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Orbis Litterarum 1984, 39, 324-337 Les derniers songes premonitoires Paul Pelckmans, Universiti d’Anvers, Belgique Si le rCve a une histoire, tout donne a penser que le XVIIIeme sikcle marque la aussi une mutation capitale: pour autant que la Truurndeutung caracterise peut-Ctre l’onirisme moderne plut8t que I’homme bternel, c’est vers le dCclin des Lumieres qu’on s’attendrait a voir I’Autre Scene acquerir sa physionomie freudienne. I1 s’agira ici d’interroger dans cette perspective quelques curieux avatars du topos premonitoire chez les derniers representants de la tragkdie classique et de l’epop6e. Avec les Lumieres nait aussi la psychologie de l’homme moderne. L‘histoire des ((rnentalith nous apprend en effet que le XVIII ime sikcle ne se rtduit pas au renouvellement ideologique dont datent la plupart de nos idees reques: l’oeuvre des Philosophes s’avere avoir accompagni une mutation plus radica- le encore, qui affectait jusqu’aux racines les plus profondes de la vie psychi- que. Notre modernitt a sans doute acquies des lors ce qui la distingue de toutes autres sociCtCs humaines - que, par rapport a elle, les ethnologues n’avaient pas tellement tort d’appeler traditionnelles . . . Au XVIII &mesikcle, une tres vieille familiarit6 avec la mort s’effrite de faqon jusqu’aujourd’hui irreversible: les deuils sont desormais d’un pathktique dichirant, si troublant qu’a la longue on ne reussit a circonscrire le vertige qu’au prix de cette conspiration du silence qu’est l’actuel tabou thanatique. Vers la meme tpoque, l’intimiti familiale vient a privaloir sur la plupart des anciennes sociabilitks: le foyer accapare dtsormais, au dktriment de tout rapport plus large, le plus clair de la vie affective. A moins que ce n’en soit le plus obscur: la thbe freudienne, qui fait de 1’Oedipe familial le chiffre secret de toute inconscience, est largement anticipke dans le sacre du pere que donnent a lire le drame bourgeois et le roman sentimental. Les prthisto- riens du freudisme s’accordent d’ailleurs a reconnaitre dans The english malady (1 733)’ de Georges Cheyne, la premiere description d’authentiques ntvroses, dans le magnetisme mesmirien la premiere thkrapie qui annonce la psychanalyse. Comme quoi nos problemes psychologiques modernes sem- blent eux aussi dater du siecle des Liaisons dangereuses.

Les derniers songes prémonitoires

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Orbis Litterarum 1984, 39, 324-337

Les derniers songes premonitoires Paul Pelckmans, Universiti d’Anvers, Belgique

Si le rCve a une histoire, tout donne a penser que le XVIIIeme sikcle marque la aussi une mutation capitale: pour autant que la Truurndeutung caracterise peut-Ctre l’onirisme moderne plut8t que I’homme bternel, c’est vers le dCclin des Lumieres qu’on s’attendrait a voir I’Autre Scene acquerir sa physionomie freudienne. I1 s’agira ici d’interroger dans cette perspective quelques curieux avatars du topos premonitoire chez les derniers representants de la tragkdie classique et de l’epop6e.

Avec les Lumieres nait aussi la psychologie de l’homme moderne. L‘histoire des ((rnentalith nous apprend en effet que le XVIII ime sikcle ne se rtduit pas au renouvellement ideologique dont datent la plupart de nos idees reques: l’oeuvre des Philosophes s’avere avoir accompagni une mutation plus radica- le encore, qui affectait jusqu’aux racines les plus profondes de la vie psychi- que. Notre modernitt a sans doute acquies des lors ce qui la distingue de toutes autres sociCtCs humaines - que, par rapport a elle, les ethnologues n’avaient pas tellement tort d’appeler traditionnelles . . .

Au XVIII &me sikcle, une tres vieille familiarit6 avec la mort s’effrite de faqon jusqu’aujourd’hui irreversible: les deuils sont desormais d’un pathktique dichirant, si troublant qu’a la longue on ne reussit a circonscrire le vertige qu’au prix de cette conspiration du silence qu’est l’actuel tabou thanatique. Vers la meme tpoque, l’intimiti familiale vient a privaloir sur la plupart des anciennes sociabilitks: le foyer accapare dtsormais, au dktriment de tout rapport plus large, le plus clair de la vie affective. A moins que ce n’en soit le plus obscur: la thbe freudienne, qui fait de 1’Oedipe familial le chiffre secret de toute inconscience, est largement anticipke dans le sacre du pere que donnent a lire le drame bourgeois et le roman sentimental. Les prthisto- riens du freudisme s’accordent d’ailleurs a reconnaitre dans The english malady (1 733)’ de Georges Cheyne, la premiere description d’authentiques ntvroses, dans le magnetisme mesmirien la premiere thkrapie qui annonce la psychanalyse. Comme quoi nos problemes psychologiques modernes sem- blent eux aussi dater du siecle des Liaisons dangereuses.

