi avons-nous formé cette chaîne intergéné-rationnelle où se retrouvent bras-dessus, bras-dessous des personnes âgées et d’autres plus jeunes ?

Pourquoi avons-nous in vité symboliquement, sous cette banderole, les deux personnalités que les son dages d’opinion placent aujourd’hui au deuxième tour des élec-tions présidentielles du 6 mai prochain ?

Parce que les personnes les plus fragiles de notre société (au premier rang desquelles figurent les personnes les plus âgées) sont menacées.

Elles le sont très concrè-tement. En marge du service d’urgence d’un hôpital de notre pays, des euthanasies au curare ont été révélées au mois d’août dernier. Les victimes étaient des personnes âgées fragiles. Selon toute vraisemblance, un médecin en difficulté person-nelle a dérapé. Gravement,

faut-il le souligner, car la vie de toute personne humaine est respectable, quels que soient son âge et son état de santé.

En sommes-nous persua-dés ? Toute notre société en est-elle VRAIMENT persuadée ?

On peut malheureuse-ment en douter en constatant la façon dont le médecin en question a été soutenu et celle dont les victimes de ses trans-gressions ont été occultées.

Il a même été organisé une manifestation dans l’hô-pital où s’étaient déroulés ces drames, une manifestation de soignants pour soutenir leur collègue qui avait injecté un poison mortel à ses patients.

Heureusement, c’est une pratique marginale. La plupart des professionnels de la santé ont à cœur de prendre soin des personnes âgées qui leur

sont confiées. Mais l’alerte est sérieuse. Elle a révélé que, dans certaines mentalités, la vie, passé un certain âge, n’a plus de réelle valeur.

Faudrait-il considérer que certains de nos concitoyens auraient finalement « fait leur temps » ?

Cet état d’esprit risque de se répandre si les personnes du grand âge continuent d’être marginalisées.

Jaques Attali a carrément pronostiqué cette évolution, dès 1981, d’une façon qui nous choque énormément. Il considère même que, quelle que soit la couleur politique de la société à venir, l’eutha-nasie des personnes âgées est inéluctable. Je cite un extrait de son propos :

« Dès qu'on dépasse 60-65 ans,  l'homme  vit  plus  long-

temps  qu'il  ne  produit  et  il coûte alors cher à la société… L'euthanasie  sera  l’un  des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures.

(Je continue la citation de Jacques Attali)- La logique socialiste, c’est la liberté et la liberté fondamen-tale, c'est le suicide ; en consé-quence,  le  droit  au  suicide direct ou indirect est donc une valeur absolue…- Dans une société capitaliste, des machines à tuer, […] qui permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insuppor-table,  ou  économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. »

Oui, chers amis, voilà ce qu’écrivait il n’y a pas si long-temps l’un des intellectuels les plus en pointe de notre temps, et dont je note qu’il a aujourd’hui dépassé cette prétendue limite qu’il s’était permis de fixer pour définir l’utilité d’un être humain…

Pouvons-nous accepter cette logique, sachant d’ail-leurs qu’elle nous menacerait tous, dans la mesure où chacun est en droit d’espérer atteindre le grand âge ?

Il s’agit de ne pas se voiler la face : si l’accroissement de l’espérance de vie est une bonne nouvelle, d’autant que l’on vieillit de mieux en mieux, en restant autonome de plus en plus longtemps… c’est aussi un défi difficile pour les familles, les soignants, les institutions d’accueil, et toute la société.

C’est justement pour cela

ConTre L'eUTHAnASIe

Les 9 et 10 décembre dernier, dans plus de 60 villes de France, des groupes de 10 à 40 personnes ont occupé quelques lieux symboliques avec une petite scénographie mettant en scène deux candidats à la prochaine élection présidentielle, un grand discours au porte-voix, la distribution de milliers de guides, et en faisant remplir un questionnaire à un public qui n'hésitait pas à passer 20 à 30 minutes pour discuter du sujet du jour : le manque de solidarité de notre société avec ses « vieux » et la question encore plus grave de l'euthanasie… Pour ceux de nos lecteurs qui auraient manqué l'événement, nous publions ci-dessous le discours prononcé.

Un combat intergénérationnel

Marseille.

D.R.

Page 7: Les « chaînes intergénérationnelles

qu’il faut se rassembler et agir plutôt que de sombrer dans la fatalité.

Ensemble, aujourd’hui nous voulons alerter tous les candidats aux élections prési-dentielles et législatives en faveur d’un choix de société qui n’exclue personne de la vie.

Cela passe par trois prio-rités.

Premièrement : le refus de toute loi qui légitimerait l’euthanasie dans notre pays. Les personnes âgées seraient les premières visées. Au nom de ce qu’on présente comme une liberté, ce sont elles qui seront poussées vers la sortie.

Dans les rares pays qui ont déjà légalisé cette pra tique, que se passe-t-il en effet ? Déjà, on commence à euthanasier en Hollande des personnes atteintes de mala-die d’Alzheimer. Une nouvelle proposition de loi a été dépo-sée qui propose de permettre l’euthanasie de toute personne qui le demande, dès 70 ans sans autre motif que cet âge ! Comment, dans ces condi-tions prétendre lutter contre la désespérance et le suicide qui touche particulièrement les personnes âgées isolées ?

Un NON ferme à l’eutha-nasie, c’est donc notre première priorité. Et nous demandons avec force à tous les candidats de ne pas engager la France sur cette pente dangereuse.

Ensuite, nous réclamons une loi pour organiser et financer la prise en charge de la dépendance. Cette loi

était prévue et promise en cette année 2011 dédiée à la dépendance. Et voilà que, face à la crise financière, l’actuel gouvernement semble l’avoir oubliée. Or, c’est justement les temps de crise qui aboutis-sent à menacer les personnes les plus vulnérables. Nous demandons donc au président de la République de remettre à l’ordre du jour le projet de loi sur la dépendance qui doit permettre à la France d’ab-sorber, de façon courageuse et créative, le « papy-boom » qui s’annonce, sans que les personnes les plus fragiles en fassent les frais.

Cette loi sur la dépendance est notre deu xième priorité. Et nous demandons avec force au président de la République d’y engager la France, sans plus tarder.

Enfin, et c’est notre troi-sième attente : nous voulons promouvoir une culture qui donne aux personnes âgées toute leur place au cœur de la société.

Cette culture passe par une affirmation solennelle : toute personne reste toujours digne d’être soignée et d’être aimée.

Nous proposons de sortir de la logique misérabiliste dans laquelle on perçoit encore le grand âge et la dépendance. Il faut rendre les personnes âgées accessibles aux autres généra-tions. Il faut reconnaître leur utilité, tout ce qu’elles appor-tent dans une société trépi-dante où tout va vite. Avec elles, on prend le temps de « faire mémoire », de se rencon-trer et de s’écouter. Ceux qui en ont l’expérience savent que les personnes les plus dépen-dantes révèlent à leur façon, souvent par surprise, ce qui fait la valeur de l’humanité : je veux parler de la solidarité du cœur. Sans cette précieuse solida-rité, le mot fraternité, inscrit au fronton de notre République perd tout son sens.

On parle beaucoup de dis cri minations aujourd’hui… Eh bien, nous militons pour que cesse la terrible discrimi-nation qui tend à tenir de nombreuses personnes âgées à l’écart de la vie.

Pour mettre en œuvre cette troisième priorité, nous demandons notamment que soient favorisées :- toutes les initiatives qui

« incluent » les personnes âgées, notamment dans le domaine intergénérationnel ;- les structures de répit qui permettent de « souffler » aux aidants de proximité agissant à domicile.

Nous demandons aussi que les maisons de retraite aient les moyens de s’ouvrir sur l’extérieur, et notamment vers les familles des personnes accueillies.

Nous demandons enfin que les réseaux d’entraide et de soins soient encouragés et soutenus avec davantage de souplesse.

En cette journée mondiale des Droits de l’Homme, nous voulons ainsi partager notre conviction que nous avons tous besoin des personnes âgées jusqu’au terme de leur vie car elles humanisent notre société par leur seule présence.

Et c’est la raison pour laquelle nous voulons achever ce discours en leur disant en notre nom à tous : MERCI ! n

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 7

Un combat intergénérationnel

Antony.

Au cours de ces « happenings », plus de 1 000 entretiens ont été réalisés sur le thème de « la solidarité avec les personnes âgées ». Nous essayerons d'en rendre compte prochainement.

D.R.

Page 8: Les « chaînes intergénérationnelles

ACTUALITÉ

8 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Da n s le premier tiers des provinces égyptiennes ( le Caire, Alexandrie) où les élections

législatives avaient lieu le 28 novembre, on a vu s’opposer ouvertement pour la première fois dans les urnes différents partis politiques se réclamant de l’islam, principalement le parti de la Justice et de la Li berté (PJL), qui a obtenu 37% des voix, et le parti de la Lumière, en seconde position avec 24% des voix, devançant les partis dits laïques comme le Bloc égyptien libéral avec 13 %.

Le PJL est connu pour avoir déjà obtenu des succès lors des dernières élections « libres ». Il relève du Mouvement des Frères musulmans, créé en 1928 en Égypte pour conqué-rir le pouvoir politique par tous les moyens, y compris légaux. La surprise ne vient donc pas de ce côté mais de l’entrée en lice d’autres partis constitués de musulmans qui jusque-là refusaient cette voie et qui accordaient la priorité à l’action religieuse et sociale. Ces mouvements que l’on appellera piétistes ou quié-tistes prônaient la réforme intérieure et morale. Leur entrée en politique est donc

proprement révolutionnaire et n’a de comparable que le choix des fondamentalistes évangéliques américains de franchir ce même pas dans les années 70 alors qu’aupa-ravant ils s’abstenaient. On est ainsi passé d’une attitude de repli communautaire à un engagement militant.

C’est pourquoi ces « sala-fistes » préexistaient aux Frères musulmans. Ce sont ces derniers qui sont sortis de la matrice religieuse sala-fiste et non les salafistes qui seraient des Frères dissidents radicalisés. Le salafisme est un mouvement de retour aux « sources », à la tradition des

premiers califes, au Coran et à la Sunna, à l’exception de toute croyance ultérieure ou culte ou rite postérieur. Apparu en Égypte vers la fin du XIXe siècle, il passait alors pour « réformateur » rejetant l’imitation pratiquée par l’is-lam conservateur sous l’au-torité de l’université Al-Ahzar

et surtout par l’imposition du code turc hanafite, souvent en contradiction avec les écoles juridiques les plus répandues parmi les Arabes avant les Ottomans. Autre malentendu à éviter ici : l’islam politique égyptien tel qu’il s’exprime n’est donc pas copié sur le modèle turc, qui est un islam

étroitement soumis à l’État. Ni les Frères ni les salafistes n’ont un tel modèle en tête. Pas plus que l’idée de faire d’Al-Ahzar une sorte d’académie juri-dique de l’Oumma islamique, comme l’avait espéré un jour un ministre français de l’Inté-rieur nommé Nicolas Sarkozy.

Autant de situations contrastées : contrairement à la Tunisie où les salafistes sont infiltrés à l’intérieur du grand parti de synthèse Ennahda, contrairement au Maroc où ils n’ont pas été autorisés à présenter de candidats (ce qui explique le faible score rela-tif du parti musulman de la Justice et du Développement qui l’a emporté avec seulement 20% des suffrages avec une participation de 45 % contre plus de 60 % en Égypte ; au total l’islamisme politique marocain avéré atteint vrai-semblablement les 40% soit le double du résultat du PJD), en Égypte les deux tendances ont été autorisées à s’affronter électoralement dans la confu-sion certes, mais aussi dans la transparence. Les Frères, comme on l’a vu dans les dernières manifestations de la place Tahrir, ne souhaitent pas de conflit avec le « régu-lateur » militaire ; les sala-fistes, au contraire (comme au Maroc les Al-Adl wal-Ihsan au sein du mouvement jeune du 20 février), étaient dans les rues pour réclamer une totale liberté. C’est aujourd’hui ce qui les différencie. Pas les fondements religieux, mais le mode d’expression politique. n

rÉvoLUTIon ArAbe

(

Le débat inter-islamique est public. Mieux : il est démocratique. C’est une grande première que nous offre l’Égypte, une vraie révolution politique.

Les vrais musulmans

On est ainsi passé d'une attitude de repli communautaire à un engagement militant

par Yves LA MARCK

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FRANCECatholique n°3286­16­décembre 2011­9

AEDL’Aide à l’Église en Détresse (AED) a été élevée au rang de Fondation de droit pontifical par le pape Benoît XVI. Le siège de la fondation est au Vatican. Le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la congrégation pour le Clergé, a été nommé par le Pape président de la Fondation. Il a à son tour nommé Johannes Heereman von Zuydtwyck président du conseil exé­cutif de la nouvelle fondation.

(AED 07/12/2011)

irAk

Vendredi 2 décembre 2011, des terroristes ont at taqué des commerces et des maisons de chrétiens dans plusieurs villes du Kurdistan irakien : Zakho, Chioz et Sumeal dans la région de Dohuk proche de la frontière turque. Cette région est pourtant réputée pour garantir et assurer la sécurité des chrétiens. Le bilan pro­visoire est de 30 blessés et les pertes écono miques sont considérables.Les patriarches catholiques d'Orient ont annoncé leur intention de tenir leur assemblée annuelle de 2013 en Irak.

(AsiaNews 03/12/2011)

SiDA

Au Malawi, l’Œuvre pontificale de l’Enfance missionnaire lance 42 nouveaux projets en faveur des enfants malades du sida et des enfants orphelins à cause du sida : des maisons d'accueil pour les orphelins et les enfants des rues, des écoles et des centres médicaux dans tout le pays. Les centres médicaux et d'accueil se trouvent parfois dans les églises, voire dans la cathédrale à Chikawa.

(FIDES 03/12/2011).

BANGLADESH

Les minori tés du Bangladesh se réjouissent du vote par le Parlement d'une loi visant à leur restituer leurs terres spoliées par l'État depuis plus de quarante ans. Ces spoliations concernaient au premier chef les hindous (75% de leurs terres confisquées), mais également les

ethnies aborigènes, parmi lesquelles on compte des chrétiens.

(Église d'Asie 05/12/2011)

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BELGiQUE

L'Université Catholique de Louvain (UCL), a décidé de devenir l'Université de Lou vain. Mgr Léonard, archevêque de Bruxelles­Namur, va perdre la présidence de l'université au profit d'un laïc. Il ne gardera qu'un titre honorifique. La KUL, université catholique flamande de Louvain, devrait prendre la même direction.

ÉGYPTE

La communauté copte est partagée entre optimisme et peur devant l'apparition d'un État démocratique. Peur qui s'est accentuée devant les résultats des parti islamistes lors des premiers scrutins : ils ont obtenu 65% des voix dont 24% pour les salafistes (cf article d'Y. La Marck en p. 8). Ces derniers « ont démontré leur violence vis­à­vis des coptes depuis le début de l’année » selon Christine Chaillot, écrivain spécialiste des chrétiens du Moyen­Orient. (Atlantico 05/1/2011).

Premièrede«Golgotapicnic»àParis

On peut regretterdefaireunetellepublicitéàunspectacle«caricatural»selonlesmotsdeMgrVingt-Trois,archevêquedeParisetmême«ridiculeetprétentieux»pour le Parisien. D'autant que les opposants ont beau jeu d'amalgamer toutes

lespositionsetdeseposerendéfenseursdelalibertéd'expressiondevantdeschrétiensquipourtantn'endemandentpasplusqu'eux,sicen'estunpeuderespectetdecom-préhension.Dèslors,commentréagiràlaprovocationsansrentrersoi-mêmedanslejeudel'adversaire ?Silaréponsen'estpastoutetrouvée,cellequifutesquisséelesoirdu8décembreàParisfutexemplaire.

Entre18het19hpournepasentrerencontactetenconflitaveclesspectateursdelapièce,quelquescentainesde«chrétiensordinaires» se sont rassemblésà la stationChamps-Élysées-Clemenceauporteursdefleursblanches.Ceuxquin'enavaientpasame-népouvaientlesachetersurplaceauprofitdeschrétiensd'Orient.Lecortèges'estensuiterenduàcôtéduthéâtredansleplusgrandsilenceetuncalmeremarquableàlasuited'unegrandeimagedusuairedeTurin.ilétaitencadréparuncordonpolicierimpressionnant.Là,lesorganisateurs,leCollectif Culture et foi : et si on se respectait ?,arassemblélesfleurspourlesdéposerdevantlethéâtreoùsetenaientdesreprésentantsdumondeduspectacleetdelaLiguedesdroitsdel'hommevenussoutenirlapièce.Unedélégationdumêmecollectifàlaquelles'estjointl'acteurMichaëlLonsdaleaégalementeul'occasiondes'entreteniravecledirecteurduthéâtre,Jean-Michelribesetaobtenusonaccordpourunediscussionautourdelapièceavectousceuxquilesouhaitaient.

La soirée s'estpoursuiviedans lacathédraleNotre-DamedeParis, à l'invitationdel'archevêque,pouruneveilléedeméditationetdeprière.Unecathédralearchi-comble,plusde7000fidèlesselonl'évêchédansetautourdel'édifice.Unefouledetousâgesquiaécoutél'évangileduVendrediSaint(enpleintempsdel'Avent)dansungrandrecueille-ment.UnepartieapuvénérerlesreliquesdelaPassion.

