Concours de nouvelles Versailles Lire au jardin 2013

Les chiens royaux mènent l’enquête

Ecole élémentaire de Rechèvres

Classe de CE2/CM1

28 000 CHARTRES

Je suis Fripon, le chien de compagnie du roi Louis XIV. Je vais vous guider dans cette histoire. Suivez-

moi jusqu'à mon panier qui se trouve dans le salon d'Hercule. Il est recouvert d'un tissu brodé de fils d'or et d'argent. Chaque jour, Mélinda, la servante de madame

de Maintenon, lave ce magnifique tissu. J'aime beaucoup les cheveux blonds de Mélinda car ils brillent

au soleil quand elle me promène dans la nature, près des charmes blancs.

Son fiancé, Gabriel est cuisinier. Il n'a que dix-huit ans mais il sait déjà préparer des plats succulents pour son Altesse Royale: diverses soupes, du mouton au jus et à l'ail et des tartes avec les meilleures

fraises du monde.

J'adore aller me promener du côté de l'atelier du peintre personnel de Louis XIV. Il s'appelle Julien. Il

est installé sous la Galerie des Glaces. Il possède une centaine de pinceaux et une quarantaine de

couleurs qu'il mélange pour créer des tableaux qui représentent le Roi-Soleil sur son cheval blanc, avec

ses courtisans au milieu des jardins de Le Nôtre ou bien mangeant des fruits. Sur ses cheveux bruns,

Julien porte un chapeau et protège ses vêtements avec une blouse bleue.

Mais je ne vous ai pas encore parlé de mon meilleur ami, Georges le bouledogue. C'est un chien de garde qui aime aller se cacher dans les bosquets et les labyrinthes. Nous avons le même âge et pour

notre premier anniversaire, on nous a offert un collier dessiné par Julien. Sous le cuir, il y a une petite

boîte en or et en argent. Quand on l'ouvre, on entend une mélodie de Lully. Lorsque je me promène avec Georges, Maurice, le jardinier, nous gronde souvent car nous grattons les

racines des framboisiers, nous piétinons les plates-bandes de pensées et nous écrasons les graines qu'il

vient de semer.

Ce matin, j'ai bien cru qu'on allait nous priver de notre friandise car Maurice a essayé de nous chasser

avec son râteau qui a frôlé nos cous... Mais heureusement, le marquis Pierre Desjardins de Chartres

nous a sauvés lorsqu'il est arrivé en courant pour annoncer aux courtisans qui se trouvaient là:

– La bague de notre cher roi a disparu du coffre à bijoux de sa chambre !

Cette bague avait une histoire particulière. Elle avait été offerte à Louis XIV par un de ses corsaires qui

avait attaqué un bateau espagnol ennemi et récupéré cent livres d'or ainsi que cette bague sertie de rubis.

Les cris du marquis parvinrent jusqu'aux oreilles de Merlin, le tailleur de pierre, qui était en train de finir une statue de Louis XIV près de la Fontaine du Soir. Prudemment, Georges et moi nous le

rejoignîmes car avec lui aucun risque de recevoir des coups de râteau !

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Il se pencha vers nous et remarqua que nous n'avions plus nos colliers.

– Mais qu'avez-vous fait de vos colliers, messieurs les chiens du roi ?

Son attention fut attirée par la foule des courtisans qui rejoignait, surprise et affolée, le château.

Notre trio les suivit.

Devant la chambre du roi, un garde suisse était posté. Merlin décida de passer par l'atelier de Julien

afin de ne pas se faire remarquer. Il monta l'escalier secret discrètement. Nous le suivîmes.

La porte était fermée. Merlin utilisa son burin et comme un charme elle s'ouvrit.

Arriverions-nous à éclaircir le mystère de la bague volée ?

Derrière la porte, il y avait deux escaliers. Georges prit celui de gauche et Merlin et moi celui de droite.

Lorsque Georges aboya, nous fîmes marche arrière. Il était au milieu de l'atelier de Julien, de ses pinceaux, petits et grands, de ses couleurs et de ses tableaux.