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La question, des lors, s’impose de savoir si le rsve, ou Freud a su decouvrir un temoignage privilegie sur ces diverses complications, n’en aurait pas egalement, des la fin de I’Ancien Regime, accuse le contrecoup. I1 serait pour le moins etrange que l’onirisme soit le seul secteur de la vie psychique qui n’aurait pas son histoire; i l le serait plus encore, pour peu qu’on admette sa dimension historique, qu’il n’ait pas ete ebranll, comme tout le reste, par ce bouleversement total que nous apprenons aujourd’hui i entrevoir au-deli des Lumieres. A lui seul, I’engouement bien connu des romantiques allemands pour le rive suffit au demeurant i prouver le contraire: mime si, epris d’introspection ou de haute metaphysique, Hoffman, Jean-Paul et leurs emu- les proposent une Truumdmtwng rigoureusement anhistorique, leur commune ferveur donne ri penser, sauf A croire ri un subit acces de curiosite gratuite, q u ’ i leur epoque le rive pose de nouveaux problemes.

La presente etude voudrait interroger ri ce sujet des temoins bien plus modestes. Aux alentours de 1800, cde songe etait de rigueur quand on compo- sait une tragedieu’; les auteurs des derniers rives premonitoires croyaient s’aligner simplement sur un cliche du theitre classique. Nous aimerions montrer que leurs textes comportent quelquefois des Elures qui, pour n’an- noncer aucune reflexion vraiment originale sur l’onirisme, refletent peut-itre ce qu’ils ne cherchent guere ri reveler: dans ces pages trks oubliees, I’historien du rive peut glaner quelques precieux indices.

051 puthktiyue rujoutk Si le pire n’est par toujours siir, on admettra qu’en tragedie il est du moins toujours infiniment probable. Aussi ceux qui s’y laissent intimider par un r?ve ont-ils le plus souvent d’autres motifs encore, plus tangibles, pour i tre angoissks. D’ou un soupGon presque aussi stereotype que les premonitions elles-mimes: aux protagonistes effares qui croient que leur songe aut un presage, les confidents ont vite fait de retorquer que les morts et les catastrop- hes de leur sommeil sont de simples echos de leurs apprehensions diurnes. Voici, entre mille, une rkplique de Lu Suphonisbe (1634):

Notre fantaisie en dormant imagine Suivant les qualites de I’humeur qui domine. Si les pensers du jour sont remplis de sousi, Les songes de la nuit seront ficheux aussi ...>

Or, pareilles banalisations ne traduisent pas forcement que le prosaisme des

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confidents. Sauf rarissimes exceptions, l’impact dramaturgique des prtmoni- tions est nul: les rives font I’objet d’une scene a effet, apres quoi, les plus souvent, on n’en reparle plus; mime aux denouements, lorsque tout s’est accompli, personne ne s’avise gtneralement de rappeler les presages. Pour un peu, Athalie serait seule, au XVIIeme siecle, a durablement s’inquikter d’un songe. On aimerait supposer des lors que les inquietudes si ponctuelles qui se rencontrent partout ailleurs attestent une fonciere s i rh i t i devant l’onirisme - que la convention tragique suspendrait sans pour autant la mettre en question. Auquel cas les propos rassurants des confidents exprimeraient le bon sens d’une Cpoque habituee a vivre dans ses rives un simple prolonge- ment, aussi transparent qu’anodin, des ccpensers du jour)).

On prCfirait bien sQr invoquer, au sujet du rCve apprivoisi, des timoignages plus probants que celui de ces textes qui cherchent, ffit-ce avec maladresse, a dire exactement le contraire. Le malheur est qu’on voit ma1 ou dicouvrir ces sources plus directes. A une ipoque ou il ne recele aucun secret particulier, le songe ne fait gulre parler de hi; il faut donc a chaque fois un hasard heureux pour que tels textes se trouvent a rtpondre a nos questions - qui, soit dit sans jeu de mots, n’empichaient alors personne de dormir. Voici pourtant un tkmoin inattendu: dans la fable des Deux amis (VIII, 11). Jean de La Fontaine vante les exquises sollicitudes de l’affection en racontant comment, au Monomotapa, un cauchemar a suffi un jour pour inquieter un parfait ami:

ccVous m’&tes en dormant un peu triste apparu, J’ai craint qu’il ne ffit vrai, je suis vite accourun.

C’est exactement le genre d’incidents que la tragedie reussit si ma1 a faire prendre au serieux. En y voyant un exces de zele amical, le fabuliste montre le peu de cas qu’il fait de l’onirisme:

Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime.

On voit que nous sommes a mille lieues des soupqons de la Traumdeutung: chez Freud, le rive de la mort d’une personne chere ne prouve pas precise- ment.