AvantcelaelleavaitpuentendreunetrèsbellehomélieducardinalVingt-Troisquin'ajamaisnommélespectaclemaisalivréuneréflexionsurlesoutragesportésauChristdepuis2000ans.ilarappeléenconclusionque«l'injureneblessepasseulementleChrist,elledévoilelecœurdeceluiquil'injurie.L'offensen'offensepasseulementleChrist,elledévoile ledésespoirdeceluiquin'apaspuaccueillir laparoled'amour.Lahainen'estpasseulementunpéché,c'estlafacesombredel'amourquenousnesavonspasvivre».àméditer. GrégoireCOUSTENOBLE

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IDÉES

10 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

par Gérard LECLERC

On p ourr a i t dire que le « construc tivisme » réfute la démonstration ancienne du déni de la chair inhérent à une tradition qui, dès l'aube

du christianisme, s'est signalée par la valorisation du « renoncement ». (Peter Brown, Le renoncement à la chair, Gallimard, 1995) C'est qu'entre-temps nous avons assisté à une mutation radicale de l'anti-christianisme qui a modifié complètement l'arsenal de ses justifications et sa philosophie même. Cette métamorphose impose un sur-croît de réflexion anthropologique, qui peut s'avérer d'ailleurs précieux, s'il permet de mieux comprendre la per-ception biblique de l'homme et de la femme, en évitant les pièges que l'ad-

versaire vous tend, afin de caricaturer, par exemple, un « essentialisme » ou un « naturalisme » auxquels s'oppose une perception beaucoup plus fine de la réalité existentielle en cause.

Pour mémoire, on rappellera sim-plement qu'il y avait un énorme para-doxe à accuser le christianisme de mépriser le corps, parce que, précisé-ment, il l'avait exalté avec la doctrine de l'Incarnation. Saint Jean dit bien : « Et Verbum caro factum est » : Et le Verbe s'est fait chair. Le réalisme de l'expression renvoie à toute la concep-tion biblique qui ignore le dualisme de l'âme et du corps. Ce dualisme que l'on trouve dans l'hellénisme, singulière-ment chez Platon, et qui resurgira plus tard avec Descartes au XVIIe siècle.

Bien sûr, on a opposé à cela un cer-tain puritanisme, voire un jansénisme qui ont incontestablement donné une orientation pessimiste à la sexualité et même à la condition corporelle. Ce sont, néanmoins, des déviations par rapport à l'inspiration axiale du chris-tianisme. Lorsque je me suis intéressé à ce type de difficulté il y a une quin-zaine d'années, j'ai pu citer l'opinion d'un Michel Foucault, peu suspect de complaisance à l'égard de la morale chrétienne, à propos de l'erreur fonda-mentale qui consiste à opposer pensée antique et pensée chrétienne en ce qui concerne la régulation des mœurs.

Ce qui me permet une précision bien utile. La réflexion théologique avec les conséquences morales, voire ascétiques qu'elle développe, a tou-jours été forcément en relation avec les philosophies et les sagesses qui lui étaient contemporaines. C'est ainsi qu'on a pu rapprocher les préceptes moraux du premier christianisme des conceptions développées par l'école stoïcienne. Ce n'est pas faux en soi. La pensée des Pères est imprégnée d'inf luences néo-platoniciennes et même aristotéliciennes. Il peut y avoir des affinités avec le stoïcisme. Et même plus encore. Comment s'en étonner, pour peu que l'on se sou-vienne que, dès le départ, les chré-tiens se réclament d'une morale com-mune, justifiée par une raison droite et une connaissance approfondie de la nature humaine ? Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas une « différence » de sensibilité morale, en lien avec l'es-prit évangélique et la loi de perfection qu'appelle la ressemblance divine. à certains égards, il est même possible que « l'éthos évangélique » produise une perception nouvelle, notamment du rapport à l'autre et de la distance éthique que requiert un respect supé-

anthrOpOlOgIE chrÉtIEnnE

Il y a un énorme paradoxe à accuser le christianisme de mépriser le corps(

Il faudrait savoir ! Les chrétiens ont-ils « la haine du corps », comme cela a été martelé pendant des décennies par toute une propagande ? Ou sont-ils d'affreux « naturalistes », comme le répètent à satiété les militants de la théorie du gender ? Cette contradiction béante est bien intéressante à analyser. La posture polémique peut varier ainsi, jusqu'à démontrer sa propre incohérence. Certes, les tenants des deux thèses appartiennent à deux époques différentes. Ils n'ont pas les mêmes références intellectuelles, leurs obsessions n'ont pas le même objet, ils n'ont en commun que l'adversaire qui reste le même, en dépit de la diversité des angles d'attaque. D'un côté, on s'en prend à une religion qui aurait la phobie de la chair, contre laquelle elle aurait multiplié les interdits. Saint Paul et saint Augustin sont alors dans le collimateur, désignés comme les coupables, à l'origine d'une véritable malédiction. Aujourd'hui, l'accusation s'inverse puisqu'on s'en prend à la distinction sexuelle, inscrite dans la corporéité, à laquelle les chrétiens sont fermement attachés, puisqu'il s'agit pour eux d'un don éminent du créateur.

ni naturalisme, ni constructivisme

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rieur. L'historien Paul Veyne a observé que la classe supérieure romaine, celle des milieux proches de l'autorité impé-riale, avait été attirée par le christia-nisme en vertu du raffinement moral qui était le sien.

On doit donc être particulièrement attentif à cette « différence chré-tienne » et aux modifications qu'elle apporte dans les comportements, et

aussi dans la perception de l'amour conjugal. J'ai noté que celui qui était encore l'abbé Joseph Ratzinger avait beaucoup insisté là-dessus, dans ses remarques sur la mise au point de la constitution Gaudium et Spes durant la dernière session du Concile. On doit se reporter à son livre écrit sur le moment, et où il a consigné ses impressions et ses réactions sur

le cours des discussions auxquelles il assistait et souvent participait. Sur ce sujet précis, il écrit quatre pages très suggestives, qui pourraient être au départ d'un réexamen de toute la théologie morale, et qui pourraient éclairer les problèmes actuels, non sans recourir à une complexifica-tion salutaire (Joseph Ratzinger, Mon Concile Vatican II, Artèges, 2011).

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ni naturalisme, ni constructivisme

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Je citerai un paragraphe entier qui fait plus que suggérer la difficulté de l'entreprise : « Le Nouveau Testament ne contient pas de morale détaillée, mais juste une série d'impératifs concrets, ainsi qu'une orientation nouvelle et capi-tale qui découle de l'antithèse entre loi et grâce. À l'égard des préceptes, c’est-à-dire du contenu de la morale, il en reste à des allusions, et la dualité entre loi et grâce met davantage en évidence les limites d'une pure morale qu'elle ne sert de point de départ à une présenta-tion d'ensemble de la morale. Cela pour-rait bien être l'une des causes principale du fait de la cristallisation de la forme concrète du Nouveau Testament dans le christianisme des origines s'est inspirée largement des modèles contemporains de la pensée morale, et en particulier de l'éthique stoïcienne. » Il y aurait lieu de commenter chacune des phrases de cette sorte d'exposé préliminaire, des-tiné à souligner les difficultés propres à la perception chrétienne de la morale, qui ne se conçoit pas sans l'éclairage complet de la théologie et même de son histoire. La simple allusion à la dualité entre loi et grâce pourrait renvoyer à la tâche constante de la théologie à pro-pos des relations entre la nature et la grâce. Relations conçues plutôt paisible-ment dans la tradition thomiste, encore qu'il y ait un considérable espace de débat dans les textes de saint Thomas et les commentaires de ses disciples. Relations plus tourmentées chez saint Augustin, et qui deviennent carrément tragiques avec l'interprétation de Luther et de la Réforme.

Au minimum, on reconnaîtra qu'il y a des naturalia, des éléments naturels qui peuvent se traduire en propositions philosophiques (ou philosophèmes). Le théologien ou le moraliste pourront s'en saisir afin de donner une base concrète à des développements doctrinaux où la vocation humaine sera envisagée dans son ensemble et du point de vue de la sanctification et des fins der-nières. Mais c'est encore plus compli-

qué que cela! La théologie n'est pas sans modifier la matière philosophique, à laquelle elle apporte une visée inté-rieure exigeante. Et dans le cas précis du mariage, force est de constater avec Joseph Ratzinger que les naturalia du stoïcisme sont complètement réinter-prétés dans le sens d'un personnalisme qui met plus en évidence les dimensions de l'existence et de la liberté. Cela va à l'encontre d'un certain naturalisme fixé sur la seule perspective biologique et reproductrice de l'espèce. La norme morale se réduisait alors à l'action « selon la nature », formule insatisfai-sante et piège dont il faut se sortir.

La rédaction que choisirent les concepteurs de Gaudium et Spes s'éloi-gnait résolument du naturalisme stoï-ciste pour adopter la problématisation personnaliste. Mais celle-ci se devait de prendre garde, à son tour, de ne pas négliger la dimension sociale du mariage, que rappelaient alors fer-mement les évêques africains. C'est qu'entre naturalisme et individualisme, il y a tout l'espace où se déploient l'instance de la conscience, l'interpella-tion de la parole de Dieu et tout le dis-cours d'une Église attentive à sa tradi-tion et à son expérience. « Ce n'est pas la même chose de se demander si l'agir d'un individu correspond à la catégorie du naturel, ou bien s'il correspond à sa responsabilité devant les hommes avec lesquels la communauté matrimoniale entre en rapport, si elle se montre res-ponsable face à la parole d'un Dieu personnel qui a donné comme modèle à l'amour des époux la perfection de son amour, perfection révélée dans celui du Christ pour l'Église (cf. éphé-siens 5,25 33). ».

Dans la querelle actuelle à propos du gender, on peut aussi se rendre compte que la théologie ne saurait correspondre au naturalisme étroit qu'on lui reproche, pas plus d'ailleurs qu'au constructivisme débridé qu'on lui oppose. Mais ce pour-rait bien être le signe de l'effort intense de problématisation anthropologique

qui s'impose et qui trouve ses points d'appui dans un immense réservoir doctrinal, à commencer par la Bible, et à poursuivre dans le long et large fleuve de la littérature chrétienne. Sans compter que la confrontation avec tous les autres courants en philosophie et en sciences humaines peut se révéler extrêmement féconde.

Je me suis rendu compte que j'avais commencé le travail il y a une quin-zaine d'années en rédigeant mon essai Pourquoi veut-on tuer l'église ? (Fayard, 1996). C'est en prenant la mesure des objections que l'on avait adressées à l'encyclique de Jean-Paul II sur la morale (Veritatis Splendor, 1993), que je me suis avisé de l'urgence d'une investi-gation exhaustive qui prenait en compte toute la richesse de ce qu'on appelle communément « la nature humaine ». La réponse aux multiples objections et attaques — pas aimables du tout — qui pleuvaient sur le texte du pape exigeait une ouverture au contexte sans lequel il n'était pas vraiment intelligible. Aussi m'apparaissait-il que la plupart des contradicteurs ne savaient absolument rien du parcours propre à l'universitaire Karol Wojtyla, qui avait enseigné la théologie morale à l'université de Lublin après qu'il avait sérieusement confronté l'héritage de saint Thomas à la phéno-ménologie de ce disciple très particulier d'Husserl qu'était Max Scheler. à igno-rer cela, lesdits contradicteurs se trou-vaient dans l'incapacité de comprendre en quoi les prescriptions normatives ne s'imposaient pas comme des oukazes arbitraires mais s'expliquaient par le vœu profond d'une humanité en attente de son accomplissement intégral.

Mais qu'est-ce que cette humanité qui nous constitue, comment peut-elle se définir ? C'est là que nous retrouvons la querelle dont nous sommes partis. Le naturalisme dont le christianisme est accusé se rapporte à notre constitu-tion biologique, et plus exactement au corps sexué qui nous échoit et dont la notion est qualitativement supérieure à toute définition scientifique, que ce soit par la génétique ou par l'anatomie. « Le corps humain est une pensée plus sur-prenante que l'âme de naguère », disait

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« Le corps humain est une pensée plus surprenante que l'âme de naguère »(

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Nietzsche. Il est plusieurs façons d'en rendre compte, la première étant peut-être celle de la poésie parce qu'elle cor-respond à notre perception spontanée, qui a peu à voir avec une description physiologique. Ce que nous percevons est une forme en mouvement, une sil-houette qui se déplace dans l'espace, avec grâce ou maladresse. Le corps est une présence habitée. Lisez à ce pro-pos Alexis Jenni, le dernier Goncourt ; ses évocations valent parfois plus que la meilleure description phénoméno-logique : « Il convient par politesse de préférer l'être à la forme, mais l'être ne se voit pas, sinon par le corps. Son corps me réjouissait l'âme par voie anagogique et je désirais ardemment la peindre, car ce serait la montrer, la désigner, affirmer sa présence et ainsi la rejoindre » (L'art français de la guerre, Gallimard, 2011). Je n'insiste pas plus sur cette première esquisse.

Je retrouverai la phénoménologie, dont je ne médis pas, pour compléter la perception poétique car, avec Michel Henry, il me semble qu'il y aurait un intérêt majeur à se mettre à l'école de cette phénoménologie de la chair pour rendre à celle-ci sa dignité ontologique et son véritable statut. Les réquisitoires contre le naturalisme biologique se heurtent, en effet, à cette éminente dignité, à ce caractère personnel, à cette qualité de sujet qui nous éloignent de l'objectivité brutale d'une extériorité physique qui soumettrait notre liberté et notre affectivité. Refuser notre corps sexué, ce n'est pas refuser une déter-mination physique imposée par une nature impérieuse ou tyrannique, c'est se refuser soi-même dans son incarna-tion personnelle. Ce serait donc un déni de soi-même dont les conséquences s'avèrent ruineuses et suicidaires. La haine du corps conduit à sa réduction à un artefact dont on peut user à volonté. C'est dans cette ligne que se détache le mythe du cyborg. C'est-à-dire d'un être de plus en plus artificialisé.

Je me souviens avoir écrit un article où j'opposais la pensée de Michel Henry à la barbarie biologique manipulatrice. Il m'avait envoyé un mot de remercie-ment, où il paraissait toutefois éton-

né de ce rapprochement qu'il n'avait pas envisagé spontanément. Pourtant, c'était bien dans la ligne de ce qu'il avait lui-même dénoncé dans son bref essai La barbarie. Il est vrai qu'alors, il envisageait plutôt les dégâts dans l'ordre de la culture et celui des arts. Mais c'est bien aujourd'hui cette chair qu'il a magnifiquement mise en évi-dence qui se trouve en péril extrême.

Je pourrais prolonger cet aperçu philosophique par d'autres incursions. Ainsi, me suis-je laissé aller à relire Pierre Boutang sur La Fontaine et Descartes, Vico et Bossuet, et j'aurais pu en tirer un développement sur les dommages causés par « ce mortel dont on eût fait un Dieu chez les païens ». Mais j'y renonce, cela entraînerait trop loin au risque de faire perdre, un peu, le but de ma démarche. J'en retiens pourtant l'unité plénière de l'homme dans une constitution dont il ne faut rien retrancher et dont il faut se gar-der de séparer le corps, l'âme et l'es-prit, qui « fonctionnent » ensemble. Tout schisme anthropologique se paiera d'une désintégration à l'infini.

Je n'en poursuis pas moins mon chemin, en reprenant la question de la différence sexuelle. Celle-ci est bien

inscrite dans la chair, mais elle ne s'offre pas comme une simple détermination biologique. Elle perdrait sa signification et sa saveur à s'enfermer dans un natu-ralisme qui la priverait de son caractère proprement humain, celui qui s'intègre à l'existence et à la liberté de la per-sonne. S'engager dans cette direction, c'est refuser de se laisser enfermer dans le dilemme ruineux qui oppose natura-lisme à constructivisme, même s'il y a une vérité dans chacun de ces termes. La vérité du naturalisme, c'est que nous recevons de naissance un corps sexué, masculin ou féminin. C'est une don-née manifeste, incontournable, inex-pugnable. La vérité du constructivisme, c'est que nous nous construisons nous-mêmes, nous élaborons notre person-nalité à travers le temps, responsables que nous sommes de la conduite de nos vies. Cela implique la façon dont nous habitons notre corps ou vivons en notre chair. L'opposition frontale du donné et du construit peut avoir quelques avantages spéculatifs, mais sa radi-calisation conduit à l'impasse et sur-tout à l'erreur sur nous-mêmes. Si l'on observe phénoménologiquement notre mode d'existence proprement humaine, on s'aperçoit que nous ne sommes ni

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fixés dans une « nature », ni détachés de notre incarnation par notre liberté. L'existence réfléchie et libre suppose d'assumer cette incarnation qui n'est ni tyrannique, ni arbitraire, afin qu'elle serve à l'accomplissement plénier de la personne. De ce point de vue, nous retrouvons la différence personnaliste du christianisme, rappelée par Joseph Ratzinger, qui oblige à prendre ses dis-tances avec le physicisme stoïcien.

Je retrouve là les quelques lignes anthropologiques que j'avais esquis-sées dans un chapitre de Pourquoi veut-on tuer l'église ? Je m'étais efforcé de montrer que l'obstination de Sartre et de Beauvoir à opposer le « pour soi » et « l'en soi » aboutissait à une véri-table phobie de l'incarnation biologique, très sensible dans Le deuxième sexe, avec l'aveu d'une répulsion à l'égard de la féminité et de la maternité. Déjà, en réaction contre cette phobie, une tendance, naturaliste sans complexes se dessinait, par exemple du côté de l'écologie profonde, avec l'exaltation d'une nature féminine plus proche de la nature maternante et en oppo-sition avec une virilité prédatrice de cette même nature. J'avais creusé plus encore cette thématique dans L'amour en morceaux ? En opposant à Sartre et Beauvoir la philosophie de leur ancien complice, Maurice Merleau-Ponty. « L'existence n'est jamais nue » affir-mait l'auteur de Phénoménologie de la perception, qui rétablissait ainsi l'inté-grité de la personne, corps et âme.

C'est donc bien l'exigence anthro-pologique qui conduit à récuser l'op-position arbitraire de l'incarnation et de la liberté. Il y a une structure métaphysique du corps, disait encore Merleau-Ponty, qui le constitue à la fois « objet pour autrui et sujet pour moi ». Oui, mais il faut aller plus loin encore, en découvrant que l’extériorité du corps d'autrui est aussi un piège. On ne peut abstraire l'expression du corps de sa signification éthique, qui résulte à la fois du sens qu'il recèle au-delà

de la biologie et de « l'injonction » qu'il manifeste de la part d'autrui (Lévinas).

