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LES DÉDIK'SLAM SAISON COMPLÈTE 2007-2008 - www.lanacelle.org -

Les Dédik'Slam 2007/2008

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Pour la Cie du Théâtre du Mantois, Tidiane écrit et interprète les « Dédik'Slam », hommages originaux aux artistes se produisant à La Nacelle (Aubergenville)

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Page 1: Les Dédik'Slam 2007/2008

LES DÉDIK'SLAM

SAISON COMPLÈTE 2007-2008

- www.lanacelle.org -

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SOMMAIRESOMMAIRE

TIDIANE................................................................................................................ p. 3

LES SEA-GIRLS..................................................................................................... p. 5

IDIR...................................................................................................................... p. 9

GEORGES MOMBOYE.............................................................................................. p. 13

BLUES AU FÉMININ................................................................................................ p. 17

LES ACROSTICHES................................................................................................. p. 21

LA CASA DE BERNARDA ALBA............................................................................... p. 25

CABARET BALKAN................................................................................................. p. 29

CHRISTIAN ROUX................................................................................................... p. 33

EN ATTENDANT LE SONGE..................................................................................... p. 37

MICHEL BOUJENAH................................................................................................ p. 41

EL HADJ N'DIAYE................................................................................................ p. 45

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Tidiane - Auteur/Compositeur/InterprèteSa carrière débute par la musique, même si un passage par le Théâtre du Fil (1983) lui permet de goûter au théâtre. Bassiste/choriste attitré de plusieurs formations [ Hard-Rock avec Phénixx (83-87) / Rock Progressif avec NAOS (87-90) / chanson Rock Française avec Rick et les Affranchis (92-96) / Jazz Manouche avec Racine 2 Swing (2005-2008)

], il collabore à deux albums (avec NAOS et Rick et les Affranchis) et participe à de nombreux concerts (France/Europe). En 1998, il crée l'éphémère FreeBirds, - métissage poésie/chansons qu'à l'époque on n'appelait pas encore « Slam ».

Devenu « Sculpteur de Mots », il édite en 2006 un recueil de poésie (« Les feuilles du Barde »/éd. Le Manuscrit). Pour la Cie du Théâtre du Mantois, il écrit et interprète les « Dédik'Slam », hommages originaux aux artistes se produisant à La Nacelle (Aubergenville).Artiste en résidence à Rambouillet (2009), il est aussi « consultant Slam » pour la Maison de la Poésie (Guyancourt), anime mensuellement « Les Innés Dits de Tidiane » sur TVFil78 (TV locale), a sa chronique mensuelle, « La ChroniK'Slam », dans Le courrier de Mantes (hebdomadaire local) et est régulièrement sollicité pour de nombreux projets artistiques et culturels - comédies musicales, ateliers, conférences, événements nationaux ou locaux - à destination d'un public multi-générationnel et d'origines socio-culturelles variées, contribuant ainsi à tisser des liens entre les Hommes.

À l'occasion du festival « Les Francos » (2009), il écrit et interprète « Soundiata Keïta – La Loi des Cauris », sous le conseil artistique de Jérôme Imard et Eudes Labrusse (directeurs Cie du Théâtre du Mantois) ; conçu sur une étonnante alternative Conte/Slam, ce spectacle, - qui retrace les hauts faits du fondateur de l'empire du Mali, rencontre actuellement un vif succès !

Son actualité est visible sur le site : www.tidiane.org

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UN VOYAGE DANS LA NACELLE

Je m'suis pas dit tout d'suite : « ça baigne! » ;Pourtant, j'étais pas là comme à la peine au bagne, ça non !J'prenais pas des beignes en cassant galets et cailloux à Cayenne !Que Nenni ! En fait, peignoir fait main à la taille, peigne noir taillé féminin à la main,Avec un beignet tout chaud tout près, j'm'apprêtais sans épate à m'baigner les pattes :Une p'tite trempette par cette canicule, sans plus d'calcul pas cool, ça coulait d'source !

