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Programme Bachelor RECherche APpliquée en Sciences Sociales – RECAPSS BRL n°1: Economie circulaire Les déchets alimentaires de la grande distribution : pourquoi jeter quand on peut donner ? 2013 - 2014 GROUPE 6 Martin Bourillet Louise Claustre Raphaël De Legge De Kerlean Germain Eclancher Maud Génard Sous la direction d’Éric Vogler

Les déchets alimentaires de la grande distribution...de donner une définition de la grande distribution. 1.2 Définition du cadre de la grande distribution La gande distibution est

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Programme Bachelor

RECherche APpliquée en Sciences Sociales – RECAPSS

BRL n°1: Economie circulaire

Les déchets alimentaires de la

grande distribution :

pourquoi jeter quand on peut donner ?

2013 - 2014

GROUPE 6

Martin Bourillet

Louise Claustre

Raphaël De Legge De Kerlean

Germain Eclancher

Maud Génard Sous la direction d’Éric Vogler

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Introduction générale

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Remerciements

Nous souhaitons adresser nos remerciements aux personnes qui nous ont apporté leur aide et qui

ont contribué à l’élaboration de cette recherche ainsi qu’à sa réussite.

Nous tenons à remercier sincèrement Monsieur Éric Vogler, professeur de la BRL « économie

circulaire », qui s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la réalisation de

cette recherche, ainsi que pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’il a bien voulu nous consacrer.

Nous remercions également Geneviève Slosse, directrice de l’agence de conseil G2S et membre de la

chair Eco-Emballages, pour son investissement dans notre projet et les multiples conseils qu’elle nous

a apportés.

Merci également à tous ceux qui ont pris le temps de répondre à nos questions, dont notamment :

- Bruno Ariztoy, directeur Carrefour, Toulon ;

- Pierre Victoria, directeur adjoint développement durable chez Veolia ;

- Delphine Stroh, manager dans le développement durable chez Carrefour ;

- Anabelle Gonzales, comptable chez Netto ;

- Alain Cadoret, gérant d’un super U ;

- Gilbert Loridant, vice-président de la banque alimentaire du Rhône.

Enfin nous souhaitons exprimer notre gratitude envers tous les consommateurs et internautes qui ont

pris le temps de répondre à nos questionnaires avec gentillesse et sincérité.

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Introduction générale

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Table des matières

Remerciements...................................................................................................................................1

Table des matières ..............................................................................................................................2

Introduction générale .........................................................................................................................3

Partie 1 : Revue de littérature .............................................................................................................5

1. Comment nous en sommes venus à notre problématique .......................................................5

1.1 Nos premières pistes .......................................................................................................5

1.2 Définition du cadre de la grande distribution ...................................................................5

1.3 Résultats de nos recherches exploratoires .......................................................................7

1.4 Notre problématique ..................................................................................................... 10

2. Comment s’articule le don alimentaire .................................................................................. 11

2.1 Le cadre législatif du don ............................................................................................... 11

2.2 Les supermarchés dans l’organisation du don ................................................................ 11

2.3 Les associations dans l’organisation du don ................................................................... 12

2.4 La Banque Alimentaire, intermédiaire majeur dans l’organisation du don ...................... 13

2.5 Siège social, gérant, employé, consommateur : qui est à l’origine du don alimentaire ? . 13

Partie 2 : Méthodologie et enquête terrain ....................................................................................... 15

1. Hypothèses et variables ........................................................................................................ 15

2. Méthode utilisée pour la collecte d’informations................................................................... 18

2.1 Questionnaire sièges sociaux ......................................................................................... 18

2.2 Questionnaire banque alimentaire ................................................................................ 20

2.3 Questionnaire supermarchés ......................................................................................... 22

2.4 Questionnaire consommateur ....................................................................................... 25

3. Analyse de la collecte d’information effectuée .......................................................................... 28

Partie 3 : Présentation des résultats .................................................................................................. 29

1. Traitement des résultats........................................................................................................ 29

1.1 Traitement des résultats consommateurs ....................................................................... 29

1.2 Traitement des résultats supermarchés .......................................................................... 31

2. Retour sur les hypothèses ..................................................................................................... 34

Conclusion générale .......................................................................................................................... 35

Bibliographie .................................................................................................................................... 37

Table des annexes............................................................................................................................. 39

Annexe 1 : Entretiens exploratoires .................................................................................................. 40

Annexe 2 : Questionnaires enquête terrain ....................................................................................... 59

Annexe 3 : Entretiens qualitatifs enquête terrain .............................................................................. 65

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Introduction générale

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Introduction générale

L’économie mondiale actuelle est tiraillée entre croissance et pollution ou respect de

l’environnement et stagnation. L’économie circulaire propose, elle, une alternative au choix «

croissance à tout prix ou décroissance », et se pose en troisième voie : faire plus avec moins. Consciente

que les ressources naturelles sont limitées, l’économie circulaire s’attache à faire des déchets une

nouvelle ressource afin de créer une boucle parfaite où toute matière première provient non plus de

l’exploitation de la Terre mais du recyclage d’un déchet existant. Bien sûr une telle boucle productive

fermée relève plus de l’utopie que de la réalité mais à l’image de tous les modèle théorique, elle fournit

un objectif, une direction qui permet d’avancer.

En moins de 100 ans la production industrielle mondiale a doublé. Indéniablement le monde n’a

jamais été aussi riche et pourtant ce même monde n’a jamais compté autant de pauvres. Deux milliards

d’individus vivent aujourd’hui avec moins de deux dollars par jour lorsque 15% de la population jouie

de 70% des ressources planétaires. A l’heure où les ressources pétrolières s’amenuisent, où

l’atmosphère, la faune et la flore sont les premières victimes de ce mode de vie vorace, il semble

évident qu’un tel mode de consommation ne peut s’étendre à l’ensemble des habitants de cette

planète. L'augmentation exponentielle de la production va évidemment de pair avec un rejet croissant

non recyclé.

Parallèlement le nombre d’individus ne pouvant satisfaire ses besoins premiers va en grandissant.

Plus d’un milliard d’hommes souffrent de la faim à travers le monde alors que 50% de la production

agricole mondiale est non utilisée. L’enjeu est donc de faire de ce gaspillage alimentaire une ressource

pour satisfaire les besoins nutritionnels de tous. Aussi l’objet de notre recherche appliqué en science

sociale est d’étudier la mise en place d’une économie circulaire dans l’industrie alimentaire ou du

moins d’observer comment les déchets peuvent être valorisés. On peut distinguer trois acteurs de ce

grand gaspillage:

Le consommateur est indéniablement un responsable majeur de cette masse de déchets. Par le tri

ou l’achat responsable, il devient acteur du recyclage ou de la limitation des déchets. Ces pratiques,

certes grandissantes, relèvent de trois facteurs, de trois changements sociétaux inscrits dans le temps

car liés à une histoire, une culture et un mode de vie:

- une modification de la finalité d’achat (le consommateur n’achète plus des biens pour obtenir

un statut social mais pour répondre à un besoin);

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- un respect des hommes et de la nature (le consommateur comprend que le produit qu’il

achète est l’œuvre d’un homme et d’une ressource);

- enfin une revalorisation de l’immatériel dans des sociétés ultra-matérialistes.

Etudier ces pratiques et ces changements est loin d’être inintéressant, une partie de notre groupe

avait d’ailleurs pensé à s’intéresser au recyclage par le consommateur et l’intérêt que celui-ci peut

dégager d’un tel acte. Ainsi des sujets de recherche sur la disparition de la consigne en France ou, plus

globalement, sur les systèmes de récompenses du geste de recyclage, avaient été envisagés.

Mais les chiffres démontrent clairement que la majeure partie des déchets est l’œuvre des

entreprises (producteurs et distributeurs) et non celles des consommateurs. Par exemple, les

entreprises sont responsables de 70% des 345 millions de tonnes de déchets produits en France

chaque année. Ne revendiquant en rien l’exhaustivité de notre étude, nous sortons ainsi le

consommateur de l’équation. Aussi nous nous intéresserons uniquement aux entreprises puisqu’elles

sont au fondement des problèmes liés au recyclage des déchets.

Les producteurs et les fournisseurs sont à priori des acteurs majeurs de ce gaspillage. Or ceux-ci

produisent en fonction des commandes des distributeurs et ce sont les distributeurs qui jettent

généralement en masse les produits. La grande distribution semble donc être l’acteur majeur du

gaspillage. C'est pour cela que nous nous concentrerons sur les distributeurs. Au sein de la grande

distribution maintenant les moyens de lutter contre ce gaspillage sont multiples: démarque

(promotion des produits approchant la date limite de consommation), compostage, dons… A l’image

de Carrefour, de plus en plus d’enseignes communiquent sur leur politique de don et font du don

alimentaire une pratique actuelle et appréciée. Aussi avons-nous décidé de centre notre étude sur cet

usage en vogue: le don alimentaire des supermarchés.

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Partie 1 : Revue de littérature

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Partie 1 : Revue de littérature

1. Comment nous en sommes venus à notre problématique

Le choix de notre problématique finale n’a pas été facile : nous avons mis un certain temps à

l’élaborer, car notre sujet de départ était très éloigné de cette dernière.

1.1 Nos premières pistes

Nous souhaitions, dans un premier temps, nous intéresser à la gestion des déchets dans la grande

distribution. En effet, les quantités de déchets y étant plus importantes, il nous paraissait plus

pertinent d’étudier la grande distribution que les consommateurs. Nous voulions savoir si le tri et le

recyclage (ou du moins la valorisation) des déchets étaient existants dans les structures comme les

hypermarchés et les supermarchés ; s’ils étaient de l’initiative des gérants, des enseignes ou encore

inscrits dans la loi ; pour quelle raison étaient-ils pratiqués ou non ; ou encore s’il y avait des différences

de gestion selon le type de déchets. Afin de donner un cadre à notre sujet, nous avons d’abord essayé

de donner une définition de la grande distribution.

1.2 Définition du cadre de la grande distribution

La grande distribution est l’ensemble des commerces et des établissements offrant des biens de

consommation (en grande partie alimentaire) et des services à destination des consommateurs finaux.

Ce secteur représente en France 630 000 emplois. Les grandes enseignes de ce secteur sont Carrefour,

Leclerc, Intermarché, Casino et Auchan. Carrefour est le deuxième distributeur mondial, mais comme

ce groupe réalise 50% de son chiffre d’affaire à l’étranger, il cède la première place sur le territoire

français à un groupe de moins grande envergure : Leclerc. Le marché français se répartit de la manière

suivante :

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Partie 1 : Revue de littérature

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On notera immédiatement que les cinq enseignes Auchan, Casino, Carrefour, Intermarché et

Leclerc représentent à elles-seules 65% du marché français. On se retrouve donc face à un marché

hautement concentré.

En fonction de leur taille, on peut aussi distinguer trois catégories de magasins :

- Les hypermarchés, d’une surface de 6 000 m2 ou plus. Il en existe 1 500 en France ;

- Les supermarchés, d’une surface comprise entre 600 et 6 000m2. Il en existe 4 000 en France ;

- Les supérettes, d’une surface allant jusqu’à 600 m2. Il en existe 4 500 en France.

On compte donc environ 10 000 magasins en France.

Notons que 60% du chiffre d'affaires des entreprises de la grande distribution ne concernent que

la vente des denrées alimentaires. La vente des denrées alimentaires se répartit en six rayons : La

boucherie, la charcuterie, la volaille, les produits frais, les condiments et les fruits et légumes. Le reste

des ventes concernent les produits non-alimentaires. 80% de ces produits se répartissent sur trois

rayons : loisir, textile, équipement de maison.

Notre entretien exploratoire avec Pierre Victoria, directeur adjoint développement durable chez

Veolia, nous a permis d’avoir une vue d’ensemble sur les déchets de la grande distribution. Un magasin

produit ainsi en moyenne 12,5 tonnes de déchets pour un million d’euro de chiffre d’affaires. Bien sûr

Leclerc19%

Carrefour15%

Intermarché12%

Casino10%

Auchan9%

Autre35%

Marché français de la grande distribution

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Partie 1 : Revue de littérature

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une typologie s’impose et nous verrons par la suite que cette quantité de déchets dépend

proportionnellement de la taille du magasin.

La répartition des déchets de la grande distribution est la suivante :

Les DIB sont les Déchets Industriels Banals, à savoir majoritairement les emballages de produits

alimentaires (verre, cartons, plastiques…) et les produits consommables. Les emballages eux sont

constitués en moyenne à 33% de plastique, 30% de carton, 15% de verre, 15% de métal et 7% de bois.

Une fois que nous avions une définition précise de la grande distribution et que nous avions pu

cerner la production de déchets de ce secteur, nous avons donc pu commencer nos recherches

exploratoires sur ce sujet. Nos lectures, tout comme nos recherches terrain, nous ont menés à la même

conclusion.

1.3 Résultats de nos recherches exploratoires

La littérature sur le sujet n’étant pas très développée, nous nous sommes majoritairement

appuyés sur des articles de presse et sur des écrits législatifs. Pour ce qui est du terrain, nous avons

été à la rencontre d’agents de la grande distribution (employés aussi bien que gérants) mais aussi

DIB55%

carton43%

ferraille1%

bois1%

Part des produits jetés en volume

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d’acteurs extérieurs tels que Veolia, qui se charge de la collecte et du tri des déchets. Ces recherches

nous ont révélé deux informations importantes pour la construction de notre problématique.

D’une part, beaucoup d’articles de presse faisaient mention de nouvelles initiatives

concernant le tri et le recyclage des déchets dans la grande distribution, plus ou moins importantes

selon les enseignes. Un élément commun à la plupart d’entre elles était le recyclage du carton. En

effet, le carton est généralement mis de côté dans les magasins, déchiqueté et compacté en balles par

des presses sur place, puis récupéré par des camions de livraison pour être vendu aux sociétés de

recyclage. L’investissement est très vite rentable, même pour les petites surfaces. Le système U Ouest,

par exemple, possède une plate-forme commune pour tous les magasins U de l’Ouest, où sont

centralisées les balles pour ensuite être revendues. En ce qui concerne les matières type plastique ou

polystyrène, le recyclage n’est pas encore optimal. Cependant, il suit une évolution encourageante :

de plus en plus de magasins investissent dans de nouvelles presses à balles pour ces matériaux, qui

peuvent se revendre aussi bien que le carton. Ce qui semble manquer à l’optimisation de leur recyclage

n’est autre que le temps. En revanche, les déchets alimentaires, ou biodéchets, restent un problème

majeur. Bien que la loi de 2012 sur la valorisation des biodéchets oblige les magasins à les trier pour la

méthanisation ou le compost, les magasins rencontrent de nombreux problèmes pour sa mise en

œuvre : aucun outil ou matériel n’y étant dédié, le déconditionnement des produits doit se faire à la

main, ce qui représente des pertes de temps considérables pour les employés.

D’autre part, nous avons appris, toujours grâce à différents articles et sites internet, mais surtout lors

de nos entretiens exploratoires, qu’il existe différentes manières d’aborder la gestion des déchets

selon les enseignes. En voici quelques exemples :

Carrefour : joue la carte développement durable auprès de sa clientèle. L’enseigne fait

beaucoup de communication sur les actions durables, il existe même un site web spécialisé

(http://www.c-laterre.fr/). Mais la communication dépasse-t-elle les actions réelles ?

Système U Ouest : cherche à allier réduction des coûts de la gestion des déchets et recyclage

de ceux-ci. Le projet Ecovalor a été créé pour une gestion responsable des déchets: le tri et le

recyclage sont alors intégrés dans sa supply chain, et la revente des déchets permet de

rentabiliser l’opération.

Netto : aucune priorité au recyclage, seule la politique de prix bas est importante. L’enseigne

accepte cependant de trier ses cartons, car leur revente rapporte au magasin.

Ces recherches exploratoires nous ont permis de restreindre notre sujet, et nous avons ainsi choisi de

nous concentrer sur les déchets alimentaires. Nous avons donc continué nos lectures et entretiens

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exploratoires en s’orientant sur ce sujet, et avons pu comprendre ce qu’il advenait des produits

alimentaires invendus dans les supermarchés.

Tout d’abord, il convient de différencier clairement DLC et DLUO. La Date Limite de Consommation est

une date à partir de laquelle le produit est non-consommable. La vente ou le don de ces produits est

strictement interdit par la loi, car représentant un trop grand danger sanitaire. La Date Limite

d’Utilisation Optimale indique, elle le moment à partir duquel le produit perd de sa qualité, mais il

reste consommable. Les produits ayant dépassé leur DLUO peuvent donc tout à fait être vendus ou

donnés.

Lors de l’entretien avec Mme Geneviève Slosse, nous avons pu comprendre ce qu’il advenait des

produits alimentaires en fin de vie. Dans la grande majorité des cas, les enseignes retirent des rayons

les produits approchant la DLC et la DLUO, afin de ne prendre aucun risque et de ne pas vendre des

produits ayant perdu de leur qualité, ce qui fait que beaucoup de produits encore consommables

prennent le statut de déchet. Ils peuvent être simplement jetés à la benne, parfois même javellisés

afin d’éviter le glanage. Cependant, différentes politiques sont souvent mises en place dans les

magasins, pour augmenter les ventes de ces produits ou diminuer les déchets alimentaires :

- les politiques de promotion ont pour but d’écouler les produits approchant leur DLC ou leur

DLUO en les vendant à moindre prix. Ces politiques sont certes des palliatifs à une trop grande

quantité de déchets alimentaires, mais connaissent des limites importantes : d’une part, les

produits sont souvent vendus en grosses quantités (pack de yaourt de 12 par exemple) et il est

difficile de tous les consommer avant leur date limite dans les ménages restreints ; d’autre

part, cela ne suffit pas à écouler tous les produits approchant leur DLC ou DLUO, et beaucoup

de produits encore propres à la consommation finissent quand même par être jetés.