On perçoit peut-être à quel point l’incarnation humaine se distingue pro-fondément du code biologique animal. Cette distinction ne doit pas aboutir à éluder la corporéité, à la manière d'un Jean-Jacques Rousseau dans un texte souvent commenté par Luc Ferry. La différence ontologique entre l'homme et l'animal est sans aucun doute mani-feste dans le fait que le premier n'est pas conduit par l'instinct comme l'est le second. Et il y a plus que de l'équivoque à utiliser, même de manière analogique, le terme de nature à propos de l'un et de l'autre. Non, l'homme n'accomplit pas sa nature comme l'animal accomplit la sienne. Toujours l'équivoque stoïcienne !

Pour autant, il est absurde de ne pas envisager l'incarnation comme une dimension fondamentale de l'existence humaine et essentielle à l'exercice d'une liberté réfléchie. Ce n'est pas vrai qu'on peut faire n'importe quoi avec son corps. Un corps qui est non seule-ment « une pensée surprenante » mais un complexe d'exigences éthiques par-ticulières. Il y a là la matière de tout un traité philosophique qui met en cause le système kantien avec le rapport au sen-sible. La philosophie du corps de Claude Bruaire (Le Seuil) est-elle encore dis-ponible ? C'est, en tout cas, un essai que je recom mande à ceux qui veulent approfondir cet aspect du problème. Il n'est pas possible pour l'homme de penser sans son corps et le langage lui-même est le signe du lien irrécusable de l'intelligible et du sensible.

Il est une autre approche métaphy-sique du problème, qui renvoie à saint Thomas d'Aquin. Sartre, en effet, n'est pas le premier à avoir décrété la pri-mauté de l'existence par rapport à l'es-sence. Oui, le propre de l'homme c'est sa liberté qui prend, en quelque sorte, possession de sa « nature » pour la sur-déterminer. Nous ne sommes pas des êtres naturels, nous naissons à notre propre existence grâce à la liberté. Dans

cette perspective, nous sommes des personnes, des sujets que la nature n'a pas faits et qui n'en sont même pas des émergences. Je ne puis que reprendre ici ce que j'exprimais déjà il y a quinze ans : « C'est parce que l'homme convoque sa masculinité qui fait sens pour lui, et que la femme convoque sa féminité qui fait sens pour elle, que l'un et l'autre peuvent dire Je et Toi dans une rela-tion d'intimité et d'amour. Saint Thomas explique quelque part dans la Somme théologique que, si la femme a été tirée de la côte de l'homme c'est parce que Dieu a voulu la faire surgir de l'intimité même, là où le corps du Christ a été percé par la lance du soldat et où a jailli la source d'eau vive et de salut. Dès le départ, la relation de l'homme et de la femme est une relation éthique. Et si celle-ci se formule dans le langage des corps, c'est que ceux-ci constituent la médiation nécessaire et non insuppor-table de l'échange. »

Encore une fois, la primauté de la liberté n'implique pas le rejet de l'in-carnation du sujet, et son assomption qui s'accomplit à travers une matura-tion psychologique et physique. C'est la vérité pervertie d'un constructivisme qui a bien raison d'affirmer que l'homme se construit. Mais il ne peut le faire qu'en assumant sa propre constitution et non en adoptant à son égard une sorte de rejet névrotique extrêmement domma-geable. C'est vrai qu'il y a un véritable travail à accomplir sur soi-même pour parvenir à cette maturité qui est une sorte de conquête de soi. On le voit bien avec l'indétermination relative de l'ado-lescence qui est le moment clé de l'ap-propriation de l'identité sexuelle. Bien sûr, le langage de la philosophie ne sau-rait à lui seul circonscrire la difficulté et la complexité de cette démarche où se déploie la liberté. Mais on pressent à quel point elle peut s'enrichir en se gardant en même temps de la phobie de soi-même et d'une contrainte résignée. La phobie pourrait bien correspondre à l'attitude constructiviste qui se distingue par son refus de la corporéité. La rési-gnation se rapporterait plutôt à un natu-ralisme incapable d'accéder à l'aventure d'une existence libre et réfléchie. n

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Ce n'est pas vrai qu'on peut faire n'importe quoi avec son corps(

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solidarité

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 15

la Société de bienfaiSance fon-dée en 1980 au Liban sous la tutelle de l’évêché chaldéen a inauguré en juillet un centre médico-social Saint-Michel

pour les familles irakiennes réfugiées, chrétiennes mais aussi musulmanes. Un grand bâtiment de 450 m2 a été aménagé dans l’agglomération de Beyrouth, dans le secteur de Sed el Bauchrieh pour un budget de lan-cement de 1 120 000 dollars, dont

350 000 dollar s d’équipements médicaux. Il a été offert par la pro-vince italienne de Trente, outre un appui financier de la fondation du Patriarche Bidawid, d’un diocèse chaldéen des États-Unis, et d’un prince saoudien.

Comme le confirme l’évêque chaldéen de Beyrouth Mgr Michel Kassarji, il reste à créer des dépar-tements médicaux spécialisés et une salle polyvalente pour les activités pastorales et caritatives. On pré-voit des services d’ophtalmologie, de pédiatrie, de gynécologie, de phy-siothérapie et de chirurgie dentaire, ainsi qu’un centre de psychothérapie et d’aide sociale, et une salle IRM. Le financement de ce projet complé-mentaire a été évalué à 680 000 dol-lars.

Dans une zone défavorisée, le centre Saint-Michel doit prendre en charge à la fois des habitants dému-nis et des réfugiés irakiens qui ne

bénéficient d’aucune assurance médicale, en particulier les tra-vailleurs journaliers, les artisans, les chô-meurs, les retraités et les femmes au foyer et leurs enfants.

L’é q u i p e m é d i -cale est composée de médecins généralistes, pédiatres, gynécolo-gues, cardiologues, der-matologues, urologues, ophtalmologues, psy-chiatres, chirurgiens, radiologues et den-tistes, ainsi que d’une pharmacienne, avec l’aide d’une assistante sociale.

Les médecins sont bénévoles pour la plupart. Selon le ministère de la Santé du Liban, ce centre est consi-

déré désormais comme un des plus importants établissements médicaux du Liban, eu égard à la quasi-gratuité de ses services.

« Comme évêque chaldéen de Beyrouth, je suis au service des Irakiens chrétiens et musulmans, sans faire de distinction », déclare Mgr Kassarji, qui est autant le pas-teur des 10 000 chaldéens citoyens libanais que de… 50 000 réfugiés ! à la charnière des XXe et XXIe siècles, cet afflux de fugitifs remonte à la guerre du Golfe de 1990, et s’est dramatiquement accentué avec le déclenchement de la guerre en Irak en 2003. Les massacres de l’an der-nier dans l’église chaldéenne de Bagdad ont accéléré le phénomène : beaucoup de chrétiens irakiens ont vendu à bas prix leurs maisons sou-vent spacieuses, pour se réfugier au Liban où ils habitent à 15 personnes dans deux pièces, en payant un loyer surévalué de 600 dollars… Beaucoup cherchent en vain du travail. Certains quittent le Liban pour l’Amérique du Nord, l’Australie ou l’Europe, mais d’autres réfugiés arrivent… L’effort de solidarité de l’évêché chaldéen de Beyrouth reste nécessaire. n

Le diocèse chaldéende Beyrouth consacre un immense effort à l’aideaux réfugiés d’Irak.

ProCHE-oriENt

Un accueil fraternel au liban

Un des plus importants établissements médicaux du Liban )

par Denis LENSEL

Pour faire un don : Œuvre d’Orient – Code projet 11 E 0010 – CCP 346-52 W Paris, ou IBAN : FR 76 3000 4002 7400 0102 3633 258 – BIC : BNPAFRPPPXV(email : [email protected]) – Avec reçu fiscal, dons déduc-tibles de l’impôt sur le revenu pour 66% de leur montant.

Mgr Kassarji.

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Au quatrième dimanche de l’avent, l’église, qui nous a fait large­ment méditer sur le dernier retour du Christ, nous ramène à la considération de la première

venue du Messie, pour nous préparer à Noël. Et cette année, elle nous fait entendre le lumineux récit de l’annonce faite à Marie en saint Luc. Occasion pour nous de relire une fois encore ce texte que nous croyons bien connaître et qui est d’une telle densité que nous n’en aurons jamais fait le tour. Saint Bernard avait coutume, chaque année, dans les derniers jours de l’Avent, de réunir spécialement ses frères pour leur commenter l’évangile Missus est (« l’ange fut envoyé… »). L’habitude s’en est main tenue dans les cloîtres bénédictins.

Arrêtons­nous à ce futur que l’ange emploie pour indiquer à Marie ce que Dieu attend d’elle : « voici que tu concevras et enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus ». Faut­il lui donner le sens d’un ordre, comme dans les commandements du Décalogue qui sont donnés au futur (« tu honoreras ton père et ta mère », « tu aimeras ton prochain comme toi­même ») ? Pas tout à fait, sans doute, car cette phrase explicite plutôt la première déclaration

faite à la jeune fille : « sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu ». En quoi a­t­elle trouvé grâce ? En cela que Dieu a un projet pour elle, une mission, une vocation. N’empêche qu’elle est donnée au futur, comme si l’adhésion de Marie était déjà présupposée. Où voir alors la liberté de Marie ?

Le consentement de l’intéressée est pourtant bien mis en valeur à la fin de ce passage. Elle a très sérieusement posé une question pour comprendre ce qu’elle a à faire : elle ne voit pas comment elle peut avoir un enfant, alors que son projet avec Joseph est de vivre comme un couple continent (on ne peut décidément interpréter autrement : « car je ne connais point d’homme », alors qu’elle est, nous dit­on, fiancée : connaître a ici le sens biblique de l’intimité conjugale, et le verbe au présent ne peut avoir qu’un sens : une intention qui engage l’avenir, sinon où serait la difficulté ?). Et quand elle a eu une réponse ­ et quelle réponse ! l’annonce d’une conception miraculeuse, virginale ­, elle a répondu à son tour et elle a déclaré : « qu’il me soit fait selon ta parole ! ».

Dans aucune des « annonciations » qui accompagnaient la naissance plus ou

moins miraculeuse de certains des héros de l’Ancien Testament (Isaac, Samson, etc.), pas plus que dans l’annonce faite à Zacharie père de Jean Baptiste, le consentement des intéressés n’est mis en valeur comme il l’est là. Dieu n’a pas pris Marie par surprise, il a trouvé le moyen de lui faire part de ses intentions, au moins pour l’essentiel, il lui a permis, sinon de tout comprendre, au moins d’entrevoir le merveilleux projet auquel elle était associée. Et elle a dit : « oui ! », un oui merveilleux qui ravit de joie les anges. Un oui sérieux et grave, qui ne se cache pas les surprises qui vont jalonner ce chemin inédit.

La liberté n’est pas ce qu’on croit souvent, une manière de se définir soi­même, sans référence à quoi que ce soit. Nous n’avons pas à inventer notre vocation ni à partir de zéro, nous sommes invités à répondre à une intention paternelle sur nous. Le fait que Dieu ait un projet antécédent nous assure que nous sommes déjà portés dans son amour, qu’il a déjà disposé en nous des dons qui ne s’épanouiront que si nous entrons volontairement dans le chemin qu’il nous indique. Nul ne peut répondre à notre place pourtant et c’est le sens de ce premier oui qui est déjà si beau. Mais cette adhésion n’est qu’un début : elle nous permet de grandir dans une collaboration de plus en plus consciente et volontaire avec l’amour qui nous enveloppe.

Marie nous a montré le chemin. Bonne semaine préparatoire à Noël ! n

Dimanche 18 décembrePremière Lecture : 2.Samuel 7.1-5, 8-12, 14, 16Psaume : 89.2-5, 27, 29Deuxième Lecture : Romains 16.25-27Évangile : Luc 1.26-38.

lectures

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4e semAine de l’AventFin de la semainepréparatoire à Noël par le Père Michel Gitton

L’annonce à Marie1. 26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, 27 auprès d’une vierge déjà promise en mariage à Joseph, un homme de la famille de David ; le nom de la vierge était Marie.28 L’ange vint à elle et lui dit : “Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.” 29 Marie était toute troublée de ces paroles et se demandait ce que voulait dire cette salutation.30 Mais l’ange lui dit : “Ne crains pas, Marie ! Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31 Tu vas être enceinte et tu mettras au monde un fils que tu appelleras du nom de Jésus. 32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, et c’est à lui que le Seigneur Dieu donnera le trône de David son père. 33 Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.”34 Marie dit à l’ange : “Comment cela se fera-t-il puisque je n’ai pas de relations avec un homme ?” 35 Mais l’ange lui répondit : “L’Esprit Saint viendra sur toi, la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.36 Sache que ta cousine Élisabeth a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse ; elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait ‘la stérile’. 37 Car rien n’est impossible à Dieu !”38 Marie dit alors : “Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon ta parole !” Et l’ange se retira d’auprès d’elle.

4e dimAnche de l’Avent (Année B)

par le Père Michel Gitton

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tu concevrasIVe dimanche de l'Avent[18 décembre]1. Jésus pour qui tout a été préparé de longue date (lecture du second livre de Samuel).➤ Adorons le « Désiré des collines éter­nelles ».

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FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 17

4e semAine de l’AventPoint spi : scrutons les Écritures pour voir toujours mieux les chemins inouïs par lesquels le seigneur est passé.2. Jésus gardé dans le silence de Dieu avant d’être manifesté aux hommes (lecture de la lettre de saint Paul aux Romains).➤ Adorons le Fils caché dans le sein du Père.Point spi : Pratiquons de tout notre cœur cette « obéissance de la foi ».3. Jésus qui se révèle d’abord à un cœur préparé (lecture de l’évangile selon saint Luc).➤ Adorons le Germe divin que Marie accueille.Point spi : répondons joyeusement à l’invitation que Dieu nous adresse.

Lundi : L’annonce faiteà Zacharie (Luc 1, 5-25)[19 décembre]1. Dieu qui mobilise tout l’appareil du culte et la solennité du cadre pour manifester un projet très « privé », ne concernant qu’une personne.➤ Adorons Jésus entouré des anges et des saints, qui se penche sur chacun de nous.Point spi : n’opposons pas le bien commun et l’attention aux personnes.2. Dieu qui répond à un désir ancien et presque oublié, Dieu qui « se souvient » de toutes nos attentes.➤ Adorons Jésus qui se souvient, qui n’a pas oublié, qui vient essuyer nos larmes.Point spi : ne laissons pas attendre ceux qui comptent sur nous, ne les oublions pas.3. Dieu qui accepte nos questions, mais ne laisse pas l’incrédulité impunie.➤ Adorons Jésus navré du manque de foi de ses apôtres.Point spi : ne laissons pas le doute enta- mer la clarté de la confiance en Dieu.

Mardi : L’annonce faite à Marie (Luc 1, 26-38) [20 décembre]1. Dieu qui dépasse toutes les annonces antérieures et fait bénéficier Marie d’un don incommensurable par rapport aux précédents.➤ Adorons Jésus, l’Unique, celui qui dépasse toute attente.Point spi : ne ramenons jamais le seigneur à nos mesures, ne le faisons pas entrer dans nos catégories humaines.

2. Dieu qui s’ajuste souverainement à la personne de Marie, et qui, devant la perfection qu’il rencontre, se donne parfaitement.➤ Adorons Jésus, maître du ballet, qui s’insère avec beaucoup de grâce dans la danse.Point spi : soignons notre réponse, que notre Fiat soit heureux.3. Dieu qui réalise ce qu’il dit dans l’instant même de l’adhésion par la liberté humaine.➤ Adorons le Dieu qui dit et cela arrive. Fiat lux !Point spi : Croyons à la grâce qui nous est faite dans les sacrements.

Mercredi : La Visitation(Luc 1, 39-45) [21 décembre]1. Jésus qui provoque en Marie la démarche de visiter élizabeth, Jésus qui suscite tout de suite un débordement de générosité.➤ Adorons la surabondance du Cœur du Christ qui rejaillit sur sa servante.Point spi : Prenons la route sans retard pour aider ceux qui doivent l’être.2. Jésus qui fait frémir Jean Baptiste, qui lui inspire ce premier mouvement de joie à l’approche de l’époux.➤ Adorons l’époux qui émeut celle qu’Il aime, qui remue le cœur de son Peuple.Point spi : Aimons prier longuement devant le saint sacrement.3. Jésus qui fait chanter élizabeth (et Marie), qui inspire aux deux mères des paroles de salutation, d’exultation et de louange.➤ Adorons le Maître de Chœur qui nous entraîne dans son chant.Point spi : Adorons le Dieu qui éveille en nos cœurs la louange.

Jeudi : Le Magnificat(Luc 1, 46-56) [22 décembre]1. Dieu qui se laisse magnifier (= gran­dir) par la prière de Marie, Dieu qui trouve sa gloire en nous.➤ Adorons le Seigneur qui nous ouvre le secret de Son être et de Ses desseins.Point spi : sachons passer de la demande à la louange, de la louange à l’adoration.2. Dieu qui se laisse rejoindre par l’expérience personnelle de Marie, « le Très­Haut fit pour moi des merveilles ».➤ Adorons Jésus qui nous offre un accès personnel à son cœur.Point spi : n’ayons pas peur de nous mettre au cœur des projets du seigneur.

3. Dieu qui se laisse approcher par la réflexion de Marie qui déchiffre ses voies, comprend ses intentions.➤ Adorons le Dieu qui a de la suite dans les idées, qui poursuit son dessein.Point spi : Élargissons notre prière à l’échelle de toute l’Église.