C'est quand les sirènes à quatre thons sortirent de l'embouchure... oui,C'est au moment où elles brandirent leur cornet que je compris que j'avais eu du piston !Au poil ! Mais pileQuand j'plaquais la plante de mes pieds flasques en flaque de flotte bleutée,Avec calqué dans l'iris le lis'ré rouge du reflet de Rê calé sur l'aqua simplex,Y'a eu ce type, de haut-rang et décomplexé, qui avoua avoir Sétif en tête !À peine le temps d'sortir mon Reflex - bon réflexe !- qu'on était presqu'au clair de lune,Et, comme le noir entrait dans la danse j'ai eu droit sans luth à un moment d'blues ;

Ouais... Avec la nuit, le froid... Et la pluie !Alors, d'abord sortir de l'eau sans accrocs mes mollets et, sans contretemps,Vider la bassine, repartir, rechaussé, sur la chaussée,En chassé-croisé pour éviter les plantes à grosses tiges, et enfin en choix :M'enfermer direct à la casa là-bas, ou aller au cabaret puiser dans un violonLes mots d'est, les mots sons, décents, sûrs...

J'ai penché pour mon home, sweet home et un bon plat de lentilles- Ç'la dit, sans mettre trop ! J'suis pas un ogre tout d'même ! -Avec en tympans un CD hispanico-rock saupoudré discret au sucre roux ;J'étais bien... Hors les murs, les gouttes tricotaient des clacs! et des clocs!,Quelle époque! Un vrai déluge ! Moi, dans mon clic-clac, je tendais au songe,Somnolent, je rêvais qu'arrivait, en foncé, le clown, sans wi-fi,Marchant sur le sentier, magnifique...

« Bonjour ! Comment ça va ? »C'est mon voisin de gauche, au loft, qui m'en a fait prendre conscience :Chaque fois que, captivé par un festival de mots, de sons, de couleurs et d'images denses,Sans quitter ma place, relax, je me lovais au chaud dans mon escabelle,Chaque fois, c'était pour faire un beau voyage à bord de La Nacelle...

Tid i a n e

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LES SEA-GIRLS

22 SEPTEMBRE 2007

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Les Sea Girls...Au début, moi, j'avais compris qu'elles étaient six reines.Mais, sur les ondes, il m'a semblé qu'assis, s'ils étaient deux aux deux bouts,Debout, elles n'étaient que deux plus deux...Nageant en plein mystère, j'ai voulu mener mon enquête,Et, quand j'ai formulé ma requête, on m'a répondu aussi sec : « Ok! Quête ! ».

Alors, j'ai surfé sur You Tube,Je me suis plongé, sans faire de vagues, dans leur flow...Et là, de vous à moi je vous l'avoue, de mes deux yeux, médusé, j'ai bien vu,Au lieu de ces tendres six que j'attendais,S'étendrent quatre langoustines qui s'ébattaient ;Et plus loin, deux hommes-art, posés sur le fond de leur haut séant,L'un accroché à son banc, l'autre au large, vers la « grand-mère », A faire les tons, pinçant leurs cordesEt offrant un écrin en décibels à des si belles, ô douces... Ô salées !

Car voyez-vous, avec elles, on navigue toujours entre deux « ho! » ;On est constamment pliés en quatre au milieu de trois « ha! » ;On est embarqués par deux princes sans rire et quatre reines des eaux, Poilantes et déso-pilantes ;On accoste, en se tenant les côtes, à côté de la côte des filles accortes de la côte, Qui ont la cote, hilarantes sur leur zique marrante ;Qui que l'on soit on choit, on chavire, on savoure, on chaloupe déchaînés sur nos chaises,Enchantés chez ces chanteuses sachant chasser ces chagrins qui nous pèsent ;Et, en chalands charmés par le chabada chaleureux de leur chant,En choix on finit par commander une Leffe, à l'aise d'être ta-lentueusement accueillisPar ces divines divas du divan, D'envie mourant de voir divertis leurs dévôts dévoués.

Alors ce soir, Ondines sur la scène ?Non, Sirènes, ou plutôt... Les Sea Girls !

Mer-Sea !!!