- le tri et la valorisation des déchets alimentaires est aussi une option pour éviter la perte pure

des produits. Une fois triés, ils sont compostés et peuvent produire de l’énergie ou servir de

compost. La difficulté de cette procédure se trouve au niveau du tri: déconditionner les

aliments est fastidieux et prend beaucoup de temps.

- le don aux associations permet de ne pas jeter tous les produits encore propres à la

consommation (c’est-à-dire proche de la DLC ou ayant dépassé la DLUO), mais aussi d’intégrer

une dimension éthique à l’enseigne.

Le don aux associations apparaît donc comme une solution optimale. Pourtant, parmi les produits qui

ne sont pas vendus en magasin, seuls 1% d'entre eux sont destinés à être donnés à des associations,

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ce qui est négligeable comparé aux quantités de produits jetés. C’est pourquoi nous avons décidé

d’étudier uniquement cet aspect des déchets alimentaires, et avons pu formuler notre problématique.

1.4 Notre problématique

Voici donc la problématique que nous avons choisie de traiter à l’issue de nos recherches exploratoires:

Pourquoi les produits alimentaires approchant la DLC dans la grande distribution ne sont-ils pas

donnés aux associations plutôt que jetés, lorsque les politiques de promotion des magasins ne

permettent pas de les écouler?

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2. Comment s’articule le don alimentaire

Avant de commencer nos recherches pour répondre à notre problématique, nous avons dû nous

pencher sur les questions suivantes : dans quel cadre s’effectue le don alimentaire ? Quels sont les

différents acteurs du don?

2.1 Le cadre législatif du don

Il existe un cadre législatif pour le don alimentaire, qui est piloté par trois acteurs institutionnels :

- la Commission Européenne;

- le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt;

- le Ministère en charge de la lutte contre l’exclusion.

Un certain nombre de règles conditionne donc le don. Ainsi, les associations doivent être habilitées

à l’aide alimentaire pour pouvoir recevoir des contributions. Actuellement, 12 associations caritatives

nationales y sont habilitées, et les associations locales, approvisionnées par ces premières, seront

également habilitées en 2014.

De plus, tous les produits ne peuvent pas être donnés :

- les produits à risque, type pâtisserie réfrigérée, fruit de mer, poisson, viande, abat, farce et

produit farci, ainsi que les produits réfrigérés détériorés, abîmés, présentant un aspect

anormal;

- les produits réfrigérés et surgelés si l’on ne peut pas respecter la chaîne du froid;

- les produits ayant dépassé la DLC.

2.2 Les supermarchés dans l’organisation du don

Les supermarchés ont évidemment un rôle clé dans le don alimentaire, puisque le choix de donner

ou non dépend uniquement d'eux. « Le guide du don alimentaire » indique en effet que 36,3% des

dons aux associations proviennent de la grande distribution. Le don peut s'inscrire dans une démarche

solidaire, dans laquelle s'est engagé le supermarché, mais il peut aussi être motivé par d’autres raisons

que nous verrons par la suite.

Dans la plupart des cas, le transport n'est pas pris en charge par le supermarché mais par

l'association qui récupère les dons alimentaires. En revanche, l'enseigne à la charge de trier les produits

qui seront donnés, car tous n’y sont pas autorisés.

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Le supermarché, s'il souhaite donner ses produits invendus (mais toujours consommables), doit

aller à la rencontre d'associations habilitées et formaliser un partenariat en signant une convention

avec l'association. Il doit désigner un interlocuteur responsable, et s'engager à respecter les conditions

d'hygiène et de sécurité pour le stockage et le transport (s'il est à sa charge). Un bon de sortie doit

systématiquement être signé lors des dons, pour des raisons de fiscalité, de traçabilité ainsi que de

transfert de propriété.

2.3 Les associations dans l’organisation du don

On peut distinguer deux types d’associations:

- les soupes populaires, où des repas sont distribués gratuitement ;

- les épiceries solidaires, où les aliments sont vendus à un prix symbolique.

Dans la plus grande majorité des cas, par soucis logistique et administratif, les associations passent

par l’intermédiaire d’une banque alimentaire pour recevoir leurs produits. Certaines grandes

associations (la Croix rouge, la fondation de l’armée du salut, les restos du cœur, le secours

populaires…) peuvent recevoir des contributions publiques (subventions ou déductions fiscales si elles

sont reconnues d’intérêt public) et privées et se fournir directement auprès de la grande distribution.

Les associations restent dépendantes des donateurs (ici la grande distribution) et ne choisissent ni

la quantité, ni le type de produits offerts. Aussi les associations sont très demandeuses et prendraient

plus si la grande distribution offrait plus ou si les associations avaient les moyens de stocker plus

d’aliments.

La législation pour ces associations caritatives est très stricte et répond à plusieurs règles d’or. Les

associations, au même titre que les supermarchés, doivent:

- formaliser les partenariats en signant une convention avec les supermarchés donateurs ;

- désigner un interlocuteur responsable au sein de l’association;

- respecter les conditions d’hygiène et de sécurité pour le stockage, le transport et la mise à

disposition des bénéficiaires;

- signer le bon de sortie pour le supermarché;

- souscrire à une assurance;

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Partie 1 : Revue de littérature

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- faire des rencontres tous les ans entre associations et enseignes pour effectuer un bilan et

trouver des pistes d’amélioration.

2.4 La Banque Alimentaire, intermédiaire majeur dans l’organisation du don

La Fédération française des banques alimentaires enfin est également un acteur majeur du don,

puisque qu’elle regroupe 98 banques alimentaires et leurs antennes en France. Il s’agit d’un très large

réseau national où 4.841 bénévoles travaillent tout au long de l'année, et ses capacités

organisationnelles et logistiques en ont fait l’interlocuteur principal pour les supermarchés qui

souhaitent donner leurs produits.

Nous avons pu comprendre son fonctionnement interne grâce à Gilbert Loridant, bénévole depuis

trois ans à la banque alimentaire du Rhône à Décines, et Vice-président de cette Banque Alimentaire.

Chaque département comporte une banque alimentaire et celle de Décines, regroupant 90 bénévoles,

est la plus grande de la région. Tous les matins, 5 camions frigorifiques parcourent le grand Lyon et

récupèrent des aliments non vendus par les supermarchés. La collecte annuelle est de 4 400 tonnes.

Les aliments sont stockés dans les locaux, les produits frais sont triés et stockés dans des chambres

froides et redistribués ou vendus (à environ 20% du prix de marché) le jour même aux associations.

Les supermarchés sont à l’origine de 40% des dons faits à la banque alimentaire. Les particuliers, les

producteurs et les aides européennes fournissent le reste des dons.

2.5 Siège social, gérant, employé, consommateur : qui est à l’origine du don

alimentaire ?

Lors de nos recherches exploratoires sur les déchets de la grande distribution, nous pensions que

les différentes politiques appliquées pour la gestion des déchets dépendaient du choix de chaque

enseigne, et nous avions donc le même à priori pour le don alimentaire. Un entretien exploratoire très

important avec Mme Geneviève Slosse nous a cependant montré que la réalité était plus complexe

que cela.

En effet, cette dernière nous a expliqué que les sièges sociaux n’avaient pas forcément de pouvoir

sur la politique de chaque magasin, ce qui s’applique notamment pour les magasins franchisés qui

bénéficient d’une plus grande autonomie par rapport aux autres. De plus, chaque magasin évolue dans

un environnement spécifique, il est donc difficile d’appliquer la même politique concernant les déchets

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Partie 1 : Revue de littérature

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alimentaires dans tous les magasins de France par exemple. La possibilité de pratiquer le don

alimentaire dépendrait alors de plusieurs critères, différents selon chaque magasin.

Pourrait ainsi entrer en compte la motivation des acteurs internes, tels que les gérants, qui guident

principalement la politique du magasin ; les employés qui peuvent être à l’origine de différentes

initiatives ; les consommateurs, qui peuvent également exprimer un avis et éventuellement faire

changer la politique de l’établissement dans lequel ils achètent; mais aussi les sièges sociaux qui, sans

imposer de règle, peuvent tout de même avoir une certaine influence.

De nombreux autres critères, plus pratiques cette fois, peuvent également jouer :

- espace de stockage dont disposent les magasins différences entre les supérettes de centre-

ville, et les hypermarchés plus excentrés ;

- proximité avec les associations un trop grand éloignement complique la tâche et pourrait

décourager les supermarchés à donner ;

- capacité des associations à s’organiser pour collecter les dons et les distribuer si les

associations s’avèrent incompétentes pour ce travail, les supermarchés ne souhaiteront

sûrement plus donner.

Nous avons donc décidé d’axer notre recherche sur l’étude de tous ces différents critères, afin de

comprendre les motivations et les freins au don alimentaire de la part des supermarchés, mais aussi

afin de répondre à notre problématique.

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Partie 2 : Méthodologie et enquête terrain

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Partie 2 : Méthodologie et enquête terrain

1. Hypothèses et variables

Afin d’étudier le mieux possible notre problématique et d’organiser notre réflexion, nous avons

dégagé six hypothèses ou réponses possibles à notre problématique au début de notre étude. Notre

but étant de vérifier tout au long de nos recherches la justesse de ces hypothèses, ou au contraire leur

fausseté. Pour chaque hypothèse, nous avons isolé au moins une variable expliquée, une variable

explicative ainsi que les différentes méthodes de mesure que l’on pouvait mettre en place.

Rappel de notre problématique : Pourquoi les produits alimentaires approchant la DLC dans la grande

distribution ne sont-ils pas donnés aux associations plutôt que jetés, lorsque les politiques de promotion

des supermarchés ne permettent pas de les écouler ?

Hypothèse 1 : Donner coûte plus cher que jeter pour un supermarché.

Variable expliquée : le don

Variable explicative : le coût économique lié à l’aspect logistique ou fiscale

Méthode de mesure : Ici, il s’agit de mesurer le coût du don, et la différence de coût entre donner et

jeter (jeter aussi a un prix). Il faut donc nous intéresser à l’aspect logistique du don et de la gestion des

déchets. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons dégagé deux axes d’étude :

- Etude quantitative des dons : combien les supermarchés donnent-ils en quantité aux

associations ? Cette étude se fonde sur des recherches de données officielles sur les sites

internet des enseignes, mais aussi sur les données transmises lors d’entretiens avec les sièges

sociaux des enseignes.

- Etude du coût logistique du don et de la gestion des déchets : Quelle logistique est mise en

place par les supermarchés et les associations pour transférer les dons ? Combien y a t-i l

d’intermédiaires ? Quel est le coût de cette logistique? Qui prend en charge le coût logistique

du don ? Et parallèlement, quel est le coût de la gestion des déchets ? Les acteurs interrogés

pour répondre à ces questions sont les sièges sociaux des enseignes de la grande distribution,

les gérants des magasins et les responsables des associations caritatives.

Hypothèse 2 : Les managers sont plus ou moins incités à donner en fonction de la politique globale

de l’enseigne sur le don et la communication interne à l’enseigne sur ce sujet.

Variable expliquée : le don

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Partie 2 : Méthodologie et enquête terrain

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Variables explicatives : la politique de l’enseigne par rapport au don, la communication externe faite

sur cette position et la communication interne de l’enseigne sur le don.

Méthode de mesure : Ici, il s’agit d’étudier s’il y a une politique de don promue par les enseignes, et si

c’est le cas, à quel point celle-ci est appliquée et les moyens mis en œuvre par l’enseigne pour faire

respecter cette politique. Pour cela, nous avons interrogés sur ce sujet les sièges sociaux de certaines

enseignes ainsi que des gérants de supermarché.

Hypothèse 3 : Les consommateurs sont sensibles au don des supermarchés, et la politique de don les

pousse à consommer.

Variable expliquée : le don

Variables explicatives : sensibilité des consommateurs au don, connaissance des politiques de don par

les consommateurs et conséquence sur leur consommation.

Méthode de mesure : Pour vérifier cette étude, plusieurs axes d’études se distinguent :

- Du point de vue du consommateur : établir le profil du consommateur sensible au don, évaluer

l’importance du don pour les consommateurs et évaluer les effets des politiques de don sur

les consommateurs. Grâce à un questionnaire administré aux consommateurs, nous pouvons

mettre en avant les caractéristiques (âge, enseigne fréquentée,…) du consommateur sensible

au don, mais également se rendre compte de l’importance du don auprès de tous les

consommateurs, de la connaissance des politiques de don par les consommateurs et enfin,

constater si le consommateur est prêt, ou non, à changer ses habitudes en fonction des

politiques de don.

- Du point de vue des enseignes : comprendre comment les enseignes perçoivent l’importance

du don pour les consommateurs et savoir si les enseignes en usent ou peuvent en user pour

pousser les consommateurs à consommer. Pour étudier cela, nous avons interrogés les sièges

sociaux et les gérants de supermarché sur ces aspects.

Hypothèse 4 : La proximité entre les associations et les supermarchés influe sur le don.

Variable expliquée : le don

Variables explicatives : la distance géographique, les partenariats historiques, popularité de

l’association.

Méthode de mesure : Ici, il s’agit d’évaluer la relation entre quantité de dons offerts et les liens entre

les associations et les supermarchés. Nous avons donc interrogé les gérants des supermarchés sur leur

choix des associations avec lesquelles ils travaillent (quels critères ?), la nature et l’importance des

liens avec ces associations (distance entre supermarchés et associations, durée du partenariat), ainsi

que l’influence de ces liens sur le don.

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Hypothèse 5 : La motivation des managers influe sur les politiques de dons de leur supermarché

Variable expliquée : le don

Variable explicative : la motivation des managers

Méthode de mesure : Cette hypothèse donne lieu à plusieurs axes d’étude :

- Du point de vue du manager : mesurer l’intérêt du don des gérants des supermarchés et si,

outre la politique globale de l’entreprise, cet intérêt influe sur les quantités de dons offerts par

leur supermarché. Ainsi, il s’agit d’évaluer si le manager est le responsable majeur du don dans

son supermarché et s’il a les moyens de mettre en place les politiques de don qu’il souhaite.

Pour répondre à cela, nous avons interrogé des gérants de supermarchés.

- Du point de vue des sièges sociaux : évaluer si les sièges sociaux donnent les moyens aux

supermarchés de choisir et de mettre en place eux-mêmes leurs propres politiques.

Hypothèse 6 : Les capacités de stockage d’un supermarché jouent sur la quantité de dons qu’il offre.

Variable expliquée : le don

Variable explicative : les capacités de stockage

Méthode de mesure : Ici, il s’agit de mesurer la relation entre capacités de stockage et don. Pour

mesurer cela, nous avons interrogé dans un premier temps les gérants de supermarché sur les

capacités de stockage de leur supermarché, les quantités de dons offerts, afin de nous même établir

une corrélation. Puis nous leur avons demandé leur point de vue sur la question. Nous avons

également sondé les associatifs et les sièges sociaux pour connaître leur point de vue sur cette relation.

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2. Méthode utilisée pour la collecte d’informations

Pour collecter les informations nécessaires à notre étude, nous avons décidé d’interroger tous les

acteurs liés aux dons des supermarchés : les sièges sociaux (3), les gérants de supermarchés(15), les

associations caritatives (et plus particulièrement la banque alimentaire) et les consommateurs (144).

Pour chaque acteur, nous avons mis en place un questionnaire, afin de toujours poser les mêmes

questions, et de pouvoir comparer les réponses à ces questions. Chaque question répondant en partie

aux hypothèses détaillées précédemment. Les questionnaires pour les consommateurs et pour les

gérants de supermarchés sont majoritairement composés de questions fermées pour faciliter le

traitement des réponses, puisque ceux-ci ont été administrés à de nombreuses personnes. La quantité

a donc été préférée à la qualité. En revanche, les questionnaires pour les sièges sociaux et la Banque

alimentaire sont composés de questions ouvertes, afin d’obtenir des réponses qualitatives, plus

précises de ces acteurs.

2.1 Questionnaire sièges sociaux

2.1.1 Conditions d’administration du questionnaire

Nous avons administré ce questionnaire soit par téléphone, soit par mail, selon la volonté des

sondés. Nous avons ciblé principalement les responsables développement durable des enseignes, ou

dans le cas de Monoprix, la responsable de la Fondation Monoprix qui s’occupe du don alimentaire de

cette enseigne.

2.1.2 Explication du questionnaire

Question 1 : Tout d'abord et pour contextualiser, pourriez-vous nous donner quelques chiffres sur le

don alimentaire dans votre enseigne? (nombre de magasins qui pratiquent le don, pourcentage de dons

sur le nombre d'invendus…, selon les chiffres disponibles).

Etant posée aux sièges sociaux des enseignes de la grande distribution, cette question nous permet

d’avoir un point de vue global sur la politique de dons de chaque enseigne. Dès lors, on peut comparer

les différentes enseignes. En posant une telle question, nous espérons aussi obtenir des chiffres sur le

don, dur à quantifier. Cette question s’inscrit donc dans l’étude quantitative du don et donc dans

l’hypothèse 1, puisqu’elle nous permettra de comparer le don et la gestion des déchets.

Question 2 : Pour Monoprix : Quel est le rôle de la Fondation quant au don alimentaire? S'agit-il d'une

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politique de communication et d'incitation auprès des supermarchés de votre enseigne, ou d’une mise

en place concrète d'un système pour donner aux associations?

Pour les autres enseignes: Y-a-t-il d'une politique de communication et d'incitation auprès des

supermarchés pour les inciter à donner ou y-a-t-il un système mis en place par les sièges sociaux pour

donner aux associations ?

Ces questions nous permettent d’évaluer le rôle et l’influence des sièges sociaux dans le don

alimentaire. Elles interrogent également le sondé sur la communication interne de l’enseigne autour

du don. Ces questions vérifient donc l’hypothèse 2.

Question 3 : Cette politique est-elle valable pour tous les supermarchés de votre enseigne ou ne

s'applique-t-elle qu'à certains?

Question 4 : Si elle ne s'applique pas à tous, quelles sont les conditions pour qu'un magasin pratique le

don alimentaire? (lieu, logistique, taille,...)