Vendredi : Naissance et circoncision de Jean Baptiste(Luc 1, 57-66) [23 décembre]1. Dieu qui traite avec plus d’honneur son messager que son Fils, la naissance de Jean Baptiste entourée d’une joie paisible.➤ Adorons Jésus, serviteur, qui n’a pas cherché chez nous l’honneur et la facilité.Point spi : Acceptons d’être pris pour la cinquième roue du carrosse.2. Dieu qui réunit les générations autour de la naissance de l’enfant inespéré.➤ Adorons Jésus dont la proximité rapproche les cœurs, le Petit Roi qui unit les familles et les peuples.Point spi : Émerveillons-nous de la grâce faite à nos proches.3. Dieu qui rouvre l’avenir qui semblait bouché, qui fait jaillir à nouveau le souffle prophétique, « que sera cet enfant ? ».➤ Adorons Jésus, le « Dieu qui vient », qui nous apporte l’inouï de sa venue.Point spi : Acceptons de faire confiance, de croire les autres porteurs d’avenir.

Samedi : Le Benedictus(Luc 1, 67-79) et Vigile de Noël[24 décembre]1. Dieu qui n’a pas cessé d’agir, même si nous ne l’avons pas vu, qui a parlé par les Pères, qui est resté fidèle à Abraham.➤ Adorons Jésus, le Dieu fidèle qui tient parole.Point spi : retrouvons le fil des inter-ventions de Dieu dans notre vie.2. Dieu qui nous dépasse et qui agit au moment où nous ne l’attendons pas.➤ Adorons Jésus, dans l’imprévu de sa visite.Point spi : Espérons pour aujourd’hui.3. Dieu qui se plaît à agir par un homme, qui suscite un héraut de ses œuvres, un précurseur.➤ Adorons Jésus qui travaille avec les hommes, qui choisit douze apôtres.Point spi : ne récusons pas les appels qui nous sont adressés par l’Église, par les hommes d’Église. n

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communautés

18 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

n À quand remonte la fondation du Carmel de Pécs ?

Une Sœur du Carmel de Pécs : Notre Carmel a été fondé en 1936 par les deux Carmels de Szombathely et Sopron. En juin 1950, les 30 sœurs de la communauté qui se préparaient à faire une nouvelle fondation, ont été arrêtées par le régime communiste. Six

mois plus tard, elles furent dispersées, avec interdiction de porter l’habit reli-gieux, de se retrouver et surtout de ras sembler autour d’elles de nouvelles jeunes femmes.

Durant cette période les sœurs de Pécs ont cependant réussi à préserver des liens fraternels forts, et, peu à peu, plusieurs d’entre elles ont pu revenir travailler à l’atelier d’hosties de l’évêché

de Pécs, tout en habitant en ville dans de petits logements séparés.

En 1991, à la chute du commu-nisme, elles ont repris l’habit et une vie communautaire et liturgique. Elles ont demandé au P. Général de l’Ordre du Carmel (alors le P. Camilo Maccise) de leur envoyer des sœurs pour les aider à accueillir les jeunes qui se présen-taient en nombre : ainsi, à l’automne 1992, deux sœurs sont arrivées de France : Sr Marie-Élisabeth, du Carmel de Plappeville, et Sr Colette-Marie, du Carmel de Frileuse.

entretien avec une sœur du carmel de pécs

à la chute du communisme, elles ont repris l'habit et une vie communautaire(

Situé dans une région de moyennes montagnes au Sud de la Hongrie, le Carmel de Magyarszék compte une vingtaine de sœurs et a fondé une petite antenne en Roumanie il y a six ans. La communauté mène au sein du diocèse de Pécs une vie de prière et de travail selon l’équilibre voulu par sainte Thérèse d’Avila entre solitude et vie fraternelle. La liturgie est chantée en latin et en hongrois dans la chapelle du monastère. Les hôtes et les fidèles sont invités à y prendre part. La beauté de cette liturgie vient de ce qu’elle s’inspire de mélodies grégoriennes du Moyen Âge. Elle s’unit à celle de la nature environnante pour louer Dieu. La voici disponible aux éditions Jade, sous forme d'enregistrement numérique, sur Internet ou en CD audio.

mélodies grégoriennes et hongroises

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n Vous avez cependant dû démé nager…

Quand les sœurs avaient construit le Carmel de Pécs près de l’église de Tous-les-Saints, église romane située hors des murs de la ville, le site était en pleine nature, au milieu des vignes accrochées aux collines dominées par la petite église de Notre-Dame-des-Neiges. Mais la ville a gagné et, en 1992, le monastère était encerclé de tous côtés par des habitations dont certaines avaient une vue plongeante sur le couvent et son petit jardin. Nous avons donc dû chercher une nouvelle implantation. Nous l’avons trouvée en 2002, à 14 km au nord-ouest de Pécs. Nous avons acheté une pension de famille située sur une colline, à 1,5 km du village de Magyarszék et, peu à peu, nous avons fait aménager et agrandir les bâtiments.

n Quelle est la taille actuelle de la com-munauté et comment se déroule la jour-née d’une carmélite ?

Nous sommes 24 sœurs réparties en deux communautés, l’une de 18 sœurs à Magyarszék et l’autre de 6 sœurs, en Roumanie, près de Tirgu-Mures, à l’orée d’un village.

La journée s’ouvre par un temps de prière : Matines et Laudes com-mencent à 5 h 45, suivies d’une heure d’oraison silencieuse à la chapelle. L’Eucharistie est célébrée à 8 h en semaine (à 11 h le dimanche), elle est suivie de Tierce. Nous prenons le petit-déjeuner vers 9 h. La matinée est consacrée au travail. Nous nous retrouvons à midi pour chanter Sexte, suivie du repas en commun, et d’un temps de détente pendant la vaisselle et un peu après.

Après trois quarts d’heure de temps libre en silence, le travail reprend à 14 h jusqu’à 16 h. De 16 h à 17 h nous faisons la « lectio divi-na », temps de lecture soit de la Bible et de commentaires bibliques, soit d’auteurs spirituels. De 17 h à 18 h a lieu l’oraison silencieuse que chacune fait soit dans sa cellule, soit à la cha-pelle, soit au jardin. Les Vêpres sont chantées à 18 h et suivies du dîner et d’un temps de rencontre commu-nautaire détendue où l’on échange tout à fait librement nouvelles, infor-mations, plaisanteries… Les Complies sont chantées à 20 h et suivies d’un autre temps de « lectio divina ». Le coucher est à 22 h.

Voici pour une journée type. Bien sûr, il y a souvent des modifications suivant les événements – fêtes, arrivée ou départ d’une sœur, etc. Et aussi en fonction de la pression du travail.

n Comment la communauté subvient-elle à ses besoins ?

Notre communauté vit de la cuis-son des hosties que nous exécutons sur une machine Kissing à 12 fers. Nous en expédions dans tout le pays, également en Italie. Nous avons aussi une grande hôtellerie où nous accueillons les hôtes désireux de venir prier en silence et cela fournit l’appoint nécessaire pour entre-tenir les bâtiments. Nous éditons enfin des livres de spiritualité carmélitaine qui sont souvent traduits du français ou de l’anglais, et font connaître le Carmel dans le pays. Nous en avons édité 44. Nous avons commencé à penser aux CD quand nous avons découvert des « livres parlés », je pense aux livres qui sont accompagnés d’un disque. Nous avons constaté que les personnes qui viennent au monastère achètent souvent plus volontiers des disques que des livres.

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 19

entretien avec une sœur du carmel de pécs

mélodies grégoriennes et hongroises

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propos recueillis par Franck LAURENT

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n Comment définiriez-vous la spiritualité carmélitaine ?

La spiritualité du Carmel est une spiritualité de « simple vérité ». Cette expression a été employée au Carmel de Frileuse en 1992 par Mgr Albert Rouet. Les grands saints du Carmel, Sainte Thérèse d’Avila, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ou Édith Stein… cherchent la vérité et quand ils l’ont trouvée dans la personne du Christ habitant le fond de leur cœur, ils quittent tout pour lui consacrer leur vie.

Sur ce modèle, nous consa-crons la nôtre à écouter le Christ qui prie en nous son Père, et nous nous dévouons comme Lui pour nos frères et sœurs afin de les aider à découvrir le visage de Dieu. Notre vie comprend deux dimensions clefs dont l’union fait l’équilibre : la solitude du dialogue seul à seul avec Dieu, et la vie communautaire qui nous permet de vivre concrè-tement le commandement du Christ : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »

n Quelle est l’importance du chant dans votre liturgie ?

Nous chantons intégralement la liturgie, que ce soit pour l’Office divin ou pour l’Eucharistie. En Hongrie tout le monde chante ou presque, le chant tient une place importante dans la vie. Chanter la liturgie permet de la revêtir de beauté ou tout au moins de s’y efforcer.

Par ailleurs, chanter ensemble plu-sieurs heures par jour soude beaucoup la communauté. Cependant nous ne sommes pas un chœur profession-nel, et nous veillons à ce que la litur-gie demeure avant tout prière. Cela suppose que tout le monde puisse y prendre part et que le critère d’excel-lence ne devienne pas un critère d’ex-clusion pour des sœurs moins douées pour le chant.

n Et pourquoi le grégorien ?

Avec deux sœurs professeurs de chant et spécialistes de grégorien, nous nous sommes orientées vers ce réper-toire. La langue hongroise s’y prête très bien et nous chantons les offices et la messe soit en latin, soit en hongrois, sur les mélodies grégoriennes. Plus rarement, nous reprenons les chants religieux hongrois populaires que tout

le monde connaît par cœur. Ils incar-nent une vraie tradition religieuse qui a particulièrement aidé à traverser le temps du communisme. Notre litur-gie est en cours d’élaboration. C’est un travail considérable qui mobilise nos sœurs spécialistes, en particulier pour les mélodies du Propre de l’Ordre.

n Elles ont conçu un programme marial qui a donné un beau CD…

Le principe a été de choisir des mor-ceaux couvrant les différents aspects de la vie de la Vierge Marie et de célé-brer aussi sa place dans l’Église et dans le mystère du salut. Le Magnificat tra-

duit sa joie d’Épouse et de Mère com-blée ; Procedentem sponsum et Flos ut rosa ont une tonalité de Noël pour chanter le mystère de l’Incarnation ; les Lamentations de la Vierge Marie expri-ment sa souffrance vécue en union à celle de Jésus pendant sa Passion ; Solis praevia chante le caractère unique de la beauté et de la grâce de la Vierge. Nous l’aimons particulièrement parce que nous l’avons beaucoup chanté avec

notre ancienne Prieure, Sr Marie-Élisabeth, retournée à Dieu en 1999. Elle tenait la partie soliste.

Concrètement bien sûr, il a fallu sélectionner des mélodies que connaissaient nos trois solistes. Le choix fut donc en partie dicté par nos possibilités réelles au sein d’un répertoire existant. Mais nous avons choisi des antiennes ou répons que nous chantons dans la liturgie : ainsi nous chantons tous les samedis Flos Carmeli à la fin de l’eucharistie et Spiritus Dei à la fin de Laudes et Vêpres tous les jours du temps ordinaire. Ces mélodies reprises très souvent en reçoivent un poids de prière, car le grégorien « ne s’use pas ».

C’est une expérience impres-sionnante à vivre : des antiennes qui au début paraissent très diffi-ciles à cause des nombreux neumes ou mélismes, f inissent par se mettre à couler toutes seules et à porter la prière de la communauté.

n Le morceau que vous portez le plus dans le cœur ?

Flos Carmeli est vraiment un chant type du Carmel qui exprime l’amour tendre et confiant que dans l’Ordre nous portons à la Vierge Marie…

Ce disque aux éditions Jade,

Marie, Fleur du Carmel, est disponible en CD

audio au prix indicatif de 15 e ; en version

digitale par télécharge-ment sur : exultet.net

informations sur :jade-music.net

Cette icône de « La Bruna » est la plus ancienne image de la Vierge Marie rapportée de Terre Sainte en Occident par les Carmes au XIIIe siècle.

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livres

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 21

Mère Teresa de CalCuTTa est morte en 1997. Voilà seulement trois ans qu’on a découvert un coin de son âme à travers ses

notes spirituelles, révélées dans Viens, sois Ma lumière, dont le succès mondial ne se dément pas. à présent, il nous est donné d’aller plus avant dans son enseignement spirituel, grâce à Quand l’Amour est là, Dieu est là, avec ce beau sous-titre : « Pour cheminer vers une union plus intime avec Dieu et un plus grand amour des autres ». Cette remar-quable compilation est formée à partir des enseignements de Mère Teresa aux sœurs de sa communauté, mais aussi des lettres et des instructions données à tous ceux qui se rattachent de près ou de loin au charisme des Missionnaires de la Charité. On regrettera seulement que l’auteur (le P. Brian Kolodiejchuk, postulateur de la cause de canonisa-tion) n’ait fait figurer aucune mention de l’origine des extraits qu’il nous livre, écartant ainsi, pour l'instant, toute pos-sibilité de situer le passage dans son contexte.

Cinq chapitres, eux-mêmes subdi-visés en de nombreuses sous-sections, nous font parcourir tout le chemin qui mène de Dieu au prochain. L’amour de la sainte de Calcutta pour le Christ reste marqué par la vue de son abandon et de sa déréliction, le cri « J’ai soif ! » retentit comme un appel qu’elle ne peut

oublier. L’identification du Crucifié avec le visage défiguré et tuméfié du plus pauvre des pauvres a été pour elle le ressort de tout son fantastique engage-ment dans les océans de misère où elle a pénétré.

On sait que ce mystère de substi-tution s’est comme reproduit en elle, dans la mesure où elle a vécu dans son âme l’abandon du Christ à Gethsémani pendant toutes les années où elle a connu l’assaut du mal et la tentation du doute, mais de cela il n’est pas question dans les enseignements qui nous sont ici présentés. Au demeurant, sa manière entraînante de mener les âmes au plus

grand don rappelle à chaque instant que l’on ne peut étancher la soif d’amour du Christ qu’en se laissant entamer par le cri des pauvres. Cette vulnérabilité à la souffrance des autres est le premier pas pour offrir au Christ l’attention d’un cœur fervent.

Pourtant, nulle tension dans tout cela, rien de pathétique, une spiritua-lité saine et équilibrée qui sait réveiller des sources cachées de générosité, mais qui peut aussi mettre en garde contre les défauts qui se manifestent dans la vie communautaire, qu’elle soit celle des communautés religieuses ou de la famille : le travail bâclé, la dissimulation, la mise en valeur de soi-même, etc.

Mère Teresa a été bien placée pour voir que les drames subis par les per-sonnes les plus faibles ont souvent leur origine dans les désordres de la société et de la famille. Son engagement contre l’avortement, pour un planning familial fondé sur la maîtrise de soi et l’obser-vation des cycles naturels tire de là sa raison profonde. Loin de céder au fata-lisme morbide qui voit dans la misère la condition naturelle de l’homme depuis le péché, elle sait la valeur de tout ef fort fait, même s’il ne parviendra pas à lui seul à changer la situation globale.

Ce livre peut répondre exactement à l’objectif que lui fixe le sous-titre : entraîner à une union plus intime avec Dieu et à un plus grand amour du pro-chain. Ou plus exactement : faire de l’un le ressort de l’autre, et dans les deux sens. Ce recueil de textes subti-lement agencés est en fait accessible à toute âme qui, les faisant siens, pourra y trouver joie et bonheur dans sa quête spirituelle. n

De nouveaux écrits deMère Teresa viennent d'être rendus publics. Il permettent d’aller plus loin dans son enseignement spirituel.

Mère teresa

par Sophie BARON

Mode d'emploi pourretrouver Dieu

L'identification du Crucifié avec le visage défiguré du plus pauvre des pauvres )

« Quand l’Amour est là, Dieu est là »,Mère Teresa.

Textes édités par Brian Kolodiejchuk,missionnaire de la Charité.

éditions Parole et Silence, Desclée de Brouwer, 2011, 480 pages, 22 e.

Page 22: Les « chaînes intergénérationnelles

La publication en français de la Théologie ascétique et mys-tique de l'Église orthodoxe, de Dumitru Staniloae, fera date. Cotraducteur de cet ouvrage

avec Romain Otal, le Père Jean Boboc, prêtre de la cathédrale métropolitaine orthodoxe roumaine de Paris, souligne que le Père Staniloae (1903-1993), est une figure majeure de la théologie orthodoxe de tous les siècles. Auteur de quelque quarante ouvrages, on lui doit la traduction (12 volumes) en roumain du fameux recueil de textes grecs intitulé La Philocalie, qui déve-loppe la spiritualité de la beauté par des textes élevant l’âme. Il a fait redé-couvrir à beaucoup de ses compatriotes les saints hésychastes (chercheurs de la paix en Dieu) des IVe et Ve siècles, et il a contribué au renouveau de l’étude des Pères grecs de l'Église, développant une patristique conçue comme une tradition toujours actuelle. On lui doit la notion d'« une Philocalie ininterrompue ». Pour enrichir sa présentation de la théologie patristique, il y a réintroduit l'étude de Maxime le Confesseur (580-662) et de Grégoire Palamas (1296-1359), sur le salut de l’homme.

Frappé par la perte de deux enfants et par l’épreuve de cinq ans de pri-son communiste de 1958 à 1963, le P. Staniloae a évoqué l’expérience per-

sonnelle que l’homme acquiert de Dieu dans les événements heureux ou mal-heureux de la vie concrète. À ses yeux, c’est une des trois voies de la connais-sance de Dieu, avec la voie rationnelle et la voie de la « théologie négative » ou « apophatique » qui procède par redéfi-nitions successives de notions, abordées puis écartées comme insuffisantes, pour des formules plus adéquates.

L’ascèse « irradie la théologie » de Staniloae. Il a ainsi abouti à une théolo-gie « très équilibrée », car il « théologise l’ascèse et la mystique, et introduit de l’ascèse et de la mystique dans la dogma-tique », explique Jean Boboc. On lui doit une remarquable « ontologie du cœur », comme troisième dimension de l’homme après le corps et l’âme, celle du « cœur-esprit » évoqué par Olivier Clément.