Qu’un ami veritable est une douce chose,

il signifie au contraire que tout affect s’accompagne de voeux meurtriers. Qu’une telle idte n’effleure meme pas La Fontaine suggere bien que, pour

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cet esprit le plus deli6 peut-2tre du XVIIieme siecle, le r2ve ne charrie encore aucune ambivalence . . . j

De la primonition a I’aveu - et au-dela En 1795, Jean-Franqois Ducis fait jouer Abufar ou la farnille arabe. Comme pour donner une ultime preuve de sa souplesse, la tragedie classique s’y ouvre a des emois qui c6toient le ma1 du siecle. Authentique precurseur de Chateaubriand, Duck les associe m2me a une tentation incestueuse: tel Rene, Farhan, le fils d’Abufar, est epris de sa soeur Salema. La piece, il est vrai, reste trop proche de I’optimisme des Lumieres pour ne pas introduire un denouement heureux: Farhan finit par apprendre que Salema n’est pas sa soeur mais une enfant trouvee recueillie par son pere; Abufar avait poussk le tact jusqu’a cacher ce secret a tout le monde ~ de peur que ses propres enfants ne la considerent un jour comme une intruse.

Du moins la piece aura-t-elle donne a voir, a la faveur de ce quiproquo, quelques scenes audacieuses. Nous n’avons a commenter ici qu’un curieux songe (II,2) qui convainc un instant Salema de la mort du frere trop aime. Que la prkmonition soit cette fois mensongere n’a peut-2tre pas grande importance4: il fallait cet ebranlement5 pour amener Salema se confier a sa soeur. I1 est plus significatif qu’entre le faux presage et I’aveu la frontiere se fait indecise: le songe ne dit pas seulement la mort de Farhan, il trahit aussi les sentiments de la rtveuse - et exprime donc sinon vraiment un inconscient, du moins un secret honteux soigneusement enfoui jusqu’alors. Nous sommes presque sur I’autre sceneh.

Salema voit d’abord, dans un riant jardin persan, un beau jeune homme:

Parmi ces tleurs, ces fruits, ces eaux, cette verdure, II semblait s’embellir de toute la nature; Et la nature aussi, dont il etait I’amour, Semblait a son aspect s’embellir a son tour.’

La scene change quand Salema s’aperqoit que le be1 inconnu n’est autre que son frere; soudain clle se retrouve avec lui dans un dksert particulikrement inhospitalier - ou un cataclysme les ensevelit tous les deux sous une temp2te de sable:

Nos pieds alors, nos pieds cherchent a s’affermir Sur un sable trernblant, pr?t a nous engloutir. Nous prilissons tous deux. nos cheveux se herissent,

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Nous nous tendons les bras, nos corps glacks flechissent; Et ces sables muets, cette mer sans courroux S’entrouvre, nous devore et se ferme sur n o w 8

Cette catastrophe onirique, ou la suite de la scene inviterait a lire l’apprehen- sion d’un chitiment, pourrait bien deborder quelque peu les remords de Saltma. Les attitudes des derniers instants ~ pileur, bras tendus, chute a deux - conviendraient, autant qu’a la mort, a une scene d’amour; les Cltments dkchainks, qui suggerent une insurrection de la nature entikre contre l’inceste, symbolisent aussi l’ardeur du dksir. Tout se passe donc comme si la mort valait ici une communion amoureuse - et les propos que le reve attribue a Farhan attestent que les victimes y cherchent obscurement la seule rencontre qui leur soit permise:

ccViens-tu t’ensevelir sous le sable avec moi? Helas! la m&me ardeur dans notre sein s’allume: Cet air, ce vent de feu tous les deux nous consume. Entends-tu, Salema, I’aiquilon mugissant?~~

On ne s’ttonnera pas, apres cela, que la tempete de sable apparaisse finale- ment, a ceux qu’elle engloutit, comme une ccmer sans courroux)).

Comme quoi ce r k e s’avhe comporter quand m&me une part d’inconscien- ce: les remords de Saltma Cveillee sont nettement plus univoques, l’abandon, certes trts culpabilist, qu’implique cette punition gratifiante lui est, a la lettre, Ctranger. La premonition de la mort de Farhan, cette banaliti: traditionnelle, vient ainsi a faire figure de contenu manifeste; I’originalitt de Ducis est de lui avoir associi, en guise de contenu latent, une transgression voilee - que, puisqu’il s’agit d’inceste, il ne serait que trop aise de rabattre sur des coordonnees oedipiennes.