Ces deux questions complémentaires mettent en avant les différences de don entre les

supermarchés d’une même enseigne. La deuxième permet au sondé de préciser les raisons de telles

différences. Peuvent alors être mises en avant des raisons telles que de faibles capacités de stockages,

des associations trop éloignées et inefficaces, le coût logistique du don, consommateurs plus sensibles

au don etc… Ces questions vérifient quasiment toutes les hypothèses (1, 3, 4, 5, et 6).

Question 5 : Chaque magasin est-il libre de refuser de pratiquer le don alimentaire? Si oui, quelles sont

leurs raisons?

Cette question fait échos à la question précédente, et permet, si le responsable sondé n’en a pas

encore parlé, d’évoquer les motivations des managers dans les différents supermarchés. Elle s’inscrit

donc dans l’hypothèse 5.

Question 6 : Enfin, quelles sont les raisons qui poussent l'enseigne à pratiquer le don alimentaire?

(rentabilité économique, image de l'enseigne, éthique...)

Cette question permet de mettre en avant les motivations poussant les supermarchés à donner.

Les motivations peuvent être d’ordre économique ou éthique, insufflées par le siège social ou le

gérant. Cette question vérifie donc les hypothèses 1,2, 3, 5 ou 6.

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2.2 Questionnaire banque alimentaire

2.2.1 Conditions d’administration du questionnaire

L’administration de ce questionnaire à la banque alimentaire s’est faite en face à face, dans les

locaux de la banque alimentaire du Rhône, à Décines. La personne interrogée, Gilbert Loridant, y est

bénévole depuis 3 ans. Les questions qui suivent ont servi de base pour l’entretien, mais des questions

supplémentaires ont été posées afin d’apporter des précisions et de rendre cet entretien plus naturel.

2.2.2 Explication du questionnaire

Question 1: Tout d’abord, avec quelles enseignes de supermarchés travaillez-vous ? Y-a-t-il des critères

pour le choix de ceux-ci (distance, taille du magasin, quantité des dons) ?

Cette question cherche à mettre en avant des partenaires privilégiés de la Banque Alimentaire,

c’est-à-dire des enseignes qui offrent plus de dons, ou qui ont un partenariat spécifique avec la Banque

Alimentaire. Cette question permet également de comprendre ce qui facilite un partenariat avec la

Banque Alimentaire, et ce notamment pour des raisons logistiques. Elle s’inscrit donc dans le cadre des

hypothèses 1, 2, 4, 5 ou 6.

Question 2 : Récupérez-vous vous-même les produits dans les supermarchés ou ceux-ci vous sont-ils

livrés par les supermarchés ? (coût de récupération, coût de vente)

Cette question permet de comprendre la logistique mise en place entre les supermarchés et la

Banque Alimentaire, ainsi que le coût de cette logistique. Elle s’inscrit donc dans le cadre de

l’hypothèse 1.

Question 3: Quel type de produit récupérez-vous principalement? Avez-vous le droit de récupérer des

produits périmés ?

Cette question permet de comprendre les obstacles du don, telles que des éventuelles capacités

de stockage trop faibles des produits frais avant ramassage pour les associations. Ainsi, elle s’inscrit à

la fois dans l’hypothèse 1 et l’hypothèse 6.

Question 4 : Quelle est selon vous la principale motivation qui mène les managers des supermarchés à

vous donner ? Est-ce pour les raisons économiques ? Déduction fiscale ? Cela simplifie-t-il leur

traitement des déchets ?

Cette question cherche à comprendre les arguments des associatifs face aux supermarchés, et les

arguments qu’ils mettent en avant pour pousser les supermarchés à leur donner. Mais elle met

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également en avant les avantages du don pour les supermarchés, car la Banque Alimentaire connaît

bien les supermarchés avec lesquels elle travaille et peut faire une synthèse objective de ces avantages.

Cette question s’inscrit donc dans le cadre des hypothèses 1, 2 ou encore 5.

Question 4bis: Pensez-vous que la quantité de stockage peut influer sur la propension à donner des

dons de la part des enseignes ? (ex : si le supermarché a une faible quantité de stockage, elle ne sera

pas en mesure de donner beaucoup)

Cette question fait échos à la précédente et cherche à mettre en évidence les critères poussant les

managers à donner. Avec cette question, on s’intéresse principalement à la problématique des

capacités de stockage et donc on vérifie l’hypothèse 6.

Question 5 : Existe-t-il un label ou une marque de reconnaissance attribuée aux supermarchés qui vous

fournissent des dons (afin qu’ils puissent se revendiquer en tant que donneur et ainsi améliorer leur

image auprès des consommateurs) ?

Question 6 : Si non, pensez-vous que la mise en place d’un tel système pourrait augmenter la quantité

de dons de la part de ces enseignes ?

Ces questions font également échos à la question 4, et cherchent à comprendre l’avantage en terme

d’images pour les enseignes, et si les enseignes donatrices peuvent se revendiquer comme telles. Ainsi,

elle s’inscrit dans le cadre de l’hypothèse 2 sur la communication externe de l’enseigne sur le don.

Question 7 : Avez-vous besoin de relancer souvent les supermarchés pour les dons ? Cela dépend-t-il

des enseignes ? Menez-vous sinon des campagnes de pub pour motiver des supermarchés à donner ?

Cette question permet de comprendre dans quels cas les supermarchés donnent et s’il y a un don

permanent ou seulement ponctuel quand les supermarchés ont besoin de se débarrasser de stocks

supplémentaires. Ainsi, cette question permet de comprendre les politiques globales des enseignes

sur le don. Elle permet également de mesurer la motivation des supermarchés : en effet si la Banque

Alimentaire relance souvent les supermarchés, cela montre que les supermarchés ne donnent pas

« naturellement » et tout le temps. Cette question s’inscrit donc dans le cadre des hypothèses 1, 2 et

5.

Question 8 : Comment répartissez-vous les dons entre les différentes associations ? Est-ce en fonction

des besoins ponctuels de ces associations ?

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Cette question permet de comprendre la logistique mise en place par la Banque Alimentaire, et

permet d’évaluer la distance entre les supermarchés donateurs et les associations recevant leurs dons.

Ainsi, cette question permettra de compléter les études vérifiant l’hypothèse 4.

2.3 Questionnaire supermarchés

2.3.1 Conditions d’administration du questionnaire

Ce questionnaire a été administré en face à face aux gérants des supermarchés et sur leur lieu de

travail. Nous avons ciblé en premier lieu des supermarchés de tailles différentes, puis nous nous

sommes concentrés sur les supermarchés de moyenne taille pour qui l’aspect logistique et les

capacités de stockage sont plus complexes.

2.3.2 Explication du questionnaire

Question 1 : Tout d’abord, à votre connaissance, les sièges sociaux de votre enseigne (Carrefour,

Monoprix ou…) vous incitent-ils à mettre en place et appliquer des politiques de dons alimentaires ?

(Réponses : oui, non)

Cette question vérifie l’hypothèse 2, sur la communication interne des enseignes, et permet

également de comparer les politiques internes d’incitation au don des différentes enseignes.

Question 2 : Mettez-vous en place ou avez-vous de telles politiques dons dans votre magasin ?

(Réponses : oui, non)

Cette question permet de quantifier le nombre de supermarchés offrant des dons. Elle permet

également de constater s’il y a des comportements différents dans les magasins d’une même enseigne.

Ainsi, cette question s’inscrit dans le cadre des hypothèses 1 (étude quantitative du don et de ses

coûts) et 5 (motivation des managers).

Suite à cette question, deux questionnaires différents ont été posés aux gérants des supermarchés.

Suite de l’entretien si réponse positive :

Question 3 : Comment s’organisent ces dons au niveau logistique ? (Réponses : le magasin trie les

produits, le magasin stocke les produits jusqu’à ce qu’on vienne les chercher, le magasin achemine lui-

même les produits aux associations, autre : …)

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Cette question permet de comprendre la logistique nécessaire pour transférer les dons. Elle permet

également de comparer les différences logistiques entre différents magasins, ce qui influe

potentiellement sur la quantité de dons offerts. Cette question permet donc principalement de vérifier

l’hypothèse 1, et les difficultés de mise en place du don.

Question 4 : Passez-vous par des intermédiaires du type Banque Alimentaire ? (Réponses : oui, non)

Question 5 : Avec quelles associations, autre que les intermédiaires, travaillez-vous ? (réponse ouverte)

Comme la question précédente, ces deux questions permettent de comprendre la logistique du don

et s’inscrit dans l’hypothèse 1.

Question 6 : Pourquoi travaillez-vous avec ces associations (celles citées question 2)? (Réponses :

partenariat de longue date, proximité géographique, association réputée/connue, autre : …)

Cette question permet de mesurer les liens des supermarchés avec les associations, et de voir par

la suite si ces liens influent sur le don et sur leur coût. Cette question s’inscrit donc dans le cadre des

hypothèses 1 (sur la logistique et le coût du don) et 4 (sur la proximité entre associations et

supermarchés).

Question 7 : A combien de kilomètres, ces associations agissent-elles ? (Réponses : 0 à 5 km, 5 à 10 km,

10 à 20km, plus de 20km)

Comme la question précédente, cette question s’inscrit dans le cadre des hypothèses 1 et 4, en

mettant un accent sur la proximité géographique des supermarchés et des associations.

Question 8 : Donner représente-t-il un coût financier ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

Cette question permet de comprendre si le don est perçu comme un coût par les managers, et donc

comme un frein potentiel. Elle répond donc à l’hypothèse 1 sur le coût, mais permet de comprendre

la vision du don par les managers et donc répond également à l’hypothèse 5.

Question 9 : Si oui, donner coûte-il plus que jeter selon vous ? (Réponses : oui, non)

Grâce à une tournure un peu provocatrice, cette question précise la question précédente à la fois

sur le coût objectif du don, et sur la perception du don par les managers. Comme la question

précédente, elle s’inscrit dans le cadre des hypothèses 1 et 5.

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Question 10 : Si donner coûte plus cher que jeter, qu’est-ce qui vous pousse à jeter ? (Réponses : les

dates de péremption, tout ne peut pas être donné pour des raisons logistiques, certains produits n’ont

pas le droit d’être donnés, capacités de stockage insuffisantes, autre : …)

Cette question permet de mettre en avant les motivations poussant les supermarchés à donner.

Les motivations peuvent être d’ordre économique ou éthique, insufflées par le siège social ou le

gérant. Cette question vérifie donc les hypothèses 1,2, 3, 5 ou 6.

Question 11 : Quelles sont vos capacités de stockage des produits ayant dépassés la DLUO, ou proches

de la DLC? (exprimer en kg) (réponse ouverte)

Question 12 : Selon vous, ces capacités influent-ils sur les dons aux associations ? (Réponses : oui, non)

Ces questions nous permettent d’établir potentiellement un lien entre quantités de dons offerts et

capacités de stockage. Elles vérifient donc l’hypothèse 6.

Question 13 : Faites-vous de la communication sur vos politiques de dons ? (Réponses : oui, non)

Question 14 : Si oui, par quel moyen ? (Réponses : tracts dans les boites aux lettres, affiches dans le

supermarché, publicité à la radio, publicité à la télé, publicité sur internet, autre :…)

Ces deux questions permettent de comprendre comment les managers perçoivent le don, et ce que

le don apporte à leur supermarché. Ainsi, si un manager fait beaucoup de communication sur le don,

cela peut être lié au fait qu’il perçoit le don comme un argument de vente majeur auprès des

consommateurs. Ces questions s’inscrivent donc dans le cadre des hypothèses 3 et 5.

Question 15 : Pensez-vous que c’est important pour les consommateurs ? (Réponses : très important,

important, peu important, pas important)

Question 16 : Est-ce un argument de vente ou pourrait-il le devenir ? (Réponses : oui, cela en est déjà

un, oui, cela pourrait en devenir un, non)

Ces questions permettent de confirmer les deux questions précédentes et l’idée que se fait le

manager sur l’importance du don pour les consommateurs. Ainsi, elles répondent aussi aux

hypothèses 3 et 5.

Question 17 : Qui est à l’origine de ces politiques dans votre magasin ? (Réponses : le siège social, le

directeur du magasin, les employés, autre : …)

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Question 18 : Si c’est vous, avez-vous les moyens de mettre en place les politiques que vous désirez ou

est-ce que vous êtes restreint pour des raisons quelconques ? (Réponses : oui, non)

Ces questions permettent de comprendre si les politiques de dons dépendent essentiellement des

volontés du manager ou de celles des sièges sociaux, transmises par le biais d’une communication

interne sur le don. Ainsi, cette question vérifie les hypothèses 2 et 5.

Suite de l’entretien si réponse négative :

Question 3 : Pourquoi, selon vous, de telles politiques ne sont pas mises en place ? (Réponses : pour des

raisons logistiques (stockage, tri, transport…), pour des raisons économiques (logistique pas

compliquée mais chère), autre : …)

Cette question permet de comprendre pourquoi le supermarché ne fait pas de don, et donc si le

don représente un coût financier, logistique ou autre, voire même si le don n’a aucune utilité pour le

gérant. Elle répond donc aux hypothèses 1, 4, 5 et 6.

Question 4 : Envisagez-vous de mettre en place de telles politiques ou aimeriez-vous les mettre en

place ? (Réponses : oui, non)

Cette question mesure la motivation du manager quant au don et permet de comparer les

différences de dons entre différents supermarchés d’une même enseigne. Elle s’inscrit donc dans

l’hypothèse 5.

Question 5 : Votre enseigne vous donnerait-t-elle les moyens nécessaires pour mettre en place de telles

politiques ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

Cette question essaye de comprendre s’il y a un frein financier et logistique au don dans ce

supermarché, et répond donc à l’hypothèse 1.

Question 6 : Pensez-vous qu’une telle politique aurait une influence sur l’image de votre entreprise

auprès des consommateurs ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

Cette question interroge la conception du manager sur l’importance du don pour les

consommateurs. Elle s’inscrit donc dans le cadre des hypothèses 3 et 5.

2.4 Questionnaire consommateur

2.4.1 Conditions d’administration du questionnaire

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Nous avons décidé d’administrer ce questionnaire de deux façons : sur internet (sur le site

www.sondageonline.com) et en face à face. Administrer notre questionnaire sur internet nous a

permis d’obtenir un nombre de réponses plus important. Cependant, par souci de représentativité de

l’échantillon sondé sur internet, nous avons administré 94 questionnaires en face à face, afin de vérifier

les tendances ressortant du sondage en ligne.

2.4.2 Explication du questionnaire

Question 1 : Quel âge avez-vous ? (Réponses : - de 18 ans, 18-24 ans, 25-40 ans, 40-60 ans, + de 60 ans)

Cette question permet d’étudier l’échantillon interrogé et nous permettra de distinguer l’intérêt

pour le don alimentaire des consommateurs en fonction de leur âge.

Question 2 : Dans quelle enseigne faîtes-vous régulièrement vos courses ? (Réponses : Carrefour,

Auchan, Monoprix, Lidl, Autre : …)

Cette question permet à la fois d’étudier l’échantillon interrogé, et d’établir des comparaisons entre

les consommateurs des différentes enseignes pour les aspects traités dans les questions suivantes.

Question 3 : A votre connaissance, cette enseigne fait-elle des dons à des associations humanitaires ?

(Réponses : oui, non)

Question 4 : Si oui, avez-vous plus d’informations ? (Réponse ouverte)

Ces questions permettent de distinguer les différentes politiques des enseignes ou des

supermarchés d’une même enseigne, mais surtout la communication effectuée auprès des

consommateurs sur ces politiques et la visibilité de cette communication auprès des consommateurs.

Elles permettent également de mesurer l’attention du consommateur pour ces politiques : par

exemple, si un consommateur répond oui à la question 3 et non à la 4, cela peut laisser supposer que

les politiques de dons ne l’intéressent pas plus que cela, ou que la communication sur ces politiques

n’est pas claire et précise. Cette question s’inscrit donc dans le cadre des hypothèses 2,3 et 4.

Question 5 : Aimeriez-vous avoir plus d’informations au sujet des dons alimentaires effectués par les

supermarchés que vous fréquentez ? (Réponses : oui, non)

Cette question permet de mesurer l’intérêt du consommateur pour les politiques de don, et l’utilité

potentielle d’une communication plus important sur les politiques de dons. Elle permet donc d’étudier

les hypothèses 2 et 3.

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Question 6 : Que pensez-vous des dons alimentaires faits par les supermarchés ? (aucun avis, ça ne sert

à rien, c’est bien, c’est nécessaire)

Comme la question précédente, cette question permet de mesurer l’intérêt du consommateur pour

les politiques de don et s’inscrit dans le cadre de l’hypothèse 2. Grâce à la question 2, nous pourrons

de plus établir une relation entre enseigne fréquentée par le consommateur, et sensibilité au don de

celui-ci.

Question 7 : Si l’on vous donnait un classement des enseignes en fonction des dons alimentaires

effectués, cela influerait-il votre choix du supermarché dans lequel vous faites vos courses ? (Réponses :

oui, non)

Cette question est complémentaire aux précédentes et permet d’évaluer si le consommateur est

prêt à changer ses habitudes en fonction des politiques de dons effectués par les supermarchés. Elle

permet donc de mesurer l’importance réelle du don pour le consommateur et si les politiques de don

pourraient être un critère de choix de supermarché plus important que la proximité ou les politiques

de prix. Cette question vérifie donc l’hypothèse 2.

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Partie 2 : Méthodologie et enquête terrain

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3. Analyse de la collecte d’information effectuée

Lors de l’administration de nos questionnaires, nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures.

Les sondés ont toujours bien accueilli nos questions et semblaient intéressés par notre étude. Nous

avons été satisfaits par le nombre et la qualité des résultats obtenus. De nettes tendances se dégagent

des résultats et nous permettent de vérifier nos hypothèses, comme détaillé dans la suite de ce

rapport.

Notons cependant, que nous avons eu du mal à obtenir des réponses des sièges sociaux. En effet,

certains sondés n’ont pas répondu à nos mails. Nous avons donc pu obtenir des réponses que d’un

seul siège social.