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IDIR

29 SEPTEMBRE 2007

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Parce que tu chantes le rêve des fous avec tes mots Kabyle,Et même si, maintenant et depuis bien trop de jours, ton quotidien c'est l'exil ;Parce que tu es digne du sang que t'ont donné ton père et ta mère,Et même si, sans soleil dans ce pays froid, tu frissonnes loin de tes frères ;Toi, qui des collines du majestueux Atlas aux studios de la radio d'en face,Du village de Aït Lahcène aux plateaux des grandes et petites scènes,Toi ! Le poète qui célèbre la terre et la culture berbères,Je voudrais te dire que dans notre coeur : « tu as vécu ; tu vis ; tu vivras ! »

Hélas! Tu ne peux pas empêcher ta blanche patrie de verser des pleursQuand son printemps Kabyle se voile d'une triste couleur,Quand sur la route d'Ath Douala la violence brise le destin du chanteur ;Hélas! Un poète n'a pas le pouvoir de retenir la main qui empoigne la faucille,Non, un poète ne peux pas empêcher la lame de trancher les tiges fragiles ;Mais parce que tu nous a montré qu'ici, comme dans le ciel de Tizi Ouzou,Ces belles fleurs seront toujours là, étoiles qui veillent au-dessus de nous,Je voudrais te dire que dans notre nuit, ces paroles qu'avec douceur tu lances,Apaisent les rancoeurs et la douleur de nos silences...

Parce que tu dénonces l'intolérance des nouvelles républiques,Parce que tu affirmes qu'on a tous une identité unique,Parce que tu proclames les droits de l'Homme Black Blanc Beur ou d'ailleurs,Parce que tu vis ici mais que Hamid Cheriet vient d'ailleurs,Moi, qui suis né ici mais dont la peau vient d'ailleurs,Je voudrais te dire : « kataâjedna bezef !!! »

Mais, tu sais Idir :

« Chez nous, il y a des choses qu'on ne dit pas ! »

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GEORGES MOMBOYE- CLAIR DE LUNE -

19 OCTOBRE 2007

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Hé! Toi! Le chorégraphe!Petit-à-petit, sur le tapis tapi, bondissant, rebondissant,Tes pieds posés, déposés, reposés posent l'ambiance, lancent la séance ;Tu plaques, tu claques tes pas pas-à-pas sur la piste et tu danses ;Ton corps est graphique, enclenche la performance,Ta chorégraphie déclenche la transcendance ;Possession des procédés de la mouvance ; Peaux... Noires ; peaux... Blanches ; procession des possédés de la danse ;En transe dans la dense cadence, des hanches déhanchent et penchent ;Entrant dans la danse avec classe, des torses s'élancent en silence ;Du coup, des cous graciles, dociles, fragiles oscillent en solo ; du hautDu sol, au tempo des peaux tendues, épaules détendues,Faut pas perdre pied, pas de faux-pas, pas de pas perdus ;

Hé! Toi! Le chorégraphe!Ton nom ? Tu le signes à la plante de lestes pieds,D'un geste qui exhibe le corps beau et le règne-art ;Tu es roi dans l'arène carSur les planches tu plantes sans gants les plans d'un élégant décor à corps,Où, sans efforts, les justaucorps au corps à corps sont d'accord,Où, sans discorde, cordes, koras, cors, harpes ou encore balafons font corps ;

Hé! Toi! Le chorégraphe!Ton corps est Afrique mais sur la planète tu as fait les cent pas, pied à pied ;Tu parles sans mots mais par le corps tu cries le langage de la famille humaine,Le grand partage sans la gêne, l'Un compatible de nos gènes ;

Hé! Toi! Le chorégraphe!Tu veux passer ton ballet sous la lumière sélénienne ?Déballer au clair de lune tes contes d'Ivoire et d'ébène ?Alors, viens sur la scène, parce que nous, ici, on se fout de ton ADN !Oui, viens sur la scène, parce que nous, ici, on dit quoi ?On dit :

AKWABA !!! (*)

(*) Bienvenue !!!