Grâce à son flair, Georges venait de retrouver nos deux colliers. Comment se faisait-il qu'ils soient là ?

Merlin se baissa pour les attacher à nos cous. A ce moment, nous entendîmes des pas approcher. Vite ! Nous nous cachâmes dans une armoire. Mais dans la précipitation, mon collier se décrocha et la

musique de Lully retentit. Julien nous découvrit et quand nous sortîmes de notre cachette, je le vis

ramasser quelque chose qu'il rangea rapidement dans la poche de sa blouse. Merlin lui demanda:

– Qu'est-ce que c'est ?

– Une pièce qui a dû tomber de ma bourse tout à l'heure. Mais que faites-vous là ? Je suis un peu débordé en ce moment. Notre roi attend une commande de navires de guerre. Pouvez-vous me laisser

travailler ?

Merlin s'étonna que Julien change de sujet aussi vite. Georges se mit alors à grogner en direction de la

poche de Julien.

– Êtes-vous sûr que c'est bien une pièce qui est dans votre poche ? interrogea Merlin.

Le visage de Julien changea d'expression.

– Vous dites vr...vr...aiment n'importe quoi ! bafouilla-t-il.

Il était tout tremblant...

Le peintre recula de quelques pas. Puis, il s'enfuit, sortit de la Galerie des Glaces et s'enfonça dans le Labyrinthe du Dauphin. Nous le poursuivîmes. En voulant rattraper son chapeau, Julien buta contre

une racine, tomba et c'est alors que la bague de rubis roula au sol. Le vent vint effeuiller les pétales des

tournesols, ce qui forma un ravissant écrin.

– C'est donc ça ta pièce ? ! Imposteur ! A quoi allait donc te servir cette bague ? dit Merlin.

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– Cette bague appartenait à mon père. Il a été chassé et banni par Louis XIV car il avait raté un tableau. Le roi n'avait pas été suffisamment mis en valeur sur la toile. Donc mon père devint le peintre

personnel du roi d'Espagne Philippe IV. C'est pourquoi, il était sur le bateau attaqué. Un corsaire lui

arracha sa bague et le tua.

Une pensée traversa alors Merlin.

– Tu voulais donc te venger ?

Julien, dépité, baissa la tête et se mit à pleurer. Merlin lança alors:

– Tu dois avouer ta faute à notre roi. C'est ta seule chance d'être sauvé de la pendaison.

Julien sécha ses larmes, prit son courage à deux mains et accepta de se rendre auprès de Louis XIV.

Voulez-vous savoir si Louis le Grand pardonna à Julien ? Et bien, suivez-moi jusqu'au trône de son

Altesse.

– Je suis navré d'avoir volé cette bague, commença Julien avant de raconter toute l'affaire et de parler

de la mort tragique de son père en soupirant douloureusement.

Louis XIV réfléchit. Son regard était à la fois étonné et compréhensif. Finalement, il trancha :

– Je suis désolé que ton père ait été tué. Je n'aurais jamais dû le renvoyer. Mais parfois, les rois doivent

agir sévèrement et faire des sacrifices. Je te propose de peindre à ton tour ce tableau que j'ai refusé à ton

père. Tu m'y représenteras entouré de la défunte reine Marie-Thérèse, des courtisanes agitant leurs éventails colorés et de mes fidèles chiens Fripon et Georges.

A ce moment, le roi se baissa pour nous caresser.

Julien peignit jour et nuit pour respecter la commande du roi. Le tableau fut installé dans le salon

d'Hercule près de nos paniers. Et Merlin en fit une adorable petite sculpture que Louis XIV garda dans sa chambre.

Mais que se passe-t-il ? Que crie le marquis Pierre Desjardins de Chartres ?

– La chaise à porteurs et les vases de Chine de madame de Maintenon ne sont plus dans l'antichambre

de son château !

Une nouvelle enquête, un nouveau mystère à élucider ….

Vite ! Georges ! Filons à Maintenon !

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