Confusions La psychanalyse etant la plus prestigieuse des psychologies de l’homme eternel, l’historien du r&ve decouvre dans la Traumdeutung un document de choix plut8t qu’un enseignement - sauf, il va de soi, a y voir le plus brillant essai jamais ecrit sur I’onirisme moderne. Pour expliquer la nouvelle incons- cience qui separe Salema de la tradition premonitoire, nous rappelons seule- ment que le sentiment d’identitb, la transparence a soi-meme est un probleme socioculturel autant que subjectif: l’homme ne se comprend - et ne s’entend aisCment avec ses semblables - que s’il trouve a se situer dans une vision du

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monde largement partagee, un ordre social d’une rassurante evidence. Notre modernite est privee de ces repkres: la critique corrosive des Lumieres, I’effon- drement de I’Ancien Regime instaurent un monde ou rien n’est evident pour personne. L‘individu, dks lors, ne sait plus ci quoi s’en fenir; de la, pour un chacun, une vie psychique plus confuse, ou bien des choses restent flottantes, ou d’autres echappent a tout contr6le. Ce desarroi, certains romantismes I’appelleront le vague a I’ime, Freud I’appellera I’inconscient; Farhan dit deja, avec des mots pour nous banals mais qui, rythmes par l’alexandrin, revttent, dans Abufur, toute leur portee:

I1 est de ces moments ou I’on n’est plus soi-mi2me10.

Le rtve de Salema temoigne a sa faCon de ces intermittences. Tant dans le jardin persan qu’au desert, la rtveuse met du temps a reconnaitre son frkre; ce retard est d’autant plus etonnant que, surtout dans le premier kpisode, le recit de Salema, avant d’identifier Farhan, dttaille sa physionomie avec des precisions qui denotent un regard tres attentif

Un jeune homme charmant semble frapper ma vue. Son front etait pensif, son i m e etait emue; Dans ses yeux pleins de flamme ou regnait la pudeur, Je ne sais quoi de tendre en moderait I’ardeur.”

Ce ton n’evoque pas du tout une apparition qui se preciserait progressive- ment: la reconnaissance tardive - elle parait mtme un peu laborieuseI2 - suggererait des lors que certaine evidence des contacts humains est ici grave- ment compromise.

Le theme incestueux13 rejoint sans doute cette mtme problematique. Le penchant de Farhan pour sa soeur est une affection familiale qui a insensible- ment change de registre. Crkbillon aurait parle d’un kgarement du coeur - et Abufar ne dit pas autre chose:

I1 aura cru la voir, sensible inpunement Avec les yeux d’un frere, et non pas d’un amant. I1 n’aura pas prevu qu’une amitie si pure Lui cachait un penchant proscrit par la nature; Qu’il connaitrait un jour, mais trop tard eclaire De quel poison fatal i l s’etait enivre ...I4

Closes On sait comment, pour la Traumdeutung, l’aspect biicle de beaucoup de scenarios oniriques traduit l’insouciance de 1’Ics devant les les images manifes-

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tes ou se dCguise son dtsir. Si, comme nous le croyons, le reve moderne dit un tparpillement psychique, son dtsordre est le premier du sens. Un bref passage du Genie du christianisme indique qu’en 1802 l’onirisme est dija en voie d’acqutrir ce decousu. Chateaubriand loue en effet Virgile d’avoir intro- duit, dans le rtcit du songe d’EnCe, ce que nous appellerions un effet de reel:

Ce songe offre d‘ailleurs une beaute prise dans la nature mime de la chose. Enee se rejouit d’abord de voir Hector qu’il croit vivant; ensuite il parle des malheurs de Troie, arrives depuis la rnort mime du heros. L‘Ctat ou il le revoit ne peut lui rappeler sa destinee; il demande au fils de Priam d’oli lui viennent ces blessures, et il vous a dit qu’on I h vu ainsi, le jour qu’il f i t traini autour d’llion. Telle est l’incoherence des pensees, des sentiments et des images d’un songe . Is

A se reporter au texte de 1’Enkide (II,270-297), on s’aperqoit que ces prtten- dues incohtrences sont des plus rtductibles. Enee chez Virgile, ne croit pas Hector vivant, il le croit revenu des morts - et peut donc logiquement l’entretenir de ce qui s’est passt depuis son trCpas. La question sur les blessures, outre qu’on peut la lire comme une exclamation, rappel plaintif d’un souvenir pCnible, exprime plus de perplexit6 que d’oubli: esptrant qu’Hector revient pour sauver Troie - expectate venis -, EnCe ne sait quoi penser du prodige incomplet d’un heros qui a su triompher de la mort mais non guCrir ses blessures. L‘effet de reel, d b lors, nous renseigne surtout sur la rialit6 de Chateaubriand: faisant violence a un texte qu’il tient a admirer, 1’Enchanteur amorce a son insu notre dtpaysement moderne devant les rtves tres construits de la tradition classique.