L’œuvre de ce théologien enraciné dans la culture grecque orthodoxe pré-sente cette originalité d'utiliser des auteurs modernes occidentaux, comme Maurice Blondel, Gabriel Marcel, ou Heidegger… Il a en effet travaillé dans un esprit de « confrontation féconde entre deux univers intellectuels et spi-rituels » d'époques différentes, celui de l’Église du premier millénaire — pro-longé par l’étude de Grégoire Palamas, — et celui du XXe siècle, et géographi-quement différents. Il a ainsi repensé ou reformulé la tradition byzantine dans un esprit latin, persuadé que le génie roumain avait un rôle charnière à jouer pour aider Orient et Occident à mieux se comprendre. n

LIVRES

22 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Ce théologien roumain, figure majeure de l'Église orthodoxe, propose un pont entre Pères de l'Église et philosophie contemporaine

théoLogIE

par Denis LENSEL

D.R

.

Dumitru Staniloae

Un esprit de « confrontation féconde entre deux univers intellectuels et spirituels »(

Dumitru Staniloae, Théologie ascé tique et mystique de l'Église or tho doxe, préface du patriarche Daniel de Roumanie, collection Orthodoxie, Cerf, 479 pages, 45 e.

Centre orthodoxe d’étude et de recherche

Dumitru Staniloae

Le centre Staniloae a été créé par la « Métropole » orthodoxe roumaine d’Europe occidentale et méridionale à Paris, avec trois grandes sections, théologie (études bibliques, patristique, théologie et science, études canoniques et juri-diques, anthropologie et sciences de la vie), spiritualité (études li-turgiques, philocalie, mission pas-torale et catéchétique) et culture chrétienne. Il a pour but la forma-tion permanente des prêtres et des laïcs chargés de catéchèse.

Cathédrale orthodoxe roumaine, 9, rue Jean-de-Beauvais, 75005 Paris.

Page 23: Les « chaînes intergénérationnelles

L'assassinat de stolypine a mar-qué la fin d’un espoir de sauver la Russie après la « répétition générale » de 1905 (Trotski). Le jeune et courageux gouver-

neur de Saratov (1902) était prati-quement un inconnu à Petersburg en 1906 lorsque le tsar le nomma Premier ministre. Il demandait 20 ans pour sauver l’empire, il n’eut que 5 ans.

La réforme agraire qu’il entreprit n’était pas loin de réussir à moder-niser la paysannerie russe asphyxiée par ses structures traditionnelles et l’explosion démographique qui doubla la population russe à majorité agraire en un demi-siècle (1860-1910). Il fal-lait d’abord rétablir un certain ordre au lendemain d’une formidable révo-lution qui avait failli tout emporter. Des fonctionnaires étaient assassinés par milliers (1), Stolypine dut réagir, on le lui a reproché, mais dès 1908 la violence sanglante n’occupait plus le terrain.

Les Doumas qui inauguraient un régime semi-parlementaire firent l’ob-jet de dissolution et d’une certaine manipulation pour rendre possible le gouvernement au lendemain de l’abo-lition de l’autocratie. On le lui repro-cha, notamment Milioukov le chef des cadets, comme si une autre politique était possible pour sortir du chaos.

En fait, ce grand homme d’État avait à peu près tout le monde contre lui et le tsar qui l’avait appelé utilisait ses talents et son courage pour faire face à une situation que lui, Nicolas II, ne contrôlait pas et ne pouvait com-prendre. Les conservateurs rêvaient de retourner au passé autocratique, les libéraux nés d’hier s’inspiraient des modèles étrangers en oubliant le contexte russe, sa tradition et sa fra-gilité actuelle. Plus réalistes, les révo-lutionnaires craignaient cet homme intelligent et courageux qui menaçait plus sûrement leurs projets que les extrémistes de droite et les théoriciens libéraux.

Lénine, réfugié en France, vit mieux que personne que si Stolypine parve-nait à appliquer sa réforme agraire, une classe de paysans propriétaires de leurs terres et capables de s’enrichir en développant l’économie nationale en pleine transformation industrielle, serait fatale au projet marxiste. Les soviets avaient fait leur apparition dès 1905 du fait de l’absence de partis et de syndicats en Russie. Lénine militait au sein de la deuxième Internationale socialiste, off iciellement marxiste depuis le Congrès de la social-démo-

cratie allemande de 1891 (Erfurt). Il formula dans Que faire ? (1902) une application sui generis de cette doc-trine en préconisant la formation de révolutionnaires professionnels capables d’inculquer une idéologie plus blanquiste que marxiste de la prise de pouvoir. Deux conditions préalables s’imposaient : écarter Stolypine et pro-fiter de la menace d’une guerre géné-rale pour faire une révolution avant qu’il ne soit trop tard. Le diagnostic s’est révélé exact.

On comptait 12 millions de familles paysannes en 1905 parmi lesquelles

HISTOIRE

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 23

STOLypInE

Ce grand homme d’État avait à peu près tout le monde contre lui )

En septembre de l'année prochaine sera célébré en Russie le 150e anniversaire de la naissance de Piotr Arcadievitch Stolypine, mort il y a un siècle. Il est aujourd'hui l'une des figures historiques les plus populaires en Russie. Une forme de revanche pour celui qui fut le seul adversaire qui ait vraiment impressionné Lénine, mais qui ne parvint pas, malgré tous ses efforts, à sauver l'empire et mourut assassiné en 1911.

Centenaire d’unemort annoncée

© Pa

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a

par Patrick de Laubier

Stèle commémorative du Tsar Nicolas IIinaugurée en début d'année au monastèreGanina Iama construit sur le site du martyre des Romanov.

Page 24: Les « chaînes intergénérationnelles

D.R.

24 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

2,8 millions avaient leurs terres en pro-priété individuelle. Dix ans plus tard, sur une population de 13 à 14 millions de familles paysannes, on peut évaluer à 7,3 millions le nombre de proprié-taires dont plus de 4 millions prove-naient de la réforme de Stolypine de novembre 1906. ainsi, la moitié de la paysannerie était devenue propriétaire en 1915. On comprend les inquiétudes de Lénine qui écrivit le 29 avril 1908 depuis son exil parisien : « La constitu-tion de Stolypine et sa politique agraire marquent une nouvelle phase dans l’ef-fondrement du vieux, semi-patriarcal et semi-féodal, système tsariste, un nou-veau mouvement vers sa transforma-tion en monarchie bourgeoise… si ceci continue sur une longue période… ceci pourrait nous forcer à renoncer à tout programme agraire. Ce serait une vaine et stupide incantation démocratique d’affirmer qu’une telle politique en russie est « impossible ». C’est possible ! Si la politique de Stolypine se poursuit… alors la structure agraire de la russie deviendra complètement bourgeoise, les paysans les plus énergiques acquer-ront presque toutes les terres dispo-nibles, l’agriculture deviendra capita-liste, et toute « solution » du problème agraire - radicale ou autre - deviendra impossible sous le capitalisme » (2).

La croissance économique fut au rendez-vous et la production indus-trielle doubla pratiquement de 1904 à 1912 (3). Stolypine qui était résolu-ment hostile à l’entrée en guerre de la Russie en cas de conflit européen, fut assassiné en 1911. Les conditions de la révolution de 1917 étaient réalisées et les familles paysannes qui avaient bénéficié de la réforme de Stolypine de vinrent ces « koulaks » que les bol-cheviks livrèrent à l’extermination phy-sique en prenant le pouvoir.

Ce rappel des faits doit être com-plété par l’examen du vaste pro-gramme, conservé par ses proches, que Stolypine prévoyait d’appliquer en plus de la réforme agraire. Il concernait

l’ensemble de l’administration de l’em-pire sans prévoir la disparition de son chef héréditaire qui devait, comme son cousin guillaume II en allemagne ou François-Joseph en autriche-Hongrie, se plier à une forme de parlementa-risme qui tiendrait compte de la spé-cificité russe. Il fallait gérer l’indus-trialisation et l’urbanisation qui pro-gressaient en Russie à un rythme plus rapide qu’en Europe occidentale, la concentration industrielle russe dépas-sait celle de l’allemagne, puissance économique dominante, et rivalisait avec celle des États-unis. On l’a noté, l’explosion démographique qui acca-blait la campagne devait trouver dans les villes et l’industrialisation qui s’y développait, un débouché rapide afin d’éviter des famines comme celle de 1891.

La population russe de l’empire comportait d’importantes minorités, comme les Polonais annexés lors des partages du XVIIIe siècle, des Juifs des territoires polonais et d’ukraine, des baltes et nombre de populations des territoires asiatiques de l’Empire. Stolypine n’avait pas à leur égard la générosité de Vladimir Soloviev, mais comprenait parfaitement que des sta-tuts imposés étaient une source per-pétuelle de trouble. L’Église ortho-doxe russe, privée depuis 1700 de patriarches par Pierre le grand, était asservie par le pouvoir politique avec le procureur laïc du saint Synode Konstantin Pobiedonostsev qui en diri-gea, de 1880 à 1925, les nominations, le financement et même la doctrine. Stolypine n’était pas théologien, mais, orthodoxe convaincu, il constatait avec beaucoup d’inquiétude l’influence qu’un faux starets, Raspoutine, com-mençait à exercer sur la famille impé-riale. Citons ici le témoignage de la Reine-mère, Maria Fédorovna en 1909 : « Je suis sûre que Stolypine va l’em-porter cette fois-ci, mais pour peu de temps et il devra bientôt démissionner, ce qui sera désastreux pour le Tsar et

pour la russie. Je ne connais pas per-sonnellement Stolypine, mais je crois en lui et sa perte serait une grande infortune pour nous tous. Mon pauvre fils a si peu de chance avec les gens. Stolypine est un homme que personne ne connaissait, mais il a fait preuve d’intelligence et d’énergie : il a réussi à rétablir l’ordre après les horreurs des six années passées et voilà que maintenant on le pousse à l’abîme. et qui le fait : ces gens qui affirment aimer la russie et le Tsar, mais qui en fait mettent l’une et l’autre en danger. C’est terrible. Je ne vois rien de bon dans l’avenir » (4). un an et demi plus tard Stolypine était assassiné dans des circonstances parti-culièrement troubles.

Fédor Stipoune a écrit que le bol-chevisme était sorti des profondeurs de l’histoire russe comme on peut dire que le jacobinisme est sorti des pro-fondeurs de l’histoire française. Mais il faut aussi ajouter que les grands saints de ces pays, Séraphin de Sarov et Jeanne d’arc par exemple sont aussi des expressions de leurs âmes respec-tives. En Russie Lénine eut en Pierre le grand, qui décapita l’Église russe pri-vée du patriarcat, un authentique pré-curseur, et Stolypine dut tenir compte d’une tradition étatique associée à un césaro-papisme d’origine byzantine qui était réfractaire au libéralisme d’ori-gine occidentale.

La Russie, partie intégrante de l’Eu-rope politique depuis le XVIIIe, ne le devint au plan culturel que dans la seconde partie du XIXe. Il fallait récon-cilier les occidentalistes et les slavo-philes ; Vladimir Soloviev, sévère cri-tique de Tolstoï et de Pobiedonostsev, montra le chemin et influença au début du XXe siècle une intelligentsia talentueuse et ouverte. Stolypine n’eut pas le temps de faire fructifier, au plan politique, cette Renaissance culturelle et spirituelle de la Russie, mais les cinq années qu’on lui laissa montrent une réalité capitale : la révolution de 1917 n’était pas une fatalité inéluctable, une autre solution était possible. Il est tou-jours un peu vain de vouloir réécrire l’histoire en fonction de ses propres désirs, mais si l’on prend au sérieux la

La révolution de 1917 n’était pasune fatalité inéluctable(

Page 25: Les « chaînes intergénérationnelles

liberté humaine on peut penser à d’autres orientations. C’est tout un peuple qui fait son his-toire et non quelques leaders. Stolypine et Lénine ne se sont jamais rencontrés mais l’un et l’autre représentaient des alternatives dont le libre destin de la Russie était l’enjeu.

Cent ans après l’assas-sinat de Stolypine, en sep-tembre 1911 à Kiev, la Russie a parcouru un long chemin. L’homme qu’on associait hier à la répression réactionnaire et cruelle, est devenu aujourd’hui l'un des personnages histo-riques les plus populaires en Russie. On reconnaît son intel-ligence et son courage, on oublie même ce que sa poli-tique a eu parfois de violent en le comparant avec le drame effroyable qui a suivi. L’histoire montre que les acteurs restent des hommes libres de choisir leur avenir et, si les historiens font leur travail, il faut que les philosophes fassent aussi le leur pour empêcher que des idéologies ne manipulent l’histoire. Il faut aussi que les hommes politiques s’instruisent des expériences du passé.

aristote, étudiant la poli-tique et plus généralement l ’agir humain, se deman-dait comment caractériser le comportement de l’homme d’action, af in d’en décou-vrir les règles. Il concluait en affirmant que le critère de la sagesse n’est autre que « l’homme sage » lui-même. Il convient donc de s’instruire en regardant comment des hommes ont pris des décisions historiques pour le bien ou pour le mal.

Il y a aussi les machiavé-liens dont la fausse prudence a des conséquences malheu-reuses. On peut admirer le machiavélien pour son habi-leté et son intelligence en jus-

tifiant les moyens les plus pervers au nom d’une fin apparemment radieuse. Ce sont les moyens qui permettent de juger une fin. Les moyens violents pro-duisent une fin totalitaire tandis que la démocratie authentique exige la per-suasion et le respect des personnes.

Stolypine avait demandé, dès sa nomination comme Premier ministre, d’être enterré là où on l’assassinerait et sa tombe est à proximité du sanc-tuaire historique de la Sophia slave à Kiev, non loin de la Laure où les pieux gisants sont vénérés — Stolypine n’est pas mort sur le coup et après avoir béni, par un signe de croix de la main, le tsar dans le théâtre qu’on venait d’inaugurer, il est mort entouré des siens. Il est mort pour son pays, pour la Russie d’aujourd’hui qui l’honore.

En France, ses contemporains admirèrent le grand homme d’État et comme les deux pays étaient alliés les Français se réjouirent de l’ordre qu’il rétablissait, même si, avec Jaurès, on critiquait les condamnations des révoltés. Péguy, l’auteur de Notre Jeunesse, voyait plus clairement que Jaurès la guerre qui arrivait et que la France aurait perdue sans l’alliance russe. Lui-même mourut pour sa patrie après avoir, en poète, exalté ceux qui sont tombés pour une grande cause : « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, mais pourvu que ce soit pour une juste guerre. Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre. Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle. » n

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 25

(1) Entre 1906 et 1908 il y eut 6091 tués par attentats dont 2344 fonctionnaires et 2000 exécutions sur 3000 condamnations à mort.

(2) Lénine, Proletarii, 29 avril 1908. La diminution de la superficie moyenne des lots familiaux était passée de 13 hectares en 1877 à 10 en 1905 et à 8 en 1917, cf . Jean Lescure, Les origines de la révolution russe, 1927. Durant la même période, la population de la Russie d’Europe était passée de 94 690 000 à 125 561 000.

(3) L.E Chepeliev, Tsarism i burgiasia 1904-1914 (1987) p.15

(4) V.N Kokovtsov, Out of my past., Hoover, 1935, p. 267.D.

R.

Piotr Stolypine

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Extrait de la nouvelle

BD de Brunor,

Le hasard n'écrit pas de

messages.

26 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Page 27: Les « chaînes intergénérationnelles

Vous pouvez recevoir cette BD en envoyant une commande accompagnée de votre chèque à l'ordre de « France Catholique »

(13 e par album, + 7 e de frais de port forfaitaires, quelle que soit la quantité demandée). Conditions spéciales à partir de 50 albums. FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 27

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La Sagrada Família, cette œuvre colossale, digne du temps des cathédrales, et vers laquelle semblent converger toutes les œuvres précédentes du génial Catalan, concentrant en elle des prouesses de

technique, d’art et de spiritualité, dévoile ses secrets dans « le bras de Charlemagne », le côté

gauche de la colonnade du Bernin, jusqu’au 15 janvier, et gratuitement : « Gaudí et la Sagrada Família de Barcelone : art, science et spiritualité ».

L’exposition est pro-mue par deux institutions du diocèse de Barcelone – la Fondation Junta Constructora de la Sagrada Familia et la Fondation Joan Maragall — sous la houlette du Conseil ponti-fical de la Culture, présidé par le cardinal Gianfranco Ravasi. L’archevêque de Barcelone, le cardinal Lluís Martínez Sistach et des experts venus de la capi-tale catalane ont présen-

té jeudi matin, 24 novembre, au Vatican, cet événement culturel qui fait le tour du monde, réclamé en Chine et au Japon, avec l’aide de l’Action culturelle espagnole et, à Rome, de l’ambassade d’Espagne près le Saint-Siège.

Mais la personnalité qui a peut-être le plus touché la presse internationale accourue

pour l’événement c’est l'architecte en chef des travaux du « Temple expiatoire de la Sagrada Família », Jordi Bonet Armengol, septième suc-cesseur de Gaudí, mort en 1926, et témoin de l’esprit qui animait le maître d’œuvre : audace technique et résistance des matériaux. Il a employé du ciment armé pour les campaniles — au XIXe siècle ! — Grâce à un mécène, magnat des ciments de Catalogne ! Aujourd’hui encore l’audace technique préside à l’achèvement des travaux, grâce notamment à l’informatique, et l’on construit solide, comme au temps des cathédrales, pour témoigner de façon durable de l’alliance de la foi et de la technique.

Une Symphonie inachevée

Depuis la consécration de la basilique par Benoît XVI, le 7 novembre 2010, l’intérêt pour Gaudí et pour ce monument de l’art contempo-rain ne cesse de grandir, soulignent les organi-sateurs : la Sagrada Família a attiré plus de trois millions de visiteurs en un an.

Mais cette symphonie de pierre ciselée et de matières, de couleurs et de transparences, de voûtes déstabilisantes, d’arcs et de volutes,

expositionsL'architecte de dieu

28 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

La sagrada Famíliaune forêt de symboles

On entre dans l’exposition consacrée — au Vatican — à « l’architecte de Dieu », Antoni Gaudí, comme — pourrait-on dire en termes baudelairiens — dans cette « forêt de symboles » qu'est Sagrada Família de Barcelone, avec un certain « vertige ».