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BLUES AU FÉMININ

PURA FÉ

JANIVA MAGNESS

19 NOVEMBRE 2007(Dans le cadre du festival Blues-Sur-Seine)

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Voici le chant des esclaves des champs de cotonVoici le chant des esclaves des champs de coton

Le blues, c'est la marque du fer rouge sur ce dos noir capturé en Afrique,C'est le carcan au cou, le coup du fouet qui claque, la course du soc qui creuse ;Le blues, c'est le bruit des tipis d'un peuple cuivré, piétinés au son du clairon,C'est le cri du natif qui ne chassera plus dans les plaines le bison ;Le blues, c'est ce chinois de Chine, à l'échine déchirée, qui s'échine, enchaîné, Pour des machines à vapeur charriant à l'ouest leurs avides passagers ;Le blues, c'est le sang, la sueur et les larmes d'un vieil homme,Assis sans rêves sur la rive du mississippi river ;

Voici le chant des esclaves des champs de cotonVoici le chant des esclaves des champs de coton

Le blues a mélé le noir et le blanc de nos instruments ;Le blues a mélé Dieu et le Diable, les Anges et les Démons ;Le blues a soufflé le froid et le chaud, chanté le laid et le beau ;Et le blues a quitté les champs de coton, le blues a construit les villes de béton,Le blues a retraversé l'Atlantique, porteur d'un message pacifique,Et le monde entier joue et rejoue aujourd'hui sa note dramatique ;Assis sur la rive du mississippi river, rêveur, le vieil homme sourit,Parce qu'il sait qu'il n'a plus de raison d'avoir peur ;

Voici le chant des esclaves des champs de cotonVoici le chant des esclaves des champs de coton

Le blues, c'est des doigts de toutes les couleurs unis au son des amplificateurs ;Le blues, c'est la musique Pop, Rock, le Jazz, la Funk, la Soul !Le blues...

C'est la guitare féérique de Pura Fé,

Et la voix magique de Janiva Magness...

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LES ACROSTICHES- À CONTRETEMPS -

8 DÉCEMBRE 2007

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Aujourd'hui, j'ai vu un spectacle étonnant :Un être à trois têtes et six pieds s'excitait !Il posait dix de ses doigts sur de fichus piquets piqués sans s'empaler, puis -Brinquebalant, bras ballants, s'emballant - balançant sans pas lents il sautait,Retombait et prenait sans ballant une pose alambiquée ;Oubliant parfois qu'il avait six jambes, il rampait, ventre à terre, ondulait ;Il se séparait en trois pour mieux se recoller, s'enlacer, se mélanger, Si bien qu'à la fin on ne distinguait plus Ni le haut ni le bas, ni le gauche ni le droit ;

Aujourd'hui, j'ai vu un spectacle étonnant :Un être étrange, un être enjoué, un être jouait avec d'étranges jouets, Il jonglait !Deux de ses yeux regardaient en l'air, trois observaient la terre,Un autre roulait de tous côtés !Quelquefois, écarquillées sous ses cils, ses pupilles suivaient Quelques trois ou quatre quilles, fines torpilles éparpillées par ses pieds,Petits pilons qui filent, projectiles grapillés par ses mains agiles !

Aujourd'hui, j'ai vu un spectacle étonnant :Un être à six fesses et trois nez sifflotait !Il s'exaltait sans façons sur ces cent sons que soufflaient ses six lèvres,Et, sans en avoir l'air, ses trois bouches chacune chantaient un chant déjantéUne audacieuse ode aux da capo taquins - t'as qu'à voir !

Oui, c'était un spectacle étonnant ;Mais ce n'est rien à côté de celui qui vous attend !Car depuis que je l'ai vu, il a encore pris une tête... d'affiche !Alors, pour vous, à contretemps mais en tête-à-tête, voici :

Les Acrostiches !