Marie-Joseph Chtnier rtagit autrement au m&me malaise. Rtdigeant, sous l’Empire, un Brutus et Cassius OM les derniers Romains qu’il eiit CtC imprudent de publier, l’auteur se heurtel6 A l’apparition bien connue de CCsar a Brutus la veille de la bataille de Philippes. Cassius, qui tient ici le r61e du confident, rassure son ami avec des considerations inaccoutumkes:

L’esprit abuse par un charme invincible BientBt croit existant ce qu’il a cru possible. De 16 ces visions, ces spectres tenebreux (...), Tous ces objets trompeurs par nous mimes invent& Ces rives dont jadis, au temps de notre enfance, Nous beqaient chaque jour la crainte et 1’ignorance.l’

Mtme si, au declin des Lumikres, il n’ttait pas t r b original d’incriminer les phantasmagories de la credulitt, le recours a ce lieu commun indique au moins au’aux yeux de Chinier la mise en cause traditionnelle des soucis

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diurnes parait moins convaincante: le rkve, en ce debut du XIXieme sitcle, ne dit plus les evidences du quotidien. I1 est vrai que, dans ce cas precis, la voie habituelle aurait pose d’epineux problemes: pour que Brutus kveille vive des tourments qui expliquent son cauchemar, il faudrait soit que le fils adoptif regrette d’avoir frappe son pZre - ce qui obligerait Cassius a une inadmissible apologie du parricide -, soit que le rkpublicain sans faille doute de son droit de tuer le tyran. Patriote sensible, Chenier ne pouvait retenir ni l’une ni I’autre solution; le rtve de Brutus, chez h i , fait echo aux sens que sa piece refouleIR ...

DPrives

Dans son epopee en prose Gonzalve de Cordoue ou Grenade reconquise (1 79 I) , Jean-Pierre Claris de Florian se passe lui aussi des arguments sttreotypks des confidents. A Morai’me effrayke, son epoux Almanzor, le gknkreux antagonis- te maure de Gonzalve, se contente de rkpondre que les chances de la guerre, dGt un songe les h i annoncer nefastes, ne sauraient le dispenser de son devoir de chevalier. Le texte, de ce fait, raconte le r2ve de Morayme mais ne le commente pas: au sein d’une intrigue dont il annonce une peripetie majeure, celui-ci devient des lors, autant que faire se peut pour une prkmonition, un veritable corps etranger. Par ce biais inattendu, Florian reflete a son tour la faille qui, a son epoque, se creuse entre I’onirisme et la vie diurne.

Le recit de Morai‘me passe curieusement du realisme a I’allegorie:

J’errais dans cette vaste plaine qui nous separe de nos ennemis; les deux armees etaient en presence, nos Maures bordaient les remparts ... Je t’ai vu, brillant de lumiere, resplendissant des feux de I’acier, t’avancoer seul, defier Gonzalve et combattre ce Castillan. Je t’ai vu vainqueur, mais couvert d’un crfpe qui t’enveloppait de ses noirs replis. Nu1 mortel n’osait t’approcher. Je cours, je vole a ta rencontre, je veux te serrer dans mes faibles bras ... Le crfpe s’etend sur ma tzte; nous tombons tous deux dans un lac de sang.I9

Le symbole du crepe, pour ttre assez insolitezo, reste trop transparent pour qu’on y lise un simple euphkmisme dictk par I’affection conjugale. Comme, par ailleurs, la brievetk et I’isolement du passage interdisent de lui chercher un sens trop nuance, nous nous contentons de noter que le recours a I’image accuse encore I’ecart entre le r2ve et son contexte: la catastrophe onirique d’Almanzor ressemble aussi peu que possible aux circonstances anecdotiques de la mort qu’elle predit. Comme si, devanqant de dix ans le conseil de

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Chateaubriand, Florian avait tlcht: d’authentifier le songe de Moraime par un effet d’etrangete2’.

L‘CtrangetC la plus radicale serait kvidemment celle d’une premonition qui ne correspondrait a aucun evtnement ulterieur de l’intrigue; l’hypothese fr6le la contradiction dans les termes. Le jeune Nodier n’en catoie pas moins cette absurdit6 logique dans une page du Peintre de Saltzbourg (1804), ou le narrateur raconte avoir revu son pere mort:

Une main froide s’imprima pesamment sur mon coeur; un fantBme se courba vers moi, en me nommant de sa voix grele; et je sentis que le souffle de sa bouche m’avait glace. Je me detournai et je pensai voir mon pkre, - non tel qu’il me paraissait jadis, - mais d’une forme vague et sombre; pile, dkfigure, I’oeil enfonce, la prunelle sanglante, et les cheveux epars comme un petit nuage; puis, il s’eloigna, devenant chaque pas moins distinct, et dkcroissant dans l’obscurite, comme une lumikre prete a s’eteindre.22