Symphonie de pierre

ciselée et de matières, de

couleurs et de transparences

Buste de Gaudípar Josep M. Subirachs

Vernissage de l'exposition

Lors de la venue de Benoît XVI.

D.R.

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FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 29

par Anita SANCHEZ-BOURDIN

La sagrada Famíliaune forêt de symboles

de colimaçons et de rondeurs, de vitraux et de métaux bruts et polis, aux innombrables cam-paniles de ciment et d'acier travaillés comme des tuyaux d’orgue, et d’élans de colonnades faites pour des géants, reste encore inachevée.

« Mon client n’est pas pressé », disait Gaudí. Puis il prophétisait – le cardinal Martinez Sistach le rappelle : « Saint Joseph l’achèvera ». La première intuition est venue d’une associa-tion de dévots de saint Joseph, d’où le vocable de « Sainte-Famille ». Mais lorsque Benoît XVI-Joseph Ratzinger a consacré la basilique, quelqu’un y a vu l’accomplissement de la pro-phétie… Au bout de l’exposition, une vidéo sur grand écran permet de revoir les temps forts de cette célébration, en haute définition et avec des jeux de caméra qui rendent bien le « vertigi-neux » parcours du visiteur qui croyait s’asseoir et se reposer, et se trouve saisi par cette archi-tecture envoûtante.

Le cardinal Martinez Sistach a rappelé qu’en consacrant la basilique de la Sainte-Famille, le pape a aussi eu un geste pour les familles concrètes d’aujourd’hui. Benoît XVI a rencon-tré, à la maison de l’« Œuvre de l’Enfant-Dieu » - Obra del Nen Deu –, des parents et leurs enfants trisomiques.

Pour le cardinal catalan, cette architecture met en relief « la réalité d’un temple magni-fique pour sa beauté, sa majesté, sa symbo-lique, au centre d’une grande métropole comme Barcelone ». Il citait Benoît XVI : « Cette basi-lique est un signe visible du Dieu invisible, très nécessaire dans nos sociétés occidentales euro-péennes, marquées par une culture laïciste, et l’indifférence religieuse. » La Sagrada Família — architecture et mobilier sacré tout ensemble — ne laisse pas indifférent.

le Sacramental de pierre

Le commissaire de l’exposition, l’architecte Daniel Giralt-Miracle, soutient que la basi-lique n’est pas une simple œuvre architecturale, mais une œuvre sacramentelle en pierre du XXIe

Dans son sein, vivant, enperpétuel

changement, il y a son

témoignage de foi

Colonnes dela nef centrale.

Tours dela Sagrada Família.

Vitraux intérieurs.

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SCAL

LAM

BOT

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D.R.

Page 30: Les « chaînes intergénérationnelles

siècle » : on dirait, en termes techniques, un « sacramental », à l’instar — mutatis mutandis — des sacramentaux que sont les médailles de baptême ou la Croix des JMJ.

« C’est, dit-il avec un enthousiasme commu-nicatif, ce que nous cherchons à expliquer aux visiteurs de la Sagrada Família et c’est ce que nous expliquons dans cette exposition, en trois chapitres — art, technique et message chrétien — : c’est un voyage à travers l’architecture, de l’extérieur vers l’intérieur. Le but est de saisir la présence de Gaudí et de comprendre que ce ne sont pas seulement des pierres, mais que dans la Sagrada familia, il y a un esprit ».

Le cardinal Ravasi va jusqu’à parler d’archi-tecture « vivante » qui « exprime aussi un peuple, comme ici, la Catalogne, qui est très fière de ses racines, de son histoire, de sa langue, de sa culture, et aussi de sa spiritualité, parce que justement, dans son sein, vivant, en perpétuel changement, il y a son témoignage de foi ».

Il évoque le « vertige » du visiteur, devant cette capacité monumentale à « donner une forme artistique » aux mystères de la foi, une capacité semble-t-il à « défier les lois de la nature ».

Un monde en SUSpenSion

Puis le visiteur est saisi, continue le cardinal Ravasi, comme par un mouvement « d’ascension vers la transcendance » : on a l’impression de quelque chose « en suspension ». L’impression est à la fois physique, psychologique et spirituelle.

L’exposition le rend bien par le jeu des vidéos qui livrent des secrets d’effets architec-turaux, par la maquette que l’on peut traver-ser pour en mieux saisir les plans intérieurs, grâce à un miroir qui permet à l’œil de pénétrer jusqu’au cœur d’une dentelle de pierre.

Le cardinal Ravasi souligne comment aujourd’hui l’édifice pourrait inspirer l’architec-ture sacrée, qui ne doit pas seulement considé-rer la structure d’un ensemble, mais l’harmonie de l’édifice et du mobilier sacré, des sculptures et des peintures. Il a évoqué, dans l’échange avec la presse une réflexion sur l’éventuelle constitution au Vatican d’une commission « interdicastérielle » pour l’architecture sacrée.

On admire en effet à côté des volumes de pierre présentés par l’exposition un immense chandelier en fer forgé à 15 branches ou cet imposant encensoir de cuivre et de verre d’où les volutes de parfum doivent s’élever en faisant chatoyer la lumière.

Quant à l’achèvement de la basilique lancée en 1882, l’archevêque de Barcelone souhaiterait que ce soit pour 2026, pour le centenaire de la naissance « au ciel » de Gaudí. Mais il reste dix tours, deux sacristies, la chapelle du Saint-Sacrement, du baptistère, celle de la Vierge… La générosité des mécènes petits et grands déci-dera du rythme des travaux.

l'amoUr de l'art et le déSir de dieU

Achevée, au niveau diocésain, la cause de béatification ne l’est pourtant pas encore à Rome où les dossiers scellés sont arrivés, dans les bureaux de la Congrégation pour les Causes des saints. Le cardinal Martinez Sistach sou-haiterait aussi qu’elle aboutisse « au plus vite », mais il manque encore une pierre importante — la « positio », la biographie monumentale en phase d’achèvement — et la clef de voûte de l’édifice : un miracle. Il fait observer que la construction de la Sagrada Familia a constitué un itinéraire spirituel pour Gaudí, qui s’est peu à peu dépouillé, spirituellement et matérielle-ment : celui que l’on a appelé le « Dante de l’ar-chitecture » est mort pauvre, avec les pauvres.

Pour nourrir son art, il lisait, a révélé l’arche-vêque, L'année liturgique du grand bénédictin français, dom Prosper Guéranger (1805-1875), et sa méditation lui permettait de communiquer à la Sagrada Família cet esprit qui fait pressen-tir la Jérusalem céleste sur la terre. Il alliait sa connaissance de la liturgie et sa connaissance du grand livre de la Création. Il disait, en dési-gnant un arbre : « c’est mon maître ». n

30 FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011

Cet espritqui fait

pressentirla Jérusalem céleste sur

la terre

« Gaudí et la Sagrada Família de Barcelone : art, science et spiritualité », Place Saint-Pierre, Cité du Vatican, jusqu'au 15 janvier 2012 (10h-18h), fermée le mercredi). www.gaudiaroma.cat

D.R.

Autel dela Sagrada Família.

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Extérieur dela Sagrada Familia.

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LIVRES■ La nouveLLe imagerie des enfants ÉmilieBeaumont, ÉditionsFleurus,128p.et138images,11,95€.

Une petite mallette qui contient un livret et des images pour apprendre les noms des objets de la vie quotidienne des enfants de 3 à 6 ans. Le graphisme est simple et les images mobiles per-mettent d'imaginer des jeux d'association et d'ob-servation. Àpartirde3ans

■ Contes de gaLopins et garnements BéatrixPotter, ÉditionsGallimardJeunesse,196p.,14,90€.

Une très belle édition pour 10 contes de Béatrix Potter. Les parents ou grands-parents pourront lire avec plaisir ces histoires intempo-relles, tandis que les enfants suivront les très nombreuses illustrations au trait ou à l'aquarelle. Un très beau cadeau de Noël.

Àpartirde3ans

■ ChevaLiers et Châteaux forts DelphineGravier-Badreddine, ÉditionsGallimardJeunesse,79p.,11,50€.

Tous les aspects de la vie au Moyen Âge (le château, la vie quotidienne, la vie du chevalier…) sont abordés dans cette encyclopédie dont les dessins fourmillent de détails. Un premier rendez-vous avec l'histoire et la civilisation du passé dans un album à la finition robuste et soignée.

Àpartirde5ans

■ ma CrèChe NathalieFerraris, ÉditionsSaintJude,16pages,5€.

Une jolie petite crèche de Noël à colorier, à découper et à assembler (sans colle). Une bonne idée pour attendre Noël en s'appliquant !

Àpartirde7ans

■ papi Couturier NathalieFerraris, ÉditionsIsatis,24pages,11,15€.

Papi est très habile de ses mains, mais il se lance parfois dans des bricolages qui excèdent ses capacités. À l'approche de Noël, voici un petit livre plein d'humour, aux illustrations acidulées. Les deux dernières pages présentent quelques idées pour confectionner soi-même des cartes de vœux créatives.

Àpartirde8ans

■ La fabuLeuse histoire des trains PhilipSteele, ÉditionsGallimardJeunesse,32pages,18€.

Qui inventa la locomotive à vapeur ? Comment voyageait-on à bord de l'Orient-Express ? Cet album se présente comme le tour du monde des trains de légende, des premières machines à vapeur jusqu'aux trains à grande vitesse. Les pages panoramiques permettent de découvrir les locomotives et leurs wagons, et les dessins sont très précis. Un livre de toute beauté.

Àpartirde9ans

■ Les vaCanCes ComtessedeSégur, ÉditionsduTriomphe,141pages,19,50€.

Une très jolie édition pour Les vacances, le troisième titre de la comtesse de Ségur. Un for-mat carré, de nombreuses illustrations rendent le texte attrayant. Un beau cadeau pour fêter Noël !

Àpartirde9ans

■ Le CieL à L'œiL nu GuillaumeCannat, ÉditionsNathan,141pages,17,10€.

Pour les jeunes qui sont férus de l'observation des astres, voici un excellent documentaire. Mois par mois, une carte du ciel, des encadrés pra-tiques pour découvrir les bases de l'observation des astres. Àpartirde12ans

■ Les Cakes de sophie SophieDudemaine, ÉditionsPointdeux,480pages,9,90€.

Un tout petit livre de cuisine qui saura conquérir nos grands adolescents qui ont quitté le nid familial. Les fameuses recettes de Sophie sont classées par saison et heureusement com-plétées par des recettes de cupcakes. Des conseils pratiques avisés et une présentation très originale font de ce livre un incontournable de la cuisine.

Àpartirde18ans

■ mon bébé aime tout, 120 reCettes à partir de 5 mois ÉditionsMarieClaire,159pages,15€.

Voici un livre de recettes très intéressant. Avec des ingrédients simples, faciles à préparer, ces recettes vont aider les tout-petits à découvrir le goût des choses. Des associations originales ren-dent ces recettes attractives, non seulement pour les petits, mais aussi les plus grands, heureuse-ment, parce que cuisiner plusieurs repas pour une même famille, ce n'est pas toujours drôle !

Pourlesmamans

séLeCtion

Albums NoëlChristèle Hubert

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« blanche neige », « peter pan »

«blanche neige » est un conte si connu qu'il est inutile d'en rappe-ler la trame. La compagnie « Dans les décors » en présente une ver-sion pour jeune public à partir de

quatre ans. Première (bonne) surprise : il s'agit d'un spectacle charmant. Second point positif : le public réagit favorablement aux invitations des comédiens et, à la fin du spectacle, vient spontanément envahir le plateau pour remercier les trois partenaires (le prince, Blanche Neige, la reine) de la représentation. Il y a de quoi : le travail de la lumière est soigné, le miroir

mag ique es t spectaculaire, les rôles sont bien tenus. Au surplus, la reine chante, ce qui donne un petit air de comédie musicale à la pièce.

Le message qui a été ici privilégié est celui concer-nant cette der-nière : faute de savoir maîtri-ser ses envies et colères, on risque de tout perdre, même ce à quoi on tient le plus. Nul doute qu'il a été pensé en fonction de l'âge du public... Bref, on a là une bonne pièce de vacances pour les plus jeunes.

Et pour ceux qui ne sont pas encore assez vieux pour quitter l'univers des contes, la même troupe joue aussi au même endroit Les Comptines de Capucine, les plus belles comp-tines chantées aux tout-petits. n

théâtre

Voici deux spectacles pour les enfants, parmi d'autres, qui peuvent être une belle idée de cadeau en ces fêtes de Noël...

par Pierre Françoispourles enfants

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Un miroir magique spectaculaire

L'éternel enfantPeter Pan, à Bobino, est un spectacle familial qui évite le simplisme niais. Pour tempé-rer le propos, on dira juste que si la chorégraphie des cinq premières minutes tombe dans ce travers, c'est le seul moment.On a là un spectacle familial de fin d'année sans risque. Les décors sont sophistiqués,

même si leurs changements obligent à de fréquents baisser de rideau, ce qui casse un peu le rythme du spectacle. Les dialogues sont actualisés et possèdent par moment une véritable profondeur. Le trucage de l'envol des enfants et de Peter Pan est bien fait. Chants

et danses ont le bon goût de n'être qu'intermit-tents et de ne pas évoquer les comédies musi-cales américaines. Bref, la mise en scène a su ménager un équilibre entre les différents modes d'expression sans bêtifier dans aucun.Le caractère des personnages est bien défini sans être caricatural, là aussi la bonne mesure a été trouvée. On reste certes — et très claire-

ment — dans du simple divertissement, mais il est bien mené et on est prêt à parier qu'il donnera le goût à la jeunesse de revenir au théâtre... n

« Peter Pan », spectacle musical de Guy Grimberg d'après le chef d'œuvre de James Mattiew Barrie. Avec Thibaut Boidin, Regis Chaussard, Christophe Jeannel, Christophe Touraud, Emilie Vidal, Marie De Oliveira... à Bobino, 20, rue de la Gaîté, 75014 Paris, jusqu'au 2 janvier, tous les samedis et tous les jours de vacances scolaires (14h). Réservations : 08 2000 9000 ou [email protected].

« Blanche Neige », d'après le conte des frères Grimm. Comédie musicale pour les enfants à partir de quatre ans, adap-tée et mise en scène par Alexandre Vaz. Musiques originales de Michaël Marche et Lionel Victoire, chorégraphie de Nicolas Godefroy. Avec Aude Lanciaux, Stéphanie Pierron, Geoffrey Callenes. À la Comédie de Paris, 42, rue Pierre Fontaine, 75009 Paris, tél. : 01.42.81.00.11. Tous les samedis et dimanches (14h30), et du mardi au vendre-di (14h30) pendant les vacances scolaires.

D.R.

D.R.

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théâtre« bistro »

«bistro ! » Cette interjection – qui signifie vite ! – nous est restée de l’occupation des troupes russes, et de quelques autres, à la chute de l’Empire en 1815. Le spec-

tacle étonnant que nous propose le Théâtre de l’Œuvre n’est pas sans rapport avec l’Histoire. Depuis trois générations, l’aigle à deux têtes est un petit bar de famille fondé par le grand-père russe fuyant la révolution bolchevique. Aujourd’hui, c’est Jo (Sylvie Audcoeur) qui offi-cie derrière le comptoir pour la dernière fois : l’endroit est voué à la démolition pour faire place à un parking. Il faut emballer ce qui peut être sauvé et, en même temps, les souvenirs qui remontent à la surface. Pour aider Jo, qui cache sa fragilité sous des airs enjoués, il y a ce soir-là Camille (Marie Piton) au cœur d’artichaut qui passe d’un homme à l’autre sans jamais trouver le bon ; et Fred (Alexis Desseaux), un habitué dont la timidité et la maladresse nous touchent. Entre cartons et papiers d’emballage, ça démé-nage — c’est le cas de le dire — et ça virevolte.

Il faut un peu de temps pour rentrer dans un spectacle qui n’est pas seulement une pièce, ni une comédie musicale. D’autant plus que la première partie de cette « pièce à chansons », écrite à quatre mains par Sylvie Audcoeur et Marie Piton, comporte quelques longueurs et manque un peu d’épaisseur. Mais on se laisse finalement prendre à cette alternance de rires et de nostalgie qui nous parle de la famille, de l’exil, de l’amour et des petits riens quotidiens qui forment une existence.

D’ailleurs, les comédiens, tous excellents, poussent bien la chansonnette. L’arrivée inat-tendue d’Anne-Rose, dite « frisée aux lardons », soudainement disparue vingt ans auparavant,

constitue le tournant de la pièce. Chapeau à Michèle Simonnet qui interprète avec beaucoup de finesse et de conviction cette ancienne ser-veuse porteuse d’un secret dérangeant qui va pousser chacun à tourner la page.

La seconde partie de la pièce comporte quelques morceaux d’anthologie dont une scène, parodie des Tontons flingueurs, copieu-sement arrosée à la vodka. Sous le cerisier de l’aigle à deux têtes, tout ce petit monde nous touche, sur la musique de Patrice Peyriéras. Les spectateurs partiront avec dans la tête quelques ritournelles un peu faciles, mais réjouissantes. Quant à connaître la composition du « Russe Blanc », un cocktail détonnant, il faut venir au Théâtre de l’Œuvre pour la connaître. n

Le Théâtre de l’Œuvre nous convie à un spectacle atypique. Entre rires et nostalgie, défilent des tranches de vie.

par alain soLari

un tourbillonde souvenirs

« Bistro ! » au Théâtre de l’Œuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris, du mardi au samedi (21h), matinées samedi (18h30) et dimanche (15h30). Tarifs : 38 e, 32 e, 26 e, 21 e. Le mardi à l’Œuvre : tarif unique 21 e. Tél. : 01.44.53.88. 88. www.theatredeloeuvre.fr

D.R.

Une alternance de rires et de nostalgie qui nous parle de la famille, de l’exil...