Bien entendu, nous aurions pu administrer plus de questionnaires et poser plus de questions, mais

il nous aurait fallu plus de temps. De plus, les questionnaires ne devaient pas être trop longs afin que

les sondés répondent attentivement jusqu’à la dernière question.

Cependant, nous avons quelque peu le regret de n’être pas allé à la rencontre de plus

d’associations caritatives, mais la synthèse réalisée par le responsable de la Banque Alimentaire est

très intéressante et suffisante pour notre étude.

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Partie 3 : Présentation des résultats

Afin de mener à bien notre recherche, nous nous sommes rendus dans différents supermarchés,

afin d’obtenir une vision globale sur notre problématique et pour que les résultats soient plus parlant.

Grâce à l’administration de questionnaires destinés aux consommateurs ainsi qu’aux gérants d

supermarchés, nous pensons être en mesure d’exposer des résultats qui puissent répondre à notre

question de départ. Voici donc nos résultats.

1. Traitement des résultats

1.1 Traitement des résultats consommateurs

Suite à l’administration de 144 questionnaires destinés aux consommateurs (voir

questionnaire), l’utilisation du tableur Excel nous a permis d’analyser l’intérêt ou le désintérêt des

consommateurs pour les dons alimentaires faits par les supermarchés.

Nous avons cherché à connaitre les habitudes de fréquentation des consommateurs. Nous voulions

chercher à savoir s’il était plus juste de s’interroger sur différents magasins ou simplement sur un seul

d’entre eux. De plus, plus le panel de fréquentation est large, plus les résultats nous permettent de

balayer l’ensemble des supermarchés. Voici donc les habitudes de l’échantillon interrogé.

Ensuite, 105 personnes interrogées sur 144 n’ont pas entendu parler de dons au sein des

établissements qu’ils fréquentent, même lorsque les enseignes en question mettent en place des

politiques de don.

De plus, les résultats sont très explicites : si le consommateur souhaiterait être plus informé sur les

politiques de don mises en place par les supermarchés quand elles existent, il n’en demeure pas moins

Carrefour42

29%

Monoprix24

17%Auchan

1611%

Lidl8

5%

Leclerc5

3%

Franprix118%

Intermarché8

6%

Casino20

14%

Autre107%

Enseignes fréquentées par les consommateurs

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30 Bachelor |RECAPSS |BRL n° 1 |Les déchets de la grande distribution: pourquoi jeter quand on peut donner? |2013-2014 ©

que les politiques de dons ne pousseraient pas la grande majorité des consommateurs à changer

d’enseigne pour réaliser leurs achats.

Ce constat est important, car il témoigne bien d’un manque de volonté du consommateur pour le

changement. En effet, bien que la grande majorité des consommateurs, tout âge confondu, voit la mise

en place de politiques de dons par les

supermarchés comme une bonne chose,

voire comme une action nécessaire, ils

ne sont pourtant pas prêts à encourager

ces actions en changeant leur

fréquentation de supermarchés en

fonction de ces politiques. Il est

sûrement trop exagéré de parler ici d’un

désintérêt du consommateur vis-à-vis

des politiques de dons, car aa grande

majorité souhaiterait tout de même être plus informé. Mais le fait que 105 personnes sur 144 ne

connaissent pas les politiques de dons peut

être dû à trois choses : soit le supermarché

n’en fait pas, soit le supermarché ne

communique pas, soit le consommateur se

désintéresse de la question. D’ailleurs,

certains répondaient même qu’ils recevaient

des informations sur ce sujet, mais qu’ils ne

prenaient pas le temps de les lire. Nous

verrons du côté des supermarchés quelle

peut être une réponse à cela.

Mais nous avons essayé d’approfondir le

traitement des résultats obtenus en

analysant les réponses suivant les tranches d’âge des consommateurs interrogés. Voici d’abord la

proportion des personnes interrogées suivant leur âge.

0

20

40

60

80

100

Aucun Avis Ca ne sert àrien

C'est bien C'estnécessaire

Total

Total

2

44 4541

12

0

10

20

30

40

50

- de 18 ans 18-24 ans 24-40 ans 40-60 ans + 60 ans

Âge des consommateurs interrogés

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Malgré peut-être des idées reçues, toutes les tranches d’âge présentent relativement le même intérêt

pour les campagnes de don menées par les supermarchés, ou tout du moins souhaitent être informés

de tels politiques. Ce constat est illustré dans les graphiques suivants.

Pour finir, les questionnaires destinés aux consommateurs nous ont permis de répondre en partie à

notre hypothèse 3 : les consommateurs sont sensibles au don des supermarchés, et la politique de don

les pousse à consommer. Du point de vue des consommateurs, il est donc clair que, bien que la grande

majorité soit intéressée, le don mis en place par les supermarchés n’est pas un atout en soi pour le

magasin.

1.2 Traitement des résultats

supermarchés

Nous avons mené une étude

quantitative auprès de 15

supermarchés pour étudier leur

politique de don alimentaire. Voici

la répartition des enseignes

interrogées.

Sur les 15 supermarchés interviewés, 11 font des dons alimentaires, 4 n’en font pas.

Le questionnaire nous a permis de mettre en évidence les facteurs et les aspects du don ou au contraire

ce qui limitait le don.

65%35%

Aimeriez-vous avoir plus d'informations au sujet

des dons alimentaires effectués par les supermarchés que vous fréquentez?

18-24 ans

oui non

63%37%

Aimeriez-vous avoir plus d'informations au sujet des dons alimentaires effectués par les

supermarchés que vous fréquentez?24-40 ans

oui non

64%36%

Aimeriez-vous avoir plus d'informations au sujet des dons alimentaires effectués par les

supermarchés que vous fréquentez? 40-60 ans

oui non

67%33%

Aimeriez-vous avoir plus d'informations au sujet des dons alimentaires effectués par les

supermarchés que vous fréquentez?+ de 60 ans

oui non

14%

20%

20%13%

13%

13%7%

Enseignes interrogées

Carrefour

Monoprix

Casino

Franprix

Leclerc

Lidl

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La totalité des enseignes pratiquant le don alimentaire ont des incitations de la part du siège social.

C’est d’ailleurs à 90% lui qui détermine les formalités du don (que donner et à qui). A contrario 75%

des supermarchés non donneurs disent ne pas recevoir d’incitation aux dons de la part des sièges

sociaux. De fait la politique de l’enseigne détermine en très grande partie la politique ou la non

politique de don des supermarchés.

La rentabilité économique

Notre étude quantitative a mis en évidence une des premières motivations aux dons alimentaires: la

rentabilité économique. Sur les 11 supermarchés donneurs 10 reconnaissent que donner représente

un coût financier. En revanche pour 10 supermarchés sur 11 donner coûte moins cher que jeter.

Jeter coûte en effet plus chers car en plus de sélectionner et de trier les produits à enlever des rayons,

le supermarché doit payer le traitement de ces déchets alors qu’il ne le fait pas quand il donne car la

banque alimentaire (ou l’association) vient les chercher gratuitement. Si le don alimentaire représente

un avantage financier, d’autres facteurs expliquent les limites d’une telle pratique.

Les problèmes logistiques

Comme nos entretiens exploratoires l’ont montré, ce sont uniquement les supermarchés qui

s’occupent du tri et du stockage des produits. Les associations et banques alimentaires viennent

ensuite dans le supermarché récupérer les produits. Sur les 11 supermarchés pratiquant le don, 10

(soit plus de 90%) passent par une banque alimentaire. La banque alimentaire est donc l’intermédiaire

privilégié des supermarchés et simplifie grandement les problèmes logistiques. En effet les problèmes

logistiques semblent être le frein majeur au don alimentaire. Sur les quatre supermarchés non

donneurs, trois ont évoqué des problèmes de temps, de stockage et d’éloignement par rapport à une

banque alimentaire ou une association. Les supermarchés donneurs ont en partie expliqué leurs dons

par des facilités logistiques, notamment la présence pour 60% d’entre elle d’une association ou d’une

0

2

4

6

8

10

12

Oui Non Oui Non

Donner représente-il un coût financier? Donner coûte plus cher que jeter?

La rentabilité économique du don

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banque alimentaire à moins de 10 kilomètres de leur supermarché. Si dans ces cas le facteur proximité

est important, les problèmes de stockage, de législation et de temps restent encore les limites

principales à des dons supplémentaires.

Le désintérêt des consommateurs

Les questionnaires consommateurs ont montré un désintérêt des consommateurs pour les politiques

de don alimentaire. Les questionnaires des gérants de supermarchés ont montré que ces derniers sont

conscients du faible impact des politiques de don alimentaire auprès des consommateurs. Ainsi plus

de la moitié des enseignes interrogées pensent le don alimentaire comme peu ou pas important

aux yeux des consommateurs. La grande majorité des enseignes communique d’ailleurs peu sur ses

politiques de dons. La promotion de telles politiques ne se fait pratiquement que sur internet et non

directement en supermarché. La visibilité est donc moins grande.

0

1

2

3

4

5

6

7

pas important peu important important

Pensez-vous qu’une politique de don soit importante aux yeux des consommateurs ?

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2. Retour sur les hypothèses

Pour résumer, voici les réponses que nos recherches ainsi que nos enquêtes terrains ont pu apporter

aux hypothèses préalablement formulées.

Hypothèse 1 : « Donner coûte plus cher que jeter » : Non, donner ne coûte pas plus cher que jeter

pour un supermarché. Les raisons sont expliquées plus haut. Si nous pouvons l’affirmer suite à nos

questionnaires auprès des supermarchés et à nos entretiens exploratoires, nous n’avons pas pu le

mesurer précisément avec une variable expliquée précise. En effet, aucun gérant n’était en mesure de

donner le coût financier d’un kilogramme de don de matière alimentaire.

Hypothèse 2 : « Parce qu’il y a une communication globale au niveau de l’enseigne qui incite les

managers à plus ou moins donner » : Il est difficile de répondre catégoriquement à cette question.

Quand les enseignes pratiquent le don, les situations varient suivant le contexte. Par exemple, M.

Michael SANREY nous expliquait que chez Carrefour, les franchisés ne sont pas obligés de suivre les

politiques de dons mises en place par les sièges sociaux. En revanche, les Carrefour intégrés au groupe,

le sont. Là encore, il faut donc nuancer en fonction des situations.

Hypothèse 3 : « Parce que donner aux associations réjouit les consommateurs et donc la politique

de don les pousse à acheter » : Nos recherches et nos deux questionnaires nous ont permis de

comprendre que, contrairement aux idées reçues, les politiques de dons mises en place par les

supermarchés n’influent pas assez pour que les consommateurs changent leurs habitudes de

consommation. De même, les managers sont plutôt conscients que le don ne serait pas un argument

de vente supplémentaire pour leur magasin.

Hypothèse 4 : « Parce que la proximité des associations influe sur le don » : Comme nous l’avons vu

dans la partie précédente, la distance réduite, à savoir moins de 10 kilomètres, joue pour beaucoup.

En revanche, il y a d’autres facteurs qu’on ne peut pas négliger.

Hypothèse 5 : « Parce que la motivation des managers influe sur les politiques de leur

supermarché » : Il a été très difficile de mesurer la motivation des gérants de supermarché pour mettre

en place des politiques de dons. Néanmoins, il ressort de nos questionnaires que dans la grande

majorité des cas, c’est le siège social qui prend les décisions. Nos lectures nous ont tout même appris

que quelques initiatives personnelles étaient lancées par des managers ou employés dans leur

magasin.

Hypothèse 6 : « Les capacités de stockage d’un supermarché jouent sur la quantité de dons qu’il

offre » : Nos recherches ont confirmé cette hypothèse. Les supermarchés souffrent en général de

problèmes logistiques pour donner, et les capacités de stockage y sont pour quelque chose.

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Conclusion générale

L’ensemble de nos recherches, entretiens et enquêtes nous ont permis de confirmer ou d’infirmer

nos diverses hypothèses et de répondre à notre problématique, qui était la suivante :

Pourquoi les produits alimentaires approchant la DLC dans la grande distribution ne sont-ils pas

donnés aux associations plutôt que jetés, lorsque les politiques de promotion des supermarchés ne

permettent pas de les écouler ?

Après avoir récolté, trié et interprété nos résultats nous avons abouti aux conclusions suivantes :

- les dons représentent un intérêt financier pour les supermarchés. Les dons sont certes moins

rentables que les promotions sur les produits en fin de vie mais donner revient finalement

moins cher que jeter dans bien des cas ;

- les consommateurs ne sont globalement pas intéressés par les politiques de dons, ou du moins

ne sont pas prêts à changer leurs habitudes de consommation en fonction de celles-ci et les

gérants des supermarchés en sont conscients ;

- les sièges sociaux, plus que les managers des supermarchés, sont souvent à l’origine de la

politique de don et déterminent la forme qu’ils prendront ;

- les problèmes logistiques sont l’obstacle majeur aux dons aux associations. L’éloignement des

associations ou des banques alimentaires, le manque d’espace pour stocker influent fortement

sur le choix d’une politique de don ou non et sur la quantité de dons.

Ainsi pour répondre à notre problématique, ce sont avant tout les problèmes logistiques et le

manque de motivation (temps, espace de stockage, isolement géographique, non investissement des

sièges sociaux ou des managers dans cette politique) et non les coûts financiers qui expliquent que la

majeure partie des produits alimentaires non vendus sont jetés plutôt que donnés.

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Bibliographie

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%20FCD%20FNSEA%20SOLAAL%2018%2010%2013.pdf>

2 – Émission de France Inter sur l’insécurité alimentaire en France du 28/11/2013. [en ligne]

[consulté le 15/10]. Disponible sur : <http://www.franceinter.fr/emission-le-telephone-sonne-

linsecurite-alimentaire-en-france>

3 – Code de la consommation, version consolidée au 1er janvier 2014, [consulté le 15/10].

Disponible sur Internet :

<http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006069565>

4 – MINISTERE DE L’ÉCOLOGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU

LOGEMENT (juillet 2011). Rapport intermédiaire de l’étude relative au gaspillage alimentaire, [en

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5 – Q.L. (29/04/2013). Biométhane : quand les déchets de supermarché deviennent une source

exploitable. Nordéclair. [en ligne] [consulté le 20/10]. Disponible sur :

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6 – BRUNO MUR (2006), direction régionale de l’INSEE Midi-Pyrénées. Les déchets des grands

établissements commerciaux en 2006 ». [en ligne] [consulté 20/10]. Disponible sur :

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1200

7 – MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGRO-ALIMENTAIRE ET DE LA FORET (14 juin 2013).

Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, [en ligne] [consulté le 29/12]. Disponible

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gaspillage alimentaire. [en ligne] [consulté le 02/01]. Disponible sur : http://www.canalplus.fr/c-

infos-documentaires/c-global-gachis/pid4805-tristram-stuart.html

9 – Notre Planète. Gaspillage alimentaire : un tiers de la nourriture est gaspillée ou perdue tous

les ans dans le monde. [consulté le 02/01]. Disponible sur :http://www.notre-

planete.info/actualites/actu_3642_gaspillage_alimentaire_monde.php

Revue littéraire

10 – COUTO Alexandre (2007). Ecovalor ; Lorsque la grande distribution gère ses déchets. Recyclage

Récupération.

11 – MAILLET Florent (2012). Système U Ouest valorise les déchets de ses magasins. LSA, numéro

2248

12 – MINAUX Guillaume (2013). À l’heure où les particuliers passent à la collecte sélective des

déchets au porte-à-porte et à la redevance incitative, que fait la grande distribution en matière de

recyclage ? Les cartons, c’est de la balle. L’Est Républicain.

13 – LINDEN G., LORIENT D. (1994). Biochimie agro-industrielle : Valorisation alimentaire de la

production agricole, Masson SA, Paris, 367pp.

14 – LHOST Bruno (2012). La Grande (Sur-) Bouffe, pour en finir avec le Gaspillage Alimentaire. Rue

de l'échiquier. Paris.

15 –BALET Jean-Michel (2011). Aide-mémoire de gestion des déchets. Broché. Paris.

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39 Bachelor |RECAPSS |BRL n° 1 |Les déchets de la grande distribution: pourquoi jeter quand on peut donner? |2013-2014 ©

Table des annexes

Annexe 1 : Entretiens exploratoires

Annexe 2 : Questionnaires enquête terrain

Annexe 3 : Entretiens qualitatifs enquête terrain

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Annexe 1 : Entretiens exploratoires

Entretien avec la gérante de l’Epicerie de Gignac :

1) Comment les déchets alimentaires sont-ils gérés par le magasin une fois la date limite

dépassée ?

Quelques jours avant la date de péremption, je fais des promotions pour écouler les produits. Sinon,

je les récupère pour ma consommation personnelle.

2) Qu’en est-il des produits ayant atteint la DLUO (date limite d’utilisation optimale) ?

Il est rare que des produits atteignent la DLUO car il y a un petit débit de produits ici. Généralement,

tous les produits partent. Sinon, tout comme les produits frais, je les récupère pour ma consommation

personnelle.

3) Concernant les produits non alimentaires, le magasin met-il en place des mesures afin de les

recycler ?

Oui, je recycle les produits comme le carton, car dans le village on trie. Je n’ai pas de poubelles/ bennes

spéciales pour le magasin. J’utilise les poubelles de tri communes du village.

4) Quels sont selon vous les principaux obstacles au recyclage dans la grande distribution ?

La quantité, sans hésiter. Ils doivent avoir des tonnes de produits et emballages. Déjà qu’ici je me

retrouve avec beaucoup de cartons alors que mon magasin est tout petit.

Entretien avec Paul Granier, employé chez Auchan :

1) Que faisiez-vous des fruits et légumes abimés ou trop mûrs ?

Chaque matin, un employé vérifie l’état des produits en rayon. Il jette ceux qui sont les plus abimés.

Ensuite, les moins abimés sont disposés au fond de l’étalage afin que les moyennement abimés soient

rapidement achetés par les consommateurs.