Sauf a lire dans ce souffle glacial une annonce de la mort finale de Charles, ce songe ne comporte aucun presage appreciable. I1 ne prolonge pas non plus quelque preoccupation diurne du personnage: Charles a bien perdu son pere mais le texte ne parle nulle part de son deuil filial; la seule fois qu’il nous le montre visitant le tombeau de son pire, Charles y lit la GenPse et mCdite sur cd’histoire de Joseph et de ses f reres~*~ - ce qui indique presque certain scepticisme a l’ttgard de la sensibilitt: familiale. Voici donc un rkve que rien ne parait relier a la trame genirale du roman ou il intervient. Son lexique reste pourtant celui de la tradition prtmonitoire: le ccnon teh de Nodier vaut un ultime echo au quantum mutatus ah ill0 du songe d’Enee, qui hantait tant de dramaturges du XVIIkme siecleZ4; la physionomie de ce pere suggere que, comme un personnage de tragidie, il est mort assassine. Nodier sera, plus tard, un des grands poetes (en prose) du r&ve romantique; dans son premier roman, il s’intkresse deja au sujet mais, n’ayant pas encore trouvC son ton personnel, se rabat sur les cliches les plus proches de ce qu’il entrevoit. Par ce conformisme de debutant, le Peintre de Saltzbourg nous propose en s m m e un degrC zero de la prkmonition.

Les oripeaux ne sont pas forcttment insignifiants. Les insuffisances m&me de l’expression rendent le scenario ambigu: il n’est pas siir que le spectre glaCant du debut soit vraiment le pQe de Charles; comme, avant la reconnais- sance, ce dernier s’est d&ournt, le fantdme premier est peut-&re la Mort. Le songe relate donc soit une apparition, soit le deces de Charles suivi de retrouvailles aux Enfers. Nous y ajouterons que, quelle qu’elle soit, la ren-

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contre reste sommaire: il n’y a aucun dialogue entre le pere, Charles n’a pas un mot de pitie pour des blessures que son rCcit Cnum6re plut6t froidement

~ et lorsqu’enfin le riveur tiche de rejoindre son pere, cette initiative suffit a interrompre le songe:

Je voulus m’elancer pour le suivre; mais, au mime instant, cette lumiere, cette voix, ce fanthme, tout s’evanouit avec mon r & ~ e . ~ ~

Ou nous retrouvons cette hantise du contact perturb6 dont temoignait deja Salema.

Vingt uns upres En 1824, Honore Balzac ne pretend encore qu’a la particule d’Horace de Saint-Aubain. Anette e f le criminel voudrait conferer a une intrigue de roman noir la dignite d’une destinee tragique. L‘auteur y tlche entre autres en multipliant, autour de sa diegese, les presages et les ironies tragiques - parmi lesquels, comme il se devait, un songe d’Anette.

Or, des les premieres lignes, Balzac s’ecarte de la tradition dont i l croit s’inspirer:

Cependant, Anette dormait et son sommeil, par un effet du hasard, se trouvait empreint de ses pensees de la veille.26

Sur la scene classique, ce hasard est la rkgle gCnCrale. En outre, Balzac, dans la suite de son roman, revient quelquefois au rive, Anette le fait jusqu’a trois fois2’; il est vrai que cette insistance, elle aussi des plus inhabituelles, peut s’expliquer par le dessein particulier du texte - qui invoque la premonition pour rehausser des aventures en elles-mimes peu glorieuses.

Dans I’i.conomie d’ensemble du roman, le moment culminant du songe est la dkcouverte du cercle rouge autour du cou d’Argow le pirate: malgrk sa conversion par I’amour, ce ctcriminel)) finira par itre guillotine. Ce roman d’une redemption y gagne d’unir tous les frissons en debouchant sur une peripetie sanglante - et s’evite I’ennui d’avoir a raconter la vie tdifiante d’un penitent. N’empiche qu’a sa premiere occurrence le rive dkborde ce programme2*. Anette, qui a ce moment de I’intrigue ignore encore son amour pour Argow, se trouve, suite a une histoire compliquee de deux enlevements emboites I’un dans I’autre, passer une nuit dans le chlteau du pirate ~ et y rive une nuit d’amour. Ce pourrait i tre un cauchemar: certains endroits peuvent inspirer des craintes. Le detail du texte montre toutefois que, passe

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le premier effroi, Anette est plut8t consentante: la r2veuse se souvient a point riommk - anticipant la aussi sur l’intrigue - qu’elle a CpousC Argow, ce qui I’autorise a lutiner un amant qu’elle estime apparement trop timide:

Cette jeune fille, pousse par l’influence absurde du rtve, triomphait de sa propre pudeur et de toutes ses idees: enfin, pour vaincre le respect de ce singulier ttre, qui voyait en elle une divinitt et la traitait comme telle, Anette fdatrait et badinait avec lui; (...) elle passait sa main dans la chevelure (d’Argow), et, par ses caresses enfantines et pures, elle semblait I’encourager. Pourquoi? elle I’ignorait; mais une chose qui la flattait au dernier degrC, c’Ctait de voir deux yeux Ctinceler et baisser tour a tour.29