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LA CASA DE BERNARDA ALBA

14 DÉCEMBRE 2007

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Il paraît qu'il existe un lieu où l'ex-beau boss est maintenant macchabé- C'est triste un beau boss canné, couché, calé, clouté au creux de son caveau ! -Et il paraît qu'à cet endroit, depuis que ce mâle est fait, Sa veuve en noire, appelée à régner, file avec d'infâmes fils une toileAfin qu'aucune de ses femmes-filles de sous son toit ne file ;

Il paraît que là-bas, les corps nés sont des corps niés, des corps voûtés, Des corps voués aux corvées quotidiennes sans échos qui tiennent,Des corps claquemurés dans un décor carcérigène ; A cinq contre un, contraints, Des corps trinquent à coups de trique pour cause d'étiquette étriquée ; Oui, là-bas des corps tiquent, pauvres post-it,Plaqués comme des écailles sur une carapace de pierre ;

On dit aussi que là-bas les portes claquent pour mieux se refermer,Que de partout cliquettent les espagnolettes,Que le ciment suinte la déraison et que des cloisons chuinte la délation ;Que derrière ces murs, mûres ou pas mûres murmurent ces femmes,Qui demeurent à demeure emmurées sans sésame,Et qui meurent de moeurs sans hommes et sans âme ;

On dit encore que là-bas, ces vierges à l'envie de vie, cachées par les jalousies,Ont l'envie de vit gâchée par les jalousies car,Même sans soleil, l'Hombre rôde tout autour ;A l'abri des briques, unique, il a désuni les unies,Invisible derrière les volets, volage, il a volé la vertu Et il s'est volatilisé à la vue de la virago vengeresse ;

Et il paraît qu'à cet endroit, depuis que ce mal est fait, On n'entend plus que le silence,Là-bas, là où se dresse,

« La Casa de Bernarda Alba »

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CABARET BALKAN

26 JANVIER 2008

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Quand un musicien fou, rom et sans entraves aux pattes,Revient d'une tournée des rades d'Europe Centrale,Il faut être assez patiente quand on veut retracer sa cavale valaqueEt refaire le tracé thrace de son escapade sur le jeu de cartes des Carpates ;

Car, même s'il est arrivé qu'il serve aux croates des slows bénis,Et que son jeu de quartes insensé anime les balcons des Balkans de sons incessants- Comme, seule, sa musique indécente ose en faire! - Aujourd'hui, le barde Orphée, dans les bras de Morphée, au bar dortEt fait silence depuis qu'il a ressurgit, hirsute et hagard, de l'Est,Qu'il a cessé de tirer de sa voix les Ut et de sa lyre les Sol,Et qu'il a froissé ses notes en homme a l'ire facile ;

Or donc, il faut être vraiment tenace pour déplier cette liste en boule Et pour oser se replonger dans une Mer Noire, où les gens slaves bossent fort, Où le vent, pire qu'ailleurs, souffle sur celui qui drague Ulla, Où chaque femme peut dire de son mari : « Il est beau et mien ! »,Et où des vachers acerbes, bruns ou roux, manient une masseIdoine pour chercher des crosses aux veaux !

C'est pourquoi, autour de la conteuse et des histoires que mûri elle a,Un bloc s'est constitué afin de narrer cette vie au long... cours ;C'est un violon... tout court, qui s'emballe et lance le bal,Accordé on ne peut mieux à un accordéon mielleux ;C'est, là-bas, le camp des cordes basses qui contrebalanceLes accords d'une guitare au jeu très... speedant ;Et quand, sereine, une chanteuse, élève sa voix... c'est l'Est !

Alors, peut avoir lieu l'irruption balkanique car la femme à fables est là,Qui connait ses mots d'Est, légendes affables ou modestes fables des gens ;Et puisqu'elle déballe de son cabas l'Egée, l'Orient et les cabales doriques,Pressons-nous de l'écouter avant qu'elle ne se carapate ;

Mesdames et Messieurs,

Bienvenue au Cabaret Balkan...

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CHRISTIAN ROUX- DÉFARDÉ -

16 FÉVRIER 2008

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J'aurais aimé te dire ce soir - enfin, t'écrire cette histoire.L'histoire de ce mec qui te cache rien, de ce gars qui te cause sans fard ;

Certains disent de lui que sur la scène, il t'assène sans larsen des coups de blues,Qu'il t'y refait le coup d'la cène, partage son refrain et convainc,Au pote-à-pote avec ses musiciens - qu'il y fait ça comme union ;D'autres prétendent qu'il y défend sa cause - le cachet de sa prose faisant voix -Et qu'en écho Nicole y colle son timbre et qu'elle y soigne sa mise ampli ;Qu'elle y fait alors aussi à Laure un check costalAfin qu'au fil des fa des si des sol celle-ci facile, de-ci de-là,S'élance en solo sur la surface au sol - ce plateau de mille tâches - Poursuivie par ces lumières qui à la peau t'collent ;