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2) A quoi jugez-vous qu’un produit est trop abimé ?

A sa date de péremption et sinon sa consistance. Cependant, nous sommes plutôt incités à jeter tout

produit lorsqu’il y a hésitation, afin de ne pas perdre inutilement du temps.

3) Quand vous dites que vous jetiez les plus abimés, dans quoi les jetiez-vous ?

On jette les fruits et légumes abimés dans des bennes pour les produits frais, avec par exemple les

yaourts. On doit répertorier tous les produits étiquetés lorsqu’on les jette en scannant les codes-

barres, pour surveiller le vol. De plus, toutes les bennes sont fermées à clefs dès lors que l’on a fini de

les utiliser, afin que personne ne puisse les récupérer.

4) Y-a-t-il un procédé de recyclage mis en place ?

Il y a des bennes pour tous les produits frais, des bacs pour compresser le plastique ainsi qu’une

machine pour hacher le carton et le stocker plus facilement.

5) Vous incitait-on à trier ?

On est obligé de trier le carton et le plastique. Cependant il y a deux bennes pour les produits frais, et

lorsqu’on l’on met trop de temps pour trier ses produits, on se fait presser et donc on ne fait plus

vraiment attention.

6) Etait-il spécifier dans votre contrat ou a-t-on attiré votre attention sur le fait de ne pas

récupérer les produits périmés ?

Quoiqu’il arrive, qu’un produit soit périmé ou non, on a interdiction de le mettre dans notre poche.

Nos poches doivent être vides en permanence. De plus, des caméras sont présentes dans tout le

magasin pour surveiller certes les consommateurs mais aussi les employés.

Entretien avec Pierre Victoria, directeur adjoint du développement durable chez Veolia :

1) Quel est environ la part de produits jetés par an par rapport aux quantités achetées et quels

sont ces produits ?

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Les données du marché sont disponibles dans le "Panorama de la grande distribution" publié chaque

année par Nielsen, qui recense toutes les enseignes de la distribution non alimentaire et alimentaire.

En voici quelques chiffres clés pour ce qui concerne la distribution alimentaire (rapport 2012 soit des

données 2011) :

-Hyper = 5935 m2 de surface de vente en moyenne; et il en existe 1475

-Supermarchés = 1703 m2 en moyenne et il en existe 4207

-Hard Discount = 828 m2 en moyenne et il en existe 4486

Chez Veolia Propreté nous avons mené une étude interne sur le sujet dont voici quelques éléments

sur les ratios de production déchets :

Sur nos clients grande distribution, nous avons constaté la répartition des déchets suivante :

- 43% de carton,

-une minorité de bois (0.9%) et de ferraille (0.6%)

- une majorité (55%) de DIB -déchets industriels banals- c'est à dire tout le reste des déchets en vrac

(hors déchets dangereux qui sont à part).

En tonnage, la répartition qui ressort de notre étude interne est la suivante :

Hyper = production moyenne de Carton: 16 tonnes /mois; DIB: 19 tonnes; Bois: plus d’une tonne;

Ferraille: moins d’une tonne

Super = production moyenne de Carton: 6 tonnes /mois; DIB: 4.5 tonnes; Bois et Ferraille : moins

d’une tonne;

Hard Discount = production moyenne de Carton: 2 tonnes /mois; DIB: 3 tonnes; Bois: moins

d’une tonne.

2) Qui s'occupe de récupérer (Veolia, la municipalité...) ces déchets et à quelle fréquence? Qu'en

font-ils (déchèterie, incinération, recyclage...)?

La fréquence de collecte de ces déchets est difficile à évaluer au global car très variable d'un

supermarché à l'autre ou si plusieurs prestataires.

En revanche les flux de déchets sont en général les suivants :

-les déchets industriels banals en vrac partent à l'incinération ou en centre de stockage;

-les matériaux cartons, plastiques, bois et ferrailles passent par un centre de transfert ou tri/

reconditionnement pour être revendus aux industries qui vont le réutiliser.

-les bio déchets sont déconditionnés (séparation des emballages) puis envoyé en compostage ou

méthanisation.

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- il existe aussi les restes de boucherie par exemple mais qui sont considérés comme des produits et

n'entrent pas dans la catégorie déchet, la réglementation appliquée est spécifique.

3) Existe-t-il une législation spécifique aux déchets de supermarchés?

Les supermarchés sont soumis à la réglementation déchet comme tout autre acteur. Depuis 2012 est

entré en vigueur la loi sur la valorisation des bio déchets; appliquée d'abord aux gros hypers puis aux

plus petits. Avec la problématique de trier et collecter séparément ces bio déchets (déchets

alimentaires) mais aussi de les déconditionner (exemple: salade en sachet plastique : il faut s'équiper

d'une machine pour séparer le bio déchet que représente la salade et qui peut être valorisé (en

compost ou en méthanisation c'est à dire en énergie) contrairement à l'emballage plastique qui ne se

recycle pas pour l'instant, idem pour les paquets de pots de yaourts).

Entretien avec Alain Cadoret, gérant de deux magasins Super U en Vendée :

1) Avez-vous une idée de la part des produits mis en rayon mais qui ne sont finalement pas achetés

pour des raisons telles qu’une date de péremption dépassée?

En supermarchés, on utilise le terme de taux de démarque pour évaluer le taux de produits mis en

rayon et non vendus. Ainsi, le taux de démarque est la différence entre la marge brute et la marge

réelle. Tout ce que l’on jette, casse, se fait voler est pris en compte dans ce taux, tout comme les

erreurs (exemple : une commande facturée ou non livrée). Le taux de démarque prend aussi en compte

les erreurs de commande, c’est-à-dire lorsque par exemple on commande des glaces pour juin en

janvier mais qu’en juin il ne fait pas beau. On vendra alors moins que prévu. Ou encore la

consommation des moules, très variables selon le temps.

Les taux de démarque sont très théoriques, et il existe d’énormes différences entre les magasins et

entre les managers. Il existe aussi de grosses différences selon les rayons et la gestion de ces rayons.

Par exemple, moins de 0.5% des produits du rayon épicerie seront jetés car peu atteignent leur date

de péremption.

2) Avez-vous des politiques pour écouler vos produits en fin de vie ?

Nos magasins mettent en place des promotions pour les produits en fin de vie, telles que des

démarques de 20, 30 ou 40 %. Les clients achètent alors ces produits avant leur date limite de

consommation. C’est une technique qui marche très bien. D’autant plus que les produits sont mis en

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avant et valorisés par leur prix bas, ce qui attire grandement les consommateurs. Par exemple, un

pack de yaourts périmés dans 3 jours et laissé en rayon ne sera pas acheté par le consommateur. Mais

si ce pack est dans le rayon des produits démarqués, il sera vendu plus facilement. Et le consommateur

sera averti du fait que ces produits périmeront bientôt.

3) Pour mettre en place de telles promotions, vous devez étiquetés et changés de rayon ces

produits, cela a-t-il un coût important ?

Certes il y a un cout pour mettre en place les promotions. Mais de toute façon, nous sommes dans

l’obligation de sortir les produits en fin de vie du rayon habituel. Et si nous ne les vendons pas, nous

perdons plus de l’argent qu’en les vendant moins cher. Donc le coût d’une telle opération n’est

finalement pas élevé.

4) Comment les produits périmés sont-ils gérés ?

Les produits périmés sont sortis de leur rayon, puis proposés au personnel. Ceux qui restent sont

ensuite jetés. Mais souvent avec les promotions, puis l’offre au personnel, il ne reste que peu de

produits.

5) Vous dites que vous jetez vos produits périmés, faites-vous le tri ? Que faites-vous de vos

déchets ? Des entreprises extérieures récupèrent-elles vos déchets ?

A partir d’un certain volume, les grandes surfaces sont dans l’obligation de donner ses produits déchets

à une entreprise qui traite les déchets, du type Veolia.

Pour le tri carton et plastique, les Super U de Vendée ont monté une entreprise Ecovalor. Chaque

magasin doit faire des balles (qui apparemment seraient plus sous forme de palettes) de cartons

compressés de 500kg. Les palettes de cartons compressés pleines sont ensuite données à la centrale

qui les envoie à Ecovalor. Pareil pour le plastique, les magasins forment des balles de plastique avec

leurs déchets plastiques. Tri différent selon plastiques. Plastiques fibres/films récupérés. Maintenant,

Ecovalor récupère aussi les boites de polystyrène et les cintres/ portes manteaux, ainsi que

l’aluminium.

Auprès des clients, nous récupérons également les piles, les appareils électroménagers, les télés, ou

encore les vieux portables qui sont envoyés à St Brieuc à l’association Ecosystème, puis dispersés dans

des entreprises différentes recyclant des produits précis parmi ceux-ci. Par exemple, les cartouches

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d’encres sont récupérées par Armor. Il y a une diversification massive des produits que nous

récupérons auprès de nos clients ces dernières années.

6) Qu’en est-il des produits frais ?

Actuellement, nous sommes en pleine discussion avec une entreprise nouvelle Théaud, située en Ille-

et-Vilaine, qui est spécialisée dans le recyclage des produits frais. Mais je ne sais pas réellement ce

qu’ils font des produits qu’ils ont récupérés.

7) Trier vous rapporte-il de l’argent ? Est-ce rentable ?

On gagne de l’argent sur la récupération du plastique et du carton. Mais ces gains varient en fonction

des cours. Par exemple, le cours du carton varie énormément. Sinon on ne gagne pas forcément de

l’argent en recyclant mais aujourd’hui nous sommes dans l’obligation pour des questions d’éthique. Il

est important de développer une entreprise citoyenne. Mais en soit le recyclage est souvent une

charge plus qu’autre chose.

8) Trouve-t-on les mêmes consignes de tri dans tous les magasins de l’enseigne Super U ?

Non, On est indépendant. Tous les super U fonctionnent différemment. Par exemple, notre société

Ecovalor ne prend en charge que les déchets des magasins de Vendée.

Entretien avec Geneviève Slosse, directrice de l’agence de conseil G2S et membre de la chaire Éco-

Emballages

Maud : Pour commencer, on voulait connaitre plus en détails votre parcours professionnel. On a vu

que vous aviez travaillé un peu avec la grande distribution et on aimerait savoir dans quel cadre ?

G. Slosse : En fait, moi j’ai travaillé beaucoup dans les déchets ; donc j’ai commencé en 90 et je suis

sortie de ce sujet-là en 2004, sans en être tout à fait sortie parce qu’après je suis partie sur un poste

de marketing internationale et sur une entreprise qui faisait des conteneurs et des jeux pour enfants,

donc qui était plutôt dans l’aménagement urbain et qui faisait du matériel d’aménagement et du

mobilier urbain, mais avec une grosse grosse partie de son activité sur la gestion des déchets ménagers.

Donc je n’étais pas complétement sortie de la poubelle, je suis tombée petite dans la poubelle... J’en

suis sortie définitivement entre guillemets en 2008 au moment où j’ai lancé ma propre activité de

conseil. Et là, dans le conseil j’interviens bien sûr dans l’environnement parce que c’est une grande

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partie de mon cursus professionnel mais aussi beaucoup dans la plasturgie, dans l’aménagement du

territoire et puis dans d’autres sujets. Puisque ma problématique c’est la stratégie et l’incarnation de

la stratégie dans l’entreprise donc euh, ça peut être dans n’importe quel type d’activité.

Maud : D’accord. Et du coup quand vous étiez plus dans le domaine des déchets, c’était quoi votre

fonction exactement ?

G. Slosse : Alors j’ai commencé par faire, euh, parce que j’avais une formation d’urbaniste, j’ai

commencé à travailler dans les déchets en même temps que je faisais ma thèse en urbaniste. Et ma

thèse portait sur la gestion des déchets. Et mon premier job ça a été un job de bureau d’études. Donc

en fait, c’était la fin des années 1980 et le début des années 1990, beaucoup de collectivités

commençaient à s’intéresser à la collecte sélective. Car il y a eu la loi de 1992 qui, à ce moment-là, a

obligé les collectivités à réfléchir aux problématiques de tri. Et c’est 1994, le décret emballage, qui là

pour le coup signe l’obligation de mettre en place des politiques. Donc, moi j’ai travaillé sur cette

période-là, sur tout ce qui était en fait, les appels d’offre des collectivités locales pour la collecte de

leurs déchets, donc avec ou sans tri. Bien entendu, les prestataires, à l’origine, essayaient de

développer un maximum le tri des déchets.

Maud : D’accord, alors c’était surtout une activité de conseil …?

G.Slosse : De bureau d’études. Donc on faisait des études concrètes, de terrain, pour vérifier combien

de bennes, pour combien de tonnes de déchets, pour quel type d’habitat. Donc des choses vraiment,

de terrain, de base. Donc là c’était dans une société qui était en join-venture entre un espagnol et un

français. Et puis après je me suis arrêtée de travailler pendant un an pour partie aux Etats-Unis et finir

ma thèse, enfin en tout cas finir la phase de recherche de ma thèse. Et quand je suis revenue je suis

rentrée chez SITA, donc le groupe Suez maintenant, à l’époque c’était une entreprise lyonnaise. Et là

je suis rentrée au département marketing. J’ai été recrutée justement pour travailler sur ce qui allait

se passait pour les entreprises de collectes comme SITA à partir de la loi de 1992.QU’est-ce que ça

changeait dans le métier ? Et ça changeait beaucoup de choses, parce que c’était un nouveau métier

qui arrivait dans cette entreprise, parce qu’on ne savait pas ce qu’était un trieur, comment on pouvait

trier. Il fallait gérer des personnels avec des très basses qualifications. Parce qu’un chauffeur de

camion, ça c’est quelqu’un qui a une basse qualification. Majoritairement, les ouvriers, dans ces

entreprises-là à l’époque c’était des chauffeurs, des conducteurs. Et comment on pouvait monter en

compétences dans ces métiers la? Qu’est-ce que ça voulait dire d’intégrer ces métiers et quelle offre

on pouvait faire aux collectivités? A l’époque, il n’y avait pas d’Eco-Emballage, ça n’existait pas. Euh,

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et personne ne connaissait rien à rien sur ces sujets-là, hein. C’était le début, euh, et en fait la seule

expérience véritable qui existait, c’était, un, la ligue contre le cancer qui collectait le verre dans des

bornes à verre et puis la deuxième expérience qui était connue, c’était les chiffonniers, c’est-à-dire les

gens qui récupéraient les vieux papiers, les vieux tissus, etc. Mais il n’y avait pas de métier industrialisé

autour de ces problématiques-là. Et donc c’était, euh, intégrer une chaine complète de gestion des

déchets, alors qu’à une époque, il y avait d’un côté les entreprises qui faisaient la collecte, et de l’autre

des petites entreprises qui, entre guillemets, bidouillaient, sur des matériaux, c’était de la récup, hein.

Voilà, et donc c’était toute la réflexion qui a mené l’ensemble des opérateurs de ces métiers-là à

réfléchir, sur comment on pouvait travailler ensemble, et puis après il y avait tout le lien aussi avec les

politiques, qui étaient en train d’élaborer la politique de gestion des déchets et France. Et donc moi,

mon boulot, c’était d’aider Sita à réfléchir là-dessus puisque mon sujet de thèse c’était la politique

publique dans l’environnement de la France, et en particulier la gestion des déchets, puisque c’était

un objet très technique dans les années 1970. Et à partir du moment où il y a eu toute la révolte du

Larzac etc., c’est devenu un objet politique. Et un objet de politique publique. Et donc moi j’avais

étudié ça, euh, dans mon université, et donc ils m’ont dit, « venez-donc nous en causer un peu parce

que du coup on ne sait pas grand-chose là-dessus ». Donc j’ai fait un boulot qui était plutôt un boulot

d’accompagnement de cette entreprise, à réfléchir à ce que c’est son métier par rapport à cette

réglementation. Voilà et puis après, j’en ai eu marre de réfléchir et j’ai eu envie de faire des choses

plus opérationnelles. Donc, j’ai pris un poste de responsable marketing dans une filiale qui s’occupait

des déchets industriels, et des déchets de la grande distribution, et des déchets de santé. Donc là, j’ai

monté les offres à ces secteurs-là qui n’étaient pas identifiés en tant que tel avant mais qui

commençaient à se structurer avec une réglementation qui changeait, qui n’était plus la même

réglementation que tout le monde en matière de déchets. Avec cette nouvelle loi de 1992, il y a eu

aussi une spécification des métiers, en fonction des types de clients. Donc il y avait les déchets

ménagers, ce que vous avez beaucoup vu avec Eco-Emballages aujourd’hui et puis après, il y avait et

comment on fait avec les déchets industriels ? Comment on fait avec les déchets de la santé ? Parce

que quand on coupe un bras à quelqu’un il faut bien le mettre quelque part. C’est aussi trivial que ça

et ça ne se met pas dans une décharge. Mais il y a dans trente ans ça se mettait dans une

décharge. Donc c’est à partir du moment où on dit, attention, il y a des problématiques de santé, de

sécurités etc., et qu’on fait des catégories, après il faut des offres pour traiter les catégories avec des

filières de traitement etc. Donc moi j’ai travaillé là-dessus.

Maud : donc, donc ça c’était un poste de Marketing ?

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G. Slosse : Oui, un poste purement Marketing, une création d’offres. C’était alors, qu’est-ce qu’on

propose maintenant aux industriels qui se retrouvent face à une réglementation et qui sont obligés

d’appliquer cette réglementation ? Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Maud : donc trouver des solutions face à la nouvelle réglementation ?

G.Slosse : Voilà, trouver des solutions industrielles et pour la santé, les hôpitaux.

Maud : Alors, justement, nous ce qui nous intéresse surtout c’est la grande distribution, par rapport à

ça, quelles solutions en fait ont été trouvées pour la gestion des déchets ?

G.Slosse : Alors la grande distribution, c’est un sujet bien à part, bien différent du reste de l’industrie.