Cela ne signifierait que la sensualite inconsciente d’une ime ccenfantine et pure)) que la suggestion serait deja revelatrice: comme, chez Marivaux, les surprises de l’amour n’empruntaient pas encore la voie des songes, ce recours inedit atteste qu’entretemps de nouveaux liens se sont noues entre onirisme et inconscience. L‘exemple nous parait d’autant plus probant que le passage compromet la portke morale du roman autant que la coherence du personna- ge: l’amour d’Anette pour son criminel n’echappe au scandale que s’il vise a le racheter - auquel cas la jeune fille devrait plut8t se feliciter d’un ((respect)) itonnant qui amorce un retour a la vertu. En la montrant impatiente, notre texte suggere - comme bien d’autres indices ailleurs - que le crime et la frintsie font le veritable interit des innombrables romans noirs qui font semblant de les dtnoncer. Balzac, en effet, n’est pas le seul, loin de la3”, a s’extasier devant le penchant d’une pure jeune fille pour un brigand; le r2ve d’Anette esquisse une mise en abyme inverste du cliche qui laisse entrevoir, sous la generosite des heroines et l’edification des lecteurs, des attirances inavouables.

Par rapport A ces dessous, l’tnigme du cou sanglant ne reprtsente qu’un contenu manifeste; la psychanalyse n’hksiterait sans doute pas a y flairer, dans ce rCve d’amour d’une vierge, l’apprihension d’un autre sang a verser:

Ce rtve avait une signification qu’Anette n’osait mtme pas entendre: elle Cco- utait, tressaillait; et, dans son appartement faiblement eclaire par sa lampe, elle tichait de ne rien regarder, parce qu’elle tremblait d’apercevoir cette ttte de son rive, et par-dessus tout, elle voulait oublier cette ligne de sang.3’

Sans aller aussi loin, nous croyons au moins qu’a tant insister sur I’aveugle- nient volontaire d’ Anette devant une prophetie par trop Claire, le texte cherche a occulter un autre refoulement - dont lui-m2me est complice: prive de ce supplement de mystkre, le sens latent de ce r2ve serait ... evident.

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Comment conclure? I1 faudrait un recensement plus exhaustip* avant de risquer une affirmation d’ensemble; il faudrait surtout prtciser les rapports qui unissent entre eux les divers motifs que nous avons rencontres. Vers 1800, le rsve s’ouvre a des desirs interdits, temoigne d’un Cparpillement psychique et fait echo un malaise dans les rapports humains; il resterait a articuler ces hantises. Au terme de cet article qui n’aura Cte qu’une premiere prospec- tion, on nous permettra de terminer sur une hypothese, voire sur un simple mot: si, selon la leCon de Durkheim, I’anomie est constitutive de notre monde moderne, pourquoi les Lumieres ne se seraient-elles pas accompagnees d’une anomisation de I’onirisme?

NOTES

I . Priface nouvelle de Smarra in Charles Nodier, Contes, (Paris, Gamier, 1961) (ed. P. G. Castex), p. 39.

2. Jean Mairet, La Sophonkbe in Thbcitre du XVIIPme siPcle, t. I , (Paris, Gallimard, 1975) (ed. J. Scherer), p. 685.

3. L‘idee s’impose d’autant plus que le soupGon de Freud n’aurait sans doute pas tellement surpris La Fontaine. Celui-ci pouvait lire, chez Larochefoucauld, des textes comme la maxime 583: ccDans I’adversite de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous deplait pas),. Tout se passe comme si. au Grand Sitcle, cela n’etait pas encore assez profondhent vrai pour devenir le sens latent d’un Gve.

4. Venceslas (1847) de Jean Rotrou comportait deja (IV, 1) un songe non suivi d’effet: au cours de la piece, aucun personnage ne releve I’anomalie.

5. Ducis se souvient de PhPdre, ou la fausse nouvelle de la mort de Thesee libere elle aussi les langues. Le souvenir de Racine est evident tout au long de la scene - ou le decor ardbe inspire a Durcis une variante originale sur la celebre pointe de Pyrrhus (Andromaque, v. 320):

Ce vert de nos deserts, terrible, envemine, Moins brtilant que I’amour dans mes sens allumt. (Ducis, Oeuvres, Paris, Negvue, 1826, t. 2, p. 305).

De mCme le cri final de Salema rappelle la derniere replique de la scene entre Hippolyte et Phedre (PhPdre. vv. 707-710)

Ma soeur. venge sur moi ce ciel qui me dtteste; Arrache-moi ce coeur, ce coeur nt pour I’inceste. Frappe, voili mon sein. (id., ib., p. 306)

Ou la maladresse trahit l’emprunt: la soeur-confidente est un bourreau plus impro- bable qu’Hippolyte. Etc.