J'aurais aimé te dire ce soir - enfin, t'écrire cette histoire.L'histoire de ce mec qui te cache rien, de ce gars qui te cause sans fard ;

Car avec plus d'une corde au piano, des pages de notes et des notes en partoches,Ce lascar là à l'art dans la peau et à l'polar dans la poche ;Et si, à la plume, il marque au fiel Roux ses tomes en noir et sang,À l'instru - même s'il t'enchante en chantant -Cet homme, en noires et blanches,Retrace cash la tranche trash d'un vécu crû qui te fracasse,Les frasques d'un micmac quotidien qui te tracasse, les tracesD'un destin qui te laisse sombre et sans ombre au fond du placard ;

Oui, j'aurais aimé te dire ce soir - enfin, t'écrire cette histoire.L'histoire de ce mec qui te cache rien, de ce gars qui te cause sans fard ;

Mais les gens disent que ce soir il a un rencart avec nous ;Je t'en ai touché deux mots, à lui de nous faire son bouche-à-touches ;Inutile de m'attarder car voici, complètement défardé :

Christian ROUX !

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EN ATTENDANT LE SONGE...

4 AVRIL 2008

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Mesdames et messieurs, sachez que dans les endroits sylvestres,Il y a ceux qui jouent à chat perché et ceux qui se jouent du chat qu'expire !

Prenons par exemple cette forêt ; il y fait un peu sombre, c'est bientôt la nuit ;Soyons plus précis, allons plus près, ici sous les cyprès, s'il vous plaît ;On aperçoit, là-bas, au milieu de cette trouée, un nain cornu pas inconnu ;Puck est son blase ; Puck parle un drôle de langage, la langue de Puck,Et Puck n'a pas d'éthique, son truc, c'est les mauvais coups, les coups de Puck !

Sous les étoiles, pour une mission critique, on a embauché Puck au smic ;Ceux que se farcit ce soir ce farceur de Puck, trinquent et craquent car, Au taf Puck est un as, pro, effervescent à souhait !Il fait son effet miné pour obéir au roi des fées, miné par la jalousie,Qui lui a laissé carte blanche, - ce bon roi donne souvent cette carte à Puck ;Seul conseil : que la panique soit sans pareil dans la salsepareille !Dès lors, la confusion règne, à cause, bien évidemment, des bobards à Puck !Du coup, les farfadets, les trolls, les humains, les génies,Tout ça s'entrechoque et se poursuit ;Et ça court, et ça crie, et ça s'endort et ça s'enfuit,Au milieu des beaux bains des bois des mystérieuses miss fées rieuses -Celles qui sont fées et rient quand l'elfe répand son pet drôle pour les faire marrer ;

Mais, quand l'aube merveilleuse blanchit,À l'heure où du ciel filent les éphémères veilleuses de nuit,Ne soyez pas étonnés si, là-bas, sur cette terre mythe,Où vous vîtes en badauds ébaudis les ébats d'eaux des nymphes aux manies pures,En ces lieux où tout est mystère, Ne soyez pas surpris si les zélés lutins et leurs ailés amis s'terrent ;Apprenez que ce qui était clair hier dans cette clairière, en pleine lumière s'avère délétère,Et qu'ici au matin tout s'estompe et disparaît, comme un brouillard fuyant dans l'air ;

Et si, par hasard, à ce moment, l'orée devenait plateau et que la forêt devenait rideau,Ne pensez pas aussitôt qu'on vous a menés en bateau, n'allez pas croire à un mensonge,C'est simplement qu'avec Irina et ses beaux gars costauds,Vous aurez sûrement fait un songe...