Parce qu’on n’est pas dans la même problématique. Quand on est dans une usine, en gros l’industriel,

il reçoit des produits, il fabrique les siens, et il reste des sous-produits. Bref, c’est assez simple. Donc

après c’est qu’est-ce qu’on fait des sous-produits ? Dans quelles filières, etc… ? Dans la grande distrib

c’est différent, c’est-à-dire que le distributeur, il va aller chercher des produits qu’il va juste stocker et

transférer aux consommateurs, hein, donc ce qui va être le sous-produit de son activité c’est les

invendus, c’est tout ce qui est emballages etc. parce que lui il reçoit conditionné et il déconditionne et

puis après il y avait la question : est-ce que finalement quand il met dans ses rayons des paquets de

douze avec des emballages, est-ce qu’il est responsable de l’emballage ou pas ? Est-ce que c’est le

consommateur ? Donc, les premières questions qui se sont posées ça a été de dire finalement c’est

quoi les déchets de la grande distribution ? Qu’est-ce qui leur appartient véritablement à ces gens-là?

Et là on peut imaginer, et c’est ce qu’ils revendiquaient, nous on fait juste la boite aux lettres quoi ! On

est responsable de rien et ça ne va rien nous couter. Mais non, ça ne va pas se passer comme ça. Il y a

quand même des choses qui concrètement se passent. Donc ok, alors après, ça a été, la deuxième

phase de la réflexion dans la grande distribution, ça a été de dire : euh, ouai mais dis donc les cartons

et tout ça, ça a de la valeur, alors on va faire de l’argent avec nos déchets. Bon, donc la première phase

ça a été : bon comment on fait du fric ? C’est normal, c’est leur métier.

Maud : ça c’était vraiment leur premier objectif, la rentabilité?

G. Slosse : le premier objectif c’était de dire que finalement si on doit recycler, alors c’est que ça a de

la valeur et donc qu’est-ce qu’on gagne ? Et toute la première phase de la mise en place du tri dans la

grande distribution, les argumentaires de vente, c’était qu’est-ce qu’on y gagne ? Euh, il y a même une

époque, mais je pense qu’ils n’en sont pas fiers, il y a une époque, euh, où véolia, qui s’appelait la

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Générale des eaux, avait une filiale en France, qui avait sorti une plaquette de com, avec marqué, avec

un billet de banque avec écrit dessus : « de l’or dans vos déchets ». C’est top, comme de folie, c’était

les années 1990. Mais celle-là j’aurais dû la garder, parce qu’elle est vraiment collector et j’pense qu’ils

les ont toutes détruites maintenant! Mais c’était super rigolo, parce que c’était vraiment l’état d’esprit,

pour aller choper les gens de la distrib, fallait leur dire vous allez gagner du pognon.

Maud : Donc leur trouver une source de motivation ?

G.Slosse : Voilà. Et la motivation première ça a été ça, pendant, euh, allez, on va dire, jusqu’aux années

2000.

Maud : Donc en 2000, il y a eu un tournant ?

G.Slosse : Alors, je peux pas vous dire que c’est pile 2000 mais en tout cas il y a eu un basculement, à

un moment donné. Euh, au moins sur la motivation, parce qu’il y a toujours cet impératif, la grande

distribution ne gagne sa vie que sur sa capacité à faire des marges et ces marges sont très faibles. Il y

a les marges faites sur les produits qu’elle vend et, puis, euh, tout ce qu’elle peut faire en économies

de frais de fonctionnement. Son business model c’est ça : qu’est-ce que je fais en économie de frais de

fonctionnement et qu’est-ce que je peux prendre en plus sur le produit ? Euh, vous voyez bien tout ce

qui se passe aujourd’hui sur comment, par exemple des gens de super U, communiquent sur leurs prix.

Ils vous expliquent qu’ils achètent ça 0.63 chez le producteur, que le transport coûte … et que le machin

…, et que ce que ramasse U c’est ça. Cette pseudo-transparence est aussi importante pour comprendre

leur business model. Donc euh, dans un premier temps ça a été de dire, comment on fait des

économies sur notre organisation ? Donc il y a eu beaucoup de travail fait sur la problématique de tri

à la source dans la grande distrib et ça c’est beaucoup orienté sur le plastique et euh, le papier carton.

Donc là le premier effort qui a été fait, c’était ça. C’était de dire, on sépare les flux de tout ce qui est

putrescible, machin, les pelures et les trucs, de ce qu’on peut vendre et valoriser. Les premières

grandes offres qui ont été faites, ça a été ça, c’est à dire : comment on préserve, euh, la partie, la

fraction valorisable dans les phases de désemballages etc.

Maud : Alors ça c’était fait directement dans les magasins ?

G.Slosse : Alors, euh, oui, dans le stockage. Comment on stocke ? Comment on préserve nos stocks ?

Donc, les prestataires, ils ont travaillé avec la grande distribution là-dessus et puis, quels sont les outils

que l’on peut mettre à disposition pour rentabiliser l’activité ? Donc, c’était les presses à carton, les

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presses à plastiques etc. Les mecs, ils se sont installés dans leurs arrières boutiques quand ils avaient

des grandes boutiques et ils se sont mis à faire entre guillemets le métier des récupérateurs. Et donc à

un moment donné, ils se sont dit, si on a vraiment des masses de papier carton, bah on a plus besoin

de SITA, de VEOLIA et de tous ces gens-là, pour aller les vendre. On va les vendre nous-même.

Progressivement, cette activité-là qui était l’activité récurrente avec la grande distribution, elle est

devenue peau de chagrin parce que comme ils ont des gens qui savent très bien acheter et vendre,

bah ils se sont mis à acheter et vendre des balles de papier, des balles de carton, et basta. Ils ont fait

le boulot de la vente. Donc, il y a un certain nombre d’enseignes qui se sont organisées pour centraliser

leurs flux et revendre leurs flux au plus offrant. Ça c’est la deuxième étape. Donc, première étape on

leur apprend comment faire le tri, après hop ils récupèrent le gisement et ils le vendent direct sur le

marché. Et puis il y a eu, euh, la montée en puissance de toutes les questions autour de la

responsabilité sociale et environnementale, euh, qui dans un premier temps à fait un peu le tilt chez

eux, plus dans un genre un peu green-washing, on va faire joli, on va faire vert, et euh, je pense

qu’aujourd’hui, dans certaines marques, c’est en train d’évoluer vers un vrai, une vraie appropriation

de la nécessité de ne pas faire n’importe quoi. Pourquoi ? Parce que c’est de plus en plus difficile d’avoir

des surfaces, d’ouvrir des surfaces dans la grande distribution, donc la carence de terrains est de plus

en plus importante. Donc ça veut dire que quand on a le projet d’ouvrir une grande surface, non

seulement on a tous les concurrents qui ont le même projet et donc il faut mettre dans ce projet-là

plus que euh, simplement, on va mettre un hangar avec des carambars à vendre et de la confiture

quoi. Donc il faut un vrai projet d’intégration dans le territoire et dans l’idée de l’intégration dans le

territoire, il y a aussi, qu’est-ce qu’on fait en matière d’environnement.

Maud : D’accord, et à partir de là, c’est vraiment les enseignes, elles-mêmes, et les managers qui vont

décider, euh, ce qu’ils vont faire en question environnementale ?

G.Slosse : Oui et ça c’est au niveau des sièges. Alors la difficulté dans un certain nombre d’enseignes,

c’est que l’on est avec des franchisés. Donc, le siège va commencer à élaborer une politique, qu’il va

devoir aller vendre à ses franchisés. Donc , hein, il y a tout un jeu de pouvoir, entre les sièges et les

structures de sièges qui commencent à élaborer une politique, et puis les patrons de magasins qui

disent, « ouai je veux de ton truc ou j’en veux pas ». Et donc, tout l’enjeu va être de comment les gens

qui sont en centrale vont pouvoir développer leurs politiques. Et donc pour développer leurs

politiques, ils vont devoir apporter un service aux magasins.

Maud : D’accord, et donc le siège, n’a en aucun cas le droit d’imposer une certaine politique ?

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G.Slosse : Bah, quand on est en franchise, tout dépend du contenu de la franchise. Mais moi ce que

j’ai vu concrètement sur le terrain, c’est que ça n’imposait plus ou peu. C’était surtout, quand nous on

travaillait, on travaillait beaucoup avec les sièges et c’était surtout : comment on peut développer des

services utiles à nos patrons de magasins en matière de gestion des déchets.

Maud : Donc la décision revient au patron, qui doit chercher un intérêt…

G.Slosse : Qui doit trouver un intérêt et surtout qui doit, euh, l’objectif en fait des structures centrales,

c’est de prouver aux patrons des magasins que ça va lui apporter quelque chose en terme, euh, de

rentabilité, de positionnement etc… Alors autant au début, c’était que la rentabilité, mais aujourd’hui,

ca c’est un peu plus ouvert avec le positionnement etc… Mais euh, ce qui est très intéressant, c’est

comment à évoluer le système, c’est-à-dire, que dans un premier temps c’était bon, on est sur le métier

pur de la distribution, on va faire du fric avec cette loi, parce qu’après tout, c’est notre métier de faire

du fric. Après, ça a été, ah bah tiens on a des compétences en matière d’achat et de vente donc on va

utiliser nos compétences pour devenir indépendants. Puis après ça a été, bah oui mais c’est plus

compliqué que ça, donc euh, il y a eu toute la question aussi de la politique des sacs de caisse. Alors

que, il y a quelques années, euh, quand on allait faire nos courses au supermarché, on avait autant de

sac qu’on voulait hein, donc on sortait avec tous nos petits sac, nos machins, etc… Et là ils ont

commencé aussi à trouver un intérêt à ça, parce que c’était compliqué dans les magasins, de

répercuter le coût des sacs, euh, sur les achats en fait. Pour eux, c’était une source d’achats, dont ils

ne maitrisaient pas bien la manière de revendre au consommateur final.

Maud : donc maintenant ils font payer leurs sacs.

G. Slosse : Et bah oui, super parce qu’il y a une loi qui dit faut pas de sacs de caisse : Yes ! C’est

vachement bien, je veux dire. Pour eux, ça a été, un poste budgétaire qui a été scratché, et même

maintenant, à la limite, euh, ils se font du fric quand ils revendent leurs sacs 3 centimes. Et, du coup,

en plus, ça devient le sac qu’on achète 60 centimes réutilisable, qui est aussi un outil de promotion. Je

veux dire, que vous avez du monoprix partout chez vous, ou du Auchan ou je ne sais pas quoi. Donc

euh, c’est tout bénéf l’opération des sacs de caisse, c’est un truc génial. C’est là où ils sont hyper forts,

dans la manière d’utiliser les évolutions. Mais ouai, mais c’est des gens dont on a énormément à

apprendre car ils sont malins. C’est-à-dire, que d’une contrainte, ils vont faire un avantage pour eux.

Et, moi je trouve que, je suis convaincue, et vous verrez ce qu’en pense les autres intervenants, je suis

convaincue qu’une entreprise ira dans le sens du développement durable si elle a un vrai intérêt

durable à y aller. C’est-à-dire que ce qui gouverne l’entreprise ce n’est pas la beauté de la planète, il

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faut être claire. Après les gens, individuellement, peuvent avoir des convictions. Mais ce qui drive

l’entreprise c’est, euh, sa stratégie et son résultat. Donc, tant que l’on ne trouve pas les moyens de

faire rentrer ce type de problématiques dans la stratégie de l’entreprise, c’est compliqué. Et nous,

quand on travaillait nos offres, c’était notre objectif, c’était de dire, comment on fait pour que ça

devienne un vrai objet de promotion, de rentabilité, de, euh, voilà. Notre objectif c’était vraiment ça,

et avec la grande distrib on a beaucoup appris, parce qu’alors eux ils étaient d’une réactivité

incroyable. Et aujourd’hui, ils ont diversifié leurs manières d’aborder la gestion des déchets, c’est-à-

dire qu’ils ont valorisé une partie de leurs déchets, en disant, euh, les produits qui sont en, c’est

l’histoire des délais de consommation, les produits qui ont dépassé les délais de consommation mais

qui sont toujours consommables sont des produits qu’on peut valoriser et là ils font de l’action sociale

avec les associations caritatives etc donc là ils se positionnent du point de vue, du côté social de la

responsabilité de l’entreprise et puis après on fait du tri, de la valorisation, sur les cartons, je fais du

sac de caisse réutilisable donc je participe à la valorisation , enfin, à la politique environnementale du

pays et, alors, dernier truc qui est en train de se développer avec la grande distribution, et c’est

particulièrement vrai dans l’ouest de la France, c’est le développement des outils, qu’on appelle, des

outils de tri mécano-biologiques, alors c’est quoi, c’est des outils qui en fait font des broyages des

produits du type jambon, et les machins comme ça qui sont sous plastique. Donc ils sont broyés, y’a

un système de récupération des emballages et donc une partie est valorisée en, euh, soit en nourriture

pour animal, soit en épandage etc, donc tout ce qui est végétalisation et compagnie, et le reste, la

partie ultime est mise en décharge, puisque c’est ce dont on ne pourra jamais rien faire de toute façon.

Et donc du coup, il y a un certain nombre d’enseignes de la grande distribution qui se sont associées

avec des collectivités pour développer ce type d’outils et, euh, ça permet en plus aux collectivités de

s’affranchir des grands opérateurs. C’est-à-dire qu’ouvrir une décharge, ou un incinérateur, ça coute

trop cher pour une collectivité aujourd’hui et du point de vue politique, parce que personne n’a envie

d’avoir une décharge à côté de chez soi, et du point de vue économique, parce que ce sont des outils

extrêmement réglementés et donc qui coutent extrêmement chers. Et le tri mécano-biologique,

finalement, c’est un espèce d’intermédiaire, qui permet à la collectivité de maitriser son flux et de

décider ce qu’elle renvoi en décharge ou pas. Parce que quand cita ou Véolia passe, bah ils collectent

la poubelle grise et toute la poubelle grise part en décharge. Et là, c’est un tri supplémentaire, et une

maîtrise de plus pour la collectivité. Et donc dans la région de l’ouest, en Bretagne – ce sont des actifs,

les bretons en ce moment- ils développent beaucoup ces outils-là, parce qu’il n’y a pas beaucoup

d’outils, de décharges ou d’incinérateurs et du coup, ça permet d’éviter d’être pieds et poings liés avec

des prestataires et d’avoir des prix de folie. Donc, encore une fois une manière pour la grande

distribution de s’allier localement avec des partenaires qui vont trouver bénéfices à faire un peu

différemment mais à respecter la loi en faisant sa propre organisation. Et à chaque fois, ce que l’on

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constate dans ce métier-là, c’est qu’ils réorganisent en permanence en fonction de leurs enjeux. Ce

qui n’est pas vrai dans l’industrie. Moi j’ai beaucoup travaillé avec l’industrie chimique plus tard et ça

a été un grand moment ma clientèle, des gens comme totale etc…, des très gros producteurs de

déchets, euh, beaucoup de déchets dangereux, des déchets chimiques, qu’on ne peut pas traiter

n’importe comment, et ces gens-là sont plus préoccupés par la problématique de la sécurité et de

l’image par exemple, donc eux ils vont s’axer sur : est-ce que ce que tu me proposes ça ne me fait pas

prendre de risques ? Que ça pète chez le voisin, que ça se mette à sentir, parce que ce sont des

problématiques qu’ils ont avec leurs produits et puis, du coup est-ce que ça n’aura pas de

répercussions sur mon image ? Parce qu’on va dire : « non mais Total, ils payent pas leurs impôts en

France et en plus c’est des gros dégeulasses… » Donc la préoccupation de la grande distribution c’est

comment à chaque fois j’intègre et donc, là maintenant on est dans la RSE de la grande distribution,

quand là maintenant on parle de gestion des déchets. Et les grands de la grande distribution sont tous

adhérents d’éco emballage. Et ils font partie du conseil d’administration d’éco emballage.

Maud : Donc ils s’adaptent assez bien finalement, aux législations ?

G. Slosse : Non seulement ils s’adaptent, mais en plus ils pilotent. Ils pilotent car étant dans le conseil

d’administration d’éco emballage, ils font partie des gens qui disent, euh, comment on peut faire.

Maud : Ils ne vont pas essayer d’aller contre les intérêts d’éco emballage ?

G. Slosse : Bah non, parce qu’en fait il ne faut pas oublier que la personne qui préoccupe le plus la

grande distrib, c’est le consommateur. Et aujourd’hui les consommateurs, sont quand même,

globalement assez sensibles aux problématiques environnementales. C’est sûr que quand il y a à

choisir entre mon petit confort et l’environnement, je suis sûre qu’on fasse toujours le même choix et

le plus, euh, éthique. Mais globalement, quand on regarde les enquêtes d’opinion, les gens sont plutôt

favorables à ce qu’on trie les déchets, et d’ailleurs, euh, il y a très peu de gens qui globalement ne

trient pas leurs déchets. Alors après ils trient pas forcément tous bien, mais, euh, il y a personne qui

dit, ou enfin très peu de gens qui disent : « c’est de la grosse connerie de trier ses déchets ». Les gens

le font. Il y a une espèce d’appétence globale des concitoyens à aller vers ce type de choses. Donc le

mec de la distribution, c’est ça qu’il regarde. Il regarde ce qui préoccupe le mec qui vient acheter chez

lui : sa famille, son confort, sa maison, euh, son environnement, son jardin…

Maud : Alors justement, au niveau de la grande distribution, il y a un peu plusieurs choses, on a vu qu’il

y avait un peu de green washing. Par exemple, on peut penser à carrefour qui a tout un site sur le

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développement durable, euh, et qui a l’air de faire beaucoup de communication la dessus. Et on se

demandait si derrière, ils faisaient beaucoup d’actions. Ils ont l’air quand même, mais c’est juste que,

euh, à l’internationale c’est pas trop ça l’environnement. Enfin, il y a des contradictions. Par contre, on

a l’impression qu’il y a des enseignes qui ne font pas du tout de communication sur les projets

environnementaux, alors qu’ils font parfois des choses. Donc est-ce qu’ils ont tout le temps un intérêt

à communiquer là-dessus ?