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Dans le Paris des années 30, Hugo Cabret partage avec son père bien-aimé une passion pour la

mécanique. Mais celui-ci meurt bruta-lement, et Hugo est recueilli par son oncle, un vieil alcoolique qui entretient et remonte toutes les horloges d’une immense gare parisienne. Le jour où ce dernier disparaît sans prévenir, Hugo le remplace, en se gardant bien d’en parler à quiconque, de peur d’être envoyé à l’orphelinat. La première scène, impression-nan te de virtuosité et d’originalité, plonge le spectateur dans le décor éblouissant d’une immense gare pari-sienne, toute de métal et de verre. Avec cette scène, on retrouve tout le talent de Martin Scorsese et son sens de l’image et du cadrage. Malheureusement,

même si le spectateur admire son extra-ordinaire savoir-faire, il n’est guère trans porté par une histoire un peu arti-ficielle. Surtout, le jeune Asa Butterfield manque un peu de charisme pour toucher le cœur du spectateur. Et il faut attendre la dernière partie du film pour que celui-ci prenne sa vraie dimension : celle d’un vibrant hommage au cinéma et à ses artistes, tel Georges Méliès. C’est dans cet hommage que Martin Scorsese est enfin lui-même, passionné et plein d’admiration pour le génie de son aîné et la magie de cet art qu’il a fait sien.

La passion de la mécanique, puis celle du cinéma réunit les personnages dans cette œuvre familiale. ■

Hugo Cabret. Aventures américaines en 3D (2011) de Martin Scorsese, avec Asa Butterfield (Hugo Cabret), Ben Kingsley (Papa Georges/Georges Méliès), Sacha Baron Cohen (le chef de gare), Chloë Grace Moretz (Isabelle), Ray Winstone (l’oncle Claude), Emily Mortimer (Lisette), Christopher Lee (Monsieur Labisse), Jude Law (le père d'Hugo) (2h08). (Tous) Sortie le 14 décembre 2011.

Des vents contrairesUn an après la disparition mystérieuse de son épouse, Paul, toujours rongé par la souffrance, décide de partir, avec ses enfants, pour Saint-Malo, où il a grandi, afin de recommencer une vie nouvelle. Jalil Lespert raconte l’histoire poignante d’un homme brisé qui tente de se reconstruire. Les personnages sont très attachants, et les scènes familiales, avec les enfants, sont très réussies. Jalil Lespert étant un excellent directeur d’acteurs, ceux-ci sont très convaincants, en particu-lier Benoît Magimel, qui porte tout le film sur ses épaules. Mais l’on regrette que le réalisateur n’ait pas apporté davantage de soin à la description des personnages secondaires. Elle est très émouvante, cette histoire d’un père dont la vie a été brisée par un drame et qui tente de reconstruire sa famille. On regrette une brève scène suggestive.

Comédie dramatique fran-çaise (2011) de Jalil Lespert, d’après Olivier Adam, avec Benoît Magimel (Paul Anderen), Isabelle Carré (Josée Combe), Antoine Duléry (Alex Anderen), Ramzy Bedia

(Samir), Audrey Tautou, Bouli Lanners, Marie-Ange Casta, Lubna Azabal (1h31). (Adultes) Sortie le 14 décembre 2011.

SweetgrassDes bergers, sans doute les derniers à le faire, conduisent leur troupeau dans les pâturages des montagnes du Montana. Pour cela, ils font 250 kilomètres à pied ! Filmée par des anthropologues et des ethnographes, cette œuvre, qui peut rebuter au premier abord, est un hymne splendide à la nature (les paysages monta-gneux du Montana sont superbes), en même temps qu'une sorte de western nostalgique, presque sans parole, sur un monde en voie de disparition. Ce film est une belle invitation à la contemplation.

Documentaire américain (2011) de Ilisa Barbash et Lucien Castaing-Taylor, avec John Ahern, Rlaine Allestad, Lawrence Allestad, Pat Connolly (1h41). (Adolescents) Sortie le 14 décembre 2011.

CINÉMA

Premier film pour enfants de Martin Scorsese, cette œuvre est un bel hommage au cinéma.

La passion du cinémapar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

La première scène est impressionnante de virtuosité et d’originalité(

Hugo CAbret

Mission : Impossible - « Protocole Fantôme » Une mission de l’IMF (Impossible Mission Force) ayant échoué, le président décide de dissoudre l'organisation. La réalisation de ce quatrième opus de la série a été confiée à Brad Bird, plutôt spécialisé dans le film d'animation (Ratatouille). Pour se démarquer de ses prédécesseurs, il a utilisé la technique IMAX, ce qui, dans les rares salles équipées, permet de voir des scènes

encore plus spectaculaires. Pour le reste, c'est très bien fait, avec un rythme trépidant, des scènes d'action parfaitement réglées (dont une d'escalade du plus grand building du monde, à Dubaï), le tout assaisonné d'un soupçon d'humour. Sans être un chef-d'œuvre, ce film de distraction pure est très réussi. Cette lutte entre les forces du bien et celles du mal n'évite pas quelques violences.Aventures (2011) de Brad Bird, avec Tom Cruise (Ethan Hunt), Jeremy Renner (William Brandt), Simon Pegg (Benji Dunn), Paula Patton (Jane Carter), Michael Nyqvist (Kurt Hendricks) (2h19). (Adolescents) Sortie le 14 décembre 2011.

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Après le succès du Monde de Narnia, cha pitre 1er : Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, les

producteurs ont sorti l’adaptation du deuxième des livres des Chroniques de Narnia écrits par C.S. Lewis. Ce second opus est très spectaculaire, mais pré serve ses préoccupations spiri­tuelles. Il constitue un divertissement de très haute tenue alliant habilement le fond et la forme.

Un an s’est écoulé depuis que les enfants Pevensie ont découvert le ro y aume magique de Narnia. Mais, à l’échelle de ce fabuleux monde, cela représente 1300 ans. Une race d’hu­mains a pris le pouvoir et les créatures de Narnia vivent ca chées dans la forêt. Lorsque le redoutable roi Miraz apprend

qu’il vient d’avoir un fils, il décide d’éli­miner le prince Cas pian, l’héritier légi­time du trô ne… Prouesses techniques, effets spéciaux remarquables, récit ha letant, scènes de batailles grandioses, tous les ingrédients sont ré u nis pour nous offrir un divertissement mémorable. Le spec­tateur en prend plein la vue et a à peine le temps de reprendre son souf fle qu’une nouvelle action trépidante s’en­gage. Certaines séquences sont de véri­tables morceaux de bravoure. Le récit exalte l’héroïsme et le cou rage, mais aussi l’humilité et place la question de la foi au cœur de ses

enjeux dramatiques. Il dépeint un mon de qui a perdu son âme, car le divin et la spiritualité ont été mis de côté. Les longues scènes de combat peuvent sembler éprouvantes pour le jeune public, qui peut aussi ê tre effrayé par deux créatures ma léfiques. ■

Le monde de Narnia, chapitre 2 «Le prince Caspian». Film fantastique américain (2008) de Andrew Adamson, avec Ben Barnes (le prince Caspian), William Moseley (Peter), Anna Popplewell (Susan), Sergio Castellitto (le roi Miraz) (2h23). Diffusion le mardi 20 décembre, sur TF1, à 20h50.

Temple Grandin

Grâce à la ténacité de sa mère, Temple Grandin, une jeune autiste, a réussi à suivre une scolarité normale, malgré la bizarrerie de son comportement. Après son diplôme, elle se passionne pour l’élevage et la manière d’améliorer les conditions de vie des troupeaux. Portée par l’interprétation exception-nelle de Claire Danes (malgré un doublage médiocre), cette œuvre, qui retrace une histoire authentique, met en scène une jeune autiste dotée d’une mémoire visuelle phénoménale. C’est prenant, parfois drôle (la machine à câlins) et souvent émouvant. Cette œuvre permet de mieux comprendre ce qu’est un autiste et les diffi-cultés auxquelles il est confronté, ainsi que la culpabilité qui peut ronger ses parents. Grâce à son courage et son ingéniosité, l’héroïne parviendra à se faire une place au soleil. L’au-delà est une question qui hante la jeune autiste.Téléfilm américain (2010) de Mick Jackson, avec Claire Danes (Temple Grandin), Julia Ormond (Estacia), David Strathairn (le professeur Carlock), Catherine O’Hara (la tante de Temple) (1h44). Diffusion le vendredi 23 décembre, sur Arte, à 20h40.

La Belle et la BêteBelle, une ravissante jeune fille, vit avec son père, un inventeur farfelu. Ce superbe film d’animation, produit par les studios Disney, est une comédie musicale qui reprend le thème du conte de Madame Leprince de Beaumont, déjà porté à l’écran par Jean Cocteau. Les dessins sont très jolis, en particulier ceux du village français, et la musique a valu deux Oscars à ce film très réussi. Il n’y a que les tout-petits qui pourront être impressionnés par la Bête dans ce film charmant.Film d’animation américain (1992) de Gary Trousdale et Kirk Wise (1h35). Diffusion le lundi 19 décembre, sur M6, à 20h50.

TÉLÉVISION

Secrets d’histoire « Eugénie, la dernière impératrice »Parce qu’elle était la plus belle femme de son temps, Eugénie de Montijo, une aris tocrate espagnole, a attiré le regard de Louis-Napoléon Bonaparte, tout nouvel empereur des Français. Elle l’épouse en 1853. Stéphane Bern évoque la vie de cette femme aussi belle que généreuse, à travers les lieux et les palais qu’elle a fréquentés. Des historiens et des spécialistes viennent apporter leur concours à ce portrait très inté-

ressant. De la jeune femme frivole, à la vieille dame passionnée de nou velles techniques, en passant par la grande chrétienne et la femme généreuse, ce sont les multiples aspects d’une femme, ayant vécu tous les sou bresauts de son temps, qui sont racontés avec beaucoup de verve. Mais on aurait aimé davantage d’explications sur la fameuse lettre que lui a adressée, en octobre 1870, le roi de Prusse Guillaume Ier, concernant l’annexion de l’Alsace-Lorraine.Magazine présenté par Stéphane Bern, avec la participation de Jean des Cars, Michel de Decker, Patrice de Moncan, William Smith, Alexandre de La Cerda, Alain Puyau, Roy Hopper, Michel Guérrard (1h40). Diffusion le lundi 19 décembre, sur France 2, à 22h50.

Plus spectaculaire et moins poétique, ce second voletse nourrit ostensiblement de plusieurs références bibliques.

Le monde de Narnia 2par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

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Arte

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Le récit place la questionde la foi au cœurde ses enjeux dramatiques(

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TF120.50 Amimicalement. Divertisse-ment avec Mimie Mathy, Jean Reno, Jean-Jacques Goldman, Line Renaud, Michèle Laroque, Liane Foly, Patrick Bruel, Pascal Obispo, Florent Pagny, etc.23.15 New York, section crimi-nelle. Série avec Vincent D’Onofrio.France 220.35 N’oubliez pas les paroles. Divertissement présenté par Nagui, avec Luce, Jonathan Lambert, Élo-die Gossuin, Gérard Lenorman, Nâdiya et Michel Cymes.22.55 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.35 Saigon, l’été de nos 20 ans A/Ø. Téléfilm avec Théo Frilet, Clovis Fouin, Adrien Saint-Joré, Audrey Giacomini, Barbara Probst, Samuel Labarthe, Thibault de Mon-talembert (3h10). __]] Cette histoire retrace les années de la guerre d’Indochine. C’est assez prenant, malgré les longueurs et les scènes complaisantes.00.30 Appassionata «Une journée avec... Laurence Équilbey».Arte20.40 L’aventure humaine «Une vallée des rois en Chine» J. __ Impressionnant.21.30 L’aventure humaine «Hono-ré Fragonard : La passion de l’ana-tomie» GA. __ Passionnant.22.25 Police 110 «L’ange écarlate» A/Ø. Téléfilm avec Edgar Selge, Michaela May, Nina Kunzendorf (1h29). __]] Prenant, mais sordide et très pénible.23.55 Metropolis.M620.50 NCIS Los Angeles : «Rock et man», «Tout ce qui brille», «Il faut sauver Dom», «La traque». Série avec Chris O’Donnell 2.Canal +

20.50 Unstoppable GA. Thriller (2010) de Tony Scott, avec Denzel Washington, Chris Pine, Rosario Dawson, Kevin Dunn (1h35) 2. __ Un excellent thriller.KTO20.45 VIP «Philippe Louis». Ren-contre avec le patron de la CFTC.21.40 Concert «Orpheus Britan-nicus».

TF1

20.50 Madagascar 2 «La grande évasion» T. Animation (2008) de Eric Darnell et Tom McGrath (1h26). __ Excellent et bourré d’humour et de gentillesse.22.30 Les experts. Série avec Marg Helgenberger 2.France 2

20.45 Le Père Noël est une ordure GA. Comédie (1982) de Jean-Marie Poiré, avec Anémone, Thierry Lhermitte (1h27). __] Amusant, mais grinçant et avec un langage ordurier.22.15 Faites entrer l’accusé «Trois hommes et un magot». France 320.35 Moby Dick. Téléfilm avec William Hurt, Ethan Hawke.23.20 Et maintenant… «Gilbert Bécaud». Documentaire.00.50 Spéciale Tex Avery.ArteLivres secrets20.40 Le nom de la rose A/Ø. Drame (1986) de Jean-Jacques Annaud, d’après Umberto Eco, avec Sean Connery, Christian Slater, Michael Lonsdale (2h06) 2. ___]] Ce film très brillant est aussi très corrosif et érotique.22.50 Le mystère du manuscrit de Voynich. Documentaire.23.40 One shot not.00.35 Eugène Onéguine. Opéra de Tchaïkovski, avec la compagnie du Bolchoï.M620.50 Capital «Achats de Noël : Dans les coulisses du grand rush !». Magazine présenté par T. Sotto.22.45 Enquête exclusive «Chamo-nix, mont Blanc : Le grand rush des sports d’hiver». Magazine.Canal +21.00 Football «PSG/Lille».KTO20.40 La foi prise au mot (4/6) «Marie et Joseph».21.45 Lettres à mon frère en exil.22.40 Les Mardis des Bernardins «Quel chemin pour aller vers Dieu ?».

TF120.50 Joséphine, ange gardien «Joséphine fait de la résistance» J. Téléfilm avec Mimie Mathy. _ Cet épisode raté met en scène des résistants de pacotille.22.35 Esprits criminels. Série 3.01.00 Au Field de la nuit, avec Anne Roumanoff, Audrey Lamy, A. Macquart, B. Krief, É. de Feydeau, T. Pawlowski, Alice Djian et S. Jorif.France 220.35 Castle : «Un homme en colère», «Doublement mort», «Espion d’un jour» GA. Série avec Nathan Fillion. __ Excellent.

22.50 Secrets d’histoire «Eugénie, la dernière impéra-trice» J. Magazine. (voir notre analyse page 35)00.50 Le rattachement. Théâtre de Didier van Cauwe-laert, avec Samuel Labarthe, Alexandra Lamy.

France 320.35 Le grand bêtisier 2011 «À La Réunion». Divertissement pré-senté par Cyril Féraud.23.10 Roumanoff, telle quelle. Documentaire.Arte20.40 Laurel et Hardy : «Sous les verrous», «Marchands de poisson», «Constructeurs» T. Courts métrages. 22.35 Agnès de ci de là Varda (1/5) J. Documentaire de Agnès Varda. __] Cocasse, mais inégal.23.25 Casse-noisette. Ballet de Tchaïkovski, avec Y. Takeshima.M6

20.50 La Belle et la Bête T. Ani-mation (1991) de Gary Trousdale et Kirk Wise (1h35). (voir notre ana-lyse page 35)22.25 Vaillant, pigeon de combat T. Animation (2004) de Gary Chap-man (1h13). __ Très amusant.Canal +20.55 L’année du zapping 2011. Divertissement.KTO20.40 Les grands entretiens «Nicolas Buttet, la puissance de l’Eucharistie». 21.35 Églises de France «Notre-Dame la Grande et le Baptistère Saint-Jean de Poitiers».21.50 Un cœur qui écoute «Frère Émile de la Communauté de Taizé».22.25 L’esprit des Lettres.

TF120.50 Le monde de Narnia «Cha-pitre 2, le prince Caspian» T. Fan-tastique (2008) de Andrew Adam-son, avec Ben Barnes (2h23). (voir notre analyse page 35)23.30 V. Série avec L. Huffman 2.France 220.35 Leurs secrets du bonheur. Magazine présenté par Frédéric Lopez, avec Franck Dubosc.22.45 Le grand restaurant. Diver-tissement avec Pierre Palmade, Gisèle Casadesus, Robert Hirsch, Carole Bouquet, Tomer Sisley, Michel Galabru, etc.

00.50 Carmen GA. Film opéra (1984) de F. Rosi, avec Julia Mige-nes-Johnson, Placido Domingo, Ruggero Raimondi (2h27). ___] Super be, mais très sensuel.France 320.35 Le grand blond avec une chaussure noire GA. Comédie (1972) de Yves Robert, avec Pierre Richard, Mireille Darc (1h30). __] Loufoque, mais pas tou-jours de très bon goût.22.05 Le retour du grand blond GA. Comédie (1974) de Yves Robert, avec Pierre Richard, Mireille Darc (1h16). __] Amu-sant, mais parfois assez grivois.Arte20.40 Shine a light J. Documen-taire en VO (2007) de M. Scorsese, avec les Rolling Stones (1h57). __ Un concert brillamment filmé.22.40 Agnès de ci de là Varda (2/5) J. Documentaire.23.25 Mosfilm «Les chefs-d’œuvre du cinéma russe». Documentaire.M620.50 Spécial D & Co «C’est du bonheur !». Magazine présenté par Valérie Damidot.23.00 D & Co, une semaine pour tout changer.Canal +20.55 Football «Nancy/Marseille».KTO20.40 Les Mardis des Bernardins «L’argent, jusqu’où et à quel prix ? : Excellent serviteur et mauvais maître», avec J.-Y. Le Borgne, le cardinal A. Vingt-Trois, le père A. de Romanet, Jean-Pierre Jouyet.22.15 Regard biblique «La Nativité».22.25 Crèches de Noël, magie de l’enfance.22.50 VIP «Philippe Louis».