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MICHEL BOUJENAH- LES NOUVEAUX MAGNIFIQUES -

17 MAI 2008

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Qui l'eût cru ? Je dois vous avouer, à vous, hé!, qu'on les avait un peu oubliés, Ces trois vieux beaux venus du bout du pays des dattiers !On aurait pu penser qu'après vingt ans ils étaient rincés,On pouvait s'dire qu'ils s'étaient calmés, comme tout bon petit retraité ;Et ben non ! Comme l'amène Michel n'ose pas leur dire « bouge de là ! »,Et que de surcroit ils savent que maintenant ils peuvent « travailler plus... »,Ni une, ni deux, mais pas sans trois,Ils reviennent et prosent leur cursus sur le devant de la scène,Se donnent de la peine pour placer à la pelle pile devant nos faces leurs farces cachées,Ou pour phraser leurs frasques façon haché-minus avec l'accent de Tunis ;

Et il faut les voir en place dans la place, - en trois pièces dans l'étroite pièce ;Trois fois sept années cette année qu'ils se remontent les bretelles ou qu'ils rapiècent,Qu'ils passent des coups de fil en aiguille ou qu'ils repassent les fils de fer à soie,Qu'ils frappent sous la ceinture pour plaquer un marquage à la culotte,Qu'ils déballent des futals en tergal local, qu'ils calent du tweed-à-cintres aux paires,Qu'ils jouent aux dés sur du velours ou qu'avec leurs pantalonnades décousues,Ils se poilent au culte ;

Alors quand ils rappliquent, impec', la pique au bec, pour appliquer leur étiquette,On peut les voir : trois sapeurs qui font les pompiers et qu'au fond la retouche a botté ;Trois individus que les accrocs branchent, qui cent fois sans sang froid se fâchent,Mais qui, sans s'encenser, censés, se rabibochent pour ne pas gâcher le repas nettoyé...Au kascher, -C'est Simone qui prépare le tajine près du tas d'jeans, avec harissa mais sans salsa,C'est sympa, c'est pas cher, et ça peut rapporter gros !

Enfin... Autant vous dire que ce soir, pour la tranquillité, c'est niqué, niqué, ni-qué !Car ces trois as des ciseaux se mettent en quatre pour occuper cet endroit avec tonus !Trois costumes à fermeture qui causent coutumes, affaires mâtures, affirment leur laïus,Et qui, sans faire motus, avant la fermeture mettent le focus sur leurs drôles d'us !

C'est des papys qui font d'la résidence ! La canicule ? Ils s'en balancent !Mais avant que d'eux chaque n'expire, ils questionnent avec angoisse le silence :Être pour ne plus être ? Et après ?Telle est la question que nous poserons à leur papa, en espérant que lui, nous répondra ;Mesdames et messieurs, je vous demande d'accueillir ici comme il se doit,

Monsieur Michel Boujenah !

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EL HADJ N'DIAYE

17 MAI 2008

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Bonjour, comment ça va ?On dit de moi que j'ai la tête en bas,Que mes racines sortent de terre pour embrasser le ciel ;On raconte que les génies m'ont choisi pour élire domicile,Et que la nuit porte aux tympans le souffle sacré de leurs voix ;

Je suis le tronc sans feuilles et centenaire,Je suis le refuge du djeli, de celui qui marche sur les terres,L'écrin dernier de l'homme sans bornes qui nomme chacun de nos pères ;On dit de moi avec émoi que j'ai en moi les mânes émanant des griots ;

Autrefois, Soundiata Keïta me prit sur son puissant dos,Me donnant à sa mère, comme un noble cadeau ;Aujourd'hui je viens, de Dakar à Thiaroye, jusque devant ta maison,Et je pousse à tes pieds, moi, qui pour cet empereur offrit ma floraison ;

Car tu es pareil à lui, ta voix est la flèche et l'ergot ta guitare,Quand tu chantes pour les coeurs de ceux qui crèvent en silence,Les sans droits du désert, les morts de Casamance, -Quand tes mots dits maudissent les poches remplies du sang des dollars ;

Je suis le baobab, l'emblème au corps lisse du Sénégal, je suis l'arbre debout ;À toi qui par le monde pince les cordes et qui chante pour nous,Je porte le merci des muets, des petits, je porte le salut de ceux de ton bercail ;Salaamaalekum ! Salut à toi ! Agsil,

El Hadj N'Diaye

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