G. Slosse : Je crois qu’après c’est, j’ai envie de dire, l’identité de l’entreprise qui joue. C’est-à-dire, est-

ce que ça fait partie de son code génétique, d’être en lien avec la société, et du coup, c’est naturel, et

on est là au service des gens comme au service de la planète, et on fait son boulot correctement et

c’est pas sujet à communication, car ce n’est pas ça qui compte dans le patrimoine génétique de

l’entreprise. Et il y a d’autres entreprises qui ont peut-être un patrimoine génétique qui est moins

communicable, euh, au commun des mortels, qui peut être basé sur faire un maximum de frique en

un temps record. Ca c’est pas un truc qu’on communique. Mais qui vont aller chercher des enjeux de

communication plus valorisants, euh, il y a des gens comme Casino, qui font très peu de

communication sur leur comportement, alors que, euh, c’est des gens qui se comportent très bien.

Mais c’est, euh, dans leur vision du monde, ça n’est pas objet de fierté particulière, ce n’est pas objet

de marchandage particulier. Voilà, et je pense que ça c’est vraiment plus lié, et ça c’est globale, en

communication dans toutes les entreprises : quand l’entreprise se créée et évolue, elle est très

inspirée, euh, par ce qu’ont été ses créateurs. Alors, les individus quand ils créent une entreprise, ils y

mettent un certain nombre de valeurs qui les concernent. Donc, les gens qui travaillent dans cette

entreprise sont en lien avec ces valeurs. La manière dont l’organisation, le système va dialoguer avec

son environnement va être liée avec la vision des valeurs. Donc, ce qu’il va mettre en avant de son

comportement, c’est en lien avec ces valeurs. Donc, si, on a des valeurs qui ne sont pas forcément

adaptés au politiquement correcte dans la société, bon on va aller chercher d’autres trucs. Les valeurs

internes ne sont pas forcément communicables. Ce n’est pas que ces valeurs sont mauvaises, elles ne

sont pas communicables, ni objet de communication avec l’extérieur. Euh, et si on regarde des gens,

par exemple, euh, comme Auchan, les valeurs, euh, les valeurs initiales de l’entreprise sont très

paternalistes. Aujourd’hui, ça n’a pas trop, euh, de sens dans la société. Et donc, ça n’a pas de sens de

communiquer la dessus. En revanche, ça a beaucoup de sens pour le personnel d’Auchan, d’être dans

une entreprise avec ce type de valeurs. Mais ça n’est pas un objet de communication avec l’extérieur.

Donc on va aller chercher dans les opérations qu’on fait, les objets de communication pour

l’environnement. Et quand je dis environnement, c’est globalement, l’environnement de l’entreprise,

pas l’environnement, euh, les petits oiseaux et tout ça. Donc, du coup, on va aller communiquer sur

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d’autres sujets, et je pense que ceux qui ne communiquent pas, euh, sur l’environnement, c’est parce

qu’ils ont des valeurs, plus fortes encore, à communiquer avec l’extérieur que celles-là.

Maud : D’accord. Et pour revenir aux déchets alimentaires et ce que ça devient. On voulait savoir déjà,

dans certains supermarchés, il y a des politiques de promotion pour les produits en fin de vie, donc qui

n’ont pas encore atteints la DLUO. Juste une précision, je ne sais pas si vous savez ou pas : est-ce que

les produits qui ont atteint la DLUO, peuvent encore se vendre dans les supermarchés ?

G. Slosse : alors il y a un truc avec la DLUO et la DLC, mais je ne suis pas spécialiste. Donc, euh, allez

vérifier ça sur internet, vous trouverez ces informations-là. Moi je ne suis pas spécialiste.

Louise : Nous, en fait, ce que l’on aimerait étudier c’est, est-ce qu’il y a plus d’avantages à faire des

dons, en terme d’images etc, que, euh, en revendant nos déchets à des opérateurs, ou encore en faisant

des promotions. On s’intéresse plus à cet aspect-là. Qu’en pensez-vous ?

G. Slosse : Moi je ne sais pas, parce que, il faudrait discuter de cela avec la grande distribution. L’idée

que j’en ai c’est la suivante : il y a plusieurs manières d’envisager cette question-là. De toute façon, ces

produits à un moment donné, ils vont sortir du circuit. Donc il faut un traitement spécifique à ces

produits-là. On a plusieurs options de traitement. Le premier, c’est de dire, on va faire des promotions,

euh, de manière à ce que les gens achètent les produits. Ça c’est une façon de traiter le sujet qui est

limitée par la capacité des consommateurs à consommer dans un temps limite. Sachant qu’en plus, la

structure des ménages a évolué. C’est-à-dire qu’on a des ménages qui sont de plus en plus, des familles

monoparentales, avec moins de gens à l’intérieur, beaucoup de célibataires. Donc à un moment donné,

on peut acheter 12 yaourts, mais si on peut pas les manger dans les trois jours qui viennent, ça va être

compliqué quoi de vivre avec ces yaourts. Donc il y a une limite du marché à accepter ce genre de

choses. Il faut que la promotion, elle soit en lien avec la réalité, j’ai envie de dire, démographie, euh,

du marché. Ça c’est une première chose. Donc il y a des endroits, où, potentiellement c’est possible.

Et ça la grande distribution le sait car ils ont une capacité à faire du data mining sur les gens qui

viennent dans leurs magasins. Donc ils connaissent parfaitement les gens qui viennent dans leur

magasin. Donc je présuppose que ceux qui font ça, c’est qu’ils savent qu’ils ont un potentiel sur leur

marché. Ça c’est la première chose. Après la deuxième chose, c’est, si je jette, donc j’ai des déchets,

donc c’est un poids de plus à traiter, donc ça à un coup. Et la deuxième chose, c’est, si je jette, y’a

vraisemblablement, à partir de dix minutes après la fermeture du magasin, des gens qui vont, euh,

venir chercher dans ma poubelle. Donc je vais créer entre guillemets de la nuisance. C’est-à-dire que

y’a des gens qui vont venir fouiller dans les poubelles, qui vont récupérer des produits, qui vont

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éventuellement en rejeter, etc. voire des gens qui vont se battre autour de la poubelle. Et y’a eu tout

un truc autour de, il y a deux ans, euh, je crois à Paris, où il y avait un directeur de magasin qui détruisait

avant de mettre dans sa poubelle et ça avait fait tout un scandale etc. Et donc le mec il a dit bah oui

mais moi je suis vachement emmerdé parce que si je ne détruis pas, les gens viennent dans la poubelle

et ça devient une décharge devant mon magasin. Et je suis en plein ville, dans un quartier un peu

chicos… Donc il y a un vrai problème aussi autour de ça, c’est-à-dire que, qu’est-ce que je produis à

partir du moment où je mets mes déchets dehors, qu’est-ce que je produis comme réaction sociale. Et

vous n’êtes pas sans ignorer que la pauvreté augmente dans notre pays et qu’il y a de plus en plus de

gens qui font les poubelles, tout comme il y a de plus en plus de gens qui trainent derrière les marchés

pour récupérer des produits etc. Donc là il y a une vraie question de, euh, morale, et puis aussi est-ce

que c’est sain, euh, de mettre des trucs dans une poubelle en se disant que y’a des gens qui vont les

récupérer. Je veux dire, c’est confrontant pour les individus quand ils sont face à cette situation. Donc,

le don à l’association, c’est aussi une façon d’éviter à la fois la nuisance autour du magasin, qui peut

nuire à l’image du magasin, et puis, aussi pour l’individu, je pense, de trouver une solution plus

honorable à laisser fouiller ses poubelles. Et puis d’un autre côté, le patron du magasin, il ne peut pas

laisser rentrer tous les SDF du quartier pour aller regarder dans l’arrière-boutique s’ils peuvent prendre

des trucs, quoi. Donc il y a une espèce de besoin de trouver une solution qui soit socialement,

économiquement, environnementalement, acceptable avec ces produits-là. Et l’autre effet, et ça je

pense que c’est un effet fort de la crise, c’est aussi, le regard que les clients ont sur le gaspillage. A une

époque où il y a des gens qui ont vraiment besoin, qu’est-ce que ça veut dire de jeter des produits ?

Donc, ils sont pris entre une obligation légale, à partir d’une certaine date, ça sort du rayon, et euh, un

impératif économique, et puis un impératif moral et social à résoudre. Je pense que après, c’est avec

ça, qu’ils fabriquent leur réponse, magasin par magasin. Parce que c’est le patron du magasin, qui

décide de comment il fait. Il n’y a pas une espèce de politique centrale qui descend comme ça, comme

le bon dieu et l’esprit sain sur l’ensemble des boutiques quoi. Chaque patron de magasin va gérer ça

en fonction de, j’ai envie de dire, de sa propre vision du monde.

Maud : D’accord. Mais juste une petite précision technique, pour la grande distribution, mettre ses

déchets à la poubelle, en tonnage ou en nombre de poubelles, ça fait beaucoup non ?

G. Slosse : Ah bah oui, parce que de toute façon la grande distribution, elle ne s’occupe pas de la

collecte de déchets ménagers classiques. Donc elle est obligée d’avoir, un contrat avec un opérateur

comme ceux que vous avez pu croiser dans votre cours, euh, qui va lui dimensionner une offre. Donc,

qui va lui dire, si c’est une petite superette, ça va être 3, 4, 5 bacs, si c’est un truc plus gros ça va être

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un compacteur pour mettre ses déchets. Et donc, il a y avoir un prix à la tonne et puis un prix de

matériel. Et puis, mensuellement il y a une facture qui tombe, quoi.

Maud : Et, est-ce qu’il y a une législation sur ce prix ? Est-ce que l’état peut décider d’augmenter les

prix pour dissuader les supermarchés de jeter ?

G. Slosse : Non, c’est un contrat de droit privé, entre les prestataires et le responsable du magasin.

Maud : D’accord. Et, euh, pour revenir sur le don aux associations. Comme vous le présentez, ça paraît

être la solution idéale, pour les entreprises etc. bref, sur tous les points de vue. Alors pourquoi toutes

les entreprises ne le font pas ?

G. Slosse : J’ai envie de dire, c’est la situation judéo-chrétienne idéale. C’est-à-dire que dans notre

vision du monde, c’est la manière la plus, euh, la plus policée de résoudre le problème. Après, il y a des

problèmes de sécurité aussi. C’est-à-dire qu’il y a la responsabilité du patron de magasin de transférer

ces produits-là. Si pour une raison X ou Y il y a des gens malades, à l’utilisation des produits, et

notamment je pense aux produits frais, pour lesquels c’est assez compliqué, euh, voilà. Là : comment

se joue la responsabilité ? Je suis pas sure qu’on est des réponses dans le droit aujourd’hui. Donc, je

pense qu’il y a aussi un certain nombre de patrons de magasin, de managers, qui sont aussi en question

par rapport à ça. Et je pense aussi, qu’après, l’autre question, c’est aussi, l’organisation des

associations. Les associations c’est pas professionnel, hein. Alors des fois, c’est rock’n’roll. Et un patron

de magasin, ne peut pas passer son temps à jouer le rock’n’roll. Alors si le patron de magasin n’est pas

là à l’heure pour venir chercher les produits, si machin etc. Alors si c’est lui qui doit emmener tous ses

produits frais. Alors le mec, il ne va pas y arriver quoi. Donc à un moment donné, il faut aussi que ça

soit rationnel ça. Donc ce qui fonctionne, c’est la banque alimentaire, la croix rouge, c’est les grandes

structures quoi. C’est aussi pour ça que les associations de leur côté se sont structurées. De plus en

plus, la banque alimentaire, elle a quand même le lead sur la récupération des produits, sur la

redistribution dans d’autres associations. Voilà donc euh, vraiment ce qui sécurise les patrons de

magasins, c’est travailler avec ces associations : Soit avec des gens qui sont super proches, un parcours

super court, qui fait que ça fonctionne. Soit, avec des grosses associations organisées. En terme de

logistique, la banque alimentaire, sont même parfois, meilleurs que la grande distribution maintenant.

Parce qu’ils ont un vrai métier autour de ça, de comment on gère des produits en fin de vie, comment

on les distribue en un temps record pour qu’on puisse les garder. Donc, ce qui peut retenir un patron

de magasin, et il faut aller les interroger, c’est que ça n’est pas toujours bien organisé dans certaines

associations et du coup ça demande un travail supplémentaire qu’il n’a pas envie de financer, il faut

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être clair. Alors la vraie question, c’est la balance entre qu’est-ce que ça me coute de mettre à la

poubelle, et puis dans le broyeur, et que ce soit emmené par SITA, et qu’est-ce que ça me rapporte

entre guillemets et qu’est-ce que ça me coute de filer aux associations, ça mobilise du personnel, de

la place en stocks, et le stock ça coute cher dans certaines villes d’avoir des espaces de stock pour les

produits etc. Donc on est toujours dans cet impératif entre l’impératif économique et qu’est-ce qui

serait bien du point de vue du social et de la morale. C’est toujours ce deal permanent.

Maud : Une dernière question technique, quand la grande distribution fait des dons aux grandes

associations, est-ce qu’elles peuvent avoir des déductions fiscales ?

G. Slosse : ah est-ce que ça donne lieu à des déductions fiscales ? Alors ça, je ne sais pas.

Maud : Comme il me semble que pour les foyers qui font des dons aux associations…

G. Slosse : Oui, les ménages, oui. Après dans les entreprises, comment ça marche. J’ai envie de dire

oui, parce que dans mon entreprise quand je vais un don à une association je dois le déclarer. Alors,

ça n’est pas le même avantage que, euh, pour un particulier. Parce que pour un particulier c’est 60%

du don qui est déduit des impôts, ce qui est énorme. Pour les entreprises c’est un peu moins, et après

quand c’est un don en nature, je sais pas comment c’est valoriser pour les entreprises. Ca c’est

vraiment une question à poser à un patron de magasin, c’est comment il valorise dans ses comptes un

don en nature à une association.

Maud : Pour que ça leur fasse une motivation économique à donner.

G. Slosse : Ouais, mais je ne suis pas sure que ça soit tellement là que ça se joue.

Maud : Donc du coup ça passe beaucoup par la réduction des couts des déchets dans la poubelle?

G. Slosse : Oui, je pense que surtout ce qui les motive, c’est moins de trucs dans la poubelle, donc ça

leur coute moins cher, dans l’opération de gestion des déchets. Et, euh, après, je pense qu’il y a la

motivation. Il ne faut pas mettre de côté la motivation individuelle des gens. Ce n’est pas tous des sales

bêtes et méchants, ce sont des êtres humains. Donc, comme n’importe quel être humain, ils ont le

droit, d’avoir des convictions, et un certain nombre d’eux, ont des convictions, donc ça en fait partie

aussi. Et il ne faut pas être naïf non plus.

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Annexe 2 : Questionnaires enquête terrain

Questionnaire destiné aux sièges sociaux des enseignes:

1°) Tout d'abord et pour contextualiser, pourriez-vous nous donner quelques chiffres sur le don

alimentaire dans votre enseigne? (nombre de magasins qui pratiquent le don, pourcentage de dons

sur le nombre d'invendus…, selon les chiffres disponibles).

2°) Pour Monoprix : Quel est le rôle de la Fondation quant au don alimentaire? S'agit-il d'une politique

de communication et d'incitation auprès des supermarchés de votre enseigne, ou d’une mise en place

concrète d'un système pour donner aux associations?

Pour les autres enseignes: Y-a-t-il d'une politique de communication et d'incitation auprès des

supermarchés pour les inciter à donner ou y-a-t-il un système mis en place par les sièges sociaux pour

donner aux associations ?

3°) Cette politique est-elle valable pour tous les supermarchés de votre enseigne ou ne s'applique-t-

elle qu'à certains?

4°) Si elle ne s'applique pas à tous, quelles sont les conditions pour qu'un magasin pratique le don

alimentaire? (lieu, logistique, taille,...)

5°) Chaque magasin est-il libre de refuser de pratiquer le don alimentaire? Si oui, quelles sont leurs

raisons?

6°) Enfin, quelles sont les raisons qui poussent l'enseigne à pratiquer le don alimentaire? (rentabilité

économique, image de l'enseigne, éthique...)

Questionnaire destiné à la Banque Alimentaire :

1°) Tout d’abord, avec quelles enseignes de supermarchés travaillez-vous ? Y-a-t-il des critères pour le

choix de ceux-ci (distance, taille du magasin, quantité des dons) ?

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2°) Récupérez-vous vous-même les produits dans les supermarchés ou ceux-ci vous sont-ils livrés par

les supermarchés ? (coût de récupération, coût de vente)

3°) Quel type de produit récupérez-vous principalement? Avez-vous le droit de récupérer des produits

périmés ?

4°) Quelle est selon vous la principale motivation qui mène les managers des supermarchés à vous

donner ? Est-ce pour les raisons économiques ? Déduction fiscale ? Cela simplifie-t-il leur traitement

des déchets ?

4bis°) Pensez-vous que la quantité de stockage peut influer sur la propension à donner des dons de la

part des enseignes ? (ex : si le supermarché a une faible quantité de stockage, elle ne sera pas en

mesure de donner beaucoup)

5°) Existe-t-il un label ou une marque de reconnaissance attribuée aux supermarchés qui vous

fournissent des dons (afin qu’ils puissent se revendiquer en tant que donneur et ainsi améliorer leur

image auprès des consommateurs) ?

6°) Si non, pensez-vous que la mise en place d’un tel système pourrait augmenter la quantité de dons

de la part de ces enseignes ?

7°) Avez-vous besoin de relancer souvent les supermarchés pour les dons ? Cela dépend-t-il des

enseignes ? Menez-vous sinon des campagnes de pub pour motiver des supermarchés à donner ?

8°) Comment répartissez-vous les dons entre les différentes associations ? Est-ce en fonction des

besoins ponctuels de ces associations ?