Samedi 17 décembre Dimanche 18 décembre Lundi 19 décembre Mardi 20 décembre

Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Source de vie», «Présence protes-tante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Femmes enga-gées, femmes de foi» - 10h45 Messe en l’église du Christ-Roi, à Bischheim (67).

tÉLÉviSion

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sur KTOJeudi 22 décembre à 20h40Marie de Nazareth T___ Tourné dans de très beaux paysages marocains, ce film met en scène, avec simplicité et natu-rel, l’histoire de la Sainte Famille. On peut lui reprocher parfois un côté sulpicien, mais il s’agit d’une œuvre illustrative, comme les his-toires saintes de notre enfance.___ Un respect et une piété authentiques animent cette œu–vre, qui rend sensibles les silences de la vie spirituelle de Joseph et de Marie, devant le mystère de Dieu incarné. Silences qui susci-tent des réactions diverses.

TF120.50 Mentalist : «Les masques tombent», «Code rouge», «La pièce maîtresse» GA. Série avec Simon Baker, Robin Tunney 2. __ La saison se termine avec un excellent coup de théâtre.23.15 Chase. Série 2.France 220.35 Rani (3 et 4/8) A. Série avec Mylène Jampanoï, Jean-Hugues Anglade 2. __] Les décors sont superbes, mais il y a des invraisem-blances, un curé très contestable et des images suggestives.22.20 Une année pas comme les autres. Divertissement présenté par Patrick Sabatier.France 320.35 Noël sous les étoiles «À Strasbourg». Divertissement pré-senté par Daniela Lumbroso, avec Roberto Alagna, Nolwenn Leroy, Christophe Willem, Chimène Badi, Dave, Gérard Lenorman, etc. 23.20 L’ombre d’un doute «Qui était Jésus ?». Magazine.Arte20.40 Les mercredis de l’histoire «Looking for Nicolas Sarkozy» J. Documentaire de William Karel (1h30). __] Intéressant et cocasse, mais peu nuancé.22.10 Agnès de ci de là Varda (3/5) J. Documentaire.23.00 Le dessous des cartes «États fragiles dans le Sahel». 23.10 Le jour le plus court. Courts métrages.M620.50 La France a un incroyable talent. Divertissement présenté par S. Corman et Alex Goude, avec Sophie Edelstein, G. Rozon et Dave.23.10 Jamel and friends à Mar-rakech.Canal +

20.55 La princesse de Montpen-sier A. Drame (2010) de B. Taver-nier, d’après Madame de La Fayet-te, avec Mélanie Thierry, Lambert Wilson (2h14) 2. ___] Bril-lant et élégant, mais un peu long et complaisant dans les images.KTO20.40 Monachisme, histoire d’hommes et de déserts (4/4) «De l’Orient à l’Occident».21.45 Églises du monde «Irak». 22.15 La foi prise au mot (4/6) «Marie et Joseph».

TF120.50 Les cent plus grands… «Incidents du direct». Divertisse-ment présenté par Christophe Dechavanne et Sandrine Quétier.23.25 Vendredi tout est permis avec Arthur. Divertissement pré-senté par Arthur, avec Claudia Tag-bo, Ary Abittan, Amelle Chahbi et Rachid Badouri.France 220.35 À la maison pour Noël A/Ø. Téléfilm avec Virginie Efira, Adel Bencherif, Didier Flamand, Stépha-nie Pillonca. _]] Assez lourd et facile, avec des trivialités et une scène très suggestive.22.10 Un jour, un destin «Yves Montand, les secrets d’une vie». Documentaire présenté par Lau-rent Delahousse.France 320.35 En attendant Noël. Divertis-sement présenté par Karen Cheryl et Henry-Jean Servat, avec Tino Rossi, Joe Dassin, Sacha Distel, Claude François, Elvis Presley, Céline Dion, etc.23.00 La vie de chantier. Théâtre de et avec Dany Boon, et avec Marie-Sophie L., Zinedine Soualem.Arte20.40 Temple Grandin J. Téléfilm avec Claire Danies, Julia Ormond, David Strathairn, Catherine O’Hara (1h44). (voir notre analyse page 35)22.25 Agnès de ci de là Varda (5/5) J. Documentaire.23.10 Grand format «Les visages de l’Arctique». Documentaire.M620.50 NCIS : «Super soldat», «Un homme à la foi», «Alter ego», «Ven-geance d’outre-tombe». Série avec Mark Harmon, M. Weatherly 2.Canal +

20.55 Rien à déclarer J. Comédie (2010) de Dany Boon, avec Benoît Poelvoorde, Dany Boon, Julie Ber-nard, Karin Viard, François Damiens (1h44). __] C’est sympathique et souvent drôle, mais assez lourd.KTO20.40 Rencontre avec Michael Lonsdale.21.45 La vie des diocèses «Mgr Pierre-Marie Carré - Diocèse de Montpellier».22.25 Les grands entretiens «Nicolas Buttet, la puissance de l’Eucharistie».

TF120.50 Masterchef junior. Divertis-sement présenté par C. Rousseau, avec Frédéric Anton, Yves Camde-borde et Sébastien Demorand.22.25 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 2.France 220.35 Le gala de l’Union des artistes. Spectacle présenté par Catherine Jacob et Fred Tousch, avec Claudia Cardinale, Anna Mouglalis, Bruno Solo, Nolwenn Leroy, Emma de Caunes, Mathilda May, Shirley et Dino, Marianne Denicourt, Zabou Breitman, Amel Bent, Natasha St Pier, etc.23.10 Les diablogues. Théâtre de Roland Dubillard, avec Jacques Gamblin, François Morel.France 320.35 10 000 J. Aventures (2008) de Roland Emmerich, avec Steven Strait, Camilla Belle, Clift Curtis, Omar Sharif (1h45) 2. __] C’est spectaculaire, mais l’intrigue n’a guère d’intérêt.23.00 La légende de Beowulf A. Fantastique (2007) de Robert Zemeckis, avec Ray Winstone, Anthony Hopkins, John Malkovich (1h50) 3. __] Spectaculaire, mais d’une violence pénible.Arte20.40 Laurel et Hardy : «C’est donc ton frère», «Livreurs sachant livrer», «Vive la liberté» T. Courts métrages. 22.40 Agnès de ci de là Varda (4/5) J. Documentaire.23.30 Tracks.M6

20.50 Les enfants de Timpelbach J. Aventures (2007) de Nicolas Bary, avec Raphaël Katz, Adèle Exarcho-poulos (1h34). __] Charmant et cocasse, mais un peu violent.22.25 Astérix et la surprise de César J. Animation (1985) de P. et G. Brizzi (1h10). __ Sympathique.Canal +20.55 Body of proof (5 et 6/9) GA. Série avec Dana Delany, Nicholas Bishop 2. __ Astucieux.KTO20.40 Marie de Nazareth T. Évo-cation (1994) de Jean Delannoy, avec Myriam Muller (1h47). (voir notre analyse ci-contre)22.35 À la source.23.05 Concert «Orpheus Britan-nicus».

Mercredi 21 décembre Jeudi 22 décembre vendredi 23 décembre

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

tÉLÉviSion

FRANCECatholique n°3286 16 décembre 2011 37

RaDioSRadio Notre-DameSamedi 17 décembre 6h54 et 8h50 et dimanche 18 décembre 9h et 11h56 : « Le billet de Tugdual Derville ».Lundi 19 au jeudi 22 décembre7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc.Mardi 20 décembre16h Parole et Musique, présenté par Claire de Castellane, «Cantate et pièces d’orgue de Jean-Sébas-tien Bach, écrite pour le temps de l’Avent».22h écoute dans la nuit, présenté par Chantal Bally «Le Sacrement du frère. Comment exercer le 2e com-mandement», avec l’Archimandrite Syméon, (Père abbé du monastère orthodoxe St-Silouane – Sarthe).Mercredi 21 décembre9h La voix est libre «Fin des temps ou temps de la fin», avec Martin Steffens et Éric Taladoine.10h30, 15h et 18h30 écclesia Maga-zine, présenté par Élodie Cha-pelle «Se préparer spirituellement à vivre Noël sur le thème “Avent : la pauvreté, source de lumière ?”»22h écoute dans la nuit, «Une symphonie pour Haïti, Chasseur de sons et compositeur», avec Christian Holl (Haïti en chœur).Jeudi 22 décembre22h écoute dans la nuit, «Retrou-ver l’esprit d’enfance...», avec Pascal Parinet (psychothérapeute).Vendredi 23 décembre16h Agenda musical, présenté par Édith Walter, «Noël pour les chré-tiens persécutés», avec le père maronite Frédéric Guigain.22h écoute dans la nuit, «L’huma-nité de Dieu», avec le Père Régis-Marie de La Teyssonnière (chape-lain des sanctuaires de Lourdes).

Marie BIZIEN

DR

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Bas-Rhin✔ Du 26 décembre au 1er jan-vier 2012 une retraite fonda-mentale est prévue «Lève-toi, prends l'enfant et sa mère», avec le Père Bernard Schnabel, [une lecture des évangiles de l'enfance dans Matthieu et dans Luc], au Foyer de Charité, 51 rue Principale, 67530 Ottrott, ✆ 03. 88.48.14.00, fax 03.88. 48.11.95, Côte-d'Armor✔ Entre Noël et le jour de l'An... «un cadeau pour votre Âme !» : vivre un temps de pause offert à Dieu ; découvrir les bienfaits du silence et être accompagné dans cette découverte... du 26 décembre au 1er janvier 2012, par une retraite fondamen-tale, prêchée par le père Hervé Gosselin, pour tous mais parti-culièrement adaptée à ceux qui

débutent un chemin de foi, qui le recom-

mencent, ou qui vivent une retraite pour la première fois... au Foyer de Charité de Tres saint, BP 54 145, 22104 Dinan Cedex, ✆ 02.96.85.86.00, fax 02. 96.85.03.56, [email protected], www.tressaint.comHaute-Savoie✔ Au Foyer de Charité de La Flatière, 943, route de La Flatière, 74310 Les Houches, ✆ 04.50.55.50.13, fax 04.50.54. 59.11, [email protected], une retraite fondamentale, pour les 18/35 ans, est organisée du 26 décembre au 1er janvier 2012 «Sur les traces de l'Agneau... (Jn 3)», avec le Père Jean-François Hüe. Et aussi, du 16 au 22 janvier «Dieu aime les humbles», avec le Père Hubert-Marie Chalmandrier. www.flatiere.frLot-et-Garonne✔ Au Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05. 53.66.86.05, fax 05.53.66. 10.02, des activités sont pro-

posées : une retraite du 26 au 31 décembre, avec le Père Dominique Bostyn «Jésus, où et comment me rejoins-tu ?», suivie, du 31 décembre (21h) au 1er janvier 2012 (9h), avec la communauté du Foyer, une «Veillée de Prières pour confier l’année au Seigneur et à Marie, notre Mère», messe (à 23h). également, du 1er au 12 mai 2012, avec le Père Dominique Bostyn, un pèlerinage-retraite en Terre Sainte : « Sinaï, en égypte et Israël ». Oise✔ à l 'abbaye d’Ourscamp, 60138 Chiry-Ourscamp, ✆ 03. 44.75.72.00, fax 03.44.75. 72.04, la Communauté des Serviteurs de Jésus et de Marie propose de vivre avec elle, du 24 décembre (19h) au 1er janvier 2012 (17h). Vêpres de Noël, confessions, concert, Messe de minuit, Messe de la Nativité, Messe pour la paix...La communauté propose éga-lement aux 18-35 ans, de vivre quelques jours entre Noël et le

jour de l’an à l’abbaye, à l’occa-sion d’une retraite de discerne-ment «Comment poser de bons choix ?», du 27 décembre au 1er janvier 2012 (18-35 ans)✔ Des retraites, avec Jean Vanier, sont proposées à La Ferme de Trosly, B.P. 21, 23, rue d'Orléans, 60350 Trosly-Breuil, ✆ 03.44.85. 34.70, fax 03.44.85.34.71 : du 21 au 25 décembre, Temps de Noël «Le Verbe s'est fait chair», du 27 décembre au 1er janvier 2012, spécial jeunes «Noël : ouvrir un avenir d'espérance».Pas-de-Calais✔ une retraite fondamentale, avec le Père Laurent Boucly, «Je vous annonce une grande joie... aujourd'hui vous est né un Sauveur» (Lc 2, 10-11), est prévue du 26 au 31 décembre 2012, [possibilité de rester pour la veillée du 31 décembre] au Foyer de Charité, BP 105, 62240 Courset, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13.Yvelines✔ une retraite fondamentale

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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«Contempler et annoncer l'in-sondable richesse du Christ», avec le Père Bruno Charnin, aura lieu du 26 décembre (soir) au 1er janvier 2012 (10h), au Foyer de la Charité La Part-Dieu, 108 rue de Villiers, 78300 Poissy, ✆ 01.39.65.12.00, fax 01.30.74.71.65.Parcours zachée à marseille✔ un parcours de formation spi-rituelle et pratique pour mettre en œuvre la Doctrine sociale de l’église. un parcours pour unifier foi et action et réali-ser un «art de vivre chrétien». Réunion de présentation le jeudi 12 janvier 2012 (20h30) aux salles paroissiales de Saint Giniez, 28, bd. E. Sicard, 13008 Marseille, rens. : ✆ 06. 71.89.44.37, zachee.marseille @gmail.comDuc in Altum✔ La troupe Duc in altum, com-posée de jeunes de 17-25 ans venus de toute la France, a été créée il y a 10 ans et sillonne la France pour donner des repré-sentations d'une pièce de théâtre sur la vie et la mort de Sainte Thérèse de Lisieux, «Briser la sta-tue», pièce de Gilbert Cesbron. Il est possible de participer à la mission d'hiver du 27 décembre

au 1er janvier, gratuitement, en Bretagne. à l'inscription, le script de la pièce avec un rôle à apprendre vous est transmis par internet, la mise en scène sera ensuite effectuée sur place. Rens. : ✆ 06.40.12.26.71, [email protected]èlerinage✔ à la demande d’un petit noyau de catholiques décidés, Marie-Gabrielle Leblanc et le Professeur A. Sadek (égyptolo-gue et coptologue) organisent du du 28 décembre au 4 janvier un séjour d’une semaine dans le nord de l’égypte pour sou-tenir les Coptes. Nombreuses visites artistiques mais surtout des rencontres de personnalités coptes. Au programme, Le Caire, deux jours à Alexandrie, les monastères de Ouadi Natroun. 950 €. La connaissance de la situation sur le terrain depuis 30 ans, permet aux organi-sateurs d’éviter les endroits éventuellement périlleux et de prendre des risques inconsidé-rés. Contact : ✆ 01.48.07.05. 84, [email protected]

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :www.france-catholique.fr

AbONNEmENTS à FRaNCe CaThOLIqueFrance, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / étranger, 1 an : 122 . Abon nement sou tien : 250 . Pour la Bel gique, virements à l'ordre de E. Ker khove, chaus sée de Dottignies 50 7730 Es taimpuis, tél. 056. 330585, compte ban caire : 275.0512. 029.11.Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal [IBAN / FR46 2004 1010 1243 5535 5X03 353 | BIC : PSSTFRPPSCE], ou bien par mandats in ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et pa yables en France ou par chèques ban caires domiciliés à l'étranger mo yen nant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rem bourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.

PETITES ANNONCESTarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Yvelines- Val-d'Oise. établissement socio-éducatif recrute éducateurs. CV + lettre manuscrite à M. le directeur, cité de l'Espérance, 9 rue de la Haute Borne, 95610 Eragny-sur-Oise.➥ Association humanitaire catholique cherche par-rains pour enfants éthiopiens en zone sinistrée. Rens. : tél. 02.33.47.36.25 / [email protected] @www.jeparraine.com➥ Offre gratuitement cassettes (VHS) adultes et enfants. à prendre quartier Auteuil, à Paris, tél. : 01.42.15.52.70 ou 06.20.14.23.46.➥ "Biosculpture®", une méthode de réalisation et d'inspiration créatrice au contact de la terre nue. Symbolique du corps, style personnel, maîtrise des formes, création et plaisir. Catherine Cairn, sculptrice professionnelle. Ateliers mensuels à Versailles, 50 e par séance, matériel compris. Rens./inscriptions au tél. 06.09.06.43.25 / [email protected]

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1016 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2016

CNIL : 677840560, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson

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Les éditions Jade présentent le CD « Marie, Fleur du Carmel »

Au cœur de la Hongrie, cette jeune communauté de carmélites offre une liturgie de qualité exceptionnelle.Si chanter c’est prier deux fois, cette louange divine s’exprime par des voix d’une très grande justesse dans un répertoire à dominante grégorienne et traditionnelle.Situé dans une région de moyennes montagnes au Sud de la Hongrie, le Carmel de Magyarszék compte une ving-taine de sœurs et a fondé une petite antenne en Roumanie il y a six ans. La communauté mène au sein du diocèse de Pécs une vie de prière et de travail selon l’équilibre voulu par sainte Thérèse d’Avila entre solitude et vie fraternelle. La liturgie est chantée en latin et en hongrois dans la chapelle du monastère. Les hôtes et les fidèles sont invités à y prendre part. La beauté de cette liturgie vient de ce qu’elle s’inspire de mélodies grégoriennes du Moyen-Âge. Elle s’unit à celle de la nature environnante pour louer Dieu.Au « Carmel de Tous les Saints », tout parle de Dieu, que ce soit le silence, la prière continuelle qui baigne les allées-et-venues sur les pentes de la colline ou le travail de cuisson des pains d’autel et d’édition de livres de spiri-tualité ou encore les heures de vie fraternelle partagée.Chacun est invité à venir déposer ses joies, ses soucis, ses demandes aux pieds de Marie, Fleur du Carmel, qui les transmet à son Fils.

Durée totale : 46 min.CHœuR Du CARMEL DE TouS LES SAinTS

(Pécs, Hongrie)

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