6. Ducis laisse d’ailleurs entendre que c’est le desir qui y mene. Avant de s’endormir, Salema, d’ordinaire plus melancolique, s’est abandonnee a une sorte de reve eveille

336 Paul Pelckmans

dont le texte ne precise pas la teneur mais qui montre que la pretendue premonition s’enracine en fait dans un ttat d’euphorie complaisamment cultivb:

Mon esprit enivre, plein de son propre ouvrage Se cherchait un bonheur, s’en composait I’image. Pour mieux goiiter, ma soeur, ce plaisir si profond (...) Je me suis recueillie a I’ombre solitaire D u n arbre du desert, oh mes esprits charmes (...) Aux douceurs du sommeil se sont h i s sans doute. (Id, ih., p. 303).

7. Id, ib., p. 303. 8. Id, ib., p. 304. 9. Id, ib., p. 304. Ici encore, comment ne pas penser a Rent: ((Levez-vous vite, orages

desires ... D. 10. Id, ib., p. 342. 11. Id, ib., p. 303. 12. Cf. Id, ib.: de quelques traits cheris j’y dtmelais l’image - et, au desert: je m’efforce,

j’approche . .. 13. Une analyse exhaustive de ce motif dbborderait les limites de notre article: Ducis

etant un concelebrant tardif de ce sacre du pere que nous Cvoquons ci-dessus, Abufar pourrait s’integrer a une prehistoire litteraire de la psychanalyse.

14. Id, ib., p. 336. 15. Chateaubriand, Essai sur les Revolutions. CPnie du christianisme, (Paris, Gallimard,

1978) (ed. M. Regard), p. 746. Chateaubriand souligne. 16. Marie-Joseph Chenier semble en effet ne pas trop aimer les songes premonitoires.

Sa tragkdie la plus connue, Charles IX ou le Saint-BarthelP.my (1 789), en comportait un la premiere; la version definitive le supprime (cf. ThPritre du XVIIIiime si?cle, t. 2, (Paris, Gallimard, 1974) (ed. Truchet), p. 1029 n. I.). Le songe que nous commentons est dis lors le seul de son oeuvre - qui compte quinze tragedies.

17. Marie-Joseph Chenier, Thtritre, (Paris, Baudouin freres, 1821), t. 3, pp. 6-7. 18. Le dilemme n’existe ni pour Plutarque ni pour Shakespeare: tous les deux croient

a une apparition effective de l’ombre de Cesar - et au bien-fondk de ses reproches a Brutus: les conjures chez eux, ont objectivement tort de tuer CCsar puisque, dans les derniers decennies du I?er sickle, I’Empire est devenu le seul avenir qui reste a Rome.

19. Florian, Oeuvres, (Paris, Briand, 1824), t. 8, pp. 175-176. 20. Florian se souvient peut-ttre du rive du voile, dans La nouvelle Heloi‘se (V, 9). 21. La premiere epopee de Florian, Numa Pompilius. second roi de Rome (1787)

comporte elle aussi un songe (Oeuvres, Cd. citee, t. 2, pp. 42-44), en tous points plus traditionnel. Le jeune Numa y voit la dkesse Cerks, qui lui promet de h i realiser un voeu: Numa, comme de bien entendu, demande la sagesse. Florian transpose ici une anecdote de la jeunesse de Salomon (Premier livre des Rois, 111 4-1 5).

22. Charles Nodier, Oeuvres, (Paris, Renduel, 1832), t. 2, p. 88. 23. Id, ib., p. 80. 24. Cf. a ce sujet Jacques Morel, La place de Tristan I’Hermite dans la tradition du

25. Nodier, ib., p. 80. 26. Balzac, Anette et le criminel, (Paris, Garnier-Flammarion, 1982) (Cd. A. Lorant),

songe hkroi’que in Cahiers Tristan I’Hermite I11 (1981), p. 5-10.

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p. 135. 27. Cf. Id, ib., p. 202 et p. 366. 28. Balzac s'en rend si bien compte que, pour rajuster les perspectives, il dedouble la

Elle revit encore en songe, et dans un songe denue de toutes les circonstances du premier, cette mtme tite, scindee par cette mtme ligne (Ih., pp. 136137) .

scene:

29. Id, ib., p. 136. 30. Cf. Schiller, Die Raiiber (1 782); Charles Nodier, Jean Sbogar (1 818); Victor Hugo,

31. Id, ib., p. 136. 32. I1 va sans dire que tous les textes ne suivent pas le mouvement: rien ne se repete

comme un lieu commun dephase. Ainsi, Mme de Genlis parle du songe de Louise de la Valliere comme aurait pu le faire la premiere confidente venue du XVIIeme siecle (La duchesse de la Valliere, (Paris, Maradan, 1804). pp. 3&3 I). De meme. le seul songe premonitoire des Martyrs (chant 11, in fine) est d'une desolante banalite.

Hernani (1830); voire Vigny, Eloa (1824).

Born 1953. Ph.D. Assistant professor of General Literature, University of Antwerpen (UFSIA). Has published Le sucre duptre. Fictions des Lumieres et historiciti d'Oedipe. (1983) and articles on French fiction of the 17th and 19th century.