Questionnaire destinés aux consommateurs :

1°) Quel âge avez-vous ? (Réponses : - de 18 ans, 18-24 ans, 25-40 ans, 40-60 ans, + de 60 ans)

2°) Dans quelle enseigne faîtes-vous régulièrement vos courses ? (Réponses : Carrefour, Auchan,

Monoprix, Lidl, Autre : …)

3°) A votre connaissance, cette enseigne fait-elle des dons à des associations humanitaires ?

(Réponses : oui, non)

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4°) Si oui, avez-vous plus d’informations ? (Réponse ouverte)

5°) Aimeriez-vous avoir plus d’informations au sujet des dons alimentaires effectués par les

supermarchés que vous fréquentez ? (Réponses : oui, non)

6°) Que pensez-vous des dons alimentaires faits par les supermarchés ? (aucun avis, ça ne sert à rien,

c’est bien, c’est nécessaire)

7°) Si l’on vous donnait un classement des enseignes en fonction des dons alimentaires effectués, cela

influerait-il votre choix du supermarché dans lequel vous faites vos courses ? (Réponses : oui, non)

Questionnaire destiné aux gérants de supermarchés :

1°) Tout d’abord, à votre connaissance, les sièges sociaux de votre enseigne (Carrefour, Monoprix ou…)

vous incitent-ils à mettre en place et appliquer des politiques de dons alimentaires ? (Réponses : oui,

non)

2°) Mettez-vous en place ou avez-vous de telles politiques dons dans votre magasin ? (Réponses : oui,

non)

Suite à cette question, deux questionnaires différents ont été posés aux gérants des supermarchés.

Suite de l’entretien si réponse positive :

3°) Comment s’organisent ces dons au niveau logistique ? (Réponses : le magasin trie les produits, le

magasin stocke les produits jusqu’à ce qu’on vienne les chercher, le magasin achemine lui-même les

produits aux associations, autre : …)

4°) Passez-vous par des intermédiaires du type Banque Alimentaire ? (Réponses : oui, non)

5°) Avec quelles associations, autre que les intermédiaires, travaillez-vous ? (réponse ouverte)

6°) Pourquoi travaillez-vous avec ces associations (celles citées question 2)? (Réponses : partenariat de

longue date, proximité géographique, association réputée/connue, autre : …)

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7°) A combien de kilomètres, ces associations agissent-elles ? (Réponses : 0 à 5 km, 5 à 10 km, 10 à

20km, plus de 20km)

8°) Donner représente-t-il un coût financier ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

9°) Si oui, donner coûte-il plus que jeter selon vous ? (Réponses : oui, non)

10°) Si donner coûte plus cher que jeter, qu’est-ce qui vous pousse à jeter ? (Réponses : les dates de

péremption, tout ne peut pas être donné pour des raisons logistiques, certains produits n’ont pas le

droit d’être donnés, capacités de stockage insuffisantes, autre : …)

11°) Quelles sont vos capacités de stockage des produits ayant dépassés la DLUO, ou proches de la

DLC? (exprimer en kg) (réponse ouverte)

12°) Selon vous, ces capacités influent-ils sur les dons aux associations ? (Réponses : oui, non)

13°) Faites-vous de la communication sur vos politiques de dons ? (Réponses : oui, non)

14°) Si oui, par quel moyen ? (Réponses : tracts dans les boites aux lettres, affiches dans le

supermarché, publicité à la radio, publicité à la télé, publicité sur internet, autre :…)

15°) Pensez-vous que c’est important pour les consommateurs ? (Réponses : très important,

important, peu important, pas important)

16°) Est-ce un argument de vente ou pourrait-il le devenir ? (Réponses : oui, cela en est déjà un, oui,

cela pourrait en devenir un, non)

17°) Qui est à l’origine de ces politiques dans votre magasin ? (Réponses : le siège social, le directeur

du magasin, les employés, autre : …)

18°) Si c’est vous, avez-vous les moyens de mettre en place les politiques que vous désirez ou est-ce

que vous êtes restreint pour des raisons quelconques ? (Réponses : oui, non)

Suite de l’entretien si réponse négative :

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3°) Pourquoi, selon vous, de telles politiques ne sont pas mises en place ? (Réponses : pour des raisons

logistiques (stockage, tri, transport…), pour des raisons économiques (logistique pas compliquée mais

chère), autre : …)

4°) Envisagez-vous de mettre en place de telles politiques ou aimeriez-vous les mettre en place ?

(Réponses : oui, non)

5°) Votre enseigne vous donnerait-t-elle les moyens nécessaires pour mettre en place de telles

politiques ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

6°) Pensez-vous qu’une telle politique aurait une influence sur l’image de votre entreprise auprès des

consommateurs ? (Réponses : oui, non, ne sais pas)

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Annexe 3 : Entretiens qualitatifs enquête terrain

Entretien avec Gilbert Loridant, bénévole depuis 3 ans à la banque alimentaire du Rhône, à Décines :

Martin: Je tiens tout d’abord à vous remercier de m’accueillir dans les locaux de la banque alimentaire

du Rhône et de prendre de votre temps pour répondre à mes questions. Comme je vous l’ai dit

auparavant, je suis étudiant en école de commerce à l’EMLYON. Dans le cadre d’un de nos cours nous

devons faire une recherche appliquée en sciences sociales (RECAPSS). Notre sujet porte sur les dons

alimentaires des supermarchés. Nous avons d’abord voulu travailler sur le gaspillage alimentaire en

général mais le sujet étant bien trop vaste nous l’avons réduit au fur et à mesure pour nous concentrer

sur les dons alimentaires. C’est pourquoi nous nous intéressons à la banque alimentaire.

G. Loridant: Je vais vous présenter brièvement ce qu’est la banque alimentaire. Chaque département

possède sa banque alimentaire qui est un organisme à but non lucratif. La banque alimentaire du

Rhône est composée de 90 bénévoles et de 4 salariés. Son budget est de 500 000 euros par an soit 4%

de la valeur marchande des produits distribués. Le financement provient des associations qui prennent

en charge les coûts logistiques à raison de 7 centimes le kilo d’aliments (300 000 euros par an qu’on

appelle la participation de solidarité), des subventions publiques et des dons privés (particuliers ou

entreprises). La banque dispose de 5 camions frigorifiques qui font chaque matin le tour des

supermarchés pour récolter les dons et les redistribuer le jour même aux associations. Chaque année

nous recueillons 4 400 tonnes de nourritures.

Martin: Avec quelles enseignes travaillez-vous principalement ?

G. Loridant: Nous avons un partenariat privilégié avec Carrefour mais d’autres enseignes comme

Auchan ou Casino nous fournissent aussi des dons. Les petites enseignes ont beaucoup moins de

déchets donc on travaille moins avec elles. On peut ramasser que le matin. Le problème est donc

d’ordre logistique : il faudrait beaucoup plus de camions puisque nous ne ramassons que le matin de

7h à midi. L’après-midi on redistribue.

Martin: Chaque enseigne sélectionne et trie donc une certaine quantité d’aliments qu’ils mettent à

disposition de la banque alimentaire. C’est ça ?

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G. Loridant: Oui, chaque enseigne retire des rayons une quantité de dons proches de la date de

péremption que nous venons récupérer, en respectant toujours la chaîne du froid. Ca c’est la ramasse

quotidienne.

Martin: Vous remplissez donc chaque jour cinq camions ?

G. Loridant: Non, les camions font plusieurs allers-retours, mais la quantité est difficile à évaluer car

elle n’est pas très régulière. La ramasse quotidienne est de plusieurs tonnes par jour mais reste

marginale dans le gaspillage malheureusement. Si nous pouvions faire plus, nous le ferions mais il y a

des problèmes de place et de logistique à notre niveau. L’entrepôt est souvent plein.

Martin: C’est donc à cause de problèmes logistiques que les dons sont limités ?

G. Loridant: Oui mais ces problèmes surviennent à notre niveau. Pour les supermarchés, c’est très

avantageux car les supermarchés limitent le coût de traitement de leurs déchets, profitent de

déductions fiscales et reçoivent le certificat CERFA qui améliore leur image auprès des consommateurs.

Le seul coût pour eux est de trier entre les déchets qu’ils jettent et ceux qu’ils donnent. Ils donnent

principalement des produits frais, comme les yaourts ou le lait. L’avantage pour les supermarchés est

double: économique et en terme d’image.

Martin: Vous savez quel est le prix du traitement des déchets pour les supermarchés ? Combien ils

économisent en donnant ?

G. Loridant: Ha le coût des déchets ça non je ne le connais pas.

Martin: Tous les coûts logistiques sont donc pris en charge par la banque alimentaire ?

G. Loridant: Oui nous assumons tous les coûts au niveau de la collecte auprès des supermarchés.

Martin: J’imagine que la législation est stricte au niveau de la date de péremption.

G. Loridant: Il est tout à fait interdit de donner des produits périmés donc on fait en sorte qu’ils ne se

périment pas. C’est pourquoi les produits qui viennent des rayons de supermarchés ne restent pas plus

d’un jour chez nous. Notre priorité, à la banque alimentaire, est la lutte contre le gaspillage donc par

principe nous n’achetons, ni ne commandons rien, pour ne pas encourager la surproduction. Tout ce

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que vous verrez ici sont des dons. Les produits qui viennent de la ramasse quotidienne et des plates-

formes de la grande distribution sont uniquement des dons.

Martin: Quelle est la différence entre la ramasse quotidienne et les dons des plates-formes de la grande

distribution?

G. Loridant: Les deux n’ont rien à voir. La ramasse quotidienne consiste en la récupération des denrées

en rayons approchant la DLC et qui ont été retirées par les supermarchés car ils pensent ne plus pouvoir

les vendre. Les dons des plateformes de la grande distribution sont des surplus de produits qui n’ont

même pas été en rayon. Ce sont des palettes entières de produits frais qui ont donc une date de

péremption plus longue, entre 2 et 3 semaines, ce qui nous offre une plus grande marge de manœuvre.

Ces surplus sont dus à une mauvaise commande des supermarchés qui se retrouvent avec des produits

qu’ils savent dès réception qu’ils ne vendront pas.

Martin: Les supermarchés font de plus en plus de promotions sur les produits en fin de vie. Cela fait-il

une concurrence au don ?

G. Loridant: Oui c’est ça, on peut bien parler d’une concurrence. L’intérêt des grandes surfaces est de

vendre le plus possible, les politiques de promotions sont donc plus intéressantes pour elle que les

dons mais la demande pour ces produits en promotion sature rapidement.

Martin : Pourquoi y a-t-il alors autant de déchets auprès des supermarchés ?

G. Loridant: C’est un petit peu compliqué à expliquer. Certaines grandes surfaces ne prennent pas le

temps de s’intéresser à la valorisation des déchets qu’elles considèrent comme une charge de travail

supplémentaire. C’est plus vite fait de jeter que de retrier et de nous les mettre à disposition. Certains

supermarchés sont trop éloignés d’une banque alimentaire ou celle-ci est saturée. Même nous ce n’est

pas dit qu’on ait les capacités d’accueillir plus de dons, cela représenterait beaucoup plus d’argent et

de temps pour nous mais on fait le maximum déjà. Certains magasins comme Carrefour, avec qui on a

de très bons échanges, sont plus à même de nous aider que d’autres mais je ne peux en tirer

directement une conclusion car même au sein des enseignes la politique change considérablement

d’un magasin à l’autre en fonction du gérant du magasin.

Martin: Y-a-t-il une corrélation entre les capacités de stockage d’un supermarché et la quantité de dons

qu’il offre?

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G. Loridant: Il peut y avoir un lien effectivement sachant que tous les produits frais doivent être stockés

dans une chambre froide et que tous les supermarchés n’ont pas une chambre froide supplémentaire

à disposition.

Martin: Pensez-vous que l’obtention du CERFA est un atout pour la communication extérieure du

supermarché ?

G. Loridant: Je pense que la lutte contre le gaspillage plait toujours aux consommateurs mais je ne

crois pas que le grand public connaisse tout le mécanisme des dons et de la défiscalisation. La banque

alimentaire opère dans l’ombre et reste très peu connue du grand public. Elle est une interface entre

les associations et la grande distribution. Il faut aussi savoir que le gaspillage est aussi chez le

consommateur. Le gaspillage n’est pas que dans la grande distribution.

Martin: Au niveau des associations, avec lesquelles travaillez-vous et comment répartissez-vous les

dons ?

G. Loridant: On travaille avec 125 associations reconnues. La répartition est faite en fonction du

nombre de familles inscrites dans l’association, il y a donc une forme de quotas. Il y a aussi une

distribution libre où les associations viennent directement se servir à la banque alimentaire. Il faut

savoir que les supermarchés ne sont pas les seuls donneurs. L’union européenne possède un

organisme qui contribue à environ 20% de nos dons, les producteurs contribuent avec les surplus à

40% de nos dons et la grande distribution 40%. Le dernier week-end on a fait la collecte annuelle

auprès des consommateurs donc les entrepôts sont particulièrement pleins. On a 2500 mètres carrés

de place de stockage et tout est utilisé actuellement. Il y a donc beaucoup de travail de stockage et de

tri en ce moment mais ça nous permet de tenir toute l’année pour les produits avec une DLC lointaine.

On est en revanche tributaire de ce qu’on nous donne.

Martin: Existe-t-il des problèmes d’offre et de demande entre banque alimentaire et associations ?

G. Loridant: Oui nous devons prendre ce qu’il y a et l’offre des supermarchés est très ponctuelle en

fonction des saisons. Cette irrégularité est due à la surproduction. Les yaourts sont des produits

réguliers.

Martin: Tout ce que vous collectez est toujours redistribué, il n’y a pas de pertes ?

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G. Loridant: Jamais, les associations sont très demandeuses et prendraient plus s’il y avait plus.

Martin: Y’a-t-il un lien entre la proximité du supermarché avec la banque alimentaire et la quantité de

dons ?

G. Loridant: Sur Lyon on a une grande chance car il y a beaucoup de supermarchés en périphéries et

beaucoup d’industriels de l’agro-alimentaire. Dans le Rhône toutes les banques alimentaires se servent

chez nous car on est la plus grosse banque alimentaire de la région. On est dépositaire. Les industriels

déposent leurs stocks chez nous et les autres banques alimentaires viennent se servir.

Martin: Je crois avoir posé toutes mes questions. Je n’ai juste pas bien compris comment le

supermarché décide de ce qu’il jette, de ce qu’il met en promotion et de ce qu’il donne ?

G. Loridant: Les supermarchés écoulent tout ce qu’ils peuvent en promotion en prenant en compte

qu’il y a un coût de tri non négligeable qui peut être rédhibitoire pour certains supermarchés. Ensuite

la grande distribution nous réserve les produits qui ont un aspect correct. Tout produit, ou fruit abimé

est jeté, on n’est pas une poubelle. La dégradation est importante dans les supermarchés et explique

en partie le gaspillage. De notre côté aussi nous ne redistribuons pas les produits qui n’ont pas un

aspect correct mais les supermarchés le savent bien et font bien le tri, on a de bons rapports avec nos

fournisseurs.

Martin: Et qu’advient-il des produits jetés en supermarchés ?

G. Loridant: Je ne saurais pas trop vous dire c’est plutôt à eux qu’il faudrait demander. Je pense qu’ils

sont majoritairement stockés dans des bennes.

Martin: Je pense qu’on a terminé. Je vous remercie de m’avoir accordé du temps et de m’avoir donné

toutes ces informations.

Entretien avec Michael Sanrey, Responsable partenariats et solidarité, siège social de Carrefour

France :

1°) Tout d'abord et pour contextualiser, pourriez-vous nous donner quelques chiffres sur les dons

alimentaires de votre enseigne? (nombre de magasins qui pratiquent le don, pourcentage de dons sur

le nombre d'invendus…, selon les chiffres disponibles).

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2°) Pour les autres enseignes: Y-a-t-il une politique de communication auprès des supermarchés afin

de les inciter à donner ou y-a-t-il un système mis en place par les sièges sociaux pour donner aux

associations ?

Les hypermarchés et supermarchés franchisés sont complètement libres en termes de don

alimentaire.

En revanche les supermarchés intégrés sont obligés de faire des dons alimentaires.

Les sièges sociaux poussent les supermarchés intégrés à donner et déterminent la condition du don

(tri, stockage, législation) mais chaque supermarché décide de l’association à qui il donne.

3°) Cette politique est-elle valable pour tous les supermarchés de votre enseigne ou ne s'applique-t-elle

qu'à certains?

Carrefour compte en tout 977 magasins sur le territoire français. 392 de ces magasins sont franchisés

et sont libres d’effectuer ou non le don alimentaire. Les 585 magasins intégrés effectuent eux des dons

alimentaires. La quantité de don offerte dépend des conditions logistiques (capacité de stockage, main

d’œuvre disponible, proximité avec une association ou une banque alimentaire).

4°) Chaque magasin est-il libre de refuser de pratiquer le don alimentaire? Si oui, quelles sont leurs

raisons?

Pour les magasins intégrés il n’y a pas de quota minimum de don à effectuer car l’aspect logistique

peut être compliqué. Si le don n’est pas rentable le supermarché peut faire des dons très faibles en

volume. En réalité le don (certes parfois en quantité réduite) est souvent rentable pour le supermarché

comparé aux coûts de gestion des déchets alimentaires.

5°) Enfin, quelles sont les raisons qui poussent l'enseigne à pratiquer le don alimentaire? (rentabilité

économique, image de l'enseigne, éthique...)

Carrefour communique très peu sur sa politique de don car l’enseigne sait que le consommateur est

peu intéressé.

En revanche Carrefour sensibilise en interne les managers aux dons. La raison principale du don est

l’intérêt économique. Donner est plus rentable que jeter. « Il s’agit d’un simple calcul économique,

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de bon sens ». Si l’enseigne pouvait donner plus au lieu de jeter elle le ferait mais les conditions

logistiques empêchent souvent plus de dons.

Synthèse des entretiens avec les gérants de supermarchés :

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